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SWD(2020) 100, 11 March 2020 Montrer la voie vers une économie circulaire au niveau mondial: situation actuelle et perspectives Environnement

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SWD(2020) 100, 11 March 2020

Montrer la voie vers une économie circulaire au niveau mondial:

situation actuelleet perspectives

Environnement

KH-02-20-687-FR-C

ISBN 978-92-76-21702-2Office des publicationsde l’Union européenne

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Manuscrit achevé en Mai 2020

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Table des matières

1. INTRODUCTION ............................................................................................................................4

2. TENDANCES, DEFIS ET OPPORTUNITES ..............................................................................42.1. Tendances non durables dans l’utilisation des ressources mondiales ..............................42.2. Défis et opportunités mondiaux dans des secteurs sélectionnés ........................................8

2.2.1. Les chaînes de valeur mondiales.............................................................................................82.2.2. Ressources matérielles ................................................................................................................92.2.3. Construction et urbanisation ...................................................................................................112.2.4. Déchets ...............................................................................................................................................122.2.5. Eau ........................................................................................................................................................14

2.3. Opportunités pour différents acteurs ..............................................................................................162.3.1. Opportunités mondiales ............................................................................................................162.3.2. Opportunités pour l’UE ...............................................................................................................172.3.3. Opportunités pour les pays en développement .............................................................202.3.4. Opportunités pour les pays exportateurs de matières premières .......................21

3. DESCRIPTION DES MESURES AU NIVEAU MULTILATERAL ........................................ 223.1. Accord mondial sur les matières plastiques ................................................................................22

3.1.1. Le défi posé par les matières plastiques ..........................................................................223.1.2. Avancer en direction d’un accord mondial sur les matières plastiques ............22

3.2. Alliance pour une économie circulaire mondiale .......................................................................233.3. Définir un «espace de fonctionnement sûr» et ouvrir des discussions sur un accord international relatif à la gestion des ressources naturelles ................................24

3.3.1. Définir un «espace de fonctionnement sûr» ....................................................................243.3.2. Envisager l’ouverture de discussions sur un accord international relatif à la gestion des ressources naturelles ............................................................................25

3.4. Nations Unies (ONU) ................................................................................................................................263.5. G7/G20 ............................................................................................................................................................273.6. Initiatives multilatérales sélectionnées .........................................................................................273.7. Accords multilatéraux sur l’environnement sélectionnés et autres accords internationaux .............................................................................................................................................29

4. DESCRIPTION DES ACTIONS BILATERALES ET REGIONALES ................................... 324.1. Dialogues stratégiques ...........................................................................................................................32

4.1.1. Généralités .......................................................................................................................................324.1.2. Cadres stratégiques et institutionnels favorables à la circularité ......................334.1.3. Pays sélectionnés ..........................................................................................................................334.1.4. Régions sélectionnées.................................................................................................................35

4.2. Afrique .............................................................................................................................................................36

5. LE COMMERCE ET L’ECONOMIE CIRCULAIRE ................................................................. 37

6. DESCRIPTION DES ACTIVITES DE COMMUNICATION .................................................... 386.1. La diplomatie écologique européenne et l’économie circulaire .........................................386.2. Coopération avec les États membres de l’UE .............................................................................386.3. Promouvoir la participation des parties prenantes: travailler avec la société civile et le secteur privé .........................................................................................................................39

6.3.1. Société civile ....................................................................................................................................396.3.2. Entreprises et PME .......................................................................................................................396.3.3. Soutenir le développement des entreprises vertes dans les chaînes de valeur essentielles ..............................................................................................................................406.3.4. Missions en faveur de l’économie circulaire ...................................................................41

7. FINANCEMENT DE LA TRANSITION VERS UNE ECONOMIE CIRCULAIRE MONDIALE ................................................................................................................................... 427.1. Généralités ....................................................................................................................................................427.2. Mobilisation des investissements .....................................................................................................43

7.2.1. Instruments financiers extérieurs de l’UE .........................................................................437.2.2. Projets européens .........................................................................................................................437.2.3. Finance durable et secteur privé ...........................................................................................46

8. LACUNES DANS LES CONNAISSANCES ............................................................................. 48

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INTRODUCTION

La transformation mondiale en une économie circulaire implique le passage de systèmes linéaires épuisant fortement les ressources, générant des niveaux élevés d'émissions et de déchets et ayant de profondes incidences sur les écosystèmes et le capital naturel, à des systèmes circulaires plus économes, utilisant les ressources de manière plus efficace et durable, tout en offrant des perspectives d’emploi et une qualité de vie élevée. Il s’agit d’une contribution essentielle au programme de développement durable à l’horizon 2030 et à ses objectifs de développement durable, ainsi qu’à d’autres objectifs internationaux convenus d’un commun accord dans le cadre, par exemple, de l’accord de Paris, de la convention sur la diversité biologique, et de la convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification.

La réduction de l’empreinte de consommation et l'augmentation du taux d’utilisation de matières contribuant à l’économie circulaire sont des priorités spécifiques, qu’il convient également d’envisager dans le contexte de la reconnaissance établie dans le Pacte vert pour l’Europe que l’accès aux ressources constitue une question de sécurité stratégique pour l’UE.

Les ressources naturelles sont à la base des économies nationales, fournissent des matières premières essentielles pour la vie quotidienne, et sont nécessaires à presque tous les secteurs de l’économie mondiale. En particulier, compte tenu de l’ampleur de la demande, les matières premières (y compris les matières premières primaires et secondaires issues du recyclage) continueront de jouer un rôle essentiel dans l’économie mondiale(4).

2.1. Tendances non durables dans l’utilisation des ressources mondiales

Les modèles actuels de l'activité économique linéaire dépendent d’une production permanente de matières qui sont extraites, échangées et transformées en marchandises, et finalement éliminées sous forme de déchets ou d'émissions. (voir la figure 1). Entre 1970 et 2017, l’extraction annuelle de ces matières au niveau mondial a plus que triplé, passant de 27 à 92 milliards de tonnes. Depuis l’an 2000, les taux d’extraction se sont accélérés, augmentant de 3,2 % par an. Cette évolution est imputable en grande

(1) COM(2020) 98.(2) COM(2019) 640.(3) En particulier l’ODD 8.4 sur l’utilisation efficace des ressources et la dissociation; l’ODD 12.2 sur une gestion durable et une

utilisation rationnelle des ressources naturelles; l’ODD 15.3 sur la neutralité en matière de dégradation des terres; et l’ODD 15.5 sur l'arrêt de la perte de biodiversité.

(4) Commission européenne (2020), Critical materials for strategic technologies and sectors in the EU – A foresight study (sous presse); JRC (2017), Critical raw materials and circular economy – background report. doi: 10.2760/378123.

TENDANCES, DEFIS ET OPPORTUNITES

Le nouveau plan d’action pour une économie circulaire «Pour une Europe plus propre et plus compétitive»(1) («le plan d’action») souligne que l’ambition du pacte vert pour l’Europe(2) pour une économie circulaire neutre pour le climat et efficace dans l’utilisation des ressources ne peut aboutir si l’Europe est seule à agir. Le plan d’action confirme également que l’UE continuera à montrer la voie vers une économie circulaire au niveau mondial et à user de son influence, de son expertise et de ses ressources financières pour mettre en œuvre le programme de développement durable à l’horizon 2030 et ses objectifs de développement durable(3), dans l’UE et au-delà.

Le présent document de travail des services de la Commission présente la situation actuelle de façon détaillée en ce qui concerne les actions en cours et futures en lien avec la dimension internationale de l’économie circulaire, et ce, en les plaçant dans le contexte des grandes tendances en matière d’utilisation des ressources et des défis et opportunités pour différents acteurs dans le monde.

1.

2.

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5

FOSSIL FUELS

HOUSINGCOMMUNICATIONMOBILITYHEALTHCARESERVICESCONSUMABLESNUTRITION

EXTRACTEDRESOURCES

92.84Gt

WASTED

32.5Gt

DISPERSEDEMITTED

51.9Gt

CYCLED BACK

<10%

BIOMASS

MINERALS

ORES

TAKEPROCESS

PRODUCE

PROVIDE

SOCI

ETAL

N

EED

S

(5) IRP (2019), Perspectives des ressources mondiales 2019. Résumé à l’intention des décideurs, p. 12.(6) UPNUE (2019), Advancing Sustainable Consumption & Production: Circularity in the Economy of Tomorrow, p. 7

(données de Circle Economy (2018), The Circularity Gap Report); voir également la figure 6 pour une illustration de la situation de l’UE.

(7) ONU (2017), World Population Prospects. The 2017 Revision. Key Findings and Advance Tables, p. 2.(8) OCDE (2019), Global Material Resources Outlook to 2060, p. 18-19.

partie aux importants investissements dans les infrastructures et à l’amélioration du niveau de vie dans les pays en développement et en transition, notamment en Asie(5).

La population mondiale devrait passer de 7,5 milliards de personnes en 2017 à 10,2 milliards de personnes d’ici à 2060(7). Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le niveau de vie continuera à augmenter dans tous les pays, et convergera progressivement vers ceux des pays les plus avancés. Entre 2017 et 2060, le produit intérieur brut (PIB) moyen par habitant dans les économies émergentes et en

Figure 1: Modèles actuels de l'activité économique linéaire(6)

développement devrait atteindre le niveau actuel des membres de l’OCDE. L’augmentation prévue de la population et des niveaux de revenu par habitant au niveau mondial se traduirait par une augmentation de plus du triple du PIB mondial(8).

L’expansion de la classe moyenne dans les économies émergentes et les pays en développement, ainsi qu’une urbanisation rapide, devraient avoir une forte incidence sur l’environnement, aggraver le changement climatique, augmenter l’exposition au changement climatique et aux risques de catastrophe, ainsi qu’intensifier la concurrence pour certaines matières premières.

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Si les demandes en ressources matérielles(10) d’une économie et d’une population mondiales en expansion sont satisfaites selon les modèles actuels de production, de consommation et les politiques et infrastructures associées, d’après les projections du Panel international pour la gestion durable des ressources (IRP)(11), l’utilisation mondiale de matières fera plus que doubler entre 2015 et 2060, pour atteindre 190 milliards de tonnes. Cela signifie que l’utilisation des ressources passerait de 11,9 tonnes par personne en 2015 à 18,5 tonnes par personne en 2060(12). Bien que les projections de l’OCDE soient quelque peu différentes, elles font apparaître une ampleur similaire du défi. Dans le scénario de référence de l’OCDE, l’utilisation de matières premières primaires devrait à peu près doubler par rapport aux niveaux de 2017 (89 milliards de tonnes) pour atteindre 167 milliards de tonnes en 2060, alors que le PIB mondial devrait quadrupler entre 2011 et 2060. L’utilisation prévue de toutes les catégories de matières considérées dans leur analyse(13) connaîtrait une augmentation(14) (voir la figure 2). Les pays et régions bénéficiant déjà d’un niveau de vie matériel plus élevé sont confrontés au défi de

démontrer que les mêmes besoins peuvent être satisfaits avec moins de ressources matérielles.

Tant l’IRP que l’OCDE soulignent que cette augmentation de l’utilisation des ressources matérielles – en l’absence d’améliorations dans la gestion des incidences associées à leur extraction, leur culture, leur régénération, leur utilisation et leur élimination – se traduirait par des pressions supplémentaires considérables sur les systèmes d’approvisionnement en ressources et par des niveaux de pressions et d’impacts environnementaux sans précédent. Déjà aujourd’hui, l’IRP(15) estime que l’extraction et la transformation des ressources matérielles mondiales(16) représentent plus de 90 % des incidences mondiales sur la biodiversité et le stress hydrique, environ la moitié des émissions mondiales liées au changement climatique (hors incidences climatiques liées à l’utilisation des terres), et environ un tiers des effets des particules sur la santé (voir la figure 3).

En examinant l’extraction et la transformation (et non les phases d'utilisation et d'élimination) de chaque type de ressource matérielle, l’IRP(17) constate que, à l’échelle mondiale (voir la figure 3):

(9) OECD (2018), Global Material Resources Outlook to 2060. Highlights, p. 4.(10) Les ressources matérielles comprennent la biomasse (par.ex. les cultures pour l'alimentation, l’énergie et les matériaux

biosourcés, ainsi que le bois à usage énergétique et industriel), les métaux (par.ex. le fer, l’aluminium et le cuivre utilisés dans la construction et la fabrication d’équipement électronique), les minerais non métalliques (utilisés pour la construction, notamment le sable, le gravier et la chaux) et les combustibles fossiles (notamment le charbon, le gaz et le pétrole pour l'énergie).

(11) https://www.resourcepanel.org/.(12) IRP (2019), Global Resource Outlook 2019 (Perspectives des ressources mondiales 2019), p. 102-103.(13) Voir la note de bas de page nº 10.(14) OCDE (2018), Global Material Resources Outlook to 2060. Highlights.(15) IRP (2019), Global Resources Outlook 2019, p. 68; IRP (2019), Global Resources Outlook 2019. Résumé à l’intention des

décideurs, p. 15-17.(16) Voir la note de bas de page nº 10.(17) IRP (2019), Global Resources Outlook 2019. Résumé à l’intention des décideurs, p. 15-16; IRP (2019), Global Resources Outlook

2019, chapitre 3, p. 64-96 (les définitions des termes «effets du changement climatique», «effets des particules sur la santé», «stress hydrique» et «perte de biodiversité liée à l’utilisation des terres» sont disponibles aux p. 23-24; voir également la p. 67). Voir aussi OCDE (2018), Global Material Resources Outlook to 2060, p. 181-199.

Figure 2: Augmentation de l’utilisation de matières de 2017 à 2060, selon l’OCDE(9)

20179Gt

15Gt

22Gt

44Gt

206020Gt

24Gt

37Gt

86Gt2017 2060

89Gt 167Gt

COMBUSTIBLESFOSSILES

MINÉRAUX NONMÉTALLIQUES

MÉTAUX

BIOMASSE

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• La culture et la transformation de la biomasse (pour l’alimentation, les matières premières et l’énergie) sont aujourd’hui responsables de près de 90 % du stress hydrique mondial et de la perte de biodiversité liée à l’utilisation des terres, et de plus de 30 % des émissions de gaz à effet de serre liées aux ressources (sans prise en compte des émissions résultant du changement d’affectation des terres).

• Entre 2000 et 2015, les effets du changement climatique et les effets sur la santé issus de l’extraction et de la production mondiales de métaux ont pratiquement doublé. Pour les métaux, la chaîne de production mondiale de fer et d’acier est à l’origine des effets les plus importants du changement climatique et représente

environ un quart de la demande énergétique mondiale du secteur industriel.

• La plupart des incidences liées aux minéraux non métalliques surviennent à l’étape de la transformation, et la production de clinker (le principal ingrédient du ciment) est responsable de l’essentiel des effets du changement climatique et d’une grande part des autres incidences. En outre, l’extraction de sable dans des pays tiers peut avoir de lourdes conséquences sur les écosystèmes locaux(19).

• L’extraction, la transformation, la distribution et l’utilisation de combustibles fossiles (charbon, pétrole et gaz naturel) contribuent sensiblement aux effets du changement climatique et à la pollution de l’environnement, en particulier, à celle de l’air.

(18) Adapté de IRP (2019), Global Resources Outlook 2019. Résumé à l’intention des décideurs, p. 16. (19) PNUE (2019), Sand and Sustainability: Finding new solutions for environmental governance of global sand resources,

section 2.2, p. 5-6.

Figure 3: Incidences mondiales réparties par type de ressource matérielle(18)

Impacts sur le changement

climatique

Impacts des particules

sur la santé

Stress hydrique

Perte de biodiversité due à l’utilisation

des terres

100%

90%

80%

70%

60%

50%

40%

30%

20%

10%

0

COMBUSTIBLES FOSSILES

MINÉRAUX NON MÉTALLIQUES

MÉTAUX

BIOMASSE

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La croissance de la productivité mondiale des matières (l’efficacité de l’utilisation des matières) a été nettement plus lente que celle de la productivité du travail et de la productivité énergétique(20). Elle a commencé à baisser vers les années 2000 et stagne depuis quelques années. Bien que la productivité des matières (définie comme le PIB par tonne de matières utilisées) se soit améliorée rapidement à la fois dans les anciens et les nouveaux pays industrialisés, le glissement simultané de la production mondiale des économies qui ont une productivité des matières plus élevée vers des économies qui ont une productivité des matières plus faible explique à quel point il est difficile d'obtenir une amélioration rapide de l’efficacité mondiale des matières. Cela signifie que les pressions et les incidences moyennes sur l’environnement par euro de produits et de services sont en augmentation dans l’économie mondiale depuis le début du nouveau millénaire.

2.2. Défis et opportunités mondiaux dans des secteurs sélectionnés

2.2.1. Les chaînes de valeur mondiales

Les marchés de biens de consommation et de services devraient connaître une croissance sans précédent au cours des dix prochaines années, avec quelque 1,8 milliard de personnes qui devraient rejoindre la classe moyenne mondiale en quinze ans d’ici à 2025, soit une augmentation de 75 % par rapport à 2010(21). Il est probable que l’augmentation des dépenses de consommation soit même plus forte, non seulement du fait des revenus plus élevés des ménages, mais également en raison de l’adoption de modes de vie de moins en moins durables, les ménages consacrant une part plus importante de leur budget à l’achat de biens de consommation(22). Ces marchés en expansion rapide sont alimentés par des biens de consommation fabriqués et vendus par des entreprises qui dépendent

d’approvisionnements en énergie et en ressources naturelles augmentant dans des proportions semblables (voir la section 2.1), et qui opèrent dans un ensemble complexe de chaînes de valeur mondiales longues et interconnectées.

Un nombre important d’entreprises multinationales de l’UE fonctionnent avec des chaînes d’approvisionnement mondiales qui démarrent dans les pays en développement. Ces entreprises ont gagné une part croissante du commerce mondial à valeur ajoutée, estimée en 2010 à plus de 40 %, contre seulement 20 % en 1990 et 30 % en 2000(23) – un fait en grande partie associé à la pénétration des chaînes de valeur mondiales dans les marchés émergents(24). Cette réalité implique qu’il est peu probable que les objectifs en matière de circularité soient atteints si l'on ne garantit pas que les fournisseurs des pays émergents adoptent également des pratiques commerciales circulaires.

L’établissement d’un lien concret avec les micro, petites et moyennes entreprises actives dans le «dernier kilomètre» des chaînes de valeur et d’approvisionnement mondiales constitue un défi majeur vers la durabilité et la circularité, tant pour les multinationales que pour les plus petites entreprises. Dans le même temps, les multinationales, bien qu’elles rencontrent toujours des difficultés à surveiller et à influencer la durabilité des microentreprises et des entreprises du secteur informel alimentant leurs fournisseurs de deuxième et troisième rangs, sont bien placées pour user de leur influence afin d'inciter à la circularité au sein de leurs chaînes d’approvisionnement, y compris dans les PME des pays en développement prêtes à ajuster leurs processus et leurs pratiques afin de continuer à bénéficier des chaînes de valeur mondiales dont elles font partie.

L’adoption à grande échelle de pratiques commerciales circulaires est fortement dépendante de leur large intégration dans les chaînes de valeur mondiales. Il existe de nombreux obstacles, parmi lesquels des lacunes ou incohérences dans les cadres stratégiques,

(20) IRP (2019), Global Resource Outlook 2019, p. 39, 52-54. (21) McKenzie Global Institute (2012), Urban world: Cities and the rise of the consuming class

(https://www.mckinsey.com/featured-insights/urbanization/urban-world-cities-and-the-rise-of-the-consuming-class).(22) McKenzie Global Institute (2016), Urban world: The global consumers to watch (https://www.mckinsey.com/featured-insights/urbanization/urban-world-the-global-consumers-to-watch).(23) CNUCED (2013), Global Value Chains and Development: Investment and value added Trade in the global economy

(https://unctad.org/en/publicationslibrary/diae2013d1_en.pdf).(24) Commission européenne (2016), Industry Global Value Chains, Connectivity and Regional Smart Specialisation in Europe,

JRC Science for Policy report.

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un manque de sensibilisation et de capacités des opérateurs économiques, la protection d’intérêts acquis par ceux qui bénéficient de modèles non durables, une demande du marché encore insuffisante pour les produits et services de l'économie circulaire, des choix de consommation non éclairés, un accès au financement non disponible ou prohibitif, notamment pour les petits opérateurs, etc.

L’UE a un rôle important à jouer pour soutenir et encourager les entreprises dans leurs efforts pour mener leurs activités de manière responsable. Les efforts pertinents de l’UE se concentrent sur la mobilisation d’investissements dans des chaînes de valeur sélectionnées (voir la section 6.3.3), mais mettent aussi fortement l'accent sur la facilitation de la formation de groupes stratégiques de chaînes de valeur, qui peuvent être utilisés pour stimuler les réseaux et la connectivité, c’est-à-dire les partenariats entre les chefs de file des chaînes de valeur et les producteurs pour promouvoir la montée en puissance et la reproduction des pratiques conformes à l’économie circulaire. En outre, «en tant que premier marché unique au monde, l’UE a la capacité de fixer des normes qui s’appliquent tout au long de la chaîne de valeur mondiale»(25). L’intérêt qu’a l’UE à ancrer la circularité dans les chaînes de valeur mondiales a beaucoup à gagner de l’utilisation de normes associées aux déchets recyclables, au commerce des minerais et aux autres ressources matérielles.

2.2.2. Ressources matérielles(26)

La biomasse est utilisée pour l’alimentation humaine et animale, les matières premières et aussi l’énergie(27). L’alimentation humaine constitue la biomasse extraite la plus essentielle, car elle est vitale pour les êtres humains. Toutefois, les systèmes alimentaires dans le monde ont une forte incidence sur la perte de biodiversité(28), ainsi que sur l’érosion des sols(29), et ils sont responsables de 21 à 37 % du total des émissions anthropiques de GES(30). L’extraction et la transformation de la biomasse représentent également plus de 30 % des émissions de gaz à effet de serre liées aux ressources matérielles (sans prise en compte des émissions résultant du changement d’affectation des terres)(31).

