Mon Journal De Bord

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Journal de bord d'un apprenti marin et de sa mousse

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Ma traversée Rouen - Fort de France en Cargo

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Journal de bord

d'un apprenti marin

et de sa mousse

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Heu...

Journal de bord d'un apprenti marin

et de SON mouss...

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Samedi 17 mai 2008 (Jour J)

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Comme d’habitude, nous préparons les valises à la dernière minute - histoire d’être certain d’oublier quelquechose… Mais apparemment nous commençons à exceller dans ce domaine!

A priori je n’ai rien oublié : nos 30kg de fringues, nos 20kg de pompes, ma gratte, mon matériel photo etinformatique, ma grole (à ne pas confondre avec les pompes précédemment citées), mes 500g de bonbons, monsaucisson…

Il me semble que j’oublie quand même un truc... Bon sang, mais c’est bien sur !!! Mon saint Bernard des mers j’ai nommé : Heather ! (Zounette pour les intimes)

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Et nous voilà parti pour Rouen (J’en profite pour dire un grand merci à Fredo, mon beau-frère, pour nousavoir emmené).

Arrivé aux alentours de 16h à Grand Couronne, port d’attache de mon taxi-cargo nommé le Fort sainte Marie(…priez pour moi !), nous sommes impressionnés par ce géant des mers !

200m de long, 30m de large et 8 étages (environ 25m au dessus des flots)!!!

Rien à voir avec les optimistes sur lesquels j’ai appris à naviguer...

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N’ayant aucun renseignement quant à la marche à suivre pour embarquer, je décide de monter à bord pourdemander la marche à suivre à des matelots. Je monte la passerelle, manque de m’écraser 5m plus bas (bravopour le pied marin…à quai !), règle les différentes démarches de paperasserie et me fait accompagner à macabine (cabine Amérique du sud s’il vous plait).

Comme vous pouvez le voir sur les photos, elle est plutôt pas mal : environ 15m², salle de bain avec douche,canapé 2,5 places, placard, petit frigo, bureau, hublot avec vue sur containers et lit 2 places... (Pour les esprits tordus que je ne citerais pas et qui liront ce journal, les 2 places sont pour moi et…Heather !!!! Oubliez le coup du gentil marin, j’ai un verrou à ma porte !).

Bref on devrait être pas mal installé.

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Nous montons donc ma tonne de bagages au pont E, et je fais visiter mes quartiers à ma chérie.

Heather, toute excitée de cette nouvelle aventure et ne réalisant pas vraiment où elle se trouve, monte lesmarches d’escaliers 2 par 2. C’est après les « adieux » qu’elle a commencé à déchanter...

En fait, je crois que c’est surtout quand elle a vu sa maîtresse partir, ce, du 5 ème étage du cargo, qu’elle a réaliséque l’on était un peu haut…

Je décide alors de faire le tour du pont E pour lui montrer et la rassurer mais Oups : d’un coté le béton à 15mplus bas et de l’autre, de la flotte !

Bref, nous regagnons nos quartiers avec une aise quelque peu moins prononcée qu’à l’embarquement.

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Après avoir déballé les affaires, je décide d’aller visiter un peu le navire et y découvre la salle video-loisir, unelaverie, une salle que je pense être la salle des communications, la salle incendie avec combinaisons, bouteilles etmasques à oxygène (non j’ai pas peur :-s).

19h approche, l’heure de la bouf.

Je vais donc manger dans la salle réservée à cet effet et me retrouve seul à une grande table, dans une grande salle.Je fais connaissance du chef cuistot, homme dans la 50aine qui vient de passer 2 mois en mer entre la France et laChine. L’homme est d’une corpulence, comment dire…de cuistot, bon vivant et me prévient qu’il aime la déconne.Ca me va.

Je m’assoie donc et la dessus, l’homme chargé du service vient et s’occupe de moi comme si j’étais dans un restaurant3 étoiles : Service à droite du client, remplissage des verres lorsqu’ils sont vides (qui a dit qu’il devait avoir duboulot avec moi ???!!!), etc.

Bref, aux petits soins pour moi. J’en suis presque un peu gêné (mais je devrais y prendre goût, rassurez vous).

C’est après l’entrée (petite salade d’endive et fromage) que le commandant est entré dans la salle à manger avec sonéquipe. Il s’approche alors de ma table et me souhaite la bienvenue. Il me fait savoir qu’il a appris la présence de mon« petit chiot » (Heather a fait son effet auprès de certains marins, qui même s’ils ont des chiens, donnaient dessignes évident d’une forte exposition aux médias) et me demande s’il doit faire préparer quelque chose en cuisinepour elle !

Il est pas cool le commandant ???

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Un peu plus tard, je fini mon repas, fait faire un petit tour à Zounette, essai de regarder la télé mais tropd’émotions et d’actions en une journée ont raison de moi.

Je décide alors d’aller me coucher après avoir répondu à quelques coups de fils (merci à tous). Il est 22h44 et jesombre doucement (Heather est déjà KO).

Départ prévu du cargo pour Montoir de Bretagne : 4h30...Outch !!!!

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Dimanche 18 mai 2008 (J+1)

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Comme cela était à prévoir, il est environ 5h et je suis réveillé.

Angoisse du départ me direz vous ? Mer déchaînée? Que né ni !

Juste ma chérie qui m’appelle pour savoir si le départ s’est bien passé… ;-) Après un bref grommellement, et un« Attends, je me lève pour vérifier si le bateau a bougé du quai… », je me rendors aussitôt.

2h heures plus tard, c’est au tour de Fredo de me réveiller pour savoir si tout se passe bien…

Bon, j’ai compris, je m’lève ! De toute façon, le petit déjeuné est servi à 7h, mieux vaut que je ne le rate pas.

Une fois rassasié, je fais faire son petit tour à Heather sur le pont E et décide de faire une petite sieste

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11h30 passé, j’ouvre un œil !!!

Comme c’est bizarre, c’est presque l’heure de manger.

Ca y est, j’ai pris le rythme...

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3000 calories après, je décide de m’aventurer (suite au conseil avisé de l’homme à la barre) sur le pont avant dubateau.

