Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

download Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

of 159

Transcript of Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

  • 7/27/2019 Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

    1/159

    1

  • 7/27/2019 Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

    2/159

    2

  • 7/27/2019 Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

    3/159

    A mon Pre et ma Mre

    COURAGE

    3

  • 7/27/2019 Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

    4/159

    MARIE RAVAUDET-----------

    COURAGECOURS DE MORALE

    A LUSAGE DES C.M. ET C.S.

    LES DITIONS DUCEPBEAUJOLAIS

    VILLEFRANCHE (RHNE)

    4

  • 7/27/2019 Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

    5/159

    AVANT-PROPOS

    -----------------

    Mes chers Collgues,

    Ceci est la nouvelle .dition de mon premier livre de Morale qui se trouve tremaintenant le second car, par le programme comme par le niveau de son contenu, il faitexactement suite L'Age de Raison paru l'an dernier et qui s'adresse aux Cours prparatoireet lmentaire.

    Cette dition modifie peu la premire. J'ai supprim plusieurs leons de politesse non qu'elles soient inutiles au-dessus de neuf ans ! mais je les ai reportes avec un plusample dveloppement dans L'Age de Raison o elles taient encore plus ncessaires et d'oelles peuvent tre facilement adaptes aux cours suivants.

    J'ai supprim toutes les considrations d'ordre civique ou social-qui se trouvaientprimes du fait de lois nouvelles ou d'vnements rcents et me suis applique rester dansun domaine strictement moral, indpendant des circonstances.

    J'ai gard la mme formule de prsentation : une causerie directe o les histoires ne sont pas donnes au dbut de la leon pour l'amorcer mais racontes au cours de laconversation, selon le besoin et l'occasion.

    J'ai gard les mmes exemples, qui sont gnralement des faits pris dans ma classe oumon village, avec les noms exacts ; ils ne seront pas toujours aussi vivants pour vos lvesqu'ils l'taient pour les miens, mais vous pourrez toujours les raconter titre d'histoiresvraies ou mieux les remplacer par des faits quivalents puiss dans la vie courantede votre cole.

    J'ai gard surtout les mmes directives et la mme inspiration.

    ***

    A mon avis, une ducation morale pour tre complte doit viser et atteindre deux buts, aussi importants l'un que l'autre : donner des habitudes et donner des principes.

    Les principes sans les habitudes ne sont que verbalisme vide, mais les habitudes sansles principes n'offrent aucune solidit ; les meilleures s'effritent sous l'influence d'un mauvaismilieu, sous l'effet d'une dpression physique ou de circonstances exceptionnelles ; ellesdoivent tre sans cesse contrles la lumire d'une doctrine.

    Grce notre vigilance, toutes les vertus sociales fleurissent dans nos coles sousforme de loyaut, de bonne camaraderie, de got au travail, de respect des rglements, ettoutes les vertus individuelles sont en germe dans l'exactitude, l'attention, la volont deprogrs que nous obtenons de nos lves. Mais ceux-ci quittent quatorze ans l'cole et sapure atmosphre pour un milieu qui, bien souvent, n'a rien d'ducatif. Que deviendront alors

    les bonnes habitudes naissantes si nos enfants n'emportent pas, en mme temps, la votante devivre bien et de solides raisons pour alimenter cette volont ?

    5

  • 7/27/2019 Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

    6/159

    Il faut joindre la thorie la pratique, les formules aux exemples. Et les formulesdevront tre pour nos lves pleines de sens et de vie, l'expression mme de leur penseintime.

    Pour qu'il en soit ainsi, pour que la formule salutaire se prsente l'esprit de l'individu,non comme un commandement tranger mais comme la voix mme de sa conscience, il faut

    que l'individu soit imprgn de la doctrine et que les formules, simples et frappantes, aient tnon seulement claires par des exemples et des exercices pratiques, mais encore rptessouvent.

    C'est pourquoi mes leons peuvent tre rptes, d'anne en anne, jusqu'au bout de lascolarit, les exemples seulement variant avec les circonstances.

    ***

    Le sujet de certains exposs pourra vous sembler un peu austre, mais je vois moins

    d'inconvnients hausser un peu trop le niveau d'une leon de morale qu'i trop l'abaisser ;d'ailleurs, les enfants sont plus accessibles qu'on ne le croit aux ides abstraites.

    Et puis, si certaines personnes nous dfient de pouvoir enseigner sans le secours de lareligion une morale efficace, n'est-ce pas un peu parce que nous hsitons aborder devant lesenfants les problmes fondamentaux du Bien, du Mal, de la Conscience ?

    Il nous faut aller au fond des choses si nous voulons fonder notre action morale sur desprincipes solides.

    Ceux que je propose nos lves sont simples, intelligibles mme au jeune ge, maissrieux. La loi morale qui s'en dgage est assez pure et assez imprieuse pour satisfaire lesconsciences les plus exigeantes et je ne crains pas que les enfants qui en seront bien pntrssoient tents plus tard de la rejeter comme un enfantillage ou comme une rgle arbitrairementimpose.

    Vous en jugerez, mes chers collgues, et je souhaite de tout mon cur que voustrouviez, dans ces leons tout enfantines, ce que j'ai voulu y mettre : une srieuse doctrinemorale.

    M. RAVAUDET.

    Saint-Menoux, le 15 mai 1952.

    6

  • 7/27/2019 Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

    7/159

    TABLE DES MATIERES

    PREMIRE PARTIE.LA LOI MORALELa But de la Morale 9Le Devoir 12La Conscience 15La Conscience (suite) 17La Conscience (suite 20La Dignit 23

    DEUXIME PARTIE.NOS DEVOIRS ENVERS L'HUMANIT FUTURE

    Devoirs envers nos enfants 26Devoirs envers nous-mmes : Vivre 29Le Devoir de vivre (suite ) 32La Propret 36La temprance 39Lalcoolisme 42Le Travail 46Le Courage 50

    Le Courage (suite) 54Le Courage (suite) 57La Matrise de soi 61La Volont 65La Volont (suite) 69La Sincrit 73La Modestie 77

    TROISIME PARTIE.NOS DEVOIRS ENVERS L'HUMANIT ACTUELLE

    Les Parents 82Les Parents (suite) 86Les Grands-Parents 89Les Frres et les Surs 92L'Ecole 95La Patrie 99La Patrie (suite) 102Conscience professionnelle 105

    Economie et Prvoyance 108La Justice 111

    7

  • 7/27/2019 Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

    8/159

    La Justice (suite) 115La Bont 118La Bont (suite) 122La Solidarit 126

    QUATRIME PARTIE.OUTRE L'HUMANIT.

    Les Animaux 130la Nature 134

    CINQUIME PARTIE.RVISION ET CONCLUSION.

    Le Got de la Vie 138Le But de la Vie 142

    8

  • 7/27/2019 Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

    9/159

    PREMIRE PARTIE

    LA LOI MORALE

    I

    LE BUT DE LA MORALE

    Savez-vous bien (pourquoi vous venez l'cole? Pour vous instruire, dites-vous? Oui,c'est--dire pour apprendre... quoi ? La lecture, l'criture, le franais, qui vous permettront de connatrela pense d'autrui et de faire connatre la vtre ? Le calcul grce auquel vous verrez clair dans vosaffaires? La gographie qui vous rvlera votre pays? L'histoire de .vos anctres que vous serezheureux de connatre? Les sciences qui vous feront comprendre, ce qui se passe autour de vous dans la

    nature ? Oui, vous avez raison ; vous venez l'cole pour apprendre tout cela, et puis quelque chose deplus important encore, quelque chose d'infiniment prcieux, un secret que tout le monde cherche...Vous venez l'cole pour apprendre... tre heureux !Cela vous tonne. Il vous semble qu'on est heureux ou malheureux par chance, que I*

    bonheur arrive, mais ne s'apprend pas. Vous tes heureux, vous, presque tout le temps, et vous croyezbien ne rien faire pour cela. Vous voyez quelquefois des gens tristes parce qu'un malheur leur estarriv ; ce n'est pas de leur faute... Examinons ces ides d'un peu prs.

    Le malheur

    Vous vous sentez gnralement heureux ; pas toujours cependant ; quelquefois, je vous voispleurer par exemple -?... Quand vous vous tes fait du mal ?... Soit ! D'abord, n'est-ce pas souvent

    par votre faute, tourderie, brusquerie, que vous vous tes fait mal ?... Et puis, observez-vous ou,plutt, observez les petits nouveaux de la classe enfantine, c'est plus facile.

    9

  • 7/27/2019 Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

    10/159

    L'un d'eux tombe, s'corche, pousse des hurlements. Je m'approche et, tout en le soignant,, jelui parle : Ne crie pas comme a !... Tu es un homme !... Fais voir aux petits on trouve toujoursplus petit que soi ! comment un grand garon supporte le mal...

    Reste-t-il sourd ma parole ? Il continue crier jusqu' lassitude, puis se calme regret,pleurniche, renifle, soupire, et garde jusqu' la sortie une figure de catastrophe. Il estmalheureux aussi vivement et aussi longtemps que possible.

    M'coute-t-il au contraire ? Il se redresse, ses sanglots s'apaisent ; il me regarde avec un air decourage, essaie de sourire ; il y russit ; c'est fini : la petite blessure est encore cuisante, mais l'enfantse sent puis fort que le mal. H t malheureux le moins possible et le moins longtemps possible.

    Au bout de quelques jours, les plus courageux ont pris l'habitude de tomber et de se releversans cesser de rire. Tomber n'est plus un malheur pour eux.

    Il en est ainsi dans la vie : les mmes malheurs ne font pas le mme mal tout le monde.Plus on a de courage, moins les malheurs sont grands.

    Le bonheur

    Cherchez maintenant dans quelles circonstances vous avez t le plus heureux ? Le jour de la

    fte ? C'est possible. En tout cas, ce jour-l, vous tiez gais, vous preniez du plaisir. Mais je veuxvous apprendre tout de suite que le plaisir, ce n'estpas le bonheur !

    Le jour o la maman de Lucie lui a dit pour la premire fois : En allant faire tescommissions, tu vas emmener ta petite sur dans sa voiture ; ' tu es srieuse, je te la confie , j'ai

    justement rencontr Lucie ; elle ne riait pas ! Elle surveillait gravement la voiture et son prcieuxcontenu, elle tremblait de faire quelque maladresse, mais ses yeux brillaient ; elle sentait dans sortcur, combien sa petite sur lui tait chre ; elle n'aurait quitt son charmant devoir pour aucun jeu !Elle n'tait pas gaie, elle tait heureuse.

    Et le jour o, personne n'ayant su faire son problme, Andr m'a demand ta permission d'allerdans la petite classe pendant que j'expliquais le devoir, parce qu'il voulait parvenir le faire tout seul,vous en souvenez-vous ? Andr y passa tout le temps de la leon de calcul, plus celui de larcration... Il n'tait pas la fte ! Et pourtant lorsque, bien sr d'avoir russi, il m'apporta enfin son

    ardoise, sa figure tait srieuse, mais rayonnante, et j'ai bien vu qu'avant mme de recevoir lescompliments qu'il mritait, il prouvait au fond du cur quelque chose de plus doux, de plus fort, deplus prcieux que tout le plaisir qu'on peut prendre... mme sur les chevaux de bois !... Il taitheureux !

    Ecoutez en vous-mme ce que vous prouvez quand votre maman vous embrasse tendrementen vous disant bonsoir, quand votre petit frre rit et tend les bras en vous voyant rentrer de l'cole,quand, l'improviste, vous rencontrez votre papa dans la rue, ou bien quand vous venez d'accomplirun grand progrs, de comprendre quelque chose de difficile ou de rendre quelqu'un un grand service,toutes les fois, enfin, que vous sentez dans votre poitrine votre cur large et chaud, plein de tendresseou de courage.

