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Cible Famille Brandon, 15 rue Monday, Ville St-Gabriel (QC) J0K 2N0 Tél.: 450-835-9094 www.ciblefamillebrandon.com Mémoire présenté à la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse Une démarche d’action communautaire en prévention de la violence, de l’abus et de la négligence envers les enfants Ensemble… pas à pas… prendre soin de la vie « Une volonté de faire pour nos enfants. » Décembre 2019 CSDEPJ-P-247

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Cible Famille Brandon, 15 rue Monday, Ville St-Gabriel (QC) J0K 2N0 Tél.: 450-835-9094 www.ciblefamillebrandon.com

Mémoire présenté à la

Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse

Une démarche d’action communautaire en prévention de la violence, de l’abus et de la négligence envers les enfants

Ensemble… pas à pas… prendre soin de la vie

« Une volonté de faire pour nos enfants. »

Décembre 2019

CSDEPJ-P-247

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SOMMAIRE

Madame la Présidente, Mesdames et messieurs les Commissaires, C’est avec beaucoup d’espoir pour les enfants du Québec que nous déposons notre mémoire et également avec une immense gratitude pour le travail colossal de chacun et chacune d’entre vous. Se pencher sur la problématique de la violence envers les enfants est exigeant et personne ne peut y être indifférent. En acceptant de vous laisser toucher, voire même déstabiliser, vous ouvrez la porte à la réflexion, aux pistes de solutions et aux actions concrètes. Vous nous dites : « ENSEMBLE nous avons le pouvoir de changer les choses pour nos enfants ». Dans ce mémoire, nous vous présenterons d’abord Cible Famille Brandon, un organisme communautaire Famille incorporé en 1989. Une Maison de la famille, dans un milieu rural défavorisé, desservant sept (7) municipalités du Grand Brandon, dans la MRC de D’Autray, au nord de la région de Lanaudière. L’essentiel du mémoire témoigne de notre démarche d’action communautaire en prévention de la violence envers les enfants, ayant pour nom : Ensemble… pas à pas… prendre soin de la vie. En 1999, en réponse à des situations alarmantes de violence et d’agressions sexuelles envers les enfants de nos villages, nous avons interpellé différents partenaires à se joindre à nous, convaincus qu’ENSEMBLE nous pourrions faire plus et mieux. C’est ainsi que le Comité Défi Enfant est né et que, depuis vingt ans, nous poursuivons notre objectif de former une communauté bienveillante engagée dans la protection et le développement des enfants. Quels ont été les événements déclencheurs à la mise en place du Comité Défi Enfant ? Quels ont été nos constats sur les conditions de vie des enfants et sur leur développement harmonieux ? Quelles ont été les actions, les réalisations concrètes, les moyens et les outils développés ? Quels sont les retombées ? Nous souhaitons partager avec vous notre expertise et une démarche porteuse de résultats tangibles et ainsi témoigner de l’engagement de toute une communauté envers les enfants. Nous avons développé des connaissances d’une grande richesse, puisqu’elles sont le fruit de réflexions et d’actions sur le terrain, marquées par l’implication de plusieurs personnes, partenaires et organismes du milieu. Des recommandations issues de notre démarche et de notre expertise vous seront donc proposées. En terminant, nous ne pouvons passer sous silence l’apport indéniable des organismes communautaires Famille (OCF). C’est tout un réseau, dont nous faisons partie, qui travaille et soutient les familles du Québec. Dans toutes leurs actions, les OCF adoptent une approche globale, prenant appui sur des pratiques de « milieux de vie », d’enrichissement de l’expérience parentale et d’éducation populaire. Aussi, le rôle important que nous jouons en prévention de la violence envers les enfants doit être reconnu et soutenu à sa juste valeur.

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TABLE DES MATIÈRES

CIBLE FAMILLE BRANDON EN BREF… .............................................................................. 4

LE COMITÉ DÉFI ENFANT ................................................................................................... 5

Les éléments déclencheurs et les constats menant à la mise en place du Comité en 1999............................................................................................................................... 5

ENSEMBLE… PAS À PAS… PRENDRE SOIN DE LA VIE ................................................... 6

Mandat et objectifs du comité......................................................................................... 6

Se donner des stratégies et des cibles d’intervention : promouvoir l’engagement .......... 7

Actions, retombées et recommandations ....................................................................... 7

L’agression sexuelle envers les enfants, l’ultime tabou .................................................. 9

Les prochains pas ........................................................................................................ 10

L’élaboration d’un protocole d’intervention ................................................................... 11

La mobilisation des partenaires .................................................................................... 11

Regard sur les concertations et les partenariats de Cible Famille Brandon et de l’ensemble des organismes communautaires Famille du Québec ................................ 14

Rayonnement des actions du Comité Défi Enfant ........................................................ 14

LE COMITÉ DÉFI ENFANT TOUJOURS EN SURVIE ......................................................... 16

RECOMMANDATIONS ....................................................................................................... 17

Conclusion ........................................................................................................................... 21

Annexes .............................................................................................................................. 22

Schéma des cibles et des stratégies ............................................................................ 22

Exemples de moyens d’intervention selon les cibles et les stratégies choisies ............ 23

Publications disponibles ............................................................................................... 24

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CIBLE FAMILLE BRANDON EN BREF… La Maison de la famille, Cible Famille Brandon, c’est le rêve d’un groupe de parents devenu réalité. Depuis son incorporation en 1989, l’organisme a réuni des milliers de familles, en provenance des 7 municipalités formant le Grand Brandon. La Maison de la famille propose aux familles un milieu de vie, un lieu d’accueil, d’accompagnement, de référence, d’entraide, de répit et d’activités afin de briser l’isolement et favoriser le bien-être des familles et le développement sain et global des enfants.

C’est un endroit ouvert à l’action, à la réflexion et à la participation de parents et de citoyens pour découvrir le sens de la famille dans notre société, pour favoriser les échanges entre parents et pour apporter du soutien lorsque nécessaire. L’organisme propose aussi, depuis 2018, un tout nouveau volet, un Centre de ressources périnatales, en offrant un plus large éventail de services spécialisés et spécifiques à la période périnatale. Pour les familles vivant en milieu rural, sur un vaste territoire, sans transport en commun, cela répondait à un besoin criant. Voir et entendre les besoins des familles de notre milieu fait partie de notre mission. Avec créativité, y répondre le mieux possible est une grande force du milieu communautaire.

C’est également devant le constat du peu de présence des pères à l’organisme que nous avons développé une approche spécifique pour eux. En 1995, les sessions d’entraide « Cœur de père » ont été offertes, adaptées aux besoins des pères, elles ont répondu à notre objectif d’ouvrir la porte aux pères d’une manière qui les rejoint et d’assurer leur présence dans l’organisme. Un comité de pères est toujours très actif au sein de l’organisme et a été à l’origine des autres sessions d’entraide « Coéquipiers père-mère » et « Cœur de mère ». Nous avons été à même de constater qu’une approche basée sur l’entraide permet de voir que nous vivons tous des difficultés comme parent, mais que nous possédons aussi des compétences. Cible Famille Brandon a été un chef de file au niveau de la paternité tant au niveau régional que provincial. Des formations sont données dans plusieurs régions du Québec et tous les outils développés sont utilisés par de nombreux organismes. À titre d’information et pour démontrer notre expertise de multiplicateurs, nous avons formé plus de 370 intervenants, de 142 organismes différents à travers le Québec, depuis 2012.

Nos activités et nos services, joujouthèque, halte-répit, ateliers de stimulation, popote, entraide, accueil, pour en nommer que quelques-uns, contribuent largement à prévenir la violence envers les enfants et à agir en amont des problèmes, car selon nous, soutenir les parents, c’est les aider à prendre soins de leurs enfants.

Au fil des ans et des défis rencontrés, nous avons toujours privilégié une approche de concertation et de partenariat. C’est ainsi que nous avons mis en place une Table de la petite enfance dans Brandon afin de mettre nos ressources en commun et ainsi faire plus pour les familles. Au niveau régional, nous avons incorporé la Table régionale des organismes communautaires Famille de Lanaudière (TROCFL), pour partager nos expertises, nous donner des formations et chercher des solutions au manque de financement qui affecte tous les OCF. Là encore, ce ne sont que quelques exemples de notre leadership en matière de concertation.

Une page c’est bien peu pour faire le récit de 30 ans d’implication auprès des familles, mais ces quelques exemples illustrent bien qui nous sommes. Un organisme connecté sur les besoins du milieu et qui croit fermement à la bienveillance d’une communauté envers ses enfants. C’est fidèle à cette conviction que nous avons mis en place le Comité Défi Enfant.

« Seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin ».