Trop cool !!!

Beaucoup plus de place, plus un bruit à part celui des vagues contre la coque métallique, un soleil magnifiqueet la mer à perte de vue pointillée par-ci et là de cargos en tout genre.

Du coup, après réunion au sommet avec Heather, nous décidons de passer l’après-midi ici à se faire dorer lapilule.

Toute une après midi à rien foutre me direz vous. Et bien non ! Pendant que matelot Zounette vérifie lasolidité des dizaines de cordages – Oups de bouts – de toutes tailles, je partage pour ma part mon temps entrela lecture du roman « Le meilleur des mondes » de Aldous Huxley et la photographie.

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Une fois notre dose de soleil reçue, je ramène la petite à la cabine (qui maintenant est bien plus à l’aise sur lebateau ainsi que dans les escaliers, à voir comme elle tire sur la laisse) et vais tailler une bavette avec lecommandant.

C’est un homme d’une 40aine d’année qui a un fils en première année de médecine. Il m’indique qu’au passagedes Açores, si nous avons de la chance, je devrais me faire plaisir coté photographie car nous pourrons peut-êtrecroiser le chemin de dauphins et tortues.

Pour ce qui est des baleines (les souffleurs comme il les appelle), ce serait plutôt du coté Bretagne.Malheureusement, pour ces dernières, j’ai peu de chance d’en voir du fait qu’il fera nuit.

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19h pointe le bout de son nez, MANGER !!!!!

Je fini par regagner mes quartiers, non sans faire, vous vous en doutez, quelques photos de mon premiercoucher de soleil en mer (Qui a dit « Oh non, il va encore nous faire chier avec ses couchers de soleil » ???)

Il est 23h04, je vais tenter de regarder un film mais je doute de dépasser la bande annonce...

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Lundi 19 mai 2008 (J+2)

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7h20 et nous arrivons aux portes de Montoir de Bretagne, dernière escale avant la grande traversée.

Je déjeune à toute vitesse et file me préparer.

Ne connaissant pas la marche à suivre pour quitter le navire et aller en ville, je décide d’aller prendre mesrenseignements auprès du commandant ou de son second. Malheureusement, l’équipage tout entier s’agite teldes abeilles dans une ruche en feu.

Apparemment, les gars sur terre font des conneries et n’arrivent pas à faire appareiller le cargo. Bilan, 30minutes pour enfin être stabilisé (ce qui, de mon point de vu d’ignorant me paraît très raisonnable pour unbahut de cette taille, mais bon).

Après quelques allers-retours infructueux entre ma cabine et le pont inférieur (5 étages à pied svp !), le secondm’annonce qu’il n’y a pas de navette pour aller en ville et me propose de m’appeler un taxi. Impératif deretour : 19h. Mais avant que je puisse répondre, le commandant me propose de profiter de la voiture qu’on luiprête pour aller en ville. Départ 14h.

Ben voilà qui est cool, je prends !

Du coup, retour à la cabine et petite promenade pour Heather.

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Il me reste 1h30 avant le repas…Que faire ?

Ben une tite sieste par exemple.

J’entends d’ici ceux qui diront « A sa place j’aurais été faire un tour sur le navire histoire fouiner un peu aulieu de pioncer comme une grosse larve qu’il est. » Ce à quoi je réponds : « Il est interdit de se promener sur lesponts pendants les manœuvres de chargements, question de sécurité. Et il me reste 7 jours en mer, j’vais fairequoi moi après ?! »

Bref, dodo, dîner et c’est parti !

Pour ceux qui se poseraient la question, après mur réflexion, j’ai décidé de ne pas emmener Heather de peurd’être emmerdé en ville par nos amis les gentils policiers (même si certains d’entre eux sont assez censés pourvoir combien Zounette est gentille et bien élevée, je n’ai pas envi de rater le départ)

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Nous voilà donc parti pour la Baule avec le commandant, le zef (futur lieutenant en formation mais medemandez pas pourquoi on l’appelle ainsi) et un militaire dans la marine en stage. Après avoir visité les petitesrues de Pornichet et de la Baule, nous décidons de nous poser dans un petit bar situé sur la plage, les piedsdans le sable.

Il fait un temps magnifique.

A peine fini la première tournée, le commandant reçoit un coup de fil lui annonçant que le départ prévuinitialement à 20h peut être avancé à 18h30.

Panique dans le regard de chacun de mes convives ! « On va quand même pas rentrer maintenant ?! »

Heureusement, le commandant, qui venait de tomber le pull et de me confier ses chaussettes afin que je lesmette dans mon sac à dos :-s, prit une décision au combien difficile mais juste : Le départ sera à 20h ! Oufff

Nous décidons donc de remettre une petite tournée, histoire de continuer nos conversations sur lefonctionnement de la marine, sur les bons coins de Bretagne, sur la mode des maillots de bain de cette année…

A l’approche de 18h, le commandant nous propose d’y aller mais non sans aller voir la côte sauvage.

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De retour sur le cargo, je file chercher Heather, histoire de lui faire mettre patte à terre une dernière fois avantla Martinique. Imaginé un quai de chargement de cargo complètement désert (je pense que les grèves y sont pour quelque chosecar le préavis commençait à 18h), le paradis pour Zounette. Elle a pu s’en donner à cœur joie pendant prèsd’une heure…

20h, le repas effectué, les manœuvres de départ sont terminées.

Je décide donc d’aller à l’avant du bateau histoire de profiter du coucher de soleil et de regarder une dernièrefois la terre. J’y retrouve un mécanicien ainsi que le second mécanicien (qui fait sa dernière traversée avant laretraite). Nous parlons des voyages qu’ils ont fait, de leur rôle à bord, de chose et d’autre…

Saviez-vous qu’il y a un pilote au cockpit lorsqu’on sort d’un port ? Vous allez me dire oui! (Y va pas sediriger tout seul ce gros bateau!!!) Mais je veux bien dire « pilote » et non « commandant ».

