Monte là dessus

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FICHE ENSEIGNANT UN FILM POUR TOUS 2011/12 – Cycle 3 MONTE LA DESSUS Un film de Fred C. Newmeyer et Sam Taylor I USA I 1923 I 1h10 Réputé pour son agilité et son art des cascades, le célèbre comique américain Harold Lloyd et ses lunettes d’écaille signe avec Monte là-dessus un petit bijou du film muet. Riche en rebondissements hallucinants, ce film est avant tout connu pour la fameuse scène dans laquelle notre héros se retrouve agrippé aux aiguilles de l’horloge d’un gratte ciel, symbole d’une ascension sociale périlleuse dans cette Amérique des années 20 toute puissante. Ancré dans un univers réaliste et urbain, Safety Last est un condensé de l’inventivité comique d’Harold Lloyd, à la fois visuelle et scénaristique, de son sens du rythme et du gag qui en font l’un des trois grands du cinéma burlesque américain. POUR COMMENCER : QUELQUES ELEMENTS POUR DEFINIR LE GENRE BURLESQUE Le burlesque ou slapstick américain (littéralement «coup de bâton») est un genre cinématographique qui appartient à la grande famille des films comiques : parodies, comédies et films d’humour. Comme la comédie, le burlesque cherche à amuser le public, à déclencher le rire ou le sourire, mais il s’en distingue par des effets comiques inattendus et fulgurants (les gags) qui font entrer le spectateur dans un univers dominé par l’absurde et le non-sens. Au commencement était le gag A l’origine, le mot gag vient du music-hall anglais et désigne une trouvaille (un geste ou un mot drôle) improvisée sur scène ; appliqué au cinéma, il concerne un effet comique soigneusement élaboré et d’autant plus réussi que l’on ne s’y attend pas. , le principe narratif du gag est d’aller au bout d’une idée, de l’épuiser. Les gagmen s’activent pour élaborer une suite de situations comiques à partir d’une idée, d’un noeud dramatique. Ainsi, lors de l’ascension du building, Harold est confronté à chaque palier à des obstacles qui l’empêchent de se réfugier dans les étages et le poussent à continuer. Le gag est ainsi une mécanique qui s’articule selon plusieurs rouages, c'est-à-dire plusieurs temps (progression, rupture, accumulation) avec des motifs récurrents tels que le détournement d’objets (par exemple dans Monte là-dessus, une ambulance transformée en taxi), le travestissement (Harold se déguise en mannequin), la course poursuite (entre Bill le grimpeur et le policier), le « coup de bâton » Kick me ! » les coups de pied au derrière du policier) et les acrobaties ( la formidable chorégraphie qui conclue le film par l’ascension du héros).

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FICHE ENSEIGNANT UN FILM POUR TOUS 2011/12 – Cycle 3

MONTE LA DESSUS Un film de Fred C. Newmeyer et Sam Taylor I USA I 1 923 I 1h10

Réputé pour son agilité et son art des cascades, le célèbre comique américain Harold Lloyd et ses lunettes d’écaille signe avec Monte là-dessus un petit bijou du film muet. Riche en rebondissements hallucinants, ce film est avant tout connu pour la fameuse scène dans laquelle notre héros se retrouve agrippé aux aiguilles de l’horloge d’un gratte ciel, symbole d’une ascension sociale périlleuse dans cette Amérique des années 20 toute puissante. Ancré dans un univers réaliste et urbain, Safety Last est un condensé de l’inventivité comique d’Harold Lloyd, à la fois visuelle et scénaristique, de son sens du rythme et du gag qui en font l’un des trois grands du cinéma burlesque américain.

POUR COMMENCER :

QUELQUES ELEMENTS POUR DEFINIR LE GENRE BURLESQUE

Le burlesque ou slapstick américain (littéralement «coup de bâton») est un genre

cinématographique qui appartient à la grande famille des films comiques : parodies, comédies et

films d’humour. Comme la comédie, le burlesque cherche à amuser le public, à déclencher le rire ou

le sourire, mais il s’en distingue par des effets comiques inattendus et fulgurants (les gags ) qui font

entrer le spectateur dans un univers dominé par l’absurde et le non-sens.

