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Mission PrécaritéPauvreté PROJET OBSERVATOIRE GIRONDIN DE LA PRÉCARITÉ ET DE LA PAUVRETÉ (OGPP)

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 Mission Précarité‐Pauvreté

       PROJET OBSERVATOIRE GIRONDIN DE LA PRÉCARITÉ ET DE LA PAUVRETÉ (OGPP)

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(*)  Les  cantons  cartographiés  correspondent  aux  55  pseudo‐cantons  INSEE définis de façon à ne comprendre que des communes entières : 

• ainsi,  les  8  cantons  bordelais  sont  regroupés  en  1  pseudo‐canton unique ; 

• de même, les 2 cantons pessacais forment un seul pseudo‐canton ; • la  partie  de  la  commune  de  Mérignac  appartenant  au  canton  de 

Mérignac  2  est  agrégée  au  reste  de  la  commune  de  Mérignac  qui constitue un  seul pseudo‐canton,  le pseudo‐canton de Mérignac 2  ici cartographié  correspondant  en  fait  à  l'ensemble  formé  par  les communes de Martignas sur Jalle et St Jean d'Illac. 

        

L'ensemble des cartes de ce volume a été réalisé avec le logiciel Philcarto  

Ce rapport se complète de trois feuillets mobiles : ► Un feuillet cartonné avec la carte de France et ses départements

renvoyant à une liste détaillant le nom des départements en regard de leur numéro ;

► Un feuillet cartonné avec la carte de la Gironde et ses cantons(*) renvoyant à une liste détaillant le nom des cantons en regard de leur numéro ;

► Un feuillet plastique transparent avec la carte de France et la carte de la Gironde pouvant être superposées sur les cartes du rapport pour une lecture facilitée des territoires.

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SOMMAIRE

Liminaire.....................................................................................................................7

Introduction................................................................................................................9 Quelle observation statistique territorialisée de la pauvreté ?........................................9

Du soutien à la production statistique aux perceptions des acteurs ........................... 11

La démarche de l’Observatoire.................................................................................... 12

La structure de ce premier rapport .............................................................................. 15

1ère partie : Synthèse des ateliers qualitatifs.........................................................16

I-1/ Atelier n°1 « travailleurs pauvres ».......................................................................16 I-2/ Atelier n°2 « logement » .......................................................................................22 I-3/ Atelier n°3 « les familles monoparentales » .........................................................28 I-4/ Atelier n°4 « la pauvreté en milieu rural ».............................................................34 I-5/ Atelier n°5 « précarité énergétique » ....................................................................38 I-6/ Atelier n°6 « précarité et santé » ..........................................................................43

2ème partie : La Gironde face à la précarité et à la pauvreté.................................48 II-1/ Approche par les revenus fiscaux des ménages.................................................48

II-1-1/ Les revenus fiscaux par unité de consommation .............................................. 48

II-1-2/ Les exonérations d’impôts................................................................................. 52

II-2/ Approche par les revenus salariaux ....................................................................55 II-2-1/ Les quantiles de répartition des revenus salariaux ........................................... 55

II-3/ Approche par la demande d'emploi .....................................................................58 II-3-1/ La demande d'emploi ........................................................................................ 58

II-3-2/ La demande d'emploi non indemnisée.............................................................. 62

II-3-3/ La demande d'emploi de longue durée ............................................................. 65

II-3-4/ La demande d'emploi (recensement rénové de la population) ......................... 68

II-4/ Approche par le recours aux minima sociaux......................................................72 II-4-1/ Le revenu minimum d'insertion ......................................................................... 72

II-4-2/ L'allocation parent isolé ..................................................................................... 75

II-5/ Approche par le recours aux dispositifs d'urgence ..............................................77 II-5-1/ Les Restos du Coeur......................................................................................... 77

II-6/ Approche par le mal logement.............................................................................80 II-6-1/ Les logements surpeuplés ................................................................................ 80

Synthèse des analyses départementales........................................................83 Synthèse des analyses à l'échelle des cantons girondins...............................84

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3ème partie : Evolutions récentes de la précarité et de la pauvreté en Gironde..85

III-1/ La nécessaire mesure des évolutions girondines récentes en matière de précarité et de pauvreté................................................................................85

III-2/ Les évolutions économiques conjoncturelles de la période 2005-2009 .............85 III-3/ Les mesures de l'impact des évolutions conjoncturelles macroéconomiques

de la période 2005-2009 sur la précarité et la pauvreté en Gironde. ................90 III-3-1/ Statistiques fiscales.......................................................................................... 90

III-3-2/ Statistiques du Secours Populaire ................................................................... 92

III-3-3/ Statistiques du 115........................................................................................... 93

III-4/ Quelques conclusions en matière d’impact de la crise économique récente sur la situation des ménages girondins face à la précarité et de à la pauvreté .......96

Conclusion : des résultats aux domaines d'intervention.....................................98

Les légères spécificités girondines en matière de pauvreté-précarité ........................ 98

De la situation girondine à l’analyse territoriale des facteurs de précarité-pauvreté... 99

De l’impact des facteurs de précarité-pauvreté à l’échelle des cantons girondins aux interventions territorialisées ................................................................................ 102

Interventions transversales, adaptation au contexte de crise et actions de long terme ............................................................................................................. 103

Annexes..................................................................................................................107

Définition des indicateurs utilisés..............................................................................108 Cartes complémentaires...........................................................................................110 Bibliographie .............................................................................................................112 Le projet d'Observatoire Girondin de la Précarité et de la Pauvreté.........................115 Les membres de la Conférence Girondine de la Précarité et de la Pauvreté...........118 Le Conseil scientifique : biographies succinctes ......................................................119 Glossaire des acronymes et sigles utilisés ...............................................................120 Liste des cartes, tableaux et graphes utilisés ...........................................................123

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Liminaire : La pauvreté ne peut se réduire à un segment de la société qualifié «les pauvres» qui serait marginal. Elle fait partie intégrante de notre société et inquiète et concerne, sous différents traits avec plus ou moins d’intensité, bon nombre de Français. Elle révèle et met en lumière des problèmes sociétaux tels que chômage, mal logement, sans abrisme, mal nutrition… Des problèmes avérés qui percutent une population déjà fragilisée et dont les effets cumulatifs peuvent devenir dramatiques pour certains d’entre eux. Considérant le problème dans sa seule dimension monétaire, ce sont plus de 80 millions de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté sur le territoire de l’Union Européenne, plus de 8 millions en France, près de 390 000 en Aquitaine et 170 000 en Gironde, qui questionnent l’efficience des politiques sociales qui leurs sont dédiées. Lutter contre la précarité et la pauvreté c’est avant tout s’attaquer au manque de ressources, mais aussi aux différentes dimensions qui les caractérisent en matière d’accès à l’emploi, au logement, aux soins… Il s’agit donc, dans l’ici et le maintenant, de relever un défi fondamental pour la cohésion sociale de nos sociétés, consistant à élaborer et mettre en œuvre toutes stratégies et actions aptes à éliminer les causes engendrant ce phénomène difficile à cerner, dont le Ministère de la Cohésion Sociale nous donne comme définition : « c’est l’état d’une personne, d’une famille, d’un groupe, qui dispose de faibles ressources ». Ne s’en tenant pas à cette seule approche réductible au seul indicateur

L'Observatoire Girondin de la Précarité

et de la Pauvreté (O.G.P.P.)

Un outil pour observer et comprendre, produire savoirs et analyses

avec et pour

les acteurs en charge de la lutte contre la précarité et la pauvreté

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monétaire, il évoque d’autres aspects du quotidien tels que : le logement, la santé, la formation, le travail, la vie familiale. Bernard SEILLIER, Président du Conseil National de Lutte contre les Exclusions, définit la pauvreté comme s’étant révélée être une « maladie iatrogène » du système, qui, comme telle, ne peut pas se résorber automatiquement sous les effets d’une peu probable reprise forte de la croissance économique. Amartya SEN, Nobel d’Economie 1998, quant à lui, propose d’approcher la notion de pauvreté comme la condition dans laquelle se trouve un individu, (une famille, un groupe), privé de ressources, de moyens, de choix et du pouvoir, nécessaires pour acquérir et maintenir son autonomie économique et favoriser son inclusion dans la société. Serge PAUGAM, Sociologue, approche, lui, la pauvreté sous l’angle d’une catégorie d’individus relevant d’un traitement social normé ; il précise « ce qui est sociologiquement pertinent, ce n’est pas la pauvreté en tant que telle, mais les formes institutionnelles qu’elle revêt dans une société ou un environnement donné. Autrement dit, il peut être, heuristiquement fécond, d’étudier la pauvreté comme condition socialement reconnue et les pauvres, comme un ensemble de personnes dont le statut social est défini, pour une part, par des institutions spécialisées de l’action sociale qui les désignent comme tels ». La précarité, quant à elle, se différencie de la pauvreté, selon le Ministère de la Cohésion Sociale, par l’absence des conditions élémentaires permettant aux personnes et aux familles d’assumer normalement leurs responsabilités et de jouir de leurs droits fondamentaux. En complément, il précise que « les situations de précarité économique et sociale sont multiples et souvent cumulatives. Elles peuvent aussi avoir pour origine, ou êtres associées à d’autres facteurs, dont les combinatoires risquent de les faire évoluer vers des situations d’extrême pauvreté à la limite de l’exclusion ». La précarité serait donc caractérisée par un ensemble d’incertitudes et de fragilités possiblement cumulatives pouvant conduire vers l’exclusion sociale. La pluralité des approches de la seule notion de précarité et de pauvreté rend, à elle seule, compte de la nécessaire prudence et organisation scientifique obligée, pour appréhender les mécanismes et processus générateurs de précarité et pauvreté. Inscrit dans ce même souci d’appréhension, la plus fine possible, de ce phénomène, le Conseil Général de la Gironde associé à l’Etat, ont donné mandat, à l’Observatoire Girondin de la Précarité et de la Pauvreté, pour rendre compte, sous forme d’un rapport annuel, de l’état de leurs observations, hypothèses, connaissances nouvelles susceptibles de guider et ou d’aider à l’élaboration des politiques sociales dans le département de la Gironde. Dès lors, les différentes strates de l’Observatoire Girondin de la Précarité et de la Pauvreté, en lien avec l’équipe projet, l’Institut d'Études Démographiques de l'Université Bordeaux IV (IEDUB), le Conseil Scientifique, la Conférence Girondine Précarité Pauvreté, sont activées et mises à l’œuvre et au travail. Si certains de ces éléments se retrouvent habituellement dans des outils d’observation, il en est un qui reste remarquable dans son rôle et sa composition : la Conférence Girondine Précarité Pauvreté. En effet, ce lieu, assez unique et innovant, mixe des services de l’Etat, du Département, des Collectivités Locales, des associations, des élus politiques et

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associatifs, véritable parlement de la pauvreté et de la précarité comme aime à le souligner le Vice-Président du Conseil Général de la Gironde, Gilles SAVARY. Cette véritable mutualisation, de compétences et de savoirs, met en débat, lors d’ateliers thématiques, ce qui fait pauvreté dans l’emploi, la mono-parentalité, le logement, la ruralité, l’énergie et l’accès aux soins. Il s’agit ici de tenter d’expliciter, au-delà des dénombrements et chiffrages multiples exprimant et cadrant le volume et l’intensité du problème observé, de stabiliser le mieux possible les concepts, dimensions et indicateurs, rendant compte dans le réel de celui-ci ; le but visé étant de comprendre le pourquoi et le comment du basculement ou pas de telle personne ou groupe dans la précarité et la pauvreté. Il est, dès lors, non seulement nécessaire de poser un préalable méthodologique de mise en cohérence des différentes sources d’informations entre elles (Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques, Caisses d'Allocations Familiales, Mutualité Sociale Agricole, Conseil Général de la Gironde…), officielles, agréées et associatives, mais aussi de définir la démarche statistique territorialisée la plus apte à réfléchir la richesse de celles-ci.

Introduction : Méthodes, objectifs et premières analyses de l’Observatoire Girondin de la Précarité et de la Pauvreté Quelle observation statistique territorialisée de la pauvreté ? La pauvreté, nous l’avons vu, constitue une notion dont la délimitation conceptuelle est loin d’être consensuelle. Dès lors, lorsqu’il s’agit de fournir une mesure statistique de cette réalité multiforme, la pauvreté se dérobe assez facilement à un outillage méthodologique reflétant surtout la volonté de l’étudier en délimitant une sous-population de pauvres à laquelle personnes ou ménages appartiendraient ou non de façon binaire. Cette délimitation statistique d’une sous-population de pauvres a notamment le double avantage de permettre l’utilisation de modèles d’analyses très performants pour étudier d’autres phénomènes (démographiques et épidé-miologiques notamment) et de construire un ensemble de personnes dont la définition initialement virtuelle peut prendre une forme extensive et produire un groupe cible pour l’intervention sociale. Sans reprendre ici un examen systématique des apports mais surtout des limites propres à chaque option de délimitation d’une telle sous-population de pauvres, il nous a semblé que la démarche statistique de l’observatoire devait s’affranchir de ce type de méthodes, et ce principalement pour trois raisons. Tout d’abord, la distribution des revenus et des privations objectives ou subjectives représente, en France, plutôt un continuum au sein duquel la définition d’un seuil de pauvreté relève davantage de l’arbitraire que de la prise en compte d’une hétérogénéité radicale statistiquement perceptible. Outre leur scientificité très discutable, les seuils de pauvreté et les seuils en général, ont tendance, lorsqu’ils servent à organiser l’action publique, à produire des effets sociaux non négligeables. Lors des ateliers de l’Observatoire Girondin de la Précarité et de la Pauvreté (voir

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partie I), les travailleurs sociaux ont ainsi rapporté les conséquences perverses de certains effets de seuils en matière d’accès aux droits. Ensuite, la diversité des situations de pauvreté ne se prête guère à une classification unique des ménages ou des personnes en pauvres ou en non-pauvres. Ainsi, à l’inverse des scores de synthèse des éléments de pauvreté en conditions de vie qui mélangent les différentes formes de privation ou d’exclusion1 sociale pour aboutir à une sous-population unique de pauvres, nous avons ici souhaité analyser chaque forme de pauvreté et de précarité pour elle-même. Lorsqu’elle est possible, ce que les données ne permettent pas toujours, cette démarche de mesure désagrégée peut ouvrir la voie à une compréhension des facteurs constitutifs de la pauvreté et de leurs impacts respectifs sur les privations ou les exclusions sociales. Elle peut même permettre d’inférer sur l’ampleur de processus spécifiques (isolement, faible niveau d’instruction, problèmes de santé ou de logement, etc…) ayant conduit à ces situations, ce qui peut évidemment constituer un guide utile pour l’action publique préventive. De façon générale, le fait de ne pas chercher à identifier une sous-population de pauvres mais de mesurer des formes de privation et d’exclusion sociale devrait permettre une approche plus ciblée de ces questions. On ne saurait toutefois viser un niveau maximal de décomposition, puisque ce serait nier la notion même de pauvreté qui correspond à un cumul de difficultés engendrant différentes formes de privation et d’exclusion sociale. Il faudrait donc proposer une démarche qui représente un équilibre entre :

- la décomposition des phénomènes concourrant à la pauvreté, qui permet d’augmenter les possibilités d’actions ciblées mais réduit la perception globale des interactions entre difficultés qui caractérisent la pauvreté,

- l’agrégation cumulative des différentes formes de pauvreté, qui permet cette perception globale mais réduit les possibilités d’action ciblée tout en posant des problèmes techniques de réalisation de cette synthèse lorsque l’on souhaite aller au-delà de la simple mesure monétaire (interprétation de l’échelle de scores, pondération des items correspondant aux différentes formes de difficulté et de privation, …).

Enfin, les données statistiques disponibles ne se prêtent pas aisément à la délimitation d’une sous-population unique de pauvres. Seule la pauvreté monétaire, grâce au pouvoir d’équivalence de la monnaie, synthétise en une échelle continue univoque plusieurs formes de privation et d’exclusion sociale. Toutefois, comme de nombreuses analyses statistiques l’ont montré, la pauvreté monétaire est loin de recouper toutes les formes de privation et d’exclusion sociale. Des non-pauvres sur le plan monétaire peuvent l’être sur celui de certaines conditions de vie et réciproquement. De ce fait, la signification concrète de cette mesure monétaire de la pauvreté n’a rien d’évident, d’autant que les données disponibles en la matière couvrant la population girondine de façon exhaustive ou quasi-exhaustive (sources fiscales, déclarations annuelles de données sociales) ne prennent pas en compte les transferts sociaux et familiaux. Les scores de conditions de vie, qui correspondent à l’inverse à un cumul de difficultés matérielles et sociales, s’appuient certes sur des privations et des exclusions sociales tout à fait concrètes, mais leur synthèse en une échelle unique dilue en grande partie ce gain de significations. Ces scores de conditions de vie nécessitent, par ailleurs, de disposer de micro-données renseignées pour toutes les variables composant les items cumulés dans ces scores

1 L’exclusion représente la forme la plus marquée de ce que l’on pourrait appeler la sous-participation à la société qui peut constituer tout ou partie d’une situation de pauvreté.

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tout en étant susceptibles d’être représentatives et statistiquement robustes à l’échelon départemental et cantonal. Il n’y a ainsi guère que les données de recensement qui remplissent très partiellement ces exigences (représentativité et robustesse à l’échelon local, micro-données accessibles au public), mais les variables associées aux conditions de vie se limitent essentiellement au logement et, si l’on adopte une perspective plus large, à l’emploi et la formation. Les enquêtes comprenant suffisamment de variables associées aux conditions de vie sont en effet loin d’être représentatives et robustes à l’échelon départemental et cantonal. Tenter de construire une sous-population unique de pauvres conduirait, en outre, à se passer de nombreuses sources statistiques disponibles à l’échelon départemental et cantonal. Sans s’identifier parfaitement à tous les aspects de la pauvreté, les effectifs qu’elles produisent présentent une forte concordance avec certaines formes ou conséquences de la privation et de l’exclusion sociale. C’est notamment le cas de quelques sources administratives (chômage, minima sociaux, exonérations fiscales) mais peut-être, plus encore, celui des dispositifs d’urgence d’accueil des populations connaissant plus ou moins durablement une profonde situation de pauvreté (aide alimentaire, hébergement, aides financières directes,…). Les statistiques de fréquentation de ces dispositifs d’urgence présentent néanmoins quelques limites qui, sans en invalider l’usage, nécessitent quelques précautions. Dans la perspective ici envisagée, on souhaite utiliser les statistiques de ces dispositifs comme des outils de mesure de l’expression des besoins en matière d’aide d’urgence, donc comme des outils de mesure des formes très profondes de pauvreté. Or ces dispositifs ne proposent pas, ou n’ont pas immédiatement proposé, des services d’aides couvrant l’intégralité du territoire girondin, leurs statistiques de fréquentation ou d’activité et leurs évolutions reflètent donc possiblement autant les variations de l’offre d’assistance, dans le temps et dans l’espace, que celle des besoins. De même, certains d’entre eux ne peuvent offrir, ou n’ont pu offrir, qu’une offre de services contingentée qui se trouve être régulièrement saturée et ne renseigne donc en aucun cas sur les différences d’ampleur et de profondeur de la pauvreté dans le temps et dans l’espace. Certains de ces dispositifs d’urgence collectent non seulement des informations sur les ménages ou personnes aidés mais aussi sur les demandes d’assistance, ce qui pourrait permettre de mesurer des besoins, dans le cas d’une offre de services contingentée. Cette appréhension des besoins d’assistance, via les demandes recueillies par les dispositifs d’urgence, suppose néanmoins que la possibilité de formuler une demande à un interlocuteur accessible varie peu dans le temps et dans l’espace, ce qui n’est pas toujours le cas. Par ailleurs, la finalité de ces dispositifs d’urgence n’étant pas la production statistique, il est fréquent que ce secteur de leur activité ne soit pas très développé, avec pour corollaire des données de qualité très variable. C’est la raison pour laquelle le soutien de la production statistique des dispositifs d’urgence, notamment associatifs (via une meilleure structuration des bases de données ou via la proposition de supports de collecte plus efficaces voire plus économes en temps,….) est partie prenante des objectifs de l’Observatoire Girondin de la Précarité et de la Pauvreté. Du soutien à la production statistique aux perceptions des acteurs : le rôle des partenaires et des ateliers qualitatifs A cette démarche statistique multidimensionnelle, s’appuyant sur une grande diversité de sources d’informations, viennent s’ajouter les ateliers de l’Observatoire Girondin de la Précarité et de la Pauvreté. Comme on l’a évoqué, il a été mis en

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place des ateliers visant à faciliter la production statistique sur les questions de précarité et de pauvreté tout en améliorant sa qualité, son niveau de couverture, sa continuité dans le temps, et en augmentant la cohérence des variables recueillies par les différentes sources. Il a aussi été mis en place des ateliers qualitatifs thématiques (travailleurs pauvres, logement, familles monoparentales, précarité énergétique, pauvreté en milieu rural, pauvreté et santé, pauvreté et parcours de vie, pauvreté et politiques d’aménagement de l’espace, nutrition et santé). Formés par des assemblées de travailleurs sanitaires et sociaux, de professionnels spécialisés et d’élus, ces ateliers qualitatifs ont à la fois pour objectif :

- de recueillir la parole des personnes au contact des populations en difficulté économique ou sociale, afin d’incarner de façon plus concrète les différentes manifestations de la privation ou de l’exclusion sociale,

- de repérer les situations émergentes faiblement visibles dans les données statistiques mais susceptibles d’impacter fortement les tendances à venir,

- d’identifier les relations entre les différentes formes de pauvreté et les étapes des processus y conduisant.

Il est, par ailleurs, prévu de donner la parole aux personnes en situation de précarité et de pauvreté que ce soit en tant qu’usagers des dispositifs de solidarité ou, de façon à ne pas adosser notre démarche à une simple évaluation de l’offre d’assistance et d’insertion, via des interventions au cours de séminaires plus larges. Il est ainsi envisagé, pour 2011, de mettre en place des séminaires thématiques et généraux auxquels les personnes en situation de précarité seront conviées et au cours desquels elles seront invitées à s’exprimer soit à travers des représentants à une table ronde, soit dans le cadre moins formel de groupes de parole. La démarche de l’Observatoire Au total, l’Observatoire Girondin de la Précarité et de la Pauvreté a choisi d’adopter une démarche prudente, diversifiée et concrète. La prudence des objectifs et des choix méthodologiques de l’Observatoire Girondin de la Précarité et de la Pauvreté conduit à ne pas privilégier des outils statistiques dont la conception reste controversée, en partie arbitraire, et fragile. Sans prétendre redéfinir une théorisation des phénomènes de précarité et de pauvreté allant des concepts à l’appréhension statistique, on cherchera ici à ne pas s’enfermer dans des schémas d’analyse et d’observation discutables et pas toujours adaptés à tous les contextes, notamment les comparaisons territoriales. Ainsi, aux seuils de pauvreté monétaires délimitant une sous-population de pauvres, il est préféré la construction de rapports entre les déciles les plus bas des distributions des revenus de plusieurs populations (cantons girondins / France métropolitaine et départements / France métropolitaine), ou l’application des déciles de la France métropolitaine à des distributions locales de revenus (départements et cantons girondins). De même, aux scores de conditions de vie, il est préféré une mesure moins agrégée des défauts d’accès à certains biens (le logement notamment). La prudence méthodologique implique aussi de tenir compte de la modification de la répartition spatiale des populations et des fortes différences territoriales de composition par âge. Il est donc parfois nécessaire de rapporter les effectifs fournis

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par certains producteurs de données (dispositifs d’urgence, CAF-MSA, conseil général) aux résultats du recensement rénové de la population. Toutefois, dans certains cas ce contrôle des effets d’effectif ou de structure est effectué à la source. Dans d’autres cas, les fournisseurs de données assurent une couverture quasi-exhaustive de la population cible (foyers fiscaux, déclarations annuelles de données sociales, INSEE) qui permet de construire, de façon endogène, des indicateurs contrôlant peu ou prou l’effet de la diversité démographique des espaces. Quoi qu’il en soit, la fréquente nécessité de recourir aux données du recensement (publiées avec un délai de 3 ans), pour réaliser ce contrôle, et les délais de production statistique associés à certaines sources (notamment s’agissant de micro-données ou de données décomposées selon plusieurs variables), se traduisent par un décalage entre la date de production des indicateurs statistiques cartographiés par l’observatoire et leur date de référence. Satisfaisante sur le plan méthodologique, cette situation peut sembler déphasée par rapport aux besoins d’intervention publique. Cette limite ne doit cependant pas être exagérée dans la mesure où les disparités territoriales de précarité et de pauvreté présentent une certaine permanence qui ne saurait souffrir d’obsolescence en seulement trois années. En revanche, il importe, dans les périodes de crise économique et sociale majeure comme dans les périodes de retour à la croissance, de mesurer la sensibilité à ces évolutions de la situation économique et sociale des ménages girondins à faible revenu. Pour ce faire, on a construit, à partir des quelques données disponibles avec des délais réduits de production, en les corrigeant de l’évolution estimée du nombre de ménages, des indicateurs d’évolution récente de la précarité et de la pauvreté à l’échelle de l’ensemble de la Gironde. Ces indices provisoires destinés à être remplacés, au fil de la publication des données détaillées par les indicateurs cartographiés à l’échelle cantonale (rapports 2011 et suivants), confèrent ainsi à ce premier rapport une dimension actuelle voire prospective. La diversité de la démarche de l’observatoire s’appuie sur :

- les sources statistiques mobilisées (recensement, administrations, dispositifs d’urgence),

- les formes d’analyse (quantitative, qualitative), - le périmètre des interventions (ateliers thématiques avec les

professionnels et les travailleurs sociaux, ateliers techniques avec les fournisseurs de données, séminaires et groupes de parole avec les personnes en situation de précarité et de pauvreté, conférences générales).

Elle est à l’origine de la structure de ce rapport et du fait, qu’au delà de la continuité des analyses et des indicateurs, chaque rapport comprendra une ou plusieurs composantes inédites au fur et à mesure de la mise en place progressive des divers aspects de la démarche de l’observatoire. La finalité de l’observatoire étant de fonder l’intervention publique sur la connaissance des populations et de leurs besoins fondamentaux, le caractère concret de sa démarche s’impose comme une évidence. Il s’illustre par la volonté de :

- ne pas définir des sous-populations abstraites de pauvres et ne pas sur-interpréter les distributions statistiques des ressources,

- mobiliser toutes les sources renseignant sur la précarité et la pauvreté, sur ses facteurs et ses conséquences,

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- produire et analyser les résultats statistiques en se référant (en amont et en aval), aux perceptions des acteurs (travailleurs sociaux et autres professionnels de terrain, usagers des dispositifs et plus généralement personnes en situation de précarité et de pauvreté),

- mettre en place, à moyen terme (courant 2011), en collaboration avec la Direction des Services Informatiques du Conseil Général, un outil permanent d’édition de tableaux de bord territorialisés sur la pauvreté en Gironde, à destination des responsables politiques, administratifs et sociaux,

- cartographier les indicateurs de façon à favoriser les actions territoriales de prévention, d’insertion, d’assistance et d’anticipation des urgences sociales,

- proposer des analyses les plus actuelles possibles, en dépit du délai de production des données démographiques essentielles (environ 3 ans). On tente ainsi, à partir de quelques sources, d’estimer les dernières tendances à l’échelle de l’ensemble de la Gironde, en corrigeant les évolutions des effectifs en fonction des variations estimées du nombre de ménages.

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La structure de ce premier rapport Ce rapport se compose de trois parties :

1 Les synthèses des ateliers thématiques permettent de retracer, tels que les perçoivent les acteurs mobilisés pour l’instant (travailleurs sociaux et autres professionnels de terrain), le contexte girondin en matière de précarité et de pauvreté ainsi que la diversité de ses territoires et de ses populations. L’antériorité de cette première vague d’ateliers qualitatifs, dans la démarche de l’observatoire, a permis d’orienter et d’alimenter la démarche quantitative, qui, sur ce plan, s’est attachée à répondre aux interrogations des acteurs et à confronter leurs perceptions aux mesures statistiques.

2 Les analyses statistiques et cartographiques ont pour but la mesure de la diversité spatiale infra-nationale et infra-girondine des différentes formes de pauvreté. Fondées sur des données de 2006 à 2008, ces analyses constituent un premier repère en matière de diagnostic territorial et d’identification des populations les plus vulnérables face aux différentes formes de pauvreté. Partant de la pauvreté monétaire des ménages puis des salariés, ces analyses s’appuient ensuite sur les mesures du chômage ainsi que sur la part des bénéficiaires des minima sociaux. Enfin l’ampleur du recours aux dispositifs associatifs d’urgence (pour ce rapport limité aux seuls Restos du cœur mais appelé à s’élargir) et le surpeuplement des logements viennent compléter cette cartographie de la précarité-pauvreté.

3 L’analyse des évolutions les plus récentes (2008-2009), à l’échelle de l’ensemble de la Gironde, tente notamment de mesurer l’impact de la crise économique actuelle sur la situation des ménages girondins en matière de précarité et de pauvreté.

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1ère partie : Synthèses des ateliers qualitatifs

I-1/ Atelier n°1 « travailleurs pauvres » L’atelier thématique "Les travailleurs pauvres" s’est déroulé le vendredi 10 avril 2009, dans le cadre du projet d’observatoire girondin de la précarité et de la pauvreté (OGPP). La séance a été animée par Christiane Demaux (directrice du Pôle Emploi Gironde), membre de la Conférence Girondine Pauvreté-Précarité. Ont participé à l’atelier :

‐ Laurence Orliac (Chargée de mission, AURBA) ‐ Mariame Ly (Chargée de mission, CREAHI Aquitaine) ‐ Anne Birbis (Responsable Pôle Insertion, CAIO) ‐ Christine Guibert (Coordinatrice service accueil RMI, Diaconat de Bordeaux) ‐ Delphine Rossec (Stagiaire assistante sociale, Diaconat de Bordeaux) ‐ Françoise Casadebaig (Restos du Cœur) ‐ Pascal Hauquin (Chef de service, Association Revivre) ‐ Jacques Canaud (Animateur, CAF 33) ‐ Alain Gallone (Educateur spécialisé, CAF 33) ‐ Florence Moreno (Assistante sociale, CAF 33) ‐ Marie-Josephe Cazenave (Conseillère municipale de Cenon, déléguée santé-

handicap) ‐ Franck Fischerkeller (Référent social insertion, CCAS Lormont) ‐ Mélanie Drouzai (Chargée de mission, Conférence départementale des

organismes sociaux pour l'habitat en Gironde) ‐ Elodie Masson (CPAM 33) ‐ Daniel Jault (Conseiller général de Bordeaux-La Bastide, CG 33) ‐ Hélène Fratalli (Responsable MDSI) ‐ Delphine Galin (Responsable MDSI, MDSI Bordeaux Caudéran) ‐ Laurence Julien (Responsable MDSI, MDSI Bordeaux Poitevin) ‐ Anne-Marie Roig (Adjointe au chef de service, CG - DGAS - DAGMS –

SSISAG) ‐ Danielle Luby (Chef de service, CG - DGAS – DPLE) ‐ Dahbia Yagoubi (Chargée de mission, CG - DGAS – DPLE) ‐ Béatrice Blanchet-Lacheny (Directeur de la mission précarité-pauvreté et chef

de projet observatoire, CG 33) ‐ Michel Blanchard (Secrétaire général de la Conférence girondine précarité

pauvreté, observateur discutant) ‐ Christophe Bergouignan (Directeur, Institut d’études démographiques

Université Montesquieu-Bordeaux IV, observateur discutant) ‐ Christophe Zaepfel (Doctorant, Institut d’études démographiques Université

Montesquieu-Bordeaux IV, rapporteur)

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Le marché du travail en Aquitaine a connu quelques changements ces derniers mois. La croissance du nombre d’emplois salariés, soutenue jusqu’en 2008, a laissé place à une phase de perte d’emplois salariés. Cette diminution est toutefois moins forte (-0,2 %) en Gironde qu’ailleurs, mais est à mettre en relation avec la croissance de la population départementale. Le nombre de demandeurs d’emploi a augmenté de 9 % entre janvier 2008 et janvier 2009 dans le département. On constate également que ces demandeurs restent actuellement plus longtemps dans le dispositif, du fait notamment d’un nombre d’offres d’emploi en nette baisse (-24 %). Cette diminution peut atteindre 45 % dans certains secteurs d’activité.

1) La définition du travailleur pauvre La définition à donner au terme "travailleur pauvre" semble poser des problèmes aux intervenants. Quelle identité sociale donner aux travailleurs pauvres ? L’équipe de la MDSI de Bordeaux-Caudéran a abouti à la conclusion qu’un travailleur pauvre était un travailleur aux revenus modestes. Cette définition apparaît ainsi moins stigmatisante. Il paraît toutefois très difficile –voire impossible- de donner une définition générale au terme. Le critère essentiel semble être la pauvreté monétaire, décrit comme le fait de ne pas pouvoir se loger et/ou nourrir sa famille. Le seuil de pauvreté et le quotient familial sont évoqués comme outils de définition possibles, tout comme les éléments inhérents à la fluidité du marché du travail. Le vocabulaire utilisé est également source de questionnements : il règne une confusion entre les termes "travailleurs pauvres", "travailleurs modestes" et "travailleurs percevant le SMIC". Le RSA ajoutera encore plus à la confusion. Il sera à ce titre intéressant de voir qui les politiques sociales vont cibler. Auparavant, on ne parlait pas de "travailleur pauvre" : lorsqu’on occupait une activité professionnelle, on pouvait subvenir à ses besoins. Aujourd’hui, ce n’est plus forcément le cas.

2) Identification des travailleurs pauvres

Plusieurs essais de typologies sont proposés. Le premier concerne les dispositifs de demandes d’emploi, d’où l’on dégage quatre catégories. Dans un premier temps, les personnes en situation d’activité réduite : celles-ci constituent 29 % des demandeurs d’emploi en fin de mois (DEFM) en Gironde. Les 29-49 ans sont majoritairement concernés, et près de 6 personnes en activité réduite sur 10 sont des femmes. Ensuite, les demandeurs d’emploi "longue durée", dont l’inscription remonte à plus d’un an. Ils représentent 28 % de la totalité des DEFM en Gironde et 54 % d’entre eux sont des femmes. Troisième catégorie, celle du public RMI, représentant 9 % des DEFM et constitué à plus de 80 % de personnes âgées de 25 à 49 ans. On remarque que le public RMI est peu représenté dans les DEFM : il existe au sein de ce public un nombre important de personnes pensant être inscrites dans le dispositif de demande d’emploi mais ne l’étant pas en réalité (environ 70 %). Une certaine désocialisation touche ce public, qui ne s’inscrit pas toujours dans un rapport à la norme en termes de demande d’emploi. Dans un essai de typologie plus large, certains intervenants identifient trois situations susceptibles de se superposer : tout d’abord, les personnes qui travaillent mais sont insuffisamment payées pour assumer les charges, le loyer et la nourriture. Ensuite, les mères isolées qui ne peuvent pas travailler davantage du fait des problèmes de garde d’enfant. Enfin, des personnes travaillant en intérim, qui perçoivent des

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revenus inférieurs à ce qu’elles percevraient en touchant le RMI, mais qui souhaitent conserver le lien social auquel leur emploi leur permet d’avoir accès. Trois groupes socioprofessionnels qui ne sont pas étanches sont présentés comme principalement concernés par le phénomène des travailleurs pauvres : les travailleurs agricoles, les créateurs d’entreprise, les personnes travaillant dans le secteur de l’économie domestique. Dans le cas des premiers, tout comme dans celui des travailleurs saisonniers, on dispose de très peu de renseignements. On sait toutefois que ces actifs rencontrent d’importants problèmes pour se loger, et pour faire garder leurs enfants. Les travailleurs pauvres ne se caractérisent pas forcément par des niveaux d’études faibles. De plus en plus de jeunes fortement diplômés arrivent dans les structures d’aide. Ils manquent d’expérience professionnelle, et leur surqualification rebute les employeurs. Par conséquent, ils sont contraints de mentir sur leur niveau de formation, pour avoir accès à des emplois ne nécessitant pas de qualifications particulières. Toutefois, sur le long terme, les personnes les plus qualifiées sortent plus facilement de la précarité que les autres. Deux classes d’âges sont essentiellement concernées par le phénomène des travailleurs pauvres : celles situées en début et en fin de vie professionnelle (20-29 ans et 55-64 ans).