En fait, à quai, un pilote monte à bord et conseille le commandant quant à la marche à suivre pour sortir duport. Une fois cela réalisé, une vedette attend à la sortie pour récupérer le pilote (voir photo).

Voilà, c’était la minute « j’apprends la navigation ».

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Il est 23h, je commence un peu à fatiguer. Je ne désespère pas de prendre un bon rythme et d’avoir assez lapêche pour me faire une virée nocturne, histoire de contempler les étoiles.

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Mardi 20 mai 2008(J+3)

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Il est 9h30 et je viens de voir à l’instant mes premiers dauphins (ou marsouins, je ne sais pas s’il y a unedifférence).

J’étais sur la passerelle lorsque 5 à 6 ailerons apparaissent et disparaissent à la surface de l’eau, à quoi, 100mdu bateau. Ni une ni deux, je saute sur mon appareil photo (c’est comme l’Américan Express, je ne sors plus sans lui !!!) etessaye de prendre quelques photos lorsqu’ils font surface. Mais c’est pas gagné ! J’ai encore du boulot si jeveux me reconvertir en photographe animalier.

Bref, étant au niveau de la passerelle (c’est le 8 ème étage), décide de descendre à fond les ballons au pontinférieur (pas facile en tongue) tout en regardant à chaque étage s’ils sont toujours là. Arrivé au 2 è me étage, je les vois juste au dessous de moi, à coté de la coque !!!

Ils sont en train de s’amuser avec les vagues. Je peux les voir sous l’eau, voir leurs formes, leurs nuances decouleurs, la manière dont ils bougent leur queue pour s’expulser hors de l’eau et sauter par dessus les vaguesque fait le bateau. C’est trop génial ! Trop beau ! J’ai le sourire d’un enfant de 5 ans accroché au visage et je rigole tout seul (j’enoublie de prendre des photos et maintenant j’ai bien les boules).

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Je décide donc d’aller à l’avant du bateau pour voir s’il n’y en aurait pas d’autre mais malheureusement, rien. C’est lorsque je décide de rentrer à la cabine un peu à contre cœur (bah, oui, faut quand même que je m’occupeun peu d’Heather) que je vois au loin, vous devinerez pas quoi !...

Une baleine ! Oui, une baleine !!!! C’est un truc de dingue, vous pouvez pas savoir.

Elle faisait surface et je voyais le jet d’eau jaillir. J’ai essayé de mitrailler comme un fou mais je ne suis pascertain du résultat, on verra bien.

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Bon c’est pas que je m’ennuie mais faut absolument que j’y retourne. Avec la vaine que j’ai ce matin, jepourrais peut-être croiser un calamar géant ;-)…

Bon, ben il est midi et plus rien à l’horizon à part une bouée perdu et quelques sacs plastiques. C’est pas grave,je me rattraperais cette après-midi…

14h et nous sommes dans la purée de pois ! Un brouillard s’est levé ce qui limite fortement mes chancesd’attraper un mammifère marin en photo ou un coup de soleil. Je me résous donc à rester dans ma cabine,histoire de faire un peu de gratte. J’ai 2h à tuer avant d’être convoqué sur la passerelle pour démonstration des consignes de sécurité : Donc 1hde guitare et 1h de dodo…

15h : En fait je vais laisser tomber le dodo. Pour l’instant, j’ai une mission plus importante à accomplir : Faireune manucure à ma chienne. Ne rigolez pas, cela fait depuis un certain temps que je vois Heather galérer sur le pont. En fait, ses griffessont si longues que les coussinets ont du mal à adhérer et qu’elle glisse à chaque tangage du bateau (imaginez-vous en chaussure à claquette sur une patinoire qui penche de gauche à droite et d’avant en arrière et vouscomprendrez). Du coup, je vais demander au chef mécano de me prêter une paire de pinces coupantes (bah oui, ce ne sont pasdes ongles !). Il m’amène alors à la machinerie. Je ne vous raconte pas la taille de la bête ! Impressionnant ! Je n’ai pas eu le temps de tout voir mais lecommandant a proposé de faire une visite à l’occasion. J’essaierais alors de prendre une photo ou deux, histoireque vous vous rendiez compte.

Sur ce, j’ai pu faire la manucure de madame, et depuis, elle ne marche plus en crabe.

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17h30 : Je viens d’assister à ce qu’on appel « la manœuvre abandon ».

Le responsable sécurité du navire m’a expliqué les signaux sonores en cas d’abandon du navire à savoir un soncourt, un long, un court, un long… (soit .-.-.-.-)

Ensuite il ma fait enfiler la combinaison de survie. Alors, pour vous décrire l’engin, imaginé un gros gant de toilette orange mais avec des bras et des jambes.J’avais moins de 2 minutes pour l’enfiler (en sachant que normalement on doit être capable de la faire dans lenoir complet).

Le résultat ?

Vous voyez les télétubbies ?

Et bien voilà !!!

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Puis, pour finir, ils m’ont mis dans un canot de sauvetage qui ressemble un peu à un petit sous-marin (ou à unsuppositoire, au choix) et m’ont balancé à la mer !!!!

Non je déconne pour cette dernière partie ;-)

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En tout cas, c’était sympa.

Pour information, cette combinaison de survie permet d’éviter la perte de chaleur du corps de 2° si l’on restedans une eau entre 0° et 2° pendant 6 heures. Le chef mécanicien nous a raconté l’histoire d’un navirefrançais qui a dût être évacué dans des conditions difficiles, et où le seul survivant retrouvé a été sauvé parcette combinaison (depuis, je m’en sers de pyjama, on sait jamais ;-)).

Ah oui, dernière consigne : En cas de problème physique ou psychologique, aller voir le commandant avant defaire quoi que ce soit : « Si vous avez une subite envie de sauter par dessus bord ou de poignarder votre voisin,faite m’en part avant…histoire que je sois au courant»

Une fois la démonstration réalisée, il m’a ouvert une adresse mail afin que je puisse vous raconter mesaventures.

