MOI JE SUIS PLUTÔT UN POÈTE - Sappel

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LE SAPPEL Chrétiens du Quart Monde n°80 février 2011 MOI JE SUIS PLUTÔT UN POÈTE Éditorial J’ai fait connaissance d’un homme qui a beaucoup galéré dans sa vie, quand je lui demande des nouvelles de son travail en CAT (centre d’aide par le travail), il me dit abruptement : « Moi, je suis plutôt un poète ! L’autre jour, je n’avais pas le moral pour sortir de chez moi. Dans la cour de l’immeuble je suis surpris de voir une fleur, je me suis arrêté, et puis un oiseau est venu picorer la fleur… Cela m’a fait sourire, le moral est revenu, je suis reparti à mon tra- vail ». J’ai alors pensé à cette phrase d’un sage africain : « Je vous sou-

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LE SAPPEL

C h r é t i e n s d u Q u a r t M o n d e

L'amitié

C'est un geste,Un mot au bon moment.C'est l'oreille qui écoute,Le coeur qui attend.C'est un regard qui dit : « je te comprends »C'est la tendresse et l'émoi en dedans.C'est l'espoir que l'on garde à tout moment.Cette amitié qui devrait durer éternellement.C'est tout cela et encore plus,La vraie amitié.

Roland Migeot,Namur.

COMMUNAUTÉ DU SAPPEL • GRANGE NEUVE • 38200 CHUZELLESTEL 04 74 57 94 27 • CCP 833 83 G LYONEMAIL : [email protected] • WWW.SAPPEL.INFODIR. DE PUBLICATION : D. PATURLE • DÉPÔT LÉGAL : 1er TRIM 2011 • ISSN : 0999-641IMPRIMERIE VASTI-DUMAS • 42010 ST-ETIENNE • N° IMPRIMEUR : V006947/00

n°80février

2011

MOI JE SUIS PLUTÔT UN POÈTE

Éditorial

J’ai fait connaissance d’un homme qui a beaucoup galéré dans savie, quand je lui demande des nouvelles de son travail en CAT(centre d’aide par le travail), il me dit abruptement : « Moi, je suisplutôt un poète ! L’autre jour, je n’avais pas le moral pour sortir dechez moi. Dans la cour de l’immeuble je suis surpris de voir unefleur, je me suis arrêté, et puis un oiseau est venu picorer la fleur…Cela m’a fait sourire, le moral est revenu, je suis reparti à mon tra-vail ».J’ai alors pensé à cette phrase d’un sage africain : « Je vous sou-

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haite du fond du cœur de retrouver le sens de l’angoisse de-vant le soleil qui meurt. Je le souhaite à l’Occident, ardem-ment. Quand le soleil meurt, aucune certitude scientifique nedoit empêcher qu’on le pleure, il faut se demander s’il renaî-tra ! Vous, vous mourez lentement sous le poids del’évidence. Je vous souhaite cette angoisse, comme une ré-surrection. »

Dominique PATURLE

Septembre :- quatre jeunes (22-26 ans) rejoi-

gnent le Sappel pour une annéedans le cadre du service ci-vique.

- Jubilé de Suzanne Struss, sœurde la Bonne Nouvelle à Toulouse.

- Fête de rentrée de la paroisse dela Duchère (Lyon 9e). Nous lesaccueillons à Chuzelles où nousjouons la pièce de théâtre :«Suivez Willy».

- Naissance du groupe de prièredu Sappel à Vienne (38).

- Fête de rentrée de la paroisse deMarcy l’étoile - Ste Concorce(69).

Nous témoignons au cours del’Eucharistie et animons desgroupes de réflexion.

Octobre :- Journée de rentrée du Sappel à

Chuzelles. Nous nous retrou-vons 150 personnes pour relan-cer les différentes activités.

- Voyage en Algérie. Le Diocèse

d’Oran invite Pierre et GenevièveDavienne pour rencontrer lesplus pauvres et animer une ren-contre d’étudiants avec la ges-tuation.

Novembre : La paroisse de Pont de Claix -Echirolles (38) nous invite à ani-mer leur fête de rentrée avecpour thème «Face aux précarités,l’Evangile nous presse». (voirpage ?)

Décembre : - invitation du Réseau Ignatien à

Grenoble sur le thème«Comment discerner un agirjuste dans un monde sans re-père». Animation d’un atelier :«Nos relations avec ceux quisont aux frontières».

- 31 décembre : Fête de la Paix àGrange Neuve. Nous étions 150parents et enfants à entrer dansla joie à l’occasion du passage àla nouvelle année.

