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Mon enfance bucoise d'hier et d'aujourd'hui par Sylvain Damelincourt 070712

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Les jeunes d'hier dans les années 1970 et 80 et d'aujourd'hui en 2012 sont globalement pareilsIls ont les mêmes aspirations, les mêmes désirs, la même joie, la même violence, …Il y a autant de gens extraordinaires et de gens ordinaires, autant de feignasses et de travailleuses, autant de parasites et de héros, autant de génies et d'imbéciles autant de gens sympathiques et de gens acariâtres, ...Mais la vie n'était pas la même car le village a changé et le type de population a changé et puis la vie est plus longue et plus vite à la fois il se passe plus de choses aujourd'hui tout bouillonneLes jeunes d'hier sont davantage des jeunes modestes de village provincial qui passent vite de l'enfance à l'âge adulte, les jeunes Bucois d'aujourd'hui ressemblent davantage à des fils de riches parisiens qui se languissent

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Buc est 1 ville plein d'activités pour les jeunes en 2012 ce n'est pas le cas

ailleurs et ce n'était pas le cas autrefois

Dans les années 70 et 80 les jeunes disposent de quelques associations et au CES, le collège de Buc de l'époque, on avait l'ASSU qui proposait du sport et puis les scouts bien sûr, les autres activités se font hors de Buc en général à Versailles ou à Vélizy par exemple, moi j'allais au centre aéré de Saint Quentin à Guyancourt, sinon il fallait se débrouiller tout seul

A la fin des années 80 s'est développé l'ancêtre de l'EJ avec 1 ou 2 animateurs plus ou moins « amateurs » dans le préfabriqué du Pré Saint Jean, on utilisait les équipements sur l'ensemble du complexe, c'était 1 forme de continuité des scouts dont Xavier Rossigneux était 1 figure marquante mais avec beaucoup de sport, je me rappelle de Marc Duclos et de Marc Boissonnade puis dans les années 90 les jeunes ont eu 1 encadrement plus important et davantage de moyens, Raphaël Rombaud a proposé des activités spécifiques puis Stéphane Bimbot est arrivé à la moitié des années 90, il a rejoint Delphine qui s'en est occupé quelque temps puis Stéphane en a pris la direction, l'EJ devient alors peu à peu l'institution incontournable de beaucoup de jeunes de Buc et des environs au début du 21e siècle

L'espace jeune repose largement sur la personnalité de ses responsables, autrefois on y faisait plutôt du sport et de l'aventure puis les activités se sont diversifiées avec notamment 1 période de jeux de rôle, aujourd'hui la musique rock et les cultures urbaines y jouent 1 rôle important mais la plus grande transformation réside peut être dans la structuration juridique croissante de toute l'organisation et du fonctionnement de l'Espace Jeune : l'animateur est devenu 1 juriste de l'encadrement de jeunes et 1 expert bien loin de l'improvisation généralisée d'antan

Que faisions nous dans la rue ?Dans les années 70 et 80 les filles et les garçons se mêlaient peu, les bandes de jeunes étaient peu

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nombreuses et bien identifiées, les jeunes dehors avaient en général au moins 14 ans car la puberté coïncidait avec l'âge requis pour conduire 1 mobylette, objet important de l'époque, qui était le plus souvent 1 Peugeot 101 ou 102 pour les filles et 103 pour les garçons certains avaient des Motobécane et bien sûr des Solex, d'autres avaient la fameuse moto Yamaha YZ

Buc est devenue 1 ville huppée de plus en plus à partir des années 70 et l'aménagement du plateau du Haut-Buc on a copié Versailles de plus en plus, sont apparus alors les Chao, les Chapy (?) et autres véhicules prisés des BCBG versaillais

Les rues le soir étaient désertes on devait être 1 trentaine de jeunes à les fréquenter dans les années 80 et 1 vingtaine dans les années 70 c'était toujours les mêmes, aujourd'hui on en compte plus de 100 c'est incomparable, la diversité et le roulement des jeunes sont beaucoup plus importants

Les jeunes d'aujourd'hui en 2012 à Buc sont bien plus riches qu'autrefois, nos jeunes gens possèdent 1 fortune en technologie et multiplient les habits de marque dont le montant vêtirait 1 classe entière des années 70

Hier tout le monde se connaissait, aujourd'hui tout le monde se connaît par Facebook, ce n'est pas la même connaissance mais globalement rien a changé

Aujourd'hui Buc est quasiment vide en été, hier on pouvait encore rencontrer des gugusses pour jouer

On pouvait jouer au foot 1 peu partout il y avait des bouts d'herbe ça et là, aujourd'hui la plupart des espaces sont interdits et il ne faut pas déranger la tranquillité des gens et puis tout doit être coquet et propre

Voyons les commercesLe lieu obligé pour les enfants du Haut-Buc c'était « le café de l'aviation » sur la place du Haut-Buc tenu par jojo (Georges Esséva je ne sais pas comment le mot s'écrit, l'ancien vacher de la ferme) car il vendait des bonbons, des malabars, du Zan, des bâtons de réglisse, … bref le paradis mais j'y allais avec mon frère en général parce que seul j'étais terrifié il n'y avaient que des bonhommes qui fumaient et buvaient de l'alcool, parfois ils pouffaient de rire ou gueulaient comme dans les films de pirates, le pire c'est qu'ils s'intéressaient à moi « Ah voilà le petiot qu'arrive ! tu viens boire 1 coup ! ah ah ah ! », au Bas-Buc c'était « le P'tit

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bonheur » tenu par Mme Bélido, où l'on vendait plein de jouets notamment je me rappelle d'1 super pistolet à pétard de cow boys c'était 1 réplique de Colt du far west j'ai toujours rêvé de l'avoir il faudrait que je me l'achète 1 jour quand même peut être le jour de mes 80 ans … , je l'avais découvert car j'accompagnais ma mère au « P'tit bonheur », il y avaient des clients j'ai vu ce truc là à gauche qui traînait je l'ai attrapé et j'ai tiré sans perdre 1 seconde sur la mère Bélido manque de pot il était chargé ! Ça a fait 1 boucan du tonnerre j'ai eu la peur de ma vie mais personne, sauf maman, n'a été en colère contre moi

Par la suite le « MAM » ex « Franprix » ( Mam vient de Mammouth je crois « mammouth écrase les prix » disait on puis on a eu Super MAM ou alors je confond avec Superman, puis « Super 20 », « G20 » et « Franprix » ) vendait des jouets en enfin Intermarché sur la ZI, c'était 1 vraie ville pour moi, Buc 2

Il faut dire que les commerces sont importants pour les enfants

Le MAM c'était le territoire du père Bérut, Jean Marie Bérut était le magasin à lui tout seul, son âme, il gagnait plein de courses à pied et ses coupes trônaient dans le fond du magasin le magasin ne savait plus où les mettre, de toute façon au MAM il ne fallait pas piquer il nous rattrapait vite et en ce qui me concernait il était hors de question de piquer le MAM c'était Maman pour moi, c'était ma maison et puis il n'y avait aucun autre lieu où tout le Haut-Buc pouvait se rencontrer

La forêt de Buc n'était pas comme maintenant elle est devenue claire, aujourd'hui c'est 1 parc forestier, tout le charme du Petit Poucet s'est perdu, autrefois c'était le bois au loup c'était 1 vrai bois avec plein d'espaces impénétrables, le VTT n'existait pas on y rencontrait en chemin le père Vandenbergh gérant du club hippique

qui s'est installé après la guerre avec sa carriole tirée par 1 cheval, on y rencontrait des militaires qui y faisaient souvent des manœuvres c'était très impressionnant on aurait dit la guerre ils jouaient aux petits soldats avec des grenades à plâtre et jouaient de temps en temps avec nous, 1 fois ils ont fait 1 fausse attaque aux balles à blanc et à la grenade à plâtre à l'entrée du bois devant le club hippique rien que pour nous je devais avoir 5 ans je me rappelle d'1 nuage blanc waouh ! Je voulais être militaire plus tard moi

A l'époque dans les années 70 on voyait des militaires sortir du fort de Buc, aucun jeune de ma génération n'aurait tenter de pénétrer dans cette enceinte c'est à dire les enfants nés de 1965 à 1975 que je fréquentais

J'ai parlé du petit Poucet, les Bucois nés à cette époque se rappellent sûrement du docteur Poucet qui avait son cabinet à Jouy, ils soignait beaucoup de Bucois, c'était le stéréotype du médecin de famille du 19e avec

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ses petites lunettes posées sur le nez il regardait toujours au dessus, sa mallette énorme en cuir et son allure de vieux savant très intimidante et rassurante à la fois il disait toujours « ah ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ? »

J'allais à l'église et au cathéchisme avec le père Michelin, ça rigolait pas oulala … il faut dire

que certains marmots n'étaient pas des enfants de cœur ils ont cassé ou abîmé à peu près tout ce qu'on pouvait toucher, les cours de caté était en fait des cours de gravure les enfants creusaient sans cesse avec leur pointe de compas ou des canifs des inscriptions dans le bois des tables générant des trous remplis parfois de chewing-gum moi je ne pouvais pas faire pas la moindre bêtise le père Michelin passait à la maison voir mon grand père Florian … , le plus incroyable au catéchisme derrière le presbytère c'était cette odeur de vieux bois délicieuse je voyageais au Moyen Age aux temps de l'art roman, c'était le bonheur, je donnerai tout l'or du monde pour le sentir à nouveau

La fête du village se tenait place de la République avec des auto tamponneuses et tout le

bazar mais je n'y allais pas j'avais la trouille parce qu'il y avait parfois des bagarres pourtant j'adorais les autos tamponneuses !