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18h30 : Le commandant a ouvert ce qu’ils appellent la cave. On peut en fait acheter diverses denrées, brosse àdents, lessive, etc. hors taxe. C’est un peu le duty-free des mers. Je descends histoire de faire quelques courses etlà… Surprise ! Cela fait 3 jours que je suis sur ce navire et je ne croise pas plus de 4 personnes à la fois, mais là… Quasimenttout l’équipage est là, à faire la queue dans la coursive du pont A. Pendant un instant j’ai retrouvé lesimpressions que j’avais lorsque je faisais la queue à la caisse de Carrefour ou au guichet de la Poste (de loin lesmeilleurs dans ce domaine). Sensation bizarre…

19h30 : Le commandant me propose de venir manger à sa table lors des repas du soir, histoire de profiter d’unpeu de convivialité. Attention qui me touche.

20h : Le cuistot amène à Heather un petit cadeau : quelques restes de poulet avec petits pois à la française s’ilvous plait (Merci chef)

21h : Après la promenade du soir, je reçois un appel de la passerelle. Ils souhaiteraient que je monte avec lachienne, histoire de la rencontrer. Heather…le charme agit !

Il est 22h50, je suis au lit et comme d’habitude Zounette dort à point fermé (vu se qu’elle enfilé au repas cettecochonne). Cette nuit, je dormirais parmi les dauphins et les baleines…

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Mercredi 21 mai 2008(J+4)

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Encore un temps mitigé. Le soleil est là mais perce difficilement les nuages. Ce matin je me suis réveillé à 6h30.Vu que j’avais un demi œil ouvert, je me suis dit que je pourrais peut-être prendre quelques photos d’un leverde soleil (ça change un peu me direz vous). Manque de bol, les nuages étaient au rendez-vous à l’horizon. Tant pis, je retourne me pieuter.

8h : J'ai fini de déjeuner et je vais prendre l’air sur le pont.

C’est en regardant à la surface de la mer, près de la coque que je vois une forme étrange affleurant l’eau. Il m’a fallu plusieurs secondes avant de comprendre que j’étais en train de contempler une raie (qui, à monavis, essayait de se sortir des remous provoqués par le passage du bateau). De couleur marron tachetée sur ledessus et d’un bleu ciel donné par la couleur de la mer en dessous, elle devait avoisiner le mètre de diamètre etse pliait comme si elle voulait attraper de ses ailes un rondin de bois invisible. C’est en parlant au capitainequ’il me confirma, d’une part, que c’était bien une raie et, d’autre part, que j’avais vraiment de la chance!(entre la baleine d’hier et la raie aujourd’hui, ces 2 espèces n’étaient pas souvent visibles, surtout à cesendroits)

10h : Petit coup de mou, je vais faire une sieste.

13h : Nous décidons Heather et moi de profiter des quelques rayons de soleil présent pour aller sur le pontavant. Au menu, joujou et lecture. Il y a un peu de vent mais cela n’est pas désagréable, bien au contraire.Heather couine à chaque fois que je monte sur les marches de la coque (de peur que je tombe à la mer ou que jedécide soudain de sauter…sans elle – je suppose.) histoire de voir s’il y a des dauphins. Vu que l’arrivée auxAçores est prévue pour demain matin, je pense que je vais laisser pioncer Zounette pendant que j’irais faire unepetite séance de photos. Je suis impatient d’y être, en espérant que les cieux soient plus clément et que le dieuxdes mers soit généreux…

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14h30 : Notre « petite » pose soleil a quand même duré une heure et demi. Bien sympa. Je crois que je vais faireune petite sieste. (« Mais qu’est ce qu’il dort ce cochon ! » me direz vous. Et bien oui... Jaloux ?)

15h30 : Je décide d’aller faire un tour à la passerelle, histoire d’aller voir le centre de commandement. C’est lesecond capitaine, qui est de quart. Elle accepte très gentiment de m’expliquer en gros le fonctionnement decertains appareils et quelques rudiments.

Pour ceux que la navigation ennuie profondément, n’hésitez pas à passer à l’heure suivante car c’est…

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L e q u a r t d ’h e u r e n a v i g a t i o np o u r l e s n u l s

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Saviez vous qu’il existe à bord d’un bateau ce qu’on appelle un gyro (un genre de grosse boussole graduée de 1à 360) et une boussole (j’ai oublié le nom technique) ?

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En fait la boussole indique la position par rapport au nord magnétique. Mais comme chacun le sait, lemagnétisme de la terre n’est pas homogène sur tout la surface du globe. Certains endroits sur terre ont unmagnétisme différent, comme par exemple pour les plus connu, les pôles, le triangle des Bermudes, etc. (Celapeut varier par exemple en fonction de la nature du sol ou même de la cargaison du cargo). Ce que l’on sait moins, c’est que c’est également le cas près de certaines cotes telles que celle des Açores. Ceszones sont matérialisées sur les cartes de navigation par le terme « Anomalie magnétique » (voir photo :Grossissez l’île Terceira, au centre).

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C’est pourquoi le gyro est là. Il permet d’avoir une lecture fiable de notre position sur notre bonne vieille terre.Il n’empêche que la boussole est indispensable en cas de panne de la technique. Ce qui fait que toutes les 2heures (ou 4, je sais plus), la personne responsable du quart note sur la carte la position du bateau et l’écart quiexiste entre le gyro et la boussole (au cas où).Que vous dire de plus ? Il existe 2 appareils de mesure pour la vitesse : la vitesse par rapport à l’eau et parrapport au sol et tous les containers réfrigérés sont reliés à l’ordinateur de bord afin que l’équipage puissevérifier qu’il n’y ai pas de chute de température dans l’un d’eux.

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V o i l à , j ’a i f i n i

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19h30 : Le commandant m’invite à boire un verre de sushen (je sais pas comment ça s’écrit) au mess desofficiers puis, comme prévu, je vais manger à sa table. J’ai passé une très bon moment, ce n’est pas le dernierpour déconner… Il règne une bonne ambiance. J’ai juste jeté un froid suivi d’une crise de fou rire lorsque j’ai raconté l’histoire de la femme qui n’avait pas puprendre l’avion avec son animal de compagnie (en rapport avec mon histoire et celle d’Heather) à savoir, unlapin! (heu un pilou-pilou). J’avais oublié que cela faisait parti des mots qu’il ne fallait pas dire à bord d’un navire :-s. Je fini le repas par un petit café au mess.