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Nouvelles brèves…

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" Joseph c’est quelqu'un de notrefamille, on est passé par où il estpassé ! Nous aussi on vit deschoses difficiles; on est souvent entrain de se disputer, de se faire dumal. On vit la même vie qu'il avécue, il y a des milliers d'années.De toutes façons, on lui ressembleà Joseph : il a eu des blessurescomme nous."" Ce qui m'a marqué leplus, c'est quand sesfrères organisent uncoup pour mettre Jo-seph dans le trou au lieude le tuer. "Chemin de fraternitésemé d'embûches oùDieu se fait présent à nos côtés etnous invite à nous glisser dans sonamour pour peu à peu accueillir undésir du pardon :"Ma mère m'a fait tellement souf-frir que je ne peux pas pardonner,elle m'a fait subir trop de choses.Dieu veut qu'on pardonne, je vou-drai pardonner mais c'est commesi je n'y arrivais pas. J'ai encore

peur aujourd'hui que ma mère merefasse du mal. Je sais qu'il fautpardonner mais je ne sais pas com-ment il faut faire. "En effet, il peut être long ce chemindu pardon :" Pour pardonner, ilm'a fallu des années…Ca ne se faitpas du jour au lendemain."Dans l'un des groupes de partage,

une jeune femme a ex-primé son impossibilitéactuelle à pardonner.Une autre participantelui a répondu avec unegrande simplicité : " Il ne faut pas direqu'on n'arrivera pas àpardonner, ça va venir.

La haine, c'est épuisant, tu nepeux pas la garder tout le temps.Tu te détruis en toi, tu ne cherchespas d'ouverture, tu es dans unpuits, tu es comme dans une cage.Le Seigneur lui aussi a souffert surla croix."" Il faut des années pour pardon-ner ; au début on est violent, onhait la personne qui nous a fait du

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Le pardon,chemin de re-naissance

La

pard

on...

A la maison du Sappel dans l'Ain, un temps de retraite est proposé àquelques familles. Nous avons approfondi le thème abordé tout au longde l'année au cours des Journées Familiales : "Avec Joseph, devenir frèreset sœurs". Ce récit biblique du livre de la Genèse rejoint profondémentla vie bouleversée des familles :

Pourpardonner,il m’a falludes années

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mal. La haine, ça fait du dégâtpour les autres et pour soi-même.On veut boxer tout le monde au-tour de soi, on en veut au mondeentier, même à ceux qui n'y sontpour rien. La haine se répercutesur les autres, c'est comme si onétait dans un trou…Pour passer à une autreétape, je me suis occu-pée de moi, j'ai tracémon propre chemin et jesuis allée à Lourdes. Enfaisant le Chemin deCroix, je me suis mise àla place de Jésus à chaque sta-tion… J'ai senti comme une voixqui me disait "Pardonne-lui…"J'ai pleuré et j'ai senti que je pou-vais pardonner. J'ai été libérée dece poids de haine. J'ai reprisconfiance. Maintenant j'aime la viegrâce au chemin que j'ai fait. Jen'ai plus peur du noir… Avantj'étais comme dans un puits,

comme Joseph… J'étais claustro-phobe parce que l'on m'avait en-fermée dans un placard quandj'étais enfant. Maintenant, je peuxfermer mes volets et je peux aussialler dans des endroits où je nepouvais pas aller…

Maintenant j'aiconfiance en Jésus quim'aide, j'ai confiance enmoi et dans les gens quim'entourent. Je sais queJésus est avec moi dansles peines comme dansles joies. Il jaillit dans

mon cœur. Je me sens libérée decette souffrance, je me sens libre."Quelle profondeur dans ce témoi-gnage, là où il paraissait n'y avoirque souffrances, le pardon ouvredes chemins de jaillissement de vie,de re-naissance.

Marie-Noëlle LOPEZ-DUBEUF

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Il jaillitdans mon

cœur

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Préc

arit

és…

La paroisse était déjà très engagéeavec les immigrants sans papier,mais elle voulait réfléchir à la pré-sence des personnes en précaritéqui habitent la commune, et leurplace dans la paroisse, commentles accueillir ? Nous avons été trèstouchés par la profondeur de leurrecherche.Ce fut l’occasion de réunir les asso-ciations déjà engagées dans la soli-darité: Activ Présence, une branchede Fondacio, Foi et Lumière, LaRuche, Secours Catholique, collec-tif Handicap de Claix,Equipe lumière, Afri-cains…Pour démarrer la journéenous avions donné l’idéede commencer une tapis-serie. Chaque participanta été invité avec deux au-tres personnes à faire unetresse à trois brins qui a été ensuiteinsérée dans la trame. Au fil desrencontres la tapisserie va grandirsymbolisant le tissage de la frater-nité.« C’était une invitation à ce quetous les fils entre nous, fils cassés,

fils fragiles, retrouvent leur cou-leur et leur force. » a souligné leprêtre dans son mot d’accueil.

