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n°158 / mai 09 Carnet de campagne « Moabi : arbre de vie ou de profit ? » INTERNATIONAL Après cinq ans de campagne concertée entre les Amis de la Terre – Cameroun et France, le Gabon, principal producteur de moabi annonce un moratoire sur sa coupe pour 25 ans. Sakhaline II BNP Paribas, une autruche face aux baleines C’est un mauvais feuilleton qui s’éter- nise et s’envenime. Depuis 1994, le projet pétrolier et gazier Sakhaline II, basé sur l’île de Sakhaline (extrême Orient russe), fait l’objet de vives critiques, les entreprises exploitant le gisement ne respectant pas leurs engagements en termes de transpa- rence. Dernière mise en garde, le rapport de l’UICN qui révèle que Sakhaline II menace sérieusement les dernières popu- lations de baleines grises occidentales du monde, dont l’aire d’alimentation se trouve à proximité des installations. Comme l’explique Sébastien Godinot, coordinateur des campagnes aux Amis de la Terre - France : « Les scientifiques ont observé à l’été 2008 un déclin massif du nombre de baleines grises occidentales, dont il ne reste plus que 130 spécimens. Ils demandent un moratoire immédiat sur toutes les activités industrielles terrestres et maritimes qui pourraient venir perturber ces baleines, afin d’éviter l’extinction défini- tive de l’espèce ». Responsabilité des banques Le choix des acteurs financiers est simple : financer le projet et endosser la responsabilité des désastres écologiques et sociaux causés, ou refuser de s’y impli- quer. Des structures de poids comme l’agence de crédit à l’exportation améri- caine, celle du Royaume-Uni, ou encore la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, ont dit non. Mais la Société Générale a elle, accordé en 2007 un prêt massif à Gazprom qui a pu devenir majoritaire. Depuis 2008, BNP Paribas finance directement le projet. Les Amis de la Terre – France ont à plusieurs reprises demandé à cette dernière de se retirer. Ces appels sont jusqu’à présent restés sans réponse. BNP Paribas s’abritait en effet derrière une Etude d’impact environne- mental dont on sait aujourd’hui qu’elle a été manipulée par Shell. > Caroline HoCquard Aller plus loin : Le dernier rapport du Western Gray Whale Advisory Panel est accessible en ligne : www.iucn.org/fr/ En janvier 2009, coup de tonnerre : le Gabon, l’un des principaux pays produc- teurs de moabi, décrète un moratoire de 25 ans sur l’exploitation de cet arbre, évé- nement qui pousse Bois International, revue de référence de la filière bois, à titrer « Moabi, c’est fini ? » en mars. Cette déci- sion relance les espoirs d’une protection au niveau international grâce à la CITES (1). Mais qu’en est-il réellement ? Arbre sacré, arbre médecine ou arbre garde- manger, grâce à la précieuse huile extraite de ces graines, le moabi est étroitement associé aux modes de vie des populations forestières du bassin du Congo. Mais c’est aussi un arbre recherché pour la qualité de son bois très utilisé en menuiserie. En 2005, constatant qu’environ 3 moabis sur 4 abattus avaient pour destination la France, les Amis de la Terre - Cameroun ont proposé une campagne commune aux Amis de la Terre – France. Importateurs à convaincre Les deux premières années, des enquêtes sur le terrain, des reportages, ainsi que des actions publiques auprès des distributeurs voient le jour. Rapidement les premiers résultats se font sentir : Leroy Merlin et Saint-Maclou stoppent la com- mercialisation de moabi. La pression s’in- tensifie avec l’organisation de deux jour- nées de rencontres entre les importateurs et les Amis de la Terre. Dans une ambiance électrique, le soutien inattendu d’un expert en bois tropical, proche des importateurs, expliquant que couper un moabi dans le bassin du Congo, revient à détruire une église en Europe, porte ses fruits. L’argument économique est également entendu : il est démontré, chiffres à l’appui, que l’exploitation des graines de moabi pour la production de l’huile est beaucoup plus rentable que la coupe du bois. Devant la pression médiatique des actions publiques, Point P annonce à son tour l’abandon de la commercialisation du pré- cieux moabi, fissurant d’autant l’unité des importateurs. Alternatives Devant la demande légitime d’alterna- tives au moabi, les Amis de la Terre mettent en avant des bois de substitution ou de nouvelles techniques comme le « lamellé- collé ». Celle-ci permet de fabriquer des portes ou des fenêtres à partir de bois locaux à moindre coût en valorisant les sous-produits des parqueteries, des petits morceaux de bois pouvant être assemblés les uns aux autres. La médiatisation de la campagne a incité des entreprises à parta- ger l’étude et les propositions des Amis de la Terre. Forest People (cosmétiques) finance l’analyse des propriétés de l’huile de moabi et a lancé, en 2008, la première gamme de produits à base d’huile de moabi en France. Au Cameroun, l’entre- prise française Pallisco, principal exploitant de moabi, accepte d’indemniser l’ensem- ble des villages victimes de coupes abu- sives de moabi et de cartographier désor- mais les arbres utiles aux populations, à ne pas abattre. Pourtant il faut faire vite, car s’il faut plusieurs siècles à un jeune moabi pour percer la canopée de la forêt tropicale et produire de précieuses graines, il ne faut que quelques secondes aux hommes pour l’abattre à la tronçonneuse. > Sylvain angerand Chargé de campagne Forêts Mobilisation des populations forestières pour la défense du moabi. Aller plus loin : Pour connaître les pratiques des distributeurs de bois : www.ecolo-bois.org

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n°158 / mai 09

Carnet de campagne « Moabi : arbre de vie ou de profit ? »

INTERNATIONAL

Après cinq ans de campagne concertée entre les Amis de la Terre – Cameroun et France, le Gabon, principalproducteur de moabi annonce un moratoire sur sa coupe pour 25 ans.

Sakhaline II BNP Paribas, une autruche face aux baleines

C’est un mauvais feuilleton qui s’éter-nise et s’envenime. Depuis 1994, le projetpétrolier et gazier Sakhaline II, basé sur l’îlede Sakhaline (extrême Orient russe), faitl’objet de vives critiques, les entreprisesexploitant le gisement ne respectant pasleurs engagements en termes de transpa-rence. Dernière mise en garde, le rapportde l’UICN qui révèle que Sakhaline IImenace sérieusement les dernières popu-lations de baleines grises occidentales dumonde, dont l’aire d’alimentation se trouveà proximité des installations.

Comme l’explique Sébastien Godinot,coordinateur des campagnes aux Amis dela Terre - France : « Les scientifiques ontobservé à l’été 2008 un déclin massif dunombre de baleines grises occidentales,

dont il ne reste plus que 130 spécimens. Ilsdemandent un moratoire immédiat surtoutes les activités industrielles terrestres etmaritimes qui pourraient venir perturberces baleines, afin d’éviter l’extinction défini-tive de l’espèce ».

Responsabilité des banquesLe choix des acteurs financiers est

simple : financer le projet et endosser laresponsabilité des désastres écologiqueset sociaux causés, ou refuser de s’y impli-quer. Des structures de poids commel’agence de crédit à l’exportation améri-caine, celle du Royaume-Uni, ou encore laBanque européenne pour la reconstructionet le développement, ont dit non. Mais laSociété Générale a elle, accordé en 2007

un prêt massif à Gazprom qui a pu devenirmajoritaire. Depuis 2008, BNP Paribasfinance directement le projet. Les Amis dela Terre – France ont à plusieurs reprisesdemandé à cette dernière de se retirer. Cesappels sont jusqu’à présent restés sansréponse. BNP Paribas s’abritait en effetderrière une Etude d’impact environne-mental dont on sait aujourd’hui qu’elle aété manipulée par Shell.

> Caroline HoCquard

Aller plus loin :

Le dernier rapport du Western Gray WhaleAdvisory Panel est accessible en ligne :www.iucn.org/fr/

En janvier 2009, coup de tonnerre : leGabon, l’un des principaux pays produc-teurs de moabi, décrète un moratoire de25 ans sur l’exploitation de cet arbre, évé-nement qui pousse Bois International,revue de référence de la filière bois, à titrer« Moabi, c’est fini ? » en mars. Cette déci-sion relance les espoirs d’une protectionau niveau international grâce à la CITES (1).

Mais qu’en est-il réellement ? Arbresacré, arbre médecine ou arbre garde-manger, grâce à la précieuse huile extraitede ces graines, le moabi est étroitementassocié aux modes de vie des populationsforestières du bassin du Congo. Mais c’estaussi un arbre recherché pour la qualité deson bois très utilisé en menuiserie. En2005, constatant qu’environ 3 moabis sur4 abattus avaient pour destination laFrance, les Amis de la Terre - Camerounont proposé une campagne commune auxAmis de la Terre – France.

Importateurs à convaincreLes deux premières années, des

enquêtes sur le terrain, des reportages,ainsi que des actions publiques auprès desdistributeurs voient le jour. Rapidement lespremiers résultats se font sentir : LeroyMerlin et Saint-Maclou stoppent la com-mercialisation de moabi. La pression s’in-tensifie avec l’organisation de deux jour-nées de rencontres entre les importateurset les Amis de la Terre. Dans une ambianceélectrique, le soutien inattendu d’un experten bois tropical, proche des importateurs,expliquant que couper un moabi dans le

bassin du Congo, revient à détruire uneéglise en Europe, porte ses fruits.L’argument économique est égalemententendu : il est démontré, chiffres à l’appui,que l’exploitation des graines de moabipour la production de l’huile est beaucoupplus rentable que la coupe du bois. Devantla pression médiatique des actionspubliques, Point P annonce à son tourl’abandon de la commercialisation du pré-cieux moabi, fissurant d’autant l’unité desimportateurs.