3) Les parcours de vie

On ne remarque pas forcément de points de rupture dans les parcours de vie des individus basculant dans la pauvreté. Est ainsi cité l’exemple d’un couple avec enfants : celui-ci possède deux véhicules et doit assumer les frais de garde. Ses ressources sont inférieures aux charges dont il doit s’acquitter, et il s’endette progressivement. Le contexte économique est à l’origine du problème. Avec l’arrivée de l’euro, les prix ont augmenté sans équivalence pour les salaires, de nouvelles poches de pauvreté se créant ainsi. La diminution des missions en intérim joue également un rôle, ayant engendré une dégradation rapide de la situation financière d’une partie de la population. Le concept de "travailleur pauvre" ne peut en tous cas être séparé d’un contexte conjoncturel, géographique et économique. Certains évènements, tels le divorce, peuvent cependant constituer des points de rupture possibles. Le contexte géographique joue également un rôle primordial, à la fois cause et conséquence de la pauvreté. Les actifs aux revenus les plus modestes sont contraints de s’éloigner de plus en plus des villes centre des grandes agglomérations, à cause de la hausse des loyers. Du fait de l’éloignement et des difficultés induites (notamment en termes de transport et d’accès aux modes de gardes d’enfants), certains couples doivent faire un choix : un seul des deux membres peut garder son emploi. Généralement, l’arbitrage se fait en défaveur de l’activité féminine. La précarisation s’accentue par ce biais. Ces situations sont fréquentes dans les communes du Nord de la Gironde et du Bassin d’Arcachon. La parentalité est également présentée comme un facteur défavorisant.

4) La perception de la pauvreté par ceux qui la vivent

Beaucoup d’intervenants mentionnent le fait que les travailleurs pauvres ne se projettent pas dans l’avenir : ils sont focalisés sur le présent. Les situations

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s’aggravent, il y a un déplacement vers l’urgence. Il y a une volonté de survie : la priorité est de savoir comment faire pour payer son loyer et sa nourriture. Essentiellement concentrés sur ces besoins immédiats, les individus en situation précaire délaissent d’autres aspects de leur vie : le problème de la désinsertion sanitaire est ainsi évoqué, et notamment l’accès de ces personnes aux dispositifs sanitaires gratuits. De grandes difficultés sont rencontrées pour sensibiliser le public à l’importance des bilans de santé. Certains usagers des structures sociales cumulent des emplois à temps partiel, ce qui crée des situations difficiles à gérer, en termes d’emploi du temps et de souplesse demandée par les employeurs. L’énergie et le temps dépensés pour y faire face empêchent, notamment, d’entreprendre des démarches vis-à-vis des structures caritatives. Les travailleurs pauvres semblent ainsi plongés dans un cercle vicieux. De la même façon, on constate qu’avant, il était possible d’aller chercher ailleurs un emploi pour compenser une absence d’emploi ou un emploi sous-payé. Aujourd’hui, les coûts inhérents à un changement de région ou de département sont trop élevés. Il est donc difficile de partir chercher du travail ailleurs, notamment pour les jeunes. Certains participants abordent également le désespoir et le mal-être des personnes en situation de précarité. Un sentiment d’incompréhension semble régner : les usagers s’interrogent, car ils travaillent mais ne parviennent pas à subvenir à leurs besoins les plus essentiels. Le manque de confiance en l’avenir semble trouver son origine ici : l’utilité du travail est remise en question par certains. Certains jeunes adultes se contentent ainsi de vivre avec le RMI pour seule source de revenus. Le champ des possibles s’est considérablement réduit. Certains basculent par conséquent dans une économie parallèle. L’élargissement du public en difficulté (en particulier à d’autres couches sociales) rend également certains problèmes difficiles à exprimer. On évoque également un sentiment de honte à venir dans les structures pour demander de l’aide. La relation à l’enfant est également génératrice de culpabilité : les individus se sentent fautifs de ne pas pouvoir subvenir à leurs besoins, craignent de se montrer incapables de les élever de façon correcte. Ce lien à l’enfant constitue toutefois une motivation permettant de ne pas céder à la désespérance, de continuer à s’accrocher. Dans les familles monoparentales, les difficultés d’insertion des chefs de ménage se couplent à des problèmes de scolarité (et notamment d’assiduité) pour les enfants. La transmission de la "valeur travail" apparaît négligée, ce qui risque de poser un problème pour l’avenir des enfants. Il semble cependant exister des projets enfouis. Pour les personnes montrant la volonté de s’insérer, des systèmes d’accompagnement –voire de parrainage- existent dans certaines structures. Certains intervenants insistent également sur des actions de prévention à mettre en place, en particulier pour anticiper les ruptures d’emploi.

5) Une segmentation sociale modifiée

De manière plus générale, les intervenants constatent une modification profonde de la segmentation sociale, et notamment une réelle extension du phénomène des travailleurs pauvres, qui s’étend à des catégories socioprofessionnelles qui n’étaient pas concernées auparavant. Par le passé, les pauvres étaient visibles, c’était les autres, les "cas sociaux", puis, plus récemment, les bénéficiaires de minima sociaux. Aujourd’hui, il peut s’agir de tout le monde. Dans les permanences, sont reçues des personnes diplômées, qui étaient parfaitement insérées socialement. En six mois

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d’existence, la MDSI de Bordeaux-Caudéran a accueilli une majorité (56 %) de personnes travaillant, mais percevant de petits revenus. Du fait de contraintes familiales ou de problèmes psychologiques, ces personnes ne peuvent augmenter leur temps de travail. Des retraités sont amenés à continuer de travailler pour percevoir des revenus complémentaires indispensables. La réalité actuelle des structures sociales échappe aux représentations auxquelles on avait été habitués. Il y a, notamment, de plus en plus de travailleurs pauvres au sein des administrations, ce qui pose, à celles-ci, un inévitable problème de communication. Se pose également la question de l’accompagnement éventuel des collègues et d’un certain "effet miroir" face à ces situations. L’absence d’activité n’est plus le seul critère : les bas revenus sont aussi concernés, comme le prouve le cas de personnes percevant le SMIC mais ne parvenant pas à se loger. La séance n’a donc pas permis d’aboutir à une définition globale et fiable du travailleur pauvre. On peut toutefois remarquer que le terme de "pauvreté" est déjà en lui-même peu évident à définir. Il ne peut assurément être séparé d’un contexte économique, géographique et familial. Un indicateur comme le seuil de pauvreté tient compte du niveau de vie, mais pas du prix des ressources. Il est donc difficile de délimiter les contours statistiques de la pauvreté, celle-ci étant le résultat d’un nombre important de paramètres différents, qu’il convient de tous prendre en considération pour ne pas fournir une image tronquée. Certains métiers (travailleur agricole, créateur d’entreprise, travailleur maritime, métiers des services à la personne) constituent des niches de travailleurs pauvres. Toutefois, la conjoncture économique a entraîné une extension du phénomène des travailleurs pauvres à des métiers et des qualifications auparavant épargnés. Des individus se retrouvent ainsi, de façon très soudaine, en proie à la précarité, alors qu’ils avaient pensé en être à l’abri. Ce basculement brutal engendre, peut-on imaginer, des conséquences psychologiques tout à fait considérables, qui privent ces personnes des ressources nécessaires pour faire face aux situations auxquelles elles sont confrontées. Cette idée de cercle vicieux est très présente quand on aborde les parcours de vie des travailleurs pauvres : les loyers trop chers au centre des agglomérations entraînent un éloignement et un enclavement, le cumul d’emplois prive de temps pour démarcher les associations caritatives, les coûts trop élevés d’un déménagement empêchent d’aller chercher du travail dans un autre département. Les points de rupture n’étant pas forcément visibles, il y a un effort d’anticipation à fournir. Pour sortir de la crise actuelle de l’emploi, un fort recours aux contrats aidés est prévisible : toutefois, si les personnes, bénéficiant de ces contrats, échapperaient ainsi à une exclusion totale de la société, les revenus qu’elles percevraient ne leur permettraient pas de sortir pour autant de la précarité. Le salaire touché serait toujours insuffisant pour pouvoir assumer des frais essentiels (logement, transport, nourriture). Il conviendrait donc plutôt que ces frais viennent à présenter des coûts moindres pour ces individus, plus adaptés à leurs revenus. La façon dont les travailleurs pauvres perçoivent leur situation est nette : ils ne se projettent pas et se positionnent indiscutablement dans le présent. Les professionnels doivent se positionner de la même façon, même si cela peut être violent et difficile. Auparavant, le travail permettait de subvenir à ses besoins et de mener une vie décente ; aujourd’hui, ce n’est plus forcément le cas, en particulier pour les bas revenus. Son utilité est donc remise en question par une partie du public. Il faut réhabiliter la valeur travail, son importance sociale et son statut de rempart contre l’exclusion, notamment aux yeux des plus jeunes, pour éviter un phénomène de rejet de celui-ci, ou un basculement plus large vers une économie

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parallèle. Toutefois, sans une action politique de mise en adéquation des revenus et du prix des ressources, la tâche sera vaine, faute d’exemples à proposer. Par ailleurs, la refonte des minima sociaux va produire un phénomène de télescopage : dans certaines situations, il sera plus avantageux de percevoir le RSA que de travailler. Le message envoyé, par le biais de tels cas, pourrait avoir des conséquences gênantes. L’arrivée du RSA va également engendrer des nouvelles représentations sociales, notamment par le biais d’une nouvelle sémantique. La relation à l’enfant présente deux dimensions : elle est, d’une part, source d’angoisse, le parent craignant de ne pas disposer des ressources nécessaires pour assurer le confort de sa famille. Elle constitue, d’autre part, une raison de s’accrocher, une motivation pour ne pas sombrer. La focalisation sur le présent et les difficultés psychologiques, induites par les situations de précarité, sont toutefois fortement susceptibles d’engendrer des carences éducatives. Il y a donc un travail à faire sur le lien parent-enfant, et, notamment, sur l’image parentale, telle qu’elle est ressentie et telle qu’elle est projetée.

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I-2/ Atelier n°2 « logement » L’atelier thématique "Logement" s’est déroulé le mardi 21 avril 2009, dans le cadre du projet d’observatoire girondin de la précarité et de la pauvreté (OGPP). La séance a été animée par Marie-Paule Cols (Directrice adjointe, CG - DGAS - DATDS), membre de la Conférence Girondine Pauvreté-Précarité. Ont participé à l’atelier :

‐ Stella Manning (Chargée de mission, AURBA) ‐ Mariame Ly (Chargée de mission, CREAHI Aquitaine) ‐ Xavier Duluc (Chef de service CAIO, 115) ‐ Agnès Magendie (Bénévole, ATD Quart Monde) ‐ Louis De Melo (Bénévole, ATD Quart Monde) ‐ Anne Birbis (Responsable Pôle Insertion, CAIO) ‐ Aude Boyer (Chargée de mission DALO, Emmaüs) ‐ Pierre Bouisset (Correspondant Charentes, Fondation Abbé Pierre) ‐ Dominique Mallay (Responsable développement territorial, Fondation Abbé

Pierre) ‐ Georges Moreau (Responsable, Restos du Cœur) ‐ Pascal Hauquin (Chef de service, Association Revivre) ‐ Maryse Fournier (Assistante sociale, CAF 33) ‐ Anne Poulain-Romanet (Conseillère territoriale, CAF 33) ‐ Caroline Chau (Assistante sociale, CAF 33) ‐ Sonia Graslin (Conseillère thématique logement, CAF 33) ‐ Marie-Claire Grelier (CCAS Bordeaux) ‐ Mélanie Drouzai (Chargée de mission, Conférence départementale des

organismes sociaux pour l'habitat en Gironde) ‐ Catherie Bris (Conseillère technique adjointe, DDASS 33) ‐ Virginie Stora (Chef unité SHVQ-PSH, DDE) ‐ Fabien Coupé (Service habitat, DDE) ‐ Nathalie Chataignat (Travailleuse sociale, FSL) ‐ Julie Roturier (Chargée de mission, CG - DGSD - Mission Agenda 21) ‐ Marina Puicercus (Conseillère technique logement, CG - DGAS – DATDS) ‐ Ines Bedrani (Stagiaire CESF, MDSI Bordeaux Caudéran) ‐ Marie-Alice Pepaye (Responsable, MDSI Bordeaux Saint Michel) ‐ Anne-Marie Roig (Adjointe au chef de service, CG - DGAS - DAGMS –

SSISAG) ‐ Béatrice Blanchet-Lacheny (Directeur de la mission précarité-pauvreté et chef

de projet observatoire, CG 33) ‐ Michel Blanchard (Secrétaire général de la Conférence girondine précarité

pauvreté, observateur discutant) ‐ Christophe Bergouignan (Directeur, Institut d’études démographiques

Université Montesquieu-Bordeaux IV, observateur discutant) ‐ Christophe Zaepfel (Doctorant, Institut d’études démographiques Université

Montesquieu-Bordeaux IV, rapporteur) Le logement constitue un sujet central dans la vie quotidienne des ménages. Il s’agit d’un lieu de sécurité, d’un espace de ressources et d’intimité, de structuration familiale. Aujourd’hui, ce bien essentiel est devenu fragile et menacé : à cause de son coût, bien souvent, dont l’augmentation a fait des charges de logement le

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premier poste de dépense budgétaire pour la majorité des ménages. Certaines familles ne peuvent parfois plus assumer ces frais, et d’autres n’arrivent pas à trouver un logement. La thématique du logement social n’est pas nouvelle : en 1954, l’Abbé Pierre alertait déjà l’opinion publique sur la situation des sans-abri. Aujourd’hui, le sujet est revenu sur le devant de la scène médiatique du fait de la multiplication des situations d’urgence, via différents mouvements (Droit au logement, Les Enfants de Don Quichotte, Fondation Abbé Pierre) ou lois (Loi Droit Au Logement Opposable, dite loi Dalo). Le terme d’"accès au logement social" renvoie, tout d’abord, à une série de dispositifs (financement des logements, quotas de 20 %, organisation du contingent prioritaire, etc.). Ce terme évoque, ensuite, une idée de difficulté, de manque. On pourrait parfois parler de non-accès au logement social. Ainsi, 70 000 logements sociaux sont dénombrés en Gironde, et 70 000 demandes de logement social sont enregistrées. Cet atelier nous amène sur le terrain des personnes concernées, celles qui vivent, au quotidien, les problèmes de logement et le "mal-logement". A ce titre, même si elles ne fournissent qu’une approche restrictive du sujet, il peut se révéler utile de s’intéresser aux définitions données aux "mal-logés". Ainsi, selon la Loi Dalo, sont considérées comme "mal-logées" les personnes :

‐ dépourvues de logement, c’est-à-dire sans domicile fixe ou hébergées par une autre personne ;

‐ menacées d’expulsion sans possibilité de relogement ; ‐ hébergées dans un établissement ou logées temporairement dans un logement

de transition ;

‐ logées dans des locaux impropres à l’habitation ou présentant un caractère insalubre ou dangereux ;

‐ logées dans un local manifestement suroccupé ou non décent, à condition d’avoir à charge au moins un enfant mineur ou une personne handicapée, ou de présenter un handicap ;

‐ demandeuses de logement locatif social et munies d’une attestation d’enregistrement départemental de la demande (numéro unique), n’ayant reçu aucune proposition adaptée à l’issue d’un délai "anormalement long" (délai qui varie d’un département à l’autre ; il est de 3 ans en Gironde).

Pour la Fondation Abbé Pierre, le mal-logement se traduit par :

‐ l’absence de logement et les difficultés d’accès au logement ;

‐ le manque de confort et l’insalubrité ;

‐ les difficultés de maintien ;

‐ la mobilité difficile et l’assignation à résidence.

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1) Les principales formes de mal-logement Lors des rencontres territoriales de Gironde, toutes les MDSI ont évoqué des sites de mal-logement, tels que les campings, les hôtels, les sites de loisirs hébergeant des personnes de façon précaire. Il y a, également une croissance du nombre de personnes dormant dans des véhicules. La notion de mal-logement peut également s’étendre aux situations d’hébergement familial ou amical : si, en eux-mêmes, ces cas ne sont pas, à proprement parler, révélateurs d’un mal-logement, ils peuvent s’étendre sur des durées très longues. Dans certaines zones, un tiers des dossiers de demande de logement provient de personnes logées de cette façon. Des ménages aux profils différents sont concernés. Certaines demandes de logement social sont rejetées, car la solidarité familiale est censée jouer. Quand la famille qui héberge, vit dans des conditions correctes, les dossiers ne sont, souvent, pas recevables. Dans ce cas, on n’est pas loin de l’assignation. Ces situations, de cohabitation "forcée", peuvent également se révéler explosives, et avoir des conséquences dramatiques : une fois le point de rupture familial ou amical atteint, la personne hébergée se retrouve sans toit. D’autres formes, moins courantes et se rapportant à l’insalubrité, sont citées. Tout d’abord, des cas de saturnisme ont été découverts dans le quartier de Bordeaux-Saint-Michel, suite à une mission sanitaire. Des remèdes ont donc pu être apportés. Toutefois, en l’absence d’opérations de ce type, les situations analogues ne peuvent être repérées. Le voisinage peut aussi parfois constituer une cause de mal-logement : des cas de malades psychiques, logés dans le parc social, sont ainsi cités. Ces personnes ne veulent pas être traitées, et, par leur comportement, nuisent à leurs voisins et aux propriétaires des logements. Ces situations posent également le problème de l’absence d’appartement thérapeutique. On peut se demander si le logement social constitue la réponse à ce type de problèmes. Autre forme, celle relative au phénomène des logements non achevés : des familles souhaitant accéder à la propriété, entreprennent de construire leur propre maison ou d’en rénover une, mais, devant le coût, se voient contraintes de laisser leurs travaux en suspens.

2) Le public concerné Une étude a été effectuée par l’A-URBA sur les flux d’allocataires des minima sociaux, en Gironde, depuis 10 ans. On constate un phénomène de centrifugation. Si les allocataires restent concentrés dans le centre de l’agglomération, et un peu dans la première et la seconde couronne, on mesure un développement des flux d'allocataires vers les marges du département. Du fait du coût des loyers, certains ménages s’éloignent de plus en plus de l’agglomération bordelaise, et n’anticipent pas cet éloignement. Dans le quartier de Bordeaux-Saint-Michel, des cas de suroccupation ont été constatés dans certains logements : les familles s’agrandissent, mais n’ont pas les moyens de déménager pour un logement plus grand. De manière générale, la taille des logements dans les villes centre diminue, alors que les loyers augmentent : les gens sont donc parfois contraints de vivre plus nombreux dans des espaces plus réduits. Le manque de logements disponibles engendre des situations encore plus complexes : des personnes séparées, ou divorcées l’une de l’autre, se voient ainsi contraintes de partager le même toit, faute de possibilité de déménagement. Les rapports peuvent être bien évidemment profondément détériorés.

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De récentes études ont également révélé des difficultés d’accès au logement pour les familles monoparentales. L’hébergement familial, dans ce cas, est souvent une solution privilégiée, présentant également des avantages en matière de garde d’enfant. Dans d’autres cas, des stratégies de contournement sont mises en place pour accéder à un logement : ne pas préciser que l’on est chef d’une famille monoparentale est censé constituer un avantage. Certaines mères de familles monoparentales sont surnommées les "mamans clic-clac" : vivant dans des logements trop petits, elles sont contraintes de trouver des moyens de fortune pour gagner de la place. De manière générale, les intervenants regrettent que, hormis les gens du voyage, le PDALPD (Plan Départemental d’Accès au Logement des Personnes Défavorisées) qualifie les différentes situations de mal logement, plutôt que les catégories de personnes (jeunes notamment). Il y a une typologie du public, mais pas de réelles visions des parcours. Il est également dommageable qu’il y ait de réelles difficultés qui ne trouvent pas de réponses dans les dispositifs. La connaissance des situations du mal logement sur les territoires est à relier à la connaissance des dispositifs car ces derniers ne couvrent pas la totalité des situations. Il demeure des situations sans solutions.

3) Rapport aux institutions De nombreux intervenants évoquent la rigidité des solutions proposées aux problèmes de logement, en termes de procédure et de critères. Plutôt que d’aider les personnes, les systèmes les invalident : leur est proposée une seule solution, et les familles n’ont donc pas le choix de l’accepter ou non. Des familles, n’ayant vécu que dans le cœur de l’agglomération bordelaise, se voient donc contraintes d’aller résider dans des zones rurales. Dans les commissions d’attribution du contingent PDALPD, une vigilance est apportée, par les travailleurs sociaux des MDSI, sur les éventuels "déracinements" des ménages ; car il ne s’agit pas de renforcer les difficultés des ménages, à travers un relogement. Le relogement peut aussi se traduire par d’importantes hausses du prix du loyer. La réponse logique au mal logement semble être le logement. Toutefois, on n’essaie pas d’avoir une vision globale des situations, en se demandant si les personnes pourront s’intégrer dans un nouvel environnement, se construire des réseaux et trouver un emploi si elles n’en ont pas. Cette problématique du bien-être, dans son univers quotidien, est perçue comme secondaire, alors qu’elle est bien souvent primordiale. Il est toutefois impossible, en termes de charges de travail, d’apporter des réponses individualisées à toutes les questions. Les démarches à entreprendre pour avoir accès au logement social sont nombreuses et lourdes, en particulier dans le cas de personnes ayant un niveau de formation faible. Cela décourage une partie du public, qui fuit les dispositifs. La situation est perçue comme injuste et violente : pourquoi tant de formalités administratives alors que l’on est dans une situation d’urgence, que l’on a besoin d’un toit ? Les concernés ont réellement l’impression qu’on les maintient la tête sous l’eau, et tombent dans une certaine désillusion. Les réactions des familles éprouvant cette incompréhension peuvent alors s’avérer agressives, et particulièrement difficiles à gérer pour les travailleurs sociaux. D’autres personnes, face à l’insalubrité de leur logement, finissent par refuser de payer leur loyer. Elles sont alors en proie à l’expulsion.

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Des participants à l’atelier s’interrogent sur le problème de la stigmatisation du candidat à l’accès au logement social ayant déjà connu un "accident" sérieux en matière de logement. La rédemption existe-elle ? Le candidat semble ne bénéficier que très rarement d’une seconde chance laquelle, compte tenu des garanties demandées et des enquêtes menées par les bailleurs sociaux, est, après une expulsion, plus présente dans le privé que dans le public. Les travailleurs sociaux se sentent très impliqués par la question du logement des plus défavorisés : ils défendent un dossier comme si c’était le leur. Des stratégies de contournement sont mises en place, à la fois par les travailleurs sociaux et par les usagers.

4) La perception des difficultés de logement par ceux qui les vivent L’accès à la propriété apparaît comme un rêve pour beaucoup de familles, mais peut se transformer en cauchemar : faute de budget, le logement demeure inachevé, et devient alors source de multiples tourments, susceptibles d’entraîner l’éclatement de la famille. La transplantation d’un territoire à l’autre peut également avoir des conséquences gênantes. Des familles, venues de la CUB, viennent ainsi résider dans des zones rurales, où elles sont perçues comme des "cas sociaux". La stigmatisation s’ajoute ici à l’éloignement et au déracinement. La question du droit de garde est douloureuse : en l’absence de logements adaptés, de nombreux pères seuls ne peuvent le faire valoir. Les structures d’hébergement permettent à l’enfant de venir visiter le parent, mais ne prévoit pas que ce dernier puisse dormir dans l’établissement. De nombreux pères perdent ainsi contact avec leurs enfants. La question de l’aptitude à habiter un logement revient souvent. Devant la pénurie de logements, les personnes en attente doivent prouver leur autonomie. Or, de nombreux usagers intériorisent leurs difficultés, et éprouvent un sentiment de culpabilité. Face aux difficultés psychologiques, ils perdent leur autonomie et leurs capacités, et deviennent dépendants. Les travailleurs sociaux doivent permettre aux usagers de retrouver la confiance et entreprendre de vraies démarches pour avoir un vrai logement. En ce sens, l’accompagnement des familles, dans les démarches pour améliorer leur cadre de vie, paraît primordial. La démarche d’auto réhabilitation accompagnée de logement, par la famille y résidant, permet, tout d’abord, d’éviter la transplantation d’un territoire à un autre. Jouer sur les solidarités à l’intérieur d’un quartier peut ici être capital. Ensuite, elle permet de redonner aux personnes une estime d’elles-mêmes, une place d’acteur et de citoyen, et également l’envie de s’investir dans des projets. Le lien entre le parent et l’enfant peut également sortir consolidé d’une telle opération. A travers les discussions, il apparaît qu’un certain cycle de vie semble être remis en cause aujourd’hui. L’accès à la propriété semble toujours un but à atteindre, mais un objectif beaucoup plus dur à concrétiser actuellement. Pour devenir propriétaires, les familles sont amenées à s’écarter de plus en plus du cœur de l’agglomération, avec les contraintes que l’éloignement entraîne (frais de mobilité…) et des frais de travaux plus élevés qu’auparavant. Des logements demeurent alors inachevés, entraînant

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des situations familiales désastreuses, souvent aggravées par la perte du réseau familial et/ou amical. Dans d’autres cas, l’accès à l’habitat individuel se traduit par l’abandon de l’emploi pour un membre du couple, et, par conséquent, par une perte de revenus. Par ailleurs, l’offre de logements paraît être devenue hyperspécialisée. D’une part, dans les centres-villes, on trouve uniquement des petits logements : l’offre y est insuffisante en quantité et en qualité. D’autre part, dans les zones rurales, le parc locatif social est limité : les opérateurs privés doivent se positionner dans ces espaces-là. Certaines initiatives ont été prises, notamment par le PLH, qui a fait le choix d’adapter l’offre de logements disponibles dans les territoires ruraux aux revenus des personnes. Le logement fournit un nouveau regard sur la pauvreté, du point de vue statistique. Il est notamment mal intégré dans les critères de mesure de l’inflation. La croissance du coût des dépenses obligatoires engendre la réduction du budget accordé à d’autres postes. L’impact des situations de rupture peut également se traduire par des situations de surendettement, qui elles-mêmes peuvent déboucher sur le recours à des prêts à la consommation. Il y a une certaine maltraitance institutionnelle : le temps des usagers et celui des personnes chargées de s’occuper de leur dossier sont différents, et incompatibles. La lourdeur des démarches administratives à entreprendre, y compris dans les dispositifs prioritaires, crée un décalage gênant avec les situations d’urgence des personnes en recherche de logement. Le temps de réponse aux demandes de logement (3 à 5 ans d’attente) est perçu comme "irréel, sans sens et indécent" face à la situation de crise. Le ciblage excessif, et par conséquent non-exhaustif, des dispositifs a également été souligné. Les personnes vivant dans des lieux d’habitat indigne, dans des tentes ou des véhicules, sont stigmatisées, vues comme des cas sociaux et par conséquent marginalisées. A des situations d’inconfort extrême, s’ajoute donc un regard méprisant et dévalorisant. L’insertion sociale passe ainsi par un mode de logement décent. Toutefois, plus le temps passé dans un cadre de mal-logement est long, plus la pente est difficile à remonter : les institutions exigent des usagers qu’ils prouvent leur capacité à pouvoir habiter un logement alors que leur faculté d’autonomie s’atténue progressivement au fil des mois et des années s’écoulant en situation de mal-logement. Certaines personnes dans cette situation et certains travailleurs sociaux pensent que le système a un côté paradoxal : la société attend des personnes une certaine autonomie (être acteur de son projet de vie) mais, en même temps, les rend dépendants des services sociaux en les obligeant à rentrer dans un parcours social tout tracé pour accéder à un logement. Pourquoi ne pas permettre à la personne d’être actrice en la faisant participer aux commissions d’attribution et donner ainsi "chair" à ces commissions ? Utopie ou complexité administrative incompatible avec cet objectif ?

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I-3/ Atelier n°3 « les familles monoparentales » L’atelier thématique "Les familles monoparentales" s’est déroulé le mardi 28 avril 2009, dans le cadre du projet d’observatoire girondin de la précarité et de la pauvreté (OGPP). La séance a été animée par Philippe Guillet (Responsable du pôle prospective, CAF 33), membre de la Conférence Girondine Pauvreté-Précarité. Ont participé à l’atelier :

- Emmanuelle Goity (Chargée d’études, A-URBA) - Monique Lestable (Directrice, CAIO-PDALPD) - Pierre Barbe (Délégué local, Croix Rouge) - Françoise Casadebaig (Restos du Cœur) - Huguette Caille (Secours populaire) - Florence Moreno (Assistante sociale, CAF 33) - Daniel Jault (Conseiller général, Bordeaux Bastide) - Véronique Castillon (Responsable MDSI, CG - DGAS - DATDS – MDSI

Bordeaux St Augustin) - Martine Plantard (CG - DGAS - DATDS – MDSI Cenon) - Anne-Marie Roig (Adjointe au chef de service, CG - DGAS – DAGMS) - Caroline Chau (Assistante sociale, CAF 33) - Simone Garcia (Assistante sociale, MSA 33) - Anne Poulain-Romanet (Conseillère territoriale, CAF 33) - Zohra Raslouad (Service lutte contre les exclusions, DDASS 33) - Béatrice Blanchet-Lacheny (Directeur de la mission précarité-pauvreté et chef

de projet observatoire, CG 33) - Michel Blanchard (Secrétaire général Conférence girondine précarité

pauvreté, observateur discutant) - Christophe Bergouignan (Directeur, Institut d’études démographiques

Université Montesquieu-Bordeaux IV, observateur discutant) - Christophe Zaepfel (Doctorant, Institut d’études démographiques Université

Montesquieu-Bordeaux IV, rapporteur)

La catégorie des familles monoparentales recouvre une diversité de situations : mères célibataires, mères adolescentes, veufs et veuves précoces, parents séparés ou divorcés élevant seul leur(s) enfant(s). A cet égard, ces situations de monoparentalité posent, en termes de réponses, un certain nombre de défis aux politiques publiques. Au-delà de la diversité, la structure de ces familles monoparentales a profondément changé : une large partie d’entre elles résulte non plus d’un veuvage comme par le passé, mais d’une séparation, conséquence d’une évolution sociologique de la famille. Le concept de famille monoparentale (One parent family en Anglais) émerge comme catégorie des politiques familiales et sociales dans les années 19702. Trois éléments contribuent à cette émergence :

‐ Le développement d’études universitaires et de recherches sur ce thème, porté le plus souvent d’ailleurs par un courant féministe ;

2 Rapport de recherche du Centre d'Etudes de l'Emploi N°36 – Anne Eydoux, Marie-Thérèse Letablier – Les Familles monoparentales en France, Juin 2007, 110 p.

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‐ L’intégration d’associations de familles monoparentales au sein de l’UNAF (Union nationale des associations familiales), ce qui marque leur reconnaissance institutionnelle ;

‐ La création d’allocations spécifiques aux familles monoparentales, versées par les CAF et les MSA. L’allocation d’orphelin est ainsi créée en 1970, l’allocation parent isolé (API) en 1975.

L’API a été conçue comme un revenu de remplacement, permettant de compenser les risques familiaux et non pas comme une prestation d’assistance. Il s’agissait de permettre une transition progressive d’une situation de mère au foyer à une situation de mère active. Les mères seules étaient ainsi censées pouvoir s’occuper de leurs enfants en bas âge, même en l’absence d’un revenu conjugal. Des objectifs complémentaires étaient assignés à l’API : éviter le recours à l’aide sociale à l’enfance pour les enfants dans une situation économique et sociale difficile, éviter le recours à l’IVG et permettre la sortie d’un dispositif stigmatisant d’aide sociale.

1) Données chiffrées Selon l’INSEE, "une famille monoparentale comprend un parent isolé et un ou plusieurs enfants célibataires (n’ayant pas d’enfant)". La définition des CAF diffère quelque peu, dans la mesure où elle prend en compte l’âge des enfants, et la notion de charge effective et permanente. Sont ainsi considérés comme parents isolés "les personnes veuves, divorcées, séparées, abandonnées ou célibataires qui assument la charge effective et permanente d’un ou plusieurs enfants à condition qu’elles ne vivent pas maritalement. En second lieu, les enfants sont à charge, au sens des prestations familiales, s’ils sont âgés de moins de 20 ans, ou 21 ans pour le complément familial et les allocations logement, à condition que leur rémunération n’excède pas 55 % du SMIC et qu’ils ne soient pas eux-mêmes parents". En s’appuyant sur la définition des CAF, la Gironde compte 37 746 familles monoparentales allocataires de la CAF au 31 décembre 2008, dont 34 630 avec au moins un enfant à charge de moins de 18 ans. Quelles que soient les sources de comptage de ces populations, les familles monoparentales constituent une sous population en forte augmentation. Par conséquent, la proportion d’enfants vivant dans ce type de ménage croît constamment (+25 % entre 2000 et 2008, +8,5 % depuis 2005).

2) Caractéristiques des familles monoparentales Une typologie des familles monoparentales est proposée, établie à partir des observations de travailleurs sociaux sur les secteurs de Bordeaux-Saint-Jean, Saint-Michel, Bastide. Sur ces secteurs, on enregistre, parmi les allocataires CAF, la plus forte proportion de familles monoparentales du département (environ 35 %). Les profils sont divers : tout d’abord, les mères enceintes depuis environ cinq mois et séparées depuis moins de six mois. Ces personnes perçoivent l’API prénatale, elles sont accompagnées durant leur grossesse mais rarement après. Elles vivent relativement bien leur précarité, possédant la capacité de rebondir par rapport à leur situation, notamment en termes d’autonomie intellectuelle. Elles s’appuient également sur un réseau d’entraide familiale. Ces mères ont la capacité de se projeter, elles sont notamment très soucieuses de connaître leurs droits sociaux. Ensuite, un second profil correspond à des mères très jeunes, dont la grossesse est

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accidentelle et constitue une parenthèse, au terme de laquelle elles reprendront leurs études. Ces personnes s’appuient elles aussi sur un réseau familial ou amical. Le lien avec le père est plus ou moins maintenu, et on ne sait pas si la relation est achevée ou non. Par conséquent, il y a une volonté de savoir ce qu’il se passera si le père reconnaît l’enfant. Une troisième catégorie englobe les mères étrangères ou d’origine étrangère : pour celles-ci, la famille est très présente, s’appropriant les informations et prenant l’enfant en charge. Un quatrième profil correspond à des futures mères isolées, sans logement et ayant un très faible niveau d’autonomie intellectuelle. Elles doivent être suivies sur le long terme, de façon assidue. Parmi les recours aux Restos du Cœur, le nombre de familles monoparentales a augmenté de 32 % en trois ans. Souvent les référents sont des personnes n’ayant jamais travaillé et ayant arrêté leur scolarité très tôt. On compte beaucoup de jeunes mères n’ayant pas eu de vie de couple avant, soutenues par leurs parents même si ceux-ci rencontrent des difficultés financières. Au Secours Populaire, on a accueilli 18 % de familles monoparentales en mars 2009, contre 10,5 % le mois précédent. Les référents d’une large majorité de ces familles sont des femmes, et un cinquième se trouve sous le seuil de pauvreté.

