Montesquieu et Nous

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16 8 9 t9I 9 MONTESQUIEU ET NOT]S Henry Mialhe d.e 1 rAcad.émie l,lontesquieu

description

Ouvrage non publié d'Henry Mialhe sur la vie et les œuvres de Montesquieu (Lettres Persanes - l'Esprit des lois). Année d’impression : 1989 ------------------ Unpublished book from author Henry Mialhe regarding Montesquieu and his work’s legacy (Persian Letters – The Spirit of the Laws). Printed in 1989.

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MONTESQUIEUET NOT]S

Henry Mialhed.e 1 rAcad.émie l,lontesquieu

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1689 1989

MONTESOUIEUET NOTJS

1989: Bicentenaire d.e l-a Révolutj-on Française.Mais aussi : Tricentenaj-re d.e Ia naissance d.e MONTESQUIEII.

Or, les chapitres de Itf lEsprit des 1oisil consacrés à llanalysed.u rrGouvernement d.émocratique ou répub1.j-cainrr et d.e ses possiblesaltérations apr:araissent d-rune actua1j-té d.rautant pJ-us étonnanteque MONTESQUIEU nrett jamais imaglné que ce régLme politi-que ftt,un jour, instauré en tr'rance.

C I est pourquoi nous avons d.onné à cet ouvrage Ie titre d.e

sa d.ernière partie, TTMONTESQUfEU ET NOUStt, qui est précédée de Iabiographie du sympathique baron d.e I,a 3rèd.e, d.tune esquisse d.e sesrelations françaises et étrangères et d.e ses ooinions, d.tune ana-lyse d.es rrI,ettres Persanestt et d.es chapltres d.e rrlrEsprit d.es loistlse rapportant à notre sujet. Sans omettre bien évi-d.emment - IaConstitution d.es Etats-Unis drAmérique, née d.e t,ltEsprit d.es loisrr,et d.ont Ie récent bicentenaire fut céIébré avee faste par Ia trMon-

tesquieu Found.atj-onrr créée à ÿÿashi-ngton pour cette ci-rconstance.

la d.ernière partie met en lumière 1e sensphétiqtre d.u sociologrre d.ont rtJ.e grand, ouvragerr,rernporta un succès si rapi.d.e que VoJ-taj.re ne Ie

Henry lvlfAI:Fm

de ]-rAcadémie lrlontesquieu

véritab1ement pro-pub1-ié en 1'148 ,1ui- pardonna jamais"

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'rDans ].es monarchlee extr6mement abaolues 'l.es historJ.ens trahlssent Ia vérlté' parce qurlle nront

pas Ia liberté de Ia dlre;

d.ans J.es Etate extrêmoment J.lbree t

i]-strahissent].avér1téàcausede].eurlibertémême'guir produisant toujours d'es d'lvislons'

chacun devient aussl escJ-ave d'es préJugés de sa faction

qu I iI }e s eralt d- t un desPotett '

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('rl- r Esprit d.es loisrr , llvre xIx, chap ' 27)

AVERTTSSEMENlS

à propos des citations présentées:

* le lecteur voudra bien tenir compteq.ue Ie vocabul-aire et Ies tournures d.e phrased.es citatj-ons tirées droeuvres d.e Montesquieusont respectées dans J.eur forme originaJ-e;

iÉ que J.es mots ou membres d.e phrase entre parenthèsessont d.es explications d.onnées par 1e présentateur;

iÊ q.ue Ie trait soulignant certains mots ou membresd.e phrase sont aussi Ie fai-t du présentateur.

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IrDans les mOnarchlee extrêmement abeoluast

J.es historj.ene trahlssent Ia vérlté' pa.rce qur1).s nront

pas Ia Iibarté de Ia dlre;

d.ans ]-es Etats extrêmement Ilbree 'ilstrahissent].avérltéàcausedeleurlibertémême,euir prod.uisant toujours des d'lvis1ons'

chacun d-evient aussl esclave d'es préjugés de sa faction

quIiI Ie seralt d.tun desPote"'

I( "1r Esprit d.es ]-oisrr , Ilvre xIx, chap ' 27)

AVERTTSSEMENTS

à propos des citations présentées:

rÊ Le lecteur voudra bien tenir compteq.ue J.e vocabulaire et J.es tournures d.e phrased.es cj.tati.ons tirées d.roeuvres d.e Montesguieusont respectées d.ans leur forme original-e;

ri que Ies mots ou membres d.e phrase entre parenthèsessont des explications d.onnées par ).e présentateur;

it que J-e trait soulignant certains mots ou membres

d.e phrase sont aussi 1e fait du présentateur.

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IIïOI'ITITSQUIEU »ËrrNI PAR IJUr-MEI'IE dans ses "Penséesrr:

i - "Je nrzri pas aimé faire mtir fortune par Les moyens de Ia Cour.Jrai son6é à Ia faire en faisant waLoir mes terres et à tenir toutema fortune immédiatement de 1a main de Dieu'r'

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',Quelqutun de bien placé me fit entendrc qupension; je lui ai dit guer nrayant pas fait dep.= besoin clrêtre consolé Par des grâces. Je neni pension, ni honneurs, ni distinctions; ie me

ré compensé par 1 | air que i t y respirerr .

I on me donnerai-t unebassesses, je nlavaisdemand.e à ma Patrietrouve amplement

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"Quand jrai été dans 1e monde, jevais souffrir la retraite; quand jtaiplus songé au monder'.

"Je souhaj-te avoir des manières simples, recevoir des servi.ces1e moins que je puis, êt en rendre fe pJ.us quril mrest possiblerr.

"Je suis amoureux <ie 1 tamitié rr "

QUEI4UES JUGEMET,TTS extra1ts des I'Pensé es tr :

"tra plupart des orinces ei des ministres ont bonne volonté; i1sne savent cornrnent s l3r prendre " .

t'Ce qui manque aux orateursen J-ongueurt'.

".ie nlaime pas )-es oiscoursdr osteniationrr .

en orofondeufr, ils vous Ie donnent

oratoires, cc sont des ouvrages

- "Ira plupart des hornmes sont p3-us capables de grandes actionsque d.e bonnestt.

I fai ainé comme si je ne pou-été dans mes terres, je nrai

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ttDeux espèces d. t hommes : ceux

'- rrOn ne saurait croj-re',;usqutde lradmi-rationrr.

'rOn nrappelJ.e pJ-us un grandrevenus publics, mais ceJ-ui quice quron appelle des expédi-entsrl

qui pensent et ceux qui arnusentr'.

où a été dans ce siècle Ia décad.ence

mi-nistre Lrtt sEge dispensateur des

: d.e l- I industrie ( habi-Ieté ) , et de

I'Quand, dans un royaume, ir y a pl.us d.ravantage à faire sa courqurà feire son d.ewoir, tout est perd.ur.

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fu-7+z/æ1989 est lrannée dtune double céIébration: le bicentenaire cie

Ia Révolutj-on Française, et Ie tricentenaire de 1a naissance deMontesquJ-eu.

Irroeuvre maitresse et universellement connue de Montesquieu,"l-rBsprit des 1ois", fut publiée en 174Ar âu mi-lieu de ce XVIllemesièc1e où 1a monarchie absolue, Ies prj-vilèges de classe et IesinégaIités sociales qui en résuJ.taient étaient 1!objet descritiquesd.es rrphiJ.osophesrt,sources drun mécontentement qui aboutira à IaRévolution. Une précision s I impose: rr1 tEsprit des J.oisrt est uneétude savante, aporofondie, mais sereine des trois formes possibJ-esde gouvernement: Ie despotique nous dirions 1e fascisani -,1ernonarchj-que avec ses di.,'erses appJ-ications, et 1e ''démocratiqueou républicain't.

I'a J.ecture de "J-rEsprit des )-ois't indique J-rattrai-t de J.rauteurpour u.ne monarchie parlementaire, comparable à Ia monarchie anglaisecomportant une Chambre haute The House of lords et une Chambrebasse - The House of Comrnons. Aj.nsi, Ia noblesse et Ie peuple cons-tituaient un ParJ-ement. Mais Montesquieu préconj-sait une Chambre desCommunes é1ue au suli'rage universe]., non au suffrage restreint.

Eti-iI été nart j-san ou :.é,q j-me réoublicain de 1 789 ?

rrui seur aurait pu répondre à cette questi on. compte tenu que1e sociologue disoaru; irente-quatre ans awant ceite date, norlsoevons sirnpJ-enrent retrouver dans "l tEsprit des loistt 1t §tucie d.escarac'Léristiques ctu RtGfi,tn RËPUSLf CAIN, d.es cond.iti ons d.e son bonfonctionnement, et des risques Crabus ou de dégradatiorrs qutil peuiéventuellemeni engendrer. I'ious serons queJ-o-uefois stupéfaits ,

en ]-isant certains chaoltres, de découvrj-r cles avertissements ouj-ressembl-ent à dr j-nqtiiéiantes proohéties !

Monteso^uieu J-imj-tait J.reff icacité du régimerépublicain à d.e petits États r oü à des groupes d.e petJ-ts Ëtats unispar des intérêts communs, teJ.s que Ies cantons suisses ou Ies Pro-vinces Unies (Pays-Bas septentrionaux). Ctest pourquoi, lorsquefes d.eux miJ.J.ions drhabj,.tants peuplant les "treize colonj.es angJ.ai-ses dtAmérique septentrionale" d.eviendront 1es Etats-Unj-s indépen-dants, 1es cinqu e Philadelphieconstruiront 1a sur Ies prin-ci-pes du 'rgouvernement démocratique ou républicainil d.éfinis d.ans"].tEsprit d.es lois'i.- AUCUNE autre constitution républicaine ne steninspire aussi totalement. Datée d.e 17e7, eI1e est toujours en vi-gu.ür. Au fur et à mesure d.e J.tadionction d.e nouveaux États, ou d.ecirconstances historiques, iJ- a suffi de lui ad.joj-ndre d.es rtarticJ.esad.dj-tionnels": le dernier en dàte, voté en 1971, étab].it 1e droitde vote à dix-huit ans; crest Ie vingt-sixième.

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lfIlERTü et nÉl'lOCnnffE - Ces d.eux notions sont lrarmature du gouver-nement républicain.

Ln IIBERTÛ est un idéal inscri-t dans Ia nature de lrhomme.Ira DÛMOCITATIE est ).e Bouvernement par le peuple d.ans Ia"res publicarr, fa rrchose publiquerr.

f 1 convient que 1e citoyen, rrtantôt su jet, tantôt souverainrr , selonltexpression de Montesquieu, soit doté dtune formation morale etc j-vique lrincitant à s I informer des réaIj-tés ses représentantséIus étant responsables de cette informati-on -, et à faj-re taireses ambitions, ses intérêts et son égolsme ).orsqulils'nui-sent à).tintérêt coJ-lectif. Un régime démocratique récIame plus qutunautre une sérieuse éducation civique. Cet enseignement est un d.e-voir pour 1es famiJ.les et 1es enseignants.

Les é1us, à quelque niveau de 1a hiérarchie qurils soient p1a-cés, ont le devoir de refuser des faveurs indi-viduelles ou co11ec-tives qui pourraient nuire à de légitirnes intérêts our à plus forteraison, à lrintérêt national.- I"laj-s Ie§ occasions d.e plaire à1télectorat sont fréquentes sans être toujours acceptables: 1té1udoit oser refuser sô.' ccord Ctest parfois dlffi.cil_e...

Autres inconvénients: la p].ura].ité d.es partis poJ-itJ_-ques, les factions au sein même d.e ces partis, J.a pression d.e grou-pements sociaux aisément coj.ffés par un parti poritique... Brei,lanation est sujette à d,es divisions qui affai-blissent son impactinternational et lrhomogénéité de sa résistance aux pressions ve-nues du d.ehors.- On pense au Premier Ministre britannique StanlÀyBaldwin sf écriant avec agacernent à 1tépoque d.e Ia menace hitlérién-ne: "En tr'rance, i1 y a quarante milrions d.e partis politiques! ilQuarante miLlions, crétait alors Ia populatiôn de 1à France.

Montesquieu analyse dans rrlrrsprit des }oi.s,, l-a juste ribertéet ses contrefaçonsr Ies avantages d.e ltune et Ies màfai-ts aesautres, et nous trouverons l-a matière de mises en gard,e contreles déviations d.ont nous sommes parfois J.es témoj_nË, sinon 1esvictimes.

DRorrS DE lrHoMME - I,eur définition ne sera pas cod-ifiée avant 17e9.ffi1!Espritd.es1ois,',Montesquieud'éfinissa'itSonéquiv spirera grand.ement 1a pre_mière votée aù 17 au eo Iiffiizegen se tituante.

Nouvelle Déclaration d.es Droits r €rr 75 arti-cJ.es, en Mai 179j;iIs annoncent l-a Constitution du 24 Juj-n.Précédant 1a Constitution d.e lrAn III, une troisième Déc1ara-tion des Droits de ltHomme, suivie des 9 articles d.rune Déc1ara-tion des Devoirs, sera é1aborée du J au 1? Aott 1795. tra Terreur

srétait 61issée entre Ia d.euxième et 1a troisième: trô 1,iberté,q.ue de crimes on cornmet en ton nom!", srétait écriée Mme Rolanddans Ia charrette qui Ia conduisait à Iréchafaud.,,

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,iororu ,u, DRorrsDE I,rI{OMME. transposant en grande partie dans son préambuLe et

""= lO ""ticles les principes de Ia Déclaration française de 1789,fut votée à Paris. Quarante-huit nations Ia signèrent; huitr Qüenous ne nommerons Pâs, slabstinrent.

Ce texte énonçait des princi-pes de comportement social- à lrin-térieur d.es Etats, et de comportement international drEtat à Etat"

Aucune clause sur 1e désarmement nry figurait. 11 ett étédifficile de sry engagerr €D échange de simples assurances paci-fiques venues du dehors.- Ainsi récemment, J.rambassad.eur à Parisdf une nation si-gnataire, mais engagée dans un conflit armé avecune nation voisine, fut interrogé par un journaliste de 1a té1é-vis j-on française: "Que11es sont donc, Monsieur l rAmbassadeur, J-escauses réel-Ies de cette guerre?. . La réponse fut froid.e et directe:t'Que voulez-vous, nous ne somrnes pas des anges ! rl

iuontesquj.eu ne se faisait aucune illusion sur 1râme'rangé1ique"des Etats ou d.es simples citoyens; se désarmer pour d.émontrer sabonne volonté pacifique ftt apparu à ce magistrat sociologuecomme une dangereuse nalveté. 11 déclare dans ttJ-tEsprit des loisrr,livre X, chapitre 2:

I'la vie des Etats est cornme ce).)-e des hommes I ceux-ci ontIe d.roit d.e tuer dans Ie cas de Ia défense naturel-l-e (f. 1égj.-time défense); ceux-Ià ont Ie droit de faire Ia guerre pourleur 1égitime conservati-on.

Dans Ie cas de Ia d.éf ense naturelle, j tai 1e droit detuer, parce que ma vie est à moi, comme 1a vj-e de cel-ui o-uinnratia-que esd à tui; de mêine un État fait Ia guerre, parCe quesa conservation est juste, comme toute autre conservati.onrr.

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- lressai q.ue nou.s proposons sous Ie titre'TMONTESQUfEU ET NOUS",à J-toccasion d-u tricentenaire de Ia naissance du philosophe,

L- qui colncid.e, à quelques semaines près, avec J-e bicentenàire de1a Révolution française, ,est ainsj. composé :

* APERÇUS BIOGRAPHIQUES. Sa viersoE caractère, sesrelatj-ons à Paris et en province.

x rrlEs ILETTRES PERSAIIES|r, oeuvre drun jeune auteurcritique et spirituel..

* rrlIESPRfT DES lOfS", oeuvre majeure.* IIITESPRTT DES T,OTSI' DAI'IS IA CONSTITUTTON DDS ETATS-UNTS.* MONTESQUIEU ET NOUS: Ia surprenante actualité d.es

chapitres de r'ltEsprit d.es Iois'lconsacrés au régime républicain.

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NOî]îS RTOGRA?HIOUES

Charles-louls de SECONDA:I, futur baron de tra Brède et d.e MON-1ESeUIEU, naqult au chêteau de tra Brèd.e 1e lB.Ianvier 1689.

Son pèrer gui )-ui 1èguera Ees tltres, éta1t d.evenu baron d.e11a Brècle par son marl&Ber en 1686ravec Marle-Franço1se de PESNEIqul apportalt dans sa d.ot Ie châ,teau et Ie d.omaine de tra Brède.f1 étalt capi-taine de chevau-Iéger au réglment d.e îi1ladet-Cava-I-eri-e, et gentilhonme- jurat d.e 1a ÿ11-1e de Bord.eaux"

.fusqulà 1lâge d.e trois ans, Charles-louis sera éJ-evé comme unbon petit paysan gascon par 1a meunlère d.e la Brèêe, .feanne Donna-d.ieu. PJ.us tard, i1 aimera parler dans leur dial-ecte provincialà ses fermiers et à ses paysansr et iL les traj-tera avec une auto-rj.té paternelle.

A orlze ans, i1 est reçu au cé1èbre coI1ège d.es Orator1ens d.eJuj.1}y, à une trentaine d.e kilomètres au Nord-Est d.e Paris.Deux ans plus tard, son cad.et Charles-louis ,Joseph viendra 1tyre joind.re: crest le futur d.oyen d.es chanoines d.e Ia basil-iqueSaint-Seurln d.e Bord.eaux.

le, durée d.es étud.es à üui-11y était de cinq ans. Outre uneformation cartésienne peu appréciée du pouvoir royal -rCharles-louis acquiert d.rutiles et confiantes re].ations avec 1e P.Desmo-lets, et avec Ie P.Malebranche d.ont ]-linfluence sera notoire.

Grand.e influence aussi- d.es rrEntretiens sur 1es sciencesrt duP.lamlr, Itdans )-esqueJ-s, nous d.it trouis Desgraves, on apprend.-?om-ment lron d.oit se servir d.es sci-ences pour se fa1re J.tesprit justeet 1e coeur d.roit, avec I-a méthode orétud.iern.

Départ d.e Juilry 1e 14 septembre 1705, après avoir soutenu unetrthèser'. Retour à Bordear::<: trois ans d.tétud.es à Ia Faculté d.eDroit (créée en 1+41 par Mgr.Pey-Ber1and.), rue Porte-3asse.Bache]-ier en Droit, 1e 29 Juil].et 17OB et ].icencj-é en Droit, Ie12 Aott.

le 14 Aott, i1 est reçu avocat au Parlement d.e Bord.eaux.le niveau d.e notre FacuJ-té d.e Droit l.ai.ssant alors à d.ésireÈ,

J-toncle de Charles-louis, 1e ConseilJ.er au Parlernent üean-Baptlsted.e Montesquieu persuad.e aisément 1e père d.u jeune avocat d.tenvoyerson fiJ.s à Paris chez un praticien qui ttl t initi-erait aux affaires ,tout en Ie laissant suivre Ie d.éroulement d.es procès au Parlementd.e Ia capitale et d.ans Ies autres jurid.ictionsrt.

Grâce arl Frère And.rleu, de Juillyr et à un autre oratorien,Ie P.Morant, charles-louis aura un patron à paris de 1709 à 1711.on ignore son nom, mais on a Ies preuves du travair assid.u d.echarles-louis: iI a réd.igé gept vorumes de notes, d.ont une analysed.es douze llvres du nCod.extrr' Ia ItCollectio jurisrt, et d.u rrlibeiauthenticortlmrr sur quantité d.e J.ois et coutumes. 11 réd.igea égale-ment les résumés précis d.es neuf procès auxquels i1 asslÀta pàn-dant cette période.

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A 1a suite d.e la trCollectio jurisrr, des notes sur 1es rrMaxi-

mes de droit du plaidoyer de llavocat généra1rr.

Dt réd.action d.run trDi-scours sur Cicéronrt. Rappelons-nous 1erô1e prlmordial maLheureusement défunt de 1a culture latine"

Charles-louis perdit son père 1e 15 Novembre 1711; sa mèreétait décédée ]-e 16 Octobre 1696.

7O Avr:-t 1715: 11 épouse discrètement (Ia Révocation d.e 1tÉditde Na;t;-tAit en vigueur depuj-s 1686) f. protestante Jeanne deIARTIGUE. Mariage dramour? - Pas exactementl disons que )-a doten argent et surtout en domaines par exemple à MartiJ.J.ac joux-tant la Brèd.e fut 1e principal argument.le couple aura trois enfants: Jean-Baptiste, dont Ie prénomun hommage au grand-oncle qui avait rend.u de grands servj-cesjeune avocat Charles-louis; 1a discrète Marie-Catherine, et

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Josèphe Denise qui deviendra rr3.a petite secrétairert et 1-tenfantpréféré d.e J-rauteur de ilIlEsprit des J.oJ.st'.

I,e fj-].s ainé Jean-Baptiste est venu au monde le 12 Février 1716à ltlartillac. lroncle Jean-Baptiste meurt 1e 24 Avril; iI 1ègrre àCharles-louj-s ses biensr J.e titre de baron de Montesguieu, et sacharge de Président à mortj-er au Par1ement de Bordeaux.

Cette charge de Président à mortier ne pouvait être décer-née qurà partir de 1râge d.e quarante ans; 1e nouveau Montesquieude Ia famiI1e, CharJ.es-louis de Secondat avait vingt-sept ans.Sans retard, d.es lettres patentes de d.ispense drâge lui- sont accor-d.ées; le 29 Juj-n, iI est é1u par J.e ?arlement de Bord.eaux, quri-Ipréside Ie 11 Jui11et. .. Ses occupations littéraires et ses séjourshors d.e Ia Guyenne llobligeront à vend.re cette charge en 1726.

Revenons à )-tan 1716. - Ltécrivain nta pas encore écrit J-es oeu-vres qui f eront sa renommée; cepend.ant, iI est é1u, 1e 3 Avri1,à lrAcad.émie Royale d.es Sciences, BeJ-J.es-lettres et Arts de notrevillereui avait é1,é fond.ée quatre ans auparavant. f1 prononceson d.iscours d.e réception J-e 1er Mai. Étu Directeur d.e lrAcad.é-mie Ie + Janvier 1718r iI y prononcera, pendant quelques années,d.es Itd.issertationsI q.ui semblent destinées, pour Ia p)-upart, àd.es chercheurs scientifiques.En était-il un?- Assurément, non.

Mais, comme beaucoup d.tesprits cuJ-tivés 6.. )çy111ème sièc1e, iIs I intéressa5.t aux progrès des sciences et aux savants qui 1esréali-saient. rr Iui arriva même d.e prendre part à querque expé-rience de ].aboratoire.

les thèmes d.e ses Itdissertationstr académiques, ceux du moinsdont l-e texte nous est parvenur er témoignent indiscutablement:

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I"1 ettons à part 1a rrDissertation sur la politique des Romainsd.ans 1a religionrr (t e ;uin 1716) .t Ia 'rDissertatj-on sur 1e systèmecles id.é es " ( i 6 Novembre 1716) , nous relevons :

15 Novembre 17172 'rEssai srur 1a différence d.es géniesrr.Ctest une d.issertation sur ]-tuti-Iité desrecherches sci-entifigues.rrLra cause de 1léchott.trTJrusage des glandes rénalesrt: on était trèsproche d.e 1a connaissance actue).le.

Entre-tempsrl-e ItJournal des Savantstt et l-e ItMercuretr pubJ.ièrentune note en faveur drunrrProjet drune Histoire physique de laTerre't I cette note ne sera pas suivie de réaJ-isatj.on.

1 er Mai 1718:25 Aott 1718:

1 er Mai 1720:25 Aott j72Oz

t'Sur Ia cause de Ia pesanteur des corps,t.

"Sur Ia cause d.e Ia transparence d.es corpstr.

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2O Novembre 1721 z rrObservations sur lrhistoire naturellet'.

Ire magistrat que fut Montesquieur âu Parlement de Bord.eaux,se manifestera souvent dans rtJ-lEsprit d.es l-oisrr, d,ont 1e ti.treest ].ui-même un i-nd.ice Son sens éIevé d.e J-a justice, de1téga1ité de tous devant l-es J.ois, de 1a to1érance qu,iI seraitdémagogj-que ei dangereux d.e confond,re avec 1e l-aisser-a11er, desdroj-ts quJ- ne sauraient annuJ.er ou affaiblir 1es devoirs, tous cesprincipes sont exposés dans Ie discours qu,11 prononça d.evant IeParl-ement à I I occasion de sa rentré e, Ie 11 }iovembre 1725 .

Précédé dtun rrTraité d.es d.evoirs" d.ont ]-tAcad.émie d.e Bord.eauxavai-i pris connaissance d.ès Ie ler Mai, et dlune dissertationdu 25 Août sur rtla Consid.ération et 1a réputatj-onr', ce d.iscoursdu 11 Itlovembre fut si hautement estimé que son éd.ition sera long-temps distribuée à chaque rentrée par)-ementaire. Quelques exiraitsen souligneront 1a teneur:

tr...vous pouvez tous d.ire en ce moment à ce peuple assemblé,avec 1a confiance d.run juge drrsraëI: I'si jtai commis quelque in-justice, sj- jrai opprimé quelqutun d,e vous, si jtal reçu d.es pré-sents de querqutun d.rentre vousr _eütiI éIève 1a voixr gutil parlecontre moi aux yeux du Seigneur (... )

Je ne parlerai donc poJ-nt de ces grandes corruptions gui, d.anstous 1"" temps r ont été 1e présage d,u changement ou de Ia chute d.esEtats(...)

"...supposant d.ans un magistrat sa vertu essentielre, qui estla justice, qualité sans laque1Ie ir nrest qutun monstre d.ans 1asociété, et avec 1aquelle iI peut être un très-mauvaj-s citoyen,ie ne parlerai gue des accessoires qui peuvent faire que cettejustice abond.era plus ou moins. 11 faut qurelle soit éc1airée,qurelle ne soit point austère, et enfin qutelle soit universelle.'r...11 faut encore qutune justice soit prompte. souvent lrinjus-tice nrest pas dans l-e jugement, eIle est d.ans Ies dé1ais ... "

tr...Autrefois Ies gens de bien menaient d.evant 1es tribunauxdes hommes injustes: aujourd.thui ce sont 1es hommes injustes quiy traduisent les Sens d.e bien. Ire dépositaire (emprunteur, d.irions-nous) a osé nier le dépôt, parce qutil a espérd qu" 1a bonne foicraj-ntive se lasserait bientôt de Ie demand.èr en justice; et 1eravisseur a fait connaitre à celui quriJ- opprimait, quril nrétaitpoint de sa prudence de continuer à lui demand.er raison d.e sesviolences. . .

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"...O vous qui employez pour nous séduire tout ce que vous pou-yez vous imaglner de plus inévitabl-e ( traduisons rra'r "eff icacet') ;

eui, pour nous mieu:< Sagner, cherchez toutes nos farblesses; quj-mottez en oeuvre la flatterj-e, les bassesses, 1e crédit des grands,l-e charme de nos amis, llascendant drune épouse chérie, quelquefoismâme un empire que vous croyez plus fort; qui, choisissant toutesnos passions, faites attaquer notre coeur par 1 I endroit 1e moinsdéfendu; puissiez-vous à jamals manquer tous vos desseins, et nrob-tenir que de l-a confusion dans vos entreprises ! (. . . ) Nous résis-terons à vos sollici-tations 1es plus hardies, et nous vous feronssentir J.a corruption de votre coeur et 1a droiture du nôtre.

11 faut que Ia justice soit universelle (. . . ) r,a justice d.oitêtre en nous une conduite généraIe. Soyons justes dans tous 1esl-ieux, justes à tous égards, envers toutes les personnesr êD toutesoccasaons.

tr...Avocats, (. ,. ) ie sais bien q.ue Ia l-oi d.rune juste d.éf ensevolls oblige souvent de révéIer des choses que la honte avaj-t ense-velies; mais c'est un ma1 que nous ne toJ-érons que 1orsqu,i1 estabsolument nécessaire. Apprenez de nous cette maxime, et souvenez-vous en touJouTs: NE DTTES JA}IAIS IA VÈRITÊ AUx DÈPENS DE voTREVERTU (souligné dans 1e texte). euel triste talent que celui d.esavo j-r déchirer 1es hommes I I;es saiJ-lies'de certains esprits sontpeut-être l-es plus grand.es épines de notre mj-nistère; e+, bien loinque ce q,ui faj-t rire Ie peuple puisse mériter nos applaud.issements,nous pleurons toujours sur 1es infortunes quron déshonore.

tr...Procureursr(...),-vos d.evoj-rs touchent de si. près 1es nôtres,que no\.Lsr Qui sommes préposés pour vous reprendre, aroua vous conju-rons de les observer. Nous ne vous parlons point en juges; nousoublions q,ue nous sommes vos magistrats; nolrs vor.r.s pri-ons d.e nouslaisser votre probité, de ne nous poi-nt ôter Ie respect des peuples,et de ne nous point empêcher dten être l-es pères'r.

Une citation extraite des rrPenséesrr nous semb]-e caractéri-seroes composantes primord.iales d.e 1a personnal.ité de Montesquieu:

"Presque toutes Ies vertus sont un rapport particulierd.run certain homme"à un autre: par exemptL, lraàitié, J.tamourd.e 1a patrie, 1a pitié, sont des rapports particuliers; maisIa justice est un rapport généra1. Or toutes )-es vertus q.uidétruisent ce rapport ne sont point des vertus'f.

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la gestion de ses biens fut un souci constant pour Montesquieu.Philosophe paysan, a-t-on dit, il- suivaj-t attentivement 1e rendementd.e ses domaines et )-eur développementret sren occupera avec unecompétence efflcace, sans, se contenter de Ia collaboration d.e ges-tionnaires bien choisis qui y séJournaient en permanence. On citepar exemple, des lettres qutil échangea avec des o.enologues fran-çais et avec des ital-iens rencontrés au cours d.e son voyage euro-péen. 11 discutait avec ses méteyers et ses paysansr prêsque tou-jours dans leur dialecte coutumier, l-e Sascon.

La cul-ture des céréaIes, êD fonction de Ia nature des terrains,1r él-evage des bovj-ns, des ovins et autres animaux de f erme , maissurtout J.a vente de ses vins ses rrcl-aretsrr -, assurai-ent de sol-idesrevenus. 11 dj-sposait en AngJ.eterre et à Paris drun petit réseeud.e hautes personnal.ités clientes de ses ttvins de T.a Brèdett "t,voJ.ontiers, propagandistes en leur faveur. Une gravure sur boj.s deR.Gautier-Constant reproduite dans "Ies Secondat d.e Montesquieurr,du. Prrésid.ent Jean-Max Ey]-aud, représente 1e baron de la Brède surles quais de Bordeaux, survei)-lant J.lembarquement de précieux ton-neau.:( à bord dlun vaisseau en partance pour l.rAngleterre.

Et lorsque se dessinera Ie prompt succès de l-tédition anglaised.e "J-tEsprit d.es 1ois", il- écrira plaisamment à son ami ltabbéGuasco: 'rT.le suc'cès que mon l-ivre a elt en Angleterre contribue,paralt-iJ-, au succès de mon vin"...

Ses d.omaines? - IJ-s sont nornbreux. Drabord, celui- de I,a Brèdeavec son château médiéval. I ctest l-a demeure r:référée.Cette baronniefut apportée en dot par la mère du philosophe, Françoise de Pesnel,à son époux Jacques d.e Second.at de l'lontesquieul l.es métairies d,e

Tanticoste, de Broustet; ce11e de CaIente, à Saint-lvlori11on; Roche-rnorin, à Iulartill-ac; lartigue, apportée en dot à Charles-louis parson épouse Jeanne d.e lartj-gue; dans ]rEntre-d.eux-Mers, }a seigneuried.e Raymond, dite rrRamonetrt, et l-es métairies de Bord.es, Coud,ret,Bariac, I,a Disme, Berlin, Grimard, I,ataste, I,aroque, l4onvesin,Feytey, Desse, Saint-Agan. En 1746, le mouJ-in d.e T;uzi-é, avec Ia mai-solr e'b J-es d.épend.ances, sera acheté; en 1751, la seigneurie d.e Bis-queytan, pour une moitié; Itautre moitié étant Ia propriété d.eI,1. de Curso].

Une maison à Clairac, dans la fami)-J-e de Jeanrqe d.e Trartigüê,sera Ia résidence préférée de 1tépouse du philosophe, quj- possédaiten propre dans cette région d.e l-ractuel d.épartement d.e lot-et-Garon-ne 1-es domaines viticol-es d.e Vivens, avec son agréable maj-son,Massac et Pauzie; sans oublier un bel hôteI parti-culier à Agen etIe château de Saint-l4arce1, à Bon-Encontre. Enfin, une maison àBordeaux, rue Neuve.

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Der.rx chapelles étaient consj-dérées comrne biens familiaux: l-achapelle Saint-Aon, sur l-a paroisse Saint-Martin de Blanquefort,et Ia chapelle de Goullard de Lande, incluse dans 1réglise Saint-Michel de Beautiran. - Citons auss j- deux rrbénéf j-ces ecclésiastiques,,qui furent gérés par Ie frère du sociologue, ltabbé Joseph de Montes-quieu, chanoine puis doyen de 1a basllique Saint-seurin de Bord.eaux:l-rabbaye de Fayse, dans 1e Saint-Emilionnais, et ltabbaye cister-cienne de Nizors, dans 1e diocèse de Comminges.

Précisons enfj-n q.ue J-e titre de Ba16n de Montesquieu fut concéd,épar lettres-patentes de février 16C6 au Sire Jacob de Second.at,arrière-grand-père du phiJ.osophe, "à lui et à ses successeurs" enrécompense de ses 'r bons, f idè1es et signalés services n . I'a terre etIe château de Montesquieu, propriété du baron,sont situés à quelqueslieues drAgen. Iàr château, iI ne subsiste que queJ-ques ruines, etce domaine est sorti d.e l-a famil-Ie après 1789. Mais l-e titre d-e baronest équitablement porté par l-es successeurs de Jacob de Second.at.

En 1726, Montesquieu await wend.u sa charge de Présid.ent au Par-lement d.e Bordeaux pour se consacrer- p)-us ]ibrement à ses travauxpersonnels; mais même au cours de sa longue absence de 1728 à 1711il- ne nég1 j-gea point son vaste patrimoine, encore qu I j-)- eut remisà Mme de Montesquieu une procuration dont el-Ie usa très sagementsous 1a protection du notaire de T'a Brède, digne de toute confiance,Me latapie. - De retour en France, J.a personnal.ité d.u grand. proprié-taire terien, ce11e d,u père attentif à ses enfants et ceIle d,eIrécriwain seront en parfaj-te harmonie. Effacée mai-s co,nsciencieuseet précise, Mme d.e Montesquieu étatt toujours présente en Aquitainelorsque son épotr:< partait pour de longs séjours dans J-a capitaJ.eou iI retrouvait des relations lj-ttérai.res indispensables à sespro jets, particulièrement à 'tses lois". 11 savait que Ie prétenti.euxItiascari].le des 'rPrécieuses ridicu]-esil de it{o1ière ntavait pas tout-à-fait tort de Droclamer: I'Pour moi, je iiens eüêr ]rors d.e Parj-s, i]ntest point de salut pour 1es honnêtes gens!"...'?honnêtes gensrrs lgnif iant I'p ersonnes d.e o^ua1ité , gens d I esprit " . . .

I"lontesc-uieu survei]-]-era attentivement 1es étud,es cie sesenfants et l-eur établissement d-ans ].a vi-e.

Ltalné Jean-Baptiste (MartiIIac,1'116 -, Bord.eaux, 1796) fit sesétud.es scoJ-aires au co11è§e Irouis-1e-Grand., à Paris, dirigé par 1esPères Jésuites. le secrétaire d.e Montesquieu, sur pJ-ace, étantchargé de vej.J.ler à son comportement. Crétait J.tabbé Duval.. celui-citenait régrr1ièrement Mme d.e Montesquieu au courant et 1ui d.onnaitéventuellernent des conseils tels q.ue ce1-ui-ci: nJe vous prie encore,Madame, de ne Iui point envoyer dtargent çlue je ne Ie sache;ltargententre Ies mains d.es jeunes gens à Paris d.onne Itoccasion de tous1es vicesrr. PIus tard, Montesquieu mécontent de liaisons d.e soirfi).s 1ui écrira sèchement, Ie 18 AvrJ.J. 1727: rrJe te prie, Iai-sseles femmes au reposrt!.. Entre nôus, iI ntavai-t pas toujours étéIui--même un modèl-e de vertu.

Jean-Baptj-ste éprouva, entre autresr uD amour platonique pourMme de Tencin. 11 avaj-t dix-huj-t ans; e1Ie en'avait 52 .La célèbredame et 1e père de Jean-Baptiste préférèrent en rj-re.Ce nrétait pasméchant.

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Jean-Baptiste deviendra ConseiJ.l-er au Par)-èment de Bordeauxlmais, comme de nombreux philosophes du XVfIIc siècIe, et plus encorepeut-être que son père, i1 se passionnera pour Ies sciences, parti-cuJ.ièrement pour 1es Sciences Naturelles auxque).les iI consacra unouvrage. fI d.eviendra membre de lrAcadémi-e d.e Bordeaux.

Marie catherine, drune quinzai-ne de mois plus jeune que Jean-Baptiste épousa 1e Chevalier Joseph Vi-ncent de Guichanères d.tArrnajan,originaire de Martil-Iac. Crest à peu près tout ce que lton sait delrainée des fiI1es d.e Montesquieu: une existence sans grand relief ,s emb]-e-t-iI.

Il- nren fut pas de même pour Marie-Josèphe Denise (Bord.eeur(,'1727 Agen,IBOO). A 1tâge de 14 ans, son père Ia fj-t entrer

"oÂ^.élève au couvent bénédictin du Bon-Secours, rue de Charonne à paris,où iI pourrai-t suivre de près son éd.ucation, ses séjours parisiensétant souvent plus longs que ses séjours aquitains; mais une périod.ede difficultés économiques va bientôt Ia ramener à la Brèd.e. Èr, 17+5,Denj-se épouse un cousin Se:cond.atr. God.efroy; crest une unj-on d.e con\re-nance, car Jean-Baptiste marié d.epuis ci-nq ans à Mar|e-CatherineThérèse de Itlons, nra pas encore dthéritier. le mariage d.e Deniseavec un Secondat permet dtespérer que l-e nom et les titres serontpréservés si Ie couple du fils aîné ntengend.re pas d,hériti-er mâl-e.

Denise srest nariée à C)-airac en tou-ue simplicité. T-le contratprévoit une substi-tution des titres en .faveur du Secondat qurel.J-eépouse, dans Ie cas ou Jean-Baotiste nraura*it jamais df hériiiermâ1e.

