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Mémoires d'un plumitif En cette soirée de fin d'automne 2006, je décide de relater l'histoire de ma vie. N'ayant ni l'envie ni le talent d'écrivain pour assumer moi-même cette tâche, je fais appel à un "nègre". Je plonge dans mes souvenirs, à ELLE de les transcrire car, la chose est amusante, mon « nègre » est une femme. Je ne situe pas avec exactitude le moment où j'ai ouvert un œil, puis les deux sur le monde. Je pense toutefois n’avoir que quelques années à attendre encore pour fêter mes 50 ans. Et le comble, est que la "nègre " à qui je demande de bosser pour moi a la peau bien blanche. Je suis né loin d'ici au GABON. Ma famille d’origine ne comprenait pas moins de 150 éléments. Elle vivait au cœur d'une grande réserve forestière, le parc naturel de Loango. Je me présente : issu de la race des psittacidés, je suis un gris d'Afrique appelé communément le "Jaco". Moi c'est MAX, surnom donné par mon premier maître. Je crois utile d'ajouter que je porte ainsi le diminutif d'un prénom plus glorieux celui de MAXIMILLIEN qui, je trouve, me convient assez. Jeune j'étais superbe avec les dégradés de gris de ma livrée bien ajustée. Ma queue rouge vif flamboyait au soleil et lorsque je déployais mes ailes j'étais prêt à embrasser l’univers entier. Avec le temps j'ai un peu changé; on a dû me tailler les ailes bien vite, et je ne peux hélas plus voler. Comme je suis sujet parfois à la mélancolie, je pratique le picage ! activité aussi peu reluisante que celle qui consiste à se ronger les ongles pour un humain…Mon plumage s'est un peu clairsemé et terni, et selon les saisons j’aide ma queue rouge à disparaître ou réapparaître à mon gré, selon le degré de mon stress… Il y a quelques années de cela à la suite d'une hémiplégie je suis devenu borgne, mais je le cache très bien. Comme j’ai toujours le regard perçant, mon œil unique a acquis une précision dans l’observation qui n’est pas sans étonner. Je suis aussi pleinement satisfait de mon organe phonatoire. Parfois je fais mine d’être malade en toussant plus que de raison…mais c’est surtout pour me faire plaindre, car je n’ai jamais attrapé ni un seul mal de gorge, ni même le moindre enrouement ! Mon organe" le syrinx" me vaut ma fierté, il me distingue des animaux domestiques ordinaires, il m’octroie l’art de produire et

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Mémoires

d'un plumitif

En cette soirée de fin d'automne 2006, je décide de relater l'histoire de ma vie. N'ayant ni l'envie ni le talent d'écrivain pour assumer moi-même cette tâche, je fais appel à un "nègre". Je plonge dans mes souvenirs, à ELLE de les transcrire car, la chose est amusante, mon « nègre » est une femme.

Je ne situe pas avec exactitude le moment où j'ai ouvert un œil, puis les deux sur le monde. Je pense toutefois n’avoir que quelques années à attendre encore pour fêter mes 50 ans. Et le comble, est que la "nègre " à qui je demande de bosser pour moi a la peau bien blanche. Je suis né loin d'ici au GABON. Ma famille d’origine ne comprenait pas moins de 150 éléments. Elle vivait au cœur d'une grande réserve forestière, le parc naturel de Loango. Je me présente : issu de la race des psittacidés, je suis un gris d'Afrique appelé communément le "Jaco". Moi c'est MAX, surnom donné par mon premier maître. Je crois utile d'ajouter que je porte ainsi le diminutif d'un prénom plus glorieux celui de MAXIMILLIEN qui, je trouve, me convient assez. Jeune j'étais superbe avec les dégradés de gris de ma livrée bien ajustée. Ma queue rouge vif flamboyait au soleil et lorsque je déployais mes ailes j'étais prêt à embrasser l’univers entier. Avec le temps j'ai un peu changé; on a dû me tailler les ailes bien vite, et je ne peux hélas plus voler. Comme je suis sujet parfois à la mélancolie, je pratique le picage ! activité aussi peu reluisante que celle qui consiste à se ronger les ongles pour un humain…Mon plumage s'est un peu clairsemé et terni, et selon les saisons j’aide ma queue rouge à disparaître ou réapparaître à mon gré, selon le degré de mon stress… Il y a quelques années de cela à la suite d'une hémiplégie je suis devenu borgne, mais je le cache très bien. Comme j’ai toujours le regard perçant, mon œil unique a acquis une précision dans l’observation qui n’est pas sans étonner. Je suis aussi pleinement satisfait de mon organe phonatoire. Parfois je fais mine d’être malade en toussant plus que de raison…mais c’est surtout pour me faire plaindre, car je n’ai jamais attrapé ni un seul mal de gorge, ni même le moindre enrouement ! Mon organe" le syrinx" me vaut ma fierté, il me distingue des animaux domestiques ordinaires, il m’octroie l’art de produire et