    Alors, vous saurez trs bien ce que c'est que le bonheur.Cette flamme secrte qui rchauffe le cur, il y a des gens qui la sentent toute leur vie

    brler en eux, sans que rien puisse ('teindre.Je connais des infirmes que tout le monde plaint, premire vue, mais qu'on envierait ensuite

    si on l'osait , cause du bonheur calme et profond qu'ils possdent.Un de mes parents, dont la vie fut pleine de tourments, me disait : Le meilleur temps de ma

    vie, c'a t les quinze ans pendant lesquels j'ai soign mon mari paralys. J'tais malade, et jetravaillais dur pour gagner notre vie. Je me levais tt, je me couchais tard, bien souvent je mangeais dupain sec pour pouvoir mettre un peu plus de beurre dans sa soupe, mais il tait l, je le soignais et je levoyais si heureux de m'avoir prs de lui que j'tais heureuse aussi. Et maintenant qu'il est* mort, j'aimoins de travail et plus d'argent, ma vie est moins dure mais elle est plus triste et ma seule consolationc'est de revivre ce temps-l dans mon souvenir.

    Et vous connaissez la mre Raoul ? Tous ses enfants sont morts ; son mari, ivrogne et mauvais

    sujet, lui a fait mille misres avant de tomber sa charge ; de moins prouvs qu'elle trouvent la viebien arrire. Pourtant, soixante-cinq ans, elle roule gament sa brouette de linge et fait de bon cur

    10

  • 7/27/2019 Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

    11/159

    toutes les lessives du pays pour gagner sa pauvre vie !... L'avez-vous rencontre une fois sans qu'ellevous sourie ?

    Comment des gens aussi infortuns peuvent-ils se trouver heureux ?C'est cela, mes enfants, que l'cole vous apprendra, car cela peut s'apprendre ; c'est l'objet

    d'une science qui s'appelle: la Morale. Tous les lundis, nous aurons une leon de morale et, si vous lasuivez bien, je vous promets qu'en quittant l'cole vous serez capables d'tre heureux, si vous levoulez, toute votre vie.

    Je ne vous promets pas que vous ne pleurerez jamais : on ne passe pas toute une vie sans degrands chagrins ; mais si vous avez toujours t tendres et affectueux il y aura, au fond de vos pluscruelles douleurs, une consolation que rien ne pourra vous enlever.

    Si vous tes de bons travailleurs, les malheurs ne vous empcheront pas d'employer vos forces des uvres utiles et tant qu'on sent sa force, on n'est pas malheureux, cela, je vous le promets.

    Je vous promets plus encore, car on n'a pas besoin d'tre misrable pour trouver dubonheur en soi-mme : on peut goter les joies intrieures au sein d'une famille florissante etdans une situation aise.

    Si vous le vouiez, non seulement vous saurez dominer vos malheurs, mais encore vousen aurez le moins possible, parce que vous saurez viter tous ceux qui peuvent tre vits

    et il y en a, beaucoup !

    RESUME

    La morale nous enseigne la manire de vivre pour tre heureux.Pour tre heureux au fond du cur, malgr tous les chagrins de la vie, il faut

    aimer et travailler, il faut tre bon et brave.

    Ce rsum que j'cris au tableau, vous me le rciterez par cur tous les jours de lasemaine et, chaque jour aussi, je vous demanderai de me citer des exemples de cette joieintime qui n'est pas te plaisir, qui est beaucoup plus prcieuse et que j'appelle k bonheur.

    Il y aura un bon point pour chaque exemple bien choisi et cinq bons points quand cet

    exemple sera prsent en quelques mots sans faute de franais.Il en sera ainsi foutes les semaines : une fois la leon du lundi bien entendue et bien

    comprise, le rsum bien appris, regardez autour de fous, observez les autres et vous-mmes,cherchez dans vos souvenirs et dans vos .lectures et soyez nombreux nous raconter chaque

    jour des exemples bien simples et bien choisis.

    11

  • 7/27/2019 Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

    12/159

    II

    LE DEVOIR

    Nous savons donc dj qu'on n'a pas besoin,pour tre heureux, d'avoir toutes ses aises et de biens'amuser, mais qu'on a besoin d'tre affectueux et dene pas craindre sa peine.

    Les personnes dont nous avons parl la semaine dernire, taient des personnes courageusesqui, dans les pires conditions, avaient trouv le bonheur en s'oubliant elles-mmes, en cherchant non

    leur plaisir, mais leur devoir

    Qu'est-ce donc que le devoir ?

    Le mot vous rpond lui-mme: le devoir, c'est ce que nous devons faire, ce que nous sommesforcs de faire. Forcs? par qui? Eh bien... par nous-mmes !

    Vous riez ! Cela ne vous parat pas trs dur d'tre command par soi-mme... Et, d'autre part,il vous semble bien que vous tes contraints, fort souvent, par vos parents et par moi, de faire ce quinous semble bon, nous, et pas toujours vous.

    Si je ne vous punissais pas quand vos leons ne sont pas sues, j'en connais qui ne lesapprendraient gure, il est vrai.

    Mais quand vous tes cher vous, le soir, c'est bien vous-mmes qui vous dcidez tudier,pour n'tre pas malheureux le lendemain. C'est moi qui vous ai montr le malheur possible, mais c'estvous qui vous obligez l'viter.

    12

  • 7/27/2019 Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

    13/159

    D'ailleurs, vous ne vous obligez pas toujours : quelquefois, la paresse est trop forte et vousjouez au lieu de travailler. Vous tes tien libres : vos parents peuvent vous forcer garder votre livreen main, mais ils ne peuvent pas vous forcer vous forcer tudier. Si vous voulez absolument penser autre chose tout en regardant votre page, personne ne peut vous empcher d'tre aussi sots... Voustes libres, vous dis-je... Seulement vous tes responsables.

    C'est vous qui choisissez, mais le lendemain, c'est vous que je demanderai compte de votretravail ; c'est vous qui devrez me rpondre : Oui, je sais ma leon ou : Non, je ne la sais pas , etc'est vous qui serez tranquilles, fiers, rcompenss, ou bien tourments, honteux, punis...

    Comment connaissons-nous le devoir ?

    Qui nous dit ce que nous devons faire ? Le matre ? Les parents ? Oui, bien souvent ! Mais,l'autre jour, j'ai puni Augustine qui tait entre dans la classe sans permission, avant huit heures, etMarie a lev son doigt pour me dire : Mademoiselle, moi aussi, je suis entre en classe avant l'heure.Qui a dit Marie qu'elle devait se dnoncer ? Personne ? Si ! Elle-mme !

    Elle a senti, par avance et en mme temps, d'un ct la honte et le malaise qu'elle aurait voirAugustine faire toute seule la punition mrite par toutes deux, et de l'autre, le soulagement et la fiert

    qu'elle prouverait payer sa dsobissance. Elle a vu clairement ce qui tait bien, ce qui tait mal, etelle a choisi.D'ailleurs, les grandes personnes n'ont pas souvent prs d'elles des parents pour leur indiquer

    leur devoir : il faut bien qu'elles le voient toutes seules !Donc, nous connaissons par nous-mmes ce qui est bien et ce qui est mal ; cette

    connaissance s'appelle : la conscience morale.C'est notre conscience qui nous "montre le devoir, et c'est elle, qui nous commande de

    l'excuter.Lui obissons-nous toujours?Les avis sont partags... Voyons : Marie a-t-elle obi sa conscience? Oui !Aurait-elle pu ne pas lui obir? Oh ! oui, bien sr ! Elle aurait pu avoir l'ide de se dnoncer,

    puis hsiter et, finalement, se taire. Personne ne l'avait vue; personne ne l'aurait dnonce... Et que

    serait-il arriv?

    La punition

    II serait arriv que Marie aurait t malheureuse et le serait encore, peut-tre sans savoirpourquoi.

    A la rcration, elle aurait jou sans plaisir ; elle n'aurait pu s'empcher de penser .Augustine. Toutes les fois qu'on parlerait en classe de dfense, de permission, de dsobissance, etsurtout de franchise, elle serait mal son aise ; elle n'aimerait pas rencontrer mon regard, ni celuid'Augustine ; il y aurait au fond d'elle quelque chose de pesant et de triste, qu'elle oublierait souvent,mais qui, de temps en temps, reviendrait soudain sa mmoire et gterait ses meilleurs moments.

    Elle n'y penserait pas tous les jours de sa vie, cette punition mrite et pas faite, mais elle ypenserait de loin en loin et, chaque fois qu'elle y penserait, mme dans vingt ans, dans trente ans, elleaurait le mme regret, la mme tristesse...

    Cette tristesse s'appelle le remords (c'est un mot de la famille de : mordre), parce que, parfois,quand on a fait une grande faute qui a caus du mal quelqu'un, la douleur de conscience qu'onprouve est si vive, qu'on dirait une morsure au cur.

    Une de mes amies m'a racont un jour : Une fois, en pension, j'ai fait quelque chose de trs mal : j'ai laiss punir une camarade ma

    place ! Je n'oublierai jamais la nuit que j'ai passe ensuite ; j'tais horriblement malheureuse, je nepouvais pas dormir, je me disais : J'aimerais mieux avoir mal aux dents... j'aimerais mieux avoir une

    jambe casse... j'aimerais mieux souffrir n'importe quoi dans mort corps... a me .serait gal mmed'avoir un chagrin aussi grand, si seulement ce n'tait pas par ma faute !... Je ne pus trouver un peu

    de calme qu'aprs avoir rsolu de me dnoncer le lendemain... Et depuis, j'ai eu ma part de malheurs,comme tout le monde, j'ai soign des malades et veill des mourants que j'aimais ; j'ai eu des nuits

    13

  • 7/27/2019 Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

    14/159

    d'angoisse et des nuits de dsespoir, mais cette nuit de mon adolescence, cette nuit de remords, reste laplus cruelle de ma vie ! .

    Il y a des gens de grands coupables qui meurent de remords !... Vous connaissez, vous,les grands, l'histoire de Charles IX !...

    La rcompense

    Mais Marie a cout sa conscience ; elle lui a obi, et vous l'avez vue faire sa punition : avait-elle une figure d'enfant punie ? Pas du tout ! Au lieu d'un air honteux, elle avait un air fier. Elleprouvait cette joie secrte, ce contentement intime qui vaut mieux que tous les amusements.

    Pendant qu'elle crivait dix fois sur son ardoise : On ne doit pas entrer en classe sanspermission , les autres jouaient dans la cour mais Marie n'enviait pas leur plaisir : elle avait mieuxque ce plaisir-l au fond du cur ; elle avait ce qu'on appelle : la satisfaction intrieure. Et cettesatisfaction intrieure, les plus grands hommes, les hros, l'ont connue ; ils l'ont trouve si prcieuseque, pour la mriter, cette joie sans pareille, ils ont sacrifi les uns leur richesse, d'autres leur repos,quelques-uns mme leur vie !

    Ce bonheur infini, le seul que rien ni personne ne puisse dtruire, le plus pur et le plus

    complet qu'il nous soit donn de connatre et d'imaginer, c'est notre grande rcompense ; elle esten nous, toujours prte, toujours belle, mais il faut la gagner ! Notre conscience nous montre le devoir et nous sommes devant elle aussi libres que vous

    l'tes devant moi avec votre leon apprendre : nous pouvons choisir bien ou mal. Seulement, commel'lve devant le matre, nous sommes responsables.

    Si nous choisissons bien, nous avons la belle rcompense intrieure (et peut-tre mmequelques autres..,).

