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MÉMOIRE
SUR L’AVENIR DE L’AGRICULTURE ET DE L’AGROALIMENTAIRE QUÉBÉCOIS
Présenté à la Commission sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire québécois
10 août 2007
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Mémoire de l’Union des municipalités du Québec Présenté à la Commission sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire québécois
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TABLE DES MATIÈRES
PRÉSENTATION DE L’UNION DES MUNICIPALITÉS DU QUÉBEC..................................................... II
INTRODUCTION................................................................................................................................1
ENJEUX ET PRÉOCCUPATIONS POUR LES COLLECTIVITÉS .............................................................2
1. Développement durable de l’agriculture : pour de meilleures pratiques responsables ....2 1.1. La problématique agroenvironnementale ....................................................................3
1.2. La cohabitation harmonieuse .......................................................................................5
1.3. Les mesures gouvernementales récentes .....................................................................7
1.4. Une agriculture plus sensible à l’environnement.........................................................9
Recommandations sur le développement durable de l’agriculture.........................................10
2. La mise en valeur des potentiels régionaux .........................................................................10 2.1. L’occupation dynamique des territoires.....................................................................11
2.2. L’agriculture et l’occupation dynamique des territoires............................................12
2.3. Les défis pour l’agriculture périurbaine ....................................................................13
2.4. La solidarité entre le monde municipal et le monde agricole ....................................14
2.5. La mise en valeur de potentiels régionaux : quelques exemples ...............................17
Recommandations sur la mise en valeur des potentiels régionaux .........................................19
3. La gouvernance ......................................................................................................................19 3.1. Les responsabilités des municipalités : rappel historique ..........................................20
3.2. Trois acteurs-clés en matière de protection du territoire et des activités agricoles ...23
3.3. Accroître la transparence et l’équité du processus public d’élaboration du régime juridique ....................................................................................................................25
3.4. Revoir le cadre juridique actuel .................................................................................26
3.5. Accroître et diversifier les ressources financières et fiscales des municipalités visant à satisfaire les objectifs du développement durable..................................................28
3.6. Établir un partenariat entre le milieu municipal et le secteur agricole ......................30
Recommandations sur la gouvernance ......................................................................................31
CONCLUSION .................................................................................................................................32
SOMMAIRE DES RECOMMANDATIONS ...........................................................................................33
L’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire québécois
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Mémoire de l’Union des municipalités du Québec Présenté à la Commission sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire québécois
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PRÉSENTATION DE L’UNION DES MUNICIPALITÉS DU QUÉBEC
À la fois expression de la diversité et de la solidarité municipale et interlocutrice
privilégiée auprès de ses partenaires, l’Union des municipalités du Québec (UMQ)
représente, depuis sa fondation en 1919, les municipalités de toutes tailles dans toutes les
régions du Québec. Elle est un regroupement municipal qui favorise l’entraide dans
l’ensemble du milieu, d’abord en soutenant la prise en charge de son action au plan
régional par ses dix-sept caucus régionaux, mais aussi en permettant à ses membres de
travailler sur la base de leurs affinités et d’avoir une voix sur toutes les instances
politiques et dirigeantes.
La structure de l’UMQ, par ses caucus d’affinité, est le reflet de la mosaïque municipale
québécoise avec ses communautés métropolitaines, ses grandes villes, ses villes
d’agglomération, ses municipalités de centralité, ses municipalités locales et ses MRC.
En plus de contribuer, par des représentations pertinentes et constructives auprès du
gouvernement, à l’amélioration continue de la gestion municipale, l’UMQ dispense une
gamme variée de services conçus expressément pour ses membres, adaptés à leur réalité
et à la spécificité de leurs besoins. Elle se veut également un carrefour de la réflexion
municipale québécoise et favorise à cette fin la formation des élus municipaux et la
diffusion de l’information, notamment par le biais de son site Internet (www.umq.qc.ca),
de son bulletin électronique quotidien Carrefour Municipal, de ses Info Express, de sa
revue URBA, de ses Assises annuelles et de son salon Quartier municipal des affaires.
L’UMQ est de plus un agent privilégié de communication entre les gouvernements et les
municipalités.
La mission de l’UMQ consiste à contribuer au progrès et à la promotion de municipalités
démocratiques, dynamiques et performantes, dédiées au mieux-être des citoyens.
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Mémoire de l’Union des municipalités du Québec Présenté à la Commission sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire québécois
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INTRODUCTION
L’Union des municipalités du Québec (UMQ) remercie la Commission sur l’avenir de
l’agriculture et de l’agroalimentaire québécois (CAAAQ) de lui permettre de contribuer
aux audiences publiques tenues par la Commission et de faire connaître les principales
préoccupations de ses municipalités membres sur les enjeux relatifs au secteur agricole et
agroalimentaire qui soulèvent une importante polémique au sein de la société québécoise.
Le mémoire de l’UMQ cherche à répondre à certains des défis identifiés par la
Commission et qui sont communs à l’UMQ, soit :
• Les attentes sociétales et, en particulier, celles des gouvernements municipaux
touchant le développement durable de l’agriculture;
• La mise en valeur des potentiels régionaux, y compris l’occupation des territoires, le
développement de collectivités viables et de la complémentarité rurale urbaine;
• L’efficacité des interventions publiques actuellement en place et, en particulier, de
celles du gouvernement du Québec et de ses organismes, ainsi que la nécessité d’une
gouvernance locale effective touchant les relations entre les acteurs et la répartition
des rôles et pouvoirs.
Nous tenons à rappeler que la force de l’UMQ réside dans la diversité de ses membres
qui proviennent des régions centrales et des régions ressources, des municipalités de
toutes tailles et que, par conséquent, la quasi-totalité des membres de l’UMQ est
directement concernée par la problématique de la gestion durable des territoires agricoles,
car ils ont d’importantes superficies consacrées à l’agriculture et que, pour beaucoup de
ces collectivités, le territoire et les activités agricoles font partie de l’identité de leur
région et de leur municipalité. L’UMQ est donc un acteur de premier plan.
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ENJEUX ET PRÉOCCUPATIONS POUR LES COLLECTIVITÉS
D’entrée de jeu, l’UMQ reconnaît l’importance économique et sociale de
l’agriculture et de l’agroalimentaire et réaffirme la primauté des activités agricoles
en zone agricole. Il est primordial de renforcer l’économie agricole à tous les
niveaux, que ce soit en matière de formation, de relève, de capitalisation, de
transformation ou de débouchés. En accord avec la Loi sur la protection du territoire et
des activités agricoles (LPTAA), les municipalités régionales de comté (MRC) et les
municipalités locales ont pour responsabilité d’exercer leurs pouvoirs habilitants en
matière d’aménagement et d’urbanisme avec pour objectifs d’assurer une utilisation
prioritaire de la zone agricole à des fins agricoles, d’assurer la pérennité de la pratique de
l’agriculture, et de favoriser la protection et le développement des activités et des
exploitations agricoles, dans une perspective de développement durable. Par ailleurs, les
MRC et les municipalités locales ont également pour responsabilité de favoriser une
cohabitation entre les activités agricoles et non agricoles. Ces responsabilités sont au
cœur de la réflexion menant à la rédaction de ce mémoire.
Notre mémoire présente les trois grands enjeux pour le milieu municipal en rapport avec
le mandat de la CAAAQ, soit le développement durable de l’agriculture, la mise en
valeur des potentiels régionaux et la gouvernance. Pour chacun de ces trois enjeux, le
mémoire propose des recommandations qui sont porteuses à la fois pour l’avenir de
l’agriculture et de l’agroalimentaire et pour l’avenir des régions et des collectivités.
1. Développement durable de l’agriculture : pour de meilleures pratiques responsables
À ce jour, quatre grands principes ont guidé les positions de l’UMQ dans les domaines de
l’aménagement et de l’urbanisme et de la protection environnementale liés aux activités
agricoles, soit :
• La protection de la santé des citoyens;
• La protection des écosystèmes;
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• La vitalité économique des municipalités concernées; et, enfin,
• Le soutien à l’activité agricole basé sur les principes de développement durable.