3) Les freins rencontrés

Les familles monoparentales sont, depuis des années, confrontées à la pauvreté, aux mauvaises conditions de vie et à la précarité de l’emploi. Aujourd’hui elles sont encore plus concernées par ces phénomènes, dans un contexte de crise économique et de forte montée du chômage. Ces familles se distinguent, souvent, par un cumul de vulnérabilités. Ainsi, le parent est souvent faiblement qualifié, et les emplois auxquels il peut accéder sont rares, précaires, peu rémunérateurs et s'accompagnent d'horaires atypiques. Le frein principal à l’insertion des familles monoparentales est le manque de places dans les structures d’accueil pour enfants (crèches, halte-garderie, cantines scolaires). Cette insuffisance compromet la rupture de la symbiose parent-enfant, et est encore plus problématique pour le parent en recherche d’emploi : en effet, les structures sont centrées, pour des raisons économiques, sur les ménages qui travaillent. Ainsi, s’il n’y a pas d’emploi, les possibilités d’obtenir une place se réduisent, et, s’il n’y a pas de mode de garde, il y a des difficultés pour dégager du temps afin de chercher un emploi. Les modes de garde constituent également des espaces de socialisation et d’accompagnement éducatif aux familles, fournissant un appui précieux à des mères ayant souvent certaines difficultés pour gérer leurs enfants. Autre frein majeur, le logement : une étude de l’A-URBA a ainsi mis en avant le fait que l’offre de logements est inadaptée aux familles monoparentales. Il s’agit, en effet, du type de ménage le moins satisfait par celle-ci, du fait d’un nombre insuffisant de petits logements. L’accès au logement privé est difficile, car les bailleurs veulent beaucoup de garanties supplémentaires, ou profitent de la situation en demandant des loyers exorbitants. Le traitement est inégal : il y a une discrimination et un regard jugeant vis-à-vis des parents isolés, de la part des agences, des logeurs mais aussi des éventuels voisins. Le premier logement après la séparation est souvent inadapté, car trouvé dans l’urgence. Les familles monoparentales ont tendance à chercher la proximité avec leur entourage, notamment pour faciliter la garde des enfants et rompre l’isolement. Cela rend la situation de logement encore plus difficile

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dans un contexte déjà très tendu. Le taux de motorisation est faible, et les lieux d’habitation situés à proximité d’arrêt de transports en commun sont plus chers. Les parents de familles monoparentales rencontrent également des difficultés pour assurer leur rôle éducatif. Les enfants connaissent souvent des problèmes scolaires, et deviennent très tôt difficiles à gérer. Des facteurs aggravant cette situation peuvent apparaître : la nécessité de gérer un emploi du temps professionnel présentant des horaires atypiques, et surtout un contexte conflictuel entre parents. D’autres freins sont évoqués : les dettes éventuelles du père des enfants, un partage des biens difficile après la séparation, un manque de qualification, des carences sanitaires et alimentaires. Le recours à un soutien familial est de plus en plus fréquent, donnant parfois lieu à des comportements quasi-claniques par moment. Cela permet toutefois de pouvoir faire face à ce cumul de difficultés. A l’inverse, la monoparentalité peut, dans certains cas, entraîner le rejet de la mère par la famille. C’est particulièrement vrai au sein des communautés maghrébine et turque. L’isolement rend alors la situation plus problématique.

4) Les réponses des politiques publiques Les politiques publiques ont cherché à s’adapter à la diversification des formes familiales et aux problèmes rencontrés par les familles monoparentales en particulier. Ont ainsi été mis en place des dispositifs de soutien aux familles monoparentales prenant différentes formes : aides financières (Allocation de soutien familial, API), prestations liées à la présence d’enfants (Allocation de garde à domicile, Aide à la famille pour l’emploi d’une assistante maternelle, Prestation d’accueil du jeune enfant), avantages fiscaux, services liés à la pacification des conflits parentaux, etc. Ces politiques apparaissent relativement efficaces. La protection sociale contribue ainsi à augmenter le niveau de vie des familles monoparentales les plus modestes de 20 %, contre 1 % pour les couples avec enfants. Pour certaines familles monoparentales, l’apport des transferts sociaux est crucial, faisant progresser de 80 % le niveau de vie des parents élevant seuls trois enfants ou plus, et de 87 % celui des parents ayant un enfant de moins de trois ans. Le risque réside dans l’apparition d’une dépendance aux prestations. Au niveau départemental, on insiste sur la nécessité d’accompagner les parents isolés dans des projets réellement susceptibles d’aboutir, comme partir en vacances par exemple. Il s’agit, pour ces personnes, de concrétiser des objectifs pour pouvoir prendre confiance en elles et à nouveau se projeter. Le soutien parental est également primordial, permettant de limiter la dégradation scolaire. La Croix Rouge, par exemple, en plus de fournir une aide financière aux familles en difficulté, propose les conseils de nutritionnistes et de puéricultrices. Un projet de création de logements pour des mères isolées et leurs enfants est également à l’étude. Enfin, le contrat d’action familiale et sociale territoriale, projet partagé par la CAF avec des associations et les institutions, va cibler les familles monoparentales, dans les deux années à venir, pour notamment leur permettre un meilleur accès aux droits et aux services. Le grand nombre de mesures mises en œuvre n’évite toutefois pas l’appauvrissement croissant d’une partie des familles monoparentales. L’arrivée du RSA, le 1er juin 2009, devra apporter des réponses aux enjeux actuels relatifs à la question des familles monoparentales : l’accès à l’emploi des parents isolés, les

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ressources des familles monoparentales les plus modestes et les conséquences des séparations conjugales.

5) La perception des difficultés et les capacités de projection Les mères de familles monoparentales sont souvent absorbées par l’ensemble des difficultés auxquelles elles sont confrontées, et ne se projettent pas. Elles hésitent, par conséquent, à s’autoriser une vie de femme, au-delà de leur vie de mère. Toutefois, le souci principal est d’éduquer correctement les enfants : outre la volonté d’être mises au courant de leurs droits, ces personnes sont très sensibles aux informations leur permettant de favoriser le développement psychologique de l’enfant. Il y a une projection pour l’enfant, mais à court terme. Certaines mères ont pu vivre dans des situations relativement aisées économiquement lorsqu’elles étaient en couple, mais se retrouvent soudain démunies après la rupture avec leur conjoint. Il y a alors un sentiment d’humiliation, de sidération mentale, de honte à devoir faire appel à la solidarité familiale ou à demander les minima sociaux. Ces personnes sont d’autant plus fragiles qu’elles doivent déployer beaucoup d’énergie pour faire valoir leurs droits face à leurs anciens compagnons. Par ailleurs, certaines femmes sont mères seules, célibataires de générations en générations par choix, et ne vivent pas la monoparentalité comme une situation difficile et contraignante. Les familles monoparentales sont, aujourd’hui, plus touchées que les autres par la précarité et la pauvreté. Selon le Rapport national de stratégie pour la protection et l’inclusion sociale, "une personne sur quatre vivant dans une famille monoparentale est pauvre au sens monétaire". Il y a actuellement deux millions d’enfants vivant dans la pauvreté en France. La moitié d’entre eux vit dans une famille monoparentale. Les familles monoparentales semblent avoir changé de visage depuis le milieu du 20ème siècle. En effet, en 1960, 55 % d’entre elles avaient pour référent une veuve. Aujourd’hui, cette proportion est de 10 %. La raison principale de cette chute est l’effondrement du couple : on se sépare et on divorce plus facilement qu’avant, sans avoir à subir un regard aussi jugeant que par le passé. Une catégorie de familles monoparentales a particulièrement été évoquée durant les échanges, celles des familles monoparentales spontanées3. Pourtant, celles-ci sont largement minoritaires statistiquement : le fait qu’elles soient si nombreuses à recourir à l’aide sociale démontre qu’elles constituent une poche de pauvreté, concentrant un grand nombre de difficultés. Une large majorité des familles monoparentales a pour référent une femme. Le père reste relativement absent des débats. Tout juste est-il évoqué quand on aborde les cas de violences conjugales et plus largement de séparation difficile. En dehors de ces contextes, on ne sait pas qui il est, quelle est sa situation, s’il participe au soutien de la famille et s’il existe des possibilités de l’amener à aider davantage. Il faut se méfier de la tentation de territorialiser les diagnostics : les parcours sont longs et hachés, ce que les travailleurs sociaux voient, ce n’est qu’une étape. Bordeaux n’engendre pas la monoparentalité, mais une étape du parcours des 3 Familles monoparentales qui ne sont pas constituées suite à une rupture, autrement dit pour lesquelles, soit le père est inconnu, soit son lien avec la mère n’a jamais conduit à une vie de couple, soit cette vie de couple s’est rompue avant la naissance de l’enfant.

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familles monoparentales, notamment du fait de la configuration de son parc de logements. On remarque le retour à une solidarité mécanique : parfois, quand une mère seule accouche, la famille prend en charge l’enfant et s’implique dans son développement. Cette attitude apparaît positive de prime abord, mais symbolise également une certaine rupture entre les dispositifs et les publics. En effet, le public peut ne pas comprendre les dispositifs ou pense qu’ils ne sont pas adaptés. Il y a une carence en information, en accessibilité ou en efficacité. Si ce n’était pas le cas, la mère n’éprouverait pas le besoin de recourir à l’entraide familiale pour faire face à la situation, et l’entourage ne se sentirait pas obligé de s’engager de la sorte. Il y a là la marque d’un manque de confiance, de communication. La généralisation de ces situations peut déboucher sur des modes de fonctionnement claniques, voire un repli communautaire. Enfin, l’atelier a également soulevé des questions relatives au fonctionnement de notre société. Tout d’abord, il y a une réflexion à mener sur le tout-travail : les dispositifs d’aide sont essentiellement centrés sur l’activité professionnelle, alors que la majorité des personnes concernées a beaucoup de paliers à franchir avant de pouvoir arriver à l’emploi. Il y a des problèmes à régler en amont de celui du travail, pour s’assurer que si accès à l’emploi il y a, celui-ci ne soit pas voué à l’échec. Par ailleurs, la question de la place de l’enfant dans la société apparaît sous-jacente : il peut être perçu comme un boulet, exigeant toujours plus de disponibilité de la part des parents, mais garde néanmoins une place importante dans les objectifs des femmes. Une nécessité apparaît, celle de permettre aux individus de concrétiser leurs projets de vie sans avoir à faire face à un cumul de contraintes.

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I-4/ Atelier n°4 « La pauvreté en milieu rural » L’atelier thématique "La pauvreté en milieu rural" s’est déroulé le mardi 2 juin 2009, dans le cadre du projet d’observatoire girondin de la précarité et de la pauvreté (OGPP). La séance a été animée par Benoît Combes (Sous-directeur, MSA 33), membre de la Conférence Girondine Pauvreté-Précarité. Ont participé à l’atelier :

‐ Hélène Filleux (Chargée de mission, A-URBA) ‐ Daniel Labatut (Administrateur, Banque alimentaire) ‐ M.P. Musty (Animatrice départementale, Francas de Gironde) ‐ Jean Turpault (Administrateur, Garie) ‐ Lucile Delmas (Chargée de développement, FNARS Aquitaine) ‐ Maryse Fournier (Assistante sociale, CAF 33) ‐ Catherine Mora (Conseillère territoriale, CAF 33) ‐ Josiane Seguin (Assistante sociale, CAF 33) ‐ Yasmine Samuel (Assistante sociale, MSA 33) ‐ Cyril Berteau (CG - DGAD - Service Urbanisme, Habitat, Logement social et

politique de la ville) ‐ Tewfik Guerroudj (Chef de service, CG - DGAD - Service Urbanisme, Habitat,

Logement social et politique de la ville) ‐ Adil Hamidi (Stagiaire, CG - DGAD - DDT - Mission TCD) ‐ Julie Roturier (Chargée de mission, CG - DGSD – Mission Agenda 21) ‐ Béatrice Blanchet-Lacheny (Directeur de la mission précarité-pauvreté et chef

de projet observatoire, CG 33) ‐ Michel Blanchard (Secrétaire général de la Conférence girondine précarité

pauvreté, observateur discutant) ‐ Christophe Bergouignan (Directeur, Institut d’études démographiques

Université Montesquieu-Bordeaux IV, observateur discutant) ‐ Christophe Zaepfel (Doctorant, Institut d’études démographiques Université

Montesquieu-Bordeaux IV, rapporteur)

La mesure des phénomènes de pauvreté et de précarité demeure difficile. Elle est caractérisée par une incertitude par rapport aux normes de l’acceptable, qui sont subjectives. L’arrêté du 20 juillet 1992 relatif aux examens périodiques de santé4 a permis de définir cinq catégories de personnes en situation de précarité : les chômeurs, les allocataires du RMI, les titulaires d’un contrat d’emploi-solidarité, les sans domiciles fixes et les 16-25 ans ayant achevé leur scolarité. En 2001, cela correspondait à environ 15 millions de personnes dans le pays. Pour l'ONU, un individu est dit en état de pauvreté absolue quand il n'a pas les moyens de se procurer un "panier" de biens considérés comme indispensables à sa survie. En France, en 2001, on comptait près de cinq millions de pauvres en se basant sur cette définition. A travers une étude menée par l’A-URBA, on a pu constater qu’il y a eu, ces dernières années, des flux de personnes percevant les minima sociaux vers les confins du département de la Gironde. La prévalence des phénomènes de pauvreté et de précarité semble toutefois être la même dans les campagnes et en ville. Mais

4 Journal Officiel du 19 septembre 1992.

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les personnes en situation économique difficile ont à faire face à des facteurs spatiaux aggravants en milieu rural : l’éloignement et la dispersion. On n’évoque, toutefois, que rarement la pauvreté en zone rurale, car celle-ci est beaucoup moins visible et plus dispersée qu’en ville. Les poches de pauvreté, à proprement parler, sont par conséquent moins flagrantes. Le monde rural n’est pas un monde uniforme : la population n’est ainsi pas la même dans les pôles ruraux et dans les zones rurales non-polarisées. Certains facteurs de précarité et d'exclusion sont bien spécifiques au milieu rural : éloignement des structures d'aide à l'emploi, de l'accès aux soins, cumul de risques sociaux et professionnels pour certaines populations agricoles tels les ouvriers agricoles et les saisonniers, insuffisance du logement locatif, etc.

1) Manifestations de la pauvreté en milieu rural Le milieu rural est le lieu de la pauvreté silencieuse, invisible. Beaucoup de maires ne sont pas au courant des cas extrêmes existant au sein de leur commune. La pauvreté de certaines personnes âgées est ainsi à souligner : beaucoup de retraités et de veuves disposent uniquement de la pension d’un travailleur salarié à temps partiel comme ressources. Certains jeunes adultes quittent le domicile parental puis sont contraints d’y revenir par la suite, faute de moyens financiers suffisants pour s’assumer. Une manifestation plus visible de la pauvreté est la multiplication du nombre de maisons inachevées dans les zones rurales : beaucoup de familles souhaitent s’installer à la campagne, mais n’anticipent pas les coûts liés à l’éloignement, en particulier dans le contexte économique actuel. Ne parvenant pas à assumer les lourds frais de déplacement et les coûts de construction, elles sont donc contraintes de laisser leurs travaux en suspens. L’habitat vétuste est, de manière générale, une caractéristique de la pauvreté en milieu rural. Les zones rurales sont celles qui concentrent le plus de difficultés scolaires selon l’éducation nationale. L’illettrisme y semble également plus fréquent. La recherche d’emploi, les contacts avec l’administration et l’opportunité de faire valoir ses droits sont ainsi rendus plus difficiles.

2) Les facteurs de pauvreté et leurs conséquences L’offre de services sociaux est la même que dans la CUB, mais l’accès à cette offre est compliqué par les distances importantes à parcourir. Ainsi, pour un résidant de Sainte-Foy-la-Grande, il faut effectuer un trajet de 40 kilomètres pour se rendre au Pôle Emploi de Libourne. Par ailleurs, la santé des personnes en situation de précarité vivant en milieu rural n’apparaît pas plus dégradée que celle des personnes expérimentant une situation similaire en ville ; toutefois, à la campagne, il existe peu de structures sanitaires de relais, pour des raisons évidentes de rentabilité. Pour réponde à cela, la MSA a actuellement pour projet de mettre en place des "maisons de santé rurales". Par ailleurs, la distance avec le lieu de travail engendre des horaires atypiques qui rendent difficiles l’accès aux modes de garde ou aux loisirs. La dispersion a un coût : pour les associations proposant des spectacles, les déplacements sont coûteux, les lieux de spectacles rares et les demandes dispersées. Il est donc très difficile de mettre en place des opérations dans ces zones.

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Face à cet éloignement, l’absence de moyen de locomotion condamne à un isolement prononcé et à des difficultés pour exercer une activité professionnelle. Là aussi, proposer un réseau de transports en commun plus dense paraît difficile, une telle mise en place paraissant financièrement trop risquée en termes de fréquentation potentielle. Dans un tel contexte, la perte du permis de conduire se révèle d’une gravité sans commune mesure avec ce qu’elle serait au sein d’une grande agglomération. Pour les personnes ne possédant pas le permis B, ou se l’étant fait retirer, une solution alternative semble devenir de plus en plus courante : les voitures sans permis. La problématique de l’éloignement se pose même à l’échelle des communes : les logements sociaux, assez peu nombreux hormis dans les pôles ruraux, sont souvent implantés à l’écart des centres-villes. Dans les zones les plus touchées par la précarité, il n y a généralement pas de plan local d’habitat. Une autre cause, moins structurelle que l’éloignement, a été évoquée comme cause de la précarité en milieu rural : l’automatisation des tâches dans le travail agricole. Des exploitants, qui faisaient auparavant appel à des saisonniers, disposent aujourd’hui de machines leur permettant de remplir certaines fonctions en économisant un salaire.

3) Un contexte difficile pour les nouveaux arrivants On peut distinguer deux types de nouveaux arrivants dans les zones rurales : les familles ayant une situation financière convenable, et celles moins favorisées, arrivant avec leurs difficultés. Les premières choisissent généralement d’habiter à la campagne pour le calme et la tranquillité. Les secondes souhaitent, en priorité, pouvoir accéder à la propriété, ce qu’elles considèrent comme un aboutissement. Le coût du mètre carré habitable, bien qu’en hausse, est toujours moins élevé à la campagne qu’en ville. Il y a également parfois une volonté de fuir une violence urbaine ressentie comme très présente dans certains quartiers des grandes agglomérations. L’éloignement avec le lieu de travail engendre des horaires atypiques, et la commune devient rapidement un lieu dortoir. Le fait de se voir moins qu’auparavant peut poser des problèmes à l’intérieur de la famille, et causer des conflits et des ruptures. Un emménagement dans une commune rurale peut également poser des problèmes budgétaires à certaines familles. L’éloignement a ainsi un coût important, pour celles qui ne l’avait pas envisagé. Les familles arrivant de la CUB, contrairement à celles établies depuis longtemps en zones rurales, n’ont pas forcément l’habitude de disposer d’un jardin. Les avantages financiers que peuvent représenter un potager ou un élevage ne leurs sont donc pas toujours accessibles. Il existe enfin une certaine solidarité entre les familles vivant dans les communes rurales depuis longtemps. Les nouveaux arrivants vont parfois avoir de réelles difficultés à s’intégrer. Il y a des a priori des deux côtés, et des différences de mode de vie, qui peuvent rendre le contact difficile. Certaines familles récemment installées ressentent alors un isolement non pas spatial, cette fois, mais humain. Elles ne parviennent pas à s’approprier l’endroit, à se convaincre que les avantages de leur nouvel environnement compensent les inconvénients de celui qu’elles ont quitté. L’idée de "lien social" est souvent revenue au cours du débat. La posture des nouveaux arrivants pose problème, ils sont parfois décrits comme des "étrangers".

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Leur intégration semble fonction de leur statut et de leur importance au sein de la vie de la commune. Les médecins ou commerçants sont ainsi plutôt bien perçus, alors que les personnes dans une situation professionnelle moins aisée risquent souvent d’être confrontées à une certaine méfiance. Des familles arrivent de zones urbaines avec leurs difficultés, et sont identifiées comme des "cas sociaux". Ce rejet s’ajoute à un manque de repères dû à un changement d’univers assez radical. A cela peut s’ajouter une réelle difficulté, pour ces "étrangers", à accéder à l’emploi en zone rurale : "en matière d’embauche, les autochtones, même moins diplômés ou qualifiés, sont encore préférés aux "étrangers" ", selon P.Perrier-Cornet, Y.Sencébé et J-P.Sylvestre5. Ce regard jugeant joue également un rôle à l’égard des habitants initiaux des zones rurales, dans le cas des minima sociaux. Il y a une réelle honte à demander de l’aide, et la marge de manœuvre pour faire face à la pauvreté apparaît plus réduite en zone rurale qu’ailleurs : "la conformité aux modèles comportementaux imposés plus que négociés étant encore de règle, tout écart peut, dès lors, être perçu comme un signe de marginalité. Dans le même sens, les phénomènes d’interconnaissance et leur horizon limité dans un espace de faible densité enlèvent aux populations en situation d’échec la relative protection qu’assure en milieu urbain l’anonymat"6. Pour ne pas être mis à l’écart, il convient donc de sauver les apparences, en mettant des stratégies de dissimulation en place. Celles-ci ne feront évidemment qu’aggraver la situation. Pour échapper à la pauvreté, la proximité avec la nature peut jouer un rôle. Les solidarités familiales également, ayant conservé une fonction qu’elles n’ont plus forcément en milieu urbain, notamment suite à des ruptures. Des jeunes femmes reviennent, par exemple, au domicile parental après une séparation conjugale, des enfants sont hébergés lorsqu’ils ne parviennent pas à trouver d’emploi. Par ailleurs, les personnes âgées vivent souvent avec leurs enfants. Selon Alexandre Pagès, "ces modifications de taille et de structure montrent que l’organisation de la famille est inscrite dans la tradition et qu’elle évolue aussi en fonction d’évènements extérieurs ou de la conjoncture économique"7. L’isolement et le repli domestique peuvent également avoir des conséquences psychologiques d’une certaine gravité. Les addictions ont ainsi des conséquences plus graves en milieu rural qu’en milieu urbain. Par ailleurs, selon Alexandre Pagès, "il existerait une spécificité de la pauvreté en milieu rural peu dense, qui se traduirait par des dépressions et des psychoses liées à des conditions de vie dont on ne peut plus sortir"8. Les individus qui en sont victimes auraient du mal à supporter la déstructuration de leur communauté, à laquelle ils se sentaient trop intégrés pour pouvoir vivre différemment.

5 P.Perrier-Cornet, Y.Sencébé, J-P.Sylvestre, "Les processus d’exclusion dans les espaces ruraux", Communication au 48è Séminaire AEEA, Dijon, 20-21 mars 1997. 6 P.Perrier-Cornet, Y.Sencébé, J-P.Sylvestre, "Rapport à l’emploi et processus d’éclosion dans les espaces ruraux : un cadre d’analyse", Economie rurale, n°242, p.33, 1997. 7 Alexandre Pagès, "La pauvreté en milieu rural", Presses universitaires du Mirail, 2005. 8 Idem note 7.

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I-5/ Atelier n°5 « Précarité énergétique » L’atelier thématique "Précarité énergétique" s’est déroulé le vendredi 19 juin 2008, dans le cadre du projet d’observatoire girondin de la précarité et de la pauvreté (OGPP). La séance a été animée par Odile Arnaud (Directrice adjointe, Fonds Solidarité Logement - FSL), membre de la Conférence Girondine Pauvreté-Précarité. Ont participé à l’atelier :

‐ Bob Clément (A-URBA) ‐ Emmanuel Fernandez (A-URBA) ‐ Chloée Cornardeau (Conseillère Insertion, CAIO) ‐ Marc Cauty (Administrateur, FNARS Aquitaine) ‐ Lucile Delmas (Chargée de développement, FNARS Aquitaine) ‐ Georges Moreau (Responsable, Restos du Cœur) ‐ Aude Rosener (Ingénieur énergie, Agence locale de l’Energie) ‐ Marie-Claire Grelier (Conseillère socio-éducative, CCAS Bordeaux) ‐ Nathalie Duviella (Chef de projet précarité, CREAQ) ‐ Catherine Bris (conseillère technique adjointe, DDASS 33) ‐ Sylvie Ribet (DDE amélioration habitat) ‐ Mourad Ouhendi (Correspondant solidarité, EDF SA) ‐ Françoise Guillaume (Chef du service aides énergie, FSL) ‐ Philippe Cassang (Chef du service administration des ventes, Gaz de

Bordeaux) ‐ Christian Decoux (Correspondant Solidarité, Gaz de France-Suez) ‐ Karine Léon-Gautier (Responsable pôle OPAH RU, Incité) ‐ Céline Blanc (Correspondante solidarité, Lyonnaise des Eaux) ‐ Jean-Jacques Ranger (PACT habitat et développement de la Gironde) ‐ Marie-Josée Vautrin (Directrice, SIPHEM) ‐ Caroline Senent (Chargée de la sensibilisation environnement énergie, CG-

DGAC–Direction environnement et tourisme – service environnement) ‐ Anne-Florence Chaillou (Chargée de mission environnement, CG - DGAC-

environnement) ‐ Didier Chêne (CG 33 - DDT) ‐ Jean-Yves Boutet (Chargé de mission Climat-énergie, CG-DGSD-Mission

Agenda 21) ‐ Hubert Cosico (CG 33 - DGSD-Mission Agenda 21 - Plan Climat) ‐ Julie Roturier (CG 33 - Mission Agenda 21) ‐ Marina Puicercus (Conseillère technique logement, CG-DGAS-DATDS) ‐ Anne-Marie Roig (Adjointe au chef de service, CG-DGAS-DAGMS-SSISAG) ‐ Béatrice Blanchet-Lacheny (Directeur de la mission précarité-pauvreté et chef

de projet observatoire, CG 33) ‐ Michel Blanchard (Secrétaire général de la Conférence girondine précarité

pauvreté, observateur discutant) ‐ Christophe Bergouignan (Directeur, Institut d’études démographiques

Université Montesquieu-Bordeaux IV, observateur discutant) ‐ Christophe Zaepfel (Doctorant, Institut d’études démographiques Université

Montesquieu-Bordeaux IV, rapporteur) En 2008, le FSL (Fonds de solidarité pour le logement) de la Gironde a reçu près de 11 500 demandes relatives à l’énergie (gaz, électricité, bois, fuel...) pour un budget

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de 2 930 000 €, ce qui donne une moyenne de 263 € par demande. En 2009, sur les cinq premiers mois de l’année, une hausse de 20 % des demandes a déjà été relevée. Le taux de charge médian est d’environ 20 % : le salaire mensuel médian étant de 1 600 euros, 320 euros sont en moyenne consacrés chaque mois aux charges pour une personne vivant seule. La question de la pauvreté énergétique soulève plusieurs enjeux : tout d’abord, celui du défi climatique, d’actualité en ce moment. Ensuite, celui du domaine d’intervention des pouvoirs publics : jusqu’où l’action publique peut-elle intervenir ? Peut-on associer connaissances techniques et intervention sociale ? Autre enjeu, le mal-logement : les logements "énergivores" sont souvent réservés aux populations les plus précaires. On peut donc parler de phénomène de double-peine : ces ménages doivent faire face à la pauvreté monétaire, mais également au choix entre l’endettement ou les restrictions évoquées plus haut. La dimension santé publique est également à prendre en compte du fait de ces conditions d’habitat : des cas de pathologies respiratoires, d’allergies ou de saturnisme ont ainsi été révélés. Face à ces difficultés, différentes mesures ont été mises en place par le FSL : des actions collectives d’information en direction des publics "cible" sur la maîtrise de l’énergie ont ainsi été organisées. Des diagnostics énergie ont également été effectués par les travailleurs sociaux pour un premier repérage des causes de surconsommation, débouchant sur des conseils adaptés pour une gestion optimum de l’énergie. Par ailleurs, un système de mensualisation adaptée a été créé pour permettre une prise en charge partielle des consommations d’énergie par les demandeurs. Le FSL se penche actuellement sur différentes pistes de travail : l’éventuel refus de garantir des logements énergivores, la responsabilisation des ménages à l’aide d’un retour sur leur consommation, ou encore une répercussion des cas de précarité énergétique vers des opérateurs de programme animé type OPAH et PIG.

1) Définition de la précarité énergétique Pour les Anglo-Saxons, la précarité énergétique constitue une "situation dans laquelle se trouve un foyer lorsqu’il doit dépenser plus de 10% de ses revenus (y compris les allocations logement et aides au remboursement des intérêts d’emprunt) pour couvrir ses dépenses d’énergie (hors dépenses d’énergie utilisée en dehors du logement, par exemple pour le transport ou pour tondre la pelouse) afin de chauffer correctement sa résidence principale9". Cette définition ne prend toutefois pas en compte les personnes qui cherchent à faire des économies sur l’énergie, en se chauffant par exemple au minimum, voire pas du tout. Peuvent donc être considérées comme pauvres, les personnes se restreignant ou s’endettant. Les premières demeurent invisibles pour le FSL. En France, il n’existe pas de définition officielle du phénomène.

2) Causes de la précarité énergétique La précarité énergétique est souvent le fruit des aléas économiques et de la hausse brutale du prix des différentes énergies. Une augmentation du prix du pétrole entraînera ainsi une hausse du prix du gaz et du gasoil. Des gens qui n’avaient pas 9 "Lutter contre la précarité énergétique dans l’habitat", Energie Cités, ADEME.

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eu de difficultés à payer leurs factures jusque-là doivent soudain faire face à des dépenses importantes et inattendues. La question de l’encadrement du prix du combustible se pose ici. Le problème du coût éventuel des travaux dans les logements énergivores se pose également. On peut se demander l’intérêt, pour les propriétaires-bailleurs, de faire le nécessaire pour limiter la consommation d’énergie des logements qu’ils possèdent, en particulier dans les cas de bâti dégradé. Beaucoup d’entre eux sont âgés, et rechignent à s’engager dans des travaux représentant un coût et une durée de crédit non-négligeables. Certains propriétaires connaissent eux-mêmes une forme de précarité. Des incitations financières existent, mais il faut avancer la trésorerie. Le chauffage représente une grande partie de la facture d’énergie. Mais le reste compte aussi : un appareil électroménager défectueux peut constituer une source importante de surconsommation. Toutefois, dans les cas de précarité énergétique, il est difficile de repérer la part des difficultés relevant du bâti et celles relevant du comportement des habitants.

3) Conséquences de la précarité énergétique et liens avec les autres types de précarité

La précarité énergétique est essentiellement à mettre en lien avec des dangers sanitaires. L’électricité, et encore plus le gaz, peuvent être des sources de danger. Si l’occupant se trouve dans une situation économique difficile, il ne fera pas le nécessaire pour mettre les installations en conformité. Par ailleurs, une mauvaise ventilation va faire monter le taux d’humidité, entraîner des moisissures, voire dégrader les peintures. Si celles-ci sont au plomb, des risques de saturnisme sont à craindre. L’humidité et le froid peuvent également être à l’origine de problèmes respiratoires ou d’allergies. Le fait de vivre dans un logement dégradé et mal isolé entraînera une surconsommation énergétique, et donc une facture importante, potentiellement difficile à payer. On peut ici parler de "double peine" : les ménages aux revenus les plus modestes sont généralement ceux résidant dans des logements vétustes, difficiles et coûteux à chauffer. La forte dépense en énergie implique un faible budget à consacrer aux autres postes. On peut également évoquer les conséquences psychologiques : un logement dégradé peut constituer un frein à la vie sociale et personnelle. Enfin, la surconsommation d’énergie engendre des émissions plus conséquentes de gaz à effet de serre.

4) Mesures et actions mises en place Depuis 2001, un réseau Espace Info Energie (EIE) a été mis en place sur le territoire national, dans le but d’informer et de conseiller sur l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables. En Gironde, ces espaces sont portés par des associations de protection de l’environnement, d’information sur l’amélioration de l’habitat, de défense des consommateurs et des locataires. Ils sont financés par l’ADEME, le Conseil Régional et le Conseil Général. Des conseillers sont chargés d’accompagner les particuliers sur la maîtrise de leurs consommations d’énergie. Des articulations avec les travailleurs sociaux des MDSI et du FSL sont envisagées pour développer

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l’information et la sensibilisation des ménages fragiles sur l’usage rationnel de l’énergie et de l’eau. La Région, quant à elle, organise des formations pour les professionnels du bâti pour leur donner une approche globale par rapport aux énergies. La DDE classe les logements selon leur consommation d’énergie. Les catégories G et F correspondent aux plus énergivores. L’objectif est de proposer des fourchettes de coûts associées à des combinaisons d’actions de travaux (isolation, changement chaudières, menuiserie, etc.) pour que ces logements atteignent la catégorie D, voire C. Enfin, le budget "prévention-énergie" accordé par le FSL s’élève à 1 500 € par cas, pour entreprendre des travaux visant à mieux isoler et à acheter des matériaux adaptés pour les propriétaires occupants. Des instruments informatiques de diagnostic énergétique ont été créés. Ainsi, l’A-URBA a développé un outil pour fabriquer un modèle des performances énergétiques du bâti, à partir des bases de données des systèmes d’information géographiques. Le but est de connaître les déperditions de chaleur, et d’évaluer les besoins théoriques en énergie de chaque logement de la CUB. Cet outil devrait être utilisable à la fin de l’année 2009, et étendu par la suite aux grandes agglomérations du département. Un croisement des résultats avec des indicateurs de précarité est envisagé. InCité Bordeaux, gestionnaire de logements, a créé un outil permettant d’effectuer des diagnostics de gain d’énergie, et ainsi de préconiser des travaux à entreprendre. Les mesures d’encouragement à la réalisation des travaux posent, en revanche, différents problèmes : l’éco-prêt nécessite d’effectuer un panel de travaux, et le crédit d’impôt éventuel exige un préfinancement. La question de l’intervention publique est posée : il faudrait mettre en place des prêts à taux bonifiés permettant d’attendre le crédit d’impôts.

5) Mesures préconisées Il y a un besoin d’accompagnement des personnes en situation de précarité énergétique : il paraît indispensable de travailler sur l’économie d’énergie, car le prix de la molécule ne va cesser d’augmenter. Il faut donc sensibiliser aux bonnes pratiques et aux investissements à réaliser : la meilleure économie, c’est de consommer le moins possible de combustible, en effectuant prioritairement des travaux d’isolation. Il y a un compromis entre l’investissement et la rentabilité à rechercher. Il convient également d’insister sur le fait qu’il ne s’agit pas de ne pas consommer parce que l’on ne peut pas payer les factures, mais aussi parce qu’il faut économiser l’énergie. Le type d’énergie à choisir est également primordial. Le prix d’un mode d’énergie comme le fioul (très utilisé dans le périurbain) est fortement soumis aux fluctuations du marché. Le bois et le solaire constituent des filières capricieuses car il n’y existe pas de fortes demandes. S’engager dans ces filières entraînera une fiabilisation des techniques, et par conséquent une stabilisation des coûts. Par ailleurs, la solidarité thermique dans les logements collectifs est à revoir et à développer. Pour des raisons relevant plus de la sécurité que des finances, le réseau de chaleur s’affirme comme une alternative intéressante : il évite, en effet, l’existence d’un point de combustion dans chaque habitation. Si le FSL s’engage à ne plus garantir les logements énergivores, il y a un risque d’exclusion des plus nécessiteux. Ceux-là sont, en effet, souvent dans l’incapacité

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d’entreprendre des travaux à la hauteur des besoins. Une coordination est à mettre en place entre les politiques d’urbanisme et les politiques énergétiques. Il faut trouver de l’énergie gratuite pour les personnes dans les situations les plus précaires. Il y a une réelle importance à accorder à la complémentarité des acteurs et des domaines d’intervention. Le réseau RAPPEL (Réseau des Acteurs de la Pauvreté et de la Précarité Énergétique) existe au niveau national. Il regroupe plus de 120 structures, et son but est de fédérer les acteurs des domaines du logement, de l’énergie et de l’action sociale pour apporter des solutions durables de lutte contre la précarité énergétique. L’idée d’un réseau girondin, fonctionnant selon un modèle similaire, est à étudier (ce réseau s'est constitué depuis, sous le nom de "Préca Energie 33"). La principale manière de faire face à la précarité énergétique est d’effectuer des actions sur le bâti, mais il faut traiter celui-ci avec une démarche tous publics. La précarité énergétique apparaît comme un phénomène difficile à appréhender. La cause principale est une certaine fragilité économique des ménages, couplée à la vétusté du logement. Les conséquences, telles qu'énumérées plus haut, sont multiples. Le réseau RAPPEL cite "l’endettement des ménages, les stratégies de privation, les conséquences sur la santé, l’exclusion sociale, la dégradation du logement, etc."10. En 2008, l’Union Européenne a qualifié l’énergie de "besoin humain élémentaire"11. En avril 2009, le Parlement européen a affiché sa volonté de mettre en avant le droit des consommateurs, invitant les états membres à "élaborer des plans d'action nationaux pour lutter contre ce problème et garantir la fourniture d'énergie nécessaire aux clients vulnérables"12. La "pauvreté énergétique" est définie dans le même texte comme "la situation des membres d'un ménage qui ne peuvent pas se permettre de chauffer leur foyer de manière acceptable". L’Union Européenne, via certains choix en matière d’énergies et orientations économiques, a sa part de responsabilités dans l’intensification récente du phénomène de précarité énergétique. Toutefois, cette définition et la volonté affichée de lutter contre le phénomène sont bien évidemment autant de signes positifs. Il incombe maintenant à chaque état-membre de faire le nécessaire pour mieux coordonner les mesures et les différents acteurs pour faire face à la situation. A un niveau plus fin, il est indispensable de sensibiliser chacun au fait que la thématique de l’énergie est devenue une réalité quotidienne et qu’elle est destinée à le rester. Il convient d’utiliser l’énergie plus intelligemment, pas uniquement pour des raisons pécuniaires, mais aussi parce qu’il faut l’économiser. Le travail d’information quant aux bonnes pratiques est donc à poursuivre et à approfondir. Il doit s’appliquer à toutes les tranches d’âges de la population, non seulement pour tenter de rompre avec certaines mauvaises habitudes, mais aussi pour que les plus jeunes adoptent le plus tôt possible un comportement adéquat.