Alternatives Devant la demande légitime d’alterna-

tives au moabi, les Amis de la Terre mettenten avant des bois de substitution ou denouvelles techniques comme le « lamellé-collé ». Celle-ci permet de fabriquer desportes ou des fenêtres à partir de boislocaux à moindre coût en valorisant lessous-produits des parqueteries, des petitsmorceaux de bois pouvant être assemblésles uns aux autres. La médiatisation de lacampagne a incité des entreprises à parta-ger l’étude et les propositions des Amis dela Terre. Forest People (cosmétiques)finance l’analyse des propriétés de l’huilede moabi et a lancé, en 2008, la premièregamme de produits à base d’huile demoabi en France. Au Cameroun, l’entre-prise française Pallisco, principal exploitantde moabi, accepte d’indemniser l’ensem-ble des villages victimes de coupes abu-sives de moabi et de cartographier désor-mais les arbres utiles aux populations, à nepas abattre.

Pourtant il faut faire vite, car s’il fautplusieurs siècles à un jeune moabi pourpercer la canopée de la forêt tropicale etproduire de précieuses graines, il ne fautque quelques secondes aux hommes pourl’abattre à la tronçonneuse.

> Sylvain angerand

Chargé de campagne Forêts

Mobilisation des populations forestièrespour la défense du moabi.

Aller plus loin :

Pour connaître les pratiques desdistributeurs de bois : www.ecolo-bois.org

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n°158 / mai 09

En Equateur, des habitants ont réussi à tenir tête au gouvernement et aux entreprises minières pour pro-poser un développement respectueux des populations et de l'environnement.

Equateur De la bataille contre les mines de cuivre au développement écologique

INTERNATIONAL

La médiocrité du bilan du 5e Forummondial de l’eau qui s’est tenu en mars2009 à Istanbul (Turquie) pose la questionde l’utilité de ces rencontres, créées par leConseil Mondial de l’eau. Cette institutionintergouvernementale se présente commehéritière de la Conférence sur l’Eau organi-sée par l’ONU en 1977 à Mar del Plata(Argentine). Mais il s’agit en fait d’une orga-nisation privée mise en place par les lob-bies français de l’eau, subventionnée etsoutenue par des multinationales.

Une déclaration finale sans intérêtAlors que près d'un milliard de per-

sonnes dans le monde n'ont pas accès à

l'eau potable et que 2,5 milliards souffrentdu manque de systèmes sanitairesdécents, la déclaration politique adoptée le22 mars à l’issue du forum mondial estplus que fade, et totalement inadaptée àl'urgence.

En effet, la notion de « droit à l'accès àl'eau », réclamée avec force par nombred'ONG et plusieurs pays, ne figure pasdans le texte. La déclaration finale stipuleque l'accès à l'eau potable et à l'assainis-sement est un « besoin humain fondamen-tal », et non pas un « droit ». Il s’agit d’unedifférence cruciale. Dès lors que l’eau estdéfinie comme un « besoin » plutôt quecomme un « droit », il devient possible d’en

faire une marchandise. Si l’on considèrel’eau comme un composant inséparablede la vie sociale, peut-on raisonnablementlaisser cette ressource entre des mainsexclusivement capitalistes ?

La France, l'Espagne et plusieurs paysd'Amérique latine et d'Afrique ont tenté, envain, de faire modifier le texte. Devant l’ab-sence de résultat, ces pays ont signé unedéclaration dissidente. Le manque demobilisation politique au niveau internatio-nal sur la question de l'eau est apparu pluscriant que jamais.

> Célia Fontaine

Forum mondial de l’eauL’eau, une ressource commercialisable ?

Silvia Quilumbango a vécu douzeintenses années de lutte dans son villagedu Cotacachi, au nord-ouest de l'Équateur.Cette femme énergique de 39 ans, mère detrois enfants, garde le souvenir desmenaces de mort qu'elle a reçues, et quin'ont jamais fait fléchir sa détermination.

Tout a commencé dans les années1990, quand une filiale de la multinationaleMitsubishi s'implante dans Intag, une zonedu canton Cotacachi. Des financementsde la Banque mondiale et une nouvelle loiminière facilitent le développement de 1000 hectares de concessions de cuivre àciel ouvert dans la zone. Une étude d'im-pact, rendue publique à la demande deshabitants, pronostique une détérioration del'environnement, la pollution des eaux etdes sols, une déforestation massive, le

déplacement de 100 à 200 familles. Aprèsavoir tenté en vain de faire respecter leursdroits en mai 1997, 300 paysans occupentle campement d'exploration de l'entre-prise, puis le démontent. L'entrepriseabandonne le site. C'est le début d'uneprise de conscience des habitants. Ilscommencent à imaginer un nouveaumode de développement pour leur canton,situé à l'intersection de deux éco-régions «à haute biodiversité ». En 2000, ils procla-ment leur territoire « canton écologique ».

IntimidationsEn 2002, le gouvernement relance une

politique de développement des mines etvend aux enchères les concessions ducanton. Elles sont rachetées en 2004 parl'entreprise canadienne Ascendant CopperCorporation. C'est le début d'une nouvellebataille pour les habitants. L'entreprisemultiplie les menaces et intimidations pourcontrer l'opposition des habitants au pro-jet. Elle tente d'acheter les consciences.Elle offre des cadeaux, des programmessociaux, des crédits, etc. En 2005, desemployés de l'entreprise occupent deslocaux municipaux et séquestrent le maire.L'entreprise utilise des bombes lacrymo-gènes contre les habitants et en vient àembaucher des paramilitaires colombienspour les intimider. Mais les habitants ducanton réussissent à prendre en otage lesparamilitaires et négocient le retrait de l'en-treprise auprès du gouvernement. Celui-cisuspend l'activité des entreprises minières.Depuis, le gouvernement de Rafael Correaa réitéré l'interdiction d'exploiter la zone.

Résistance et alternativesDans le canton, de nombreuses initia-

tives voient le jour : développement del'écotourisme, de l'artisanat, commerciali-sation de produits biologiques, productiond’hydroélectricité avec impacts environne-mentaux faibles, constitution de réservesforestières communautaires, protectiondes bassins versants... Des instances deréflexion et de planification sont créées, lesaxes de développement du canton sontdébattus. Des expérimentations, commepar exemple la création d’une monnaiealternative, sont initiées.

Aujourd'hui, Silvia est présidente duconseil de gestion environnementale etdes ressources naturelles du cantonCotacachi. Elle continue son travail de sen-sibilisation. Elle croit au rôle des femmes,qui maintiennent la résistance dans ladurée. Garder la maîtrise de son territoire etde son avenir, pour Silvia, c'est beaucoupplus qu'un slogan.

> agnèS rouSSeaux

En savoir plus :

Collectif ALDEAH (Alternatives pour unDéveloppement Ecologique, Autodéterminéet Humain) :www.aldeah.org

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n°158 / mai 09

Brèvesv

Benoît KubiakA la rencontre des écologistes d’Europe et d’Asie

Le rendement des OGM contesté par des experts américains – Un rapport indépendant del'Union of Concerned Scientists, révèle après celui des Amis de la Terre - International, que les OGM ne garantissentpas une augmentation des rendements des cultures (tests effectués aux Etats-Unis), contrairement à ce qu'affirment lessemenciers. Aucune amélioration n’a été constatée sur les maïs et sojas analysés et l'accroissement de la productionest marginal ou faible pour le maïs insecticide étudié. Selon le rapport, les OGM n’assureront pas les besoins alimen-taires des 9 milliards d'habitants en 2050... A l'inverse, une agriculture minimisant l’usage de pesticides et d'engraissynthétiques peut plus que doubler le rendement des cultures, à faible coût pour les agriculteurs de régions en dévelop-pement.

Les Amis de la Terre - Bangladesh à la une - Le Prix Goldman pour l’Environnement a recompensécette année, pour la zone Asie, notre consœur Syeda Rizwana Hasan, juriste et présidente de BELA (BangladeshEnvironment Lawyers Association), l’antenne bangladi des Amis de la Terre - International. Le jury a loué le travail menépar Rizwana pour la défense de l’environnement, la protection des travailleurs, ainsi que son travail juridique pour régulerl’activité des pétroliers et navires transportant des substances toxiques. Rizwana est la première femme bangladi à rece-voir une telle distinction.

INTERNATIONAL

La Baleine a rencontré Benoît Kubiak : portrait d'un voyageur à la recherche d'alternatives écologiques.

En février 2008, Benoît Kubiak quittaitsa Bourgogne natale pour un voyage aulong cours à travers l’Europe et l’Asie. Sonbut : recueillir des témoignages sur lesluttes contre le changement climatiqueauprès des associations et collectivitéslocales. Mais qu’est-ce qui destinait Benoîtà se lancer dans un tel projet ? « J’ai com-mencé à m’intéresser à l’écologie lors duprocès de la Confédération paysanne quiétait poursuivie pour avoir démonté le MacDo de Millau. Je me suis rendu au procèset, sur les lieux, j’ai rencontré de nombreuxmilitants écologistes. J’ai alors réalisé qu’ilexistait une alternative. Plus tard, j’ai euenvie d’agir en m’engageant dans le mou-vement associatif ». Et après de longuesannées nourries par un parcours militant(ATTAC, Autun Morvan Ecologie, les Amisde la Terre…) Benoît se lance dans l’aven-ture Avenir Climat : « Cela faisait déjà cinqans que je travaillais à la gestion del’Agenda 21 de la communauté de com-munes de l’Autunois. J’avais l’impressionde ne plus avancer. Peu à peu est doncnée l’idée d’aller voir ce qui se faisait cheznos voisins européens et dans les paysd’Asie en matière d’environnement ».