...Or, dans quatre ans, ou preseuer iJ- en aura un. Contempo-raj-n des prenières éditions de 'rlrEsprii des J-oisrt, et fiJ-Ieu1 deson granrl-père dont i1 portera Ies prénoms, CharJ-es-louis vientau moncle à Bordeaux, le 22 l[owembre 1749. le lendemain iI est bap-tisé "en Ia I{a jestat de Saint-André" r e[ )-tabsence de son parrainet grancr-père q.ue les éditions du |tgrand ouvrage" retiennent àPari-s... Dans une trentaine dtannées, il- se oistj-nguera commeoffi-cier du Roi, sous Rocirambeau, pendant }a guerre d.e J-rIndépen-d.ance d.es États-Unis.

I'lontesquieu eut toujours un secrétaire. ?end.ant 1es longuesannées d.e préparatj-on ét d.e réd.action d.e t'ltEsprit d.es Ioj.s", iId.icta son texte, comme iI dicta ceJ.ui des rrConsid.érations sur J.escauses d.e 1a grand.eur d.es Romains et d.e )-eur d.écadencetr et ceux d.espub1-i.cations et d.es communications quri). composait. LraffaibJ-isse-ment d.e sa vue contribua à rend.re indj.spensable cette coJ.J-aboration;d-ans 1es dernières années de sa vie, l-es progrès d.e sa cataracte,quti). ne se cLécid.a jamais à faire opérer, aboutirent à une cécitépresque complète. Mais Denise, sa trchère petite fiJ-Iert, son ind.is-cutable enfant préféré qui répond.ait d,e tout son coeur à sa ten-dresse paterneJ-J-e fut sa rrpetite secrétairerr pend.ant Ies annéesd.'achèvement de 'rl t Esprit des loisrr , c I est-à-dire avant 17 45 .A sa plurne on doit Ia majeure partie de la mise au propre de )-rexem-pJ.aire destiné à lrédition. lrouvrage était pratiquement achevéJ.orsqureJ-le se maria.

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Assurément, Montesquieu éprouvait une haute estime plutôtqurun 6rand amour, pour son épouse Jeanne de lartigtre.Mais on ].it dans ses ttPenséesft:

trAvec mes enfants, itai vécu comme avec des amis".

Cette amitié, on peut Penser qutelle fut vivement partagéeavec trla petite secrétairerr.

louis Desgraves raconte une charmante anecd.ote q.ui se situeIongtemps, très longtemps après Ia rédaction et Ia publicationd.e ill rEsprit d.es lois " , et après bien des évènements d-e 1 t His-toire nationale: en 1795. En célébration du quarantième annj-ver-saire de Ia mort de Montesguieu, Ie libraire pari-sien Plassanprépare une édition des[Oeuvres complètes" d'e 1récrivain.Informée de ce projet, Denise écrit à l-téditeur pour souscrireà un exemplaire: ItJe voLts prie de me met-ure au nombre des sous-cripteurs pour 1es ouvreges de mon tcère, et de vouloir me manderqueJ. sera 1e prix de 1a souscription...r'

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A son retour de Irondres, au pr j-ntemps de 1771 , Montesquieuétait soucieux de renouer avec ses relations parisiennes et aveclrAcadémi-e Française qui lravait é1u peu avant son d.épart pour 1epériple européen. Du second semestre de 1773 au premier seàestrede 1754, iI fréquentera lrAcadémie pendant ses séjours à paris;en 1714, précisément, il y présente dès sa sortie d.es pressesson livre des rrConsidérations sur }es causes de l-a grand.eur d.esRomai-ns et de leur décadencer',qui est un des matériaux d.u futurrrEsprit des loisrr auqueJ. iL travai).le dé jà.

En 1719 et en 1751, il sera élu Directeur par Itéminenteassemblée; et en 1746, 1!i11ustre savant Maupertuis q.ue 1e roi.d.e Prusse Frédéric II vient dtappeJ.er à Ia d.irection d.e ltAcadé-mie de Berl-in, 1e fait élire ]tMembre associé externett d.e cetteAcadémie.

lramiti-é d.e Montesquieu aÿec James Stuart î:-tz'James duc deBerwick mérj-te peut-être une mention particulière.- Fils natureld.u roi d.tAngleterre Jacques II et dtArabe].la Churchill, Berwicknaquit à Moulins en 1670. Son père, 1e roi cathoJ-ique exilé enPrànce, trouvera refuge au rrchâteau vieux'r de Saint-Germain-en-Éaye; 1e jeune homme se comportera-en noble français, successive-*.it'u.r, sàrvice de louis XfV, du Régent dtOrJ.éans et de louis XVo

Ses services lui vaud.ront dtêtre éJ.evé au grade de I'larécha1 d.e

tr'rance, et ctest avec ce titre qutil mourra en 1774 d.evant PhiJ-j.p-ps burg .

Berwick fut un tenips Gouverneur d.e Ia Guyenne (1716), et crestainsi que Montesquieu se )-ia avec Iui, Ie rencontrant à Bordeauxet ltaccueillant au château d.e I.,a Brèd.e. A cette époque, Berwi-ckavait acquis une seigneurie, d.ans ).tactuel d.épartement de lrOise;en sa faveur, I-rouis XfV éIeva cette seigneurie en duché-pairie.fI y recevait volontiers son ami Montesquieu quril rencontraitaussi à Paris.

lorsque Ia soeur d.u maréchal-duc, Henriette marguise de Renel,deviendra dame du pal.ais de 1a reine Marie Leczinska, son épouxFrançois comte de BuJ.ke)-ey étant 1ui aussi un fidèIe ami de Mon-tesquieu, cel-ui-ci va être introduit dans des familles tel1es queceIIe du maréchal de Matignon, cel-l-e de louis-Henri de Condé ducde Bourbon,'à ChantilLy, pour ne citer que les plus éminentes.

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En 17+7, iI fait à I-runéviJ-ler en lrorraine, un sé jour à Iacour d.u roi de pologne Stanj-slas leczinski, beau-père de trouis XV.Arrivé en compagnie de Mme de Mirepoix, iI retrouve d.es connais-sances parisiennes mêJ-ées aux personnalités lorraines.

11 écrit à Maupertuis (.fuin 1747 ) z

"I1 y a bien de 1a Joie et de Ia gaieté: ce sont touJours d.e

nouvelJ-es parties d.e plaisi-r et d.e nouvelles maisons d.e campagneà voir, de nouvell-es fêtes et surtout une très bonne musiquerr.

De son côté, I{me de 1a Ferté-Imbau1t, fi11e drune petite bour-geoise ambj-tieuse q.ui a su créer un des grands sal-ons <ie ParisI{me Geoffrin -,écrit avec 1e manque de d.iscrétion eui, dit-on,].a caractérise:

"I1 y fut reçu avec de grands honneurs plutôt pour son nomiJ-J.ustre que pour ses manières et ses discours. Montesquieur êreffet, affectait voJ-ontiers une simp)-icité dral-Iure q_ui touchaitpresque à Ia rusticité. Dans Ie domaine de I-'a Brède, on 1e rencon-trait courant les champs r uî long échal-as de vigne sur J- t épaule,un bonnet de coton blanc sur 1a tête, et iI arriva plus drune foisque des étrangers au paJs venus pour J-ui présenter leurs hommagesl-rinterpellaient en Ie tutoyant comme un vigneron, et srinformaientauorès de Iui de l-a demeure du célèbre i'lontesquieu. Te1 à peu prèsiI se montra, a Ia stupér'action généraIe, à Ia cour de l,u;eévi1le.11 venaii tout jusie alors cie 'i;erminer rr1 rEsprrt des J.oj.s't , et i1était si vérii;ablement epuisé par l-e travaj-l- quti-l fuyait touteconversation é1evée et nraooroait de parti prj-s que Ies sujets1es pJ-us vuJ-gaires'r.

louis Desgraves, qui e relevé cet-i;e citation de IIme de IaFerté-fmbau1t, commente pl-aisam,'tnent: rr Joints à ses tendancesnatureJ-J-es (1a simpllcite ciu comportement et J-e gott d.e se oèten-dre par ce qureJ-J-e qual-ifie de ttrusticj-tétr.) , ce besoin d.e reposbien naturef apres un te1 efrort incell-ectuel, cette 3-assitude,expliquent son attitude à l-a cour d.e StanisJ.as. I,e roi Stanislaset lrlontesquieu srentend.aient dtai].].eurs très bj.en et Montesquieune tarira pas dréIoges à 1régard de son hôte d.ans ses rrsouvenirsd-e Ia cour de Stanislas',leczinskirr.

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Le 27 Avrl,l 1754, Montesquieu assista pour ].a dernière foisà une séance d.e ltAcad.émie Française, qui lravait éIu Directeurun an auparavantr iI préstda 1télection de J.rhistorien Jean-Pierred.e Bougainville, frère aî.né de louis Antoine qui se distingueracomme explorateur des océans, chef dleecadre, et membre de llfns-titut pour ses travaux scientifiques"

De;u11let à fin Décembre, séJour en Guyenne.6on dornier sé-jour, end.eui11é par Ie décès de son frère, le d.oyen Josephren Àott"

De retour à Paris, rue Saint-Dominique, à peine a-t-i1 le tempsde renouer quelques contacts; Ie 29 Janvier, i1 slalite: affectioupulmonaire dlorigine gri-ppaIe; son médecin, lorryr comprend. bien-tôt que ses soins seront inutiles '

Son secrétaire, Saint-Marc, alerte ses arnis: voici Jean Darcetet î;-1-z-Patrick qui J-tavaient, J-lun et J.rautre, servi comme secré-taires; et voici Mme Dupré de Saint-Maur, 1es membres de 1a familLeFitz-James, Ie Père Castel - un des rares pères jésuites avec 1es-quels i1 sympathisa -, Ie chevalier de Jaucourt, 1e duc de luyneset lraimab]-e duchesse d'Aigul11on qui furent présents lorsque IePère Castel et 1e Père Routh 1ui apportèrent Ies d.erniers sacre-mentsl avant quri.J- se confessât, Ies deux eccJ-ésiastiques 1ui deman-d.èrent d.e rétracter ce qui avait pu choquer J.rEglise dans certainesrrlettres persanest' et dans Ia neutralj-té reJ-igieuse qe rrlrEspritd.es loistr... On ignore Ia teneur de ses réponses, exception faitett qutil ne voul.ait point que sa foi ptt être soupçonnéerrI cettephrase est inscrite d,ans lesttllémoired'dtun d.es témoins, 1e duc detruynes.

Montesquieu rendit 1e dernier soupir, 1e 1O Février 1755.',f1 mourut J-undi entre mes bras, écrira son ami et )-ointaill Da-rent Joseph d.e Ivlarans, ancien conseil-Ier au par'lement de Bor-deaux(... )Jrai eu Ia consol-ation de l-ui voir recevoir J.es sacre-ments avec toute 1rédlfication possibJ-e et conserver ses sentimentsjusques au dernier moment, mais je J.rai perdu ei iI ne mlen resteque d.es regrets superflus d-ès que (dès J-ors que) je ntai pas pu1ui conserver une vie aussi précieusett. (*)

le lendemain, en llabsence de ses proches qui ntavaient pa.s eu1e temps de venir à Paris, iI fut très d.iscrètement enseveli d-ansla chapeJ.J-e Sainte-Geneviève de 1tég1i-se Saint-Su1pice. Nty cher-chons pas son cercueil: lorsque, Ie 2l'iars 1796 (là Ventôsê an Iv)Ie ConseiJ- des Ancj-ensrou Chambre hauterinstitué par Ia Constitu-

'tion de ]-tAn IIf décid.a de transférer au Panthéon les re§tes deI4ontesquieu, on ne les'retrouva point. Un command.o de 1a lerreurétait passé à Saint-Su1pice, der:.x ans auparavant. les ossements,rassemblés pêIe-mêlerfurent emportés et jetés d.ans Ies catacombessans respect ni- d.ésignation.

(*) Cf.1dem tr.Desgraves.

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Faisons 1e point de 1r époque de La Régence - '1715-1727 où sesituent Ia gestation of Ia publication des 'rlettres persanesrr:

Lr interminable querelle du jansénisme aboutlt à 1a condamna-tion du théologien Pasquier Quesnel et de ses adeptes par Ie papeC1ément XI promulgant en 1717 Ia bulle I'Unigenitusr'; 1-es consé-quences, néiastes à bien des égards, de Ia Révocation de 1tÛd.it cleNantes (1686) contre 1es Protestants; la désapprobatj.on que susci-taient parfois Ies richesses considérables du haut clergé; la cen-tralisation du pouvoir de Ia monarchie absolue que cernait unecour nombreuse avide de profi-ts; Ia débauche des moeurs de cettecour, par 1e fait du Régent Philippe drOrléans, contrastant avecIe rigorisme que Mme de Maintenon avait j-mposé aupara.vant. -

Par ailJ-eurs, une répartition des charges fiscales qui esteouvent lrobjet de protestations,et une classe bourgeoi-se activequi srenrj-chit.- Enfin nous al.J.ions dire r?surtoutrr - 1e gott delrinformation, de Ia discussion e-c de Ia critique se déveIoppe,et ce ntest pas seulement dans Ie cl-an des rrphiJ.osophesrr.

Si Montesquieu lisait les gazettes, iI s I j-nformait d.e ltopinionpublique par ses contacts directs dans Ies milier:-:< les plus divers;son amabilité naturelle mettait en confiance ses interlocuteurs:paysans de ses domaines... I'Jtaime 1es paysans, écrira-t-i1 d.ansses ttPensées", i1s ne sont pas assez savants pour raisonner d.etravers!rr, bourgeois et comrnerçants de Bord.eaux, aristocrates etpersonnalités politiques de Paris, où i1 se rend.ait d.e plus en plusfréouemment, rencontres aussi avec ses amis ecclésiastiques qui- neIui reprocheront jamai-s dtavoir épousé une huguenote...

Pendant quatre ans , iI prépara un livre d.e critique pol1tique,sociale et môme religieuse - nul-lement contre Ie dogme qutil respec-tait -r choisit un éditeur étranger, seJ.on l,habituàe d.es auteursqui voulaient éviter Ie jugement préaIab1e d.e 1a censure, et ctestainsi que 1réditrice dtAmsterdam Suzanne de Car.rx publ1a les"lettrespgrsanes": 9t, afin de mieux brouirJ-er les pistesl deu-:< faussesadresses dtéditeurs furent mentionnées: ce)-]-e de ii..re Martearl, àCologne, et celle de Pierre Brunel à Amsterdam. Sans nom d,auteur..

Cent-soixante et une lettres r êD deux tomes d.e format in-d.ouze.Deux Persansr êrl visite à Paris, racontent ce qutlls voient et ce.qurils entend.ent, ltexpriment d.ans Ie style et sur Ie ton d.rétran-gers parfois surpris, parfois choqués. clest un procédé d.e vigou_reuse satire d.es moeurs sociares et po).itiques fiançaises,

".rrà"unê relative contrepartie dont le s1Âuo1. Jst éviaent: Ie d.ésord.requi règne au séraiI d.rusbek, à rspahanl pend.ant qurir voyage encompagnie de Ri-ca.

Pourquoi Montesquieu donne-t-il 1a parole à d.es persans?-Simplement, parce que lrOrient est à Ia mode, eüê cet exotisme luip1alt,et quril a enrichi sa bibliothèque des itVoyages" d.e Tourne-fort, des ttSix voyages en Turquie, en Perse et auJ( fnd.es Orientales"de lavernier, et des trVoyages en Perse et aux Indes OccidentalesIde Chardin

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DIautre part,et dans un genre différent, "1rEspion de GrandSeigneur" de Lritalien Jean-Paul l4arana, et fes "Amusements sérieuxet comiquesrr de Dufresnoy montralent des personnages venus d.tOrient,woire rêr" du Siam, qui srétonnaient de moeurs et de croyances sidif 1'érentes des leurs, 1es cri-tiquaient, ironisaient. . . I t auteurs rexprimant par feur intermédiaire.

Dans 1es 'rlrettres persanesrr, Montesquieu va plus loin que cesdevanciers ; et comme i1 fait preuve d I original-ité , 1e succès d.esI'Lettres" est immédiat, dès leur publj-cation à Ia fin de 1721 .

Son ironie est drautant plus plaisante q.ue 1a méchanceté en estabsente; tou jollrs iL refusera l-a méchanceté comme arme d.e trait,même contre ses ennemis. Sa préférence se porte vers Ie ridicule:

"Le ridicule jeté à propos a une grande puissancert! (t,Cahiers").

PARCOURANT I,ES''IETTRES PERSANES.I:

T'a badauderie des Parisiens: rr. . .Ah!Aht Monsieur est Persan? C t es-cune chose bien extraordj-naire!'r Et, comme en écho au ,tprécieuxridicul-eu de Molière qui s I exclamait : rrHors de par j-s , iI n r estpoint de salut pour les honnêtes gens (Ies gens respectablds)'r,1e Parisien des ttlettres persanesrt ajoute: rtcomment peut-onêtre Persan? r'

A propos {e 1téga1ité des sexes: ':Clest une grande question parmiIes hommes que de savoj-r slil- est plus awantageu:< dlôter au-xfemmes la l-iberté que de la J.eur laisser. 11 me semble qutj-Iy a bien des raisons pour et contre. Si J-es Européens disentquril- nty a pas de générosité à rend.re mal-heureuses 1es person-nes que lron ai-me, nos Àsiatiques répondent quti)- y a d.e l-abassesse aux hornmes de renoncer à ).rempire que 1a nature leura d.onné sur 1es femmes. Si on l.eur d.it gue Ie grand nombre desfemmes enfermées est embarrassant, j.1s répondent que d.ix femmesqui obéissent embarrassent moins qutune qui nrobéj-t pâs...rl

..."Pour qurun homme ptt se p1aindre avec raison de ).tinfidé-l.ité d.e sa femme, iI faud.rait quliJ- nty ett que trois personnesdans Ie mond.e; I1s seront toujours à but quand, iJ. y en auraquatre. . . tt

...t'I,es forces seraient égaIes si ltéd.ucation 1tétait aussi.Eprouvons-Ies (tes ,femmes) a.ans les ta)-ents gue 1téd.ucationnra point affaiblis', et Yrous verrons si nous sommes si forts."

Irrorgtreil professionnel: rrIl y a en France trois sortes d,tétats:1tég1ise, 1tépée et Ia robe (Ies parlementaires). Chacun a unmépris souverain pour 1-es deu:c autres; teJ-r par exempler guefton d.evrait mépriser parce qurJ.J- est un sot, ne llest souventque parce quri). est homme d.e robe.

11 nry a pas jusquratu< pJ.us wil.s artisans quj- ne disputentsur J.rexceJ-J.ence d.e ).tart qutiJ.s ont choisi; chacun stéIèveau-dessus de celui qui est d.tune profession différente, à pro-portion de l tidée qurir srest faite de 1a supériorité d.e Iasienne.'l

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:rrJe vois ici des Sens qui disPu-on; mals 11 semble quriJ-s combat-

tent en même temps à qu1 llobservera J.e moj-ns.

Non seulement i).s ne sont pas meilleurs chrétiens, maismême meilleurs citoyens; et ctest ce çLui me touche: car, dansquelque religj.on qulon vive, llobservation des l-ois, llamourpour les hommes, 1a plété envers ).es parents, sont toujours1es premiers actes de re11gion...tr

..."Un homme faisait tous.J-es jours à Dieu cette pri-ère:Seigneur, je nlentend.s rien (i. ne comprend.s rien) d.ans 1esd.isputes q.ue J-ton fait sans cesse à votre sujet; ie voud.raisvous servir selon votre volonté I mais chaque homme que ieconsulte vettt que je vous serve à la sienne. .. ir

. . .'tCependant je voudrais votts plaire, et employer à ceJ.aI.a vie que je tiens de vous. Je ne sais si ie ine trompe; maisje crois que Ie meiJ.J.eur moyen pour y parvenir est de vivre enbon citoyen d.ans 1a société où vous mravez fai-t naitre, et enbon père d.ans Ia famille que vous mtavez donnée.tt

Ires capripes de l-a mod.e: "Je trouve 1es caprices de Ia mode, cltezles Français, étonnanis. IIs ont oub1-j-é comment il-s étaienthabj-tJ-és cet été; iJ-s ignorent encore comment iJ.s Ie serontcet hlver: mais surtout on ne saurait croire combien i1 encotte à un mari pour mettre sa femme à Ia mode.

Que me servirait de te faj-re une <iescription exacte de l-eurhabi]-'] ement ei de leurs parures? une moCe nonve].]-e viendrai-tdétruire tout mon ouvrage, cornnle celui d.e leurs ouvriers; etavant que iu eusses reçu ma lettre, tout serait changé..."

.. . "QueJ.quefois 1es coiffures monieni insensibl-ement , etune révolution 1es fait descend.re tout-à-coup. f1 a été untemps que leur hauteur immense mettait 1e visage dtune femmeau rnilieu dre11e-même: dans un autre, c rétaient Ies pied.s quioccupaient cette place; 1es talons faisaient un piédestal- qui1es tenait en J-rair. Qui pourrait J-e croire? ).es architectesont été souvent obligés de hausser, de baisser, et d.téJ.argirleurs portes, selon gue J-es parures des f emmes exigeai-ent dreuxce changement;et Ies règ1es de leur art ont été asservies à cesfantaisies. On voit quelquefois sur un visage une quantité pro-d.igieuse de mouches, et el1.es d.isparaissent toutes Ie lende-main. Autref,ois 1es, femmes avaient de -'l-a tail1e et d.es d.ents;au jourd.rhui i1 nren est pas question...'!

;toise. re conseil (a" ra RégeniSj'lir"it]:"3;;":"::Ë;]t:.I":;approuver une d.éclaration qui 1e d.éshonore; ât iI 1ia enregis-trée d.rune manière qui déshonore J-e Consel1.

on menace drun pareil traltement quelques parlements duroyaume.

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TCes compagnies sont toujours odieuses (odieuses au Conseil);

e]1es nlapprochent des rois que pour leur dire de tristes véritésetrpendant qulune foule de courtisans leur représentent sanscesse un peuple heureux sous ].eur Souvernement, e1les vj-ennentdémentir 1a fJ.atterie et apporter au pied du trône les gémisse-ments et 1es larmes dont elLes sont dépositaires.

C rest un pesant fard.eau, rnon cher Usbekr eüê celuj- de l-avérité, lorsqu I i1 faut Ia porter jusqu taux pri-nces t . . . r,

Nous constatons que l"lontesquieu, alors Président à mortier au Parle-ment de Bord.eatrx, parle en magistrat drun évènement grave. I,e ton d.e

Ia satire plaisante serait d.épIacé; iI stexprime sur Ie ton d'unprocès.- E; outre, Rica ne sradresse pas à un compatriote dtlspahanou d.e Smyrner güê Itaffaire T,aw ne saurait intéresser, mais à Usbekqui en est, comme Iui-, iémoin à Paris'

l-a société: "Tre roi de France estle plus puissant prince de )-rEurope. fl nta poj-nt de mines d.ror

- comme fe roi d.tEspagne, son voisin; mais i). a pJ-us de richesses3 qr" 1ui, parce qu-tii 1es tire de }a vanité de =.= sujets, pJ.usE inépuisable que les mines. On 1ui a rru entreprendre ou soutenirir de grandes guerres, ntayant drautres fond.s que des titres drhon-,d neur à vend.re (critique d.e )-attvénal.ité des charges"), et, par

u.n prodige de J.torgueiJ- humain, ses troupes se trouvaient payées,ses places munies (fortifiées), et ses fLottes équipées.

Dlail-J-eurs ce roi est un grand magicien: i1 exerce son empiresur 1r esprit même d.e ses su jets; iJ- Ies fait Denser comme il veut.S li1 nta qurun miJ.lion drécus d.ans son trésor et quriJ- en aiibesoin d.e deu:r, iI nla q,urà J-eur persuader qu'un écu en vaut d.eux,et i1s 1e croient (d.éval-uation) . . . "

é ...t'If aime à gratifier ceux qui Ie servent; mais i1 paie aussiô tlbéral-ement 1es assid.uités olr. plutôt )-toisiveté d.e ses courti-

_oi sans q.ue 1es campagnes laborieuses de qes capitaj-nes. Souvent,I ir pré-rère un homme qui re déshabilie iàir""i";-;;-;;";;; Io,rlr,"r',,cJ à Versail).es) o, qui 1ui d.onne J.a serviette lorsqutil se met à

table, à un autre qui 1ui prend. d.es vill-es ou Iui gagne des ba-tai).les.Il ne croit pas que 1a grand.eur souveraine doive êtregênée dans 1a distribution des grâces, et, sans examiner si. celuiqu I i1 comble d.e biens est homme de mérite, iI croit que son choixva Ie rend.re teI...tt

...r'Quand'ie pense à 1a situation des princes, toujours entourésd.thommes avid.es et insatj-ab1es, je ne puis q.ue 1es pJ.aind.reretje les plains encore d.avantage J-orsqutil.s ntont pas Ia force d.erésister à des demand.es, toujotrrs onéreuses à .eu* qui ne d.eman-d.ent rien...r'

lrauteur imagine ensuite une ord.onnance royale caricatura).e dont voiciquelques citations:

"r,e courage infatigable de quelques-uns de nos sujets à nousdemander des pensions ayant exercé sans re1âche notre magnificenceroyale, nous avons enfi-n cédé à 1a multitude des requâtes qurilsnous ont présentées, lesquelles ont fait jusques ici ra plusgrande sollicitude du Trône. Ils nous ont représenté qutils ntontpoint manqué, depuis notre avènement à Ia couronne, de se trouverà notre lever; que nous les avons toujours vus sur notre passage

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inrmobiles comme cles bornes (. . . ) Nous avons nrême reçu plusieursrequêtes d.c. 1ri. part cIe quel.ques personnes du beeu se):e, 9\li nolrso.,i supplié de faire attention qu r lI est notoire c1u I elles sontdrun eâtretien très diffici].e; quelques-unes même,très surannées(chargées drannées)rnous ont prié,en branlant Ia tête, de faireattention qu I e1les on fait lrornement de Ia cour des rois nospréd.écesseurs, et quersi les généraux de leurs armées ont rendu1 ittrrt redoutable par leurs faits militaires ' eIJ-es n I ont pointrendu Ia cour mo j.ns cé1èbre par l-eurs intri-gues.. . rr

retour de si éminents services, "tout laboureur ayant cinq enfa.ntsretranchera journellement J-a ci-nquième partie du pain qutiJ- J-eurd.onne (...) Ordonnons que toutes personnes qui srexercent à destravaux vi-1s et mécaniques , lesquelles n I ont jamais été au leve:rd.e liotre Majesté, nrachètent désormais drhabj.ts à eux, à leursfemmes et à leurs enfants r Qüe de quatre en quatre ans. . .It

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...ttUn granC seigneur est un homme qui voi-t Ie Roi, eui parl-e.)E aux minisar,rês, eul a des ancêtres, des dettes et des pensions.'9 S tiI peut, avec cela, cacher son oisiveté par un air empressééE ou rcar un feint attachement pour 1es plaisirs, i1 croit ôtre Ie,d plui heureux d.es hommes (. . . t La Faveur est 1a grand.e divinité

des Français...rt

e propos de 1tÉA1ise et de ses représentants.-trle Pape est Ie chefdes chrétiens.Ctest une vieil1e idol-e quron encense par habitude.11 était autrefois redoutable aux princes mêmes: csr iI les dépo-sait aussi faci1-ement oue nos magni fi-ques sultans déposent 1esrois drlrimette et d.e Géorgie. ltlais on ne Ie craj-nt plus. I1 sedit successeur d.run des premiers chréiiens, quton appe)-J.e saint

3 Pierre, et ctest certai-nement une riche succession: car i1 a desË trésors immenses et un grand. pays (res États pontifi-caux) sousÊ sa domination.,oJ les évêques sont d.es gens de loj- qui -lul sont subordonnés

et ontrsous son autorité,deux fonctions bi-en Cifl'érentes: quanoi-1s sont assemblés (en concile), ils fonircomme 1ui,d.es articl.esde foi; quand i1s sont en particu).ier, i1s ntont guère d.rautrefonction que d.e dispenser d'applrquer La loi. Car tu sauras que1a reJ-igion chrétienne est chargée d.rune infinité de pratiquestrès diff iciles, et, comme on a jugé qu'iI est nnoins ai-sé de rem-p)-ir ces devoirs que dravoir des évêques qui en dispensent, on apris ce dernier parti pour 3-rutilité pubJ.iqr-le...rl

. . .rrles évêclues îe font pas des artic)-es de foi. d.e ).eur propremouvement.Il y a un nômbre j-nfini d.e docteurs, Ia plupart d.erwis(trad.uisons par membres d,es ord.res reJ.igieux) , gui soulèvententre eux mille questions nouveJ.J.es sur 1a Religion. On J.es laissedisputer longtemps, et Ia guerre dure jusqutà ce qutune d.écisJ.onvienne Ia terminer.Aussi puis- je ttassurer quri-1 nry a jamais eude royaume où iI y ait eu tant (autant) a. gueres cj-viles quedans celui d.u Christ... "

. . .rrles dévots entretiennent ici un nombre innombrabl-e ded.ervis (V. ci-dessus ) . Ces d.ervis f ont trois voeux: d.'l obéissance, depauvreté et de chasteté. on dit que 1e premier est le mieux ob-servé de tous; quant au second, je te réponds qulil ne ltest point;

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je te laisse à juger du troisième.Mais quelque riches q.ue soient ces dervis, i]-s ne quj-ttent

jamais Ia qualité de pauvresl notre généreux sultan renonceraitplutôt à ses magnifiques et sublimes titres. Il-s ont raison:êar ce titre de pauvres les empêche de 1r être.. . t'

a1lusion à Ia- Ilrosoérité des Protestants et des JuifsEt voici unede tr'rance, et à Ltesnrit dtintolérance religieusq en généraI:

...rrOn remarque q.ue ceux qui vivent dans des reJ-igions tol-éréesse rend.ent ordinairement plus utiles à leur patrie q.ue ceux quivivent d.ans Ia religion dominante, parce Quer éJ.oignés d.es hon-neursr Dê pouvant se distinguer que par leur opulence et leursrichessegr i-Is sont portés à en acquérir par leur travail, et àembrasser 1es emplois de la société fes pJ-us pénibles..."

..."Jravoue q_ue Ies hi-stoires sont remplies de guerres d.e reJ-i-gion. Maisr euton y prenne bien gard.e: ce nlest point Ia muJ-ti-pJ.icité d.es religions qui a prod.uit ces guerres, c'est J.respritdrintolérance qui animait ce11e qui se croyait Ia dominante;crestcet esprit d.e prosélytisme que 1es Juifs ont pris d.es Egyptiens,et gui, d.ter»c, est passé, comme une mal.ad.ie épidémique et popu-1aire, alr:( mahométans et aux chrétj-ens; crest, enfj.n, cet espri-tde vertige dont J-es progrès ne peuvent être regard.és que commeune écJ-ipse entière d.e J-a raison humaine.

Car enfj-n, quand iI nry aurait pas dri-nhumanité à affJ-igerJ-a conscience des autres; quand i.1 nten résu1terait aucun desmauvais effets qui en germent à mi1J-lers, iI faudrait être foupour sten aviser. Celui qui veut me faire changer d.e reJ-j.gj.onne Ie fait sans doute que parce quril ne changerait pas 1a sienne,quand on voud.rait 1ry forcer... r'

"Je par).e des prêtresn et de llautre sexe,

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qui se vouent à une continence éternelle: crest chrez 1es chrétiensIa vertu par exceIl-encel en quoi je ne 1es cornprend.s pasr ne s&-chant ce q.ue clest qutune vertu d.ont iI ne résulte rien.

Je trouve que leurs d-octeurs se contredisent manifestementquand. j.Is disent que 1e mariage est saint, et çLue 1e céJ-i-batr guilui est opposé, J.test encore d.avantage(...)

...'rJe ne te parle ici que des pays catholiques. Dans 1a reJ.i.gj.onprotestante, tout 1e pond.e est en d.roit d.e faire d.es enfants,r . . .

Et parce que "1e nombre d.e ces gens fai-sant profession d'e célibatest prod-igieüxtt, et que ttles d.ervis ont en leurs mains presque toutes1es richesses d.e ltEtatrrr Usbek préd.it que trJ.es protestants d.evien-d.ront tous 1es jours plus riches et pJ.us pulssants et 1es catholiquesplus faibles'r et q-ue les Etats protestants sont assurés d.rune supé-rj-orité économique sur 1es catholiqtles.

: Usbek raconte à MirzaTer J-es Troglodytes. Sa barbarie,

son égolsmer sâ violence aboutiront à sa proprê d.estruction.

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A lrexception de deux familLes qui survécurent, et qui seront J.esracines dlune nouvel-Le nation de Troglod.ytes à J-aqueJ.le elle trans-mettra ses vertus qui avaient tant manqué à leurs compatriotes:

...rrf1 y avait dans ce pays deu:< hommes bien singuli-ers(différentsd.es autres): ils avaient de lrhumanité; il-s connaissaient 1a jus-tice; i1s aimaient 1a vertu; autant Iiés par Ia droiture de leurcoeur que par Ia corruption de celui des autres, ils voyaient Iedésolation généraIe, êt ne Ia ressentaient que par Ia pitié:crétai-t 1e motif drune union nouveIle. fls travaillaient avec unesollicltude commllne pour llintérêt commun. . . t'

...rrUn peuple si juste devait être chéri des dieux. Dès qu'iIouvrit les yeux pour 1es connal.tre, i1 appri-t à 1es craind.re;et 1a religion vint acioucj-r dans les moeurs ce gue la nature yavait Ia j-ssé de trop rude. . . 'r

. . . "Dans ce pays heureux, le cupidité était étrangère(. .. )le peuple lroglodyte se regardait comme une seule famil-J.e . . .tr

Ce bon peuple Troglodyte vivait dans un état d.e paisible anarchie,l-a vertu civique qui I'ranimait suffisant à éclairer son sens d.e Ialiberté. Un jour vint où cette e>:trême lndépendance 1ti-nquj-éta:

. . .rrComme Ie peuple grossissait tous 1-es jours; 1es Troglodytescrurent quriJ. était à propos de se choisir un roi. fl-s convinrentouril fal-lait déférer l-a couronne à celui qui était 1e plus juste,et ils jetèrent tous 1es yeux sur un vieil.).ard vénérab1e par sonâgr et par une longue vertu... r'

f-,e vieil].ard se récusa. Devenir 1e souverain dtun Etat Iuiapparaissait comme une atteinte à J.a liberté rie Ia nation:

...I'Eh! o-ue prétendez-vous que je fasse? Comment se peut-iI queje commande quelo-ue chose à un Troglodyte? Voulez-vous qutil- fasseune action vertueuse parce que je Ia lui commande, 1ui qui Laferaii tout de même sans moi, et par Ie seu)- penchant de sa nature?(.. . ) Je vais bientôt revoir vos sacrés aleuxl pourquoi voulez-vous que je les afflige, et que je sois obligé de J.eur dire queie vous ai laissés sous un autre joug que ceJ.ui- de Ia vertu?t'

le sSrmbolisme de ce refus est évid.ent: un régime d,e monarchie absol-uen I est nullement préférable à un régime démocratique construit surla liberté sainement comprise, reposant sur Ia vertu de tous 1escitoyens.

Mais une société, uné' nation, nrest-e1re composée que d,e saints1a1,cs?- le magistrat et sociologue Montesquieu nra pas Ia na1veté d.e1e croire; draj-11eurs, i1 1ul sufflt d.rouvrir res yèux.

11 1ui faut plaid.er contre J.es abus et les d.éviations; 1 t ironieest un procéd.é efficace et iI permet d.taller 1oj-n d.ans Ia critique:"Jrai toujours rru que, pogr réussir d.ans Ie mond.e, iI fallait avoirJ.tair fou, et être sagen (pensées).

f1 sera sage au sens étymologique de ce mot en écrivant Ierrgrand livre": ^'ll rEspri.t -des 1ois" qul présentera un examen analytique

complet des différents régimes poJ.itiqués et de Ia justj-ce socialeavec 1a gravité q.ue ces études exigent.

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Nous venons de feui).leter 1es rrlettres persanesrr.

1,a vivacité, et parfois 1réIégante insolence de certaines dtentree11es font comprendre que Ia censure en vigueur ait d.t être contour-née pour Ia publication de llouvrage. On est surpris quleJ-J.e ntaitguèrè réagi lorsque 1es rflettres se répandj-rent avec 1e succès queI I on sait.

La liberté de pensée et d.ropinion nrétaj-t-el1e pas pJ-us ouvertequron ne 1ta prétendu?- lorsque Montesquieu sera présenté à Ia cour,Ie roi ne 1ui ad.ressera aucun mot d.e reprochel et nombreux furent1es membres de 1a noblesse et de lrEgJ.ise qui 1ui réserveront tou-jours 1e rnej.l-leur accueif . Faisons deux exc epti-ons : 1.es jansénisteset J-es Pères jésuites; mais Ies uns et 1es autres nrétaient-iIs pasen butte à une hostilité assez répandue?

Si certains J.ecteurs jugeaj-ent tel-Ie ou ie11e "lettrd' excessivei1s ]-isai-ent 1es autres avec Lln sourire satlsfait.

11 est certain que J. t esprit français se plaisait d.e plus en pJ-usà Ia critique politique et sociale. 11 a développé ce gottr âu pointq_ue J-ton pourrait se poser cette question:

t'De nouvelles ItLettres persanestr, visant certains aspects denotre génération, nrau:'aient-eJ-Ies pas pJ.us d.ri-mpact comme nousd.isons que tant de d.iscours poJ-itiques des d.iverses tendances, ettant de d.éclamations sociales, dont Ie style est plu-r,ôt dépourvu depiquante é1égance et Ies arguments drori.ginal.:-té?

"I'lutatis mutandi-srr, auraient dii J-es professeurs d.u jeune Charles-louis de l,lonteso^uieu au co1Iège d.e Jui11y, privilèges et abus delrAncien Régime feraient place à celtx d.u Nouveau. On mettrai-t à nu,çà et 1à, quelo_ue injustice, quelque renversement des va1.eurs moralesou des valeurs humaines... Un nouvel Usbek inviteraj.t un nouwel fbbenà méditer cette édifiante pensée: 'rTout homme esi capable de fairedu bien à un homme; mais crest ressembler atrx d.ieux que d-e contri-buer au bonheur d.rune société entj-ère! " ("lettre" XV).

Une restricti-on: en notre siècJ-e, 1. rEglise -cel1e clu clergésécuJ-ier et celle des ttdervist' des Ord.res reJ-igieux ntoffriraitcertainement pas de cibles à un nouveau Rica ou à un nouvel Usbek"

Nous d.isons: rrLa critique est aisée, mais 1.tart est difficilett.Lre chemin parcouru entre 1es rrlettres persanesttetItI,Esprit d.es 3.ois'inrest-iI pas équivalent à celui q_ui. sépare 1a critique et Itart?-laissant de côté 1a riche production de 1taüteui qüi stinteicaleentre Ies deux ouvrages, Ia première est une fresque de critique auxvives couleurs, Ia second.e une suj-te d.e tableaux inspirés par ltartd.e construire de construire J.es systèmes politiques et sociaux.