▪ Au commencement était le gag

A l’origine, le mot gag vient du music-hall anglais et désigne une trouvaille (un geste ou un mot drôle)

improvisée sur scène ; appliqué au cinéma, il concerne un effet comique soigneusement élaboré et

d’autant plus réussi que l’on ne s’y attend pas. , le principe narratif du gag est d’aller au bout d’une

idée, de l’épuiser. Les gagmen s’activent pour élaborer une suite de situations comiques à partir

d’une idée, d’un nœud dramatique. Ainsi, lors de l’ascension du building, Harold est confronté à

chaque palier à des obstacles qui l’empêchent de se réfugier dans les étages et le poussent à

continuer. Le gag est ainsi une mécanique qui s’articule selon plusieurs rouages, c'est-à-dire

plusieurs temps (progression, rupture, accumulation) avec des motifs récurrents tels que le

détournement d’objets (par exemple dans Monte là-dessus , une ambulance transformée en taxi),

le travestissement (Harold se déguise en mannequin), la course poursuite (entre Bill le grimpeur

et le policier), le « coup de bâton » (« Kick me ! » les coups de pied au derrière du policier) et les

acrobaties ( la formidable chorégraphie qui conclue le film par l’ascension du héros).

▪ Corps, vitesse et coups de bâton

Les films burlesques sont généralement fondés sur une idée unique à partir de laquelle les gagmen,

réalisateurs et comédiens improvisent une succession de péripéties qui déclenche

invariablement un cataclysme visuel volontairement absurde. Les effets comiques les plus

appréciés sont les batailles à grand renfort de tartes à la crème ainsi que les poursuites

ininterrompues en voiture, en vélo ou en moto lancés à toute vitesse, indifférents aux panneaux de

signalisation comme aux passants. Ce joyeux chaos provoque inévitablement des collisions, des

chutes, des manœuvres inattendues et des catastroph es en chaîne , essence même de l’esprit

burlesque. La plupart de ces motifs sont présents dans Monte là-dessus , on pourra s’amuser à les

recenser à l’oral après la projection :

-le corps comme ressort comique (chorégraphie des corps avec les acrobaties d’Harold en l’air et

sur terre, celle de son ami Bill)

- l’art du pantomime : lorsque le visage et le corps se substituent au langage verbal pour traduire

une émotion

-le recours aux intertitres et le jeu sur les police s de caractères (des écritures toute petites pour

signifier la voix d’un personnage lointain comme dans le dernier plan du film lorsque Bill est poursuivi

par un policier sur les toits

- la succession de péripéties qui déclenche un vérit able engrenage de catastrophes (lors de

l’ascension du building, pigeons, chiens, filets de pêche et éolienne mal placée sont des obstacles

qui vont rendre l’escalade d’Harold encore plus périlleuse)

- le règne de la vitesse et de l’énergie (la folle course de l’ambulance dans les rues de Los

Angeles, filmée en travelling avant avec un effet de vitesse du à l’accélération dû défilement de la

pellicule ; mais aussi toutes les séquences de course poursuite, entre Bill, Harold et le policier).

HAROLD LLOYD : L’HOMME AUX LUNETTES D’ECAILLE

Harold Lloyd fait partie des trois pionniers du cinéma burlesque Américain avec Buster Keaton et

Charlie Chaplin . Sa spécificité réside dans la création de son personnage, un monsieur tout le

monde, véritable self made man représentatif des aspirations de l’américain moyen des

années 20. Alors que Buster Keaton est un pionnier, le conquérant des grands espaces et de l’ouest

sauvage (Go west , Le mécano de la Général ), et que Charlie Chaplin incarne la figure de l’immigré

vagabond, celui qui doit faire sa place dans ce nouveau monde hostile, Harold Lloyd a créé un

personnage plus lisse, ancré dans un schéma de réussite sociale et affective . Cette normalité,

vecteur d’un fort pouvoir d’identification explique en partie son immense popularité avant la grande

dépression et participe au ressort comique. Tous les films d’Harold Lloyd sont ainsi construits selon le

même principe d’ascension sociale, un peu par l’amour, beaucoup par le dépassement de soi

comme le prouve l’ultime séquence du film.

▪ Biographie

Né en 1893 dans le Nebraska , c’est par hasard que Harold Clayton Lloyd se retrouve dans le

cinéma. Comme beaucoup de jeunes gens de son époque, il décide de tenter sa chance à Los

Angeles en 1910. D’abord cascadeur puis figurant, il rencontre Hal Roach à la prestigieuse Keystone

Firm surnommée «l’usine du rire américain ». Ils imagineront ensemble le personnage de

Lonesome Lucke puis de Harold , mis en scène dans une cinquantaine de courts-métrages qui

connaîtront un succès formidable jusqu’au début es années 30.