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LE COMITÉ DÉFI ENFANT

Les éléments déclencheurs et les constats menant à la mise en place du Comité en 1999

Depuis plusieurs années, Cible Famille Brandon est confronté à la réalité de l’abus et de la négligence envers les enfants en raison de sa mission, de sa localisation et de l’ampleur de ce problème dans la communauté. Il y a plus de facteurs de vulnérabilité dans Brandon en lien avec la notion de « parents construits », à savoir, le faible taux de scolarisation, la pauvreté, la consommation, l’abus et la négligence des grands-parents à parents, le réseau de la famille qui est aussi souvent dans la même situation. Comme organisme du milieu, nous entendions parler de façon régulière, mais très partielle, de situations embarrassantes, souvent sous le couvert de l’interdiction de mentionner des noms. De plus, nous avions fait le constat que l’abusé d’hier devenait l’abuseur d’aujourd’hui. Un autre constat aussi alarmant était que les enfants parlaient de plus en plus de leur vécu, démontraient des comportements sexuels inappropriés, comme s’il s’agissait d’une normalité. Quatre soirs par semaine, après l’école, des enfants venaient à la Maison de la famille pour de l’aide aux devoirs, du yoga, de l’art plastique et du théâtre. À travers les dessins, les improvisations théâtrales et souvent dans les moments de détente du yoga, les enfants nous exprimaient leur détresse qui tournait en majeure partie autour de l’agression sexuelle. Pire encore, il devenait de plus en plus évident que des adultes s’échangeaient les enfants au gré de leurs envies. On entendait : « Celui-ci préfère les petits garçons, un autre ou une autre, les petites filles ». Des hommes et des femmes, des familles près de nous, s’organisaient entre eux, se prêtaient les enfants un soir ou une fin de semaine. Difficile à croire, nous étions à la fois consternés et bouleversés. Par téléphone d’abord, puis par lettres, nous avons fait part de la situation à la DPJ. Il semblerait que nous n’en avions pas assez et que nous en avions trop… Pas assez pour signaler un enfant en particulier et trop pour une situation élargie à un réseau, qui n’était pas de leur ressort. Il fallait faire un signalement pour chaque enfant et leurs propos n’étaient pas « assez explicites », donc peu crédibles et non retenus. Face à cette fin de non-recevoir, nous nous sommes adressés à la Sûreté du Québec, au poste de police de notre localité. Le chef de police nous a proposé de venir nous rencontrer à la Maison de la famille et d’y inviter quelques partenaires concernés par cet enjeu de taille. Une rencontre a donc eu lieu avec la Sûreté du Québec, des représentants des Centres Jeunesse, du CLSC, de l’école primaire et de notre conseil d’administration. À la question du chef de police « Qui sont ces familles ? ». Grand silence… Difficile de comprendre la place que peut prendre la confidentialité alors même que nous sommes face à de graves agressions envers des enfants. Nous avons donc nommé plusieurs hommes et femmes pour lesquels nous avions beaucoup plus que des soupçons, mais semble-t-il pas assez de preuves « hors de tout doute ». Le représentant de la DPJ a confirmé connaître ces familles, « c’est effectivement de génération en génération, c’est une question de valeurs » nous a-t-il dit. Pour notre part, « ce ne sont pas des valeurs, mais bien des comportements déviants, des agressions sexuelles envers les enfants ». Le CLSC connaissait aussi ces familles. Quant au directeur de l’école, il était aux prises avec des problèmes majeurs concernant ces enfants. Par exemple, un homme venait chercher des enfants dans la cour d’école fréquemment et quand il téléphonait aux parents, ces derniers lui disaient « c’est correct, on le connaît » ou « c’est son oncle ». Bref, un premier constat s’imposait, la situation était connue de plusieurs. Malheureusement cela existait vraiment et ce n’était que la pointe de l’iceberg.

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Autre constat, l’omerta du silence entourant l’agression sexuelle envers les enfants ainsi que la violence qu’on leur fait vivre qui contribue à la maintenir. Ce silence vient ajouter encore plus d’impuissance et d’isolement aux adultes qui entourent les enfants dans leurs milieux de vie, les accompagnent et leur viennent en aide. Pour les enfants, c’est aussi un encouragement à se taire. Par cette rencontre, nous venions de saisir de façon tangible que le silence, l’isolement et, par le fait même, le manque d’information alimentent notre impuissance, notre capacité d’agir. Il y aura eu ce côté positif : le silence est brisé et nous y voyons plus clair. Il n’y a eu, à ce moment, aucun suivi ou action concrète de la part de la SQ, ni de la DPJ. Devant la détérioration de la situation et l’inaction des autorités concernées par la protection et la sécurité des enfants, les intervenantes de l’organisme, soutenues par le conseil d’administration, ont donc entrepris de mobiliser différentes ressources du milieu, dans le respect de leurs mandats respectifs, afin de réfléchir aux solutions possibles pour prévenir les situations d’abus et de négligence et possiblement avoir plus de prise sur les situations dénoncées. Nous avons donc privilégié une approche novatrice d’action communautaire de prévention, de sensibilisation, d’éducation et de mobilisation des ressources existantes. Ce sera les débuts du Comité Défi Enfant. C’était en1999.

« Les enfants ont tout, sauf ce qu’on leur enlève » Prévert

ENSEMBLE… PAS À PAS… PRENDRE SOIN DE LA VIE Au tout début, le comité est composé de partenaires issus du milieu communautaire, scolaire, de la Direction de la santé publique, du CLSC et de parents. Des personnes-clés capables de donner un point de vue éclairé sur la problématique de la violence envers les enfants, de partager des observations sur leurs conditions de vie et également de se poser les bonnes questions. Que vivent les enfants de notre communauté ? Vivent-ils des situations inacceptables ? Quelles en sont les causes et les conséquences ? Ensemble, pouvons-nous y changer quelque chose ? À partir de là, nous avons pu mettre nos ressources en commun, voir aussi les forces de notre milieu, et nous engager avec un mandat et des objectifs qui ralliaient l’ensemble des partenaires.

Mandat et objectifs du comité

Notre grand défi, faire de Brandon une communauté bienveillante engagée dans la protection et la sécurité des enfants. Le comité poursuit les objectifs suivants :

faire émerger une vision commune de la problématique;

briser l’isolement des intervenants en créant des liens entre eux;

mobiliser différents acteurs du milieu afin d’agir en coresponsabilité dans des actions novatrices visant la qualité de vie des enfants et des familles;

élaborer une approche intégrée de prévention des abus et de la négligence envers les enfants

sensibiliser les adultes à s’impliquer auprès et avec les enfants;

susciter la vigilance des adultes à dénoncer ce qui nuit aux enfants et à signaler les situations où le développement des enfants est compromis;

évaluer l’évolution des activités mises en place et les résultats obtenus afin de réajuster l’action.

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Se donner des stratégies et des cibles d’intervention : promouvoir l’engagement

Les stratégies sont établies en fonction des principaux facteurs de vulnérabilité reliés à la violence envers les enfants, soient : le silence, l’isolement et le manque d’information. Nos actions visent ces trois axes : briser le silence, créer des réseaux, informer et former. Ainsi, nos stratégies d’intervention seront la sensibilisation, la mobilisation, l’information et l’éducation, dans le but de renforcer le potentiel individuel et collectif. Au fur et à mesure de l’évolution de la démarche dans la communauté, une autre stratégie importante s’impose, souligner les succès et susciter un sentiment de fierté dans notre communauté. Nous avons plusieurs opportunités et les cibles sont nombreuses, à savoir : les enfants, les adolescents, les parents, les grands-parents, les citoyens, les intervenants et acteurs de différents milieux (petite enfance, scolaire, santé et services sociaux, communautaire, loisir, municipal, politique), la population en général. Vous trouverez en annexe un schéma des cibles et des stratégies, ainsi qu’un tableau donnant quelques exemples d’actions et de projets réalisés, les moyens d’intervention selon les cibles et stratégies choisies.

Actions, retombées et recommandations

Au cours des rencontres, les membres du Comité Défi Enfant partagent sur les enjeux qu’ils observent dans le milieu, les forces et les acquis, de même que les obstacles et les défis et, à partir de ces observations, un plan d’action est élaboré pour l’année. À la fin de l’année, une évaluation rigoureuse est faite de nos actions afin d’orienter la prochaine année... et ainsi de suite depuis 20 ans. Impossible de vous dire tout ce qui a été réalisé au cours des années, nous allons donc vous relater les faits marquants de notre démarche, partager une analyse partielle des retombées et faire des recommandations. Vous serez en mesure de constater que non seulement la prévention porte des fruits en agissant en amont de la problématique, mais nous allons également vous démontrer l’impact direct que nous avons eu sur des situations inacceptables pour les enfants de notre communauté. La première année de la démarche est marquée par une vaste sensibilisation du milieu, par différents moyens : une affiche portant nos valeurs est distribuée largement dans le milieu, une conférence de presse, des articles dans les médias… Par cette sensibilisation, nous voulons affirmer haut et fort nos valeurs collectives et notre intention de changement vers de meilleures conditions de vie pour les enfants de notre communauté. Puis, nous nous rapprochons des enfants et des adultes par le biais d’ateliers de sensibilisation dans les écoles et par des tournées des villages et des groupes. C’est le début de la mobilisation. Nous créons des liens et des réseaux de différents partenaires provenant de tous les milieux et prêts à s’engager. Face au constat qu’il n’existe aucune ressource pour outiller les enfants, nous procédons à l’implantation de l’organisme Espace Lanaudière (aujourd’hui Enfance Libre Lanaudière), organisme régional de prévention de toute forme de violence envers les enfants, dont les ateliers s’adressent principalement aux enfants de 3 à 12 ans, aux parents et au personnel éducatif des milieux scolaire et de garde. Un tel organisme répond à un immense besoin et représente un gain important pour la région Lanaudière.