Des témoignages Trois personnes du Sappel ont in-troduit la journée: Notre vie de galère : « Le regarddes gens nous pèse, on se sent vitedéconsidéré par le mépris et les pa-roles blessantes, la honte nouscolle à la peau » ; Nous avons la foi et l’Eglise est im-portante pour nous : « Quand on

est seul on a du mal à seraccrocher à Dieu, onn’a plus rien, on déses-père. Avec d’autres onpeut prier, ça donne ducourage, cela soulage latête et Jésus travaille lecœur »Ce nous vivons avec le

Sappel : « Pour nous c’est commeune famille, on ne donne pas d’ar-gent, pas de vêtements, mais on sedonne beaucoup d’amour. » Ce fut un moment intense, passéeau creuset de la souffrance, ces pa-roles étaient fortes, et chacun était

Chacunétaitfier

Face aux précarités,l’Evangile nous presse !

« Toute l’Eglise tend à promouvoir le développement intégral del’homme quand elle annonce, célèbre et œuvre dans la charité » Le dio-cèse de Grenoble invite ses paroisses à s’engager dans cette mission. C’estainsi que la paroisse Charles de Foucauld de Pont de Claix-Echirolles ademandé au Sappel de les aider à organiser une journée dans ce sens.

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fier de s’adresser à un public deplus de 200 personnes. Une pa-roissienne, qui avait été il y aquelques années, jeune animatriceau Sappel est venue féliciter unedes femmes qui avait témoigné :« Je ne te reconnais pas, avant tuétais toute timide, on entendait ja-mais le son de ta voix etaujourd’hui je te voisparler à la foule avec as-surance. »

Les groupes de partageAvec la question : Est-ceque je rencontre des per-sonnes en situation deprécarité qui ont du mal à trouverleur place dans nos quartiers, dansnos communautés chrétiennes , etqu’est-ce que j’apprends d’elles ?Les groupes étaient mélangés : va-riété d’une paroisse, mais aussi denombreuses personnes en diffi-culté. Beaucoup ont parlé de lapeur de la rencontre. Il n’est pasfacile d’aller spontanément versl’autre, cela demande du courage.Mais quand le premier pas est fait,il y a beaucoup de joie : « A laboulangerie, il y avait un hommecostaud qui mendiait. Au lieu delui donner la pièce, je lui « ai tendula main », je lui ai proposé dem’aider au jardin et cela a été ledébut d’une longue histoire.C’était un ROM, je l’ai aidé à faireses papiers. Il habite toujours unecabane dans les bois. Je suis im-pressionné par son courage, sabonne humeur, sa capacité de nepas se laisser abattre par les diffi-

cultés. Cela m’a remis en question,et j’ai mesuré que ma capacitéd’accueil avait des limites. Avec mafemme, il y a eu des difficultés, carelle était plus craintive que moi, etcela m’a obligé à être plus prudent.Notre relation a été mise àl’épreuve, mais finalement je

m’aperçois que laconfiance dans le couplea grandi».Les gens en précarité at-tendent toujoursquelque chose de nous :« un bonjour », qu’onleur tende la main, maison a peur de s’engager,

de ne pas savoir où cela va nousmener. Une personne qui a connubeaucoup de difficultés réagit alorsavec force : « Ca va nous amenerlà (en montrant la croix), ça vanous mener sur le bois de lacroix !»

La collaboration avec les grandesassociations caritatives.On a trop tendance à se déchargersur elles. Nous devons nous aussiprendre notre part, mais en colla-boration avec elles : pour prendreconseil, pour assumer des pro-blèmes qui nous dépassent (Loge-ment, santé…).Ce fut une journée très forte, caron sentait que chacun acceptaitsincèrement de se poser de vraiesquestions et de s’engager à faire unpas en avant, de ne pas être seule-ment dans le dépannage, maisdans la vraie rencontre avec la per-sonne en difficulté.

Cela m’aremis enquestion

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Sans

con

fess

ion.

..