Le rendement des cultures par surface a augmenté considérablement au cours des dernières décennies (un phénomène connu sous le nom de révolution «verte»). Toutefois, l’augmentation de la population, le passage à un régime alimentaire contenant davantage de produits d’origine animale, ainsi qu’une demande croissante de produits ayant une incidence importante sur la biodiversité et le stress hydrique tels que le café, le cacao et le coton, exercent une pression sur les ressources en eau et en terres, susceptible d’être encore aggravée par l’utilisation inappropriée d’intrants agricoles, tels que les produits agrochimiques et les engrais. En outre, les effets du changement

(25) COM(2019) 640 – Le pacte vert pour l’Europe.(26) Voir la note de bas de page nº 10.(27) Sauf indication contraire, la source est IRP (2019), Global Resource Outlook 2019, p. 88-91.(28) IPBES (2019), Global Assessment. Summary for Policy Makers, p. 12 et 28. Pour l’UE, voir Sala et al. (2019), Consumption and

Consumer Footprint: methodology and results. Indicators and Assessment of the environmental impact of EU consumption. Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, ISBN 978-92-79-97256-0, doi:10.2760/98570, JRC 113607.

(29) Borrelli et al. (2017), «An assessment of the global impact of 21st century land use change on soil erosion», Nature Communications, Volume 8, numéro de l’article: 2013.

(30) GIEC (2019), Special Report on Climate Change and Land.(31) L’élevage – tant pour la production de viande que de lait – représente la part la plus élevée d’émissions directes,

principalement dues à la fermentation entérique (émissions de méthane) et aux émissions de protoxyde d’azote. La production de riz est la deuxième plus grande source d'émissions de méthane après les ruminants, et représente par conséquent l’incidence la plus forte de toutes les productions végétales. Les émissions de protoxyde d’azote des sols agricoles sont associées au cycle biogéochimique de l’azote, qui a été fortement affecté par les incidences anthropiques, notamment l’application d’engrais de synthèse.

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climatique menacent la durabilité de la production des denrées alimentaires des produits de base, ainsi que les écosystèmes. Il est donc nécessaire de prendre des mesures pour s’adapter aux effets du changement climatique dans ces secteurs, et renforcer leur résilience au changement climatique.

L’UE est le premier importateur et exportateur mondial de denrées alimentaires, et échange une diversité croissante de produits alimentaires avec les pays du monde entier. L’UE importe certains produits de base (par.ex. aliments pour animaux, fruits tropicaux, fruits de mer, huile de palme et café) dont la production peut avoir des incidences environnementales et sociales négatives dans les pays exportateurs (y compris la dégradation des sols, l’épuisement des ressources naturelles et des conditions de travail inéquitables). Environ 31 % des terres nécessaires pour répondre à la demande alimentaire de l’UE se situent en dehors de l’Europe, et moins de la moitié de la consommation de poissons et de fruits de mer de l’UE est couverte par sa propre production, ce qui signifie qu’une part importante de l’empreinte du système alimentaire de l’UE se situe en dehors de l’Europe(32). D’après une étude(33) financée par la Commission, l’UE a importé et consommé un tiers des produits agricoles échangés dans le monde associés à la déforestation entre 1990 et 2008. Selon la même étude, si l'on examine la déforestation incarnée(34) dans la consommation finale totale, la consommation de l’UE représente environ 10 % de la part mondiale.

Les minerais et les métaux constituent des matières premières essentielles pour la société et sont utilisés par la quasi-totalité des secteurs de l’économie mondiale. Leur extraction et leur transformation ultérieure joueront un rôle essentiel pour fournir la technologie propre, la mobilité et les solutions numériques nécessaires à la transition de tous les secteurs industriels vers la neutralité climatique et une économie circulaire. Compte tenu de la taille de la

demande, leur extraction continuera à jouer un rôle essentiel.

L’extraction de minerais et de métaux dans le monde entier comprend un ensemble d’activités très variées et mondialement répandues, qui incluent de très grandes exploitations minières industrielles hautement mécanisées et de petites mines artisanales informelles ou illégales produisant de petites quantités de minerais de faible volume et de grande valeur (par.ex. or, minerais précieux et semi-précieux)(35), souvent associées à de très mauvaises conditions de travail. L’extraction et la transformation peuvent avoir de graves conséquences négatives si les incidences environnementales et sociales ne sont pas correctement gérées par des pratiques minières responsables(36). Toutefois, s’il est géré comme il se doit, le secteur minier offre des possibilités importantes de faire avancer le développement durable, notamment dans les pays à faible revenu(37).

À la lumière de ces difficultés, l’utilisation plus efficace des ressources deviendra un facteur de plus en plus important de la compétitivité et de la croissance durable, par exemple, la prolongation de la durée de vie des produits pour optimiser la valeur des matières et leur utilisation dans le système économique (pour les batteries(38), par exemple). L’Europe dépend d'un approvisionnement sûr en matières premières critiques, assuré en grande partie par des importations, fortement concentrées dans quelques pays tiers. L’UE peut diversifier l’approvisionnement en matières premières critiques et réduire sa dépendance, notamment par la recherche et le développement de matériaux de substitution (non critiques) et de processus de recyclage (valorisation et réutilisation) efficaces(39).

Le charbon, le pétrole et le gaz naturel(40) fournissent de l’énergie utilisée sous différentes formes ainsi que les matières premières de

(32) IPES-FOOD (2019), Towards a common food policy for the European Union.(33) https://ec.europa.eu/environment/forests/impact_deforestation.htm.(34) Le concept de la «déforestation incarnée» est utilisé pour relier la déforestation à la consommation. Il fait référence à la

déforestation résultant (comme une externalité) d’un produit, bien ou service fabriqué, commercialisé ou consommé.(35) IRP (2019), Mineral Resource Governance in the 21st Century: Gearing extractive industries towards sustainable development.

Summary for Policymakers, p. 10.(36) En 2011, l’extraction et la transformation des métaux au niveau mondial étaient responsables de 18 % du changement

climatique lié aux ressources et de 39 % des effets des particules sur la santé. L’incidence mondiale de l'extraction des ressources minérales non métalliques est inférieure à 2 % de l’incidence totale sur les ressources [IRP (2019), Global Resources Outlook 2019, p. 76-83; voir aussi OCDE (2019), Global Material Resources Outlook to 2060, p. 181-199].

(37) IRP (2019), Mineral Resource Governance in the 21st Century: Gearing extractive industries towards sustainable development. Summary for Policymakers, p. 7. Voir aussi OCDE (2016), Due Diligence Guidance for Responsible supply Chains of Minerals from Conflict-Affected and High-Risk Areas (third edition), https://www.oecd.org/daf/inv/mne/OECD-Due-Diligence-Guidance-Minerals-Edition3.pdf.

(38) Bobba et al. (2019), «How will second-use of batteries affect stocks and flows in the EU? A model for traction Li-ion batteries», Resources, Conservation and Recycling, vol. 145, p. 279-291.

(39) Voir l’outil interactif du JRC «Materials that are critical to our green future», disponible via le lien suivant https://visitors-centre.jrc.ec.europa.eu/en/media/tools/materials-that-are-critical-to-our-green-future.

(40) IRP (2019), Global Resource Outlook 2019, p. 83-87.

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nombreux produits chimiques utilisés dans les produits pharmaceutiques, les plastiques, les peintures et de nombreux autres produits. L’extraction, la transformation, la distribution et l’utilisation sont toutes des facteurs importants de la pollution de l’environnement (en particulier de l’air) et des émissions de gaz à effet de serre. Le méthane, qui a un potentiel de réchauffement planétaire(41) supérieur à celui du dioxyde de carbone et qui accélère le changement climatique, fait partie des principaux polluants atmosphériques et climatiques dans l’extraction des carburants fossiles. Le mercure est rejeté dans l’environnement lors de l’extraction du pétrole et du gaz, et pénètre dans les eaux résiduaires et les flux de déchets solides. Ces émissions sont considérées comme des sources majeures de contamination au mercure des océans et des mers (mais ne sont pas suffisamment quantifiées à ce jour). De manière générale, l’étendue des effets du changement climatique associés à l’extraction et la transformation du pétrole et du gaz est comparable à celle du charbon(42). En outre, les méthodes d’extraction non conventionnelles comme la production d'huile de schiste et de gaz de schiste (ainsi que la production à partir de sables bitumineux) ont fait l’objet d’un regain d’intérêt au cours des dernières années du fait d’innovations technologiques et du déclin des réserves conventionnelles, mais elles ont leurs propres effets négatifs sur le climat et l’environnement.

2.2.3. Construction et urbanisation

L’urbanisation est une grande tendance(43): au cours des 30 prochaines années, la population urbaine mondiale devrait augmenter de 2,4 milliards de personnes. Cette transition démographique verra augmenter la proportion de la population vivant en ville, de 54 % en 2015 à 66 % en 2050. Presque 37 % de cette croissance devrait provenir de seulement trois pays: l’Inde, la Chine et le Nigeria. Le nombre d’habitants des villes dans ces pays devrait respectivement augmenter de 404 millions, 292 millions et 212 millions, selon les estimations. Cette

augmentation de population aura pour résultat une extension importante des villes existantes et la construction de nouvelles villes.

Dans leur construction et leur exploitation, et pour soutenir les modes de vie urbains, les villes utilisent des milliards de tonnes de ressources matérielles, allant des carburants fossiles, du sable, du gravier et du minerai de fer aux ressources biotiques comme le bois et les denrées alimentaires. On estime que plus d’un tiers de la consommation mondiale des ressources est affectée aux matériaux de construction et au secteur du bâtiment(44). La production de ces matériaux nécessite de l’énergie, qui représente plus de 40 % des émissions de gaz à effet de serre associées à la production mondiale de matériaux(45). Cette consommation de matières premières devrait augmenter plus rapidement que la population urbaine, pour atteindre environ 90 milliards de tonnes d'ici 2050 (40 milliards de tonnes en 2010)(46). La demande élevée de ces matières premières dépasse largement ce que la planète peut fournir de manière durable, et contribue fortement au changement climatique (aujourd’hui, le béton est responsable de 9 % du total des émissions de gaz à effet de serre)(47). Les stratégies d’utilisation efficace des matières représentent toutefois un potentiel important pour réduire la demande de matières et, par conséquent, les émissions de gaz à effet de serre connexes, par exemple, plus de 50 % en Inde et 80 % en Chine(48).

Sous l’effet de la tendance observée de longue date à la «dé-densification» ou à l'étalement urbain (c'est-à-dire des villes qui deviennent de moins en moins compactes) de 2 % par an l'utilisation des terres urbaines dans le monde pourrait passer d’un peu moins d’un million de km2 à plus de 2,5 millions de km2 en 2050. Cela mettrait en péril les terres agricoles et les ressources alimentaires(49), et nécessiterait des investissements et des matériaux pour étendre les infrastructures et les réseaux. En fait, l’imperméabilisation des sols, c’est-à-dire leur recouvrement par un matériau imperméable, est une des principales causes de la dégradation des sols dans l’Union européenne et une des

(41) https://unfccc.int/process/transparency-and-reporting/greenhouse-gas-data/greenhouse-gas-data-unfccc/ global-warming-potentials.

(42) IRP (2019), Perspectives des ressources mondiales 2019, p. 83-84 et figure 3.19.(43) FEM et BCG (2016), Shaping the future of construction. A Breakthrough in Mindset and Technology Report.(44) Ellen MacArthur Foundation & ARUP (2019), Urban buildings system summary

(https://www.ellenmacarthurfoundation.org/assets/downloads/Buildings_All_Mar19.pdf).(45) PNUE (2019), Emissions Gap Report 2019.(46) IRP (2018), Le poids des villes: ressources nécessaires pour l’avenir de l’urbanisation. Résumé à l’intention des décideurs, p. 8.

Il est intéressant d’observer que la Chine à elle seule a utilisé plus de ciment pendant la période 2011-2013 que les États-Unis pendant tout le 20e siècle.

(47) OCDE (2018), Global Material Resources Outlook to 2060. Highlights, p. 18.(48) IRP (2020), Resource Efficiency and Climate Change: Material Efficiency Strategies for a Low-Carbon Future.(49) IRP (2018), Le poids des villes: ressources nécessaires pour l’avenir de l’urbanisation.

Résumé à l’intention des décideurs, p. 8.

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conséquences de l’étalement, de la construction et de l’exploitation des villes. L’imperméabilisation des sols affecte souvent les terres agricoles fertiles, menace la biodiversité, augmente le risque d’inondations et de pénurie d’eau et contribue au réchauffement de la planète. La Commission européenne a publié des lignes directrices concernant les meilleures pratiques pour limiter, atténuer ou compenser l’imperméabilisation des sols(50).

Des efforts sont également nécessaires pour détourner les habitants des villes des modes de vie à forte intensité de ressources, et les encourager à adopter des pratiques circulaires. Les actions visant à réduire la consommation d’énergie et les émissions attribuées à l'utilisation des bâtiments peuvent se concentrer sur des systèmes de chauffage, de refroidissement et d’éclairage efficaces. Les programmes d’efficacité dans le cadre de la coopération au développement peuvent également porter sur la prolongation de la durée de vie des produits, la réduction des déchets et l’utilisation plus efficace des matières. La mise en œuvre de la modélisation des informations de la construction (BIM) permet aux professionnels de la construction de quantifier l’incidence écologique intrinsèque et la performance des coûts au long du cycle de vie des bâtiments. La BIM permet également de planifier la réutilisation et le recyclage futurs potentiels des matériaux de démolition. «Level(s)», un cadre d’évaluation et de déclaration relatif à la performance du cycle de vie complet des bâtiments, qui a été récemment développé par la Commission européenne(51), peut également étayer la planification des développements et des projets BIM à cet égard. Au-delà de la prolongation de la durée de vie des bâtiments, leur remise en état peut également être une stratégie efficace et rentable pour en améliorer la performance énergétique. De plus, la mobilité urbaine est responsable d’environ 40 % du total des émissions de CO2 du transport routier et jusqu’à 70 % des autres polluants provenant des transports(52). L’électromobilité, la numérisation et les systèmes de villes intelligentes devraient être rapidement déployés pour proposer des solutions largement fondées sur des principes de circularité et améliorer les indicateurs pertinents de qualité de vie dans les zones urbaines(53).

Il est par conséquent essentiel d’adopter des principes d’économie circulaire dans le secteur de la construction partout dans le monde (dès la phase de planification) pour relever les défis liés à l’environnement construit. Parallèlement, la numérisation peut améliorer l’efficience, réduire au minimum la quantité de matières gaspillées, et permettre un meilleur suivi du recyclage des matières et des équipements. En outre, le changement climatique nécessite des normes et des codes de construction adaptés, pour faire face à la nouvelle fréquence et à l’intensité des catastrophes liées au climat et garantir la résilience des infrastructures tant anciennes que nouvelles. La coopération internationale entre les administrations locales pourrait contribuer à l’intégration des principes de l’économie circulaire dans les plans de développement urbain, y compris des solutions de remplacement tournées vers l’adoption de matériaux de construction durables et sobres en carbone.

2.2.4. Déchets

La croissance économique et démographique mondiale génère des quantités toujours plus importantes de déchets. D’ici 2050, la production mondiale de déchets solides devrait augmenter de 70 %(54). Des modes de production et de consommation inefficaces et non durables créent des problèmes liés aux déchets dans tous les pays, notamment dans les pays en développement(55). Les municipalités des pays à faible revenu dépensent en moyenne 20 % de leurs budgets à la gestion des déchets, tandis que plus de 90 % des déchets sont toujours déversés en plein air ou brûlés. Le financement des systèmes de gestion des déchets solides pose de grandes difficultés. Dans les pays à haut revenu, les frais de fonctionnement de la gestion intégrée des déchets dépassent en général les 100 USD la tonne. Les pays à plus faible revenu dépensent environ 35 USD la tonne et parfois plus, mais ils ont beaucoup plus de difficultés à recouvrer les coûts(56). La gestion des eaux résiduaires pose des problèmes comparables, avec 4,5 milliards de personnes dans le monde en 2015 n’ayant pas accès à des services d'assainissement sûrs, et 80 % des eaux résiduaires dans le monde étant rejetées dans l’environnement sans être traitées et/ou réutilisées.

(50) SWD(2012) 101 – Lignes directrices concernant les meilleures pratiques pour limiter, atténuer ou compenser l’imperméabilisation des sols.

(51) https://ec.europa.eu/environment/eussd/buildings.htm.(52) https://ec.europa.eu/transport/themes/urban/urban_mobility_en.(53) McKenzie Global Institute (2018), Smart cities: Digital solutions for a more livable future (https://www.mckinsey.com/industries/

capital-projects-and-infrastructure/our-insights/smart-cities-digital-solutions-for-a-more-livable-future); IRP (2018), Le poids des villes: ressources nécessaires pour l’avenir de l’urbanisation.

(54) Banque mondiale (2018), What a Waste 2.0. A Global Snapshot of Solid Waste Management to 2050.(55) PNUE (2019), Global Environmental Outlook (GEO-6). Résumé à l’intention des décideurs, p. 16.(56) Banque mondiale (2018), What a Waste 2.0. A Global Snapshot of Solid Waste Management to 2050.

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Le commerce international des déchets a fortement augmenté, et les marchés de certains flux de déchets se sont de plus en plus mondialisés au cours des dernières décennies. En 2016, plus de 200 millions de tonnes de déchets ont fait l’objet d’échanges au-delà des frontières internationales, soit quatre fois plus que la quantité échangée en 1992 (voir la figure 4). La valeur de ces échanges atteint environ 100 milliards d’USD.

L’UE est un acteur important du marché mondial des déchets. En 2016, on estime que

l’UE a exporté 40 millions de tonnes(58) de déchets vers des pays tiers, soit environ 20 % du total des exportations mondiales. Dans le même temps, environ 13 millions de tonnes de déchets ont été importées dans l’UE. Une attention croissante est accordée aux flux de déchets émergents causés par de nouvelles technologies telles que les panneaux solaires, batteries, turbines, etc. La coopération avec les pays industrialisés peut être renforcée pour prévenir la mise en décharge et réduire l’incidence des nouvelles technologies vertes tout au long de leur cycle de vie.

(57) OCDE (2018), International Trade and the Transition to a More Resource Efficient and Circular Economy: A Concept Paper, p. 13.(58) Données Eurostat relatives à l’exportation de tous les flux de déchets, à l’exception des déchets minéraux, sur la base des

informations douanières et des données disponibles des États membres.

Figure 4: Déchets mondiaux faisant l'objet d'échanges internationaux, en valeur et en poids(57)

Value of global waste and scrap trade in billion USD (2003-2016)

Billi

on U

SD

150

100

50

0

2004 2008 2012 2016

CHEMICALS

METALS

MINERALS

OTHER

PAPERS

PLASTICS

TEXTILE

Weight of global waste and scrap trade in million tonnes (2003-2016)

Mill

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es

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2004 2008 2012 2016

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Weight of global waste and scrap trade in million tonnes (2003-2016)

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Le commerce illégal et illicite des déchets est également une préoccupation mondiale, car il représente une des formes les plus graves de crimes contre l’environnement, ainsi qu’une source de revenus majeure pour les groupes criminels organisés, et présente un risque important pour la sécurité publique. Ce risque est particulièrement important dans le cas des déchets électroniques et des déchets plastiques expédiés illégalement d’Europe et d’autres pays industrialisés vers l’Afrique et l’Asie du Sud-Est(59).

Veiller à ce que l’UE n’exporte pas ses problèmes de déchets vers des pays tiers et à ce que les déchets soient gérés et échangés de manière écologiquement rationnelle est par conséquent un défi mondial de premier plan du point de vue de l’environnement, de la santé publique et des travailleurs, ainsi que de l’économie. Le recyclage des navires est un cas d’espèce. Un pourcentage élevé de la flotte européenne est démantelé en Asie du Sud, dans des conditions souvent préjudiciables pour la santé des travailleurs et l’environnement. Dans ce contexte, l’UE continue de poursuivre une politique ambitieuse pour rendre le recyclage des navires plus vert et plus sûr(60). En particulier, depuis 2019, les navires battant pavillon d’un des États de l’UE peuvent uniquement être démantelés dans des installations figurant sur une liste approuvée par l’UE. En outre, l’UE soutient déjà les efforts internationaux en faveur du recyclage durable des navires au niveau mondial.

La gestion des déchets joue un rôle important dans l’économie circulaire. Pour de nombreux pays, en particulier les pays en développement, il s’agit du premier problème à résoudre pour commencer la transition. Réduire la quantité de déchets produits, y compris à travers la conception, la réutilisation et la réparation des produits, la priorité au recyclage (y compris via une collecte sélective) et, si possible, la transformation des déchets en ressource, nécessitera des investissements en matière de prévention, de réutilisation et de collecte des déchets, ainsi que dans les infrastructures de recyclage. L’objectif est également de veiller, dans toute la mesure du possible, à ce que le traitement des déchets n’ait pas de conséquences négatives à la fois pour

l’environnement et pour la santé, et à ce que les matières recyclées soient sûres et de haute qualité. De nombreux pays partenaires de l’UE, en particulier les pays en développement, ne disposent pas de la capacité, des cadres et des systèmes pour atteindre cet objectif. Collaborer avec ces pays pour les aider à améliorer leurs politiques, normes et pratiques de prévention et de gestion des déchets contribuerait à relever ces défis, conformément aux approches de l’UE.

2.2.5. Eau

L’eau, qui permet à la vie de se développer au bénéfice de la nature, des personnes et de l’économie, est une ressource irremplaçable. En 2015, deux milliards de personnes dans le monde n’avaient pas accès à de l’eau potable, et 4,5 milliards de personnes n’avaient pas accès à des services d’assainissement sûrs(61). À l’échelle mondiale, 80 % des eaux résiduaires sont rejetées dans l’environnement sans être traitées ou réutilisées(62). Dans 22 pays, principalement en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et en Asie occidentale, centrale et du Sud, le niveau de stress hydrique(63) est supérieur à 70 %, ce qui indique une forte probabilité de pénurie d’eau à l'avenir. D’après les données disponibles, d’ici à 2030, le monde pourrait être confronté à un écart de 40 % entre l’approvisionnement et la demande en eau(64). Dans le même temps, la disponibilité de l’eau est essentielle pour la sécurité alimentaire. L’agriculture est responsable de 70 % des prélèvements d’eau douce dans le monde(65).

De par le monde, l’eau devient de plus en plus un problème environnemental aigu, avec des défis allant des pénuries d’eau et des sécheresses à la pollution par les substances chimiques et les nutriments causée par une utilisation excessive ou un manque de traitement approprié, à la surexploitation et à la contamination des eaux souterraines, et à la dégradation de l'état écologique des eaux du fait de modifications hydromorphologiques. Le changement climatique aggravera ces problèmes, alors qu’il modifiera les régimes de précipitation.

