mémoire d’avenir n° 31

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LE JOURNAL DES ARCHIVES NATIONALES mémoire d’avenir n° 31 JUILLET-SEPTEMBRE 2018 dossier SIMONE VEIL AU PANTHÉON Archives d’une vie

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LE JOURNAL DES ARCHIVES NATIONALES

mémoired’avenir n° 31

JUILLET-SEPTEMBRE2018

dossierSIMONE VEIL AU PANTHÉON

Archives d’une vie

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Durant l’été 2018, les Archives nationales vivent au rythme enlevé de Mai 68, les archives du pouvoir et des Voix de la contestation sur leurs deux sites de Paris et de Pierrefitte-sur-Seine, tandis que l’exposition sera le fil directeur des actions éducatives, culturelles et artistiques qui seront menées par les Archives nationales dans le quartier des Quatre-Chemins avec les associations et les villes de Pantin et d’Aubervilliers. Cette exposition s’accompagne de l’ouverture d’un compte Instagram qui mettra en valeur bâtiments, métiers et documents.

Son ouverture sur le site de Pierrefitte-sur-Seine a également coïn-cidé avec la mise en ligne du fonds exceptionnel et inédit des dossiers de la cour de sûreté de l’État relatifs à 1968 et la mise à disposition des 862 documents de propagande numérisés, conservés au titre des scellés.

Les femmes sont à l’honneur dans le cadre du cycle «  Aux archives, citoyennes  !  », avec la journée de la grande collecte des archives des femmes au travail du 9 juin ou encore l’exposition sur Simone Veil et son époux, montée en partenariat avec le Centre des monuments nationaux, dans le cadre de leur panthéonisation le 1er juillet. D’autres actions sont menées pour accompagner cette célébration, à partir des archives de Simone Veil que nous conservons et dont nous avons publié récemment l’inventaire dans la salle des inventaires virtuelle.

Les chantiers numériques et participatifs s’intensifient et sont au cœur de nos actions archivistiques et scientifiques.

En témoignent notre participation active à la réflexion en cours sur la collecte et l’évaluation des archives, au travers de la plate-forme «  Les archives pour demain  » ou, encore, nos discussions suivies avec le comité des usagers des Archives nationales et, plus largement, plusieurs communautés d’historiens et d’historiennes, et, bien évidemment, notre collaboration quotidienne avec les Missions des Archives de France qui ont présidé à une belle collecte d’archives en 2017 dont deux pépites sont présentées dans ce numéro.

Je mentionnerai enfin le remarquable succès que connaît la transcription collaborative des testaments de Poilus  ; l’ouverture d’un nouveau site innovant sur «  Août  44. Regards croisés sur la libération de Paris »  ; la présentation des résultats d’un projet enthousiasmant avec nos partenaires de la Fondation des sciences du patrimoine sur la reconnaissance automatique de l’écriture des manuscrits (HIMANIS)  ; les derniers travaux en cours avant l’ouverture de notre plate-forme d’archivage électronique à la suite de la sortie de la version 1 de production du logiciel interministériel VITAM ; ou encore le lancement des réflexions autour des usages et des services pour les données numériques préalables à l’hackathon des Archives nationales des 8 et 9 décembre prochains, qui inaugure ainsi la semaine de l’innovation publique.

édito actusLes entrées remarquables de l’année 2017

Plus de 4,7 kilomètres linéaires et 4,7 To sont entrés par versement. Parmi ces fonds, on peut noter : les premiers verse-ments de la présidence de François  Hollande  ; les archives des cabi-nets Jean-Marc Ayrault et Manuel Valls en partie  ; les archives audio-visuelles du procès AZF ; les archives de l’École centrale des arts et manufactures et de l’École normale supérieure de  Cachan  ; les archives sonores du Théâtre national de Chaillot ; la seconde partie des archives du Centre d’études arctiques ; les dossiers des forêts de protection ; les archives du Secrétariat général des grandes opérations d’urbanisme.Parmi les 530 mètres linéaires d’archives privées, à signaler : l’inventaire des tapisseries de Louis d’Orléans (1408), les archives de Lucien Febvre, des résistants Pierre Dujols et Aymé-Guerrin, de Patrick Bloche.Les minutes et répertoires de notaires parisiens ont révélé les testaments du maréchal Foch, d’Aristide Briand, de Raymond Poincaré.Pour en savoir plus : http://www.archives-nationales.culture.gouv.fr/fr/web/guest/registre-des-entrees

Les Journées européennes du patrimoine15 et 16 septembreDurant tout un week-end, les Archives nationales déclinent la thématique de «  l’art du partage  » dans le cadre de l’opéra-tion «  2018, année européenne du patrimoine culturel  ». Guidés par des professionnels des archives, les visiteurs découvriront l’architecture moderniste du bâtiment de Pierrefitte-sur-Seine, ses magasins, ses ateliers  ; à Paris, ils seront conduits à travers les espaces de l’hôtel de Rohan (XVIIIe  siècle), de la bibliothèque historique, des Grands Dépôts Louis-Philippe et Napoléon  III (XIXe siècle). Sur les deux lieux, sont proposés des animations destinées aux jeunes publics, des démonstrations des ateliers de restauration ainsi que l’accès en visite libre aux expositions sur Mai 68 (L’autorité en crise, Les voix de la contestation).Programme sur : www.archives-nationales.culture.gouv.fr

Françoise Banat-Berger,directrice des Archives nationales

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Dépôt des statuts de la Croix-Rouge française, 21 mai 1941, Minutier central des notaires de Paris. ET/CX/1606. © Arch. nat./pôle image

Journée européenne du patrimoine 2017. © Arch. nat.

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L’entrée des archives de Raymond Barre

En partenariat avec l’associa-tion Présence de Raymond Barre, les Archives nationales assurent depuis 2016 la collecte des archives de l’ancien Premier ministre (1924-2007). Le fonds d’archives conservé à Sciences Po a ainsi rejoint Pierrefitte-sur-Seine en février 2018. Il s’enrichit de plusieurs entrées remises par d’anciens

collaborateurs et proches de Raymond Barre. Le classement et l’inventaire de ces documents seront effectués courant 2019 pour offrir à la recherche un ensemble cohérent illus-trant les activités locales, nationales et européennes de Raymond Barre, tant publiques que privées. Ce fonds, pour la partie Premier ministre (1976-1981), sera un complément précieux aux versements effectués par l’Hôtel Matignon et aux fonds mixtes de Marie-Hélène Bérard, Philippe Séguin et Pierre-André Wiltzer.

Historia N’oubliez pas notre rendez-vous mensuel dans le magazine Historia à la rubrique L’inédit du mois !

Festival les Traversées du Marais8 et 9 septembre de 14 h 30 à 18 h

« Une coutume veut, au Japon, que l’on écrive les vœux parce que c’est important de les visualiser. Nous pensons que les mots dans l’écriture sont une force de volonté. En brodant mes vœux, je les écris, je les grave, je les imprime de toutes mes énergies pour donner aux gens du bonheur par mes œuvres. C’est pour ça que je suis née. Vis en ce monde. » Rieko KogaPour les Traversées du Marais, les Archives nationales accueillent Rieko Koga. Originaire de Tokyo, l’artiste entretient un rapport à l’écriture très fort, inventant parfois de nouveaux symboles, comme un langage personnel, pour dissimuler dans son travail ses prières ou ses doutes. Son enfance dans un quartier de temples bouddhistes imprègne son travail de broderies et d’installations textiles d’une dimension méditative et spirituelle destinée à faire le lien entre la réalité, son expérience et cette image du sacré.À l’occasion du festival, le public est invité à envoyer un vœu en 80 lettres maximum afin qu’il soit brodé par Rieko Koga et exposé en partenariat avec la maison du Geste et de l’image, dans une création inédite durant le festival.D’autres œuvres de l’artiste seront aussi présentées ainsi que des documents provenant des fonds des Archives nationales, notam-ment de filatures et de manufactures.Envoyez votre vœu en 80 lettres maximum en lettres capitales avant le 10 juillet, par courrier à l’adresse suivante : Archives nationales, à l’attention d’Anne Rousseau, 59 rue Guynemer 90001/93383 Pierrefitte-sur-Seine Cedexou par courriel à : vœ[email protected] de préciser si vous souhaitez que votre vœu soit personnalisé. Le cas échéant, votre prénom et la première lettre de votre nom seront brodés.