Ces principes sont d’ailleurs cohérents avec ceux proposés par l’Organisation de
coopération et de développement économiques (OCDE) sur l’agriculture durable qui sont
aussi appuyés par l’UPA (voir présentation de Jean Larose, au Congrès de l’ASDEQ, mai
2007) soit :
• Un système de production viable sur le plan économique;
• La préservation et la valorisation des ressources naturelles de base de l’exploitation
agricole;
• La préservation ou la valorisation des autres écosystèmes affectés par les activités
agricoles;
• Un cadre naturel agréable et de qualité esthétique.
Comme le souligne le document de consultation fédéral, Vers la nouvelle politique
agricole et agroalimentaire 2007, le Canada et le Québec pourraient viser une politique
agroalimentaire qui favorise la rentabilité et la compétitivité du secteur agricole et qui a
des répercussions gérables sur l’environnement, c’est-à-dire qui permet de respecter les
objectifs environnementaux afin de réduire les risques pour l’environnement, qui protège
les ressources naturelles (eau, air, sol) et qui aide le secteur agricole et agroalimentaire à
s’adapter aux mesures de protection de l’environnement sur l’agriculture.
1.1. La problématique agroenvironnementale
La qualité de notre environnement et des écosystèmes qui le composent est étroitement
liée à nos pratiques agricoles. Malheureusement, il appert que la pollution agricole
associée au processus d’intensification de l’agriculture soutenu par l’État, dont la filière
porcine et la production d’éthanol à partir de maïs, a des incidences majeures sur
l’environnement et sur la qualité de vie et la santé des populations habitant dans ou à
proximité des zones agricoles.
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Du point de vue de la protection de l’environnement, le développement durable de
l’agriculture devient un gage d’harmonie sociale, contrairement au développement
conventionnel de l’agriculture pour lequel la protection de l’environnement n’est qu’un
problème technique et juridique. Du point de vue du mode de gestion du territoire, le
développement durable de l’agriculture se distingue encore, car, dans cette perspective, la
ferme fait partie d’un écosystème dans lequel plusieurs groupes ont des intérêts différents
étant donné un usage multiple du territoire (lieux de résidence et de villégiature, tourisme
et récréation, biodiversité, etc.). Dans le développement conventionnel de l’agriculture, le
mode de gestion du territoire se limite à la superficie de l’exploitation agricole.
Les enjeux et les défis posés par le modèle productiviste de l’agriculture actuelle ont été
très bien exposés par M. Claude Villeneuve1 lors de son passage devant la Commission
du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) chargée de la consultation
sur le développement durable de la production porcine au Québec, le 13 novembre 2002.
Il a mentionné que ce modèle « tend à dépasser la capacité de support des écosystèmes en
raison de l’intensité des interventions de l’agriculture intensive, de l’extension des
productions et des quantités de résidus dont il faut disposer, que parmi les grandes
activités humaines polluantes, l’agriculture est celle dans laquelle les interventions
correctrices sont les plus longues à appliquer parce qu’elles jouent sur la complexité du
système ». Il a soulevé que le développement anarchique de la filière porcine a déjà causé
des impacts qui seront très difficiles à récupérer particulièrement dans le sud du Québec.
L’agriculture intensive s’est souvent traduite par l’utilisation excessive ou inappropriée
des matières fertilisantes et des pesticides qui contaminent les sols, les eaux de surface et
souterraines, par des pratiques culturales qui dégradent les sols et par des aménagements
hydro-agricoles désastreux tant sur les écosystèmes que sur le régime hydrique lui-même.
Non seulement ces éléments majeurs de l’agriculture de type industriel ont affecté la
qualité de l’environnement au cours des années, mais ils ont également des impacts
1 M. Villeneuve est directeur du programme éco-conseil au Département des sciences fondamentales de l’Université du Québec à Chicoutimi.
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négatifs sur la santé humaine, principalement par la contamination des sources
d’approvisionnement en eau potable et par la propagation de nuisances olfactives. Malgré
les efforts louables de la part de l’industrie agricole au cours des dix dernières années,
force est de constater que le problème de pollution de l’agriculture intensive demeure
entier.
1.2. La cohabitation harmonieuse
La diversification des activités économiques en zone rurale, le développement de la
villégiature ainsi que la demande grandissante des citadins pour habiter à la campagne ont
engendré, au fil des années, des conflits d’usage entre les activités agricoles et les autres
activités.
Depuis plusieurs décennies, l’agriculture est en net recul face aux autres usages du
territoire, modifiant grandement le visage de nos campagnes. Trois principaux facteurs
expliquent cette tendance historique :
• Les mutations profondes du secteur agricole, l’abandon de fermes et la réduction des
superficies cultivées ont provoqué une précarité économique pour de nombreuses
collectivités rurales les forçant à se tourner vers d’autres secteurs d’activités pour
assurer leur survie, tels le tourisme et la récréation, la villégiature, le commerce,
l’industrie manufacturière et des créneaux technologiques;
• La pression à l’étalement urbain vers la périphérie des zones métropolitaines et des
agglomérations urbaines, et ce, malgré un contexte de faible croissance
démographique et un statut de protection accordé aux terres agricoles depuis la fin des
années 1970;
• Au Québec, les territoires les plus propices à l’urbanisation sont souvent les terres
ayant les meilleurs potentiels agricoles.
Cette urbanisation de la campagne place les collectivités locales devant des enjeux
majeurs, mais elle comporte aussi des avantages pour elles. En effet, dans les
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municipalités rurales des régions centrales, on assiste depuis quelques années à une
augmentation de population, mais ce phénomène n’est pas lié à l’augmentation du
nombre d’exploitations agricoles ni de travailleurs agricoles. Jadis relativement
homogènes, les milieux ruraux se doublent maintenant d’une population de navetteurs
hétérogènes qui, matin et soir, se déplacent pour leur travail et d’une population de
résidants à temps partiel qui viennent jouir les fins de semaine des avantages de la
campagne.
D’un côté, cet apport de nouvelles populations contribue à pallier la diminution de la
population agricole et permet aux communautés rurales de garder et de développer leurs
services. De l’autre, ce phénomène induit un certain choc des valeurs entre les ruraux et
les nouveaux venus (les néo-ruraux). Ces derniers ont souvent une vision idyllique de la
campagne, ils sont sensibles à la pollution, aux bruits, aux odeurs et ils revendiquent
divers types de services municipaux à caractère plus urbain.
L’importance de l’agriculture dans l’économie du Québec est indéniable et celle-ci joue
toujours un rôle structurant. Mais l’agriculture s’est sectorialisée et spécialisée par souci
d’efficacité économique. Cette spécialisation, bien que fort utile pour les agriculteurs qui
sont à la fine pointe de la technologie, a eu pour effet d’isoler le monde agricole des
nouvelles dynamiques de développement local et régional. La filière porcine en est un
exemple, les producteurs de porcs s’étant mis à l’heure de la concurrence internationale
avec tous les problèmes de cohabitation que cela engendre.
Les problèmes d’usages conflictuels du territoire occasionnés, entre autres, par la
spécialisation de l’agriculture, la diversification des activités économiques et la présence
des néo-ruraux, font en sorte que plusieurs municipalités vivent des situations de
confrontation entre groupes de citoyens, contribuant ainsi à désolidariser un milieu rural
déjà fragilisé et à freiner la croissance du secteur agricole.
Comme d’autres intervenants, l’UMQ reconnaît avec la CAAAQ qu’une saine
cohabitation passe par une ouverture et une responsabilisation des entreprises du secteur
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agricole ainsi qu’une adaptation des pratiques ou des façons de faire au développement
durable. Mais aussi par la reconnaissance par les néo-ruraux de l’importance de
l’agriculture dans leur communauté pour l’économie et l’occupation dynamique du
territoire.
1.3. Les mesures gouvernementales récentes
Le gouvernement a posé des gestes ces dernières années en matière d’assainissement
agricole qui vont généralement dans le sens souhaité par l’UMQ : série de lois et
règlements sur l’eau, la protection des rives, du littoral et des plaines inondables et sur la
pollution d’origine agricole. Nous avons déjà salué de telles mesures.
De plus, le Québec s’est donné, à l’automne 2002, une politique nationale de l’eau afin
d’assurer la protection de cette ressource unique, de gérer l'eau dans une perspective de
développement durable et de s’assurer, ce faisant, de mieux protéger la santé publique et
celle des écosystèmes. Cette politique réaffirme que l’eau constitue un élément essentiel
du patrimoine collectif. Elle présente des mesures et des engagements gouvernementaux
destinés notamment : à mettre en place la gestion intégrée par bassin versant, à protéger
la qualité de l’eau ainsi que les écosystèmes aquatiques, à poursuivre l’assainissement de
l’eau ainsi qu’à améliorer la gestion des services d’eau et à favoriser les activités
récréotouristiques liées à l’eau.