    Si nous choisissons mal, nous sommes malheureux jusqu' ce que nous ayons rpar notrefaute, et si elle n'est pas rparable, il nous faut endurer le remords, petit ou grand, sans remde.

    Alors, nous qui ne voulons pas tre malheureux, qu'allons-nous faire ? Ecouter la voix denotre conscience, bien sr ! Et lui obir, pour n'avoir jamais de remords, et surtout pour avoir toujoursla satisfaction intrieure !

    Jamais... Toujours:.. Nous n'y arriverons peut-tre pas tout fait, mais si nous pouvonsseulement connatre trs sauvent les joies de la conscience et trs rarement te remords, nous seronsplus souvent heureux que malheureux. De progrs en progrs, nous parviendrons peut-tre possderconstamment ce beau bonheur cach qu'on ne veut plus abandonner pour rien au monde quand on leconnat.

    RESUME

    Le devoir, c'est ce que nous devons faire, c'est ce que notre consciencenous commande.

    Notre conscience nous commande et nous sommes libres de ne pas luiobir.

    Nous sommes libres, mais nous sommes responsables. Si nous nefaisons pas notre devoir, nous sommes punis par le remords.

    Si nous obissons notre conscience, nous sommes rcompenss parune grande joie intrieure, qui ne ressemble aucune autre.

    14

  • 7/27/2019 Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

    15/159

    III

    LA CONSCIENCE

    Georgette m'a dit : Mais, Mademoiselle,on voit quelquefois des gens qui agissent mal etqui n'ont pas de remords.

    C'est parfaitement vrai, et vous pouvez en voir tous les jours. Regardez les nouveaux de laclasse enfantine (je parle des plus gentils). Ils arrachent volontiers ls-feuilles des M las, ils montentsur les bancs de la cour, ils donnent facilement un coup de coude un camarade pour passer devantlui, et, quand on les surprend, ils ne sont pas confus ; leur conscience ne leur avait rien dfendu, ils

    15

  • 7/27/2019 Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

    16/159

    faisaient du mal sans le savoir et sans lui dsobir ; aussi, elle ne les punit pas, ils n'ont pas deremords.

    On leur explique : Tu abmes l'arbre... Si tu salis le banc, tes camarades saliront leurs fondsde culottes... Tu as fait mal Un tel... Alors, ils comprennent, les uns tout de suite, d'autres aprsplusieurs rprimandes ; quelques-uns, it faut une punition.

    Quelques-uns ont si bien compris que, mme en l'absence de la matresse, Ils ne feront plusjamais ce qu'ils ont reconnu pour mal : leur conscience le leur dfend maintenant et si, par hasard, celaleur arrivait, ils en auraient du remords. Mais d'autres n'ont compris qu'une chose, c'est qu'ils peuventtre punis; ils se retiennent devant la matresse, mais, seuls, ils n'ont pas de scrupules, et s'ils ne sontpas pris, ils oublient tranquillement leur mfait : fait conscience n'est pas encore veille.

    Il y a des consciences qui s'veillent tard : vous savez bien qu'ici-mme, Sans cette classe de grands , il m'arrive d'tre oblige de punir, parce qu'on a fait en mon absence quelque chose qu'onn'aurait pas fait devant moi !

    Consciences obscures

    II y a des consciences qui ne s'veillent jamais tout fait.Il y a des gens qui, de leur vie, ne savent discerner tout fait ce qui est bien et ce qui est mal.Ils ne prennent pas un livre un ami, mais ils ne rendent pas celui qu'on leur a prt.Ils ne volent pas un radis dans le jardin de leur voisin, mais s'ils trouvent des pierres dans leur

    propre jardin, ils s'en dbarrassent... par-dessus la clture mitoyenne.Ils ne voudraient tuer personne, mais, atteints d'une maladie contagieuse, ils ne dsinfectent

    pas leur appartement et laisseront sans les prvenir leurs successeurs s'installer leur place.Ils ne volent pas, mais ils ne craignent pas de mentir.Enfin, ils appellent mal ce qui tombe sous le coup de la loi, et n'ont comme conscience que la

    peur du gendarme. Du moment qu'ils ne sont pas en prison, ils se croient honntes.On dit de ces gens-l qu'ils ont une conscience obscure : de mme que dans ne pice aux

    volets clos, on distingue peu les objets, de mme dans ces consciences-tt, on distingue peu le mal

    du bien.D'autres ont une conscience plus claire et vitent beaucoup de mauvaises actions ; ils en fontmme beaucoup de bonnes : ils sont honntes, travailleurs, gnreux,

    mais ils veulent avoir des rcompenses, des honneurs, enfin tre pays de leurs efforts commeles lves qui travaillent bien pour avoir le premier prix ; et, s'ils ne reoivent pas ce qu'ils croientavoir mrit, ils sont dus, aigris, et vous les entendez dire : C'tait bien la peine !

    Ces gens-l aussi ont une conscience Obscure, une ' conscience mal veille.Mais, me dira Georgette, qui aime la discussion, les gens qui n'ont pas de remords, sont plus

    tranquilles que ceux dont la conscience est bien veille et qui sont tourments pour la moindresottise!

    D'abord, ce n'est pas sr : ils ne souffrent pas de remords, ils peuvent souffrir d'autre chose :de jalousie, d'envie, et surtout de la crainte d'tre reconnus coupables et punis. Et puis, s'ils sont

    rellement tranquilles, tant pis pour eux !Tant pis s'ils ne sont pas malheureux? Oui, mes enfants, tant pis !... Tant pis pour celui qui

    copie son devoir sur son voisin et que cela n'empche pis de jouer la rcration... Tant pis pourcelui qui a laiss punir un camarade a sa place t que cela n'empche pas de dormir !...

    Consciences d'animaux

    Vous allez me comprendre.Les animaux, eux, ont si peu de conscience qu'ils ne peuvent mme pas faire de mal. Cela

    semble vous tonner. Citez-moi des animaux que vous avez vus faire du mal.Une de vos poules a perc avec son bec un sac d'avoine et picor les grains?

    Votre vache a pntr dans le champ du voisin ?Votre chat a vol un morceau de viande?...

    16

  • 7/27/2019 Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

    17/159

    Tout cela vous a fait du tort, mais ces pauvres btes n'ont pas fait de mal, point de vuemoral ; elle n'ont rien fait de contraire aux devoirs des animaux, et si vous ne vous tiez pas trouvs ltout de suite pour les frapper, la poule et la vache auraient continu tranquillement leur promenade etle chat serait venu sans remords ronronner prs du feu ; tous trois auraient eu raison : les animauxn'ont pas d'autres devoirs que de se nourrir, eux et leurs petits, en prenant leur nourriture l oils la trouvent. Ils font ce qu'ils doivent quand ils obissent leurs instincts ; ils n'ont se proccuper,ni de bont ni d'honntet. Un chat qui digre, une poule qui picore, une vache qui rumine ont le droitd'tre parfaitement heureux : ils obissent la loi de leur espce.

    Enviez-vous la poule? le chat? la vache ? Non ? Us sont pourtant bien tranquilles ; pourquoine voudriez-vous pas tre leur place ?

    Parce que ce n'est pas une vie pour nous dit Lucie?Voil qui est parfaitement rpondu !...Je vous le ferai comprendre lundi prochain : cela intressera beaucoup les grands ; cela

    ennuiera peut-tre un peu les petits, mais ils couteront tout d mme et ce qu'ils n'auront pas biencompris cette anne, ils le comprendront plus tard.

    RESUME

    La conscience, c'est la connaissance du bien et du malTout le monde connat le bien et le mal, tout le monde a une conscience, mais toutes les

    consciences ne se valent pas.Il y a des consciences claires et des consciences obscures.Plus on a une conscience obscure, plus on ressemble aux animaux.

    IV

    LA CONSCIENCE (suite)

    Histoire de la conscience.

    17

  • 7/27/2019 Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

    18/159

    Vous vous rappelez nos premires leons l'histoire de prhistoire et ce que nousavons dit de I misrable vie des premiers hommes, qui ressemblaient tout fait desanimaux sauvages.

    Nous avons vu qu'ils avaient dj plus d'adresse et d'intelligence que les autres animaux, cause de leur pouce opposable aux autres doigts, cause aussi de leurs pieds qui leur permettaient dese tenir debout et, par suite, de voir la fois de prs et de loin,' de saisir la fois l'ensemble e

    t le dtail, et de se faire des choses visibles une ide plus complte qu'aucun autre tre ne leput jamais.

    Mais cette intelligence et cette adresse taient bien rudimentaires ; c'taient le germe del'adresse et le germe de l'intelligence.

    Le progrs.

    A force d'exercices rpts et varis, de sicle en sicle, chaque individu hritant de sesparents une adresse plus grande, la main de l'homme est devenue l'outil merveilleusement dlicat etprcis qu'elle est aujourd'hui.

    Quant l'intelligence, elle ne s'employa d'abord qu' la lutte pour la vie : chasser pour manger trouver un abri voir venir l'ennemi (animal ou homme) attaquer avant d'tre attaqu fuirs'il n'tait pas le plus fort notre premier anctre n'eut gure d'autres ides. Mais en essayant sanscesse de se rappeler les circonstances qui lui avaient t bonnes ou mauvaises, de comprendre lescauses de ce qui lui arrivait, de deviner l'avance ce qui lui ferait du bien bu du mal, son faiblecerveau s'exera, se fortifia ; de sicle en sicle, chaque individu hritant de ses parents un cerveauplus actif, il lui devint de plus en plus naturel de se souvenir, de prvoir et de comprendre ; il en arriva se reprsenter mme des choses qui ne tombent pas sous le sens ; il eut des ides abstraites, il

    raisonna, il pensa.Quant la conscience, les premiers hommes n'en eurent pas plus que les autres animaux.Mme quand ils commencrent se grouper, vivre en tribus, ils vcurent entre eux sans

    honntet et sans bont.Chacun cherchait prendre le plus de place et le plus de nourriture possible, aux dpens des

    autres qui ragissaient violemment : on volait, on se battait, on se tuait, cela n'avait pas d'importance :le seul devoir tait de vivre, la seule honte tait de n'tre pas le plus fort.

    Puis, mesure que la vie devint plus facile, les ennemis moins nombreux, la nourriture plusabondante, les abris plus spacieux et plus srs, les socits s'organisrent. Certains meurtres, certainsvols furent dfendus parce qu'ils faisaient du tort toute la tribu et ces actions furent qualifiesmauvaises ; ceux qui les commirent furent punis de mort ou de torture ; certaines conventions furenttablies qu'il fut dfendu de violer sous des peines terribles

    18

  • 7/27/2019 Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

    19/159

    Les hommes prirent l'habitude, par prudence, pour viter des punitions atroces, de rflchiravant d'agir, de penser aux consquences et de chercher l'avance, en eux-mmes, comment l'actionqu'ils voulaient faire serait juge par les autres.

    Cette habitude de juger leur acte avant d'agir leur devint de plus en plus naturelle. De sicle ensicle, chaque individu hritant de ses parents une rflexion plus rapide et plus sre, ils eurent besoinde punitions de moins en moins svres, ilt purent dfendre des actions de plus en plus dlicates.

    En mme temps que leur conscience naissait, les hommes prenaient plaisir vivre 1 ensemble,ils s'attachrent d abord leurs enfants, puis leurs frres, puis leurs voisins ; ils s'habiturent penser d'autres autant qu' eux-mmes ; ils surent aimer.

    L'me humaine.

    Ainsi, peu peu, de milliers d'annes en milliers d'annes; au milieu d'efforts inconcevables etde peines sans nom, nos anctres se sont levs de l'tat d'animal celui d'homme. Lentement, parprogrs peine sensibles, ils ont cr la pense, le sentiment, la conscience ; ils se sont donn uneme!