Résidence territoriale/Contrat local d’éducation artistique avec Lola Reboud et Valérie Frossard, à Pierrefitte-sur-SeineJournées européennes du patrimoine, 15 et 16 septembre

Lola Reboud et Valérie Frossard sont deux photographes qui ont réalisé une résidence territoriale au sein de deux centres sociaux à Pierrefitte-sur-Seine, en partenariat avec la maison du Geste et de l’Image et le soutien de la direction régionale des affaires cultu-relles d’Île-de-France et du département de la Seine-Saint-Denis.Ces résidences ont pour objet de favoriser la découverte par le public d’un processus de création, à la fois par une approche pratique et par la fréquentation avec les œuvres.Le travail des deux photographes comporte un axe central autour de la rencontre des individus et du territoire comme source d’ins-piration, à partir duquel elles mettent chacune en œuvre des processus de création pour solliciter l’imaginaire des personnes rencontrées dans leur quotidien. En étroite collaboration avec les usagers, elles vont alors créer des récits, des fictions, qui sont autant de prétextes pour aller à la rencontre, dialoguer, s’ouvrir à l’autre et donner à voir une vision renouvelée, décalée, mais toujours sincère, des lieux et des personnes.Lors des journées du patrimoine, et pour une durée d’un mois, les Archives nationales accueilleront dans leurs espaces une restitu-tion en photographies de cette résidence de plus d’un an.

Raymond Barre à l’hôtel Matignon. 20180049/30 NC. © Droits réservés

Construire ensemble les sciences du patrimoine

Sous cette injonction se sont tenues en juin les journées profes-sionnelles du patrimoine organisées par le ministère de la Culture et consacrées cette année aux apports de la recherche dans les établissements culturels. Les Archives nationales y ont présenté les projets Ecopat (projet postdoctoral d’enquête sur l’écologie des collections des Archives nationales, conduit sous l’égide de la Fondation des sciences du patrimoine) et Fili-grane (fourniture de minutes filigranées d’études notariales pour alimenter un projet de recherche de l’École nationale des chartes, Centre Jean-Mabillon, relatif à la reconnaissance auto-matique des filigranes anciens), et ont conclu la rencontre par la restitution du projet Campra, porté par le service éducatif avec l’association La Tempesta et la Médiathèque de Saint-Denis. Celui-ci a réuni, autour d’une partition considérée comme perdue, musicologues, chorégraphes, étudiants du conservatoire, enseignants et élèves afin de créer un opéra et un concert, alliant ainsi recherche et médiation culturelle à visée pédagogique et sociale.

Réalisation de « Departure » L’Espal, Le Mans, France 2014. © L’Espal

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découverte d’un fonds

Passeports, agendas, carnets d’adresses, corres-pondance, photographies, argent, montres, bagues, bracelets, colliers, insignes militaires, briquets, pistolet, bénitier, beurrier en argent avec son couteau… Cet inventaire à la Prévert a été découvert à l’occasion du traitement des archives d’Air France versées aux Archives nationales en 20161.

E nviron trois cents objets non réclamés par les familles de victimes d’accidents aériens ayant eu lieu entre

1949 et 1962 ont en effet été versés aux Archives nationales en 2016. Comme ils étaient conservés dans de simples enveloppes en papier contenues dans huit boîtes Cauchard, l’atelier de conservation préventive a été contacté par le département de l’Environnement, de l’Aménagement du territoire et de l’Agriculture [DEATA] afin d’envisager un nouveau conditionnement pérenne.Bruno Beauvallet, agent du service de la conservation préventive, a commencé par faire un état des lieux des pratiques adoptées aussi bien dans les musées que dans le domaine de l’archéologie pour identifier le meilleur moyen de conserver ces objets hétéroclites et peu présents dans les magasins d’archives. Ainsi, il a été décidé de préserver l’unité matérielle des enveloppes qui correspondent soit à un accident soit à une personne. Chaque ensemble a donc été reconditionné dans une boîte à rabats réalisée sur mesure en carton neutre. La problématique principale rencontrée touchait à la diversité des matériaux présents dans une même enveloppe : principalement métal, tissu, cuir et papier. Bruno Beauvallet précise que « le métal est à isoler pour qu’il ne dégrade pas les autres matériaux ».

LES EFFETS PERSONNELS DE PASSAGERS :TÉMOINS DES CATASTROPHES AÉRIENNESpar Adrien Renaudet, département de l’Environnement, de l’Aménagement du territoire et de l’Agriculture

Contenu d’un article après reconditionnement. © Arch. nat./Nicolas Dion

Échantillon d’une boîte avant reconditionnement. © Arch. nat./Nicolas Dion

C’est la raison pour laquelle la majorité des boîtes a été garnie d’une mousse de plastazote/tivex suffisamment dense et épaisse pour être creusée. Cette opération a été réalisée à l’aide d’un fer chauffant pour épouser au mieux la forme de chaque objet  : un véritable travail d’orfèvre millimétré. Il en résulte un écrin individuel permettant de stabiliser et de présenter de manière esthétique les objets sans qu’ils soient en contact les uns des autres et sans qu’il soit nécessaire de les manipuler. Les documents papier sont quant à eux conservés dans des pochettes à soufflet de carton neutre.

1 Versement 20150467, article 401 à 408.

Ensemble des articles reconditionnés. © Arch. nat./Nicolas Dion

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vie de fonds

Les Archives nationales ont accueilli en 2017 les versements de deux établissements prestigieux d’enseignement supérieur  et de recherche,  en plein renouvelle-ment  : l’École centrale des arts et manufactures de Paris (Centrale Paris) et l’École normale supé-rieure [ENS] de Cachan.

P ilotées par la Mission des archives et du patrimoine culturel des

ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, les opérations de collecte ont été organi-sées en vue du déménagement des deux écoles vers le plateau de Saclay, pôle scientifique et technologique en cours d’aménagement. Il s’agit des plus importantes interventions menées ces dix  dernières années au sein d’opérateurs relevant de ces ministères et jusque-là dépourvus de toute fonction « archives ». Au total, ce sont plus de 4,5  kilomètres linéaires qui ont ainsi été recensés, puis traités par des vacataires entre avril 2016 et octobre 2017, avant leur transfert aux Archives nationales.L’École Centrale Paris conservait jusque-là l’ensemble de ses archives sur son site de Châtenay-Malabry. L’in-tégration de l’École en 2015 au sein du grand établissement CentraleSupélec et la préparation de son déménage-ment ont permis de collecter près de 585  mètres linéaires. Ce premier versement de Centrale aux Archives nationales (20170270) contient notam-ment les dossiers de la direction, les dossiers d’étudiants, les projets de concours, les cours et des carnets d’élèves de l’École depuis sa création en 1829. Il a été complété à la fin de l’année 2017 par un versement d’ar-chives audiovisuelles.