Plus récemment, en avril 2006, le gouvernement a adopté la Loi sur le développement
durable. Nous saluons la nomination du commissaire au développement durable qui a un
statut de vérificateur général adjoint auprès du Vérificateur général du Québec. Il a pour
principal mandat de vérifier les résultats atteints par chacun des ministères et organismes,
tout en assurant la transparence de la démarche. Des indicateurs de suivi et de mesure
seront développés pour évaluer les progrès du Québec suite à la mise en œuvre de la loi.
Le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP) veut
établir un lien étroit entre tous ses outils de mesure et ceux des autres intervenants de la
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société comme les municipalités. Une première version des indicateurs devrait être mise
en place au plus tard un an après l’adoption de la Stratégie gouvernementale qui devrait
entrer en vigueur au début de 2008. La loi propose une définition du développement
durable pour le Québec et soutient que le développement durable ne prend pas seulement
en compte l’action environnementale, mais autant l’aspect social qu’économique.
Selon le MDDEP, la démarche gouvernementale interpelle les municipalités et les
régions puisque les élus municipaux doivent prendre régulièrement des décisions qui
concernent des aspects économiques, sociaux et environnementaux du développement. La
loi permet de décréter l’application des dispositions applicables aux municipalités (après
les avoir consultées), les encourage à appliquer ces mêmes dispositions de façon
volontaire et invite les municipalités à assurer la cohérence des interventions locales,
régionales et nationales. Plusieurs municipalités ont déjà adopté une démarche de
développement durable. Le MDDEP souhaite mettre en évidence les expériences et les
expertises de chacune pour créer un effet d’entraînement, tout en facilitant le recours
volontaire aux concepts de la loi comme grille décisionnelle.
Nous croyons que cette loi sur le développement durable est un grand pas dans la bonne
direction et qu’elle pourrait servir de base à un véritable développement agricole durable.
L’UMQ effectuera une réflexion sur la démarche gouvernementale et élaborera une
position lors de la consultation sur le Projet de Stratégie de développement durable en
vue d’une probable commission parlementaire cet automne.
Nous reconnaissons avec la CAAAQ que les résultats en matière de lutte contre la
pollution de l’eau et des sols et contre les nuisances olfactives de même qu’en matière de
développement durable sont loin d’être satisfaisants. Les interventions des dernières
années en matière d’assainissement agricole ont donné des résultats notables, mais
beaucoup reste à faire. Nous comprenons que les pratiques les plus adéquates pour
préserver l’environnement exigent efforts et investissements et ce, tant de la part des
gouvernements, des producteurs agricoles et des transformateurs que des autres
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intervenants. L’UMQ est également consciente que l’agriculture nécessite des
interventions correctrices qui sont souvent longues à appliquer.
1.4. Une agriculture plus sensible à l’environnement
L’UMQ tient à souligner les progrès accomplis ces dernières années en
agroenvironnement. Nous saluons l’ouverture, l’engagement et la passion de milliers de
producteurs agricoles qui consacrent du temps et des investissements pour modifier ou
implanter de nouvelles pratiques toujours plus respectueuses de l’environnement. Le
métier d’agriculteur nécessite une capacité d’adaptation aux changements induits non
seulement par les avancées agronomiques, mais aussi par l’évolution de nos valeurs
collectives telles que la protection de l’environnement et la cohabitation harmonieuse.
Depuis plus d’une décennie, les éco-conseillers des 83 clubs-conseils en
agroenvironnement (CCAE) accompagnent près de 8400 exploitants agricoles membres,
ce qui représente plus du quart de l’ensemble des exploitations du Québec. Les CCAE ont
développé une solide expertise en agriculture durable ainsi que des outils permettant aux
exploitations de prendre des orientations et des décisions éclairées en matière
d’agroenvironnement.
À la lumière du Suivi 2003 du Portrait agroenvironnemental des fermes du Québec, le
MAPAQ, le MDDEP et l’UPA se sont engagés cette année dans une nouvelle démarche
de partenariat visant la réalisation de quelques actions concrètes qui doivent conduire à
des améliorations en agroenvironnement et en cohabitation harmonieuse. L’Union
considère le Plan d’action concerté sur l’agroenvironnement et la cohabitation
harmonieuse comme un signal positif et un pas dans la bonne direction, mais déplore que
le milieu municipal n’y soit pas directement associé, particulièrement au chapitre de la
cohabitation harmonieuse. Néanmoins, ce plan d’action a le mérite de proposer le recours
à certaines mesures complémentaires à l’approche réglementaire afin d’optimiser les
gains environnementaux en milieu agricole.
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Recommandations sur le développement durable de l’agriculture
L’UMQ souhaite apporter un éclairage nouveau à la CAAAQ pour l’aider à établir pour
le futur, sur des bases solides, le cadre de développement durable de l’agriculture au
Québec. Les recommandations qui suivent portent sur le contenu des politiques agricoles
et des mesures visant à protéger l’environnement et la santé des citoyens.
• Que le gouvernement intègre le développement durable de l’agriculture à l’intérieur
de la future Stratégie gouvernementale de développement durable;
• Que le gouvernement applique intégralement le concept de l’écoconditionnalité et
faire connaître les indicateurs utilisés pour en évaluer son efficacité;
• Que le gouvernement assure la protection des bandes riveraines agricoles en
partenariat avec les municipalités et MRC à l’intérieur d’une adaptation aux
problématiques locales et régionales et ce, intégrée à l’approche de bassin versant;
• Que le gouvernement mettre de l’avant des campagnes de sensibilisation autant pour
les néo-ruraux que pour le monde agricole visant la cohabitation harmonieuse et
l’importance de la contribution de chacun des deux acteurs au développement socio-
économique et à l’occupation dynamique du territoire;
• Que le gouvernement fasse la promotion des meilleurs pratiques d’ici et d’ailleurs en
matière de cohabitation harmonieuse;
2. La mise en valeur des potentiels régionaux
Au cours des dernières décennies, le modèle agricole québécois a évolué en faveur de la
production intensive. Nous avons alors assisté à l'accroissement des préoccupations
environnementales et en santé de la part des collectivités et des citoyens. La société
québécoise est maintenant invitée à s'orienter vers le défi d'une agriculture durable. Les
contraintes environnementales et celles relatives à la cohabitation harmonieuse ne sont
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toutefois pas les seules difficultés à l'origine de la crise que connaît actuellement le
secteur agricole. Il faut notamment prendre en considération la réalité et les perspectives
économiques influencées par une foule d'éléments : crise du revenu, barrières
commerciales, mondialisation, salubrité, relève, etc.
La réussite passe par la révision des objectifs de développement, des pratiques agricoles,
des modalités de soutien financier et de mise en marché, de même que par l’innovation
et la diversification des outils et des instruments de protection de l'environnement et
d'aménagement et de développement du territoire. De plus, le gouvernement du Québec
doit renouveler sa vision de développement des régions, en tenant compte de la
problématique agricole et agroalimentaire. Pour l’Union, l’agriculture a un bel avenir au
Québec si elle se pratique au sein de collectivités viables et dans le cadre d’une
occupation dynamique des territoires. En définitive, un nouveau pacte basé sur le
développement durable autour de l'agriculture doit se développer.
2.1. L’occupation dynamique des territoires
Il ne s’agit pas de développer tous les territoires, mais de préserver ceux qui sont occupés
sur une base durable et de développer ceux qui peuvent l’être, de manière la plus durable
et efficiente possible. À cet égard, les terres agricoles ne représentent que 2 % du
territoire québécois. Elles constituent un patrimoine collectif ainsi qu’une ressource non
renouvelable. Pour l’UMQ, la protection du territoire et des activités agricoles est
fondamentale et doit s’inscrire dans la perspective du développement de collectivités
viables et de l’occupation dynamique des territoires.