Le problème c'est que je sentais que ça allait mal finir, je me rappelle de fêtes foraines à la ZI et des feux d'artifice à la Sauvegarde avec des bagarres à chaque fois ou presque et personne ne faisait rien je ne comprenais pas, la police n'existait pas à l'époque sauf à la télé pour tout vous dire je n'ai jamais vu ni entendu parler du garde champêtre, bref je restais chez moi

De toute manière Il n'y avait rien ou presque à Buc pour les enfants du moins je le percevais ainsi donc ça ne changeait pas grand chose c'est tout le contraire du 21e siècle où les activités ne se comptent plus à l'école comme en mairie ou en association ou ailleurs et je ne parle même pas des médias, mes parents nous avaient pourtant inscrit dans plein d'activités : judo, athlétisme, football, rugby, scout, tennis, musique, solfège, catéchisme, volley, … rien n'y faisait je sentais qu'il manquait tout je n'aimais pas Buc car on s'y ennuyait les choses bien c'était les copains et c'est tout, en réalité je ressentais très profondément le fait qu'on nous aimait car on était mignon mais que les gens ne savaient pas quoi faire de nous et puis ils avaient pas le temps pourtant je désirais tout il fallait bien se débrouiller tout seul

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Je me rappelle du postier on a eu des postiers d'antan comme on en fait plus, enracinés dans le

terroir, ils étaient super, très chaleureux et hauts en couleur, des postiers, travailleurs sociaux, amis, coursiers, mandataires, journalistes et œnologues (…), 1 fois mon frère avait trouvé le postier complètement bourré sur les marches de l'escalier des 100 marches avec son courrier, aujourd'hui ce sont des fonctionnaires qui viennent et qui partent comme leur courrier ah la laaaaaa

Mon école c'était Louis Blériot, je l'aimais bien elle était sous ma fenêtre et puis le maître monsieur

Denis avait mis des tableaux de mon frère au mur je me sentais à la maison … je garde 1 excellent souvenir de toute ma scolarité et des parfums magiques de madame Lacassie en maternel, parfois dans le métro ou dans la rue je reconnais l'1 des parfums l'1 des odeurs … aussitôt je suis la personne jusqu'à son travail ou chez elle j'en sais rien j'ai trop peur de lui demander quel idiot ! Tant pis si j'arrive en retard ! L'1 des plus beaux cadeaux qu'on puisse me faire serait de me donner a sentir ces odeurs de l'époque

Je me rappelle que l'école Louis Clément me faisait horreur, j'avais l'impression qu'ils avaient voulu faire encore 1 truc à la mode année 70 genre baba cool avec architecture contemporaine invivable imposée aux enfants, des chaises qui font mal aux fesses, des colliers de nouilles au plafond et des bulles partout j'en avais parfaitement conscience même si l'enfant que j'étais ne comprenait pas grand chose a ce qui se passait dans la société, moi je voulais quelque chose analogue a 1 vieux chêne, quelque chose qui aurait traversé les âges sinon quelque chose qui ressemblerait à la maison

Après je suis allé au CES (collège d'enseignement supérieur) entrée rue Louis Massotte avec la loge « Bagieu » à gauche qui existe toujours c'est l'ancien local du club d'astronomie, madame Bagieu c'était le CPE de l'époque chargé de contrôler, d'engueuler et de punir donc la sorcière du collège quoi ! Il est impossible qu'1 cerveau humain oublie sa tête avec ses bouclettes et sa voix forte autoritaire mais je crois néanmoins qu'elle a laissé 1 bon souvenir aux élèves, le R+1 en face, est rempli de salles de cours sur 2 niveaux, les salles de biologie, de physique-chimie et l'administration, derrière le R+1 en sortant on voyait sur la droite les vestiaires de sport et sur la gauche les salles d'EMT c'était les cours de travaux manuels, le degré zéro du bricolage pour les forçats du pénitencier du coin, les élèves se bazardaient les maillets en bois dans la tronche pendant le cours, c'était tellement nul que je ne me rappelle même pas avoir fait 1 seule chose a part hurler en jetant des tournevis au mur, en face mais 1 peu à droite en entrant dans le CES se trouvait « l'infirmerie » ou « maison Barthélémy » ou « laiterie » semble t il, les appellations ne manquent pas pour

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désigner cette superbe bâtisse qui fascinait tous les élèves, la cantine se tenait à droite droite dans le château et enfin dans le parc à gauche gauche des préfabriqués partout destinés aux cours, 1 salle faisait office de gymnase coté terrains de sport au fond à droite du R+1

On vivait dans le parc du château qui était en ruine, c'était 1 magnifique cours de récré, j'avais l'impression de vivre dans 1 sanctuaire où tant de choses s'étaient passés et que le sol avait mémorisé, le lieu avait 1 puissance incroyable il était vivant et avait détecté ma présence je me sentais insignifiant et gêné d'être là, il y avaient des bassins plein de tritons et des grenouilles et de l'herbe à grenouille et il y avaient des élèves qui mettaient des pailles dans le cul des tritons

J'avais pris, ou plutôt mon frère, des grenouilles et des tritons et on avait fait 1 élevage à la maison, les chats ont tout grignoté

Je me rappelle de toutes les salles et de beaucoup de profs, je me rappelle de la plupart de mes camarades et de tout ce qui s'est passé, ce qui est inouï est que tout ça est « sous » ce parc qu'on voit maintenant, on ne reconnaît plus rien du tout sauf 2 ou 3 choses : l'entrée, la maison du gardien et les statues et puis évidemment dans le bosquet près du LFA l'escalier aux sangliers … enfin l'escalier aux filles quoi ! Bon moi j'aimais pas les filles j'aimais les ballons de foot

Je suis allé ensuite dans le nouveau collège MLK rue Collin Mamet il sentait le neuf j'aimais beaucoup cette odeur de peinture et de colle fraîche mais la cours de récré n'était pas 1 réusssite on aurait dit 1 parking, je n'ai jamais compris que l'institution ne demande pas aux élèves de repeindre tout le sol avec des dessins, tout ce qu'il y avait là autour de moi était rutilant tout beau tout joli je suis d'ailleurs probablement le premier a l'avoir bousillé ce nouveau bâtiment car je venais tous les jours avec mon ballon de foot parfois dégueulasse et je jouais partout dans les couloirs et les salle de cours, j'ai repeints 1 mur, pété quelques trucs et déclenché malencontreusement l'alarme en éclatant le boitier c'était même pas moi qu'avait fait la reprise de volée : convocation immédiate chez « moustachu » (monsieur Journé me pardonnera si j'écorche son nom) !

Ce nouveau collège plaisait aux parents mais il n'avait aucune âme aucune force aucune vie, c'était 1 gadget mais je l'adorais parce qu'il était neuf et que je voyais du paysage ...

Je faisais beaucoup de sport je faisais du judo avec maître Priéto j'avais 1 grand respect pour lui en

tant que prof et en tant qu'être humain, c'était le médecin qui m'avait envoyé là comme plein d 'autres

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mouflards pour la santé du dos, le club peut dire merci aux médecins de l'époque … le tatamis était dur de couleur verte il faisait carrément mal au dos ! il était question de mettre partout des tatamis bleus moderne plus mou : maître Priéto disait que lorsqu'il avait commencé a faire du judo à Buc c'était sur le sol, parterre quoi, et que c'était le bon vieux temps et qu'on était devenu des fesses douillettes maintenant

Le club organisait dans les années 80 chaque année 1 démonstration annuelle en fin d'année avec la présentation des personnes, des Katas, des combats et parfois 1 show dont cette année j'étais 1 des acteurs principaux, mon job consistait a faire valdinguer 1 gros bras énervé avec son bâton qui défiait tous les judokas, dans la pure tradition du pays du soleil levant, je devais lui mettre 1 rouste au malabar, j'avais choisi morote seoi-nage et le résultat était pire que dans les pires films de shaolin le type il s'est mis a voler avant que je l'attrape c'était très drôle !

Je jouais tout le temps au foot ou au rugby parfois devant l'école Louis Blériot il y avait 1 bel espace de verdure tout vert on faisait toutes nos activités sportives et ludiques ici avant qu'ils ne construisent ce répugnant parking, le parc du château n'existait pas encore à l'époque

La personne qui vivait dans la « maison des instits » s'appelait madame Cramoisi (?) et n'arrêtait pas d'hurler, d'ailleurs beaucoup de voisins râlaient car on criait en jouant, on allait parfois jouer au stade sur le « terrain aux vaches » je n'aimais pas du tout c'était loin, le terrain était foireux et le foot de rue était tellement mieux et puis c'est 1 autre sport où le lieu est primordial, le problème c'était le ballon en fait qui allait chez les voisins qui vociféraient et oui ça commençait à coûter cher …

L'1 de mes jeux favoris était le saut à l'arbre, nous allions rue de la Ferme, il y avait 1 alcôve avec des sortes de grands tuyas contre 1 mur, il fallait monter à l'arbre pour se mettre debout en haut du mur puis on prenait la pointe d'1 arbre et on se jetait vers le sol l'atterrissage se faisait tout en douceur, 1 sorte de parapente du pauvre

Évidemment on a jasé dans les chaumières et ils ont coupé la tête de tous les arbres

Je faisais de l'athlétisme sur le terrain des sports du Pré Saint Jean, il y avait du béton partout je n'ai jamais compris ce qu'on faisait là c'était super dangereux pour du sport, je n'ai jamais trop compris les êtres humains de toutes façons, moi je voulais en faire dans la nature, dans les prés derrière ou dans le gymnase, je suis tombé 1 fois sur ce ciment j'étais en sang, le javelot que j'adorais était interdit, quant au saut en hauteur c'était 1 corde et 1 faux bac à sable derrière n'essayez pas de sauter trop haut vous pourriez le regretter

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Les jeunes d'aujourd'hui ne savent pas la chance qu'ils ont, équipés comme ils le sont, le comble est qu'on me le disait déjà à l'époque !

Je me rappelle quand j'étais tout petit je devais être dans mon landeau il y avait 1 énorme ballon orange je

crois 1 ballon géant Thomsonsur le terrain d'aviation j'étais subjugué par ce truc

là, je ne sais pas s'il a vraiment existé je suis le seul a l'avoir vu !

Pourtant je suis sûr de l'avoir eu en face des yeux, c'est l'1 de mes premiers souvenirs sur terre

Je me souviens d'1 chapelle à Hautpré et d'1 bibliothèque, j'ai connu les 2 endroits que j'aimais

beaucoup déjà parce que c'était petit et convivial dans la continuité des maisons de Hautpré, de la mienne et de l'école Louis Blériot, de Jolie ferme, etc c'est à dire du quartier c'était 1 peu chez moi, et puis les gens étaient adorables

L'1 de mes plus grand plaisirs était d'aller à la bibliothèque, j'y allais tous les ans toute l'année et lorsque je pénétrais dans ce lieu je me disais toujours quelle chance j'avais d'être en vie pourtant il y avait 1 bémol analogue à internet puis à Facebook aujourd'hui, le monde ne changera jamais, c'était que j'aimais par dessus tout les BD en tout cas j'étais certainement le plus grand fan de BD de Buc à l'époque avec peut être la plus grande collection, tout mon argent de poche, mes cadeaux, mes anniversaires, mes noëls etc y passaient je dessinais tout le temps malheureusement la bande dessinée était dénigrée par les adultes dans les années 70 et au début des années 80, voir méprisée, le prix d'emprunt de la BD était le double et le nombre limité, j'étais souvent victime de bons conseils du type « bon maintenant il faudrait peut être passer aux vrais livres hein ? (fini de jouer) »

Et dire qu' 1 grand festival de bande dessinée à Buc va naître dans les années 90 … oh la la

J'ai fait de la musique à l'école Louis Blériot, on nous prenait pour des handicapés mentaux c'est tout

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ce dont je me rappelle, la boum de fin d'année de CM2 avant de passer au collège m'a appris bien plus en musique que les experts du triangle qui se présentaient en peau de mouton

Mes parents m'avait inscrit au conservatoire de Buc vers 7 ans mes premiers cours d'initiation musicale se faisaient derrière la mairie on tapait sur des tambourins et on secouait des maracas, on avait l'année suivante des cours de solfège au conservatoire proprement dit en face de l'école du Pré Saint Jean dans 1 préfabriqué détruit depuis puis « on » m'avait inscrit au cours de flûte à bec « par économie » pour plusieurs années j'étais avec Sophie Pinard et Olivier Japiot et ce dont je me rappelle c'était la gentillesse du professeur et le bon pain au chocolat auquel j'avais exceptionnellement droit en allant à mes cours, j'aimais beaucoup Olivier et Sophie parce que le reste ... la flûte était le seul instrument que je ne voulais pas faire !