L’entrée des archives de l’ENS Cachan (versement 20170053, 106  mètres linéaires) vient, quant à elle, compléter d’autres versements effectués précé-demment par cet établissement créé en 1912 sous le nom d’École normale de l’enseignement technique. Le verse-ment est constitué de documents provenant des différents services centraux et administratifs et des dépar-tements d’enseignement de l’ENS. Pour la première fois, des archives de laboratoires de recherche en sciences sociales accompagnent un des versements de cet établissement pluri-disciplinaire, devenu École normale supérieure Paris-Saclay en 2016.À ces deux entrées remarquables de l’année 2017, s’ajoute une troisième, celle de l’ancienne École normale supérieure de jeunes filles [ENSJF], créée en 1881 et fusionnée depuis 1985 avec l’ENS de la rue d’Ulm jusqu’alors réservée aux garçons. Les documents rassemblés dans le verse-ment 20160281  (18  mètres linéaires) ont été collectés dans les locaux de l’ENS-Ulm et au Centre international d’études pédagogiques, à Sèvres, où était située l’ENSJF jusqu’en 1940. À l’exception de copies de concours, versées dès 1994 aux Archives natio-nales, il n’existe sans doute plus d’autres traces des Sévriennes.

CENTRALE, CACHAN, SÈVRES : les fonds de l’enseignement supérieur s’enrichissentpar Édith Pirio et Anne Rohfritsch, département de l’Éducation, de la Culture et des Affaires sociales

Les instruments de recherche sont d’ores et déjà consultables en ligne dans la salle des inventaires virtuelle :

- Centrale Paris : https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/IR/FRAN_IR_056931

- ENS Cachan : https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/IR/FRAN_IR_056679

- ENSJF : https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/IR/FRAN_IR_056840

Notes de cours d’un élève d’Édouard Prillieux, professeur de philotechnie à l’École centrale, en 1873/1874.20170270/3018.© Arch. nat./pôle image

Sortie pédagogique de Sévriennes en 1924. 20160281/124. © Arch. nat./pôle image

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vie de fonds

Les dessins, cartes et plans dispersés dans le fonds de la Secrétairerie d’État (sous-série AF/IV) ont fait l’objet d’un inventaire exhaustif, distinct du reste du fonds. Consti-tuent-ils pour autant un corpus homogène ? Leur nature iconographique suffit-elle à conférer une unité séman-tique à cet ensemble a priori factice ?

L ’extraction des documents est l’occasion de s’inter-roger sur la diversité des usages et des fonctions de

ces pièces, leur mobilisation par les services administratifs, puis par le chef de l’État. Tous ont une valeur propé-deutique  : ils contribuent à l’intelligence des situations. L’iconographie ne se résume pas à l’illustration d’un écrit ; elle est porteuse d’une information inédite, complémen-taire et indispensable à la prise de décision. Pour autant, la nature de l’information contenue dans ces documents varie en fonction du type de décision attendue.Dans un empire avide de conquêtes et soucieux de remo-deler les territoires à son avantage, le tracé des nouvelles frontières est un enjeu majeur. Les plans de délimitation de territoires permettent de fixer des lignes de démarca-tion dans leur totalité et avec toute la précision nécessaire. Les parcelles, les espaces, les propriétés y sont représentés, dans un esprit parfois proche de celui des plans cadastraux. De même, les plans de traverse de villes, réalisés en vue de travaux d’urbanisme, ne se limitent pas à la représenta-tion par masses, mais descendent parfois à l’échelle de la maison et permettent de visualiser les avantages attendus en termes d’aménagement des espaces.

Les dessins, schémas et plans de zones de conflit ou de matériel à usage militaire sont intégrés dans des dossiers documentaires relatifs à des questions de stratégie, de mouvements de troupes, de financement de travaux, etc. Ces documents étant indispensables à la prise de décision du chef des armées, leur conservation dans les dossiers de travail de l’Empereur avec les ministres ne suffit pas à présumer de leur réalisation. En revanche, ils ont assuré-ment alimenté la réflexion de l’Empereur sur la stratégie à adopter à différentes échelles.Les plans d’ingénieurs sont des plus divers, mais tous comportent des données techniques inédites  : hauteurs d’eau et nivellements de ports, localisation de filons miniers, fonctionnement de moulins, usines, etc. Ces infor-mations sont intégrées à l’ensemble des données relatives à un établissement ou à un territoire ; agrégées, elles offrent un panorama complet des avantages d’une concession minière ou de l’acheminement de matériel par voie fluviale.

On observe ainsi une concordance remarquable entre la typologie des documents iconographiques et la finalité des décisions de l’Empereur. Quel que soit le sujet ou le territoire représenté, tout document a une valeur propre et une valeur d’adjuvant. La cohérence de ce corpus repose précisément sur cette double nature, sur l’articulation des valeurs documen-taires et esthétiques, et de l’action politique.

FONCTIONS ET USAGES DES DOCUMENTS ICONOGRAPHIQUES dans les fonds de la Secrétairerie d’État consulaire et impérialepar Cécile Robin, département de l’Exécutif et du Législatif

Plan du terrain dit du Castelletto, près de Parme. Détail (1803). AF/IV/114, pl. 637, p. 7. © Arch. nat./pôle image

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La collection des placards et affiches du Minutier central des notaires de Paris présente une grande variété de documents et de formats : de l’affiche annonçant une vente immobilière à la carte à jouer, cette collection hétéroclite a été formée par les archivistes à l’occasion de leurs opérations de reconditionnement et de classement des archives notariales.

En effet, les documents les plus grands de cette collec-tion, ceux qui ont véritablement le format d’une affiche,

ont été utilisés par les notaires pour servir de chemises sommaires à leurs minutes, enveloppant selon les cas une quinzaine, un mois, voire une année de minutes. Le notaire ou son clerc apposaient au dos de l’affiche le nom et la date des minutes ainsi enchemisées. En remplaçant ces chemises de récupération par des papiers contemporains plus appro-priés, les archivistes ont cherché à préserver ces affiches anciennes, devenues rares, en les dépliant, en les conser-vant à plat et en en réalisant le catalogue. Il faut cependant souligner que beaucoup sont tronquées ou rognées d’une partie de leurs contenus. D’autres types de documents ont été mis au jour lors du traitement des archives des notaires : se retrouvent ainsi avec les 500 affiches de vente de biens mobiliers et immobiliers, qui constituent le sous-ensemble le plus important de cette collection, aussi bien des factures et papiers à en-tête d’entreprises que des papiers portant des marques de papetier, des cartes à jouer, des formulaires de constitution de rente chez un notaire, des diplômes ou des tirages photographiques. Fondamentalement hété-roclite, cette collection touche autant à l’histoire de Paris

PLACARDS ET AFFICHES DU MINUTIER CENTRAL DES NOTAIRES DE PARISpar Marie-Françoise Limon-Bonnet, département du Minutier central des notaires de Paris

dossier

Liste et adresses des maîtres et marchands doreurs, argenteurs, ciseleurs, damasquineurs et enjoliveurs sur fer, fonte, cuivre, laiton et autres métaux de la ville et faubourgs de Paris, surmontée d’un calendrier, 1741. MC/PA//22, 4B3-11. © Arch. nat./pôle image

qu’à celle de sa proche banlieue et même à celle du reste de la France, puisque les notaires ont parfois des clients qui n’habitent pas ou plus Paris et détiennent des biens un peu partout dans le pays.

Ces pièces permettent aussi de comprendre quelles affiches étaient manipulées au quotidien par les notaires et consti-tuent un ensemble non négligeable pour étudier l’histoire de l’affiche en elle-même, au moins sous l’Ancien Régime et au XIXe siècle. Certains de ces documents intéressent l’histoire même du notariat, d’autres seront utiles pour illustrer le fonc-tionnement de certaines institutions d’Ancien Régime.