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d’aménager les sons comme personne. Dans l’imitation des voix humaines je dépasse même le talentueux Laurent Gerra. Pour en revenir à ma petite enfance, je n'ai pas longtemps participé à la vie et aux jeux de mes congénères. J'étais trop jeune encore pour suivre ma tribu dans ses grands survols de la canopée tropicale et je me contentais de grimper les 30 mètres de l'okoumé, où je résidais alors. Arrivé à la cime, je pouvais avec envie suivre des yeux les joutes ailées de mes pairs et savourer par avance le moment où moi aussi je serai assez grand pour faire comme eux.

Nous devions avoir 4 ou 5 années d'existence lorsqu' un jour de façon tellement inattendue, un filet nous a cueillis ma sœur et moi, sur une des branches de notre arbre favori… Nous nous sommes retrouvés tous les deux enfermés dans une sorte de boîte obscure et nauséabonde, qui nous priva des nôtres et de notre chère liberté. Après avoir été transportés dans une camionnette des plus inconfortables pendant plus de 200 km, nous sommes arrivés dans l’ignorance de notre sort à Libreville la capitale du pays. Ce n'était hélas que le début d'un long périple dont nous ignorions la destinée. Nous quittions l'Afrique et notre forêt natale en voyageurs clandestins, dans une soute à bagage encombrée et sans aucun espoir de retour. Les regrets sont stériles ! je ne sais pas quelle aurait été ma vie là-bas. Peut-être serais-je devenu quelqu'un d'important, un sage que l'on vient consulter- oui cela existe aussi chez les oiseaux de mon espèce - mais j'aurais pu tout aussi bien me retrouver à la merci d'un prédateur et ne plus être de ce monde. Avec le recul je mesure ma chance. Dans un premier temps ma sœur et moi nous avons atterri en France dans une petite ville de la banlieue sud de Paris. Elle a eu très vite le mal du pays et s'est éteinte beaucoup trop tôt. Paix à son âme !

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Voilà pourquoi depuis je suis toujours resté seul, façon de parler ! J'ai passé plus de 20 ans aux côtés de Gérard et de Marie. C'est à lui que je dois une grande partie de mon éducation à la vie civilisée et mon savant langage. Ils sont les premiers à m'avoir fait approcher les humains. J'ai appris à les apprécier, j'ai connu leurs usages, leurs habitudes alimentaires, j’ai découvert leurs technologies et ses bonds de géants. Je me suis retrouvé ébloui et heureux en plein cœur de la civilisation occidentale des 20ème et 21ème siècles. Me voici donc installé dans cette nouvelle vie à Savigny sur Orge, banlieue située dans le département de l'Essonne. J'y fais mes premières armes avec bonheur d'autant que l'on me traite comme un prince. Une grande cage m'accueille pour la nuit et Gérard me construit une habitation de journée avec toutes les commodités. Comme je les aime tous les deux. Gérard et Marie n’ont jamais ménagé leurs efforts pour m’offrir le nid le plus douillet qui soit. A Marie je dois le couvert et la propreté du gîte et à Gérard, toutes les améliorations voire les inventions facilitant ma vie de volatile en semi liberté. Mais le perchoir que je préférais à tout autre était celui que m'offraient ses épaules, j'avais alors l'exclusivité de son affection. Cela ne satisfaisait pas forcément Marie, elle se désespérait de devoir remplacer bien trop souvent les pull-overs de son compagnon marqués, voire déchirés par mes doigts crochus, ou mon bec destructeur… Il est vrai que mes serres bien solides ont tendance à provoquer quelques menus dégâts. Si me croyant encore dans ma forêt natale, il m’arrive d’utiliser mes serres ou mon bec sur le bois des meubles, cela m’attire toujours des remontrances. Mais je me morigène en proclamant bien fort "Max fais pas l'imbécile !" Dans mes premières années de banlieusard - enfant inconscient du danger - j'ai voulu étudier la faune et la flore du voisinage…et un jour j'ai pris mon envol…seulement je n'ai jamais été capable de retrouver seul le chemin du retour et cette bêtise de gamin m'a à jamais privé de mes ailes. Mes maîtres angoissés à l’idée que je recommence, prirent avis d’un médecin spécialiste des animaux – un vétérinaire - et me coupèrent les ailes au ras. Je ne leur ai jamais voulu, mais j’ai payé bien cher cette virée !