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En t960, ctest presque maJ.gré lul qurHenry de MontherLant seraéIu à lrAcad.émie Françalse; en 172A, crest presque malgré son oeu-vre - nous parlons des trlettres persanêsr'- que MOntesquleu futéIu. Certes, lrouvrage étaLt offlclellement anonJrmê, mais noussavons ce que llon pensalt de cet anonSrmat. Drautre part, sl lrau-teur cand.id.at avalt diplomatlquement renlé son 11vre, 11 ett alorsréd.uit singullèrement 1r importance d.e sês publlcatlons: i1 n I enflt rlen pour ne pas facillter Ia candldature drun ad.versaire,Mathieu Mâraj-s r êu fauteuil laissé vacant Ie 27 Octobre 1727 par1e d.écès d.e louj.s d.e SacY.

Mis à part 1es motifs qui pouvai-ent susciter 1'opposition delecteurs non académiciens des ttLettres persanesrr, j-I slen trouveun qui devait irriter d,es lecteurs académiciens : c t est la lettrefXXfff , de Rica à t+n*, qui tourne en d.érision 1téminente Académiefond.ée en 1615 par flouis XfII à lrinstigation de Richelieu.Un cand.id.at 6, X)(àme sièc1e aurait-i]- une chance dtêtre é1u, si uncertaln Ri-ca, son porte-parole, écrivait des phrases te11es guece]-].es-ci?:

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rr,1- I si OuImie françaisecar on d.it quet 1.ui impose

perJ-er d.rune espèce d.e tribunal quron appeJ.1-e J-rAcadé-. 11 nty en a point de moins respecté dans 1e mondeltaussitôt qutiJ- a décid.é, J.e peuple casse ses arrêts,d.es J.ois qu t j-I est obl-igé de suivre.

11 y a quelque temPs guê r Pour fixercode de ses jugàments (1e dictj-onnaire).était presque vie,::< quand. i1 naquit (. . . )

son autorité, iI donna unCet enfant de tant de pères

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Ceqx qui Ie composent nront d. lautre fonction que de jaser sanscesse: 1té1oge va se p]-acer comme d.e Iui--même dans leur babil éter-ne1; et sitôt quri).s sont initiés d.ans ses mystères, la fureur d.u

pr.régy"ique (sens pé joratif : é1oge outré) vient 1es sai-sir, et ne1es quitte P1us.

Ce corps a quarante têtes, toutes remplies d.e f igrrres, de méta-phores et d.tantithèses; tant d.e bouches ne parJ.ent presque que parèxclamation; ses oreilles weulent toujours être frappées par 1acad.ence et lrharmonie. Pour 1es yeu:<, iI nten est pas question:iI semble qutil soj-t fait pour parler, et non pas pour voir..."

En fin d.e compte,les rrciblesrr d.es nlettres,r, en grand.e majoritépartageaient avec Montesquieu J-e jugement qu,il- exprime d.ans ses"Penséesrr: rrtrorsque cet ouvrage parut, on ne 1e regard.a pas commeun ouvrage sérieux. f1 ne l-rétait pas. On pardonna d.eux ôu troistémérités en faveur drune conscience qui était tout à d.écouvert,qul portait 1a critlque sur tout et Ie venin sur rien. îout lecteurse rend.it hommage à lui-même. 11 ne se souvint'que d.e sa gaieté.I,lon se fâ,chait autrefoj-s (au temps d.es rrlettres pers.n""i1 commeon se fâ'che aujourd.thui. Mais.on savait mieux autrefois quand. i1fa].Lait se fâcherrr.

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Page 33: Montesquieu et Nous

Une élection à lrAcadémie Française devait être approuvee parIe roi, sur un rapport de son ministre drEtat chargé, dirions-nous'd.es affaires culturelf es. Ce ministre était le Cardinal de l'1eury.Lorsque 1e Secréterire per])étue1 de l t Académie, Itabbé Dubos , lritrformadu d.écès d.e louj-s d.e Sacy, il répondit:..'"Je nrai, Monsieurtaucunevue partj-culière pour remplir la place de I{.de sacy, dont vous mrap-Drenez la mort; je me rangerai au plus grand nombre de voix de lrAca-âZrià (... ) Je cioj-s que M.Ie président de l{ontesquieu srest déiàprés"rrié, mais je nrai pris aucun.engagement avec 1ui et nten pren-drai pour p"""oi.r. en .àtte occasion' " (*)

Trad.uisons: le Irlinistre approuverait 1e vote de 1tÂcad.émi-e, que]-qu t i1- soit.

lrabbé Dubos était un habitué du salon de Mme de lambert; Sacyen avait fréquenté "1es mardisrrI 1Iacadémicien Hénau1t et Montesquieupend.ant ses séjours dans Ia capitale faisaient partie, eux aussi,dui'"1.rr. Iambertintr. frt influence de 1a rnarquise octogénaire en 1721n'avait pas faj-bli... ("f .p.j4-7j).

pourtant, 1-es adversaires de 1a candid.ature de Montesquieu semanifestèrent vivement -

En cette période de sa vie, 1répou:< de Jean-ne de trartigue nepratiquaj-t point, à Paris, une irréorochable vertu conjugale. C t estainsi qurun oetit roman poétique et é1égamment érotique prend p1ace,en 1725 r efl marge des nombreuses pub]-ications historiques et philoso-phiques qui assureient sa céIébrj-té dans 1e monde grave et sérieux:c t est "1e TempJ-e de Gnider', inspi.ré par ttl-a coLrrrr d.e I'iIIe de Clermont.ttl.,e Temp1e de Gnide'r était présenté anonymement comme une traductiondroeuvre de l-a Grèce anti-oue.- Anonymat fragil.e. 11 ne semble pasrcependant, que l-es adversaires de l4ontesquieu à sa candid.ature acadé-mique aient tenu compte de ce petit ouvrage.

Crest par certains chapitres d.es trlettres persanestt qulil futmis en cause; et le principaJ. attaquant fut un Père jésuite, le PèreRené-Joseph lournemj-ne. 11 était brouiJ-l-é avec I'lontesquieu qui 1uireprochait une sorte d.e despotisme re1.igieux et drorgueil excessifau cours d.es réunions que,,Ie Père organisait, et d.anÀ les pages d.u'/Journal de Trévouxtt qutil éditait:...ttJe d.isais du p.Tourneminequri-I nravait aucune bonne qualité et quti]. était même un mauwaisjésuite!r'...Certesri1 ne portalt pas d.ans son coeur Ia Compagnie d.eJésus. Mais c | était Ia mode; et nous aurons 1r ob jectivitO àtad-mettrequril en fut et qutil en sera ainsi chaque fois que ltpglise sécu-1ière ne jouera pas pleinement Ie rôIe quton attànd. d,teile.

Un Ordre religJ-eux d.ont lraction missionnaire et enseignantesropposait vigoureusement à Ia progression d.u laisser-aIler, dontlrorganisation formée à une véritabJ.e d.iscipline mj-litaire - selonles principes de Saint fgnace de l,oyoJ.a et à"s compagnons d.e lrUnj--versité de Paris avec lesquels iI avait fondé Ia Cômlagnie en 1540tout cera irritait le ,1i.béralisme'f du )çy111ème. sièc1e.

( * ) Cf . idem l. DesEraves .

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Page 34: Montesquieu et Nous

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Les adversaires de Ia candidature de I\1 ontesquieu, cléçus de laT neutralité exprimée par 1e Carclinal Fleury, clépêchèrent un messeger

au Ministre dtEtat. Ce fut Ie Père Tournemine. Le Père eut ].rhabi-l-eté de préparer une sélection piquante des t'Lettre.o persanes " I ceIIeprobabJ-ement que nous avons présentée précédemment sans

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autre in-bention que d I en rire avec 1es amis de 1 rauteur, et de mon-trer que 1e lrlontesquieu des rrlettres persanes't était fort différentdu Montesquieu de "lrEsprit des J-oisir.

Le Cardinal Fleury n r avait lu 1es "Lettres " q.ue superf iciell-e-mentl cet homme dtEtat actif et sérieux avait-il- même ouvert Ielivre?- Quoi qutil en soit, Ia sélectj-on que lui Iut Ie Père Tourne-mine fut une réwélation inquiétante; les r'Iettres" XXIV et XXXVII,à propos du roi, et Ia "lettrerr xxrx, à propos du pape, lui apparu-rent impropres à une élection dans une académie royale. eue fàire?Exiger du candidat quril rétractât ces excès d.e langage?- Ce proces-sus ressenrblait trop à une combinaison de circonstance, inéIéiantepour les deux parties.

Le cardinal choisit Ia sol-ution dipJ-omatj-que: il reçut l*,iontes-quieu pour srentretenir avec Iui, sans témoin ni i.nterméd.i_aire:'rOn ignore tout des tractations qui se d.éroulèrent entre Ie j1 et1e 20 décembre; leur résultat seul est connu. E11es aboutirent à unefranche explication entre Fleury et Montesquieu. Les justificationsfournies par l-e candidat parurent sans d.oute suffisantes au cardi-.r.1 (... ) 11 cessa de brandir Ia menace d.u veto royal(.-.i Ai;"i,grâce à la sagesse de F1eury, 1a mauvaise quer-e11e- suscj-tée à Montes-quieu par ses ad.versaires tournait à leur confusion,r.(*)

I,es deux votes réglementaires de 1,Académie - Ie ZO Décembre1727 et l-e 15 Janvier 172e - apportèrent à Montesquieu une confor-tabl-e ma jori-té de boules blanches, contre Les bouies noires d.esrefus.

Son d-isôours de réceotion, prononcé ls 24 Janwier,fut très dis-cret: hommage traditionnel au prédécesseur, Louis de Sacy, hommagetraditionnel au directeur de ltAcadémie, hommage tre«ij-tionnel au roi.ce fut, d.it-on, à peu près tout. on l-e verra trois fois d.e suiteaux séances de 1lAcadénnie, avant son prochain départ pour Ie grandvoyage europédn qutil prépare. Trois séances où it p"=sera inaperçu:pas une interventionr Pâs un mot. comme si son sileice voul-ait d.ire:"vous voyez bien, mes chers coI1ègues, que je ne suis pas méchant!,ou comme sril venait dtouvrir Ia porte conduisant à une secondecarrière, tlne carrière d.e philosophe àt d.e sociologue srexprimantle plus sérieusement du inond.er êrr véritable maitre à penser.11 ne se contentait plus d.e Ia lecture d.es anciens auteurs grecset romainsr et des modernes européens, ni de lrobservation directed-e }a monarchie et de la société françaises. une étude, sur p1ace,

9"" principales nations européennes "i d.e leurs gorr.=r"ments luiétait nécessaire.

Déià, iI-étai-t prêl pour Ie grand. voyage au-deIà des frontièresqui durera plus de trois ans.( * ) Cf. idem L. Desgraves .

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- De Ira Brède, i1 rejoint Paris; Ie neveu dea off ert une place dans sa voiture: crest Irordambassadeur à Vienne du roi drAng1.eterre Georgeun di-plomate ne manque pas dtintérêt et assuredans 1a capitaJ.e autrichienne.

Bon voyage, cher Baronl

son ami Berwick luilValdegrave, nouveL

fI. Voyager avecdruti]-es contacts

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Désj-reux d.tétud.ier sur place 1e système po]-i.tique et socia]-, etles coutumes d.e plusieurs nations d. lEurope centrale et occid.entale,monté@eu quitte tra Brède en AvriJ. 1728. 11 nry reviendra qutenAott 1.711. Via Paris nous venons d.e ].e voir -, iI gagne ]-a capi-tale d.e ltAutriche, Vienner êr compagnie d.e lord. l'Ialdegrave.

lrAutriche, 1a Hongrie, ]-rItalie (Venise, Milan, Turin, Floren-cêr Rome, Nap1es), ltAllemagner Ia Holland.e ... Partout les plushautes personnalités IraccueiJ-)-ent, stentretiennent avec Iui. 11 avu 1e Pape au Vatican, d.es préJ-ats et d-es chanoj-nes d.ans p1.usieursvilles d.tItal.ie, aussi bien que 1e Prince Eugène de Savoie au ser-wi-ce d.e ltEmpereur d. lÀutriche, d.es d.ip1-omates, d.es hommes et d.esfemmes d.e haute J-ignéer un peu partout...

Mais son 1i-vre de notes, ouwert chaque jour, porte cLe précieusesinformations sur J-a vie populaire, Ie niveau d.es richesses, J-es pro-céd.és agricoles. les mines d-tÀlI.emagre et d.e Hongrie ont reçu savisite scientifi-quement commentée et seront citées au l-ivre XXI,chapltre 22 d.e tt)-tEsprit des J-oisn: trCeJ-J-es (tes mines) dtA1-1.ema-gne et d.e Hongrie, d.roù J.lon ne reti-re que peu d.e chose au-d.eIà d-esfrais, sont très uti1-es. E1les se trouvent d.ans J-rEtat piincipaJ.;e1-l.es y occupent pl-usieurs miJ-J.iers d.rhommes, eui y coneomment J.esd.enrées surabond-antes; e1Ies sont propreroent (à proprement parJ-er)une manufacture du pays.

les miges dtAJ.J.emagne et d.e Hongrie font wal.oir 1a culture desterres. . . lr

- T'a second.e partie d-u péripIe européen d.e Montesquieu sesitue en Àngleteme, particulièrement à lond.res. À eIIe seule, e1J-eretint l-e visiteur aussi longtemps q-ue 1.a première et joua ul rô1ebien plus important d.ans J-a gestation, l.a longue gestatJ-on, d-e nltEs-prit d.es loisrr.- Voilà pourquoi eI1e nous retiend.ra nous aussi d.a-vantage.

11 Octobre 1729: Départ d.e la Haye. 'rJe fis le voyage avec trordchesterfield. qui voulut, bien me proposer une pJ-ace sur son yachtn.

3 Novembre: Arrivée à lond.res.

sBS REIÂîIONS À loNDREs' En France, ir avaj.t noué des relations avec desÂngJ.ais: Berwick et Ies jacobltes réfugiés d.ans ta région parisien-ne; Horace Walpole rencontré au CJ.ub d.e 1-tEntresol; Bolingbroke,qui avait fait un 1.ong séjour à la Brèd.e; 1e savant Henry Sullyretun frlandais: MichaeJ. Clancy.- A lond.resr c€ sont l,Ia].d.eÂrave etlord Chesterfield., ambassadeur d.tAngJ-eteme à T.ra Hayer eui Itin-troduj-sirent à 1a cour et d.ans ]-es milieux po]-itiques lond.oniens.

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.l OctoUre tZ"O. Au château de Kenslngton, Montesquieu est pré-senté au rol George fI, à Ia : elne Caroline et au prince de GàIIes,Frédérlc. Sa connalssance suffieante de Ia langue anglaise Luifac1I1ta des entretiens 1ntéressants avec Ia reine, simplementplalsants avec Ie prlnce d.e Galles. Le roi George ne lui parut pasposséder de remar-quabtes qua).ités.

Dans 1a soc7été, i1 fréquente d.e préférence des Tories ou desÏ,Ihigs dissid.ents : John Carteret, comte de Granville, GuillaumePulteney, comte d.e Bath; lrun et lrautre rts lappuleront en 1749sur r'ltEsprit d.es loistt pouT d.lstinguer 1a puissance législatricede 1a puissance exécutricer(cf. L.Desgrare").trt surtoutl 1e ducde Richmond. et Ie duc de Montagu.

Grâce à ses rel.ations, Montesquieud.es Communes et d.e 1a Chambre d.es lord.s.

Mal-s préclsément, ces relatione travec Ia Cour, avec d.es hommes poli-tiques d.e liopposition et avec des réfugiés frangais attirèrent sur luilrattentlon d.e ltambassad.eur d.e FraJrce à trond.res, J-e comte d.e Broglie,inquiet d.e Ia prolongation d.u séJour d.e Montesquieu, de ses activitéset d.e ses propos't ("f . tr.Desgraves).-trlo,nbassad.eur envoie à son ministred'es Âffaireg Etrangères un rapport reprochant à Montesquieu d.e parlertrop librement d.e 1a Cour et d.u gouvernement d.e Ia France, même à f"reine Caroline3 .-.trII est entré très en avant sur ces d.eux chapitres,beaucoup m6me aù-d.eIà d.e ce qutll auralt dt, comparant ].tun avec 1lautre(1e mode de 8ouÿernement d.es d.eux paÿs)r J.ouant èxagérément celui d.r1n-gJ-eterre et cond,amnant J.e nôtre...r

vo1là pourquoi, sans d.oute, tra d.emand.e d.e Montesqui.eur ê,, d.ate d.u27 îé]rrter 1770, de rrremplir quelque place honorable,r dans ]-es ambassadeg(d-emand.e renouwelant ce11e envoyée d.e Yienne deux ans aupa.ravant) nreutpoint d-récho favorable.

Drautre part, i} wenait d.rêtre éIu à Ia Royal society et reçu franc-maçon d.ans 1a Grand.e loge créée à lôiEe" en 1717, I.une et 1ràutre pro-fessant d.es idées de tolérance et les avantages d.iun gouvernement sanstyrannie ni d-émagogie.

En réaI1té'il ne fut Jo-als ind.ifférent aux intérêts d.e la Franceet ne perdit jamais sa lucid.tté patrloti.que ; louis Desgraves a relevé,parmi d. t autres , d.es "Pensé es rr s1gaif icatives :

J( "I,es jalousies présentes entre ltAutriche et lrEspagne,d.run côté, et rtAngleterre, de ltautre, peuvent dewenir, à cetégard, avantageuses pour Ia Francerr.

JÊ rrGrande,maxime pour l-a France d.tobliger J.rÂngleterre d.!avoirtoujours une armée de teme. Cela 1ui cotte beaucoup d.rargent,llembarrasse par Ia mdfLance qute1.le a contre cette armée, d.imi-nue d.lautant )-es fond.s pour Ia mar1nen.

')r rrr-rrempire de Ia mer a-toujours donné aux peuples q.ui lrontpossédé une fierté (orgueil) naiurelle, parce qüri1. se sontsentis capables drlnsulter partout. IIs croient que leur pouwoirnla pas plus de bornes gue 1.rocéanm.

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article d.e foi,r, tout Ie mond.e se mit à rire. II y a un comj-tE--pour .o.r=-Eérer 1rétat d.e 1a religion; cela est regardé comme

rid,iculetr.

Avec une cluarantaine d.rannées d,tavance sur Ia Guerre d,e 1.tIndépend.anced.es nColonies anglaj.ses dtÂmérique septentrionalèt' les futurs Etats-Unis -t voj.ci une prophétie historique:

')Ê t'Je ne sais pas ce qui arrivera d,e tant d.rhabitants que ].lonenvoie d.tEurope et d-rAfri-que dans 1es fndes occidentales; mais jecrois que si quelque natj-on est aband.onnéé de ses colonies, ceJ-acommencera par l.a nation anglaisetr.

Cette citation, comme 1es deux précéd.entes et J-es troi-s suivantes, estextraite d-es rrlrlotes sur J-rAngleterrerr écrites pendant 1e séjour d-ansce pays ou d-ans 1es années suivantes.- Nlest-i1 pas étrange que certainscommentateurs de 1a pensée d.e J-rauteur 1'aient présenté comme un ad-mi-rateur incond.itionne]- d.e 1a nation d.rOutre-Manctre?

Nous )-isonsr pâr exemple:

* 'ttCrest une chose ].amentab]-e que 1es p]-aintes d-es étrangers,surtout d.es FrançaJ.sr eui sont à trond.res. I1s d.isent qutiJ.s nepeuvent y fad.re un amii que plus ils y restent, moins ils en ont(... ) Comment tes Angl.aiè aimeraient-iJ-s J-es étrangers? i1s nes t aiment pas eux-mêmes. Comment nous d.onneraient-il-s à d.lner?iJ-s ne se d.onnent pas à d.lner entre eux. t'lilais on vient d.ans unpays pour y être aimé et honorért. CeJ.a ntest pas une chose néces-saire; i1 faut donc fe.ire comme eux, vivre pour soi; comme eux,ne se soucier d.e personner nlaimer personne, et ne compter surpersonne. Enfin 11 faut prendre Ies pays comme i1-s sont: quand.je suis en France, je fais amj-tié avec tout 1-e monde; en Angle-terre, je nren fais à personne...tr')É '?Comme on necraindre drêtre

,ê rrl I argent estpeul!.

sraime point ici (en Angleterre), à force d.ed.uper ort d.evient d_urtt.

icj. éouwerainement estimé; 1.rhonneur et J.a vertu,1

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Ces notes sévères ne d.oivent pas nous faire croire que l"lontesquieuftt fermé à toute amitié avec des ÂngJ.ais; 1es exceilentes relationsqutil entretenait et quril entretiendra toujours avec d.es personnalitésd.e cette nation en seraient Ie d.émentl. E11es ill-ustrent nàtre apoph-tegme : t'L t exception confirme 1a règlett !

En revancher-Ie régimg mgnarchique anglais, avec ses DEUX CIIAMBRES DEREPRÊSENTAI{TS , avait ieu.

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Page 39: Montesquieu et Nous

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Un d.es derniers paragraphes des rrNotes sur lrAngleterre" exprlme cettepréférence:

* nll,An81eterro est à présent 1e plus libre pays q.ui soit au

mond.e, je nten excepte aucune répub1 ique: j tappelle Iibre, parce

que Ie prince nra le pouvol-r d.e faj-re aucun tort imaginable à q.ui

q.ue ce soit, pâr Ia raison que son pouvoir est contrôIé et borné

par un acte (consj-tutionnel); mais si Ia Ctrambre basse devenaitmaitresse, son pouvoir seraiÉ illimité' parce qureJ.J-e aurait en

même temps Ia puissance exécutive; au l.ieu q-urà présent 1e pou-voir i11imité est dans 1e Parlement (Chambre des Communes ou Cham-

bre basse, et Chambre d.es lord.s) "t le roi, et 1a puissance exé-cutive d.ans Ie roi dont 1e poutroir est borné.

11 faut donc qurun bon Ang1ais cherche à défend.re Ia 1i-bertéégalement contre les attentats d.e 1a couronne et ceux d.e J.a

Chambrerr.

Le chapitre 6 du livre XI de "l-tEsprit des J-oistttraitettDe 1a consti-tuiion d.rAngleterre'r; Iïontesquieu faii une remarque sur J.a juste applj--cation d.e ce pouvoir fibéraI:

* 'rCe ntest point à moi à examiner si J.es Ang1ais jouissentactuellement de cette ).iberté, ou non. 11 me suffit d.e direqurel-J.e est établ-ie par leurs 1ois, et je nten cherche pasdavantage". . .

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CIUB DE IJ I ENTRPSOTJ. -orga.nase e enPierre-Jo s ePhdans l-'hôte1

CIub politique et de controverse. Pendant 1a première et Iatroisième heure r on ÿ lisait des extraits de gazettes et des mé-moires. DrArgenson, ConseiJ-ler au Parlement et Conseil-l-er drEtat,y présentait ses rapports (droit, science politique et histoire);t'Ia l-iberté avec J.aqueJ.J-e iJ-s étaient exposés, les discussionsq.ui srensuivai-ent, Ia quaJ.ité d.es auteurs de comrnunications contri-buèrent au prestige du C)-ub de ltEntresol- qui devint, bien vite,un organe de réflexion et de controverse parfoi-s accusé dtinflu-encer J-e gouvernementr'. Parce que 1es Anglais Bolingbroke (préa-J.abJ.ement connu d.e Montesquieu) .t Horace Wa1po1e, al-ors ambassa-deur dtAngleterrer êD faj-saient partie, aux côtés de lrEcossaisRamsay, et que 1es Français ad-mis dans ce cl-ub étaient des spécia-J.istes des disci-plines étudiées, I'Montesquieu était certainementattentif à ces exposés sur les institutions oolitiques des diffé-rentes nations, sur 1es meilleurs systèmes de gouvernement et surles réformes nécessaj-res. ( "f . rrMontesquieutt, d.e L. Desgraves ) .

Par exemple, drArgenson traitait du I'droit ecclésiastique deFrancerr et, surtout, t'était chargé dtextraire d.es ttGazettesrr celioll-ande (irors censure, pâr conséquent) l.= nouve)-les imrcortantesconcernant 1a politique; il enwoyait ses notes, deux fois parsemaine, à Alary gui, dit dtArgenson, "y trouvait des remarqueset oes questions en marge, à quoi il- satisfaisait à mesure extrême-ment bien" I ces résumés formèrent rapidement un gros vol-ume dontd.rArgenson dressa les tabl.es aJ.phabétiques.

r' ...Ie chevalier André-Michel de Ramsay, drorigi-ne écossaise,catholioue et franc-maÇonr ancien précepteur d.es enfants d.e Jac-ques Iï1 en exi1, lutr €D 1727, J-es corrections de 1a nouve).J.eédition de sesrrvoyagês de Cyrusr', avec un rrDiscours sur Ia mytho-logierr (Ramsay, naturalisé français, avait été converti au catho-licisme par Féne1qr.). Pierre de Champeaux, futur résident d.e Franceà Genève, et M. de Balleroy se pcrrtageaient lrhistoire des traitésdepuis 1a paix de vervins (signée par Ia France et rrEspagne, Ie2 Mai 1598), M. de Verti]-].ac traitait de 1a descrj-ption- dàs i'go,r-vernements mixtesrr de Ia suisse, de Ia Pologne et de Ia Russie;1e comte drAutry faisait parei).J-ement ).a description d.es gouverne-ments drftalie et lisait queJ.ques morceaux de trad.ucti.on drauteursitaliens sur cette hj-sto j-re en géndra1 . Dans Ie même ord.re d.ridéesli. de PIél-io Iut'rl-e commencement dlune be1le d.lssertation sur legouvernement rnonarchi-que et sur 1es autres formes de gouvernementrt.11. dtobry avait été chargé de "lthistolre des Etats généraux etdes Parlements, mais i1 mourut peu de temps après sa réception,,.

( cf . "Montesquieurr , de I,.De=g"rr".) .

Réunion hebdomadaj-re (Ie samedi de 5 à B heures)1724, sur.J-o mod.èIe des clubs anglaisr par ).tabbéAJ.ary , à lrentresol quril occupait, pLace Vendôme,

d.u pré sident Hénaul-t.

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Autros membres: les abbés de Salnt-Pierre et de Pomponne 'i.eu composa l-e "DiaJ.ogue dere qu run éIégant exerclce deespotisme. C I est ains j., drail-des membres du c).ub qui axaits critiques dractualité.

En somme, 1e Club de ItEntresol avait, prématurémentr uD styledu XXo si-ècIe...

rCette assemblée, dont 1es oplnions hardles exerçaient une cer-taine influence sur lroplnion et dont on parlalt.môme à Irétrangerrporta ombrage au pouvoir quj- y mit fin en 1711" (.t ord.onnant saâiss"r"tion). (cr. trMontesquieur', de l.Desgraves).

Montesquieu nravait pas attendu cette dlssolutlon pour srenéloigner. 11 cessera de Ie fréquenter, âu plus tard en 172A, préfé-rant 1e salon de Anne-l"larie-Thérèse de Marguenat de Courcelles,marquise d-e I,ambertt

SAION DE l,lme DE IAI{BERT.- lrappartement de Ia marcluise de I,ambert étaitune portion de l-rhôtel de Neversr âlf jourdthui inclus d.ans 1a Bi-bliothèque IIationale. C tétait 1e rendez-vous d.es cé1ébri-tés , di_saitIe prési-dent Hénault: ?r... 11 fallait passer par eIIe (f. marqulse)pour entrer à ltAcadémie Française; on lisait 1es ouvrages prêtsà paraltre. TI y avait un jour de Ia semaine où lron y àtnait (ag-jeunaj-t): et toute 1'après-midi était employée à ces Lortes deconférences aca«iémiques; mais 1e soir, Ia décoration changeait,ainsi q.ue 1es €'"cteurs. Mme de I-rambert donnait à souper à unecompagnie plus galante: el1e se plaisait à recevoir d.es personnesqui se convenaient... rl

De Sceaux, J.a duchesse d.u Mainerépouse du prince louis-Augustede Bourbonr"accord.ait a,ux réunions de Mme de lambert un patronagemora)- dont Ie prestige rejaiJ-1-i-ssait sur Ia marquise et ses invj.tésIra Motte et Mrne de lambert tenaient au courant de ces entretiensIa duchesse" ( cf . "Montesquieur' , de l. Desgraves ) . T,a d.uchess e necachait pas une extrôme satisfacti-on.

Ctest FonteneJ-1-e qui fit ad.mettre I'lontesquieu.- Des membres deIa noblesse fréquentaient ce salon: 1e duc d.e Nevers (q.r" son amie,ltactrice Adrj-enne Lecouvreur accompagnait), 1e marquis dlArgensonet Ie marquis de Saint-Au1aire. De même, des hommes d.e lettres:Jean-Jacques Dortous d.e Mairan, membre de ).rAcad.émie des Sciences,1auréat de )-rAcad.émie d.e Bord.eaux et correspond.ant d.e Montesquieu;J.tabbé Nicolas-Hubert, de Mongault quj- était 1e précepteur d.u dtrcde Chartres, fils du Régent; un homme dresprit très apprécié parMontesquieu.

Ajoutons: Louis de Sacy, auteur drun "Traité d.e J.tamitiér' déd,iéà Mme de tambert; des auteurs de théâtre: Houd.ar de Ia Motte,Marivaux, ?rosper JoJ.y d.e Créb5.J.J.on cé1èbre par ses tragédies.

I,rabbé Jean-Baptiste Dubos venait souvent. Ilontesquieu eutlroccasion de consulter sur 'r].tauthenticité du testament de Riche-J.ieuI cet historienr auteur d,tune rrHistoire critique de Ia monar-chie française dans 1es Gau)-esrrl mais iI lul reprochait dravoirrédigé rrtrois mortels volumestt parce qu t il stétait servi d I inf or-mations quril était a)-).é I'chercher de toutes partszce qui étaittrès loin; Ia raison e11e-même se serait chargée de pJ.acer cettevéiité dans Ia chaine des autres véritésn.

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I' Mrne de I,irl,'IBERT a. écrit; rnplis ses oeuvres ne seront éditéesqu f une quin zairre dtanr-rées apràs s.t mort survenrte en 1717: desoeuvres essentie].]-ement socio-psychologiques, it llexception desoeux manuels de morale qulelle avait composés pour ses enfantset publiés en 1728: riÂvis drune mère à sa fi11e et à son fils'r"

Ire d.écès de M.de Sacy 26 Octobre 1727 laissa vacant sonfauteuiJ- à l-'Académie Françai-se (cf .p.2! à 28). Ce siège va êtrebrieué Dar d.eux candidats: Montesouieu soutenu rravec acharnementpar Mme de Lambert et son entourage se heurta à 1 I oppositi-on de1a Cour et des hommes de lettres, académiciens ou non, hostilesau persifJ-age de l lauteur des rilrettres persanes". Ces adversai-res suscitèrent la candidature de lravocat Mathieu Marais.Opposj-tions et rivalités se cristalLisàrc,nt autour de ces d.euxhommes I 1 | un céIèbre dé jà, Itlontesquieu; 1 'lautre connu et appré-cié dtun seul cercle dtinitiés. 'r Peu importait drai1.J.eurs Iapersonnalité de ceJ-ui q.ui était opposé à Montesquieu; cette can-didature nravait qutun but, faire échec au président et, à tra-vers sa personner &u parti groupé autour de Ia marqui-se de lam-bert t. (cf .l.Desgraves)... " Montesquieu, d.ont on connait Ie peude gott pour la brigue et 1t intrigue, fut certainement tenté d.erenoncer. SriJ- nlavait pas été soutenu et encouragé par des ami-tiés aussi fidèJ.es qurétait tenace 1.thostilité d.e ses opposants,i1 aurait sans nu1 doute abandonné une lutte si contraire auxtend.ances d.e son tempérament ". (.f . id.em).

Nous avons rru comment Ia victoi-re finale revint à },lontesquieu,et sa réception offj.cie]-l-e à 1,Académie, le 24 Janvier 17ZB

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SALON DE Itime de TENCfN.- On riistingue trois personnes en Clau4ineAlexandrine Guérin d.e Tencin, fiJ-1e dtun présj-d.ent au parlementde Grenoble: Ia révoItée contre 1a vie religieuse à 1ao-ueIIe sonpère avait voulu Ia contraind.re et pour 1aqùeI1e e1Ie ntéteitvraiment pas faite; puis, relevée de ses voeux en 1715, à 1râgede 77 ans, lramante aux multiples aventures - notammeni sa 1iai-son avec 1e chevalier Destouches q.ui Iui donna un fj-1sr ur1 filsqurelle regrettera peut-être d.tavoir aband.onné: ce sera 1e cé1è-bre d.rAlembert. EIIe rrgotta au Régent philippe drorléans, auconseiller de I,a Fresnaie qui se sulcid.a cfrèà eIIe... Ne comptonspas 1es autres éIus drun mome1t...

Enfin, à partir de 1771, à 1râge de j1 ans, elIe diri-ge unsalon de littérateurs et de beaux esprj-ts dans son appartementde 1a rue Saint-Honoré: voici Fontenelle aux talents variés, Iephilosophe discutable et discuté Helvétius, 1e philosophe ,âte-rialiste Jean-Baptiste d.e I'lirabaud..Tout en restânt fid.èle au sa-lon de 1a marquise de lambert, Ilontesquieu d,evint 1e grand hommede Mme d.e Tencin. lorsqutil publia en 1774 ]es ,'Causeà d.e lagrandeur des Romains et de leur d.écad.encerr, iI devlnt ,, le petitRomainrr de Ia maitresse d.e maison... Jusquià quel point? o; f !i-gnore. Mais on sait qutils plaisantèren{ tous^ deux d.e quelquesrettres sentimentales ad.ressées à 1a dame par un jeune a6mirateurde 1B ans, Jean-Baptiste,}e f i1s ainé du rrietit Romainr'.

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Mme de Tencin fut une active animatrice de son salon.Certes, f es conversations moins savantes que chez Mnre de framberty occupaient une place privilé6i-ée; mais Montesquieu s I en faisaitune raison: I'Les conversations, disait-iI, sont un ouvrage çIuelton construit, et i1 faut que chacun concourp à cet ouvrage'r.

11 ntempêche qurelle lragaçait parfois: serviable avec sesamis, eJ.le 1ui. d.onnait plus d'e conseils quril n I en souhaitait.1,ouis Desgraves cite un exemple qui ne fut ni Ie premier, nisans doute 1e dernier:

,rsoucieuse d.raider son ami (... ) I,lme de îenci-n Iuj. d.onned.es conseiJ.s qu t j-l accepte avec humattr: t'Je vous prie de melaisser démêl-er mes fusées tout seu)- et je les démêJ-erai bien".11 a joute ces mots, garants dlune arni-tié durable: r'Cependant,Irladanre, 1es paroles de votre lettre sont comme une douce harmo-nie qui calme J-es transports. . . "

Cette amitié, précisémentr procurera à Montesquieu d.e gran-d.es satisfactions quand. rrlrEsprit des 1-oistt sortira des presses:J.a diffusion d.u rrgrand ouvragerr dans Paris devra beaucoup à]-tactivité nersonnelle de Mme d.e lencin.

T'a présence de }lontesquieu aux rtvenCred.istr cie Ia rue Saint-Honoré attira des personnalités anglaises q.ui se souvenaientavec plaisi-r du sé jour quril avaj-t fait à lond.res, et elle at-tira aussi fe comte ita1ien d.e Guasco, frère d,e 1tabbé deC].airac.

Et voi-ci un admirateur de marque: pierre carlet de cham-blai-n de Marivaux - pJ-us si-mplement, IIARIVAUX -t auteur drunequarantaj-ne de pièces d.e théâtre, du roman "Ia vie d.e Marianne,,et d.e d.iverses oeuvres. Dans son roman, iI ne manqua pas d.esouJ-igner 1t j-ntérêt de ces tfvendredis": rrf,e fruit q.ue je tiraide ces conversations, sans mten apercevoir, fut une connaissancedu monde pJ-us saine et pJ-us approfonCie...',

Ilari-vaux au.ra au moins une occasion de se louer d.e lrinflu-ence de Mme de lencin: en 17+2, son élection à lrAcad.émie Fran-çaise contre 1a cand.idature de Voltaire sera grand.ement serwieDar ce soutien.

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SAIOI'I Dli Mrne GEO}'FRIli.- J,orsque Iar marquis e de T enc in mourut r ên 17 49recevait à ses "vendredisrt, depuis une quitrzaine dlannées, unevo j-sine q.ue ces réceptions i-ntéressaient: l.1ar j-e-Thérèse Rond.et,épouse <ie François Geoffrinr administrateur de Ia Compagnie desGlaces, qui avait trente-quatre ans de plus quteJ.J.e! EIle avait14 ans, en 1717, lorsque ses parents ).ravaient mariée.

I.1nre tleofi'rip pritr êD quelque sorte, la succession cultureJ.led.e lrlrne d-e Tencin, malgré son mari qui n'aporéciaj-t guère cette voca-tion; if lui laissa Ie champ fibre en passaut de vie à trépas,quelques jours aPrès Ia marquise.

Les encouragements et 1a participation cie Fontenel-1e, de Itiontes-quieu, de l\lairan contribuèrent J-argement à Ia réussite de Mme Geof-irin dont Ie salon bril-l-era bientôt du'nlus vif éclat par 1a fré-quentation dril-lustres penseurs, sociologues et écrivains d.tinspi-ration variée: des français, d.es étrangers... Mais l-a maitresse demaison ntétait pas comparable à Ivlme de Tencin: intelJ-i-gente, celava sans dire, mais moins fine, un peu trop portée, semble-t-il, àsaisj-r au vol- l-es poiins mondains et à les broder sel-on ses vuespersonnelles : eIl-e avait 'r1 t imagination s inguJ-ière'r .

Lramitié que J-ui portait 14ontesquieu était plu'ûôt réservée.Et l,auteur detr]-rEsprit des lois" fut franchement agacé o.e recevoir',en Janvier 1749, une ]-ettre rid.j-cul-ement é].ogj-euse.r, j.].l-ustrée defadaises telles que ceIles-ci: rr...Ce l-ivre me parait Ie chef-dtoeuvre de l'esprit, de 1a métaphysique et d.u savoir (...) J-aprofondeur du génie d.e ltauteur (...). Ce l-ivre est écrit avecé1égance, f i-nesse, justesse et noblesse. . . rr- Et ce compl-iment mala-droit que Mme Geoffrin semble sradresser: à e11e-même:rr...Ce J-ivrea deux avantages qui 1ui. sont particuliers. le premier, crest quriJ.ne peut pas être jugé par l-es sots: i1 esi hors de J-eur portée;et 1e deuxième, c t est qu ri1 satisfait I tarnour'-propre d,es gens quiseront capables de Ie J-ire".- Eh bien, eIIe nrétait pas d.e ces gens-1à! E1J-e nravait jeté sur 1.touvrage ourun regard rapid.e: d.e courtsextraits que sa fi-l.Ie I'Ime d,e Ia Ferté-I::nbault 1ui avait 1-us "pen-dant une demi-heure au plusrr... Cette fiJ.J.e a trahi sa mère en1 I avouant à Montesoruieu !