    L'me, c est tout ce qui, en nous, existe sans aucun doute et que pourtant nous ne pouvons ni

    voir ni toucher, comme nos penses, nos affections, nos craintes, nos espoirs, nos souvenirs.On qualifie de physique, concret, matriel, tout ce qui tombe sous les sens et de spirituel,

    moral, abstrait, ce que nous ne connaissons que par notre esprit. (Il faut vous familiariser avec cesmots-l.)

    Nous avons une vie physique par notre corps et une vie morale par notre me.Quand nous avons fait un bon exercice au grand air, nous sentons que nos poumons respirent

    mieux, que notre sang circule plus vif, nous sommes pleins d'une grande allgresse physique ; c'est lun bonheur prcieux, que nous devons rechercher : c'est la preuve que nous sommes dans le bonchemin, celui que nous ont trac nos anctres, et que nous ne laissons pas dprir ce corps qu'ils nousont lgu en bon tat. C'est le bonheur qu'prouvent tous les tres qui obissent aux tendances de leurespce : c'est le bonheur d'un poisson qui nage ou d'un oiseau qui vole.

    Mais pour que cette allgresse soit complte pour nous autres, hommes, il faut que l'me y aitsa part, qu'elle se sente .aussi se fortifier et s'embellir.

    C'est seulement quand nous travaillons courageusement, quand nous prouvons des sentimentsaffectueux, quand nous obissons aux ordres les plus svres de notre conscience, que nous noussentons tout fait dans la bonne voie ; c'est alors que nous continuons les efforts et les progrs dentre espce, c'est alors que tout notre tre s'panouit et rayonne et que nous pouvons nous direheureux.

    La poule, la vache, le chat n'ont besoin que de bien se porter ; pour nous, ce n'est pas assez ; ilfaut que nous nous sentions penser et aimer ; il faut surtout que nous sentions notre conscience. Lesanimaux ont des instincts qui ressemblent notre intelligence ; quelques-uns peuvent prouverquelque chose qui ressemble beaucoup nos affections ; Fa grande diffrence entre "eux et nous, c'estla conscience morale.

    Aussi, l'homme de conscience obscure peut tre un mammifre trs perfectionn, ce n'est pastout fait un homme, et il n'est pas heureux. Sans savoir quoi, il sent qu'il lui manque quelque chose ;il a beau rire et s'amuser, il a toujours en lui un vide, un ennui, un malaise parce qu'il n'est pas dans labonne voie de son espce : il est mal son aise comme un oiseau qui volerait mal ou un poisson qui nesaurait plus nager.

    Politesse

    Vous savez ce qu'on appelle un instinct : c'est une force naturelle qui pousse tous les tres accomplir certaines actions : le chat a l'instinct de griffer pour se dfendre, le chien a celui de mordre,tous deux ont l'instinct de chasser ; l'oiseau a l'instinct de btir un nid avant de pondre ses ufs...,etc..., etc...

    19

  • 7/27/2019 Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

    20/159

    Nous avons, nous, les hommes, deux sortes d'instincts : d'abord des instincts semblables ceux de tous les animaux : instinct de nous dfendre, instinct de prendre, l, o nous l trouvons, lanourriture qui nous plat, instinct de choisir la place o nous sommes le plus l'aise..., etc...

    Puis nous avons des instincts qui n'existent que dans l'espce humaine : instinct de chercher comprendre, instinct d'tre justes, instinct d'aider tes autres, instinct de nous faire aimer..., etc...

    Ces instincts humains sont ns en nous, je vous ai expliqu combien lentement, au cours desmillnaires passs, ils sont moins anciens que les instincts animaux, c'est pourquoi ils ne sont pastoujours les plus forts.

    Bien souvent, nous avons envie de nous placer prs du feu en hiver, l'ombre en t, sansvouloir regarder si quelqu'un de plus g ou de moins bien portant que nous n'aurait pas besoin decette bonne place...

    Bien souvent, table, quand on nous prsente un plat, nous avons envie de choisir le meilleurmorceau de viande, le plus beau fruit ou le plus gros gteau...

    Bien souvent, nous voyons que quelqu'un a besoin de nous, mais nous nous trouvons si bien,si tranquilles, que nous n'avons pas envie de nous dranger...

    Bien souvent, quand on nous contrarie, nous avons envie de grogner comme un chien qu'ondrange et mme de donner, non un coup de griffe ou un coup de dents, mais un coup de poing...

    Si nous obissons ces envies grossires, nous sommes impolis.Si nous nous retenons, si nous laissons la meilleure place et la meilleure part noscompagnons, si nous parlons doucement, mme ceux qui nous ennuient, et si nous ne craignons pasde nous dranger, nous sommes polis.

    Or, vous remarquerez que, dans le premier cas, nous faisons exactement ce qu'auraient fait desanimaux : tandis que, dans le second, nous agissons en hommes, en tres intelligents et affectueux.

    Lequel est le plus facile ? Agir comme des btes, c'est bien certain ! Pour agir en homme, ilfaut, nous l'avons dit, un peu de courage.

    Mais nos instincts humains sont dj trop forts pour que nous supportions l'ide d'agir commedes btes. Nous votons que nos instincts d'hommes deviennent aussi forts, plus forts que nos instinctsd'animaux ; nous voulons continuer ce merveilleux progrs moral qui appartient aux hommes et auxhommes seuls dans toute la nature.

    Pour cela, il faut tre poli : chaque acte de politesse nous loigne un peu de l'tat des brutes.

    RESUME (suite)

    Plus on a. une conscience claire, plus on est digne du nom d'homme etplus on est heureux car on connat des joies dont les autres n'ont mme pasl'ide et qui sont les meilleures de la vie.

    (A suivre.)

    20

  • 7/27/2019 Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

    21/159

    VLA CONSCIENCE (suite)

    Education de la conscience

    Vous serez donc, mes enfants, des gens de bonne volont , vous voudrez le bien. Maisd'abord:

    Qu'est-ce que le bien ? Et qu'est-ce que le nul?Nous avons beaucoup employ la semaine dernire le mot progrs. Expliquons- nous bien l-

    dessus :Vous entendrez parier de progrs propos des automobiles et des avions qui vont de plus en

    plus vite, propos des machines qui lavent le linge toutes seules, propos de la radio et de latlvision. Ce n'est pas de ce genre de progrs que je parle dans nos leons de morale. Ces inventions-l ont pour but les commodits de la vie et non la vie elle-mme ; elles sont des accessoires, elles ne

    sont pas l'essentiel ; on les appelle des progrs parce qu'elles sont nouvelles mais on ne sait pas encoresi elles feront rellement avancer l'humanit.Progresser, c'est aller en avant, continuer ce qu'on a commenc ; le contraire de progresser,

    c'est rtrograder. Le lent progrs de nos anctres nous a donn une vie morale ; c'est ce progrs-lque nous devons continuer, avec ou sans machines.

    Le mal, c'est tout ce qui nous renvoie l'tat animal, tout ce qui entrave notre volutionmorale. Le bien, c'est tout ce qui augmente notre force morale et nous rend plus dignes du nomd'hommes.

    Eh bien ! comment saurez-vous si vous tes ou non dans la voie du progrs? Votre consciencevous le dira si elle est dj claire, mais si elle ne l'est pas encore, comment lclairer?

    Demander conseil aux autres? Mais Pierre ou Paul peuvent se tromper tout comme vous...Il faudrait pouvoir consulter l'humanit toute entire (y compris les anctres) pour tre sr de

    suivre sa volont profonde, sa tendance, sa foi. C'est impossible ? Vous allez voir !

    21

  • 7/27/2019 Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

    22/159

    Obir

    Vos parents ont vcu avant vous, ils ont connu, par eux-mmes, par les livres, par lesjournaux, un trs grand nombre de personnes ; ils ont eu souvent, trs souvent, l'occasion de se dire, enjugeant les autres : Ceci est bien , Ceci est mal. Eux-mmes ont reu les conseils de leurs

    parents qui avaient vcu avant eux et -qui avaient aussi hrit l'exprience de leurs propres parents.En remontant par la pense de gnration en gnration, vous comprenez bien que vos parents,quand ils vous donnent un conseil ou un ordre, expriment le jugement, le sentiment, la votante, latendance de tous leurs anctres.

    A cette tendance, chaque gnration a ajout quelque chose ; vous comprenez bien encore quevos parents exigent de vous des qualits auxquelles des parents gaulois, par exemple, ne pensaientmme pas. Vous-mmes demanderez vos enfants quelque chose de plus que ce que vos parents vousdemandent, et vous exprimerez ainsi pour eux la volont de l'espce humaine qui est le progrs' moral.

    Obissez donc vos parents.

    Obissez aussi l'cole. Vos matres aussi sont des personnes exprimentes^ et quiconnaissent la vie mieux que vous. De plus, ce n'est pas par caprice qu'ils ordonnent ou dfendent ;

    vous savez bien que dans toutes les coles ce sont les mmes actions qui sont punies ou rcompenses.Et qui donc nous dit, nous, les matres, ce que nous devons vous dfendre ou vous ordonner ? Laloi ? Et qui fait la loi ? Tout le monde.

    Ce qui est dfendu dans les coles, c'est ce que la majorit des hommes Juge mal ; ce quiest ordonn, c'est ce que la majorit des hommes juge bien. Quand vous obissez vos matresd'cole, vous obissez encore la conscience gnrale, fa loi de l'humanit.

    Donc, pour te moment, connatre le bien vous est facile : vos parents et vos matres vousl'indiquent tous les moments. Mais plus tard? Il vous faudra bien un jour savoir par vous-mmes oest le devoir. Comment votre conscience sera-t-elle plus claire ce moment-l qu'aujourd'hui ?...

    C'est bien simple : vous aurez une conscience claire, plus tard, si vous obissez bienmaintenant.

    Encore obir

    Tout simplement ?... mais oui ! Et vous allez le comprendre :Augustine, dites-moi ce qui vous ennuie le plus parmi tout ce que votre maman vous

    commande. C'est de vous lever le matin, sept heures, quand il fait froid ? Ah ! je vous comprendsbien ! Mais, dites-moi, quand votre maman vous appelle, tes-vous rveille ? Presque toujours ?Bon ! Savez-vous alors qu'il est sept heures ? Oui, parce qu'il y a une pendule qui sonne ? Mais alorspourquoi attendez-vous que votre maman vous appelle ? Et quand elle vous a appele, vous levez-voustout de suite ? Combien de fois vous laissez-vous appeler? Deux fois, mme trois?... Et pourquoi doncpuisque vous tes rveille ? Est-ce que vous ne comprenez pas qu'il vous faut bien tout ce temps pourtre prte huit heures pour l'cole ? Vous le comprendriez trs bien... Si vous y pensiez ! Mais ce

    n'est pas cela que vous pensez.Vous pensez qu'il fait bien meilleur dans votre lit qu' ct, vous imaginez le froid de l'air survos petites jambes... Brr !... Vous tes un peu douillette, Augustine. Si vous ne craigniez pas autant lefroid, vous verriez bien votre devoir qui est de sauter terre au coup de sept heures sans donner votre maman la peine de s'occuper de vous. C'est la paresse qui vous obscurcit la conscience, ma

    petite fille !... Eh bien ! obissez votre maman, tous les jours, au premier appel, hop ! bas du lit, ettant pis pour le froid aux jambes !... Cela ne dure pas longtemps d'ailleurs, aussitt habille, c'est fini ;il n'y a qu' se dpcher ! Et puis, l'effort que vous faites aujourd'hui vous le ferez plus facilementdemain. Peu peu, vous deviendrez moins douillette, le froid ne sera plus rien pour vous et, plus tard,quand il faudra vous lever bien avant sept heures, peut-tre ! pour donner votre mari une soupe-bien chaude ou un bon caf avant de le laisser partir au travail, l'ide du froid ne vous retiendra plusau lit.