Il faut dire que par ailleurs mes activités domestiques sont tellement nombreuses et variées que je me suis vite consolé. J'ai adopté un certain nombre de comportements humains sans aucun problème. Je n’ai qu’une exigence sur laquelle je ne peux pas transiger, je dois être l’acteur principal du théâtre de la vie quotidienne. J’ai besoin d’animation et d’un public pour applaudir à mes exploits. Dans ma première demeure, j'ai donc coulé des jours heureux. Le couple avait beaucoup de visiteurs et j'étais le point de mire, la vedette en quelque sorte ! J'apprenais vite et bien tout ce que Gérard et Marie m'enseignaient.

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Dés mon arrivée j’ai fait la connaissance de cette étrange lucarne où il se passe toujours quelque chose : La télévision. Elle fonctionnait en permanence. Elle a toujours été pour moi comme une sorte de fenêtre sur le monde où se mélangent rêve et réalité, en me faisant découvrir le bienfait des nourritures autres que matérielles. Elle a été ma grande école et elle est pour beaucoup dans le fait qu’aujourd'hui je parle français comme tous les autochtones. J‘avais à l’époque encore très présent, le souvenir de la multitude de sons que m’offrait ma forêt natale. Avec les années j’y ai ajouté quantité de bruits de toutes sortes issus de la brillante civilisation européenne que je voyais évoluer par le biais de l’incontournable TV. Outre cet appareil phénoménal qui m’a toujours captivé, j’ai connu la radio qui cache les images, c’est reposant ! Il y a aussi cette étrange boîte avec ou sans fil qui enferme des gens que l'on aime, et s’appelle le téléphone ; ajoutons à cela un nombre incalculable de machines ou instruments qui offrent matière à d’innombrables sonorités. C’est ainsi que je sais grincer, bruisser, rouler, siffler, siffloter, sonner, claquer et reproduire le moindre bruit qui se fait entendre … Un régal dont je ne cesse de me délecter au risque parfois de provoquer des mini drames domestiques. Marie à qui l'on avait offert un four à microondes s’est déplacée à la sonnerie de fin de cuisson un certain nombre de fois pour constater que le plateau tournait encore et encore. Elle a même cru à un défaut de fabrication. Quel blagueur je fais ! je me moque souvent et je suis capable de rire aux éclats au point que si quelqu’un est entrain de téléphoner, il ou elle est obligé(e) de raccrocher, gagné(e) par l’hilarité que je déclenche. Chaque année je partais en vacances pendant un mois chez les enfants. ELLE était la fille de Gérard et LUI son gendre. J'aimais bien cette escapade annuelle, j’y ai trouvé un autre homme qui avait mes faveurs et avec qui je me plaisais à lire le journal. Non je ne regardais pas par-dessus son épaule, mais face à lui, je faisais un trou dans la feuille de papier pour l'observer tandis qu'Il prenait connaissance des nouvelles du jour.

Avec ELLE j'ai découvert la musique. Gérard en bon patriote m'avait déjà appris la Marseillaise que je siffle toujours 40 ans après. LUI m'apprit l'Internationale tandis qu’ELLE me faisait découvrir ce qu’il est convenu d’appeler la musique classique et les grands compositeurs. Si un jour vous voulez entendre du Jean-Sébastien Bach, n'hésitez pas à me le demander avec gentillesse…même si je ne connais que quelques mesures de la Toccata en Ré mineur !