20h : Promenade de Zounette en passant par le mess afin de la présenter au commandant. J’ai trouvé lemoment où elle est entrée dans la pièce assez particulier car j’ai ressenti instantanément une multitude desentiment des différentes personnes présentes. Cela allait de la crainte à la sympathie en passant par lasurprise…

21h30 : Je suis de retour dans ma cabine. Le temps devient de plus en plus mauvais, le bateau commence àbouger un peu plus. Pour l’instant, pas de mal de mer en vue, pour aucun de nous 2 (Attendez, je reviens, jevais vomir…).

Ah oui, il faut que je change d’heure. Nous passons de TU +1 à TU (en clair, je recule ma montre d’une heure)et ce sera ainsi tous les jours si j’ai bien compris (idéal pour faire durer le plaisir).

Qui m’aurait dit qu’en montant dans ce cargo, j’embarquerais en fait à bord de la machine à remonter letemps ?

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Jeudi 22 mai 2008(J+5)

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6h30 : Nouvelle tentative pour le levé de soleil en photo, nouvel échec. Le temps est assez nuageux et le soleila du mal à percer. La nuit a été un peu plus agitée que d’habitude, ce qui fait que j’ai donné un cachet contrele mal de mer à Heather, à titre préventif. Pour ma part, j’ai mis un peu plus de temps à m’endormir mais unefois lancé, ce fut sans problème.

7h30 : Petit déjeuné. Je regagne mes quartiers (non sans une gamelle de steak haché pour la petite) et, commed’habitude, je passe par le pont extérieur, histoire de me réveiller en douceur.

Et là, je crois que j’ai raté LA photo de mon voyage...

Je m’arrête à chaque pont, histoire de regarder la mer et ce qu’elle pourrait m’offrir et je vois un oiseau dont jene connais pas le nom, voler en rase motte…heu en rase flotte.

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Et soudain surgissent deux dauphins qui sautent par dessus les vagues à quelques centimètres de cefunambule.

… Ce petit manège à durée sur 2 ou 3 sauts. C’est comme si les dauphins souhaitaient attraper l'oiseau et quece dernier s’était prêté au jeu.

Je suis sur que la photo aurait valu au moins 1 million de dollars !!!

Mais ce n’est pas grave, j’ai le négatif imprimé en tête…

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9h00 : Je vais faire un petit tour avec Zounette sur le pont avant lorsque je vois à tribord (à droite quoi): uneîle. Ça y est, nous sommes aux Acores. J’efface mentalement les maisons que je vois au loin et j’imaginefacilement ce qu’ont pu ressentir les premiers marins en découvrant cette île. Je décide de faire rentrer Heatherhistoire de pouvoir faire des photos tranquillement (pas facile d’être photographe et nounou).

9h05 : Je mitraille à tout va. Malheureusement, dauphins et poissons volant (autrement appelé exoset parl’équipage) ne sont pas au rendez vous. Je me rabats donc sur les oiseaux (spécial dédicace à Nolive). Je suisétonné de voir avec quelle facilité ils jouent avec les vagues et combien ils sont proches de la surface de l’eau.Sur certaine photo, les ailes de l’oiseau effleure l’eau. Respect !

11h : Chui mort, je vais faire un petit dodo.

13h : Le chef mécanicien me propose de faire une visite de la salle des machines pour 15h, chose que j’acceptebien volontiers. En attendant, je vais faire mon petit tour avec Heather sur le pont avant. Il fait un très beautemps cette fois ci et le vent souffle sacrément. J’ai plutôt intérêt à bien m’accrocher au bastingage. Pendantce temps, Heather, de plus en plus à l’aise sur le pont, s’amuse à balancer sa corde à nœud et sauter dessuspattes en avant, histoire de ce faire des glissades. Qui avait peur que la chienne ne s’accommode pas ?

15h : Rendez-vous en machine. Le chef mécanicien, homme assez jeune, les cheveux longs attachés semble êtreune personne passionnée par ce qu’il fait. C’est très instructif de l’écouter expliquer le fonctionnement de cecargo. Mais d’une part pour le bien de tous et d’autre part parce que je n’ai pas tout retenu (voir compris, pourcertain domaine), je vous épargnerais « Le quart d’heure moteur pour les nuls ». Juste quelques chiffres pourvous faire une idée : Entre 9 et 12 tonnes d’eau sont traitées et utilisées par jour pour un équipage de 30personnes + les machines (eau de mer traitée en eau distillée et eau minéralisée) – Production d’électricité des 4groupes électrogènes, environ 10 000 KW/h (l’équivalent d’une petite ville).

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16h30 : Alerte incendie ! Le groupe électrogène numéro 3 a pris feu ! Toute l’équipe mécanique arrive en courant avec hache, extincteurs… 2 hommes en combinaison ignifugée etbouteille d’oxygène débarquent dans la salle de contrôle des machines. C’est le branlebas de combat. Lecommandant vient au nouvelle par talkie-walkie auprès du chef mécanicien (qui nous faisait faire la visite…je crois que c’est raté). Je n’ai pas tout compris (je sais pas comment ils font pour communiquer avec ces enginslà) mais apparemment, il y a une chute de pression je sais pas où… Le second du commandant arrive en salledes machines et donne ses ordres aux gars, chose qui n’est pas facile quand la moitié de l’équipage ne parle pasbien le français (ah l’Europe…). Ca court dans tout les sens tandis que moi, l’autre passager et le stagiaire dela marine national nous tenons à l’écart avec je l’avoue, une certaine inquiétude dans le regard face à lasituation. Le second part, revient – le chef mécanicien signifie au commandant les avaries… Bref tout va bien! C’est quand le second est entré en gueulant « BLACK ! Tous au pont A sauf vous, les passagers, vous montezen passerelle ! N’utilisez pas l’ascenseur ! » que le l’ambiance à changé… Croyez moi, 9 étages à pied, ça se monte très vite, en fait. Apparemment, ils ont décidé de balancer le CO2dans la salle des machines.C’est en arrivant en haut que le commandant…

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… nous propose une petite tasse de thé.