Cet objectif de préservation et d’occupation du territoire est d’ailleurs devenu une
préoccupation majeure du gouvernement et de l’UMQ. Le 1er décembre 2006, l’Union
adoptait le Plan d’action pour l’occupation de tout le territoire québécois : pour un
avenir viable de l’ensemble du territoire, lequel vise à renforcer les territoires déjà
occupés pour ainsi permettre une occupation dynamique et durable du territoire. La
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Politique nationale de la ruralité (PNR) 2007-2014 vise d’ailleurs à assurer le
développement des collectivités rurales en misant sur leur diversité et leurs particularités
et à garantir l'occupation dynamique du territoire québécois.
2.2. L’agriculture et l’occupation dynamique des territoires
Les activités agricoles sont importantes aux plans économique, social, touristique,
culturel et esthétique pour de nombreuses collectivités tant rurales qu’urbaines. Comme
le souligne à juste titre la CAAAQ, l’agriculture est partie prenente de la ruralité
québécoise. Elle est le premier et le plus stable des facteurs d’occupation dynamique du
territoire. Elle contribue à façonner son paysage et à développer son économie. Les
impacts de l’agriculture sur l’économie se diffusent partout au Québec : un produit
intérieur brut de 2,5 G$, soit 1,0 % du PIB québécois, et 56 600 emplois directs. De plus,
notre agriculture contribue à la sécurité alimentaire du Québec, qu’il est essentiel de
protéger.
Longtemps considérée comme un phénomène de communauté, l’agriculture a permis à de
nombreuses collectivités rurales à travers le Québec de voir le jour et de façonner une
grande partie de la société que nous connaissons aujourd’hui. Mais, le monde rural
québécois a subi d’importantes transformations au cours des cinquante dernières années.
Il est clair que l’agriculture n’est plus la seule activité économique à tirer profit des
ressources offertes par la campagne. C’est seulement moins d’un rural sur dix qui vit
aujourd’hui de l’agriculture. Il en résulte deux réalités dans la ruralité2 avec deux types
de municipalités : celles qui jouissent d’un certain dynamisme et ressortent gagnantes de
ce développement, et celles qui sont enclines à la dévitalisation ou à la restructuration, et
en ressortent perdantes. Cette situation risque de compromettre l’occupation dynamique
du territoire rural en déstructurant les économies locales.
2 EPENDA, Augustin. Les milieux ruraux québécois en restructuration : diagnostic, facteurs tangibles et intangibles de dévitalisation rurale et perspectives de développement local approprié. Rapport de recherche no 2, Centre de recherche sur le développement territorial (CRDT), Université du Québec à Rimouski, 2003.
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Cette bipolarisation marque des différences interrégionales principalement d’ordre
économique entre les régions rurales, mais aussi à l’intérieur même des régions. Une
étude réalisée par l’UMQ en 20053 a permis d’identifier d’importantes différences entre
les municipalités locales selon leur taille ou selon qu’elles sont dans une région
« périphérique » ou « centrale ». Il est ressorti de cette étude une typologie des
municipalités qui a démontré la très grande diversité de réalités dans le milieu rural : les
municipalités locales agricoles, les municipalités locales périurbaines, les municipalités
locales de villégiature et les municipalités locales « ressources ». Les réalités
économiques et sociales vécues par ces différentes catégories de municipalités sont fort
différentes, de même que leurs défis de développement. Chacun de ces types de
municipalités joue un rôle important dans l’occupation dynamique du territoire.
2.3. Les défis pour l’agriculture périurbaine 4
La dynamique économique et sociale révèle une tendance lourde vers l’urbanisation et la
création de pôles de développement autour des grandes villes qui agissent comme autant
d’aimants attirant vers elles les populations. Ces dernières exercent une pression accrue
auprès des autorités municipales et gouvernementales pour bénéficier de services et
obtenir leur part de ressources et de richesse.
L’agriculture devient périurbaine lorsqu’elle s’exerce en milieu urbain, plus ou moins
continu, mais marqué par une organisation économique et sociale de type urbain. La
dynamique de l’agriculture périurbaine est celle d’une activité tant sociale
qu’économique, qui s’exerce dans un milieu où l’ensemble des acteurs la considère
comme un épiphénomène, qui se déroule en parallèle de la vie sociale et économique
dominante. Cela aide à mieux comprendre pourquoi cette activité doit pouvoir compter, 3 UMQ - CAUCUS DES MUNICIPALITÉS LOCALES, La situation fiscale et financière des municipalités locales : constats et orientations, avril 2005, 32 pages. 4 Le Caucus des municipalités de la Métropole de l’UMQ a déposé à la CAAAQ un mémoire portant sur l’agriculture périurbaine dans la Communauté métropolitaine de Montréal. Nous invitons le lecteur à s’y référer.
L’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire québécois
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Mémoire de l’Union des municipalités du Québec Présenté à la Commission sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire québécois
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pour se développer dans un tel environnement socio-économique, sur l’appui actif des
autorités municipales.
Les zones urbaines du Québec empiètent de plus en plus sur les terres agricoles
environnantes. Ces terres agricoles figurent souvent parmi les plus productrices et les plus
fertiles de la province. La croissance des valeurs foncières est manifestement profitable
pour les producteurs existants, mais elle accentue les difficultés pour les jeunes
producteurs et les exploitations en croissance.
Parmi les diverses problématiques touchant l’agriculture périurbaine, on retrouve le
morcellement des terres classées en zone agricole et la difficulté accrue dans ces
circonstances pour les agriculteurs de rentabiliser leur remise en production. Or, il existe
très peu d’instruments à la portée des municipalités pour contribuer localement à des
initiatives de remembrement et de remise en production de terres zonées agricoles. Des
pouvoirs ont été accordés à la pièce par des lois spéciales (Saint-Hubert et Laval), mais
ces pouvoirs ne sont pas toujours aussi déterminants qu’espérés5. Ceci étant, il faut à tout
prix bonifier ces outils municipaux – tant les programmes incitatifs que les pouvoirs
d’intervention sur cette zone – pour parvenir aux fins visées d’une gestion plus cohérente
et efficace des territoires agricoles et non agricoles.
2.4. La solidarité entre le monde municipal et le monde agricole
La présente réflexion sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire québécois est
une occasion de revoir les modes de cohabitation entre les productions agricoles et les
autres secteurs d’activités. Il faut renforcer le maillage entre ces secteurs d’activités afin
de favoriser, par une plus grande complémentarité, un milieu de vie dynamique et
5 Saint-Hubert (avant le regroupement avec Longueuil) et Laval ont obtenu, sur demande, des modifications à leur charte municipale leur permettant d’être actives en matière de remembrements de terres zonées pour des fins agricoles mais appartenant à de multiples propriétaires qui les avaient acquises souvent pour des fins de spéculation immobilière avant le décret sur le zonage agricole. La faible valeur foncière de ces portions de terres rend difficile, même en imposant une surtaxe spéciale (Laval), leur cession par les actuels propriétaires.
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porteur d’avenir. Parallèlement aux travaux de la CAAAQ, l’UMQ participe activement
à l’avancement de voies de développement et de renforcement des régions en
recherchant les possibilités de raffermissement du tissu socio-économique des pôles de
services qui s’y trouvent. En se penchant sur une actualisation de l’interdépendance entre
agriculture et vie socio-économique des collectivités, on contribue à l’avenir de nos
régions.
Des collectivités rurales et urbaines fortes et un secteur agricole qui sera à l’écoute des
marchés seront nécessaires pour assurer une assise solide pour l’agriculture. Le
renforcement du sentiment d’appartenance au milieu rural, la valorisation de ce milieu et
des savoirs locaux doivent être développés. Des stratégies doivent être mises en place
pour favoriser une plus grande collaboration entre les acteurs ruraux entre eux, entre
ruraux et néo-ruraux et entre ruraux et urbains sur l’ensemble du territoire québécois afin
de bâtir une réelle solidarité rurale urbaine pour une occupation dynamique du territoire.
En plus des complémentarités naturelles entre le secteur agricole et le rural d’une part et
l’urbain d’autre part, une solidarité peut s’établir de différentes façons entre le milieu
municipal et le monde agricole et agroalimentaire. Il n’existe pas de formule unique mais
une des constantes est que les producteurs prennent le leadership avec l’appui (financier,
technique) des gouvernements et l’engagement actif des autres intervenants-clés. Voir
l’exemple du créneau bioalimentaire de la Montérégie et la grappe bioalimentaire de la
Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), qui sera bientôt mise sur pied.