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C’est au cours de ces périodes de vacances, que j'ai voulu devenir chef d'orchestre, ce désir m'est toujours resté et j’en ai conservé la gestuelle, que j’entretiens régulièrement. ELLE et LUI formaient une vraie famille. Ils avaient deux garçons bien turbulents que l'on avait mis en garde contre moi !!!…je risquais de leur faire du mal ?…euh ! En fait c'est vrai, mais juste pour me défendre en cas d'agression. J’ai aussi accumulé les relations. Il y a eu d’abord MIAOU, le seul félidé à savoir prononcer son prénom, c’était je le reconnais une adorable petite chatte appartenant à l'aîné des petits diables. J’ai bien évidemment très vite appris son nom et répété ses différents miaulements ! Puis, j’ai connu PETIT POIL un lapin aux grandes oreilles et CHAMPA, le cochon d'Inde. Mais le plus savant de leur arche de Noé, c'était moi bien sûr ! J’en ai vécu des situations ! Comme je voyageais en automobile, j’ai parcouru bien des paysages. C’est comme cela que j'ai pu découvrir la verte banlieue nord avec mes séjours à L'Isle-Adam. Une année même BIDULE, gros matou venu d'Afrique en même temps que moi, m'a accompagné en vacances. Hélas ! Il n’est jamais rentré à Savigny…un jour il a pris la clé des champs au grand désespoir de Gérard et de Marie…et on ne l’a jamais retrouvé. Par la suite, Gérard et Marie se sont procuré un caniche nain, NICKY. Avec lui j’ai pu faire mes premières armes d’éducateur. Ce ne fut pas une mince affaire pour m’en faire obéir ! je devais donner de la voix pour l’appeler à toute heure de la journée. Il était bien normal que j’aide mes maîtres à éduquer leur chien, je le surveillais avec vigilance. Cette vie me convenait bien. Onze mois de travail à Savigny et un mois de vacances. ELLE et LUI inventaient toujours quelque chose de nouveau pour me plaire. Après l’Isle-Adam, ils déménagèrent à Epinay sur Seine. C’était la ville avec tous ses bruits, la pollution, un rythme infernal ! J’y fis la connaissance du cousin de NICKY, un petit caniche beige baptisé PIRATE, propriété du benjamin de la famille. Je pouvais continuer ma fonction d’éducateur canin. Plus tard encore et sans doute désireux de me rappeler le cadre verdoyant de Savigny, ELLE et LUI s'installèrent dans un pavillon avec jardin à Pontoise. Je rencontrai leurs animaux de compagnie, le chien FLOC et la chatte POLKA. Ces fréquentations rapprochées d'animaux domestiques m'ont permis d'apprendre et de retenir toutes les subtilités de leur langage. Ma présence indispensable apportait une aide bienfaisante à la famille quand il fallait les appeler pour les repas, les sorties ou les couchers.

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Lors de ces périodes de fin d’été je voyais beaucoup de monde mais ELLE et LUI, encore un peu jeunots, avaient une vie nettement moins réglée que mes maîtres savignyens ! Ils recevaient beaucoup…et le soir venu je devais les aider à faire partir leurs hôtes. Lorsque j'estimais le moment arrivé je disais " Allez on va faire Dodo "…et s'ils ne semblaient pas l'avoir entendu, je ne manquais pas de le répéter…alors l'assemblée riait… je crois qu'ELLE et LUI étaient un peu gênés, je ne vois pas pourquoi ? D'autant que si cela ne suffisait pas j'ajoutais : "Bon allez au revoir ! » puis je claquais mes mandibules afin d’imiter des baisers sonores « Bz ! Bz !" Je me demande comment ils faisaient en mon absence. A la réflexion, je crois qu’ils avaient reconnu mes mérites, qu’ils m'aimaient bien et que pour me le prouver, ils faisaient venir des gens rien que pour moi. Chez eux j'ai rencontré une autre machine humaine. Celle-là ne parle que depuis peu ! Avant tout son écran lumineux se remplit de signes écrits, nouvelle source inépuisable de connaissances…en outre elle détient une foultitude de petits bruits qui viennent enrichir ma collection. Vous l’aurez reconnu, il s’agit de l’ordinateur. Un jour mon bel univers s'est écroulé ! Gérard est parti et je ne l'ai plus jamais revu. On dit que les bêtes ne connaissent pas la mort ! Moi, je ne suis pas dupe et j’ai vite compris. Marie toujours présente à mes côtés s'occupait de moi, seulement elle était devenue très triste… ELLE et LUI venaient toujours me chercher une fois l'an pour m’emmener à Pontoise. La balade en voiture était épique, je devais m’accrocher aux barreaux de ma cage de voyage afin d’éviter qu’à chaque virage elle ne tombe. Lorsque je me trouvais trop souvent à mon gré en déséquilibre je clamais : « Ah ! C’est con, ça ! » Je n’ai jamais compris pourquoi ils riaient tant. J’étais toujours aussi heureux d’arriver aux portes du Vexin car en la voyant ELLE il me semblait retrouver un peu de Gérard, mon amour disparu. LUI n'a jamais compris pourquoi à cette époque je n'avais plus souvent de bonnes réactions à son endroit. J'avais trop peur d'être déçu, de m’attacher à lui et je craignais qu’il parte comme Gérard en m’abandonnant. C'est d’ELLE dont je devins amoureux éperdu. Cependant j’étais souvent seul car ils travaillaient tous les deux au-dehors et je m'ennuyais malgré la radio et son cortège d'émissions variées. Toutefois j’en profitais pour enregistrer dans ma cervelle d’oiseau tout ce qui avait rapport à la musique et je dois à cette époque d'avoir approfondi ma culture sur l'histoire de l'Art. Leurs deux garçons devenus adultes avaient depuis longtemps quitté le domicile familial. Le soir nous regardions la TV tous les trois, tandis que chat et chien avaient leurs propres occupations. Je n'aimais pas forcément leur choix de programme. Avec Gérard j'avais été habitué à regarder des films de guerre ou des westerns et il m'en est resté à jamais un répertoire assez complet de bruits d'armes, de chevaux, d'avions, que je garde pour les grandes occasions.