L’exercice est terminé. :-p

18h30 : Je me fends la gueule en imaginant la tête que vous faite en lisant ce paragraphe.

19h30 : Je mange avec le capitaine et son équipage. Le sujet arrive vite sur Heather et chacun confirme lesimpressions que j’ai eu la veille. Il semble tout de même que la tension à son sujet soit redescendue. Après lerepas, il m’a été proposé de regarder un film (bienvenu chez les ch’ti) mais je passe la main. En revanche, le capitaine a demandé si quelqu’un jouait aux échecs ou au tarot. Cool !!! Le zef et moi noussommes proposés. Demain, je chasse le petit !

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Vendredi 23 mai 2008(J+6)

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Je ne donnerais aucune heure dans la description de cette journée car la notion de temps n’existe pas auparadis…

Aujourd’hui, j’ai décidé de faire la grasse mat’.

Tant pis pour les toasts grillés, tant pis pour le jus d’orange, tant pis pour le thé…Je me réveille comme unefleur et décide d’aller prendre mon petit déjeuné sur le pont E, face à la mer. Je bois un café lyophilisé tout encontemplant la mer pendant que Heather fait son petit tour. Une fois terminé, nous retournons en cabine etnous préparons pour aller sur le pont avant. C’est parti !

Imaginez le bon touriste de base et son chien : Heather avec son harnais et son collier (A quoi bon un collierquand on a un harnais me direz vous. Et bien c’est tout simplement parce que sur le pont avant, j’enlève leharnais de madame, sans quoi elle a les traces du maillot !) et moi, lunette de soleil, bermuda, tee-shirt et tongs,avec le sac à dos, la crème solaire, la bouteille d’eau (ainsi que la gamelle de Zounette) et la couverture. Nousvoilà parti pour la plage…

J’installe la couverture à l’ombre pour Heather ainsi sa gamelle préalablement remplie d’eau fraîche. Je déposele sac à dos, enlève mes tongs et mon tee-shirt. Je m’enduis de crème solaire (personne pour m’en mettre dans ledos ?), prends mon appareil photo, ajuste mes lunettes et vais m’accouder au bastingage.

Et là, comment vous expliquer ?... C’est parfait !

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Il y a un soleil radieux et une légère brise marine. Il ne fait ni trop chaud, ni trop froid – la température idéaleen somme. J’entends le bruit de la mer, si calme, si paisible. Mon regard se pose sur la surface de l’eau et je voisle soleil briller à chaque sommet de vague comme un millier d’étoiles perçant le bleu de l’océan. Je suis auparadis !Je décide de m’asseoir sur le bastingage, appareil photo à la main… et le balai commence….Vous vous souvenez des oiseaux dont je vous parlais la veille, qui volaient en rase flotte avec une aisancedéconcertante ? Et bien j’ai eu droit à la second représentation, mais cette fois du monde marin. Des exocets(autrement appelé poissons volant) surgissent de sous la coque et font des voles planés au dessus de l’eau surdes distances pouvant atteindre facilement les 100m à 200m. C’est tout simplement magnifique. Leur couleurbleu et argent scintille au dessus des vagues. Ils volent, rebondissent sur les flots grâce à leur nageoire arrière,plongent, puis re-décollent à 90° de leur direction initiale. Moi qui pensais que les oiseaux étaient difficiles àprendre en photo !

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Il y a également des genres de petits sacs plastiques qui flottent à la surface de l’eau. C’est un peu comme desflotteurs de pêcheurs (vous savez, les bulles en plexiglas qu’on rempli à moitié d’eau). Il m’a fallu quelquetemps (et quelques photos agrandies) pour comprendre qu’en fait, ce sont des méduses.

J’ai pu également voir une méduse de forme cylindrique, d’environ 80cm de long avec des teintes rouges etroses (cela m’a fait penser, va savoir pourquoi, à Abyss, le film). Malheureusement, je n’ai pas eu le temps de laprendre en photo.

Tiens, à propos, vous vous souvenez de mon regret concernant LA photo que je n’ai pas pu prendre (cf. jeudi22 mai ; 2 è me §). Et bien je n’ai plus aucun regret. Question n°1 : Pourquoi les poissons volants volent-ils ? Réponse n°1: Pour échapper aux prédateurs (et aussipour se marrer un peu, je suppose). Question n°2 : Quelle autre espèce utilise parfois ce stratagème ? Alors ? J’attends…

Pendant ce temps, je continue mon récit…

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Le soleil commence à taper sec, non pas qu’il fasse trop chaud (toujours ce petit vent qui me caresse) mais jecommence à avoir les avant-bras qui virent au rouge. Je retourne au camp de base où Heather dortpaisiblement et m’enduis à nouveau de crème solaire. N’oublions pas de s’hydrater, une bonne rasade d’eaufraîche et c’est reparti.

Je retourne à mon poste d’observation et vois soudain deux exocets surgir de sous la coque et se faire un volmagistral. J’attrape mon appareil et fais le point, bien qu’ils soient à plus de 50m de moi quand j’y arrive.Tant pis, on verra bien.

Et pis si j’ai acheté un appareil à 10 millions de pixel, c’est pas pour faire des natures mortes! Parfait, je croisque j’ai les deux dans le cadre. Un peu loin somme toute mais en grossissant un peu, ça devrait faire l’affaire.

Et là, que vois-je sur mon écran ?

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Réponse n°2 : Deux calamars en plein vol !!! Vous y croyez vous ?!

On me l’aurait dit que je n’y aurait pas cru (ce qui a été le cas de tout ceux à bord du navire à qui j’ai posé laquestion).

Cette photo ne vaut pas 1 mais 2 millions de dollars !!!!

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Je suis aux anges.

Je passe de bâbord à tribord histoire de voir si je repère d’autres poissons (et histoire de tourner le rôti par lamême occasion). Je commence à comprendre le fonctionnement des exocets et mes photos sont de plus en plusprécises. Les vagues (si on peut appelé ça des vagues) viennent de tribord ce qui fait que le vol des exocets dureplus longtemps à bâbord.