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L’année se termine par un grand Salon de la famille et une tournée de théâtre d’intervention sur la violence familiale. Déjà, nous pouvons constater l’ampleur de l’implication des membres de la communauté. L’approche rejoint les différents acteurs de notre milieu et nous constatons sur le terrain la signification du mot « ensemble ». Plusieurs municipalités disposent de comités très actifs et les personnes impliquées sont de plus en plus nombreuses à réaliser des projets pour les enfants de leur village. Ils reçoivent le soutien du Comité qui diffuse et souligne les initiatives et alimente le réseau de multiplicateurs des différents villages. Au comité Défi Enfant, les besoins en formation s’imposent et ils sont nombreux. Suite à une année de formation, les agentes de prévention d’Enfance Libre Lanaudière commencent à dispenser le programme éducatif dans les écoles pour outiller enfants, parents et enseignants. Puis, les activités éducatives s’orientent vers une sensibilisation à la non-violence active. Un groupe d’une trentaine de personnes issues de différents milieux, parents et intervenants, entreprend une démarche de formation de 35 heures, afin de se donner des moyens concrets de contrer la violence. Ces personnes deviennent des multiplicateurs dans leur milieu respectif. Plusieurs activités auprès des enfants, des adolescents et des parents découleront de cette initiative. Par la suite, un premier colloque de formation sur la protection et le développement des enfants est organisé et offert à l’ensemble des organismes de la région Lanaudière, en 2002. Au sein du Comité, le besoin de mieux connaître la LPJ s’impose également. Ainsi, la Commission des droits de la personne et de la Jeunesse viendra donner une formation d’une journée aux membres du Comité et à d’autres intervenants intéressés. Ils reviendront également pour des besoins spécifiques de certains organismes, entre autres, pour Enfance Libre Lanaudière. La Commission sera aussi un phare pour nous lorsque nous avons besoin d’être mieux éclairés sur l’application de la Loi ou sur d’autres aspects concernant le signalement. Dans le but de rejoindre plus de familles et d’entrer dans tous les foyers du Grand Brandon, un projet de publipostage prend forme, rejoignant ainsi près de 6000 familles. Au cours des années, en fonction de notre budget, nous avons créé plus d’une quinzaine de publipostages transmis aux familles, par la poste, les écoles ou les organismes. De manière créative et colorée, la notion de vigilance et de protection envers nos enfants y est abordée sous différents angles. Laissez-nous vous parler du premier envoi et de son impact dans la communauté et à l’organisme. Un tout petit dépliant-accordéon a été conçu. Il affiche la tortue comme un symbole du « pas à pas, prendre soin de la vie ». En l’ouvrant, on peut y lire : « Les enfants ont besoin d’affection, de sécurité et de protection. Ils ont également besoin d’encadrement ferme et chaleureux »; « En tant que membres d’une communauté bienveillante, nous veillons au bien-être et à la sécurité de TOUS les enfants ». Le dépliant offre aussi des statistiques sur les agressions sexuelles. Il transmet des pistes aux parents pour assurer la sécurité de leur enfant comme, par exemples, de prendre le temps de connaître les adultes qui s’occupent d’eux, de toujours savoir où ils sont et de leur inculquer des règles de sécurité. Il rappelle aussi notre responsabilité, en tant qu’adulte, de signaler les situations d’abus et de violence sans délai. Il donne le nom et les coordonnées des ressources disponibles. L’envoi du dépliant a suscité de multiples réactions et nous avons été submergés d’appels et de demandes. Alors que nous avions craint qu’il suscite plus de dénonciations ou encore que les parents désertent la Maison de la famille, c’est tout le contraire que nous vivions. Le mini-dépliant nous amenait de nouveaux parents et leurs demandes étaient surprenantes. Voici deux exemples, c’est bref mais vous allez comprendre : Une maman, inconnue de notre organisme, se présente avec sa petite fille (4 ans environ puisqu’elle ne fréquente pas encore la maternelle). Dans le bureau de l’intervenante, elle dévoile, sans

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préambule et en présence de la fillette, que son père, donc le grand-père maternelle, abuse sexuellement de la petite, qu’elle-même a vécu l’inceste quand elle était enfant. C’est une mère monoparentale, vivant sous le seuil de la pauvreté et qui dit dépendre de son père, demeurant au deuxième étage de son duplex. La fillette silencieuse soutient intensément notre regard. « Ton grand-père n’a pas le droit de te faire ça. Qu’est-ce qu’on peut faire pour t’aider ? », et elle nous répond : « Grand-père ne doit plus venir dans ma maison, jamais ». Par cet exemple, nous voulons non seulement démontrer les impacts directs de la sensibilisation, mais aussi la capacité d’une fillette de cet âge, à nommer la solution qui est évidente pour elle. Ce n’est pas une histoire isolée, nous entendons fréquemment des enfants de tout âge, lors d’un dévoilement, nous dire clairement ce qu’ils attendent de nous. Prendre le temps de leur demander leur solution, c’est leur redonner du pouvoir et éviter ainsi de leur faire subir un autre traumatisme en les bousculant à nouveau. Deuxième exemple : Une maman de 4 enfants d’un village voisin, qui n’était jamais venue à la Maison de la famille, demande à rencontrer une intervenante. Celle-ci veut valider ses méthodes éducatives avec ses enfants. Elle nous dit les frapper souvent, pour les plus petits des tapes aux fesses, pour les plus grands des gifles au visage. Elle demande : « Est-ce qu’on pourrait m’enlever mes enfants ? » Puis, à la question : « Comment c’était chez-vous quand vous étiez petite fille ? », elle répond : « Moi, mon père me donnait des coups de bâton, j’étais mise à genoux pendant des heures et je me couchais souvent sans avoir mangé ». L’intervenante lui dit : « Votre père n’avait pas le droit de vous faire subir ça ». Pour cette dame de 40 ans, c’était la première fois que quelqu’un lui disait que son père n’avait pas le droit de lui faire subir de telles punitions. Elle a alors pris la décision de changer ses façons de faire avec ses enfants. Elle a profité de la halte-répit, participé à des ateliers et accepté les opportunités qui lui étaient offertes. La sensibilisation et l’information ça marche ! C’est un levier indéniable pour agir en amont des problèmes et également pour venir en aide à des enfants en danger.

« Aucun geste n’est plus puissant que celui de protéger un enfant » Habiller le cœur, Michèle Plomer

L’agression sexuelle envers les enfants, l’ultime tabou

Par ce premier envoi dans les foyers, nous avons osé soulever cette triste réalité de l’agression sexuelle envers les enfants. Nous avons osé parler d’un sujet extrêmement tabou et qui suscite toutes sortes de réactions. Comment croire qu’une personne que nous connaissons de près ou de loin puisse agresser un enfant ? Le doute, parfois le déni, trop souvent le silence et l’impuissance qui en découlent s’installent devant l’inacceptable. Puis avec l’arrivée des nouvelles technologies, la problématique est devenue de plus en plus complexe, particulièrement en ce qui concerne l’agression sexuelle. L’internet, les réseaux sociaux, le téléphone intelligent, les nombreuses applications font en sorte que la réalité de l’agression sexuelle sous toutes ses formes a été largement modifiée : leurre d’enfant, exploitation sexuelle, pornographie juvénile, intimidation… Rapidement sur le terrain, nous avons levé le « drapeau rouge ». Puisque lors des ateliers de prévention à l’école primaire, des enfants confiaient avoir reçu des avances sexuelles sur le Net, d’autres avaient eu une invitation à une rencontre et même, pour certains, de s’y être rendus. Pour tenter de mieux comprendre le phénomène et se donner plus de prises sur les situations, des

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membres de la Sûreté du Québec qui travaillent spécifiquement dans le domaine, nous ont offert une journée de formation ouverte aux intervenants de la région. Mieux informés, nous avons produit de nouveaux outils de sensibilisation et d’information spécifiques sur le sujet. Enfance Libre Lanaudière, qui avait été mis en place par Cible Famille Brandon, a aussi fait des ajouts en ce sens dans leurs ateliers aux enfants, aux parents et au personnel éducatif.