Arrivé au collège la musique était le défouloir des élèves et l'instrument imposé d'office était la flûte à bec ou comment faire vomir la musique à tous les enfants du monde, l'espèce de pipeau en plastoc « aulos » que tout le monde avait au moins l'intérêt de servir de sarbacane pour envoyer des chicos, sorte de boulettes en papier mâchée faite avec les cours de musique bien entendu, au plafond, sur le bureau du prof, etc

A 18 ans on a monté 1 groupe entre amis d'enfance Bucois

Bien sûr il fallait tout apprendre tout seul car à Buc point de cours de batterie, de guitare encore moins guitare électrique, de guitare basse, de chant, de congas, de bongos, de djembé, … mes amis savaient très bien jouer ce n'était pas du tout mon cas je ne sais toujours pas comment ils ont fait pour me supporter

Nous n'avions pas d'argent ni de salle il a fallu tout trouver, les instruments ont plus ou moins été fournis par des membres de la famille de mes amis et des percussions venait de l'université, la salle a été fournie par la mairie de Buc il s'agissait de l'ancienne infirmerie du CES, la splendide maison à colombage face à l'entrée à droite, on ne disposait que du RDC les étages étaient occupées il nous fallait l'insonoriser

Nous sommes donc partis en voiture avec des cordes et nous avons trouver dans 1 benne d'usine des morceaux de tapis et couches de textiles épaisses pour recouvrir sols, murs et plafonds

En retour nous devions gérer 1 système de salle communale de musique pour les habitants souhaitant disposer d'1 salle de répétition, ce devait être, aussi surprenant que cela puisse paraître, la première salle de répétition publique pour les groupes de rock à Buc et très vite des groupes se sont inscrits, malheureusement la joie fut de courte durée, 1 arrêté de péril du préfet a mis fin à cet élan culturel et généreux : non seulement les groupes n'ont pas retrouvé de salle de répétition sur la commune, le notre a dû partir à Paris où nous avons fait notre vie, mais la commune perdait l'1 de ses plus belles demeures d'antan, sans que les habitants ne réagissent ce qui est surprenant, c'était le seul grand bâtiment qui restait des communs du château du comte de Toulouse, le dernier élément de la ferme du château, et tous ceux qui s'en rappellent se posent la même question

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Nous avions fait malgré tout 1 concert à Buc dans le nouveau CCA place de la République, j'étais habillé en Casimir de l'île aux enfants, la série télé des années 70 et 80, notre groupe de jazz rock bucois s'appelait « casimir jazz band » et nous avions oublié 1 détail … Casimir, c'est à dire moi, ne pouvait pas monter sur la scène les marches étaient trop hautes il a fallu porter Casimir ! Je ne sais pas combien m'ont aidé

Autrefois les poissons abondaient puisqu'il y avait du temps de mes parents et de mes grand-parents

des bassins pourvus de poissons à Buc dans toutes les belles ou les grandes propriétés, mais dans les années 70/80 c'est terminé : plus de bassins, plus d'eau ou plus de poissons, il ne reste plus que la Bièvre et l'étang et l'on y pêchait toujours les mêmes poissons, des gardons et surtout des goujons dans la Bièvre et des tanches, des perches ou des carpes dans l'étang, on décida de les manger 1 fois et bien c'était parfaitement imbouffables !

Le goût de vase était 1 peu spécial, j'en ai remangé dernièrement c'était des ablettes elles étaient délicieuses, les temps changent voyez vous … ou alors ce sont ma langue et mon cerveau qui ont muté

Est ce que j'étais 1 voyou quand j'étais jeune ?

Bien sûr j'étais 1 crapule, 1 saleté, 1 vaurien et 1 pourriture pendant 2 ans mais avant et après j'étais 1 ange incapable de faire du mal à 1 fleur

Quand Hautpré a été construit on voyait toutes les maisons a vue d'oeil car les maisons n'avaient pas de clôtures et les arbres et arbustes n'avaient pas encore eu le temps de pousser, je me rappelle qu'1 soir d'été nous étions 3 racailles de Buc, moi, 1 racaille de Hautpré et 1 racaille du Bas-Buc, sur 1 mobylette et nous avions roulé tout droit a travers la résidence Hautpré de la rue C. Gounod à la rue JB Lulli, vraiment en ligne droite à travers jardins, maisons et chemins, on s'est cassé la figure plusieurs fois, les malheureux propriétaires de retour de vacances ont dû encore accusé les sangliers car il y avait du dégât dans les fleurs et les arbustes

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Je suis parti en classe de neige en CM1 à Saint Sorlin d'Arves avec Louis Blériot ( je

parle de l'école je ne suis si vieux ! ), mon frère était parti dans les premières classes de neige à Saint Sorlin d'Arves dans les années 70 avec le Pré Saint Jean dirigé par monsieur André Soulié qui a lancé cette idée, nous avions tous des bonnets verts ( pour nous retrouver sur les pistes ! ) ceux du Pré Saint Jean du début des années 70 étaient magnifiques ce sont des pièces de collection recherchées de très grande valeur … par contre ceux de Louis Blériot étaient tellement hideux, avec leur faux lainage polyamide et leurs rayures de chaussettes blanches, que je n'en parlerai même pas, heureusement que notre équipementier n'a pas daigné nous fournir les gants et les chaussures car j'étais très frileux et à l'époque sortaient les premiers après-ski modernes mes camarades avaient encore les chaussures de skieur alpin ou des pompes en peau de vache et moi des foutues bottes noires en caoutchouc avec des grosses chaussettes en laine qui sentaient le bouc avec la sueur je me les caillais en plus, je me rappelle que mes gants noirs déteignaient ( achetés 1 fortune à « La Hutte » à Versailles rue Carnot ) et c'était 1 grave problème car on faisait des batailles de boule de neige entre 2 tranchées comme à Verdun j'adorais ça et j'étais assez doué je dois reconnaître mais je tirai 1 peu comme 1 brute sur l'ennemi et rapidement ils se sont rendus compte que les victimes dans 1 sale état avaient souvent de la neige noire sur la tête … ils leur a pas fallu longtemps pour comprendre l'origine du problème

Comme j'ai toujours été très gourmand je ne suis pas prêt d'oublier le bon gros gâteau de la saint Nicolas car dieu merci nous avions 2 Nicolas, Nicolas Galais, cousin de Roland Godet, mon voisin et mon copain de jeu avec mon frère, arrière petit fils de Louis Blériot, et Nicolas Cambier, qui dessinait très bien, les veinards, et nous l'avons mangé ( le gâteau ) au son de la joyeuse guitare « du loup du renard et de la belette qui chantaient » c'était assez « spéciale » comme chanson car je crois que mes poules chéries avaient été croquées par le renard de Buc ...

Je me rappelle en 1977 dans les 3 cotes dit l'épingle à cheveux d'1 torrent d'eau tellement il

pleuvait c'était 1 vraie rivière qui dévalait la côte on pouvait presque se laisser entraîner par le courant, cette pluie diluvienne faisait suite à la sécheresse de 1976, 1 autre fois dans les années 90 je pense, l'eau tombait tellement qu'elle a dévalé la rue Louis Blériot et la rue de la Porte de Buc pour se jeter sur Versailles au pont

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des Chantiers où le carrefour était sous l'eau ! Si si les voitures ne pouvaient plus avancer c'était 1 étang ! Je me rappelle du cross du CES dans le parc du château en 1980 avec la grande boucle pour les grands et la petite boucle pour les plus jeunes, il y avaient des zones avec plein d'arbres et des arbustes alors 1 malin que je connaissais bien avait grugé en coupant pour se retrouver devant comme dans les dessins animés de Tex Avery à la télé !

Je me rappelle comme si c'était ce matin de madame Pauleau que certains appelaient Mme Méance et qui travaillait au château, elle était ma voisine et devait avoir 200 ans elle était pour moi 1 sorte d'arrière arrière grand mère elle aimait bien les enfants et je ne voulais pour rien au monde qu'elle ne meurt elle était pour moi le Buc du 19e siècle, elle avait dans son corps et dans son cerveau toutes mes racines mon sang et mes neurones je pensais toujours à « Carmen crue », 1 bande dessinée qui venait de sortir à l'époque, quand je voyais madame Pauleau elle parlait souvent des Américains de la Libération ceux qui disaient tout le temps « olraille te olraille te » avec leur chewing-gum

Je me rappelle au début des années 80 qu'1 enfant du LFA était tombé raide mort en prenant 1 ballon de basket derrière la nuque sur le terrain du château, je me rappelle des enfants Boissonnade au foot dans les années 70 qui avaient marqué près de 100 buts a eux seuls en championnat des poussins, je me rappelle dans les années 70 d'1 incendie le soir au club hippique devant mes yeux qui avait ravagé 1 énorme tas de foin, je me rappelle d'1 employé communal qui vivait dans la maison des associations, immeuble ayant autrefois d'autres fonctions, il était toujours très gentil avec moi je l'aimais bien mais il n'avait jamais de chance l'1 de nos dernières rencontres il me disait qu'il avait été ébouillanté par de l'huile chaude il n'avait qu'1 doigt à 1 main tout le monde l'appelait « mille pattes »

J'avais été à la pommeraie avant que des maisons ne soient construites il y avaient des arbres fruitiers et 1 mare à grenouille pas très loin il fallait y aller en bottes le but était d'attraper des grenouilles pour jouer et il en arrivait que les « grands » en attrapaient mais alors moi zéro

Au début des années 80 je jouais au foot toute la journée le pouce dans la bouche, mon frère était ami avec des jeunes de la résidence d'Hautpré, c'étaient la bande des punks de Buc, j'avais super peur, l'1 d'eux avait 1 iroquois vert ou jaune, je ne ne sais pas je suis daltonien, qui sortait du casque de mob par 1 trou, ils foutaient le bordel partout sur leur mob pourrie qui perdait des morceaux en roulant dans 1 vacarne invraisemblable, ils avaient 1 culot monstre et 1 rare intelligence pour faire n'importe quelle bêtise à Buc, le mélange était détonnant, ils n'étaient pas excentriques pour faire le malin ou chercher à faire peur comme tout le monde se l'imaginait non ils étaient comme ça dans leur cerveau depuis toujours, ils ont toujours étonné, en attendant ils

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terrifiaient par leur apparence mirobolante « tous ces ploucs de Buc », l'1 d'entre eux, Adams avec ses bagues aux doigts, son pétard jaune et son corbeau, était 1 véritable tigre flamboyant dans tous les sens du terme en bien et en mal …

Le tour de France était passé à Buc il passait par les arcades je n'ai pas été le voir comme beaucoup de gens le faisaient non je me suis mis devant la télé, fenêtre grande ouverte je regardais en direct de l'oeil gauche les coureurs sous l'aqueduc et de l'oeil droit l'hélicoptère de la télé qui volait au dessus, c'était vraiment très curieux

A la fin du 20e siècle je ne sais plus quand 1 nuit 1 instant 1 éclair 1 coup de tonnerre la foudre s'est

abattue sur moi ou à quelques mètres de moi j'ai cru que c'était fini, point s'en faut la foudre s'est abattue ailleurs tout près je n'ai jamais su vraiment

Pourtant en me promenant pour inspection j'ai découvert peut être 500 mètres plus loin à l'entrée de la rue Perreyon l'arbre de la famille Mordos coupé en 2 dans le sens de la hauteur en coupe sagittale !