L’énergie et l’eau sont intrinsèquement liées: l’«eau destinée à l’énergie» est nécessaire au

(59) Voir PNUE (2018), The State of Knowledge of Crimes that have Serious Impacts on the Environment.(60) Règlement (UE) nº 1257/2013 du Parlement européen et du Conseil du 20 novembre 2013 relatif au recyclage des navires

(JO L 330 du 10.12.2013, p. 1).(61) ONU-Eau et UNESCO (2019), Ne laisser personne pour compte. Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur

des ressources en eau 2019.(62) https://www.unwater.org/water-facts/quality-and-wastewater/.(63) https://www.eea.europa.eu/archived/archived-content-water-topic/wise-help-centre/glossary-definitions/water-stress.(64) ONU-Eau et UNESCO (2019), Ne laisser personne pour compte. Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur

des ressources en eau 2019.(65) FAO (2017), Water for Sustainable Food and Agriculture. A report produced for the G20 Presidency of Germany, p. 1;

voir aussi Science for Environment Policy (2013), In-Depth Report «Sustainable Food. A recipe for food security and environmental protection?».

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L’application des grands principes de l’économie circulaire (réduire, réutiliser et recycler) dans le secteur de l’eau constitue une manière importante de remédier aux problèmes soulignés plus haut. Des mécanismes de traitement des eaux résiduaires de type «valorisation des ressources» sont disponibles pour produire de l’énergie, capter des nutriments tels que l’azote, le phosphore et le potassium, recycler les eaux utilisées pour l’irrigation (réduisant les pénuries d’eau) ainsi qu’améliorer la qualité de l’eau douce et des habitats aquatiques (biodiversité) en réduisant l’eutrophisation / l’appauvrissement en oxygène(69). Les programmes de prétraitement industriel, élément standard pour protéger les infrastructures traditionnelles de collecte et de traitement des eaux usées, doivent être optimisés pour obtenir davantage de gains d’efficacité et une réutilisation accrue de l’eau.

Une condition préalable essentielle pour réduire l’utilisation de l’eau est que la ressource soit vendue à un prix adapté tenant compte: i) des facteurs socioéconomiques et culturels; ii) des conditions culturelles et des facteurs environnementaux; iii) du coût des ressources et des externalités, tout en respectant iv) le droit des êtres humains d’accéder à l’eau et à l’assainissement. La conservation des bassins versants et la gestion durable de l’eau peuvent également contribuer à augmenter la disponibilité de l’eau tout en réduisant son utilisation. D’importantes économies d’eau peuvent être réalisées en améliorant l’efficacité de l’utilisation de l’eau dans le secteur agricole et alimentaire (notamment par des systèmes d’irrigation plus efficaces, une plus grande efficacité dans la transformation des denrées alimentaires et la sélection/consommation de produits alimentaires par les agriculteurs/consommateurs fondée sur les niveaux del disponibilité / de rareté de l’eau au niveau local. En plus d’être un objectif stratégique interne important pour l’UE, la gestion durable de l’eau [conformément aux conclusions du Conseil des affaires étrangères de l’UE

refroidissement, au stockage, aux biocarburants, à l’hydroélectricité, etc., et l’«énergie destinée à l’eau» au pompage, au traitement et au dessalement. En l’absence d’énergie et d’eau, les besoins humains de base ne peuvent être satisfaits pour produire les aliments nécessaires à une population mondiale en croissance rapide et permettre la croissance économique. La production de «plus de grains par goutte» pour répondre à la demande alimentaire présente et future passe par la définition de nouvelles approches de gouvernance de l’eau. Dans le même temps, la satisfaction des besoins en eau des secteurs de l’énergie et de l’agriculture ne devrait pas avoir une incidence indûment négative sur les écosystèmes naturels fournissant des services essentiels, tels que l’approvisionnement en poissons, la protection contre les inondations, la prévention de l’érosion, la pollinisation, et bien sûr l’approvisionnement des utilisateurs en eau. Ces interactions ont jusqu’à présent été largement sous-estimées. Des solutions en faveur d’une répartition efficace et équitable de l’eau entre tous les secteurs seraient nécessaires, tout en reconnaissant qu’elles devraient être adaptées aux spécificités socioéconomiques et écologiques d’une région. Des approches davantage intégrées sont nécessaires pour tenir compte des interactions entre l’eau, l’énergie et l’agriculture ainsi que la demande des ménages(66). Cela comprend également l’exploitation de formes innovantes et circulaires d’intégration des secteurs (eaux résiduaires destinées à l’énergie, par exemple). En fait, réduire la consommation d’eau et utiliser l’eau plus efficacement entraîne non seulement des économies de ressources, mais également d’importantes économies d’énergie, compte tenu des grandes quantités d’énergie qui sont nécessaires au traitement de l'eau, aux infrastructures hydrauliques (pompage vers les utilisateurs finaux et retour vers les installations de traitement de l'eau), ainsi qu'au chauffage de l’eau en cas de besoins en eau chaude. Une étude commandée par la Commission européenne a estimé que les économies d’eau dans tous les secteurs de l’UE pourraient entraîner une réduction de 2 à 5 % du total de la consommation d’énergie primaire au sein de l’UE-28(67). L’Agence pour la protection de l’environnement des États-Unis estime que 3 à 4 % de la consommation électrique des États-Unis sert à l’approvisionnement en eau potable et aux services de traitement des eaux résiduaires chaque année dans le pays(68).

(66) https://publications.jrc.ec.europa.eu/repository/bitstream/JRC114177/kjna29509enn_002.pdf.(67) https://ec.europa.eu/environment/enveco/resource_efficiency/pdf/studies/final_report.pdf.(68) https://www.epa.gov/sustainable-water-infrastructure/water-and-energy-efficiency-utilities-and-home.(69) UNU-INWEH, UN University Institute for Water, Environment and Health; Qadir, M. et al., Natural Resources Form

(27 January 2020), Global and regional potential of wastewater as a water, nutrient and energy source.

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sur la diplomatie de l'eau (voir ci-dessous)] est un sujet important des discussions sur l’environnement au sein de forums en dehors de l’UE. Les discussions internationales pourraient également se concentrer sur la réutilisation de l’eau et l’utilisation de ressources d’eau non-conventionnelles, des pratiques susceptibles de contribuer à la gestion durable de l’eau. Certains pays réutilisent déjà l’eau dans des proportions importantes du fait de leurs conditions environnementales spécifiques. L’UE pourrait coopérer avec des partenaires pertinents pour veiller à une adoption accrue de la réutilisation de l’eau au niveau mondial. Les futures missions en faveur de l’économie circulaire (voir la section 6.3.4) pourraient porter sur le secteur de l’eau, car il s’agit d’un secteur très innovant et à progression rapide, avec de nombreuses bonnes pratiques dont s’inspirer, et auquel participent de nombreuses entreprises européennes.

Les conclusions du Conseil des affaires étrangères de l’UE sur la diplomatie de l'eau de novembre 2018(70) traitent de ces défis planétaires liés à l’eau et reflètent l’engagement de l’UE pour renforcer sa diplomatie de l’eau afin de promouvoir la paix et la stabilité. Elles

soulignent également que l’économie circulaire contribue sensiblement

aux économies d’eau, y compris grâce à la réutilisation.

De manière générale, la gouvernance fondée sur l’eau offre des opportunités claires pour résoudre la question du partage des ressources et aligner les thèmes de l’eau pour contribuer à l’émergence

d’économies circulaires neutres en carbone. Plus de

300 rivières dans le monde traversent des frontières

nationales, et peuvent bénéficier de la mise sur pied d’entités

conjointes pour influer sur l'utilisation équitable et efficace de l'eau qui intègre la

dimension de genre (avec réduction parallèle de la pollution), conformément aux approches définies dans la gestion intégrée des ressources en eau et la directive-cadre sur l’eau de l’UE.

2.3. Opportunités pour différents acteurs

2.3.1. Opportunités mondiales

L’augmentation de la productivité des ressources au niveau mondial grâce à une extraction et une transformation plus efficaces des matières premières(71), à une meilleure «circularité» de la politique des produits et à la réduction des déchets peuvent réduire considérablement la consommation des ressources et les émissions de gaz à effet de serre, ainsi que les risques liés à l’approvisionnement des matières premières. Outre la circularité croissante de l’extraction des ressources, des approches plus circulaires au niveau des produits(72) offrent également des possibilités de réduire les impacts mondiaux ainsi que la dépendance vis-à-vis des ressources. Compte tenu des incidences locales(73) de l’exploitation minière et du fait que la demande de certaines matières premières est appelée à augmenter à l’avenir, par exemple en raison de l'accent accru sur l’énergie verte et de la transition vers la neutralité climatique, il est essentiel d’atténuer ces incidences en appliquant des technologies ou des pratiques de gestion appropriées. Comme de nombreux domaines d’utilisation des ressources sont relativement inefficaces ou inexploités(74), le potentiel d’utilisation efficace des ressources est très élevé(75) (voir la figure 5).

L’IRP a élaboré un scénario de développement durable à l'échelle mondiale(76), dans lequel l’utilisation efficace des ressources et la circularité ralentissent de manière significative la croissance de l’utilisation des ressources, de manière à améliorer les revenus et autres indicateurs de bien-être, tandis que les pressions clés sur l’environnement chutent. Dans ce scénario, un ralentissement de l’utilisation des ressources naturelles dans les pays à revenu élevé compense une utilisation croissante dans les économies émergentes et en développement. La productivité des ressources mondiales augmente de 27 % entre 2015 et 2060, tandis que le PIB moyen par personne double et que l’utilisation des ressources par habitant converge entre les différents groupes de pays, baissant à 13,6 tonnes par habitant dans les pays à revenu élevé et croissant à 8,2 tonnes par habitant dans les pays à revenu faible.

(70) https://data.consilium.europa.eu/doc/document/ST-13991-2018-INIT/fr/pdf.(71) L’extraction et la transformation efficaces des minerais réduisent fortement les déchets (besoin de gérer, réduire et recycler

les déchets d’extraction) et les intrants nécessaires (énergie, eau, etc.).(72) SWD(2019) 91 – Sustainable Products in a Circular Economy. Towards an EU Product Policy Framework contributing

to the Circular Economy.(73) STRADE (2016), European Policy Brief. Outlining Environmental Challenges in the Non-Fuel Mining Sector, p. 1-5

(https://www.stradeproject.eu/fileadmin/user_upload/pdf/PolicyBrief_04-2016_Sep2016_FINAL.pdf).(74) Il est estimé que le monde n’est «circulaire» qu’à hauteur de 9 %, («The Circularity Gap Report 2019», p. 8).(75) IRP (2016), Resource Efficiency: Potential and Economic Implications. Summary for Policymakers, Preface.(76) IRP (2019), Global Resources Outlook 2019. Résumé à l’intention des décideurs, p. 28-29. Voir p. 98-118 du rapport

complet pour plus d’informations.

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L’IRP souligne que les mesures d’un tel scénario de durabilité permettent un découplage absolu des impacts et un découplage relatif des ressources. En outre, la croissance économique est stimulée de 8 % par rapport au statu quo et les coûts économiques à court terme du passage à une trajectoire climatique de 1,5 degré Celsius sont compensés. Les politiques d’utilisation efficace des ressources réduisent les émissions de GES de 19 % par rapport au statu quo et, combinées à d’autres mesures climatiques, les émissions mondiales diminuent de 90 % en 2060, au lieu d’augmenter de 43 %. D’autres rapports confirment l’importance de l’économie circulaire pour l’action pour le climat(77). L’initiative de 2019 des industries à forte intensité d’énergie de l’UE(78) est par conséquent intéressante.

2.3.2. Opportunités pour l’UE

Avec les efforts qu’elle déploie en faveur d’une économie circulaire mondiale, l’UE soutient, entre autres, l’action continue des gouvernements, notamment de ceux qui considèrent la transition vers une économie circulaire comme un choix stratégique nécessaire. L'UE a tout intérêt à veiller à ce que tous les pays et toutes les régions gèrent leurs ressources naturelles de manière durable et adoptent un modèle plus durable de développement économique. Un tel modèle est perçu comme contribuant aux objectifs de l’UE en matière de développement et d’environnement, notamment en ce qui concerne la politique

(77) Material Economics-SITRA (2018), The Circular Economy: a powerful force for climate mitigation; Ellen McArthur Foundation-Material Economics (2019), Completing the Picture: How the Circular Economy Tackles Climate.

(78) Masterplan for a Competitive Transformation of EU Energy-intensive Industries Enabling a Climate-neutral, Circular Economy by 2050.

(79) Dobbs et al. (2011), Resource Revolution: Meeting the world’s energy, materials, food, and water needs, McKinsey Global Institute, p. 14. «Total resource benefit» (avantage total des ressources): fondé sur les prix courants de l’énergie, de l’acier et de l’alimentation ainsi que les prix non subventionnés de l’eau et un coût fictif pour le charbon. «Average societal cost efficiency» (efficacité moyenne du coût social): coût de mise en œuvre annualisé divisé par l’avantage total annuel des ressources. «Other» (autres): comprend d’autres opportunités telles que l’efficacité alimentaire, l’efficacité des eaux industrielles, le transport aérien, les eaux municipales, le recyclage de l’acier, la réutilisation des eaux résiduaires, et d'autres types d'efficacité énergétique industrielle.

Figure 5: Les 15 catégories présentant le meilleur potentiel d’utilisation efficace des ressources(79)

892

Power plant efficiencyRoad freight shi�

Irrigation techniques

Oil and coal recovery

End-use steel efficiency

Land degradation

Electric and hybrid vehicles

Transport efficiency

Smallholder farm yields

Iron and steel energy efficiency

Other

Urban densification

Municipal water leakage

Food waste

Large-scale farm yields

Building energy efficiency

106

108

115

115

132

134

138

138

143

145

155

167

252

266

696

Total resource benefit Average societal cost efficiency

0.7

0.6

0.3

0.5

0.5

0.2

0.4

0.5

0.2

0.9

1.2

0.4

0.2

0.5

0.4

0.5

Steel

Energy

Water

Land

Societal perspective, 2030

Fieen groups of opportunities represent 75 percent of the resource savings

$ billion (2010 dollars)

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Imports1.70

Natural resources extracted5.36

Direct material input7.06

Material use 4.46

Exports 0.77

Emissions to air2.59

Emissions to water0.01

Waste landfilled0.71

Backfilling 0.21

Recycling 0.72

Materialaccumulation 2.72

Processed material 7.98

Total emissions2.60

Inci

nera

tion

0.1

1

Waste treatment1.75

Dis

sipa

tive

flow

s 0.

26

(80) Données Eurostat: env_wassd; env_ac_sd; env_ac_mfa. Une représentation similaire pour l’économie mondiale est présentée à la figure 1.

Figure 6: Flux de matières au sein de l’UE-27 (2017)(80)

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des produits durables(81), en facilitant l’accès au marché et en créant des débouchés commerciaux pour l’UE et d’autres acteurs. En outre, un approvisionnement durable et la sécurité d’approvisionnement en matières premières sont essentiels pour les entreprises de l’Union actives dans le contexte des chaînes de valeur mondiales et aspirant à placer des produits durables sur le marché (malgré les progrès en matière de recherche et d’innovation, le potentiel de substitution des matières premières par la mise en œuvre de solutions existantes est relativement limité dans un avenir prévisible, et les matières premières secondaires existantes peuvent uniquement satisfaire une part limitée de la demande).

À court terme, les matières premières primaires devraient rester le principal moyen de satisfaire la demande en ressources matérielles (voir la figure 6), compte tenu notamment de leur importance pour les technologies circulaires et propres, et pour les applications numériques, spatiales et de défense(82). L’initiative «matières premières» de l’UE(83) implique une stratégie de diversification pour sécuriser l’approvisionnement en matières premières et l’accès à ces matières provenant de multiples sources, par exemple des marchés mondiaux, de l’UE et de matières premières secondaires. Elle aborde l’aspect de la durabilité tout au long du cycle de vie de l’exploitation minière, en commençant par l'extraction, en vue de réduire au minimum les répercussions sociales et environnementales. Les industries extractrices de matières premières au sein de l’UE ont progressivement réduit l’impact environnemental au cours des dernières décennies, y compris les émissions de gaz à effet de serre et les principaux polluants atmosphériques, et ont amélioré de manière significative l’utilisation de l’eau (en augmentant la réutilisation de l’eau, par exemple) et le contrôle des rejets d’eau(84). Par l'intermédiaire de l’Institut européen d’innovation et de technologie (EIT) et de sa communauté de la connaissance et de l’innovation dans le domaine des matières premières(85), l’UE soutient la montée en puissance de nouvelles technologies en faveur d’une utilisation flexible des matières

premières, en se concentrant sur des méthodes entièrement nouvelles d’extraction, de valorisation et de production durables de matières premières et de matériaux avancés essentiels à de nouvelles applications dans l’économie verte, telles que l’électromobilité ou les énergies renouvelables. Une transition mondiale vers une économie circulaire peut contribuer à faire baisser la pression en termes d’approvisionnement de certaines matières premières critiques(86).

La numérisation peut à la fois rendre possible et accélérer la transition vers une économie circulaire par le biais du suivi, du traçage et de la cartographie des produits, composants, matériaux et chaînes de valeur. Ces données peuvent être utilisées pour développer un passeport numérique des produits, une cartographie des ressources, des informations destinées aux consommateurs et de nouvelles applications pour promouvoir et soutenir la conception, l’utilisation, l’entretien et le recyclage de produits durables et circulaires et, enfin, permettre de nouveaux modèles circulaires d’entreprise. Cela est particulièrement important pour l’UE, qui ne possède pas de ressources naturelles pour la plupart de ces matériaux et dépend par conséquent souvent des importations d’autres pays. Un modèle plus durable de production et de consommation dans les pays tiers pourrait réduire le taux de croissance de leur demande intérieure, ce qui contribuerait potentiellement à la sécurité des ressources de l’UE.

En tant que grande économie, l’UE est un des principaux exportateurs et importateurs de biens et de services et est profondément intégrée dans les chaînes de valeur mondiales(87). Une transition mondiale vers une économie circulaire contribuera à réduire l’empreinte de la consommation tant européenne que mondiale, notamment en ce qui concerne la perte de biodiversité, la déforestation, la dégradation des terres et des sols et la pollution, et garantira des conditions de concurrence équitables pour les entreprises européennes. Rendre l’utilisation des ressources plus efficace contribue également à une politique ambitieuse d’atténuation des

(81) SWD(2019) 91 – Sustainable Products in a Circular Economy. Towards an EU Product Policy Framework contributing to the Circular Economy.

(82) COM(2015) 614 – Boucler la boucle. Un plan d’action de l’Union européenne en faveur de l’économie circulaire. Voir également le tableau de bord sur les matières premières 2018, p. 8.

(83) COM(2008) 699.(84) Tableau de bord sur les matières premières 2018, p. 86-94.(85) La communauté de la connaissance et de l’innovation dans le domaine des matières premières de l’EIT se concentre sur

les matières premières et les matériaux avancés pour assurer la prééminence industrielle et l’avenir durable de l’Europe en faisant pression pour de nouvelles avancées dans le recyclage des métaux de haute technologie, qui jouent un rôle essentiel pour l’industrie européenne et sa transition d’une économie linéaire à une économie circulaire et intégrant les grands acteurs industriels européens (https://eitrawmaterials.eu/).

(86) Voir les références à la note 4 de bas de page.(87) https://ec.europa.eu/trade/policy/eu-position-in-world-trade/.

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incidences du changement climatique(88). Cela est vrai tant au sein de l’UE qu'à l'étranger. Les solutions de l’UE en faveur de la décarbonation, telles que l’économie circulaire, peuvent également être reproduites dans des pays tiers. Outre l’optimisation de l’offre de déchets proposés pour un recyclage de haute qualité et la préparation à la réutilisation, les politiques d’économie circulaire présentent des possibilités de développer des méthodes efficaces et efficientes de réduction des gaz à effet de serre et de la pollution. En améliorant la performance globale des économies nationales, l’économie circulaire peut contribuer à l’ouverture de nouveaux marchés et à la création de nouveaux emplois(89).

La bioéconomie joue un rôle essentiel en la matière en stimulant l'utilisation durable et innovante des ressources biologiques qui soutiennent les économies locales. Ses trois piliers sur le renforcement des secteurs biosourcés, le déploiement des bioéconomies locales dans toute l’Europe et la compréhension des frontières écologiques répondent aux défis environnementaux, économiques et sociaux auxquels nous sommes confrontés(90). Des bioraffineries durables(91) peuvent constituer un élément essentiel de cette transformation, faisant de l’UE un chef de file mondial.

2.3.3. Opportunités pour les pays en développement

Il est de plus en plus reconnu que la transition est non seulement urgente pour les économies développées, mais également pour les pays en développement. Ils sont confrontés à un besoin identique d’améliorer la durabilité environnementale et sociale de leurs économies et d’atténuer les coûts économiques et sociaux d’une dégradation continue de l’environnement qui, si rien n’est fait, pourrait les enfermer davantage dans la pauvreté. Dans le même temps, des économies plus vertes peuvent présenter des opportunités, telles qu’un meilleur accès au marché (pour les producteurs de biens et de services environnementaux, par exemple) ou des économies financières grâce à des processus plus efficaces en termes de

ressources(92) (voir également la section 2.2.1). Pour les économies s’appuyant fortement sur l’agriculture, une caractéristique de nombreux pays en développement, les mesures associées aux énergies renouvelables, à l’utilisation efficace de l’eau et à la résilience au changement climatique sont essentielles pour garantir la croissance de ce secteur tout en remédiant aux problèmes sociaux et environnementaux.

Dans son rapport intitulé «Why a Green Economy Matters for the Least Developed Countries»(93), l’ONU souligne à la fois l’importance et les opportunités pour les pays les plus pauvres de transformer leurs économies, en observant que les pays les moins avancés (PMA) sont fortement dépendants des actifs du capital naturel sur lequel leur économie verte peut se fonder, et qui présentent un potentiel élevé. Le rapport fait également valoir que, «tandis que d’autres pays sont confrontés aux coûts économiques et sociaux considérables de la “décarbonation”, parallèlement aux coûts liés au retrait de technologies inefficaces basées sur les combustibles fossiles, les PMA peuvent amorcer la transition vers l’économie verte en poursuivant et en développant les pratiques durables déjà en place».