Passé un an de réflexion, le jeunehomme entame une expédition durantlaquelle il s’autorisera tous les moyens detransports, à l’exception de l’avion, beau-coup trop vorace en énergie. C’est doncen bus qu’il rejoint l’Italie puis sa com-pagne de voyage, une jeune indiennenommée Purvi Makwana. « J’avais enviede partager mon projet avec une personne

originaire d’un pays du Sud. Cettedémarche ne devait pas seulement pré-senter la vision d’un “jeune blanc riche duNord” », précise-t-il. Malheureusement,Purvi, faute de visa, n’a pu suivre qu’unepartie du circuit. Aujourd’hui, Benoîtvoyage donc seul. Ça ne l’empêche paspour autant d’avancer : en un peu plusd’un an, il a traversé 15 pays de l’Italie à laSyrie, en passant par la Bulgarie, noué desrelations avec plus d’une centaine de per-sonnes et associations et recensé desdizaines d’initiatives écologiques.

Initiatives remarquablesJusqu’à présent, de son parcours,

Benoît retient sa rencontre avec l’associa-tion roumaine Zopadia. Créée par une poi-gnée de lycéens originaires d’une villepétrolière du nord du pays, la structurepropose des actions de sensibilisation à laprotection de l’environnement. « EnRoumanie, les habitants découvrent lasociété de consommation et ont été mar-qués par des années de communisme. Cequi fait que les initiatives individuelles sonttrès rares. Aussi, je trouve l’attitude desjeunes de Zopadia tout à fait remarquable», explique Benoît. Il aime aussi citer le casde la ligue d’activistes indépendants duLiban Indy ACT. Le regroupement qui a vule jour en 2006 à Beyrouth, anime unecampagne dans le monde arabe concer-nant les dangers des changements clima-tiques. Pour l’instant, Benoît n’a pasencore de date de retour en France, il pré-fère ne pas se fixer de planning trop précis

et se laisse guider par les rencontres. Il anéanmoins programmé tout son parcourset connaît déjà sa prochaine destination : laTurquie.

> luCile PeSCadère

En savoir plus :

http://avenirclimat.info– le projet Avenir climat est soutenu par lesAmis de la Terre – France.

Benoît Kubiak, aventurier écolo.

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FRANCEn°158 / mai 09

AntillesLaboratoire pour un autre mondeLa mobilisation du début d'année a fait converger de façon exemplaire les revendications socialeset l'écologie.

EcomatériauxDes freins au développement mis à jour

Les médias ont parlé de « mouve-ment contre la vie chère ». Mais ce futdans les DOM une grève générale sansprécédant, animée en Guadeloupe par leLKP (Lyannaj kont pwofitasyon), un col-lectif de 49 associations et syndicats. Carse dresser contre la « pwofitasyon » – à lafois profits abusifs et exploitation, unterme créole utile partout ailleurs ! –revient à formuler une critique socialebeaucoup plus vaste et pertinente. Lesrevendications étaient en effet écono-miques (les 200 € d'augmentation desbas salaires qui ont focalisé l'attention),mais aussi sociales et culturelles, abor-dant l'éducation, l'emploi, comme lesservices publics ou l'aménagement duterritoire.

En dénonçant les prix trop élevés, lesmanifestants ont posé la question desmonopoles de distribution, de la circula-tion des marchandises, des circuits deproduction, des modes de consomma-tion... Ils ont remis à plat les fondementsd'un modèle de développement intena-ble qui s'enracine dans le moule colonialracialisé hérité du passé. De la canne à labanane, puis aux complexes touristiquesavec consommables importés de métro-pole. En pointant le scandale des profi-teurs, ils ont soulevé les problèmes derépartition des ressources, d'inégalitéssociales ou de mainmise oligarchique surle pays.

Une grève pour un changementde société

Les Antillais ont ainsi porté en actesune véritable réflexion sur un changementde société. Le remarquable manifeste deneuf intellectuels (publié le 16 février 2009)offrait en ce sens des perspectives qui nese limitent pas à la Caraïbe, loin de là.

Porté par le mécontentement à la base, cemouvement a croisé la problématique éco-logique dans ses multiples dimensions etsa portée systémique. Il a aussi démontrétout l'enjeu d'une transition pour relocaliserl'économie. Pendant la grève, les hyper-marchés étaient fermés, mais les marchéslocaux ont alimenté la population. Lespêcheurs et les agriculteurs ont venduleurs denrées sans intermédiaire enrenouant le lien direct du producteur auconsommateur. Le souci n'est pas loin deré-enchâsser l'économie dans la civilisa-tion, au service des peuples et dans le res-pect des équilibres naturels.

La convergence des revendicationssociales et environnementales est crucialepour l'avenir. Ce mouvement a montrécomment elle peut être fructueuse sur leterrain. Sa réussite est liée à la prise deconscience que le mode de développe-ment actuel est intenable, néfaste pour leplus grand nombre. Une détermination col-lective exemplaire a permis d'obtenirquelques résultats. Mais quelles réponsesde fond ? Les États généraux de l'Outre-mer lancés par le Gouvernement ont étéboycottés par le LKP. Ces associations etsyndicats ont tiré les leçons d'autresconcertations-mascarades, affichage debonnes intentions, entre diversion et para-lysie finale. Le « Grenelle » est passé parlà...

> laure teulièreS

Alors que le Grenelle de l’environnementet le plan de relance misent sur la rénovationthermique des logements, les Amis de laTerre ont publié en mars 2009 le rapport"Les écomatériaux en France, état des lieuxet enjeux dans la rénovation thermique deslogements". Les travaux d’économied’énergie dans les logements sont indispen-sables pour lutter contre les changementsclimatiques et pour réduire la facture éner-gétique des ménages. Encore faut-il êtrevigilant sur les matériaux utilisés.

La fabrication de nombreux matériauxd’isolation utilisés lors des réhabilitations delogements sont très consommateursd’énergie et certains ont de nombreusesconséquences sanitaires, à la fois pour lesartisans et pour les habitants. Les écomaté-riaux tels le chanvre, le liège ou la paille,apportent des réponses concrètes à ces

préoccupations. En outre, les écomatériauxcomportent des atouts de taille : créationd’emplois non délocalisables, bien-être glo-bal dans l’habitat, faibles répercussionsenvironnementales (ponction sur les res-sources naturelles, émissions de gaz à effetde serre), etc.

Propositions concrètesPourtant, l'utilisation des écomatériaux

en France ne se développe pas assez vite.Les Amis de la Terre ont voulu savoir pour-quoi, en faisant la lumière sur le fonctionne-ment de la filière matériaux de construc-tion/rénovation. De nombreux freins régle-mentaires et économiques handicapentleur développement et leur accessibilité auplus grand nombre.

Convaincus que les écomatériaux pour-ront jouer un rôle important dans la lutte

contre les changements climatiques, dansl’amélioration de la qualité des logements etle développement économique local, lesAmis de la Terre listent dans ce rapport 12propositions concrètes à destination detous les acteurs de la filière : Gouvernement,mais aussi industriels, professionnels dubâtiment, fabricants d’écomatériaux, assu-reurs ou collectivités locales.

> Cyrielle den HartigH

Chargée de campagne Changements climatiques

Aller plus loin :

Retrouvez le rapport « Les écomatériaux enFrance, état des lieux et enjeux dans la rénova-tion thermique des logements » : www.amis-delaterre.org/IMG/pdf/synthese_rapport_ecomateriaux_Amis_de_la_Terre.pdf

La grève générale animée par le LKP aquestionné les fondements d'un modèle dedéveloppement intenable.

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n°158 / mai 09FRANCE

EnergieLe nucléaire atomisé ?Malgré les effets d'annonce de l'Elysée, les ventes d'EPR (Réacteur Pressurisé Européen) restent très limi-tées et ne pourront pas compter sur l'appui du plan de relance américain.

La Nef Le choix des Amis de la Terre

Depuis 2005, les Amis de la Terre ana-lysent les impacts sociaux et environne-mentaux des activités des grandesbanques françaises, qu’ils ont présentéesdans les rapports « Banques françaises etenvironnement : presque tout reste à faire» et « Banques françaises, banques fos-siles ? ». Parallèlement, ils ont publié leguide éco-citoyen « Environnement :comment choisir ma banque ? » quiclasse les banques selon leurs impactsinduits et qui permet au grand public dechoisir sa banque selon des critèressociaux et environnementaux.

Un partenariat de choixSi la campagne sur la responsabilité des

banques met en avant l’implication de BNPParibas ou de la Société Générale dans desprojets controversés, elle montre que desalternatives existent aussi. La Nef, coopéra-tive de finances solidaires dont la missionest d’utiliser l’épargne qui lui est confiéepour financer exclusivement des projetsdans les domaines environnementaux,sociaux et culturels, en fait partie. C’estdonc en connaissance de cause que lesAmis de la Terre soutiennent la Nef, alterna-tive crédible dans le milieu financier et sur-

tout, seul acteur financier français à publierchaque année l’intégralité des projets finan-cés. Depuis début 2009, ses épargnantsont en outre la possibilité de reverser unepartie de leurs intérêts aux Amis de la Terre– France. Enfin, la Nef vise à devenir unebanque éthique européenne avec des par-tenaires en Italie et en Espagne, ce qui luipermettra de devenir une banque à partentière et de proposer davantage de ser-vices aux particuliers d’ici 2011. Tous à laNef !