La collection compte près de 1200 pièces allant du XVIe au XXe  siècle. Elles ont été décrites lors d’un premier inven-taire réalisé au milieu du XXe siècle et aujourd’hui obsolète. Le nouvel instrument de recherche a été réalisé par Célia Cabane, stagiaire de l’École des chartes, Alexandre Cojannot, conservateur en chef au Minutier central, et Marie-Françoise Limon-Bonnet, conservatrice générale, responsable du Minutier central des notaires de Paris. Toute la collection a été numérisée et les images numériques ont été rattachées à cet instrument de recherche. Au total, 2418 vues ont été mises en ligne.

Carte à jouer : dame de pique. S. d. MC/PA//28, 4B7-2. © Arch. nat./pôle image

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Notes prises par Simone Veil en Conseil des ministres, 24 décembre 1974. 688AP/37. © Arch. nat./pôle image

Le 1er juillet 2018, Simone Veil entre au Panthéon, accompagnée de son époux Antoine. Décidée par le président de la République, Emmanuel Macron, cette panthéonisation commémore le premier anniversaire de son décès, le 30 juin 2017, et rend hommage à une figure politique que tout Français connaît, s’il ne l’admire. Cette manifestation assez exceptionnelle dans le calendrier national est aussi l’occasion d’organiser des événements culturels et scientifiques autour d’une personnalité hors du commun.

En partenariat avec le Panthéon-Centre des monuments nationaux, les Archives nationales s’engagent au-delà

de l’événement pour proposer au public une exposition rétrospective sur la vie de Simone Veil. Son parcours politique est illustré par les archives issues de son activité de ministre de la Santé entre 1974 et 1979 et entre 1993 et 1995, ou de membre des plus hautes juridictions et instances françaises (Conseil constitutionnel de 1998 à 2007, Haut Conseil à l’intégration). Quant aux aspects plus personnels de sa vie, relatifs à sa famille, à sa déportation ou à ses engagements associatifs, ils sont bien représentés au sein du volumineux fonds privé Simone Veil (688AP) qui offre un éclairage sur toutes les facettes connues ou méconnues de cette femme.

En 2012, un premier don d’archives en provenance des bureaux de Simone Veil, rue de Rome, a été fait aux Archives nationales qui venaient de s’installer sur le site de Pierrefitte-sur-Seine. Il a été complété en 2013, 2014 et 2015 ; l’ensemble a fait l’objet d’un long travail de classement et de description. Les 420 articles qui constituent ce fonds mixte, intégrant à la fois des archives privées et des archives publiques, sont consultables, après autorisation des ayants

SIMONE VEIL AU PANTHÉONpar Constance de Vergnette, département des Archives privées

dossier

Passeport européen de Simone Veil, 1979. 688AP/422/NC. © Arch. nat./pôle image

droit, grâce à l’instrument de recherche mis en ligne en juin 2017 et qui permit de saluer le départ de cette grande dame. Au mois d’avril dernier, s’est ajouté un supplément, regrou-pant des documents encore inédits (inspection des prisons, Office de radiodiffusion-télévision française, papiers d’iden-tité et de nombreux albums de photographies officielles) ainsi que des compléments naturels de ceux déjà versés : agendas, distinctions et récompenses, dossiers de travail (notamment sur les lois relatives à l’interruption volon-taire de grossesse et à l’adoption), correspondance lors des campagnes des élections européennes (1979, 1984 et 1989).

Cette nouvelle entrée ne se fait pas seule. Les archives d’Antoine Veil, qui est inhumé au Panthéon aux côtés de son épouse, rejoignent également les Archives natio-nales où elles forment le fonds 742AP. Elles présentent son parcours de haut fonctionnaire énarque et inspecteur des finances, mais aussi administrateur de grandes entre-prises françaises dont l’Union des Transports aériens ou la Compagnie internationale des Wagons-Lits et du Tourisme. Mariés pendant soixante-sept ans, les époux Veil ne sont pas séparés par l’entrée de Madame au Panthéon et leurs archives sont également réunies dans le Panthéon de l’His-toire, les Archives nationales.

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Notes prises par Simone Veil lors de sa mission d’observation en Algérie pour l’ONU, 1998. 688AP/135. © Arch. nat./pôle image

Le partenariat monté entre le Panthéon et les Archives natio-nales repose sur un jeu de miroirs entre deux lieux chargés de perpétuer la mémoire nationale qui permet aux visiteurs de découvrir, d’un côté, le lieu de sépulture de Simone Veil et une programmation culturelle associée qui valorise la figure de la femme et de l’engagement et, de l’autre, le lieu de conservation des traces de son action. À Pierrefitte-sur-Seine, l’exposition est programmée pour commémorer sa disparition ; au Panthéon, une semaine de gratuité est mise en place jusqu’au 8 juillet, scandée par des visites guidées notamment à destination des familles et des groupes du champ social.

Neuf panneaux résument les étapes majeures de sa vie et des thématiques plus transversales, représentatives de ses préoccupations. Après son histoire personnelle et familiale, est présentée son action au sein du gouvernement français puis du Parlement européen. Un focus s’attache à sa défense des droits de l’Homme à travers ses différentes activités. Enfin, l’exposition aborde trois formes d’hommage  : les honneurs internationaux, son élection à l’Académie fran-çaise et son entrée au Panthéon. Le fonds privé Simone Veil est majoritairement utilisé pour illustrer le contenu histo-rique, mais il n’en demeure pas moins que les fonds publics, notamment ceux produits par les services de l’Elysée, du Premier ministre ou du Ministère de la Santé, sont indispen-sables, malgré des lacunes parfois importantes que le fonds privé complète fort à propos. Le Parlement européen et le Mémorial de la Shoah sont aussi les dépositaires d’archives intéressant son passage à Strasbourg et son combat perma-nent en faveur de la mémoire de la Shoah.

Liens utiles :http://www.archives-nationales.culture.gouv.fr/web/guest/hommage-national-a-simone-veilhttp://www.paris-pantheon.fr/

Cérémonie d’entrée au PanthéonDimanche 1er juillet

Hommage et accès gratuit au PanthéonDu lundi 2 au dimanche 8 juillet

Visites pour les jeunes en famille (à partir de 10 ans)Mercredi 4 juillet : 11 h, 12 h, 14 h, 15 h, 16 h et 17 h

Visites pour les groupes du champ socialJeudi 5 juillet : 11 h, 12 h, 14 h, 15 h, 16 h, 17 h

Réservation obligatoire : [email protected]él. 01 44 32 18 04 / 05

Simone Veil et Jacques Chirac lors de l’entrée symbolique des Justes de France au Panthéon, 18 janvier 2007. 688AP/467/NC . © D. Noizet/Service photographique de la présidence de la République

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réseaux et partenaires

DAPHNÉ LE SERGENT EXPOSE GÉOPOLITIQUE DE L’OUBLI AU JEU DE PAUME, une création nourrie des archives (5 juin–23 septembre).par Françoise Lemaire, Mission des partenariats scientifiques et des relations internationales

Née en 1975 à Séoul (Corée du Sud), Daphné Le Sergent mène une recherche artistique et théorique autour de la notion de schize et de déterritorialisation. Activant différents systèmes de montage et de démontage, de cut-up ou d’effacement, son travail s’intéresse à la construction de l’identité en proposant une analyse du paysage frontalier comme phénomène de perception, assimilable à un écran. Elle est membre de l’équipe de recherche Esthétique, pratique et histoire des arts (université Paris 8) et dirige le département de photographie. Ses œuvres assemblent fragments textuels et poétiques, dessins partitionnés, diptyques de photographies et de séquences vidéo.