Mais Ia broui].le entre Ivlontesquieu et l{me Geoffrin esi due àun différend qui oppos4 cette d-ame à 1-tabbé Guasco.

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On sait que Ies rrrani ères de Irami Guasco étaient indiscrètes,vulgaires, voj.re rustres à J-toccasion, au point o-ue lrhomrne draffzrj--res d.e 1,a Brède, Ie fidèIe la.tapie, ne Ie portait pas du tout dansson coeur et cléplorait parfois lrindulgence du maltre d.es lieux.

Mme Geoffrin, moins natiente, finit par donner à son portier1 t ordre de ne l-e ].aisser entrer qu rune fois sur cinq iI venai-ttous 1es jours! - Un soir que Guasco woulut entrer de force, Ievalet ltexpulsa sans ménagements.- I{rne Geo.ffrin ne dissimulant pointtrois o11 quatre griefs ourelle lui faisait, Ivlontesquieu prit partipour son amj. Guasco, auquel i1 écrivit: r'Je suj-s véritablement indi-àrré contre Ie trait mal-honnête de cette femme, mais rien ne mréton-Dê, s j- vous saviez l-es tours q.ue i t ai essuyés moi-même pJ-ug d I unefois, vous seriez moins surpris,et rceut-être moins piqué".(*)

Cren étaj.t fait des relations de Montesquieu avec itlme Geoffrin.

SAL,Oll DE Mme DU DEJ'FAI'ID-- Sansquieu et de Ia maro^uise

fail1e fut l,amitié réciproque de Montes-Du Deffand.

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Séparée de son épouxr eue Ie sexe féminin intéressait peu eteuir si J.lon en croit 1a marquise, "était aux petits soinsrr pourse montrer d.éplaisant, eIIe était de Ia génération d.e Mme Geoffrin(1699-1777): née en 1696 en Bourgogner âü château d.e Chamrond.,Marie de Vichy-Chamrond mourra à Paris en 178O.- Devenue lramiedtun exce)-lent écrivainrJ.e Président Hénault, du Parlement d.eParis, eJ-le tient chez J-ui un salon mond.ain.- A partir de 1745,e1l-e J-oue un superbe apoartement rue Saint-Dominique, non loin dulogement que Ivlontesquieu l-ouait à cette époque pour ses séjoursdans 1a capitale.- liéerensuite, avec Le philosophe et mathémati-cien dtAlembert, d.e vi-ngt ans son cadet, eJ.Ie crée un salon lit-téralre et scientifique avec Montesquieu, Marivaux, Ie romancierMarmontel, Sedaine auteur de livrets dtopéras comiques...Dans 1a second.e moitié d.u siècle, Ie salon recevra entre autrescé1ébrités d.eux personnages dont 1e rôle historique sera J-mpor-tant: le premier, îurgot, baron d.e ltAulnerfutur contrôleur géné-ra1 d.es Finances sous louls xvI, q.ui stopposera vainement arri t"-nants d.e certains privilèges économiques qutiJ. voulait abolir, etaux ennemis d.e Ia liberté d.u commerce et d.e lrlnd.ustrie.

I-lrautre personnage sera Marie Jean Antoine Nlco)-as de Caritat,maro-uis d.e condorcet, mathématicien, philosophe, écrivainrardentd.éfenseur du perfectionnement de lthumanité et d.u progrès. Secré-taire perpétueI de ItAcadémie d.es Scj-ences, Condorôet d.eviendra, àIa Révolution, député de ItAssemblée législative, puj.s d.e Ia Conven-tion. Ce modéré, ami des Girondi-ns, subira 1e sort d.es mod.érés sousIa Terreur: arrêté à Bourg-Ia-Reine en'lr794, i1 se suicid.era par Iepoison pour éviter Ia guillotine.

Quand lal marquise Du Deffand recevait, eI1e trônait d.ans ',sontonneaurr, un immense fauteuil en forme de niche de statuel ainsi,ell-e présidait commoclément. Et aimab)-ement.

( * ) Cf . "Montesquieutr de Louis Des6raves .

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Après les entretiens sérieuxl olt se détendait; et si dtAlembertétait^présent, on pouvait compter sur lui pour amuser Ie cénacIe;par exàmpl_e, ses imitations dracteurs de Ia Comédie Française et de

chanteurs de lrOpéra étaient assurées dtun franc succès. En fait,le "sublime géomètre" ne prenait à 1a ]égère ni Ies vrais sentiments,ni 1e travail: cet enfant i1légitime que Mme de lencin avaj-t aban-donné considèrera toujours comme sa vraie mère cette femme drunpauvre vitrier qui J.ravait recueilli et élevé de son mieux. Dans 1eàomaine scientj-fique et philosophiquer sâ co1.l-aboration à rrlrEncy-clopé d.ie " , auprès d.e Diderot , s t étendra sur huit anné es ; génie pré-

"o"è, i1 est é1u en 174C^ à J-rAcadémie des Sciences: i1 a ?1 ans!-Montesquieu estimait l- I intelligence, la vivacité inteJ.lectueJ-).e etl-ramabili-té de ce jeune savant, chercheur et philosophe, sans êtreen accorci avec ses conceptions matérialj-stesl c lest l-ui çLui 1-lincitaà poser sa candidature à l-rAcadémie Française en 1754, I1 le feraé li-re .

On stesi demandé si Ie baron de La Brède ne bénéficia point, à uncertaj-n moment, de tend.res attentions de Mme Du Deffand.... Ce ntestpas prouvé.- Ce qui est str, sur un pJ-an différent, crest que Iamarquise éprouvait une horreur constante de Ia solitude; 1es récep-tions rue Saint-Domini-que ne 1ui sufîisaient pas, eIIe écriva1tconstamment d.es lettres dont un grand. nombre a été retrouvé: pas debanalités, des entretiens de qual-ité. Ses correspondants, 1oj-ntainsou proches, furent aussi di-vers q-ue Ia dtrchesse du lt1ai.ne, 1a duchessede Choiseul, Voltaire, le jeune liorace WaJ.poJ-e fJ-ls d.e ltancienministre Robert walpole -, ou ses relatj-ons de paris.- la penséeet 1a forme de ces lettres pJ-acent 1répistolj-ère sur Ie pême rangque cette autre rnarouise, Mme de Sévigné, âü sièc1e XVJIeme.

Une coÏ.nci-d.ence, regrettable, rapprochait amicalement Ivlme IhrDeffand. et Montesquieuz ctétait )-taffaiblissement progressif d.eleur vue. un jour, hé1asr üD jour de 1757, Mrne Du Deff'and futatteinte de cécité totale. EIIe-srernpressa d.ren informer son ami;alors celui-ci srefforça aussitôt d.e la consolerr err Ia faisantsourire. 11 Iui écrivit: tt...vous dites que vous êtes aveugle!Ne voyez-vous pas que nous étions, vous et moi, de petits àspritsrebelles qui furent condamnés alrx ténèbres? ce q.ui doit nousconsoler, clest q.ue ceux qui voient clair ne sont pas pour celalumineux ! t'( *)

Cf. idem, l.Desgraves.

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Au nom du Conseil du Roi,et depuis 1697, Ies fntendants d.e police,justice et finances, ou plus simplement les fntendantsrétai-ent iror"_vr.ls drune mission drinspection et drune autori-té destinées à .oàf ..-ser 1téIoignement du pouvoir central et à équilibrer l-es intérêt3de Ia nation et de 1a général-ité dans 1aque1Ie i1s étaient nommés.leur nombre sera de trente-trois, lors de leur suppression par lrAs-semblée Constituante, l-e 22 Décembre 1789.

Le plus cé1èbre des fntendants cle Guyenne est louis Urbain Aubertmarquis de Tourny - Ancien membre du Consej-I privé d.u Roi, puis fnten-dant de 1a Générali-té de limoges i1 sry d.istingua -,i1 é"i r.àrÀEà Bord.eaux pour une missj-on qui d.urera quatorz. à." et d.ont 1es heu-reu's'es conséquences, au moins sur 1e plan de llurbanisme, se perpé-tueront jusqu|à 1répoque de fa Restauration.

son portraj-t physique? Une statue i-naugurée en 1Bz5 sur 1a placequi l-ui. est dédiée nous en proDose ].rimage-- Son portrait moral?Intel-1i-gence, sens de 1 teff j-cacité et de l-a justiàe, ard.eur au tra-'rai-I douze heures par jour, à partir d.e 7 heures d.u matin. on edit sans exagération o-ue se: dix-sept subdéIégués répartis sur l-aGénéralité et ses deux secrétaires inrawaient guèr. i" loisir dechômerrrl

11 avaj.t d.roi-t de veto sur 1 | aSous-Ilaire, 6 jurats (Z nobJ.es, 2reur synd.ic, 1e c).erc Secrétaire,de Commerce, autorité économique rdu Commerce mais qui nra pas 1e potrouver aux assemblées et y présid.er quand bon 1ui sembler.

La jurade hésitait pârfois à pciter certaines oppositions en détdevenu d.iscutabl-e. Tourny Ia pressvainement en discussion une décisisait urgente, Monsieur J-llntendantIa Maison de Vj.].le et décIara toutniez un parti, jrai donné ltordre

la GénéraIité d'e Guyenne englot,erait aujou.rdrhui 1es départementsde 1a Gironde, de Ia Dordogher d.e lot-et-Gaionne, "i ,r.r. fractiondu Gers- ses chefs-Iieux étai-ent Bordeaux, périgu"**, sarlat, Agenet Condom.

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II ne suff it pas cie souligner la compétence c1e l-rlntendantTourny d.ans lrurbànisme, compétence illustrée par sa passion pourIa Ueil-e archj-tecture classique r pour les arts cIécoratif s et aussipor" 1a mus j-que. Il- est indispensable de rappeler ltessentiel de^".= réalisations économiques et social.es:

I{ise au poi-nt d.rune compagnie drAssurances Maritimes' avec cin-qru..rte négociants bordelais;-après une mauvaise récoIte oll un hiverË*..pti"nie1t-ement rigoureux (ll+l-1118-1752), i1 combat 1a famineaes iiitt.. et d.es campagnes d.e Ia Généra11té, met eur pied une Compa-

;;t, àtirpo"tateurs d.; céréa1es - 1es provinces du royaume étaientd.e véritables Ete"ts d.téconomie fermée et d,oit faire preuve d-runeintraitable fermeté pour dompter Ies graves inci-dents et les abusque }es circonstances ont fait naitre'

Lrassistance par 1e travail, 1'organisation permanente et ration-nell_e des secours aux pJ-us déshérités, Ie placernent de serviteurset Ce servantes rémunérés su.r une caisse publique dans Itdthonnêtesfamillês',, l-taccroissement des ressources affectées aux serviceshospitaliers, IIassistance aux Itenfants trouvés" il serait pluse*aèt d.e d.ire I'aband.onnésrt: I1s étai-ent nombreux.. -

Dans 1es vill-es et d.ans I-es vj.J.J-agesrdes assemblées populairesse formaient parfois pour d.iscuter d,e problèmes J.ocaux quiréventuel-lement,étr*i.ent J.tobjet d,tune réclamation ou dtune demand.è d.texamenà soumettre alt Subd.éIégué d.e 1r fntend.ant. Tourny ne manquait pasd.rêtre présent à ces assemblées, au cours d.e ses nombreux dép1ace-ments administratifs. Bien p1us, iI en organisa J-ui-même, quriJ-présid.a, soucieux qutiJ- était d-e servir 1e bien public, d.rêtre in-formé sur place des récriminations ou des suggestions afin de pren-d.re en connaissance de cause les décisions qui 1ui sembJ-eraientsouhaitab]-es.

1,e commerce de Ia Généra1ité, et celui d.u port d.e Sord-eaux quiprofitait avantageusement des éd.its d.e 1716-1717 promulgués par 1eRégent, manquait parfois dresprit d.ri-nitiative. Tourny fit d.e sonmieux pour y pourvoir, et son action en faveur d-e J-a navigatj-onfl-uviale cle premi-ère importance et d.es routes temestres à tra-vers Ia Guyenne provoqua un essor nouveau.

-Son préd.écesseur, 1-rlntend.ant Boucher, avait tracé un p1.an d.e

mod.ernisation urbaine et d.rembellissement d.e Bord.eaux justifié paru.ne prospéri-té croissante. lourny verra plus grand. que Boucher;ainsJ-, Ia P1.ace Roya1-e avec son beau PaJ-ais de Ia Bourse aura uneamplj-tud.e supérieure à ce1J.e d.u projet primitif . Sait-on que pourassurer J-e respect d,e 1a nouveJ-J.errfaçadett sur 1e fl.euve jusqutauxFossés, on appliqua cet astucieux procéd.é?- Au lieu dréd.ifier 1alongue rangée des immeubles, J.eur façad.e seule fut construiterJ.eurfaçad.e sur 1e quai d.e Ia Garonne, soutenue par un système de madriersen arrière-p1-an.les acquéreurs achevèrent selon leur gott 1tédifi-cation de chaque immeublei sur J.lalignement d.tune rue préaJ.ab3.ementtracée, en respectant obligatoirement Ia façad.e sur 1e quai.- ce q.uifut fait.

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6 Kr/rr^, ds ztryWAu XVI11ème si-èc1e, 1es salons littéraires se répandent à trer.-

vers 1e royaume. Surtout dans les vil1es possiédant un PerrJ-ement,parce que 1es parlementaires se plaisaient à rencontrer les person-nalités de leur wi1Ie, à srexprimer en leur présence, voire à pu-i:Ii er d.es écrits de caractère phiJ.osophique, social et politique,en ce sièc.l-e de fréquente opposition entre les parlements et 1epouvo ir.

Bordeaux, vi1-Le de parJ-ernent , était essentiell-ement un portoont Ia croissance constante était source de richesse et dtembellis-s ements . Lorsque 1es af f aires sont pros':rères , 1 t aristocratie mar-chancle se soucie 5énéralement peu des réunions cuJ.turelLes et deI | évolution philosophiqtre. - "Pourtant, dirons-nous, jusclu ! en 1755i1 y eut Itiontesquieu... "- Pour ses conternporains, 1e baron cie LaBrède apoarut surtout comme un riche propriétaire terrien, expor-tateur de vins généreux; comnle un magistrat intèg:'e, comme unauteur de'rcommuni-cations" sur 1a recherche scientifique au seillde ].tAcadémle 1oca1e... Cornbien «ie llordelais non parlementairesliront rrllEsprit des 1ols", du vivant de l rauteur?. .

Ivlontesquleu connaissait trois sa].ons:Cel-ui de [{me de la Chabanne , épous e d t un Tré sori-er

- celui de Mme Desnanots, épouse i.run Consei-I1er au

celui de Mme Duplessy, Ie seul ouriJ- fréquenta.

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T:.: .:uccès des ie,-;---^: p1'eniers fu'i; miuce. Un sc',.l. 1- ':=e,-lt l-es :'enci, s.il-ron neut di-rL:, 'i-n'-ri:'essa-nts: l-a vi-';z:.cit: :as ju;en:en';g iro-i<iues 1uei.irae de La Chaban::e et i'l;:te Destra;io;s sllbissaient Ce l.a paz't Ce l-a.Duc]-ies:-:e f r.,:s ,g'.1i ]-r 9ii ei de .i.a Col:liesse c-le Por:tac-S,e1hade, f e;::mes decuf ture et dlq:sn=-ii,.

Sien aL). contrs.ire, ltir'.:.c.ience ei; l.= renom du salon de i'irne DuolessJ.'g:.andirent au noint ôe souteniz' 1al cornpara:-son avec ceu>: des Erand.ssatlons i:erz' j-l j-c,::s .

Ltr SÀLON DE l,ime DUPIESSY.- A 1réooque ci.e Ia parution d.errltEsprit ciesamisuoraèralsd.eI,1orrtesquieuétaientà.,",.,=

d.es habitués d.e ce sa1on. iÿlontesquieu 1ui-même sollicita 1.eurj-ntervention aup:'ès de, Ia maltresse d.e maison.Son confrère d.e la ôolt= des Aid.es, le Présid.ent Barbot, reçut

de lui ce rnessage:...rrMandez-moi à lrorei1J.e si je pourrais vousenvoyer un ttTemple de Gnide", bien relié en maroquin vert, pouren faire un hommage à }lme Duplessy?"- Ce roman poétiquerinspiréjadis par une charrnante comtesse parisienne et rééd.ité en 17+2,ne pouvait qurenchanter une femme raffinée.

Un second nnessager fut trabbé Fi1ippo Venuti, compatriote ita-lien de Itabbé Guasco (o, d.e Guasco). Àncien Abbé d.e ltabbaye d.eClairac et rnennbre rrassocié" d.e lrAcadémie de Bordeaux, ltabbéVenuti était devenu, grâce à Èlontesqui-eu, bibliothécaire appointéet 1ogé de lraceciémie. Le 22 Juillet 1749, iI reçoit cet appel:t'Faites, je vous prier frâ cour àr Mme Dup1essy...,t

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Crest au carrefour des actuelles ]'ues Duplessy et Emile-Zol-:rque se dressait fe be1 immeuble de lÿime DUPLESSY, née Jeanne }larieFrançoise d.e Qhazot et veuve,en 17)6, de Claude Duplessy q.ui avaitachevé au d.ébut d,u siècle 1rédification de 1rég1ise Notre-Dame.

1,e rez-d.e-chaussée est réservé aux réceptions. Dtune part, deuxpièces sont des saIles drexposition drHistoire NatureJ.)-e: J.rune estmeublée d.tarmoires, de tablettes et de vitrines quJ- réunissent tou-tes 1es richesses de Ia conchyliologi-e; Mme Duplessy est une co1lec-tionneuse émérite de coquilJ.es en tous genres. Tta seconde pièceprésente un ensemble de réchauds, de cornues, de mystérieux instru-ments utiJ-isés en chimie et en physique, et une coJ-I-ection d.tanimauxempaillés suspendus aux solives: chiens de mer, poissons volants,crocod.iles , chauves-souris aux ail-es dépIoyées eui r sans d.ouie, fai-saj-ent frémir o-ue)-ques visiteuses. . .

trtautre partie d.u rez-de-chaussée se composait d.,une bibliothè-q.rre et du salon.I-'a bi'bliothèque était principalement occupée par Iacoll-ection drouvrages du Premier Président de Pontac acquise à samort par 1e beau-père de Mme Duplessy; fe serlon, à J-tarneub].ementraffinérétait décoré de toiles des maltres ho1.1andais Philips ÿIouwer-mans et Nicolaas Berghem et du flamand David rr réniers (").

Itatmosphère aimable et cuJ.tivée qui régnait dans J.e saJ-on d.eMme Dupl-essy enchantaj-t Montesquieu. Parfois, 1es vJ.sj-teurs se p)-ai-saj-errt à évoquer leurs voyages; 1es étapes que Iviontesquieu avaitfaites en ftaJ-ie, jadi-s1 êxcitaient lrattention d.es abbés Venuti etGuasco. Le premier, origJ-naire de Florence, poussait Montesguieuà devenir intarissable lorsqu I i-I prononçait l-e nom d.e Ia belJ.e vilLetoscane. Prononçait-iI Ie nom de Turin, lrabbé Guasco srembal.J.aitvers son Piémont natal. Jean-Jacques Be1 et )-e Père François Chabrolqui avaient parcourlt lrltalie se joignaJ-ent à Ia conversation, et1e temps stécoulait. Trop vite. Lrhistorien A.Gril-let-Dumazeau ra-conte qurun soir, I,lontesquieu sraperçut tout-à-coup que sa montreindj-quai-t neuf heures!- rrNeuf heures, stécria-t-il-t Que d.ira monfrère 1e doyen en apprenant cette d.ébauche! "

Ce frère, son cad.et d.e cinq ansr crétait Joseph, chanoine puisd.oyen du chapl.tre d.e Ia basilique Saint-Seurin de Bord'eaux'it-trUitrit èn bord.ure 9"" allées et 6u cimetière paroissi-a1, au

11r3j-ae lractuelle placé d.es Martyrs d,e J-a Résistance, et occuperacette d.emeure jusqul à sa mort survenue en 1754, guelques mois avantcelle d.u philoJ"pÉ" Char).es-louis quti1. accueiJ.lait lorsqutil sé-journait à Bordeau-:<.

pour sty rend.re, en qulttant 1thôteI de Mme DuplessyrCharles-louis por.r"it choisi-r ltune des d.eux voies qui offraient Ie meil-l-eur raccourci. leur nom précisait Ia vocation des habitantes qulonV-""rr.""trait: llune d.evenue 1a rue îhiac était Ia rrrue d'es Reli-"gi.,r=eStt ; I I autre excusez-moi l-a Itrue Putoyerr ! Rassurons-nous t

e;;;i; tiaO et-Ie porte Ie nom très dj-fférent de rue Saint-Fort!(xx,;On assure que I{.1è doyen ntavait pas d'e mauvaises pensées lorsqueson frère rentrait à une heure tardive, drapé dans son manteautcoif i'é d run chapeau "en castor d. t Angleterretr , tenant d runé main salanterne et d.e itautre, lorsque Ie temps 1ty obligeait, rrson om-brelle pour 1a P1uie".

(**) rrRues de Bordeaux", Roger Galy.

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(*) Cf.idem, L.Desgraves.

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plusieurs cles habitués d.e Mme Duplessy méritent que nous tra-cions un croqui-s de leurs personnaLités'- 'membre associé de 1 | Âcadém j-e Royale des S c s

et Arts de Bordeaux, et fréquent visiteur e'Sa mission à ltabbaye de Clairac l-e redr n

financière nravait pas été couronnée' de succès. Au contraire,ses compétences littéraj.res et historiques lraidèrent à remplirexcellemment ses fonctions de Bibliothécaire ce lrAcadémie.11 écrivit de nombreuses rrdissertati-ons", édita à Avignon - alorspo="ession d.e Ia papauié.- sa traduction en italien de rrIa Reli-;i;;;,poèr" de f,oui-s Racine, et chez. .iean Chappuis à Bord.eaux, en7l>+, âprès son retour en Itafier ses "Dissertations sur les an-c iens monumens d.e 1a vil-Ie de Bordeaux ' sur les gahets ( * ) , lesantiqui-tés et 1es dr.rcs dtAquita.ine, avec un traité historique sur1es n)o]ti.es que les r'r.n.';J-ais ont frappées dans cette province". . .

Chercireur, historien et archéologue de valeur, tels sont Iestraits essentiels de Irabbé Filiopo Venuti.

Autre ta]-ent d,e ].tabbé Venutit-i]. avec ltarchitecte Servandoniq_ui- furent réaIisées en 1745, à 1de la Dauphine Marie-Thérèse.

: 1a décorati.on. Ainsi- co].labora-aux é1égantes décorations urbaines

loccasion du passage à Bordeau>:

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- Lrabbé Octavien de Guasco était ]-e fils <ilun intenoant du Pié-mont.- Un personnage composite. I1 f it )-a connaissance de lriontesquieuen 1718 et J-eur ami-ti-é sera fj-dèJ-e, bien o^ue J-rauteur <ietrJ-rEspritdes l-ois" fût un peu déçu <ie ne pas trouver en 1ui un ciéfenseur: aussj-actif qutiJ- J.e souhaitait, lorsque r'l-e grand ouvra6ett fut discutéà rlome par la Congrégation d.e 1.rfndex. i,lais peut-être avait-iI c-uel--que raison diplomatique drêtre discret auprès du Vatican: on p:'éteni.q.ue cet abbé, intrigant, aux <iépl.acements nombreux, était un agentsecret au service de lrempe:'eur germanique et du duc de Piémont, e;o-ue 1a poJ-i-ce française 1e surveillait. A to:'t ou à raison?.

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Un fait cer-bain: crest à,- ?az'is o-ue i.iontesquieu fit la- connels-sance d.e ltabbé Guasco. Et lorsqurun Srave différend. causa la brou.i'l-i" de ltabbé avec Ivlme Geoffrin, l{ontesquieu p:rit Ie parti -de sonami et se brouilla à son tour èvec cetie d.anne dont ils fréquentaiet:itous d.eux Ie sal-on.

Cette amitié d.u baroi d.e la tsrècle prenait son appui, rnoins surIe comportement d.e lrabbé, réputé un peu rustre et Qui, parait-i},se tenàit maI à table que su.r 1e haut niveau d.e cet érudit, d,igner.er:résentant du 'rmotrvement cosmopoJ.ite" d.u sièc1e: l rannée d'e sar.r*e à. paris et d.e 1a première rencontre d.es deux hommesr €r 1718tGuasco ,.'tâit vingt-six ans. f1 trouvera très vite Ie moyen d'rêtreaccréd.ité auprès d.rune dame d.e haut rang et d.resprit cultivé, 1ad.r.rchesse Ct-A.igui11on, pour 1ao-ue1ie iI trad.uira 1-es oeuvres duprince russe Cantinir, et quril clésignera désormais par 1es qualifi-ôatifs d.e ttla bonne duchessett et de ttsa muse préféréerr... la duchesseri I Ai-guil-l-on s era aussi ttne f idè1e amie de l{ontesquieu.

T-,,abbé Guasco sera reçu à 1rÀcadérnie de Bordeaux et a'r ceIle desInscriptions et Belles-L,ettres, et accLre j-11i par 1es Acadérnies deBerJ-in et de Cortone et par laL ltoyal. Society de lond.res.

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Fréquemment reçu au château de la Brède, Itabbé Guasco disait1a messe dans Ia pàtite chapelle d-u château, parcourait les terresavec son hôte, mais ne bénéficiait pas d.e lrestime du régisseur,FrançoÈ de paule latapie q.ui jugeaj-t son maÎtre trop patient avectrabËé.- Reconnaissons tou'befois, que ltabbé Guasco rendit d.e grandsservices à Montesquieu d.ans Ia recherche de documents utiles à J.a

réd.action de ttlrEsprit des loistt et dans Ia rnise au point de ].roeuvreEt 1a peine quti-1 éprouvera en âPprenant Ie décès de eon amirsurvenuà paris 1e 1O Février 1755, sera profond'e, sincère et durable.

Deux autres eccJ-ésiastiques reçus clnez Mme Duplessy sont fortd-ifférents d.e ltabbé Guasco.- Voici- Ie Père François Chabrolr urréco11et; plus simplement, 1e Père François. Ctest un savant en troisd.j-sciplines: Italgèbre, l rastronomie et la physique. T.la maitressed_e maison peut être stre q.urà la saison d.es fJ.eurs, 1e Père tr'rançoisse présentèra les bras chargés de pivoines et d.tanémones. 11 seraitma]Àéant qutun religieu.x offrit d.es roses symboles de Iramour.

Et voici un bénéd.ictin, Dom Ga1éas. Un exceJ-lent homme qui nrestni un savant, ni un homme de lettres, mais plutôt le confident d.esd,ames d.u salon Duplessy, 1-eur factotum et J-eur secrétaire. Dtautrepart, iI sroccupe de Ia vente des vins de gravesrprod.uits par lesvignobles d.e son couvent iI trouve ici une cli-entèIe raffinée -,et; d.ans un d.omaine très différent, iI éIève d.es serins, appriwoised.es angoras et d-resse des chiens barbets... On 1e surnomme ttlrAmiPatiencetr, non seulement parce q.uti1 possèd.e cette wertu, mais aussiparce que ses aud.iteurs doivent, d.e temps en temps, subir ses inte:r-mj-nab]-es décl-amations !

Ivlontesquieu retrouve parmi 1es habitués deux anciens condisciples,ou peu sren faut, du co11ège d.e Jui11y: Jean-Jacques Be1 et 1e Pré-sident Barbot.

le parlementaire Jean-Jacques Be]- avait rési1ié sa charge pourse consacrer p]-us librement au:< lettres.Son oeuvre littéraire ]-aplus piquante est; âssurément, une coméd.ie satiri-que intitu1ée"1e Nouveau Tarquinrr, parod.i-e d.run authentique d.rame jud.iciaire; unvif succès, parti-cuIièrement en Provence où stétait d.éroulée lraven-ture. Ntoublions pas q.ue ie pouvoir jud.iciaire fqf, souvent Iradver-saj.re d.u pouvoi-r royal au XVIII0 sj.èc1e.

Membre de J.tAcad.émie d.e Bord.eaux, ttce robin petitrsecrfluet,à ]-tai-r viei1Iot, votté, avec contraste - un gros menton rondrr etrrd.e petits yeux au regard. tenace et chaud., un sourire plein d.e fi-nessèrr avait Ie sens d.e Itorganisatj-on. 11 offrj.t à ltAcad.émiede Itinstaller d.ans son beI immeuble éd.ifié en bord.ure de J-tespla-nade gue nous appelons 1es al.l.ées d.e Tourny, et de ne pJ.us sj-ègerd.ans ses locaux mltoyens d.e 1rég1ise Notre-Dame, sur Ia place d.uChapelet. I-,rabbé Venuti en sera Ie bibl.iothécaire. lout sera prêtpour 1a première réunion de J-tAcad.émie en son nouvel hôte1, ).e 19Février 1719.

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1 Robin, lui aussi, 19 Préside4t de La cour des l.ldes.-Parbot.possédait r."-ri',à"i AGsprit' d-':-1ÏiI+1é: l:::l]:":1"11.:: ::-''""

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fidéIlté dans lramitié qui lui valaient 1a sympathie de tous sesl

conf rères. sa réputation d.e cha-mp j-on d.u désordre pour 1es documents,Ia correspondan'ce et les mémoires qutil entassait dans son bureaunrempêcha pourtant pas son élection comme secrétaire de lrAcadémj-ede Bord.eaux. Montesquieu reçut un jour drun candidat au prix annueld.e 1r Acad.émie une lettre navré e dcrns IaqueI1e c ette personne s e plai-gnait de nravoir récupérér p&r ).es soins de I'1 .1e SecrétairerQüê deuxà"" quatre exemplaireè d.e sa I'd.issertationtr, Qui devaient lui être:cestitués. MontLsquieu était alors Directeur de lrAcadémie.II pritaussitôt sa plume d.roie, J-a taill-a soigneusement, Ia trempa danscette encre bien noire dont ]-a tonerl-ité a résisté au temps et répon-d.it, en f eignant un parfait séri-eux:

', Irlonsieur, vous me surprenez beaucoup quand vous me dites que l-eprésid.ent Barbot nta égaré q.ue deux de vos dissertations. f1 vous enreste d.eux et j tadmire votre bonheur. Il- faut q.ue Ie Président aitchang6, ou qu I iI ait d.es attentions pour vous : à un autre, iI l-esaurait égarées toutes quatre". . .

1,e Parlement. Quel-ques mots sur cette institution dignement repré-sentée d,ans l-e sal-on de }lme Duplessy.. .

AU XVIIIa siècIe, fa juridiction du Parlement de Bordeau:<, ctesb-à-d.ire de 1 tautor j-té judic laire , avait une étendue régionale .

Le siège était Ie Pal-ais de 1 tOmbrière , wo j-s in de l-a Porte Cailhau.Les sénéchaussées d.tAquitaine (tsordeaux et son environnement), desJ,and.es, du Périgord, de J-tAgenais, du Bazadais et de la Saj-ntonge.I1 fut institué par Irouis Xf en 1462. Bordeaux éte.it devenue françaised.epuis 1a bataille de CastiJ.lon 1457 après avoir joué pendantprès d.e trois siècles Ie rô1e très privilégié de capitale rie la cou-ronne anglaise sur Le continent. f-re roi de France avait grand besoindtacquérir ses faveursr ou d.u moins, son acceptati-on de sa nouvellesituation de capi-tal.e régional.e dans l-e royaume de France.

Ce Parl-ement se composait de cinq chambres: Ia GrandrChambre(un Premier Présidentr gui est Ie p)-us haut dignitaire de Ia provinceaprès Ie Gouverneur de Ia Guyenne; 6 Président à mortier l4ontesquieufut J-run drentre er.r:< -; 2 chevaliers d.'honneur, et 1O conseillersdont 2 clercs); J-a lourneI)-e; deux Chambres des requêtes; une Chambred.es enquêtes.- lrensemble total.isait une centaine d.e conseiJ.J.ers,117 avocats, à 1répoque ôr.i nous occupe;et une soixantaine d.e procu-reurs.- Pendant J.es vacances annuell-es q.ui sont fj-xées d.u 7 Septembrea'u 12 Nowembre, une Chambre d.ite t'de vacation'\ est en pIace.

Dans sa thèse historique, M.Mj-chel lhéritier estime que ilJ.a no-blesse d.e robe de Bordeaux (à 1tépoque de Tourny) est, assurément,sans rivale, et e1l-e possèd.e tous J.es grands crtsrt. Nlest-ce pas 1ePrésident de Ségur; propriétaire d.e Château-lafite et de Château-ffi.no,,ner.'l1eRoid'esVinst'?-I1venaj.tchezMmeDu-plessy. Drautres wisiteurs appartenant a'u grand corps de Ia magistra-ture bordelaise furent contemporains de Montesquieu pour 1a plupart:

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qui fut J-e premier Directeurl]JC ;

le Conseill-er et académicien Jean-Baptiste d.e Caupos,-vj-comte deBiscarosse et de CastilJ.onr baron d.e I.lacanaul

ivante r.].e Conse j-11erde Raoul;1" Présid.ent d.e La Tresne, juriste renommé.

Austère, se nourrissait pri-n-cipalement d.e très bordelaises cruchad.es, vivait mod-estement etparcourait à pied les rues de 1a viIle Ipour ne point humilier1es gens dépourvus de carrosser'. fl- était passionné par les mêmessujets sociologiques o-ue Montesquieu, et son Ij-vre rrDes CorpspoJ-itiques et de leurs Gouvernementstt sera parfois comparé à"l tEsprit d.es l-ois".

Bien d.ifférent, l-e tempérament d.e M.drAJ-bessard- jovial- et volon--f iers humoriste. On raconte cette p].aisanterie : .rr14onsieur, 1ui di.tune d-ame à qui iJ- vient dtêtre présenté, i1 me semble vous avoj-rwu quelque part'r. .. rrEn eff et, répJ-ique-t-iJ., j'y vais queJ.quefoisl

Plus grave , Itl . de lalnontaigne . C I est 1ui qui prononc era J- | élogefunèbre ae ri@ ltAcadémie.

Des noms se perpétuent aujourdthui d.ans ].e bottin d.e Bord.eaux:' ;i,ï"à: il::i:ï"i:i:."3;;i:,,ï";":ï: i---DupJ.essy.

i ...I1 y avait aussi des habituées. Dtabord. E]-isabeth, J-a fiIl.ealnée d.e Mme Duplessy; eIle "touche aux artstt eT-ilâ-lEsique; sontal-ent d.e claveciniste est apprécié.

I)enise, fi11e d-e ltlontesquieuraccompagne souvent 1e phl]-osophe.les visiteuses ".rorrt bientôt d.e plus en pJ-us nombreuses, et un

salon d.e simple conversation sera réservé à cel-les que 1es mond.anitésintéressent p).us q.ue 1es entretiens cuJ.tureJ-s. Maisr êu temps d.eI{ontesquieu, deu:< <iames iouent un rôIe d.e premier pJ.an dans ces en-tretiens-là: 1a Comtesse d.e Pontac-Be1had.e, gui rassemble en sa per-sonne Ies qualités d.e J-tesprit et aeTZruài-tion, et 1es charmes d.e1a beauté; et J.a pJ-us émj-nente assurément:

-"Mad,ame l-a Duchesse dt.A'j.8ri]-].*tt! annonce I.e J.aquais avant desreffacer res@..

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Née Anne-Charlotte de Crusso).-Florensac, e11e épousa en 1718Ie marquls de Rj-chelieu et dewintr par son mari&Ber cousine du ducde Rlchelieu qui sri).1-ustra aux armées et qui deviendra Gouverneurde 1a Guyenne. Montesquieu avait fErit sa connaissance à Paris; eLlefréquentait l- t éJ.ite cultureJ.le et avait pub)-ié en 1715 en collabo-ration avec son époux,eui portait aussi 1e titre'de Duc drAiguillon,un curieux "Recueil des pièces choisies rassemblées par 1es soinsdu cosmopoIite"... Cette aristocrate à la belJ.e prestance et au beJ.esprJ-t agaçait Voltairer c€ qui ne nous surprend p&sr et 1a MarquiseDu Deffand à eui, sans doute, e1l-e faisait de lrombre. Quant auxencyclopédistes, iJ-s rai-Ilaient ses actions généreuses en J-rappelanttrS o eur- du-po t-au-f eu r' !

Lra Duchesse dtAj-gui}1on, qui parlait quatre langues, produi-s j-t d.es traductlons très estimées du poète erngJ-ais Pope; Pope queMontesquieu, 1ui aussi, appréci-ait. Poétesse eJ-1e-même, J.a duchessecomposait des anecdotes en vers qurell-e )-isaj-t Dour Ie p).us grandpl-aisir des hôtes de lïme DupJ.essy, êD les illustrant de pittoresquescommentaires QurelJ-e improvisait avec brio.

S j-gne de son temps, e1Ie srintéressait à )-a recherche sc j-enti-fiquel crest 1a science économique qui l-a passionnait.

Un trait saillant de son caractère: l-a sincérité de son amitié. E1l-eassistera i{onteso-uj-eu à ses derniers momenis, à Pari.s, et suppléerade son mi-eux l- 'abs ence de sa f amilie .

I,A FIN DES BEAUX JOURS DE Mme DUPIESSY.-

Montesquieu eût été navré sril avait vu ce triste crépuscuIe.

Un jour wiendra où un procès apour des comptes cie tute1le, et unPauferrat conduiront à Ia rui-ne Mmmari de ce11e-ci, u.n exceL).ent rester son be1 hôtel: c r est 1e coupleun modeste appartement d.e Ia ruè drue Sainte-Catherine située entreet Ies Fossés devenus Ie cours Vicservant'el! et une femmè dé, chambreSuzette suffisent à son servi-ce. Edouairières: Mmes d.e Brach, de ponde Saint-Ange1, Mme de Secondat. Drue d.e Cahernan: J-a captaJ.e d.e Bucextravagantes, la pJ.us class j-que ccompagni-e J.a fait convier à des réon joue une partie de whist 1ranpiquet, et J- t on risque timidement

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-1. Ainsj., tandis que Ie commerce internationalt.

d.u Port de 1a lune progressait régulièrement vers

J, Ia première pJ.ace des ports français, lraristocratieculturelle de Ia cité se réunissait autour de

--, Irtme Duplessy, 1e talent drun fntend.ant d.u roj-enrichissait et embeJ-)-J.ssait Ia Généra1j-té d.e Guyenne,

et Ie génie du châtelain d.e la Brède-1, offrait au mond.e occid.enia]- un trésor d.ranalysespolitiques et socia).es, intituJ.é 'rltEsprj.t des lois'r.