Dans son document de recherche intitulé «An Inclusive Circular Economy. Priorities for Developing Countries» (mai 2019), Chatham House indique que, dans des conditions favorables, l’économie circulaire pourrait présenter de nouvelles opportunités de diversification économique, de création de valeur et de développement des compétences (au-delà de la gestion des déchets et du recyclage). Avec des investissements suffisants, les pays en développement pourraient dépasser les pays développés sur le plan numérique et de l’innovation dans le domaine des matières, et ce, en visant des modèles de production et de consommation durables.

Enfin, l’article de l’ONUDI sur l’économie circulaire(94) souligne que les pays en développement, en particulier les PMA, pourraient être confrontés à des difficultés pour accéder

(88) OECD (2018) Global Material Resources Outlook to 2060. Highlights, p. 183. Voir aussi Ellen MacArthur Foundation (2019), Completing the Picture: How the Circular Economy Tackles Climate Change, p. 11.

(89) ONUDI (2019), Circular Economy (https://www.unido.org/sites/default/files/2017-07/Circular_Economy_UNIDO_0.pdf).(90) COM(2018) 673 – Une bioéconomie durable pour l’Europe: renforcer les liens entre l’économie, la société et l’environnement.(91) C. Parisi (2020), Distribution of the bio-based industry in the EU, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg,

2020, ISBN 978-92-76-16408-1, doi:10.2760/745867, JRC119288.(92) Commission européenne, DG DEVCO (2018), The inclusive green economy in EU development cooperation, p. 11-12.(93) Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), Conférence des Nations unies sur le commerce et le

développement (CNUCED), et le Bureau du Haut Représentant pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement pour la Conférence PMA-IV en mai 2011.

(94) ONUDI (2019), Circular Economy (disponible via le lien suivant https://www.unido.org/sites/default/files/2017-07/Circular_Economy_UNIDO_0.pdf).

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aux connaissances et aux nouvelles technologies rendant possible l’économie circulaire. Pourtant, les pays en développement bénéficieraient aussi très largement d’une économie circulaire. Les besoins en matières, en eau et en énergie renouvelable (solaire, éolienne) augmentent tant du fait de la croissance démographique que de la demande accrue résultant des infrastructures, de l’industrie et des consommateurs dans les pays en développement. Les activités de l’économie circulaire peuvent potentiellement satisfaire une part importante de ces besoins, en ralentissant, voire en inversant, l’augmentation de l’utilisation des ressources par les pays en développement, tout en réduisant l’épuisement des ressources, le changement climatique et la pollution des zones naturelles.

2.3.4. Opportunités pour les pays exportateurs de matières premières

La transition vers une économie mondiale circulaire et économe en ressources qui ferme la boucle des cycles de vie des produits, en extrayant la valeur et l'utilisation maximale des matières premières, des produits et des déchets, peut menacer les intérêts économiques des pays exportateurs de matières premières du fait d’une réduction de la demande de leurs ressources(95). Toutefois, l’IPR a proposé un scénario de durabilité dans lequel l’extraction mondiale annuelle atteindrait 143 milliards de tonnes en 2060 (au lieu de 190 milliards de tonnes sur la base des tendances historiques)(96). Les mesures d’un tel scénario de durabilité permettraient un découplage absolu des effets et un découplage relatif des ressources, mais pas au détriment de la croissance économique. Le PIB mondial en 2060 serait supérieur de 8 % aux tendances historiques pour la période 2015-2060(97), et la croissance économique augmenterait en moyenne de 11 % dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, et de 4 % dans les pays à revenu élevé, alors que tous les groupes de pays continueraient de bénéficier de gains économiques(98).

L’initiative «matières premières» de l’UE (voir la section 2.3.2) prévoit des actions pour diversifier

l’approvisionnement en provenance de pays tiers et soutient les partenariats internationaux fondés sur la production durable de ressources. Une part importante de l’approvisionnement mondial en matières premières se concentre dans des pays à faibles niveaux de gouvernance, ce qui entraîne souvent des effets néfastes pour l’environnement et la société(99). Des programmes solides d’approvisionnement responsable en matières premières pourraient contribuer à améliorer les avantages sociaux de l’extraction des matières premières dans les communautés locales(100). En outre, les effets du changement climatique, s'ils ne sont pas pris en compte, poseront des difficultés supplémentaires à la durabilité du commerce des matières premières, en affectant par exemple l’exploitation des infrastructures portuaires, en interrompant les flux d’approvisionnement et en entraînant des effets en cascade potentiels au sein de l’économie mondiale. L’UE peut bénéficier d’un accès sécurisé aux matières premières et de la collaboration avec ces pays pour promouvoir les normes et les pratiques de l’Union en matière d’utilisation efficace des ressources, de durabilité (transparence, devoir de vigilance, pratiques d’extraction responsables) et de circularité, y compris sur le plan de la réduction de l’impact environnemental (réduction des émissions de gaz à effet de serre et des principaux polluants atmosphériques, et atténuation des impacts sur l’eau). D’autres possibilités sont liées au soutien d’initiatives internationales, telles que l’initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) (voir la section 3.6), ainsi qu’à la promotion de la mise en œuvre de mesures d’adaptation et de résilience au changement climatique.

(95) Voir OCDE (2018), International Trade and the Transition to a Circular Economy. Policy Highlights.(96) IRP (2019), Global Resource Outlook 2019, p. 127 et 102, respectivement.(97) IRP (2019), Global Resource Outlook 2019, section 4.2, p. 102-108.(98) IRP (2019), Global Resource Outlook 2019, p. 127-128.(99) JRC (2019), Mapping the Role of Raw Materials in Sustainable Development Goals. A preliminary analysis of links, monitoring

indicators, and related policy initiatives. EUR 29595 EN, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, 2019 ISBN 978-92-76-08385-6, doi:10.2760/026725, JRC112892.

(100) Mancini, L., et Sala, S. (2018), «Social impact assessment in the mining sector: Review and comparison of indicators frameworks», Resources Policy 57, 2018, 98–111.

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3.1. Accord mondial sur les matières plastiques

3.1.1. Le défi posé par les matières plastiques

Le plastique est omniprésent dans la vie moderne grâce à ses multiples avantages matériels tels que la flexibilité, la résistance et la polyvalence. La production mondiale de matières plastiques a atteint 314 millions de tonnes en 2014, soit vingt fois ce qu’elle était dans les années 1960. Elle devrait atteindre jusqu’à 1,2 milliard de tonnes chaque année d’ici à 2050. D’après les estimations, la production de matières plastiques et l’incinération de leurs déchets est responsable d’environ 400 millions de tonnes de CO2 chaque année au niveau mondial(101). Si les tendances actuelles se poursuivent, d’ici à 2050, elles pourraient atteindre 20 % de la consommation mondiale de pétrole et 15 % des émissions annuelles de carbone au niveau mondial(102). }En outre, comme les matières plastiques sont bon marché, leur réutilisation et leur recyclage en fin de vie restent très faibles, notamment par rapport à d’autres flux de matières. Au sein de l’UE, environ 29,1 millions de tonnes de déchets plastiques sont générées chaque année, et seuls 32,5 % de ces déchets sont collectés en vue d’être recyclés(103). À l’échelle mondiale, entre 8 et 13 millions de tonnes de matières plastiques pénètrent dans les océans chaque année(104). Les activités économiques directement affectées par les déchets plastiques et les microplastiques marins comprennent le transport maritime, la pêche, l’aquaculture, le tourisme et les loisirs.

Le coût associé pourrait être estimé à au moins 8 milliards d’USD par an dans le monde(105).

Étant donné qu’on s’attend à ce que la production de plastique double à nouveau au cours des 20 prochaines années, si les tendances actuelles en matière de production et de gestion des déchets se poursuivent, on comptera 12 milliards de tonnes de déchets plastiques dans les décharges ou au sein de l’environnement naturel d’ici à 2050(106). La solution ne doit par conséquent pas se limiter à la gestion des déchets, et l’accent doit être mis sur la prévention ainsi que sur l’utilisation efficace des ressources et l’utilisation circulaire à long terme des produits en plastique(107).

3.1.2. Avancer en direction d’un accord mondial sur les matières plastiques

Malgré les nombreuses initiatives politiques et juridiques relatives aux déchets plastiques, il n’existe aucun accord international qui soit spécifiquement conçu pour remédier aux aspects de production et de consommation en lien avec la pollution par les plastiques. Bien que des pressions soient actuellement exercées par de multiples campagnes et de multiples efforts (voir la section 3.4 ainsi que la section 3.5) pour la mise en place d’actions en faveur de la réduction et du recyclage des produits en plastique, seuls quelques pays ont mis en place des mesures concrètes pour remédier au problème de la pollution par les plastiques au début du cycle de vie de ces produits (par.ex. conception des produits, consommation et production durables).

(101) https://ec.europa.eu/environment/circular-economy/pdf/plastics-strategy-brochure.pdf.(102) Ellen MacArthur Foundation (2016), The New Plastics Economy; CIEL (2019), Plastic & Climate.(103) https://ec.europa.eu/environment/circular-economy/pdf/plastics-strategy-brochure.pdf.(104) Jambeck, J. R., Geyer, R., Wilcox, C., Siegler, T. R., Perryman, M., Andrady, A., Narayan, R., & Law, K. L., «Plastic waste inputs from

land into the ocean», Science, Volume 347, 6223, 2015, p. 768-771.(105) SWD(2018) 16, p. 17.(106) PNUE (2018), Lutte contre les déchets plastiques et les microplastiques dans le milieu marin: une évaluation de l’efficacité

des stratégies et méthodes internationales, régionales et sous-régionales appliquées en matière de gouvernance – résumé à l’intention des décideurs, UNEP/AHEG/2018/1/INF/3 (https://papersmart.unon.org/resolution/uploads/unep_aheg_2018_inf3_summary_assessment_fr.pdf).

(107) En 2018, la Commission a adopté une stratégie européenne globale sur les matières plastiques dans une économie circulaire [COM(2018) 28], suivie en 2019 par la directive (UE) 2019/904 du Parlement européen et du Conseil du 5 juin 2019 relative à la réduction de l’incidence de certains produits en plastique sur l’environnement (JO L 155 du 12.6.2019, p. 1). Le travail est en cours (https://ec.europa.eu/research/sam/index.cfm?pg=pollution) pour remédier aux microplastiques intentionnellement ajoutés et aux rejets non intentionnels de microplastiques, par exemple, générés par l’usure des pneumatiques, les textiles synthétiques, les billes de plastique et les granulés de plastique de préproduction.

DESCRIPTION DES MESURES AU NIVEAU MULTILATERAL

Le plan d’action appelle à la promotion systématique de la transition vers une économie circulaire mondiale, y compris dans les dialogues stratégiques multilatéraux de l’UE, ainsi que dans les accords environnementaux internationaux et multilatéraux.

3.

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23

Il est intéressant de noter qu'un certain nombre de pays en développement(108) ont adopté des mesures pour interdire l’utilisation des plastiques à usage unique. Toutefois, l’absence d’un accord sur les possibilités de réponse au niveau mondial entrave également la capacité des pays à mettre en œuvre efficacement certaines de ces mesures, notamment celles ayant des implications commerciales et/ou affectant les normes applicables aux produits (concernant les microplastiques ajoutés intentionnellement, par exemple).

La promotion de l’adoption, au niveau mondial, de l’approche de l’Union sur l’économie circulaire dans le secteur des matières plastiques présente le potentiel de réduire considérablement l’incidence globale des matières plastiques sur l’environnement (tant terrestre que maritime). Un accord international sur la prévention de la pollution par les plastiques contribuerait à faire face à la crise mondiale des matières plastiques, conformément à la stratégie européenne sur les matières plastiques(109). Les États membres de l’UE ont fait explicitement référence à un accord international sur les matières plastiques dans les conclusions du Conseil sur l’économie circulaire(110) et sur les océans et les mers(111). Plus récemment, dans sa résolution sur le pacte vert pour l’Europe, le Parlement européen a appelé à une action mondiale pour résoudre le problème de la pollution par les plastiques(112).

Conformément à l’approche établie dans la stratégie européenne sur les matières plastiques, un accord mondial sur les matières plastiques peut cibler les sources tant terrestres que marines de pollution par les plastiques, y compris tous les types de microplastiques intentionnellement ajoutés et libérés non intentionnellement, et peut porter sur l’ensemble du cycle de vie des matières plastiques (la conception, la production, la logistique, la consommation, et les déchets plastiques dans leurs différents stades). Cela aboutirait à une approche plus équilibrée au niveau mondial, de sorte que le cycle de vie complet des matières plastiques, et pas uniquement les stades de gestion des déchets (voir la section 3.7 relative à la convention de Bâle), soit pris en compte dans l’élaboration de solutions circulaires et que les coûts et les efforts soient mieux répartis au long du cycle de vie / de la chaîne d’approvisionnement

du produit. Ce faisant, les synergies avec les travaux réalisés au niveau national, régional et multilatéral(113) pourraient être pleinement exploitées et les contextes spécifiques à chaque pays pris en compte.

3.2. Alliance pour une économie circulaire mondiale

La manière dont nous extrayons, transformons et utilisons les ressources matérielles et celle dont nous réduisons leur impact environnemental et social sont des facteurs essentiels pour parvenir à des objectifs internationaux convenus d’un commun accord. Dans le plan d’action, la Commission a annoncé qu’elle proposera une alliance pour une économie circulaire mondiale en vue de recenser les lacunes en matière de connaissances et de gouvernance qui entravent la transition vers une économie circulaire mondiale et d’entreprendre des initiatives de partenariat, notamment avec les grandes économies. L’alliance pourrait également être utile pour soutenir la transition vers une économie circulaire par l'intermédiaire de forums multilatéraux, tels que le G7/G20 (voir la section 3.5).

Pour parvenir à cet objectif global et s’appuyer sur les processus existants, l’alliance pourrait:

a) contribuer à cartographier les politiques et cadres réglementaires nationaux des pays tiers relatifs à la gestion des ressources naturelles (par. ex. l’eau, le sol, les minerais, la biomasse) et à la transition vers l’économie circulaire, y compris l’utilisation durable, l’amélioration de la circularité, et le renforcement de la résilience aux effets du changement climatique;

b) diffuser et échanger les meilleures pratiques et, le cas échéant, comparer les différentes initiatives en faveur de l’économie circulaire mises en œuvre dans des pays et régions sélectionnés par différentes parties prenantes (organisations internationales, entreprises mondiales, etc.), pour faire avancer les initiatives de partenariat;

d) identifier, diffuser et échanger les connaissances relatives aux politiques de transition juste et les pratiques en faveur de l’économie circulaire, comme la promotion

(108) Y compris le Bangladesh, la Mauritanie, le Maroc, le Rwanda, l’Érythrée et, récemment, le Sénégal. (109) COM(2018) 28.(110) 12791/19 (4 octobre 2019).(111) 14249/19 (19 novembre 2019).(112) 2019/2956(RSP).(113) Notamment, comme indiqué plus haut, dans le contexte de la convention de Bâle.

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d’emplois verts et décents, ou l’élaboration de mesures d’accompagnement dans les secteurs susceptibles d’être pénalisés par la transition;

d) identifier les obstacles mondiaux à la transition vers une économie circulaire ainsi que les goulots d’étranglement en découplant la croissance économique des émissions, de l’utilisation des ressources et de la perte de biodiversité, en réduisant l’exposition et la vulnérabilité au changement climatique et aux catastrophes, notamment grâce à des matériaux et des produits à faible empreinte environnementale contribuant à l’économie circulaire sur le long terme;

e) prodiguer des conseils sur les potentielles améliorations de la gouvernance mondiale pour remédier à ces obstacles et goulots d’étranglement, et

f) promouvoir une base de données mondiale de cartographie des ressources et de solutions en matière de suivi des ressources, fondée sur les services d’observation et de modélisation de la Terre du programme Copernicus, destinée à établir un plan «budgétaire» des ressources planétaires, à la lumière de la définition d’un «espace de fonctionnement sûr» (voir la section 3.3).

Cette alliance pourrait réunir d’autres chefs de file de l’économie circulaire et de la gestion durable des ressources, y compris des organisations et instances internationales, des pays et régions partenaires sélectionnés, des associations professionnelles, des ONG et des universités. La priorité pourrait être accordée aux membres potentiels susceptibles de jouer un rôle de premier plan pour faciliter la diffusion et l’adoption des travaux de l’alliance, ayant fait leurs preuves dans la conduite du changement mondial vers l'économie circulaire et, plus généralement, qui peuvent apporter une expérience solide et un accès aux réseaux pertinents.

L’alliance pourrait s’appuyer sur des considérations, rapports, évaluations et autres informations pertinentes, dans le cadre par exemple de l’initiative «matières premières» de l’UE ou du programme spatial. Son mandat spécifique, la fréquence de ses réunions et son plan de travail préliminaire seraient élaborés séparément.

3.3. Définir un «espace de fonctionnement sûr» et ouvrir des discussions sur un accord international relatif à la gestion des ressources naturelles

3.3.1. Définir un «espace de fonctionnement sûr»

Consciente du fait que l’économie circulaire et la gestion des ressources naturelles sont deux aspects inséparables du développement durable(114), la Commission s’est engagée dans le plan d’action à étudier la faisabilité de définir un «espace de fonctionnement sûr» pour l’utilisation des ressources naturelles. Un «espace de fonctionnement sûr» désigne l’utilisation de ressources (par. ex. eau, sol, terres, minerais, métaux, biomasse) n’excédant pas certains seuils locaux, régionaux et/ou mondiaux de manière à éviter que les impacts environnementaux dépassent les limites planétaires(115) et conduisent à l'effondrement de fonctions essentielles à la vie et à la détérioration des moyens de subsistance durables des différents pays(116). L’objectif de 1,5 °C de l’accord de Paris et les voies vers la neutralité climatique qui en découlent sont un exemple d’«espace de fonctionnement sûr» encore disponible pour les émissions de gaz à effet de serre. La limite de 1,64 milliard d’hectares pour l’extension des terres cultivées à l’horizon 2020 proposée par l’IRP(117) en est un autre exemple (bien qu’il soit moins connu).

Pour d’autres ressources, les connaissances scientifiques et générales entourant de tels objectifs fondés sur la science sont toutefois loin d’être simples ou clairement établies. D’autres recherches et considérations peuvent être apportées par des organismes tels que l’IRP(118), la Plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), l’interface science-politique de la convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, le Groupe technique intergouvernemental sur les sols (ITPS) du partenariat mondial des sols, le World Resources Forum, l’OCDE, l’Agence européenne pour l’environnement, les services Copernicus (programme spatial), et les résultats pertinents des projets Horizon 2020 et Horizon Europe.

(114) Yong Geng, Joseph Sarkis et Raimund Bleischwitz, «Globalize the circular economy», Nature, 565, 2019, p. 153-155.(115) Rockström et al. (2009), «A safe operating space for humanity», Nature, 461 (7263), 2009, 472-475.(116) FEM (2019), The Next Frontier: Natural Resource Targets. Shaping a Competitive Circular Economy within Planetary Boundaries.(117) IRP (2014), Assessing Global Land Use. Balancing Consumption with Sustainable Supply.(118) Lors de sa 24e réunion tenue à Nairobi en mars 2019, le Comité directeur du Panel international pour la gestion durable des

ressources a insisté sur la forte importance politique des travaux relatifs aux objectifs fondés sur la science et souligné le besoin d’un résultat solide.

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3.3.2. Envisager l’ouverture de discussions sur un accord international relatif à la gestion des ressources naturelles

Il n’existe pas de mécanisme de gouvernance qui traite de l’utilisation non durable et linéaire des ressources naturelles au niveau mondial, malgré les liens étroits entre la gestion des ressources, les impacts environnementaux et l’économie circulaire. Si un certain nombre de ressources sont traitées (au moins en partie) par des conventions et des accords environnementaux multilatéraux(119), leur portée géographique, leur couverture thématique et le succès de leur mise en œuvre varient considérablement et ils ne constituent pas un cadre de gouvernance approprié pour apporter le changement radical nécessaire.

S’appuyant sur la mise en place potentielle d’un «espace de fonctionnement sûr» pour l'utilisation des ressources naturelles, le plan d’action prévoit que la Commission envisagera l’ouverture de discussions sur un accord international relatif à la gestion des ressources naturelles. Il convient d’observer que dans ses conclusions intitulées «Plus de circularité - Transition vers une société durable» et adoptées le 4 octobre 2019,

le Conseil a encouragé la Commission et les États membres de l’UE à étudier la possibilité d’un tel accord(120).

Tout en envisageant l’ouverture de discussions sur un accord international relatif à la gestion des ressources naturelles, la Commission pourrait examiner si un tel accord peut établir les mécanismes nécessaires à un partage des connaissances et un renforcement des capacités ainsi que définir le contexte dans lequel l’espace de fonctionnement sûr peut être mis en œuvre. Il pourrait s’agir de règles internationales en matière de prévention et de gestion des déchets, de la responsabilité élargie des producteurs, de règles relatives à la conception des produits ou à l’information des consommateurs, pour ne citer que quelques approches. Cet accord international pourrait également envisager l’élaboration de plans d’action nationaux en faveur de l’économie circulaire, qui devraient être compatibles avec les objectifs mondiaux de l’instrument et tenir compte de l’objectif 8.4 de l'ODD(121). Il pourrait être nécessaire de réduire le champ d’application d’un tel accord international car, en principe, les ressources naturelles comprennent des ressources matérielles (biomasse, minerais, métaux, carburants fossiles), les sols, l’eau, etc.

(119) Par exemple, les terres par la convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, et l’eau par la Convention sur l’eau de l’UNECE et la Convention sur le droit relatif aux utilisations des cours d’eau internationaux à des fins autres que la navigation (voir la section 3.7).

(120) Paragraphe 12: «ENCOURAGE la Commission et les États membres à étudier la possibilité d’un accord international sur la gestion des ressources naturelles afin de s’orienter vers une utilisation durable et efficace des ressources naturelles» (https://data.consilium.europa.eu/doc/document/ST-12791-2019-INIT/fr/pdf).

(121) «Améliorer progressivement, jusqu’en 2030, l’efficience de l’utilisation des ressources mondiales du point de vue de la consommation comme de la production et s’attacher à ce que la croissance économique n’entraîne plus la dégradation de l’environnement, comme prévu dans le cadre décennal de programmation relatif à la consommation et à la production durables, les pays développés montrant l’exemple en la matière».