10 http://www.precarite-energie.org/spip.php?article9. 11 Déclaration écrite sur la lutte contre la pauvreté énergétique dans l’Union européenne, 7/07/2008, 0063 /2008. 12 Projet de recommandation pour la deuxième lecture sur la position commune du Conseil en vue de l'adoption de la directive du Parlement européen et du Conseil concernant des règles communes pour le marché intérieur de l'électricité et abrogeant la directive 2003/54/CE (14539/2/2008 – C6-0024/2009 – 2007/0195(COD)).

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I-6/ Atelier n°6 « précarité et santé » L’atelier thématique "précarité et santé" s’est déroulé le mardi 30 juin 2009, dans le cadre du projet d’observatoire girondin de la précarité et de la pauvreté (OGPP). La séance a été animée par Christophe Caillierez (Inspecteur, DDASS 33), membre de la Conférence Girondine Pauvreté-Précarité. Ont participé à l’atelier :

- Marie-Christine Bernard (A-URBA) - Jean-Claude Gillet (Membre du Conseil scientifique, Observatoire girondin

précarité pauvreté) - Bertrand Denise (Administrateur, Banque alimentaire) - Amel Boumaza (Psychologue, Carrefour des Cultures) - Muriel Pecassou (Directrice, INSUP Rive droite) - Gérard Bodin (Directeur, PRADO-SAMU social) - Chantal Ruby-Bellvert (Restos du Cœur) - Catherine Castan (Bénévole, Secours populaire) - Marie-Claire Grelier (Conseillère socio-éducative, CCAS Bordeaux) - Marie-Josephe Cazenave (Conseillère municipale déléguée santé et

handicap, CCAS Cenon) - Boris Callen (Coordinateur dispositif santé, CCAS Floirac) - Ana Rivadeneyra (Chargée de mission service santé, CCAS Lormont) - Jean-François Rouillard (Médecin responsable de la Permanence d’Accès aux

Soins et à la Santé, CHU Bordeaux) - Frédéric Ocaña (Inspecteur, DDASS 33) - Christian Egea (Chef service études, DRASS et membre de la POSS) - Julie Roturier (Chargée de mission, CG-DGSD-Mission Agenda 21) - Yasmine Salort (Médecin chef du service épidémiologie et statistique

médicale, CG-DGAS-DAS) - Sandrine Elia (Médecin, CG-DGAS-DAS-Maison Départementale de la Santé) - Dominique Gommes (Responsable adjointe, CG-DGAS-DATDS-MDSI

Bordeaux-Grand Parc) - Lucie Baleste (Responsable, CG-DGAS-DATDS-MDSI Libourne) - Patrick Klebaner (Médecin, CG-DGAS-DEF) - Béatrice Blanchet-Lacheny (Directeur de la mission précarité-pauvreté et chef

de projet observatoire, CG 33) - Michel Blanchard (Secrétaire général de la Conférence girondine précarité

pauvreté, observateur discutant) - Christophe Bergouignan (Directeur, Institut d’études démographiques

Université Montesquieu-Bordeaux IV, observateur discutant) - Christophe Zaepfel (Doctorant, Institut d’études démographiques Université

Montesquieu-Bordeaux IV, rapporteur)

"Le droit fondamental à la protection de la santé doit être mis en œuvre par tous moyens disponibles au bénéfice de toute personne. Les professionnels, les établissements et réseaux de santé, les organismes d'assurance maladie ou tous autres organismes participant à la prévention et aux soins, et les autorités sanitaires, contribuent, avec les usagers, à développer la prévention, garantir l'égal accès de chaque personne aux soins nécessités par son état de santé et assurer la continuité

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des soins et la meilleure sécurité sanitaire possible" (Article L1110-1 du Code de santé publique). Dans les textes de loi, l’essentiel est déjà présent : l’égal accès des personnes aux soins, le développement de la prévention, la continuité des soins. L’Etat organise cela via la médecine libérale, la couverture maladie universelle, et les soins dans les établissements publics. Les défis actuels sont nombreux : tout d’abord, faire face à la hausse du nombre des exclus, et à leurs difficultés de repérage. Ensuite, se pose le problème de la démographie médicale : il y a un décalage entre l’implantation des spécialistes et celle du public. Les moyens dévolus à la prévention sont, par ailleurs, en baisse constante : aujourd’hui, la dépense dévolue à la prévention est de 2 euros par habitant, contre 500 euros par habitant pour les soins. Enfin, l’organisation des filières de soin est complexe, et difficilement compréhensible pour l’usager, en particulier quand celui-ci est en situation de précarité et d’urgence.

1) Les refus de soin Les médecins peuvent refuser de soigner quelqu’un, sans avoir à justifier leur décision, avec l’obligation d’orienter la personne vers un confrère13. Les personnes en situation de précarité se heurtent plus fréquemment à un refus que les autres. Face à la multiplication des cas de rejet, le Conseil de l’ordre des médecins a créé une cellule de veille et a récemment demandé, aux caisses d’assurance maladie, de transmettre les cas de plainte en vue de possibles sanctions. La solution est bien évidemment de se rendre chez un autre généraliste, mais cela n’est possible que dans les agglomérations d’une certaine taille. De manière plus globale, des médecins refusent d’être désignés comme médecin-traitant quand le patient est en situation de précarité. Les raisons sont financières et à mettre en relation avec la création du secteur 2 en 1979-1980. Dans certaines villes, il est devenu difficile de trouver des médecins du secteur 114. La société doit regarder le problème en face : il y a une nécessité de transparence, par rapport à ces médecins "élitistes". Il faut éviter d’aller vers un système où ces pratiques seraient généralisées. L’Assurance Maladie doit faire respecter le droit de ses affiliés, notamment via ses propres instances. Les médecins ne sont pas à l’aise lorsqu’ils sont confrontés à celles-ci. L’une des autres réponses possibles serait que le statut de certains médecins change, par exemple celui des salariés de la CPAM, et qu’ils s’occupent des personnes exclues.

13 Article R.4127-47 du code de la santé publique : "Quelles que soient les circonstances, la continuité des soins aux malades doit être assurée. Hors le cas d'urgence et celui où il manquerait à ses devoirs d'humanité, un médecin a le droit de refuser ses soins pour des raisons professionnelles ou personnelles. S'il se dégage de sa mission, il doit alors en avertir le patient et transmettre au médecin désigné par celui-ci les informations utiles à la poursuite des soins." 14 Les médecins ayant opté pour ce secteur, appelés médecins conventionnés de secteur 1, se sont engagés à respecter le tarif conventionnel. Ce tarif détermine, pour chaque acte médical ou chirurgical, le montant sur lequel s'appliquera le remboursement de l’assurance maladie. Par exemple, le tarif d’une consultation chez un médecin généraliste de secteur 1 est fixé à 22 euros. C'est ce tarif qui sert de base de calcul au remboursement par l’assurance maladie. Par opposition, le secteur conventionnel 2 est celui des médecins conventionnés à honoraires libres. Les médecins peuvent, dans ce secteur, pratiquer des dépassements d'honoraires. Ils doivent cependant garder "tact et mesure" dans leurs honoraires.

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2) L’accès au droit Le droit à la santé est très lié au fait de travailler ou non. Les démarches administratives sont très lourdes pour les personnes en situation de précarité : la couverture sociale est notamment à renouveler tous les six mois. Certains abandonnent et renoncent à faire le nécessaire. La non-reconnaissance du statut des personnes en activité temporaire ou sans activité pose problème. Les délais de la Caisse primaire d’assurance maladie pour un retour aux droits sont de plus de deux mois. Pour des Antillais arrivant en métropole, le transfert de dossiers va prendre deux mois. Pendant ce temps, les examens et l’acquisition de médicaments sont impossibles. Le seul recours ce sont des consultations à la PASS (Permanence d’accès aux soins et à la santé), au SAMU social ou à Médecins du Monde, qui observent ces dysfonctionnements, voyant parfois des personnes à l’abri de la grande précarité les solliciter. Au délai de carence administrative, s’ajoute l’obligation, pour le patient, d’aller demander lui-même l’ouverture. Un système d’alerte devrait être mis en place pour prévenir le patient quand son droit est échu. L’assurance maladie devrait avoir la possibilité de regarder dans les listings et de prévenir la personne trois mois avant l’échéance du droit. Moins de gens se retrouveraient pris au dépourvu. Les règles administratives actuelles sont stigmatisantes. Les usagers en état de précarité ne sont plus dans un registre de vie qui leur permet d’accéder aux normes sociales. D’autres incohérences, inhérentes aux lourdeurs administratives, sont relevées. Ainsi, certaines personnes percevant l’AAH (Allocation adulte handicapé) n’ont pas accès à la couverture maladie universelle, alors que ces publics ont des besoins spécifiques en matière de santé et de soins. Par ailleurs, des personnes, ne faisant pas une demande de PCH (Prestation de compensation du handicap) à temps, se retrouvent avec la seule APA (Allocation personnalisée d’autonomie) comme ressource, ce qui est insuffisant pour répondre à toutes leurs déficiences. De fait, bon nombre de personnes sont victimes des "effets de seuil" consécutifs aux conditions d’attribution de prestations sociales sous conditions de ressources (dont la CMU).

3) L’accès aux soins Dans les années 1960, la médecine libérale cohabitait avec le service public. Il existait notamment des dispensaires qui garantissaient l’accès à la santé pour tous. Ces dispensaires ont disparu du système de santé avec la généralisation de l’accès au système de santé « de droit commun ». Aujourd’hui, les dispositifs sont morcelés et désorganisés. Le système de santé est orienté vers les soins et non vers la santé. L’espace qui permet à des personnes en situation précaire d’accéder à la santé n’existe presque plus. Le problème de l’éloignement se pose également : quand on s’écarte de la Communauté Urbaine de Bordeaux, l’offre d’accès aux droits et aux soins se restreint. Cette tendance va s’accroître : dans les zones rurales, il y aura de moins en moins de généralistes. L’accès aux soins primaires va poser problème, et les populations en situation de précarité seront encore plus défavorisées. Le problème est le même avec les spécialistes : dans certains départements, il n’y a, par exemple, déjà plus de psychiatres. Le recours au spécialiste devra se faire le plus souvent à l’hôpital. Le problème se posera pour tous les publics, au-delà des

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personnes en situation de précarité. Déjà, les sages-femmes, les opticiens, les infirmières sont autorisés à intervenir sur des champs dévolus jusqu’ici à des spécialistes. Cette révolution, en cours dans le système de santé, touche aussi bien la médecine de premier recours que l’hôpital ; elle risque de rendre encore plus difficile le recours aux soins pour des pans entiers de la population. Assistera-t-on, dès lors, pour recréer des espaces publics permettant l'accès aux soins primaires, à une évolution du statut des médecins "de ville" ?

4) La perception des difficultés La santé de manière globale est liée à l’image sociale, et concerne donc essentiellement des individus vivant dans une certaine stabilité économique. Pour les personnes en situation de précarité, le logement et la nourriture passent en priorité. En ce sens, il y a un accompagnement à fournir : la personne en difficulté a souvent peur de se faire soigner. Il faut la sensibiliser à l’importance des soins, et la mettre en confiance. Un phénomène de souffrance psycho-sociale est également à prendre en compte. Il est difficile, par exemple, de faire de l’éducation alimentaire à des personnes qui n’ont souvent rien à manger, ou tout du moins n’ont que rarement le choix de ce qu’elles consomment. Dans ces situations, le public a l’impression qu’on ne réalise pas les difficultés auxquelles il est confronté. Ainsi, les associations, traitant l’urgence alimentaire, ont remarqué, qu’en règle générale, les gens ne veulent pas de légumes : en effet, il faut les cuire, ce qui entraîne un coût énergétique. Par ailleurs, les jeunes ne s’approprient pas les campagnes d’information relatives à la santé, par méconnaissance de leurs corps. Il serait utile de faire figurer des éléments de connaissance du corps dans les programmes scolaires. Dans les lieux d’accueil, il faut proposer des médiateurs de santé, qui travailleraient à partir des représentations du public sur le sujet. On ne peut pas s’approprier une méthode de contraception si l’on ignore comment fonctionne son corps. Les activités sportives peuvent constituer de bons moyens pour mieux connaître celui-ci. L’éclatement des dispositifs, l’empilement des structures et la centralisation ont conduit à ce que les services d’urgence sociale et médicale deviennent un guichet minimal de substitution. Par ailleurs, un sondage, réalisé par IPSOS et le Secours Populaire, révélait, en 200815, que près de 40 % des personnes interrogées ont déjà renoncé à des soins à cause de leur coût. Cette proportion atteignait 52 % pour les foyers les plus modestes16. A la complexité des dispositifs, s’ajoutent donc des difficultés économiques inhérentes à la conjoncture actuelle. Ces éléments plaident pour de nouvelles solutions à explorer : devra-t-on choisir entre un système universel d’accès aux droits et aux soins (comme en Espagne ou en Grande-Bretagne), ou un retour aux dispensaires caritatifs d’avant les années 1960 ? Quant aux refus de soins, leur fréquence apparaît peut-être à relativiser : à l’heure actuelle, la majorité des études a porté sur les généralistes et les spécialistes parisiens. Si les refus sont courants dans la capitale, où peu de médecins sont en secteur 1, ils demeurent plutôt marginaux dans les grandes villes de province étudiées jusqu’ici17. A Bordeaux, le testing organisé par le CISS, en février 2009, a révélé un refus pour 31 spécialistes. Si la situation se révèle moins grave qu’elle ne 15 Sondage réalisé auprès de 1 002 Français âgés de 15 et plus. 16 Foyers ayant moins de 1 200 euros nets par mois pour revenus. 17 Voir "Action contre le refus de soin", Dossier de Presse, CISS, 25 mai 2009.

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le paraissait, la vigilance s’impose tout de même, d’autant que les refus ne touchent, à de rares exceptions près, que des personnes en situation de précarité. Pour éviter toute dérive potentielle, il y a une nécessité de sortir de la compétence de l’ordre. L’assurance maladie doit faire valoir les droits des personnes couvertes. Enfin, outre les difficultés d’accès aux droits et aux soins rencontrées par les personnes en situation de précarité et la détérioration sanitaire engendrée, il y a l’impact direct de la précarité sur la santé psychique de l’individu. Les manifestations de cet impact résident essentiellement en une perte d’estime de soi, voire en des troubles psychiques sévères (dépressions, angoisses, phobies, etc.), même si, dans ces cas il est parfois difficile de distinguer les causes de la précarité de ses conséquences. Un accès complexe aux soins et aux droits ne fait alors que confiner encore plus l’individu dans sa souffrance.

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2ème partie : La Gironde face à la précarité et la pauvreté

II-1/ Approche de la précarité et de la pauvreté par l’étude des revenus fiscaux des ménages

II-1-1/ Les revenus fiscaux par unité de consommation

► La situation girondine : En Gironde, le premier décile de distribution des revenus par unité de consommation18 est de 7137 € en 2007. Le rapport entre cette valeur et le premier décile pour l’ensemble de la France métropolitaine est de 1,0919. La Gironde présente le 37ème rapport, par ordre décroissant de la valeur.

Carte 1a : Rapport entre le premier décile de revenus fiscaux par unité de consommation du département, et le premier décile de revenus fiscaux par unité de

consommation de l’ensemble de la France métropolitaine, en 2007

Source : INSEE-DGI Traitement : OGPP

18 Le premier décile (D1) du revenu fiscal par UC est tel que 10 % des personnes appartiennent à un ménage fiscal qui déclare un revenu par UC inférieur à cette valeur et 90 % présentent un revenu supérieur. 19 Pour les méthodes de calcul utilisées pour les différents indicateurs, se reporter aux annexes, définitions des indicateurs utilisés.

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La valeur du premier décile de distribution des revenus par unité de consommation la plus faible est mesurée en Seine-Saint-Denis : 10 % des individus du département vivent dans un ménage déclarant un revenu par unité de consommation inférieur à 4000 €. Le rapport avec le premier décile au niveau national est ainsi de 0,61. Celui-ci est également particulièrement faible dans la majorité des départements du pourtour méditerranéen (Pyrénées-Orientales, Aude, Hérault, Gard, Vaucluse, Bouches-du-Rhône, Haute-Corse), où il est compris entre 0,65 et 0,80. A l’inverse, la valeur de ce premier décile est élevée dans les Yvelines, où il est supérieur à 9000 €. Le rapport avec le niveau national y est par conséquent de 1,39. Il est également supérieur à 1,20 en Savoie et Haute-Savoie, dans certains départements du nord-ouest (Ille-et-Vilaine, Finistère, Loire-Atlantique, Vendée) et de l’est (Côte-d’Or, Ain). En 2002, le rapport entre le premier décile girondin et le premier décile pour l’ensemble de la France métropolitaine était de 1,07. Entre 2002 et 2007, le premier décile de revenus par unité de consommation a augmenté de 18,4 %. Dans le même temps, pour l’ensemble de la France métropolitaine, la hausse a été de 16,5 %. Durant ces cinq ans, tous les départements de France métropolitaine ont connu une augmentation de la valeur de leur premier décile de distribution des revenus par unité de consommation. Les hausses les plus fortes ont eu lieu dans certains départements de la côté méditerranéenne : l’Hérault, les Bouches-du-Rhône, le Var, les Alpes-Maritimes, la Corse-du-Sud, et la Haute-Corse ont en effet tous vu ce décile augmenter de 25 % ou plus durant ce laps de temps. Les trois derniers cités font néanmoins partie des départements dont la valeur de l’indicateur compte toujours parmi les plus faibles en 2007. N’excédant pas 10 %, la hausse a été nettement moindre dans le nord-est (Bas-Rhin, Haut-Rhin, Territoire de Belfort) et dans une partie de la petite couronne parisienne (Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, Essonne).

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► Les cantons girondins :

Carte 1b : Rapport entre le premier décile de revenus fiscaux par unité de consommation du canton girondin et le premier décile de revenus fiscaux par unité

de consommation de l’ensemble de la France métropolitaine, en 2007

Source : INSEE-DGI Traitement : OGPP

Les disparités géographiques sont assez flagrantes à l’examen de la carte du département. Sur les marges nord et est du département, les premiers déciles de distribution des revenus par unité de consommation sont faibles. Le rapport entre le premier décile cantonal et le premier décile départemental est inférieur à 1 dans l’ensemble de ces cantons. Il est particulièrement bas (moins de 0,80) dans les cantons de Pellegrue, Sainte-Foy-la-Grande, Castillon-la-Bataille et La Réole. Mais c’est dans le cœur de la CUB que ce rapport atteint ses valeurs les plus faibles, à Lormont et à Bordeaux, avec 0,63 et 0,70. Dans les cantons périurbains de l’agglomération bordelaise, les valeurs sont généralement beaucoup plus élevées, particulièrement sur la Rive gauche. Ainsi, le rapport est supérieur à 1,60 dans les cantons de Saint-Médard-en-Jalles, Mérignac 2 (Martignas et Saint-Jean d’Illac), La Brède et Gradignan. Tous les cantons ont vu leur premier décile de distribution des revenus par unité de consommation augmenter entre 2002 et 2007. Toutefois, cette hausse a été inférieure à la moyenne départementale (+18,4 %) dans une majorité des cantons de l’est du département, et même inférieure à 8 % dans certains d’entre eux (Lussac, Pujols, Pellegrue, La Réole). L’évolution a été plus favorable pour certains cantons du sud de la Gironde (Saint-Symphorien, Captieux), dont la valeur du premier décile a gagné près de 40 %. Les cantons de Saint-Savin et de Sauveterre-de-Guyenne ont également connu une progression de plus de 30 %.

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► Situations de vulnérabilité :

Tableau 1 : Rapport entre le premier décile de revenus fiscaux par unité de consommation selon l’âge du référent et le premier décile global de revenus fiscaux

par unité de consommation, en 2007

Moins de 30 ans 30-39 ans 40-49 ans 50-59 ans 60-74 ans 75 ans et

plus Ensemble

Gironde 0,65 0,95 1,01 1,21 1,44 1,32 1,09France métro. 0,63 0,84 0,90 1,07 1,33 1,36 1,00 Source : INSEE-DGI

Traitement : OGPP Pour une large majorité de départements, les ménages dont le référent a moins de 30 ans sont ceux pour lesquels la valeur du premier décile de distribution des revenus est la plus faible. En Gironde, le rapport entre le premier décile de revenu de ces ménages et le premier décile pour l’ensemble de la population de France métropolitaine est de 0,65. Au niveau national, il est de 0,63. Dans certains départements, ce rapport atteint des valeurs inférieures à 0,2 (Pas-de-Calais, Ardennes, Pyrénées-Orientales, Aude). Seul Paris fait exception : dans la capitale, les ménages dont la personne de référence a entre 40 et 49 ans présentent un premier décile de distribution des revenus plus faible que les autres. Pour les cantons girondins, les ménages dont le référent a moins de 30 ans sont ceux dont le revenu fiscal par unité de consommation est le plus faible. Le premier décile du revenu fiscal par unité de consommation est faible à Bordeaux et à Talence. Cela s’explique notamment par la surreprésentation des ménages fiscaux dont la personne de référence est âgée de moins de 30 ans : plus de 16 % des ménages des deux cantons sont dans ce cas, contre moins de 9 % en moyenne dans le département. Cette surreprésentation de la tranche d’âges aux revenus fiscaux les plus faibles tend, en elle-même, à faire baisser le premier décile pour l’ensemble des ménages. Dans le cas de Bordeaux, elle s’additionne à un premier décile de revenu fiscal relativement faible pour les ménages dont le référent a moins de 30 ans. A l’inverse, cet effet de structure n’existe pas au sein de cantons comme ceux de Lormont, Cenon, Sainte-Foy-la-Grande ou La Réole. Les ménages fiscaux dont la personne de référence a moins de 30 ans y sont même proportionnellement moins nombreux que dans le reste du département. Par contre, peu importe l’âge du référent, le premier décile de revenu fiscal par unité de consommation y est plus faible que pour l’ensemble du département, souvent de façon assez prononcée.

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II-1-2/ Les exonérations d’impôts

► La situation girondine : En 2007, 37,3 % des ménages fiscaux girondins20 ne sont pas imposés. Le département se situe un point au-dessous de la moyenne nationale (38,3 %). Il arrive en 75ème position parmi les départements de France métropolitaine, par ordre décroissant du poids des ménages non-imposés.

Carte 2a : Proportions de ménages fiscaux non-imposés parmi l’ensemble des ménages fiscaux dans les départements de France métropolitaine, en 2007

Source : INSEE-DGI Traitement : OGPP Dans l’ensemble, le poids des ménages fiscaux non imposés est assez faible en région parisienne et dans les départements limitrophes de l’Île-de-France, ainsi qu’en Alsace, et dans l’est de la région Rhône-Alpes. En revanche, la valeur de l’indicateur est particulièrement forte en Lorraine et dans les départements au sud du Massif Central. Ainsi, dans la Creuse, près d’un ménage sur deux n’est pas concerné par l’imposition. Dans le Cantal, les Pyrénées-Orientales, l’Aude et la Haute-Corse le poids des ménages non-imposés est également élevé (supérieur à 48 %). A l’inverse, en Région parisienne, seule la Seine-Saint-Denis enregistre une proportion de ménages fiscaux non-imposés supérieure à 30 %. La valeur de l’indicateur est ainsi de 22 % dans les Yvelines, soit la plus faible de France métropolitaine. En 2002, la valeur de l’indicateur était de 39,6 % en Gironde, soit une baisse de 2,3 points en cinq ans, contre 1,3 point au niveau national. Seuls 13 départements ont vu le poids des ménages fiscaux non-imposés augmenter entre 2002 et 2007 : ils se

20 Un ménage fiscal est un ménage ordinaire constitué par le regroupement des foyers fiscaux répertoriés dans un même logement. La part des ménages fiscaux imposés est le pourcentage des « ménages fiscaux » qui ont un impôt à acquitter au titre de l'impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP).

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situent essentiellement dans l’est de la France et en Île-de-France, soit des départements présentant des proportions de non-imposition comptant toujours parmi les plus faibles en 2007. La Moselle fut la seule à voir le poids de ses ménages non-imposés augmenter alors qu’elle se situait au-dessus de la moyenne nationale en 2002. Les deux départements corses ont quant à eux connu une diminution très nette de leur part de ménages fiscaux non concernés par l’imposition, de 7 points pour la Haute-Corse et de 6 points pour la Corse-du-Sud. La baisse a également été conséquente en Haute-Loire, dans la Creuse, dans le Cantal et dans le Pas-de-Calais (-4 points). Malgré cela, ces départements enregistrent toujours des proportions de ménages fiscaux non-imposés comptant parmi les plus fortes. Dans l’ensemble, il y a donc eu un certain "rééquilibrage" entre 2002 et 2007 : de 35 points, la différence entre la proportion la plus élevée de ménages non-imposés et la plus faible est passée à 28 points.

► Les cantons girondins :

Carte 2b : Proportions de ménages fiscaux non-imposés parmi l’ensemble des ménages fiscaux dans les cantons girondins, en 2007

Source : INSEE-DGI Traitement : OGPP La majorité des cantons situés sur les marges du département enregistrent des proportions élevées de ménages fiscaux non-imposés, notamment dans le nord et le quart sud-est. Leur poids est ainsi supérieur à 52 % dans les cantons de Saint-Ciers-sur-Gironde, Monségur, Grignols et Captieux. Il est également important dans les cantons de Sainte-Foy-la-Grande, Pellegrue, Sauveterre-de-Guyenne et La Réole. A l’inverse, on compte une part faible de ménages fiscaux non-imposés à l’extrémité ouest de la CUB : dans les cantons de Saint-Médard-en-Jalles et de Mérignac 2 (Martignas-sur-Jalle, Saint-Jean-d’Illac), moins d’un quart des ménages fiscaux n'est pas imposé. La proportion est également faible dans les cantons de Blanquefort, du Bouscat, de La Brède et de Gradignan.

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Dans les cantons girondins, aussi, il semble qu’il y ait eu un "rééquilibrage" de 2002 à 2007, entre les cantons enregistrant les parts de ménages fiscaux imposés les plus faibles, et ceux enregistrant les plus élevées. Ainsi, de 41 points, l’écart entre la proportion la plus forte et la proportion la plus faible est passé à 35 points. Les cantons de Saint-Médard-en-Jalles, Mérignac 2 et Gradignan sont les seuls (avec celui d’Arcachon, dans une moindre mesure) à avoir vu le poids des ménages fiscaux non-imposés augmenter. La diminution n’a pas pour autant été conséquente dans tous les cantons situés aux extrémités du département : faible (entre 0,4 et 1 point) dans les cantons de Sainte-Foy-la-Grande, Sauveterre-de-Guyenne et Monségur, la baisse a été importante (entre -5 et -7 points) pour les cantons du sud du département (Saint-Symphorien, Auros, Grignols, Captieux), ainsi que pour certains cantons du Blayais (Saint-Savin, Bourg) et du Libournais (Guîtres, Coutras).

► Situations de vulnérabilité : Les départements enregistrant les proportions de ménages non-imposés les plus élevées comptent également des proportions importantes de ménages fiscaux dont le référent est âgé de 60 ans et plus. Ainsi, dans la Creuse, le Cantal, les Pyrénées-Orientales, l’Aude et la Haute-Corse, au moins 42 % des ménages fiscaux ont pour référence une personne âgée de 60 ans ou plus, contre 35 % pour l’ensemble de la France métropolitaine. Seul le Pas-de-Calais compte plus de 45 % de ménages fiscaux non-imposés sans pour autant que des 60 ans et plus soient référents d’au moins 35 % des ménages fiscaux. En Région parisienne, où les ménages fiscaux non-imposés sont proportionnellement les moins nombreux, moins de 30 % des ménages ont pour personne de référence un individu âgé de 60 ans et plus. A l’intérieur de la Gironde, le constat est assez similaire. Dans les cantons où le poids des non-imposés est le plus fort, les proportions de ménages fiscaux ayant pour référence un individu de 60 ans et plus sont généralement plus élevées que la moyenne départementale. Seuls les cantons de Lormont et de Saint-Savin font exception. Certains cantons, malgré des poids de référent de 60 ans plus élevés, enregistrent des proportions de ménages non-imposés inférieures à la moyenne du département. C’est notamment le cas des cantons situés sur le Bassin d’Arcachon (Audenge, Arcachon, La-Teste-de-Buch).

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II-2/ Approche de la pauvreté et de la précarité par l’étude des revenus salariaux

II-2-1/ Les quantiles de répartition des revenus salariaux21

► La situation girondine : En 2007, la Gironde compte environ 540 000 salariés. Parmi ceux-là, 10,6 % se trouvent sous le premier décile de distribution des revenus salariaux22 pour l’ensemble de la France métropolitaine, qui est de 4 781 €.

Carte 3a : Proportions de salariés de chaque département ayant, en 2007, perçu moins que le premier décile de revenus salariaux

de l’ensemble de la France métropolitaine

Source : INSEE-DADS Traitement : OGPP

Le contraste est assez net entre la moitié nord et la moitié sud du pays. Tous les départements dont 12 % des salaires sont inférieurs au premier décile de revenus pour l’ensemble de la France métropolitaine sont situés au sud de la Loire. Ainsi, dans les Pyrénées-Orientales, les Hautes-Alpes et les deux départements corses, plus de 12,5 % des salariés ont perçu moins de 4 781 € sur l’année 2007. Les proportions sont également élevées dans d’autres départements méridionaux tels que le Lot-et-Garonne, l’Aude, l’Hérault et le Vaucluse. En revanche, le poids des salariés ayant perçu moins que ce premier décile de revenus est faible dans le centre du pays, le nord-ouest, certaines zones de l’est et particulièrement en région parisienne et dans les départements limitrophes de celle-

21 Ces informations sont tirées de l’exploitation des Déclaration Annuelle des Données Sociales (DADS), effectuée par l’INSEE. Celles-ci constituent une formalité que doit accomplir toute entreprise employant des salariés. Leur champ couvre l’ensemble des employeurs et de leurs salariés, sauf les agents des organismes de l'Etat (titulaires ou non), les services domestiques, et les activités extra-territoriales. 22 Décile portant sur les revenus salariaux nets totaux pour 2007.

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ci. Moins de 8,5 % des salariés ont perçu un revenu inférieur à 4 781 € dans les Yvelines, les Hauts-de-Seine et l’Essonne, mais aussi dans l’Eure, l’Eure-et-Loir et l’Oise. Les proportions sont également faibles (moins de 9 %) dans les Ardennes et les Vosges.

► Les cantons girondins :

Carte 3b : Proportions de salariés de chaque canton girondin ayant, en 2007, perçu moins que le premier décile de revenus salariaux

de l’ensemble de la France métropolitaine

Source : INSEE-DADS Traitement : OGPP

Sur les 55 cantons girondins, 32 présentent une proportion supérieure à 10 % de salariés ayant perçu moins de 4 781 € de revenus en 2007. Ces cantons sont majoritairement situés dans le nord et l’est du département, ainsi qu’au cœur de la CUB. Les proportions les plus élevées sont mesurées dans l’Entre-deux-Mers : dans les cantons de Sainte-Foy-la-Grande, Pellegrue et Monségur, plus de 14,5 % des salariés ont perçu un revenu inférieur au premier décile de revenus national. Dans les cantons de Saint-Vivien-de-Médoc, Pauillac, Talence et Pujols, les proportions sont également supérieures à 14 %. A l’opposé, le poids des salariés ayant perçu moins de 4 781 € en 2007 est moindre dans le Blayais et surtout dans les zones périurbaines de la CUB. Ainsi, dans les cantons de Saint-Médard-en-Jalles, Le Bouscat, Mérignac 2 et Carbon-Blanc, moins de 8 % des rémunérations salariales nettes totales ont été inférieurs à ce premier décile en 2007. A Blanquefort, La Brède et Créon, les proportions sont comprises entre 8 et 8,5 %.

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► Situations de vulnérabilité :

Tableau 2 : Proportions de salariés ayant perçu moins que le premier décile de distribution des revenus salariaux en 2007, par tranche d’âges

Moins de 25 ans 25-34 ans 35-44 ans 45-59 ans Ensemble

Gironde 37,6% 7,6% 4,5% 4,3% 10,6%France métro. 34,8% 6,8% 4,5% 4,3% 10,0%

Source : INSEE-DADS Traitement : OGPP

Les salariés de moins de 25 ans sont proportionnellement les plus nombreux à se situer sous le premier décile de distribution des revenus pour l’ensemble de la France métropolitaine, quel que soit le département. En Gironde, 37,6 % d’entre eux ont perçu moins de 4 781 € en 2007. La proportion est de 34,8 % pour l’ensemble de la France métropolitaine, et s’élève au-delà de 40 % dans les Pyrénées-Orientales et les Hautes-Alpes. Les départements où la proportion de salariés situés sous le premier décile national est grande ne présentent pas forcément une part importante de moins de 25 ans parmi l’ensemble de leurs salariés. Il n’y a pas ici d’effet important de la structure par âges : quelle que soit la tranche d’âges, les Pyrénées-Orientales, les Hautes-Alpes, la Haute-Corse et la Corse du Sud présentent des proportions importantes de salariés dont le revenu est inférieur au premier décile national. Dans tous les cantons girondins, ce sont également les salariés les plus jeunes (moins de 30 ans) qui sont les plus nombreux à percevoir des revenus salariaux inférieurs au premier décile de distribution des revenus pour l’ensemble du pays. Les proportions vont de 17,8 % (canton de Saint-Savin) à 32,3 % (canton de Saint-Vivien-de-Médoc). Les cantons présentant les poids les plus élevés de salariés ayant perçu moins de 4 781 € présentent généralement des proportions importantes de salariés sous ce premier décile, quelle que soit la tranche d’âges. Seuls Talence et Bordeaux font exception : les salariés de moins de 30 ans sont surreprésentés dans ces cantons, ce qui va contribuer à donner une proportion importante de salariés dont les revenus sont situés sous le premier décile. Dans tous les départements français, les femmes sont proportionnellement plus nombreuses que les hommes à se situer sous le premier décile de revenus salariaux. Dans le Pas-de-Calais, 13,0 % des femmes ont perçu moins de 4 781 euros en 2006, contre 7,6 % des hommes. L’écart s’élève donc à 5,4 points. Sa valeur est également importante dans les Ardennes, la Seine-Maritime, la Manche et l’Ardèche (autour de 4,5 points). En Gironde, la différence entre proportions masculine et féminine est de 2,9 points, contre 3,2 points pour l’ensemble du pays. Seuls trois cantons girondins (Pujols, Pellegrue, Sainte-Foy-la-Grande) enregistrent des proportions plus élevées d’hommes situés sous le premier décile de revenus salariaux. L’écart entre proportions d’hommes et de femmes ayant perçu moins de 4 781 euros est particulièrement prononcé dans certains cantons du nord (Saint-Laurent-de-Médoc, Blaye, Saint-Savin) et du sud du département (Belin-Beliet, Villandraut, Grignols).

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II-3/ Approche de la pauvreté et de la précarité par l’étude de la demande d’emploi

II-3-1/ La demande d’emploi (Données Pôle Emploi)

► La situation girondine :

Au 31 décembre 2005, la proportion de chômeurs (calculée à partir des données Pôle Emploi) en Gironde est de 9,8 %23. Pour l’ensemble de la France métropolitaine, la valeur est de 9,2 % à la même date. La Gironde se situe donc légèrement au-dessus du niveau national. Par ordre décroissant des taux, elle se situe à la 28ème position parmi l’ensemble des départements.

Carte 4a : Proportions de chômeurs (Pôle Emploi) au sein de la population active dans les départements de France métropolitaine, au 31 décembre 2005

Source : Pôle Emploi, INSEE-RRP Traitement : OGPP Les proportions de demandeurs d’emploi, dans la population active, sont particulièrement élevées dans les régions méridionales du pays. Ainsi, dans certains départements du pourtour méditerranéen (Pyrénées-Orientales, Hérault, Gard, Bouches-du-Rhône), les proportions enregistrées sont supérieures à 12 %. Cette valeur est aussi dépassée en Seine-Saint-Denis et dans les Ardennes. Le poids des demandeurs d’emploi dans la population active est également fort dans le nord du pays.