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De Septembre i7+3 à Septembre 1746, Montesquieu res'ua enGuyenne pou.r révisez' et retoucher 1es VINGî-CIliQ PREi.iIER.SLIYRES ce lrouvrage, et ali-mentez' ses notes à 1-rintentionCes suivants, sans être loissipé par Ies diners et lessoupers de Paristt.

Désireux d.e recewoir des avis désintéressés, iI orge-nise une lecture en privé de son rnanuscrit. le 10 Février1745, iI écrit à son am,i. ].rabbé Guasco:

"Je suis en vilJ.e après-demain. IIe vous engage z pasà dlnerrmon cher abbé, pour vend-red.i; vous êtes j.nvitéc};ez J.e président Barbot. fI faud.ra y être arrivé à dixheures précises du matin, pour comrnencer Ia lecture d.ugrand ouvrage q.ue vous savez; on J.ira aussi après d.lner:iI nty aura que vous avec Ie présid.ent et mon fils (.lean-Baptiste de Secondat); vous y aurez pleine I.j-berté d.e ju-ger et de critiquer. . . tt

- lecture et critiques durèrent trois jours.

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ORIGINBS ET SOURCES

DE 'TITDSPRIT DES L O I SI'

Jean-Baptiste d,e Second.atrfils de lrauteur, a précj-sé dans son étude,,Mémoirè pour servi-r à 1té1oge historique de ltl.de Montesquieu" quer1e livre sur l-e gouvernement de ltAngleterre qui a été inséré dans,,1 rEsprit cies 1o j-à,, était fait alors (

", 1714 ) , et I,1. de Montesquieuavait eu Ia pensée de 1e faire imprimer avec 1es'rRomains"(rtConsidé-retions sur les causes c1e Ia grandeur des Romains et de J.eur ciéca-d.encet,- 177+ ). Si cela nteut pas lieur ce ntest pas quril fut déter-miné à entreprendre "J.rBsprit des lois'r. la vaste étendue de ce pro-j et , qu t i-1 avait mé Cité depuis longtemps , f I en avait souvent détor-r-né; mais après deux ou trols ans de repos, Ie conseil d.e ses amj-sltencouregea à sry ].ivrer. Il- avait depuis longtemps rassennblé desmatériauxr'. (Cité Cans'ri\iontesquieu", de l.Desgraves) .

Les volumes de no'tes quril avait prises au cours de ses lecturesde tor.rtes origines anciennes et nodernes et pend.ant ses voyages,l-ui fournissaient déjà une abondante matière. En sorte que 1e Profr.R.ShackJ-eton, de J.rUnj-versité drOxford, lauréat de lrAcadémie Ilontes-clui-eu en 1956, pense o-ue rrlrouv:'age existait Cans ses grandes J-i.inesentre 1719 et 1741 au p].us tard'r.- Dans une lettre d.e Montesquieuà son ami bord.elais fe président 3arbotr êD date du 20 Décembre 1741,on 1it: rtA 1té6ard. de mes lrloisrr, j ry trevail-J-e huit heures par jour(.. . ) il- y aL).ra quatre vcl-uires in-12 en vingi-quatre Ij-vresi'.

LréCition cornplèie se comnosera de trente-et-un )-ivres.

Iious avons dj.t o*ue I I insistance d.tamis, tel.s o-ue I tabbé Guasco,avaii persuerci.é i'lor:tesouieu de stat-caquer à l-loeuvre- immense o-ue se-r.ait r'J-rEsorit des 1-oisr', oeuvre Cont i.I ressentait. 1.taccablantecompJ.exi'ué à mesure qu'i1 rassemblait l.es pierres nécessaires à sonédificaiion. Car i-I voulai-i al.l-er pJ-us loin que 1réminent juristeitalien Gian Vincenzo Gravinar eui enseigna à Rome âu co1Iège Det1aSapienza,et fut le fondateur de ItAcad.émie romaine d.es Arcad.es.Professeur de droj-t civil, puis d.e d-roit canoniqueriJ. écrivj-t sesconceptions sur )-a séparation d,es pouvoirs, contre tous 1es abso).u-tismes, sur 1e principe de Ia liberté, sur J.a puissance politique,en des termes qui séduisirent }lontesquieu.

Ctest pourquoird.ès Ie i:remier J.ivre d.e "J.rEsprit des 1-oist', euchapitre 7t J.rauteur consacre un long passage à Gravina. Et iI J-ecite: Itla réunion de toutes ).es forces particulières, dit très bienGRAVINA, forment ce que J.ron appelJ.e ITETAT POIITIQUE".- Et Montes-quieu d.éveloppe. Plus l-oin, cette remarque d.ictée par Ia raison:"les forces particullères ne peuvent se réunir sans que toutes 1esvolontés se réunissentrr; et cette autre citation: 'rla réunion de cesvolontés, dit encore très bien GRAVINA, est ce quron appeJ.J.e IrETAîCfVIL'r. Après un nouveau développement, 1e chapitre stachèver êrmême temps que Ie livre I, par 1-rannonce d.u pJ-an <1 tensemble de"lrEsprit des 1ois", qui ira bien au-deIà de 1.roeuvre de Gravina,et dont 1a portée nationa1.e et internationale sera incomparab1ementp1.us grande.

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ITESpRfT DES IOISn n5-gt-Dg§. Ia eynthèee drinf]-uenco8 reçues'malg un EXpOSÊ - CRITIQUE, aussl vaste quron pulsse Irlmaginer'drun unlvers drinformatlons sur 1a vle politlque et sociale desclvj.llsations antiquea, médlévaIes et contemporalnes rasaembléespar Ia lecture d.louvrages 1es concernant, passées au creuset de 1aiàifu*f"" d.run maglstrat et sociologue de ]-a premlère moiti-é duXVfIIa slècIe, et étayées dans toute Ia mesure du Possible pard.es contacts et des observations dlrectes au cours drun très lmpor-tant et très juclicleux pérlple européen.

"fI faJ.lait beaucoup 1ire, et 11 fa).J.ait fa1-re très peud.rusage de ce quton avalt Iur'. (Pensées).

r'.. . Je suivais mon objet sans former de desseinl je ne connais-sals ni l.es règ1es ni 1es exceptj-ons; je ne trouvais 1a véritégue pour Ia perdrel mais quand jtai découvert mes princlpes,tout ce que je cherchais est venu à mo1-; et, dans 1e coursde vingt années, jtai vu mon ouvrage commencer, croitre,slavancer et finir.

Si cet ouvrage a du succès, je Ie d.evrai beaucoup à 1a ma-jesté de mon sujet: cepend.ant, je ne crois pas avoir tota1e-ment manqué de génie. Quand jrai wu ce que tant d.e grandshommesr êD France, en Angleterre et en All.emagne, ont écritavant moi, jtai été dans l,admiration, mais je nrai pointperd.u 1e courage. rrEt moi aussi je suis peintrettrai-je ditavec le Comège." ('rEsprit des 1ois": fin d.e Ia Préface).

A 1a lecture du rrMontesquieurr de louis Desgraves, on apprend que:"Montesquieu possédait deux bibliothèques d,tinéga)-e 5-mportance: cell-edu château <ie I,a Brèd.e, Ia plus rj-cher et ceI1e conservée à son domi-ci).e parisien (if en eut plusieurs, selon J-es époques. le d.ernier,où i1 mourut Ie 10 février 1755, étaJ-t situé rue Saint-Dominique)(...)

A ce noyau primitif appartiennent nornbre d.rouvrages-de droit etde po1émique entre cathoJ.J-ques et protestants.Montesquieu (...) nese contenta pas €.rentretenir cette co1-).ecti-on d.é jà riche certaj-ne-ment au moment ori el-Ie lui- échut. Jeune encore, et a.u dours d,e toutesa vie, surtout pendant 1a période féconde da sa maturlté, i} I I enri-chj-t par J.racquisition des e.uteurs contemporains mais aussi parJ.tachat dréditions précieuses par J.eur rareté (...) Certains d.e cesouvrages portent des marques d.e possesseurs cé1èbres..."

Avant 17a1 , catalogue de Ia bib].iothèque d.e I,a Brède réd.igésous Ia d.irection de Montesquieu par son secréta1re d.ra1ors, lrabbéDuva1. rtlres 1.226 ouvrages ainsi répertoriés sont c).assés méthod.i-quement en quatre-vingt-quinze classes réparties entre les cinq gran-des divisions blbliographiques alors en usage: Théo1ogie, 7zt i{yrlspruaegce., .lq ; sciences et Arts, Boo ; aetràJ-lettres, zoe;Higtoire, 64E . De nombreuses divisions au .a@".oil1"-gnées d.e sentences empruntées aux auteurs latins ou à lrEcriturèsalnte; ces citations ont toutes été transcrites par Montesquleulelles constituent un Jugement rapld,e sur une catégorle dlouvragesou sur te1 ou teI auteur; per J.eur concislon même, e11es présententson opinion parfois sévère ou ironlgue, te11e cette gentence emprun-tée au Psaume XXIf,v.1B, et appliquée a'ux controverslstes cathollques:"Dlviserunt slbi vestimenta mea et super vestem meam rnlserunt sortem",ou celle-ci placée en tête des ouvragea de drolt (extraite d.e 'rlrEné-1de" de Ylrgile, rrr, 658): 'rMonstrum horrend.uru ingens,, ...

5-2

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-*Nombretr-x volumos de no-teo de LECTURES(eon pérlp1e euroPé[email protected] groupéee dana aes nPonsdoE"

Se rappeler que Montosquleu eet, dans nllESPRfT DES IrOISn, molns unphlloeophe gutun SOCIOLOGUE. 11 obserÿe et Juge obJectlvementsans eoutenlr ct€ thèse '

r 11 a horreur dos extrâmes: Ia monarohle frança1se lul apparalttrop absolue, depuls R1chel1eu, Mazarln et Loule X.IV.

De m6me, 11 ; Ieseul artlcle qu I i tropd.écevolr ltaroitlé qur1]. portait à Dlderot et au précurseur Fontenelle-est ,, 1e Gott,, : aucun€ nuance politlco-phi)-osophlque, évldemment.

et de notes de VOYAGESacceaaolroment, Ies 16-

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A propos des "extrêmes", on J-it dans les rtPensées':

rrI,ouis XfV, ni pacifique, ni gr:,errier: iI avai-t 1es forues de ].aJustice, de Ia politique, de Ia dévotlon, et 1!air drun grand roi.Dor::< avec ses domestiques, J.ibéra1 avec ses courtlsans, avld.e a'vecses peuples, J-nquj.et (;amals en repos) avec ses ennem1s, despotiqued.ans sa fami1le, roi dans sa cour, dur dans ses consei).e, enfant danscelul de consclence, dupe de tout ce qui joue 1e princer J.es mlnis-tres, 1"s femmes et 1es d.évots (sens pé joratlf .usité jadis); tbujoursgouvernant et touJours gouvernd I mal.heureux dans ses cholx, aimantIes sots; souffrant 1es ta)-entsrcraignant )-tesprit; sérieux dans sesarDours, et, dans son d.ernier attachement (t'tme d.e' Maintenon) , faib)-eà faire pitié; aucune force dresprit dans )-es subcès; d.e 1a sécuritédans les revers, du courage dans sa rnort. 11 aimp.1a gloire et lareligion, et on ltempêcha toute sa vie de connal,.tre ni lrune ni liau-tre. fI ntaurait eu presgue aucun de ces défautsl, sri)- avait étéun peu mieux éIevé, et sril await eu un peu plus: dresprit.

11 avait 1r âme plus grande q.ue 1 t esprit. Madaire de Maintenonabaissait sans cesse cette âme pour 1e mettre à ;son point. "

On trouwe aussi, en revanche: ÈI

Idrâme montèrent sur Ie trône

..

',la France nra jamai-s eu de meilleur citoyen que I'ouis XfI.'

- A propos de religion:,'I1 nty a pas de nation qui ait pJ.us besoin de re).igion que J.es

Anglais. Ceux qui nront pas peur de se pendre doivent avoir 1a peurd.t être damnés".

,rlra dévotion ( ", sens pé j oratif de 1 | époque ) est une croya:nce

qu I on vaut mieux qu I un autre. t'

rrles occlésiastiques sont intéressés à maintenir Ies peuples dansItignorance; sans ce1a, comme 1rE'vangi).e est simpler oD leur dlrait:irNous savons tout cela comme vous.tt

"I,a foirla justice et Ia grandeuravec louis IX".

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etc. . .

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-I Cotte colloctlon de La Brède sraccroltra.Et pourtalt,eIIe no donnora "quruno lmage part1elIe et incomplète des lecturos doMontesqulou: sur un total do JaB ouvrasgs cltds par ).ul (dans les,Consldérations" et "1tEsprlt dea 1o1s"), 2O7 soulemont étalent à1,a Bràden. ÀJoutons des pérlodlques françals et étrangers atrxquels 11éta1t abonné. Dn outre t

A Bord.eaux, I'lonteoquieu avalt à aa diaposltlon 'J.a blbllothàquo deJean-Jacquos Be1 Iéguée à ItAcaddmle en 1716, ceJ.J.e du préeldent Bar-bot, celle aussi d.e ).rAcadémle e11e-m6me (... ) LorsqutiJ. travaJ.).J.altà Parls, Montesquieu fréquentalt 1a Blb1lothàque royalo où 11 fJ.t denombreux .rp.rrr{" en 1747 et 1748

'(premlère édttlon-ae nlrEsprlt desloistr)'J 11 avait accès à 1a b1b11othèque SaJ.nt-Vlctor et à ceJ.J.o de1'Oratoi-re"...

Son sens de ].a lecture crltique:"L,orsquton Iit un Iivre, iI faut être dans la disposltlon de croire

que lrauteur a vu Ies contradictions q.ue J-lon imaglne au premler coupdroe11 sry rencontrer. Ainsi, iI faut commencer par se défier de sesjugements prompts, reprendre les passe'ges que J.ton prétend se contre-dire, 1es comparer ensemble, 1es comparer encore avec ce qui Ies pré-cèd.e, et ce q.ui 1es suit, volr sti)-s sont d.ans Ia même hypothèse, siIa contrad.ictlon est d.ans les choses ou seuJ.ement dans sa propre mani--ère de concevoir. Quand on a bien fa1t tout celar or peut prononceren maitre: "I1 y a de 1a contradiction'. Ce nrest pourtant pas toujourstout. .. " ("Penséest').

'rDès ]e co11ège de Jui11y, où srest forrnée se, méthod.e de travail,dès ses a:tnées drétudes à Paris avant dtembrasser Ia carrière parle-mentaire, Montesquieu a pris J-rhabitude de résumer ses lectures lesplus importantes, dren faire des extraits, corune iI 1e dit souvent,mais aussi de noter les conversations j-ntéressantes ar::<quelles j.I aparticipé, 1es évènements qui )-ront frappé, soi-t quril en ait ér,é 1etémoin direct, soit qurils lui aient été rapportés par des annis.,,

Sans oubli-er les recueiJ.s dtextraits de gazettes, etc...

étab]-ir une IISTE tnÈs STMPIIFIÉE d.IAUTEURS

qui ont particuJ.ièrement attiré son attention:

Antiqu j-té grecque : Platon ( " 1a République', , ,'Ies lois " ) ;Aris to t e ( "1" Politique" ) ;Plutarque ( 1es nVies', , ,,Oeuvres morales,, ) ;Antiqui-té romaine: Cicéron ("...D" tous 1es Ânciens, celui qui

a eu ).e p)-us d.e mér1te persor»reI, et à quij t aimerais Ie mleux reasemb1.er', ) ;Marc Antonin (q.r.i aurait pu r'être un saint'r);

On pourraj-tparmi ceux

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Renalssance: Machiavel ("1. Prince,r, ,,DI.scours polltique surIa première décade de Tlte-trlve");

Thomas }lorus ( "Utopiet') ;EilE-a: f "s a i* l1vres d.e n1a Répub11que " -1576/1578 -reconnus auJourd.rhui oncore corruneun chef-dtoeuvre drhlstolre et de soclologi.);

FranÇols Hotman (nFranco-Ga}l1a,,-1j77-: problàoosde toléiance rellgisuso et drautorlté royaLe);

§4

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XVIIo slèc1e:

XVIIIe sièc1e:

Hobbes: ("du Cltoyenn-L"- ( "Essal aur reffiîao.r: ("du Dro:.t

Davld Hume: ( "Tralté dotEesals moraux et

1642) ;gouvernement c1v11"-t 690) ;de ].a nature et des natlonsÙ

-1672) i1a nature huma1nerr- 1779;

polltlqu€sn- 1741 /1742) i

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On peut a jouter, Pêr exernPle:

La Fontalne: (ttJ-es FabJ.es'r. leçons de bon sens);Phllippe d.e Renusson: ( "Trai-té des propres

rdelsn );Louis de Héricourt: ( "Ies Irois ecclésiasti-ques

de Francett ) ;Cl.aude Femière: ("Corps de tous J.es commenta-

teurs sur )-a Coutume de Parls();A. Band.uri: (trNumista imperatorum romanorum') ILouis-E]-].ies Drpin: (rrHistoire de Ia monarchie

d.e SiciJ.en);Pj.eme le Charpentier: ("lrAmbassad.e d.e J.a Com-

pagnie orientale des Provinces-Unies vers1 I Empereur de Chine rr ) ; :

Jean-Baptiste Labat: ( ttNouveaux voyages aus fJ-esde 1tAmérique")

Des ouvrages ou recueil-s concernant 1a Compagniedes fn<ies, Ia 'Description des Ind.es occid.en-ta1es " , 1es mj-ssions étrangères, etc

MONTESQUTIU était coNTRE Ie despotisme, la guerre,1r into)-érance civil_e et reJ-igieuse,I I athé isme ,).es abus et comprom_issions d.e toutesl-a "qu"stiont, judiciaire, tortes'1a l-enteur des procès,1 | esc).ava-ge,

rr était FAVORABTE à une monarchi-e constitutionnerle,

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i",.i"flâ;::"ïïà;:;jil;;=;,",,pouwo,.rs,,.e'u patriotisme,à une entente entre Ies pays européens,( sans exclure 1es cas-dé g."..â-rG)

le chapitre z du livre x est i-ntlturé: ,rDe Ia gue*e,,.Premier paragraphe: rrT,a vie d.es Etats est cornme celre des hommes:ceux-ci ont droit de tuer d.ans 1e cas d.e ààr;"""'naturelle;ceux-Ià ont droit de faire Ia grrerre pour leur propre conser_vation,,. . .

on ne s I étonne pas que t{ontesquieu soit considéré comme un soci.olo-&ue du XX' tr$l "1 ,g:g ses ad.wersalres du XVrrro (exception faitepour1e?ffiaela,,^Déc1arationd'esDroitsde1lHomme,,)a1ent

surtout péché par j-ncompréhension de 1tévolution ioiitrn,-,e et soclal-e

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Montesquleu n t-C-lm&+ n1 Vo1ta1re, gul Ie Lul rendalt blen'n1 1.resprlt de J.rEncvcloPédle;

Avec la vivaclté courtolse mals ferme qul caractérisalentses critlques, iI a' récusé 1es conceptions absolutistes etanti-religleuses de thomas Hobbes et celles de Splnoza qu1it..rr'rr"".e toute rel15ion et toute mora].err '

Deux chapitres du l1vre XXMe 2 et 1e 6 sont lntltu1és,,parad.oxé a. pgyE". Montesquleu réfute vigoureusement Iamenière d.ont fTauteur tralte ses ttPensées sur Ia comète"et son "Dictionnafre hi-storique et critique"'

(cf.p.?9)

11 est surprenant qrle certains adversai-resde I\lontesquieu aient pu ].ui reprocirer'ciravoi:r méconnu 1 I esprit de sa propre rel-igi-on

^F * -4 c is ér"J en-. :v'r , -:'_ _

Les jansénistes se montrèrent de vioJ.ents adversairesde "lrEsprit des 1ois". les atteo-ues de J.eur pub)-ication,"1es Nouvelles ecc).ésiastiquês", i-ncitèrent Montesquieu, surIes instances de son ami ltabbé Guasco, à pub).J-er Ie "Défensede I'Esp:'it des lols" où iI répond.ait à cheo-ue cri-tioue 11750)

Les jésuites, pâr d.es artic)-es d.u 'rJournal d,e lrevou:<rr,furent aussi des adversaires de lroeuvre, maj-s certainementavec moins dtâoreté.- Montesquieu éprouwait quelque réticenceenvers 1a "Sociétérr très puissante trop puissante à son gré-et s I en expJ.iquait :

rrsi 1es jésuites étaient venus avant luther et Calvin, j.1s au-raient été Ies maltres' d.u rnond.e (... )Jtai peur des jésuites. Si jtoffense quelque grand., i). mtoubl.iera,je ).roublierai; je passerai dans une autre province, dans un autreroyaume: mais si jroffense 1es jésuites à Rome, je Ies trouveraià Parj-s, partout ll-s mtenvironnent; Ia' coutume quri)-s ont de sté-crire sa'ns cesse entretient leurs inimitiés"

Cette "peur'r fut toute relative. Sans doute provenait-e1l,e cle lrorgani-srrtion de Ia Compagni-e d.e Jésus et de sa disciplinernLlita:Lre - soi'I stipdrieur', qui sj.ège àr Romer oe porte-t-iI pas 1eti'tre Ce "G6néraI"? -r et dont l.a forrnatj-on très sévère justifj-aitIa puissal)ce reJ.igieuse. Son niveau dépassaj-t largement celui duclergé se<cu1ie:r qui- conrposait, avec Ia monarchie et les Paz"l ements,l-es trois éIénents du oouvoir.

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CIest dralIleurs au co11ège Loule-1e-Grand, à Parls -céIèbreco1lège d.es Pàres- que Montesquleu avalt conflé 1réducatlon deson fils Jean-Baptlste. Etr âü chapitre 6 du ).ivre IV de "1rEspr1tdes lolen, 11 fé11clte 1es mlssionnalres de Ia'rSoclété" qui orga-nlsaient au Paragr:ay Ia vie des Indlens en les protégeant contreltesclavage lmposé par 1es colons portugale ou espagnols:

nl,e paraguay peut noua fournlr un autre exemple^ (if vlent d.e

citer d.es "*"*ptês de même nature d.ans ltAntiqultd). On a voulu

falre un crime à ].a nsociétér', q.ui regarde le p].alslr d.e commandercomme Ie seul bien de 1a vie; mais iI sera toujours beau d.e Bouver-ner 1es hommes en Ies rendant heureux.

II est glorj-eux pour elIe dravoir été Ia première qui ait montréd.ans ces contrées ltidée de Ia religion Jointe à ceJ-J-e de J-rhumani-

.té. En réparant J.es dévastations d.es Espagnols, eI1e a commencé àguérir une des grandes plaies qurait encore reçues Ie genre hurnain.

Un sentiment exquis qura cette société pour tout ce quteJ-le ap-pel1e rrhonnerlr'r, son zèIe pour une religion qui humilie bien plusceux qui Irécoutent que ceux qu5- 1a prêchentr Iui ont fait entre-prend.re de grand.es chosesl et eI1e y a réussi. EIJ.e a retiré desbois d.es peuples d.ispersés; eI1e leur a donné trne subsistance assu-rée; e11e 1es a vêtus: et, quand e11e nraurait fait par 1à quraug-menter J-rind.ustrie parmi J-es hommes, e11e aurait beaucoup fa1t.

Ceux qui voudront faire d.es lnstitutj-ons pareiJ.J.es étabJ.iront1a communauté de biens de 1a république d,e P1-aton, ce respect qutiJ.demaldait pour Ies d,ietrx, cette séparation d. lavec Ies étrangerspour 1a conservation des moeurs, et J-a cité fâisant Ie commerceet non pas 1es citoyens: i)-s donneront nos arts (sens de Itépoque)sans notre l.uxe (sens de 1tépoque, péjoratif), et nos besoins sansnos d.ésirs.

I).s proscri-ront lrargent, dont J.reffet est d-e- grossir Ia fortuned.es hommes au-delà d.es bornes que J.a nature y a mj-ses, d.rapprend.reà conservez' inutilement ce quron avait amassé d.e même, de muJ.tj.-plier à lrinfini l-es d.ésirs, et de suppléer à J-a naturerquj- nousavait donné des moyens très bornés d.tlrriter nos passions, et d.enous corrompre 1es uns les autres. . . n

Dans son ouvrage rrMontesquieu intimerr, préfacé par Ie d.ucde Castries, de ).rAcadémie Française, Ie baron Phi)-ippe d.e Montes-quieu, Présid.ent d.rhonheur d-e ltAcadémie Montesquieu, évoque lamise à lrfndex - réeIIe quoique modérée - d.e lrJ.rDsprit d.es J.oj-srr.

Une mise à lrlndex assez étrange: ltauteur d.e J.touvragentavait-i1 pas précisé: 'rNous sommes ici politiques et non pasthéologiensrr? Avait-11 formulé 1a moindre critj-que contre 1edogme?- comble drironie: dans 1e même temps, voJ.taire reprochaità rrlrEsprit des loisrr d | être rrtrop favorabJ.e au christianismert !

Montesquieu srest défendu lui-même en publiant sa I'Défense d.e].tEsprit des Iois".fI y réoond point par point à ctrqu,fàEjffi61.

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Sel_on les ternres rlu baron Ptrilippe <le Monteso-uieu dans son ré-cent frl4ontesrluieu intimetr , cette ttDéf ensett est tttln remarquable

ur srarme de décence et dlironiesonge et J.rerreur (...) 11 écritverneis, ambassadeur à Rome, etpas eu pour objet d.e travaiJ.leri cherché à Ia faire aimerrr.

Ces deux correspondants nlétai.ent pas ses seuls soutiens contre1es ,tobjectionstr de Ia Congrégation de 1rfnd.ex. Nous nommeronstparmi beaucoup dtautrest Mgr Cerati, Ie P.Castel, de Ia Compagnieà. Jésus, Mgr Giovanni Gaetano Bottari, pré1at f)-orentin d-e hauteculture, eui avait écrit antérieurement à la condamnation au ducBarto1omeo Corsini, neveu du Pape CJ-ément XIf :

"Je nle ré joui-s d.rapprendre que Votre ExceJ.J-ence 1i.t r'J.tEspritdes J.ois t' , car c I est un livre ad-mirablert .

Quant au cardinal Passionei, i1 réussit à retarder Ia décisionfina].e Seulement à Ia retarder.

En France, à Ia même époque, 1a Sorbonne (f'acu1té d.e Théologie)examina1t 'r]-rEsprit des Iois" pour 1e censurer. I,raffa-ire y traineraen longtreur; louis Desgraves écrit: tt...son peu d.rempressement àjuger t, lrEsprlt des loisrtne peut-iI pas slexpliquer par Ia cond.am-Àation d.e Rome qui aurait ainsi évité à Montesquieu Ia réprobationdes théologiens parisiens?-.

" ( . . . ) La procéd.ure fut engagé e devant 1a Sorbonne, Ie Ia aott1750, et confiée à une commission d,e douze membres. Montesquieudemanda son appui à son ami, Mgr d.e Fitz-James, évêque d,e Soissons,et fiJ.s d,u maréchal de Berwick. Répond.ant à Montesquieu, 1e 29 sep-tembre 1750, Mgr de tr'itz-James critique )-es méthodes de J.a Sorbonnê:iI srinterroge sur le bien-fondé du princi-pe de )-a censure te3.lequreJ.)-e srexerce al.ors et sur son efficacité pour défend.re Ia reJ.i-gi-on cathol-ique contre 1es attaques de ses adversaires:"l.les confrè-res ont autant de gott pour J-es censures q.ue jten ai peu: iJ-s nefont pas assez attention q.ue Ia première notion de Ia censure estquteJ-le doit être médicina).e et qurainsi quand on préwoit qurel-J.ene guérira pas Ie ma1, i1 faut sren abstenir. Ctest ce que j,ai d.ità p)-usieurs, non à ).roccasion de votre livre d.ont jtignorais quri1-ftt question, mais sur ce quron mtavait dit quti). y avait une com-mission nommée de douze docteurs pour examiner et censurer tant d.emauvais écrits qui inondent Ie mond.e. Je crois que crest prend.reun mauvais parti, drautant que par Ia connaissance que jtai d.espersonnages qui y seront employés, je craj-ns fort quriJ.s ne fassentquelque chose de ridicule, gui fera plus de ma1 que d.e bienn.

Mgr de Fitz-James poursuit: "(... ) Pour couper )-es raci-nes d.umaI, iI faudrait songer sérieusement à ranimer Ies études d.e théo-Iogie, eui sont entièrement tombées, et tâ.cher de former des minis-tres de 1a religion qui Ia connaissent et soient en état d.e 1a dé-fendre. (... ) Si nous pouvions faire revivre d.es Boesuet, d.es Pas-cal, des Nicole, des Fénelon, Ia seu).e considératj-on de ).eur doc-trlne et de leur personne ferait p1.us de bien que mi1le censuresrr.

Et l'1gr de Fitz-James promet à Montesqui-eu dtintervenir auprèsde Mgr Christophe de Beaumont, archevêque de Paris. Ce quril fit.

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En résumé, 'pendant trois ans r la Sorbonne tergiversa ternclis queIe périod.iclue ja.nséniste rrles Nouvelles eccléslastiquesil renouvelaitses attaqrr.es et ltexpression de son mécontentement en raison deces lenteurs.

Finalement, "1e 15 Juin 1754, Itassemblée p].énière de Ia. facu)-té,examinant Ie projet él-aboré par 1es députés (1. commission dtenquête)1es 7 et 15 lriai, avait cependant ordonné Ia publication de l-a censure.Irlais 1a condarnnation ne fut jamais rendue pub].i-oue, ni au colrrîs desquelques mois qui::estaient encore à vivre à }lontesquieu, nl aprèssa mort"' (r.Desgraves) .

tr...Quant à mon livre d.e

frelons q.ui bourcionnentun peu d.e mie1, cela nle

des 'l oisrr , i I entends que].quesmo j ; rnais si les abeill-es y cuei'l l-ent

du 24 iio.rernbre 1749,à l,igr Cez'ati).

rrl. rEs'pritautor-r:'desuf f itrr .

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ur L t éd.ition. Piais 1c l-ibti:'aIis-<légage risclue, à cette éPoqueplaire à J-a censure; Pour ene Ia mesure du Possibl-e, I{ontes-teur holl-andais comme Pour Iesder son anonymat. I{ais l-a SrLerreuell-e Ies Provinces-Uniese ntétait pas terminée: en Décem-

bre 1146, Montesquieu renonça a ce projet. 11 se tourna vers Iasuisse, pays .r.rtr., comme toujours.Et iI crut pouvoir compter sur

=o.r r*i ltruué Guasco. or, ]-e Piémont, patrie de l-tabbér se trouvaitengagé d.ans fes hosti1-ités contre 1a France. I'lontesquieu crut pou-,oi"-.ornpter sur son ami, dont l-es déplacements nombreux devaient,avaii-il d.it, Ie conduire en Suisse, pour se mettre en rapport avecquelque éd.iteur genevols. Guasco q.ui stétait slvivement j-ntéresséaux éoiso«ies d.e J.a composition de ltouvrage, fut si réticeni queMonteiquieu d.ut renoncer à son entremise.- Pourquoi cette réticence?Etait-ce parce que sa patrie piémontaise se battait contre ceJ-l-e deItauteur et qurun patri-otisme, somme toute naturel, 1e retenait?Était-it occupé à rend.re quelques services citagent secret, commecertains ltont pensé?- 11 faut ad-mettre que I'lontesquieu était trèsé1oigné oes règlements d,e conpte militaires, à 1-texception de ceuxq-ul noLrs opposaient à J.lAngJ-eterre travec o*ui, disaJ-t-iI cette année-1à, i-I ne faut avoir de comnlerce qurà coups d.e canont'.

En irlai 1747, i1 renonça aux services o.e son ami Guasco. Une heu-reuse conséquence de ses re)-ations parisiennes 1ui apporiaient unesolution: il- avait fait récemment connaissance dans']-e salon de Iamarquise de Tencin,de Pierre Mussard., ambassad,eur d.e Genève trèsestimé de louj-s XV. Pierre Mussard était assisté comme représentanti-ntérlmaire, d.e Jean-louis Sal.adinr uD administrateur d-e 1a Compa-gnie d.es fnd.es. Or, Ia Compagnie avait pour directeur Jean Risteau,rel-ation de liontesquieu, bordelais et rnembre, comme,J-ui, de l.a RoyalSociety de lond.res. Salad.in J-ut J-e manuscrit deltf rEsprii des )-oisIavec grand intérôt et Ie transmit à l.lussard- qui srerithousiasma pourI loeuvre, écrivant notamment, dans une lettre d,atée :de Genève, Ie8 Juil-let 1747: rr...Ce qurun citoyen éc1airé peut à peine bien connal-tre dans llenceinte d.e sa viJ.J-e même, fe cJ.imat ei ses rappor-bs etinfluencesr les moeursr J.es coutumes, 1es 1ois, Ie génie de son gou-vernement, vous, citoyen d,u mond.e, et comme si vous existiez d.ès sacréation, connaJ-ssez tôus 1es pays, iou.s 1es temps et tous les gou-vernements (.. . ) la rai-pon parle d-ans cet orr.r=rg. pour nous d-iretout ce qutil y a de plus intéressant et pour pJ.aire en instruisanttro

Bj-en entendu Mussard et Sa1-ad.in promirent de respecter lranony-mat de Montesquieu, et 1-timprimeur genevois, drorigine ryonnaise,Jacques Barrillot, se chargera de Irimpression. Epreuves, retouches,éd.itions successives, 1a premi-ère ne comportant q.ue 1es vingt-cinqpremiers r'1i-vrestr et d.es éIéments q-ui seront inclus dans 1es rtli-vres"XXVIII et XXIX. Crest 1téditj.on complète qui nous intéresse; maisque de difficultés pour parvenir à son terme! Au XVIIIème sièc1er oDI1e devait compter ni sur un message postal d.istribué vingt-quatreheures après son expédition, ni sur un coup d.e téIéphone...Itious passerons donc sur 1es innombrables péripéties.

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1721-1748'- Vingt-sePt ans sepersanesI et ceJ.1e deet Ies trdlssertationsrlDas de ]-es énumérer.

"tlDsorii des loist' futI.lont esquieu ; -èt-To--Àuc c è s].a renommée de son auteur.

sont écou1és entre 1a publication des 'rlettresttlrEsprit des Ioisrr. Nombreux sont 1es essaisdans cet intervalle, rnais notre propos nrest

Ct effei::i.reAjf.I)I'O-

sur ].es, o-ui-

Ie couronnement rle Ia carri-ère d.evéritablernent international sufflt à

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En nommant ces deuz olrvrages, uD apophtegme famil-ier nous vienten mérnoire: rrT-,er critique est aisée, mais 1'art est d.iff icile".tra cri tique , c t est Ia " substantif ioue moellerr des riLettres persaned',cEef'-droeuvre d robservation satirique drun jeune écrlvain au stylealerte, qui se rnanifeste selon ).rexpression du Professeltf' C.A.Fusi-l comme "un observateur j-mplacable des erreurs de son tennpsrr.

Cet universitaire dit p]-us ].oin: r'...Piais au-deIà d.e \a satire,on.roit déjà srébaucher 1a partie constructive de 1'oeuvre deMontesquleu(... ) on y d-e.rine Ie phil.osophe d.e J.thistoire, 1e créa-teur des sciences juridiques et sociologioues".

Ce sera rtJ-e grand ouvrager', trl lBs:crit des loisrr.Ire style esi lou jours vivant, i".rais 1e ton est déoourvu

ironio_ue et de i:laisante fantaisie, Pltts oues-uion de faireorl dragacer': l-a criiique e fait place à l-té1;ude sereine eTfonCie ies s;,,'stèno de golivernement et Ce leurs résonancessoc j.éiés correspondantes . C lest I t a'r'i r âü sens de créaiionmet à l-eur'"ius'Le place fes raatér'iau;.: de Ia construction.

On rr.j.r'a.it o-ue 1es 4 te:ries desrrlett:'es persanes'r, racontantl-a syrnboliclue histoj-r'e d.es "!z'og}-odytesrl voulaient nous y préparer.T

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Une anecdote assez pittorésque est _oassée à Ia postérité-( Dès 1a parution d.e lroeuvre, Voltaire cléclara:

rrI,e Senre humain avait perdu ses titres; Ivlontesqu1-eu 1es atrouwés et ]-es 1ui a rend.usrr.Ce compliment grandiloquent d.ut faire sourire Ie baron de la Brèd.e!

Deux ans plus tard, le succès d.e rt).rEsprit des loisrr correspon-dait à vingt-deux éditions et à sa trad.uction en plusieurs langues.Dès 1ors, 1 t opinion si Iton peut ciire de Voltaire se retourna:"J-,rEsprit des loisi', crest 1!esprit sur 1es lois; je nlai pas

l_ | honneur de 1e comprenclre ! 'r

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''LIBSPRTT DES IOISTT se eerPeee-9e-21 I,IVR ES (*)

Irivre fo, "h.PÎt"a 1t" Des lois dans les raoports ourellee ont avec

"'(Extraits ) . - "Les lois , d.ans 1a signif icat j-on Ia pltrs étendue ,

sont 1es rapports nécessaires q.ui dérivent de 1a nature des choses;et dans ce sens, tous 1es êtres ont leurs lois: 1a divinité a ses1ois, fe monde matérie1 a ses 1ois, Ies intelligences supérieuresà lrhomme ont letrrs 1ois, les bêtes ont Ieu:'s lois, lrhomme a seslois.

Ceux o-ui ont dit "qutune fatalj-té aweugle a produit tous leseffets o-ue nous voyons d.ans 1e monderr ont dit une grande absurdj-té;car qr"lie plus grande absurdité qutune fatal-ité aveugle qui aurai'tproduit <i.es êtres inte)-ligents?

Il- y a donc une raison primiti-ve; et fes Lois sont Ies rapportsqui se i:-ouvent entre el-Ie et 1es diff érents êtres, et les rapportsde ces ciivers êtres entre eux.

Dieu a du rapport avec lrunivers comme crée.teur et comme conser-vateur; Ies lois sefon lesquelles iI a créé sont ce1les selon les-quelles iI conserve; if agit selon ces règIes, parce quril lesconnait; j-I }es connalt, parce qu I i1 l-es a fai-tes; il- les a faites,parce o-urel-l-es ont du rapport avec sa sagesse et sa puisss-nce.

Comrne nou.e volJons que Ie monde, f ormé par Ie mouvement cle Iamatièr:e et p:'iwé drinte)-ligence, subsiste touiours, i1 f aut q.ue

ses rncuve;ne-ts aient des l-ois invariables; et si f ron pouvait irna-giner un aut:.e monde o_ue celui-ci, iI aurait des règles constantes,ou i-]. se:ai: détrui-t.