    Et vous, Denise, quand vous faites votre semaine de mnage en classe, pourquoi ai-je besoinde vous rpter tous les jours qu'il faut enlever toutes les toiles d'araignes, pousseter toutes les tables

    22

  • 7/27/2019 Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

    23/159

    et ne pas laisser traner de papiers? Est-ce faute de mmoire que vous l'oubliez d'un jour l'autre ? Pasdu tout !

    C'est qu'au moment o vous faites le mnage, vos camarades jouent dans !a cour et vousaimez tellement jouer que vous ne pensez qu' sortir pour retourner au jeu. C'est le got1 du plaisirqui vous cache le 'devoir.

    Eh bien ! forcez-vous m'obir ; sacrifiez courageusement un quart d'heure de jeu. Cesacrifice, si vous le faites aujourd'hui, vous le ferez plus facilement demain, vous deviendrez unebonne mnagre : vous prendrez plaisir voir votre travail bien fait et, quand vous serez une mre defamille, vous ne risquerez pas de laisser votre vaisselle ou votre repassage pour courir jacasser chez lavoisine.

    Un autre exemple : pourquoi suis-je oblige de dfendre qu'on? jette un regard sur le devoir duvoisin et, quelquefois mme, de punir une aussi mauvaise action ? Est-il trop difficile de comprendrequ'un devoir copi ne vous fait faire aucun progrs et que vous devez, bien ou mal, excuterhonntement votre travail ?

    Vous le comprenez trs bien, tous, mais vous aimez les bons points et quelquefois -rarement, mais quelquefois tout de mme un de vous pense tellement aux bons points qu'iln'entend plus sa conscience... Alors, je punis (et trs dur !...) pour vous faire bien sentir que les bons

    points, ce n'est pas 1e plus important I cole, et qu'une rcompense vole est un sujet de honte.Comprenez-moi, obissez-moi, faites sincrement vos devoirs scolaires en pensant, non pas auprofit matriel, mais au bnfice intellectuel que vous en tirez, et, plus tard, vous ne serez pas de cesgens qui trompent les autres pour gagner de l'argent...

    Quand nous ne voyons pas clairement le devoir, c'est qu'il est masqu par le got doplaisir, par notre intrt, ou par la crainte de la peine prendre.

    Toutes les fois que vous obissez vite et bien, vous vous habituez vaincre la paresse, et mettre au second plan le plaisir ou l'intrt matriel. Quand cette habitude sera prise, plus rienn'obscurcira votre conscience et vous verrez votre devoir bien distinctement.

    RESUME (fin)Nous travaillons nous faire une conscience claire quand nous

    obissons de bon cur nos parents et nos matres.

    23

  • 7/27/2019 Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

    24/159

    VI

    LA DIGNITE

    Ce n'est pas tout de savoir ce qui est bien, il faut pouvoir le faire.Vaincre la paresse, carter l'intrt personnel, c'est vite dit, mais la paresse est bien forte et

    l'intrt personnel est bien... intressant. L'un et l'autre nous sont au moins aussi naturels que le dsirde faire le Bien ; lutter contre eux, c'est lutter contre nous-mmes ; o trouver la force ncessaire ?

    Et tout d'abord, puisque obir est votre grand devoir actuel, puisque c'est en obissant quevous formez votre conscience, o trouver la force d'obir ?

    Moi, je fais ce que je peux pour vous en donner le courage. Qu'est-ce que je fais ? Eh ! oui... jevous punis quand vous dsobissez et la crainte des punitions vous retient bien souvent de faire uneaction dfendue.

    Mais, dites-moi, ces punitions, pourquoi vous font-elles peur ? Sont-elles donc terribles ?

    Jouer cinq minutes de moins la rcration... crire quelques lignes sur l'ardoise .. Pour desfautes exceptionnelles, rpter un pensum tous les jours de la semaine ou rester en retenue une demi-

    24

  • 7/27/2019 Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

    25/159

    heure aprs la classe... vous n'en mourez pas !... Et cependant, pour viter ces petites peines, vousfaites des efforts que vous ne feriez pas sans cela. Pourquoi ? C'est qu'on a honte quand on est puni, ditGeorgette. Elle a raison.

    Et qu'est-ce que je fais encore pour vous encourager obir ? Je vous rcompense ? Oui. Etles rcompenses vous font beaucoup de bien : elles vous stimulent, elles vous donnent de la force autravail.

    Mais, dites-moi encore, ces rcompenses, en quoi consistent-elles? Vous connaissez notresystme : pour tout travail bien fait, je donne des bons points ; tous les samedis, nous faisons lescomptes et, en change de vingt bons points, je vous donne une babiole que vous choisissez dans mabote o j'ai rassembl pour vous des images, des btons de craie de couleur, des recoupes de rubanou d'toffe propres faire des habits de poupe, de jolies botes vides, des jeux en' carton quem'envoient certaines maisons de commerce, un bon pour un bouquet cueillir dans mon jardin... enfindes petites choses qui vous font plaisir mais qui ne sont point prcieuses en elles-mmes et si peu raresque vous en trouveriez tout autant chez vous.. Pourquoi tenez-vous tant ces rcompenses ?

    Pour une raison la fois analogue et contraire celle qui vous fait redouter mes petitespunitions, parce que ces menus objets, on ne vous les a pas donns, vous les avez gagns, alors, vousen tes fiers.

    ***

    Mes punitions ou mes rcompenses servent vous faire sentir de la honte ou de la fiert ; cesont des signes qui veillent votre conscience et c'est votre conscience qui vous punit ou vousrcompense ; il faut qu'il en soit ainsi.

    Mais il viendra un moment o personne ne sera l pour vous faire les signes ; il faudra quevotre conscience s'veille toute seule, que vous sentiez la honte sans avoir t punis et la fiert sansavoir t rcompenss.

    Quelques-uns d'entre vous en sont dj capables. Quand Marie, l'autre jour, a rclam sapunition, cette punition-l ne lui a pas fait honte ; la honte, elle l'aurait eue, toute seule devant elle-

    mme, si elle ne s'tait pas dnonce.Simone, qui est si gentille pour les enfants de la petite classe, qui les protge, qui les amuse,qui s'intresse si affectueusement leurs petites affaires, je ne l'ai jamais rcompense pour cettegrande bont ; elle a trouv en elle-mme la force de se gner pour ses petits camarades pare qu'ellese sent fire d'tre, pour eux, puissante et bienfaisante comme une maman.

    La crainte d'avoir, honte, le besoin d'tre fiers, c'est le mme sentiment, c'est le sentiment denotre dignit.

    Nous sommes des hommes, fiers d'tre des hommes, nous ne voulons pas dchoir c'est--diredescendre de notre supriorit en redevenant de simples animaux. Pour cela, il nous faut prendre de lapeine et nous la prenons de bon cur quand nous pensons rester dignes du nom d'homme.

    Ce sentiment de dignit ou d'honneur vous l'avez tous, plus ou moins, mais vous n'enfaites pas toujours un trs bon usage. J'en connais, ici et ailleurs, qui s'imaginent qu'il est humiliant

    d'obir et que c'est par dignit qu'ils dsobissent.Cela vaut la peine qu'on en parle.Il y a, en effet, dans la vie, des cas o la dignit ordonne de dsobir. Ceux qui ont lu La Case

    de l'Oncle Tom se rappellent que Tom se laissa tuer plutt que d'obir , son matre qui lui ordonnaitde battre son camarade.

    Vous n'tes pas des esclaves, vous. Vous n'aurez pas de matres, personne n'aura le droit devous obliger agir contre votre conscience. Mais vous rencontrerez peut-tre des gens qui voudront leprendre, ce droit, et qui, parce qu'ils seront en position de vous faire gagner ou perdre de l'argent, devous procurer ou de vous retirer une bonne place, vous donneront des ordres selon leur bon plaisir, desordres qui, peut-tre, rvolteront votre, conscience.

    Alors, si vous mettez l'argent et la tranquillit au-dessus de tout, vous leur obirez, lchement,ils seront vos matres et vous serez leurs esclaves. Si vous mettez au-dessus de tout la satisfactiond'une bonne conscience, vous leur dsobirez.

    25

  • 7/27/2019 Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

    26/159

    Ce sera trs dur, il vous faudra peut-tre sacrifier vos aises, vos plaisirs, vos biens, endurerbien des tracas ; vous ne pourrez le faire qu'avec un grand courage, un courage de hros.

    Et ce courage, o l'aurez-vous pris ?Ici, en classe, en m'obissant.Ce que je vous impose, vous le savez, ce n'est pas ma volont particulire, c'est la volont

    gnrale, ce qui sera votre propre volont quand votre conscience sera veille ; quand vous medsobissez, ce n'est pas votre fiert qui se rvolte, c'est votre faiblesse: vous dsobissez parce quecela vous est plus facile que d'obir.

    En m'obissant, au contraire et je vous l'ai dit la semaine dernire vous vous dbarrassezde tout ce qui peut obscurcir votre conscience, vous vous rendez capables de dsobir l'injustice etvous crez votre dignit.

    D'ailleurs, il y a obir et obir... Si vous obissez contre-cur, uniquement pour viterune retenue, en vous promettant de faire derrire mon dos ce que vous n'osez pas faire face moi,alors, oui, votre obissance est lche et toute contraire votre dignit : vous obissez comme unanimal qui craint le fouet. Mais si vous obissez parce que vous tes d'accord avec moi pour prendre,en vous gnant un peu, le germe d'une bonne habitude, c'est votre dignit, au contraire, qui s'veille ouse fortifie.

    Je crois que vous avez compris.Ds maintenant, vous allez mettre votre honneur m'obir firement pour vous discipliner etclairer votre conscience.

    Plus tard, quand vous serez livrs vous-mmes, vous verrez si bien votre devoir que vousl'accomplirez toujours, sans souci des rcompenses distribues par les lois, tout simplement pour resterfiers de vous, pour honorer en vous la dignit humaine.

    Politesse

    C'est au sujet de la politesse qu'on a souvent l'occasion d'avoir honte !...Quand on a une fois compris ce qu'il y a de brutalit et de lchet dans le cas de ceux qui ne

    veulent ou ne peuvent se gner pour les autres, on rougit de voir quelqu'un se tenir mal ou rpondregrossirement.

    On rougit surtout l'ide qu'on a pu en faire autant !Vous pouvez remarquer que les gens bien levs n'aiment pas se trouver avec des gens

    sans politesse, on dirait qu'ils se sentent d'une autre espce...Ils n'ont pas tout fait tort !... Il y a un abme entre tes gens s bien levs et les gens mal

    levs . "Pourtant, la politesse est la porte de tout le monde. Tout le monde ne peut pas tre riche,

    tout le monde ne peut pas tre fort, tout le monde ne peut pas tre savant, mais tout le monde peut trepoli !

    La politesse ne s'achte pas ; elle ne se gagne pas la course, elle ne s'apprend pas dans degros livres. Si vous tes moins poli que votre voisin, c'est tout simplement parce que vous tes moins

    rflchi et que vous prenez moins de peine que lui, c'est de votre faute, vous seul, et vous pouvezavoir honte !Les personnes polies ont sur les autres une immense supriorit : elles savent te gner. Elles

    ne laissent pas leurs membres faire n'importe quel geste ; elles retiennent leur langue, et ne lui laissentdire que ce qui est bon ; elles surveillent leurs regards et leurs sourires qui pourraient faire du mal si onles laissait aller ; elles arrtent leur colre, elles touffent leurs soucis, elles rveillent leur nergiefatigue, enfin elles sont matresses d'elles, matresses chez elles : leur conscience commande et toutle reste obit. Elles ne sont esclaves de rien, ni du fauteuil o elles sont assises, ni de l mauvaisehumeur qu'elles peuvent prouver.