Les prochains pas

De plus en plus préoccupés par la réalité de l’agression sexuelle et toutes les autres situations de violence que subissent les enfants de notre communauté, notre niveau de vigilance est plus élevé, donc les signalements sont plus nombreux. De plus, les ateliers de prévention d’Enfance Libre Lanaudière sont débutés à l’école du village. Des enfants dévoilent la violence qu’ils subissent et les confidences de certains enfants nous ramènent dans le passé. Il n’y a pas beaucoup de rétention de nos signalements et quand ils sont retenus, c’est souvent pour être fermés par la suite et ce, sans suivi pour nous de la part de la DPJ. Au Comité Défi Enfant, il est convenu que dorénavant les signalements seraient également faits par écrit, afin de rendre plus tangible notre volonté commune de protéger les enfants, faire valoir notre existence à la DPJ et espérer un réel partenariat de leur part. Ce qui est aujourd’hui devenu possible, au sein du Comité Défi Enfant, de par leur présence active au Comité. En 2002, comme nos efforts demeuraient vains, nous avons fait appel à la Commission des droits de la Personne et des droits de la Jeunesse qui est venu nous rencontrer à nouveau. Nous avions en main 45 signalements, en provenance de Cible Famille Brandon, des écoles, de l’organisme Le RÉSEAU et d’Enfance Libre Lanaudière, pour lesquels nous considérions que les enfants avaient été lésés dans leurs droits. Nous avons également ouvert sur ce qui à l’époque était resté lettre morte concernant les enfants agressés sexuellement par des personnes qui agissaient en toute impunité, cautionnées par les parents de ces mêmes enfants. Tous les enfants signalés ont été revus par la Commission. Leurs situations ont été dévoilées, et celles d’autres enfants impliqués mais non connus de notre part, portant au final le nombre d’enfants à 80 pour le milieu de Brandon seulement. Ainsi, la Commission a pu lever le jour sur cet homme qui allait chercher des enfants à l’école. Voici ce que leur a confié un des enfants : « Il nous amène chez-lui et nous filme avec une caméra. Quand il dit : « que le spectacle commence », j’ai peur et j’essaie de me cacher sous le lit ». Nous étions bien sûr soulagés, mais également bouleversés par le vécu de ces enfants. Il fallait aller plus loin, mettre en place un filet de sécurité pour mieux les protéger. Pour se faire, nous allions mettre en place dans nos organismes une politique de prévention en matière d’agression sexuelle et de toute forme de violence envers les enfants, intitulée « Notre engagement du cœur ». C’est en concertation avec nos partenaires que nous entreprenons, en 2003, la démarche d’implantation de notre « engagement du cœur ». Un comité politique est alors formé et une douzaine d’organismes s’engagent dans le projet : organismes communautaires, écoles, municipalités, pastorale, club sportif. C’était pour nous une manière concrète d’assumer nos responsabilités envers la protection des enfants et de favoriser un positionnement clair de notre collectivité relativement aux différentes formes de violence. Nous nous sommes entendus sur les principes directeurs de la politique, l’affirmation de nos valeurs communes, les champs d’application, les mesures à mettre en place et les rôles et responsabilités de chacun. Au terme d’une année de travaux du comité, nous avons fait la promotion de notre « Engagement du cœur » lors d’une conférence de presse réunissant tous les partenaires. Pour assurer la visibilité de la politique dans nos milieux, nous avons élaboré un outil

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de sensibilisation aux rôles et responsabilités de chacun, comme administratrices et administrateurs, personnes rémunérées ou bénévoles, parents, enfants et adolescents. Ainsi, chaque organisme affichait un laminé bien en vue, témoignant de leur engagement envers les enfants, avec les rôles et responsabilités de tous.

L’élaboration d’un protocole d’intervention

Malheureusement, malgré toutes les mesures de prévention mise en place, nous étions encore confrontés à des situations de violence où nous étions dans l’obligation d’agir. Il fallait aller plus loin et se donner des outils pour intervenir rapidement et dans le meilleur intérêt de l’enfant. C’est en réponse aux besoins des milieux de vie des enfants que nous avons produit un Guide d’implantation d’une politique de prévention et d’un protocole d’intervention en matière d’agression sexuelle et de toute forme de violence envers les enfants, édité en 2013. Ce guide rassemble les connaissances et l’expertise acquise au fil des ans par le Comité Défi Enfant et propose une démarche concrète pour élaborer des protocoles d’intervention, avec des règles et des procédures pour venir en aide et soutenir un enfant qui subit de la violence. Il permet de se donner des balises claires et cohérentes pour que tous les adultes responsables des enfants dans nos milieux soient soutenus dans leurs interventions. Son contenu comprend des outils d’animation pour consulter, sensibiliser, informer et mobiliser. Une procédure de mise en place d’une politique de prévention, des modèles de politiques, une procédure de mise en place d’un protocole d’intervention, des outils de réflexion, des modèles de protocoles, ainsi que divers outils pratiques comme une grille d’analyse d’une situation problématique, une démarche pour accueillir une confidence d’enfant, la loi sur l’âge de consentement aux activités sexuelles et plus encore. Il est vrai que la mise en œuvre d’un protocole d’intervention est exigeante et son application parfois difficile, particulièrement dans les milieux de vie des enfants. Par contre, il est indispensable car il établit des mécanismes de communication qui sont des balises pour soutenir l’intervention et tracer clairement le chemin à suivre. Il s’agit donc de la meilleure façon d’éviter de répandre de l’information confidentielle par besoin de ventiler, par manque de soutien ou de procédures claires. Il faut se rappeler qu’il permet de briser le silence, de créer un réseau de soutien, de partager l’information entre personnes désignées et d’explorer des pistes plus créatives et plus appropriées lorsque la sécurité d’un enfant est compromise. C’est ainsi que, dans son milieu de vie, l’enfant en besoin d’aide est au cœur des préoccupations des adultes qui l’entourent, la violence n’est jamais banalisée et ses droits sont respectés.

La mobilisation des partenaires

Aujourd’hui, 20 ans plus tard, le Comité Défi Enfant compte 21 organismes partenaires, en provenance des milieux communautaire, scolaire, public et institutionnel, d’organismes locaux et régionaux. Ce sont plus d’une trentaine d’intervenants travaillant tous avec le même objectif : la prévention des abus, de la négligence et de toute forme de violence envers les enfants et les adolescents du territoire de Brandon, dans la MRC de D’Autray, région de Lanaudière. Les organismes partenaires sont :

- Centre de femmes Avec des Elles - Centre intégré de santé et de services sociaux de Lanaudière - CLSC secteur Brandon - CISSSL - Centre Jeunesse de Lanaudière

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- École primaire Des Grands-Vents - École primaire Germain Caron - École primaire Youville - École primaire St-Cœur de Marie - École secondaire Bermon - Enfance Libre Lanaudière - Le Réseau communautaire d’aide aux alcooliques et autres toxicomanes - Loisirs Ville St-Gabriel et Municipalité de St-Gabriel - Maison des jeunes Sens Unique Secteur Brandon - Municipalité de Mandeville - Municipalité de St-Damien - Municipalité de St-Didace - Municipalité de St-Gabriel-de-Brandon - Ville de Saint-Gabriel - Source de vie - Sûreté du Québec - Travail de rue Secteur Brandon - Cible Famille Brandon

Dans la pratique, la mobilisation des partenaires permet, entre autres, de connaitre les ressources du milieu, de créer des liens avec les autres partenaires et de donner accès, aux différents intervenants du milieu, à des conseils et du soutien de pairs spécialisés lors de situations complexes. Elle permet de mettre en commun rapidement les ressources de toute une communauté lors de situations d’urgence qui nécessitent une intervention immédiate, concertée et cohérente, en vue d'assurer la sécurité des enfants et des adolescents. Voici deux exemples de l’évolution de nos interventions au fur et à mesure que des ressources comme la SQ et la DPJ se sont joint au Comité. Au cours des premières années du Comité, un jeune garçon a confié à l’intervenante de la Maison des jeunes qu’un de leur bénévole le harcèle… lui touche les cuisses lors d’activités… Cette situation est constatée par les autres jeunes, témoins de cette proximité et la mère du jeune garçon porte plainte à la police pour son fils. Comme cet homme fréquente aussi la Maison de la famille, à titre de nouveau bénévole lors d’événements grand public, la coordonnatrice de la MDJ décide d’en informer la directrice de la Maison de la famille. Sans nommer de nom, la directrice sait exactement de qui il s’agit, ayant observé elle-même que l’homme avait des comportements possessifs envers le jeune garçon. Bien que ce monsieur ait bonne réputation, retraité du milieu scolaire où il a encore un accès privilégié, la directrice de la Maison de la famille en avise à son tour la direction d’école, où nous apprenons qu’il y est aussi impliqué bénévolement en accompagnant les enfants à la piscine et dans les vestiaires des garçons. De manière concertée, nous avons tous mis fin au bénévolat de cet homme dans nos milieux. Dans le doute, nous préférions nous abstenir de mettre la sécurité des enfants en danger. Voici une autre situation, plus récente, qui démontre que la mobilisation et la concertation des membres du Comité Défi Enfant ont permis de réagir rapidement et de façon encore plus efficace. Lors d’une rencontre du Comité Défi Enfant, il y a environ 3 ans, la coordonnatrice de la Maison des jeunes dépose une publicité reçue dans son milieu. Un homme, père de famille monoparentale, est entré à la MDJ pour distribuer des annonces invitant les jeunes à venir faire du bricolage chez lui (avec chants et prières), un soir par semaine, à partir du souper. Tout était gratuit. Cet homme était le troisième voisin de la Maison de la famille et après observation, plusieurs jeunes entraient et sortaient effectivement de cette demeure. Une discussion entre les membres du Comité Défi Enfant est alors ouverte sur la situation et il en ressort les actions