La première fois que je vis Marce-line avec une robe à fleurs, je n’enrevins pas. J’avais toujours connucette vieille femme, toute habilléede noir. Elle était notre voisinelorsque nous habitions à la cité detransit du Fort Rouge. Elle enra-geait quand les enfants de la citéabîmaient les plantes qu’elle soi-gnait avec tant de patience. Sonmari, André, avait clôturé leur pe-tite maison comme unbunker, fatigué par lesintrusions des adoles-cents qui venaient leurvoler les cerises quandc’était la saison et leurjeter des cailloux lereste de l’année.Nous nous étions appri-voisés par le sourire et les saluta-tions sur les pentes du Faron.Quand elle remontait ses courses,je lui proposais de l’aide et nousavions fini par sympathiser mêmesi elle pestait toujours contre lesenfants dont nous nous occupions.Lorsque André fut emporté parune grave maladie, elle se fit en-core plus proche. Nous étions de-venus un peu comme sa famille et

elle commença à se confier. Elleavait une manière de parler où lebon sens l’emportait toujours.Ce jour-là, comme elle avait re-marqué ma surprise devant sarobe à fleurs, elle me dit vivement :« Eh bien, ça vous étonne qu’unevieille femme puisse devenir amou-reuse ? » Je ne savais que lui dire.Elle avait rencontré Tony, un frin-guant jeune homme de quatre

vingt ans. D’originecorse, il avait gardé uneallure très élégante. Ilsavaient fait connaissancedans le bus. « N’allezpas vous imaginer deschoses ; à nos âges, c’estsurtout pour le plaisird’être ensemble et de ne

pas être seuls ? Faut pas croire, latendresse c’est important ! Plus en-core que l’eau et le soleil pour lesplantes vertes ! Mais ça seraitquand même bien si on pouvait semarier à l’Eglise. »Il était inimaginable qu’ils se ma-rient civilement, car elle risquait deperdre le peu de retraite de sonprécédent mari décédé. J’essayaisdonc de lui expliquer qu’il fallait

Le Bon Dieu sans confession

La tendressec’est

important

Nous publions un extrait du livre de Gilles Rebèche, diacre du diocèsede Toulon-Fréjus, « Qui es-tu pour m’empêcher de mourir ? » Ed del’Atelier,p86 (ce passage est illustré par nos soins, par Olivier Lejeune).

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faire quelques démarches et s’ypréparer un peu. « Ce que vouspouvez être compliqués parfois »me répondit-elle, et elle s’en allacomme elle était venue. Je restaissongeur. Je n’oubliais pas ce qu’elleavait dit à Mgr Gilles Barthe lejour de mon ordination : « Mercide l’avoir fait diacre ! Pour nousc’est comme si le Bon Dieu, il s’in-téressait enfin à nos vies. Il paraîtparfois si loin ! »J’avais compris plus tard ce que si-gnifiait ce « si loin » pour Marce-line. Elle m’avait confié que sarobe noire, c’était en fait le deuilde son premier amour qu’elle por-tait. Elle avait été fiancée dans sajeunesse à un garçon parti à laguerre. Que Dieu lui semblait ab-sent ! Et surtout il n’aurait pasfallu lui dire que Dieu était« l’Amour ». Et ce n’est qu’unefois veuve, officielle-ment, qu’elle retrouva sajeunesse. Tony arrivaitdans sa vie, comme uncadeau du ciel.Quelques temps plustard, j’assurais une per-manence dans l’église deBeaucaire, un quartierpopulaire de Toulon. Le curé étaitabsent, il m’avait demandé de luigarder le presbytère et l’église pourprévenir d ‘éventuels actes de van-dalisme dans cette zone « sensi-ble ».Je ne sais comment Marcelinel’avait appris. Toujours est-il queje la vis venir frapper à la porte du

presbytère, bras dessus bras des-sous avec Tony en costume blanc,chargé d’un beau bouquet defleurs. « Ah vous êtes là, me fit-elleavec un air entendu, on passaitdans le coin, et on voulait mettredes fleurs à l’église. Est ce que c’estpossible ? »En fait, elle voulait aller se recueil-lir devant la statue de la ViergeMarie. Quand j’eus trouvé un vasepour le bouquet, elle se blottitcontre Tony et me dit avec une cer-taine autorité : « Faites pour nousune belle prière, comme vous savezles faire ». J’improvisais quelquesmots : « Sainte Marie, Mère detoute tendresse, voyez commeMarceline et Tony sont heureux !Ils veulent vous dire merci pour cetamour déposé en leur cœur. Pré-sentez à Jésus, votre Enfant, toutle temps qu’il leur reste à vivre

dans la joie. Qu’il les bé-nisse et les protège ! Ac-cueillez ces fleurscomme le signe de leuraffection et de leur foien l’amour de Dieu !Amen ! » J’avais à peinefini la prière qu’ils meserraient l’un et l’autre

dans leurs bras, pleurant à chaudeslarmes et me couvrant de baisers.Et sans rien attendre d’autre, je lesai vu repartir en se donnant lamain, et répétant plusieurs fois :« Ah merci, merci, merci ! »Je réalisais, stupéfait, que dans leurcœur, c’était comme si je venais decélébrer leur mariage. Rien n’était

Leur foi enl’amour de

Dieu !