▪ La création du personnage : un monsieur tout le mo nde

Harold Lloyd a imaginé un personnage qui s’offre tel un jeune homme innocent et pour qui le

monde serait une aventure perpétuelle. A l’exception de sa monture d’écaille, Lloyd a habillé son

personnage d’une apparence banale conforme au standard de l’époque, surtout si on le compare

au maquillage blafard de Buster Keaton et aux accessoires universels de Charlot . Vêtu d’un

costume des plus sobres et d’un canotier passe partout, Harold impose son personnage par sa

flegme et son large sourire qui révèle une confiance en soi proche de l’insolence. Dans Monte là-dessus , ses préoccupations sont celles de l’américain urbai n moyen des années 20 : payer son

loyer, être confronté à une hiérarchie professionnelle oppressante, crainte de perdre son emploi

précaire, et surtout la quête de stabilité d’amour et de foyer qui passe par l’acquisition d’une position

sociale (point de mariage sans situation). Une quête parfaitement incarnée dans l’ascension finale

de ce petit homme sans qualité qui va accomplir l’impossi ble.

▪ Prêt à toutes les impostures pour réussir, y compr is jouer avec le temps

Innocent Harold ? Pas tant que ça ! Pour parvenir à ses fins, voici un homme qui n’hésite pas à

tricher, duper, falsifier. Il joue avec son apparence (se transforme en mannequin pour pénétrer dans

le magasin sans faire remarquer son retard), usurpe des identités (celle du Général Manager et

celle de Bill, l’homme mystère) et surtout il triche avec le temps . Sa vie est une course folle contre

le temps, temps qu’il accélère (lorsqu’il ment à Mildred sur son ascension sociale), qu’il retarde

(lorsqu’il modifie en catimini l’heure de la pointeuse). Ironie du sort, c’est finalement le temps qui

lui sauvera la vie. Au terme de son incroyable escalade, Harold s’accroche à l’aiguille de l’horloge

du building avant d’être récupéré dans sa chute, comme un oisillon tombé du nid, au creux de la

mécanique de l’horloge. Dans un dernier mouvement de balancier, tête en bas accroché au bout

d’une corde, Harold se transforme en homme pendule, avant d’effectuer une pirouette magique et de

se retrouver sain et sauf dans les bras de sa bien aimée.

L’ASCENSION DU BUILDING : ENTRE RIRE ET EFFROI

Monte là dessus est construit autour de l’incroyable scène d’escalade qui occupe les 20

dernières minutes du film . D’un point de vue scénaristique et symbolique, cette séquence incarne

littéralement l’ascension sociale du personnage tout en pratiquant un mélange savoureux de rire et

de peur, qui dans la salle, ne manque jamais de susciter cri d’effroi et fou rire.

▪ Un film ancré dans la réalité américaine urbaine d es années 20

Cette idée est tout à fait réaliste puisque les grimpeurs étaient nombreux dans les années 20 à

escalader les buildings pour des motifs publicitaires. Le personnage de Bill incarné par l’acteur Bill

Strothers a ainsi été repéré par Harold Lloyd lors de l’une de ses ascensions. Pour cette séquence

acrobatique, point d’effets spéciaux mais le recours à une plateforme construite à environ 5 mètres

en dessous du cadre de la caméra, agrémentée de quelques matelas pour amortir les chutes.

Tout au long de l’ascension, l’œil du spectateur hésite sans cesse entre le premier plan et l’arrière

plan , entre l’exploit de cet homme exposé à la mort et une vie urbaine trépidante. Dans cet arrière

plan porteur de l’aspect documentaire du film , on sera étonné de constater le bouillonnement de la

ville, avec ses passants, ses tramways, son trafic et surtout cette architecture verticale qui s’étend au

loin, symbole d’une Amérique conquérante.

▪ Rires en cascade : une avalanche de catastrophes

La scène d’exposition présente Harold comme un homme bien maladroit qui ne tient même pas

debout sur la terre ferme…alors escalader un immeuble, vous pensez ! Il titube, s’agite, panique,

augurant déjà les catastrophes à venir. Comment cet homme ordinaire va-t-il accomplir l’impossible ?

La réponse est simple comme un slapstick. Il va devoir dépasser, parfois bien involontairement, tous

les obstacles que les gagmen mettront sur sa route. A chaque fois qu’il tente de pénétrer par une

fenêtre et d’échanger son rôle de grimpeur avec son meilleur ami, un objet, un animal, un évènement

vont l’en empêcher. Il se retrouve ainsi littéralement pris dans les filets, avant qu’une planche

manipulée par des ouvriers ne le précipite dans le vide, puis c’est une fenêtre intempestive qui

s’ouvre, une horloge qui se démembre…même les animaux (une souris, des pigeons, un chien),

semblent comploter. Cet engrenage implacable de gags est un condensé de s procédés

comiques propres au cinéma burlesque en général et à celui de Lloyd en particulier :

-le comique de répétition > alors qu’il n’est censé grimper qu’un tout petit étage, la course poursuite

entre Bill et le policier se répète et impose de fait l’ascension à Harold, héros malgré lui

- le comique gestuel > lorsque Harold se débat avec un filet de pêche improvisant une danse de la

mort au bord du gouffre. Le suspens est intenable, d’autant plus que le gag de la planche, qui a

rompu pour la première fois la verticalité de l’espace, évoque la chute possible. L’angoisse qui saisit

le spectateur trouve un exutoire libérateur dans le rire.