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(122) UNEP/EA.4/Res.1, 28 mars 2019.(123) UNEP/EA.3/Res.7, 30 janvier 2018. (124) La définition de différents indicateurs et sous-indicateurs s’appuyant également sur des sources telles que les services

de surveillance des terres et du milieu marin du programme Copernicus, auxquels se réfèrent déjà plusieurs organisations internationales telles que le Groupe sur l’observation de la Terre (GEO), le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ou l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), permettrait d’attirer une attention renouvelée sur cet objectif.

3.4. Nations Unies (ONU)

En tant que plus haute instance décisionnelle au monde dans le domaine de l’environnement, l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement (ANUE) a un rôle important à jouer dans la promotion d’une économie circulaire mondiale. Une résolution soutenue par l’UE relative à l’économie circulaire a été adoptée lors de la quatrième réunion de l’Assemblée (ANUE-4), tenue à Nairobi en mars 2019. La résolution intitulée «Moyens novateurs de parvenir à une consommation et une production durables»(122) reconnaît qu’une économie plus circulaire peut sensiblement contribuer à une consommation et une production durables et invite les États membres à envisager des méthodes et des politiques destinées à parvenir à une consommation et à une production durables, y compris, mais sans s'y limiter, l’utilisation plus rationnelle des ressources et le passage à une économie circulaire.

Le dialogue de haut niveau entre l’UE et le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), qui se tient chaque année, porte également sur l’économie circulaire et identifie la meilleure manière de coopérer pour promouvoir une économie circulaire mondiale.

L’UE et ses États membres sont actifs dans le travail du groupe d’experts spécial à composition non limitée sur les déchets et

microplastiques dans le milieu marin(123), établi par la troisième réunion de l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement (l'ANUE-3) pour examiner les obstacles et les solutions permettant de lutter contre les déchets plastiques et les microplastiques dans le milieu marin provenant de sources tant terrestres que maritimes. Le groupe d’experts spécial présentera ses résultats lors de la cinquième Assemblée (février 2021).

La présentation du concept d'économie circulaire à l’Assemblée générale des Nations unies (AGNU) pourrait renforcer son appropriation mondiale, ainsi que la reconnaissance de sa nécessité. Une telle reconnaissance par l’AGNU inciterait le système des Nations unies dans son ensemble à adopter l’économie circulaire, y compris son action au niveau des pays. Elle pourrait également donner un élan à l’action nécessaire des membres et parties prenantes de l’ONU. Au cours des dernières années, l’UE a organisé des évènements au sein de l’ONU et a travaillé avec des pays partageant les mêmes valeurs pour promouvoir l'économie circulaire. Il est largement reconnu que l’AGNU n’a pas accordé une attention suffisante à l’ODD 12 relatif à des modes de consommation et de production durables (à ce jour, aucune résolution de l’AGNU ne s’est concentrée spécifiquement sur cet ODD), bien que tous les membres des Nations unies aient convenu de traiter cette question dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030(124).

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3.5. G7/G20

Le G7 et le G20 sont deux processus de prise de décisions influents couvrant un large éventail de domaines stratégiques(125). Les présidences du G7 et du G20 établissent les programmes, et ont récemment accordé une attention accrue aux sujets environnementaux. Plusieurs processus actuels du G7/G20 sont particulièrement intéressants pour faire avancer la transition mondiale vers une économie circulaire, notamment:

• l’Alliance du G7 pour l’utilisation efficace des ressources (lancée en 2015);

• le plan d’action du G7 pour lutter contre les déchets marins (2015);

• le dialogue du G20 sur l’utilisation efficace des ressources (2017) pour partager les connaissances et les meilleures pratiques et faire progresser l’utilisation efficace des ressources;

• le plan d’action du G20 sur les déchets marins (2017); et

• le groupe de travail du G7 sur l’avenir des mers et des océans (2017);

• le défi innovation du G7 pour lutter contre les déchets plastiques dans les océans (2018);

• le cadre pour la mise en œuvre d’actions relatives aux déchets plastiques marins du G20 (2019) pour sensibiliser, discuter avec les parties prenantes et engager les membres à adopter des actions prioritaires pour lutter contre les déchets marins et remédier à la mauvaise gestion des matières plastiques.

En 2019, les dirigeants du G20 ont également adopté la «Osaka Blue Ocean Vision» (vision de l’océan bleu d’Osaka), un engagement à éliminer la pollution additionnelle par les déchets plastiques marins d’ici à 2050. Au-delà de sa participation aux négociations formelles du G7 et du G20, la Commission organise des évènements et des ateliers thématiques pour encourager la diplomatie environnementale au sein du G7 et du G20(126).

Vu l’importance de l’action de l’UE au sein du G7/G20, la Commission a lancé en 2018 un instrument de partenariat de trois ans en faveur

de la «diplomatie environnementale au sein du G7/G20»(127) pour faciliter l’engagement de l’UE dans des activités environnementales pertinentes et encourager ces forums à s’approprier davantage les questions environnementales, y compris par le biais d’ateliers.

3.6. Initiatives multilatérales sélectionnées

Le cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables(128), également dénommé «One Planet Network», est un cadre d’action mondial pour renforcer la coopération internationale en vue d’accélérer la transition vers une consommation et une production durables tant dans les pays développés que dans les pays en développement. Il a été adopté lors de la conférence des Nations unies sur le développement durable (Rio+20) qui s’est tenue en 2012 pour accélérer la transition vers une consommation et une production durables dans le monde. Il se compose de six programmes: passation de marchés publics durables, tourisme durable, information des consommateurs pour une consommation et une production durables, bâtiments et construction durables, systèmes alimentaires durables, mode de vie et éducation durables. L’UE apporte un soutien financier au secrétariat du cadre décennal.

Le partenariat d’action dans le domaine de l’économie verte(129) (PAGE) a été lancé en 2013 en réponse à l’appel lancé lors de la conférence Rio+20 pour soutenir les pays souhaitant adopter des trajectoires de croissance plus vertes et plus inclusives. Il cherche à placer la durabilité au cœur des politiques et pratiques économiques pour faire avancer le programme de développement durable à l’horizon 2030 et aide les nations et les régions à recadrer les politiques et les pratiques économiques autour de la durabilité pour favoriser la croissance économique, créer des revenus et des emplois, réduire la pauvreté et l’inégalité et renforcer les fondements écologiques de leurs économies. Il s’agit d’un mécanisme visant à coordonner l’action des Nations dans le domaine de l’économie verte et à aider les pays à atteindre et surveiller les objectifs de développement durable émergents, notamment l’ODD 8 «Promouvoir une croissance économique soutenue, partagée et durable, le plein-emploi productif et un travail

(125) http://www.g20.utoronto.ca/.(126) https://ec.europa.eu/environment/international_issues/relations_g20_events_en.htm. (127) Annexe 7 de la décision d’exécution de la Commission relative au programme d’action annuel 2017 concernant l’instrument

de partenariat.(128) https://www.oneplanetnetwork.org/.(129) https://www.un-page.org/.

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décent pour tous». L’UE fait partie des principaux soutiens financiers du partenariat PAGE.

La plateforme d’accélération de l’économie circulaire(130) (PACE), lancée en 2017, est un partenariat public/privé visant à entraîner des changements de systèmes rapidement et à grande échelle. À cette fin: i) elle aide les partenaires à élaborer des modèles financiers mixtes pour des projets dans le domaine de l’économie circulaire, notamment dans les économies en développement et émergentes; ii) elle contribue à la création et l’ajustement de cadres stratégiques créant des conditions favorables pour remédier aux obstacles spécifiques à la transition vers une économie circulaire; et iii) elle contribue à la mise en place de collaborations public/privé pour renforcer l’impact des initiatives en faveur de l’économie circulaire. Le Forum économique mondial héberge et promeut la plateforme PACE, et la Commission est représentée au sein du Comité de pilotage PACE.

L’initiative pour la transparence dans les industries extractives(131) (ITIE) est guidée par la considération que les ressources naturelles d’un pays appartiennent à ses citoyens. Elle a ainsi établi une norme mondiale visant à promouvoir la gestion ouverte et responsable des ressources pétrolières, gazières et minérales. La norme de l’ITIE exige la divulgation d'informations tout au long de la chaîne de valeur de l'industrie extractive, depuis le point

d’extraction jusqu'à la manière dont les revenus transitent par le gouvernement et bénéficient au public. L’ITIE cherche ainsi à renforcer la gouvernance publique et d'entreprise, à promouvoir la compréhension de la gestion des ressources naturelles et à fournir les données nécessaires aux réformes en vue d'accroître la transparence et la responsabilisation dans le secteur extractif. Dans chacun des 53 pays de mise en œuvre, l’ITIE est soutenue par une coalition alliant gouvernements, entreprises et société civile. La Commission est représentée en qualité d’observateur dans le conseil d’administration de l’ITIE.

L’initiative verte de l’Organisation internationale du travail se concentre sur trois domaines importants: i) faire progresser la recherche et la compréhension des défis et opportunités que représentent pour le monde du travail une transition verte; ii) élaborer des réponses politiques du monde du travail dans tous les secteurs pour garantir à chacun un travail décent et la justice sociale; et iii) instaurer des partenariats stratégiques aux niveaux national, régional et international. L’initiative verte cherche à mieux équiper le monde du travail pour lui permettre de comprendre les défis et opportunités de la transition à venir, et l’aider à assumer le rôle actif qui lui revient dans la gestion de ce changement. Elle fournit une plateforme de connaissances et de recherche pour sensibiliser encore davantage au fait que les approches favorables à un travail décent et le dialogue social sont des éléments indispensables à tout changement véritablement radical.

Le programme spécial(132) du PNUE, également dénommé «programme sur les produits chimiques et les déchets», vient en aide aux pays en développement et aux pays dont les économies sont en transition pour renforcer leur capacité institutionnelle durable à élaborer, adopter, suivre et appliquer des politiques, législations et réglementations visant à définir des cadres efficaces pour la mise en œuvre des conventions de Bâle, de Rotterdam et de Stockholm, la convention de Minamata et l’approche stratégique de la gestion internationale des produits chimiques (SAICM) (voir la section 3.7).

(130) https://pacecircular.org/.(131) https://eiti.org/.(132) https://www.unenvironment.org/explore-topics/chemicals-waste/what-we-do/special-programme/goal-special-programme.

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3.7. Accords multilatéraux sur l’environnement sélectionnés et autres accords internationaux

La plupart des problèmes environnementaux ont un caractère transfrontière et souvent une portée mondiale, et seule une coopération internationale permet de les traiter efficacement. L’UE joue un rôle actif dans l’élaboration, la ratification et la mise en œuvre d’accords multilatéraux sur l’environnement (AME), et en a déjà ratifié un grand nombre(133). Plusieurs AME ont des liens évidents avec l’économie circulaire et peuvent contribuer à soutenir la transition vers une économie circulaire mondiale.

La convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (CCNUCC) est entrée en vigueur le 21 mars 1994 et sa composition est aujourd’hui presque universelle (197 pays). La CCNUCC est une «convention de Rio» – les deux autres sont la convention des Nations unies sur la diversité biologique (CDB) et la convention sur la lutte contre la désertification (CNULD). Les trois sont intrinsèquement liées. La CCNUCC a pour but ultime de prévenir les interférences humaines «dangereuses» avec le système climatique. La CCNUCC a pour objectif ultime de stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique (d’origine humaine) dangereuse du système climatique. Dans ce cadre, l’accord de Paris est une clé de voûte. L’importance de l’économie circulaire dans l’action pour le climat est reconnue sur les plans scientifique et politique, par exemple, dans des rapports de l’OCDE, de l’IRP et de la Ellen MacArthur Foundation and Materials Economics(134), ainsi que dans la vision stratégique à long terme de la Commission sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre(135).

La convention sur la diversité biologique (CDB) est l’accord international le plus important du point de vue politique et de son champ d’application dans le domaine de la biodiversité. La biodiversité et la santé des écosystèmes sont essentielles au bien-être des êtres humains, à une croissance économique durable, à la résilience au changement climatique, ainsi que pour atteindre les objectifs de développement

durable (ODD) des Nations unies d’ici à 2030. La CDB met particulièrement l’accent sur la conception et la mise en œuvre de plans solides en faveur d’une utilisation, d’une consommation et d’une production durables de ressources, contribuant par là à enrayer la perte de biodiversité et à faciliter l’adoption d’une approche en faveur de l’économie circulaire (et à l’inverse, une économie plus circulaire contribue à réduire la pression sur les écosystèmes). L’avant-projet du cadre mondial en matière de biodiversité pour l’après-2020(136) comprend parmi ses cibles pour 2030: «Les individus mettent en œuvre à l’échelle mondiale des initiatives mesurables pour une consommation et des modes de vie durables, en tenant compte des conditions culturelles et socio-économiques individuelles et nationales, afin d’atteindre d’ici 2030 des niveaux de consommation justes et durables». La convention sur le commerce international des espèces menacées d’extinction (CITES) et l’accord international sur les bois tropicaux (AIBT) sont deux exemples de traités internationaux veillant au commerce durable des ressources naturelles.

La convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULD) est l’unique accord international juridiquement contraignant qui lie l’environnement et le développement à la gestion durable des terres. La convention porte spécifiquement sur les zones arides, semi-arides et subhumides sèches, dénommées «terres arides», où se trouvent certains des écosystèmes et certaines des populations les plus vulnérables. Le nouveau cadre stratégique de la CNULD pour la période 2018-2030 est l’engagement mondial le plus exhaustif pour parvenir à la neutralité en matière de dégradation des sols(137). Les 197 parties à la convention collaborent à l’amélioration des conditions de vie des populations des terres arides, au maintien et à la restauration de la productivité des terres et des sols, et à l’atténuation des effets des sécheresses.

La convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination est le seul instrument juridiquement contraignant sur le plan international en matière de déchets. L’interdiction d’exportation de déchets dangereux depuis

(133) https://ec.europa.eu/environment/international_issues/agreements_en.htm. (134) OCDE (2018), Global Material Resources Outlook to 2060; IRP (2019), Resource Efficiency and Climate Change. Material

Efficiency Strategies for a Low-Carbon Future; EMF et ME (2019), Completing the Picture: How The Circular Economy Tackles Climate Change.

(135) COM (2018) 773 – Une planète propre pour tous. Une vision européenne stratégique à long terme pour une économie prospère, moderne, compétitive et neutre pour le climat.

(136) CBD/WG2020/2/3, 6 janvier 2020.(137) ODD 15.3: «D’ici à 2030, lutter contre la désertification, restaurer les terres et sols dégradés, notamment les terres touchées

par la désertification, la sécheresse et les inondations, et s’efforcer de parvenir à un monde sans dégradation des sols».

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les pays de l’OCDE au titre de la convention de Bâle, mise en œuvre dans la législation de l’UE depuis 1997, est entrée en vigueur sur le plan international en décembre 2019. La convention réglemente les transferts de déchets dangereux et de certains déchets non dangereux. Les 187 parties à la convention de Bâle ont également pris une décision historique en mai 2019, avec l’adoption de nouvelles règles régissant le commerce international des déchets plastiques. Il s’agit du principal outil mondial pour promouvoir l’adoption de mesures ambitieuses visant à garantir que le commerce international des déchets est correctement contrôlé et à améliorer la gestion écologiquement rationnelle des déchets à l’échelle mondiale. L’UE soutient d'autres activités de la convention de Bâle, à savoir le renforcement des contrôles des transferts de déchets et le soutien à la gestion écologiquement rationnelle des déchets dans les pays en développement. Il s’agit notamment d’évaluer si davantage de déchets doivent être soumis aux mécanismes de contrôle de la convention, qui ne réglemente aujourd’hui qu’une fraction de tous les déchets échangés dans le monde. Le manque de structures législatives, administratives et d’exécution dans de nombreux pays les empêche d'appliquer correctement les obligations de la convention et de garantir une gestion écologiquement rationnelle des déchets. Un ensemble d’actions mettant en jeu le renforcement des capacités et des orientations juridiques et techniques permettrait d’améliorer la situation. Les capacités spatiales pourraient également être utilisées dans l’évaluation de la mise en œuvre de la convention.

La convention de Rotterdam sur la procédure de consentement préalable en connaissance de cause applicable à certains produits chimiques et pesticides dangereux qui font l’objet d’un commerce international vise à encourager le partage des responsabilités et la coopération

dans le domaine du commerce international de certains produits chimiques dangereux, afin de protéger la santé des personnes et l’environnement et de contribuer à leur utilisation rationnelle, par exemple, en facilitant l’échange d’informations sur leurs caractéristiques et en instaurant des règles concernant les importations et exportations de ces produits. Cette coopération à l’échelle mondiale et l’échange d’informations entre les parties sont très importants pour parvenir à une harmonisation accrue des approches et normes de gestion des produits chimiques par les pays du monde entier, ce qui facilite grandement la mise en place de cycles de matériaux non toxiques au niveau mondial. L’UE soutient pleinement ces objectifs et va au-delà des exigences de la convention, en fournissant davantage d’informations sur le statut réglementaire des produits chimiques et de leurs caractéristiques(138).

La convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants (POP) vise à mettre progressivement un terme à la production et à l’utilisation des produits chimiques qui persistent dans l’environnement, s'accumulent dans les organismes, ont des effets néfastes sur la santé humaine ou l’environnement et sont susceptibles de se propager à longue distance dans l’environnement. Elle vise également à garantir la gestion rationnelle de ces produits chimiques lorsqu’ils sont déjà présents dans les produits. Cela est essentiel à la mise en place de cycles de matériaux non toxiques, qui constituent la base d’une économie circulaire sûre. L’UE soutient les travaux scientifiques et techniques menés dans le cadre de la convention en vue d'élaborer des orientations sur les meilleures pratiques pour la substitution des POP et leur gestion rationnelle lorsqu’ils apparaissent ou sont présents dans les déchets(139). Cela est très important pour garantir des cycles de matériaux sans POP au niveau mondial.

(138) https://ec.europa.eu/environment/chemicals/trade_dangerous/index_en.htm.(139) https://ec.europa.eu/environment/chemicals/international_conventions/index_en.htm.

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La convention de Minamata sur le mercure comprend des dispositions interdisant ou limitant l’utilisation du mercure et de composés du mercure dans les produits et les procédés de fabrication. En outre, la convention de Minamata porte sur la gestion écologiquement rationnelle des déchets constitués de mercure, contenant du mercure ou contaminés par du mercure et des composés de cette substance. Les parties doivent tenir compte des directives techniques sur la gestion écologiquement rationnelle des déchets de mercure adoptées dans le cadre de la convention de Bâle et faisant actuellement l’objet d’un réexamen.

Des discussions sont actuellement en cours au niveau international sur l’approche stratégique de la gestion internationale des produits chimiques (SAICM) et la gestion rationnelle des substances chimiques et des déchets après 2020. L’intégration des déchets dans le cadre international permettrait une approche plus exhaustive tenant compte du cycle de vie complet des produits chimiques. Cela est particulièrement important dans une perspective d'économie circulaire car les déchets deviendront une ressource encore plus importante à l’avenir, et il est donc essentiel de veiller à ce que toute contamination de matières recyclées par des produits chimiques dangereux soit réduite au minimum afin de protéger la santé humaine, y compris celle des travailleurs manipulant des matières recyclées, et l’environnement. Pour atteindre cet objectif, l’UE adopte une approche fondée sur le cycle de vie des produits chimiques, qui prévoit une transparence absolue quant à

la présence de produits chimiques dangereux dans les produits(140). Cette approche garantit que les informations relatives à la présence de ces produits chimiques sont disponibles tout au long de la chaîne d’approvisionnement et à la fin de vie du produit, lorsqu'il devient un déchet. L’intégration de l’approche fondée sur le cycle de vie dans ce cadre international contribuera fortement à la mise en place de cycles de matériaux non toxiques au niveau mondial. L’UE soutient également les travaux de la FAO visant à améliorer la gestion des pesticides très dangereux en Afrique, dans les Caraïbes et les pays du Pacifique.

La convention sur la protection et l’utilisation des cours d’eau transfrontières et des lacs internationaux (convention d’Helsinki sur l’eau, 1992) et la convention des Nations unies sur le droit relatif aux utilisations des cours d’eau internationaux à des fins autres que la navigation (New York 1997) contribuent à la réalisation des objectifs de développement durable et d’autres engagements internationaux sur l’eau, l’environnement et le développement durable. Presque tous les pays partageant des eaux transfrontières dans la région de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe (CEE-ONU) sont parties à la convention d’Helsinki. La convention des Nations unies compte actuellement 36 parties, dont 13 États membres de l’UE. L’UE continue de promouvoir l’adhésion aux accords internationaux portant sur la coopération dans le domaine de l’eau et la mise en œuvre de ces accords, notamment ces deux conventions(141).

(140) https://ec.europa.eu/environment/chemicals/reach/reach_en.htm.(141) Council conclusions on Water Diplomacy (19 November 2018),

http://data.consilium.europa.eu/doc/document/ST-13991-2018-INIT/es/pdf.

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4.1. Dialogues stratégiques

4.1.1. Généralités

L’UE entretient un ensemble de dialogues formels et informels avec des pays tiers et des régions, dans le cadre desquels sont examinées les priorités stratégiques respectives et les activités concrètes de coopération. Ces dialogues sont établis dans le cadre des différents accords de coopération ou, en l’absence de tels accords, dans le cadre de protocoles d’accord, de déclarations conjointes, de mandats spécifiques ou de modalités administratives semblables. Les résultats de ces dialogues, au même titre que les autres résultats stratégiques, tels que les sommets et les déclarations ministérielles, justifient les actions de suivi.

Les dialogues stratégiques sont également un levier important pour faire progresser la transition dans les pays tiers dans le contexte des accords de libre-échange (voir le chapitre 5), dans le cadre

(142) https://ec.europa.eu/environment/green-growth/tools-instruments/index_en.htm#pefoef.