C es rà.tf es sont unI'chiioue dlversi-té est

raoport constammentuniformité, chaque

étabJ-i" ( .changement

. ) Âinsi,est constance'l

tors (n. des l. I,Ce sont celles "qui dérivent uniquementnot:'e être. Potrr 1es connaitre' iI fautl- I étahlissement cLes sociétésrr.

*1 - f dée ri.e conserwation; sentiment d.e faiblesse dans 1a natttre;"dans cet état, chacun se sent inférieur; à::eine se sent-i1 éga:-.On ne che:'cherait donc point à srattao^uer, et Ia paix .serait 1anremièr'e 1oi nature11e".

2).de l-a constitution deconsidérer un homme avant

de sa faib).esse, lrhomme joindrait 1e senti-ainsi une arrtre loi naturelile serait ce1]e

de chercher à se nourrir".

xZ "Au senti-mentment de ses besoins:qui l.tti inspirerait

*7 le rapprochement sur Ie plan sexuel*4 r'Outre Ie sentiment que ]-es hommes

wiennent encore à avoir des connaissances;lien que les autres ani:"naux n I ont pas. f ls

"ra d.tabord., i1s par-ainsi ils ont un secondont donc un nou\rcau

motif de srunir; et l-e désir de vivre en société est une quatrième].oi natttrel-1e".

(*) "Livrerr=rrdivision". Au total, env. 75O pages de format 17X24 cms

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Page 70: Montesquieu et Nous

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CONSÊAUENCE 1a VIE EN SOCIÊ1Ê (r, 1).,,Sltôt que lss hommes sont en société, lIs perdent Ie sentiment

de leur faiblesse;1r6ga1ité qul était entre eux cesse' et 1rétatde guerre commence.

Chaque soclété particulière vlont à sentlr sa force: ce qui pro-duit un état de guerre de natlon à nation. Ires particuliers danschaque soclété .commencent à sentir leur force I ils cherchent àtourner en leur faveur Ies princlpaux avantages de cette société:ce qui fait êntre eux un état de Suerre.

Ces d.eux sortes d,état de Suerre font établir ]-es lois parmi1es hommes. Considérés comme habitants drune si grande planète,ouril est nécessaire quril y ait différents peuples, iIs ont deslois dans Ie rapport que ces peuples ont entre eux: et crest IeDROfT DES GENS. Considérés comme vivant dans une société q.ui doitâtre maintenue, i1s ont des lois dans Ie rapport quront ceux quigouvernent avec ceux qui sont gouvernés: et crest 1e DROIT POLI-TfQUE. fl-s en ont encore dans J.e rapport que tous ).es citoyensont entre etlx: et c I est Ie DROfT CfVf L. I'

/\\ " ",, "Une soc iété ne saurait subsister sans un gouvernernent i' .

(... ) "La Ioi, en généra1 , est Ia raison humainer ên tant qut eJ-Iegouverne tous 1es oeuples de Ia terre; et 1es Ioi-s politigues etciviles de chaque natj-on ne doivent être que Ies cas oarticuliersoù srapplique cette raison humaine.

E1.1es doiven-c être teJ.lement pr-opres au peuple pour 1eque1 e1J.essont faites, que crest un très.<rand hasard. si ceJ.les drune nationoerrvent conveni-r à une autre.

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i1 faut qutelles se rapportent à 1a nature et augouvernement o_ui est établir oü quron weut étabJ.ir,1e forment , cprnme@ io_ues; soi-t qutiennent, connme font 1es lois ciwiles

Elles cioivent être relatives au pirysio_ue du pays r 8u climatElacé, brûIant ou tempéré; à Ia qua).ité d.u terrain, à sa situation,à sa grandeurr êu genre «ie vie <ies peuoles, Iaboureurs, chasseursou pasieurs; e1les doiverrt se raoDorter au degré de liberté que Iaconsti-'bution peut souff:'J-r; à la religion des habitants, à leursinclinations, à leurs richesses, à leur nombre, à J.eur commerce,à leurs moeurs, à leurs manières. Enfin eLl-es ont des rapportsentre el1es; e1les en ônt avec J-eu:'origine, avec ).rob,iet drr 1éris-lateur, evec I I ordre des choses sur lesque]-les e].ies sont étab1ie.s.Ctest dans toutes ces vues qutil faut les considérer.

Clest ce que jrentreprends de faire dans cet ouvrage. Jtexami-nerai tous ces rapports: j-Is forment tous ensemble ce que l ronappelle 1r ESPRIT DES æIS.

Je nrai point séparé Ies lois politiques des civiles, car, commeje ne traite point des 1ois, mais de ltesprit des Iois, et que cetesprit consiste dans les divers rapports que Ies J.ois peuvent avoir.lvec diverses ciroses, j t ai dt moins suivre l t ordre naturel des loisque celui de ccs rapports et de ces choses.

principe dusoit qu ! e).les

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Jrexaminerai d.laborcl lcs rapports que les lois ont avec Ianature et 11vec 1e principe de chaque 6ouvcrncrnent; et comme ce

principe a sur les lois une suprême influence, ie mrattacheraiàIe bien connaitre; et sl je puis une fois 1rétablj-r, on verracouler 1es 1oj-s comme de ).eur source. Je passeral ensuite auxautres rapports, qui semblent être plus particullersrr. (f, 1).

TroisSouvernome

( d.ans 1e sens de nrégimes politiques " )

(Irivre If , chap.l ) : rtDe 1a nature des trois divers ,gouvernementsr'.,,f1 y a trois espèces d.e gouvernements: 1e nËPqAf,LCnIW,1" MO-

N,q.nci{iqün et 1e prsiorrouE. ( I:. ) a" supposu troiJ-ffiinitionslouffioi.raits:t'ùnque''1e8ouvernementnËpugIrc.A'lNestàe}ui où le peuple en corpsrou seulement une partie du peuple, a

Ia souveraine puissancel 1e MONÂRCHfQUE, celui où un seul Souverne,mais par des lois fixes et établies; au lieu 9üêr dans ]e DBSPO-TIQUE, üD seu1, sans loi et sans règ1e, entralne tout par sa vo-lonté et Par ses caDrices" -

(tl, 2) : " cain et des J.ois re)-atives à1a démocratie".

A noter, entre autres, cette réflexion: "Comme Ie olupart d.escitoyens, 9ui ont assez d.e suffisance pour éIire, nren ont pasassez pour être élus; de même Ie peuple, eui a assez de capacitépour se faire rendre compte de Ia gestion des autres, nrest paspropre à gérer par Iui-même

fI faut que l-es affaires ai11ent, et qurelles aillent un certainmouvement qui ne soit ni trop lent ni trop vite. Mais Ie peuple atou jours trop d t action, oü trop peu. Quelcluef ois avec cent millebras il- renverse tout; o_uelquefois evec cent mille pieds il ne vaque comme les insectes. .'i

Au cours de cè chapitre, lrauteur passe en re\rue lesdémocraties grecques et Ia république romaine de )-rAntiquité.Pour l-ui, ce (lue nous appelons "Sénat" équivaut à une Cour de Ianoblesse o-ui serait éIue par ses pairs pour un déIai limité.les 8randes affaires de, ].rEtat ne seraient nas à Ia portée du peu-ple, alors nnêrne que Ie peuple doit avoir Ia narole (par ses é1us)pour tirer les conséquences des résultats obtenus.

( cf . "MoNTESeU.TEU ET I,A DËMoCRATIE" , analyse d.e H. Mialhe ) .

(ll, 4) : "Des lois dans leur rapport avec Ia. nature d.u gouverne-ment monarchioue".

(tl , 5) ,: "Des lois re].atives à Ia nature d.e IrEtat despotique',.

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tÉ(Livre III): "Des principes des trois Aouvernements'l

QLeIques ohrases relevées ds.ns ce 1iw1e g

( o, chap. 3 : "!. rrrincipe de Ia ddmocratio):". . . i1 faut un res:;ort de plus gui est fa VERTU (vertu civique)

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Ce que je d.is est confirmé par Ie corps entier de lrHistoire, etest trèà conforme ir Ia nature cies choses. Car iI est cLair Qüerdans \.rne monarci'rie, or) celui qui frrit exécuter l-es lois se iugeau-d.essus «1es loisr oD a besoin de moins de vertu que darts unÂouvernement populclire, où celui q.ui l'ait exécuter les lois sentqutif y est soumis Iui-même, et o-utiI en portera 1e poids.jf es-b clair encore que Ie monarque eui, par meuvais consei-l-ou per négligence, cesse de faire exécuter l-es 1ois, peut erisé-,.nt 1épaier Ie rna:l-: iI n ra q-u 'à changer de conseil , ou sc corri-ger d.e cette négligence même. Mais lorsque dans un gouvernementlonulaire les lois ont cessé drêtre exécttté.srgomme ceLa ne peutvenir que cle Ia co:'ruption de Ia ré1>ubliquerltÉtat est déjà perdu.

Ce ful; Lrn assez beau spectacle, dens Ie siàcle passé, de voirles eir'o:.is imou - ssants des Anglais pour étarbli:r parmi eux 1acténrocratie. Conr;ne celt): qui ttva j-ent oart aux af r'aires n I aveientpoi-nt iie vertu, q'.te leur amb:tion était irrité e par 1e succàs deLe1ui qui avaii f " p).us osé (Cromwel-l) , q.ue lf esirit d.rune ferc-ti-on n t éta j-t réprimé que par 1 | espr{ i dlune autre,l.e gouvernementchangeait sans cesse: Ie peupJ.e, étonr:é, chercha1t Ia dér:noc;'atieet ne la trotrvait nu11e part. Enfin, après bj-en des mouvements,des chocs et des secousses, iI fal-J-ut se reDoser dans Ie gouver-nement môme o-u ron a'reri-t proscrit. . .It

les l-ignes suivantes ne semblent-eI1es pas :cro_cosées à nos réflexions?

I'Ceux (tes politiques) d,raujourdrhui ne nous parlent o-ue demanufaciures, Ce commerce, de finances, de richesses' et de luxentêrne ("Iuxe" a toujour.s un se:ls péjoratif au XVIfIq sièc1e: "dé-penses excessiwes et voyantes, aù sef'wi ce oe l t orgueilt') .

Lorsqrre cette vertu (civique) cesse, lrambition entre dans 1escoerlrs r2ul oeuvent 1a """olroi=, et Itavarice (rrpt"ité) entre danstous. I,es dési:'s changent d t o'o jets: ce o-u t on aimait, on ne ltaimerl.us; on étai't 1ib:-e avec I e.c lois r otr veut êt:'e libre contre ell-es( . . . ) . Ce qui était rnÉrz1,"ne, on ltappelJ-e rigueur; ce qui étaitrà.cIe, on Itaplrelle 6êne; ce o^ui étart attention, on lrappe11e

""ài..,iu. (... ) .r.utrefois f e bien des :ra:-ticuliers faisait 1e tréso:'

nubli-c; maj-.s pour I ors 1e trésor public dewient 1e patrirnoine despar.iiculiers. La république est r'tne ciépouille; et sa force nr.estpfr= que Ie potrvoir <ie quelques citoyens et Ia licence de tous". . .

( aux chap. '-.r , 6, 7 :', consacr'és au "o:-incioe du gouvernementE9@'ue":

lJn certain nombre de courtisans ne perclon-neront oas à Montesquieu ce jugement quil.LIttstre 1e chao.ttre 5 z

,'...Quron lise ce que 1es historiens de tous les temps ont ditsur l-a cour ries rnonerques; quron se rappeJ.le 1es conversations deshommes de tolrs 1es pays sur le misérable caractère des courtisans:ce ne sont point cles choses de soéculation, mais dlune tristeexn.irience.

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Lrambition dans l roisiweté, 1a bassesse rlans l rorgueil, 1e désird.e srenrichir sans travai], 1r aver.sion pour 1a véritei, Ia f latte-rie, 1a tra)rison, 1a perfidle, lrabanrlon de tous ses enSagements,Ie mépris d.es devoirs du cltoyen, Ia craj-nte de l-a vertu du prince,Itespérance d.e ses faiblosses, et, plus que tout ce1a, Ie ridiculeporpétuel- jeté sur la vertu, forment, je croisr le caractère dupl-uè grand nornbre des courtisans, marqué dans tous les Ij-eux etdans tous ]es temps. Or, 11 est très ma.laisé que Ia plupart desprincipaux drun Etat soient malhonnêtes Bens, et que les inférj-eurssoient gens de bienr Quê ceux-Ià soient trompeurs, et que ceux-cicons entent à n t être que dupes. . '.'

D t ai].].eurs, Montesquieu a écrit dans ses rrPensées r' :

+i- "fL y a bien peu de vanité à croire cluron a besoin des affai-res pour avoir quelque mérite dans Ie monde, et de ne sejuger plus rien lorsquron ne peut plus se cacher sous lepersonna6e drhomme public r' .

"Quand, dans un royaume, i1 y a pJ.us dlavantage à faj-re sacour qurà faire son devoir, tout est perdurr.

"I1 ne faut point faire par 1es l-ois ce quron peut faireDaï' l-es moeurst'.

+Ê rrJe disais à un homme: I'Fi d.onc!vous avez 1es sentimentsaussi bas qurun homme de o^uaIité. "

i( I'Jrai eu drabord pour 1a olupart des grands une crainter>uérile; dès que j I ai eu fait connaissance, j tai passépreso^ue sans mil-ieu jusqu I au méprisr'.

*'rJe nrai pas aimé à faire ma fortune per 1e moyen de 1a cour;j ,ai songé à l-a faire en faisant valoir mes terres, et àtenir toute ma f ortune i-mmédi-atement de Ia main d.a Dieurr.

( au:< chap. 8, 9, 1O :'rprincine des Etats despotj-ouesrt

tres livres IVàXXVI traitent:

L,ivre IV

I,ivre V -

livre Vf

livre Vff-

Des lois :

Des lois z

cell-es de 1réducation, relatj.ves aux princj.pesdu gouvernement;cell-es du 1égisJ.ateur, relatives au princi-pedu gguvernementI

Conséouences des principes des dj-vers Fouvernements par rapportà la simplicité des lois civiles et criminelles, Ia formedes jugements et 1tétablissement des peinesl

Conséeuences des différents princloes des trois gouvernements,par rapport aux J.ois somptuaires, au ).uxe et à }a conditiondes femmes I

Son appréciatj-on des femmes d.e 1a Cour dtun royaume:,+ "Les f emmes ont peu de retenue dans les monarchies,

parce que J.a distj-nctlon deo rangs 1es appelant à Iacour, elles y vont prendre cet esprit de liberté qui

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Page 74: Montesquieu et Nous

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est à peu près 1e seuL quron y toIère. Chacun se sertcle letrrs rrgréments et de leurs pa§lsions pour avancersa fortune; et comrne leur faibJ.esse ne leur perme'bpers 1 rorgueil, mais 1a vrrni- té , Ie J.uxe y règne tou-jor-rrs avec ellesrr.

Liwre VIII De ]-a corruption des principes des trois Aouvernements.

Sur"Ie dérèA].ement cle Ia démocratie",("f. déve1.oppement p.99).

Sur'I-a corruDtion du princioe de 1a mona""hi.rt.(chap. 6, 7, B) -

l, lt ,,.'.. Ies monarchies se corrompent lorsquton ôte peu à peu1es prérogatives des corps ou 1es privilèges des wil).es.Dans Ie premier cas, on va e'u despotisme de tous; dans

[, 1 | autre r âu despotisme dtun seuIlr.tt I'La monarchie se perd lorsqurun prince croit qulil rnontre

pJ.us sa puissance en changeant J.lordre des choses qulen Ie{. suivant; }orsqutil ôte Ies fonctions naturelles des unst

Oour. f es d.onner arbitrairement à d.tautres; et J.orsqutil- estpJ-us arnoureux de ses fantaisies que de ses volontésr'.

[, tÊ "La.monerchie se perd lorsque Ie prince, rapportant toutuniquement à J.ui, appelle lrEtat à sa capitale, Ia capitaleà sa cour, et 1a cour à sa seule personne".

[, (Ctest ule critique de 1a centra]-isati-onexcessl-ve que nous connaissons bien. )

r i'Ê "l:=';i;;ii:=o:"li i::ï:lâi.l'u!"i:"3::,1:::'::"ïi;,â:;^'u-lorso-uron ôte au-x grands i. respect àu= peuples, et qu t on

, Ies rend cle wj-l-s inst:'uments dr.r lrouvoir arbitraire".I )s "fl- se corrompt encore plus lorsque lrhonneur a été mi-s en

contradiction avec 1es honneurs, et que J-ron peut être à 1af ois couvert «1 I inf âmi es et de digni-tés " .

t. ,Ê "I,e principe de la monarchie se corrompt lorsque des âmessingulièrement l-âches tirent vanité de 1a grandeur que pour-

r ;:il âI:'i,l;"â"iï"ilii'i; ;:,;*:""ï]i; ;;:'ii:"-I: ii,T'ï,""à sa f,rtrie".

I Dt :rutre part* "lrinconvénient ntest pas lorsque llEta-b Dasse dlun gouverne-

ment modéré à un gouvernement modéré, corïme de 1a républJ-queL i"]iu'TT"i:li:' .T'"3"1?"î;Tî:":i""3,ï:";:l::ï.;:;à"3ul;, despotismerr.

L Li-vre IX Des lois, dans 1es rapports qutelles ont avec Ia forcedéfensiwe.

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Page 75: Montesquieu et Nous

t1 ontesciuieu, homme cie robe r Dê se mô1e Ilas de strerté6i.e;mais son bon sens est peut-être servi par sa naissanàer-puisque son r'rère était ofr'icier du Roi; i1 apparait enthéori-cien réfIéchi. Perr exemple:

l('pour clulun Ûtat soit dans sa force, i1 faut que sa grandeursoit teI1e quril y ait un rapport de 1a vitesse avec Ia-qtrelle on peut exécuter contre lui quelque entreprise, etla promptitude qu I i1 peut emproyer pour Ia rend.rà vaine.comme cel-ui qui attaque peut drabord paraitre partout, iffaut 9ue celui çIui défend puisse se montrer paitout aussir,.

Lj.vre X Des loi-s dans 1es ra ts u I eIles ont avec Ia forceoffensive.

Les nombreux aspects du problème sont étudiés,sur l-e plan théorique. Mais voici des décl.sratlonsqui devraient attirer notre attention :

rr Une conquête peut détruire 1es préjugés nuj-siblesrse mettre,si jtose parler ainsi, une nation sous un meilleur géni-et'.

,+ " . . . Quand une république tient quelque peuple sous sa dépen-dance, i1 faut qureJ-).e cherche à r'éparer 1es inconvénientsqui naissent de 1a nature de 1a chose en 1ui donnant unbon droit polj-tioue et d.e bonnes lois civilest'.

( Ceta n I exclut pas 1 ropposition de lrlontesquieu auxconquêtes colonial-es par Ia violence. Ainsi, dansl-e rnême 1j-vre, âu chapitre 4:

t( rr QueJ- bien Ies Espagnols ne pouvaient-iIs-pas faire auxMexicains! f1.s avaient à leur donner une religi-on douce:i1s J.eur apnortèrent une su:cerstition furieuse- I).s auraientpu rendre ).ibres Ies escJ-aves, êt ils rendirent esclavesJ.es hommes libres. IJ.s pouvaient Les éclairer sur 1 | abusdes sa.crifices humains; au ).ieu de cel-ar:iIs J.es extermi-nèrent. Je nraurais jamais fini, si je voulais racontertous 1es biens qu I iIs ne firent pas et tous les maux qurilsfirent".

llota: Aux chapitres 6, 7 et B, il- déc1are quruner.énublique est un gouvernement 'rtoujours odieux aux

Etats assujettis. fI est monarchique par Ia fi-ction; mais,dans Ia vérité, ,if est olus dur. que Ie monaz.chiguer comme11e>:périence cle tous les ternps.i d.e tous les pâys 1tafait voir'r. (chap.7)-

rlu total de ce Iivre, 1-l chanitres. Tous 1es aspectssous 1es trois gouvernements sont étudiés, exempleshistoriques à lrappui.

livre XI Des lois oui forment la lib"rté politiqu. d"naved Ia constitution.

(*) 1)2)))

- Diverses significations données au mot "liberté,'- Ânalyse "de 1a constitution drÂngleterre";- Rappels politiques de Ia Grèce anti-que, de

Ro;ne "après l- | expulslon des rois " .

p.86,2ème parti-e.(*) cf.

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Page 76: Montesquieu et Nous

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1,ouls Desgraves peut alnsl commenter: "Irlobgervatlon du fonc-tlonnement d.es instltutlons anglalees condult donc Monteequleu àestlmer indlspensabJ-e un équ1I1bre du pouvolr exécutlf et du pouvoirIégistatif et à ébaucher un des princlpes les pJ.us lmportants ddve-lolpés d.ans "1rEsprit des 1olsr"

Ltélection des représentants à la Chambre des Communes paI1ielrincapacité des .citoyens à rtd.lscuter les affairesrr publlques."11 convient que dane chaque lieu prlncipal, dit Montesquieu, leshabltants se cholsissent un représentant.rr

Droù, 1a Chambre des ItCommunesrr. Mais on sait q.ue dlversesconsid.érations réduisaient 1e nombre des électeurs, à te1 pointquelquefois quron parlera d.e bourgs rrpourris" (rotten boroughs)au XVffIo et au XIXo sièc1es.- Montesquieu préconi-sait - crest Iadif f érence - un .iudicieux 3;!!guniverse)- :

,tlous les citoyens, dans J.es divers districts, doivent awoirdroit de donner ).eur voj-x pour choisir J.e représentantr êXCeptéceux qui sont d.ans un tel. état d.e bassesse quriJ-s sont réputésn Iavoir point de volonté propre. " (E. d.es l. XI, 6 ) .

( C" vote per communes est d.evenur eD France,Ie vote par circonscriotions. )

'rT-r I on connalt beaucoup mieux ).es besoins de sa vi11e o-ue ceux desautres vilIes, et on juge mieux de l-a capacité de ses woisins que decel]e de ses autres compatriotes. 11 ne faut donc pas que les mem-bres du corps Iégislatif soient tirés en généra1 d.u corps de J-a ne-tion, mais il- convi-ent que dans chaque lieu prj.ncipal.r 1es habitantsse choisissent un représentant." (f.aes L. XI, 6).

Et voici 1e Chambre des Nobles ou 'tchambre he.ute' .

"fI y a toujours dans un Etat des gens distingués par Ia nais-sance, les richesses ou les honneurs (...) la part quriJ-s ont à Ia1égislation ("r, raison de leur aptitude aux grand.es affaires publi-ques et privées) doit donc être proportionnée aux autres avantagesqutiJ-s ont dans lrEtat: ce qui arrivera stil-s forment un corps quiait droit drarrêter les entreprises du peuple, comme 1e peuple ad.roj-t dtarrêter 1-es leu,rs. " (ttre House of lord.s ang)-aise). "

Ainsi 1a puissance 1égislative sera confiéerrret au corps desnobles, êt au corps qui sera choisi pour représenter Ie peuple,qui auront chacun leurs assemblées et leurs d.éIibérations à part,et des rrues et des intérêts séparés".

Ces deux chambres, transposées dans notre constj-tutj-onrépublicaine, sont Ia Chambre des Députés et Ie Sénat.

Quant au pouvoir pJ.us exactement à Ia fonction - iud.iciaire:

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,tlorsque d.ans la même. Pergonne ou dans Ie même corpsture (atiection au sommet) Ia puiseance 1égislative estpulssànce exécutrice, iI nry a polnt de liberté1 pêrcelraj-nd.re que Ie même monarque ou Ie même sénat ne faesetyranniques pour J-es exécuter tyrannlquement'

de magi.stra-réunie à 1a

qu I on peutdes 1ols

11 n'y a polnt encore d'e Ilbertépas séparée âe ]-a pulssance }égisIaSi efre gtait jointe à ra PulssancewJ.e et 1a 1Iberté serait arbltralre;Si e11e était iointe à Ia Puissanceavoir 1a force drun oppresseur'" (E'

sl 1a pulssance de juger ntesttl.ve et de ].rexécutrice.1égislatlve, Ie pouvoir sur Ia'car Ie juge seraJ-t 1-égJ.elateur.exécutrice, Ie juge pourraJ.tdes L., XI, 6).

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Le principe dit ''DE I,A SÉPAN.q.TTON DES POUVOIRSN

est désormaj-s exposé.

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Page 78: Montesquieu et Nous

Livre XIf Des lois ui forment la ll-b-e-r-!é olltlque dans son raavec 1s citoven.

Tous 1es cléIits de caractàre indivlduel.

ort

Irivre Xfff- Dos ra orts ue Ia levée d.es tributs et ]-a grandeur desrovenus publics ont avec 1a liberté.

r?Ces grands avantages de Ia 11berté (chap. précédents)ont faitque lton a abusé de Ia liberté même. Parce çlue le gouvernernentmod.éré a produit dtadmlrables effetsr oh a quitté cette modé-ratlon; parce quton a tiré de grands trlbutsr oD en a voulutirer drexcessifs; et, méconnaissant Ia main de Ia liberté,qui f aisait ce présent, on s I est adressé à Ia servitucie, g.uirefuse tout -

T,a liberté a prodult lrexcès des tri-buts; mais Iteff et deces tributs excessifs est de produire, à 1-eur tour, Ia servi-tude; et lreffet d.e Ia servitud.e, de produire 1a diminutiond.es tributsrr .

L,ivre XfV - Raonort.s des lois avec 1e nature du climat.

Livre XV Rapport des fois de I I esclavage civil avec 1a nature du climat.Hostile à 1 | esclavage des noirs dans 1es coloni es r

tlontesquieu consacre 1e chapitre 5, intitulé"De ltescJ-avage des nègres" à _une.critioue dIautantolus sévère de cette pratioue. qu t il ernploie Ie nrocédéde 1e feinte approbation sur un ton ironioue:

"Si.jtavai.s à soutenir 1e droit que nous avons eu de rendrel-es nègres esclawes, voic j- ce q.ue je dirais:

les peuples rl t Eurooe ayant exterminé ceux de 1r Amé:'iqtte,iIs ont Cû mettre en escJ.avage ceux de l.lAfriquer pour srenservi-r à déf:'icher tant d.e terres

f,e sucre serait trop cher, si lron ne faisait trawaiJ.lerl-a plan'r,e qui 1e prod.uit par des esclaves.

Ceux dont iI stagit sont noirs depuis les pieds juso-uràl-a tête; et ils ont Ie nez si écrasé quril est presque impos-s j-bIe de les o1..-indre.

On ne peut se mettre dans l.resprit que Dieur eui est unêtre très sage, ait mis une âme, surtout une âme bonne, dansun corDs totrt noi-r.

(. .. trois paragraphes plus loin:Une preuve que 1es nègres ntont pas Ie sens communrclest

qurils font pJ.us de cas d.run col.).ier de verre que de 1!orr euichez des nations policées est dtune si grande conséquence.

fI est imposs j-bl-e que nous supposj-ons que ces gens-Iàsoj-ent des hommes, parce que, si nous 1es supposions deshommes, on commencerait à croire que nous ne sommes pas nous-mêmes chrétiens" ...

Qrrand la liberté produit des abus fiscaux(

", chap. 15):

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Page 79: Montesquieu et Nous

Livre XVf Ra ort d.os lols de 1 | esclava o domestlque avec 1a natttredu climat.

orlentaux,

r êD OrlentSournlssion de Ia femrne dans les paysof tout ce qu1 srY raPPorte.Etude du dlvorce et de la rdpudlationet dans 1a Rome antlque.

livre XVïf- Ra rt entre les lois de 1a servltude ].itloue et Ia naturedu climat.

Dans différentes partles du]-es

dans

monde.

ont avec Ia natureLivre XVIIf- Des lois

livre XfX

1es rapports qu t eIlesdu terrain.

Pays où fa terre fertil-e retient lrhommer cê qui semblefavorj-ser t'1e gouvernement dlun seultrI un so). Peu f ertilesemble favoriser "1e gouvernement de pJ.usieursrr, parcequri-l est moins exposé à 1a conquête.

Nous relevons cette remarque, &ü chap. 4:

'tT.,a. stéril-ité des terres rend J-es hommes industrieux, so-bres, endurcis au, travail, courageux, propres à ).a guerre;iI faut bien qurils se procurent ce que J.e terrain leur refuseLa f ertilité d run pe'ys donne, avec 1r aj-sance, Ia moIlesse,et un certain arnour pour 1a conservatio:r de 1a vie.

On a remarqué q.ue les troupes drAJ.l-emagner lewées dans deslieux où les paysans sont riches, cemme en Saxer Dê sont passi bonnes que 1es autres. T,es J.ois miJ.itaires pourront pour-voir à cet inconvénient par une p).us sévère d,iscipIine."

Au chap. 5:'rLes peuples des 11es sont pJ-us

Ies peuoles du continent . . . "portés à Ia liberté que

Au fiI des 7O chapltres de ce livre XVfff, quantitédranalyses concernant J.es latitudes les pJ.us diverseset J.es époques ancj-enne et contemporaine.

raI. Ies moeurs et 1es manières dtune nation.

Itlontesquieu nrétait ni un misogyne, ni un époux fJ-dèIe,jusque vers'1a quarantaine, penâant ses séjàurs à Paris.

Mais woici- Ie second paragraphe du bref chapltre B intituléItlff ets de Irhumeur socialerr:

"Ira société d.es femmes gâte 1es moeurs et forme 1e gott:1 | envie d.e plaire plus çLue 1es autres établit les parures,et I I envie de plaire plus que soi-même étab1.it 1es modes.Ies modes sont un obJet important: à force de se rendre J.res-prit frivole, on augmente sans cesse les branches de soncomm erc ett .

Âu chap. 9:

"Toute nation paresseuse est grave; car ceux qui ne travailLent prrs se regardent comme souverains de ceux qui travaillent

Draminez toutes 1es nations, of wous verrez que dans Iaplupart,)-a grawité, 1torgue11 et 1a paresse marchent du mêmepas".

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Plue 1oin, étude ddts111ée rle 1:r politique , des mosurs,d.es manières de La Chlne. Citons e rrtl chap . 1'7 z

"Les 1égis).ateurs de la Chine (... ) confondirent (fondi-rent ensemble) f" re11g1onr 1es loisr les moeurs et Ies ma-nièros; tout cela fut 1a morale, tout cela fut Ia vertu.Les préceptes qul regardaient (concernaient) ces quatre polntsfurent ce que lfon appela les r1tes. Ce fut dans ].robservatlonexacte de ces rites que Ie Souvernement chinols triompha.On p&ssa toute sa Jeunesse è les apprendre, toute sa vie à1es pratiquer. les lettrés 1es enseignèrent, 1es magj-stratsles préchèrent. Et comme i1s enweloppaient toutes 1es petitesactions de 1a vie, lorsquron trouva moyen de Ies faire obser-ver ex&ctement, Ia Chine fut bj-en gouvernée".

f1 est des lois qui rrsuj-vent les moeurs"me'is surtout (" t

"=.t f .-tirJ"" du très imoàrtantchap. 27 ) e1Ies Ipeuvent contribuer à formerles moeurs, Ies manières et le caractère drune nation',

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Quand Montesquleu traite l-es questions de religion etde religions dans ce chapltre 27, iI écrit par exemple:

"fl- ne serait pas impossible qutil y erlt dans cette nation(une nation quril ne nomme pas) des gens qui ntauraient pointde religion, et qui ne voudraient pas cependant souffrir quton1es obligeât à changer cerle qurils auraient, siils en avaientune: car ils sentiraient dtabord o_ue Ia vie et Ies biens nesont pas pJ-us à eux que leur manière de penser; et gue oui peu:'awir lrun peut encore mieux ôter ].rautre.

Si, parmi les différentes reJ-igions, il- y en await uneà L'étéblissement de Iaque1le on ett tenté de parvenir par 1awoie de ltesc1avàgêt eIIe y serait odieuse, parce que, commenous jugeons les choses par 1es liaisons et Les accessoiresque nous y mettons, ceIle-ci ne se présenterait jamaJ-s à l_ | es-prit avec 1 r idée de liberté.

(...)"lt pourrait arriver de mi)-le manières que 1e clergéaurait si peu de crédit que les autres citoyens en auraientdawanta6;e. Ainsi, au lieu de se séparer, i1 aimerait mieuxsupporter 1es mêmes charges que les laI.ques, et ne faire àcet égard qurun même corps; mais, comme iI chercherait tou-jorrrs à stattirer 1e respect du peupre, iI se distingrreraltpar une vie plus retirée, une conduite plus réservée, et desmoeurs plus pures.

ce c1er6çé ne pouvant protéger Ia religion, ni être protégépar elle' sans force pour contraindre, chercherait à persuader:on verrait sortir de sa plume de très bons ouvrages, pourprouver Ia révéIation et 1.a. providence du grand Etrer' .. .

Dans Ie domalne la1que, quelques réflexions :

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Page 81: Montesquieu et Nous

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,'pIus i1 y a de Bens dans une natlon qui ont besoindravoir des ména6ements entre eux et de ne pas déplalre,plus il y a de politesss. l'lais crest plus Ia polltesse desmoeurs que cel1e d.es manières qui dolt nous dj-stlnguer despeuples barbarest' ...

,'Dans une nation Iibre, iI est très souvent indlfférentque 1es particuliers ralsonnent bien ou ma1, iI suffitquti-1s raisonnent: de 1à eort 1a Ii-berté, quj- garantit deseffets de ces mêmes raisonnements.

De même, dans un Souvernement despotique, i1 est éga1e-ment pernicieux quron raisonne bien ou ma1; il suffit qulonraisonne pour que Ie principe du Souvernement soit choqué."

"... Dans 1es monarchies extrêmement absoluesr J.es his-toriens trahissent Ia vérité, parce qutils nront pas J-a 1.i-berté d.e J.a dire;' d.ans Ies Etats extrêmement libres, i1strahissent 1a vérité, à cause de J-eur liberté même, guirproduisant toujours d.es d.ivisions, chacun devient aussi es-clave des préjugés d.e sa faction quri-1 Ie serait d.tun despote'!

-Rapport des lois avec Ie commerce. consid.éré dans sa natureet ses distinctions.

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Iivre XX

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Un recueil très complet du commerce sous tous sesaspects et d.ans toutes 1es circonstances.

I.livre XX I-RaPPort des lois avec Ie commerce considéré dans Ies révo-lutions auril a eues d.ans Ie monde.

Etude exhaustive, d.e J.rAnti-quité aux tempsmodernes, sous toutes Ies latitudes.Et consé-quences d.e 1raffIr.r:< d.es métaux précieux en Europepar 1es colonies espagnoles et portugaises.Etude des d.ifférents systèmes co3.onieux.

Itafflux de J-ror diminue sa valeur (chao.22)z'rles Espagno1-s fouiI).èrent 1es mines, creusèrent J-es monta-

gnes, inventèrent ,des machines pour tirer les eeux, briserIe minerai et 1e séparer; et comme ils se jouaient d.e Ia viedes fndiens, i1s 1es fi-rent travail).er sans ménagement.Lrargent doubla bientôt en Europe, et 1e profj.t d.iminua tou-jours de moitié pour lrEspagne, qui nravait chaque année q.ueIa même quantité d.run méta} qui était d.evenu 1a moitlé molnsprécieux.

Dans Ie d.ouble d.u temps, lrargent doubla encore, et J.eprofi-t dimlnua encore d.e Ia moiti6'.'

" révol-utions " = changements lmportants ,

sous Ia plume de Montesquieu.

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11 d.lminua môme de plus de Ia moltld: volcl comment.

'rPour tlrer lror des mlnee, Pour 1u1 donner Iee prdpara-tlons requleee, et Ie tranoporter en Durope, 11 fa]1a1t unedépens. q..elconque ( à détorminer) . Jo supposo q.u I ollo fttcomme 1 est à 64; quand lrargent fut doublé une fo1s, et parconséquont 1a moltlé molne préc1eux, la dépense fut commeZ sont à 64. Alnsl les flottes qui portàrent en Espagne Iamôme quantlté dror portèrent une chose qul rdeJ-l-ement valait1a moitié molns, et coûtalt Ia moitlé pIus.

Sl lron sult Ia choee de doublement en doublement, on trou-vera Ia progrosslon de la cause de lrimpuissance des richee-ses d.e lrEspagne..."

I..Même ralsonnement sur ).rargent, excepté que Ie travaildes mj-nes drargent est un peu pl.us avantageux que ceLui desmines dro:r.

Que si J.ron découvre d.es mlnes si abondantes qureJ-lesdonnent p)-us de proflt, plus e1les seront abondantes, pJ.ustôt Ie profit fin1ra.

les Portugais ont trouvé tant dtor d.ans 1e Brési1, qutiJ-faud.ra nécessalrement que 1e p'rofit des Espagnols dlminuebj-entôt considérabJ-ement, et J.e leur aussj-. "

Suivent des consid.érations sur ).raction des banqueset d.es compagnies t'que pJ.usieurs nations étabI irentf,et 1es conséquences qui srensulvirent.

Autres réflexions:trMon reisonnement ne porte pas sur toutes les mines: ce1les

dtAllemagne et de Hongrie, d.toù lron ne retire que peu dechose au-deIà des frais, sont très utiles. El.les se trouventdans ltEtat principaJ. (en métropole); eJ-Ies y occupent p1u-sieurs mil).iers dlhommes, qui y consomment les denrées sura-bondantes; e1-).es sont proprement une manufacture du pays.

les mines drAJ-).emagne et de Hongrie font valoir Ia culturedes terresl et Ie travaiJ- d.e ce1J-es du MexJ-que et du PérouIa détruit. I'

Et ainsi d.e suite . . .

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tiNOTA Eff ectivementr &u xvrrro sièc1e jusqur en 17gg, Ia valeur d.ela livre tournois subit. une déwah:a{ion progressive de 25%.A cause de lrafflux de lrorribérique notàmmànt, nécessaireau développement de 1 | économle.

Heureusement, 1es privirèges accord.és à onze ports françaispar des 6dits du Régent de 1716 et 1717 d.evalent si largementcombler cette dévaluation noonétalre, que Bordeaux, par exemple,rnultipJ-ia s& pui.ssance commerclare pu.i t. coeffici"rrt 17+,grâce à son commerc€ antlllaj-s . .. àt à 1r or portugaj-s.