Les municipalités peuvent aider à soutenir la pérennité des entreprises agricoles. Ainsi,
elles peuvent encourager, en saison, la présence de kiosques de produits frais (vente
directe par le producteur), le développement d’une signalisation particulière pour
identifier les entreprises agricoles, de même qu’à encourager le développement de
circuits récréatifs près des zones agricoles (pistes cyclables, sentiers de randonnée) qui
permettent le dépaysement. On peut aussi penser à l’encouragement par la municipalité
ou le CLD à tenir un marché public local. Le Québec compte présentement 80 marchés
de producteurs. Plusieurs autres pourraient voir le jour.
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Mémoire de l’Union des municipalités du Québec Présenté à la Commission sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire québécois
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La Ville d’Ottawa a organisé un sommet sur la ruralité en novembre 2005, pour mieux
comprendre et tenir compte des problématiques de prestation de services, d’aménagement
et de développement en milieu rural. Au nombre des initiatives retenues au terme de ce
Sommet, on dénombre les campagnes d’achat local de produits de la ferme, la mise sur
pied d’un marché réservé aux produits locaux, l’adaptation de certains services
municipaux pour mieux servir les résidants de la zone rurale, ainsi qu’un programme de
subventions aux agriculteurs pour diminuer le coût de certains permis municipaux.
Un autre volet par lequel les municipalités peuvent chercher à valoriser une zone agricole
consiste à favoriser l’établissement sur leur territoire d’entreprises spécialisées en
agrotourisme, comme des gîtes, des camps de vacances, des centres équestres, des centres
d’entraînement canin, des serres, des pépinières, des érablières, des vignobles, des
fromageries artisanales, etc. De telles activités nécessitent de l’espace et un
environnement qui s’accommode et s’enrichit de leur présence, et participent à une
stratégie de rétention au niveau local du pouvoir de dépenser des consommateurs.
Le projet ACCORD (Action concertée de coopération régionale de développement) est
un bel exemple d’approche concertée axée sur les forces des régions. Le projet vise à
construire un système productif régional compétitif sur les plans nord-américain et
mondial, par l'identification et le développement, dans chacune des régions, de créneaux
d'excellence qui pourront devenir leur image de marque.
Ces rapports nouveaux peuvent aussi s’établir par des projets-pilotes concertés entre le
secteur agricole, les municipalités et autres acteurs qui ont l’avantage de réduire les
barrières au dialogue entre les acteurs-clés, par exemple, les projets-pilotes sur la
biodiversité des cours d’eau en milieu agricole (voir présentation de Jean Larose,
directeur général de l’UPA, Congrès de l’ASDEQ, mai 2007, Québec). C’est pourquoi le
Québec doit continuer à soutenir l’innovation, la diversification et la mise en valeur des
ressources des milieux agricoles et ruraux axés sur les forces des régions, la concertation
entre les acteurs-clés et le développement durable.
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2.5. La mise en valeur de potentiels régionaux : quelques exemples
Les nouveaux produits et marchés :
Où qu’ils vivent, en ville ou en région, les consommateurs ont des exigences de plus en
plus spécifiques quant aux aliments qu’ils consomment. La demande de produits
alimentaires diversifiés, généralement importés, croît aux dépens des produits
traditionnels non différenciés locaux. Par contre, le consommateur a un intérêt
grandissant pour l’achat de produits locaux (fraîcheur, sentiment identitaire, réduction des
gaz à effet de serre).
Les consommateurs sont de mieux en mieux informés au sujet de l’incidence de
l’alimentation et de la production d’aliments sur la santé. Ils demanderont des aliments
ayant des caractéristiques « santé » particulières. De façon similaire, les préférences des
consommateurs entraîneront de plus en plus la création de niches de marché. Les
méthodes de production, en particulier les pratiques environnementales, devront s’adapter
aux besoins de ces marchés et stimuleront leur croissance. Les tendances globales
évoluent dans la bonne direction. Par exemple, le marché européen de produits
biologiques ou portant un label écologique est en pleine expansion. (Voir la présentation
du professeur Paul Lanoie, HEC, au congrès de l’ASDEQ, mai 2007, Québec). Aussi,
suite au lobby populaire au Royaume-Uni, la plupart des supermarchés comprennent
deux sections au rayon des viandes, selon les façons d’élever les animaux. Il en est de
même au Québec, où la vente de produits biologiques est en croissance.
Mais pour le secteur agricole, le consommateur de demain ne sera pas qu’un simple
acheteur d’aliments. Les débouchés encore inexploités que présente la production non
alimentaire deviendront un moteur important des activités des exploitations agricoles. De
multiples débouchés font actuellement l’objet de recherche et développement, notamment
concernant le rôle des biofibres et l’utilisation des cultures agricoles pour fabriquer de
nouveaux produits pharmaceutiques.
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La production d’énergie en milieu agricole :
L’agriculture québécoise représente un secteur d’activités à fort potentiel de production
énergétique. Encore peu exploités, les gisements éoliens qui traversent les grandes
superficies agricoles, la transformation de la biomasse issue de la culture et des biogaz
provenant de l’élevage méritent que soient explorés les moyens d’accroître l’autonomie
en approvisionnement électrique et gazier des exploitations. De plus, en accord avec la
nouvelle stratégie énergétique du Québec 2006-2015, il est de mise de favoriser la
contribution des producteurs agricoles à investir dans de nouvelles technologies
énergétiques pour faire profiter la collectivité rurale des initiatives prises en ce sens. Par
la production décentralisée d’électricité, notamment l’autoproduction et éventuellement la
microproduction, les collectivités québécoises de la ruralité pourraient renforcer le
partenariat de coproduction des richesses énergétiques locales et régionales, en
complémentarité aux réseaux nationaux d’électricité et de gaz naturel.
Toutefois, si elle est favorable à un programme énergétique qui comprend le recours aux
biocarburants, l’UMQ s’interroge sur les impacts de la production d’éthanol à partir du
maïs, ou d’autres céréales, sur l’environnement, sur l’économie agricole et sur la
production alimentaire. Déjà, l’annonce faite par le président américain en janvier dernier
de quintupler aux États-Unis d’ici 2017 la quantité d’éthanol dans l’essence crée une forte
pression sur la demande de maïs notamment. Cette pression se traduit à court terme et à
long terme par une hausse du prix des céréales et des terres, ce qui pourrait causer des
effets pervers tels que la spéculation sur les terres agricoles. Étant donné l’augmentation
du prix du pétrole, les usines d’éthanol ne risquent-elles pas de s’accaparer du marché
céréalier mondial au détriment des populations des pays pauvres, notamment ? De plus,
comme la culture du maïs a des impacts significatifs sur l’environnement, plusieurs
experts s’interrogent sur le bénéfice environnemental net de l’utilisation de cette céréale
comme intrant énergétique comparativement à l’utilisation des résidus forestiers et des
matières résiduelles municipales pour produire du diésel de synthèse.
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Mémoire de l’Union des municipalités du Québec Présenté à la Commission sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire québécois
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Recommandations sur la mise en valeur des potentiels régionaux
Bien que le domaine de l’agriculture et de l’agroalimentaire ne soit plus le moteur
économique de nos régions, il demeure un facteur majeur d’occupation dynamique des
territoires. L’UMQ souhaite qu’une solidarité s’établisse entre le milieu municipal et le
monde agricole afin de mettre en valeur les potentiels régionaux avec les moyens
suivants :
• Que le gouvernement offre des outils supplémentaires aux municipalités afin
quelles puissent contribuer davantage à la pérennité de l’agriculture et de
l’agroalimentaire;
• Que le gouvernement accorde de nouveaux pouvoirs aux municipalités en matière
de développement économique;
• Que le gouvernement accorde le pouvoir habilitant aux municipalités locales de
réaliser des initiatives de remembrement et de remise en production de terres zonées agricoles;
• Que le gouvernement mette davantage l’accent sur l’innovation dans tous les
volets agroalimentaires en rassemblant tous les acteurs autour d’une même table
au niveau régional (ex. agriculteurs, les transformateurs, les responsables de la
commercialisation, groupes environnementaux et les différents ordres de
gouvernement dont le monde municipal).