23 Champ : demandeurs d'emploi en fin de mois (DEFM) inscrits à l'Agence nationale pour l'emploi (ANPE), et qui avaient une demande en cours au 31 décembre 2005. Les catégories concernées sont les 1, 2 et 3, c’est à dire les personnes immédiatement disponibles à la recherche d’un emploi : - soit à durée indéterminée à temps plein (catégorie 1) ou à temps partiel (catégorie 2), - soit à durée limitée (CDD, mission d’intérim, vacation) (catégorie 3), Et qui n’ont pas exercé une activité réduite de plus de 78 heures. Il s’agit ici de la catégorie regroupée la plus proche du concept de chômage au sens du BIT (voir annexes, définitions des indicateurs utilisés). Ces effectifs sont rapportés aux effectifs de la population active telle qu’elle est donnée par le Recensement Rénové de 2006.

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Dans l’est, l’ouest et la région parisienne, les chômeurs sont proportionnellement nettement moins nombreux. Les proportions de chômeurs sont les plus faibles dans des départements à dominante rurale (Mayenne, Aveyron, Lozère, Ain), ne dépassant pas 6 %. Ils sont également peu importants dans certains départements plus urbanisés, dans les Yvelines, l’Essonne ou en Haute-Savoie, où ils n’excèdent pas 7 %. Entre début 1999 et fin 2005, la proportion de demandeurs d’emploi a diminué de 2,8 points en Gironde. Dans le même temps, pour l’ensemble de la France métropolitaine, la baisse a été de 1,4 point. Seuls huit départements ont enregistré une hausse de leurs proportions de chômeurs durant cette période. Ces départements sont majoritairement situés dans le nord-est du pays. Ils présentaient tous des proportions de chômeurs nettement inférieures aux niveaux nationaux en 1999. Si les augmentations sont généralement très faibles, elles sont assez conséquentes dans le Haut-Rhin (+2,3 points) et le Bas-Rhin (+1,5 point). A l’inverse, les baisses les plus significatives ont été mesurées sur le pourtour méditerranéen. Si les diminutions ont été supérieures à 2,5 points, aucun de ces départements méditerranéens n’est passé sous la barre des 10 %, les niveaux de chômage étant très élevés dans ces départements en 1999. Dans l’ensemble, il y a moins de déséquilibres entre les départements : de 13,2 points début 1999, la différence entre la proportion de chômeurs la plus élevée et la moins élevée est passée à 8,4 points fin 2005.

► Les cantons girondins :

Carte 4b : Proportions de chômeurs (Pôle Emploi) au sein de la population active dans les cantons girondins, au 31 décembre 2005

Source : Pôle Emploi, INSEE-RRP Traitement : OGPP

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Les proportions de chômeurs sont globalement élevées dans le nord du département et dans le cœur de l’agglomération bordelaise. Toutefois, c’est à Arcachon qu’on mesure la proportion de demandeurs d’emploi la plus élevée (16,1%). Suivent deux cantons situés dans le Médoc, Saint-Vivien-de-Médoc et Saint-Laurent-de-Médoc (14% chacun), ce qui pourrait refléter l’existence de populations « captives » des emplois saisonniers associés au tourisme. Dans la CUB, les proportions enregistrées excèdent 12,5% à Bordeaux, Lormont et Cenon. Les valeurs sont également élevées dans le Blayais, et notamment dans le canton de Saint-Ciers-sur-Gironde (12,5 %). A l’inverse, dans les zones périurbaines de la CUB et à sa lisière, les niveaux sont faibles. Dans les cantons de Saint-Médard-en-Jalles, Mérignac 2, La Brède et Créon, les valeurs de l’indicateur sont inférieures à 7%. Les proportions sont également basses (moins de 8%) dans certains cantons de l’est du département (Sauveterre-de-Guyenne, Pellegrue, Monségur). Entre 1999 et 2005, une large majorité des cantons girondins ont vu leur proportion de chômeurs diminuer. A l’image de la tendance constatée parmi les départements, ce sont les cantons les plus touchés par le chômage en 1999 qui ont enregistré les baisses les plus conséquentes (Arcachon, Bordeaux, Lormont, Saint Symphorien). A l’inverse, des cantons comme ceux de Targon, Monségur et Auros ont vu leurs proportions de demandeurs d’emploi diminuer très faiblement. Ces cantons présentaient des proportions de demandeurs d’emploi inférieures à 10 % en 1999. A l’échelle des cantons, les disparités en matière de demande d’emploi se sont aussi légèrement atténuées.

► Situations de vulnérabilité :

Tableau 3 : Proportions de chômeurs estimées24 au sein de la population active dans

les tranches d’âges, au 31 décembre 2006

Moins de 25 ans 25 à 34 ans 35 à 44 ans 45 à 54 ans 55 à 64 ans Ensemble

Gironde 15,2% 12,4% 9,3% 7,6% 4,5% 9,8%France métro. 14,8% 11,2% 8,7% 7,7% 4,7% 9,1%

Source : Pôle Emploi, INSEE-RRP Traitement : OGPP Les moins de 25 ans sont nettement plus concernés par la demande d’emploi que les autres catégories d’âges. En Gironde, on estime que 15,2% de cette tranche d’âges est au chômage, contre 12,4 % des 25-34 ans, 9,3 % des 35-44 ans et moins de 7 % des 45 ans et plus. Au niveau national, 14,8 % des actifs de moins de 25 ans sont en situation de demande d’emploi. Dans tous les départements, hormis Paris, les actifs âgés de 15 à 24 ans constituent la tranche d’âges où la proportion de chômeurs est la plus élevée. A tous les âges, dans la majorité des départements français, les femmes sont plus touchées par le chômage que les hommes. Avant 25 ans, l’écart entre sexes est particulièrement prononcé : pour la Gironde, il atteint 4,5 points, soit une valeur proche de l’écart mesuré pour l’ensemble de la France métropolitaine. En revanche, dans des départements 24 La répartition par âge et sexe des demandeurs d’emploi a pour date de référence le 31 décembre 2006. Ne disposant pas des effectifs par âges de la population active à cette date, nous avons dû utiliser les effectifs fournis par le recensement rénové, dont la date de référence est le 1er janvier 2006. 26

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comme l’Aude ou l’Ariège, la différence entre les proportions de chômeurs selon le sexe parmi les 15-24 ans excède les 10 points. A l’échelle des cantons girondins, la proportion de demandeurs d’emploi dépend en partie du poids des moins de 25 ans au sein de la population active. Ainsi, à Bordeaux et à Talence les 15-24 ans sont surreprésentés dans la population active. Même si les poids des chômeurs parmi les actifs de la tranche d’âges sont plus faibles que la moyenne départementale dans ces cantons, la surreprésentation du sous-groupe le plus concerné par la demande d’emploi fait automatiquement augmenter la proportion de chômeurs dans la population active totale. Dans d’autres cantons, cet effet de structure s’additionne à des proportions de demandeurs d’emploi plus élevées que la moyenne dans chaque groupe d’âges. C’est notamment le cas des cantons de Lormont et de Floirac. A l’inverse, la structure par âge n’a que peu d’effet sur les niveaux de chômage de certains cantons, où les proportions de demandeurs d’emploi sont élevées sous l’effet d’un "sur-chômage" dans toutes les tranches d’âges. Citons comme exemples, Arcachon et certains cantons du Médoc (Saint-Vivien-de-Médoc, Lesparre-Médoc, Saint-Laurent-de-Médoc).

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II-3-2/ La demande d’emploi non-indemnisée

► La situation girondine : Au 31 décembre 2006, 27 600 demandeurs d’emploi girondins ne sont pas indemnisés26. Cela correspond à une proportion de la population active estimée27 à 4,2% (4,1 % pour l’ensemble de la France métropolitaine), et à 42,9 % de l’ensemble des demandeurs d’emploi28 Carte 5a : Proportions estimées de demandeurs d’emploi non indemnisés au sein de

la population active dans les départements de France métropolitaine, au 31 décembre 2006

Source : Pôle Emploi, INSEE-RRP

Traitement : OGPP Le poids des demandeurs d’emploi non indemnisés est élevé dans les départements du nord de la France et du pourtour méditerranéen. Dans le Pas-de-Calais, le Nord, les Ardennes, l’Hérault, le Gard et les Bouches-du-Rhône, plus de 6 % de la population active est en situation de demande d’emploi et ne perçoit pas d’indemnisation chômage. Les niveaux sont également élevés dans l’Aisne, les Pyrénées-Orientales et l’Aude. En revanche, on compte peu de demandeurs d’emploi non-indemnisés dans le nord-ouest, la région parisienne et ses départements limitrophes, ainsi que sur la façade est. Ainsi, dans l’Ain, la Haute-Savoie et la Savoie, moins de 2,5 % des actifs sont présents dans le dispositif de Pôle Emploi sans être indemnisés.

27 Champ : demandeurs d’emploi non-indemnisés au 31/12/2006, âgés de 15 et 64 ans et sans activité. 27 Les informations relatives à l’indemnisation ou non des demandeurs d’emploi ont pour date de référence le 31 décembre 2006. Les informations relatives à la population active ont pour date de référence le 1er janvier 2006. Les dates de référence du dénominateur et du numérateur étant différentes, il s’agit ici d’une estimation. 28 Voir cartes 1a et 1b en annexe.

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► Les cantons girondins : Carte 5b : Proportions estimées de demandeurs d’emploi non indemnisés au sein de

la population active dans les cantons girondins, au 31 décembre 2006

Source : Pôle Emploi, INSEE-RRP

Traitement : OGPP Dix-huit cantons girondins présentent des proportions de demandeurs d’emploi non-indemnisés supérieures à la moyenne nationale. Ils se situent essentiellement dans le nord du département et dans le cœur de la CUB. Ainsi, dans les cantons de Bordeaux, Lormont et Cenon, plus de 5,7 % des actifs sont en situation de demande d’emploi non indemnisée. Hors de l’agglomération bordelaise, les demandeurs d’emploi non-indemnisés sont proportionnellement nombreux à Saint-Laurent-de-Médoc, Arcachon et Blaye. Leur poids est, en revanche, peu important parmi les actifs des cantons situés au sud et au sud-ouest du département, ainsi qu’aux marges de la CUB. Dans les cantons de Mérignac et de Créon, moins de 2 % des actifs sont présents dans le dispositif de Pôle Emploi sans être indemnisés.

► Situations de vulnérabilité :

Tableau 4 : Proportions estimées de chômeurs non-indemnisés au sein de la population active par tranche d’âges, au 31 décembre 2006

Moins de 25 ans 25 à 34 ans 35 à 44 ans 45 à 54 ans 55 à 64 ans Ensemble

Gironde 8,4% 5,4% 3,6% 2,9% 1,4% 4,2%France métro. 8,2% 5,0% 3,6% 3,0% 1,4% 4,1%

Source : Pôle Emploi, INSEE-RRP Traitement : OGPP

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Les demandeurs d’emploi non-indemnisés sont proportionnellement plus nombreux parmi les actifs les plus jeunes. Ils représentent ainsi plus de 8 % des actifs âgés de moins de 25 ans, en Gironde comme pour l’ensemble de la France métropolitaine. Dans les départements du nord du pays (Nord, Pas-de-Calais, Aisne, Ardennes), ce sont plus de 15 % des demandeurs d’emploi âgés de 15 à 24 ans qui ne perçoivent aucune indemnité. En Gironde, les proportions de chômeurs de moins de 25 ans non-indemnisés excèdent 12 % dans les cantons de Blaye, Cenon et Guîtres. Hormis à Arcachon, les 15-24 ans constituent toujours le groupe d’âges le plus concerné par le chômage non-indemnisé. Dans les cantons de Talence et de Bordeaux, les moins de 25 ans ne sont pas particulièrement touchés par le chômage non-indemnisé. Mais leur surreprésentation parmi les actifs va faire augmenter mécaniquement la proportion de demandeurs d’emploi non-indemnisés au sein de la population active. Dans les cantons de Lormont, Cenon et Floirac, à cette surreprésentation s’ajoutent des proportions très importantes de chômeurs non-indemnisés parmi les jeunes actifs. Dans les cantons de Saint-Laurent-de-Médoc et Arcachon, les poids élevés de demandeurs d’emploi non indemnisés ne sont pas imputables aux effets de structure par âge. Dans ces espaces, on mesure des proportions fortes de demandeurs d’emploi non-indemnisés au sein de chaque groupe d’âges. Par ailleurs, dans tous les départements de France métropolitaine, les actives sont proportionnellement plus nombreuses à être en situation de demande d’emploi non-indemnisée que les actifs. En Gironde, l’écart entre proportion masculine et féminine est de 1,6 point, contre 1,3 point pour l’ensemble de la France métropolitaine. Le constat est identique à l’échelle des cantons girondins.

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II-3-3/ La demande d’emploi de longue durée

► La situation girondine : Au 31 décembre 2006, 17 000 demandeurs d’emploi girondins sont inscrits sur les listes de Pôle Emploi depuis un an ou plus29, et sont donc considérés comme des demandeurs d’emploi de longue durée. Cela correspond à une proportion estimée30 à 2,6 % de la population active, et de 26,5 % des demandeurs d’emploi31. Pour l’ensemble de la France métropolitaine, ces proportions sont semblables. Carte 6a : Proportions estimées de demandeurs d’emploi de longue durée au sein de

la population active dans les départements de France métropolitaine, au 31 décembre 2006

Source : Pôle Emploi, INSEE-RRP Traitement : OGPP

Les demandeurs d’emploi de longue durée sont proportionnellement nombreux dans le nord du pays et sur le pourtour méditerranéen. Dans l’Aisne, les Ardennes et le Gard, plus de 4 % des actifs sont présents dans le dispositif de Pôle Emploi depuis un an ou plus. Les niveaux sont également élevés dans le Pas-de-Calais, le Nord, l’Hérault et les Bouches-du-Rhône. En revanche, on compte peu de demandeurs d’emploi de longue durée dans le nord-ouest, les départements périurbains de la région parisienne, le Massif Central et la façade est. Ainsi, en Mayenne, en Lozère, dans l’Ain, en Haute-Savoie et en Savoie, moins d’1,2 % de la population active est en situation de demande d’emploi depuis 12 mois ou plus. 29 Champ : demandeurs d’emploi au 31/12/2006, âgés de 15 et 64 ans et sans activité. 30 Les informations relatives à la durée de la demande d’emploi ont pour date de référence le 31 décembre 2006. Les informations relatives à la population active ont pour date de référence le 1er janvier 2006. Les dates de référence du dénominateur et du numérateur étant différentes, il s’agit ici d’une estimation. 31 Voir cartes 2a et 2b en annexe.

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► Les cantons girondins : Carte 6b : Proportions estimées de demandeurs d’emploi de longue durée au sein de

la population active dans les cantons girondins, au 31 décembre 2006

Source : Pôle Emploi, INSEE-RRP Traitement : OGPP

Quinze cantons girondins se situent sous la proportion moyenne nationale de demandeurs d’emploi de longue durée dans la population active. Ils se situent majoritairement aux marges de la CUB et à la lisière de celle-ci. Ainsi, dans les cantons de Saint-Médard-en-Jalles et de Mérignac 2, moins de 1,5 % des actifs sont en situation de demande d’emploi de longue durée. Dans le nord et le sud du département, ainsi qu’au cœur de la CUB, de nombreux demandeurs d’emploi sont présents dans le dispositif de Pôle Emploi depuis 1 an ou plus. A Saint-Ciers-sur-Gironde, Saint-Laurent-de-Médoc, Arcachon et Grignols, 4 % ou plus de la population active sont demandeurs d’emploi de longue durée. Dans la CUB, c’est à Bordeaux, à Lormont et à Cenon que les proportions sont les plus élevées (plus de 3,3 %).

► Situations de vulnérabilité : Tableau 5 : Proportions estimées de demandeurs d’emploi de longue durée au sein

de la population active selon le groupe d’âges, au 31 décembre 2006

Moins de 25 ans 25 à 34 ans 35 à 44 ans 45 à 54 ans 55 à 64 ans Ensemble

Gironde 1,7% 2,7% 2,8% 3,0% 1,8% 2,6%France métro. 1,6% 2,4% 2,6% 3,1% 2,0% 2,5%

Source : Pôle Emploi, INSEE-RRP Traitement : OGPP

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Les actifs âgés de 45 ans à 54 ans sont les plus concernés par la demande d’emploi de longue durée dans une très large majorité des départements. En Gironde, comme dans l’ensemble de la France métropolitaine, environ 3 % d’entre eux sont inscrits à Pôle Emploi depuis un an ou plus. Les proportions au sein du groupe d’âges sont supérieures à 5 % dans l’Aisne, les Ardennes, à Paris et dans le Gard. En Gironde, les 45-54 ans sont les plus concernés par le chômage de longue durée dans 31 cantons. Dans le canton d’Arcachon, 5,5 % des actifs de la tranche d’âges sont demandeurs d’emploi depuis au moins 12 mois. Cette proportion est comprise entre 4,5 et 5 % dans les cantons de Saint-Ciers-sur-Gironde, Bordeaux et Saint-Savin. Dans les cantons où la proportion de demandeurs d’emploi de longue durée est la plus forte (Saint-Ciers-sur-Gironde, Saint-Laurent-de-Médoc, Arcachon, Grignols), à une surreprésentation des 35-54 parmi les actifs, s’ajoutent des proportions de chômeurs inscrits depuis au moins 12 mois nettement supérieures à la moyenne départementale. Dans des cantons comme ceux de Bordeaux, Talence ou Lormont, les proportions de demandeurs d’emploi de longue durée sont plus élevées que dans le reste de la Gironde entre 35 et 54 ans. Mais le groupe d’âges ne représente qu’un poids relativement faible des actifs, ce qui entraîne une proportion de chômeurs longue durée parmi les actifs proche de la moyenne départementale. Dans une large majorité des départements, les femmes sont proportionnellement plus nombreuses à être en situation de chômage longue durée que les hommes. Seuls les départements de l’Ile-de-France, hormis le Val-d’Oise, font exception. En Gironde, la différence entre proportions féminines et masculines est de 0,6 point. A l’intérieur du département, seuls les cantons de Bordeaux, Talence et Pellegrue enregistrent des proportions d’hommes actifs au chômage depuis un an et plus supérieures à celles mesurées parmi les femmes actives.

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II-3-4/ La demande d’emploi (Données du recensement rénové de la population)

► La situation girondine :

Lors du Recensement Rénové de la Population (RRP) de 2006, 11,3 % des actifs girondins32 se sont déclarés au chômage. Le département se situe légèrement au-dessus de la moyenne nationale (11,1 %). La Gironde possède ainsi la 65ème proportion de chômeurs, par ordre croissant des valeurs.

Carte 7a : Proportions de chômeurs (RRP) dans les départements de France métropolitaine au sein de la population active au 1er janvier 2006

Source : INSEE-RRP Traitement : OGPP Les proportions de chômeurs les plus faibles sont enregistrées dans certains départements alpins et du Massif Central, ainsi que dans le grand Ouest. La proportion de chômeurs déclarés est ainsi inférieure à 8 % en Corrèze, dans le Cantal, l’Aveyron, la Lozère, l’Ain, la Savoie et la Haute-Savoie, mais aussi en Mayenne. En revanche, les valeurs sont très élevées dans le nord de la France, sur le pourtour méditerranéen et en Seine-Saint-Denis. Ce département francilien présente la proportion de chômeurs la plus importante, avec 16,6 %. Les Pyrénées-Orientales, l’Hérault et le Gard enregistrent également des parts de chômeurs déclarés supérieures à 15 %. La proportion de chômeurs, mesurée selon les déclarations du recensement de 1999, était de 14,2 % pour la Gironde. Le département a donc enregistré une diminution de près de 3 points en sept ans. Il s’agit de la 13ème décroissance la plus

32 Champ : individus âgés de 15 à 64 ans s’étant déclarés au chômage lors des opérations de collecte du recensement rénové, parmi l’ensemble des individus de 15 à 64 ans s’étant déclarés actifs. La date de référence est le 1er janvier 2006.

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conséquente durant la période intercensitaire. Pour l’ensemble de la France métropolitaine, la baisse a été de 1,8 point. Seuls quatre départements, tous situés dans l’est, ont enregistré une hausse de leurs proportions de chômeurs : le Bas-Rhin, le Haut-Rhin, le Territoire de Belfort et le Jura. Le Haut-Rhin a même connu une hausse de plus de 2 points. A l’inverse, certains départements méridionaux ont connu d’importantes diminutions du poids des chômeurs dans la population active. Ainsi, la Haute-Corse est passée de 18,2 % de chômeurs déclarés à 12,1 %, soit une baisse de plus de 6 points. Les Bouches-du-Rhône, le Var et la Corse-du-Sud ont vu leurs proportions de chômeurs décroître de plus de 4 points. Il semble que les écarts entre départements se soient globalement atténués : de 12 points en 1999, la différence entre la valeur maximale et la valeur minimale est passée à 9,5 points en 2006.

► Les cantons girondins :

Carte 7b : Proportions de chômeurs au sein de la population active dans les cantons girondins au 1er janvier 2006

Source : INSEE-RRP

Traitement : OGPP La majorité (35) des cantons se trouve au-dessous de la proportion départementale de chômeurs, selon les données du recensement rénové de 2006. Les cantons présentant les niveaux les plus bas se trouvent majoritairement en périphérie de la CUB, ou à la lisière de celle-ci. Ainsi, les cantons de Blanquefort, Saint-Médard-en-Jalles, Mérignac, Pessac, La Brède, Créon présentent des proportions de demandeurs d’emploi inférieures à 8,5 %. Dans le nord du département et au coeur de la CUB, les valeurs sont beaucoup plus élevées. Ainsi, dans les cantons de Saint-Vivien-de-Médoc, Lesparre-Médoc,

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Bordeaux et Lormont, plus de 14 % des actifs recensés se sont déclarés chômeurs. La proportion la plus élevée est toutefois mesurée à Arcachon (18,1 %). Seuls quatre cantons ont vu leurs proportions de chômeurs augmenter entre 1999 et 2006 : Lesparre-Médoc, Arcachon, Castillon-la-Bataille et Sainte-Foy-la-Grande. Ces hausses sont, dans les quatre cas, inférieures à 1 point. De manière générale, la diminution a été moins prononcée dans l’est du département. En revanche, les baisses ont été conséquentes dans certains cantons du Blayais, le cœur de la CUB et le sud du département. Ainsi, les cantons de Saint-Symphorien et Villandraut ont enregistré des décroissances de plus de 5 points. Ceux de Bordeaux, Lormont et Cenon ont également connu des baisses importantes (entre -4 et -6 points). L’écart entre la proportion maximale et la proportion minimale est passée de 14 à 11 points. La tendance a donc également été à une atténuation des disparités à l’échelle des cantons girondins.

► Situations de vulnérabilité :

Tableau 6 : Proportions de chômeurs au sein de la population active par groupes d’âges au 1er janvier 2006

15-24 ans 25-34 ans 35-44 ans 45-54 ans 55-64 ans EnsembleGironde 22,1% 13,7% 9,4% 7,5% 8,2% 11,3%France métro. 20,8% 12,4% 9,3% 8,0% 8,7% 11,1%

Source : INSEE-RRP Traitement : OGPP Les actifs les plus jeunes sont les plus nettement touchés par le chômage. Ainsi, dans tous les départements de France métropolitaine, et dans une large majorité des cantons girondins, les 15-24 ans sont les plus concernés. En Gironde, 22,1 % des membres de ce groupe d’âges sont au chômage selon les résultats du recensement rénové. Pour l’ensemble de la France métropolitaine, la valeur est de 20,8 %. Dans le Pas-de-Calais, près d’un tiers de cette tranche d’âges est en situation de chômage. Les proportions sont également particulièrement élevées dans d’autres départements du nord du pays (Nord, Aisne, Ardennes). Dans les cantons girondins, le poids des chômeurs parmi les 15-24 ans actifs est supérieur à 30 % à Blaye, Lormont et Cenon. Dans l’ensemble, les chômeurs sont particulièrement nombreux au sein des 15-24 ans dans le nord du département et sur la rive droite. La valeur de la proportion de chômeurs dans certains cantons est à mettre en relation avec la structure par âges de leur population : ainsi, à Bordeaux, la proportion de chômeurs parmi les 15-24 ans est inférieure à la moyenne départementale, mais la tranche d’âges représente près de 14 % de la population active. Cette surreprésentation du sous-groupe le plus touché par le chômage fait augmenter mécaniquement la proportion globale de chômeurs. Dans les cantons de Lormont ou de Sainte-Foy-la-Grande, cette surreprésentation des moins de 25 ans se combine avec des proportions de chômeurs nettement plus élevées que la moyenne dans toutes les tranches d’âges. Sous ce double effet, les proportions de chômeurs de ces deux cantons figurent parmi les plus élevées du département. A l’inverse, dans d’autres cantons, la structure par âges n’a que peu d’influence : l’importance de la proportion de chômeurs est due essentiellement à des proportions de chômeurs particulièrement élevées dans

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tous les groupes d’âges. C’est le cas des cantons de Saint-Vivien-de-Médoc, de Lesparre-Médoc, de Coutras et d’Arcachon. Dans tous les départements, les femmes actives sont proportionnellement plus nombreuses à être au chômage que les hommes. L’écart entre les taux de chômage féminins et masculins est faible en région parisienne, fort dans les départements à dominante rurale (Vendée, Landes, Haute-Corse et Corse-du-Sud). Le constat est identique pour les cantons girondins : au sein de chacun d’entre eux, les femmes sont plus fréquemment au chômage que les hommes. La différence entre les proportions par sexe est faible dans le cœur de la CUB, et forte dans la périphérie du département. Ainsi, dans les cantons de Saint-Laurent-de Médoc, Bazas et Captieux, la proportion de chômeuses recensées est deux fois supérieure à celle des chômeurs parmi les hommes actifs. Confronter le taux de chômage, tel qu’il est calculé en page 58, à partir des inscrits à Pôle Emploi, et les proportions de chômeurs, mesurées à partir des données du recensement rénové, permet d’estimer le poids des chômeurs très éloignés de l’emploi. N'étant plus présents sur les listes de Pôle Emploi, mais se déclarant toujours actifs au recensement, ces chômeurs, éloignés du marché du travail, sont proportionnellement très nombreux en Seine-Saint-Denis. Leur poids est également important dans le Pas-de-Calais, le Nord, l’Aude et les Pyrénées-Orientales. En Gironde, leur proportion est inférieure à la moyenne nationale. Au sein des cantons girondins, le poids de ces chômeurs est particulièrement élevé dans le canton de Sainte-Foy-la-Grande, et important dans les cantons de Lesparre-Médoc, Lormont, Villenave-d’Ornon et Carbon-Blanc.

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II-4/ Approche de la pauvreté et de la précarité par l’étude du recours aux minima sociaux

II-4-1/ Le revenu minimum d’insertion

► La situation girondine :

Au 31 décembre 2005, la Gironde compte environ 29 000 personnes âgées de 25 à 59 ans couvertes33 par le RMI. Cela correspond à 4,7 % de la tranche d’âges. La Gironde présente ainsi la 30ème proportion de 25-59 ans couverts, par ordre décroissant de la valeur de l’indicateur. Elle se situe légèrement au-dessus de la moyenne nationale, qui est de 4,6 %. Carte 8a : Taux de couverture par le RMI de la population âgée de 25 à 59 ans dans

les départements de France métropolitaine, au 1er janvier 2006

Source : CNAF, INSEE-RRP Traitement : OGPP

Les plus fortes parts de 25-59 couverts par l’allocation sont mesurées dans le nord du pays, dans le cœur de l’Ile-de-France, et surtout sur le pourtour méditerranéen. Ainsi, cinq des six proportions d’allocataires les plus importantes sont enregistrées dans des départements situées sur les rives de la Méditerranée. Dans les Pyrénées-Orientales et les Bouches-du-Rhône, le poids des bénéficiaires parmi les 25-59 ans est supérieur à 9 %. Dans l’Aude, l’Hérault et le Gard, il est compris entre 8 et 8,5 %. Ailleurs, la part des personnes couvertes par l’allocation dans le groupe d’âges est élevée en Seine-Saint-Denis (9,1 %), dans le Nord (7,8 %) et dans le Pas-de-Calais (7,2 %). En revanche, cette part est faible dans le nord-ouest du pays, dans les départements périphériques d’Ile-de-France et dans les départements Rhône-alpins. Ainsi, en Haute-Savoie et dans l’Ain, moins de 2 % des 25-59 ans sont concernés par le RMI.

33 Par "personnes couvertes" et "bénéficiaires", on entend ici les allocataires du RMI et leurs conjoints éventuels.

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Les proportions sont également faibles (inférieures à 2,2 %) en Mayenne, en Vendée et en Savoie. Entre 1999 et 2005, la majorité des départements de France métropolitaine ont vu augmenter leurs proportions de 25-59 ans couverts par le RMI. A l’échelle du pays, la part est passée de 4,3 à 4,6 %. La Gironde a été l’un des 26 départements à voir diminuer le poids des bénéficiaires dans la tranche d’âges, perdant 0,2 point (4,9 % en 1999). Les baisses les plus conséquentes ont été mesurées dans le centre du pays, et surtout dans certains départements méridionaux. La Haute-Corse a ainsi vu ses proportions de bénéficiaires dans la tranche 25-59 ans diminuer de près de 4 points. Les Alpes-Maritimes et la Corse-du-Sud ont également enregistré des baisses conséquentes. A l’inverse, les hausses les plus prononcées ont toutes été mesurées au nord de la Loire, en particulier dans le Nord-Pas-de-Calais, à Paris et dans petite couronne, et dans le nord-est. La Seine-Saint-Denis a vu sa proportion de bénéficiaires gagner plus de 2 points au cours de la période. Le Nord, le Bas-Rhin et le Territoire de Belfort comptent, quant à eux, des poids de bénéficiaires parmi les 25-59 ans ayant gagné environ 1 point.

► Les cantons girondins : Carte 8b : Taux de couverture par le RMI de la population âgée de 25 à 59 ans dans

les cantons girondins, au 1er janvier 2006

Source : CG33, INSEE-RRP Traitement : OGPP Sur les 55 cantons girondins, 17 enregistrent une proportion de bénéficiaires du RMI parmi les 25-59 ans supérieure à la moyenne départementale. Le poids des personnes couvertes est fort dans le nord du département, dans certains cantons de l’est et surtout dans le cœur de la CUB. Les valeurs les plus fortes sont ainsi mesurées à Bordeaux (10,3 %), Lormont (10,1 %) et Talence (9,6 %). Hors de l’agglomération bordelaise, les proportions les plus importantes sont enregistrées à Sainte-Foy-la-Grande, Arcachon et Langon (plus de 6,4 %).

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Les personnes couvertes sont par contre nettement moins présentes parmi les 25-59 ans des cantons situés à la lisière de la CUB, comme celui de Mérignac 2 (0,9 %), Créon (1,5%) ou La Brède (1,8 %). Les proportions sont également faibles dans la majeure partie des cantons de l’ouest du département. Depuis 2001, la moitié des cantons ont vu diminuer leur proportion de 25-59 ans couverts par le RMI. Cette baisse a été particulièrement visible dans les cantons du quart sud-ouest du département. En revanche, au centre de la CUB et dans certains cantons de l’est (Castillon-la-Bataille, Sainte-Foy-la-Grande) et du Blayais (Saint-Ciers-sur-Gironde), le poids des bénéficiaires du RMI dans la tranche d’âges a augmenté de façon conséquente.

► Situations de vulnérabilité :

Tableau 7 : Taux de couverture par le RMI selon la tranche d’âges quinquennale, au 31 décembre 2005

25-29 ans 30-34 ans 35-39 ans 40-44 ans 45-49 ans 50-54 ans 55-59 ans EnsembleGironde 9,8% 6,2% 4,7% 4,3% 3,6% 3,2% 2,5% 4,7%France métro. 8,6% 5,8% 4,8% 4,3% 3,9% 3,5% 2,8% 4,6% Source : CNAF, INSEE-RRP Traitement : OGPP Dans tous les départements de France métropolitaine, les 25-29 ans constituent le groupe d’âges au sein duquel la proportion de bénéficiaires du RMI est la plus forte. En Gironde, le taux de couverture au sein de la tranche d’âges est de 9,8 %, et est ainsi assez nettement supérieur à la moyenne nationale (8,6 %). La proportion de 25-29 ans couverts s’élève à plus de 16 % dans les Pyrénées-Orientales et les Bouches-du-Rhône. A l’échelle des cantons girondins, les 25-29 ans sont particulièrement concernés par l’allocation à Lormont (16,6 %), Bordeaux (12,8 %) et Talence (11,7 %). A Talence et Bordeaux, ces fortes proportions sont combinées à une surreprésentation des individus de cette classe d’âges parmi les 25-59 ans. Dans les trois cantons, dans chaque tranche d’âges, la proportion de bénéficiaires est nettement plus élevée que la moyenne départementale. La situation familiale joue également un rôle important. Les adultes ne vivant pas en couple sont nettement surreprésentés parmi les allocataires du RMI dans tous les départements. Ainsi, en Gironde, 15,8 % des isolés sans enfant et 12,9 % des monoparents perçoivent l’allocation. En revanche, 0,6 % des couples sans enfant et 1 % des couples avec enfant sont concernés par le RMI. Parmi les familles monoparentales dont la personne de référence est âgée de 25 à 34 ans, 23,6 % sont couvertes, contre 22,1 % des personnes vivant seules dans la même tranche d’âges. Dans les autres groupes d’âges, le rapport est inversé. Les cantons où les isolés sont surreprésentés (Talence, Bordeaux) vont donc afficher des taux de couverture par l’allocation généralement supérieurs à la moyenne départementale.

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II-4-2/ L’allocation parent isolé

► La situation girondine : Au 1er janvier 2006, 3 660 familles girondines sont couvertes par l’allocation parent isolé (API)34. Cela correspond à 8,3 % des familles monoparentales de la tranche d’âges. Au niveau national, la proportion est de 9,1 %.

Carte 9 : Proportions de familles monoparentales couvertes par l’API dans les départements de France métropolitaine, au 1er janvier 2006

Source : CNAF, INSEE-RRP Traitement : OGPP Les proportions de familles monoparentales couvertes par l’allocation sont élevées dans le nord du pays et sur le pourtour méditerranéen. Dans les deux départements de la région Nord-Pas-de-Calais, plus de 15 % des ménages monoparentaux sont concernés par l’API. Les proportions sont comprises entre 13 et 14 % dans l’Aisne, les Ardennes, les Pyrénées-Orientales, et l’Aude. En revanche, le poids des familles monoparentales couvertes est faible en Bretagne, en Ile-de-France, dans l’est, le Massif Central et le sud-ouest. Les proportions les plus faibles sont mesurées dans les Yvelines, les Hauts-de-Seine, l’Ain, la Savoie, et le Cantal (moins de 5 %). En Gironde, la part des familles couvertes par l’API parmi l’ensemble des familles monoparentales a diminué de 0,2 point entre 1999 et 2006. Pour l’ensemble du pays, le poids des familles monoparentales couvertes est resté stable. Une hausse particulièrement importante est survenue en région parisienne, dans le Centre, la Champagne et la Bourgogne. Les quatre croissances les plus conséquentes ont été mesurées en Ile-de-France : dans le Val d’Oise, la Seine-Saint-Denis et l’Essonne, le poids des familles monoparentales couvertes a gagné 2 points. A l’inverse, dans le 34 Champ : familles monoparentales dont le référent est âgé de 15 à 59 ans. Sont donc exclues les personnes isolées dont l’enfant est à naître, et qui perçoivent l’API prénatale.

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nord-ouest et le sud-est, la tendance a plutôt été à la baisse. Dans les deux départements corses, la diminution a ainsi été supérieure à 2 points durant la période. Dans l’ensemble, les départements affichant les taux de couverture les plus bas en 1999 ont enregistré une hausse de la proportion de familles couvertes.

► Situations de vulnérabilité :

Tableau 8 : Proportions de familles monoparentales couvertes par l’API, selon l’âge de la personne de référence, au 1er janvier 2006

Moins de 25 ans 25 à 34 ans 35 à 44 ans 45 à 59 ans Ensemble

Gironde 89,5% 21,7% 4,5% 0,7% 8,3%France métro. 91,5% 22,5% 4,9% 0,8% 9,1%

Source : CNAF, INSEE-RRP Traitement : OGPP Les familles monoparentales dont la personne de référence a moins de 25 ans sont très nettement les plus concernées par l’allocation parent isolé. Dans des départements comme le Pas-de-Calais, le Nord, l’Aisne ou les Ardennes, les monoparents âgés de 15 à 24 ans sont surreprésentés parmi les chefs de familles monoparentales. A cette surreprésentation s’ajoutent des taux de couverture supérieurs à la moyenne nationale à chaque âge.