    Voil pourquoi on les admire et on les respecte.

    26

  • 7/27/2019 Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

    27/159

    RESUME

    Le devoir est parfois difficile accomplir. Nous avons la force de le

    faire quand mme parce que nous craignons d'avoir honte au fond de notrecur et que nous voulons rester fiers de nous-mmes.Ce besoin d'tre fiers de nous-mmes s'appelle la dignit.La politesse est une preuve de dignit.

    DEUXIME PARTIE

    NOS DEVOIRS ENVERSL'HUMANIT FUTURE

    VII

    DEVOIRS ENVERS NOS ENFANTS

    27

  • 7/27/2019 Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

    28/159

    Maintenant que nous avons une petiteide du Bien, du Devoir, de la Conscience, nousallons chercher connatre un un, non pas tousnos devoirs il nat un devoir nouveau chaque circonstance nouvelle, nous ne pouvons

    les prvoir tous mais nos principaux devoirs.Et d'abord, envers qui avez-vous les devoirs lesplus, importants, les plus imprieux, les plussacrs ?

    Tout le monde me rpond : Envers nos parents. Vous avez, envers vos parents, de grands devoirs, en effet, mais vous en avez de plus

    grands encore... envers qui ? envers moi ? non ! Il faut que je vous le dise ? Eh bien ! vos premiersdevoirs, ceux que vous ne pouvez ngliger sans crime je dis : crime! ce sont vos devoirs enversvos enfants.

    Vous rflchissez et je vois que vous approuvez. Nous avons assez parl du progrs del'espce humaine ; vous comprenez tout de suite que ce progrs ne serait rien s'il devait finir avec nouset que nous n'aurons pas fait toute notre part de Bien si nous n avons pas mis nos enfants en tat de

    faire leur part aussiLes grands me comprennent parfaitement ; les petits me comprennent un peu et tout le monde

    pense : Nous aurons des devoirs envers nos enfants, c'est bien sr quand nous aurons des enfants :il faudra les bien soigner, les bien lever l matresse parle pour plus tard.

    Eh bien, non ! mes enfants, je parle pour tout de suite ! Et pas seulement pour ceux qui ontquatorze ans et qui vont bientt quitter l'cole ceux-l j'aurai d autres choses, dire et je les leurdirai au Cours d'adultes je parle aussi pour les plus jeunes, pour ceux de neuf ans... Oui, Fernande,pour vous aussi !

    Cela fait rire Lucien qui ne peut pas croire qu'on ait des devoirs envers des enfants qui nexisteront pas avant dix ou quinze ans d'ici... Mais Fernande ne rit pas : elle devine que c'est trssrieux ! Rien n'est plus srieux en effet...

    L'hrdit

    Vous savez bien que les enfants ressemblent leurs parents ? Jean ressemble sa maman,Lucien son papa, Laurence a le teint de sa mre et les traits de son pre, etc... Vous avez djremarqu que Marguerite et sa sur Andre qui chantent si juste, qui retiennent si facilement tous lesairs et qui jouent si bien du pipeau tiennent ce don de leur arrire-grand-pre qui, dans sa jeunesse fitdanser toutes les noces des villages au son de la musette. Vous savez aussi que lorsque Juliette laboulangre, a t si malade, dix-huit ans, tout le monde disait : C'est la tuberculose : sa mre estmorte de la mme maladie,

    Commencez-vous deviner votre devoir envers vos enfants? Vos enfants seront comme vousphysiquement et moralement ; ils hriteront vos forces et vos faiblesses, vos dons intellectuels et vos

    qualits morales... -Alors ?...

    28

  • 7/27/2019 Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

    29/159

    Alors, me dit Georgette, je comprends bien qu'il nous faut avoir une grande force physiqueet de grandes qualits morales, mais si nous ne les avons pas, qu'y pouvons-nous? Rien!

    Ma chre enfant, vous y pouvez beaucoup ! La sant, comme la vertu, ne nous est pas donneune fois pour toutes ; l'une et l'autre s'amliorent ou s'altrent constamment au cours de la vie : vous lesavez bien.

    Le progrs

    Or, les enfants hritent les tendances de leurs parents, c'est--dire les forces, bonnes oumauvaises, qui, chez les parents, sont en train de se dvelopper.

    Je connais deux frres ns, le premier robuste, le cadet trs chtif parce que, dans l'intervalledes deux naissances le pre tait tomb malade. Le plus robuste n'a jamais pris aucun souci de sasant... Le plus chtif, au contraire, a t trs bien soign, d'abord par ses parents qui taient inquiets,puis par lui-mme. Sa sant est alle se fortifiant sans cesse, sans jamais cependant devenir aussibonne que cette de son an, laquelle restait stationnaire en apparence, mais, plutt, s'altraitinsensiblement (car la sant n'est jamais stationnaire : ou elle s'accrot ou elle dcrot).

    Chacun des frres a pous une femme semblable lui : l'an, une femme robuste qui

    ngligeait sa sant ; le second, une femme maladive qui savait se soigner.Les deux mnages ont eu trois enfants chacun : les enfants de, l'an se sont levs avec assezde peine et maintenant, devenus adultes, ils ne sont pas malades, mais ils sont dlicats ; ils sont nsmoins robustes que leurs parents.

    Ceux du cadet n'ont jamais caus la moindre inquitude pendant leur enfance et ils sont encoreaujourd'hui d'une sant trs enviable : ils sont ns beaucoup plus robustes que leurs parents.

    Tous ont hrit, non pas la sant que leurs parents avaient en naissant, mais la sant qu'ilstaient en train de te faire. Le bien ou le mal commenc par les parents, J'organisme des enfants l'acontinu. La sant en train de s'amliorer chez les parents continu de s'amliorer chez les enfants.La sant en train de dcliner chez les parents continu de dcliner chez les enfants.

    J'ai eu des lves trs intelligents et trs paresseux, qui se sont mal instruits et qui ont laisspricliter leur intelligence ; leurs enfants sont ns moins intelligents qu'eux. D'autres, au contraire, qui

    avaient la tte dure, mais qui se donnaient beaucoup de peine, qui parvenaient grands efforts comprendre leurs leons et les retenir, sont aujourd'hui tout heureux de voir leurs enfants s'instruireavec facilit. Ils peuvent aussi en tre fiers !

    J'ai connu, il y a trs longtemps, un petit garon fort menteur. Ses parents essayaientdsesprment de le corriger, mais n'y parvenaient pas. Un jour c'est lui qui me l'a racont il sedit : Pourquoi est-ce que je mens ? Parce que j'ai peur ? Mais je n'ai peur de personne ! Quand j'aifait une btise, je suis bon pour la payer, je n'ai pas besoin de mentir !... C'est lche de mentir ! Je neveux plus mentir! (Sans doute, tous les reproches des parents, rests incompris jusque-l, s'clairaienttout coup ce moment dans sa conscience).

    Il avait alors quatorze ans. Je ne vous dirai pas qu'il ne mentit plus jamais., non ! les mauvaises habitudes ne se perdent pas si vite mais il ne mentit plus sans avoir des

    remords, et il mentit de moins en moins.Ce jeune homme a vieilli ; il a maintenant un fils qui est l'enfant le plus honnte, le plus loyal,

    le plus sincre que j'aie jamais connu et j'en ai connu beaucoup ! Il est n non pas comme tait n son pre, mais comme son pre tait en train de devenir.Je connais, par contre, des gens (de ces gens dont je vous disais qu'ils n'ont comme conscience

    que la peur du gendarme) qui se permettaient comme malhonntets tout ce que la loi ne punit pasexpressment, qui mentaient, trichaient, trompaient toute occasion et qui se croyaient bien malins...ils ont un enfant qui, lui, n'a pas eu mme cette conscience rudimentaire, la peur du gendarme : il esten prison aujourd'hui !

    La loi du progrs

    Je pense que vous me comprenez tout fait maintenant !

    29

  • 7/27/2019 Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

    30/159

    Vous, Georgette, qui avez eu tant de bronchites, tant petite, vous vous fortifiez d'anne enanne ; vous n'avez plus que des rhumes, et vite guris ; continuez vous soigner et vos enfantsauront, ds leur naissance, des bronches plus solides que les vtres.

    Vous, Fernande, vous avez une maladie de foie, ce que votre maman m'a dit, et le mdecinvous dfend de manger des ufs. Or, bien souvent, vous avez envie d'un uf, vous faites une comdie pour l'avoir, et votre maman a la faiblesse de cder... Vous mangez un uf, et vous tesmalade pendant la nuit...

    Eh bien ! Fernande, chaque fois que cela vous arrive, votre maladie s'aggrave, elle peutdevenir si grave que vous ne puissiez plus gurir, et vos enfants l'hriteront de vous ; vos enfants, votre ge, seront plus malades que vous ne l'tes aujourd'hui et... qui sait?... Ils seront peut-tre simalades que vous nepourrez pas les sauver...

    C'est bien svre, ce que je vous dis l, Fernande, mais c'est vrai ! L'ide que vous serezmalade dans la nuit ne vous retient pas de manger ce qui vous fait mal, vous croyez que cela neregarde que vous ; eh bien ! pensez aux petits bbs qui pourraient mourir un jour par votre fauted'aujourd'hui... Ne pleurez pas ! Fernande ; seulement ne mangez plus d'ufs et laissez-vous purgertoutes les fois qu'il le faut. A votre ge, toutes les maladies doivent gurir et la vtre, je le sais, seraitdj gurie si vous n'tiez pas capricieuse et un peu gte ! Vous aurez de beaux enfants,

    Fernande, si vous pensez eux ds maintenant.Quant vous, Lucien, qui ne pouvez pas crire deux fois de suite un mot de la mme manireet qui, onze ans, oubliez encore l's du pluriel !... Et vous, Laurence, qui trouvez tous les problmesdifficiles, voulez-vous donc que vos enfants soient encore moins dous que vous, en orthographe ouen calcul, et qu'ils passent pour btes, dans leur cole ? Non ! eh bien ! travaillez, mes enfants, forcez-vous, acharnez-vous ; vos enfants doivent, l'ge que vous avez maintenant, pouvoir faire ce dontvous tes incapables aujourd'hui : c'est la loi du Progrs !

    Et tous ceux qui se connaissent un grave dfaut moral : les tourdis, les paresseux, les...menteurs... s'il y en a encore !... Ne prparez pas vos enfants un mauvais hritage, n'en faites pas desmisrables...

    Il y a malheureusement de mauvais hasards qui peuvent vous donner des enfants malades oumal dous, mais, au moins, que cela ne soit pas de votre faute ! N'ajoutez pas votre ngligence aux

    autres causes de malheur.Augmentez, au contraire, de tout votre pouvoir, le nombre des chances heureuses.Je vous disais l'autre jour : l'effort que vous faites aujourd'hui, vous le ferez plus

    facilement demain ! J'ajoute maintenant : et vos enfants h feront plus facilement encore.Le progrs ne s'explique pas autrement.C'est ainsi que les premiers hommes sont devenus... ce que nous sommes. Nous valons mieux

    qu'eux, n'est-ce pas? Mais si nos descendants ne valent pas mieux que nous, nous aurons perdu notrevie et nous ne mourrons pas heureux.

