MORGENSTERN - Premières Prépositions Chez Un Enfant

8/16/2019 MORGENSTERN - Premières Prépositions Chez Un Enfant

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Aliyah MorgensternMartine Sekali

L'acquisition des premières prépositions chez un enfantfrancophoneIn: Faits de langues n°9, Mars 1997 pp. 201-210.

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Morgenstern Aliyah, Sekali Martine. L'acquisition des premières prépositions chez un enfant francophone. In: Faits de languesn°9, Mars 1997 pp. 201-210.

doi : 10.3406/flang.1997.1157

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/flang_1244-5460_1997_num_5_9_1157

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_flang_76http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_flang_195http://dx.doi.org/10.3406/flang.1997.1157http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/flang_1244-5460_1997_num_5_9_1157http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/flang_1244-5460_1997_num_5_9_1157http://dx.doi.org/10.3406/flang.1997.1157http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_flang_195http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_flang_76


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PR I MA R I TE D U S PAT IA L ?

L a c q u i s it i o n des p remiè res prépos i t i ons

chez un enfant f r ancophone

Aliyah Morgenstern*et Martine Sekali**

L'objectif de ce travail1 est de faire un relevéet une analyse desprépositions tellesqu'elles apparaissent de façon diachronique dans le corpusde Léonard, un enfantfrancophone,en début d'acquisition du langage. On analyserala forme de sélectionqu'opère l'enfant. En effet, il entend toutes les prépositions,que ce soit dans lelangage qui lui est adressé,dans les conversations entre adultesou entre enfantsplusâgés qui l'entourent. Cependant il choisit d'abordde n'en répéter (et de ne s'enapproprier)que quelques unes (pour, à, de, avec, dans), et ceci dans un ordre

particulier.A partir de ces données et de l'analyse en contextedesmarqueurs,nous tâcheronsde formulerdes remarques comparatives sur l'emploidesprépositionsretenueset surla fonctionque l'enfant leurconfère

- d'unepart sous l'angle de la constructionlinguistiqueet donc de l'appropriationdu langage par l'enfant

* UniversitédeParisШ.* Universitéde ParisX.1

Nous remercionsLaurentDanon-Boileaupourles échangesenrichissantsquenous avonseuslorsde l'élaborationde cet article.


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- et d'autrepart sousl'anglede l'activitéde représentation et la miseen relationpar l'enfant de sespropresreprésentationsavec celles desautres. C'esteffectivementcette formede repéragequiprévautdans lesdébutsde l'acquisition dulangage et nonles repéragesspatiaux,commecela peutêtre le cas dans la phylogenèsedeslangues.

Observations d'ensemble

Léonard a été filmé pendantvingt mois en milieu naturel (chez lui avec sesparents)une fois par moispendantune heure. Le corpusa ensuiteété entièrementtranscrit. Dans le cadrede cette étude, nous avons choiside nous restreindreà lapériodequi s'étend del;08 à 2;04, ce qui représenteun peu plus de huit heuresd'enregistrement,afin d'étudierla miseen place despremièresprépositions.Afin desituer l'apparition deces prépositionsen rapport avec le développementdu langagede Léonard,nous avons établi un panorama de ses acquisitionslinguistiquesmajeures,que nousprésentonsdansle tableausuivant.

Panorama desacquisitionsprincipaleschez Léonard entre l;08 et 2;04Age

l;08

l;10

l;ll

Pointssaillants- Expressiondes désirsetoppositionà adulte.