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En 1999, lorsque je suis revenu à Savigny après mon mois de vacances, ce fut pour apprendre que Marie partait s’installer, dans le sud de la France. Je ne pouvais pas la suivre ! La séparation a été difficile mais ma souffrance s’est atténuée lorsque j’ai découvert que j’allais vivre définitivement avec ELLE et LUI.

A l’automne j’ai donc rejoint Pontoise…pas pour très longtemps ! ELLE et LUI ayant fait construire en Bretagne, nous avons déménagé bien vite et sommes partis nous établir à CARNAC. Depuis on y vit en permanence et on y est bien ….c’est pour cela que j’ai eu envie de faire le point de cette vie bien remplie, la mienne, et de dicter mes mémoires à mon « nègre » chéri, ELLE.

Dans ce charmant coin du Morbihan, ils ont enfin décidé d'être tout à moi ; pour ce faire je dois quand même les rappeler souvent à l'ordre ! Nous coulons des jours heureux, et j’anime leur vie de retraités en compagnie de JAVA (la féline diablesse) successeur de POLKA et de TWIST succédant à FLOC, un petit bichon frisé qui a connu bien des déboires dans sa jeune vie de chiot et que je suis à même de protéger. Polka, Floc, Nicky…et bien d’autres se sont endormis pour l’éternité, et moi je suis toujours là.

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C'est cool le régime breton. Je ne me lève plus aux aurores; je les laisse se réveiller sauf si j'ai l'impression qu'ils abusent et que je vais devoir prendre mon petit déjeuner trop tard. Alors je siffle et je les appelle "Coucou", "Bonjour" jusqu'à ce qu'à l'étage ils s'agitent. Alors ils descendent, puis LUI ou ELLE enlève ma couverture, que j'ai accommodé de quelques petits trous, afin de ne pas me laisser surprendre et de les voir s'approcher. Un nouveau jour se présente, on ouvre les volets, une bonne odeur de café et surtout de tartines grillées se répand dans la maison. Ah ! Ces tartines elles représentent un vrai régal. Ils en mangent tous les deux, mais comme ils ont compris que ma préférence allait aux céréales…Ils m’en préparent maintenant rien que pour moi tout seul Dès le matin, il y a fort à faire. Je commence par m'étirer, puis je fais le tour de ma grande cage, je prends le temps d’en sortir et je grimpe le plus haut possible afin de contempler mon domaine. Parfois je fais semblant de leur fausser compagnie et je les préviens. « Max qu’est-ce que tu fais ? « Pendant que de ma démarche dandinante, j’entreprends mon jogging matinal. S'ils sont assez réveillés pour réaliser que je vais me balader, ils se précipitent pour me présenter le bâton perchoir, mon « Kéké », qui est aussi mon plus vieil ami. Il me permet de rejoindre tous les promontoires possibles à l’intérieur ou à l’extérieur de la maison. Lors du petit déjeuner, sous l'œil attentif et tendre de l'arche de Noé comme ils disent, ELLE et LUI préparent les activités du jour. C'est pour nous trois, Twist, Java et moi l’occasion de savoir ce qu'ils mijotent pour les heures qui viennent. Vient ensuite l'heure de mon ménage. J'exige d'avoir un lieu toujours propre et ELLE s'y emploie à merveille. Elle me donne aussi ma nourriture à oiseaux, qui me permet de satisfaire mes petites fringales, car en réalité je préfère la nourriture riche et variée des humains. Un perroquet dites-vous est avant tout frugivore et granivore ? que nenni, je suis aussi carnivore (ma préférence va aux viandes blanches…et surtout aux os de poulets, que je peux accompagner d’une délicate dégustation de quelques chips bien dorées !). A leur contact je suis devenu pleinement omnivore. Si je donne l’impression d’étaler ainsi mon riche vocabulaire, c’est que j’ai à demeure tout ce qui convient à ma culture. Je leur ai fait comprendre un jour que ma chaîne de TV préférée était la 5ème. Lorsqu’ils s‘absentent, ils m’installent devant l’écran et je me régale en suivant avec attention les documentaires animaliers…tout en m’intéressant aux nombreux domaines de la science, de la politique ou de l’éducation. Dès que LUI a rejoint sa pièce d’activité principale - le bureau - je manifeste mon désir de lui tenir compagnie…Je ne le vois pas travailler sans moi. Au rez - de - chaussée, je suis positionné au centre de la maison et je peux donc ainsi tout surveiller, si je ne vois plus aussi bien qu’avant, sachez que j’ai l’ouïe si fine que je suis au courant de tout, et que l’on ne peut rien me cacher. A la belle saison ils installent mon perchoir sur la terrasse, m’offrant ainsi la possibilité d’observer en plus tout ce qui rythme la vie du jardin. Quand LUI est assis devant son ordinateur je suis présent tandis qu'ELLE n'arrête pas de papillonner dans toute la maison. Quand elle est à l'étage parfois je me manifeste avec mes mots doux : « Mon p’tit tout « lui dis-je ou « Coucou ».