> yann louvelChargé de campagne *

En février 2008, Le Figaro annonce « leréveil du nucléaire dans le monde ». Neufmois plus tard, Les Echos rectifient leursannonces récurrentes sur la supposéerenaissance du nucléaire du fait de la crisefinancière. Le site Capital.fr sonne le glas le3 février 2009 en titrant sur le « peud'atomes crochus [d'AREVA] avec labourse ». En cause, « le manque de visibi-lité sur la stratégie et la gouvernance, lesdécisions importantes [étant] prises endernier lieu par l'Elysée ». Nicolas Sarkozymultiplie en effet les déplacements cesderniers mois pour vendre des réacteursnucléaires. Libye, Algérie, Maroc, Niger,Arabie Saoudite, Jordanie, Afrique du Sud,Estonie... Des déplacements qui, selon leRéseau Sortir du nucléaire, sont « autantd'annonces pour des réacteurs parfaite-ment virtuels ». Ces visites se seraientconclues par la signature de simples"mémorandum d'entente" ou "accords decoopération" qui n'engagent à rien, bien

qu'il y soit souvent fait mention de l'éven-tualité de construire des EPR.

Zéro dollar La France a exporté un seul EPR, en

Finlande, qui est un gouffre financier. Lechantier géré par AREVA accumule lesdéboires – plus de trois ans de retard – etles surcoûts, la Finlande réclamant 2,4 mil-liards d'euros de pénalité. Flamanville(Manche) a hérité de la seule vente d'EPRet ce chantier, géré par EDF, compte prèsd'un an de retard. Deux autres EPR ven-dus à la Chine demeurent pour le momentà l'état de projet. Pour le reste, les effetsd'annonce se sont transformés en reculspeu médiatisés. L'Afrique du Sud, sur fondde polémique sur les coûts du nucléaire, aenterré son projet de centrale débutdécembre 2008. Et Barack Obama d'ato-miser le nucléaire aux Etats Unis en pré-sentant le 26 février 2009 un plan derelance attribuant... zéro dollar à ce sec-

teur. Ce plan prévoit 39 milliards de dollarspour le ministère de l'Energie et mise surl'efficacité énergétique et l'amélioration duréseau sans un cent pour le nucléaire.Alors que l'industrie nucléaire espéraitquelques 50 milliards de dollars, aucundirigeant français n'a commenté cettedéconvenue.

Acharnement françaisDes pays se détournent donc de

l'atome, mais pas la France, qui, sur sonpropre territoire, poursuit sa course à laconstruction de réacteurs. Après Penly(Seine Maritime), Nicolas Sarkozy aannoncé en février dernier que la Francepourrait se doter d'un troisième réacteurEPR. Les événements au Tricastin maisaussi les fuites radioactives à Romans surIsère (Drôme) et à Cruas-Meysse(Ardèche) ont pourtant révélé l'extrêmedangerosité de cette énergie. Le dossierinextricable des déchets radioactifsconforte la dimension polluante dunucléaire. Seize associations en luttecontre l’enfouissement des déchetsnucléaires, avec le soutien du RéseauSortir du nucléaire, de la CRIIRAD, deGreenpeace, d'Agir pour l’environnementet des Amis de la Terre, appellent à unmoratoire. Rejoindre la marche internatio-nale pour la paix de Genève à Bruxellesjusqu'au 9 juillet, c'est prendre la routed'un avenir sans nucléaire.

> SoPHie CHaPelle

J’y participe :Signer la pétition : www.dechets-nucleaires-ne-pas-enfouir.org

Marche pour la paix :www.sortirdunucleaire.org

Action publique à Lyon lors du Chernobyl Day, le 26 avril 2009.

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FRANCEn°158 / mai 09

AgrocarburantsDécision irresponsable de l’Union européenneAlors que l’Union européenne (UE) a fixé en décembre 2008 un objectif d’incorporation de 10 % d’agrocarburants dans les carburants d’ici 2020, la mobilisation se poursuit

L’UE a adopté fin décembre 2008 lepaquet « énergie-climat », qui contient laDirective sur les énergies renouvelables.Dans ce cadre, elle a maintenu sa décisionde porter à 10 % la part d’agrocarburantsdans la consommation totale de carburantsdans les transports européens en 2020.Cette décision ouvre la porte à la ruée desentreprises européennes vers les terres despays du Sud, pour produire huiles etcéréales nécessaires pour atteindre lesobjectifs d’incorporation d’agrocarburants.

De nombreuses voix contreCette décision intervient malgré la mobi-

lisation importante de la société civile contrele développement des agrocarburants.Lancée le 1er octobre 2008, la campagnecommune aux Amis de la Terre – France,

Oxfam France-Agir Ici et le CCFD « Lesagrocarburants ça nourrit pas son monde »a donné la possibilité à 35 000 personnesd’interpeller directement MM. Sarkozy etBarnier sur la question. Elle s’est égalementtraduite par l’organisation de plus de centmanifestions publiques ou conférences.

Mais les ONG ne sont pas les seules às’intéresser aux conséquences désas-treuses des agrocarburants pour les popu-lations des pays du Sud et pour l’environ-nement. Ces critiques ont également étébien médiatisées, et quelques députésfrançais et européens ont repris à leurcompte les éléments mis en avant danscette campagne pour interpeller le ministrede l’Agriculture.

Le Parlement européen, de son côté,avait fait des recommandations fermes enseptembre 2008, pour revoir à la baissel’objectif d’incorporation et limiter lesimpacts négatifs de cette politique sur ledroit à l’alimentation, les déplacements for-cés de population, ainsi que sur la défores-tation et la pollution des sols. De ces recom-mandations, l’UE n’a presque rien gardé.

Pistes d’évolutionPourquoi ce vote irresponsable dans

ce contexte ? Dans plusieurs cabinetsministériels français, on reconnaît souventla démesure et les risques de l'objectif de10 %, mais sans vouloir remettre en cause

le soutien promis au lobby agricole.Néanmoins, il semble qu’un débat s’ouvreentre les différents acteurs autour d’unobjectif limité à 7 % en France, afin de nepas recourir à des importations et sansaffecter nos propres marchés alimentaires.De plus, le soutien financier à la filière s’af-faiblit puisque, suite à une modification duProjet de Loi de Finances en début d’an-née 2009, les aides fiscales aux agrocar-burants seront progressivement réduites.

En outre, dans le cadre de la plaintedes Amis de Terre et d’autres associationscontre la scandaleuse publicité «Bioéthanol de betteraves : enfin une bonnenouvelle ! », le Jury de DéontologiePublicitaire a reconnu que cette publicitéviolait le code déontologique publicitairesur le développement durable.

Enfin, au niveau régional, les résultatssont positifs : l’Association des Régions deFrance (ARF) a publié en fin d’année 2008une étude critique sur la politique françaisede promotion des agrocarburants. L’ARFdemande au Gouvernement de revenir surl’objectif d’incorporation, afin de tenircompte de tous les impacts induits. Cesévolutions constituent-elles une premièreétape vers une approche plus critique ?

Elles ne peuvent qu’encourager à lapoursuite de la mobilisation.

> SébaStien godinot

Coordinateur des campagnes

Brèvesv

Les Français prêts à consommer moins – Alors que les partis politiques, y compris écologistes, rejettentle mot « décroissance » au motif qu’il ferait peur et que les citoyens ne seraient pas prêts, un sondage réalisé parOpinionWay les 11 et 12 mars 2009 montre que 93 % des sondés sont prêts à consommer moins, 75 % à utilisermoins leur voiture et 43 % à réduire leurs voyages en avion. 58 % ont acheté un produit bio au cours du dernier trimes-tre, et les femmes sont plus volontaires. Qui est en retard ?

Amorce attaquerait Eco-emballages – Regroupant plus de 350 collectivités, Amorce envisage un dépôtde plainte contre Eco-emballages. Ses placements hasardeux pourraient entraîner jusqu’à 75 millions d’euros de pertesfinancières, comme l’a confirmé en février un audit commandé par le Gouvernement. Eco-emballages est réticentdepuis plusieurs mois à respecter le barème de soutien aux collectivités. Amorce demande la création d’une agenceindépendante de régulation des filières de tri et de recyclage.

Macabre poisson d’avril – Valé Inco/Goro Nickel a déversé le 1er avril 2009 entre 14 000 et 200 000 litresd’acide sulfurique dans le ruisseau se jetant dans la baie Prony (Nouvelle-Calédonie, voir La Baleine n° 153), y suppri-mant toute la faune alors qu’il comptait 4 espèces de poissons endémiques. L’industriel ne dispose d’aucune «Installation Classée pour la Protection de l'Environnement » pour cause d’étude d’impact insuffisante. La Province l’atout de même contraint à l’arrêt, Cofesud (entre autres) réclame l’annulation de l’arrêté d’autorisation et l’évaluation glo-bale du projet. Voir http://codefsud.blogspot.com.

Difficile de faire entendre sa voix sur les agrocarburants.

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n°158 / mai 09

Le procès en correctionnelle de l’explosion de l’usine chimique AZF en 2001 à Toulouse s'est ouvert. Il vise àétablir les responsabilités pénales de cette catastrophe.

Procès AZFRecherche responsabilités pénales

Les Amis de la Terre lancent en mai2009 une campagne publique sur le thèmede la responsabilité sociale et environne-mentale des entreprises, grand oublié duGrenelle de l'environnement malgré lespromesses de Nicolas Sarkozy. Ciblant lesparlementaires en vue du vote du texte de

loi « Grenelle 2 », cette campagne leuradresse trois demandes : instaurer la res-ponsabilité juridique des maisons-mèresdes multinationales françaises sur leursfiliales à l'étranger, améliorer la loi NRE de2001 sur le reporting de leurs impactssociaux et environnementaux, et modifier

les textes de loi pour que les périmètres desécurité des sites industriels à risque soientsoumis à débat public.