Bigre est ce ma foudre ?

A Buc il y a l'aqueduc et les 100 marchesLes 100 marches ce sont les escaliers qui n'ont pas 100 marches mais 103 + 13, entre le bas et le haut du village que les gens du haut connaissent par cœur par cœur, c'est l'1 des endroits les plus charmants de Buc, je le descendais plusieurs fois par semaine car toute mes activités se trouvaient en bas je ne fatiguais plus c'était normal, les 100 marches était ma grand mère en quelque sorte, j'avais et j'ai toujours 1 grand plaisir a les descendre il y avait plusieurs techniques, la première consistait a prendre les escaliers, le défi était de sauter le plus de marches possible, j'étais vraiment 1 malade ! La seconde était de passer à gauche en descendant sur le petit coté incliné c'était réservé aux big boss, la troisième était de passer sur le parapet à droite et de dévaler la rampe, quand le sol gelait c'était 1 toboggan fallait faire super gaffe aux lampadaires, la quatrième était de descendre en se laissant glisser les fesses sur la rambarde j'étais nul, la cinquième consistait a couper tout doit dans le bois Goudouneix c'était le premier arrivé, la sixième voie consistait a se

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mettre devant la croix de mission et de tenter de rejoindre le vieil escalier Machelard à coté des 100 marches, la septième voie consistait a suivre les 100 marches par le bois, la huitième voie, lamentable celle ci, consistait a descendre par la route, la neuvième consistait a couper par jolie ferme c'était très rapide, il y avait 1 trou dans le grillage en arrivait dans la ZA puis dans le bois Barberot puis aux tennis en allant toujours tout droit, la dernière consistait a passer par la butte aux vaches à pied ou à vélo, il ne manquait qu'1 tyrolienne

Le 26 décembre 1999 la nature a fêté le passage au second millénaire a sa façon

Le vent était tellement fort cette nuit que je me suis réveillé, le toit claquait de partout comme si des météorites tombait dessus, il est impossible de dormir quand on sent que le toit va s'arracher n'est ce pas c'est impossible, je suis donc sorti devant chez moi vers 4 heures du matin et j'ai été en plein milieu de la route je me suis a marcher tout seul dans Buc, c'était la première fois que je voyais 1 tel spectacle c'était sublime, je me sentais rien du tout et je me sentais surpuissant j'étais 1 poussière et dieu tout à la fois, c'est très étrange comme sensation le bruit du vent était aussi impressionnant que mes 2 énormes sapins qui pliaient et pliaient comme de l'herbe sous la tornade pourvu qu'ils tiennent … c'étaient mes enfants, mes frères et sœurs, je pensais évidemment au « chêne et au roseau » de La fontaine j'avais tellement mal pour eux que je suis allé me recoucher en espérant que le sommeil serait réparateur et que les dieux réussissent a négocier 1 trève, que mes sapins soient graciés …

Le lendemain c'était l'histoire de la chèvre de monsieur Seguin pour de vrai

Mon gros sapin a été déraciné

L'autre a tenu bon

Il a fait éclater ma grille dans sa chute et a coupé la route d'Hautpré, du parc et du club hippique, les gens des résidences ne pouvaient rentrer chez eux

C'est effrayant moi qui n'en avait rien a foutre des plantes elles étaient si différentes de nous … je voulais grimper dans mes arbres pour les calmer leur dire d'arrêter de bouger je ne savais pas comment faire ni quoi faire, des cordes pour les arrimer auraient craqué comme du fil à coudre, qu'est ce que je pouvais faire ?

En y réfléchissant je me suis dit qu'en fait j'aurais dû leur couper la tête pour empêcher la prise au vent et la résonance, justement parce que les plantes elles sont le contraire de nous, on leur sauve la vie ainsi les plantes, quel idiot !

J'ai pris alors ma hache et mon appareil photo et je suis parti dans tout le haut Buc déambuler, proposer mon aide et photographier, c'est le souvenir le plus fort que j'ai de Buc

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On sentait la réalité comme jamais, le spectacle était époustouflant, les gens qui ne se parlaient pas devenaient tous des amis, les gens s'entraidaient c'était magnifique, le paysage était superbe le gel avait recouvert le désastre d'1 fine couche de poussière de noël … la forêt était redevenu la vraie forêt d'antan à l'époque des loups, j'ai vu des bébés corbeaux qui sautillaient autours d'1 arbre leur nid avait probablement valdingué, le plus étrange était le silence

Les arbres avaient coupé la plupart des routes la vie s'était arrêtée dans mon quartier, celui du château

Mon grand sapin qui m'accompagnait depuis ma naissance s'est effondré exactement là où je le regardais lutter il a dû tombé quelques minutes après je ne sais pas j'en pleurs encore c'est absurde

Il était sous la fenêtre de ma chambre je l'ai vu grandir je l'ai photographié juste avant par miracle il avait fait plein de petits, des pommes de pin rigolotes, j'ai aidé comme je pouvais les employés municipaux et j'ai gardé 1 tronçon de mon arbre comme souche dans mon atelier et des branches pour 1 cabane et aussi je suis allé planter ses pommes de pin dans la forêt du coté du bois de la Geneste je ne sais même plus où

En allant devant l'école Blériot, j'ai vu le cèdre bleu que les instituteurs avaient planté avec la mairie dans les années 70 déchiqueté et projeté à plusieurs mètres dans la direction identique à mon arbre, le vent soufflait vers le nord est, l'éjection de cette ampleur en disait long sur la puissance de la tempête

J'ai traversé tout Hautpré on aurait dit qu'1 dinosaure diplodocus s'y était balladé pendant la nuit, la forêt révélaient des souches d'arbres avec de la terre autours des racines elle avait désormais 1 autre visage qu'elle a conservé pour partie car la plupart de ces souches sont restées ... j'ai emprunté ensuite la rue Louis Massotte les vieux arbres du parc ont payé 1 lourd tribu, plusieurs d'entre eux ont coupé nette la route, des grilles et barrières en métal des propriétés de la Guérinière ont été écrabouillés, il y avait 1 coté artistique à cette défonce naturelle, à la vue de ce quartier on pouvait se dire que si la nature avait frappé à 18 heures à la rentrée des classes on ne compterait plus nos morts …

En descendant par la résidence des Haut de Buc j'ai pu voir 1 maison éventrée par son arbre le pire était que les occupants étaient en vacances comme beaucoup de gens à Buc, cette image m'a rappelé les bombardements de la guerre dont on m'a tant parlé les gens ont pris l'exode et inch'Allah

Le pire était a venir … comme toutes les choses sur terre on ne meurt pas des flammes mais de la fumée on ne meurt pas de la fumée mais des gaz toxiques on ne meurt pas des gaz mais d'autre chose … ici le cyclone avait fait son œuvre il a plu puis il a gelé ! Les toits défoncés étaient en proie aux averses et personne pour les réparer, si nous n'avions pas eu le matériel, l'énergie et le savoir faire la toiture et les plafonds auraient été bousillés …

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A la fin des années 80 en été plus ou moins rescapés de l'évaporation estivale bucoise nous avions occupé plusieurs fois les 3 côtes le jour et la nuit en descendant cette pente avec des machines bizarres a roulettes, on roulait comme des dingues, il y avait 1 mur devant l'église qui ne fallait pas « caresser » la mairie avait mis ensuite des dos d'ânes je me rappelle que j'ai foiré mon virage et que je me suis vautré avec 1 copain sur les fesses devant l'église ou plutôt sur 1 fesse c'était le grand écart !

Enfance et nature

Jusqu'à 14 ans je restais à la maison j'allais au catéchisme, dans les associations, dans les clubs et compagnie des années 70 puis de 14 à 18 ans à la fin des années 80 j'ai quitté ces communautés pour aller vivre avec mes amis plus ou moins en bandes, à cette époque on bouge de plus en plus tout seul dans Buc ou au voisinage proche notamment Versailles car c'est la ville du lycée puis la troisième phase c'est la voiture, la vie de couple et l'université c'est à dire Paris et là tout éclate peu à peu : à 25-30 ans le groupe est désagrégé, je suis le seul ou l'1 des seuls de ma génération a être resté volontairement, les autres sont partis, d'autres sont restés mais souffrent psychiquement ils sont là « par défaut »

Bref il semblerait que si Versailles est 1 ville administrative, Buc soit 1 pouponnière pour gens aisées ou installés ou qui veulent cet environnement, on est là pour élever les enfants dans 1

cadre bucolique puis on part

Il serait intéressant de voir avec le service des archives l'évolution du flux migratoire, le turn over démographique à Buc entre hier et aujourd'hui notamment entre 1914-18, 1970 et maintenant

Autrefois Buc n'était qu'1 pays de forêt et de sangliers où les nobles passaient en coup de vent pour chasser puis l'installation du roi Louis 14 va attirer quelques châtelains pour la proximité du pouvoir et son calme ils y font construire des châteaux et du même coup des domestiques qui cherchent a se loger puis c'est au tour des bourgeois (lieu de villégiature pittoresque) de prendre la relève et en même temps des ouvriers au 19e siècle avec la révolution industrielle

Au 20e siècle l'Aéroparc Blériot ( pas « Blérot » comme je l'ai entendu dans la bouche de certains enfants

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même si c'est vrai ses avions ne volaient pas toujours très bien ) n'y changera rien le Haut-Buc est toujours grosso modo des terrains agricoles et 2 châteaux et le Bas-Buc rassemble le peuple bucois et quelques villas bourgeoises comme partout dans la région, la différence entre Buc et d'autres communes comme Jouy ou Guyancourt tient au processus de transformation parfois gigantesque dans certaines communes, Vélizy veut 1 essor économique et démocratique affiché, la ville est dirigée 1 peu comme 1 entreprise, Viroflay qui a détruit son agriculture au 19e pour devenir 1 banlieue de Versailles va connaître 1 boum démographique concentré, Buc va se transformer vite par l'aménagement du plateau seulement dans les années 70 et de façon modérée avec 1 population diplômée

Cette nouvelle population ne connaît quasiment rien à l'histoire de Buc et ne s'y intéresse guère en même temps elle s'y intéresse davantage car elle est davantage cultivée et passionnée d'histoire, ces gens plutôt riches n'aiment pas qu'on vienne les déranger dans leur tranquillité en même temps ils jouissent de temps libre et ont l'intellect en éveil, certains sont particulièrement disponibles pour les autres, aujourd'hui cette classe cultivée fait des procès pour 1 rien leur orgueil de dominant veut être protégée à tout prix hier on ne remettait pas en question l'autorité, aujourd'hui à Buc comme dans d'autres villages analogues les gens ne supportent plus la moindre saleté le moindre clochard la moindre perturbation hier les gens ne supportaient ni les « autres races » ni les hérétiques ni les homosexuels, on élevait à coups de trique les enfants comme mes parents l'ont été, la société d'aujourd'hui n'est pas meilleure que celle d'hier elle est cohérente avec le monde d'aujourd'hui, Buc dénonçait les juifs comme les autres pour des raisons de pouvoir, de morale ou de vengeance, de jalousie, exactement comme aujourd'hui on le ferait pour autre chose