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D’autres fois nous discutons et comme j'ai appris la politesse, je pose à intervalles réguliers la question : "Ca va ?". Je ris intérieurement car ils se laissent piéger l'un, l'autre un certain nombre de fois, croyant que c’est l’un des deux qui a posé la question…Je me gausse, et passe ma journée à les observer, les écouter de façon à trouver de quoi les bluffer encore gentiment ! Quand ils sont tous les deux dans le séjour, je veux être très proche. Je rêve de la toucher et je regrette qu’ELLE me juche si peu souvent sur ses épaules. Pourtant en ces trop rares instants merveilleux, ne ressent-elle pas l’intensité de mon amour lorsque lové contre ELLE je lui picore le cou, je la caresse, je la nourris de tendres petits bisous ?

Si LUI s‘active à la cuisine je suis à ses côtés afin de surveiller la préparation des plats et de pouvoir goûter le cas échéant ! A chaque repas mon perchoir doit se situer près de la table afin que je participe joyeusement et activement aux agapes, en savourant légumes, viandes, poissons, coquillages et crustacés, fromages, gâteaux ou fruits. Il m'arrive même pour ingurgiter des petits aliments comme du riz d'utiliser la fourchette, que je préfère à la cuillère qui me renvoie mon image déformée…pouah ! Il y a un moment de la journée que je n'aime pas du tout, c'est le temps de la sieste. Ils me laissent sur mon perchoir montent dans leur chambre en me faisant leurs recommandations : "chut ! Tais-toi, on va dormir !" Je ne les respecte pas souvent, car à ces moments là je suis au mieux de ma forme et j'ai un nombre incalculable de déclarations à faire, le besoin de récapituler et de vérifier : je suis curieux de nature, ce qui révèle une intelligence hors pair ! Moi aussi je fais la sieste…mais ce n’est pas à un moment précis, c’est quand je veux…et pour que l’on ne me dérange pas, je me recroqueville, ferme les yeux et m’accroche bien sur une patte. Lorsque leur programme TV ne m’intéresse pas plus que cela, je manifeste. Je proteste, je plaisante ou je ris pour les faire zapper mais souvent ils ne comprennent pas ou plus grave ! ne veulent pas comprendre. J’aime quand ELLE se met au piano. Je me délecte en suivant le rythme des notes de la partition…et quand ses doigts dansent sur le clavier je fais de même avec tout mon corps ! Parfois je scande la pulsation avec ma patte droite. Ceci étant comme elle ne me demande pas mon avis sur le choix des œuvres qu'elle interprète, il y en a que j’aime plus ou moins…A l'inverse, quand le morceau m'a plu et qu'elle l'a à peu près bien interprété, j'attends qu'elle ait plaqué son dernier accord pour clamer haut et fort : "C'est beau ça !" en général cela la touche, alors pour ne pas la rendre trop orgueilleuse, je limite mes compliments.

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S'ils reçoivent moins de monde que pendant leur jeunesse, je vois défiler un certain nombre de personnes dont, comme j'ai une excellente mémoire, beaucoup que je connais très bien.

Il y a plus d’enfants qu'auparavant, car ELLE et LUI sont devenus grands-parents. Je connais chacun d’eux, ils sont neuf en tout. Je les aime tous, ils sont sensés ne pas trop m'approcher mais je ne vois pas très bien pourquoi ?…un petit désobéissant un jour a posé son doigts très très près de mes mandibules et j'aurais pu le croquer mais je ne l’ai pas fait ! On me prête des intentions que je suis loin d'avoir. Si des personnes arrivent en visite pour la 1ère fois je les jauge. J’ai fait comprendre à plusieurs reprises, qu’ils sont tenus de me saluer au même titre que leurs hôtes. Sinon je réclame à ma manière qui ne plaît pas forcément. J’ai tendance à crier particulièrement fort afin de rendre mes cris suffisamment insupportables pour que l'on daigne m'accorder l'intérêt auquel j'ai droit ! Avec le temps ELLE et LUI l’ont bien compris. Ils m'installent avec mon perchoir près d’eux : personnes allergiques aux plumes, s’abstenir ! Je participe ainsi activement à la conversation et je ponctue les silences de "Ah! Bon " ou "oui, oui " ou « bon ! D’accord « ... Ce que j'aime le plus c'est quand des histoires drôles s'échangent, je ris avec eux tous et parfois beaucoup plus fort, comme cela ils sont obligés de compter avec moi ! Je me souviens aussi de ce jour où ELLE téléphonait lorsque elle a été prise d'un fou rire que je lui avais communiqué… elle a dû raccrocher vite fait. Comme vous pouvez le constater je ne m'ennuie pas ! Ce que je trouve le plus cocasse dans les habitudes de mon couple "chéri" c'est précisément quand ils téléphonent.