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vraiment « en règle », mais c’étaitainsi ! Je restais ensuite de longuesheures dans cette église Saint-Mi-chel à prier et à méditer sur cetévénement, en pensant non seule-ment à Marceline et Tony, maisaussi à toutes les personnes âgées,seules oubliées. La diaconie nepouvait pas se construire sanselles.

Je me rappelai alors une réflexionde Marceline répondant à sa fillequi lui demandait : « C’est quoi undiacre », quand je venais préparerles obsèques d’André. Elle lui avaitrépondu : « C’est quelqu’un qui tedonne le Bon Dieu sans confes-sion ! »

Gilles REBÈCHE

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La

dign

ité…

Il y a quelques années, dans unerue de Vénissieux (Rhône), deuxvoitures de police, avec girophareen fonction sont garées devant unabri-bus. Un homme est étendu. Jereconnais Daniel L. Il y a une di-zaine de policiers, dont desfemmes; ils le regardent de haut,les bras croisés, lui, étendu parterre. Ils ont du lui demander sespapiers, car il a ouvert son porte-feuille et appuyé sur un coude, illes étale sur le trottoir. Il grom-melle, hagard. Il n’est pas bien dutout. Je m’approche. Les policierssont étonnés, soupçonneux, ils medemandent si je le connais. Ilsprennent son identité et me de-mandent si je vais m’en occuper. Jele soulève et le ramènechez lui, dans un foyerSonacotra où il a peurde se rendre. Les occu-pants, pour beaucoupimmigrés, se moquentde lui et le rackettent. Ila une énorme brûlure àla main gauche.Quand il s'agit de parlerde dignité je repense à l'événementde ce jour-là. Un homme par terre,perdu, et d'autres, gardiens de lapaix, debout, fiers, dignes... Per-sonne qui l'ait relevé. Est-ce l'ha-

bitude de considérer certainshommes comme des êtres couchés,inférieurs, incapables de se dresser,de tenir leur rang. Il avait du boireun peu de trop mais est-ce une rai-son de le laisser à terre ? Où était ladignité ? Qui en était porteur ?La question de la dignité renvoieimmédiatement à la question dumérite, donc de la séparation. Toutle monde est-il digne d'être digne ?Certains sont-ils plus dignes qued'autres ? Si oui, s'agit-il vraimentd'une même humanité entre lesdignes et ceux qui sont, osons lemot, les indignes ?

La dignité : un absolu lié à la vie.Daniel a cinquante et un ans. Il vit

seul. Ses frères et soeursne peuvent plus suppor-ter ses éclats, ses de-mandes d'argent sanscesse réitérés. Mis soustutelle, il a pu avoir unlogement, mais là, "fai-ble", il a accueilli despersonnes à la rue et afini par se faire mettre

dehors par ceux-là même qu'ilavait accueillis. Il parle de lui à latroisième personne : " Il est gentilDaniel." Il dit toujours "oui" àtout mais fait absolument comme

Tout lemonde est-ildigne d’être

digne ?

La dignité humaine

Nous publions des extraits d’un article rédigé par Pierre Davienne dansune revue de la faculté de théologie, Théophilyon de septembre 2008.

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il veut. Aucun projet ne tient aveclui. Rien ne marche. Toutes les ten-tatives de "réinsertion" ontéchoué. Il marche dans les ruestoute la journée à la recherched'on ne sait quoi. Il a toujours desblessures aux jambes, à la tête. Iltombe à cause de l'alcool, maisaussi se blesse, se cogne.D'une certaine manièreil devrait être mort de-puis longtemps, de sui-cide, d'accident, d'unemauvaise alimentation,bref, d'une vie de mi-sère. Mais il est vivant.Ce qui est surprenant,c'est qu'il soit encore envie à cinquante et un ans. Il y acomme un refus de la mort qui nese fonde pas sur une pensée, surune morale, sur un engagement ci-vique. Il n'a pas les moyens de toutcela. Qu'est ce qui reste quand on n’aplus rien : la vie. Aucune explica-tion de type sociologique, psycho-logique, religieuse ne peut rendrecompte du mystère qu'est Daniel.Il vit. Il a en lui une bonté, unebeauté qui dérange. Il porte en luicomme un refus de ce qui n'est pashumain, un refus d'une culture quiaccepte l'idée de déchet humain,qui accepte que des humains vi-vent dans le froid, la faim et le sen-timent de malédiction. Il nousdisait au cours d'un partage :"Quand on est là, comme cela,tous ensemble, on est en vie éter-nelle." Il était encore capable denous enseigner que ce que nous vi-vions ensemble avait une valeur in-finie. Il était capable de rejoindre,

de toucher des personnes extrême-ment différentes de lui, et de leurparler d'une humanité commune.