Et les jeunes dans tout ça ? Je ne vois pas de différences profondes entre les jeunes des années 70 et ceux de maintenant ni avec ceux décrits par mes parents, les caïds de Buc des années d'après guerre étaient plutôt les franchouillards pauvres des quartiers puis c'était plutôt des communautés puis la résidence Calmette a eu son lot de gros bras dans les années 80 et on parlait de temps à autre du « foyer » à la Sauvegarde mais jamais les problèmes de délinquance immigrée tel que celle de Trappes, de Guyancourt, de Cressely ou des cités à Versailles ne se sont posés à Buc : je n'ai quasiment jamais vu de véritable violence à Buc sinon des échauffourées ça et là plutôt dérisoires et quelques larcins, la violence des pauvres étaient différentes de celle des riches, la première était plutôt physique, instinctive et ostensible tout le monde la voyait c'était justement le problème, la société stigmatise vite les auteurs, la seconde était plutôt matérielle, calculée et secrète, les méchants n'étaient souvent pas ceux qu'on croyait, la résidence bourgeoise Hautpré, qui était de fait la mienne, était remplie de crapules comme ailleurs

Buc n'a jamais eu de guétto, de cité, ni de véritable communautarisme il s'agissait de petits groupes désamorcés par le système ou voués à la désagrégation, ce n'était pas le cas chez nos voisins au pont du Routoir, ni à Magny, ni à Mozère et Petit Bois voir Jussieu à Versailles et quand, petit, j'allais faire des

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activités sportives là-bas il y avait presque toujours des problèmes de provocations sinon d'agressions et notamment des vols et du racket, j'avais l'impression quand je revenais à Buc d'être au paradis !

Il est très facile de pourrir 1 village en se prévalant de beaux principes, en voulant faire de l'argent ou à la suite de compromis politiciens malhabiles, pour ma part depuis que je suis petit j'ai toujours ressenti l'immense chance que j'avais de pouvoir sortir à poil dans la rue à 4 heures du matin sans que personne me fasse chier !

Pourquoi cette délinquance n'était pas et n'est elle pas présente à Buc ?

Ceux qui posent problème sont toujours les voyous et les jeunes il y a par ailleurs des incidents dus aux circonstances exceptionnelles et puis enfin des communautés

Des communautés il y en avait point, l'esprit de Calmette, si tant il y en avait 1, ne suffisait pas a fédérer des bandes de délinquants et de trafiquants

« L'esprit de Calmette » signifie que les gens qui y habitent parfois fortunés se fabriquent 1 pseudo appartenance de groupe, 1 solidarité face à la stigmatisation dont ils font bêtement l'objet et 1 conscience de cité, alors même que c'est 1 résidence huppée si l'on regarde les revenus des personnes présentes par rapport aux pauvres des banlieues, ce n'est qu'1 image fabriquée de toute pièce dans le cerveau des occupants comme des Bucois, l'architecture, l'environnement et l'histoire de ces immeubles et des êtres humains expliquent cette construction psychologique : je me suis rapidement rendu compte de ce fait en mettant cote à cote mes copains du Val de Bièvre au Bas-Buc et ceux de Calmette qui, eux, nullement à plaindre, revendiquaient presque 1 sorte de militantisme de cité !

Ces résidences ont le gros avantage du contact humain, de la chaleur sociale et le gros inconvénient du manque de place, de l'absence de jardin, surtout pour 1 gros bricoleur comme moi ! Je voyais bien cette distinction sur mes copains : les bricoleurs fous et les artistes n'étaient jamais dans ces résidences ...

Il faudrait des grands ateliers publics communaux de fabrication et de stockage pour tous les enfants !

Les incidents dus aux circonstances c'est typiquement 1 altercation sur la route entre 2 cadres dirigeants de la ZI qui dégénère, le foyer de violence est 1 conjonction malheureuse exceptionnelle, il y a autant de gens méchants chez les riches que chez les pauvres mais elles s'expriment différemment et puis il suffit que le notable perde 1 de ses privilèges, concède 1 travers douloureux, chute socialement ou humainement pour qu'il devienne abject, les fripouilles en cravate n'ont pas manqué à Buc comme ailleurs

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J'avais fait ma communion dans les années 80 nous avions 1 pèlerinage, 1 retraite en quelque sorte, avec 1 étape de rédemption où il fallait se confesser de tout le mal qu'on avait fait, le prêtre écoutait nos bêtises et puis on ressortait, j'étais avec 1 camarade qui s'appelait Guillaume Rénier (?) et je mangeais dans 1 arbre des délicieux petits biscuits à l'orange avec lui, bon le problème c'est que l'éducation que j'avais eu prohibait formellement le vol, la bagarre, la tricherie, le mensonge, … et j'avais 1 peur folle de la punition je n'avais donc rien à dire à l'abbé et je ne pouvais même pas lui mentir pour sortir de cet enfer, Je n'étais certes pas 1 ange j'étais bourré de défauts et de nocivités mais je ne m'en rendais même pas compte alors que c'était nuisible à mon entourage mais l'heure n'était pas à la philosophie ou à la psychiatrie ni chez moi ni à l'école ni chez le curé, donc 1 fois sorti de l'abbaye, qui était comme dans tous ces voyages dans les églises d'Ile de France, 1 splendide construction avec des vitraux époustouflants et 1 aura moyen-âgeuse comme seules les églises suintent, je vois les nouveaux jeunes confessés des bonnes familles de notables bucois ramasser des cailloux et les lançaient sur les tuiles et les vitres du bâtiment le but étant de réussir absolument ( et ils ont réussi ) à casser quelque chose pendant que le père con-fessait : il se perdait des fessée !

A l'inverse si on réunit des populations plutôt bagarreuses, qui plus est bourrées, autour d'1 grand feu public l'affaire risque de dégénérer vite je me rappelle dans les années 80 de ce grand feu de la Saint Jean qui avait lieu au stade il fallait séparer tout le monde les gars se foutaient carrément dans le feu …

Des voyous à Buc il y en a eu comme partout on les voyait dans les journaux ou à la télé, quand bien même les médias disent la vérité, ceux là aussi sont rares, je me souviens à la fin dans les années 70 ou début des années 80 des Nouvelles de Versailles qui avaient photographié la maison de trafiquants de cassettes audio, ils avaient stocké leurs contrefaçons dans la maison des voisins de mes voisins sauf que Toutes les Nouvelles s'était trompé de maison et avaient montré la maison endiablée de mes bons voisins mes copains de jeu !

J'adore le journal « les Nouvelles de Versailles » mais ils sont très forts pour ce genre de petits problèmes de confusion … hum et qui ne sera le dernier pour Buc, on pourrait en consultant leur archives écrire 1 véritable épopée de l'histoire bucoise à travers l'oeil d'1 média curieux comme celui ci, voir aussi « le Parisien » ce serait 1 projet certainement intéressant

J'étais descendu à l'étang dans les années 80 et ce dernier était vide ! Ils avaient vidé l'eau comme dans dans 1 baignoire, il y avait de vieux débris qui traînaient et je crois me rappeler qu'il y avait 1 morceau de bagnole ce sont les gens avec moi qui ont du me le dire car je n'ai pas l'image dans les yeux, normalement on pourrait évaluer le degré de délinquance d'1 territoire en fonction du degré de dépôt sauvage ( étang, forêt, trottoirs, bords de route, … ) et je ne crois pas que Buc ait à rougir, son étang et sa forêt sont globalement

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très propres, bon je me rappelle de mon ami Eric qui avait « emprunté » la voiture toute belle de sa mère en faisant le mur vers 1991-92 la nuit et l'avait foutu, monsieur avait fumé des pétards toute la nuit, dans l'étang en faisant 1 course de voiture contre 1 moto ou je ne sais quoi, le ouistiti avait certainement dû scier la barrière ONF pour son rallye Buc étang-hôpital de Versailles

Les jeunes enfin sont turbulents de 12 à 18 ans grosso modo c'est a celui qui fera le plus de conneries pour épater les amis ou les filles, c'est l'âge où l'on sort la nuit c'est l'âge où l'on est défoncé c'est l'âge où l'on casse tout et c'est l'âge où l'on rit comme des casseroles et tout cela se mélange et fait particulièrement mal aux yeux et aux oreilles des parents, on ne remerciera jamais assez l'espace jeune de Buc …

Pour mémoire des amis de mon frère dans les premières années des 80's avaient peinturluré la façade de la mairie avec 1 texte en lettres énormes en rapport avec le maire du type « Dufranne enculé ! » je ne me rappelle plus très bien ...

A Buc il n'y avait pas grand chose à manger à part la délicieuse boulangerie, Pichon de

mon temps, et les bonbons bien sûr, il fallait aller pour 1 mioche comme moi à Versailles, à gauche du pont des Chantiers se truvait 1 station service qui vendait des hamburgers congelés qu'il réchauffait

Je me souviens du premier Mac Do à Versailles les jeunes d'aujourd'hui ne se rendent pas compte de ce que c'est … le père noël en mieux cela faisait des années que nous attendions cela il en existait quelques 1 à Paris mais j'étais trop petit pour y aller comme ça, il était rue Carnot purée ! La devanture était bleue et dés que j'avais des sous je faisais tout pour y aller, le second problème était d'y aller, je me rappelle 1 peu des tarifs et des hamburgers proposés je ne vais pas vous saouler en les énumérant mais le « Home » à 17 francs m'avait quasiment ruiné voilà

Par la suite des vrais Mac donald, 1 King Burger et 1 autre truc du même acabit et bon marché, ont pris la relève et l'aventure était finie pour les précurseurs des hamburgers dans le « pays », nos 2 jumeaux avec de bonnes bouilles grassouillettes rigolotes qui roulaient dans 1 espèce de proto Fiat 500 plus petite qu'eux, ont disparu … zut

Le premier truc que j'ai vu à Buc était 1 pizzeria face à la rue Huguier mais c'était trop cher pour 1 enfant de 11 ans avec mes 3 francs 50 d'argent de poche, je me rappelle qu'à la fin de l'année scolaire vers la moitié des

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années 80 les profs du MLK ( collège Martin Luther King de Buc ) madame Guillaume, prof d'histoire, monsieur Vincencini , prof de français et monsieur Smondak, prof de sport, pour ne citer qu'aux, avaient eu la bonne idée de faire des choses avec nous hors du collège, nous sommes aller à Paris, au cinéma, au Mac Donald, à la piscine, à Clairefontaine voir les footballeurs professionnels et à la pizzeria de Buc !

D'ailleurs ...

Dans les années 80 il y avait à Buc 1 géant qui s'appelait Sylvain comme moi

Il travaillait à la pizzeria à coté de la boulangerie du Bas-Buc il servait les pizzas, curieux n'est ce pas ?