> gwenael waSSe

Chargé de campagne * Responsabilité socialeet environnementale des entreprises

Encadré Profits réels, responsabilité artificielle

Déforestation L'art : outil de dénonciation

RÉGIONS

Huit ans après l’explosion du hangar221 de l’usine AZF, le 21 septembre 2001,qui avait provoqué la plus grande catas-trophe industrielle depuis la secondeguerre mondiale, un procès exceptionnelde quatre mois s'est ouvert à Toulouse le23 février 2009. Serge Biechlin, le directeurde l'usine, et Grande Paroisse – exploitantde l’usine et filiale du groupe Total – en tantque personne morale, sont poursuivis pour« homicides et blessures involontaires,destructions et dégradations involontairespar l'effet d'une explosion ou d'un incen-die, et infractions au Code du travail ». Eneffet, après 6 ans d'instruction, la thèse del'accident chimique a été retenue. Ils ontété rejoints par Total, la maison mère, etson Président qui ont reçu une citationdirecte à comparaître dès la premièresemaine de procès.

Usine « modèle »Ce procès est historique par l’ampleur

de la catastrophe, l’émotion suscitée etses répercussions possibles : la premièresemaine, a eu lieu le décompte des 31morts, des 20 800 blessés indemnisés etautres victimes du tiers de Toulouse détruit.

A ce jour 2 500 parties civiles se sontdéclarées, 200 témoins et experts vont sesuccéder à la barre et 50 avocats intervien-dront lors de ce procès.

Les quatre mois d’audiences, visant àdéterminer les responsabilités pénales,vont être chargés. Le Tribunal aura à éva-luer l’ampleur de l’événement, l’organisa-tion des secours au moment de la catas-trophe et le fonctionnement du site. L’usinedécrite comme « modèle » par son direc-teur comportait, d’après les entreprisessous-traitantes, des parties vétustes. Lacertification ISO 14 001 avait d’ailleurs étéretirée.

Les experts auront la charge de l’éva-luation de l’explosivité des nitrates, l’ana-lyse du cratère, des enregistrementssonores ou filmés, autant d’apports quipermettront de proposer une explication àla catastrophe. En effet, les experts payéspar Total remettent en cause la thèse del’accusation, qui affirme que deux produitsincompatibles ont été mis en contact, sansen avancer de plausible de leur côté.

Après la recherche de la cause et lathèse de l’accusation, les plaidoiriesconcluront le procès en juin 2009. Le déli-

béré devrait être rendu, quant à lui, dans la deuxième quinzaine de novembre.

Le Président du Tribunal, par sa par-faite connaissance du dossier et sa cour-toisie, maintient une qualité remarquable àces débats passionnants.

> roSe FraySSinet

Les Amis de la Terre - Midi-Pyrénées

Pour suivre les audiences :http://plusjamaiscaniiciniailleurs.over-blog.org/

Les Amis de la Terre - Paris s'élèventdepuis plusieurs années contre les mono-cultures d'arbres. L'opération de compen-sation carbone « Un Parisien, un arbre »,organisée par la Mairie de Paris, avait enparticulier été dénoncée en octobre 2008.Elle incitait les Parisiens à financer des pro-jets de reboisement dans les pays du Sudpour lutter contre la déforestation. Seul hicen lieu et place de la forêt et de la biodiver-sité attendues, apparaissent souvent desmonocultures d'eucalyptus, très gour-mands en eau. Ce type d'opération nereprésente donc pas une solution face à ladéforestation et aux changements clima-tiques. Les Amis de la Terre - Paris défen-

dent au contraire la lutte contre le gaspil-lage et en particulier la publicité.

Œuvre symboliqueDans le cadre de la Journée mondiale

contre les monocultures de plantation d'ar-bres qui se tiendra le 19 septembre 2009,les Amis de la Terre - Paris invitent l'artisteaméricaine Barbara Hashimoto à présenterune œuvre monumentale et symbolique aumusée du Montparnasse à Paris.Composée d'imprimés publicitairesbroyés, collectés au préalable par des mili-tants et sympathisants, son installationvisera à alerter le public sur la quantité depapier gaspillée. Une mobilisation et une

médiatisation de cette action artistiquepeut amener à refuser de plus en plus lapublicité.

Pour participer :

- Collectez les imprimés publicitaires et contac-tez les Amis de la Terre - Paris : [email protected] Rendez-vous le 19 septembre 2009 àl'Espace Krajcberg du musée du Montparnasse- 21, avenue du Maine - Paris 14e

> leS amiS de la terre - PariS

En septembre 2001, l’explosion de l’usine AZF àToulouse à défiguré une grande partie de la ville.

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La Baleine

n°158 / mai 09

Depuis quelques années, parallèle-ment à la prise de conscience sur les défisécologiques actuels, les problèmes desécurité alimentaire ont conduit les respon-sables politiques, administratifs, pédago-giques et les parents d’élèves à s’interro-ger sur les pratiques alimentaires en res-tauration scolaire. L’agriculture biologiqueapporte des réponses à ces questions engarantissant aux scolaires des produits dequalité, dont la composition est équilibréeet la saveur intacte. Mais cela va plus loin,fournir les cantines scolaires avec des pro-duits biologiques est l’occasion de sensibi-liser les enfants à l’écologie : respect del’environnement, des hommes et des terri-toires. L'éveil des enfants au goût naturel

des aliments favorise leurs préférencespour des produits de saison, qui n’ont pasbeaucoup voyagé…

Pourtant seulement 0,1 % de la restau-ration française est biologique, du faitnotamment de la méconnaissance dusujet. Or, la mise en place d’une restaura-tion collective est accessible, et un petit «coup de pouce » d’une association audémarrage d’un tel projet peut en faciliter lamise en place.

Comment faire ?Autour du questionnement sur les sou-

tiens possibles à l’agriculture biologique etpaysanne, les Amis de la Terre – Haute-Loire, géographiquement ancrés sur le pla-

teau Vivarais-Lignon, ont entamé après voircréé une AMAP, une réflexion sur la mise enplace de cantines bio.

La première étape est de repérer le tauxde sensibilisation et de soutien auprès despolitiques et des acteurs locaux nécessaire-ment concernés par le projet : institutions,groupes scolaires, collèges et lycées, mai-sons de retraite, centres de loisirs, etc.

Après avoir repéré de potentiels fournis-seurs locaux permettant d’asseoir un argu-mentaire solide, des réunions peuvent êtreorganisées avec les différents acteurs, afinde leur exposer le projet et sa faisabilité.

Pas plus cherA l’objection qui est souvent faite du

coût plus élevé du « bio », les Amis de laTerre – Haute-Loire répondent que man-ger bio n’est pas forcément plus cher. Enfaisant évoluer l’alimentation peu à peu,en privilégiant les légumes de saison, lesproduits locaux, et en diminuant les pro-téines animales, le surcoût est très limité.

D’autre part, la formation des person-nels de cuisine et l’encadrement pédago-gique est pris en charge en partie par leConseil général.

C’est un long chemin, et « lentementmais sûrement », les choses changent !

> Jenny HadJidakiS

Les Amis de la Terre - Haute-Loire

En savoir plus :

Nos enfants nous accuseront, film de Jean-Paul Jaud, 112 minutes, 2008 www.nosenfantsnousaccuseront-lefilm.com

La restauration collective biologique présente un grand nombre d’avantages et n’est pas nécessairementplus coûteuse que les cantines classiques.

RÉGIONS

Restauration collectiveTous au bio, c'est possible ?

Brèvesv

Guerilla potagère – Les Amis de la Terre – Montreuil et bien d'autres ont organisé le 17 mai 2009 un semis col-lectif de variétés anciennes de potagères, interdites à l'usage commercial sur des lieux publics. Cet événement festif futl'occasion de rappeler les problèmes d'appauvrissement de la biodiversité domestique liés à l'appropriation du vivantpar les grandes multinationales, et d'appeler à résister en conservant et diffusant les variétés anciennes.www.semonslabiodiversite.org

Des orangs-outans à Limoges – Trois orangs-outans courant dans les rayons, suivis de militants étiquetantcertains bois « ce produit nuit gravement à la forêt et au climat »... C'est la scène qu'ont pu vivre les visiteurs deCastorama et Bricorama à Limoges le 9 mai dernier. Cette action organisée par les Amis de la Terre visait à dénoncerl'importation de certains bois exotiques, rares et précieux pour certaines populations et nécessaires aux grands équili-bres écologiques mondiaux. Le site www.ecolo-bois.org propose des alternatives à ces produits.

On nous in'onde en Meurthe-et-Moselle – Alors que le Parlement européen vient d'adopter un rapportconcernant les effets sur la santé des champs électromagnétiques, le Conseil général de Meurthe-et-Moselle impose latechnologie WIFIMAX sur l'ensemble du département sans aucune concertation (voir La Baleine n° 156). Les Amis de laTerre - Meurthe-et-Moselle demandent un moratoire sur la généralisation du WIFI et l'ouverture d'un débat citoyen viades pétitions « cartes postales ». Pour en savoir plus : www.amisdelaterre.org

Le goût des enfants pour les produits de saison peut être éveillé très tôt

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Après une année 2008 marquée par des découvertesscientifiques alarmantes sur l'emballement des change-ments climatiques, 2009 devra être l’année des décisions.Des sessions de discussions sur les politiques internatio-nales de lutte contre les changements climatiques débou-cheront sur le sommet final rassemblant les pays signa-taires de la Convention Cadre des Nations unies sur lechangement climatique (CCNUCC) à Copenhague du 7 au 18 décembre 2009. Les parties devront impérativementtomber d'accord sur la suite à donner au protocole deKyoto signé en 1997 pour la période post 2012, au risqueque toute chance de contenir les dérèglements climatiquestombe à l'eau.