Cela rejoint les options de base dumouvement ATD quart-Monde :"Tout homme porte en lui une va-leur fondamentale inaliénable qui

fait sa dignité d'homme.Quels que soient sonmode de vie ou sa pen-sée, sa situation socialeou ses moyens écono-miques, son origine eth-nique ou raciale, touthomme garde intactecette valeur essentielle,qui le situe d'emblée au

rang de tous les hommes. Elledonne à chacun le même droit ina-liénable d'agir librement pour sonpropre bien et pour celui des au-tres."C'est l'affirmation d'une dignitéfondamentale et donc d'une com-mune humanité qui fonde la capa-cité à faire grandir l'humanité enchacun et pour tous ; et non l'in-verse.Comme le fait remarquer JeanFrançois Matteï à juste titre :" ARome le mot "dignitas" désigne lemérite attaché à une fonction ou àun office. Et par conséquent laconsidération et l'estime qu'on apour celui qui en est digne"(1). Onsait comment la "dignité" dequelques citoyens grecs ou ro-mains reposait sur le labeur d'unemasse considérable d'esclaves.Mais sommes-nous vraiment éloi-gnés de cette situation ? En droitcertes non, mais dans la réalité...La famine qu'on appelle pudique-

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Unebeauté qui

dérange

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ment et injustement "crise alimen-taire" ne serait-elle pas le fait de ladécision de quelques uns?Le drame est que le jugement surla dignité ou l'indignité dequelqu'un passe par la grille d'ana-lyse de ceux qui ont une capacité àanalyser. Ainsi, com-ment comprendre ledésespoir et donc le sur-saut de dignité d'unemaman qui voit son en-fant ne pas apprendre àl'école et qui faute decapacité à s'expliquer vafrapper le directeur del'école? Comment interprétercomme une dignité fondamentale-ment humaine le fait qu'une fa-mille très pauvre accueille uneautre famille expulsée de son loge-ment parce que dit-elle: " on nelaisse pas quelqu'un à la rue ! " etque cet accueil se termine dans laviolence.

Quand il n'y a plus rien, il y a lavie.Il y a la survie, et la survie n'est pasle retour à la bestialité comme onl'interprète souvent. Comme enécho à la vie du Quart-Monde, letémoignage de Robert Antelme quia vécu les camps de concentrationnazis, est saisissant. Il écrit: "Mili-ter, ici, c'est lutter raisonnablementcontre la mort. Et la plupart deschrétiens la refuse ici avec autantd'acharnement que les autres. Elleperd à leurs yeux son sens habi-tuel. (...). Ici la tentation n'est pasde jouir, mais de vivre. Et si lechrétien se comporte comme sis'acharner à vivre était une tâche

sainte, c'est que la créature n'a ja-mais été aussi prés de se considé-rer elle même comme une valeursacrée. Elle peut s'acharner à refu-ser la mort, se préférer de façonéclatante : la mort est devenue malabsolu, a cessé d'être le débouché

possible vers Dieu. (...)Mais plus tard lorsqueson sang lui refrabri-quera sa culpabilité, ilacceptera par exemplequ'on lui dise que lafaim est basse pour sefaire pardonner y com-pris rétrospectivement,

le temps où il avait pris la place deDieu"(2).Et plus loin il ose affirmer : "L'ex-périence de celui qui mange lesépluchures est une des situationsultimes de résistance. (...) il reven-dique dans l'acharnement à man-ger pour vivre, des valeurs les plushautes. Luttant pour vivre, il luttepour justifier toutes les valeurs, ycompris celles dont son oppres-seur, en les falsifiant d'ailleurs,tente de se réserver la jouissanceexclusive. (...) Beaucoup on mangédes épluchures. Ils n'étaient certespas conscients, le plus souvent, dela grandeur qu'il est possible detrouver à cet acte. Ils étaient plu-tôt sensibles à la déchéance qu'ilsconsacraient. (...) Les perspectivesde la libération de l'humanité dansson ensemble passent ici, par cette"déchéance..."(3)

Comment ne pas penser à la "dé-chéance", à la fin misérable durabbi de Nazareth? Comment nepas penser à la réponse superbe dela cananéenne à ce même rabbi qui