J'aurais peur qu'il ne la foutâsse par terre, il faut dire que non seulement il était très grand mais en plus c'était 1 copain punk de mon frère et il avait 1 iroquois ! Il était super sympa ( c'est 1 Sylvain ) il devait toujours se baisser sous les portes ce qui le voûtait 1 peu il était très humble il était le phénomène de Buc de l'époque

Il y avait 1 autre Sylvain, a part moi et notre pizziolo ( les autres ne sévissaient pas … ou du moins pas à ma connaissance ) , Sylvain Rospart, que j'ai connu petit dans les années 70 au judo je faisais du foot à l'AOBuc avec son frère Stéphane, j'ai débuté avec la ceinture blanche avec lui on en faisait ensemble, j'ai malheureusement vite arrêté car je « faisais trop de sport » soi disant et je devais faire des choix compatibles avec l'école, mon partenaire est devenu champion de France ou je ne sais quoi du même genre

Lorsqu'on allait par temps de vent vers la pommeraie dans les années 90 il y avait parfois 1 « bonne » odeur

de cochon c'était l'élevage de la Minière qui parfumait l'environnement, il y avait 1 gros avantage à ce

désagrément c'était le fait que je courrais dans les bois à l'époque et je faisais même des cross hors piste la nuit et bien savez vous que cette infâme odeur porcine avait l'immense mérite de m'empêcher de me perdre sinon de m'égarer, de me retarder, c'était 1 boussole parfaite je pouvais me repérer en toute tranquillité

J'ai passé mon permis de conduire à la fin du 20e siècle avec Odile Commault qui s'occupait de l'auto-école du Val de Bièvre, Odile était la veuve de Michel Commault bien connu des Bucois, le fils de Lucien l'1 des vétérans du village qui a travaillé chez Blériot dès son adolescence et envers qui j'ai le plus grand respect comme son père, Léon, dont ma famille m'a beaucoup parlé élogieusement et bien Odile, avec son charme incroyable et qui était 1 amour avec moi et que j'aurais bien embrassé dans 1 autre vie parce que dans celle ci je me serai pris 1 paire de gifle vite fait, avait pour passagère 1 de mes amies, Bénédicte, qui s'est empafée avec la 205 d'Odile sous le pont des Chantiers au bout de la rue de la Porte de Buc sur 1 autre voiture, avec

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au final du métal broyé et 1 cadavre ... toutefois il semblerait que le décès avait précédé l'impact, malheureuse Odile ! Elle, qui était si sensible a du être épouvantée ! Et Benotte ? Bah c'était 1 punkette alors du moment que ça saigne … j'ai le droit de blaguer avec elle non ?

En 1976 il faisait super chaud à Buc, je ne me souviens de rien j'étais trop petit mais tout le monde me

disait et tout le monde me dit encore qu'il faisait super chaud, quand on dit « 1976 » les Bucois répondent tous la même tirade en choeur « oh il faisait chaud ! », je me souviens juste d'1 truc je marchais tout le temps pied nu du matin au soir et c'était drôlement bon, j'étais 1 singe à l'époque, je peux donc en conclure que les humains ne sont pas plus heureux que les singes, le progrès de l'humanité est 1 piège à con

1 fois il y a bien longtemps ce devait être vers le milieu des années 70 devant l'école Louis Blériot qui à l'époque était 1 terrain d'herbe fraîche très agréable où nous batifolions, j'étais avec des grands gaillards, ils devaient avoir de 6 à 10 ans, des bons gars qui étaient en train de fabriquer et de lancer 1 truc trop génial c'était 1 flèche en espèce de bambou avec 1 bout de laine dans les mains et ils la lançaient à l'envers, je parlais français en ce temps là comme 1 vache espagnole et je comprenais 1 mot sur 2 mais je sais qu'ils parlaient de quelque chose comme flèche traponésienne, flèche aborigène, flèche indonésienne, flèche polyéthylène, … en fait il devait peut être s'agir d'1 variante de flèche polynésienne que j'ai reconstruite en 2011 !

La morale de l'histoire est qu'il faut parfois faire les choses à l'envers comme le roi Dagobert

L'autre leçon c'est qu'il faut se méfier des leçons ! Tout le monde prend pour vrai ce qui est faux en fait

Ma maman n’emmenait jadis dans les années 70-80 au Bas-Buc en

me tenant la main

Je descendais les 100 marches, je passais devant l'église et nous arrivions place de la République pour nous diriger vers la blanchisserie de M. et Mme Pasdeloup et là qu'est ce que ça sentait bon ! Il y avait de la fumée partout j'avais l'impression d'être dans 1 usine gigantesque la plus grande du monde la salle des machines du

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village on était dans les entrailles de la bête ... les marmites du diable, cette merveilleuse odeur de repassage, de coton chaud, de vapeur, embaumait déjà 1 partie de la place de la République car mon nez fin l'humait de loin, c'est marrant je ne me rappelle de ces scènes qu'en noir et blanc pourtant la couleur existait dans les années 70 et dieu sait s'il y en avait, puis nous sortions avec 1 ou des habits recouverts je crois d'1 film transparent comme 1 bulle et nous allions ensuite au dentiste chez le docteur Renaud, à la boulangerie chez René Pichon, chez le cordonnier, m'sieur Gueheuneuc, je l'écris mal mais il était d'1 gentillesse incomparable, parfois on passait chez le père Liadouze, le serrurier, et à la Poste, et surtout surtout … « Au p'tit bonheur » hé hé hé

Tout au fond de Buc il y avait dans les année 70-80 1 terrain de foot qui côtoyait les avions de

Toussus c'était mon terrain de loin favori, l'herbe y était moelleuse, le terrain était petit, le ballon était facile a aller rechercher et il était très bien orienté, en fait on ne jouait que sur celui ci car le premier terrain était 1 pré à vache amélioré sans les bouses mais le sol déplumé par endroit avait 1 coté sécheresse du Sahel pas très hospitalier, les trous de nos taupes qui avaient l'inconvénient de faire rebondir le ballon de travers surprenaient parfois nos adversaires, le terrain stabilisé était, lui, par contre du vrai foutage de gueule excusez du peu mais j'adorais le football pas la torture, c'était même pas drôle

Ce terrain du-bout-du-monde me servait aussi de temps en temps je dois le reconnaître a faire, avec les grands du CES, des expériences de pétards « dynamytos » et de feux d'artifice interdits aux mineurs moyennant quelques « trous d'aération » dans la pelouse pas de quoi fouetter 1 chat

1 jour ce mignon petit terrain du fond a été détruit et le stabilisé je veux dire le débilisé est resté, il est toujours là en 2012, je suis parti en courant jouer pour Vélizy, bon ce n'est pas qu'1 histoire de terrain et puis on avait à Vélizy plusieurs terrains d’entraînement mais leurs stabilisés étaient beaucoup mieux que le notre comme tous les autres d'ailleurs sur lesquels j'ai joué, je pense que nous avions à Buc le pire du district, c'était 1 canular du fournisseur au goût farceur je pense il a dû faire venir de l'ex URSS pour 1 rouble symbolique, nous aurions dû avoir 1 prix car on en avait pas souvent, le prix Charlie Chaplin du football, la cour de la ferme de Buc où picoraient les poulets était plus souple que notre terrain de boules qui faisait davantage penser à la cour de prison de Fleury Mérogis qu'à autre chose, par contre les sons de balles 22 Long Rifle derrière allaient bien avec ( je devrais parler au présent )

1 nouveau terrain de football a été construit dans les années 80 à la place du mignon petit terrain plus beau

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encore que le Parc des Princes, le stade André Dufranne, il était tellement spectaculaire que je me demandais comment donc comment 1 joueur pourrait le piétiner c'était pour moi davantage 1 sculpture géante parfaite 1 sorte de porte avion, tout avait été prévu il était même en direction de la Mecque

La conclusion c'était que un ce terrain n'était pas pour le peuple, pas pour les crotteux, deux que le terrain vert libre devant l'école Louis Blériot avait été détruit, ce qui était du reste 1 faute de goût vis à vis de notre histoire aéronautique et très fâcheux pour nous faire décoller dans la vie, trois que le terrain stabilisé était en effet « stabilisé » ( je comprends mieux son sens ) , quatre que le terrain du fond n'existait plus avec tous les buts que j'avais foutus purée !

Par la suite le premier terrain a été très bien réaménagé, le stade Dufranne a été davantage ouvert aux joueurs de foot, le parc du château a été ouvert et toutes les installations sportives remises en état, on peut dire qu'en l'an 2000 les Bucois ont beaucoup de chance il ne manque plus qu'1 terrain synthétique à la place du terrain stalinisé

Au CES madame Moliexe notre directrice avait donné son accord pour la vente de

croissants à nos chers élèves, la vente se faisait dans 1 des pré-fabriqués sur la gauche quand on retrait, c'était la salle de la caisse du CES en quelque sorte, on ouvrait la fenêtre on ouvrait les sacs transparents et on les retournait et des croissants blancs ignobles tous collés et durs par 20 tombés tout froid sur la table : poc ! Bon ils étaient pas extra extra mais ils n'étaient pas chers ce devait être autours d'1 franc et je les trouvais super bon en réalité, l'idée de manger du carton mangeable me fascinait

Je me rappelle que cette salle avait été cambriolée par des vilains élèves, il avaient pris des trucs dérisoires comme des crayons pourris mais tous les croissants étaient restés en place intacts dans leurs sachets au même endroit ah ah ah !

Aujourd'hui toute l'administration serait convoquée au tribunal pour tentative d'empoisonnement, violation du principe de précaution et violation du droit sanitaire le plus élémentaire, pourtant personne ne fut intoxiqué et j'en garde 1 excellent souvenir

Au CES nous travaillions dans des préfabriqués que j'aimais beaucoup car ils étaient vivants, éphémères et qu'ils me rappelaient les terrains de camping, les vacances, il y avait 1 coté bungalow plage à Tahiti que les

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autres élèves, professeurs et parents ne ressentaient pas du tout mais moi si, le gros bâtiment R+1 avec son bosselage de prison n'avait pas ce punch et puis ces préfabriqués avaient remplacé ceux des allemands pendant la seconde guerre mondiale que les américains puis les anglais ont dû reprendre a leur compte du moins pour ce qu'il en restait car tout le parc avait été bombardé, il ne faut pas oublier que nos préfabriqués était dans 1 sorte de reste de forêt, les arbres ne sont plus du tout ceux que vous voyez aujourd'hui j'avais l'impression d'être dans 1 colonie de vacance ou 1 camp militaire avant l'attaque de la teneur de Papy Boyington et « les têtes brûlées » ( série télé des années 70-80 avec Robert Conrad ) vous me pardonnerez la pauvreté intellectuelle de mes références de l'époque