Un accord fort, absolumentLes Amis de la Terre poussent pour que ces discus-

sions internationales aboutissent à des décisions qui pren-nent le taureau par les cornes : pas d'accord faible ni dereport de la signature à l'année suivante. En effet, les retards pris par les discussions internationales sur le climat font de cette année, un point de non retour. Depuisdes années, les industries les plus polluantes, les investis-seurs et les gouvernements les plus aliénés à leurs logiquesfreinent par tous les moyens les avancées de la lutte contreles dérèglements du climat mondial.

La position des Amis de la Terre s’appuie sur les prin-cipes de solidarité avec les pays les plus touchés par lespremiers effets des changements climatiques et de respon-

sabilité historique des pays industrialisés. Cette position sedécline en trois axes : des objectifs de réduction des émis-sions de gaz à effet de serre des pays industrialisés d'aumoins 40 % d'ici 2020 et de 95 % d'ici 2050, le rejet desmécanismes de flexibilité (connus sous le nom de « com-pensation », en particulier l’inclusion des projets de luttecontre la déforestation dans les mécanismes de marché), et la mise en place d'un système de soutien financier versles pays du Sud pour l’adaptation et l’atténuation.

Entendre les populations du monde Au delà des positions défendues par les Amis de la

Terre auprès des médias et des décideurs français et européens, il est primordial que la mobilisation populaire s’organise pour faire monter la pression.

Les gouvernements du Sud se font de plus en plusentendre, via des regroupements tel que l'AOSIS, rassem-blant les petits pays insulaires, ainsi que les populations viales organisations internationales dont les Amis de la Terre -International ou Climate Justice Now !, regroupant un grandnombre d'organisations sociales ou écologiques. De nom-breux événements sont prévus tout au long de l'année2009 avec pour point d'orgue la journée mondiale pour leclimat le 12 décembre pour laquelle des milliers d'évène-ments, notamment à Copenhague, sont attendus.

> Cyrielle den HartigH

Chargée de campagne * Changements climatiques

En décembre 2009 se tiendront des négociations internationales sur le climat à Copenhague.Elles devraient déboucher sur un accord remplaçant le protocole de Kyoto prenant fin en2012. L'enjeu est énorme car les dernières découvertes scientifiques font état d'un dérègle-ment climatique toujours plus important et imminent, avec des conséquences imprévisiblessur l'environnement mais aussi et surtout sur l'Homme. Des mesures politiques ambitieuseset équitables doivent être prises de manière urgente. Une mobilisation massive est indispen-sable pour faire naître un vrai débat public et pousser les décisionnaires à adopter des poli-tiques courageuses. Les Amis de la Terre - France et International en font une priorité et vousinvitent à découvrir ce dossier et à le faire circuler.Bonne lecture !

DOSSIER

Climat,le�point�de�non�retour

L'accord international sur le climat qui sera négocié à Copenhague (Danemark) en décembre 2009est déterminant pour l'avenir climatique, pour cette raison, la société civile doit se faire entendre.

Négociations internationales sur le climat Vers un accord ambitieux ?

La Baleine

n°158 / mai 09

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n°158 / mai 09

Les dates clés des négociations internationales sur le climat

Regard scientifique « Le pire scénario est en train de se réaliser »

Droits de l’Homme Les oubliés de Copenhague…

Les changements climatiques menacent les droits de l’Homme !Outre les conditions sociales de vie qui sont directement affectées, cesont nos chers droits fondamentaux qui sont déjà bousculés.

Les dérèglements climatiques portent directement atteinte à l’undes principaux pivots des droits de l’Homme, le droit à la vie. En effet,les bouleversements climatiques menacent la vie humaine à traversdes phénomènes brutaux (ouragan Katrina) ou insidieux (montée desocéans au Bangladesh). Par conséquent, pour rendre « concret eteffectif » le droit à la vie tel que reconnu dans les principaux textesinternationaux sur les droits de l’Homme (notamment le Pacte de1966 de la Cour européenne des Droits de l'Homme), il est néces-saire de mettre en place des systèmes juridiques organisant concrè-tement la protection de ce droit. Alors que les discussions sur leschangements climatiques sont marquées par leur technicité (pourcen-tage de réduction, quotas, marché, etc.), il s’agirait ici de replacer l’hu-main au centre des préoccupations liées au climat.

L'Être humain au cœur du changement climatiqueOr, à l’approche du rendez vous de Copenhague, force est de

constater que l’agenda est vide de cet enjeu ! Pire, les ONG sem-blent, elles aussi, s’être lancées dans cette course aux chiffres alors

même que le protocole de Kyoto est un instrument très insuffisantpour lutter efficacement contre le changement climatique... Le rôledes ONG n’est-il pas de pointer du doigt les sujets délaissés par les Etats ? Les ONG doivent urgemment proposer l'adoptiond'un nouveau protocole sur les changements climatiques et lesdroits de l'Homme à la CCNUCC.

Petite lueur d’espoir, le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONUvient d’achever un rapport sur cette question, mais, malgré les contri-butions audacieuses des Amis de la Terre - Angleterre, il ne brille paspar son ambition…

> Julien

1994 : Entrée en vigueur de la Convention Cadre des Nationsunies sur le changement climatique (CCNUCC), ratifiée à ce jourpar 192 pays1997 : Adoption du protocole de Kyoto1997 – 2008 : Conférences annuelles des signataires de laCCNUCC et des parties au protocole de Kyoto 2005 : Entrée en vigueur du protocole de Kyoto ratifié par 172pays - à l'exception notable des Etats-Unis. Il propose un calen-drier de réduction des émissions des gaz à effet de serre avecdes engagements de réduction des émissions pour 38 paysindustrialisés, pour une réduction globale de 5,2 % des émis-sions de CO2 d'ici 2012 par rapport à celles de 1990

Décembre 2008 : Adoption du « paquet énergie-climat »européen, sous la Présidence française de l'Union européenneAvril 2009 : 1ère réunion de 2009 de la CCNUCC, Bonn(Allemagne)Juin 2009 : 2e réunion de la CCNUCC, BonnOctobre 2009 : 3e réunion de la CCNUCC, Bangkok(Thaïlande)Novembre 2009 : 4e réunion de la CCNUCC7 - 18 décembre 2009 : 15e Conférence des Parties à laCCNUCC et 5ème réunion des Parties au protocole de Kyoto,Copenhague

A Copenhague comme dans les autres rencontres internationalessur le climat, ce sont les conclusions du GIEC qui servent de baseaux discussions. Et ces conclusions sont claires : il va falloir agir vite etfort. Si l’on ne veut pas dépasser la limite que l’Union européenne aelle-même fixé pour l’horizon 2100, c'est-à-dire une augmentation maximale de la température terrestrede 2° C par rapport à la période pré-industrielle, le monde devra d’ici2050 réduire ses émissions de gaz à effet de serre non pas de 50 %,comme il était admis jusqu’alors, mais de 80 %.

« Pour réussir cette réduction de 80 %, il faut que la courbe denos émissions commence à décroître en 2015, explique Jean-PaulCéron, membre du groupe de travail II du GIEC. Puis il faudra baisserde 6 % par an. Les progrès technologiques ne pourront pas suffire àatteindre cet objectif. Il va falloir un changement des modes de vie. Sil’on ne fait rien on va inévitablement en payer les conséquences. »

Et les conséquences sont lourdes. Le GIEC avertit les Etats quipensent encore pouvoir s’adapter qu' « un changement climatiquenon atténué conduirait vraisemblablement, à long terme, à dépasserles capacités d’adaptation des systèmes naturels, gérés et humains. »

Chiffres tièdesPourtant les chiffres avancés par le GIEC sont encore tièdes par

rapport à l’état des savoirs actuels. Le rapport est par essence édul-coré : il doit être validé par l’ensemble des Etats représentés. «Certains éléments pourtant très intéressants ont dû être laissés decôté, affirme M. Céron. Par exemple les théories sur les mécanismescumulatifs n’ont pas été intégrées dans nos calculs sur l’élévation duniveau de la mer. Sur ce point nous sommes en retard sur le film d’AlGore ! ». Cependant, la nécessité de consensus présente un avan-tage : les conclusions et recommandations du rapport ne peuventêtre contestées par les gouvernements.

Depuis la sortie du rapport, des pontes du GIEC multiplient lesinterventions dans la presse pour convaincre les dirigeants de l’ur-gence. 2 000 scientifiques se sont réunis en mars à Copenhaguepour faire entendre avant les négociations que « les dernières obser-vations confirment que le pire des scénarios du GIEC est entrain de se réaliser ».

> Caroline HoCquard

Pour aller plus loin :

Rapport « Témoignages des populations affectées par le changement climatique» : www.amisdelaterre.org/Les-populations-affectees-par-le.html Rapport « En lutte pour nos droits » :www.foei.org/fr/publications/pdfs/human_rights.pdfAppel citoyen du collectif Argos :www.refugiesclimatiques.com/petitionwww.collectifargos.com/

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Ecologie

et�service�public�de�l'énergie

DOSSIER

Une conférence internationale rassemble un grand nombre d'acteurs, aux rôles, objectifs et moyensdifférents. La Baleine vous guide dans les couloirs des négociations !

NégociationsLe poids des arguments

Etats-UnisEt si un Président faisait la différence ?

Les 192 pays signataires de la Convention Cadredes Nations unies sur le changement climatique(CCNUCC) seront réunis en décembre 2009 àCopenhague pour négocier le nouvel accord qui succè-dera au protocole de Kyoto en 2012. Outre les gouver-nements, 1 500 lobbyistes représentent les intérêts desbanques, industries, ONG, syndicats… Malgré les diffé-rences de statut, leur objectif est le même : faire bascu-ler les directives dans leur sens. C’est le principe mêmedu lobbying, influencer les personnes responsables dela législation afin « d’infléchir une norme, d’en créer unenouvelle ou de supprimer des dispositions existantes ».Un lobby est donc un groupe de pression, qui regroupeles acteurs d’un même domaine pour imposer leurpoint de vue.