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II-5/ Approche de la pauvreté et de la précarité par l’étude du recours aux dispositifs d’urgence

II-5-1/ Les Restos du Cœur

► La situation girondine :

Durant la campagne 2008, 13 480 personnes se sont rendues aux Restos du Cœur en Gironde. Cela correspond à une proportion de 9,5 pour 1000 de la population totale du département, contre 11,3 pour 1000 pour l’ensemble de la France métropolitaine. Par rapport à la campagne 2007, la part des usagers des Restos du Cœur a connu une augmentation de 0,7 point en Gironde. Carte 10a : Proportions d’usagers des Restos du Cœur dans la population totale des

départements de France métropolitaine, au 1er janvier 2008

Source : Restos du Cœur, INSEE-RRP Traitement : OGPP

Le poids des usagers de l’association dans la population totale est élevé dans le nord du pays, la petite couronne parisienne et certains départements méridionaux. Les proportions les plus importantes sont mesurées dans le Nord, la Somme et la Seine-Saint-Denis. Dans ces départements, plus de 20 individus sur 1000 ont eu recours aux Restos du Cœur durant la campagne 2008 de l’association. Les niveaux sont également élevés (plus de 18 pour 1000) dans le Pas-de-Calais, la Nièvre et l’Ariège. A l’inverse, la part des usagers de l’association est faible dans l’est de la région Rhône-Alpes et dans certains départements de la région Provence-Alpes-Côte-D’azur. En Haute-Savoie et dans le Var, moins de 4 personnes sur 1000 se sont rendues dans la structure.

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► Les cantons girondins :

Carte 10b : Estimation des proportions d’usagers des Restos du Cœur35 dans la population totale des cantons girondins, au 1er janvier 2009

Source : Restos du Cœur, INSEE-RRP

Traitement : OGPP Les proportions d’usagers estimées sont élevées dans le nord du département, sur la rive droite de la CUB et dans certains cantons de l’est. Dans les cantons de Sainte-Foy-la-Grande et de Langon, plus de 30 individus sur 1000 ont eu recours aux Restos du Cœur durant la campagne 2009. Dans ceux de Lesparre-Médoc, Pauillac, Lormont et Bègles, la proportion est comprise entre 20 et 30 pour 1000. En revanche, le poids des usagers de l’association est quasiment nul dans les populations des cantons de Fronsac, Lussac et Mérignac 2. Les proportions sont de manière générale peu importantes dans les cantons périphériques de la CUB. La proportion d’usagers des Restos du Cœur dans une zone géographique dépend de sa situation socio-économique, mais aussi de l’offre proposée par l’association dans cette zone. Cela s’applique particulièrement au canton de Fronsac, où la proportion d’usagers est nulle, malgré 15 000 habitants. Cela ne signifie pas qu’aucun individu à Fronsac n’aurait besoin de recourir aux Restos du Cœur, mais simplement qu’aucun relais dans la structure n’est implanté dans le canton ou à proximité. En moyenne, un usager des Restos du Cœur en Gironde a consommé 6,9 repas lors de la campagne 2008-2009. Ce rapport est élevé dans certains cantons du sud-est du département (Sauveterre-de-Guyenne, Auros, Saint-Symphorien), où il est supérieur à 8. Il est plus faible dans la CUB, notamment à Bordeaux et dans certains cantons périphériques (Saint-Médard-en-Jalles, Gradignan), où il est inférieur à 6,5. 35 Les informations par cantons dont nous disposons concernent la campagne 2008-2009 des Restos du Cœur. Les populations par cantons sont obtenues grâce aux données du recensement rénové de la population, et ont donc pour date de référence le 1er janvier 2006.

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► Situations de vulnérabilité : Les ménages avec enfant(s) représentent 59 % des ménages ayant eu recours aux Restos du Cœur lors de la campagne 2009. A titre de comparaison, au 1er janvier 2006, 35 % des ménages recensés étaient des ménages avec enfant(s). Cette situation familiale est donc surreprésentée parmi les usagers de l’association. On peut estimer la proportion d’enfants de moins de 5 ans ayant mangé aux Restos du Cœur, lors de la campagne 2008-200,9 à plus de 25 pour 100036. Il s’agit du groupe d’âges le plus concerné. Pour les 5-9 ans, la proportion est également supérieure à 20 pour 1000. Par conséquent, les cantons où les ménages avec enfant(s) sont nombreux auront, de manière générale, une plus grande proportion d’usagers, par opposition, notamment, aux cantons du centre de la CUB, où une part importante des ménages est constituée de personnes vivant seules.

36 Les informations sur la répartition par âge des usagers concernent la campagne 2008-2009. La répartition par âge la plus récente de la population du département a pour date de référence le 1er janvier 2006.

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II-6/ Approche de la pauvreté et de la précarité par l’étude du mal-logement

II-6-1/ Les logements surpeuplés

► La situation girondine : Au 1er janvier 2006, 26 200 logements girondins peuvent être considérés comme surpeuplés37. Cela correspond à une proportion de 4,3 % des résidences principales du département, contre 6,3 % pour l’ensemble de la France métropolitaine.

Carte 11a : Proportions de résidences principales en situation de surpeuplement parmi l’ensemble des résidences principales dans les départements

de France métropolitaine, au 1er janvier 2006

Source : INSEE-RRP Traitement : OGPP

Les plus grandes proportions de logements surpeuplés sont généralement mesurées dans les espaces les plus urbanisés du pays : la région parisienne, l’est du pourtour 37 Pour déterminer les critères permettant de juger le degré de peuplement d’un logement, nous faisons ici référence aux travaux de Christelle Minodier (INSEE), en se basant sur le rapport entre la structure du ménage et le nombre de pièces :

Type de ménageNombre de pièces 

nécessaire 1 2 3 4 5 6 ou +

Personne seule 1Couple sans enfant 22 personnes non en couple 31 enfant 32 enfants (de moins de 6 ans) 32 enfants (au moins 1 de 6 ans ou +) 43 enfants (dont 2 de moins de 6 ans) 44 enfants (de moins de 6 ans) 43 enfants (dont au moins 2 de moins de 6 ans) 54 enfants (1 au moins de 6 ans ou +) 54 enfants (3 au moins de 6 ans ou +) 6

Nombre de pièces effectif

En rouge, apparaissent les situations de surpeuplement accentué, en orange les situations de surpeuplement modéré. Ce sont ces deux situations que l’on prendra en considération pour déterminer les nombres de logements surpeuplés. En bleu, apparaissent les situations de sous-peuplement accentué, en bleu ciel les situations de sous-peuplement modéré.

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méditerranéen, le Rhône. Le poids des logements surpeuplés, parmi l’ensemble des résidences principales, est le plus fort à Paris et dans sa petite couronne. Ainsi, en Seine-Saint-Denis, plus de 20 % des résidences principales sont en état de sur-occupation. A Paris, dans les Hauts-de-Seine et dans le Val-de-Marne, les proportions sont comprises entre 13,5 et 15 %. Les Alpes-Maritimes constituent le seul département non-francilien dont plus de 10 % des logements sont surpeuplés. A l’inverse, le surpeuplement des résidences principales est plus rare dans l’ouest et dans le centre du pays, et particulièrement dans les départements à dominante rurale. Ainsi, en Vendée, dans les Deux-Sèvres, la Creuse ou le Gers, moins de 2,5% des résidences principales sont en situation de suroccupation.

► Les cantons girondins :

Carte 11b : Proportions de résidences principales en situation de surpeuplement parmi l’ensemble des résidences principales

dans les cantons girondins, au 1er janvier 2006

Source : INSEE-RRP Traitement : OGPP

Seuls deux cantons girondins présentent des proportions de logements surpeuplés situées au-dessus de la moyenne nationale : Lormont (7,7 %) et Cenon (6,5 %). Dans les cantons du cœur de la CUB, le poids des résidences principales en situation de surpeuplement est plus élevé que dans le reste du département. Les cantons de La Réole et d’Arcachon sont les seuls situés à l’extérieur de l’agglomération bordelaise dont la proportion de logements sur-occupés excède les 4,5 %. Dans le sud du département et dans les cantons périurbains, en revanche, le poids des résidences principales surpeuplées est faible. Ainsi, dans le canton de Mérignac 2, moins de 2 % des logements sont en situation de surpeuplement.

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► Situations de vulnérabilité :

Tableau 9 : Proportions de résidences principales en situation de surpeuplement selon le nombre de pièces, au 1er janvier 2006

1 pièce 2 pièces 3 pièces 4 pièces 5 pièces et + EnsembleGironde 7,7% 9,8% 5,7% 4,2% 1,1% 4,3%France métro. 12,8% 13,0% 8,6% 6,3% 1,5% 6,3% Source : INSEE-RRP

Traitement : OGPP Les petits logements (1 ou 2 pièces) sont plus fréquemment surpeuplés que les autres. En Gironde, 7,7 % des logements d’1 pièce et 9,8 % de ceux de 2 pièces sont surpeuplés. Au niveau national, ces proportions sont de 12,8 et 13,0 %. En région parisienne, ces logements sont surreprésentés dans le parc. A Paris, plus de 50 % des logements comprennent 1 ou 2 pièces, et dans les départements de la petite couronne cette proportion est d’environ 30 %. A titre de comparaison, pour l’ensemble de la France métropolitaine, 18 % des résidences principales sont constituées de moins de 3 pièces. A cette surreprésentation des petits logements, s’ajoutent des niveaux de surpeuplement plus élevés que la moyenne, quel que soit le nombre de pièces des logements. Ainsi, en Seine-Saint-Denis, 8 % des logements de 5 pièces ou plus sont surpeuplés, contre 1,5 % au niveau national. Les jeunes adultes (entre 18 et 29 ans) sont proportionnellement plus nombreux à vivre dans des petits logements que le reste de la population. Ils sont par conséquent surreprésentés parmi les personnes vivant dans des logements surpeuplés. En Gironde, la proportion de 18-29 ans vivant dans un logement surpeuplé est de 8,6 %, contre 4,4 % des 30 ans et plus. Près de la moitié des résidents de logements d’1 ou 2 pièces en situation de surpeuplement sont âgés de 18 à 29 ans, alors que cette tranche d’âge représente 20 % de la population âgée de 18 ans et plus du département.

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Synthèse des analyses départementales

Certains départements présentent un cumul de difficultés. Dans une majorité des dimensions de la précarité et de la pauvreté évoquées, les niveaux y sont nettement plus élevés que la moyenne nationale. C’est le cas du Pas-de-Calais, du Nord, de la Seine-Saint-Denis, des Pyrénées-Orientales, de l’Aude, de l’Hérault, du Gard et des Bouches-du-Rhône. Ces départements se caractérisent, notamment, par des proportions élevées de bénéficiaires des minima sociaux, de forts taux de chômage, ainsi que par une importante portion d’unités de consommation situées sous le premier décile national de revenus fiscaux. La pauvreté semble ici s’être diffusée dans diverses catégories de population, et ne pas uniquement concerner les jeunes adultes, sous-groupe généralement le plus touché. Dans d’autres départements, en revanche, les difficultés semblent davantage concerner une frange précise de la population. Ainsi, dans des départements de la moitié nord comme la Somme, l’Aisne, ou les Ardennes, les niveaux de chômage sont élevés, de même que la part des demandeurs d’emploi de longue durée et non-indemnisés. En revanche, pour les revenus fiscaux et salariaux, le poids des salariés situés sous le premier décile national n’est pas élevé. Il en va de même pour la part des ménages non-imposés ou celle des allocataires du RMI. Des poches de précarité et de pauvreté semblent exister dans ces départements. Les sous-populations concernées sont les jeunes adultes isolés, mais aussi des familles avec enfants, comme tendent à le confirmer les fortes proportions d’usagers des Restos du Cœur ou d’allocataires de l’API. Dans le Lot-et-Garonne, le Tarn-et-Garonne, le Vaucluse, la Haute-Corse et la Corse-du-Sud, le poids des allocataires des minima sociaux et des demandeurs d’emploi n’est pas particulièrement élevé, mais une part non-négligeable des unités de consommation se situe sous le premier décile national de revenus fiscaux, et de nombreux salariés ont perçu moins de 4 781 € de revenus salariaux nets totaux en 2004. Le poids des travailleurs pauvres semble donc être plus fort dans ces départements qu’ailleurs. Le constat est assez semblable dans la Drôme, le Var et les Alpes-de-Haute-Provence. Dans certains départements, la surreprésentation des moins de 30 ans, est à l’origine de niveaux élevés dans certains items : c’est le cas de la Seine-Maritime, de la Moselle et surtout de Paris. La proportion importante d’isolés âgés de 25 à 29 ans résidant dans la capitale donne ainsi un poids important de bénéficiaires du RMI dans la population. Dans les départements du nord-est, la précarité et la pauvreté semblent avoir gagné du terrain. Sans que cela soit imputable à une modification de la structure de la population, le poids des bénéficiaires du RMI a progressé, de même que les taux de chômage ou les proportions de ménages non-imposés. La Gironde présente une situation intermédiaire. Quelle que soit la dimension étudiée, le département ne se détache jamais nettement de la moyenne nationale. Malgré des diminutions sensibles, le taux de chômage et la proportion d’allocataires du RMI restent légèrement au-dessus des valeurs mesurées pour l’ensemble de la France métropolitaine. Comme dans une majorité des départements, la pauvreté et la précarité se concentrent principalement sur les jeunes adultes, plus concernés par les minima sociaux, la demande d’emploi et la pauvreté monétaire.

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Synthèse des analyses à l’échelle des cantons girondins

Lormont semble être le seul canton girondin en situation de cumul de difficultés : les bénéficiaires du RMI y sont nombreux, le taux de chômage élevé, la proportion de logements surpeuplés importante. La pauvreté semble donc diffuse dans ce canton, ne concernant pas uniquement les sous-groupes les plus vulnérables y résidant. Dans les cantons de Bordeaux et Talence, la surreprésentation des jeunes adultes dans la population entraîne une vision biaisée de la situation. Ainsi, les taux de chômage avant 25 ans ne sont pas plus élevés dans ces deux cantons que dans le reste du département. Mais la proportion importante d’individus dans la classe d’âge la plus touchée par le chômage va entraîner un poids important des demandeurs d’emploi dans la population active. Des poches de pauvreté existent toutefois dans ces cantons, comme le prouvent les proportions importantes de bénéficiaires du RMI à chaque âge. Dans l’est du département, dans des cantons comme ceux de Castillon-la-Bataille, Pujols, Pellegrue ou Monségur, les taux de chômage sont faibles, mais les ménages non-imposés sont proportionnellement nombreux, tout comme les salariés dont les revenus se situent sous le premier décile national de revenus salariaux. Le phénomène des travailleurs pauvres semble donc particulièrement concerner ces espaces. Au nord-ouest du département, la situation dans les cantons de Saint-Vivien-de-Médoc et Pauillac est similaire. Des cantons présentent des situations intermédiaires entre le cumul de difficultés et les poches de pauvreté particulières. Dans le canton de Sainte-Foy-la-Grande, le poids des demandeurs d’emploi dans la population active est faible. Si l'on se base sur les inscrits à Pôle Emploi. Elle l'est beaucoup moins si l'on se fonde sur les résultats du recensement rénové, ce qui laisse supposer la forte présence de personnes très éloignées de l'emploi. Cette hypothèse est en partie confirmée par une proportion de bénéficiaires du RMI élevée. De plus, la proportion des salariés touchant moins que le premier décile national de revenus salariaux est la plus élevée du département. La proportion d’usagers des Restos du Cœur dans le canton laisse aussi supposer que la précarité et la pauvreté touchent les familles plus qu’ailleurs. Dans certains cantons du nord du département, comme ceux de Lesparre-Médoc et Saint-Ciers-sur-Gironde, les poids de bénéficiaires du RMI et des demandeurs d’emploi sont importants. En revanche, les salariés ne sont pas proportionnellement plus nombreux à avoir perçu moins de 4 781 € en 2007 que dans le reste du département. Dans le canton d’Arcachon, le niveau de chômage est fort, comme le poids des bénéficiaires du RMI. Mais le poids des ménages fiscaux non-imposés est faible, tout comme la part des unités de consommation situés sous le premier décile de revenus fiscaux. Le cas d’Arcachon peut s’expliquer en partie par la présence importante de travailleurs saisonniers.

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3ème partie : Evolutions récentes de la précarité

et de la pauvreté en Gironde III-1/ La nécessaire mesure des évolutions girondines récentes en matière de

précarité et de pauvreté Les analyses statistiques et cartographiques précédemment présentées font le plus souvent référence aux années 2006-2008 :

- soit parce que les données sont produites avec un délai de 2 à 3 ans, - soit parce qu’il convient, pour les analyser, de contrôler les effets des

différences démographiques dans le temps et l’espace, ce qui nécessite de les rapporter aux résultats du recensement rénové de la population38.

Les spécificités territoriales, en matière de précarité et de pauvreté, observées dans les cartes de la partie précédente, présentent le plus souvent une permanence suffisante pour que le risque de tirer des conclusions obsolètes soit très faible après 3 voire 4 ans de décalage. Toutefois, la gravité de la crise économique récente, implique de s’interroger, non pas sur les seules spécificités territoriales en matière de précarité et de pauvreté, mais aussi sur l’impact des tendances économiques et sociales actuelles sur la situation des ménages girondins en matière de précarité et de pauvreté. Les sources de données utilisables dans ce but sont évidemment beaucoup plus restreintes que celles utilisées pour les analyses cartographiques. Il s’agit de quelques données administratives (pôle emploi, fiscalité locale39) et de données issues des dispositifs d’urgence (115, secours populaire, restos du cœur) dont les tendances sont corrigées des évolutions estimées du nombre de ménages en Gironde. Avant de présenter les quelques conclusions, en matière de précarité et de pauvreté des ménages girondins, déduites de l’évolution récente de ces effectifs, on propose un rappel du contexte économique national et girondin actuel. III-2/ Les évolutions économiques conjoncturelles de la période 2005-2009 ► Conjoncture nationale Les entreprises ont connu une amélioration de leur activité au cours de la période 2005-2006, malgré une conjoncture économique loin d’être exceptionnelle, avec une croissance du PIB de 1,9% en 2005 et 2,2% en 2006. L'amélioration de l'activité des entreprises s'est poursuivie tout au long de l'année 2007 et au début de l'année

38 Au printemps 2010, les derniers résultats détaillés (répartitions des populations cantonales par sexe et âge, par exemple) du recensement rénové de la population font référence à janvier 2006, et les derniers résultats concernant la seule population totale font référence à janvier 2007. 39 A cette liste, devrait s’ajouter prochainement l’évolution du nombre de bénéficiaires du RMI de 2005 à juin 2009. Pour des raisons organisationnelles (conventionnements en cours, modifications du système d’information du Conseil Général), les statistiques concernant les bénéficiaires du RMI n’ont, pour l’instant, pas pu être utilisées pour analyser les tendances 2005-2009, mais seulement pour faire le point des différences territoriales en 2006 (partie précédente).

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2008, alors que la crise des sub-primes aux États-Unis se diffusait dans le monde touchant progressivement les différentes places financières. Le secteur des services illustre relativement bien cette amélioration de la situation des affaires, mais aussi, de la confiance des entrepreneurs, au cours de la période allant de la fin de l'année 2005 jusqu'au début de l'année 2008 (graphique 1). Cette période présente une constante augmentation de la part des chefs d'entreprise qui déclarent une évolution positive de leur activité et du nombre de salariés employés. Graphique 1 : Évolution du "climat" des affaires, de l'activité économique et du nombre

de personnes employées dans le secteur des services Champ: France métropolitaine, entreprises des services marchands (hors services financiers). Source : Enquêtes de conjoncture dans les services, Insee. Graphique 2 : Demandeurs d'emploi en fin de mois à Pôle emploi (catégories A, B, C)

60.0065.0070.0075.0080.0085.0090.0095.00

100.00105.00110.00115.00120.00

déc.-04

avr.-05

août-05

déc.-05

avr.-06

août-06

déc.-06

avr.-07

août-07

déc.-07

avr.-08

août-08

déc.-08

avr.-09

août-09

déc.-09

Demandeurs d'emploi inscrits en f in de mois à Pôle emploi en catégories A, B, C

Demandeurs d'emploi inscrits en f in de mois à Pôle emploi en catégories A, B, C : inscrits depuis plus d'un an

Demandeurs d'emploi inscrits en f in de mois à Pôle emploi en catégories A, B, C : inscrits depuis moins d'un an

Champ: France métropolitaine. Source : Pôle emploi, Dares

-40-35-30-25-20-15-10-505

101520

déc.-04

avr.-05

août-05

déc.-05

avr.-06

août-06

déc.-06

avr.-07

août-07

déc.-07

avr.-08

août-08

déc.-08

avr.-09

août-09

déc.-09

Indicateur synthétique Activité et Effectif- Actuelle

Indicateur synthétique Activité et Effectif - Perspective des Entreprises

Indicateur synthétique du climat des affaires (centré)

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Cette ambiance positive s'accompagne alors d'une baisse du chômage, au sens du BIT et en nombre d'inscrits à Pôle Emploi, entre le premier trimestre de l'année 2006 et le premier trimestre de l'année 2008 (graphiques 2 et 3). Cette baisse a été plus importante pour le chômage de longue durée (de plus d'un an), ce qui a réduit la part des chômeurs de longue durée dans l'ensemble des chômeurs, de 42,3% en 2006 à 37,9% en 2008 pour le chômage au sens du BIT et de 37,7% en 2006 à 31,7% en 2008 parmi les inscrits à Pôle Emploi. Graphique 3 : Chômage au sens du BIT

75

80

85

90

95

100

105

110

115

120

125

2005 2006 2007 2008 2009 2010

Années

France métro. Gironde

Champ: France métropolitaine, Gironde. Source : Enquêtes Emploi, Insee. La seule ombre à ce tableau est la forte dégradation de la situation financière ressentie par les ménages entre le troisième trimestre de l'année 2007 et le deuxième trimestre de l'année 2008. La cause principale de cette dégradation, selon l'avis des ménages, est la hausse des prix au cours des deux derniers trimestres de l'année 2007. À partir du deuxième trimestre de l'année 2008, la situation se dégrade et l'économie française entre en récession. Le PIB ne s’est accru que de 0,3% pour l’ensemble de 2008, puis il a reculé de 2,2% en 2009. Dès le deuxième trimestre de l'année 2008, la récession est accompagnée par une forte dégradation du "climat" des affaires et par une hausse du niveau de chômage, ainsi que par une hausse des fermetures d'entreprises et des licenciements économiques. Alors que la dégradation de la confiance s'estompe au deuxième trimestre de l'année 2009, la hausse du chômage se poursuit jusqu'au quatrième trimestre de l'année 2009. Ces évolutions sont accompagnées par l'amélioration de la situation financière ressentie par les ménages à partir du troisième trimestre de l'année 2008 et par une hausse de la consommation des ménages en 2008 et en 2009 (respectivement 0,9 et 0,8%).

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► La conjoncture girondine La conjoncture économique girondine suit de près ces évolutions macro-économiques, même si le département a été un peu moins affecté par la crise que le reste du territoire au cours de la période 2007-2008, notamment avec des évolutions légèrement moins défavorables en matière d'emploi, de chômage et de dynamique entrepreneuriale40. Un des impacts, de la crise économique sur les ménages, se fait à travers la dépression de l'offre d'emploi. Entre le quatrième trimestre de l'année 2008 et le deuxième trimestre de l'année 2009, le nombre de défaillances d'entreprises augmente fortement alors que les créations d'entreprises sont en baisse, si on exclut les créations par auto-entreprenariat. Cette évolution de la dynamique des entreprises se traduit par une hausse des licenciements économiques, une baisse du volume d'emploi salarié marchand41 et une hausse du chômage42. Toutefois, en ce qui concerne l'évolution du chômage de longue durée (de plus d'un an), la Gironde se trouve dans une situation nettement moins défavorable que l'ensemble du territoire national. Entre le premier trimestre de l'année 2006 et le premier trimestre de l'année 2008, la baisse du chômage de longue durée est plus rapide en Gironde alors que, depuis le deuxième trimestre de l'année 2008, la hausse du chômage est légèrement moins rapide en Gironde, surtout parmi les inscrits à Pôle Emploi de plus d'un an (graphique 4). Graphique 4 : Demandeurs d'emploi en fin de mois à Pôle emploi

en catégories A, B, C en Gironde

60.0065.0070.0075.0080.0085.0090.0095.00

100.00105.00110.00115.00120.00

déc.-04

avr.-05

août-05

déc.-05

avr.-06

août-06

déc.-06

avr.-07

août-07

déc.-07

avr.-08

août-08

déc.-08

avr.-09

août-09

déc.-09

Demandeurs d'emploi inscrits en f in de mois à Pôle emploi en catégories A, B, C

Demandeurs d'emploi inscrits en f in de mois à Pôle emploi en catégories A, B, C : inscrits depuis plus d'un an

Demandeurs d'emploi inscrits en f in de mois à Pôle emploi en catégories A, B, C : inscrits depuis moins d'un an

Champ: Gironde. Source : Pôle emploi, Dares. Lorsque l’on distingue les zones d'emploi girondines, l'étude de l'évolution du taux de chômage, depuis le premier trimestre de l'année 2005, révèle une situation plus

40 Insee, L'année économique et sociale 2008 en Aquitaine, Le Dossier Insee Aquitaine n° 68, Juin 2009. 41 Hors agriculture, intérim, administration, éducation, santé et action sociale. 42 BOLLIER, Cécile; MATHIO, Florence; WILLM, Yvette; Éléments de conjoncture régionale 2008-2009, Aquitaine e-Dossier n° 2, février 2010.

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favorable pour la zone d'emploi de Bordeaux-Zone-Centrale (graphique 5). Comparé à la moyenne nationale et à la moyenne départementale, le taux de chômage de Bordeaux-Zone-Centrale connaît non seulement une baisse plus importante entre le premier trimestre de l'année 2005 et le premier trimestre de l'année 2008, mais aussi, une hausse du taux de chômage beaucoup moins forte entre le premier trimestre de l'année 2008 et le quatrième trimestre de l'année 2009. Plus on s'éloigne du cœur du département et plus on se rapproche des zones périphériques, plus l'évolution du chômage est défavorable. Seules l’Arcachonnais et l’Entre-Deux-Mers présentent des évolutions 2005-2008 et 2008-2009 plus favorables que l’ensemble de la France métropolitaine, mais leurs tendances sont néanmoins plus défavorables que celles de l’ensemble du département. Libourne-Montpon-Sainte-Foy-la-Grande et le Cubzaçais se distinguent par une baisse du taux de chômage moins importante que la moyenne nationale, entre le premier trimestre de l'année 2005 et le premier trimestre de l'année 2008, et une hausse du taux de chômage beaucoup plus forte que la moyenne nationale, entre le premier trimestre de l'année 2008 et le quatrième trimestre de l'année 2009. Le Médoc et la zone Langon-Bazas-La Réole présentent des situations moins marquées proches des évolutions nationales. Le Médoc semble être moins affecté par la hausse du chômage de la période 2008-2009, alors que la zone Langon-Bazas-La Réole a mieux profité de la relative bonne conjoncture de la période 2007-2008. Ces résultats laissent craindre une augmentation des disparités infra-girondines en matière de chômage après leur atténuation au début des années 2000 observée à partir des différences entre cantons. Graphique 5 : Évolution du taux de chômage localisé par zone d'emploi en Gironde

entre le 1er trimestre 2005, le 1er trimestre 2008 et le 4ème trimestre 2009

Libourne-Montpon-Sainte-Foy-la-Grande

Langon-Bazas-La Réole

Bordeaux-Médoc

Bordeaux-Arcachonnais

Bordeaux-Entre-Deux-Mers

Bordeaux-Cubzaçais

Bordeaux-Zone-Centrale

Gironde

France métropolitaine

95.00

100.00

105.00

110.00

115.00

120.00

75.00 80.00 85.00 90.00 95.00 100.002008-T1

2009

-T4

(données CVS, moyenne trimestrielle, indice 2005 = 100). Champ: Gironde et France métropolitaine. Source : Insee.

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III-3/ Les mesures de l'impact des évolutions conjoncturelles macroéconomiques de la période 2005-2009 sur la précarité et la pauvreté en Gironde

III-3-1/ Statistiques fiscales L'évolution de la part des foyers fiscaux exonérés de l'impôt sur le revenu (graphique 6) confirme une évolution économique girondine de la période 2004-2007 un peu plus favorable que celle observée pour l’ensemble de la France métropolitaine. Les dernières statistiques disponibles en matière d’exonération des foyers fiscaux de l’impôt sur le revenu concernent l’année d’imposition 2008 et portent donc sur les revenus de l’année 200743. Cette source ne permet donc pas de mettre en évidence l’impact de la crise économique récente sur l’évolution de la situation des ménages girondins en matière de précarité et de pauvreté. Graphique 6 : Évolution 2005-2008 (en années d’imposition) du poids des foyers fiscaux exonérés de l’impôt sur le revenu en France et en Gironde (indice 2005 = 100)

85.00

90.00

95.00

100.00

105.00

2005 2006 2007 2008 2009

Années

Gironde France

Champ: France métropolitaine et Gironde. Source : Insee-DGI. Accessibles plus précocement que les statistiques de l’impôt sur le revenu, les statistiques des impôts locaux, permettent d'appréhender aussi l'évolution de la période 2008-200944. Pour l'étude de la précarité, les statistiques des impôts locaux constituent une source d'information plus riche que les statistiques de l'impôt sur le revenu. L'information issue des statistiques des impôts locaux est non seulement moins affectée par des changements législatifs fiscaux, mais les conditions d'exonération étant plus strictes, les ménages exonérés de la taxe d'habitation sont visiblement en grande difficulté45. C’est beaucoup moins vrai des ménages ne payant

43 En matière de statistiques fiscales (impôt sur le revenu, taxe d'habitation), il existe une année de décalage entre l'année d'imposition et l'année de référence des revenus. Ici, les graphiques font référence à l'année d'imposition, ils sont toutefois commentés en tenant compte de ce décalage. 44 En termes d’année d’imposition, ce qui fait donc plutôt référence à l’évolution des revenus des années 2007-2008. 45 En effet, sont exonérés de la taxe d'habitation :

- Les habitants reconnus indigents par la commission communale des impôts directs, d'accord avec l'agent de l'administration fiscale (Article 1408 du Code général des impôts),

- Sous condition de ressources et de cohabitation, les titulaires de l'allocation de solidarité aux personnes âgées, les titulaires de l'allocation supplémentaire d'invalidité, les titulaires de l'allocation aux adultes

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pas l'impôt sur le revenu, qui englobent un ensemble beaucoup plus large de situations. Entre 2005 et 2007 (en termes d’années d’imposition), la part des résidences principales exonérées de la taxe d'habitation selon le nombre de personnes à charge46 est en baisse quel que soit le nombre de personnes à charge (graphique 7), ce qui confirme la relative amélioration de la conjoncture économique au cours de la période 2004-2006 (en termes d’années de revenu). Bien que cette baisse se poursuive jusqu'en 2008 parmi les ménages dont le nombre de personnes à charge n'excède pas trois personnes, la part des ménages exonérés de trois personnes à charge ou plus connaît une stagnation cette même année. Graphique 7 : Évolution de la part des résidences principales exonérées de la taxe d'habitation selon le nombre de personnes à charge (pac) en Gironde Entre l'année 2008 et l'année 2009 (en termes d’années d’imposition), la part des ménages exonérés est en hausse parmi l'ensemble des ménages, quel que soit le nombre de personnes à charge. Toutefois, cette hausse est d'autant plus importante que le nombre de personnes à charge est élevé. Ainsi, avec une hausse de 8,9%, l'augmentation de la part des ménages exonérés la plus importante concerne les ménages avec deux personnes à charge. Elle est suivie, avec une hausse de 7,3%, par le taux d'exonération des ménages de trois personnes à charge ou plus. La variation de la part des ménages exonérés la plus faible, avec une hausse de 1,5%, est observée parmi les ménages sans personne à charge. La situation se dégrade donc d'avantage pour les ménages ayant un nombre de personnes à charge supérieur à un (initialement faiblement exonérés). En 2009, la part des ménages exonérés de trois personnes à charge ou plus retrouve ainsi son niveau de 2005.

handicapés, les contribuables âgés de plus de 60 ans, les veuves et veufs ainsi que les contribuables atteints d'une infirmité ou d'une invalidité les empêchant de subvenir par leur travail aux nécessités de l'existence (Article 1414 du Code général des impôts).

En pratique, les exonérations de la taxe d’habitation concernent les ménages à très faibles ressources. Dans certains cas l'administration fiscale peut à ce titre incorporer, dans l'évaluation des ressources, des éléments de situation économique et sociale contemporains de l'année d'imposition et non de la seule année précédente. 46 Sont considérés comme personnes à charge, à condition de résider sous le même toit, les enfants mineurs, les enfants majeurs handicapés, les enfants majeurs rattachés, les ascendants (parents, grands-parents, adoptants,...) âgés de plus de 70 ans ou infirmes et les personnes titulaires de la carte d'invalidité (paragraphe III de l'article 1411 du Code général des impôts).

85

90

95

100

105

2005 2006 2007 2008 2009

Années

0 pac 1 pac 2 pac 3 pac ou plus

(indice 2005 = 100) Champ: Gironde. Source : DGI.

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Ainsi, au-delà de la hausse du nombre de ménages exonérés de la taxe d'habitation en 2008-2009 (en termes d’années d’imposition) qui confirmerait la dégradation de la conjoncture entre 2007 et 2008 (en termes d’années de revenu), la hausse plus importante de la part des exonérés, parmi les ménages ayant un nombre de personnes à charge supérieur à un, conforte l'idée d'une dégradation du niveau des ressources en particulier chez les ménages girondins avec enfants. III-3-2/ Statistiques du Secours Populaire Le nombre de situations traitées par les permanences d'accueil et de solidarité du Secours Populaire constitue une autre source d'information qui nous fournit des indications sur l'évolution des publics en difficulté. Comme c’est le cas pour de nombreux dispositifs d’urgence, ces statistiques ne renvoient pas à une couverture exhaustive de la population en situation de pauvreté. Elles permettent toutefois de vérifier certaines tendances tout en distinguant les familles des isolés ainsi que les bénéficiaires du RMI des autres profils. En corrigeant les effectifs fournis par le Secours Populaire par les estimations de la variation du nombre de ménages, on observe des tendances variables entre 2005 et 2008. La plus forte hausse du nombre de situations traitées par les permanences d'accueil et de solidarité du Secours Populaire en Gironde concerne les familles ne bénéficiant pas du RMI : elle débute dès 2007 et se poursuit en 2008. Pour les autres groupes, les évolutions sont moins nettes et moins corrélées à la conjoncture économique nationale et départementale, bien que la hausse du nombre de situations traitées par les permanences d'accueil et de solidarité du Secours Populaire en Gironde, aussi observée en 2007 parmi les familles bénéficiaires du RMI, puisse être rapprochée de la hausse des prix ressentie par les ménages au cours des deux derniers trimestres de l'année 2007.

Tableau 10 : Évolution du nombre de situations traitées par les permanences d'accueil et de solidarité du Secours Populaire selon le profil du public en Gironde

(corrigé de l'évolution du nombre de ménages selon le profil indice 2005 = 100)

2005 2006 2007 2008 Familles-RMI 100 81.3 110.8 98.9Autres familles 100 92.7 112.7 128.0Isolés-RMI 100 75.7 89.8 89.3Autres isolés 100 111.1 78.1 89.5Champ: Gironde. Source : Secours Populaire. L’évolution et la répartition, selon le profil du public, des situations traitées par les permanences d'accueil et de solidarité du Secours Populaire témoignent aussi de la spécialisation des actions et dispositifs d'urgence. Les familles sont majoritaires parmi le public bénéficiant des dispositifs du Secours Populaire.