Ce bivouac était donc à échelle humaine il y avait des petits bouts à gauche et à droite on se baladait dans la nature c'était très agréable cet agencement rappelait les écoles maternelles où tout est à échelle humaine tout à l'opposé du nouveau collège MLK qui est lui, 1 bloc en béton armé compact largué en 1982 tout à l'image de l'administration castratrice de l'Education nationale, 1 usine à étude pour éliminer les inaptes et les marginaux, on met de la céramique dessus au dernier moment pour lui donner 1 air artistique, est ce 1 vengeance d'enfance de l'architecte ? Au fait y avait il 1 architecte ? Des bruits courraient que personne ne savait vraiment mais que c'était trop tard pour faire marche arrière : en fait moi j'adorais mon nouveau collège et je l'aime toujours si si et puis le fait de partager ce cauchemar pour l'oeil avec nos amis Allemands m'a toujours plu on a le sens de l'hospitalité : je pense que le concept est peut être de faire rentrer le plus vite possible les élèves dans l'intérieur du bâtiment où 1 sentiment de soulagement est réel, en fait pour être sincère il y a 1 double bang le sentiment de la chose hideuse recommence à l'intérieur il faut rentrer vraiment dans la classe pour être soulagé et sur ce point c'est 1 réussite

En hiver il fallait parfois être bien couvert mais j'ai toujours aimé ce coté non chochotte de la vie, l'embourgeoisement décadent est aussi laid, égoïste que consternant de bêtise

Je suis retourné dans les années 80 avec d'anciens élèves 1 ou 2 ans après avoir quitté l'ancien CES, dans le R+1, ce monstre administratif aux écailles, je fus très surpris par l'état de destruction intérieur du bâtiment il avait été saccagé de parts en parts, je l'ai constaté ailleurs depuis, comme si les êtres humains avaient 1 besoin compulsif de destruction, de faire la guerre à tout prix, à l'étage supérieur on sentait des odeurs de produits chimiques, il y avait des personnes sur des matelas qui dormaient, les gens disaient autour de moi que c'était des drogués et que ça sentait l'éther et l'alcool pour désinfecter les seringues des piqûres, j'étais traumatisé car j'avais l'impression d'avoir vu 1 mouroir, en fait j'ai mis du temps pour comprendre que les gens

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et le société toute entière ont besoin sans cesse de croire aux sornettes pour bien dormir, ne plus avoir peur, faire comme les autres, pour se sentir le plus fort et le plus beau et le plus intelligent ou pour endoctriner les faibles : on pourrait remplir des pages du nombre de légendes que j'ai entendu à Buc

Il y avait à Buc des petits métiers je ne sais pas si cela existe toujours mais je

donnais à 1 polonaise des habits pour les réparer ou faire 1 travail textile sommaire et du cuir aussi je crois, il y avait 1 roumaine qui faisait des travaux de repassage, il y avait des portugaises qui faisaient le ménage, il y avait des manouches qui rempaillaient les chaises, il y avaient des personnes d'Europe centrale qui faisaient des travaux d'entretien d'espace verts, il y avait dans la ZA du Parc toujours plein de petits travaux possibles par exemple dans les années 70-80 sont sortis les fameux Kodak extra 12 puis extra 22 nous avions fait des photos et pour les développer nous avions 1 laboratoire dans cette ZA, à coté il y avait des portugais qui travaillaient dans le bâtiment ils faisaient aussi des petits bouleaux de maçonnerie, mon père m'a toujours dit que mon voisin chemin de la Geneste faisait de l'horlogerie chez lui avant la seconde guerre mondiale, mon autre voisin « le Clos Blériot » qui était la maison de la fille de Louis Blériot avait 1 jardinier dans les années 70, monsieur Monéger, je l'appelais monsieur Potager, je l'aimais bien il était gentil et toujours content avec les enfants, 1 jour le gros poirier du jardin aux fruits délicieux mais qui abritait tous les ans des nids de frelon a failli lui jouer 1 mauvais tour puisque il a été piqué à plusieurs reprises par ces insectes et a du aller très vite à l'hôpital

Monsieur Monéger avait été fait prisonnier par les Allemands pendant la guerre il avait fait faire en prison des énormes tatouages dans son dos et personne ne le savait sauf ses amis car ils ne les montraient pas ce n'était pas du tout quelqu'1 de superficiel, le plus drôle est que ces tatouages de guerriers étaient tout le contraire de la douceur du personnage qui s'occupait nonchalamment des fleurs, il était bien avant la mode du 21e siècle le premier vrai tatoué de Buc ! Enfin … que je connaisse parce qu'il y en a depuis que la terre existe

Il y avait Hélène mon autre voisine, c'était 1 roumaine, elle était jadis aide ménagère à la ferme du Haut-Buc elle faisait plein de petits bouleaux, elle se régalait de limaces et d'escargots qu'elle mangeait crus paraît il mais c'était peut être 1 légende de plus, elle nous donnait des bonbons dans les années 70 je ne voulais pas les manger car je me disais qu'elle avait tripoté des limaces avant avec les doigts : qu'est ce que j'étais stupide !

Je bazardais les bonbecs devant chez elle en sortant ça devait attirer les fourmis et les limaces tout n'était

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peut être pas perdu ...

Sa baraque était 1 taudis en bois derrière ma maison qui dépassait carrément à cheval sur la route ah ah ah ! Aujourd'hui ce serait impensable bien sûr les voitures se foutraient dedans, à l'époque il n'y avaient que les vaches et les chevaux qui passaient par là et les toutous

Je me rappelle des cantoniers de Buc dans les années 70 et 80 qui travaillaient d'arrache pied pour nous tous et parfois ils me regardaient j'étais très géné car on m'avais dit qu'ils travaillaient pour nous et moi je glandais toute la journée je m'amusais avec mon ballon je me disais que j'étais 1 enfant et que c'était normal et qu'ils ne m'en voudrez pas mais en grandissant la culpabilité n'a fait que s'accentuer mais différemment selon les époques, à 17 ans je m'en moquais j'étais super égoïste à cet âge ce qu'il faisait me paraissait normal, mais peu après j'avais l'impression qu'ils faisaient notre bouleau à notre place et qu'on était des profiteurs, que nous avions 1 devoir citoyen de contribuer chacun à la collectivité et que le droit de vote c'était vraiment de la merde !

Quand j'étais petit je n'étais jamais seul je devrais toujours dire nous

Nous, donc, étions dans Buc à marcher rue Louis Massotte et l'1 des grands a dit au groupe qu'il y avait à

Buc 1 bête féroce, 1 chien-loup, 1 sorte de « Barouge », j'entendais « barre rouge

sang », qui se nourrissait de viande, peut être de viande d'enfant mais là je ne sais pas si c'était moi ou les autres qui m'en avait persuadé, la bête errait sur son territoire dans le bois Barberot, c'était le « chien Barberot », il y avait à Buc 1 autre bête sanguinaire c'était le chien Pagès qui « égorgeait les autres chiens » c'était son boulot, pour moi tout ça c'était pareil c'était des loups amochés, des morceaux de loups et je me collais à mes copains

Plus tard on m'a redit la même légende des chiens aux longues dents, le problème est que les 2 propriétés était devant chez moi et à coté de chez moi, quand je passais à coté de la propriété Pagès, coupée de l'extérieur par 1 palissade totalement close , son chien grognait et aboyait tellement que j'imaginais facilement sa gueule et son apparence à la manière « bête du Gévaudan » de toute façon cette maison était 1 château fort total sur 360° et personne n'avait jamais vu ce qu'il y avait de l'autre coté de l'enceinte, c'était 1 sexe féminin géant ce machin alors que le bois Barberot avait des voies d'accès et même que la porte d'entrée principale de la maison du parc, le château du parc, était toujours grande ouverte comme Moulinsart dans Tintin et c'était ça le problème car cela signifiait que la faim pouvait faire sortir le loup du bois …

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1 jour les grands garçons décident, je crois qu'il y avaient Christophe et peut être Frédéric Cencier, Julien Gonzalès dit « tête de bison » et Clément Gonzalès dit « tête de grenouille », Arnaud Damelincourt dit « tête de cabillaud constipé », moi et d'autres malades du cerveau, d'aller y voir de plus près car cette histoire était suffisamment mystérieuse, terrifiante et louche à la fois pour captiver des enfants et le groupe s'est mis à pénétrer par la porte principale rue Louis Massotte au numéro 6, il y avait déjà à l'entrée 1 ferronnerie avec des pointes partout vouée à faire fuir les plus courageux, on s'est alors avancé sur 1 chemin entouré d'1 sorte de haie végétale et au bout d'1 moment on a pénétré à l'intérieur du dit bois, il y avait 1 des gugusses du groupe qui avait des pétards et des « aloufs » ( allumettes ) probablement Christophe, je crois que j'en tenais débilement 1 dans la main et d'1 seul coup on a entendu 1 bruit, genre craquement de brindilles et là tout le groupe a détalé vers la sortie à toute allure, il me semble qu'on a tenté 1 seconde pénétration avec le même résultat piteux ...

Quand j'allais au Bas-Buc dans les années 70 la place de la République n'était pas comme maintenant, la Bièvre coulait autrement tout a été modifié pour faire oublier la puanteur et la vision d'égout que produisait la rivière qui passait par la place et on peut dire que le résultat m'avait étonné tant le site me paraissait maintenant paradisiaque, ce que je vais dire peut surprendre mais quand j'étais petit j'avais l'impression que Buc était dégueulasse partout, j'avais été à Paris 1 fois avec ma mère au métro Jacques Bonsergent pour me rendre compte qu'il y avait pire, Paris m'a fait découvrir le mot « laideur » il était impossible pour moi que des êtres humains vivent dans pareille horreur et insalubrité, tout était gris, noirâtre, sale et puant, à Buc c'était différent il y avait des bois partout c'était très bien mais hors du bois je n'ai connu Buc enfant qu'en chantier qui se transformait sans cesse, partout sur le plateau où je vivais dans les années 70, les enfants adorent les chantiers ce sont des espèces de terrain de jeu géant avec plein de grosses machines rigolotes mais je ne devais toucher à rien nom d'1 pipe ! sauf le sable au sol avant le recouvrement par du bitume je m'en rappelle très bien de ce sable grossier que je prenais dans mes mains pour le laisser glisser entre les doigts rue Collin Mamet, qui s'appelait rue du Fort en ce temps là, ou à Jolie Ferme où j'ai du perdre 1 petit soldat il faudrait que je défonce ce foutu goudron de surface 1 de ces 4 matins pour le retrouver mais je ne sais plus où c'est tout le problème

Ensuite lorsqu'on descendait au Bas-Buc il y avait toujours avec la Bièvre ces odeurs de toilettes que j'associais au Bas-Buc, d'ailleurs je regardais toujours de travers les Basbucois de peur qu'ils ne s'appro-chassent trop près ...