Géopolitique de l’oubli est l’une des trois créations qui constituent le projet NOVLANG_, présenté au Jeu de

Paume dans le cadre de la 11e édition de la programmation Satellite. Conçu par la chercheuse et critique d’art Agnès Violeau autour des questions posées par les usages de la langue à l’ère du virage numérique, usages qui induisent les tentations de sa réduction, de son formatage et de sa simplification, NOVLANG_ entend irriguer l’analyse critique d’un « monde en contraction de pensée », réactivant les réflexions de George Orwell sur le langage et le régime totalitaire.

Daphné s’inspire pour cette œuvre de deux formes distinctes d’écriture, les cunéiformes et les glyphes maya, et imagine deux communautés retrofuturistes qui substituent à l’alpha-bet une écriture-image et se livrent à des batailles de signes.

Daphné Le Sergent : Dans Géopolitique de l’oubli, je me livre aussi à une réflexion sur la mémoire à l’heure du cloud et de ses illusions de facilité. Après avoir croisé les Archives nationales dans le cadre du Labex Arts-H2H, j’ai éprouvé le besoin de pousser mes investigations sur les techniques

de mémoire en me confrontant au point de vue de ceux qui sont en charge de pérenniser notre présent numérique. J’ai exploré toutes ces procédures avec Martine Sin Blima-Barru, chef du département de l’Archivage électronique : comment sont organisés les lots d’information provenant des différents ministères, comment les arborescences cartographient leurs organigrammes, l’importance des métadonnées, le concept de lac de données qui permet un stockage totalement plat pour faciliter toutes les analyses possibles, dans la perspective du long terme et d’usage que l’on ne connaît pas […].Ces échanges ont donc constitué un appui scientifique dé-cisif pour mon projet. Mais j’ai pris conscience de la densité des sujets que j’aborde et j’ai dû faire des choix, je ne suis pas allée au bout de chaque ramification […] J’ai aussi été sen-sible aux équipements, aux espaces que j’ai visités et photo-graphiés pour illustrer de façon poétique mon scénario.

Daphné Le Sergent. © Droits réservés

« Le jour où j’ai visité le site de Fontainebleau, il avait neigé et les salles abandonnées étaient inondées d’une lumière blanche, intense.Lorsque j’ai vu les quelques cartons, livres et documents posés sur ce bureau, une variété de supports pour l’in-formation faisant référence à différentes époques, cela a tout de suite résonné avec le titre du projet « géopo-litique de l’oubli  ». Les objets étaient là, plongés dans la lumière, posés les uns à côté des autres. Ils n’étaient plus des documents de travail qui permettent la migra-tion de données du livre vers la bande passant ou vers le data center.Et quelle ne fut pas ma surprise quand je découvris la note posée sur ce bureau et sur laquelle je pouvais lire « fantôme ». »

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réseaux et partenaires

Mémoire de la Nation, les Archives nationales ont vocation à donner une portée internationale à leurs activités, dans le cadre de la coopération avec des organismes internationaux d’archives ou bien par le biais de partenariats institutionnels noués dans le monde de la recherche.

De nombreux fonds d’archives, publics ou privés, tels que les papiers des souverains et chefs d’État, les fonds

des organismes des périodes de guerre ainsi que ceux des administrations ayant opéré à l’échelle ultramarine ou transnationale, se prêtent à l’étude ou à la valorisation par le biais de projets de recherche ou de colloques internationaux. On mentionnera ceux qui portèrent récemment sur l’aire francophone d’Afrique du Nord et d’Afrique subsaharienne, « Foccart : archives ouvertes (1958-1974), la politique, l’Afrique et le monde  » en 2015 et «  Afrique du Nord et Afrique subsaharienne dans la Grande Guerre (1914-1918). Patrimoine, commémoration, transmission », en 2016. Ces mêmes années, un projet de recherche européen (ERC), « Opening Jerusalem Archives: for a connected history of ‘Citadinité’ in the Holy City (1840-1940) », conduit avec l’université Paris Est Marne-la-Vallée, a donné lieu à plusieurs missions d’archivistes à Madrid, Jérusalem, Rome, Saint-Pétersbourg et Moscou. Les expertises professionnelles des spécialistes de la conservation matérielle des collections sont aussi régulièrement requises, comme par la Bibliothèque orientale de l’Université Saint-Joseph à Beyrouth pour la préservation de ses collections.En outre, l’accueil d’une quinzaine de délégations étrangères par an, attirées autant par la beauté des dépôts historiques pari-siens que par la modernité du site de Pierrefitte-sur-Seine, tout comme la tradition des prêts aux expositions à l’étranger, mais surtout l’implication active des Archives nationales dans les deux actions de formation du ministère de la Culture destinées aux archivistes étrangers que sont le stage technique internatio-nal [STIA] et la conférence internationale supérieure des archives [CISA], contribuent au rayonnement large de l’institution.

LES ARCHIVES NATIONALES HORS FRONTIÈRESpar Françoise Lemaire et Rosine Lheureux, Mission des partenariats scientifiques et des relations internationales

Visuel de la conférence annuelle de 2017. © Arch. nat.

Dans le prolongement de contacts noués à ces occasions ou bien en tant que membre du Conseil international des archives [ICA] et de l’Association internationale des archives francophones [AIAF], les Archives nationales se nourrissent d’échanges professionnels de haut niveau tant sur l’ensemble de leurs activités que sur des sujets plus prospectifs lors des rencontres annuelles. Elles y interviennent afin d’enrichir deux problématiques très actuelles, celle du lien entre archives et droits de l’homme, par des interventions sur l’accès à l’information et la mise à disposition des corpus issus des périodes de répression ou de guerre notamment, et celle de la modernisation des Archives, par la présentation de leur propre refondation ou celle de la future plate-forme d’archivage électronique ADAMANT. Dans le prolongement de la CISA organisée en 2013 à l’intention de l’Amérique latine, les services d’archives du Pérou, du Chili et de Colombie ont convié leur homologue français pour dialoguer autour de ces deux thématiques, susceptibles de les inspirer dans la mise en place de leur politique archivistique. C’est ainsi qu’en 2017, une copie des documents audiovisuels du procès dit Pinochet a été remise au Museo de la memoria y los derechos humanos, du Chili, lors de la rencontre « Mémoires de l’exil, mémoires de la solidarité internationale ».S’il semble que, dans un avenir proche, l’Europe constitue un horizon prioritaire pour des échanges d’idées ou d’expé-riences et pour des réalisations concrètes, les Archives na-tionales, tenues en premier lieu par les obligations nées de la Déclaration des droits de l’homme et de son classement au registre « mémoire du monde UNESCO », s’honorent de diffuser le plus largement leur message d’ouverture et de partage de savoirs faisant lien entre les citoyens, sans limite de frontières.

Coupe de l’hôtel Le Brun de 1786, pour l’exposition Ausstellen des Ausstellens (Exhibiting the Exhibition) présentée au Staatliche Kunsthalle Baden-Badendu 3 mars au 17 juin 2018. Z/1j/1314/1/28/3. © Arch. nat./ pôle image

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réseaux et partenaires

Les registres de la chancellerie royale des  XIVe et XVe  siècles, où les scribes recopiaient certains actes émis par le pouvoir, ont constitué le terrain d’étude et d’expérimentation du projet HIMANIS [Historical Manuscripts Indexing for user-controlled Search].