DESCRIPTION DES ACTIONS BILATERALES ET REGIONALES

Le réseau étendu de relations extérieures de l’UE et son pouvoir d’«influence» à l’échelle mondiale sont des leviers importants pour promouvoir des politiques et approches ambitieuses d’économie circulaire à l’échelle internationale. Parmi les outils et les approches de l’économie circulaire qui offrent d’importantes possibilités à l’UE figurent:

• les dialogues stratégiques, le commerce, l’assistance technique et financière et les investissements pour promouvoir l’économie circulaire dans les pays partenaires, dans le cadre de ses efforts plus larges pour promouvoir la neutralité climatique et le développement durable;

• l’alignement, le cas échéant, sur les normes de l'économie circulaire de l'UE, la politique des produits (y compris l’écoconception);

• de nouveaux modèles commerciaux, une production efficace dans l’utilisation des ressources et l’adoption de technologies propres;

• la gestion rationnelle des produits chimiques;

• des mesures ambitieuses de prévention et de gestion des déchets (y compris par le biais de plans de prévention et de gestion des déchets alignés sur les objectifs relatifs à la hiérarchie des déchets et à l’économie circulaire; des objectifs en matière de recyclage des flux de déchets essentiels et de réduction des mises en décharge; des systèmes de responsabilité élargie des producteurs et des systèmes de consigne pour les produits et emballages en plastique;

• la consommation durable et l’information des consommateurs (y compris par la méthode de l’empreinte environnementale des produits(142), pour permettre aux entreprises d’optimiser leur activités, d’éviter l’écoblanchiment et de garantir des choix éclairés aux consommateurs);

• des stratégies d’action dans les secteurs prioritaires (par.ex. plastiques, textiles, bâtiments); et

• le perfectionnement et la reconversion professionnelle pour répondre aux besoins de l’économie circulaire.

4.

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des efforts de la diplomatie entourant le pacte vert pour l’Europe (voir la section 6.1). Dans ce contexte, les délégations et missions de l’UE dans les pays tiers, ainsi que les ambassades des États membres de l’UE, peuvent jouer un rôle de premier plan (voir la section 6.2). En outre, alors que les entreprises européennes occupent souvent une position de cheffes de file dans l’économie circulaire et les méthodes et technologies d’utilisation efficace des ressources et de l’énergie, les dialogues stratégiques peuvent avoir des répercussions positives en ouvrant de nouveaux marchés dans les pays tiers et en renforçant les liens avec les entreprises vertes européennes (voir la section 6.3).

4.1.2. Cadres stratégiques et institutionnels favorables à la circularité

L’intervention des pouvoirs publics (aux niveaux national, multilatéral, régional et infranational) est essentielle pour diriger la transition vers une économie circulaire qui requiert des actions dans un large ensemble de domaines, tels que la sensibilisation, la mobilisation du secteur privé et d’autres acteurs clés comme les consommateurs, et l’élaboration de cadres stratégiques pour apporter de la sécurité à long terme aux opérateurs économiques, mobiliser des investissements et faciliter le commerce des produits durables. De même manière, les cadres favorables requièrent des mesures cohérentes dans un grand nombre de domaines stratégiques pertinents tels que le développement industriel, l’entrepreneuriat, les investissements et la finance, le commerce, la recherche et l’innovation, ainsi que l’éducation et le développement des compétences.

Tout en facilitant l’adoption de pratiques de consommation et de production durables par le secteur privé (voir la section 6.3), les politiques émergentes d’économie circulaire peuvent également contribuer à l’amélioration de l’environnement commercial de secteurs sélectionnés. On peut notamment citer les exemples suivants: des exigences concrètes et applicables à la conception des produits encourageant la réutilisation, la réparation et le recyclage; une action législative concernant la collecte sélective et le prétraitement des flux de déchets plastiques permettant de réduire le coût de la transformation et du recyclage par rapport à une gestion des déchets mixtes; et/ou des modifications législatives pour faciliter l’utilisation de ressources secondaires (atténuer

les dispositions fondées sur des préoccupations de santé et de protection des consommateurs qui entravent l’utilisation de matériaux recyclés dans les procédés de production).

Un cadre politique favorable à l’économie circulaire peut également assurer un soutien mutuel avec les politiques commerciales (voir le chapitre 5). Les interventions politiques axées sur l’élaboration de normes, en particulier, peuvent avoir une incidence importante sur le commerce des produits au sein de certaines chaînes de valeur. L’ambition du pacte vert pour l’Europe est de promouvoir une transition juste en Europe qui ne laisse personne de côté et est pleinement compatible avec la transition vers une économie circulaire dans les pays tiers (voir les sections 2.3.3 et 2.3.4). Il est nécessaire d’accorder une attention spécifique à la création nette d’emplois, en se concentrant sur les emplois nouveaux et décents, mais en tenant également compte des effets négatifs possibles pour les travailleurs dans les secteurs ayant des impacts environnementaux. Une telle approche garantira la compatibilité avec la politique européenne de développement et de coopération internationale. Elle contribuera également à encourager l’acceptation sociale et politique des réformes en faveur de l’économie circulaire. Les interventions pertinentes dans ce contexte comprennent, par exemple, le soutien au développement des compétences des travailleurs dans les secteurs polluants dans lesquels les activités sont en déclin, afin de répondre à la demande du marché dans les secteurs émergents de l’économie circulaire.

4.1.3. Pays sélectionnés

Dans le cas de la Chine, un protocole d’accord a été signé avec la commission nationale pour le développement et la réforme, établissant un dialogue sur les questions relatives à l’économie circulaire. En outre, les projets réussis en matière d’écoconception / dans le cadre de la plateforme CESIP(143) ont permis de promouvoir les normes et les méthodologies de l’UE par le biais de formations et d’échanges d’informations. Les questions suivantes ont été récemment examinées dans le cadre du dialogue UE-Chine sur la politique industrielle: i) l’accès aux matières premières (en particulier les terres rares, pour lesquelles la Chine occupe la place dominante à l’échelle mondiale); l’économie circulaire au sein de l’UE et le développement industriel vert en Chine; ii) le cadre d’action pour les produits de l’UE et le programme chinois de conception écologique des produits; iii) la stratégie de l’Union sur les

(143) https://www.cencenelec.eu/intcoop/projects/visibility/pastprojects/Pages/EU-ChinaStandardisationPlatform(CESIP).aspxChinaStandardisationPlatformChinaStandardisationPlatform.

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matières plastiques; iv) les progrès réalisés par la Chine dans le développement des chaînes d’approvisionnement vertes; et v) le cadre de financement durable de l’UE. Le centre pour les PME de l’UE en Chine(144) soutient les petites entreprises dans leurs activités, en accordant de la valeur à l’expertise de l’UE dans le domaine de l’économie circulaire. En outre, le dialogue UE-Chine dans les domaines de l’environnement, de l’économie verte et de la protection de la vie sauvage étaye les normes environnementales, le développement vert et l’intégration des préoccupations environnementales dans tous les domaines relevant des pouvoirs publics en Chine. Cela contribue au développement de l’économie circulaire en Chine pour réduire les déchets et la pollution.

L’économie circulaire a été identifiée comme une priorité conjointe dans le cadre du dialogue de haut-niveau sur l’environnement au titre de l’accord de partenariat stratégique entre l’Union européenne et le Canada. Par exemple, le Canada organisera le forum mondial sur l’économie circulaire à Toronto en septembre 2020, et la Commission souhaite collaborer avec le Canada dans le cadre d’évènements destinés à valoriser des aspects spécifiques de la transition vers une économie circulaire. L’UE poursuit également le dialogue sur les matières premières dans le cadre de l’accord économique et commercial global (AECG) avec le Canada, et participe à l’une des principales foires minières mondiales à Toronto, organisée par la Prospectors and Developers Association of Canada (PDAC). La sécurité d’approvisionnement en matières premières critiques pour les chaînes de valeur industrielles de l’UE a gagné en importance dans ce dialogue.

Le Japon est un partenaire international de premier plan confronté à des difficultés semblables et partageant souvent les mêmes préoccupations que l’UE. L’étroite coopération actuellement en cours entre le Japon et l’UE comprend:

• le dialogue de haut-niveau sur l’environnement;

• le dialogue économique de haut-niveau;

• le dialogue bilatéral sur la politique industrielle; et

• le centre de coopération industrielle UE-Japon(145).

Le dialogue UE-Japon sur la politique industrielle devient un des principaux canaux pour traiter des questions relatives à l’économie circulaire. Il implique pour chacune des parties une coopération interministérielle des services gouvernementaux, ce qui constitue un modèle de coopération bilatérale avec d’autres pays. Il fournit une base pour étendre la coopération et la coordination des actions politiques internationales, ce qui devrait renforcer la coopération avec les pays souhaitant transformer leurs économies selon un paradigme d’économie circulaire. L’UE et le Japon ont coopéré étroitement sur les aspects environnementaux en 2019 au cours de la présidence japonaise du G20, et ont organisé conjointement deux ateliers consacrés aux déchets plastiques marins et au financement de l’économie circulaire(146).

Le forum sur l’environnement UE-Inde et le groupe de travail sur l’environnement constituent un cadre de dialogue stratégique avec l’Inde, y compris sur les questions d’économie circulaire. Suite à une mission réussie en faveur de l’économie circulaire en 2018 et avec le travail complémentaire mené dans le contexte de l’initiative «efficacité des ressources» de l’Union(147) (voir la section 7.1.2), la coopération dans le domaine de l’utilisation efficace des ressources et de l’économie circulaire avec l'Inde devrait s’intensifier à l’avenir, par le biais du partenariat UE-Inde sur l’utilisation efficace des ressources et l’économie circulaire dont l’adoption est prévue lors du prochain sommet UE-Inde. Le partenariat UE-Inde en matière d’énergie propre et de climat approfondit également le dialogue stratégique et la coopération technique entre l’UE, ses États membres et l’Inde, pour aider l’Inde à réaliser sa contribution déterminée au niveau national à l’accord de Paris, tout en adoptant, notamment grâce aux technologies numériques, les solutions et produits durables, sobres en carbone et résilients au changement climatique de l’UE(148).

Le groupe de travail UE-Indonésie sur l’environnement et le changement climatique fournit une plateforme pour discuter des sujets tels que: i) l’intégration de l’économie circulaire dans le plan de développement national; ii) les indicateurs de l’économie circulaire; iii) la conception et les normes des produits; et iv) la responsabilité élargie des producteurs.

L’UE examine les futurs scénarios et les stratégies d’atténuation des risques possibles en faveur

(144) https://www.eusmecentre.org.cn/.(145) https://www.eu-japan.eu/.(146) https://ec.europa.eu/environment/international_issues/relations_g20_events_en.htm.(147) https://www.eu-rei.com/.(148) https://ec.europa.eu/fpi/sites/fpi/files/ann_3_-_action_fiche_for_support_to_the_india_eu_clean_energy_and_climate.pdf.

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de l’accès non faussé et durable aux matières premières (en particulier les terres rares) avec les États-Unis et le Japon à l’occasion de la réunion annuelle trilatérale UE-États-Unis-Japon sur les matières premières critiques.

4.1.4. Régions sélectionnées

En ce qui concerne les pays candidats à l’adhésion à l’UE et les candidats potentiels, les négociations d’adhésion offrent des opportunités pour l'élaboration, l'adoption et la mise en œuvre de politiques et de législations, de stratégies et de programmes pertinents soutenant l’économie circulaire. L’UE est engagée à apporter une assistance financière et technique pour le processus d’alignement sur l’acquis communautaire et accorde la priorité à la mise en œuvre des initiatives et actions du programme en matière d’environnement pour les Balkans occidentaux, y compris celles en faveur de l’économie circulaire.

L’élaboration du programme en matière d’environnement pour les Balkans occidentaux peut bénéficier du potentiel de l’économie circulaire pour la région, dans tous les domaines pertinents tels que l’extraction des matières premières ou la gestion des déchets, ainsi que pour des modes de consommation et de production plus durables. Certains plans d’action nationaux consacrés à l’économie circulaire et des régimes financiers spécifiques soutenant les entreprises vertes sont envisagés pour garantir cette transition.

Dans le voisinage oriental et méridional, de solides plateformes stratégiques bilatérales et régionales, des cadres réglementaires d’appui (accords d’association, par exemple) ainsi qu’un soutien financier et technique déjà disponible peuvent être utilisés pour intégrer pleinement le plan d’action dans la coopération de l’UE dans ces régions. L'attention accordée à des secteurs clés pourrait être encouragée pour engager une transition rapide, juste et socialement acceptable (et acceptée). Il est également important dans ce contexte de doter les acteurs du secteur privé et les autorités locales des moyens nécessaires, et de veiller à ce que la société civile et les universités aient voix au chapitre. Dans le cadre des partenariats spécifiques avec le voisinage oriental et méridional, l’UE peut soutenir la gestion durable du capital naturel, y compris dans les chaînes de valeur des bâtiments et de

la construction, et dans la gestion des déchets, notamment pour les matières plastiques. Le sommet du partenariat oriental en juin 2020 devrait permettre de renforcer les efforts étayant la transformation verte et le travail en faveur de la neutralité climatique.

La 9e réunion du groupe de travail UE-Asie centrale sur l’environnement et le changement climatique tenue à Bruxelles les 12 et 13 février 2020 s’est concentrée principalement sur l’économie circulaire en faveur du développement durable.

La seconde réunion dans le cadre du dialogue de haut niveau sur l’environnement et le changement climatique entre l’UE et l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) est programmée en 2020 au Viêt Nam. Elle peut faire progresser la coopération en matière d’économie circulaire avec les États membres de l’ASEAN, notamment en ce qui concerne les matières plastiques. L’UE soutient ce dialogue par des actions concrètes, par exemple en travaillant avec le secrétariat de l’ASEAN à la mise en place d’une plateforme des parties prenantes de l’ASEAN sur l’économie circulaire, dans le cadre de l’initiative de l’instrument de dialogue régional UE-ASEAN amélioré (E-READI)(149) sur l’économie circulaire. Le projet d’instrument de partenariat intitulé «Rethinking plastics – circular economy solutions to marine litter»(150) étayera les dialogues stratégiques entre l’UE, les organisations régionales et les pays partenaires (Indonésie, Philippines, Thaïlande, Viêt Nam et Singapour).

Suite au succès d’un ensemble de missions en faveur de l’économie circulaire en 2016 au Chili, en 2017 en Colombie, en 2018 au Pérou et en 2019 au Mexique, la coopération en matière d’utilisation efficace des ressources et d’économie circulaire s’est intensifiée avec l’Amérique latine. Compte tenu du potentiel socioéconomique et écologique et des avantages que représente la transition vers une économie circulaire pour la région et sa biodiversité, il serait important de renforcer cette coopération. L’Amérique latine et l’UE émettent une même proportion des gaz à effet de serre à l’échelle mondiale, à savoir, environ 9 % chacune. Toutefois, le PIB de l’UE est supérieur de plus du triple à celui de l’Amérique latine. Des missions en faveur de l’économie circulaire au Brésil et au Costa Rica sont envisagées pour 2021 (voir la section 6.3.4). Des dialogues diplomatiques sur les matières

(149) https://eeas.europa.eu/headquarters/headquarters-homepage_my/49815/Enhanced%20Regional%20EU-ASEAN%20Dialogue%20Instrument%20(E-READI).

(150) https://beatplasticpollution.eu/rethinking-plastics/.

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premières ont lieu depuis 2013 avec les pays d’Amérique latine. Dès 2017, l’UE a mis en place la plateforme UE-Amérique latine des réseaux d’exploitation minière et garanti sa continuité pour les années suivantes.

4.2. Afrique

Dans le plan d’action, la Commission s’est engagée à renforcer le partenariat avec l’Afrique afin de maximiser les avantages de la transition verte et de l’économie circulaire. La nouvelle stratégie de l’UE avec l’Afrique(151) inclut un partenariat pour une transition verte et l’accès à l’énergie qui encourage également une économie circulaire propre dotée de chaînes de valeur durables et justes. Vu le taux d’urbanisation élevé en Afrique, un engagement fort en faveur de l'efficacité énergétique et de l’utilisation efficace des ressources dans le secteur du bâtiment et de la construction pourrait mener à des avantages importants en termes de création d’emplois, de réduction de la demande d’énergie et d’action pour le climat pour les villes Africaines. Des actions pourraient être menées conjointement aux efforts de sensibilisation au titre de la convention des maires pour le climat et l’énergie pour l’Afrique subsaharienne .

À l’occasion d’une réunion récente de la conférence ministérielle africaine sur l’environnement en novembre 2019, les dirigeants africains ont pris des engagements

forts pour améliorer la visibilité politique de l’économie circulaire en Afrique et sensibiliser sur la question, ainsi que pour reproduire, renforcer et utiliser les approches d’économie circulaire dans le cadre des efforts de transformation de l’Afrique. L’économie circulaire est de plus en plus reconnue en Afrique comme un moyen important de réduire la dépendance à l’égard des ressources naturelles, de réduire la pollution et de contribuer à la croissance économique et à la création d’emplois.

Une alliance pour l’économie circulaire africaine (ACEN)(152) a été formalisée. Elle pourrait fournir une nouvelle plateforme de discussion avec l’Afrique sur l’économie circulaire, conformément à l’engagement pris dans le plan d’action de renforcer le partenariat avec le continent. L’adhésion de l’UE à l’ACEN pourrait être envisagée. Le dialogue stratégique avec l’Afrique sur ce sujet devrait se poursuivre.

En ce qui concerne les matières premières, l’UE a soutenu le renforcement des capacités institutionnelles et techniques en Afrique, en particulier dans l’extraction artisanale et à petite échelle via le programme ACP-UE en faveur des minéraux du développement, dans le domaine des minerais provenant de zones de conflit via le partenariat européen pour des minerais responsables (EPRM), et par le biais d’un projet soutenant la formation du personnel géoscientifique des services géologiques africains grâce à l'élaboration d’un programme de formation innovant.

(151) JOIN(2020) 4 – Vers une stratégie globale avec l’Afrique.(152) https://www.afrik21.africa/en/africa-african-circular-economy-alliance-acen-adopts-charter/.

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Le développement durable est au cœur de la politique commerciale de l’UE, comme le montre par exemple la stratégie «Le commerce pour tous» de 2015(153). La stratégie appelle, entre autres, à une politique de commerce responsable appliquant les principes du développement durable, conformément au programme de développement durable à l’horizon 2030. Cette stratégie s’accompagne de mesures et de programmes d’aide pour le commerce. En 2017, la mise à jour de la stratégie conjointe de l’UE en faveur de l’aide pour le commerce(154) a intégré les principes de l’économie circulaire et de la durabilité environnementale en offrant aux pays en développement des perspectives dans les domaines du commerce, de la croissance et de l’emploi tout en renforçant la résilience sociétale et écologique. De nombreux programmes de coopération au développement de l’UE et de ses États membres portent sur l’aide pour le commerce et comprennent un soutien à l’économie circulaire. Aujourd’hui(155), avec 14,5 milliards d’EUR(156), l’UE et ses États membres restent les premiers donateurs d’aide pour le commerce (ils représentent 31 % de l’aide pour le commerce au niveau mondial).

Depuis l’accord de libre-échange (ALE) UE-Corée, qui est entré en vigueur en 2011, tous les nouveaux accords commerciaux de l’UE comprennent un chapitre sur le commerce et le développement durable défendant et encourageant les normes sociales et environnementales. Ces chapitres comprennent également des dispositions qui concernent l’économie circulaire (par exemple, sur les mesures de durabilité, l’écoétiquetage, le commerce et l’investissement dans les biens et services environnementaux, et la gestion des déchets). En outre, la Commission s’est engagée à proposer un chapitre spécifique sur l’énergie et les matières premières dans chacun des accords de libre-échange qu’elle négocie(157). L’objectif consiste à garantir un commerce et des investissements non faussés dans les

matières premières, y compris celles qui sont essentielles pour la production, par exemple, de batteries.

Ces chapitres offrent des possibilités d'engagement accru entre l’UE et ses partenaires commerciaux, en s’appuyant sur des synergies avec des dialogues stratégiques formels existants sur l’environnement et sur des activités de coopération en lien avec l’économie circulaire. Comme indiqué dans le plan d’action, la Commission veillera à ce que les ALE reflètent les objectifs renforcés de l’économie circulaire. Un dialogue et une coopération actifs dans le domaine de l’économie circulaire sont déjà en cours avec de nombreux partenaires d’ALE de l’UE, dont le Japon, le Canada, Singapour, la Corée du Sud, le Mexique, le Chili, la Colombie et le Pérou. La Commission a réalisé ou prévoit des missions en faveur de l’économie circulaire (voir la section 6.3.4) dans chacun de ces pays.

La transition vers une économie plus circulaire à l’échelle mondiale bénéficierait de l’élaboration de nouvelles normes communes et mondiales encourageant des modèles commerciaux, des biens, des technologies et des services plus circulaires. Les normes et méthodes de l’UE peuvent servir de modèles à cet égard. En outre, les engagements de l’industrie, les «normes souples», les approches partagées et les normes de mesure peuvent également avoir une incidence très positive. Le dialogue et la coopération en matière de coopération entre les pays peuvent également contribuer, par exemple, à rendre plus efficace les processus d'approvisionnement et de production plus efficaces, la hiérarchie et la gestion des déchets, ainsi que l’utilisation et la normalisation des matières premières secondaires.

L’Organisation mondiale du commerce (OMC) constitue une plateforme utile à travers laquelle les membres peuvent aborder et examiner les questions à l'interface du commerce et de

LE COMMERCE ET L’ECONOMIE CIRCULAIRE 5.

(153) COM(2015) 497 (https://eur-lex.europa.eu/legal-content/en/ALL/?uri=celex%3A52015DC0497).(154) COM(2017) 667 (https://eur-lex.europa.eu/legal-content/en/TXT/?uri=CELEX%3A52017DC0667).(155) Les dernières données disponibles dans le système de notification des pays créanciers de l’OCDE (la source des statistiques

du rapport d'avancement de l'aide pour le commerce (Aid for Trade 2019 Progress Report) sont celles de 2017. (156) The EU Aid for Trade Progress Report 2019, p. 68

(https://webgate.ec.europa.eu/multisite/devco/eu-aid-trade-progress-report-2019_en).(157) Des négociations sont actuellement en cours avec d’importants fournisseurs de matières premières, y compris l’Australie

et le Chili.

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6.1. La diplomatie écologique européenne et l’économie circulaire

Le service européen pour l’action extérieure et les délégations et missions de l’UE dans les pays tiers ont un rôle essentiel à jouer pour faciliter la transition vers l’économie circulaire dans ces pays, notamment dans le contexte de la «diplomatie du pacte vert»(158), ainsi que via la coopération bilatérale. Les délégations européennes, en utilisant les synergies avec la diplomatie climatique de l’Union et grâce à leurs connaissances des priorités stratégiques de l’UE pour le pays, des conditions locales, des dynamiques politiques ainsi que des activités des États membres de l’UE et des entreprises européennes, peuvent encourager l’adoption de modèles de croissance circulaires, efficaces en termes d'énergie et de ressources, sobres en carbone, qui soient adaptés aux conditions locales.