Je redoutais les gens d'en bas, la populasse de la « cuvette », j'aimais bien seulement chez moi, chez mes

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copains c'est à dire Hautpré et Jolie Ferme avant tout, mon école , le château et la forêt et surtout les chambres et surtout les lits qui rebondissait

Je me rappelle que mon frère et moi faisions beaucoup de maquettes d'avion c'était notre

grande passion on était dingue de la seconde guerre mondiale, il y avait des livres, des armes à feu en jouet, des dessins, des revues, des costumes, des BD et tout plein de choses qui s'y rapportaient autours de moi, tout le monde le savait et on nous offrait, parce qu'à l'époque nous étions gâtés, des maquettes et des bricoles de guerre, notre dada

1 jour dans Hautpré je rentrais de la bibliothèque rue Jules Massenet avec mes BD sous le bras, j'ai trouvé 1 gant d'enfant avec écrit dedans « Landreau » juste devant la maison Bénardin, rue Charles Gounod, je le ramène à la maison et mes parents me disent alors de le ramener vite chez son propriétaire en me donnant l'adresse à Hautpré, je fais toc toc et 1 grand bonhomme me dit merci et subitement me lance : « C'est vrai que toi et ton frère vous avez plus de 50 maquettes de guerre peintes et fignolées comme des bijoux ? Et ben moi j'en ai plus de 100 viens voir ! »

En effet le lascar n'avait pas menti bravo je lui dis alors que nous, j'étais juste 1 misérable assistant, faisions en bois des mitraillettes américaines Thomson et bientôt peut être des allemandes, des MP 41 « Schmeisser », je crois qu'il a, lui ou son frère, commandé à mon frère 1 modèle pour le montant prévu au « catalogue » et voilà qu'1 jour, d'ailleurs c'était peut être avant, je vois débouler à la maison les frères Cahours de Hautpré qui étaient potes avec les Landreau, je devais avoir 6-7 ans je ne sais plus, les types ils avaient des vraies armes noires en métal « qui viennent de Suisse », des flingues, des grenades et tout le bazar …

Dans ces années 70 nous allions aussi enfants à Versailles qui n'était que le

prolongement obligé de Buc notamment en matière de commerce, on allait pas à SQY non c'était la Ville nouvelle dans toute son hidosité à l'opposé du terroir et de cette histoire tant recherchée et vivante par tous ses siècles d'émotions, ma mère allait toujours dans les mêmes endroits, « le Prisunic » où elle achetait des bricoles, la boulangerie à coté de la mairie qui vendait du « gâteau lorrain » et on avait droit à 1 part c'était 1 sorte de gâteau de savoie fourré à la crème pâtissière et recouvert de sucre et ça valait presque rien, on allait toujours passage des 2 portes il y avait 1 magasin qui s'appelait « le p'tit train » avec 1 train électrique qui

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avançait dans la vitrine sur 1 circuit et des jouets d'antan autours il y avait 1 marchand de café tout au bout qui sentait tellement bon que je refusais de m'en aller et il y avait le coiffeur, le salon de coiffure de monsieur Prat, 1 Bucois de longue date qui passait à la maison mes parents commandait toujours « la boule à zéro », on était dans les années hippies 1970's, j'avais la honte de ma vie à chaque fois que je sortais du salon car ça faisait ringard plouc, quant à mon arrivée à l'école n'en parlons pas !

Par contre j'aimais beaucoup monsieur et madame Prat, madame tenait la caisse et passait le balai pour enlever les cheveux qui tombaient comme on raserait 1 mouton, la coupe était impeccable évidemment et c'était très agréable surtout avec le coupe-choux sur le cuir avant de raser derrière on entendait « zip zip zip » puis il mettait de l'eau sur la peau et « schlik schlik » c'était fait mais 1 peu plus lentement quand même ... c'était 1 vrai bonheur ce qui est paradoxal, au mur il y avait des cadres en verre de pub partout « Petrol Hann » ou quelque chose comme ça, je ne comprenais pas ce que le pétrole de l'Amoco cadiz venait faire là sur les cheveux, ensuite il y avait autre chose de bien c'était le cuir et l'ambiance de western ne me demandez pas pourquoi ! Puis on allait aussi à la mercerie « Petit jean » avec des mémères c'était marrant car c'était le nom d'1 costaud à Buc bagarreur mais respecté et qu'il ne fallait pas trop énerver il était réputé soi disant pour avoir réussi à déplacer à bout de bras 1 pierre gigantesque, c'était la légende du roi Arthur à la bucoise, on allait aussi au marché bien sûr chez « Kin't », à « La Marée » et compagnie et parfois à « La Hutte » rue de la paroisse qui vendait tout le nécessaire pour le camping, le sport et l'aventure, mais surtout le clou de la sortie c'était « Au bois joli » rue de la paroisse mais du coté château, c'était le vendeur de jouets et surtout de maquettes c'était mon principal fournisseur attitré de modèles réduits en plastique ...

Nous prenions donc le bus, je crois que c'étaient les bus Gillet, tenus par le fils

du maire de Buc, dont le conducteur s'appelait Maurice, 1 ami de mon père, toujours parfaitement coiffé et gominé avec 1 air sévère, Maurice il ne fallait pas lui marcher sur les pieds son allure fière me faisait penser à 1 chef de la mafia et bien pourtant le plus comique c'était qu'à chaque fois qu'il passait devant la maison et qu'il voyait mon père dans le jardin il arrêtait net le bus dans le virage du carrefour Collin Mamet ex rue du Fort et papotait quelques instants tranquillement et ça pouvait durer longtemps ! Je voyais la tête des passagers à l'arrière ha ha ha !

Pire ce Maurice était si aimable avec ma maman qu'il nous arrêtait toujours devant notre grille en plein virage il n'y avait pas d'arrêt et alors ?

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Par la suite 1 autre chauffeur a mis la main à la pâte, c'était « frisette », il n'était pas, lui, 1 ancien du patelin, mais tout le monde connaissait frisette, il était sympathique mais sobre nous l'aimions bien, il a dû en baver avec les jeunes car le bus était le défouloir à la sortie de l'école c'était le lieu où je riais le plus car c'est avant et après les cours où il était interdit de rire, en plus toute était réuni pour s'amuser à commencer par l'attente du bus qui 1 zone morte de transit où on ne sait pas quoi faire ensuite le fauteuil chaud et confortable cote à cote devant le spectacle télévisuel de la rue incite à la rigolade et puis on retrouvait nos copains, je me rappelle qu'il y avait des périodes dans l'histoire de Buc et des horaires plus ou moins malheureux pour les chauffeurs … mais je dois reconnaître que je n'ai jamais vu de violence ni de vandalisme en 20 ans d'usage à la différence des banlieues ou de Paris où c'était 1 enfer, 1 jour toutefois 1 de mes amis m'avait dit que frisette avait littéralement arrêté le bus en pleine route et avait chopé au fond du bus 1 jeune qui mettait le foutoir ou qui l'appelait « frisette » je ne sais pas

1 lieu fascinant qui m'appelle c'est le cimetière de Buc il est beau et c'est 1 annexe du service des archives mais en dur pas en papier, de plus les défunts sont vraiment là sous nos pieds, tout est vrai, alors j'accompagnais mes parents pour entretenir la tombe familiale et ce qui me surprenait le plus c'étaient les tombes de l'entrée qui étaient des tombes en métal du 19e siècle avec des croix en ferronnerie et des grilles tout autour comme 1 parc pour bébé, il y en avaient plusieurs j'avais l'impression que c'était 1 sorte de musée de la ferronnerie ou de concours de métallerie chaque candidat présentant son œuvre, il y avaient de petits mausolées et des petites maisons en béton avec des croix énormes et plus on avançait en direction de l'étang plus le fer et la maçonnerie cédait la place à des tombes classiques dont les premières étaient en pierre puis en marbre à la mode d'antan puis en marbre à la mode contemporaine, on rencontrait quelques rares tombes en terre c'étaient des tombes d'agriculteurs ? Non en fait je croyais que c'étaient parce qu'ils n'avaient pas payer leurs impôts, les tombes les plus récentes étaient en général tout au bout et ma famillle était donc tout au bout maintenant on est presque au 2 tiers du cimetière !

Tous les enfants comme moi ne pouvaient s'empêcher à chaque qu'on y allait d'élire la plus belle tombe enfin les plus belles tombes alors je passais de rangées en rangées sans cesse pendant que mes parents faisaient ce qu'ils avaient à faire et je m’asseyais sur les tombes pour trouver la plus confortable c'étaient des bancs après tout pour observer les tombes mais il ne valait mieux pas se faire voir par les parents ...

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Mes parents m'avaient amené au centre aéré de Guyancourt, Saint Quentin

comme on disait, dans les années 70 et ils m'avaient amené nager à la Minière, c'était la mer à Buc mais versus Saint Quentin en Yvelines comme cette ville nouvelle savait si bien le faire … c'était à coté de notre étang de la Geneste et de celui du Val, aujourd'hui c'est 1 plan d'eau réservé à la régénérescence de la nature, la différence avec la mer n'était pas les mouettes il y en avaient ! C'était surtout le sol car on ne descendait pas dans l'eau sur du sable chaud mais sur 1 pente en béton coulé à la tonne comme 1 décharge publique je me rappelle y avoir été 1 ou 2 fois j'avais l'impression que c'était 1 port on profitait que les bateaux était partis pêcher pour faire trempette mais je faisais super attention aux crabes qui n'existaient pas je ne sais pourquoi j'avais cette fixation sur les crabes, je suis rentré peut être 1 fois dans l'eau pour pisser et je suis ressorti en courant

Cet étang a été fermé, en 1977 je crois, pour des raisons d'hygiène

Mes parents m'avaient donc embringué au centre aéré de Guyancourt vers 4-5 ans car il n'y en avait pas à Buc dans les années 70 seulement le problème c'est que je vomissais à chaque fois là bas, j'avais 1 mécanisme physiologique, que l'on pourrait presque qualifier d'immunologique, consistant a me faire vomir dés que j'étais mal quelque part et SQY c'était pas mon truc … alors SQY m'a rapatriait rapidement à Buc et je n'y suis plus jamais retourné

Mon péché mignon c'était les croissants et tout se grignote dans les boulangeries

Le père Pichon, notre boulanger, faisait quelque chose de bien il nous amenait le pain et

les croissants à domicile avec sa camionnette et son klaxon pouet pouet !

Il se mettait à l'entrée de la rue de la Ferme et klaxonnait, le dimanche matin j'avais le droit à 1 croissant alors parfois je l'attendais déjà devant ma grille miam miam !

J'avais 1 fantasme et j'en avais parlé à 1 ami, cette idée consistait a mettre dans le virage de l'épingle à cheveux des peaux de bananes pourries, des clous ou je ne sais quoi pour faire renverser la camionnette du père Pichon avec tous les croissants après quoi pendant que mon ami allait secourir le boulanger moi je ramasserais tous les croissants sur la chaussée pour les mettre dans mon sac et on partagerait le butin : bien joué le problème c'est qu'il pouvait se faire mal donc 1 autre tactique consistait à mettre 1 truc sur cette route

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pour qu'il s'arrêtasse, pendant ce temps on prenait plein de croissants à l'arrière ... quoi ? Qu'est ce qu'il y a ?

Quand il changea de camion pour prendre 1 sorte de « trafic » moderne il me vint à regretter son ancienne camionnette à tôle ondulée, son frigo à roulettes des années 60-70, mon désir était de la voir exposée dans la mairie, au CCA ou sur la place de la République comme 1 sculpture

Puis quand Pichon cessa son activité je décidai d'écumer tous les boulangers des villes alentours et des villages où je me rendais pour essayer de retrouver le goût des croissants Pichon d'antan

Sylvain Damelincourt, le 11.07.12