En tant que principal gardien de ce trésor, les Archives nationales ont accepté d’autant plus volontiers d’en devenir

un partenaire associé fin 2014. Lancé par l’Institut de recherche et d’histoire des textes [IRHT] sous l’égide de Dominique Stutzmann, responsable de la section de paléographie latine, financé par l’Union européenne, le projet s’était fixé d’ambitieux objectifs, à la fois technologiques – reconnaître par ordinateur des écritures manuscrites anciennes afin d’en transcrire automatiquement le texte – et heuristiques, l’analyse des formes de l’écriture servant à interpréter des phénomènes historiques. Par exemple, discriminer, toujours à l’aide de l’ordinateur, les différentes « mains », les représenter sur une échelle temporelle, déceler un style d’écriture issu d’un autre pays donne une idée à la fois de l’importance numérique de l’équipe de scribes, de la durée de leur carrière, de l’aire géographique dans laquelle ils sont recrutés ou encore des influences « étrangères » qui s’exercent sur eux.

Pour les Archives nationales, la participation à ce projet a d’abord permis de poursuivre de façon significative le traite-ment de la série JJ : grâce aux efforts conjoints des ateliers de restauration, du pôle image et du département du Moyen Âge et de l’Ancien Régime, les registres produits sous les règnes de Charles V à Louis XI ont été numérisés, soit 119 registres et 50 000 vues qui se sont ajoutées aux 23 500 vues qui avaient été produites depuis 2006. En parallèle, il a fallu dématérialiser les inventaires analytiques des registres, y compris ceux qui étaient restés sous forme manuscrite. Pour ces derniers, une reconnaissance des écritures a été également appliquée par l’un des partenaires du projet après que le service de reproduc-tion du CARAN les a numérisés. Cette masse textuelle a été

ensuite retravaillée et structurée en TEI et EAD pour pouvoir à terme agrémenter les documents de leur analyse.Les membres du projet, à savoir les universités de Valence (Espagne), de Groningue (Pays-Bas), et la société française A2ia, ont réussi à tirer parti de l’intelligence arti-ficielle qui est parvenue progressivement à reconnaître et comprendre les formes, réussissant même à résoudre les abréviations médiévales. Les résultats sont spectaculaires : c’est la première fois que l’on a réussi à interpréter par ordi-nateur une écriture si ancienne et complexe. Une interface de recherche expérimentale, appelée encore à évoluer, permet d’interroger directement les images en mode plein-texte et ouvre même la voie à l’annotation participative.La qualité de la reconnaissance du texte est certes encore perfectible, mais les perspectives n’en restent pas moins très prometteuses, tout en sensibilisant l’archiviste sur les outils mis à la disposition du public de demain.

Une journée d’étude conclusive sur le projet et ses résultats s’est tenue le 29 mai 2018, à l’hôtel de Soubise.

LE PROJET HIMANIS : L’HEURE DU BILANpar Jean-François Moufflet, département du Moyen Âge et de l’Ancien Régime

Interface expérimentale en TEI : mise en regard de l’image de l’acte avec son analyse. © Arch. nat.

On peut corriger soi-même n’importe quel terme de l’image en double-cliquant dessus. © Arch. nat.

Détail du registre JJ 147, fol. 68 : Charles VI accorde à Jean Visconti, comte de Vertus, le droit de porter sur deux quartiers de son écu les fleurs de lys.© Arch. nat.

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LA FORMATION DES ENSEIGNANTS AUX ARCHIVES NATIONALES (2013-2018)par Gabrielle Grosclaude, département de l’Action culturelle et éducative

expérience et création

L’ouverture du site de Pierrefitte-sur-Seine a permis au service éducatif d’accueillir un nombre croissant de formations des académies de Paris, Créteil et Versailles, dans le cadre des chapitres disciplinaires (histoire-géographie) et transversaux (ouverture culturelle) de leurs plans académiques de formation annuels. Plus de 2200 professeurs de l’enseigne-ment secondaire ont choisi d’y participer (en tout 37 formations, soit 75 jours). Ces formations associent plusieurs partenaires (musées, services d’archives, bibliothèques, lieux patrimoniaux).

L es enseignants du pôle humaniste sont les plus nombreux : histoire-géographie (de 35 % à 50 %), lettres (25 % à 30 %),

langues vivantes, mais aussi documentation, arts plastiques, musique et sciences selon les thématiques proposées. Les professeurs viennent aux Archives pour découvrir les lieux, des documents originaux et leur traitement par les archivistes, pour compléter et actualiser leurs connais-sances, mais également pour découvrir les ateliers et les médiations proposées afin d’engager des démarches visant à mieux accompagner les élèves dans leur parcours de formation, à leur faire découvrir les sources d’un patri-moine et d’une culture communs.

Les thématiques choisies, souvent en lien avec les exposi-tions temporaires, font appel à des savoirs provenant de différentes disciplines scolaires :« Les traces du passé : quels usages pour les artistes et les historiens ? », « Femmes en actes », « La mort en Seine », « Le corps en soi », etc.

Découverte des fonds dans les magasins du site de Pierrefitte-sur-Seine. © Arch. nat./SED

Dans la formation « Résistance, répression écriture », l’inter-vention d’un écrivain et d’un conservateur vise à montrer la complémentarité des approches littéraire et historique pour étudier la Seconde Guerre mondiale :

Patricia Gillet (direction des Fonds) « Pour la 3e année, je participe à cette formation, impulsée par la Fondation de la Résistance, avec la Maison des écrivains et de la littérature. Quatre séquences rythment mon intervention : visite des magasins d’archives ; présen-tation des ressources disponibles en ligne ; chronique en images de la collecte de fonds privés de la Seconde Guerre mondiale ; focus sur une pièce emblématique, le journal du coiffeur juif Albert Grunberg.L’idée est d’inciter les enseignants à venir aux Archives et à se saisir de documents à forte valeur historique, symbolique pour nourrir leurs projets pédagogiques. En retour, ce travail est l’occasion de discussions enrichissantes et réconfortantes sur l’usage des archives et l’intérêt qu’elles suscitent. » Les évaluations transmises par les académies évoquent le plaisir de la découverte des archives et la grande qualité des intervenants, comme moteurs pour construire une dynamique dans les enseignements. Ces stages de formation continue viennent compléter les séances d’information ponctuelles (« Mercredi des Archives ») et l’accueil des futurs professeurs dans le cadre des ESPE, qui reste à développer dans les années à venir.

Des formations partenariales Isabelle Arasa, professeure, chargée de mission Histoire et Mémoire pour la DAAC de l’académie de Paris « Nous essayons dans le cadre de la DAAC de proposer des formations dans des lieux exceptionnels que les enseignants n’ont pas l’habitude de fréquenter, afin qu’ils réinvestissent les connaissances et les outils proposés et pour leur donner envie de revenir avec leurs élèves. Nous cherchons à valoriser la diversité des fonds et les expositions temporaires. Les stages, associant plusieurs partenaires, sont conçus à partir de nos propositions. En général, ils ont lieu à Paris avec la visite des Grands Dépôts, mais nous avons su motiver les enseignants pour voir l’exposition Hibakusha. »

Découverte de documents d’archives dans une des salles du service éducatif. © Arch. nat./SED

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archives électroniques

La notion de base de données recouvre une grande variété de formes techniques. Pour créer une base, on peut utiliser un simple tableur. Pour un usage plus complexe, il existe des systèmes de gestion de bases de données rela-tionnels [SGBDR], qui reposent sur le fait de gérer des silos de données par catégories et d’établir des rela-tions entre les silos et entre les valeurs contenues dans ces silos. Il existe encore d’autres outils, comme les bases NoSqL qui savent gérer des catégories de données variables.

Au-delà de ces distinctions techniques, les bases de données se différencient par leur taille et la complexité de leurs modèles.