La diplomatie du pacte vert peut également bénéficier du rôle que jouent les délégations de l’UE pour assurer le suivi des impacts des politiques de l’UE dans les pays tiers(159), et continuer à évaluer les impacts sociaux, économiques et environnementaux des initiatives de l’UE liées à l’économie circulaire. En outre, les délégations de l’Union dans les pays étant des «pôles» régionaux ont un rôle essentiel à jouer pour faciliter la dimension régionale spécifique

de la transition vers une économie circulaire. Une meilleure coordination et collaboration avec les ambassades des États membres de l'UE et les établissements financiers (voir la section 6.2), ainsi que leur participation à des partenariats avec des pays tiers, seraient également cruciales pour la réussite de l’adoption des approches de l'économie circulaire. Le partage des informations pertinentes en temps utile, ainsi que l’élaboration d’un aperçu global des principaux instruments stratégiques, législatifs et financiers pour faire avancer la transition vers une économie circulaire dans les pays tiers sont des moyens de renforcer le rôle collectif des États membres et des délégations de l’UE dans la défense de l’économie circulaire.

6.2. Coopération avec les États membres de l’UE

Le plan d’action prévoit la nécessité de renforcer la coordination et les efforts conjoints avec les États membres de l’Union en vue de bâtir une économie circulaire mondiale. Ainsi, une meilleure coordination et collaboration avec les États membres de l’UE, y compris les ambassades dans les pays d’accueil et les organismes nationaux de promotion du commerce, seraient cruciales pour contribuer à la communication de l’UE sur l’économie circulaire, et par conséquent à l'impact de l'UE. L’échange d’informations régulier et systématique entre les États membres de

(158) «L’UE continuera d’encourager et de mettre en œuvre des politiques ambitieuses en matière d’environnement, de climat et d’énergie partout dans le monde. Elle mettra en place une “diplomatie du pacte vert” renforcée, visant en priorité à convaincre les autres parties de participer aux efforts déployés pour promouvoir un développement plus durable et à les soutenir dans cette tâche», COM(2019) 640, p. 20.

(159) Conclusions du Conseil «Cohérence des politiques au service du développement», 16 mai 2019.

DESCRIPTION DES ACTIVITES DE SENSIBILISATION6.

l’environnement, notamment par l'intermédiaire du comité sur le commerce et l’environnement (CCE). Les travaux au sein du CCE se concentrent actuellement sur les efforts d’un grand nombre de membres de l’OMC pour lutter contre le changement climatique, opérer la transition vers une économie circulaire et remédier à la pollution par les plastiques. Les questions de politique environnementale sont également

abordées dans d’autres comités de l’OMC, tels que le comité des règles, le comité des obstacles techniques au commerce et le comité des mesures sanitaires et phytosanitaires, le comité de l’agriculture et le comité du développement, etc. La prochaine conférence ministérielle de l’OMC (CM12, Kazakhstan, juin 2020) peut offrir l’opportunité de renforcer le dialogue et les efforts sur ces questions.

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l’UE sur les questions ayant trait à l’économie circulaire dans le cadre des relations extérieures réduirait les doubles emplois et le gaspillage des ressources, tout en rendant le message de l’UE plus cohérent. Un réseau spécialisé d’experts européens sur l’économie circulaire faciliterait la communication avec les pays tiers, par exemple lors de la préparation et du suivi des dialogues stratégiques bilatéraux et régionaux (voir la section 4.1), des missions en faveur de l’économie circulaire (voir la section 6.3.4). Ce réseau pourrait également favoriser la collaboration transfrontière, renforcer l’innovation et accélérer le processus de généralisation des bonnes pratiques, en tenant compte de la diversité des situations dans différentes régions du monde et des incidences sociales et économiques de la transition. La programmation conjointe de la coopération bilatérale des États membres et de l’UE peut être encouragée et permettre d’améliorer la cohérence, la complémentarité et l’impact.

6.3. Promouvoir la participation des parties prenantes: travailler avec la société civile et le secteur privé

6.3.1. Société civile

La société civile a un rôle important à jouer dans la défense, le suivi et le soutien de l’élaboration et de la mise en œuvre des politiques, dans la recherche d'un consensus et d'un soutien autour des réformes stratégiques et réglementaires, ainsi que dans la sensibilisation des décideurs politiques, des entreprises et des citoyens à la nécessité d’adopter une économie circulaire. L’engagement des organisations de la société civile (OSC) est par conséquent essentiel pour contribuer à la modification des modes de consommation des citoyens et réduire la production de déchets. Grâce à leur expertise, les OSC peuvent également apporter des pratiques innovantes d’économie circulaire et avoir une influence sur la sensibilisation des consommateurs, avec des actions en faveur de l’information des consommateurs, et des initiatives prônant une plus grande circularité dans les marchés publics. Les OSC peuvent également apporter un soutien aux micro, petites et moyennes entreprises du secteur informel, en associant les principes de circularité aux chaînes de valeur

prioritaires, telles que l'électronique, le bâtiment et la construction. L’implication des partenaires sociaux, et notamment des syndicats et des organisations de travailleurs, peut contribuer à garantir la transition juste vers l’économie circulaire.

Comme l’a démontré l’expérience des programmes SWITCH (voir la section 7.1.2), les partenariats avec la société civile peuvent également contribuer à la création d’une demande pour des produits plus circulaires et plus économes en ressources. Les campagnes axées sur les ressources naturelles à l’initiative d’OSC ont encouragé des améliorations dans l’utilisation efficace des ressources et l’adoption de pratiques d’économie circulaire par les opérateurs économiques, souvent en réponse aux engagements de responsabilité sociale des entreprises (RSE) ou d'entrepreneuriat responsable, ou simplement pour améliorer leur réputation. Les acteurs tels que les associations de coopératives, les mouvements de commerce équitable et les groupes autochtones, qui sont les dépositaires des ressources naturelles dans de nombreuses régions et dont l’UE soutient les droits, peuvent également apporter des solutions positives aux défis pertinents de l’économie circulaire.

6.3.2. Entreprises et PME

En vertu de son rôle de cheffe de file, l’UE dispose d'un avantage majeur pour exploiter les opportunités commerciales découlant de la transition vers une économie circulaire. L’engagement de l’industrie et sa forte collaboration dans la chaîne de valeur jouent un rôle essentiel dans la transition vers une économie circulaire, depuis l’extraction et l'approvisionnement en matériaux, la conception et la production, à la gestion des déchets et la transformation en nouvelles ressources. De nombreuses entreprises dans l’UE sont engagées dans des activités de l’économie circulaire et ont acquis beaucoup d’expérience dans la conception de solutions innovantes. Il est en outre essentiel d’encourager activement des secteurs d’entreprises ou des systèmes complets de chaînes de valeur à adopter des promesses et des engagements mondiaux visant à réduire les émissions résultant de leurs activités dans le monde entier et à tendre vers la neutralité carbone.

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(160) https://fr.weforum.org/projects/circular-economy.

La majorité des entreprises dans le monde sont des petites et moyennes entreprises (PME). Compte tenu de leur manque de financement et de capacités, elles ont besoin d’un soutien effectif leur permettant d'embrasser l’économie circulaire et de participer à une collaboration efficace avec les grandes entreprises dans des partenariats de recherche et d’innovation qui harmonisent les efforts et les pratiques dans le cadre de la chaîne de valeur dans son ensemble.

La Commission gère un ensemble de plateformes, de réunions et d’autres initiatives pertinentes réunissant les États membres et les entreprises, telles que la plateforme des acteurs européens de l’économie circulaire, le réseau mondial des organisations d’entreprises européennes, le centre européen de connaissances sur l’utilisation efficace des ressources, la plateforme de collaboration des clusters européens et le réseau Entreprise Europe (voir également la section 3.2). Les PME pourraient également bénéficier d’un meilleur accès aux infrastructures européennes de recherche et de technologie, qui leur permettent de réaliser des activités de recherche et d’innovation à moindre coût et d’établir des liens avec des entreprises de plus grande taille. Les structures d’aide aux entreprises telles que le centre de coopération industrielle UE-Japon et le centre pour les PME de l’UE en Chine (voir la section 4.2.1) peuvent aider les entreprises à s’implanter dans des pays tiers et jouent un rôle essentiel pour exporter l’expertise de l’UE dans le domaine de l’économie circulaire. La plateforme d'entreprises durables pour l'Afrique (SB4A) établit un cadre global en faveur d’un dialogue structuré avec le secteur privé au titre du plan d’investissement extérieur (voir la section 7.1.1) et sera également un forum pertinent. La plateforme SB4A renforce le dialogue systématique avec le secteur privé et

les parties prenantes concernées et soutient le dialogue public-privé afin de comprendre et de résoudre les problèmes des entreprises et des investissements.

La plateforme d’accélération de l’économie circulaire du Forum économique mondial(160), les initiatives de la Ellen MacArthur Foundation sur les matières plastiques et les textiles par exemple, ainsi que les synergies avec des projets mondiaux (voir la section 7.1.2) visant à encourager les collaborations public-privé pour soutenir les initiatives d'économie circulaire contribuent en ce sens également aux discussions avec le secteur privé.

6.3.3. Soutenir le développement des entreprises vertes dans les chaînes de valeur essentielles

Le secteur privé adopte de plus en plus de pratiques en faveur de l’économie circulaire, et un nombre croissant d’entreprises prennent conscience des opportunités commerciales et économiques associées, notamment les économies potentielles résultant de processus de production efficaces dans l’utilisation des ressources, la sécurité accrue des chaînes d’approvisionnement du fait de l’achat de matières premières recyclées / produites de manière durable, les prix avantageux, l’effet positif sur la réputation, etc. Les initiatives pertinentes du secteur privé (notamment le développement de modèles commerciaux d’économie circulaire, les normes environnementales connexes, les stratégies de responsabilité sociale des entreprises), sont des moteurs importants de la transformation de l'économie circulaire dans de nombreux pays. Pourtant, les PME (qui représentent la majorité des entreprises dans le monde) ne disposent

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(161) https://ec.europa.eu/environment/international_issues/missions_en.htm.(162) https://www.consilium.europa.eu/media/40928/st12791-en19.pdf.(163) En mai 2021, à l’occasion de la foire N-Expo à Tokyo sur l’environnement, les matières, le recyclage et la gestion des déchets.

souvent pas des financements et des capacités nécessaires pour adopter l’économie circulaire.

Les programmes SWITCH en Asie, en Méditerranée et en Afrique (voir la section 7.1.2) proposent des modèles sur lesquels s’appuyer pour soutenir à l'avenir l’adoption par les entreprises de pratiques d’économie circulaire, grâce au financement d’initiatives du secteur privé dans des domaines comme: la sensibilisation aux opportunités commerciales circulaires; le renforcement des capacités des associations commerciales et sectorielles et des micro, petites et moyennes entreprises qui les constituent sur les modèles et pratiques d'entreprise de l’économie circulaire; l'accès facilité aux financements (par.ex. renforcement de capacités en matière de développement de projets finançables, rapprochement avec les établissements financiers, etc.); la participation du secteur privé à l’élaboration des politiques d’économie circulaire; les dialogues entre entreprises et la diffusion des meilleures pratiques; le soutien à l’information des entreprises et des consommateurs par le biais de l’écoétiquetage, de normes environnementales et de la certification, etc.

La planification du futur soutien de l’UE au développement des entreprises de l’économie circulaire pourrait cibler les chaînes de valeur prioritaires, conformément au plan d’action, tout en tenant compte des secteurs économiques et des modèles commerciaux les plus prometteurs dans les pays partenaires, notamment sur le plan de la création d’emplois. Ce travail pourrait développer les capacités des structures d'entreprises locales des pays partenaires, mais également s’appuyer sur les plateformes et initiatives pertinentes de l’UE, telles que celles mentionnées à la section 6.3.1, qui rassemblent les États membres et les entreprises.

6.3.4. Missions en faveur de l’économie circulaire

Les missions de haut niveau en faveur de l’économie circulaire(161) et autres activités de communication apportent une contribution précieuse à la transition vers une économie circulaire mondiale. Ces missions, menées par la Commission au niveau des commissaires ou des directeurs généraux et accompagnées de délégations d’entreprises européennes et d’autres parties prenantes pertinentes, se composent d’un ensemble de réunions politiques et commerciales de haut niveau entre l’UE et un pays tiers spécifique. Elles ont démontré leur potentiel pour renforcer les liens existants et en créer de nouveaux entre l’UE et les institutions du pays tiers dans le domaine de l’environnement, ainsi que pour soutenir les entreprises vertes européennes (en particulier les PME) à étendre leurs activités à l’étranger.

Des opportunités pourraient être offertes en élargissant le champ d'action des ministères et des services gouvernementaux concernés, tant du côté de l’UE que des pays bénéficiaires, pour inclure, au-delà des administrations de l’environnement, d’autres services et ministères concernés tels que les affaires économiques, l’industrie, les transports, etc. Les missions d’économie circulaire et autres activités de communication font partie de la diplomatie économique de l’UE, comme le reconnaît le Conseil dans ses conclusions intitulées «Plus de circularité - Transition vers une société durable», adoptées le 4 octobre 2019(162).

Les destinations potentielles des missions d’économie circulaire et autres activités de communication pour 2020-2021 comprennent à ce jour des pays d’Afrique (par.ex. Éthiopie, Nigeria, Ghana, Kenya, Rwanda), du voisinage méridional (par.ex. Égypte, Maroc), d’Asie (par.ex. Corée du Sud, Viêt Nam, Chine, Inde, Japon(163)), des Amériques (par.ex. Canada, Brésil, Costa Rica), des Balkans occidentaux, et du voisinage oriental (Ukraine, par exemple).

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7.1. Généralités

Les économies de coûts et les opportunités économiques qu’implique la transition vers une économie circulaire (voir la section 2.3) suggèrent que les gouvernements et les opérateurs économiques devraient allouer suffisamment de ressources en faveur de la circularité. Pour accélérer la transition, l’UE prévoit des mesures d’accompagnement dans le cadre de sa coopération internationale. Au titre du prochain cadre financier pluriannuel (2021-2027), la proposition de la Commission établissant l’instrument de voisinage, de coopération au développement et de coopération internationale (IVCDCI)(164) et la troisième tranche de l’instrument d’aide de préadhésion (IAP III)(165) permettent d’apporter un soutien supplémentaire à l’action en faveur de l'économie circulaire à l’échelle mondiale. Cela complète l’engagement au niveau bilatéral et multilatéral et permet l’élaboration de cadres stratégiques et institutionnels favorables, la promotion de la circularité dans les chaînes de valeur essentielles, ainsi que la mobilisation de financements et d’investissements pour orienter les flux financiers en faveur de la transition vers des économies circulaires à faibles émissions et résilientes au changement climatique. Cette ambition est pleinement compatible avec la politique extérieure de l’UE et le pacte vert pour l’Europe, auxquels l’IVCDCI et l’IAP III devraient contribuer.

Les partenariats internationaux sont essentiels pour accélérer le rythme de la transition vers une économie circulaire mondiale. S’appuyant sur l’approche et l’expérience de récentes initiatives de l’UE sur l’économie circulaire (et plus largement l’économie verte), la coopération internationale dans le domaine de l’économie circulaire devrait se concentrer à l’avenir sur trois domaines d’intervention principaux:

• l’élaboration de cadres stratégiques et institutionnels favorables à la circularité;

• la promotion du développement des entreprises vertes dans les chaînes de valeur essentielles; et

• la mobilisation de financements pour la transition vers une économie circulaire mondiale.

En ce qui concerne la coopération au développement, le consensus européen pour le développement(166), qui fournit le cadre global de la politique de développement de l’UE, invite l’UE et ses États membres à «promouvoir l’utilisation efficace des ressources ainsi que la consommation et la production durables, y compris la gestion durable des produits chimiques et des déchets, en vue de dissocier la croissance économique de la dégradation de l’environnement, et de permettre le passage à une économie circulaire». Le consensus souligne la contribution à la durabilité environnementale et au développement socioéconomique. L’importance de l’économie circulaire pour le développement et la coopération internationale de l’UE a également été soulignée dans des communications pertinentes de la Commission, telles que la communication intitulée «Parvenir à la prospérité par le commerce et les investissements»(167), qui fait observer que «le financement de la lutte contre le changement climatique et l’économie verte et circulaire offrent aux pays en développement des perspectives pour aller de l’avant dans les domaines du commerce, de la croissance et de l’emploi», ainsi que la communication relative à une «alliance Afrique - Europe pour un investissement et des emplois durables»(168), et la communication intitulée «Union européenne, Amérique latine et Caraïbes: unir nos forces pour un avenir commun»(169).

(164) COM(2018) 460 – Proposition de règlement établissant l’instrument de voisinage, de coopération au développement et de coopération internationale.

(165) COM(2018) 465 – Proposition de règlement établissant l’instrument d’aide de préadhésion (IAP III).(166) https://ec.europa.eu/international-partnerships/european-consensus-development_en.(167) COM(2017) 667 – Parvenir à la prospérité par le commerce et les investissements - Mise à jour de la stratégie conjointe de

l’UE de 2007 en faveur de l’aide pour le commerce.(168) COM(2018) 643 – Une nouvelle alliance Afrique - Europe pour un investissement et des emplois durables: hisser notre

partenariat pour l’investissement et l’emploi au niveau supérieur.(169) JOIN(2019) 6 – Union européenne, Amérique latine et Caraïbes: unir nos forces pour un avenir commun.

FINANCEMENT DE LA TRANSITION VERS UNE ECONOMIE CIRCULAIRE MONDIALE

7. €

€€

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S’agissant des pays en voie d’adhésion, la Commission européenne collabore étroitement avec eux en apportant une assistance technique et financière en vue de l’alignement sur l’acquis environnemental. Des programmes et projets bilatéraux et régionaux sont en cours qui fournissent un renforcement des capacités pour comprendre et adopter les objectifs et les principes de l’économie circulaire. Le futur instrument IAP III devrait se concentrer sur les actions liées à la circularité et à la bonne gestion des déchets. Le Programme environnemental pour les Balkans occidentaux est un autre instrument qui se veut une transition radicale vers des modes de consommation et de production plus durables et vers la construction d’une économie verte se fondant sur les principes de circularité dans la région. Pour cela, il est possible de renforcer les liens avec l’ensemble des domaines stratégiques pertinents tels que l’agriculture, l’alimentation, l’industrie, le numérique, les consommateurs, la santé, l’emploi, la recherche, le climat, l’industrie automobile, le secteur maritime et la pêche, ainsi que d’établir des synergies avec d’autres objectifs stratégiques.

7.2. Mobilisation des investissements

7.2.1. Instruments financiers extérieurs de l’UE

Le financement de la transition vers une économie circulaire doit s’appuyer sur une combinaison de sources de financement. Adopté en 2017, le plan d’investissement extérieur de (PIE) de l’Union vient en aide aux pays partenaires:

• en mobilisant des financements via le Fonds européen pour le développement durable (FEDD);

• en apportant une assistance technique pour contribuer à l’élaboration de projets d’investissement; et

• en mettant en place un climat favorable à l’investissement et aux affaires.

Le soutien du PIE se concentre en priorité sur des secteurs tels que: l’énergie durable, l’efficacité énergétique, les villes durables et l’agriculture.

Dans la structure du PIE, la proposition d’IVCDCI prévoit l'établissement du Fonds européen pour le développement durable Plus (FEDD+), un train de mesures financières intégrées

apportant des capacités de financement sous la forme de subventions, de garanties budgétaires et d’instruments financiers. Pleinement compatible avec les objectifs de coopération au développement de l’UE, le FEDD+ devrait mettre particulièrement l’accent sur «l’éradication de la pauvreté, la croissance durable et inclusive, la création d’emplois décents, les perspectives économiques, les compétences et l’entrepreneuriat, les secteurs socio-économiques, les micro, petites et moyennes entreprises, ainsi [que s’attaquer] aux causes socio-économiques spécifiques profondes de la migration irrégulière, conformément aux documents de programmation indicatifs correspondants»(170). Le guide de la BEI sur l’économie circulaire(171) illustre clairement le type d’investissements susceptible d’être soutenu dans le contexte du FEDD+, tel que le déploiement de nouvelles technologies, les infrastructures pour réparer, moderniser ou refabriquer des produits, la transformation des déchets, résidus et sous-produits en matières premières secondaires, etc. Une étude sur les possibilités de promouvoir l’économie circulaire dans le contexte du FEDD+ est en cours et formulera des orientations complémentaires pour l’action future de l’UE d’ici la fin 2020.

En outre, le nouveau programme-cadre pour la recherche et l’innovation Horizon Europe (2021- 2027) investira dans des projets innovants renforçant l’économie circulaire en Europe et au-delà. Le programme permet à la grande majorité des pays du monde à revenu faible et intermédiaire de nouer des partenariats avec des chercheurs et des innovateurs européens et d’obtenir un soutien financier.

7.2.2. Projets européens

Par le biais de ses instruments financiers extérieurs, l’UE aide les pays partenaires à gérer leurs ressources de manière plus durable et à adopter des pratiques de consommation et de production durables, conformément à l’ODD 12. Cela s’accompagne de multiples avantages, contribue à la plupart des objectifs de développement de l’UE et à ses priorités stratégiques mondiales, ainsi qu’aux objectifs du programme de développement durable à l’horizon 2030. Sur les 17 ODD, 12 dépendent directement de la gestion durable d’un ensemble complet de ressources naturelles à l’échelle de l’économie(172). Sur les 17 ODD, 8 font déjà l’objet d’un suivi par le biais des services et produits Copernicus(173). Certaines des initiatives clés contribuant à

(170) COM(2018) 460, Preamble 34.(171) https://www.eib.org/attachments/thematic/circular_economy_guide_en.pdf.(172) UNEP (2016), Resource Efficiency: Potential and Economic Implications. Summary for Policy-Makers, p. 4.(173) https://www.copernicus.eu/fr.

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l’économie circulaire sur lesquelles s’appuieront les futures actions de l’UE sont illustrées ci-dessous.