Même fin, différents moyensPlusieurs milliers de lobbyistes arpentent toute l’an-

née les couloirs des ministères, de Bruxelles, del’ONU… Mais les temps forts sont canalisés pendantces conférences. Le World Business Council forSustainable Development est un lobby de 200 multina-tionales. Il est à l’origine du Global Business Day qui aeu lieu à Poznan (Pologne) lors de la dernière rencontredes parties de la CCNUCC en décembre 2008, « orga-nisé pour faciliter le dialogue entre les hautes entre-prises et les experts gouvernementaux ». Tout est dit.Une journée peu médiatisée où le gratin des entreprisesa rencontré les responsables gouvernementaux. Le lob-bying d’intérêt privé se fait à l’ombre des caméras, le

lobbying d’intérêt public en interpellant les dirigeantspar des conférences de presse, des rendez-vous avecles négociateurs et en mobilisant la population par desactions symboliques.

Le Réseau Action Climat - International (CAN) est unréseau de 450 ONG dont font partie les Amis de laTerre. A Poznan, il a sollicité directement les responsa-bles de l’Union européenne dont Nicolas Sarkozy, surl’importance de leur rôle pour la réussite de la confé-rence. En parallèle, le CAN a organisé chaque jour dansle hall où se tenaient les négociations les « Fossil of theDay Award ». L’objectif ? Dénoncer devant les journa-listes le pays ayant le plus ralenti les négociations pourle mettre face à ses responsabilités. Le Canada a ainsiété déclaré grand « vainqueur » de Poznan.

Et au final ?Au final, un travail de titan pour les négociateurs et

décisionnaires, sur-sollicités pendant ces journées. Afinde prendre les « bonnes » décisions, ils doivent faire le trientre toutes les informations scientifiques, sociales, éco-nomiques envoyées par les différentes parties prenantes.Des contextes international et national, de la capacité deconviction des lobbies dépendent les décisions prises parles Etats. La crise financière a favorisé les lobbies écono-miques à Poznan. Les ONG, associations et syndicats semobilisent pour que le climat et les populations restent aucentre des négociations de 2009.

> Céline goSSa

Le règne de Georges W. Bush à la Maison Blanchea été une catastrophe concernant les mesures à pren-dre pour lutter contre les changements climatiques.Steven Guilbeault, de l’ONG québécoise Équiterre etco-président du Réseau Action Climat - International,présente ici ses observations sur la politique visée parBarack Obama, à la veille du sommet international deCopenhague.

Alors que les États-Unis n’ont pas ratifié leProtocole de Kyoto et ont accusé un retard considéra-ble dans la réduction des émissions des gaz à effet deserre, l’objectif fixé par la nouvelle présidence à l’hori-

zon de 2020 est de réduire les émissions de 20 % parrapport à 1990.Un budget à la hauteur

Steven Guilbeault rappelle que Barack Obama aannoncé que 15 à 20 % de son budget de 750 mil-liards de dollars US consacré au plan de relance éco-nomique serait investi dans les énergies vertes. Ilcompte doubler, au cours des trois prochaines années,la production d’énergies renouvelables (éolien, solaire,géothermie, etc.). L’ensemble des édifices publicsfédéraux atteindraient une performance énergétique de70 %. Deux millions d’habitations pourraient bénéficierd’un plan d’isolation éco-énergétique.

Ce qui importe également est la composition del’équipe sur le dossier énergie – qui ne se vérifie paspour l'ensemble de l'équipe gouvernementale : desexperts rigoureux qui ne mettent pas en doute la réalitédes changements climatiques. Steven Chu, Prix Nobelde physique 1977, est nommé à la tête du ministère del’Énergie et Lisa P. Jackson, administratrice del'Agence de protection de l'environnement des Etats-Unis. Vigilance enfin, quand le président élu de la plusgrande puissance économique au monde déclare qu' «il n’y a pas de contradiction entre la croissance écono-mique et des pratiques écologiques solides ».

> Clôde de guiSe

Action “Enveloppons les changements climatiques” des Young Friendsof the Earth – Europe à Poznan (Pologne) le 11 decembre 2008.

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EuropeCompensation carbone, une controverse sociale etenvironnementale

Qu'entend-on par « mécanismes de flexibilité » ?Le protocole de Kyoto autorise les parties de l’Annexe I – mem-

bres de l'OCDE et pays européens dont l'économie est en transitionvers une économie de marché – à utiliser les mécanismes de flexibi-lité pour leur permettre d'atteindre leurs obligations en matière deréduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Il existe troistypes de mécanismes de flexibilité, les permis d’émissions négocia-bles, les mécanismes de développement propres (MDP) et les misesen œuvre conjointes (MOC). Le marché européen des quotasd'émissions (ETS - European union Trading Scheme) permet auxentreprises fortement émettrices d'acquérir des « droits » d’émis-sions, par l'intermédiaire des MDP ou des MOC par exemple. LeMDP est censé contribuer au « développement durable » du payshôte, par la réalisation d'un projet réduisant les émissions de GES. Enretour, le pays industrialisé à l’initiative du projet reçoit des Unités deRéduction Certifiée des Emissions égales aux réductions réalisées,qu’il pourra comptabiliser pour remplir son propre engagement deréduction d’émissions. La MOC est une variante du marché d’émis-sions où chaque pays de l’Annexe I qui a réduit ses émissions plusqu’il n’y est contraint, peut revendre ses quotas d’émissions.

Quels problèmes ces mécanismes de flexibilitéposent-ils?

Ils sont très problématiques. L'ETS a été critiqué pour son inca-pacité à atteindre le « cap » - niveau absolu de réduction des émis-sions obligatoires - et pour son allocation gratuite des permis.Quelques individus continuent de croire en son potentiel et travaillentsur la réforme de l'ETS.

Le MDP est défectueux parce qu’il permet aux pays de l’AnnexeI d’éviter ou de retarder la réduction des émissions de GES du trans-port, des secteurs industriels et de l’agriculture en leur permettantsimplement d’acheter des crédits MDP aux pays en développement.C’est de la simple compensation carbone ! Le MDP donne la priorité

à la réduction d’émissions en sus de tout autre aspect de développe-ment durable, conduisant au financement de projets socialement etenvironnementalement catastrophiques.

Existe-t-il des alternatives?Il existe de nombreux moyens, pour les pays de l’Annexe I, de

réduire leurs émissions au niveau national sans « acheter » ces quo-tas d’émissions ailleurs. Afin d’atteindre une économie sobre en car-bone dans l’hémisphère nord et sud, nous devons prendre de réellesmesures pour transformer nos modes de production et de consom-mation. Nous devons mettre en œuvre l’efficacité énergétique, la pro-duction décentralisée des énergies renouvelables, des pratiquesagroécologiques durables en filière courte. Il nous faut donner la prio-rité aux transports en commun, à la marche à pied, aux vélos plutôtqu'aux voitures, à l’aviation de luxe et au transport maritime. Descampagnes comme «The Big Ask » demandent un plan annuel deréduction contraignante d’émissions de GES pour imposer la réduc-tion d’émissions dès maintenant. Un tel engagement participerait àl'adoption, par les pays du Sud, de voies allant dans le sens d'undéveloppement sobre en carbone, soutenu politiquement et écono-miquement.

> ProPoS reCueilliS Par HannaH l. mowat

Quand les publicitaires se creusent la tête pour trouver un gestesymbolique de protection de la planète, on voit bien souvent unenfant plantant un arbre qui, en grandissant, stockera du dioxydede carbone pour lutter contre les changements climatiques. Envoila une belle image !

Pourtant, si dans l’inconscient collectif de nos sociétés, planterun arbre ne peut être qu’un geste positif pour la planète, cettevision n’est pas nécessairement partagée par tous. Un arbre encroissance stocke du carbone, mais dans de nombreux pays duSud, planter un arbre est aussi un acte d’appropriation du foncier.Ainsi, dans la zone sahélienne, les arbres organisent un partage del’espace, invisible pour l’œil du profane, entre les agriculteurssédentaires et les éleveurs itinérants. En Amérique du Sud, où lesconflits fonciers sont très importants, les mouvements paysans etindiens (notamment les guarani) organisent régulièrement des opé-rations d’arrachage d’arbres pour protester contre l’envahissementdes monocultures d’eucalyptus sur leurs terres.

Reconnaître les peuples autochtonesEn Ouganda, autour du parc national de Mont Elgon, les

paysans sont en lutte. D’abord expulsés de leurs terres tradi-

tionnelles lors de la création de ce parc, ils se voientaujourd’hui déplacés à nouveau par la création de plantationsde puits de carbone pour compenser les émissions de carbonedes clients d'une compagnie d’aviation hollandaise.

Les forêts pourraient bientôt être une composante majeuredu marché du carbone. C’est tout l'enjeu des négociationsactuelles sur le climat. Mais parce que les pays ne s’accordentpas pour reconnaitre le rôle des communautés locales dans laprotection des forêts et parce qu’une monoculture d’arbres esttoujours considérée comme une forêt, nous craignons de voirse multiplier les cas d’expropriation de terres ou d’expulsion depeuples autochtones de leurs forêts pour créer des puits decarbone.

> Sylvain angerand

Chargé de campagne * Forêts

Pour mieux comprendre les enjeux du marché du carbone, La Baleine a rencontré Stephanie Long, char-gée de campagne climat des Amis de la Terre - Australie.