Dans l’administration, il existe des bases d’enquêtes statistiques de centaines de données et des bases de gestion de ressources humaines contenant des millions d’informations. Il existe aussi des bases interfacées avec d’autres bases...

Pour archiver les informations contenues dans ces différents types de bases, il faut à la fois comprendre leur organisation et être capable d’extraire tout ou partie de ces informations, de manière à pouvoir les réutiliser. Or l’organisation peut être diffi-cile à appréhender, selon sa complexité. Quant à l’extraction, elle peut être rendue délicate par l’absence de module ad hoc, par l’inadéquation du format obtenu avec des besoins d’archivage ou par des contraintes de volume.

Les archivistes cherchent à résoudre ces difficultés par différents moyens. Nous verrons prochainement en quoi ils consistent.

ARCHIVER DES BASES DE DONNÉES : D’ACCORD, MAIS LESQUELLES ? par Thomas Van de Walle, direction de l’Appui scientifique

expérience et création

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Prochain épisode : Documenter, documenter, documenter !

Fabien Pontagnier, professeur-relais de l’académie de Créteil aux Archives nationales« En lien avec les professeurs-relais d’autres services d’archives de Seine-Saint-Denis, j’ai proposé des stages destinés à favoriser l’inscription des Archives nationales de Pierrefitte-sur-Seine dans le territoire de proximité, avec des partenaires. Les échanges avec les enseignants permettent d’adapter et d’enrichir l’offre pédagogique. »

Le professeur-relais est un enseignant en mission auprès d’un service éducatif. Il accompagne les professeurs dans la réalisa-tion de leurs projets pédagogiques élaborés en lien avec les ressources de la structure culturelle, notamment dans le domaine de l’éducation artistique et culturelle. Il contribue à la conception et à la mise en œuvre des actions de formation et, par l’ap-

port d’une réflexion d’ordre pédagogique, à l’enrichissement du projet éducatif de l’insti-tution culturelle auprès de laquelle il exerce. Voir circulaire du Ministère d l’Education

nationale n° 2010-040 du 30-3-2010.

Eric Houzet, professeur d’histoire-géographie « Lors du stage "Soleil levant, matin calme", j’ai été très touché par les dessins de l’exposition Hibakusha présentée par le commissaire. J’ai partagé cette découverte avec mes

Découverte des ressources en ligne en salle multimédia du service éducatif, Pierrefitte-sur-Seine. © Arch. nat./SED

LA FORMATION DES ENSEIGNANTS

élèves de première ES, avec lesquels je mène une réflexion sur la question du document historique et du discours sur la guerre. Les élèves sont immergés dans un monde d’images, vecteurs d’émotions qu’il faut leur apprendre à questionner. Quel est le statut d’un dessin, par rapport au document d’ar-chive écrit ? Au cours de la journée à Pierrefitte-sur-Seine, les élèves ont pu découvrir d’autres documents sur la Seconde Guerre mondiale et le film Dans un recoin de ce monde ».

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métiers d’archives

LE MÉCÉNAT AUX ARCHIVES NATIONALESpar Grégory Teillet, service de la communication

En 2015, a été créé aux Archives nationales le poste de chargé de la promotion du mécénat, réponse à un besoin de l’institution qui, ainsi, s’est alignée sur nombre de struc-tures culturelles publiques ayant créé ce type de postes ces dernières années, notamment depuis la loi du 1er août 2003 à l’origine du dévelop-pement du mécénat en France. Acte philanthropique dont les fondements remontent à l’Antiquité, le mécénat se définit comme un soutien maté-riel apporté par une personne privée (entreprise ou particulier) à une œuvre ou à un organisme d’intérêt général, sans contreparties directes de la part du bénéficiaire mais avec des avantages fiscaux consentis par l’État au mécène.

L a mission première du poste est de développer les actions de mécénat

en faveur des Archives nationales pour permettre la réalisation d’opérations que les financements publics ne pourraient assurer seuls au regard de l’importance des besoins, mais avec un credo partagé par tous : le mécénat ne se substitue pas aux financements publics, mais permet d’aller plus loin que ce qui pourrait être fait avec ces seuls financements publics. Ainsi,

en thématisant les projets soutenus, le mécénat aux Archives nationales s’oriente vers :- des restaurations, numérisations et acquisitions de documents d’archives allant du Moyen Âge à aujourd’hui,- des restaurations des décors des XVIIIe et XIXe siècles du Quadrilatère parisien des Archives, avec notamment les appartements de style rocaille des hôtels de Soubise et de Rohan,- des restaurations et acquisitions d’œuvres d’art des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles pour le musée des Archives nationales,- et des projets d’expositions, d’évé-nements culturels, de médiation numérique, ainsi que des actions pédagogiques ou en faveur des nouveaux publics.

Aujourd’hui, plusieurs projets sont en cours de réalisation aux Archives nationales grâce au mécénat, tant sur le site de Paris que sur celui de Pierre-fitte-sur-Seine :- la restauration de la tapisserie du début du XVIIIe  siècle, Achille blessé mortelle-ment par Pâris, grâce au mécénat du Crédit Agricole d’Île-de-France à travers son fonds de dotation,- la restauration des dessins, cartes et plans de la Secrétairerie d’État consu-laire et impériale, grâce aux dons de centaines de particuliers ayant parti-cipé à la souscription lancée par la

Registre des comptes du château d’Amboiseet la tapisserie Achille blessé mortellement par Pâris (détail). © Arch. nat.

Pourquoi devenir mécène des Archives nationales ?

Céline Soubranne, directrice de la responsabilité sociétale et des parte-nariats d’AXA, répond parfaitement à cette question : « Nous sommes fiers de participer à ce projet de mécénat. Dans le prolongement naturel de son métier d’assureur, AXA s’engage pour la protection et le développe-ment solidaire. La conservation et la valorisation du patrimoine artis-tique et culturel est plus qu’une simple action de mécénat. L’acqui-sition du Registre des comptes du château d’Amboise, grâce au soutien du mécénat d’AXA, s’inscrit dans le cadre de notre démarche de Respon-sabilité d’entreprise ». Convaincre un mécène est important, en insistant sur le caractère patrimonial excep-tionnel des Archives nationales, mais créer du lien entre projet et institution soutenus et mécène l’est tout autant.

Céline Soubranne, directrice de la responsabilité sociétale et des partenariats d’AXA. © AXA

Fondation Napoléon et les Archives nationales, et toujours active,- la restauration du portrait du XVIIIe siècle de la fille du prince et de la princesse de Soubise et la mise sous verre de deux globes du XVIIe siècle, grâce au mécénat de Total.En outre, s’est achevée dernièrement la restauration du Registre des comptes du château d’Amboise, réalisée grâce aux dons de dizaines de particuliers ayant participé à la souscription lancée par la Fondation du patrimoine et les Archives nationales, le précieux manuscrit de la fin du XVe siècle ayant été acquis grâce au mécénat d’AXA en 2016.