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suivantes : l’intervenante de la Maison de la famille va vérifier auprès de la Fabrique de la paroisse s’il est connu comme étant une personne offrant des rencontres de style «catéchèse» ; elle va aussi informer la policière et l’intervenante de la DPJ siégeant au Comité de cette situation (ils étaient absents ce jour-là) ; la travailleuse sociale du CLSC va voir s’il a déposé des publicités au CLSC et les retirer le temps de s'assurer que cette ressource est connue et sécuritaire ; le conseiller municipal va se rendre au poste de police pour montrer la publicité et s’assurer que cette personne n’est pas connues des policiers pour violence auprès des enfants. Quelques jours plus tard, la policière membre du Comité vient informer la responsable qu’une cyber-enquête a été entamée et que des faits criminels ont été soulevées. Dans les jours suivants, on apprend les premiers faits : c’est l’adolescent de cet homme qui abuse les jeunes présents sous forme de jeux sexuels ; les adolescents d'une famille connue du CLSC ont été rencontrés à titre de témoins ; la DPJ a ouvert un signalement en protection pour les enfants plus jeunes et en LSJPA (Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents) ; l’enquête se poursuit pour vérifier l’implication du père dans cette affaire. La famille est déménagée rapidement de Brandon. La policière membre du Comité nous a expliqué que c’est souvent le cas des personnes ayant commis un acte criminel, mais que le suivi judiciaire se poursuit tout de même. Les membres du Comité Défi Enfant étaient fiers d'avoir écouté leur intuition et fiers de leurs interventions rapides et concertées afin de lever le voile sur une situation de violence et pour y mettre fin. Ce dénouement n’aurait pu avoir lieu sans avoir mis en commun nos observations. Cette affaire nous permet de voir la pertinence de la mise en place du Comité Défi Enfant qui offre un filet de sécurité autour des enfants. Plusieurs autres situations de ce genre, partagées entre les membres du Comité Défi Enfant, nous ont permis au fil des ans d’intervenir rapidement grâce à la mise en commun d’informations et à l’apport de chacun des partenaires, selon leur champ de compétence. Une mobilisation concertée et un partenariat efficace reposent sur les conditions suivantes : un but commun, une connaissance approfondie de nos partenaires et un grand respect de leurs champs de compétence. Le travail en silo doit faire place à une réelle volonté de travailler ensemble. Depuis de nombreuses années les membres du Comité Défi Enfant soulèvent, malgré notre partenariat, une même difficulté : lors de signalement à la DPJ, il nous est impossible d’avoir un minimum de suivi et d’information. La confidentialité à laquelle nous sommes confrontés entrave et limite la portée de notre accompagnement auprès des familles et la possibilité d’une collaboration cohérente dans l’intervention, où les champs de compétence de chacun pourraient être mis au service des enfants signalés. Dans les faits, suite à un signalement retenu mais où l’enfant demeure dans son milieu de vie, seuls les partenaires inscrits dans l’entente multisectorielle en matière d’agression sexuelle ont accès à de l’information. Bref, on ne sait pas si l’enfant signalé et sa famille ont des services ou non. Le milieu institutionnel, et la DPJ en particulier, devrait considérer davantage le rôle des organismes qui accueillent les enfants et les familles et le lien privilégié qu’ils ont développé avec des personnes de leur milieu. Que se soient une intervenante de la Maison de la famille, une éducatrice de l’école, le lien de confiance déjà établi représente un acquis énorme sur le plan clinique et sur le suivi tant pour l’enfant que pour les parents. Si nous voulons véritablement miser sur la responsabilisation collective des communautés, comme réseau de protection et de bienveillance envers les enfants, nous ne pouvons plus ignorer ce levier d’intervention et considérer les milieux de vie des familles comme des partenaires significatifs.

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Regard sur les concertations et les partenariats de Cible Famille Brandon et de l’ensemble des organismes communautaires Famille du Québec

Cible Famille Brandon, comme l’ensemble des organismes communautaires Famille, est interpellé par les différents acteurs du milieu lors de la mise en place des espaces de mobilisation locale visant les familles en situation de vulnérabilité. Principal acteur communautaire ayant comme mission de travailler au niveau du soutien au rôle parental, nous sommes reconnus comme étant des acteurs incontournables dans la communauté pour le développement d’activités, l’apport d’expertise et pour assurer la pérennité des actions auprès des clientèles ciblées. Nos activités se situant de façon transversale, de la période de la maternité jusqu’aux actions intergénérationnelles, nous sommes souvent le principal point de repère des équipes de professionnels travaillant pour ces instances surtout en ce qui concerne la connaissance du territoire, des problématiques des familles et des liens développés avec ces dernières. Nous sommes souvent les bras sur le terrain pouvant assurer la réalisation de projets et d’interventions pour les familles. Sollicités par toutes les instances pour contribuer à : l’élaboration de politiques familiales municipales des villages, MRC et des villes ; l’élaboration des plans d’action des CISSS pour les services Enfance-Jeunesse-Famille ; la mise en œuvre de Tout un village dans le cadre du Programme d’accompagnement de familles DPJ avec le ministère de la Santé et des Services sociaux ; la participation à des initiatives de réinsertion en emploi avec le ministère de l’Emploi et de la Solidarité Sociale… les OCF doivent investir une somme impressionnante de temps à travers ces activités liées à leur mission d’agents de transformation sociale et de porte-parole des familles dans leur milieu. Cible Famille Brandon a d’ailleurs été sollicité dans le cadre du Programme Tout un village, avec le CISSS, à accompagner une famille et ce, à même les ressources financières et professionnelles de l’organisme. Cela occupait tellement de temps d’accompagnement par semaine pour une seule famille, que nous n’avons pas eu d’autres choix que de redéfinir les rôles et mettre nos limites pour diminuer la charge et le temps d’intervention. Tout un village, le nom le dit, part d’une bonne intention, mais… Les OCF ne peuvent pas se substituer aux ressources spécialisées pour donner des services aux familles les plus marginalisées et en détresse, cela va à l’encontre même de notre mission de prévention. Pourtant, de plus en plus, les OCF se voient submergés de demandes en ce sens, alors que les services directs aux enfants et aux familles par la DPJ et le CLSC sont réduits comme peau de chagrin.

Rayonnement des actions du Comité Défi Enfant

La démarche de prévention des abus et de la négligence envers les enfants et les outils développés par le Comité, entre autres, les nombreuses formations, la politique et le protocole, répondent en tous points aux orientations ciblées comme prometteuses par le Centre d’expertise et de référence en matière de santé publique qu’est l’Institut de santé publique du Québec. Bien que la démarche du Comité Défi Enfant aille bien au-delà des actions habituellement réalisées par un OCF, Cible Famille Brandon a fait le choix de la maintenir en réponse à une problématique bien identifiée chez-nous et qui existe très certainement ailleurs au Québec. Que ce soit localement ou à l’échelle provinciale, le Comité Défi Enfant a su, par son approche novatrice, inspirer différentes communautés à poser des gestes concrets pour prévenir et diminuer

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l'incidence de la violence. Divers groupes, tant au niveau régional, provincial que national, ont fait l’acquisition des outils élaborés par le Comité Défi Enfant dont la démarche pour mettre en place une Politique de prévention en matière d’agression sexuelle et de toute forme de violence envers les enfants, ainsi qu’un Guide d’implantation d’une politique de prévention et d’un protocole d’intervention en matière d’agression sexuelle et de toute autre forme de violence envers les enfants. Au fil des ans, le volet formation a occupé une place importante et il a rapidement pris de l’expansion, afin de répondre aux besoins de nombreux intervenants. À titre indicatif, voici quelques formations qui ont été offertes au régional et au provincial : Journée régionale de formation en prévention de la violence faite aux enfants ; Atelier portant sur le guide du signalant ; formation « L’abus, la négligence, l’agression sexuelle envers les enfants… si on s’en parlait ? » ; formation sur l’intimidation ; formation sur la confidentialité ; et plus encore. Le partage d’expertise présent au Comité Défi Enfant permet aussi aux partenaires d’en connaître davantage sur les enjeux de divers domaines complémentaires. Par exemple, au cours des deux dernières années, les membres ont pu bénéficier d’échanges formatifs sur les thèmes de : l’approche en réduction des méfaits, le syndrome du bébé secoué dans la région de Lanaudière (statistiques de la DPJ), le Protocole Alerte en situation de violence conjugale et familiale, portrait et statistiques de violence envers les enfants, le terrorisme et la radicalisation avec la Sûreté du Québec (SQ) et la Gendarmerie Royale du Canada (GRC), etc. Plusieurs activités de sensibilisation, des projets d’action communautaires, des guides d’animation, des outils d’intervention et différentes formations ont été réalisés. En raison des nombreuses demandes d’organismes extérieurs à Brandon, un répertoire de tous ces outils a été rédigé et est disponible sur Internet, afin d’inspirer d’autres milieux dans d’autres régions du Québec. L’expertise développée par le Comité Défi Enfant et l’efficience de ce projet ont d’ailleurs été soulignées à maintes reprises. Permettez-nous d’en tirer quelques fiertés :

- Le projet Défi Enfant a été retenu parmi les sept premiers en liste pour l’obtention du prix de la Fondation Marie Vincent, en 2001.