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III-3-3/ Statistiques du 11547 Une telle spécialisation du public existe aussi parmi les usagers du 115 qui sont majoritairement des hommes isolés. Les personnes seules, ou en couple, accompagnées par des enfants, et les personnes en couples sans enfants représentent une minorité (10 à 16% selon les années) parmi les usagers de ce dispositif d'urgence. Entre 2005 et 2008 (graphique 8), le nombre d'usagers du 115 augmente de 47%, alors que le nombre d'appels des usagers est multiplié par 3,5, ce qui a amené le nombre moyen d'appels par usager de 5,6 à 12,8 entre ces deux dates. De 2008 à 2009, le nombre d'usagers augmente de 22%, le nombre d'appels des usagers est multiplié par 1,7 et le nombre moyen d'appels par usager atteint 18,2. Entre 2008 et 2009, cette hausse importante du nombre d'appels reçus par ce dispositif d'urgence ne se distingue que de peu de la hausse tendancielle de la période 2005-200848. Graphique 8 : Évolution du nombre d'appels reçus et du nombre d'usagers du 115 en Gironde (indice 2005 = 100)

100

150

200

250

300

350

400

450

500

550

600

2005 2006 2007 2008 2009

Années

Nombre d'appels par an Nombre d'usagers par an

Champ: Gironde. Source : 115. La distinction des usagers par sexe et par profil familial (graphique 9) permet de remarquer que, pour les années 2005-2009, la hausse la plus importante du nombre d'usagers concerne les hommes seuls, suivis par les femmes seules, les personnes en couple et les ménages avec enfants (parents isolés ou en couple). C’est néanmoins pour les couples sans enfants et les ménages avec enfants que les hausses de 2007-2009 sont les plus marquées, puisqu’elles succèdent à des baisses ou à une stagnation pour 2005-2007.

47 Service d’hébergement d’urgence, accueillant les personnes en grande difficulté suite à une demande téléphonique. 48 Les statistiques du 115, entre 2005 et 2009, reflètent, pour une bonne partie d’entre elles, l’amélioration des capacités d’accueil dans ce dispositif d’urgence, qu’il s’agisse de l’augmentation du nombre de places en hébergement d’urgence ou de celle du nombre de lignes téléphoniques utilisées pour recevoir les demandes d’hébergement. C’est beaucoup moins vrai de l’augmentation du nombre d’usagers qui, sans être totalement indépendante de l’amélioration des capacités d’accueil du 115, reflète aussi probablement une augmentation de la demande, notamment lorsque l’on décompose les appels selon l’heure de la demande.

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Graphique 9 : Évolution du nombre d'usagers du 115 en Gironde selon le profil familial (indice 2005 = 100)

50

100

150

200

2005 2006 2007 2008 2009

Années

Ensemble Hommes seules

Femmes seules Couple sans enf.

Avec. enf. (parents isolé ou couple)

Champ: Gironde. Source : 115. L'évolution des appels reçus par le 115 peut aussi être étudiée en fonction de l’heure de l'appel. En effet, l'attribution des places se faisant l'après-midi49, la matinée est consacrée aux appels d'orientation et la soirée aux appels d'orientation et aux attributions des places libérées par des désistements. Cette particularité du dispositif, l'importance de la demande d'aide par rapport à l'offre, et une meilleure connaissance du dispositif par les usagers "habitués", engendrent une tension sur les appels reçus par le 115 au moment des attributions. Pour y faire face, le dispositif a amélioré la réception des appels au fil des années (augmentation du nombre de lignes, augmentation du nombre de postes, transfert des appels excédentaires vers une ligne partenaire,...). Ainsi, il est fortement probable que la hausse très importante du nombre d'appels reçus par le 115 après 13h50, reflète l’amélioration de l’offre d’écoute par le dispositif51. En revanche, l’évolution du nombre d’appels reçus avant 13h est moins influencée par la hausse de la capacité de réception des appels au 115. En se limitant aux seuls appels reçus avant 13h, on peut remarquer une très forte augmentation des appels des usagers avec enfants ou en couple entre 2007 et 2008, mais surtout entre 2008 et 2009. Ainsi, il est probable, qu’au-delà de l’amélioration des capacités d’accueil du 115, il existe, au cours de la période 2007-2009, une hausse sensible des besoins d’hébergement d’urgence touchant en particulier les ménages avec enfants ou les couples sans enfants (graphique 11).

49 Après 16h jusqu'en 2008 et après 13h depuis 2009. 50 Entre 2005 et 2009, on observe ainsi une multiplication par 9,6 du nombre d’appels réceptionnés de 13 à 17 heures, et une multiplication par 7 du nombre d’appels réceptionnés après 18 heures (graphique 10). En comparaison la hausse du nombre d’appels réceptionnés avant 13 heures est beaucoup plus modeste (multiplication par 2,5 entre 2005 et 2009). 51 Par ailleurs, les statistiques des Restos du Cœur témoignent aussi très clairement d'un effet de meilleure couverture de dispositif sur les statistiques associatives (graphique 12).

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Graphique 10 : Évolution du nombre d'appels reçus par le 115 en Gironde selon l'heure d'appel (indice 2005 = 100)

100

200

300

400

500

600

700

800

900

1000

2005 2006 2007 2008 2009

Années

Avant 13h 13h-17h 18h ou plus

Champ: Gironde. Source : 115. Graphique 11 : Évolution du nombre d'appels reçu par le 115 avant 13h en Gironde, de l'ensemble des usagers et des usagers avec enfants ou en couple (indice 2005 = 100)

0

50

100

150

200

250

300

350

400

450

500

2005 2006 2007 2008 2009

Années

Ensemble des appels Avec enfant ou couple

Champ: Gironde. Source : 115.

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Graphique 12 : Évolution du nombre de personnes accueillies aux Restos du Cœur (indice 2005 = 100)

80

90

100

110

120

130

140

150

160

2005 2006 2007 2008 2009

Années

Champ: Gironde. Source : Restos du Cœur. III-4/ Quelques conclusions en matière d’impact de la crise économique récente

sur la situation des ménages girondins face à la précarité et à la pauvreté Dans les mois à venir, on disposera progressivement de statistiques susceptibles de rendre compte, avec davantage de précision et d’exhaustivité, de l'impact de la crise économique sur la situation des ménages girondins en matière de précarité et de pauvreté. Toutefois, les données ici utilisées permettent, malgré leur imperfection (relation indirecte avec la pauvreté, manque d’exhaustivité, difficulté à distinguer l’augmentation des besoins de l’amélioration des capacités d’accueil des dispositifs d’urgence) de formuler deux hypothèses d’évolution. Tout d’abord, l'ensemble de ces statistiques et indicateurs confirme une dégradation des ressources des ménages en Gironde, au cours de l'année 2008 et, surtout, au cours de l'année 2009. Cette dégradation de la situation des ménages girondins semble néanmoins être légèrement atténuée au regard de la dégradation de la situation des ménages observée au niveau national. Ensuite, il semblerait que la mauvaise conjoncture économique de la période 2008-2009, ait eu, au moins jusqu’en 2009, des conséquences plus sévères sur le plan de l’emploi girondin (et plus encore à l’échelle nationale), que sur celui des ressources des ménages girondins. Les évolutions du futur proche permettront de mesurer comment cette évolution péjorative récente du chômage se traduit à plus long terme en situations de pauvreté. Enfin, les statistiques des impôts locaux, comme celles des dispositifs d’urgence, reflètent une dégradation récente des ressources plus rapide pour les ménages avec

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enfants que pour les isolés, les couples sans enfants présentant apparemment une situation intermédiaire. Bien, qu’initialement, les ménages avec enfants ne constituaient pas, dans leur ensemble52, une des catégories a priori les plus touchées par la pauvreté, et qu’aujourd’hui encore cela ne semble pas être le cas, cette évolution assez rapide pourrait laisser craindre une difficulté des dispositifs sociaux institutionnels à prendre en charge l’interaction entre les nouvelles formes de vie familiale et affective et la conjoncture économique, voire les mutations structurelles de l’activité professionnelle. Cette possible inadaptation laisserait ainsi les dispositifs d’urgence prendre en charge cette contradiction émergente. Une telle situation est non seulement préoccupante pour l’équilibre quotidien de ces ménages, mais aussi à plus long terme pour le devenir des enfants qui y grandissent.

52 Sans distinguer les familles monoparentales des couples avec enfants.

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Conclusion : des résultats aux domaines d’intervention

► Les légères spécificités girondines en matière de pauvreté-précarité A l’orée de la crise récente, les indicateurs girondins de pauvreté et de précarité ne se distinguaient qu’assez modérément des niveaux observés pour l’ensemble de la France métropolitaine. Cette proximité avec la moyenne résulte d’une évolution relative assez rapide. Ainsi, à la fin des années 1990, sans faire partie des départements connaissant les situations les plus difficiles (Nord et pourtour méditerranéen), la Gironde présentait des indicateurs associés à la pauvreté et à la précarité nettement plus défavorables que ceux correspondants à l’ensemble de la métropole. Juste avant la crise récente, bien que globalement proche de la situation nationale moyenne, la Gironde présentait néanmoins quelques spécificités en matière de précarité et de pauvreté. En 2007, ses ménages à faibles revenus disposaient ainsi de ressources légèrement supérieures à celles des ménages à faibles revenus de l’ensemble de la métropole. A contrario, les salariés les moins rémunérés représentaient, en 2007, une proportion plus importante au sein du salariat privé girondin qu’au sein de l’ensemble des salariés du secteur privé de France métropolitaine. De façon moins marquée, le chômage était, en 2006, légèrement plus fréquent en Gironde que dans le reste de la France. Une partie de ces spécificités s’expliquent par la forme girondine de l’insertion des femmes dans l’emploi. De fait, la Gironde se caractérise par une présence importante des femmes dans la population active, comme on peut l’observer pour l’ensemble des régions de l’Ouest et, plus nettement encore, en Ile de France. Toutefois, à la différence des autres régions de l’Ouest et de la région parisienne, le chômage féminin est relativement fréquent en Gironde, ce qui atténue un peu l’importance relative de la participation féminine à l’emploi girondin. La forte présence relative des femmes, dans la population active girondine, associée à leur niveau de chômage relativement élevé, se traduit par un double effet :

- sur le niveau de chômage global, un peu plus élevé en Gironde que dans le reste de la métropole, ce qui n’empêche pas d’observer, en Gironde, un chômage masculin supérieur à la moyenne métropolitaine pour les moins de 30 ans,

- sur le taux d’emploi féminin, un peu plus élevé en Gironde que dans le reste de la métropole. Les femmes étant surreprésentées parmi les salariés du privé les moins rémunérés, leur assez forte participation à l’emploi girondin explique en partie le paradoxe apparent, d’une pauvreté moins importante en Gironde lorsqu’elle est mesurée à l’échelle des ménages, et légèrement plus importante lorsqu’elle l’est à l’échelle des salariés du privé considérés à titre individuel.

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► De la situation girondine à l’analyse territoriale des facteurs de précarité-pauvreté Au delà du cas girondin, la présence des femmes dans la population active, et leur niveau de chômage, n’explique qu’une modeste partie des différences départementales en matière de précarité et de pauvreté. Elle permet néanmoins de comprendre certaines discordances entre les indicateurs proposés. Ainsi, la Bretagne appartient aux régions dont les ménages aux revenus les plus faibles ont des ressources nettement supérieures aux ménages les plus pauvres de l’ensemble de la France métropolitaine, alors que, dans le même temps, les salariés du privé les moins rémunérés y sont surreprésentés. De fait, la Bretagne associe une forte présence féminine au sein des actifs et un chômage des femmes relativement faible, d’où une très forte participation des femmes à l’emploi. A cette surreprésentation des femmes faiblement rémunérées parmi les salariés du privé, s’ajoute une surreprésentation des faibles rémunérations au sein des hommes salariés du privé dans trois départements bretons sur quatre. A contrario, le Nord de la France se caractérise par une activité féminine parmi les plus faibles qui, associée à l’importance du chômage de longue durée, pourrait expliquer la coexistence :

- d’une plus grande pauvreté des ménages nordistes à faibles revenus au regard de la situation nationale de la même catégorie de ménages,

- et d’une fréquence modérée des très bas salaires au regard de leur fréquence nationale.

Dans la plupart des cas, la situation des femmes par rapport à l’emploi n’explique pas les spécificités régionales et départementales en matière de pauvreté et de précarité, et doit être pondérée par d’autres facteurs (comme le poids respectif de l’économie résidentielle et de l’économie productive). Ainsi, dans les régions méditerranéennes, les très faibles taux d’emploi féminins (résultant du cumul d’une forte inactivité féminine et du fort chômage des femmes) n’empêchent pas d’observer une surreprésentation manifeste des salariés du privé les moins rémunérés. De fait, les régions méditerranéennes se caractérisent par l’hégémonie d’une sphère résidentielle dominée par les faibles revenus, y compris masculins, un fort chômage touchant aussi les hommes et une inactivité masculine non négligeable, ce qui conduit à la coexistence d’une pauvreté relativement importante à l’échelle des ménages comme à celle des salariés. L’Ile de France présente un profil quasiment opposé avec des taux d’emploi féminins parmi les plus élevés (résultat d’une importante activité féminine et d’un relativement faible chômage des femmes) et une moindre pauvreté à l’échelle des ménages comme des salariés. La moindre fréquence des salariés du privé à très faibles revenus en Ile de France ne s’explique pas uniquement par le poids non négligeable de l’économie productive, mais plus généralement par la surreprésentation des emplois les plus qualifiés. Il convient toutefois d’atténuer cette perception relativement favorable de la situation des franciliens vis à vis de la pauvreté et de la précarité en considérant les surcoûts du logement dans l’aire urbaine parisienne. L’hétérogénéité entre les départements franciliens doit, par ailleurs, conduire à nuancer ce constat, la Seine Saint-Denis et la ville de Paris présentant une forte pauvreté des ménages qui résulte surtout du chômage, et, à un moindre degré, du salariat privé précaire. Les territoires du pourtour méditerranéen ne sont pas les seuls à fortement différer du profil francilien. En effet, certains départements ruraux, notamment du grand sud-

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ouest, présentent une situation très éloignée de celle observée en Ile de France sans toutefois que leurs caractéristiques en matière de pauvreté-précarité puissent être assimilées au profil méditerranéen. S'ils s’en rapprochent par une relativement forte pauvreté des salariés du privé (les femmes comme les hommes), ils s’en distinguent, néanmoins, par des taux d’emploi féminins et par un chômage différant peu de la moyenne métropolitaine, et par une sphère résidentielle moins hégémonique dans l’économie. Dans ces départements ruraux, la pauvreté des salariés du privé est à mettre en relation avec leur relativement faible niveau d’éducation. La structure démographique des départements a aussi un impact sur les indicateurs de pauvreté et de précarité. C’est particulièrement vrai dans les départements du nord de la France. Ainsi, la plus grande pauvreté des ménages, observée dans les départements du nord, s’explique en partie par la fréquence plus importante des familles nombreuses qui augmente le nombre moyen d’unités de consommation sans accroître les ressources. N’étant pas une spécificité récente, la plus forte fécondité nordiste se traduit aussi par un poids relativement important des 15-24 ans qui, parmi les populations d’âge actif, représentent une des catégories les plus exposées à la précarité et à la pauvreté. Cet effet de la surreprésentation des très jeunes adultes dans la population joue toutefois surtout à Paris pour y expliquer le niveau relativement important de certains indicateurs de précarité-pauvreté. Le poids des populations les plus âgées (globalement faiblement touchées par la précarité-pauvreté mais très hétérogènes en la matière) n’a pas un effet très important sur les indicateurs départementaux. La surreprésentation, dans les départements ruraux du grand sud-ouest (Tarn et Garonne, Lot et Garonne, Lozère, Tarn, Dordogne, Ariège), de certaines catégories de retraités à faibles ressources (anciens agriculteurs et artisans, mais surtout anciens aides familiaux isolés – femmes veuves dans l’immense majorité des cas –) s’ajoutant parfois à la faible rémunération des salariés du privé (hommes et femmes) faiblement qualifiés de ces territoires. Au final, les départements, dans lesquels la précarité et la pauvreté se manifestent assez faiblement, ne sont pas légion. Il s’agit essentiellement de territoires urbains (la périphérie parisienne, notamment la banlieue et le périurbain ouest ; les agglomérations de Grenoble, Nantes et Rennes). D’autres territoires urbains ne sont touchés que par une forme de précarité, c’est le cas de l’aire urbaine toulousaine (chômage), alors que d’autres grandes villes présentent une situation plus médiane (Bordeaux suite à l’amélioration observée au début des années 2000, Strasbourg suite à la détérioration relative constatée au cours de la même période). Dans tous les départements comprenant ces aires urbaines, les villes centres affichent, en raison de la surreprésentation des jeunes adultes en cours d’insertion professionnelle, des niveaux de précarité-pauvreté assez élevés pour plusieurs indicateurs. C’est donc le découpage départemental plus restreint autour de Lyon ville centre qui explique, en partie, la situation relativement peu favorable du département du Rhône. En revanche, les difficultés beaucoup plus marquées des grandes aires urbaines méditerranéennes et nordistes subsistent indépendamment du découpage géographique choisi.

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L’analyse départementale des indicateurs de précarité-pauvreté nous amène ainsi à identifier 7 facteurs53 expliquant les situations territoriales en la matière.

1 Le sous-emploi féminin. Il concerne essentiellement les départements du nord et les départements méditerranéens. Si, dans les deux cas, inactivité féminine et chômage féminin se cumulent pour conduire à de faibles taux d’emploi féminins, les départements méditerranéens affichent un chômage féminin plus important.

2 Le salariat féminin précaire. S’il touche avant tout certains départements où les femmes participent moins à l’activité professionnelle (France méditerranéenne), il concerne aussi certaines régions où l’inactivité féminine est relativement rare (sud-ouest de la France et littoral Atlantique).

3 Les difficultés d’insertion professionnelle des jeunes adultes. Cause dominante de pauvreté dans les espaces urbains centraux où les jeunes adultes sont surreprésentés, ces difficultés d’insertion professionnelle se manifestent aussi dans certains territoires urbains de banlieue proches des universités ou à forte concentration de logements sociaux.

4 Les faibles qualifications des actifs. Elles affectent notamment les populations de l’espace rural, mais aussi dans certains territoires urbains de banlieue à forte concentration de logements sociaux, dont les habitants, surtout les jeunes hommes, subissent parfois une « réputation de site » rendant leur insertion difficile.

5 L’éloignement de l’emploi et la marginalisation de certaines sous-populations touchées par le chômage de longue durée, le chômage non indemnisé, voire optant pour le retrait pur et simple de l’activité professionnelle, les minima sociaux constituant l’unique perspective de rémunération pour le long terme. Loin d’être le département le plus touché par cette forme de précarité, la Gironde occupe sur ce plan une position médiane. Comme pour de nombreux autres facteurs de précarité et de pauvreté, les départements méditerranéens et ceux du nord de la France sont les plus touchés par cette forme extrême d’exclusion sociale. C’est particulièrement vrai des départements du nord pour lesquels la part des chômeurs de longue durée et non indemnisés est non seulement importante, au sein de la population active (en raison du fort taux de chômage) mais aussi, au sein des chômeurs.

6 L’hégémonie de l’économie résidentielle qui associe souvent sous-emploi et faible rémunération des salariés des deux sexes. L’hégémonie de l’économie résidentielle vis à vis de l’économie productive est particulièrement marquée dans les départements méditerranéens où elle explique la surreprésentation des très bas salaires.

7 Les différences territoriales du coût de la vie ont naturellement une influence sur le niveau de pauvreté effectif de la population des territoires, au delà des seuls espaces où leur impact est évident (Ile de France, via le coût du logement, par exemple). De même, les dépenses (notamment de transport) induites par une localisation résidentielle ont aussi un impact sur

53 L’impact sur les indicateurs territoriaux de pauvreté, des faibles pensions versées aux agriculteurs et artisans retraités mais surtout à leurs anciens aides familiaux (pour l’essentiel leurs femmes souvent devenues veuves), reste relativement marginal. Même dans les départements ruraux du grand sud-ouest, où il se manifeste le plus, ce modeste effet des petites pensions représente peu au regard des faibles rémunérations des actifs peu qualifiés.

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la pauvreté effective des populations, bien qu’il existe, en partie, une compensation entre le coût du logement et les dépenses de transport imposées par sa localisation. Ces dimensions de la pauvreté réelle ne sont pas prises en compte dans les mesures de précarité-pauvreté. Il serait donc souhaitable de les introduire et de les confronter, de façon systématique, aux indicateurs de pauvreté monétaire dans les prochaines analyses afin de compléter les commentaires ici proposés sur ce champ.

► De l’impact des facteurs de précarité-pauvreté à l’échelle des cantons girondins aux interventions territorialisées A l’échelle des cantons girondins, ces facteurs de précarité-pauvreté sont inégalement représentés. On distingue 4 types de cantons fortement affectés par la précarité-pauvreté.

1 Les cantons de Bordeaux ou Talence sont caractérisés par un fort renouvellement démographique des résidents et des emplois du fait de groupes plutôt mobiles (étudiants, jeunes actifs, familles monoparentales) et d’un habitat dominé par les petits logements des immeubles collectifs de taille moyenne du parc locatif privé. Massivement touchés par les difficultés d’insertion professionnelle des jeunes adultes en raison de leur surreprésentation dans la population, ces cantons sont surtout marqués par des précarités transitoires (notamment pour les jeunes diplômés), mais aussi par des installations plus ou moins provisoires de populations en très grande difficulté. Ici, l’intervention publique contre la précarité-pauvreté conjugue la facilitation de l’insertion professionnelle (circulation de l’information, sensibilisation, qualifications complémentaires…) des nombreux jeunes adultes proches de l’emploi, et les prises en charge les plus lourdes (hébergement d’urgence…). Ces 2 formes d’intervention sont très convergentes avec une politique du logement ambitieuse pour l’agglomération bordelaise. Elle pourrait, en effet, permettre, aux jeunes adultes entrant dans la vie familiale et professionnelle, d’accéder à un habitat adapté à la transformation de leur mode de vie, sans qu’ils soient contraints de s’installer en périphérie très lointaine, en raison du coût du logement dans les parties plus centrales.

2 Les cantons du nord-Médoc, caractérisés par un sous-emploi massif, des actifs faiblement qualifiés, des populations socialement assez éloignées de l’emploi et une hégémonie de l’économie résidentielle (plus de la moitié des effectifs salariés en 2005), d’où le cumul d’un chômage assez important, d’une surreprésentation des faibles salaires, d’une forte couverture par les minima sociaux et d’un recours aux dispositifs d’urgence. Ici, l’intervention publique contre la précarité-pauvreté conjugue les actions de socialisation et de formation, l’amélioration de la mobilité quotidienne (transports publics….). Les cantons du nord-Blayais présentent un profil assez semblable bien que la sphère résidentielle y soit moins prédominante et les faibles salaires par conséquent moins fréquents. En revanche, le poids des populations très éloignées de l’emploi y est plutôt plus important.

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Le canton d’Arcachon offre lui aussi quelques similitudes avec ce profil mais les problèmes de mobilité quotidienne y sont bien moindres en raison de la plus forte densité de population et en conséquence de la plus grande offre de transports publics.

3 Les cantons ruraux de l’est-sud-est de la Gironde sont caractérisés par une population âgée et par des actifs faiblement qualifiés, les bas salaires y sont très surreprésentés pour les hommes comme pour les femmes. Le chômage y est relativement modéré ce qui n’empêchait pas, en 2007, de trouver, dans certains de ces cantons, une surreprésentation des bénéficiaires du RMI et de personnes très éloignées de l’emploi, n’étant sans doute plus inscrites à Pôle Emploi. C’est, notamment, le cas de Ste Foy la Grande qui cumule une surreprésentation de nombreuses formes de précarité-pauvreté. Compte tenu de la forte fréquence des faibles rémunérations de personnes en emploi, il convient que l’intervention publique cible, ici, la réduction des coûts. Le soutien à la rénovation d’un habitat ancien, dispersé et peu économe en énergie de chauffage, permettrait notamment d’y réduire la précarité énergétique et d’y favoriser un report des consommations de nature à améliorer la vie quotidienne. Les coûts en matière de mobilité quotidienne, dans ce territoire, contribuent aussi à y accroitre le coût de la vie, notamment pour les populations à faibles ressources. Une intervention publique visant la réduction des coûts de déplacement semble cependant délicate dans ces territoires caractérisés par un habitat dispersé.

4 Les cantons de la rive droite de la CUB, caractérisés par une très forte concentration du logement social et ainsi par un cumul de difficultés, associent difficultés d’insertion professionnelle des jeunes adultes, faible qualification des actifs et se traduisent par un chômage très élevé chez les jeunes actifs et élevé dans les autres tranches d’âge. Ces territoires étant bien desservis par les transports publics, c’est davantage l’employabilité de ces populations susceptibles de travailler dans d’autres parties de l’agglomération qui peut être soutenue. Si le développement économique de ces cantons est important, l’installation d’activités n’y garantira pas automatiquement l’amélioration de la situation de ceux qui y résident, les personnes travaillant dans ces entreprises n’habitant pas nécessairement sur place. Le soutien à l’employabilité passe par la formation et la qualification mais aussi par des modules de resocialisation ainsi que par la lutte contre les discriminations reposant sur les « réputations de site ».

► Interventions transversales, adaptation au contexte de crise et actions de long terme De façon plus transversale, l’information sur les compléments de revenus, offerts par le RSA « chapeau », est un levier important pour réduire la pauvreté dans les territoires girondins, notamment dans les cantons centraux (1/ Bordeaux et Talence) et dans les cantons ruraux (2/ nord de la Gironde, mais surtout 3/ sud-est de la Gironde) très concernés par les faibles rémunérations du travail.

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Cela n’est sans doute pas suffisant, car la relative sous-utilisation du dispositif RSA « chapeau » a de multiples origines. Il est, en effet, possible que les démarches administratives créent un frein à l’émergence des demandes. Dans certains cas, le faible gain de revenu résultant de ces démarches ne compenserait pas l’investissement en temps et en préoccupation que représente la constitution du dossier. On peut, toutefois, mentionner que les difficultés administratives, les blocages et les complexités rencontrées par les usagers du travail social, ne sont en rien spécifiques du RSA « chapeau ». Elles s’observent, en effet, pour l’ensemble de la relation entre l’usager et les dispositifs sociaux, lesquels incluent des services dont on peut difficilement dire qu’ils sont sous-utilisés. Il est, par ailleurs, probable que l’accès à un droit soit fortement conditionné par les représentations que les bénéficiaires potentiels ont d’eux-mêmes et de ce droit. D’une part, du fait de son objectif d’ajustement des revenus, le RSA « chapeau », qui ne classe pas les ménages dans une logique binaire, peut conduire certains bénéficiaires potentiels à n’avoir qu’une conscience très limitée de leur situation objective vis-à-vis de ce droit. D’autre part, il est possible que le recours au RSA « chapeau » apparaisse à ces bénéficiaires potentiels comme une forme d’assistance stigmatisante renvoyant à l’insuffisance des revenus de leur travail, voire remettant en cause, à leurs yeux, la valeur sociale de ce travail. Si de nombreuses formes de socialisation des richesses et d’aide individuelle aux ménages ont acquis, dans notre société, une légitimité sociale fortement intériorisée (aide au logement, gratuité des études, prise en charge des transports publics...), le complément aux revenus du travail n’en fait sans doute pas encore partie. Les difficultés de certains ménages girondins proviennent aussi de la relative vulnérabilité économique des femmes. En effet, leur participation à l’emploi (plutôt supérieure en Gironde que dans l’ensemble de la France) n’a pas augmenté aussi vite que les unions se sont raccourcies (notamment en Gironde où le risque de rupture précoce d’un couple est parmi les plus forts de France métropolitaine). Autrement dit, encore sous-employées et concernées plus que les hommes par le salariat précaire, les femmes, notamment les mères, sont économiquement très vulnérables aux ruptures d’union, mais aussi aux détériorations économiques conjoncturelles, car si la rupture d’union favorise la survenue de la pauvreté, l’appauvrissement du ménage peut accroître le risque de rupture familiale. Dans ce contexte, la crise récente et l’augmentation du chômage ont un effet qui semble plus délétère sur les familles avec enfants, soit à travers la réduction du revenu de familles via la perte d’emploi d’un des membres du couple, soit à travers une plus grande difficulté à s’adapter à des ruptures familiales plus précoces dans la région. L’accroissement très récent des indices de pauvreté, et notamment de grande pauvreté (nécessitant le recours aux dispositifs d’urgence), semble, en effet, plus rapide pour les ménages avec enfants que pour les personnes seules (pourtant globalement plus touchées par la pauvreté avant et depuis la crise). Cela pourrait montrer que les dispositifs sociaux mis en place et modifiés, au cours des 20 dernières années pour s’adapter à la pauvreté et à ses évolutions, répondent aujourd’hui mieux aux difficultés des personnes seules (plutôt majoritaires dans les populations précaires et pauvres) qu’à celles des ménages avec enfants. Cette possible différence d’adaptation des dispositifs sociaux selon le type de ménage pourrait être aggravée par la géographie de la crise récente. En matière d’emploi, la détérioration récente est, en Gironde, d’autant plus importante que le territoire est périphérique, avec une agglomération bordelaise nettement moins touchée que l’ensemble de la France métropolitaine, mais un quart nord-nord-est (Libournais-Blayais) davantage affecté. Or les personnes seules sont

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surreprésentées dans les populations en difficulté économique et sociale de l’agglomération bordelaise, ce qui est beaucoup moins vrai des territoires girondins périphériques. A court terme, cela plaide en faveur d’actions ciblant davantage les enfants vivant dans des ménages en difficulté. A plus long terme, ces vulnérabilités familiales et domestiques commanderaient de favoriser l’autonomie économique et professionnelle des femmes en les orientant davantage vers les filières les plus qualifiantes, action devant débuter dès l’enseignement secondaire. Enfin, les travaux à venir de l’observatoire tenteront d’appréhender la situation des 18-24 ans malgré les difficultés d’analyse statistique de leur niveau de précarité-pauvreté (intervalle d’âge pour lequel l’autonomie financière et la situation vis-à-vis de la formation initiale restent floues). Pour ce faire, les sources statistiques habituelles qui, sans être muettes sur cette question, sont difficiles à interpréter, seront complétées par les données du monde associatif, par les ateliers qualitatifs (parcours de vie) et par les groupes de parole. Au cœur des politiques sociales en cours de mise en place, les adultes pauvres de moins de 25 ans doivent être mieux connus pour améliorer la pertinence de leur accompagnement social. A l’autre bout du cycle de vie, la pauvreté des retraités a une faible visibilité statistique en raison de l’amélioration considérable des carrières et des conditions de sortie d’activité dont ont bénéficié les personnes nées dans les années 1940. Pour autant, dans le contexte actuel de réforme de ces conditions, un regard prospectif sur cette question devra alimenter les réflexions futures de l’observatoire.

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ANNEXES Définition des indicateurs utilisés Cartes complémentaires Bibliographie Le projet d'Observatoire Girondin de la Précarité et de la Pauvreté Les membres de la Conférence Girondine de la Précarité et de la Pauvreté Le Conseil scientifique : biographies succinctes Glossaire des acronymes et sigles utilisés Liste des cartes, tableaux et graphes utilisés

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Définition des indicateurs utilisés 

1. Rapport entre le premier décile de revenus fiscaux par unité de

consommation du département, et le premier décile de revenus fiscaux par unité de consommation de l’ensemble de la France métropolitaine : le premier décile (D1) du revenu fiscal par unité de consommation (UC) est tel que 10 % des personnes appartiennent à un ménage qui déclare un revenu par UC inférieur à cette valeur, et 90 % présentent un revenu supérieur. La valeur de ce décile, pour un canton ou un département, est ainsi rapportée à la valeur du premier décile de revenus fiscaux par unité de consommation de l’ensemble de la France métropolitaine.

2. Proportions de ménages fiscaux non-imposés : le nombre de ménages fiscaux n’ayant pas d’impôt à acquitter au titre de l’impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP) est rapporté au nombre total de ménages fiscaux.

3. Proportions de salariés ayant perçu moins que le premier décile de revenus salariaux : le premier décile du revenu salarial net total est tel que 10 % des salariés ont perçu une rémunération nette totale inférieure à cette valeur lors d’une année n. Le nombre de salariés d’une zone géographique ayant perçu moins que la valeur de ce premier décile pour l’ensemble de la France métropolitaine est rapporté au nombre total de salariés de la zone géographique en question.

4. Proportions de chômeurs (données Pôle Emploi) au sein de la population active : les demandeurs d'emploi en fin de mois concernés ici sont ceux inscrits à l'Agence nationale pour l'emploi (ANPE), et qui avaient une demande en cours au 31 décembre 2005. Les catégories concernées (telles qu’elles étaient définies à cette date) sont les 1, 2 et 3, c’est-à-dire les personnes immédiatement disponibles à la recherche d’un emploi, soit à durée indéterminée à temps plein (catégorie 1) ou à temps partiel (catégorie 2), soit à durée limitée (catégorie 3). Ces demandeurs d’emploi n’ont pas exercé une activité réduite de plus de 78 heures au cours du mois précédent. Leur effectif est rapporté à l’effectif de la population active âgée de 15 à 64 ans au 1er janvier 2006, telle qu’elle est fournie par le Recensement rénové de la population. Cette méthode diffère du calcul du taux de chômage tel qu’il est effectué par Pôle Emploi, utilisant population active dite "au sens de la comptabilité nationale", calculée à partir de différentes sources statistiques (sources administratives, enquêtes).

5. Proportions de demandeurs d’emploi non indemnisés parmi l’ensemble des demandeurs d’emploi : nombre de demandeurs d’emploi sans emploi âgés de 15 à 64 ans et inscrits à Pôle Emploi ne percevant pas de revenu de remplacement, rapporté à l’ensemble des demandeurs d’emploi sans emploi âgés de 15 à 64 ans et inscrits à Pôle Emploi.

6. Proportions de demandeurs d’emploi non indemnisés au sein de la population active : nombre de demandeurs d’emploi sans emploi âgés de 15 à 64 ans et inscrits à Pôle Emploi ne percevant pas de revenu de remplacement, rapporté à l’ensemble de la population active telle que fournie par le recensement rénové de la population.

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7. Proportions de demandeurs d’emploi de longue durée parmi l’ensemble des demandeurs d’emploi : nombre de demandeurs d’emploi sans emploi âgés de 15 à 64 ans et inscrits à Pôle Emploi depuis 12 mois ou plus, rapporté à l’ensemble des demandeurs d’emploi sans emploi âgés de 15 à 64 ans et inscrits à Pôle Emploi.

8. Proportions de demandeurs d’emploi de longue durée au sein de la population active : nombre de demandeurs d’emploi sans emploi âgés de 15 à 64 ans et inscrits à Pôle Emploi depuis 12 mois ou plus, rapporté à l’ensemble de la population active telle que fournie par le recensement rénové de la population.

9. Proportions de chômeurs (données RRP) au sein de la population active : nombre de chômeurs âgés de 15 à 64 ans dénombrés par le recensement rénové de la population (RRP), rapporté au nombre d’actifs âgés de 15 à 64 ans dénombré par le recensement rénové. Cet indicateur diffère des proportions de demandeurs d’emploi présentées plus haut, dans la mesure où le numérateur comprend toutes les personnes se déclarant au chômage lors des opérations de collecte, et pas uniquement les individus présents sur les listes de Pôle Emploi.

10. Taux de couverture de la population âgée de 25 à 59 ans par le RMI : nombre de bénéficiaires du RMI (Allocataires + conjoints éventuels) âgés de 25 à 59 ans, rapporté à l’ensemble de la population âgée de 25 à 59 ans.

11. Proportions de familles monoparentales couvertes par l’API : nombre de familles monoparentales couvertes par l’Allocation parent isolé, rapporté au nombre total de familles monoparentales.

12. Proportions d’usagers des Restos du Cœur dans la population totale : nombre d’usagers des Restos du Cœur, rapporté à la population totale.

13. Proportions de résidences principales en situation de surpeuplement parmi l’ensemble des résidences principales : nombre de résidences en situation de surpeuplement selon les critères exposés en note de bas de page 80, rapporté au nombre total de résidences principales.

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Cartes complémentaires 

Carte 1a : Proportions de demandeurs d’emploi non-indemnisés parmi l’ensemble des demandeurs d’emploi54 dans les départements de France métropolitaine

au 31 décembre 2006

Source : Pôle Emploi Traitement : OGPP

Carte 1b : Proportions de demandeurs d’emploi non-indemnisés parmi l’ensemble des demandeurs d’emploi55 dans les cantons girondins, au 31 décembre 2006

Source : Pôle Emploi Traitement : OGPP

54 Champ : demandeurs d’emploi inscrits à Pôle Emploi au 31/12/2006, âgés de 15 à 64 ans et sans activité professionnelle. 55 Idem note 54.

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Carte 2a : Proportions de demandeurs d’emploi de longue durée parmi l’ensemble des demandeurs d’emploi56

dans les départements de France métropolitaine, au 31 décembre 2006

Source : Pôle Emploi Traitement : OGPP

Carte 2b : Proportions de demandeurs d’emploi de longue durée

parmi l’ensemble des demandeurs d’emploi57 dans les cantons girondins au 31 décembre 2006

Source : Pôle Emploi

Traitement : OGPP

56 Champ : demandeurs d’emploi inscrits à Pôle Emploi au 31/12/2006, âgés de 15 à 64 ans et sans activité professionnelle. 57 Idem note 56.