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publications68, LES ARCHIVES DU POUVOIR : LE LIVREpar Emmanuelle Giry, Éric Landgraf, Archives nationales, et Rachel Grunstein, éditrice chez L’Iconoclaste

Le 3 mai 2018, les Archives nationales ont ouvert une exposition intitulée 68, les archives du pouvoir ; l’ouvrage éponyme qui l’accompagne, coédité par les Archives nationales et L’Iconoclaste, s’il s’en inspire largement, n’est pas pour autant strictement calqué sur cette mani-festation. Ainsi, certains documents présentés dans l’exposition ne figurent pas dans l’ouvrage et réciproquement.Cette publication se veut un parcours dans une sélection de documents d’ar-chives du pouvoir présentés par des historiens et des professionnels du patri-moine : vingt auteurs livrent ainsi leurs lectures et leurs analyses de documents extrêmement divers, tous issus des fonds conservés aux Archives natio-nales. Certains très standardisés (fiches de conflits du travail, notes de renseigne-ment, télégrammes, arrêtés) côtoient les pièces uniques (discours manuscrits du général de Gaulle, constats de Grenelle, matériel militant saisi et conservé dans les fonds de la Cour de sûreté de l’État, notes préparatoires de projets de lois). En émerge une véritable polyphonie visuelle et informationnelle dont le déploiement est scandé régulièrement par des vidéo-grammes extraits de journaux télévisés ou de séquences d’Actualités françaises mis à disposition par l’Institut national

de l’audiovisuel dans le cadre d’un parte-nariat établi pour l’occasion.Ces documents ont été regroupés en «  gestes », pensés comme autant d’opérations réalisées par le pouvoir et ses différentes composantes devant le mouvement protéiforme que fut 1968  : s’informer, notifier, assurer la permanence de l’État, gérer le quotidien, s’affirmer, surveiller, photographier, réprimer, saisir, analyser, réformer, patrimonialiser. Présentés de manière chronologique, ils ne se limitent pas aux seuls mois de mai et juin 1968, mais se déploient de février 1968 à janvier 1969, depuis les revendications dans les résidences universitaires jusqu’aux réformes institutionnelles de l’année 1969.Cette articulation document-événement permet de faire émerger des éléments parfois méconnus de 1968 : l’extension nationale de la grève, les négociations syndicales de Grenelle pour le secteur privé du 25 au 27 mai, mais aussi les négociations de la rue Oudinot pour le secteur public, les morts lycéenne et ouvrières du 10 et 11 juin, les élections législatives, la « crise de l’information » au sein de l’Office de radiodiffusion télévision française [ORTF], etc. Tout cela concourt à illustrer quelle fut la réponse de l’État et sa capacité à réagir avec efficacité à la crise.

Fort des compétences et savoirs conjoints à la fois des historiens solli-cités et des équipes des Archives nationales, cet ouvrage se présente finalement comme un livre à multiples niveaux de lecture : par séquence, par geste, par document, par acteur.En somme, un livre polyphonique et impressionniste, à l’image des événe-ments de 1968.

infos pratiques• Pierrefitte-sur-Seine

59, rue Guynemer 90001 93383 Pierrefitte-sur-Seine Cedex Tél. 01 75 47 20 00

• Fontainebleau 2, rue des Archives 77300 Fontainebleau Tél. 01 72 79 91 00

• Paris 60, rue des Francs-Bourgeois 75003 Paris Tél. 01 40 27 60 00 Salle de lecture 11, rue des Quatre-Fils 75003 Paris Tél. 01 40 27 64 20 / Fax. 01 40 27 66 28 Musée des Archives - Hôtel de Soubise 60, rue des Francs-Bourgeois 75003 Paris Tél. 01 40 27 60 96 / Fax. 01 40 27 66 45

www.archives-nationales.culture.gouv.fr

Imprimerie PDI2, avenue de Bourgogne – ZA des Béthunes95310 Saint-Ouen-L’aumône

Directrice de la publicationFrançoise Banat-Berger

Secrétaire de la publicationLéa Pinard

Comité de rédactionFrançoise Banat-Berger, Claire Béchu,Ghislain Brunel, Gabrielle Grosclaude, Béatrice Hérold, Françoise Lemaire, Rosine Lheureux, Sabine Meuleau, Léa Pinard, Emmanuel Rousseau, Catherine Vergriète

Secrétariat : 01 75 47 21 32

Crédits photographiques• Arch. nat./pôle image • Arch. nat./SED• Arch. nat./Nicolas Dion

• AXA • Daphné Le Sergent • L’Espal• D. Noizet/Service photographique de la présidence de la République

Réalisation graphiqueLéa Pinard

Visuel de couverturePortrait de Simone Veil. 688AP/456/NC. © Tous droits réservés.

Mémoire d’avenir en ligne :

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68, les archives du pouvoir.Chroniques inédites d’un État face à la crise.Paris, 2018, 304 pages, 25 euros.Un livre réalisé en coédition avec L’Iconoclaste.

L’ICONOCLASTE

LES ARCHIVES

PRÉFACE DEMICHELLE PERROT68DU POUVOIR

CHRONIQUES INÉDITES D’UN ÉTAT

FACE À LA CRISE

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Ouvrage réalisé sous la direction scienti� que de :Philippe Artières, historien des XIXe et XXe siècles, est directeur de recherches au CNRS (IIAC-EHESS). Il est l’auteur d’une série de travaux sur les archives des dominés et l’écriture de l’histoire. Il a codirigé avec Michelle Zancarini-Fournel, 68 une histoire collective (La Décou-verte, 2008, rééd. 2018).  En 2017, Attica, USA, 1971 (Point du Jour) porte sur la grande révolte de prisonniers aux Etats-Unis. En 2018, il a publié avec Eric du Chassey, Images en lutte (1968-1974), Beaux-Arts de Paris.

Emmanuelle Giry, archiviste paléographe, diplômée de l’Institut national du patrimoine, est conservatrice du pa-trimoine aux Archives nationales depuis 2012. Elle y est chargée des archives des politiques publiques liées à l’Edu-cation nationale, l’Enseignement supérieur, la Recherche, la Jeunesse et les Sports.

Avec de nombreux historiens, conservateurs et archi-vistes : Jean-Pierre Bat, Christophe Bouvier, Emilie Char-rier, Bénédicte Fichet, Christian Hottin, Jean-Louis Jean-nelle, Laurent Jeanpierre, Emmanuelle Loyer, Annie Poinsot, Yann Potin, Christophe Prochasson, Antoine Prost, Vivien Richard, Franck Veyron, Xavier Vigna, Mi-chelle Zancarini-Fournel, Grégory Zeigin.

« J’ai pris mes résolutions. Dans les circonstances présentes, je ne me retirerai pas. J’ai un mandat du peuple, je le remplirai. » Discours du général de Gaulle, 30 mai 1968

979-10-95438-65-6

8223364 — 25 €

sous la direction scientifique

de philippe artieres

et emmanuelle

giry Dix millions de grévistes, une jeunesse dans la rue, une économie

paralysée : en mai 68, l’État fait face à une crise majeure qui menace de le déstabiliser. Tous les secteurs d’activité sont tou-chés. Il faut réagir vite et fort.

Que faire ? Par quels moyens ? Du bureau de la présidence à ceux des préfets, chacun se mobilise pour comprendre, endiguer, sécuriser. Trois cents documents d’archives exceptionnels témoignent de cette vie de l’autre côté des barricades : brouillons du général de Gaulle, notes de Pom-pidou, synthèses des renseignements généraux sur les manifestants, télégrammes informant au jour le jour de la situation dans les usines… 

Jouant de la fermeté et de la conciliation, le pouvoir invente ses réponses. Il en sortira paradoxalement plus fort. Au-delà de la chronique des évé-nements, ces pages nous initient de manière passionnante aux rouages du fonctionnement d’un Etat face à la crise. Publié sous la direction scienti� que d’Emmanuelle Giry et de Philippe Artières, ce livre est réalisé à l’occasion de l’exposition 68, les archives du pouvoir aux Archives nationales (à partir du 3 mai 2018).

Cet ouvrage a été réalisé avec le soutien de La Fondation d’entreprise La Poste et de l’Institut nationale de l’audiovisuel

979-10-95438-65-6

8223364 — 25 €

de La Fondation d’entreprise La Poste et de l’Institut nationale de l’audiovisuel

Photo de couverture : Jacques Boissay/akg-images. Couverture : sara deux