- Mention d’honneur au Prix Droits et Libertés de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec, en 2002.

- Mention d’honneur au Prix d’excellence du réseau de la santé et des services sociaux dans la catégorie prévention et promotion de la santé et du bien-être du Ministère de la Santé et des Services Sociaux du Québec, en 2004.

- 1er prix au Prix d’excellence en intervention sociale de la Fondation Charles-Coderre, en 2004.

- Choisi projet « Coup d’cœur » par l’Agence de santé publique du Canada au Québec, en 2009.

- Finaliste provincial au Prix Partenariat du Ministère de la Santé et des Services Sociaux du Québec, en 2012.

Les impacts positifs sur la communauté sont concrets et observables. En effet, il a été nommé par des partenaires appelés à intervenir dans certains milieux similaires à Brandon (en termes de culture, de milieu socio-économique et de ressources…) que grâce au travail assidu du Comité Défi Enfant, la situation dans Brandon est différente. Un partenaire nous a dit : « Les adultes et les enfants sont plus informés de leurs droits et responsabilités et cela crée un climat de sécurité et d’entraide qui favorise le bon développement ». Certes, ces impacts sont à la hauteur du travail réalisé, mais comme vous le savez, la prévention doit être poursuivie en permanence.

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La mobilisation des membres du CDE permet de transmettre un message fort quant à l’importance de prévenir toute forme de violence envers les enfants. Les différentes actions menées par le CDE permettent de sensibiliser les enfants et les jeunes sur leurs droits, et leurs responsabilités, ainsi qu’amener les adultes à s’impliquer auprès des enfants et à dénoncer les situations où le développement de ceux-ci est compromis. Les impacts du CDE vont bien au-delà du local. Cible Famille Brandon et son Comité Défi Enfant peuvent être très fiers du relais pris par les partenaires régionaux, sensibles à la cause des jeunes. Aussi, inspiré de la démarche d’action communautaire et de l’expertise de Cible Famille Brandon, un projet régional en prévention de toutes formes de violence à l’égard des enfants et des ados, chapeauté par le Comité régional de prévention en matière d’agression sexuelle de Lanaudière, aura permis, pendant près de 3 ans (2007-2010), de mettre en place des comités pivots dans les 6 MRC de la région de Lanaudière, pour répondre aux besoins des intervenants de toute provenance, donnant lieu à plusieurs rencontres et à de la formation dans chacune des MRC et ce à deux reprises. De ces rencontres, une pétition a été présentée à l’Assemblée Nationale demandant une vaste campagne de sensibilisation visant à briser le silence et à prévenir les différentes formes de violence encore vécues par trop de jeunes au Québec. Malheureusement, par manque de financement, ce projet régional n’a pas été reconduit. Par contre, il aura suscité des actions concrètes dans d’autres MRC. Entre autres, cela aura permis de soutenir et d’accompagner les milieux intéressés à implanter une politique de prévention et d’intervention en matière d’abus, de négligence et d’agression sexuelle envers les enfants. Dans la MRC l’Assomption, le CPE Cœur de pomme aura été soutenu dans l’élaboration de leur politique de prévention et leur protocole d’intervention. La MRC des Moulins a repris l’expertise du Comité Défi Enfant et mis en place un comité de prévention de la violence envers les enfants. Encore tout récemment, un Club de ski alpin pour enfants et jeunes dans la MRC de Matawinie, à la suite des dévoilements d’athlètes féminines ayant été abusées sexuellement par leur entraîneur, a repris la démarche d’action et le Guide d’implantation d’une politique de prévention et d’un protocole d’intervention pour instaurer leurs propres outils. Sensibilisation, formation et mobilisation pendant près de trois ans leur ont permis d’actualiser dans un premier temps leur politique et par la suite, depuis 2019, un protocole d’intervention adapté à leur réalité.

LE COMITÉ DÉFI ENFANT TOUJOURS EN SURVIE Comme vous le savez, la prévention est un processus à long terme qui doit s'inscrire dans la durée. Jamais nous n’avons abandonné, quoiqu’aucun financement récurrent ne nous a été octroyé pour les travaux du Comité, étant convaincue que notre approche non seulement portait ses fruits chez nous, mais que notre expertise a bel et bien un effet multiplicateur et qu’elle peut largement être exportée dans d’autres milieux. Est-ce que la reconnaissance financière est à la hauteur de nos investissements ? Certes non. Le Comité Défi Enfant est soutenu financièrement par le Ministère de la santé depuis l’année 2000, mais de façon non-récurrente et à la discrétion du ministre. Nous recevons annuellement entre 5 000 $ et 20 000 $, selon le bon vouloir du ministre en place. Cette réalité fait en sorte que l’organisme doit annuellement jongler à même son financement de base, des budgets de projets ponctuels ou d’autres budgets discrétionnaires pour maintenir cette concertation rassemblant plus de 30 partenaires, provenant de 21 organisations différentes. Dans l’état actuel du financement, Cible Famille Brandon est aussi incapable de répondre aux nombreuses demandes de formation et d’accompagnement des milieux intéressés à se mobiliser,

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pour mettre en place des actions terrain, afin de contribuer à la prévention des abus, de la négligence et de toutes formes de violence envers les enfants. Malgré ses 20 ans d’existence et une expertise reconnue, la survie du Comité Défi Enfant demeure un enjeu majeur de précarité financière. Cible Famille Brandon poursuit, année après année, sa mission envers les enfants en les informant sur leurs droits, en guidant les parents dans leur rôle de « premier expert » auprès de leurs enfants, en outillant les adultes à la vigilance et aux meilleures gestes à poser tant pour prévenir que pour soutenir les enfants, et en encourageant notre communauté à la bienveillance envers ceux-ci. Nous sommes convaincus qu’en mettant l’enfant au cœur de nos préoccupations, nous pouvons ENSEMBLE développer un réseau d’adultes de confiance capables de l’écouter, de l’entendre, de l’accompagner, de lui laisser la parole et d’être sa voix quand ses droits sont bafoués et qu’il a besoin de nous. Comme il y a encore beaucoup à faire, nous espérons que nos recommandations soient prises en considération.

RECOMMANDATIONS 1. Que le gouvernement du Québec accorde une place significative à la PRÉVENTION de la

violence envers les enfants. Que la volonté politique se traduise, entre autres, par du financement récurrent pour les programmes et les plans d’action existants. À l’échelle du Québec, les DPJ ont précisé avoir traité 105,644 signalements en 2018-2019 dans l’ensemble du Québec. Il s’agit d’une hausse de 10% par rapport à l’an dernier. Du nombre, 41,530 signalements ont été retenus. Ces données sont équivalentes à 289 situations d’enfants signalés par jour. On peut comprendre l’épuisement des ressources alors que nous assistons au départ d’un grand nombre d’intervenants créant encore plus d’instabilité dans le réseau.1 Les conséquences à vie pour les enfants victimes de maltraitance ainsi que les coûts que cela entraînent, de même que les effets directs de la prévention ne sont plus à prouver; la prévention a grandement fait ses preuves. Non seulement elle permet d’agir en amont des problèmes diminuant ainsi « l’hémorragie », elle peut ratisser beaucoup plus large comme nous l’avons démontré par notre approche. Le Rapport sur la VIOLENCE et la santé, de l’Institut national de santé publique du Québec (2018), soulève que « dans les plans d’action portant sur des thématiques de violence précises, le volet consacré aux mesures de prévention occupe souvent une place moindre que d’autres volets liés directement à l’intervention. Une attention devrait être portée pour diversifier les stratégies proposées et s’assurer qu’elles s’attaquent à des facteurs de risque à tous les niveaux du modèle écologique ». Dans l’optique de favoriser l’adoption, par les nouvelles générations, de modèles relationnels fondés sur l’égalité, le respect des droits de la personne et l’inclusion sociale, les efforts déployés pour prévenir certains problèmes pourraient s’inscrire dans une perspective plus large de prévention de la violence en général.

1 https://www.ledevoir.com/societe/563367/nouvelle-hausse-des-signalements-aux-dpj-l-an-dernier, 25 sept. 2019

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Comme l’a démontré aussi le Rapport sur la VIOLENCE et la santé, « il est possible de tracer plusieurs liens entre les diverses manifestations de violence commises dans une communauté donnée. Cette communauté peut être un milieu de vie ou être ancrée dans un territoire ou un quartier. Elle peut également correspondre à un groupe qui partage une même identité, qu’elle soit culturelle, de genre ou autres. Le fait de s’intéresser aux différents manifestations de violence dans une communauté, plutôt que de les regarder indépendamment les unes des autres, permet notamment :

une mutualisation des ressources disponibles dans un but commun;

une réponse globale aux besoins de sécurité de la communauté;

un gain d’efficacité et un risque réduit de chevauchements dans les interventions ». Le gouvernement du Québec doit s’engager et démontrer par des gestes concrets l’importance qu’il accorde à la protection des enfants du Québec.