Pendant ce temps, les marins ont pour tâche de repeindre le pont avant en gris. J’ai comme qui diraitl’impression que comme boulot, ils préfèrent ça à la machinerie (tu m’étonnes !)

Je décide de changer de bord (j’ai vu votre sourire en coin ! Rien de sexuel là dedans, bande de pervers !) etm’installe à tribord. Comme prévu, les exocets se font plus rares (et plus difficiles à prendre en photo du fait deleur vol plus court) mais sans regret : Le cargo croise la route d’une tortue nageant en surface. Ma surprise futtelle que je n’ai pas réussi à faire le point correctement avec mon appareil (« c’est bien la peine d’acheter unappareil aussi cher pour faire des photos de merde » me dirait ma chérie ).

Tant pis, je continu ma contemplation tout en gardant les oreilles ouvertes. En effet, j’ai remarqué que lesexocets faisaient un léger bruit au départ de leur envol, chose qui peut me faire gagner de précieux dixièmes desecondes.

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SPLACH !!!! Oh la vache !!! Il doit être gros celui la.

Je ne comprends pas, rien ne vole.

Je me penche histoire de voir s’ils ne sont pas à la hauteur du bulbe. (Pour information, le bulbe, c’est le grossuppositoire à l’avant de la coque. Le commandant m’a expliqué qu’il sert en fait a augmenterl’aérodynamisme du bateau en générant une vague moins violente que celle qui frapperait de plein fouet lacoque (je n’arrive pas à trouver les mots pour expliquer correctement mais vous pouvez toujours m’écrire et jevous ferais un dessin)).

Erreur, ce ne sont pas des exocets mais des p… de dauphins !!!

Ils sont là, 3 superbes dauphins, à l’avant, à 10m de moi, en train de faire la course avec le bateau. J’éclate de rire. Ils sont magnifiques ! D’une fluidité, d’une simplicité, d’une beauté… Aucune photo nereflètera ce que je vois…

A peine 30 secondes après ce spectacle arrive le marin de l’armée et le Zef. Grisé par l’excitation, je leur faispart de ce que je viens de vivre, sans penser combien il peut être frustrant pour eux d’entendre cela alors qu’ilsœuvraient à faire fonctionner ce cargo, source de tant de joie.

Et comme quoi la vie est bien faite (si si, j’vous jure), deux minutes après, ce ne sont pas 3 mais 6, 7 (et plusencore ) dauphins qui apparaissent et jouent devant nous. Certains nagent juste en dessous de nous comme s’ilssavaient que nous les admirions, affleurent la surface tout en s’assurant qu’ils sont à la même vitesse quenotre bateau, d’autre bondissent, sautent par dessus les vagues… Puis s’éloignent.

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Le soleil commence à se coucher, Heather et moi plions les affaires et rentrons à la cabine (Elle, fatiguée detant de soleil et moi, de tant d’images et de sensations).

Une fois le repas terminé (crêpes, merci les cuistot improvisés), nous allons au mess des officiers et je faisprofiter avec bonheur de cette journée féerique à mes compagnons de navigation, par l’intermédiaire des photosque j’ai pu prendre (que je leur donne avec plaisir).

La soirée se termine par une superbe partie d’échec entre le commandant et moi-même…

… Pat (Égalité pour ceux qui ne connaissent pas)

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Samedi 24 mai 2008(J+7)

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Je ne sais pas si c’est parce que je me suis couché super tard (2h30 du mat’) mais aujourd’hui, c’était plutôtpaisible voir mou. En fait, hier soir, après m'être regardé un petit film, j’ai eu envi d’aller prendre quelquesphotos de nuit. Ça tombait bien, la journée avait été magnifique donc pas de nuage et c’était la pleine lune. Jesuis donc monté à la passerelle avec trépied, appareil photo et frontal et je suis resté là une bonne heure etdemi a faire mes essais de réglage (ben oui, c’est la première fois que je fais de la photo de nuit, sur un cargo quiplus est).

Je ne suis pas trop mécontent du résultat, cela fait des images intéressantes.

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Bilan, j’ai encore raté le petit déj’, ce qui ne me déplait pas en soit, vu comme je suis social au réveil ! Bref, je me bois mon petit café et retourne à la cabine. Je décide tout de même qu’avant d’aller à la plage, ilserait bien que je bosse un peu. Je vais donc au pont F pour vérifier mes mails (oui, je sais, je commencedoucement) puis décide de faire une machine de linge sale.

Ça y est, j’ai fini ma journée de boulot !

Je m’apprête à allez à l’avant avec Heather mais cette dernière ne me paraît pas des plus motivée. Tant pis,j’irai tout seul. Je suis donc allez me poser tout à l’avant, tel Leonardo di Carpaccio (mais sans la gonzesse),histoire de prendre quelques photos au mieux et un bon bol d’air au pire. Aujourd’hui, il n’y a pas foule dansl’océan. Quelques exocets par ci par là que j’arrive de mieux en mieux à prendre. Maintenant j’arrive à lesrepérer avant leur décollage.

Midi arrive, c’est l’heure de manger. Aujourd’hui rôti de veau braisé et gratin de courgette. Un délice ! Latable du commandant, que j’entends d’habitude discuter et rire est bien calme. En fait, je crois que le temps yest un peu pour quelque chose. Il fait quand même un peu plus chaud et lourd qu’hier et je pense qu’on accusetous un peu le coup.

L’après-midi s’est passée comme la matinée, tout en mollesse. Heather et moi sommes allés sur le pont avanthistoire de faire bronzette. Je prends beaucoup moins de clichés et préfère admirer l’aisance des poissons volantdans leur vol et leur changement de direction soudain. On dirait que c’est court de vol pour les petitsaujourd’hui. Des dizaines de petits exocets prennent leur envol sur quelques mètres puis… se mange unevague en pleine gueule ! Comme c’est touchant… ) J’ai également pu assister à un nouveau vol de calamar,plus petit et plus nombreux cette fois mais mongolito n’a rien trouvé de mieux à faire que de se planter dansses réglages. Du coup, aucune photo cette fois ci.