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La capacitéà fairegrandir

l’humanité

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vient de lui refuser la guérison desa fille en lui disant : "On nedonne pas le pain des enfants auxpetits chiens..." - "Justement, lespetits chiens mangent les miettesqui tombe de la tables des en-fants." (Math 15,27) Ce "juste-ment", n'est pas résignation à unefatalité, il est intelligence des pau-vres qui supportent tout pour ob-tenir la vie des enfants.Les actes de résistance des pauvressurprennent, parfois choquent tantils sont éloignés de l'honorabilité,tant ils sont la manifestation durefus du mépris, du refus de mou-rir. Ainsi cette maman dont les en-fants sont placés, qu'elle ne peutplus voir, se découvre enceinte, auquatrième mois, d'un neuvièmeenfant... Si ces gestes, ces parolessont vraiment des sursauts de di-gnité comment s'en convaincre,comment lire avec leurs yeux,comment repérer cet absolu ?

La dignité manifestée.La résistance de Daniel fut decourte durée. Daniel sefait renverser par unevoiture qui ne s'arrêtemême pas et il meurt.Cinq jours plus tardnous sommes convo-qués pour reconnaîtreson corps tout abîmé.Sur son bras droit est ta-toué une petite croix. Sans argent,il devait passer de la morgue au fu-nérarium. Il fut enterré comme unprince par l'Eglise, dans une églisede banlieue où la solidarité n'a pasmanqué. A la sortie des funéraillesplusieurs personnes demandaient

à être enterrés comme lui.Qu'avions-nous fait ? Nous avonsrepris toutes les paroles de Danielque nous avions récoltées, lesgestes qu'il avait posés. Son enter-rement fut l'occasion de partagerce que nous avions appris de lui.Sa famille en fut toute retournée.Une femme originaire de Guinée,nous raconta comment dans sonpays, il est fait mémoire du défunt.Elle ajouta :" Il ne faut jamais mi-nimiser la vie d'un homme : dansle quartier, il était vu comme unclochard, mais aux yeux de Dieuc'était un fils de Dieu." Pourtantson arrivée dans le groupe deprière fut difficile. Il était souventivre et ses interventions intempes-tives provoquaient la moquerie etle mépris. Mais la profondeur deses propos, expliqués, encouragéspar le groupe avait fini parconvaincre tout le monde de la né-cessité de sa présence, même sicelle-ci était toujours imprévisi-ble... On pourrait dire que l'absolude la dignité est toujours révélé par

un autre. C'est un actede justice que de s'enga-ger à recueillir le géniedu plus faible qui s'arc-boute contre l'adversitéet la mort sans moyens,sans appui. Il devient unlieu de connaissance.

Il devient aussi un lieu de recon-naissance d'une humanité com-mune. Les pauvres rassemblentparce qu'ils font voler en éclat cequ'ils ne peuvent eux-même maî-triser, ce que nous croyons être del'ordre de la culture et qui en réa-

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Commentrepérer cet

absolu

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lité n'est que rempart déguisé. Ilsmettent en évidence le danger d'unsavoir qui sépare. Mettre les plusfaible au centre des projets hu-mains, c'est assurer à chacun qu'ilne sera pas abandonné, qu'il netombera pas sous un seuil fati-dique où sa dignité sera mise encause. Un jour une femme qui fai-sait des crises d'épilepsie vint auSappel. Des d'adultes du Quart-Monde rencontrèrent les respon-sables pour que cette femme soitchassée, tant elle remettait encause le fragile équilibredu groupe. Ils menacè-rent de ne plus venir. Laréponse fut tranchante :C'est elle qui avait lapriorité. Après un cer-tain temps de flotte-ment, la vie du groupefit un bond en avantprodigieux : chacunétait assuré qu'il avait sa place,qu'il serait respecté quoiqu'il de-vienne. L'indignité, c'est accepterqu'il y ait des planchers en dessousdesquels des humains sont aban-donnés.

La vie de Daniel est lumière.Lorsqu'il participait au groupe deprière, très souvent il disait enécartant les bras:" Je vais vous direquelque chose : Le Seigneur estavec nous !" Cette phrase de la li-turgie eucharistique le faisait vivre.Nous nous sommes beaucoup in-

terrogés sur l'habitude qu'il avaitprise de la répéter. Cet hommedont tout le quartier se moquait,cet homme humainement cassé,était, spirituellement, loin devant.Il exerçait la dignité sacerdotale deson baptême en assurant à la com-munauté chrétienne que Dieu étaitprésent dans le monde. Lui, le dé-figuré affirmait qu'aucun humain,créé à l'image et à la ressemblancede Dieu n'était abandonné de Lui.