3. La gouvernance
Au niveau de l’avenir des régions, des collectivités locales et de l’agriculture, la société
québécoise est à la croisée des chemins et le gouvernement doit, lui aussi, renouveler sa
vision et sa gouvernance de l’agriculture. Le gouvernement est un acteur majeur dans la
gestion des territoires agricoles et il a l’ultime responsabilité d’en assurer l’aménagement
durable. Il doit non seulement veiller à la pérennité du territoire et des activités agricoles,
mais il doit également veiller à la conservation des écosystèmes, à la santé de la
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population et au maintien des usages multiples du territoire agricole pour assurer le
développement de collectivités viables. Le renouvellement de cette vision doit passer par
l’établissement d’un nouveau pacte, c’est-à-dire l’engagement actif des acteurs-clés dans
la solution aux problèmes que vivent les collectivités locales et le secteur agricole, et ce,
dans une perspective de développement durable.
3.1. Les responsabilités des municipalités : rappel historique
Le milieu municipal a l’obligation légale de favoriser l’utilisation prioritaire du sol des
zones agricoles à des fins d’agriculture et de veiller à la coexistence harmonieuse des
usages agricoles et non agricoles. La Loi sur la protection du territoire et des activités
agricoles (LPTAA) a pour objet « d’assurer la pérennité d’une base territoriale pour la
pratique de l’agriculture et de favoriser, dans une perspective de développement durable,
la protection et le développement des activités et des entreprises agricoles dans les zones
agricoles dont il prévoit l’établissement ». En vertu du régime actuel de protection du
territoire et des activités agricoles, les municipalités ont l’obligation de s’engager
activement à préserver la zone agricole en exerçant pleinement les pouvoirs
d’aménagement qui leur ont été confiés par le gouvernement du Québec au fil des ans
depuis 1978. Les interventions des élus municipaux sont guidées par les orientations du
gouvernement en matière d’aménagement du territoire. La conformité de ces
interventions aux orientations fait l’objet d’approbations relevant du ministre des Affaires
municipales et des Régions, en consultation avec les autres ministères concernés.
La Loi sur l’aménagement et l’urbanisme (LAU), adoptée en 1979, confie aux MRC et
aux municipalités locales des responsabilités en matière d’aménagement et d’urbanisme.
Par l’adoption de cette loi, le gouvernement a décidé de décentraliser les pouvoirs de
gestion du territoire dans les régions.
Le milieu municipal exerce aussi certaines responsabilités environnementales qui ont des
répercussions sur l’agriculture. Ces responsabilités concernent notamment la protection
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Mémoire de l’Union des municipalités du Québec Présenté à la Commission sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire québécois
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des rives, du littoral et des plaines inondables, la détermination et l’application de
périmètres de protection des ouvrages de captage d’eau souterraine à des fins
d’alimentation en eau potable ainsi que l’évacuation et le traitement des eaux usées des
résidences isolées.
En 1996, le gouvernement adopte la Loi modifiant la Loi sur la protection du territoire
agricole et d’autres dispositions législatives afin de favoriser la protection des activités
agricoles6. Cette loi départage clairement les responsabilités respectives du
gouvernement et celles des MRC en distinguant la pollution d’origine agricole des
inconvénients d’origine agricole : le gouvernement « contrôle » la pollution d’origine
agricole en vertu du Règlement sur la réduction de la pollution d’origine agricole
(RRPOA)7, tandis que les MRC atténuent les inconvénients reliés aux odeurs inhérentes à
certaines activités agricoles par le biais du document complémentaire de leur schéma
d’aménagement du territoire. Il importe de rappeler qu’en plus d’introduire des
modifications importantes au régime de protection du territoire agricole, cette loi agricole
de 1996 a introduit le « droit de produire », soit diverses mesures de protection des
activités agricoles en même temps qu’un régime complexe de contrôle, par les
municipalités, des inconvénients reliés aux odeurs provenant des activités agricoles.
Dans ce contexte et afin de guider les MRC dans la révision de leur schéma
d’aménagement, le gouvernement communiquait aux MRC et aux nouveaux comités
consultatifs agricoles ses nouvelles orientations en matière d’aménagement et de
protection du territoire et des activités agricoles, désigné ici : Orientations de 1997. Il
adopte aussi les principes généraux relatifs à la gestion des odeurs, du bruit et des
poussières en milieu agricole.
Le développement en zone agricole d’activités d’autre nature a toujours été une source de
frictions. Pensons notamment aux demandes en zone agricole pour des fonctions
résidentielles, commerciales, industrielles ou récréatives. Dans ses demandes pour
6 1996, chapitre 26, projet de loi 23, entré en vigueur le 20 juin 1997, ici nommé «loi agricole de 1996». 7 Remplacé par le Règlement sur les exploitations agricoles.
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réclamer la révision de la Loi modifiant la Loi sur la protection du territoire agricole et
d’autres dispositions législatives afin de favoriser la protection des activités agricoles,
l’UPA alléguait que de nombreux établissements agricoles existant avant l’entrée en
vigueur de cette loi étaient bloqués dans leur projet d’expansion par l’application des
normes municipales de distances séparatrices. De plus, elle a fait valoir son insatisfaction
face à l’encadrement du pouvoir de zonage des municipalités locales en zone agricole.
Suite à d’autres interventions de l’UPA, le gouvernement adoptait en 2001 la Loi
modifiant la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles et d’autres
dispositions législatives8. Cette loi édicte des mesures visant à préserver la capacité
d’accroissement ou le maintien des activités agricoles dont les porcheries dans certains
cas particuliers. Cela a pour effet de limiter l’exercice, par la municipalité locale, de son
pouvoir de zoner en zone agricole en ce qui touche la portée et l’effet de la norme
municipale. Les dispositions de la LPTAA réduisent en fait l’efficacité des normes
municipales en accordant des exemptions à l’encontre de leur application. Ces
dispositions sont de deux types. Elles visent d’abord à limiter l’impact de nouvelles
implantations non agricoles en zone agricole sur le développement éventuel des activités
d’élevage avoisinantes. Elles confèrent ensuite des droits explicites d’implantation et
d’agrandissement aux établissements d’élevage dans cette zone. Cette loi agricole de
2001 a eu pour effet de suspendre l’application des dispositions des règlements
municipaux incompatibles avec les nouvelles normes sans égard aux inconvénients de
leur projet sur le voisinage.
L’UMQ a manifesté son profond désaccord face à toutes les mesures restrictives de la loi
agricole de 2001 à l’égard de l’exercice, par les municipalités, de leurs compétences et
face au droit d’expansion des porcheries conféré aux entreprises agricoles. Selon l’UMQ,
cette loi va à l’encontre du principe de développement durable de l’agriculture. Dans le
cadre de ses représentations sur le projet de loi 549, l’UMQ a demandé le pouvoir de
8 2001, chapitre 35, projet de loi 184, entré en vigueur le 21 juin 2001, ici appelé «loi agricole de 2001». 9 2004, chapitre 20, Loi modifiant diverses dispositions législatives concernant le domaine municipal, sanctionnée le 1er novembre 2004.
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contingenter les activités agricoles en zone agricole, mais n’a obtenu ce pouvoir que pour
la production porcine.
3.2. Trois acteurs-clés en matière de protection du territoire et des activités agricoles
La Commission de protection du territoire agricole du Québec
Le rôle de la Commission de la protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) est
de protéger l’assise territoriale de l’agriculture. Pour exercer sa compétence, la CPTAQ
tient compte de l’intérêt général de protéger le territoire et les activités agricoles. Elle
prend également en considération le contexte des particularités régionales. La CPTAQ
doit gérer les demandes d’autorisation d’activités non agricoles en zone agricole. Ce
faisant, elle est généralement confrontée à deux phénomènes : la pression du
développement urbain sur les zones agricoles dans les milieux périurbains et
l’implantation, en milieu rural, d’activités non agricoles.
Toutefois, le mandat de la CPTAQ ne lui permet malheureusement pas de tenir compte de
la globalité des problèmes d’aménagement du territoire, de cohabitation sociale, de santé
et de qualité de vie des citoyens. N’ayant pas la connaissance du terrain, elle n’a pas la
maîtrise des réalités socio économiques des régions. À ce titre, elle rend difficile la
cohérence des schémas d’aménagement du territoire qui doivent normalement tenir
compte autant des réalités agricoles que non agricoles afin d’assurer le bien-être des
citoyens. Elle rend donc partiellement inefficace l’application de la LAU.