-Diversification desfonctionsdu langage

-Grammaticalisation, liensentre les mots,conscienceďunespacegrammatical

Syntaxe- Amorcedesyntaxe(énoncésàdeux mots)

- Essais de déterminationnominale

-Enoncésplus longs (jusqu'à3,4mots)•Sortiedu déictiquepur-Enrichissement de ladéterminationnominale-Amorce de déterminationverbale1èrepersonne

-Passagede la déterminationdéictiqueà la déterminationanaphorique-Détermination verbale1èrepersonnetrès distincte-Amorce de déterminationverbale3èmepersonne,outilspourlerécit

Marqueurs-non/encore-Emploidu prénomenfonctionobjet

-M.M.M

-dedans/dehorsautre-[la],[de],[me]-Premières voyellespréverbales[0][ô]

-i(I),qui

Prépositions

pour

àpour

depourà


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L'acquisition des premièresprépositions chez un enfantfrancophone 203

2;00

2;01

2;02

2;03

2;04

- Prisede reculet premiersrécits

-Confusionentrele désiretl actuel, l'accompli etl'inaccompli

-Récit autobiographiqueďexpériencesdont lamèren'apasété témoin-Capacitéà contrasterdesqualités chez un mêmeindividu

- Capacité à penserl'indépendance de lareprésentationdel autre

Demandes etexplicitationdesdésirs-Soucides représentationsďautruiet capacitéà serecadrerparrapportàelles- Possibilitéde ruptureparrapport des activités encours- Autonomisation

- Détermiantionnominaleenplace- Amorced'accompli- Déictiques,connecteurs

-Travailsur la déterminationverbale- Miseen placedel aspect

- Répétitionavecreformulation-Adjectifs-Démonstratifs

- Questionset réponses

-Comparaison

encore/apu/fini

3èmepersonnepourparierdelui-même

pourquoi/parceque

comme

danspouràdedepouràdans

depouràdans

avecdepouràdans

Ce travail préliminaire nous a permis de relever que très peu de prépositionsétaientemployées avant l'âge de deux ans en français.On note les premiersemploisde pour à l;08, de à à l;10, puis de de à 2;01 et dans à 2;02. D'autres prépositions(chez, en...) se mettront en place vers 2,06. Au fur et à mesure que la syntaxede sesénoncés se complexifie, les formesdeviennent de plus en plus nombreuses, et, à la finde sa deuxième année, l'enfantmanipule un nombreassez importantde prépositions.Ces données corroborent en partie celles de François et al. (1977) que rapporteHagège (dans ce recueil), mais contrairementà son analyse, nous pensons quel'apparition des premières prépositions autour de 20 mois (à partir du moment oùl'enfant entre dans ce que l'on peut appeler la syntaxe, avec des énoncés à deux ou


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trois mots),et leur emploi systématiqueavant 2;06, est très précoce. En effet, lespremièresprépositions(à et pour) apparaissent chez la plupart des enfants à uneétapeoù ils se concentrentsur l'acquisition progressivede la déterminationnominale(avec des variationsde voyellesà valeur casuelle), et ébauchent leur syntaxe. Cesprépositionsfont donc partie despremiersoutils de grammaticalisation sélectionnéspar les enfants, avant l'emploides pronoms personnels,parfois avant l'emploidel'accompli, despremiers adjectifset des adverbes.

Il apparaîtdonc que, pour l'enfant, les prépositionsne sont pas une catégorieaccessoire car elles deviennenttrès rapidementun élémentessentielde leurs énoncés.Cependant,toutesles prépositionsne jouent pas le même rôle, l'enfant sélectionne ets'approprie cellesqui ont une fonctionde relateurs "abstraits"(à, de, et pour) plutôtque celles qui désignentune directionspatiale ou temporelle(vers, sur, sous, en, et

puis, avant, après...). Seule la prépositiondans est utiliséerelativementtôt, associéealors principalementà un souhaitou à une opposition,et non pas dans le cadre d'unrécit descriptif(à 2;02, Léonard demandant un baiser veut être dans les bras. Quandil est dans son bain, il refuse le shampooing qui pique les yeux et dit pas dans lesyeux). Cettepréposition,en outre, met en place des représentationsde l'intérieurquirelèvent d'une problématiquepsychiquement très marquée, étroitement liée à ladyademère-enfant.

Cette sélectiondes prépositionsà et pour ne nous paraîtpas arbitraire, et noustâcheronsd'en tirer des hypothèses surl'importance stratégiquede ces prépositionsprécocementsollicitées.