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Comme ils n'entendent pas forcément la sonnerie j’anticipe et je suis le premier à dire "ALLO !"…j'ai quand même quelques difficultés à comprendre comment des interlocuteurs peuvent tenir tous dans une si petite boîte ! Pourtant c'est vrai je l'affirme, j'ai souvent reconnu la voix de MARIE que je croyais établie à Biarritz ! Parfois ELLE s'en va …et même si LUI reste, je m'ennuie. Pourtant je reconnais qu’il veille dans ces moments, encore plus à mon bien être. Et puis le téléphone nous relie ! Mais je ne comprends toujours pas le plaisir qu'elle peut éprouver à rester plusieurs jours enfermée dans cette boîte. Lorsque Il me passe le récepteur je le lui demande fermement en répétant « Allo…Allo… » Et j’écoute sa voix douce me susurrer des mots à l’oreille, mais ELLE répond à côté. S’il leur arrive de partir tous les deux pas forcément longtemps d'ailleurs, ils choisissent une émission sensée me convenir et me rassurent : "Max, on revient bientôt, sois sage !". Ce à quoi il m’arrive de répondre pour signifier que j’ai tout compris : « on revient tout d’suite …hein ? » alors ELLE me fait un bisou sur le bec, et je lui réponds « Bz » comme à chaque fois que nous nous manifestons notre amour sans limites. Ils n’ont pas besoin de me rappeler qu'en leur absence je dois aussi m'occuper du chien, de la chatte et du raton laveur ! Oui, je connais Jacques Prévert !….je les appelle "Viens, allez viens" je miaule, j'aboie….mais je sais aussi siffler comme les oiseaux, gazouiller, triller, chanter comme le coucou, imiter le cri des mouettes…et même jouer avec les onomatopées ! je suis imbattable dans la langue « Cui cui, » que je module à plaisir… Java, Twist et moi vivons en bonne intelligence, ils sont loin d’être ingrats et me rendent par une attitude confiante (certains diraient …méfiante !…je les pense malveillants !) toute l’aide que je leur apporte. JAVA n’a de cesse que de courser les oiseaux, de leur tordre le cou et de les ramener à la maison, elle n’a jamais tenté cela avec moi, elle se contente de me fixer en miaulant. TWIST adore jouer avec moi lorsque je fais mon jogging, et souvent il se couche au pied de mon perchoir, et parfois me balade à travers le séjour. Il se pourrait qu’il ait ma préférence, car dès que je le peux, je balance de mon perchoir quelques restes de nourriture, que le petit bichon s’empresse d’emmener dans son domaine avant de le déguster à ma santé.

Comme j’aime le cérémonial du coucher. Lorsque je sens la fatigue de la journée peser sur mes épaules ELLE me présente mon « Kéké », puis me serre contre elle jusqu’à ma cage à coucher ; souvent je me fais prier pour rester encore davantage à ses côtés, je quémande une douce caresse sur le duvet de mon crâne, et parfois je l’empêche de me