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Bibliographie 

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Actualités Sociales Hebdomadaires, "Lutte contre l’exclusion : observer la pauvreté, pour quoi faire ?", ASH n°2636 du 11 décembre 2009, 2009. AIDELF. Démographie et destin des sous-populations, actes du colloque de Liège, édition de l’Association Internationale des Démographes de Langue Française, 1981. ALLEGRE Guillaume et PERIVIER Hélène. « Pauvreté et activité : vers quelle équation sociale ? » Lettre de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) n°262, 2005. AUZET Laurent, FÉVRIER Magali, LAPINTE Aude, "Niveaux de vie et pauvreté en France : les départements du Nord et du Sud sont les plus touchés par la pauvreté et les inégalités", INSEE Première n°1162, 2007.

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ONPES, "Bilan de 10 ans d’observation de la pauvreté et de l’exclusion sociale à l’heure de la crise", Rapport 2009-2010, 2010.

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Le Projet d'Observatoire Girondin de la Précarité et de la Pauvreté en 2009  

Le pays a progressé en niveau de vie mais également en précarité  dont  l’intensité  s’est  accrue.  Aujourd’hui,  ce sont  près  de  170 000  Girondins  qui,  selon  l’INSEE (référence 2007), se situent au seuil de pauvreté fixé à 60 % du niveau de vie médian et vivent avec moins de 908  euros  par  mois ;  un  pauvre  sur  deux  possèdant moins de 757 euros pour vivre par mois. La crise, qui se développe au plan mondial,  commence à produire  ses effets en France. 

Le  Conseil  Général  est  la  collectivité  locale principalement dédiée à l’action sociale, ayant en charge les publics en difficulté. Il lui était nécessaire, dans un tel contexte,  d’améliorer  la  connaissance,  et  surtout  de disposer  d’un  outil  d’adaptation  de  ses  politiques publiques aux formes de précarisation changeantes dans le temps et dans l’espace. C’est dans cette logique, que le  Président  du  Conseil  Général  de  la  Gironde, Philippe MADRELLE, a créé,  le 1er  septembre 2008, la  Mission  Précarité‐Pauvreté  placée  sous  la responsabilité politique du Vice‐président en charge des grands projets transversaux, Gilles SAVARY. 

La Mission Précarité‐Pauvreté contribue à préparer et mettre en oeuvre l’organisation utile à la création d’un observatoire  girondin de  la précarité et de  la pauvreté en Gironde qui a été délibérée en plénière du 18 décembre 2008. 

Il s'agit, au travers de ce nouvel outil que constitue l’observatoire,  de  repérer  les  domaines  dans lesquels il importe de mettre en oeuvre des actions publiques  visant  à  prévenir  les  processus  de précarisation  et,  par  voix  de  conséquence,  rendre plus efficientes les politiques départementales. 

Le Conseil Général ne prétend pas  s’engager dans des travaux  qui  pourraient  être  réalisés  ailleurs  mais  il souhaite fédérer les acteurs  institutionnels et associatifs pour partager une connaissance qui permette de mieux comprendre pour agir, sans préjudice des responsabilités et  des  compétences  de  chacun  des  niveaux institutionnels, le plus en amont possible, et de la façon la plus globale et articulée, pour prévenir les situations de décrochage dans la précarité. 

Pour  ce  faire,  une  organisation  du  projet  a  été formalisée dans  les différentes dimensions utiles à sa  concrétisation  sur  un  mode  ouvert  de  co‐construction  servant  la  mutualisation  des informations  et  analyses  avec  les  différents partenaires  impliqués  sur  la  thématique  de  la précarité‐pauvreté. 

La finalité du projet : INTRODUIRE UN PRINCIPE DE PRECAUTION  SOCIALE  DANS  NOS  POLITIQUES PUBLIQUES Il  s’agit  d’introduire  un  principe  de  précaution  sociale dans les politiques départementales (sociales, logement, transports,  localisations  d’activités,  équipements publics…)  y  compris  celles  qui  ne  seraient  pas directement gérées par  le conseil général  (cf SCOT, PLU…)pour  augmenter  la dimension prévention de la précarisation des Girondins. 

Connaître pour mieux comprendre et mieux agir : Cette connaissance permettra de comprendre pour agir en augmentant  la dimension de prévention sociale des politiques  et  donc  en  agissant  en  amont  des phénomènes de décrochage social par une connaissance des  déterminants  de  la  précarité  sur  les  différents territoires girondins.  Les autres dispositifs d’observation L’Observatoire Girondin de la Précarité et de la Pauvreté s’articulera  avec  les  autres  dispositifs  d’observation existant : 

Au  niveau  européen,  l’observatoire  social européen ; 

Au  niveau  national,  l’observatoire  national  de  la pauvreté et de l’exclusion sociale (ONPES) ; 

Au  niveau  régional,  la  plateforme  d’observation sanitaire et sociale d’Aquitaine (POSS). 

 Une gestion en mode projet pour : 

Valoriser  l’existant  en  produisant  un  premier rapport  dès  2010  =  cartographies  des  données quantitatives utiles et disponibles 

Sur la première année, à moyens constants  Construire les conditions d’un observatoire utile. 

 Les instances du projet  

        

CONFERENCE GIRONDINE DE LA PRECARITE ET DE LA PAUVRETE

(CGPP)CONSEIL

SCIENTIFIQUE

OBSERVATOIRE GIRONDIN DE LA PRECARITE ET DE LA PAUVRETE (OGPP)

équi

pepr

ojet

COMITE DE PILOTAGE

PCG

services du Conseil Général CRIT

Rapport annuel de l'Observatoire Girondin de la Précarité et de la Pauvreté - 2010

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Une CONFERENCE GIRONDINE PRECARITE‐PAUVRETE (CGPP) : • co‐présidée par le Conseil Général et l’Etat • animée  par  un  Secrétaire  Général  >>  Michel BLANCHARD, personnalité du monde associatif 

• constituée  par  l’ensemble  des  partenaires  socio‐économiques  institutionnels,  univer‐sitaires  et associatifs  intervenant dans  le champ de  la précarité‐pauvreté : 

►  institutionnels  dont  le  métier  est  de  traiter  des données. ►  institutionnels qui produisent des données  sur  les dispositifs qu’ils gèrent. ►  associations  inscrites  dans  la  lutte  contre  les inégalités sociales.   Un CONSEIL SCIENTIFIQUE : • en appui de la Conférence Girondine de la Précarité et de la Pauvreté, 

• réunissant des démographes, statisticiens, sociologues, économistes… 

• réunissant : Ramon  PEÑA‐CASAS  (chercheur  senior  à l’Observatoire  Social  Européen,  spécialisé  sur  les questions  de  pauvreté  et  exclusion  sociale), Maryse MARPSAT (administrateur à INSEE, membre du conseil scientifique  de  l’ONPES),  Robert  LAFORE  (directeur honoraire  IEP  Bx  et  docteur  en  droit  public),  Jean‐Claude  GILLET  (professeur  émérite  en  sciences  de l’éducation à Bx3), Alain MOREAU (statisticien au SGAR Aquitaine). 

►  pour  valider  les  aspects  techniques  et méthodologiques. Ses réunions en 2009 : 20 avril et 23 septembre.   Un opérateur externe : l’IEDUB L’IEDUB,  Institut  d'Etudes  Démographiques  de l’Université de Bordeaux  IV assure  l'accompagnement méthodologique sur le référentiel d’indicateurs, un soutien aux ateliers qualitatifs ainsi que l’analyse et la réalisation du premier rapport en 2010.   Un COMITE DE PILOTAGE :  Il est animé par Gilles SAVARY, vice‐président du CG33. • l'Etat >> la directrice de la DDCS • les vice‐présidents du Conseil Général en charge de : ‐  l’habitat, du développement social urbain et  rural, de l’insertion, l’urbanisme et la maîtrise foncière ; ‐ la citoyenneté, de l’éducation et de la jeunesse ;  

‐ l’économie solidaire ; la solidarité, l’autonomie et les actions sociales ; ‐ des transports et intermodalité. • les directeurs généraux du Conseil Général : ‐ Le directeur général des services départementaux ; ‐ Le directeur général adjoint chargé du développement ; ‐ Le directeur général adjoint chargé de la solidarité. • l’équipe projet. ►  commandite,  fixe  les  orientations  et  prises  de décisions  et  valide  la  conformité  à  la  commande  (des thèmes de travail, du calendrier, des livrables…)   Une ÉQUIPE PROJET :  • Une  personnalité  externe,  également  Secrétaire 

Général de la CGPP, Michel Blanchard ; • Un cadre du conseil général, directeur de la Mission 

Précarité‐Pauvreté  et  chef  de  projet,  Béatrice Blanchet‐Lacheny 

                      b.blanchet‐[email protected]                      05 56 99 53 91 ► anime, coordonne et accompagne le projet dans ses différentes phases ; ► assure le secrétariat et les articulations avec le comité de pilotage  (préparation des travaux et mise en œuvre des orientations et décisions).    Les démarches du projet Ces  étapes  s’articulent  autour  de  deux  axes d’exploration : 

1‐ Un axe quantitatif qui inclut des espaces de travail sur les données disponibles en interne au conseil général et chez les différents partenaires (qui ont désigné un ou des référents  pour  cet  observatoire)  :  l’accessibilité  des données,  leur  modélisation  sous  forme  de  cartes infradépartementales, sera validée par l’IEDUB sur cette première année. Deux types d’analyses seront conduits : 

a. Une  analyse  quantitative  cartographiée  à  l’échelle des  cantons  girondins  (différentes  formes  de pauvreté, mesurées par les données administratives localisées) : >> état des lieux autour des thèmes :  La pauvreté monétaire (revenus fiscaux et 

salariaux)  La demande d’emploi  Le recours aux minima sociaux  Le recours aux dispositifs d’urgence  Le mal logement 

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b) Une  analyse  quantitative  plus  générale mais  plus 

approfondie des processus d’entrée et de sortie de la  pauvreté  (facteurs  biographiques,  facteurs contextuels et marqueurs stables), avec tentative de déclinaison territoriale. 

 2‐ Un axe qualitatif sur la base d'ateliers thématiques proposés  en  tant  que  lieux  d'échanges  entre professionnels autour d'informations de terrain. Pour 2009,  ses échanges  sont organisés en 

six ateliers qui  s’appuient  sur une grille de questionnement  qui  a  été  envoyée préalablement aux participants  :  la précarité énergétique,  le  logement,  les  problématiques des  familles  monoparentales,  la  précarité‐pauvreté en milieu rural, les travailleurs pauvres, la santé.

Pour  2010,  des  séminaires    permettront d’approfondir trois problématiques : 

o Cycles de vie >> jeunesse et précarité o Habitat et aménagement du territoire o Santé et nutrition 

   Le calendrier du projet - Délibération  du  CG33  sur  la  création  de 

l'Observatoire Girondin de  la Précarité et de  la Pauvreté : 18 décembre 2008 

- Installation  de  la  Conférence  Girondine  de  la Précarité et de la Pauvreté : 6 février 2009 

- Activité  des  groupes  techniques  et  des  ateliers thématiques : 1er semestre 2009. 

- Rapport  de  synthèse  des  ateliers  thématiques 2009 >> Conférence Girondine de la Précarité et de la Pauvreté du 20 novembre 2009 

- Rapport d'analyse des cartographies du premier état des lieux : 1er semestre 2010 

- Portail internet pour les membres de la Conférence Girondine Précarité‐Pauvreté >> fin 2010. 

       

      L’installation de la Conférence Girondine Précarité‐Pauvreté (CGPP) le 6 février 2009 128  décideurs  ont  participé,  représentant  des institutions,  associations  locales  et  ONG  dont l’action  s’intéresse  aux  problématiques  de  la précarité  en  Gironde.  Cette  participation  s’est répartie,  selon  la  logique  des  collèges  qui composent cette CGPP, de la façon suivante : 

Collège  des  associations  et  ONG :  28 participants (22%) 

Collège  des  institutionnels :  33  participants (26%) 

Collège  des  laboratoires  et  observatoires :  8 participants 

Conseil scientifique : 2 participants  Elus  du  Conseil  Général  33 :  13  participants (10%) 

Administratifs  du  Conseil  Général  33 :  41 participants dont 28 de la DGASolidarité (32%) 

Journalistes : 3 participants (2%)    La 2ème Conférence Girondine Précarité‐Pauvreté (CGPP) le20 novembre 2009 a permis de diffuser les synthèses  des  ateliers  thématiques  de l'Observatoire  Girondin  de  la  Précarité  et  de  la Pauvreté  disponibles  dans  un  rapport  de  synthèse accessible  sur  le  site  du  conseil  général  de  la Gironde  (www.gironde.fr  /  rubrique  "insertion  et RMI" / sous‐rubrique "les Actualités" : 20 novembre 2009  >>  "pauvreté‐précarité,  le  conseil  général  en première ligne").  Près de 200 participants dont les 2/3 représentaient des institutions (1/3) ou des associations (1/3).      

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Les membres de la Conférence Girondine Précarité‐Pauvreté (CGPP) en 2009 La liste ainsi établie (par ordre alphabétique) est susceptible de modifications 

liées aux axes de travail de l’observatoire.    

La Conférence Girondine Précarité‐Pauvreté est ouverte à l'ensemble des conseillers généraux de la Gironde. De  façon  permanente,  siègeront  les  conseillers généraux,  vice‐présidents  participant  au  comité  de pilotage  de  l'Observatoire  Girondin  de  la  Précarité‐Pauvreté : • les vice‐présidents du Conseil Général en charge de : ‐  l’habitat, du développement social urbain et rural, de l’insertion,  l’urbanisme  et  la  maîtrise  foncière :  Jean TOUZEAU ‐ la citoyenneté, de l’éducation et de la jeunesse : Alain MAROIS ‐ l’économie solidaire : Jean‐Luc GLEYZE la  solidarité,  l’autonomie et  les  actions  sociales : Edith MONCOUCUT ‐ des transports et intermodalité : Michel FROUIN.  Siègent  également,  à  titre  permanent,  les  conseillers généraux membres des commissions : ‐ Habitat, développement social urbain et rural, présidée par Martine JARDINE ‐ Emploi‐insertion, présidée par Hervé GILLE ‐ Personnes handicapées, personnes âgées et actions de santé, présidée par Pierre YERLES ‐ Enfance‐famille, présidée par Daniel JAULT.   Trois collèges ont, par ailleurs, été constitués :  ►  Institutionnels  dont  le métier  est  de  traiter  des données : L’A‐URBA  (Agence  d’Urbanisme  de  Bordeaux  et Aquitaine),  le  Centre  de  Ressources  et  Informations Territoriales  (CRIT)  du  conseil  général,  le  Conseil Economique  et  Social Régional  d'Aquitaine,  le CREAHI (Centre Régional d'Etudes et d'Actions sur les Handicaps et  les  Inadaptations),  l’IEDUB  ‐ Bx  IV  (Institut d’Etudes Démographiques de  l’Université de Bordeaux),  l’INSEE, l’ISPED (Institut de Santé Publique, d'Épidémiologie et de Développement),  l'ONPES  (Observatoire National de  la Pauvreté et de l'Exclusion Sociale), l’Observatoire Social Européen,  l’ODAS  (Observatoire  National  de  l’Action Sociale Décentralisée), l’ORSA (Observatoire Régional de Santé  d’Aquitaine),  le  PDALPD  ‐  Observatoire  sur  le 

logement  des  plus  démunis,  la  POSS  (Plateforme régionale d'Observation Sanitaire et Sociale).  ►  Institutionnels  et  opérateurs  qui  produisent  des données sur les dispositifs qu’ils gèrent : L’Agence  Locale  de  l’Energie,  l’ANAH,  l’ARH  (Agence Régionale de  l'Hospitalisation),  la Banque de France,  la CAF,  les  CCAS  (Bègles,  Bordeaux,  Cenon,  Floirac, Lormont, Mérignac, Pessac, St Médard en Jalles), le CHU de Bordeaux (Permanence d’accès aux soins), la COMED (commission  de  médiation  du  droit  opposable  au logement),  la  Conférence  Départementale  des Organismes Sociaux pour l'Habitat en Gironde, la CPAM, le Creaq, la DDASS, la DDE (Direction Départementale de l'Equipement), la Direction Départementale Des Services Fiscaux,  la  DDTEFP,  la  Direction  Départementale  des Impôts,  la  DRASS,  la  DRTEFP,  EDF,  le  FSL  (Fonds  de Solidarité  du  Logement),  Gaz  de  Bordeaux,  Gaz  de France‐Suez,  InCité,  la  Lyonnaise des eaux,  la MSA,  le PACT, les 6 PLIE de Gironde, le Pôle Emploi Gironde,  la Préfecture  de  la  Gironde,  le  Rectorat  académie  de Bordeaux, le Siphem, l’UDCCAS (Union Départementale des Centres Communaux  d'Action  Sociale), Urbanis  et les directions du conseil général 33…  ► ONG, associations  inscrites dans  la  lutte contre  les inégalités sociales : Le 115, APRRES 33 (Association Pour la Réinsertion et la Rééducation Educative et Sociale), ATD QUART MONDE, la  BANQUE  ALIMENTAIRE,  BIC  (Bordeaux  Inter Challenge),  la  Bienfaisance  Israélite,  le  CAIO  (Centre d'Accueil  d'Information  et  d'Orientation),  CARREFOUR DES CULTURES, le CISS Aquitaine (Collectif Interassociatif Sur  la  Santé),  le  COS  QUANCART,  la  CROIX  ROUGE délégation départementale, LE DIACONAT de Bordeaux, EMMAUS,  la  FNARS,  la  FONDATION ABBE PIERRE,  les FRANCAS de Gironde,  le GARIE,  INSUP, MEDECINS DU MONDE,  la  PLATEFORME D'ACCUEIL DES  PERSONNES EN ERRANCE (PAPE),  le PRADO,  le RESEAU CLARTE,  les RESTOS  DU  CŒUR,  REVIVRE,  le  SAMU  SOCIAL,  le SECOURS  CATHOLIQUE,  le  SECOURS  POPULAIRE,  La SOCIETE  SAINT  VINCENT  DE  PAUL,  SOLIDARITE JEUNESSE,  l’UBABS,  l’UDAF  (Union  Départ.  des Associations Familiales), l’URIOPSS… 

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Le conseil scientifique : biographies succinctes   Ramon PEÑA‐CASAS  Sociologue de formation et doté d'une grande expertise en matière d'analyse socio‐économique et de techniques empiriques,  Ramón  Peña‐Casas  a  rejoint  l'équipe  de l'OSE (Observatoire Social Européen) en 2000. Il  s'est  impliqué,  en  tant  que  chercheur  Senior  dans  le domaine  « Pauvreté  et  exclusion  sociale,  Indicateurs, Emploi »,  dans  divers  projets  relatifs  aux  interrelations de plus en plus  complexes des  sphères de  l'emploi, du social  et  de  la  protection  sociale  dans  le  contexte  des méthodes de gouvernance  souples  (méthodes ouvertes de  coordination  (MOC)  qui  se  sont  multipliées  ces dernières années au niveau de l'Union européenne.  Participe,  notamment,  au  groupe  fédéral  sur  les indicateurs  de  pauvreté  et  d’exclusion  sociale  du Ministère  des  Affaires  Sociales  ainsi  qu’au  groupe  de concertation  de  la mesure  et  de  la  connaissance  de  la pauvreté au service de lutte contre la pauvreté.  Une de ses publications :  « Regards croisés : mesures relatives et budgétaires de la pauvreté »,  (avec Guio, A‐C.),  in  Laffut M.  et Roy M‐R. (eds),  Pauvreté  et  exclusion  sociale :  un  partage  de connaissances  et  d’expériences  entre  la Wallonie  et  le Québec, Éditions De Boeck, 2007. 

Maryse MARPSAT  Statisticienne  et  sociologue,  Maryse  MARPSAT  est administrateur  de  l'Insee  et  chercheuse  associée  à l'Institut  national  d'études  démographiques  et  à  l'UMR CSU  (Cultures  et  sociétés  urbaines)  du  CNRS ;  elle enseigne à l'EHESS (école des hautes études en sciences sociales) et est membre de l’Observatoire National de la pauvreté et de l’exclusion sociale. Les  travaux de Maryse Marpsat  sur  la pauvreté  se sont appuyés  sur  de  multiples  approches,  historique, sociologique, économique, etc., et pour beaucoup sur les enquêtes  statistiques en  la matière,  celles de  l’Insee et de  l’INED essentiellement. Ces études  lui ont permis de souligner  l’importance des différentes dimensions de  la pauvreté et, en particulier, des situations marginales de logement  (parc  social de  fait,  squats, hébergement par un tiers ou par une institution).  Une de ses publications : « L’enquête  de  l’INSEE  sur  les  sans‐domicile :  quelques éléments historiques », Courrier des statistiques,  INSEE, Paris, n°123, janvier‐avril 2008, p.53‐64. 

Robert LAFORE  Docteur  d'Etat  en  Droit  public,  agrégé  de  Droit  public, Robert  LAFORE  est  directeur  honoraire  de  l'IEP  de Bordeaux, dont il est membre du Conseil d'administration. Responsable  du  parcours  de  spécialisation  « Gouvernement des institutions et des politiques sociales » dans  la  mention  de  master  «Administration  et  action publique »  Membre  du  Conseil  scientifique  de  l'Ecole  des  hautes études en santé publique (EHESP)  Il est membre du Conseil d'administration de l'UNIOPSS et assure  la  présidence  du  Conseil  de  prospective  de l'UNIOPSS  Membre du Conseil d'administration de la CAF‐Gironde.  Une de ses publications : « Droit  et  pauvreté :  les  métamorphoses  du  modèle assistanciel  français », Revue de Droit  Sanitaire  et  Social, 2008, p.111‐125. 

Jean‐Claude GILLET  Professeur  émérite  en  Sciences  de  l’éducation  à l’Université de Bordeaux 3 ‐ IUT Michel de Montaine, Jean‐Claude GILLET est Coordonnateur du Réseau Inter‐national de  l'Animation  (RIA) et  responsable scientifique de  l'ISIAT (Institut Supérieur d'Ingénieurs‐Animateurs Territoriaux). Il  exerce  également  plusieurs  responsabilités scientifiques : Membre  du  conseil  scientifique  de  la  revue  "RED 

IBEROAMERICANA  DE  ANIMACIÓN  SOCIOCULTURAL", Lazer, Animação Cultural e Estudos Culturais, Brésil.   Membre du comité de  rédaction de  la  revue "LICERE", 

Université Fédérale de Minas Gerais, Brésil.   Membre du comité de rédaction de  la revue "Pensar a 

Prática" de  la faculté d’éducation physique de  l’Université fédérale de Goiás, Brésil   Membre du  comité de Rédaction de  la  revue  virtuelle 

(sur  le  net)  Quaderns  d’animacio  i  educacio  social, Espagne. 

Alain MOREAU  Statisticien au  sein de divers  services déconcentrés de  la région  Aquitaine  (Direction  Départementale  de l’Agriculture  de  la  Gironde,  Direction  Régionale  de l’Agriculture et de la Forêt d’Aquitaine, Direction Régionale des  Affaires  Sanitaires  et  Sociales  d’Aquitaine,  Caisse Régionale  d’Assurance  Maladie  d’Aquitaine,  Direction Régionale  du  Travail,  de  l’Emploi  et  de  la  Formation Professionnelle  d’Aqui‐taine),  Alain  MOREAU  est  depuis 2003,  chargé  de  mission  auprès  du  Préfet  de  la  région Aquitaine  au  SGAR  et  membre  du  Club  Aquitain d’Evaluation de la Société Française de l’Evaluation (SFE).  

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Glossaire des acronymes et sigles utilisés 

    

AAH ................................................Allocation Adulte Handicapé 

ADEME............................................Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie 

ANPE............................................ Agence Nationale Pour l'Emploi 

APA .................................................Allocation Personnalisée d'Autonomie 

API ..................................................Allocation Parent Isolé 

ASH.............................................. Actualités Sociales Hebdomadaires 

A‐URBA...........................................Agence d'Urbanisme de Bordeaux et de l'Aquitaine 

BIT ............................................... Bureau International du Travail 

CAF .................................................Caisse d'Allocations Familiales 

CAIO................................................Centre  d'Accueil,  d'Information  et  d'Orientation  des personnes en errance 

CCAS ...............................................Centre Communal d'Action Sociale 

CDD ............................................. Contrat à Durée Déterminée 

CERC ............................................ Conseil  de  l'Emploi,  des  Revenus  et  de  la  Cohésion sociale 

CESF ................................................Conseiller en Economie Sociale et Familiale 

CG ...................................................Conseil Général 

CISS .................................................Collectif Interassociatif Sur la Santé 

CMU................................................Couverture Maladie Universelle 

CNAF............................................ Caisse Nationale d'Allocations Familiales 

CPAM..............................................Caisse Primaire d'Assurance Maladie 

CREAHI............................................Centre Régional d'Etudes et d'Actions sur  les Handicaps et les Inadaptations 

CREAQ ............................................Centre Régional d'Eco‐énergétique d'Aquitaine 

CREDOC ....................................... Centre  de Recherche pour  l'Etude  et  l'Observation  des Conditions de Vie 

CUB .................................................Communauté Urbaine de Bordeaux 

CVS .............................................. Correction des Variations Saisonnières 

DADS ........................................... Déclaration Annuelle des Données Sociales 

DAGMS ...........................................Direction Affaires Générales et Moyens de la Solidarité 

DALO...............................................Droit Au Logement Opposable 

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DARES.......................................... Direction  de  l'Animation  de  la  Recherche,  d'Etudes  et des Statistiques 

DAS .................................................Direction des Actions de Santé 

DATDS.............................................Direction  des  Actions  Territorialisées  et  du Développement Social 

DDASS.............................................Direction  Départementale  des  Affaires  Sanitaires  et Sociales 

DDCS............................................ Direction Départementale de la Cohésion Sociale 

DDE .................................................Direction Départementale de l'Equipement 

DDT .................................................Direction du Développement Territorial 

DEF..................................................Direction Enfance et Famille 

DEFM ..............................................Demandeurs d’Emploi en Fin de Mois 

DGAC ..............................................Direction Générale Adjointe de la Culture 

DGAD ..............................................Direction Générale Adjointe du Développement 

DGAS ..............................................Direction Générale Adjointe de la Solidarité 

DGI .............................................. Direction Générale des Impôts 

DGSD ..............................................Direction Générale des Services Départementaux 

DPLE................................................Direction des Politiques de Lutte contre l'Exclusion 

DREES .......................................... Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques  

EDF..................................................Electricité De France 

EIE ...................................................Espace Info Energie 

FNARS .............................................Fédération  Nationale  des  associations  d'Accueil  et  de Réinsertion Sociale 

FSL ..................................................Fonds Solidarité Logement 

GARIE..............................................Groupement  Aquitain  des  Réseaux  de  l'Insertion  par l'activité Economique 

IEDUB .......................................... Institut  d'Etudes  Démographiques  de  l'Université  de Borderaux IV 

IEP ............................................... Institut d’Etudes Politiques 

INED ............................................ Institut National Etudes Démographiques 

INSEE .............................................. Institut  National  de  la  Statistique  et  des  Etudes Economiques 

IRPP ............................................. Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques 

IVG .................................................. Interruption Volontaire de Grossesse 

MDSI ...............................................Maison Départementale de la Solidarité et de l'Insertion 

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MIPES .......................................... Mission  d'Information  sur  la  Pauvreté  et  l'Exclusion Sociale en Ile de France 

MSA ................................................Mutualité Sociale Agricole 

OFCE ............................................ Observatoire Français des Conjonctures Economiques 

OGPP ..............................................Observatoire Girondin de la Précarité et de la Pauvreté 

ONPES.......................................... Observatoire  National  de  la  Pauvreté  et  l'Exclusion Sociale 

ONU ................................................Organisation des Nations Unies 

OPAH ..............................................Opération Programmée d'Amélioration de l'Habitat 

PAC.............................................. Personnes A Charge 

PASS................................................Permanence d'Accès aux Soins de Santé 

PCH .................................................Prestation de Compensation du Handicap 

PDALPD ..........................................Plan Départemental d’Accès au Logement des Personnes Défavorisées 

PIG ..................................................Programme d'Intérêt Général 

PLH..................................................Plan Local d’Habitat 

POSS ...............................................Plateforme d'Observation Sanitaire et Sociale 

RAPPEL ...........................................Réseau  des  Acteurs  de  la  Pauvreté  et  de  la  Précarité Energétique 

RMI .................................................Revenu Minimum d'Insertion 

RRP.............................................. Recensement Rénové de la Population 

RSA .................................................Revenu de Solidarité Active 

SFE............................................... Société Française d’Evaluation 

SIPHEM...........................................Syndicat  Intercommunal  du  Pays  du  Haut  Entre‐Deux‐Mers 

SMIC ...............................................Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance 

SSISAG ............................................Service du Système d'Information Sociale et d'Assistance à la Gestion 

TCD .................................................Territoire Citoyen et Durable 

TH................................................ Taxe d'Habitation 

UC................................................ Unité de Consommation 

UNAF ..............................................Union Nationale des Associations Familiales 

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Liste des cartes, tableaux et graphes utilisés 

Cartes :

N°  description  page

1a Rapport entre le premier décile de revenus fiscaux par unité de consommation du département, et le premier décile de revenus fiscaux par unité de consommation 

de l’ensemble de la France métropolitaine, en 2007 48 

1b Rapport entre le premier décile de revenus fiscaux par unité de consommation du canton girondin et le premier décile de revenus fiscaux par unité de consommation 

de l’ensemble de la France métropolitaine, en 2007 50 

2a Proportions de ménages fiscaux non‐imposés parmi l’ensemble des ménages 

fiscaux dans les départements de France métropolitaine, en 2007 52 

2b Proportions de ménages fiscaux non‐imposés parmi l’ensemble des ménages 

fiscaux dans les cantons girondins, en 2007 53 

3a Proportions de salariés de chaque département ayant, en 2007, perçu moins que le premier décile de revenus salariaux de l’ensemble de la France métropolitaine 

55 

3b Proportions de salariés de chaque canton girondin ayant, en 2007, perçu moins que le premier décile de revenus salariaux de l’ensemble de la France métropolitaine 

56 

4a Proportions de chômeurs (Pôle Emploi) au sein de la population active dans les 

départements de France métropolitaine, au 31 décembre 2005 58 

4b Proportions de chômeurs (Pôle Emploi) au sein de la population active dans les 

cantons girondins, au 31 décembre 2005 59 

5a Proportions estimées de demandeurs d’emploi non indemnisés au sein de la population active dans les départements de France métropolitaine, au 31 

décembre 2006 62 

5b Proportions estimées de demandeurs d’emploi non indemnisés au sein de la 

population active dans les cantons girondins, au 31 décembre 2006 63 

6a Proportions estimées de demandeurs d’emploi de longue durée au sein de la population active dans les départements de France métropolitaine, au 31 

décembre 2006 65 

6b Proportions estimées de demandeurs d’emploi de longue durée au sein de la 

population active dans les cantons girondins, au 31 décembre 2006 66 

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7a Proportions de chômeurs (RRP) dans les départements de France métropolitaine au 

sein de la population active au 1er janvier 2006 68 

7b Proportions de chômeurs au sein de la population active dans les cantons girondins 

au 1er janvier 2006 69 

8a Taux de couverture par le RMI de la population âgée de 25 à 59 ans dans les 

départements de France métropolitaine, au 1er janvier 2006 72 

8b Taux de couverture par le RMI de la population âgée de 25 à 59 ans dans les 

cantons girondins, au 1er janvier 2006 73 

9 Proportions de familles monoparentales couvertes par l’API dans les départements 

de France métropolitaine, au 1er janvier 2006 75 

10a Proportions d’usagers des Restos du Cœur dans la population totale des 

départements de France métropolitaine, au 1er janvier 2008 77 

10b Estimation des proportions d’usagers des Restos du Cœur dans la population totale 

des cantons girondins, au 1er janvier 2009 78 

11a Proportions de résidences principales en situation de surpeuplement parmi l’ensemble des résidences principales dans les départements de France 

métropolitaine, au 1er janvier 2006 80 

11b Proportions de résidences principales en situation de surpeuplement parmi 

l’ensemble des résidences principales, dans les cantons girondins, au 1er janvier 2006 

81 

Cartes complémentaires 

1a Proportions de demandeurs d’emploi non‐indemnisés parmi l’ensemble des demandeurs d’emploi dans les départements de France métropolitaine, au 31 

décembre 2006 110 

1b Proportions de demandeurs d’emploi non‐indemnisés parmi l’ensemble des demandeurs d’emploi dans les cantons girondins, au 31 décembre 2006 

110 

2a Proportions de demandeurs d’emploi de longue durée parmi l’ensemble des demandeurs d’emploi dans les départements de France métropolitaine, au 31 

décembre 2006 111 

2b Proportions de demandeurs d’emploi de longue durée parmi l’ensemble des demandeurs d’emploi dans les cantons girondins, au 31 décembre 2006 

111 

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Tableaux :

N°  description  page

1 Rapport entre le premier décile de revenus fiscaux par unité de consommation selon l’âge du référent et le premier décile global de revenus fiscaux par unité de 

consommation, en 2007 51 

2 Proportions de salariés ayant perçu moins que le premier décile de distribution des 

revenus salariaux en 2007, par tranche d’âges 57 

3 Proportions de chômeurs estimées au sein de la population active dans les tranches 

d’âges, au 31 décembre 2006 60 

4 Proportions estimées de chômeurs non‐indemnisés au sein de la population active 

par tranche d’âges, au 31 décembre 2006 63 

5 Proportions estimées de demandeurs d’emploi de longue durée au sein de la 

population active selon le groupe d’âges, au 31 décembre 2006 66 

6 Proportions de chômeurs au sein de la population active par groupes d’âges au 1er 

janvier 2006 70 

7 Taux de couverture par le RMI selon la tranche d’âges quinquennale, au 31 

décembre 2005 74 

8 Proportions de familles monoparentales couvertes par l’API, selon l’âge de la 

personne de référence, au 1er janvier 2006 76 

9 Proportions de résidences principales en situation de surpeuplement selon le 

nombre de pièces, au 1er janvier 2006 82 

10 Évolution du nombre de situations traitées par les permanences d'accueil et de 

solidarité du Secours Populaire selon le profil du public en Gironde 92 

Graphes :

N°  description  page

1 Évolution du "climat" des affaires, de l'activité économique et du nombre de 

personnes employées dans le secteur des services 86 

2  Demandeurs d'emploi en fin de mois à Pôle emploi (catégories A, B, C)  86 

3  Chômage au sens du BIT  87 

4  Demandeurs d'emploi en fin de mois à Pôle emploi en catégories A, B, C en Gironde  88 

5 Évolution du taux de chômage localisé par zone d'emploi en Gironde entre le 1er 

trimestre 2005, le 1er trimestre 2008 et le 4ème trimestre 2009 89 

6 Évolution 2005‐2008 (en années d’imposition) du poids des foyers fiscaux exonérés 

de l’impôt sur le revenu en France et en Gironde 90 

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7 Évolution de la part des résidences principales exonérées de la taxe d'habitation 

selon le nombre de personnes à charge (pac) en Gironde 91 

8  Évolution du nombre d'appels reçus et du nombre d'usagers du 115 en Gironde  93 

9  Évolution du nombre d'usagers du 115 en Gironde selon le profil familial  94 

10  Évolution du nombre d'appels reçus par le 115 en Gironde selon l'heure d'appel  95 

11 Évolution du nombre d'appels reçu par le 115 avant 13h en Gironde, de l'ensemble 

des usagers et des usagers avec enfants ou en couple 95 

12  Évolution du nombre de personnes accueillies aux Restos du Cœur  96 

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Rapport réalisé par l'Observatoire Girondin de la Précarité et de la Pauvreté sous la responsabilité de Béatrice Blanchet‐Lacheny, chef de projet, directeur de la mission précarité du Conseil Général de la Gironde observatoire‐[email protected] 05 56 99 33 33 ‐ poste 3537    Avec la participation : de l'Institut d'Etudes Démographiques de Bordeaux IV des directions du Conseil Général de la Gironde des services de l'Etat des associations membres de la Conférence Girondine de la Précarité et de la Pauvreté, animée par son Secrétaire général, Michel Blanchard 

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