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A 16h30 nous décidons de rentrer à la cabine. Je décide de travailler un peu sur mes photos puis de faire unepetite sieste. C’est à 18h30, alors que je suis sous ma douche que je reçois un appel de la passerelle. Je suisconvié à un petit apéro là haut. Bien volontiers !

Et là, je dois vous avouer que ce fut un des meilleurs moment de la journée (non pas qu’elle fut déplaisante).

Je suis arrivé là haut, beau comme un camion (heu... un cargo), vêtu d’un jeans, d’une chemise blanc en lin etchaussé de tongues, le teint bronzé et l’œil vif et je me suis fait préparé un ti’punch par le second (s’il vousplait !). Nous sommes tous dehors, vêtus de blanc, un verre à la main et discutant de chose et d’autre alors quele soleil se couche au loin. Moment très agréable.

Une fois le repas terminé, la plus part ont rejoint leur quartier tant dit que le commandant et moi entamons larevanche aux échecs. Ce fut de nouveau une parti acharnée (je pense que nous sommes sensiblement de mêmeforce) et après 1h30 et une phase de jeu où lui comme moi n’avons plus que le roi et un pion (vite transformé enreine pour tout les deux), le commandant arrive à me vaincre.

Superbe partie !

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Dimanche 25 mai 2008(J+8)

&

Lundi 26 mai 2008(J+9)

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Pour des raisons administratives (et de soirée arrosée), je décrirais mes 2 derniers jours en une fois.

Et oui, ça sent la fin. Mais avant de me lamenter sur mon sort, je vais vous expliquer ma journée d’hier.

Tout à commencé par un soleil radieux (pour changer, me direz vous) et une petite promenade sur le pont. J’aiun peu plus la forme que la veille. L’ambiance est plus détendue à bord (bien qu’elle ne fut jamais tendudurant le séjour) car c’est dimanche. Il y a toujours du boulot mais c’est plus cool. J’ai passé ma matinée à mefaire dorer la pilule et à essayer de mettre Heather à l’ombre, mais elle ne voulait rien savoir. Elle aussi, elleveut un beau bronzage !

L’heure du repas passée, je suis allé me faire une petite sieste, histoire de digéré.

C’est à 15h que le Zef est venu me voir pour m’inviter à boire une petite mousse. Nous en avons profité pours’échanger de la musique. Il a une sacré collection de films, photos et vidéos. J’ai vraiment l’embarras du choix.

Après une heure d’échange de fichiers et d’histoires, nous sommes descendus au mess des officiers, histoire de sefaire une petite partie d’échec. En fait d’une partie, nous en avons fait deux et demi en une heure (Pat pour lapremière puis il m’a mis Mat).

Devant reprendre le service de 17h à 18h, j’en ai profité pour faire une micro sieste (Encore ! ... et alors ?!)

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C’est à 18h que je suis réveillé par le Zef accompagné du chef cuistot, qui sont venus apporter le repas de« madame ». Une petite douche et c’est reparti pour finir la partie d’échec en cours. Une heure plus tard, nousdécidons de laisser la partie où elle en est pour aller manger.

Dimanche soir, c’était…BARBECUE !!!! Carrément excellent ! Nous sommes tous sur le pont E, coté piscineet un « petit » barbecue est organisé. Il y a à manger pour un régiment. 2 ti’punch plus tard, je vais mepréparer quelques brochettes (un bout de viande, des oignons, un quart de tomate, un bout viande, oignon,poivron, viande, oignon…) ainsi qu’une merguez (elles sont grosses comme mon bras ma parole !). L’ambianceest excellente et cela m’a permis de parler avec des personnes que d’habitude je ne faisais que croiser.

Une fois repu, nous retournons au mess, histoire de finir la partie entamée. Très vite, nous nous sommes tousretrouvés à se faire des jeux aux mess devant un vieux rhum. Le commandant et le Zef sont en pleine partied’échec pendant que 3 pirates et moi même sommes en plein partie de poker. Je les ai dégoûté ! J’ai une chancepas croyable ce soir. Je les ai tous plumé les uns après les autres.

Deux pirates KO.

Du coup, il ne reste plus que le stagiaire de la marine et moi (pendant que le commandant et le zef essaient dese dépatouiller de leur adversaire respectif). Il me propose donc de faire un 4-21. Ok, pas de problème. Une heure plus tard et pas une seule partie de gagnée pour lui, il décide de laisser tomber, vert (Un chanceinsolente, je vous dis!!!). Entre temps, le Zef a battu le commandant, qui est allé se coucher (Et oui, y a boulotdemain). Nous nous sommes donc retrouvés à 3 pour se refaire un petit poker. Et là, rebelote, plumé les gars !Un truc de malade ! (chérie, à mon retour, il va falloir qu’on ai une petite conversation tout les deux ).

C’est à 2h du mat’ que nous décidons d’aller coucher nos vieilles carcasses.

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Du coup, me voilà ce matin, face à mon ordinateur, avec pour compagnons 2 aspirines dans un verre.

Aujourd’hui, je crois que je vais y aller molo (même si les jours précédents n’étaient pas vraiment des modèlesde suractivité, j’en conviens). J’arrive demain à Fort de France pour 7h, je vais donc profiter de mes derniersinstants sur ce bateau, (certainement en faisant le lamentin sur le pont avant) avant d’entamer ma nouvellevie de Martiniquais…

Pour finir sur cette aventure, je tiens à dire que ça restera pour moi un excellent souvenir.

J’ai vu des choses que je ne verrais nul part ailleurs, sympathisé avec des personnes super sympa, découvert unmonde passionnant (c’est décidé, dans ma prochaine Vie, je bosse dans la marine !). J’ai profité de chaquemoment et même si on se dit que 10 jours en mer, ça peut être long, croyez moi, c’est court !

Je terminerais par ces mots :

Si vous en avez l’occasion, n’hésitez pas, sautez le pas et vivez une aventure hors du commun.

Merci à tous.