La dignité révélée par les exclus nese fonde pas sur une ca-pacité à mettre en oeu-vre, à organiser le droitet la justice; elle n’en-ferme pas dans un statutà conquérir. Mais elleest, sur le point de som-brer dans la déchéanceet la mort, au delà dusens, indignation abso-

lue devant le mépris, contestationradicale de ce qui se fonde sur l'ex-clusion, proclamation d’une fra-ternité possible. Elle estrevendication d'une humanité une,ouverte sur un don à recevoir.

Pierre DAVIENNE,

(1) J.F. Mattéi, De l’indignation,Paris, la table ronde, 2005, p.15.

(2) R. Antelme, L’espèce humaine,Paris, Gallimard, 1957, p.47.

(3) Ibid, p.106.

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Chacunétait assuréqu’il avait

sa place

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haite du fond du cœur de retrouver le sens de l’angoisse de-vant le soleil qui meurt. Je le souhaite à l’Occident, ardem-ment. Quand le soleil meurt, aucune certitude scientifique nedoit empêcher qu’on le pleure, il faut se demander s’il renaî-tra ! Vous, vous mourez lentement sous le poids del’évidence. Je vous souhaite cette angoisse, comme une ré-surrection. »

Dominique PATURLE

Septembre :- quatre jeunes (22-26 ans) rejoi-

gnent le Sappel pour une annéedans le cadre du service ci-vique.

- Jubilé de Suzanne Struss, sœurde la Bonne Nouvelle à Toulouse.

- Fête de rentrée de la paroisse dela Duchère (Lyon 9e). Nous lesaccueillons à Chuzelles où nousjouons la pièce de théâtre :«Suivez Willy».

- Naissance du groupe de prièredu Sappel à Vienne (38).

- Fête de rentrée de la paroisse deMarcy l’étoile - Ste Concorce(69).

Nous témoignons au cours del’Eucharistie et animons desgroupes de réflexion.

Octobre :- Journée de rentrée du Sappel à

Chuzelles. Nous nous retrou-vons 150 personnes pour relan-cer les différentes activités.

- Voyage en Algérie. Le Diocèse

d’Oran invite Pierre et GenevièveDavienne pour rencontrer lesplus pauvres et animer une ren-contre d’étudiants avec la ges-tuation.

Novembre : La paroisse de Pont de Claix -Echirolles (38) nous invite à ani-mer leur fête de rentrée avecpour thème «Face aux précarités,l’Evangile nous presse». (voirpage ?)

Décembre : - invitation du Réseau Ignatien à

Grenoble sur le thème«Comment discerner un agirjuste dans un monde sans re-père». Animation d’un atelier :«Nos relations avec ceux quisont aux frontières».

- 31 décembre : Fête de la Paix àGrange Neuve. Nous étions 150parents et enfants à entrer dansla joie à l’occasion du passage àla nouvelle année.

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Nouvelles brèves…

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LE SAPPEL

C h r é t i e n s d u Q u a r t M o n d e

L'amitié

C'est un geste,Un mot au bon moment.C'est l'oreille qui écoute,Le coeur qui attend.C'est un regard qui dit : « je te comprends »C'est la tendresse et l'émoi en dedans.C'est l'espoir que l'on garde à tout moment.Cette amitié qui devrait durer éternellement.C'est tout cela et encore plus,La vraie amitié.

Roland Migeot,Namur.

COMMUNAUTÉ DU SAPPEL • GRANGE NEUVE • 38200 CHUZELLESTEL 04 74 57 94 27 • CCP 833 83 G LYONEMAIL : [email protected] • WWW.SAPPEL.INFODIR. DE PUBLICATION : D. PATURLE • DÉPÔT LÉGAL : 1er TRIM 2011 • ISSN : 0999-641IMPRIMERIE VASTI-DUMAS • 42010 ST-ETIENNE • N° IMPRIMEUR : V006947/00

n°80février

2011

MOI JE SUIS PLUTÔT UN POÈTE

Éditorial

J’ai fait connaissance d’un homme qui a beaucoup galéré dans savie, quand je lui demande des nouvelles de son travail en CAT(centre d’aide par le travail), il me dit abruptement : « Moi, je suisplutôt un poète ! L’autre jour, je n’avais pas le moral pour sortir dechez moi. Dans la cour de l’immeuble je suis surpris de voir unefleur, je me suis arrêté, et puis un oiseau est venu picorer la fleur…Cela m’a fait sourire, le moral est revenu, je suis reparti à mon tra-vail ».J’ai alors pensé à cette phrase d’un sage africain : « Je vous sou-

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