    RESUMENous devons travailler nous fortifier physiquement et moralement,

    pour que nos enfants hritent de nous une bonne sant et une belle me.

    VIII

    DEVOIRS ENVERS NOUS-MEMES

    30

  • 7/27/2019 Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

    31/159

    Vos premiers devoirs envers vos enfants sont doncdes devoirs envers vous-mmes. Et vous ne serez pasdispenss quand vos enfants seront ns de vous fortifierphysiquement et moralement , car vous aurez besoin, pourles lever, de toutes vos vertus.

    Et si nous n'avons pas d'enfants ? demande Georgette ? Si vous n'avez pas d'enfants,d'abord, vous ne le saurez qu' la fin de votre vie ; et puis, ce ne sera pas une raison, parce que votreprincipal devoir sera manqu, pour ngliger tous les autres.'

    Si vous n'avez pas d'enfants, vous serez retranchs de l'humanit future, mais vousappartiendrez encore l'humanit actuelle.

    Or, si vous tes dbiles de corps et d'me, vous ferez peu de bien autour de vous, il faut trefort pour tre utile... et agrable.

    Si vous avez un bon quilibre physique, une intelligence ouverte, une conscience droite, vouscontribuerez au bonheur de l'humanit actuelle et, mme, par l'exemple que vous donnerez aux enfantsdes autres, au progrs de l'humanit future.

    Enfin, vous savez que nous cherchons le bonheur pour nous-mmes et que nous ne letrouverons que dans l'panouissement continu de notre corps et de notre me. Nous avons donc, bienrellement, des devoirs envers nous-mmes et nous allons tudier d'abord nos devoirs envers notrecorps.

    Le devoir de vivre

    Notre premier devoir, c'est le vivre. Cela vous fait rire ? Vous ne demandez pas mieux quede vivre et cela ne vous parat pas un devoir ? Pourtant, vous savez qu'il y a des gens qui se tuent etque c'est un crime appel suicide.

    Au fond du cur, nous plaignons ceux qui se tuent : on aime tant la vie qu'il faut, pour ne plusla supporter, avoir souffert beaucoup, plus que nous ne pouvons l'imaginer. Nous n'osons pas jugersvrement ceux qui se donnent la mort, parce que nous ne pouvons pas les comprendre.

    Pourtant, si nous rflchissons, nous sommes forcs de convenir que se suicider, c'est reculerdevant la souffrance, c'est abandonner d'un seul coup tous ses devoirs et charger les autres des peinesqu'on n'a pas voulu porter. On dit parfois : II faut du courage pour se tuer ; il en aurait falludavantage pour vivre, apparemment, celui qui a prfr mourir.

    Mes enfants, nous ne nous suiciderons pas, n'est-ce pas ? Mme si, un jour, nous n'en pouvonsplus de douleur et d'puisement, nous attendrons simplement la mort. Elle n'a encore jamais manqu personne. Tant qu'on souffre, c'est qu'on peut souffrir, quand on ne le peut rellement plus, onmeurt, tout naturellement, sans rien faire pour cela.

    31

  • 7/27/2019 Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

    32/159

    Nous ne nous suiciderons ni d'un seul coup, ni en dtail. Je veux dire : nous ne risquerons pasd'abrger notre vie en contractant, faute d'hygine, des maladies qui useraient notre corps ; nous nerisquerons pas de nous trouver, par imprudence, mutils c'est--dire privs d'une partie de nosmembres ou de nos sens.

    Se brler gravement en maniant de l'essence prs du feu, se casser.une jambe en dnichant desoiseaux, se crever un il en jouant avec un fusil qu'on ne croit pas charg, se rendre alcoolique,devenir tuberculeux parce qu'on n'a pas soign srieusement un rhume srieux, on n'appelle pas cela sesuicider, et pourtant, c'est manquer gravement au devoir de vivre.

    Et la punition est sre et cruelle !... Vous savez tous combien on est malheureux quand on estmalade : vous connaissez tous des gens dsols, incapables, non seulement de travailler, mais' mmede prendre aucun plaisir, des gens qui ne jouissent plus du tout de la vie et qui gmissent : Si j'avaisla sant !

    La sant

    Vous qui l'avez, la sant, et qui tes jeunes, promettez-vous de la conserver. Evitez lesimprudences et, pour cela, ne soyez ni dsobissants, ni brusques, ni tourdis. Suivez les conseils de

    l'hygine qu'on vous enseigne l'cole et, en e** d'inquitude, consultez le mdecin.Pour le moment, ce n'est pas vous que cela regarde, c'est vos parents, mais plus tard, il vousarrivera, comme d'autres, d'hsiter : a vaut-il bien la peine ? a cote si cher ! II est vrai qu'unevisite de mdecin cote cher, mais pour valoir fa peine, oui, a vaut la peine !

    On devrait, mme en bonne sant, se faire examiner une fois l'an par un mdecin ; on pourraitainsi prvenir les maladies dont on est menac, c'est--dire les empcher de se produire.

    Et quand vous aurez vu I* mdecin, vous suivre et conseils, Ds maintenant, Marieprendra son huile de foie de morue, sans grimace ; quand Augustin aura mal la gorge et que lemdecin lui dira de rester au lit, il restera au lit et ne fera pas d'imprudences comme la dernire fois...

    Puis, quand vous serez malades, les uns ou les autres, vous ne tourmenterez pas vos mamanspar vos plaintes, vous ne serez pas douillets ni exigeants.

    Vous saurez que votre maladie s'ajoute la peine quotidienne de votre maman et alourdit sa

    tche dj considrable. Si vous avez un peu de cur, vous ne serez pas sans cesse l'appeler, luirclamer quelque chose ; vous saurez lui laisser la paix et vous n'en gurirez que plus vite ; le capriceet l'agitation aggravent n'importe quel mal ; le calme et la patience sont des remdes tous lesmaux.

    Vous avez vu, l'autre jour, le petit Simon qui pleurait, criait et bavait parce qu'il avait mal auxdents ? Je lui ai dit : Mouche-toi d'abord, puis couche ta tte sur ton bras, pas du ct de la dentmalade, de l'autre ; ferme tes yeux, ferme ta bouche. Et vous avez tous t surpris de le voir, cinqminutes plus tard, sourire, guri.

    Vous pouvez rpter l'exprience sur vous-mmes quand vous souffrez d'un mal aigu : rage dedents, brlure..., obligez-vous rester cinq minutes sans le dire ; neuf fois sur dix, au bout de ce temps,vous irez mieux et si vous n'allez pas mieux, vous n'irez du moins pas plus mal et vous n'aurez ennuypersonne !

    Se plaindre, c'est un sr moyen de bien sentir son mal.

    Le courage de se soigner

    Tout cela est relativement facile, vous n'avez encore qu' obir. Quand vous serez livrs vous-mmes, vous n'aurez peut-tre pas le courage de vous soigner : il en faut parfois beaucoup.

    Certaines personnes ne le croient pas et s'imaginent, au contraire, qu'on montre du courage ense laissant souffrir ; c'est mme un travers assez rpandu. On craint d'avoir l'air douillet ens'occupant de soi-mme ; c'est une erreur : les gens qui ont l'nergie de supporter la douleur ont aussil'nergie qu'il faut pour s'en dbarrasser ; ceux qui se soignent le moins sont souvent ceux qui seplaignent le plus.

    Soignez-vous, mes enfants, aujourd'hui et plus tard ; c'est votre intrt et l'intrt de tout lemonde.

    32

  • 7/27/2019 Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

    33/159

    Ne faites pas comme une voisine que j'ai eue et qui me disait : Moi, mademoiselle, pour lesautres, je me dtruirais, mais ma sant moi, je n'y fais pas attention. Elle tait ce moment-l, fortenrhume, et se croyait hroque parce qu'elle ne prenait ni tisane, ni pastilles, ni sirop, ni teintured'iode, ni rien... Et toutes les nuits, en toussant, elle rveillait son mari, ses enfants... et moi ! Nousaurions tous t bien heureux, je vous assure, qu'au lieu d'attendre l'occasion de se dtruire pournous, elle consentt calmer sa propre toux.

    Je connais une histoire plus triste :Une autre de mes voisines, dans un autre pays, avait une maladie de cur. Le mdecin lui

    avait dit : Votre maladie n'est pas mortelle, condition que vous vous reposiez ds que vousprouvez tel et tel symptme. Si vous vous surmenez, je ne rponds de rien.

    Dix fois, j'ai entendu cette pauvre femme me dire : II est temps que je me repose, je vaisaller passer un mois dans la ferme de mon frre, mais avant, il faut que je fasse la lessive, je ne peuxpas laisser mon mari et mes enfant; sans une provision de linge propre, il faut que je fasse un pantalonneuf Joseph, une robe Germaine, il faut que je laisse la maison nettoye fond, il faut... il faut...

    II fallait toujours quelque chose, si bien qu'un jour elle se mit au lit et ne se releva plus...Et alors, pendant sa maladie, et puis aprs sa mort, il a bien fallu que le pre et les enfants

    s'occupent de la lessive, et du mnage, et des habits !... Du vivant de la maman, ils l'auraient fait tout

    aussi bien, et avec bonne humeur, pour la laisser se reposer, tandis qu'ensuite, il leur fallut prendretoute cette peine avec du chagrin plein le cur.La pauvre mre, croyant sans cesse assurer le bien-tre des siens, avait assur leur malheur.Vous ne tomberez pas dans cette erreur, mes enfants ; vous aurez soin de vous-mmes ; vous

    vous garderez Sains, forts, pleins de courage et de bonne humeur, capables de faire le bonheur desautres et tout heureux vous-mmes de ce bonheur physique que donne la bonne sant.

    N'oublie jamais que pour tre heureux, il faut sentir sa force.

    RESUME

    Notre premier devoir envers nous-mmes est de vivre en bonne sant,pleins, de force et de courage.

    Nous devons viter les maladies et les accidents, en suivant les conseilsde l'hygine et en tant prudents.

    Quand nous sommes malades, nous devons nous soigner de notremieux et dranger le moins possible ceux qui nous soignent.

    (A suivre.)

    33

  • 7/27/2019 Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

    34/159

    IX

    LE DEVOIR DE VIVRE (suite)

    Pour tre heureux, il faut sentir sa force...Est-ce dire que seuls les gens trs robustespeuvent tre heureux ? Ce serait affreusementtriste, mais cela n'est pas.

    Les malades

    Le pre de famille dont je vous parlais l'autre jour et qui tait n si chtif passe, dans sonentourage, pour le modle de l'homme heureux. Il a t heureux, en effet, toute sa vie, et il l'est encore.

    D'abord, comme je vous l'ai dit, il a eu des enfants plus robustes que lui parce qu'il a sanscesse fortifi sa sant. Puis, il n'a pas cherch faire ce qui lui tait impossible : remuer de lourdsoutils, porter des fardeaux, faire un travail corporel : il s'est content d'un emploi de bureau, bienmodeste, mais qui convenait sa faiblesse. Ainsi, il a toujours senti sa force, parce qu'elle tait assezgrande pour aies besoins et parce qu'elle tait chaque jour plus grande que la veille ; cela suffit

    pour tre fier de soi.D'autre part, s'il tait infrieur beaucoup d'autres par la force corporelle, il leur tait

    suprieur par d'autres forces. Dans son enfance, il inspirait la piti, mais il ne voulait pas qu'on etpiti de lui, et comme il tait intelligent, rflchi et d'une conscience droite, il devint rapidementl'homme le plus important de sa famille : son frre, ses surs, ses neveux et nices, ses enfants plustard, n'ont jamais cess de s'adresser lui comme au meilleur des conseillers. C'est lui, encoreaujourd'hui, qui crit les lettres difficiles, qui dirige de loin l'ducation des enfants, qui tranche lesdiffrends, qui encourage les malades et console les dsesprs. Il est le philosophe de la famille ; toutle monde profite de sa sagesse et tout le monde considre que cet homme petit, mince et dbile, aconnu mieux que personne tous les bonheurs de la vie.