L’initiative SWITCH to Green(174) encourage les cadres stratégiques favorables et le développement d’entreprises vertes par le biais d’activités telles que la sensibilisation, la cartographie des opportunités de l’économie verte, la modélisation économique, le développement des capacités des organismes publics, le soutien aux initiatives du secteur privé, le dialogue entre entreprises, etc. Elle se concentre sur les chaînes de valeur clés telles que la production alimentaire, le textile, les matériaux de construction ou le tourisme et, à ce titre, fournit un modèle sur lequel s’appuyer dans le cadre de la coopération future sur l’économie circulaire. L’initiative est mise en œuvre en partenariat avec des organisations internationales telles que le PNUE et l’ONUDI, les autorités compétentes des pays partenaires, des acteurs du secteur privé (notamment des micro, petites et moyennes entreprises) et la société civile.

Les principales actions en cours soutenues par l’UE dans le contexte de cette initiative comprennent:

L’UE a financé un projet avec la convention de Barcelone soutenant la mise en œuvre des plans d’action régionaux de lutte contre les déchets marins en Méditerranée(175). Des efforts sont également déployés pour lutter contre les déchets marins dans la mer Noire.

Le projet doté d’un budget de 9 millions d’EUR intitulé «Réduire les déchets plastiques et les déchets marins en Asie de l’Est et du Sud-Est – Soutenir la transition vers une économie circulaire dans la région» a été lancé en mai 2019. Dans le cadre de ce projet, des activités menées dans les pays cibles de la région (Chine, Indonésie, Philippines, Thaïlande, Viêt Nam, Singapour et Japon) contribueront à la réduction des déchets plastiques, y compris dans les grands cours d’eau concernés, ainsi que des déchets marins. Ces activités en lien avec l’économie circulaire i) favoriseront la hiérarchie des déchets et la responsabilité élargie des producteurs, ii) remédieront aux engins de pêche abandonnés, perdus ou rejetés, et iii) soutiendront la production de matières plastiques durables et les marchés publics écologiques.

Inspiré par ce premier projet, un second projet doté d’un budget de 5 millions d’EUR intitulé

(174) https://www.switchtogreen.eu/?p=245.(175) https://ec.europa.eu/environment/marine/good-environmental-status/descriptor-10/pdf/

Marine_litter_med_project_20_4_2016.pdf.

ActionsEngagements de l’UE à ce jour, à titre indicatif

Liens

SWITCH Asia 280 000 000 EUR https://www.switch-asia.eu/

SWITCH Med 39 400 000 EUR https://switchmed.eu/fr/

SWITCH Africa 39 000 000 EUR http://www.switchafricagreen.org/

SWITCH to Circular Economy Value Chains

19 000 000 EUR S.O.

Partenariat d’action dans le domaine de l’économie verte (PAGE)

17 500 000 EUR https://www.un-page.org/

Green Economy Coalition 5 000 000 EUR https://www.greeneconomycoalition.org/

Facilité SWITCH to Green 5 300 000 EUR https://www.switchtogreen.eu/?p=245

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«Réduire les déchets plastiques sur le continent américain» a obtenu le feu vert de la Commission à la fin 2019. Ce projet cible le Brésil, le Chili, la Colombie ainsi que le Canada.

Le projet intitulé «Actions en faveur d'entreprises à faible intensité de carbone et fondées sur l’économie circulaire dans les Amériques» (ciblant le Canada, le Brésil, le Mexique, le Chili, la Colombie et l’Argentine) apporte un soutien aux entreprises de la région, en prenant pour exemple une entreprise européenne utilisant des technologies et services sobres en carbone et en lien avec l’économie circulaire, et contribue à limiter/réduire les émissions de gaz à effet de serre conformément à l’accord de Paris. Le projet mobilise les pôles industriels européens et s’appuie sur la phase pilote de la partie du projet portant sur l’action à faible intensité de carbone des entreprises au Brésil et au Mexique (mise en œuvre de 2014 à 2019 avec un budget de 12 millions d’EUR). Plus de 700 accords commerciaux ont été signés entre des PME européennes et des entreprises au Brésil et au Mexique, parmi lesquels 130 environ ont bénéficié d’une assistance technique pour élaborer des projets commercialement viables avec une valeur ajoutée d’environ 300 millions d’EUR. L’impact environnemental pour le brésil est estimé à une réduction de 18 millions de tonnes d’équivalents CO2. Le projet dans les Amériques débutera en 2020 pour une durée de trois ans avec un budget de 20 millions d’EUR.

Le projet doté d’un budget de 20 millions d’EUR intitulé «Partenariat stratégique pour la mise en œuvre de l’accord de Paris dans les grandes économies» (SPIPA) cherche à renforcer la politique bilatérale et les dialogues techniques de l’UE en matière de climat et de politique énergétique avec 15 grandes économies non européennes (Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, Inde, Indonésie, Iran, Japon, Mexique, la République de Corée, Russie, Arabie Saoudite, Afrique du Sud et les États-Unis d’Amérique). Il mettra en place des conditions favorables à l’adoption, dans les pays partenaires, des solutions, du savoir-faire et des bonnes pratiques de l’UE en matière de politique climatique dans quatre domaines principaux: i) les instruments de la politique d’atténuation; ii) les stratégies à l’horizon 2050 et le renouvellement des contributions; iii) le suivi et la communication; et iv) la planification de l’adaptation. Le projet cherche également à promouvoir les investissements européens

en soutien à l’accord de Paris et à mieux sensibiliser le public(176).

Le projet doté d’un budget de 7 millions d’EUR intitulé «Comptabilité du capital naturel et valorisation des services écosystémiques» a été lancé en 2016 et soutient les priorités de l’UE en matière d’économie circulaire et de protection de la biodiversité au Brésil, en Chine, en Inde, au Mexique et en Afrique du Sud. Dans le cadre de ce projet, l’UE et la division de statistique du secrétariat de l’Organisation des Nations unies (UNSTAT) s’appuient sur les systèmes d’évaluation du capital naturel existants et collaborent à l’élaboration de nouveaux outils et de nouvelles approches pour mieux quantifier les avantages économiques associés aux écosystèmes et à la biodiversité. Cette collaboration permet de promouvoir l’innovation écologique et l’adoption de technologies propres et à faible émission de carbone dans la transition vers une économie plus circulaire dans ces pays. Le projet suit la méthodologie du système des comptes intégrés de l’environnement et de l’économie (SCIEE) des Nations unies (voir le chapitre 8).

Lancé en 2015, le programme de coopération urbaine internationale (CUI), doté d’un budget de 30 millions d’EUR, soutient les jumelages internationaux de ville à ville entre les villes européennes et leurs homologues internationaux. Ensemble, ces villes peuvent jouer un rôle de pionnières en proposant des stratégies intégrées de développement urbain durable traçant la voie vers l’économie circulaire(177).

Le projet doté d’un budget de 2,5 millions d’EUR sur l’initiative «efficacité des ressources» en Inde(178) cherche à entraîner un éventail d’effets positifs pour l’économie indienne à travers un engagement plus fort au niveau du gouvernement ainsi qu’à aligner le pays sur la réflexion mondiale en matière de ressources durables. Cette action aide l’Inde à faire le bilan de ses besoins présents et futurs en ressources, en lui permettant de mieux comprendre l’avenir de son économie, en particulier dans les secteurs de la construction et de la démolition, de l’électromobilité et des transports, de l’énergie propre et des systèmes d’énergie solaire durables, et en s'attaquant au problème des déchets électroniques et des déchets plastiques. Cela contribuera à verdir le commerce et les affaires en intégrant des critères de durabilité dans les modèles commerciaux, ainsi que la production et la consommation durables et la prévention, la réutilisation et le recyclage des déchets.

(176) https://ec.europa.eu/fpi/sites/fpi/files/c_2017_7573_f1_annex_en_v6_p1_945033_en.pdf.(177) https://ec.europa.eu/fpi/sites/fpi/files/annexes_aap_2018_phase_ii_2.pdf.(178) Voir la section 4.2.1.

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L’initiative phare UE-Chine en matière de biotechnologie entre la Commission européenne et la Fondation nationale des sciences naturelles de la Chine (NSFC) a été lancée en 2018 pour trois ans avec un budget d’environ 30 millions d’EUR de l’UE (plus un montant équivalent à 10 millions d’EUR de la Chine). L’initiative porte sur les questions environnementales telles que le nettoyage des sols et eaux pollués et la dégradation et le recyclage valorisant des mélanges de plastiques. Deux projets ont obtenu de pouvoir travailler à la bioréhabilitation environnementale, qui a recours à des alternatives plus durables et plus douces que les options physicochimiques pour lutter contre la pollution à haute toxicité qui crée des inquiétudes sur les plans sanitaire et environnemental ainsi qu’une lourde charge économique pour la société. Deux autres projets portent sur la dégradation des mélanges de plastiques pour développer des alternatives au recyclage mécanique et chimique des plastiques mixtes rémanents et biodégradables. Ces thèmes biotechnologiques soutiendront l’industrie européenne par le développement continu de biotechnologies de pointe, de nouvelles biotechnologies pour relever le défi mondial de la protection de l’environnement et de solutions innovantes pour transformer les processus industriels à l’aide de méthodes respectueuses de l’environnement et durables surpassant les alternatives conventionnelles.

En ce qui concerne les déchets électroniques, le projet de lutte contre le commerce illégal de DEEE(179) a mis en lumière la nécessité d’améliorer la coopération et la communication à l’échelle mondiale, tandis que le projet DOTCOM-Waste(180) a fourni du matériel didactique pertinents pour les services répressifs dans différents continents. D’autres flux de déchets problématiques tels que les véhicules et les batteries devront également être pris en charge.

L’UE soutient la World Benchmarking Alliance (WBA), une plateforme multipartite dont la mission centrale est la promotion du dialogue et de l’action autour du rôle des entreprises pour réaliser les ODD. Son objectif principal est la création d’un cadre de référence largement accepté pouvant être utilisé pour comparer la performance des entreprises et leur impact sur la

réalisation des ODD, y compris l'autonomisation des consommateurs et des investisseurs vers des choix durables. D’ici 2023, la WBA évaluera les progrès réalisés par 2 000 entreprises dans sept grands domaines de transformation: sociale, numérique, circulaire, alimentation et agriculture, urbaine, financière, décarbonation et énergie.

Le portefeuille européen de coopération dans le domaine des matières premières, qui s’élève à 35 millions d’EUR (2019), encourage les pratiques d’extraction responsables, transparentes et prévisibles, tant par des actions sur le terrain, en particulier dans l’exploitation minière artisanale et à petite échelle, qu’au niveau institutionnel. Les actions sur le terrain comprennent le partenariat européen pour des minerais responsables (EPRM), qui soutient des pratiques responsables d’extraction des minerais provenant de zones de conflit (7 millions d’EUR), et la coopération avec le PNUD sur les minerais de développement, qui inclut les minerais industriels et s’applique également au cobalt avec la nouvelle phase II (10 millions d’EUR). Au niveau institutionnel, l’UE soutient la mise en œuvre de l’initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE)(181) (1 million d’EUR) et le fonds fiduciaire associé de la Banque mondiale de soutien programmatique mondial aux industries extractives (5 millions d’EUR). En outre, l’initiative G7 CONNEX (assistance technique aux pays en développement pour promouvoir des contrats prévisibles et équitables dans le domaine des industries extractives) a récemment été intégrée dans le portefeuille de coopération de l'UE.

7.2.3. Finance durable et secteur privé

Le plan d’investissement du pacte vert pour l’Europe de la Commission, également dénommé plan d’investissement pour une Europe durable(182), a rappelé l’importance d’attirer les investisseurs privés pour répondre aux besoins d’investissement en vue d'évoluer vers des sociétés plus vertes et plus durables. Le plan d’action de la Commission intitulé «Financer la croissance durable»(183) de 2018 a donné lieu à plusieurs initiatives visant à mieux intégrer les considérations de durabilité sur les marchés financiers(184). Une stratégie renouvelée en matière de finance durable, dont le lancement est prévu au troisième trimestre 2020, vise à développer davantage la finance durable.

(179) https://www.cwitproject.eu/.(180) https://dotcomproject.eu/.(181) Voir également la section 3.7.(182) https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/qanda_20_24.(183) COM(2018) 97.(184) Par exemple, les exigences du règlement sur la publication d’informations (UE) 2019/2088 au titre desquelles les acteurs des

marchés financiers doivent publier la manière dont les risques en matière de durabilité sont intégrés dans leurs décisions d’investissement et dont ils prennent en compte les incidences négatives sur les facteurs de durabilité; ainsi que le règlement établissant une taxinomie récemment adopté.

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7.2.3.1. Opportunités présentées par la plateforme internationale sur la finance durable (IPSF)

Le travail de l’UE dans le domaine de la finance durable reconnaît l’importance de la dimension internationale. Les marchés financiers sont bien placés pour aider les pays dans leur transition vers des économies circulaires et neutres pour le climat en liant leurs besoins de financement aux sources mondiales de financement. Cela est particulièrement pertinent pour les pays en développement confrontés à des difficultés pour obtenir les fonds nécessaires à leur développement durable.

Dans le cadre de la plateforme internationale sur la finance durable(185) récemment lancée et en étroite collaboration avec la coalition des ministres des finances pour l’action climatique et le réseau pour le verdissement du système financier, la Commission s’est engagée à mobiliser des fonds privés à l’échelle mondiale en faveur d’investissements durables, y compris ceux qui favorisent l’économie circulaire.

L’IPSF met l’UE en relation avec les pays tiers souhaitant échanger les meilleures pratiques et coordonner leurs approches en matière de finance durable. La Commission, qui assure le secrétariat de l’IPSF et représente les 27 États membres de l’UE, coordonnera les travaux à l’échelle internationale pour éviter la fragmentation du marché et promouvoir des marchés intégrés pour une finance durable. Le champ d’application de l’IPSF couvre différents cadres et outils des marchés des capitaux qui sont essentiels pour que les investisseurs identifient et saisissent les opportunités d’investissements écologiques, par exemple, dans les taxinomies vertes, les publications d’informations liées au climat, les normes et labels pour les produits financiers verts.

7.2.3.2. La dimension mondiale et l’économie circulaire dans la taxinomie de l’UE des activités durables sur le plan environnemental

Le règlement établissant une taxinomie(186), qui a été adopté au niveau politique en décembre 2019(187), a une dimension internationale importante. Lorsqu’il aura été formellement adopté par le Parlement européen et le Conseil, le règlement définira les obligations en vertu desquelles les acteurs des marchés financiers commercialisant leurs produits au sein de l’UE seront tenus de publier le degré d'adéquation de leurs investissements sous-jacents avec la toxinomie(188). Ces investissements sous-jacents peuvent soutenir des activités économiques partout dans le monde, par exemple, un fonds peut investir dans un projet d’infrastructure de gestion des déchets, comme une unité de recyclage en Inde. Pour être classée comme «durable», l’activité économique financée par cet investissement devrait respecter les critères énoncés dans les actes délégués à adopter en vertu du règlement établissant une taxinomie, dans le cas où le gestionnaire de fonds déclarerait cette part de son produit comme «durable sur le plan environnemental».

La Commission travaillera à l’adoption d’actes délégués au titre du règlement établissant une taxinomie jusqu’au 31 décembre 2020 en ce qui concerne les objectifs climatiques, et jusqu’au 31 décembre 2021 pour les quatre autres objectifs environnementaux énoncés dans le règlement sur la taxinomie, y compris l’objectif de la transition vers une économie circulaire. Ils contiendront les détails techniques spécifiant les critères par rapport auxquels les activités économiques, et donc les investissements, seront évalués. Une plateforme sur la finance durable (autre que la «plateforme internationale» dont il est question dans la section précédente), qui sera établie conformément au règlement récemment adopté, conseillera la Commission vis-à-vis des critères. Le règlement souligne la nécessité que des experts disposant d’une expertise mondiale participent à la plateforme, conformément à la potentielle applicabilité internationale des critères qui en résultent.

(185) https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/QANDA_19_6116.(186) Le règlement établissant une taxinomie prévoit un cadre général qui permettra de mettre en place progressivement, à l’échelle

de l’UE, un système de classification des activités économiques durables sur le plan environnemental.(187) https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/IP_19_6793.(188) Les obligations de publication d’information diffèrent en fonction du type de produit financier, et selon qu'il est commercialisé

comme poursuivant des objectifs environnementaux.

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Pour gérer la transition mondiale, il est nécessaire de mieux comprendre les grandes tendances sociétales et les moteurs d’investissement, ainsi que les modes de production et de consommation à l’échelle mondiale. L'approfondissement et la diffusion des recherches et des preuves scientifiques concernant les multiples avantages socioéconomiques et écologiques, notamment la création d’emplois et de richesse et les économies de coûts, faciliteront la transition nécessaire. Il est nécessaire de disposer de davantage de connaissances sur les stocks et les flux de matières premières primaires et secondaires dans les différentes régions du monde. Rares sont aujourd’hui les analyses détaillées sur l’incidence de l’économie circulaire sur les différents secteurs, pays et marchés résultant de la modification des modes d’échanges et d’investissements, des volumes et des interdépendances, ni sur les conséquences sociales et environnementales qui en résultent. Il s’agit notamment d’analyses sur l’incidence des mesures au niveau de l’UE sur les pays tiers, qui doit être mieux comprise pour garantir la cohérence des politiques de l’Union.

Des lacunes persistent également dans les connaissances relatives à l’identification des pratiques de production et de consommation durables, concrètement et à l’échelle, pour que les activités de l’économie circulaire atteignent leur potentiel. Pour être en mesure de concevoir des politiques d’appui, il est également nécessaire de mieux comprendre les raisons motivant les investissements privés dans la recherche et l’innovation en faveur de solutions d’économie circulaire, ainsi que les obstacles à de tels investissements. Le travail doit également se poursuivre pour parvenir à des opportunités nouvelles et innovantes d’économie circulaire et se doter des moyens de saisir ces opportunités, tels que la finance et les investissements, ce que des actions de coopération internationale et régionale à l’échelle de l’UE pourraient soutenir.

De nouvelles recherches sur la conception et l’utilisation d’instruments fondés sur le marché peuvent jouer un rôle important pour améliorer

l’utilisation efficace des ressources et promouvoir l’économie circulaire. La coordination des travaux de l’IRP et de l’OCDE(189) peut s’avérer particulièrement utile. En collaboration avec d’autres organisations pertinentes, l’IRP et l’OCDE pourraient analyser les implications de l’économie circulaire pour les pays dépendant de ressources, et pourraient par exemple présenter un rapport initial en vue de son examen éventuel par le G20 dans le cadre de la présidence indienne en 2022.

Enfin, un domaine de travail important concerne les empreintes, qui sont des estimations de l’impact (environnemental) de la demande de produits et services, en saisissant les impacts de la production au niveau national et à l’étranger. Deux indicateurs ont été développés par le Centre commun de recherche de la Commission européenne(190): le premier est l’empreinte de consommateur, qui évalue l’incidence moyenne d’un citoyen au moyen de l'impact des biens et services qu’il consomme; le second est l’empreinte de consommation, qui évalue les incidences des modes de consommation à l’échelle nationale. Les deux indicateurs peuvent servir de base pour tester davantage les scénarios d’économie circulaire et les modifications de modes de vie des consommateurs au-delà de ce qui a déjà été fait. De plus, Eurostat produit entre autres des mesures de l’empreinte sur les matières premières, de l’empreinte carbone et de l’empreinte énergétique à l’échelle de l’Union. Chacune est pertinente pour l’économie circulaire. Les empreintes à l’échelle de l’Union d’Eurostat se fondent sur les normes du système des comptes intégrés de l’environnement et de l’économie (SCIEE, 2012), un cadre statistique international soutenu par les Nations unies, la Commission européenne, l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds monétaire international (FMI), l’OCDE et la Banque mondiale. La Commission met en place la production régulière de séries chronologiques de tableaux internationaux / intersectoriels (projet FIGARO). Ce travail permettra d’évaluer

(189) L’OCDE développe aujourd'hui une analyse des conséquences macroéconomiques des politiques visant à améliorer l’utilisation efficace des ressources et la transition vers une économie circulaire, dans le cadre de son projet RE-CIRCLE (http://www.oecd.org/environment/waste/recircle.htm) et en s’appuyant, par exemple, sur son rapport intitulé «Global Material Resources Outlook to 2060».

(190) Sala et al. (2019), Consumption and Consumer Footprint: methodology and results. Indicators and Assessment of the environmental impact of EU consumption, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, ISBN 978-92-79-97256-0, doi:10.2760/98570, JRC 113607.

LACUNES DANS LES CONNAISSANCES8.

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les empreintes de chaque État membre ainsi que leurs flux commerciaux bilatéraux. La Commission coopère avec l’OCDE, dans le cadre du projet FIGARO, pour développer davantage la méthodologie d’estimation de l’empreinte sur les matières premières et identifier des meilleures pratiques de communication. La Commission coopère également avec la division de statistique des Nations unies en ce qui concerne le développement d’applications et d’extensions du cadre du SCIEE, qui intègre d'autres empreintes que l'empreinte environnementale. Les travaux futurs pourraient se concentrer en particulier sur la disponibilité et la comparabilité des mesures des empreintes au niveau mondial.

Il existe plusieurs groupes scientifiques et politiques internationaux qui fournissent des conseils stratégiques aux publics internationaux sur des thèmes liés au développement durable. Il s’agit notamment: de l’IRP, de la Plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques

(IPBES), du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), de l’interface science-politique de la convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, et du Groupe technique intergouvernemental sur les sols (ITPS) du partenariat mondial des sols. Une part importante de leurs travaux nourrit les négociations internationales dans le cadre de conventions internationales spécifiques ou sont fournis aux organes des Nations unies. Les méthodes de travail pourraient être plus efficaces, par exemple, en organisant de manière régulière des réunions et des travaux conjoints des groupes scientifiques et de leurs secrétariats sur les liens entre différents thèmes et l’utilisation efficace des ressources / l’économie circulaire, et en envisageant des synergies possibles des futurs programmes de travail, comme cela est déjà le cas dans le domaine de l’observation de la Terre dans le cadre de Copernicus au sein du comité sur les satellites d’observation de la Terre ou du réseau mondial des systèmes d’observation de la Terre.

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Manuscrit achevé en Mai 2020

1ère édition

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Luxembourg: Office des publications de l’Union européenne, 2020

© Union européenne, 2020

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SWD(2020) 100, 11 March 2020

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