"A" et "tour" les premières prépositions de Léonard

"Pour"

C'est la premièreprépositionà apparaîtredans notre corpus(dès l;08), d'abordassociée à un élémentnominal (pour papa, pour moi), puis très rapidementà unverbe (pour sauter, pour dessiner). Elle intervient à un stade de l'acquisition dulangage où l'enfantamorce une syntaxeà deux mots et s'exerce à la déterminationnominale. L'observationdes énoncés de Léonard en contexte montre que sespremièresutilisationsde la prépositionpour répondentau besoin de désambiguiserun proposprécédent:

1) (1:08, à table)Père: Les bellessaucissesLéonard:DonneMère: JHe l'aidonnée.Père: Mamante Гаdonnée,ouais.Léonard:Pour papa


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L'apparition de pour est issue ici d'une incompréhension du père et de la mère dudonne de Léonard, interprété comme donne-moi, alors que l'enfant souhaitaitdonner la saucisse à son père après son exclamation Les belles saucisses Avec pourpapa, Léonard désambiguise le terme cible et explicite l'argument de donne. Lapréposition tend alors non seulement à définirune télicité,mais à polémiquer sur sonbut dans un contexte de malentendu, d'incompréhension ou de conflit. Cette fonctionargumentative de la préposition pour explique l'utilisation précoce de laconfiguration pour + verbe:

2) (2,02, L est tout nu sur sonlit fl sauteet crie):Léonard:Maman,où il est le petit lit?Mère: Le petit lit?Léonard:Pour sauter

La préposition vient ici expliciter et argumenterla demande du lit par l'enfant, quidonne ses raisons, face à l'incompréhension de la mère.П s'agitencore,avec pour, dereprendreune télicitéet d'argumenter son but : c'estparce que je veux sauter que jeveux le lit. Dans les contextes où elle apparaît chez Léonard, la préposition pourexplicite toujours une intention préalable, non comprise ou non admise par soninterlocuteur.Cette fonctionest illustréeencore par l'exemple suivant:

3) (2;04, L estdanssonbain):

Léonard:naprotitaMère: C'estquoi ça protita?Léonard:La sortiebain

(Пse lèveet commenceà grimpersur la baignoire)Mère: Tu veuxla sortiede bain?Attends,attendsLéonard:Pour cacherMère: Pour te cacher?Léonard:oui

L'objet sortie de bain et l'acte de se cacher sont reliés par pour à une mêmedemande de l'enfant, le désir de l'acte explicitant le désir de l'objet:je veux ça parceque je veux faireça. La préposition pour permetà Léonard d'argumenterla télicitédeson énoncé sortie de bain.

Cette préposition s'avère donc essentielle à l'enfant à un stade où son expressionest souvent mal saisie, et, de façon intéressante,on pourrait avancer l'idée que lesfonctionsmétalinguistiques et argumentatřvesdes outilslangagiers s'imposent avantmême que ne soit acquise la maîtrise de la simple référenciation. Dans l'échangesuivant,la préposition pour est utilisée dans un récitet non dans une demande:

4)(2;03)L: Maman,yapas lu, ya pas deya pas lacrèche/M: Ya pas quoi?


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L: va pas craiesM: Craie?A: A la crèche.

L: de craies,pour dessinerM: Ah bon?Y"apas ďcraie pourdessinerà la crèche.L: non

Léonard est ici encore confrontéà l'incompréhension de sa mère, et utilise pourafin d'expliciter,de revenir sur une représentation linguistique préalable. Pourdessiner désambiguise l'objetcraie par sa fonction,mais aussi redéfinit l'objetde sondiscours, argumente son intentionde signification.On notera que c'estau même âge(2.03) qu'apparaît chez Léonard la préposition avec, qu'il utilise également pourdésambiguiser la référence d'un objet (paquet) en lui attribuant une propriétédiscriminante (avec des fleurs):

5) (2.03Léonardmontreun paquetau dessusde l'armoire)Léonard:OhMère: Qu'est-cequ'ily a là-haut?Léonard:Donne la photoavecdesfleursMère: C'estpas une photo,c'estun paquet.