Le comité consultatif agricole
Le comité consultatif agricole (CCA) a pour fonction « d’étudier toute question relative à
l’aménagement du territoire agricole, à la pratique des activités agricoles et aux aspects
environnementaux qui sont rattachés à cet aménagement ou à cette pratique. » Dans sa
forme actuelle, le comité consultatif agricole est une instance qui a des pouvoirs d’étude
et de recommandation suffisamment étendus. Celui-ci fournit au conseil de la MRC tout
l’éclairage nécessaire pour que ce dernier puisse statuer sur les questions relatives à
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l’aménagement du territoire agricole, à la pratique des activités agricoles et aux aspects
environnementaux qui sont rattachés à cet aménagement ou à cette pratique.
La consultation de ce comité par la MRC est obligatoire pour l’examen de la conformité
d’un règlement d’urbanisme local avec les orientations d’un schéma d’aménagement non
révisé ou avec les Orientations gouvernementales. La MRC a le pouvoir de nommer les
membres du comité parmi différentes catégories de personnes, soit les membres du
conseil de la MRC, les producteurs agricoles et les résidants autres que les producteurs
agricoles. En vertu de la loi, le CCA doit être composé d’au moins la moitié de
producteurs agricoles.
L’UMQ considère que cette majorité entache la crédibilité des recommandations du CCA
et intimide souvent les citoyens non agriculteurs qui ont des représentations à faire devant
ce comité. L’UMQ a fait part au gouvernement qu’il serait souhaitable que le CCA ne
soit pas noyauté par un groupe d’intérêts et qu’aucune des trois catégories de membres
(élus, agriculteurs, citoyens) n’ait la majorité des sièges au sein de ce comité. Il faudrait
aussi s’assurer que des représentants des élus et des citoyens ne soient pas eux-mêmes
des producteurs agricoles. Un meilleur équilibre parmi ces catégories de personnes
assurerait à notre avis, une plus grande légitimité aux yeux des citoyens, une lecture plus
juste des problématiques et une meilleure efficacité dans l’étude des dossiers qui lui sont
transmis.
La Commission municipale du Québec
En vertu de la LAU, la Commission municipale du Québec (CMQ) a le mandat de
produire des avis de conformité des documents d’aménagement et d’urbanisme aux
orientations gouvernementales en matière agricole, lorsqu’une demande en ce sens lui est
adressée, soit par une municipalité, un groupe de personnes habiles à voter ou par le
ministre des Affaires municipales et des Régions. Cet organisme gouvernemental
indépendant a fait la démonstration, au fil des ans, qu’il assumait bien son mandat à cet
égard.
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Pour s’acquitter de sa tâche, comme par exemple à l’égard de la conformité d’un zonage
des productions aux Orientations gouvernementales de 1997, la CMQ s’est inspirée
notamment de la notion de développement durable de l’agriculture, telle que définie par
l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), sur la base
d’une vision globale de ce concept et d’une lecture nuancée de l’exigence de la
conformité aux Orientations gouvernementales.
L’UMQ appuie la rigueur avec laquelle la CMQ s’est toujours acquittée de son mandat et
juge injustifiées les attaques concertées contre cet organisme sur la manière dont elle
évalue la conformité des règlements de zonage locaux aux Orientations
gouvernementales. Pour l’UMQ, la CMQ, dans ses décisions, a toujours recherché un
équilibre entre les préoccupations de protéger l’intégrité des zones agricoles, tout en
permettant aux instances locales d’utiliser leur pouvoir de zonage pour préserver la
qualité du milieu de vie.
3.3. Accroître la transparence et l’équité du processus public d’élaboration du régime juridique
L’UMQ ne peut passer sous silence le manque de transparence et d’équité du processus
public d’élaboration du régime juridique de protection du territoire et des activités
agricoles et du régime de protection environnementale. Ce régime est difficile
d’application avec des lois lourdes, des normes de distances séparatrices en vue
d’atténuer les odeurs, peu sévères et peu crédibles10, et des règlements très complexes
en matière de protection environnementale. Même les experts ont des difficultés à se
retrouver dans cet imbroglio juridique. De plus, les délais d’application des normes
environnementales peuvent être très longs. On constate que les plus importantes
10 L’UMQ tient à rappeler que dans le cadre des travaux ayant conduit à la loi agricole de 1996, un Comité interministériel formé de représentants du MENV, du MAPAQ, du MAMM et du MSSS déposait un rapport le 20 mars 1997, faisant état d’une proposition de principes généraux relatifs à la gestion des odeurs, du bruit et des poussières en milieu agricole.
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entraves à l’exercice du pouvoir municipal de zonage en zone agricole résultent de la
mise en place du régime complexe édictée par la loi agricole de 2001.
L’UMQ estime que le gouvernement devrait bannir l’approche qui tend à complexifier la
législation, la rendant plus difficile d’application pour les administrations municipales et
plus difficile de compréhension pour la population en général. Cela va à l’encontre des
demandes répétées du milieu municipal qui souhaite depuis fort longtemps des lois plus
claires, tout en préservant les pouvoirs existants des municipalités. La révision de la LAU
en cours actuellement semble avoir pris en compte nos demandes de simplification.
L’UMQ est d’avis que le gouvernement devrait faire confiance aux autorités locales et
tenter de simplifier et d’harmoniser la législation afin de s’assurer que l’exercice des
pouvoirs municipaux en matière d’aménagement et d’urbanisme concourt à la
réalisation de l’objet de la LPTAA, plutôt qu’à accorder, à la pièce, des
assouplissements aux mécanismes légaux et réglementaires pour permettre, avec moins
de contraintes, le développement des activités agricoles.
3.4. Revoir le cadre juridique actuel
L’objectif n’est pas de remettre en cause les fondements de la LPTAA qui protège le
territoire agricole et les activités qui s’y déroulent, loin de là. Il faut en renforcer les
fondements pour assurer la pérennité du territoire et des activités agricoles. Cependant,
elle doit être revue, car son application ne doit pas freiner le développement des
communautés ni prendre en otage ceux et celles qui habitent le territoire rural : il en va
parfois de leur survie. L’occupation dynamique du territoire doit se faire en lien avec le
potentiel du milieu et pour y arriver, il faut un cadre juridique qui soit repensé et orienté
vers la diversification, la cohabitation et l’acceptabilité sociale. L’encadrement juridique
doit également prévoir une adaptation et une modulation qui tiennent compte des
particularités régionales du Québec.
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On ne rappellera jamais assez que la LAU a mis en place un système de gouvernance de
l’aménagement et l’urbanisme dont les principales caractéristiques sont :
• un partage de responsabilités entre le gouvernement du Québec et le palier municipal
dans une volonté de décentralisation géographique de l’administration;
• une reconnaissance du caractère politique de la prise de décision dans ce domaine;
• un processus de consultation et de participation des citoyens leur permettant de se
prononcer sur l’aménagement de leur cadre de vie.
De par ces caractéristiques, le schéma d’aménagement, le plan d’urbanisme et les règlements
qui en découlent sont donc conformes aux priorités des administrations locales et à celles de
la collectivité. Il faut donc resituer la problématique de l’agriculture dans ce contexte global
de l’aménagement, tout en donnant la priorité à l’agriculture conformément aux Orientations
gouvernementales, les administrations locales doivent aussi tenir compte du fait que leur
territoire est aussi occupé par des usages non agricoles.
Ainsi, il serait fortement souhaitable d’élargir les pouvoirs des municipalités en matières
de gestion des territoires agricoles, de protection de l’environnement et d’harmoniser,
voire intégrer, les deux principales lois soit la LPTAA et la LAU. Cette dernière vise la
gestion du territoire d’une municipalité et les activités qui y sont exercées, d’une part, en
favorisant la protection du territoire et l’optimisation des activités agricoles et, d’autre
part, en préservant les pouvoirs des municipalités en matières d’aménagement et
d’urbanisme de même que l’autonomie politique des institutions municipales.
Le gouvernement doit soutenir et aider les municipalités dans leur projet de
développement local, avec la participation des citoyens et éviter de considérer les
municipalités comme un réceptacle des politiques qu’il a décrétées. Les membres de
l’UMQ veulent développer, organiser leurs villes et leurs campagnes comme leurs
citoyens leur demandent, en respectant leurs choix et leurs volontés dans le respect des
compétences et des lois et règlements du Québec.