2. Instaurer des changements de pratiques et des mécanismes de communication ouverts entre la DPJ et les partenaires directement impliqués auprès d’un enfant et de sa famille.

Le milieu institutionnel, et la DPJ en particulier, devrait être en mesure de considérer le rôle des organismes qui accueillent les enfants et les familles et le lien privilégié qu’ils ont développé avec des personnes de leur milieu. Que se soient une intervenante de la Maison de la famille, une éducatrice de l’école, le lien de confiance déjà établi représente un acquis énorme sur le plan clinique et sur le suivi tant pour l’enfant que pour les parents. Si nous voulons véritablement miser sur la responsabilisation collective des communautés comme réseau de protection et de bienveillance envers les enfants, nous ne pouvons plus ignorer cela et considérer les milieux de vie des familles comme des partenaires significatifs.

Tout doit être mis en œuvre pour faciliter un arrimage plus naturel avec ceux qui ont, parmi leurs responsabilités, celles d’assurer la protection des enfants de leur milieu (directions d’école, responsables des services de garde, élus municipaux, intervenants communautaires…). La confidentialité se définit comme étant une information échangée entre quelques personnes, en autant que les principes de nécessité, de transparence et de qualité sont maintenus. Elle ne doit en aucun cas mettre un frein à la nécessité de venir en aide à un enfant dont la protection et le développement sont compromis.

3. Que le gouvernement légifère pour que tous les milieux de vie des enfants se dotent

d’une politique de prévention et d’un protocole d’intervention en matière d’agression sexuelle et toute autre forme de violence envers les enfants.

Les milieux de vie où les enfants passent le plus de temps sont les services de garde et les écoles. Ce sont eux qui prennent le relais des parents, les enfants leur étant confiés souvent dès leur plus jeune âge. Les enfants fréquentent également les différents services de loisirs de leur municipalité, des organismes communautaires, de même que diverses associations culturelles, sportives et autres.

Les enfants étant plus vulnérables et plus à risque de subir de l’abus de pouvoir, ils peuvent être exposés à différentes formes de violence. Tous les milieux de vie qui accueillent des enfants ont la responsabilité morale et légale d’assurer leur protection. C’est aux adultes qui les entourent de faire en sorte que leurs droits soient respectés partout et en tout temps.

L’élaboration d’une politique de prévention et d’intervention est un pas important à faire pour contrer l’abus envers les enfants, tisser un filet de sécurité autour d’eux et porter un message

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clair de tolérance zéro face à la violence dont ils sont trop souvent victimes. C’est aussi une démarche de réflexion qui évolue dans le temps et qui doit tenir compte de la réalité de chacune des organisations qui désirent implanter une politique. Il faut faire en sorte que les milieux de vie qui accueillent nos enfants s’organisent de façon tangible et se dotent de moyens efficace pour protéger et soutenir les enfants et les jeunes.

4. Mener une vaste campagne de prévention à plusieurs volets. Sensibiliser, informer,

responsabiliser et mobiliser la population aux enjeux en cause pour assurer la protection des enfants et des jeunes.

Depuis plusieurs années, à de nombreuses reprises, nous avons interpellé le gouvernement du Québec, nos députés, l’Assemblée nationale afin d’instaurer une campagne de prévention. Nous sommes revenus à la charge avec l’arrivée des technologies fragilisant encore davantage les enfants. Nos demandes sont demeurées sans réponse.

Pourtant, la problématique de l’agression sexuelle, de la violence et de la négligence envers les enfants a pris une telle proportion au Québec qu’elle devient un grave problème de santé publique et le gouvernement du Québec doit s’y attaquer sur plusieurs fronts.

Nous sommes à même de constater la pertinence et la qualité de plusieurs campagnes de prévention du gouvernement du Québec : fatigue au volant, tabagisme, violence conjugale, textos au volant… Récemment, avec la légalisation du cannabis, des messages de prévention sont apparus rapidement sur nos écrans. Pourquoi tarder à ce point en regard de la protection des enfants ? Pourtant, une société sensibilisée, informée et éduquée peut faire en sorte que des drames comme celui de Granby et bien d’autres soient évités. Alors que la responsabilité est rejetée sur la DPJ, l’école, le voisin... nous sommes tous responsables en regard de la protection des enfants. Si parfois l’affrontement est nécessaire pour en arriver à de véritables partenariats, osons aussi se confronter pour ainsi s’apposer les uns près des autres, pour se connaître et pour apprendre à travailler ensemble, soyons des alliés quel que soit notre provenance. Cela demande une conscience individuelle et collective des membres de notre société et un message clair du gouvernement est une priorité.

5. Que le Québec légifère et interdise le recours aux châtiments corporels et aux punitions

excessives envers les enfants. Aucun enfant ne mérite d’être frappé, c’est une grave atteinte à ses droits fondamentaux.

Il est grand temps que le Québec emboîte le pas des nombreux pays qui interdisent le recours aux punitions corporelles envers les enfants. De quel droit un adulte peut-il se permettre de frapper un enfant ? En quoi un enfant mériterait-il plus qu’un adulte d’être frappé ? Questions simplistes, peut-être, mais qui méritent qu’on s’y arrête. Un enfant est une personne à part entière et à ce titre, il a les mêmes droits qu’un adulte.

Le Rapport sur la VIOLENCE et la santé, de l’Institut national de santé publique du Québec (2018) a démontré que « la violence est un problème de santé publique pouvant affecter de façon durable le développement et le bien-être des individus, de même que les collectivités auxquelles ils appartiennent ».

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Tout en faisant ressortir l’ampleur et les multiples conséquences de la violence sur la santé, dont la violence et la maltraitance envers les enfants, ce rapport a également démontré « qu’il existe certaines orientations prometteuses pour continuer à faire des gains en ce sens et qu’il est possible de mettre en place des interventions pour la prévenir ».

De fait, il est mentionné que « la reconnaissance du caractère criminel de plusieurs manifestations de violence au Québec et au Canada est un exemple de levier de prévention. Par contre, force est de constater que dans ce domaine, des avancées sont encore possibles, notamment dans la mise en application de ces lois et dans le traitement réservé aux victimes qui dénoncent les agressions ». Par exemple, sachant que leur effet négatif est bien documenté, certaines pratiques, comme le recours à la punition corporelle envers les enfants devraient être complètement interdites. Les interventions législatives sont d’autant plus importantes qu’en plus de protéger la population, elles se répercutent sur les normes sociales et contribuent à promouvoir une désapprobation de la violence.

6. Rehausser le financement global à la mission de base des organismes communautaires

Famille

Il existe tout un réseau d’organismes communautaires Famille qui, avec du personnel qualifié, a développé une grande expertise auprès des parents. Ils rejoignent et soutiennent la famille dès la naissance de l’enfant et même avant. Aussi, lorsque l’on parle d’acteurs et de partenaires importants pour le développement et la sécurité des enfants, vous comprendrez que les Organismes Communautaires Famille (OCF) en font partie.

Ainsi, le Québec compte plus de 260 organismes communautaires Famille dont le financement médian est de 67,000$. Ils sont présents dans 17 régions du Québec, mais pas nécessairement dans tous les territoires de MRC, certains territoires ruraux demandant plus d’un OCF. Notre revendication est d’un seuil plancher de financement à 200 000$/an, pour le volet Maison de la famille, et nous en sommes encore très loin.

Reconnaître le rôle de partenaires que jouent les OCF, notamment celui « d’experts conseils » sur les questions familiales, implique nécessairement un soutien financier adéquat en appui à la mission globale qui permettrait aux organismes de consolider leurs activités, d’approfondir leurs réflexions concernant la parentalité »2 et non seulement de travailler à la survie de leur organisation en étant en recherche constante de financement.

« Les organismes communautaires Famille sont des milieux de vie soutenants pour les familles. Ils contribuent à atténuer l’isolement et la détresse vécus par certaines d’entre elles. En améliorant le tissu et la solidarité sociale, ils deviennent des partenaires incontournables dont il faut tenir compte pour améliorer la vie des familles.3 »

L’enrichissement de l’expérience parentale est au cœur de la mission d’un organisme communautaire Famille. L’expérience parentale constitue l’ensemble des choses que les parents engagent d’eux-mêmes dans la relation avec leurs enfants et avec les autres parents qui s’en occupent. »4 S’appuyant sur des principes « d’empowerment », les OCF aident ainsi des milliers de parents à enrichir leurs relations parent-enfant et à faire confiance à leur propre

2 Denise Lemieux, Johanne Charbonneau et Michelle Comeau (2005). La parentalité dans les organismes communautaires Famille, INRS Urbanisation, Culture et Société. 3 Dans Le Devoir du 13 juin 2006, un article sur les signalements plus nombreux à la DPJ faisait référence « aux parents

dépassés, (qui) ne savent pas où et à qui s’adresser ». Sans être une panacée, les OCF peuvent permettre d’éviter une référence dans le réseau de santé et de services sociaux. 4 Carl Lacharité (2010), Formation à l’animation de groupes de parents, principes d’animation. P. 1-3.