Les premierspour de l'enfant sont ainsi utilisés dans leur fonctiond'argumentationd'une visée affective ou linguistique dans des contextes ďincompréhention ou deconflit. Pour se distingue alors franchementde l'autre préposition précoce de cecorpus: à, qui apparaît chez Léonard dès l'âge de 1 an et 10 mois.

L: Billes,desbillesM: Des billes?L: billesL: c'està moiles billes épas les billes

// hurle, c'estdonc difficilede distinguerles phonèmes.L: xxxbillesxxxM: Qu'est-ceque c'est cettehistoirede billes?

L hurleL: xxx pas billes nonM: Mais pourquoitu te metsen colère?Tes en colèreLéonard?

CrisL: billes,où elleest lesbilles,billesM: Mais elleest perduela bille.Elle est perdue,elleestpartie.On sait pas où

elleest.


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Dans cet échange, les billes absentes sont l'enjeu d'une colère de Léonard. Endisant c'est à moi les billes, l'enfant n'oppose pas le moi à un autre, mais réaffirmeune propriété inhérente de l'objet billes. Prédiquer l'appartenance revient ici àprédiquer le devoir d'être là, à ma disposition, comme si attribuer cettepropriété auxbilles visait à rétablir leur existence. La préposition à, contraitrementà pour, ne visepas à argumenter la cible, le but de l'objet, mais à redéfinir dans un contexteconflictuel une propriété de l'objet. Cette préposition apparaît ainsi de façonrécurrentedans des contextes où l'objet est indûment absent ou mis hors de sa portée.De même dans les énoncés suivants:

2)(2;00)Mère: Soigne-moi.Je suis malade.

(L sort les suppositoiresde leurcasier)Ah nonnon, tu vas pas faire...(ElleriťYNon non nonje suismalade maisjVeuxpas d'suppo.(Elle les jette.)

Léonard:ah ah c'est à moi,c'està moi(П cherchele suppositoire.)

Il ne s'agit pas pour Léonard d'instaurer ime relation d'appartenance (il n'est paspropriétaire des suppositoires), ni d'identifierleur cible (les suppos ne lui sont pasdestinés) mais de reprendre ime propriété des suppositoires, celle d'être à ladisposition du docteur (c'est-à-dire lui), pour justifier que la mère doive les lui rendre.Ici encore, la fonction de la préposition à est argumentative: de l'inhérence réaffirméed'une propriété découle logiquement un devoir de présence de l'objet

La scène suivante illustre bien le fait que, d'une part, cette préposition intervientdans le cadre d'un conflit, et d'autre part, qu'elle permet à l'enfant énonciateur deprendre acte de ce conflit et de le résoudre par une logique biaisée:

3) (2.02. Léonard estdansle bain.Ariane,une amie de sonpère,entredanslasalle de bain).

Ari: Oh le petitprinceM:

L:Ari:

M:L:

ML:

La petite barbicheTu disbonjourà ArianeLéonard,tu fais un bisou?(L batdes pieds.)Pas beauPas beau Méchant Vilain(L crieet éclabousse).Ah non,ne l'arrosepas Elle a un anorakmaisfaut pas exagérer.Pas beau

(Bcontinueà éclabousser).Non nonLéonard,tu arrêtes. чC'est à moi le bain


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M: Mais ouic'està toi,ne finquiètes pas.Arianeellevapas allerdanstonbain.(Arianesort),

(plustard)An: Et qu'est-cequeje voissur tes fesses?Ouhje voisquelque chose quiva,quivaravir...

M: C'estun graindebeauté.Ari: Quivaravir lesjeunesfemmes unpeuplustard Léonard.L: C'est à moiles fessesAri: Oui,lesfessessontà toi et legrainde beautéestà toi et ça va beaucoup

plaireplustard, beaucoup.