L’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire québécois
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3.5. Accroître et diversifier les ressources financières et fiscales des municipalités visant à satisfaire les objectifs du développement durable
Il est essentiel que les municipalités puissent, avec les ressources financières, fiscales et
humaines appropriées, gérer de manière stratégique et appliquer des normes et règlements
afin de prévenir les problèmes et protéger la population aux plans environnemental, social
et économique. L’UMQ a déjà fait part au gouvernement de ses préoccupations quant au
déséquilibre fiscal subi par les municipalités, sous la forme d’un déficit en infrastructures
qui atteint 18 milliards de dollars, doublé d’un endettement croissant et d’un financement
inadéquat par rapport aux responsabilités à assumer. L’augmentation de la charge
financière occasionnée par de nouvelles responsabilités aux municipalités fait en sorte
que la croissance des revenus ne progresse pas au même rythme que les dépenses.
La forte dépendance des revenus fiscaux des municipalités à l’égard de la taxe foncière
ne laisse aucun choix aux municipalités quant aux sources de création de richesse sur leur
territoire, lesquelles se limitent à de nouvelles constructions. Il n’existe en effet à l’heure
actuelle aucun autre moyen pour une municipalité d’accroître sa richesse et de générer de
nouveaux revenus. Cette dépendance à l’égard de l’impôt foncier crée ainsi des
distorsions économiques, en incitant les municipalités à encourager les investissements
immobiliers qu’ils soient résidentiels, commerciaux ou industriels. Sans autre outil fiscal
pour financer leurs responsabilités croissantes, les municipalités sont parfois contraintes
de favoriser le projet qui générera le plus de revenus de taxes foncières, même si ce projet
ne représente pas le meilleur choix en termes de développement durable. Cela, bien sûr,
apporte des pressions sur le développement à l’extérieur des zones urbaines.
Sans que leur fiscalité ne change, les municipalités ont vu leur rôle s’accentuer au fil des
ans, tant du fait de transferts de responsabilités des paliers supérieurs de gouvernement,
que du fait des demandes de plus en plus spécialisées des citoyens. Une gestion
stratégique à long terme est plus que jamais nécessaire dans un contexte de
développement durable. Pour y parvenir, il est essentiel que la fiscalité municipale soit
adaptée à cette évolution, et qu’elle permette de planifier à long terme tout en étant
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adaptée à l’ampleur et à la nature des responsabilités municipales. Ces responsabilités
n’ont jamais autant été tournées vers les services aux personnes alors que les services à la
propriété ne sont plus les seuls services fournis au niveau local. Les municipalités sont
appelées à adapter leurs services aux changements démographiques, avec une population
vieillissante, tout en assurant aux familles un environnement accueillant et sécuritaire.
Ces responsabilités cruciales pour la qualité de vie de l’ensemble des citoyens s’exercent
en concurrence avec les efforts des municipalités pour attirer et maintenir, sur leur
territoire, des entreprises nécessaires à leur prospérité. À ces efforts s’ajoute une
multiplication de normes à respecter pour un nombre croissant de services à la
population, que ce soit en matière d’environnement ou en matière de sécurité publique.
Plus que jamais, les responsabilités municipales sont imbriquées avec les responsabilités
provinciales et fédérales, que ce soit dans des domaines tels que l’environnement, le
social ou l’économie. La combinaison de ces responsabilités fait de la gestion municipale
un exercice qui se complexifie avec le temps, ce qui rend indispensable la mise à
disposition d’outils financiers et fiscaux stables, suffisants et prévisibles à long terme.
Les municipalités sont aujourd’hui prises dans un étau entre des contraintes financières et
fiscales majeures et une volonté de développement durable qui ne sont pas toujours
compatibles. C’est l’absence de diversification des revenus municipaux adéquats,
prévisibles et stables qui crée un système pervers qui décourage la densification des
activités résidentielles et commerciales, la protection de l’environnement et donc le
développement durable. Il est donc primordial pour le gouvernement d’engager une
réflexion sur la fonctionnalité et l’adéquation de la fiscalité municipale dans le sens d’une
diversification des revenus et du développement durable.
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3.6. Établir un partenariat entre le milieu municipal et le secteur agricole
La clé du succès à l’égard du développement des activités agricoles et non agricoles
repose sur l’établissement d’un véritable partenariat entre le milieu municipal et le
secteur agricole, fondé :
• sur les principes du développement durable tant pour le secteur agricole que pour les
collectivités urbaines et rurales;
• sur la protection du territoire et des activités agricoles;
• sur l’autonomie, l’imputabilité envers leurs citoyens et la démocratie des
gouvernements locaux;
• sur l’harmonisation des activités agricoles et non agricoles;
• sur une approche consensuelle et sur la concertation avec les acteurs du milieu à
l’échelle des collectivités locales et régionales.
Dans le dossier de la protection du territoire et des activités agricoles au Québec, il est
primordial de sortir des préjugés face à l’espace rural, afin que ses habitants et tous les
acteurs de la société développent une même vision de la campagne, travaillent ensemble
pour trouver de nouvelles façons de faire les choses pour mieux cohabiter et se donnent
une vision de leur communauté.
C’est en s’efforçant d’améliorer les pratiques et la gestion du secteur agricole que le
Québec pourra réaliser un développement économique et social plus équilibré et durable.
Et c’est en respectant le caractère démocratique et l’autonomie des gouvernements
municipaux que le gouvernement du Québec pourra développer une relation de
partenariat avec ceux-ci. Une gestion stratégique intégrée des territoires est la condition
sine qua non à un développement durable de l’agriculture et du Québec, une priorité
chère au gouvernement, ce qui assurera des fondements solides pour un avenir viable des
collectivités rurales.
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Recommandations sur la gouvernance
• Que le gouvernement révise en profondeur les cadres juridique, administratif et
politique qui régissent la protection de l’environnement et la protection du territoire et
des activités agricoles;
• Que le gouvernement considère l’harmonisation, voire l’intégration, de la LPTAA à
la LAU;
• Que le gouvernement s’assure que l’analyse des dossiers par la CPTAQ s’effectue
dans une perspective locale et régionale intégrée de l’aménagement du territoire rural
et urbain;
• Que le gouvernement diversifie les sources de revenus des municipalités de manière à
les rendre moins dépendantes vis-à-vis la taxe foncière.
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CONCLUSION
L’UMQ reconnaît l’importance socio-économique de l’agriculture au Québec ainsi que sa
primauté en zone agricole et souhaite que le milieu agricole poursuive les mêmes
objectifs relativement à la mise en place d’une agriculture durable.
Tout en donnant la priorité à l’agriculture conformément aux Orientations
gouvernementales, les administrations locales doivent aussi tenir compte du fait que leur
territoire est aussi occupé par des usages non agricoles et qu’elles sont redevables à leurs
citoyens dans le respect des lois et des compétences.
Traitées comme les authentiques gouvernements locaux qu’elles représentent, les
municipalités locales et les MRC se révéleront de précieux partenaires du gouvernement
dans la mise en œuvre de la Stratégie de développement durable dans la mesure où elles
disposeront des ressources législatives, financières, fiscales et humaines, à la hauteur de
leurs ambitions.
La clé du succès à l’égard du développement des activités agricoles et non agricoles
repose sur l’établissement d’un véritable partenariat entre le secteur municipal et le
secteur agricole avec l’appui du gouvernement. Ce partenariat commandera de meilleures
pratiques agricoles et l’utilisation accrue de mécanismes de concertation et
d’harmonisation des usages au niveau local.
L’UMQ souhaite enfin que la CAAAQ arrive à bâtir une vision commune et à proposer
des moyens et outils du développement durable de l’agriculture qui soient acceptables
pour l’ensemble des acteurs de la société. Nous espérons que cela conduira à une action
concertée au niveau national et local des milieux municipal et agricole ainsi que des
autres intervenants-clés. Il s’agit là d’un immense défi, mais il n’est pas insurmontable.
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SOMMAIRE DES RECOMMANDATIONS
Recommandations sur le développement durable de l’agriculture • Que le gouvernement intègre le développement durable de l’agriculture à l’intérieur
de la future Stratégie gouvernementale de développement durable;
• Que le gouvernement applique intégralement le co