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vérité à propos de leur vie familiale. Toutes ces actions ont un impact direct sur l’engagement parental et la persévérance dans cet engagement.

Un sondage populationnel réalisé en juillet 2016 par l’Observatoire des tout-petits révèle que « près de 9 québécois sur 10 sont d’accord avec le fait d’accroître les sommes accordées aux organismes communautaires offrant des services aux familles et aux tout-petits, tels que de la stimulation précoce, des formations sur les habiletés parentales, des activités d’éveil à la lecture et des services de répit-dépannage ».5

7. Démontrer une réelle volonté politique en mettant en place dès maintenant un comité

ministériel qui se penche sur la problématique d’agression sexuelle et de la maltraitance envers les ENFANTS.

Que le gouvernement du Québec s’inspire de la concertation des quatre femmes de quatre partis différents qui ont mis de côté toute partisannerie pour des objectifs communs : rétablir la confiance dans le système de justice après #moiaussi et enrayer la violence sexuelle au Québec. Pour madame Véronique Hivon « il s’agissait d’abord d’entendre le cri du cœur des victimes et de se montrer à la hauteur de leur courage ».

Imaginez le courage d’un enfant qui dévoile et le message qu’il reçoit lorsque, trop souvent, son cri du cœur reste dans le noir. Le contexte qui entoure le dévoilement d’un enfant, bien qu’il y ait des similitudes avec celui des adultes, est très différent. À toutes les étapes, cela demande une écoute, une finesse dans l’intervention et dans les mesures qui requièrent plus de connaissances, plus de concertation et certes encore plus de sensibilité à décoder le langage de l’enfant et à le rejoindre dans son univers.

Conclusion La violence n’est pas une fatalité et il est tout à fait possible de réduire son ampleur et ses conséquences, que ce soit à l’échelle de la société, des communautés, des milieux de vie, des familles ou des individus. D’ailleurs, les efforts déployés au fil des ans par le Comité Défi Enfant de Cible Famille Brandon contribuent à la création d’un milieu de vie visant la sécurité et l’amélioration des conditions de vie des enfants de Brandon. Malgré les avancées en ce sens au Québec, il reste encore beaucoup de travail à faire et nous faisons appel à la volonté politique du gouvernement en place pour exercer un leadership en matière de prévention des abus, de l’agression sexuelle et de la négligence envers les enfants. Notre démarche d’une communauté bienveillante a fait autant de chemin dans le Grand Brandon, dans Lanaudière et même plus, grâce à la concertation et au partenariat développés au cours des années. Surtout, parce que nous avons voulu croire qu’il est possible de porter le rêve d’un monde sans violence pour les enfants de chez-nous. De ce rêve est né un projet de communauté où tous et chacun ont été interpellés à être des acteurs et à poser un geste vers le changement. Pourrions-nous, ENSEMBLE, rêver pour tous les enfants du Québec ? « Ne doutez jamais qu’un petit groupe de citoyens réfléchis et déterminés puissent changer le monde; en fait, c’est la seule façon dont on jamais pu le changer. », Margaret Mead

5 Observatoire des tout-petits, 2016, page 1

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Annexes

Schéma des cibles et des stratégies

Environnement global Communauté

Famille élargie Enfants, adolescents

Politiques : conciliation famille-travail,

prévention et intervention

Mesures d’aide aux familles

Médias : images, hypersexualisation, banalisation de la

violence

Télévisuel à caractère violent et sexuel, Internet

Pauvreté

Sensibi-liser

Soutien à la protection des jeunes

Croyances et mythes en matière d’abus

Qualité de l’environnement physique (terrain de jeux,

bibliothèque...)

Politique de prévention et d’intervention dans les organismes

Accès aux services et aux ressources

Attitudes et pratiques des intervenants

Partenariat et concertation

Possibilités de contacts et d’échanges

Mobiliser CIBLES / STRATÉGIES

Qualité des relations familiales

Ouverture, communication

Responsabilité vis-à-vis la protection des enfants, vigilance

Soutien dans la famille

Capacité à demander de l’aide, aller chercher

des services

Connaissance des ressources

Ouverture à l’éducation

Sentiment de compétence,

confiance, fierté

Croyances et attitudes par rapport au secret

Dépendance aux adultes, isolement

Réseaux d’amis et de personnes de confiance

Connaissances et outils

Estime de soi, confiance en soi,

sentiment de compétence

Laisser des traces

Utiliser des symboles

Souligner

les succès

Informer

et former

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Exemples de moyens d’intervention selon les cibles et les stratégies choisies

CHOIX D’UNE CIBLE CHOIX D’UNE STRATÉGIE

MOYENS D’INTERVENTION

Enfants, adolescents

Sensibiliser o Animation dans les écoles, ex :

pour la Journée nationale de l’enfant

Mobiliser o Projet réalisé par les enfants et

les adolescents, ensemble

Informer, former

o Atelier Enfance Libre Lanaudière

o Information sur la violence dans les relations amoureuses

Souligner les succès

o Exposition

o Théâtre et spectacle

o Parole à la radio

Famille élargie

Sensibiliser o Publipostage dans les foyers

Mobiliser o Activité intergénérationnelle

Informer, former o Rencontre d’entraide sur le rôle

de parent

Souligner les succès o Concours « Ma famille, j’en

suis fier »

Communauté (scolaire, municipal,

loisirs, santé, services sociaux)

Sensibiliser o Colloque

Mobiliser

o Comité de village

o Comité d’implantation de politique de prévention

Informer, former o Formation aux intervenants

Souligner les succès o Événement rassembleur

Environnement global (décideurs, population

en général)

Sensibiliser

o Campagne médiatique

o Lobbying auprès des décideurs pour l’implantation de politique de prévention

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Publications disponibles

OUTIL D’ACTION COMMUNAUTAIRE

Cet outil, en prévention de la violence envers les enfants, est le fruit d’une démarche portée par le Comité Défi Enfant de Cible Famille Brandon depuis près de dix ans. Riche de cette expérience porteuse de résultats tangibles, il propose des pistes qui incitent à faire un petit pas de plus pour les enfants. Ensemble… pas à pas… prendre soin de la vie, outil d’action communautaire en prévention de la violence, de l’abus et de la négligence envers les enfants s’adresse aux intervenants sociaux des réseaux public et communautaire, aux éducateurs du milieu scolaire et de la petite enfance, aux responsables du milieu du sport et des loisirs, aux décideurs politiques et à tous ceux et celles qui croient profondément qu’ils peuvent poser un geste pour assurer la sécurité des enfants et le respect

auxquels ils ont droit.

GUIDE D’IMPLANTATION D’UNE POLITIQUE DE PRÉVENTION ET D’UN PROTOCOLE D’INTERVENTION EN MATIÈRE D’AGRESSION SEXUELLE

ET DE TOUTE AUTRE FORME DE VIOLENCE ENVERS LES ENFANTS Ce Guide s’adresse à toutes les organisations qui constituent les milieux de vie des enfants et également à ceux qui leur offrent des services dans différents contextes. La diffusion de ce document vise donc à soutenir et outiller le plus grand nombre d’organisations dans la mise en place de mesures efficaces pour contrer la violence que subissent encore trop d’enfants. Nous sommes convaincus qu’il est possible de changer la situation et d’améliorer la qualité de vie des enfants qui nous entourent, un petit pas à la fois, ensemble. Les milieux de vie où les enfants passent le plus de temps sont les services de garde et les écoles. Ce sont eux qui prennent le relais des parents, les enfants leur étant confiés souvent dès leur plus jeune âge. Les enfants fréquentent également

les différents services de loisirs de leur municipalité, des organismes communautaires, les services de santé et de services sociaux, de même que diverses associations culturelles ou sportives. Ils utilisent les services de transport scolaire et public. Ce Guide propose des moyens simples à la portée de tous et s’adresse aux différents milieux qui souhaitent offrir aux enfants un environnement stimulant et paisible. Il revient maintenant aux intéressés d’en faire pleinement usage pour le plus grand bien des enfants.

RÉPERTOIRE DES OUTILS RÉALISÉS Le Comité Défi Enfant a également produit plusieurs dépliants, affiches ou autres documents. Afin de visualiser les outils développés par le Comité Défi Enfant, vous pouvez consulter le Répertoire en cliquant sur ce lien : https://ciblefamillebrandon.com/wp-content/uploads/2017/05/R%C3%A9pertoire-CDE-11.pdf Ce répertoire est la mémoire de tout ce qui a été fait au fil des années comme outils de sensibilisation, de formations développées ou de matériel d’information. Il permet de savoir ce qui est disponible et comment se le procurer, soit gratuitement ou moyennant un faible coût.