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llvre XXIf Ra ort des lols avec llusaÂe de la monnale

On Iit au chaPitre 20, à ProPosà,, .or*.t." aà lt""g"ttt tt du prât à lntérêt:

"I,a phllosophie d.tArlstote ayant 6té portée en Occident, e11eplut beaucoup aux esprlte eubtller Qul, d.ans 1es tempe drlgno-=.r.", sont 1es beaux esprlte. Des scolastlquge sren lnfatuèrentet prirent de ce phllosophe (aans nPolltlquen) blen dee exp1l-catlons sur 1e prôt à J.ntérêtr &u lieu que la source en étaltsi naturelle d.ans J.tEvangl1e; ils 1e condamnèrent lndlstJ.ncte-ment et d.ans tous 1es cas. Par 1à, Ie commerce, qul ntétait que1a profeseion des gens v11s, devJ-nt encore celle des malhonnêtesgens: ca.r toutes l-es fols que 1 I on ddfend une chose naturel).e-ment permise ou nécessaire, on ne falt que rendre malhonnêtesgens ceux qui- 1a font.

le commerce passa à une nation pour J-ors couverte d.linfâmie;et bientôt iI ne fut pJ-us d.istingué des usures 1es p1us affreu-ses, d.es monopoles, d.e Ia levée des subsldes, et d.e toue J-esmoyens malhonnêtes d I acquérir d.e 1! argent.

tres Juifs, enrichis par leurs exactions, étalent pi1Iés par1es princes avec Ia même tyrannie (a1Iusion à d.es évènementssu.rvenus au XIIfo sièc1e en Àragon et en France); chose quiconsolait 1es peuples et ne les soulageait pas...ri

P]-us ]-oin:

n.="nà,T"].T;',âi;;*:i"';"3l"àirli:: ;: ï:i:ï:-:;;ï "" serait

Ils (tes Juifs) inventèrent 1es lettres d.e change: etr parce moyen, 1e commerce put élud.er (éviter) 1a violence, et semaintenir partout; 1e négociant I.e p)-us riche nrayant que d.esbiens invisibl.es, qui pouvaient être envoyés partout, et neIaissaient de trace nuJ-le part. :

les théologiens furent ob3.igés d.e restreind.re J-eurs principes;et 1e commerce, quron avait violemment Iié avec Ia mauvaise fo1,rentra, pour ainsi dire, d.ans Ie sein d.e 1a probité...t,

livre XXIII - Raoport des 1oié awec ].e nombre d.es habltants.Une remarque sur Iréd.ucatlon d.es fi11es en France,et leur d.est j-nation au mariage; ( chap. 9 ) ,

"Ires flllesr gtle ).ron ne conduit que par 1e mariage auxplaisirs et à Ia liberté; qui ont un esprit qu1 ntoee penser,un coeur qui nlose sentir, des ye\rx qui ntosent volr, desoreilles qui nrosent entend.re; qui. ne se présentent que pourse montrer stupid.es; cond.amnées Eans re1â,che à d.es bagatelleset à des préceptes, sont assez portées au marlage: ce sontIes garçons qu | 11 faut eucouragern.

Etude complète sur tout ce qul concerna,et corlcernaiten son temps, 1es nombreux aspects annoncés par 1etltre du llvre XXIII.

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tr1vre XXIV ,

consldéréo dans ses pratlquoe of on e11o-mêmo.

Précautlona prlsee par 1.rauteur (chap. 1)t

..'Comme dans cet ouvrage Je ne suls polnt théoIoglen, maisécrlvaln po)-ltlquo, 11 pouralt y avolr des chosos qul neseraient entiàrement vralee que dans une façon de penserhumalne, nrayant polnt été consldérées dans Ie rapport a'vecdes vérltés pJ.us sublj-mee.

tràs peucéderorr

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A Itégard de )-a vraj-e re1lglon, 11 ne faud.ra quedtéquité pour voir que Je nral Jamais prétendu faireses intérâts atlx intérêts po)-ltlques, maie 1es unir!pour 1es unlr, 11 faut les connaltre.

la religion chrétienne, gui orclonne aux homrnes de sraimer,veut sans doute que chaque peuple ait 1es mellleures J.oispoJ-iti-ques et ).es meil1.sures lois civ1Ies, parce quteJ.J-essontraprès e1Ie, 1e plus grand bien que les hommes puissentdonner et recevoirn.

Au chap. 1 ( "tr. gouvernement modéré convient mieu:c à Iare)-igion chrétienne, et 1e gouvernement despotique à1.a mahométane"), on Iit, entre autres remarques:

"T.,a religion chrétlenne est é1oignée du pur despotisme:crest q.ue Ia douceur étant si recommandée d.ans ltBrrangile,el-1e sroppose à Ia colère despotique avec laquerle Ie princese ferait justice et exerceraj-t ses cruautés".

"... Pandant que 1es princes mahométans dor:nent sans cesseIa mort ou 3.a reçoivent, 1a religion, chez 1es chrétiens,rend }es princes moias timides (étyrnologiquement, du 1atin" timere n , craind.re ) , et par conséquent rno j-ns cruels . Lre prin-ce compte sur ses su jets , et 1es su j ets sür ).e pri_nce .chose ad.mirable! 1a religion chrétienne, clui ne sembre avoirdro§Jet que Ia fé)-icJ.té d.e J.tautre vie, fait encore notrebonheur dans celIe-cin.

Importante comparaison (chap. 4) entre rtJ-e caractèrede Ia relj.gion chrétlenne'et ceJ.ui de 1a religion

mahométanen:

"Sur Ie caractère d.e Ia reJ.igJ.on chrétlenne et celul de}a mahométaner o[ d.olt, gans autre exa'men, embrasser ]lune etre joter Irautre: car 1I nous est bien pJ-us évldent qutunere).igion doit ad.ouclr Les moeurs dee homrnes, qut1J. ne ltestqurune relJ-gion eoit wra.I.e.

C I est un malheur pour Ia nature humaine lorsque Ia religlonest donnée par un conquérant. Ira re11g1on mahométans, qu1 noparle que de 61aJ-ve, aglt encore eur 1es hommes avec cot ss-prit destructeur qu1 1ta fondée."

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(crrap.1,1

(Chap"6)

Significations contradictoires du mot IIBERTÉ.

Ses lilnites..Sérraration nécessaire des ÎROIS POUVOIRS:

Ie pouvoir ]-égis].atif,1e pouvoir exécutif,J.e pouvo j-r iudiciaire.

EventuaJ-ité d rune circonstance exceptionnelle:

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'rMais si La puissance 1égislative se croyait en d.anger parquelque conjuration secrète contre J-rEtatr oü quelque intel-ligenee avec les ennemis du dehors, e1Ie pourrait, pour untemps court et l.imité, permettre à 1a puissance exécutriced.e faire arrêter les citoyens suspects"oo.(Chap.6).

concluons : 1 ) r,a lrarnrÉ u txsr DoNC PÀs uN DRorT sANS FRoNîIÉRES.

2) IA SÉPARATION DES POUVOTRS ASSURE IA PROTECîION DE

A JI.ISîTCE.

Dans 1e même chapltre 6, un paragraphe ntéchapperapas aux jurisconsultes de Boston et de PhiJ-adeJ.phielorsque J-es colons d.es trcolonies angJ-aises d.rAmériqueseptentrionale" se préparaient à Ia réwo1te; j.1s re-prochaient notamment à J-tAngleteme d.e J.eur i-nfIi-gerd.es i-mpositions et d.es taxes sans 1es avoir consultés(ttltEsprj.t d.es J-ois!t )-eur était connu, bien awant1tédition américaine de 1772):

ttsi 1a puissance exécutrice statue sur J-a levée d.es d.enierspubl.ics autrement q.ue par son consentement (f" consentementd.e 1-a puissance 1égis3.ative évoqué au paragraphe précéd.ênt.Or, 1es colons d,tAmérique -en grand.e majorité ang3-aisnrétaient pas représentés au Parlement d.e lond.res), i1 ntyaura point d.e J-iberté , parce qu t eJ-J-e d.eviend.ra 1égislatived.ans Ie point Ie pJ.us important d.e 1a Iégi.s1ation.tt

( chap. 6 )

Une d.izaine d.tannées après Ia mort d.e Montesquieu, rtltEsprit d.esJ.oisrr devj-nt rrle livre d.e chevetrr d.es jurisconsultes d.e Boston etd.e Philad.elphi-e, .vi1J-es di:cigeantes d.es trej-ze colonies anglaisesdtAmérique. Une d.es principales causes d.e ce qui sera bientôt IaGuerre d.e 1tInd.épend.ance fut précisément )-es d.iverses impositionsinfligées au:K colons, sans çLue Ie gollvernement d.e lond.res 1es aj-tconsultés et sans que ces citoyens soj-ent représentés à Ia Chambred.es Communes.

Une éd.ition américaine de J.touvrage d.e Montesquieu seraréa1isée en 1772.

- (.f . "LrESpRrT DES tOrS" DANS r-,A CONSÎITUTION DES Ër.A.tS-UllIS"(p. a4 à 91)

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Page 86: Montesquieu et Nous

prise de position contz'e 1r irrél j.gion de ilÂYlE

pierre Bay1e ('t6+7-1706) est "" É.:1Y11" annonciateur de ce que

1 , on app.e1,, i, nphilosophie du XVJIIeme si.ècle " , par sa criti-qued.e Ia tradition el de lrautorité, Itorientation de son 'rlibreexamen critiquerr, son scepticisme religieux. l'lontesquieu récuseces conceptions a.Lrx chapltres 2 et 6 du livre xrv.

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"14.3ay1e a prétendu prouver quril valait mieux être athéequrid.olâtre; crest-à-dire r êr d rautres termes, o-u I i1 est moinsdangereux d.e nravoir point clu tout de religion que dten avoirune mauvaise (. - - )

T.ta question nrest pornt de savoir sril var.tciu'ait mieux qutuncertain hornr:ie ou qurun certctin peuple nreüt point de religionque drabuser de cel1e quIiI a; meis de savoir queJ- est Ie moindrema1, que lron abuse quelquefois d.e 1a reJ.igJ-on, ou quliJ- nry enai-t point du tout parmi 1es hommes ( . . . I 11 n'est pas vrai güe r

quand Ies anciens éJ-evaient des autels à quelque vice, cela signi-fiât qu'iJ-s aimassent ce vices ct,ia signifiait au contraireo*uti1s Ie hatssaient. Quand ]-es T,acéd.émoniens érigè:reni une cha-pe11e à Ia Peur, cela ne signifiait pas q.ue cette nation beJ-J.i-queuse Iui oernandât de s I emparer cians 1es combats des coeurs desLacédémonierls. 11 y avait des divinités à qui on demandait de nepas inspi-rer Ie crlme, et dra.utres à qui on dernandait de le

( chap. 2 )d.étourner"'.

'rl,'l . Bayle , après avoir i nsulté toutes 1es reJ-i6iot:s , f 1étrit1a -efigion chrétienne: i1 ose avancer que de vériiab1-es chrétiensne formàraient pes un État qui pût subsi-sier. Pourquoi non?Ce seraient des citoyens inf iniment écIairés sr..lr l-eurs devoirs,et qui auraj-ent un tz'ès-grand zèl-e pour )-es remplir; ils senti-raient très-bien 1es droits de 1a d.éfense naturelle: plus iJ.scroiraient devoir à J-a religion, pl-us i1s pense:'aient devoiz' à1a oatrierr.

(chap.6)

7e

Page 87: Montesquieu et Nous

A propos de 1a préd'eetlnatlon (chap. 14):,...De }a paresse do ltAme nait 1e d.ogue de Ia préd.estlna-

tlon mahométano, et du dogme de cette préd.estlnatLon naLt 1aparesse de 1t8me. On a d.1t: cola est dane 1es décretg de Dieu;iI faut donc rester en repos. Dans rrn cas parollr oD doltexclter par 1es lols les hommes endormls d.ans 1a ro1161on.!l

Autre thème (chap. 16, 17)znlorsqutil y a beaucoup de suJets de hai-ne dans un Etat,

iI faut que Ia re)-lglon donne beaucoup de moyens de réconc1-].iation. .. "

livre XXV - Rapport dee l-ois avec 1t étab].lssement d.e 1a rellglonet aa police extérleure.

A Dropcs ttd.es bornes que J.es lois doivent mettreaux rlchesses d.u clergé" (chap. 5),

"tres famIIJ.es partJ.cuJ.i.ères peuvent périr: ainsl J.es biensnry ont point une d.estination perpétuel)-e. tre cl.ergé est unefami)-le qui ne peut pas périr: Ies biens y sont donc attachéspour toujours, et nren peuvent pas sortir.

les famil.).es particulières peuvent sraugmenter: iI fautdonc q.ue ).eurs biens puissent croitre aussl. le clergé est unefamilJ.e qui ne d.oit point sraugmenter: Ies biens d.oivent doncy être bornés.

Nous avons retenu ).es d.ispositions d.u lévitique sur 1esbiens d.u clergé, excepté celles qui regard.ent J-es borz:es d.e

ces biens: effectivementr o! lgnorera toujours parmi nousque). est le terme après 1eque1 iI nrest pJ.us permls à unecornmunauté re).igieuse dracquérir.

Ces acqulsitions sans fin paraissent au-x peuples si d.érai-sonnables, que oe).ui qui- voud.rait parler pour eIles sera1tregardé comme un j-mbéciIe. . . '

11 y a aussj.t'1e ].u:ce de

ce que Montesguieu

le-:gpsrsli!igl "

ttla magnlficence du culte extérieur a beaucoup d.e rapportà Ia constitutlon de lrEtat. Dans ).es bonnes républlques, onnra pas seulement réprimé Ie J.uxo de la vanlt6, mals encorecelui de J.a superstltlon; on a falt dane Ia reJ.lgJ.on dee ).oJ.sdrépargne. De ce nombre, sont pJ-usleurs ).ois de Solon, plu-sieurs lois de Platon sur 1es fuléralIIes, que Clcéron a adop-tées; enfin, quelques lols de Numa sur les sacrlflcos (.-.)

...fre soin que 1es hommes doj-vent avolr de rendre un culteà Ia Dlvinlté est blen d.ifférent de Ia magnlflcence de ce cultel'

nomme

Ainsi.r êü chap.

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,'...11 ne faut pas quo Ia re11610n, eous prétexte do dons,exlge d.es peupleo ce que fes nécessltés de lrEtat lour ontlalssé; €t, comme dlt Platon, doa hommes chastes et pioux do1-vent offrlr dee dons qul leur rossemblent.

fI ne faudralt pas non plus que Ia rel151on encourageât lesd.épensoe d.ee funérallles. Qury a-t-11 de plus naturel quedtâter 1a dlfférence des fortunes dans una chose et dane lesmoments qu1 égaIlsent toutes 1es fortunes?..'l

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,rDe Ia toIérance en falt 9c-re11s1et'(chap. ÿ et à ]a suite):

"Nous sommes ici poJ.itiques, et non pas théologiens; etrpour 1es théologiens mêrnes, 1). y a bien de Ia différence entreto1érer une rel.igion et )-rapprouver.

lorsque 1es J.ois drun Etat ont cru devoir souffrir plusieursre1.J.gions, 11 faut qureJ.les 1os obligent aussl à se tolérerentre e1Ies. C I est un principe gue toute rel.igion qu1 est ré-primée devient elJ.e-même réprimante; car.sitôt güer par quelquehasard, e1Ie peut sortir de ).loppression, e1le attague Ia reli-gion qui )-ra réprj-mée, non pa's comme une re).j.gion, mais commeune tyrannie.

11 est donc utiJ.e que 1es J.ois exigent de ces dlversesre)-igions, non seulement qureJ.J.es ne troublent pas 1.rEtat,mais aussi qureJ.J.ee ne se troublent pas entre elles. Un citoyenne satisfait point aur( l-oisr BD se contentant de ne pas agiterIe corps de lrEtat: i). faut encore qutil ne trouble pas quel-q.ue citoyen que. ce soit. rr

Au chapltre 12,un autre aspect de Ia toIérance:

I'11 faut éviter ).es ).ois péna1es en fait de religion.El1es impriment de la.crainte, iI est vrai; mais, cômme J.areligion a ses lois péna1es aussi qui inspirent de 1a crainte,J.rune est effacée par lrautre. Entre ces d.eux craintes diffé-rentes, 1es âmes deviennent atroces. rr

Au chapltre 11,1a céIèbre "1rès humble remontrance aux inquisiteurs_

dtEspagne et de Portugal":bctraits :

"Une juive de dix-huit ans, brtlée à lisbonne e'u d.ernierauto-da-fé, donna occasion à ce petit ouvrage; et je crois guecrest Ie pJ.us lnuti).e qui alt été Jamais écrlt.Quand. iJ. stagitde prouver des choses si clairesr oD est str de ne pa's convaln-cre.n

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Page 89: Montesquieu et Nous

I"lontesquieu suppos" -qY"^ cette I'remontrancerl

""t =eâi-eOe Par un juif :

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nVous vous p].algnez, dlt-1l eux lnqulslteurg, de ce que

Irempereur du Japon falt brtlor à petlt feu tous les chrétLeneq.ul -sont dans ses Etats; male 11 vous répond.ra: rNoua vou€l tral-{orrr, nous qui ne croyons Pas conme vouar Comme vous traltezvous-mêmes cetrx qu1 ne croient pas comme vous"'

Plus ].oln:rNous vous conjurons, non pes par 1e Dleu puissant que noust

servons vous et nous, mais par Ie Christ que vous nous dltesavoir pris 1a conditlon humaine pour vous proposer des exemplesque vous puissiez suivre; nous vous conJurons d.ragir avec nouscomme iI agirait 1ui-même sril étalt encore sur 1a terre. ÿouswoulez que nous soyons chrétiens, et vous ne voulez pa,s 1têtre.

Maj-s, si vous ne voulez pas être chrétlens, soyeî au moinsd.es hommes: traitez-nous comme Yous feriez, si, nlayant que cesfaibJ.es lueurs de justlce q.ue Ia nature nous d.onne, vous nlaviezpoint une religion pour vous conduire, et une révélation pourYous éc]-alrer.

Si Ie cieJ. vous a assez aimés pour vous faire voir 1a vérité,iI wous a fait une grand.e grâce: mais est-ce aux enfants quj. onteu 1théritage d,e leur père de halr ceux qui ne l-ront pas eu?..rr

Rappelons ce que Montesquieu faisait écrlreà Usbek, d.ans Ia rrlettre lxtr d.es IEITRES.PERSANES:

rrTu me d.emandes stiJ- y a d.es Juifs en Frpnce; t.ih. q.ue par-tout où i-I y a de l-rargent iI y a des juifs. Tu me d.emand.es cequtiJ-s y font: précisément ce quriJ-s font en Perse;,rien ne res-semble pl.us à un juif d.rAsie qurun iulf européen. I

Ils font paraitre cinez 1es chrétiens, comme pu."ri nou.s, uneobstination invincible pour leur reJ-igion, qui va Jusqurà 1afo].ie.

tra re1igion juive est un vieu:< tronc qui a produit d.eux bran-ches q.ui ont couvert toute Ia terre; je veux d,ire Ie mahométismeet 1e christianisme:,ou plutôt crest une mère qui a engend.rédeux filJ-es qui J.ront,accab).ée de mi1le pJ.ales; carr 6r fait d.ereligion, 1es pJ.us proches sont Ies plus grand.es ennemles.Mais, quelque mauvais traitements qureJ-J-e en ait reçus, è1.1e neJ-aisse pas d.e se glorifier d.e les avoir mj-ses au monde; e11e sesert d.e )-rune et d.e lrautre pour embrasser Ie mond.e entier,tand.is que drun autre côté sa vieiJ.l.esse vénérabJ-e embrassetous les temps.

Les juifs se regard.ent donc comme la source de toute saintetéet lrorigine d.e toute religion; i).s nous regardent au contralrecomme d.es hérétiques q.ui ont changd Ia 1o1r or plutôt comme d.esjuifs rebeI)-es...n

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Page 90: Montesquieu et Nous

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t. Livre XXVI - Ra ort des 1o j-s sYec 1r ordre des choses sur ].esque

En divers domaines 'diverses époques,d.ivers États.

e].].es statuent.

Livre XXVII - Des origines et des révolutions (changements) d.es loisdes Romains sur Ies successions.

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Livre XXVIIT-

Livre XXIXLivre XXX

Livre XXXI

Des origines e! des révolutions ( iaem) d.es ]-ois civil-es

De Ia manière de composer les Iois.Théories des ].ois féodales chez ]-es Francs,

et"Uf is="rn..rt a. 1a monarchie.Théorie d.es 1o

Remar q L[e:

Dans l.a première édition d.e r'1IESPRfT DES LOfS" (174e)I-es livres XXVI, XXX, XXXI ne figurent pas;J-es J-ivres XXVIII, XXIX y figurent partiellement.

f, lauteur en annonce J-a pubJ.icationdans 1es éditions à venir.

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Page 91: Montesquieu et Nous

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TlfE 'TMONTESQUfEU FOUNDATION rr ' de Washington, U. S. A. -

Diterr.qociét,é à but non lucratif , dont 1e siège est à Washing-ton, D.C. , constituée à des f j-ns dr éducation" (.. . ) : r'conduire d.esrecherches concernant lrapport de Charles Louis de Montesouieu irudéveJ-oppement économique , social et politj.que des Etats-Un j-s d ,Amé-rique à leuls tout débuts; publier, exposer ou dj-ffuser de touteautre manière les résultats de ses recherches propres ou de cellesde tiers ccncernirnt lroeuvre de Montesquieu; poursuivre 1réducationdu grand public pour ce q.ui est des conclusions philosophiqtres de1r enseignement de 14ontesqu.ieq, 'retc. . .

Prési-d.ente : Miho d.e I"lontesquieu (éro,r"" américaine d.e Ch. de lvlontesquieurnstal-Ié aux Etats-Unis).

Vice-Présidente: Bruce Christopher Mee.Trésorier: Samue]. Okoshhen.Secrétaire: Kinuyo Graham Stuart.Dé1égué officieJ-: Dr J\lary K.Carl.stead.

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', Cons ei1 dtAdmini-stration:j'uge James Buckley,sénateur Charl_es Ivl . Mathias,sénateur Clairbone pe11,Frederick l. Graham,

Harry Ramsay Hoyt,Catesby Brooke Jones,Arm j-stead Jones Maupin.

TliE TTI4ONTESQUfEU FOUNDÂTION" a été enregistrée au gouvernement d.udistrict de Col-umbia 'l s 28 I'tai- 1985.

A Paris: FONDATIOI.I IIONTESOUfEU. 47 rueComme son homologue de Washington, eI)-eaussi 1e tri--centenaire de Ia naissance

de Saussure , 75Oj 7 pARfS.se propose de céIébrerd.u socio).ogue ( 1689-1989 ) .

A,Bordeaux: une commission municipal.e présj.d.ée et réunie par 1eDirecteur des Affaj-res Culturel-Ies au cabinet d.u Maj-re: J.lavigne;et lrAcad.émie Montesquiéu (représentée d.ans cette commission pàrtrois de ses membres et par un membre correspond.ant, Ie baroncharles de Montesquieu quir êrr fait, est préient à """ séances,).crest 1ui qui vient de se rend.re à Phi].ad.elphie, avec notrecolIègue Ie Dr Loubet, pour offrir un buste d.e ttoitesquieu auxautorités de cette anci-enne capitale d.es jeunes Etats-Unis; de Iapr:rt d.e J-a Mairie de Bord.eaux.ce buste, accompagné jusqu r à r.Iashington, 1a capitale féféra1e ,est pracé désormais dans 1e rrair du state Departme.rt'(lriii.;;;;-;;=Affaires Etrangères), auprès de ceux d.e ra Fayette et d.u généra1George Wash j-ngton.

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Page 93: Montesquieu et Nous

DANS TJA CONSTITUTION DES Ét'q.tS-UUTS

. Ia Constitution d.es Êtats-Unls dtAmérique a été éJ.aborée en1787 par 1a Convention d.e Phi1.ad.eJ.phie et adoptée en 1789. la célé-bratLon d.e ce blcentenaire ne se 1.imitera pas au territoire d.esXtats-Unis: 1-a France est invitée à y prend.re part; et sl, d.ans ].aprovince française, Ie château auvergnat d.e Chavaniac demeure d.eslA FAYETTE - d.oJ.t être à lrhonneur, i1 en sera d.e même pour Bordeau:<et 1a Guyenne.

Notre propos ntest point d.e retracer Ie rô1e mi)-i.taJ.re d.e J.aFrance d.e louis XVI d.ans 1a guerre d.e I-t Ind.épend.ance d.es tttrei-zecolonies angJ-aises d.rAmérique Septentrionalert ni Ies étonnantséplsodes qui précéd.èrent J-e traité d.ral.liance franco-américain d.e177er et çLui eurent pour cadre Bordeaux et son avant-port d.e Pauillac( J-e fantastique trafic d.rarmes d.e Seaumarchais, Ie tumultueux d.é-part d.e la Fayette avant ltentrée en guerre d.e l-a France )... Ctestcette constitution d.e 1787 qui nous occupe aujourd.lhuj. parce queses grand.s principes ont puisé J.eur inspiration d.ans ttlrEsprit 4esIo1s rr .

Le baron de I-,4 Brèd.er1lanc1en Prdsldent d.u Parlement do Bor-deatr:<r Dê pouvalt prévo1r cette J.nfJ-uence lorsqutll ad.reasa cettoconvocatlon à eon am1 ]-rAbbé Guaeco, Ie 10 tr'évrler 17452 nJe aeralen v1IIe apràs-d.emaln.Ne voua engagez pas à diner pour vend.red,l.Yous âtes 1nvlté chez Ie Prés1d.ent Barbot. 11 faud.ra y âtre arr1.vé àd.lx heures prdclees êu matln pour conmencer Ia lecture d.u grand. ou-vragen.- tre ngrand. ouvragerr no pourra ttre édlté q.ulà partI.r d.e 174Achez les frères Barl13.ot, à Genèvo. Mala en d.eux ana, vlngt édJ.t1.onstémôlgneront de son euccèe.- Ctest une éd.lt1on beaucoup pJ-us tardlvequi- noue intéreseoo Montesquieu ne Ira pao connuo; ctest 1léd.lt1onamérlca1no de 1772; e].]-e paeelonna ].ee Jurl.sconsu].tee de. Boeton etde Ph1lad.olph1e, 1ea d.eux viI).es rrpenaanteen d.e cette dpoque d,anstrIes trel.ze Etaten. Dèe Ie 4 Jul.]-let 1776, 1a Déclaratl.on d.tfnd.épen-dance y puiaera J-es prJ-ncJ-pes Jurld.Lquea d.e J.a l1berté et d.c 1réga-I1té.

Mals c I est eurtout loreque Ia vJ-ctoi.re m1Ilta1re d.ee a111éefranco-amérlcalne eut aaeuré cette lnd.épend.ance par Ie tralté d.eParl.s'd.u f Septembre 17Ùrr eüe lea nPères Fond,ateursm de }a Constl-tutlon de 17e7 puiseront aux sourcea vlvee d.e fr].rEsprl-t des Trolsrt.

Ctest pourquol ]-a 'TMONTESQUIEI tr'OUIfDATIONI a 6té cr66e à tJa-shlngton, et aes atatuta enreglstrda au Gouveraement d.u d.J.str1.ct d.eCo].umbla 1e 28 Mel 1985, d.ana Ia perepectlve d.u bl.centenal.rc d,e 1aConstltutlon amérlcalne touJours on vlgueur. Cette fond.atJ-on a unpendant françala à Paris.- Iree auteure dee etatuts d.o la I'ondatlonde l{aohlngton orexprlment en coa termeg (traductlon françaJ.ae d.o

^ M.Jean Cavlgnac, Secrétalre géndral de notre Âcadémle ilontesquleu):I ttll est blen normal que noua autree arodrlcaJ.ne rend.I.ons un, hoomago au phllooopho frangalo eulr commo tous los ponooura frangala! dc 6on 6poque, a ou une lnfluoncc détermlnante aur ].oa autours del1a ConstitutLon, notamment grÂce au concept-cIé d.e ].a séparat1.on d.esI pouvolrs et à lraccent ols sur Ia ).1bertd of Ia vertu d.ane Ia démo-I cratl-et.

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Page 94: Montesquieu et Nous

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'lu. ,." ,; lnlil'Ti'iqÊË.il.ttËl-:i:ilil'ur.souhaltable diu-*rlnor cos quatro thàmee dans un ordre dlfféront, à

lrexemple da Monteequleu 1u1-m6me, et dtlnacrlre en. exerguo cetto

".r""qi" l "l tEaprlt d'ee Lo1ail, Llvre Ig ' chapltre 5) |r,Le-gorr"irr.ment Ie p].ua conforme À Ia nature eat colul dont

Ia d.lspoelilon part1cu11ère Be rapporte mleux À Ia dlapoaltlon du

Peuple pour 1eqüeI 11 est étab11rl

o c r a t 1 I e t Tr 1 b o r t é'11 est clalr que 1a populatlon des troLze Etate, compoaée de

colons et d.e deecendants de colona qul vonalent de reJeter Ia domlna-tlon d.e 1a royauté ang1.aleo, ne pouvalt trouver conforme à sa rrdis-posltlon,' que 1a ilnature" du rdglme répub11cain. Son choj-x ae porteraàur 1e régime d.tune Répub11que fédéra).e dont Ia Constltution mettraen oeuvre cette déf ln j-tion de Montesquleu t

,'lorsque d.ans 1a répubIlque (ici, tout Etat organleé, t'res pu-bllcatr) ).. peuple en corps a Ia eouveralne pulesance, crest unedémocratle (...) T'e peuplerdans 1a démocratlerest à certalne éÂardeIe monarque; à certalns autres, 11 est Ie euJet. 11 ne peut Etremonarque qu€ F*. aes euffrages, qul eont aes volontés (... )tres Iolequi établlseent Ie droit de suffrage sont donc fondamentalee dans cegouvernement. En effet, 11 est aussi important dty régIer comment,par eui, à qui, sur quol, Ies suffrages doivent être donnés, qurilI t est dans une monarchle de savolr que]. est Ie monarque, et de que11emanière i1 doit gouverner" ("J.tEsprit des lols'r,Livre II, chap.2).

Or, Ia Cémoc:'atie r€pose sur Ie concept de I,fBERlË: "II fautse mettre dans ).resprit ce que clest que J.rlndépendance, et ce quec I est q.ue 1a )-iberté. I,a Ij-berté est Ie droit de faire tout ce q.ueIes ).ois peroettentl si un cj-toyen pouvalt falre ce qutel)-ee défen-dent, iI nraurait plus d.e Ilberté, parce que Ies autres aura1enttout de même ( eux aussl) ce pouvo1r." (Irlvre XI, chap . ) ) .

Montesquieu a volontalrement lalssé de côté lee raisons rDore-1es, pour se situer excluslvement dans Le domalne de 1a soclo3.ogle.Nous suivrons son exemple.- 11 poureuit en ces termes:

nfl nry a point de mot qui alt reçu plus de dlfférentes signi-flcations, et qyi ait frappé les esprlts de tant de oanlères, quecelul de LIBERTÈ. Les uns lront prJ-s pour Ia fac111té d.e déposerceIui.-à qui 1Is avalent donné un pouvolr tyrannlque; Ies autrespour la faculté dréI1re ce1u1 à qu1 l1s d.evalent obéir; d.rautres,pour Ie droit drêtre armée of de pouvolr exercer la vlolencelceux-clpour nrêtre Souvernés que par un homme de ).eur natlon et par leurspropres Iols"... Dans ilceux-cln, on trouvera un Jour, danà quelquequarante ans, les cltoyens des Etate-Un1s; leure jurisconsultesauront Iu cette défin1t1on de Ia ).I.berté,avant d.e travalller à 1téIa-borati.on de Ia Constltutlon de 1787.- Ils auront lu aussi cet aver-tissement:

"Dans un Etatrcrest-à-dire dans une société où 11 y a dee 1ols,Ia Ilberté ne peut conslster qurà pouvoir faire ce que Iron doitvoulolr et à nrêtre polnt contralnt de falre ce que lron ne doltpa's vouloir".

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Page 95: Montesquieu et Nous

( Vertu clvlquo.I1 aeralt lmprudent de lalaeor au llbre arbitre do chacun

nce quo lron no dolt pa6 voulolr':}a nraloon du plue fort', corune

d,lrait 1o fabu]1ate, ceI1e du plus ambltleux, celle du plus rotors6me contre ]'es 1o14.- Un frei.no J.a vertu cJ.vlque déflnle audes lols et de Ia patrle. Cet

ntl'nuelle de Irlntérât publlc auus partlcu).lèrea t o11es ne aontt a1ngu11èrement affocté aux démo-Iréducatlon dolt 6tre attentlve".

11 arrlve que cette dducatlon clvlque - même eoutenue par unoéd.ucatlon moralo ne solt pas un gulde eufflaant. Crest pourquol1es lols doivsnt , âtre confortdee pai dss eanctlone Jud.lclalrespour chaque attelnte à ce qu€ Monteaquleu nomme 1a t'etretén d.esôltoyurrr i "I,a llberté po).itJ.que conslete dans Ia etreté r oü du molnsdans 1topj-nlon que lron a de 6a eO,reté. Cette e0reté ntest Jo-alep]-us attàquéo que d.ane les'accuaations publlques ou prlvéee.C I est donc de Ia bonté des loie crlmlneI].es que dépend prlnclpale-ment Ia liberté d.u cltoYenrr.

11 n I est pae étorrnant quo les rédacteurs de la ConetJ-tutlonamérlcaine alent coneacré au pouvolr Judiclaire Ia total1té desartlcJ-es trols et quatre dlun docrrment qu1 en comporte sept.

Dt si J.ton conaldère que cette Constltution a. été seulementa]longée d I "artic)-ee ad.ditlonnelen jusqu tà noa Jours teJ- 1 t artic).e11t da 1A65, abollssant J.resclavage on peut adrnettre qute).J.e pos-sède 1es qua).ltde que Montesquleu estlmalt ndceesaires, à savoJ.rque nles )-ols politlquee et c1vlIea de chaque natlon (... ) dolventêtre te)-J.ement propres au peuple pour 1eque1 eLl.es eont fa1tes, q.uectest un très grand. haeard. si collee drune natlon peuvent convenirà une autren. Tous l.es Etats qul viendront eraesocier aux 1-retzepreolers adopteront .cette ConstltutJ.on.

-'ouvoir 1éels].atl.f.1,e vocable ang)-o-amérlcain I'Congreas' - dont nous ayons falt

1e mot,'Congrèa" - déelgne lrensemble du corps 1égls1atlf des Etats-Un1s. I1 ae compose de Ia Chambre d.ee Représentants et d.u Sénat.

'tra Chambre des Repré'eentants eot éIue par Iea citoyens. SelonMontesquleu, tten d.émocratle, 1e peuple qul a Ia eouveralne pulBsaJrcodolt faj-re par Iui-même tout c6 qur1l peut blen falre; ce qu'1l nêpeut pas bien faLre, iI.faut qu|11 }e fasse par ses mlnletres, cIest-L-af." aes magletrats " ( t'). t Esprlt d.es troJ.str , LJ.vre If , chap . 1)Noue d.lrione: ttpar see représentants, ses députés' . . .

Monteequlou avalt pu juger eur placo, en Angleterre, Ia Charobredes Communos. I,e prlnclpe de cette reprdeentatlon popu1.alro )-u1 conve-nalt parco q.ue "lron connalt boaucoup mletrx los besolns de oa vlI1oque ceux des autres vll1es, et on Juge mleux de 1a capaclté d.e aesvolslns que de ce1Ie do aes autres compatrlotes. 11 ne faut donc pasque 1os membree du corp6 ).églelatlf eolent tlrds on généraI du corpsde Ia natlon, mals 11 convlent .que dane chaque l1ou prlnclpal , 1eohabltant6 se chololseont un roprésontant'.

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Ira comparalson atarr8te 1à. Pour ce qul cat du modo de Irdlec-tlon, cteat un vdrltabl-e ouffrage unlversol qul11 pr6conlae:

,,Toue lee cltoyens dana ).ea dlfférents dlatrlcts dolvsnt avolrle drolt ae aonner ).eur volx pour cholalr Ie reprdaontant, oxcoptéceux qul eont d.ana un te). Ctat do baaacaae (traduleona par ndéfl-clence lntel).ectuo).1.o") qut11a aont rdputéo n'avo1r polnt de volontépropren.

Et cea repréaentante ne seralent éIuo que pour une duréel1mité e .

La CONSTfTUTfON Amérlcalne - ArtlcJ.e Premler, Sectlon 2étab1J-t que ')-a Chambre des repréeentante aera composée do membreechoisls tous ).es deux ane par Ie peuple dee dlfférente Etats; danschaque Etat lee éJ-ecteura devront répondre aux condltlons requlseepour âtre électeur à ltassemblée Ia plus nombreuee de 1a Léglslaturode cot Etatn.- Sulvent 1es lndlspeneablee condltlons d.rÂga, de c1-toyenneté amérlcalne, d.rhabltatlon dane LtEtat où lron votera; 1enombre des représentante en fonctlon de J.llmportance numér1que d.eJ.a popu).atlon, et J.es cond.ltlona de leur é11g1blIlté.

11 apparalesalt à'Montesquleu quruna représentatlon d.o lanoblesse eeralt nécessalre en ddmocratle. EIIe devralt jouer un r61.e,un rôIe dlfférent, assez comparable à ce).ui de Ia Chambre anglaisedes lrords The House of lord.s. Mleux utiI1sée que dane J-e royaurTrede Prance, 1a noblesee aseumeralt par sea représentants 6).us, dJ.tMontesquieu, Ies nrésolutlons act1ves', ceIles dont ltlmportanceex5.ge une connalssance d.es grands prob).èmes natlonaux.

11 s I en explique r rr1 y avalt un grand vlce dans Ia plupartdee anciennee républlquea: clest gue 1e peuple avalt drolt d,yprendre dee résolutions actlves, et q.u5. demand.ent quelque exécutionlchose dont 11 est lncapablen. Or, t {I y a touJoura dans un Etat desgens dlstingués par Ia naiasance, Ia richeese et les honneurs".Drune partr c€s gens néceesatres À 1a vle d,e J-a nation se trouve-ralent en butte à des réactl-ons populalres "qul les abalsseralent";et drautre partr lrEtat eeralt prJ.vd de J-eur envergure et de leurconnalssance des grand.es affaJ.res d.e toute sorte. Mal.s comme t'daneun Etat 1lbre, dit-lI, leurs prérogatlves dolvent toujours être endangern pour être Justlfléee, j-Ie é)-lralent un corpa d.e }a noblesse,moins nombreux que Ie corps d.es représentants du peupler rêsponsablecomme celui-cl devant Ia nation. Ires deux dranbres al-nsl. constltuéesaurorrt chacune "leure assemblées et leurs dé11bérations à part, €tdes rrlres et des lntérêts 'séparés". En bref, Ies nobles éI1.ront' nurcorps qui a1t droit dtarrêter 1es entreprlsea d.u peuple, comme Iepeuple a drolt drarrêter Ies leurs"(I,lvie xr, crrapitre 6).