- l’ironie dramatique est un autre procédé comique qui consiste à donner au spectateur une

information que le personnage ignore. Lorsque Harold s’accroche à une corde dont nous savons

qu’elle est ans attache ou bien lorsque la caméra, dans un changement d’angle, nous dévoile une

éolienne tournant dangereusement au dessus de la tête d’Harold inconscient du danger, le cinéaste

instaure une connivence avec le public. Et lorsqu’au terme de ces 20 minutes éprouvantes la chute

survient, c’est presque un soulagement. Enfin ! Le pacte scénaristique avec le spectateur est

honoré !

▪ Le mouvement de conquête

Inscrit dans le contexte urbain, contemporain et réaliste de l’Amérique toute puissante des années

20, il faut voir dans l’ascension du jeune Harold la métaphore de l’esprit d’entreprise et de la

réussite sociale . Une réussite qui lui est indispensable pour obtenir l’amour et le bonheur (« il faut -

dit il- qu’elle me croit riche le temps que je le devienne »).

Ce thème du self made men qui irrigue tous les films de Lloyd est particulièrement présent dans

Monte là-dessus avec le motif de l’ascension. Dans le convoi des chanceux et des méritants qui

dessine le portrait de l’Amérique tel qu’elle se rêve, seuls les plus rapides et les plus malins s’en

sortiront. Harold en fait partie. D’un garçon maladroit, inhibé et falsificateur Harold va s’affirmer pour

parvenir à se conformer à ce qu’il désire être : un héros.

Parallèlement à cette affirmation de soi, Harold Lloyd nous aura donné deux leçons : une leçon de

cinéma (le rire marche littéralement au bord du gouffre) et une leçon de vie , avec cette image

inoubliable d’un petit homme à lunettes gesticulant au-dessus du gouffre pour tenter de garder

l’équilibre.

Un film pour tous - année scolaire 2011/2012

Mon premier film de l’année

Son titre __________________________

Ses réalisateurs ______________________ _______________________________

Je l’ai vu le ________________________

Reconstituer l’histoire

Découpe ces photogrammes et reconstitue l’histoire du film

Les grands acteurs de films muets

Quels sont les noms de ces trois acteurs ? Connais-tu l’un de leur film ? Décris leurs vêtements et leurs accessoires

Nom_______________________________

Film(s)________________________________________________________________ ___________________________________

Accessoires_________________________________________________________________________________________________

Vêtements_________________________________________________________________________________________________

Nom______________________________

Film(s)___________________________________________________________________________________________________ ___________________________________

Accessoires_________________________________________________________________________________________________

Vêtements_________________________________________________________________________________________________

De quand date l’invention du cinéma parlant ?

________________________________________________________________ Connais-tu d’autres acteurs de films muets ?

________________________________________________________________ Lesquels ? ________________________________________________________________ ________________________________________________________________

Nom___________________________

Film(s)________________________________________________________ _______________________________

Accessoires____________________________________________________________________________________________________________________

Vêtements_________________________________________________________________________________________________

L’ART DU DEGUISEMENT

En quoi se déguise Harold sur cette image pour rentrer dans le magasin ?

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A partir de ces deux images, rappelles toi quelles sont les autres identités qu’Harold va prendre ?

MENSONGES ET FAUX SEMBLANTS

Sur cette image, décris ce tu vois au premier plan

____________________________________________ ____________________________________________ puis au second plan

____________________________________________ ____________________________________________ Sur cette image on pourrait imaginer que : ____________________________________________ ____________________________________________ alors qu’en fait :_________________________________________ ____________________________________________

DANS LES AIRS

Sur cette image, décris ce tu vois au premier plan

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____________________________________________ puis au second plan

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Lors de la sortie du film en salle, un critique de cinéma a écrit :

« Monte là-dessus est vraiment drôle mais aussi terrifiant». En te rappelant la séquence finale explique :

Ce qui pour toi est drôle : ____________________________ ____________________________________________

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et ce qui est terrifiant : ____________________________ ____________________________________________

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