Il est clair dans ces derniersexemples que l'enfantréagit aux intrusionsd'Arianecomme

àune dépossession, non

des objets eux-mêmes,mais de

sa liberté àen

disposerà sa guise: le bain étant son lieu, il s'affirme libre de refuser l'entréed'Ariane,de mêmequ'il interdit à Ariane de discourirsur son grain de beauté enarguantde l'intimitéde ses fesses.

Dans les énoncés en à moi, la prépositionà apparaît comme le rétablissementpolémique d'une propriétédes objetsdécrits comme 'étant à ma disposition',ce quipermetà l'enfanténonciateur de réaffirmer, dans nos exemples: le devoir de présencedes billes,son rôlede docteur,son intimitéinviolable. L'enfantavec à se pose commemetteur en scène,maîtredu monde,en prétextantune propriétéinhérentede l'objetou en reprenantune logique interne au discours: "je prétendsque j'en dispose,quel'objetme revientpar nature".

D'autres noms ou pronoms apparaissent également (bien que moins nombreux)aprèsà:

4) (1.10,Léonardest à table)Père: C'estbon labouletteLéonard?C'estbon?Aliyah: Je peuxl'avoir?Tu me la donnes?

(Elle touchel'assiettede L. L fait ouide la tête.).Tues trop gentil.

Léonard:Avoir.A toi.Aliyah: Elle est à moi laboulette?Je peuxlamanger?Non Elle est à toi.Léonard:non

Léonard ici reprendson oui préalable et réaffirme, devant l'incrédulitéde A, que laboulettelui revient de façon inhérente: "je prétendsque c'est une propriété de labouletteque de te revenir".Dans l'exemple suivant:

5)(1 10,regardantdesphotos)Père: Ça c'estlesjambesde maman.Léonard:Jambes,à mamanles jambes.


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Le discours de Léonard s'enrichira progressivementd'autres prépositions(principalementde, dans,sur et chez, entre 2;06 et trois ans),et ses emplois mêmesde à etpour serontplusvolontiersgénériquesà mesurequ'il maîtrisera lesopérateursdu récit, tout en maintenant leurs fonctions linguistiquesrespectives,avec desconstructions tellesque pâte à modeler,rougeà lèvres etc. où le nomà gauche dela prépositionest thématisé,et sa référence restreinte par une propriété inhérente,maiscettefoissansconflitpréalable,et pour unedéterminationinterne.

Les prépositionsprécocesà et pour ont donc une importancestratégiquequi peutexpliquerleur apparitionantérieureà celledesprépositionsà valeur plusdescriptive,tellesque les prépositions spatio-temporelles.

Conclusion

La préposition,qui apparaît précocement encoursd'acquisitiondu langage, n'estpas une catégorieaccessoire.Elle est utiliséepar l'enfant dès qu'il amorceunesyntaxeà deuxmots, ets'avère essentielleà deux niveaux.D'une part, elle permetàl'enfant de reprendreet de déterminerune représentationmal interprétéepar soninterlocuteur.Les prépositionspour et à introduisentainsi (comme nous l'avonsobservédans les énoncésde Léonard) une nouvelledéterminationdes objets, parl'identificationde leurcible oude l'unede leurspropriétésinhérentes.A un stadeoùprécisémentl'enfant met en place son système de déterminationnominale,cesprépositionscontribuent de façon privilégiéeà "éliminerde l'indétermination".D'autrepart, ce sont lesprépositionsà fonctionmétalinguistiquequi prévalent,et l'onconstateque l'enfantacquierttrès rapidementles outilsqui lui permettentd'articulersespropres représentationsà cellesd'autrui.Les prépositionsprécocestellesque à etpour sont sollicitéespour leursvaleursargumentativeset pragmatiques:il s'agit pourl'enfant d'argumenterune intention préalablede signifier ou de faire. Dans uncontexteoù la référenciationproprementdite n'est pas tout à fait en place,où lesconflits d'intentions, le malentendu et l'ambiguïtésont constants, les outilslinguistiquesde reprise, de post-déterminationet d'argumentationse révèlenten faitessentielsà la continuitédeséchanges et du processusd'acquisitiondu langage.

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