I,es jurlsconsultes arnérl.cains ont retenu 1e blen-fond.é de cetéquilibre. A une nuance près: d.ans cea Etats où Ia Constltutlon lnter-dit de rrconférer des titres de noblesse'r, un Sénat rerap]-lra leefonctlons que Montesquleu prévoyalt pour une Chambro d,es Nobles.Artlcle Ïer, Sectlon J de Ia Constltutlons rrLe Sénat d.es Etats-Unlssera compooé de doux eénateurs pour chaquo Etat, cholsle pour slxana par la léglolature de chacun, et chaque eénateur dlspôsera d.runovoix". fls seront ré611glb1ee par tlers toue Iee d.eu-r ans. On voltque Ia durée de leur mandat est trols fols p1.ue }ongue que co11e desRepréeontantsl creet un 6cho de Iré].ectlon à v1e à Ia Chambre d.es

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Noblea,soloô Montesquleu.Iree deux aaaembLdee compoaent Ie pouvolr J.églelatlfr

',Tous les pouvolre 1églel.atlfs accordéa par cotte Constltutlon oo-ront attrlbuée à un Congrèa dea Etats-Unls, qul Eera compoad dtunSénat et d.rune Chambre des reprdsentanten (ArtlcJ.e Premler, Soctlon'ld.e Ia Constltutlon).- Sult 1ténoncé dee attrlbutlons et des obI1ga-tlons du Congrès.

Pouvolr exécut1111 est ).oglque de Ponser qurun

d.ô1vent être prérrus en ddmocratle- Âarbltrage, uno déclelon auprâmequl eeront-lls attrlbuéa?

"Eoprlt des lo1s, I.llvre Xf, chapltre 6: "I.la pulssanco exécu-trlce doit être entre ).es malng drun monarque, parco quo cetto partlodu Gouvernementr gu1 a preaque touJours begoln d.lune actlon momon-tanée, est mleux admlnlstrée par un que par p).ualeura; au I1ou quôco qul d.épend de Ia pulesranco }ég1-eJ-atlve eet eouvent mleu:r ordonndpar plusilurs q.ue par un Beultt.- le trmonarque'danb un réglme d.émo-cratlque qul ignore Ia nobJ.esso hérédltalre à quelque nlveau qureJ-lese situe, sera Ie "Présld.ontl dê Ia Républlque. Sane 1u1 donnor cotltre qul nrévoquerait rlen à 1répoque do ntrtEoprit des troJ.srr, Mon-tesquleu prend eolnr 8ü chapitre 7, dtaJouter ce commentalre:

ttI,es monarchj-es que nous connalssong nlont paor commo celJ-esdont nous venons de parler, 1a llberté pour.leur obJet d.irect; e)-Iesne tend.ent qutà 1a gJ.olre des cltoyens, de ltEtat et du PrJ.nce.Mals de cette glo1.re 11 résulte un esprlt d.e l1berté guir dans cêsEtatgl peut falre d.raussi grand.es choees, et peut-ôtra contribuerautant.au bonheur que Ia J-lberté même!'.

Cette pulssance d.u rrmonarque" auralt r'1a facul.té dtempEch€rn,mals pas nceI)-e do statuorn. fI est vraiment questlon drun pouvoirdrarbitrage raleonnable et désintéressé.IÊ Section 7 de 1tÂrtlc1ePremier d.e J.a Constitution amdrlcaine résumo eolgneusement Ia répar-tition des pouvoirs oéparés, à aevoir Ie Iégle]-atif (Chanbre desReprés.ntanis et Sénat)'et itexécut (f. frdsfaett d.os Etats-Unls):"lout projet de 1oi- adopté par Ia Chambro des représentante of pa'rIe Sénat devra, e.vant dracquérir force do 1o1, être soumle au prés1-dent des Etats-Un1sr'. Et tous Ies cae, d.roppoej-tlon éventuelle, ou decomportement réciproque des der:x pouvolrs eont tranchée.

' Auesltôt aprèsr ).a Sectlon B décr1t un à un et nomlnaloment].a longue 11ste des pouvoire dont dl.spose conatltutj.onnellementIe Congrès, détenteur de Ia pulssance Iéglslatlvo.

Chaque Dtat nommera ).es électeurs du Présldent - dont Ie pou-voir aera Lj-mlté à quatre ans,renouwelable une fols - ; ces élecleureseront'ren nombre égaI au nombre total de eénatours et d.e ropréaen-tante auquel 11 a droit au Congràe, maie (afln de reapecter Ia qua-11té drarbitre d.u futur éIu) aucunreénateur ou repréeentantr niaucune personn€ tenant des Etatg-Unle une char6e d.o conflanco ou deprofitr Do Pourra âtre nommé é].eôtourn.- .â. toutes fins.uti].es, Iecandldat qul obtlendra }e plue grand nombre de auffrages après 1ePrés j-dent éIu, devlendra Vlce-présld.ent.

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euant au aorment aolonnol que 1o nouvel é}u dolt pr6ter, IeJour de aon lnveetlture, 11 eat aaslmllable À un aacro royal.-Et, te1 un aouveralnrle Prdaldont aera ncommandant en chef do lrar-mée et de }a marlno dea Etate-Unlsr et de Ia mll1cc dce dlversEtata quand, celle-cl aera appeJ.ée au Bsrvlce actlf dea Etate-Unla(... ) i1 .r.,"" Ie pouvolr draccord.er des surale et dee grâ,cea pouri.. ôr1mes contre los Etate-Unls (. .. ), de conclure dea traltéo,aur ltav1s of avoc le conaentsment du Sénat"(...) II aura Ie pou-voir d.e r,nommer leo ambaesadeure, lea autree mlnletrea publlco otles consule (... ) ff recovra loe arnbaeeadeuret et Ioa autroa mlnls-tree publ1co.11 volllora À c ua ].ea ]-ole eolent fldèlement exé-cutéeBn.(.e.rtlc1e Deux, Sectlon, de Ia Conat1.tut1.on). On notera 1afoJmu]-e: rrBur 1lavla et avec 1e consontement du Sénatn.

On peut Ilre dane Ia Sectlon 1: 'rl,e Préeldent recevra pourses Bervlces, à échéances f1-xoa, une 1-ndemnlté qul ne aora n1 aug-mentée nl dimlnuée pendant 1a pérlode pour laque1).e iI aura été é1u,et iJ. ne pourra recevolr pend.ant cette pérlod.e aucun autre émolu-ment des Etate-Unls, nl d.laucun des Etatsrr.-

Ce Préeldent-monarque est un fonctlonnalre, au somnet de1réchelle du fonctionnarlat, aa'ns p1ue.

Séparatlon d e s P o u v o 1 r a.

Clest 1ul, ceoendant, qul rrnommera les Juges à Ia Cour SuprêmenCeux-cl seront-11e donc à aon éventuel).e d.lscrétion?- Absolunent pas.Ce "monarque'républicaln aera mâme soumls, sr11 y a I1eur au iuge-ment de cette cour;14 Section 1 de J-rArticle Deux fait alluslon àune possible "destltution'd.u Présldent; et Ia brève Section 4 dumême Article y est conaacr§ en ces terrness r'L,e Président, 1e Vlce-Président e" tous les fonctlonnalres civils dee Etats-Unls serontdestltués de leurs charges en ca.s de mise en accusatlon et condano-netion pour trahison, corruption ou autres crlmes et délits maJeurs"

Ainsi, non seulement Ie pouvoir 1égis1at1f du Congrès et Iepouvoir exécutlf du Présldent assJ.eté drun Vlce-Présldent sont sépa-rés ltun de Itautre, mais encore Le pouvoir Judlci.alre est eéparédes deux autres.- On se, souvient de lraffalre polltique que 1rÂmé-rique nomma "le scand.a).e du Watergaterr, et de Ia démlsslon forcéedu Présldent Nlxon: crest une conséquence de ce prlncipe de 1a"séparation des pouvolrs" préconJ.sée par Montesguleur 8ü SixJ.èmechapltre du Irlvre XI de n 1 | Esprit des l-lols n :

'Irorsque dans Ia même personne ou dane Ie même corpet de magl.e-trature (a"nt Ie sens de 'goüvernement") Ia pulesance tAlfetatfvàest réunle à Ia pulssance exécutr1ce, il nty a polnt de llberté,parce quron peut cralndre que Ie même monarque ou Ie même eénatne fasse des Iols tyrannlques pour ).es exécuter tyrannlquement.

I1 nry a polnt oncore de 11berté s1 Ia puleeance de JuÂernlest pas séparée de Ia pulesance 1églslatJ.ve et de ).rexécutrlce.S1 eIIe étalt Jointe à Ia puleaance téglslat1ve, Ie pouvolr sur ).avl-e et sur Ia Ilberté des citoyens seraLt arbltralre; car ).e Jugoseratt 1églslateur. Sl eLle éta1t Jolnte à Ia puleoanco exécutr1co,Ie Juge pourralt avolr Ia force dlun opprêsseurn.

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dpubllque fddCralo.Un dernler polnt retlondra notre attentlonr Ies Etata-Unlo

aont constltuda en Républlque fédéra1e, mômo a1 ).ron tlent oomptodo tol1o ou to1le dlspoaltlon aocondalre roconnue À certalns doaEtats qul la compoaent. Drautre part, 1o grave problàme de J.lescla-vage des Nolrs que déeapprouvalt Montoaquleu nraboutlra À }.rabo-11t1on gén6ra1e que par Ia aanglante Guerro do Sécoaa1on, a'u s1àc1odernler. Lre trelzlème dee nArtlc].oe addltlonnele amendant 1a Cons-tltutlon'r lmpoeo cotte abolltlonr on 1865.(L" pluo rdcent de ceaartlc]-es est daté du 5 Ju111et 1971; 11 lnbtltue Ie drolt de votedès 1râge de dlx-hult ana... Nous avone prlo une déclalon J.dentlqr'r.).

Ce réglme de Républlque fédéraIe, 1e déI6gué W11aon lrava1t,dès ltorlglne, réc1amé en cea termea: 'Montesquleu recomaande unorépubllque fédéréêtr. - Crest au chapitre 2 du I-,lvre IX de nlrBeprltdes lolen qur1l est queetlon drexemplee de ce type. Alna1, nIa répu-bIlque fédératlve drÂ11emagne" qul est 'cornpoode de v1IIos I1bres,et de petlts Etats soumls à'des Prlnces.I.llexpérlence falt volrqure).le est plus lmparfalte que ce1).os de Hollande et do Sulesen(...)Pourtant, olle subeiete'parce q.utol1e a' un chef qui est en quelque'façon Ie maglatrat de 1!unlon et en quelque façon Ie ron"rqu"".

Montesquieu approuve que, sulvant 1e modè1ohollandais, une provlnc€ na pulese 'fa1-re une alliance Bans Ieconsentement des autres. Cette 1oJ. ast tràs bonné, et rioâme néces-salre dans 1a répub1lque féd.érative. EIIe manque dans la Constitu-tlon germanlque"... la constltutlon amér1cai4e y pourl.oit.

Dès 1777 r êrl ple1ne glrerre de 1!Inddpendance, 1es trelze Etatsavalent blen réd16é les nÂrtlc1es d.e confédératlon"; oals J.e Congrèede 1répoquê nrétalt pas pourvu de prdrogatlves suffJ.santes.La néces-s1té de nouvellee lnstltutions fut éwldente après Ia vlctolre ete11e se concrétisa par les travaux de J.a conférence drAnnapolls,en Septembre 1786r9ui décida 1télection de 65 reprdsentants d.esEtate désignés poûr siéger à ).a confeirence de Phl}ade]phle. 55 e1è-geront, parmi lesquels figureront Jefferson, Hamllton, Franklln ..(*)La Constitution sera votée, non aans dj-scuselons, 1e 17 Soptembre1781, et 1e premler Président, George washlngton, prêtera eermentl.e 4 Mars 1789.

fI y avalt cent ans que Montesquieu étalt né au châtoau deI,a Brède'. La FONDATION MONTESQUIEU de Washington céIèbrera en 1 9891e tricentenalre de cet évènement: trCe].a est d.tautant p].us normal,écrlt lrauteur du texter eue ).es colons aroérlcatne et les péresFondateurs appréclaient.profondément ).tlmportaDce des écr1ts deMontesquleu. Soa concepts clarlflalent et crl.sta]-llaalent lourepropres 1dées et furent app).lqués pa'r eux d.ans 1rélaboratlon denotre Constitutlon"; iI aJoute: "même s1 sos penoéos devalent J-nf1u-encer 1r1déaI1sme d.e Ia Révolutlon françalsoi ...

Restons-en 1à. nLrldéa].isma de 1a Révolutlon fran-çaiee" nIentre point dans notre propoa.

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Eodes 1. Iivre IV:,,Irtamour d.e 1a patrie cond.uit_à 1a bonté des moeursr et Ia

,,bonté d.es moeurs mène à ].lamour de Ia patrie. Moins nous pouvons,' satist'aire nos passions particulières, plus nous nous livrons aux" générales".

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(passions particullères = i-ntérêts personnels)

ivÉcrss rrÉ I'utlr sor,rl Èluc.a'ttolt c tvtQunrrg t ss{ que 1l on a besoin

d.e toute ta p nte d,es Souvernementsd.espotiques nalt d t eJ-le-même parmi lcs rnenaces et l.es châtiments;Ithànneür(*) d.es monarchies est favorisé par J.es passions(**), etIes faworise à son tourl mais Ia vertu politique est un renoncementà soi-même, eui est toujours une chose très pénibJ-e".

s'On peut défi.nir cette vertu, lramour d.es 1-ois et d.e 1a patrie.Cet amour, d.emandant une nréférence continuelle d.e 1r j-ntérêt pubJ-icau sien propre, donne toutes 1es vertus particulières: eJ.les nesont que cette préférence".

rrCet amour est singulièrement affecté aux démocraties.Dans eIles seuies, Ie gouvernement est confié à chaque citoyen.Or, 1e gouvernement est comme toutes 1es choses d.u monde: pourIe conserver, iI faut J.laimer".

"(...)tout dépend donc dtétabJ-ir d.ans 1a république cetamour, et ctest à 1-linspirer que 1réducation d.olt être attenti-ve.Mais, pour que Ies enfants puissent ltavoir, i1 y a un moyen str,ctest que Ies pères ltaient eux-mêmes".

trOn est ordinairement l-e maî'tre de donner à ses enfants sesconnaissances; on 1,est encore plus d.e leur d.onner ses passions..Si cel.a ntarriwe pas, crest que ce qui a été fait dans 1a maisonpaterne3-J-e est détruit par 1es impressions d.u d.ehorsrr.

[Ce nrest point Ie peuple naissant qui. d.égénère; i1 ne seperd. que lorsque 1es hommes faits sont déjà corrompus".

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(*)"1rhonneur" = être un citoyen d.lgne d.e respect.(**)rrLes passions!' = vifs cl.ésirs d.e parvenir à...

À pnopos lp r,.4. cfllrrltÉ (crest-à-dire 1e respeet, 1a courtolsiedans 1es rapports avec autruireue Montesquieu se gard.e d.e confondreavec l-es |tbonnes manières3' qui ne sont qutun cod.e mond.ain):

" (EI-J.e est) un moyen propre à J.nspi.rer Ia douceur, à maintenir parmt" Ie peuple 1a paix et Ie bon ord.re, et à ôter tous 1es vices q.ui" viennent diun esprit d.ur.En effet, staffranchir de Ia civilitérntest-rrce pas chercher Ie moyen d.e mettre ses défauts pJ.us à 1taise,,?-t-

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Drr couvERNEMENT nÈPuBLrcArN

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t' ( . . . ) f,. peuple, dans Ia démocratie, "?t. à., certalns égardslr Ie monarque; à certains autres, 11 est Ie sujet'

i,t;i "à ,""t être monarque que par ses suffrages, qul sont ses

L,' volontés."u(... ) f,. peuple, qui a Ia souveraj-ne puissancerdoit faire

par fui-mê,ne tout L. qu I iI peut bien faire; et ce qu I 1I ne peut;;; blen faire, il faut quril Ie fasse per ses mlnlstres(*):'

^ Ses ministres ne sont point à lui stil ne 1es nomme: crestd.onc une maxime fond.amentale de ce SouverneT"Irt, 9ue Ie peuplenomme ses mlnistres, donc ses magistrats(**)''

E1 e c tion s 1 é gi slat iv e s: (E.desl. Xf,6)(propositions inspirées par "La constitution d tÂngleterre):

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t' ( . . . ) I, t on connait beaucoup rnieux les besoins de sa viLleq.ue cellx d.es autres vi11es, et lton iuge mietrx de ta capacitéa. ses voisins que de cel1e de ses autres compatriotes. fI ne fautd.onc pas que IeÀ membres d.u corps Iégislatif soierf tj-rés en généraLdu .orp= ae 1a nation, mais iI convient que dans chague li?îprinc j-pal,1es habitapts se choisissent un représentarit(+**)."

t, Tte grqnd. avantage des représentants, crest qulils sontcapables d.e discuter d.es affaires- fle peuple nry est_ point du toutpropre, cê qui forme un d.es grands incônrénientl de 1â d,émocratie."

,' To,ré')1." citoyens d.ans Ies différents d.istricts doiwentavoir Ie droit d.e d.onner ]-eur voix pour choisir Ie représentant,excepté ceux qui sont d.ans un tel état de bassesse qurils sontréputés nravoj-r pas de volonté propre-'

(*),(**) ,,ministres" = représentants é1us.- "magistrats" est à traduireavec Ie même sens Politique.

( **lÉ ) Ces représentants locaux seraient éLus comme lr:s députés britan-niques de Ia Chambre dês Communes (tfre House of Commons)..q. itépoqr" de Montesquieu, 1e découpage du territoire françaisen d.épar^'ements nrexistait pas-

(a) Ce ntétait pas Ie cas en Angleterre à cette époque.

DEUX SORTES DE TYRANNIE E.des L. xrx, 7

''fI y a deux sortes de tyrannie: une rée1le, 9ui consisted.ans 1a violence du Souvernement; et une droplnion, qui se faltsentir lorsque ceux qui gouvernent établissent des choses quichoquent Ia manière de penser d rune nation."

(n.aes L. lI,2)

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lr Ire principe de Ia'rséparertion tles pouvoirs" sera inclus dansla Constitution des Etats-Unis drAmérique,après Ia Buerre del r Indépendance. Promulguée 1e 'l.7 Septembre 17e7, cette Cons-titution nra guère varié. En sorte que Ia démission du Prési-dent Nixon )-ors de rrllaffaire du Watergaterr, est une consé-quence indirecte du orincipe énoncé dans lrE.des l.-

E. des Ir. Xf , 6.

"... II nry a point de liberté si Ia puissance de juger nrestpoint séparée de Ia puissance Iégislative et de Itexécutrice.Si e11e était jointe à la puissance 1é6i-s1ative, 1e pouvoir surIa vie et Ia liberté serait arbitraire; car 1e juge serait Iégis-lateur. Si elle était jo j-nte à 1a puissance exécutrice, Ie jugepourrait avoi-r Ia force d lun oppresseur. "

C ependant (p1us 1oi.n):

"...Mais si 1a puissance Iégislative se croyait en danger parquelque conjuration secrète contre J.rEtatrou que).que intelligenceavec les ennemis du dehors, e}Ie pourrait, pour un temps court etlimité, permettre à Ia puissance exécutrice de faire arrêter Lescitoyens suspects, qui ne perdraient leur l-iberté pour un tempsque pour }a conserver pour toujourst'.

(I,. dernière phrase semble exprimer unè certaine indulgenceEn faj.t, MontesquJ-eu demande que ces tribunaux drexception aientun pouvoir aussi limité que possible dans l-e temps... 11 ntett cer-tainement pas écrit cette phrase si 1e terrorisme lnternationalavait existé au XVfIIe sièc1e. )' Voir ci-dessus: E.des l. Vf, 12.

C iEST UE II UR DE IA RËPUBIIOUE

"I,,arour d.e Ia républiquerdans une d.émocratie, est celui de

Ia d.émocratie;ltamour d.e Ia démocratie est celui d'e 1té8a1ité"','(...) Irramour d.e 1tégaIité, dans une démocratie, borne

ltambj-tion au seul d.ésirr &u seul bonheur de rend.re à sa patrieautres citoYens. f)-s ne Peuventégaux; mais ils doivent tous

insi 1es d.istinctions Y naissentême qute)-le Parait ôtée Par desnts supérieurs."

 pnopos lr rtÉcnltrÈ E.d'es r" vrrr, 1 et 4'/,Dans 1tétat de naturerles hommes naissent bien dans 1té8a1ité;

mais ils nry sauraient rester. fra société Ia leur fait perdre' êtiIs ne redeviennent égaux q.ue par Ies lois'"

a(...)t,es grands succèsrsurtout ceux auxquels le peuple contri-bue beaucoup r. l-u:. donnent un te1 orgueil qu I i} n t est plus pot'sibI e

de Ie cond.uire.Jaloux des magistiats (*), iI Ie devient de 1a magis-;;";;";- (iil r ennemi de ceux q.ui gouvernent, iI lrest bientôt de 1a

constitution."

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: représentanta éIus Par 1e PeuPle'i : 1e gorlvernement f ormé par 1es é1us ' ?*

Page 104: Montesquieu et Nous

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it reçu pJ.us de différentes si-Ies esprits de tant de manières,I I ont pris pour Ia faci1.ité dedonné un pouvoir tyrannique;

).ire celui à qui iJ.s devaientobéir I d. I autres , pouT Ie droit d I être arrnés, et de pouvoirexercer Ia violence (. . . ) Enfin chacun a appelé t'f@tr l-egouvernement qui était conforme à ses coutumes ou à ses incli-nations, et comme, dans une république, on nta pas toujoursd.evant les yeux, et dtune manière si présente, 1es i-nstrumentsd.es maux dont on se plaint, et gue même ]es loi-s paraissent yparler plus et les exécuteurs de Ia loi y parler moinsr oD J-apta.e ordinairement dans Ies républio-ues, et on 1ra exclue desmonarchies. Enfin, comme dans 1es démocraties 1e peuple paraltà peu près faire ce qurj-J- veutr or a mis 1a J-iberté dans cessortes de gouvernements, et on a confondu Ie pouvoir du peupleavec 1a liberté du peuplerr. (chap. 2).

rrI). est vrai q.ue dans )-es démocraties 1e peuple paraltfaire ce quriJ- veut; mais 1a ].iberté politiouq ne consj-stepoint à faire ce oue I'on Ejdans une société où i1 y a des l.ois, La l-i.berté ne peut consis-ter qurà pouvoir faire ce que ]-ron doit vouloir, et à ntêtre

.

"La liberté est ).e droi-t de faire tout ce que 1es J-ois per-mettent; et si un citoyen pouvait faire ce o-ure1Ies défendent,il nraurait pJ.us de J.i-berté, parce que 1es autres auraienttout de même (eux aussi) ce Douvoirrr. (chap. 7).

PLus 1o j-n, d.ans J-e connmentaireCe Ia Constitution angJ-aise:

rr...fI nry a point encore d.e liberté si 1a puissance dejuger nrest point séparée de Ia puissance 1égislative et deltexécutrice.Si e).Ie était jointe à 1a puissance 1égis).ative,1e pouvoir sur Ia vie et sur 1a lj-berté des ci-toyens seraitarbitraire; car 1e iuge serait ].éAis]-ateur. Si e1Ie étaitjointe à Ia puissance exécutrice, Ie iuge pourrait avoirIa force d.run oopreéseur.

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rrTout serait perdu si Ie même hommerou Ie même corps d.estr principauxr o[ des noblesr ou d.u peuple, exerçaient ces troisrr pouvoirs: celui d.e faire J.es loj.s, celui dtexécuter les résolu-rr tions publiques, et celui de juger 1es crlmes ou les différend.sU d.es particul.iersrr. (chap. 6):

C I est 1e principe d.e IA SÉPARATION DES pouvofRs

AI T.ÊS ABUS OUE IION PEUT EN FATRE(cf. E. des 1. livre XI)

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Page 105: Montesquieu et Nous

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nÉcnsslr# nB le sunBtÉ E. des T'. Xf , 6

"L^ llberté politlque, dans un citoyen, est cette tranquillitédresprit qui provient de lropinion que chacun a de sa s0reté; etpour quron ait cette lj-berté, 11 faut çIue Ie gouvernement soit te1-qutun citoyen ne puisse pas cralndre un autre citoyen./'

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LA JUSTfCE CIVIT,E.et PrésidentLa haute idéepIe, dans sonbre 1725. ï1

rrQulon examine 1a cause d.equ t eJ.J-e vient d.e 1! impunité desdes peines t' .

(Rappelons-nous que Montesquieu fut magistratà mortler au Parlement de Bordeaux.quriJ. avait de Ia Justice srexprime, par exem-discours de rentrée du Parlernent, Ie 11 Novem-

d.éc]-ara ) : .

essentielre, Qui est Ia i;;;t::'i:::T:rï"1;,T"nT?:ïi:"i:";i.";;::tj-ce) soit écIairée, i1 faut qurelle soit prompter Qurelle ne soitpoint austère, et enfin qureJ.l-e solt universe1.J.e.r'

Drautre part, E. des IJ. VI, 9.ItDans ces Etats (a. réglme modéré ou démocratique), un bon

1égis).ateur stattachera moins à punir les crimes qurà 1es prévenir;iI stappJ.iquera plus à d.onner des moeurs qutà infJ.iger des supplices'.'

MAIS : E.des l. VI, 12.tous J.es relâchements, on verre

cri-mes, et non pas de f a modérat j-on

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UTTLITÉ DES SCTENCES DANS lA sOcIÉ1Ë. Discours Acad.émique (Académiedes Sc j-ences, BeI1es-lettres et Arts d.e Bordeaux) ,

J.e 15 Novembre 1725.(Après avoir présenté 1es motifs qui plaid.ent en faveur d.e

Ia connaissance et d.u progrès scientifique.. . )

'r. . . Un autre motif qui d.oit noust encourager à nous appliquer à1tétud.e, ctest ].rutilité que peut en tirer ]-a soclété d.ont nousfaj-sons partie; nous pourrons joindre à tant d.e commod.ités que nousavons, bien d.es commod.ités que nous nravons pas encore.d

ttlte commerce, Ia navigation, lrastronomie, Ia géographie, Iaphysique, 1a méd.ecine, ont reçu mi).le avantages des travaux d.e ceuxqui nous ont précéd.és: nrest-ce pas un beau d.essein que d.e trava1J.-Ier à )-aisser après nous Ies hommes p1.us heureux que nous ne lravonsété?

"(... ) Les sciences se touchent J.es unes J-es autres; J-es p1-usabstraites aboutissent à celIes qui )-e sont moins (. . . ) Or, 1essciences gagnent beaucoup à être traitées d.tune manière ingénieuseet délicate; crest par 1à quron en ôte Ia sécheresse, quton pré- ttvient Ia lassitud.e, et quron J.es met à Ia portée de tous Ies esprj-ts.

- Montesquieu, comme beaucoup dtesprits éclairés d.e son siècIe,srintéressa vivement aux progrès de J.a science. la plupartd.es communications quriJ- présenta à lrAcad.émie de Bord.euxen témoignent. (.f. page B).

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UTIIITÉ DE IJA REI'IGION

"...d.ans cet ouvrage, Je ne suis point théo1ogi-en, mais écri-valn politiquerr, dit trlontesquieu. 11 ne fera donc aucune étude oucompaiaison des d.ogmes et des principesr mais: "la religion chré-tienner gui ord.onne aux hommes de slaimer, veut sans doUte q.ue

chaque peuple ai-t 1es meiJ.-Leures 1-ois politj-c1ues et 1es meilleuresfoiÀ civiles, parce q.utelJ.es sont, après e1le, 1e plus grand bienq.ue }es hommes-puissent donner et recevoir". (n.a.es 1. XXIV, 1).

plus loin: ',...1a religion chrétienne est é1oignée du pur despotis-me; ctest q.Lre 1a d.ouceur étant si recommandée dans ltEvangile, e1l-estoppose à 1a coIère despotique avec 1aquelle 1e prince se ferait;uslice et exercerait ses cruautés (. . . ) C t est Ia religion chrétienneàri, malgré 1a grandeur de )-tempire et 1e vice du climat, a empêchéIe d.espotisme de stétablir, en Ëthiopie r et a porté au milieu deltAfrique les moeurs de ]-ttthiopie êt ses 1oiè". (iaem XXIV, 7).

Au chapf.tre 5, iI dépJ-ore Ia scission du christianisme en catholi-cisme êt protestantisme r, )çy1ème siècIe; i1 explique 1es raisonsqui ont attj-ré vers Ie protestantisme 1es nations d.u Nord d,e lrEu-rope, et ce11es d.u Sud vers Ie catholj-cisme, et pourquoi Ie calvi-nisme convient mieux gue 1e luthéranisme au-x réf ormés français. . .

Et voici un para]-Ié1isme sociol.oÂj.que très judicieu:<:"Comme l-a religion et 1es 1-ois civiJ-es doivent tendre principa-

lement à rendre )-es hommes bons citoyensr oD voi-t q.ue lorsqrune desdeux stécartera de ce but, J.rautre y Coit tendre davantage: moinsla religion sera réprimante, pl-us 1es l.ois civiles d.oivent réprimerl'

( idem XXIV , 2) .

Un cas d. I into].érance: 1a reJ.igion mahornétane.ItSrlr Ie caractère d.e 1a reJ.igion chrétj-enne et celui de Ia

mahométane, on doit, sans autre examen, embrasser J-tune et rejeterltautre: car iI nous est bien p].us évident qutune religion doitadoucir J.es moeurs des hommes, quri)- ne 1.rest qutune religion soi-tvraie. Clest un malheur pour 1a nature humaine lorsque 1a religionest d,onnée par un conquérant. la re]-iÆion mahométane. qui ne parleque d.e .q]-aive, agit encore sur ).es hommes avec cet esprit destruc-Teur-rtrfTa f ond.éerr . ( iaem xxlv , 4) .

Qul veut se rappeler que 1a'présence française en Afrj.que d.u Nord.f avait mis fin aux activités crinj-neIIes des rrpirates barbaresques"

en Méditerranée occidentale?

A ce propos, Montesquieu en visite cl:ez sa soeur, 1a comtessedrHéricourt, à Marseille, apprit 1a triste situation dtune famj.J.J.ede marins: Ie père était prisonnier des pirates Maures de Îétouanet ne serait Iibéré que contre une lourde rançon z 7.5OO livres(équivalant à environ I années de sal-aire drun vi-tJ.cu1.teur, enGuyenne). 11 fit parvenir à Tétouan Ie montant d.e cette rançon,par 1.tintermédiaire de Mr.lr1ain, banquier angl.ais étab1J. à Cadix.Le prisonnier fut Iibéré. Montesquieu ne fit jamais mention d.e sagénérosité qui fut seulement connue de sa famille après sa mort.

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IAUTRE S 1HÊt'lltS :

LA NOTION DE DËFENSE (contre 1e phllosophe anglals Hobbes).Textes inédits de Montesquieu.

/Hobb." d.it que Ie drolt naturel nrétant çIue }a liberté defalre tout ce qui eert à notre conservation, 1rétat neturel delrhomme est la guerre de tous contre tous. Mais outre qulil estfaux que la défànse entralne ob)-igatoirement Ia nécessj-té dratta-qucr, i1 ne faut pasr comme iI Ie faitr supposer 1es hommes comme

iombés d.u Ciel ou- sortis tout armés de 1a Terrè, à peu près comme

1es soldats de Cad.mus, pour s I entre-détruire; ce n I est point 1à1| état d.es hommes. "

ARMËE NAlIONAI,E E.des L. XI, 6.

"Irtarmée étant une foi-s étabIie, eI1e ne doit point dépendreimmédiatement du corps 1égislatif, mais de 1a puissance exécutriceet cela par Ia nature de Ia chose, son fait consistant plus enaction qùt"t d.éIibération. "

CE OUE NOUS APPELONS IIIA COURSE AUX ARMEMENTS'I .

E.des I,. Xfff, 17.t'U.r" malad-ie nouvelle srest répandue en Europel e11e a saisi

nos princes, et J.eur fait entretenir un nombre d.ésord.onné d.e trou-pes. E11e a ses redoublements, et eIIe devient nécessairement conta-gieuse: car, sitôt qurun Etat augmente ce quriJ. appelle ses troupes,1es autres soudain augmentent 1es leurs, de façon quron ne gagnerien par 1à que 1a ruine commune.Chaque monarque tient sur pj-edtoutes J.es armées qutiJ. pourrait avoir si ses peuples étaient end.anger dtêtre exterminés; et on nomme paix cet état dreffort detouÀ contre tous."

,,(...) fI est vrai que crest cet état dteffort qui maintientprincipalement 1téquiJ.i.bre, parce quriJ- érei.nte 1es grand.es puis-sances.'/

MoNIESQUTEU ''EUROPÊEN'' . ,,P"nsé.s

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"Si je savais quelque chose qui me ftt utile et qui fût pré-judiciable à ma familJ.e, Je Ie rejetterais d.e mon esprit. Si jesavais quelque chose qui fût utile à ma famiJ-J.e et qui ne le fttpas à ma patrie, je chercherais à ltoublier. Si je savals quelquechose utile à ma patrie et qui'ftt préjudiciable à lrEurope et augenre humain, je 1e regarderals comme un crime."

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E.des L. III"Ir", polJ-tiques grecs qui vivaj-ent d.ans 1e Souvernemont popu-

Ia1re ne reconnaissaient drautre force qui pOt 1e soutenlrr Quece]Ie d.e Ia vertu(*). Ceux d'aujourdthui ne nous parlent que demanufactures, d.e commerce' de finances, dc richesses et de luxememe. ,Lorsque cette vertu cesse, lrambition entre dans les coeursqui p.rr..,i Ia recevoir, et lravarice(**) entre d.ans tous. "l,u. âé.j-r= changent dtobjet: ce quron aimaitr oD ne lraime plus;on était libre avec Ies )-oisr oD veut être libre contre e1Ies;chaque citoyen est comme un esclave échappé de 1a maison de sonmaifre; ce qui était maximer oD 1rappe11e rigueurl ce qui étaitrèg1e, oD trappelle gêne; ce qui était attention, on lrappo!l-]ecraLrÀte./'

es particuJ-iers faisaj-t 1e trésorr public devient 1e patrimoi-ne desune dépouille; et sa force nrestcitoyens et Ie J.icence de tous./'

E. des Ir. VIf I(Evoquant 1e philosophe et socj-o)-ogue grec Xénophon, celui-cifait dire à un de ses concitoyens: ttJe suis un roi, j I étaisescJ.ave; je payais un tribut à Ia récublique, aujourdrhuielle me nourrlt; je ne crains p).us de perdre, jtespèred I acquérirrr . . . .

Montesquieu commente:

" I'. peuple tombe d.ans Ie malheur, lorsque ceux à qui i1 se// confie, voulant cacher leur propre corruption, chechent à Ie cor-// rompre. Pour quti]. ne voie pa's leur ambition, i1s ne lui parlent/r que de sa grandeur; pour quti]- ne slaperçoive pas de leur avarice,z, iIs f].attent sans cesse ].a sienne."

t, IJa corruption augmentera parmi les corrupteurs, et e11e aug-a mentera parmi ceux qui sont dé jà corrompus. L,e peuple se distribuera/, tous les deniers publics; et, comme iI aura ioint à sa paresse Ia,,gestion d.es affaires, i1 voudra joindre à sa paruvreté 1es amusementsrr d.u 1uxe. Mais, avec sa,paresse et son 1uxe, iI nly aura que Ie, trésor public qui puisse être un objet pour lui (... ) on ne peutz d.onner beaucoup au peuple, sans retirer encore plus d.e lui (... ),z Plus il paraitra tirer avantage de sa liberté, p]-us iI srapprocherar du moment où iI doit 1a perdre ..."

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(*)(**)

Ie mot rrverturr est toujours pris d.ans 1e sens de rrvertu civique".avarice = attirance excessive vers les biens matérieIs.

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- TAtsÏJE DES MAT TTRES

AVANT-PROPOS.

APERÇUS BTOGRAPHIQUES.

"les IETTRES PERSÀNESrr.

ÇÀ et lÀ:lfé]-ection à 1rÂcadémie Française;le péripIe européen marqué surtout par Ie séjour

en Angleterreltra fréquentati-on des cénacJ-es parisiens

et 1es reJ.ati.ons dans Ia capitale;Un j.ll.ustre contemporaj-n de rrJ.rEsprit d.es J-oistr:1e marquis de lourny, Intendant du Roi en Guyenne;le salon bord.eJ.ais de Mme Duplessy.

III IESPRIT DES IOIS I' :

Son édition à Genève. Ses thèmes, livre par J.ivre;Origines et sources d.e J.loeuvrelI,es auteurs anciens et modernes

que J-rauteur préférait;les adversaires de Montesquieu,

et 1r affaire de "1 | Ind.exn.

IIIIESPRIî DES IOISII DANS CONSTTTUÎTON DES ÉT,q.tS-UNTS :

Créatj-on à Washington d.e J-a t'Montesquieu Found.ationrr,et présence drun buste d.u philosophe

dans Ie haII d.u State Department;la coNSTrîuÎrol'i DES ÈîAîs-uNrs, êr1 vigueur d.epuis 17a7 ,srinspire d.irectement d.e tt).tEsprit d.es J-oisrt.

MONTESQUIEU ET NOUS:rrltEsprit d.es lois'r attire notre attentionsur J.es d.iverses d.éfinitions que lron donne.àJ.a trd.émocratierr, à Ia ttlibertér, au rrdroi.t d.es gensrlque nous appelons rtd.roits d.e Ithomme,t...

- Abus et d.égradations possibles de ces concepts;- Mise en garde contre ces abus et ces d.égrad.ations.

matières

Bj.bliographie.

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29

77 à19

40à41

42à49

5o-à87

84à91

92à99

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Ouvrages consultés:

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II H.Barkhaueen : Itlrlontesquleu, ses idées et ses oeuvrestdraprès Ies papiers de la Brèderr.

Pierre Barrière : "la Pensée politique et constitutionnelled,e Montesquieurr - et divers.

J.Brèthe de Ira Gressaye : "Montesquieu fondateur du Droit publicmodernetr."Montesquieu politiquerr .

Jean Da1.at : I'Montesquieu maglstrattr et divers.J.I,Iax Eylaud : "Montesquieu chez ses notaires de T'a Brèder'.A.GreJ.l-et-Dumazeau : t'la Soci.été bord.eJ-aise sous trouis XV,

et Ie salon de Mme DrpJ.essyr!.Gabrie]- troirette : d.ivers.And.ré Masson : d.ivers.Corrad.o Rosso (pri* Montesqui-eu) : "Montesquieu moraliste.

Des trois au Bonheurrr.R.Schakleton (lr:-x Montesquieu) : 'rMontesquieu et ses rapports

avec 1e pouvoirrr.J.Starobj-nski (frix I'{ontesquieu) : rtMontesquieu par 1ui-mêmerr.P.Courteault : diwers.louis Desgraves : rrltlontesquieurt.

la photo de couverture est d-e Michel Conte'

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