    Un malade peut vivre heureux s'il sait, la fois, combattre sa maladie et s'entendre avecelle.

    Les infirmes

    34

  • 7/27/2019 Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

    35/159

    Mais les infirmes ? dit Georgette.Les infirmes sont souvent victimes des prjugs plus que de leurs infirmits.Nous les plaignons parce qu'ils ne sont pas tout fait comme nous, et ils souffrent parce que

    nous les plaignons. Mais un infirme peut tre heureux s'il sait adapter son genre de vie soninfirmit.

    J'ai lev un petit garon qui fut, l'ge as cinq ans, atteint au coude droit d'une inflammationgrave ; son coude resta ankylos : il lui fut, pour toujours, impossible d'tendre ou de plier son bras etde tourner la main. Il semblait qu'il ne pourrait jamais exercer un mtier manuel, mais il avait lapassion de la mcanique et il est devenu, malgr tout, un bon mcanicien. Les mouvements qui lui sontimpossibles, il les remplace par d'autres ; ce qu'il ne peut faire avec la main droite, il le fait avec lamain gauche, et il parvient force d'intelligence et de patience, monter une bicyclette, uneinstallation d'clairage lectrique, un poste de radio, rparer une horloge, aussi bien que n'importequel jeune homme de son ge.

    Vous avez vu des mutils de guerre qu'on a rduqus et que leurs infirmits n'empchentplus de gagner leur vie : je connais un peintre en btiment qui a perdu la main et qui continue

    peindre.Vous savez bien que les aveugles ont une oue et un toucher si exercs et qu'ils sont siattentifs ' que, lorsqu'on les voit chez eux, au milieu de leurs-habitudes, on pourrait douter qu'ilssoient privs de la vue. Beaucoup peuvent exercer un mtier manuel et presque tous sont artistes ;naturellement, ils n'essaient pas d'tre peintres, mais ils sont, pour la plupart, d'excellents musiciens.

    Il y a dix ans, vos ans ont pu voir ici, dans la petite classe, un petit garon qui tait sourd-muet et qui a appris lire, crire, faire l'addition et la soustraction aussi rapidement que les autreslves ; il est entr ensuite dans une cole spciale o il a continu s'instruire, o on lui a appris liresur les lvres... et parler !...

    Un infirme intelligent et courageux n'est pas infrieur aux autres hommes, car soninfriorit apparente est gnralement compense par des facults particulires qui le rendent suprieur beaucoup.

    Voici par exemple une infirmit des plus redoutes : la gibbosit. Un bossu semble frapp d'ungrand malheur... Eh bien ! observez ceux que vous avez l'occasion de rencontrer : vous aurez bien peude chance si vous ne leur voyez pas l'expression ou la plus douce, ou la plus intelligente, ou la plusspirituelle, ou la plus srieuse que vous aurez jamais vue. Les bossus ont, en gnral, une belle vieintrieure, ils n'ont pas tous les mmes forces morales, mais tous ont une force morale particulire, quileur donne une trs belle physionomie et beaucoup d'influence sur autrui. Les gens qui les voient deloin, dans la rue, peuvent les plaindre, mais leur famille les admire et les aime avec prdilection. Et,dites-moi, qu'est-ce qui nous rend le plus heureux : plaire une fois des inconnus ? Ou plaire tous les

    jours ceux que nous aimons ?Oui, certes, un infirme, un malade, peuvent tre heureux, et fiers de vivre !Est-ce dire, alors, que la sant n'a qu'une valeur secondaire, et que le devoir de se bien porter

    n'est pas aussi important que je le disais d'abord ?

    J'espre que vous m'avez mieux comprise :Si vous tes ns avec une sant normale et que, par imprudence ou ngligence, vous vous

    laissez devenir malades ou infirmes, vous aurez le sentiment mrit d'une dchance, vous voussentirez amoindris, diminus de valeur, vous prouverez cette honte secrte dont nous avons parl, cemalaise qui accompagne tout tre qui a fait rtrograder son espce.

    Mais si vous tes maladifs ou si un accident, mme une imprudence, vous a rendusinfirmes et que vous n'acceptez pas la dchance ; si voua luttez contre le mal dans toute lamesure o c'est possible et si vous lui faites sa part pour le reste ; si vous sauvez tout ce qui peuttre sauv et si vous renoncez bravement tout ce qui ne peut pas l'tre ; si vous savez adaptervotre genre de vie votre tat, attnuer vos infriorits et vous crer des supriorits que vousdvelopperez sans cesse, vous mriterez et vous aurez toute la fiert et tout le bonheur queprocure le bon quilibre physique.

    Maintenant, il me reste autre chose vous dire : nous devons vivre d'abord, mais...

    35

  • 7/27/2019 Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

    36/159

    Devons-nous vivre tout prix ?

    Devons-nous tout sacrifier la vie de notre corps?... Vous ne me comprenez pas ? Je vais vousraconter une histoire que j'ai lue. C'est une histoire pouvantable et qui n'est peut-tre pas vraie : elle atrait la grande rvolution russe et je sais que, parmi tout ce que les journaux ont racont ce sujet, il

    y a prendre... et laisser !...Je vous la raconte quand mme parce qu'elle vous aidera me comprendre.Des rvolutionnaires s'emparrent d'un village, firent attacher tous les habitants qui n'avaient

    pu fuir et les placrent genoux, en file ; puis ils donnrent au maire du village un revolver, en luiordonnant de tuer lui-mme tous ses concitoyens. Le maire tait suivi par un des rvolutionnaires quilui appuyait sur la tempe le canon d'un autre revolver et se tenait prt tirer au premier geste derefus... Le maire a obi, il a ru de sa main, l'un aprs l'autre, tous ses administrs, c'est--dire sesvoisins, ses amis, ses parents.

    Qu'en pensez-vous ? Notre premier devoir est de vivre... Ce maire-l a-t-i'l donc fait sondevoir en tuant les siens pour ne pas mourir ?... Evidemment non ! Son devoir tait de se laisserbrler la cervelle. Il a pu se dire, pour excuser sa lchet : Si je ne les tue pas, les autres lestueront. Mais d'abord, ce n'est pas sr : des vainqueurs, excits par la bataille, enivrs de> frocit,

    montrent souvent une cruaut horrible : ils ne sont plus des hommes, ils sont redevenus des btes, maisle spectacle d'un homme demeur homme, avec toute sa conscience et tout son courage, peut suffire leur rendre des sentiments humains : cela s'est vu ; on peut tour esprer du courage et rien de lalchet. Et puis, si ses amis devaient prir, il y avait pour eux moins d'horreur et de dgot tre tuspar des ennemis en fureur qu' tre tus par un ami tremblant de peur qui les assassinait pour sauver savie !.., Que dis-je? sauver sa vie?... Non pas ! Il y a une expression mprisante, et trs juste, pourdire ce qu'a fait cet homme., faible : il a sauv sa peau . Sauvers peau, ce n'est pas sauver savie: c'est sauver sa facult de boire, de manger, de respirer^.* mais, vous me l'avez dit vous-mmes :ce n'est pas une vie pour nous.

    Imaginez un peu ce qu'a pu devenir cet homme misrable : a-t-il pu, aprs cela, dormir enpaix?... A-t-il pu rire ?... chanter ?... trouver le ciel beau ?. embrasser des enfants ?... A-t-il pucontinuer vivre dans son village ?... A-t-il pu s'installer ailleurs et oublier son ancienne vie?...

    Pouvait-il penser ce jour affreux?... Pouvait-il n'y pas penser ?... Je crois qu'il n'a pas dur longtempset qu'il est mort de honte et de chagrin, comme Charles IX.

    Comme il aurait t plus heureux, s'il tait mort brave, fier, aim et admir des siens, respectde ses ennemis ! Et combien son agonie aurait t moins longue !...

    L'hrosme

    Toutes les fois qu'une catastrophe se produit dans une foule, que ce soit un incendie ou unnaufrage, on voit des hommes sauver leur peau en bousculant, en pitinant des femmes ou desenfants.

    On en voit aussi se sacrifier, se laisser mourir pour que d'autres soient sauvs.Lesquels ont raison ? Ceux qui se sacrifient, n'en pas douter ! Leurs dernires minutes sontpleines d'enthousiasme : ils ne pensent pas eux, ils pensent ceux qu'ils sauvent, ils ont le curplein d'amour et de force, ils meurent fiers etheureux !...

    Les autres tranent une existence misrable, pleine de honte, de cauchemars, de remords : ilsdorment peut-tre !... ils mangent, ils boivent, ils respirent... ils ne vivent plus ce que nousappelons : vivre !

    Vous vous rappelez l'histoire des Bourgeois de Calais ? Quand j'tais petite, elle ne mefrappait pas beaucoup, parce qu' la fin, aprs toutes ses menaces, Edouard III n'avait fait tuerpersonne, ce qui me semblait tout naturel.

    Mais quand j'ai connu un peu mieux l'histoire, j'ai su qu'il tait arriv souvent que toute unepopulation ft passe au fil de l'pe et que les Calaisiens avaient bien lieu d'avoir peur. Quant

    pendre six hommes, c'est, en temps de guerre, une petite affaire et c'est miracle que ceux-l aient eu lavie sauve.

    36

  • 7/27/2019 Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

    37/159

    Quand Eustache de Saint-Pierre prit la parole pour dire : Je me mettrai volontiers pieds nuset la corde au cou la merci du roi d'Angleterre ; quand Jean d'Aire ajouta : Je ferai compagnie messire Eustache ; quand, un un, les six bourgeois s'avancrent, ils sacrifiaient rellement leur viepour sauver celle de leurs concitoyens. Le sacrifice n'a pas t consomm, mais il a t consenti.

    Eh bien ! ces six bourgeois qui sacrifiaient de si bon cur la vie de leur corps, ont, du mmecoup, donn leur me une vie immortelle !... Aprs six sicles, nous les connaissons encore et nousles aimons ; leur corps est dtruit- depuis longtemps, mais leur me vit avec nous, et tant qu'il y aurades hommes, les six Bourgeois hroques vivront avec eux, dans leur mmoire et dans leur cur.

    Tous les jours, des gens risquent leur vie pour sauver d'autres vies : matelots qui vont, enpleine tempte, au secours de naufrags, pompiers qui se jettent dans tes flammes pour en retirer desenfants ou des malades, infirmires qui .soignent des malades contagieux... Ce sont des hros.

    Il y a des gens qui aiment mieux mourir que d'agir contre leurs opinions, contre leur religion,contre leur pays, contre leur conscience. On les appelle aussi des hros. Tout le monde n'est pascapable d'tre un hros, mais tout le monde sent bien que ce sont le hros qui ont raison etconnaissent la vraie valeur de la vie.

    Mes enfants, je ne vous souhaite pas d'avoir l'occasion d'tre hroques : les devoirs ordinairessuffisent faire une belle vie ; mais l'occasion terrible peut se prsenter vous ; il serait peut-tre alors

    trop tard pour choisir bien si vous ne saviez l'avance, ds maintenant, que la mort n'est pas le plusgrand des maux.

    RESUME

    Nous devons aimer et dfendre notre vie, mais il vaut mieux mourirfier que de vivre honteux.

    37

  • 7/27/2019 Morale (La) CM1-CM2-CS Courage Marie Ravaudet

    38/159