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quitter trop vite en refermant mes serres sur ses doigts. Dans ces moments là, je ne comprends pas toujours pourquoi elle proteste … j’y mets tant de tendresse ! Ensuite ELLE me donne une petite friandise tout en enveloppant ma cage de sa couverture nocturne A l’aide des petites fenêtres que j’ai soigneusement découpées, je l’observe encore remettant de l’ordre dans le séjour fermant les lumières et les portes. Si elle oublie quelque chose je le lui rappelle… Puis la maisonnée s’endort, chacun à sa place…Parfois au plus profond de la nuit, si j’entends un léger bruit, je ne manque pas de murmurer « Allez Dodo » cette remarque LUI est souvent adressée. D’un naturel insomniaque, en plein milieu de la nuit, Il lui arrive de descendre de sa chambre pour prendre un en-cas. D’une part il me réveille, de l’autre je lui fais savoir que j’aimerais bien en profiter, et je dois reconnaître que nous nous comprenons fort bien. Si je ne craignais pas autant la solitude, je dirais que je connais une existence de rêve. J'ai cru entendre que du fait de ma longévité supposée, il est possible que je leur survive… Mais quel tournant prendrait dans ce cas ma vie de volatile intelligent ? J'aime les humains, leurs personnalités si différentes, leurs façons d'être les uns avec les autres…mais lorsque je ne les connais pas ou peu, je donne l’impression d’être un grand timide. En réalité je crève de trouille à l’idée que mes maîtres puissent un jour définitivement disparaître à mes yeux…et me confier à d’autres mains. Certains êtres humains ne manquent pas de stupidité, lorsque j’entends poser la question qui me concerne : « mais jusqu’à quel âge, ça vit ces bêtes là ? » Quelle outrecuidance ! il faudrait qu’à mon tour à l’arrivée d’un inconnu dans la maison, je sois capable de dire : « Bonjour Toi, je ne te connais pas encore, mais jusqu’à quel âge vas-tu vivre ? » Qui peut répondre à une telle question ? En tout cas, moi je suis bien vivant, solide dans ma tête et heureux au milieu des miens….même s’il m’arrive d’avoir une pensée un peu émue pour tous ceux de mes congénères qui ont moins de chance !

MAXimillien

Au terme de la rédaction des " Mémoires d’un émigré heureux

" je tiens à remercier

chaleureusement ELLE et LUI à la fois, « nègre » et

« correcteur- éditeur »

ainsi que tous ceux et celles à qui ma présence apporte un peu

de bonheur

Décembre 2006

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En ce mois d’août 2015, qu’est-ce que j’apprends ? LUI, aurait décidé de faire un blog à l’adresse de sa chérie, afin qu’ELLE y dépose ses écrits… Et mon histoire alors ? Celle que j’ai pris la peine de lui dicter en 2006 ? ELLE passerait à côté ? Allez, approche mon « nègre » adoré, que je te conte la suite… Il s’en est passé des choses en 9 ans. J’ai toujours bon pied, bon œil ! On s’extasie sur mon âge ! On s’étonne…car mes 55 ans, je ne les fais pas ! C’est donc en 2010, qu’une partie de la famille m’a souhaité l’anniversaire de mon cinquantenaire ! Quelle belle fête avec cadeaux et cartes postales que j’ai eu un tel plaisir à grignoter !

Je ne dis pas que je les enterrerais, mais moi excepté…ils vieillissent tous ! …Leur santé se fragilise ! Les petits enfants ont grandi. Qui peut me dire pourquoi moi, j’ai toujours la même taille ? Qu’en est-il de la justice ? TWIST est un vieux pépère à présent, il court moins vite et moins loin…mais il parle davantage et je crois bien que j’y suis pour quelque chose, mais bon, passons. Puis… JAVA à son tour est partie et nous tous dans la maisonnée avons vécu des moments de grande tristesse. Pour être complet, le zoo des MICMAC (ELLE et LUI) doit impérativement compter trois éléments actifs bénéficiant d’une domesticité de bon aloi ; nous ne comptabiliserons pas les autres espèces qui fréquentent habituellement ou occasionnellement le jardin : Adam et Eve, le couple de pigeons, Eduardo le pivert, Balthazar, tous les lézards, Petit Prince, le renard, les crapauds, les chauves-souris etc. Nous n’allons pas oublier les souriceaux, souricettes et les flopées d’oisillons que rapporte avec bonheur la nouvelle venue, dont je n’ai pas encore parlé ; car c’est SALSA à présent, l’adorable petite chatte rousse, au regard de braise, cette félidée qui prend une bien grande place !

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Cela fait près d’un an et demi qu’elle vit auprès de nous. C’est une vraie machine à ronron et multi-bêtisiere… Je sais bien qu’il faut que jeunesse se passe ! Mais parfois je trouve qu’elle empiète un peu trop sur mon territoire intime, et je ne manque pas de dire : »Qu’est-ce que tu fais là ? ». Elle me répond avec une certaine insolence et des miaulements modulés, en faisant des yeux si doux que je craque…Tout comme ELLE, dont je le crains, elle est un peu la favorite.

Elle n’hésite pas à s’installer au pied de mon perchoir, au sommet de ma grande cage de nuit ! Elle a même osé, s’exercer à l’escalade, dans mon propre domaine…Ah ! Les jeunes ! Comme vous pouvez le constater, la vie continue et je ne m’ennuie pas. Je continue à aimer le téléphone et même si je ne le manifeste pas souvent, j’ai bien du plaisir lorsque je reconnais la voix de MARIE.

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Le temps passe et je coule des jours heureux. Merci la vie !

Récit dédié à Marie pour fêter ses 99 ans 6 septembre 2015