ForêtExproprier pour mieux compenser

En savoir plus :

« A funny place to store carbon » : www.wrm.org.uy/countries/Uganda/book.html

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Ecologie

et�service�public�de�l'énergie

DOSSIER

n°158 / mai 09

Justice climatique L’équité Nord-Sud, clef du succès des accords

Collectif Urgence climatique, justice sociale !

L'équité doit guider le futur accord mondial sur le climat qui sera négocié à Copenhague endécembre 2009 et des solutions pour la mettre en œuvre existent.

En savoir plus :

Changements climatiques : cap vers Copenhague (joint à cette Baleine)www.ecoequity.org/GDRs

L’accord issu des négociations de Copenhague devrainclure les responsabilités historiques des pays du Nord -au regard des émissions de gaz à effet de serre (GES)émis depuis 50 ans - mais aussi les capacités humaines,financières et techniques de chaque pays. Ainsi, il a étéreconnu lors de la Conférence de Bali, fin 2007, que lespays développés doivent soutenir financièrement et tech-nologiquement les efforts entrepris par les pays les plusvulnérables pour limiter leurs émissions de GES et s’adap-ter aux changements climatiques. Malgré cet accord, lesoutien et l’attention politique apportés par les premiersaux seconds sont aujourd’hui trop faibles.

« Juste part »Pourtant des solutions existent notamment en matière

d'efficacité énergétique et de développement des éner-gies renouvelables. Si celles-ci étaient déployées large-ment, elles permettraient aux émissions mondiales deGES d'atteindre leur maximum sur la période 2013-2017pour décliner ensuite de 80 % en 2050 par rapport à1990. Ces dispositions offriraient également aux pays duSud la possibilité de mettre en place des stratégies dedéveloppement sobres en énergie et en carbone, conci-liant croissance du bien-être des populations, en accordavec les objectifs du millénaire, et la préservation du cli-mat.

Pour cela, les pays industrialisés doivent payer leur «juste part » et contribuer à la hauteur de leurs capacités etde leur responsabilité historique. L’ONG EcoEquity en col-laboration avec le Stockholm Environment Institute propo-sent une méthode de calcul de cette juste part, intitulée «Greenhouse Development Rights », illustrée via un indicede référence : l’Indice Capacité-Responsabilité (ICR). Cetindice croise la capacité à agir de chaque individu calculéà partir de ses revenus annuels (dont sont exclus les plusdémunis se situant sous un « seuil de développement »

fixé à 7.500 $/an), avec sa responsabilité historique (cal-culée sur la base du cumul des émissions de GES parpays depuis 1990). L’ICR par pays peut ainsi être calculé :les Etats-Unis sont affectés d’un indice de 32 %, l’Unioneuropéenne de 25 % - la France de 3,2 % - et la Chinede 6,6 %.

Aide additionnelle Cela signifie par exemple que l'Europe doit participer

financièrement à hauteur de 25 % à la réduction desémissions mondiales de GES. Selon les dernières estima-tions de la Commission européenne, le chiffre global dufinancement de la lutte contre les changements clima-tiques dans les pays du Sud devra atteindre au minimum110 milliards d’euros/an d’ici 2020 dont 40 milliards d’eu-ros pour l’adaptation aux changements du climat et 70milliards d’euros pour la réduction des émissions.

Bon nombre de propositions sont en discussionactuellement mais quelques grandes lignes fondatricesdevront être respectées : ce financement devra toutd’abord faire l’objet d’un contrôle très strict sous l’égidede la Convention Cadre des Nations unies sur les chan-gements climatiques et répondre à des critères de gou-vernance intransigeants. Il ne devra en aucun cas provenirde contributions volontaires dont l’inefficacité a étédémontrée. De plus, cette somme devra être additionnelleà toute aide publique au développement. Enfin, les popu-lations locales devront être impliquées dans les choix depolitiques et projets réalisés.

> SébaStien blavier

Réseau Action Climat – France

L’urgence climatique est désormais reconnue àl’échelle internationale. Plusieurs voies se dessinent pouren affronter les défis. Elle est considérée par certainscomme une opportunité nouvelle pour relancer un capita-lisme en crise et dégager de nouvelles sources de rentabi-lité avec des technologies « vertes », l’extension de la pro-priété sur les biens communs et la régulation du climatpar la finance carbone. Autant d’impasses pour réduireles émissions de gaz à effet de serre et mettre en œuvreune justice climatique.

Crise d'un modèleLe collectif Urgence climatique – Justice sociale en

France, lié au réseau international Climate Justice Now ! -inscrit l’urgence climatique au cœur de la crise d’unmodèle de production et de consommation, qui en seglobalisant, conduit à la destruction des écosystèmes etde la biodiversité, à l’épuisement des ressources non

renouvelables, à l’accumulation d’une dette écologiqueconsidérable vis-à-vis des pays du Sud, à l’explosion desinégalités sociales et à la disparition de sociétés quiavaient contribué à la sauvegarde des écosystèmes. La justice sociale et la solidarité sont au centre de la criseclimatique qui fragilise ceux qui dépendent le plus desécosystèmes pour leur survie, notamment dans les paysdu sud, et ceux qui partout subissent les conséquencesd’un système prédateur des activités humaines et desressources. Les mouvements sociaux, dans toute leurdiversité, ont à se saisir de cette crise pour construire lestransitions vers des systèmes écologiquement soutena-bles et socialement justes.

> geneviève azam, attaC FranCe

Aller plus loin :http://climatjustice.org/

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n°158 / mai 09

DOSSIER

Ecologie

et�service�public�de�l'énergie

Les conséquences des changements climatiques concernent l'ensemble de la société civile et il est nécessaire qu’elle se mobilise pour se faire entendre à Copenhague. Voici quelques pistes…

MobilisationAgir pour se faire entendre

Tout au long de l'année 2009 auront lieu des négo-ciations internationales sur les changements climatiquesdéterminantes (voir chronologie en page 12). Elless'achèveront par la rencontre à Copenhague. Cesnégociations concernent la population mondialepuisqu'elles doivent déboucher sur un accord qui suc-cèdera à celui de Kyoto en 2012. Cet accord détermi-nera des objectifs de réductions des émissions de gazà effet de serre (GES) par pays, des moyens d'atteindreces objectifs, et le degré de solidarité de ces moyensentre pays du Nord et du Sud.

Les Amis de la Terre - France et International font dela mobilisation pour cette conférence internationale, lapriorité de l'année 2009. Les Etats parties à la confé-rence qui vont négocier cet accord doivent en effet êtreà l'écoute de la société civile – associations écologistes,de solidarité, syndicats, peuples indigènes exclus desnégociations – pour aboutir à un consensus ambitieux,équitable et à la hauteur des enjeux.

S'informerSe tenir informé est, sans aucun doute, un premier

pas dans l'action. Le débat ne peut être laissé entre lesseules mains des négociateurs et des experts, lasociété civile doit s'en emparer. Devant la complexité duphénomène et des solutions à apporter, de nombreusesorganisations proposent des outils pédagogiques,notamment sur internet :

Décryptage de négociations internationales sur le cli-mat par les Amis de la Terre : www.justice-climatique.orgSite du Réseau Action Climat - France : www.rac-f.org/copenhague.php3Site du collectif Urgence climatique – Justice sociale :http://climatjustice.org/

Les institutionnels :L’ADEME : www.ademe.fr

La Mission interministérielle sur l'effet de serre :www.effet-de-serre.gouv.fr

S'exprimerLa manière la plus simple et efficace de donner son

avis est de signer une pétition pour interpeller les déci-deurs. Les Amis de la Terre – International proposent designer un appel pour une justice climatique sur le site :www.exigeonslajusticeclimatique.org.

Ils organisent aussi un rassemblement le 12 décem-bre à Copenhague, pour en savoir plus sur ce rassem-blement et les modalités de transport, contactez-nous !

Faire connaître les enjeux de CopenhagueVous êtes informé et vous vous êtes exprimé, la dif-

fusion de l'information doit maintenant être organisée.De multiples actions sont possibles, de l'organisationd'une action publique ou d'une conférence, à la projec-tion d'un film. Les Amis de la Terre – France mettent àvotre disposition une boîte à outils donnant des cléspour organiser une action autour des enjeux des chan-gements climatiques et des négociations internatio-nales.

Pour en savoir plus contactez le groupe local le plusproche de chez vous (voir page 17) ou, s'il n'y en apas, Lucie Lebrun ([email protected] / 01 48 51 18 94).

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n°158 / mai 09RÉSEAU

LE PLUS GRAND RÉSEAU ÉCOLOGISTE MONDIAL

Oui, je soutiens les Amis de la Terre !❑ le plus simple : 1 € par semaineSoit un prélèvement automatique de 13 euros par trimestre.Merci de compléter ce bulletin et de nous le retourner accompagné de votre RIB oude votre règlement au secrétariat national : Les Amis de la Terre • 2B rue Jules Ferry • 93100 Montreuil

Adhésion�et�abonnement

Cotisation seule

Cotisation simple : 33 eurosCotisation couple : 49 eurosCotisation étudiants et chômeurs : 10 euros

abonnement à la baleine

Tarif adhérent : 7 eurosTarif normal : 12 eurosTarif de soutien : -- euros

Contacts en FranceBAS-RHIN Jean-Serge Bozon / [email protected] • BOUCHES-DU-RHONE Marc Castadello / Tél. : 06 34 24 80 79 / [email protected] • DUNKERQUENicolas FOURNIER / Tél : 03 28 20 30 40 / [email protected] • GERS Robert CAMPGUILHEM/ Tél : 05 62 65 64 50 / [email protected] • HAUT-VAR Jean-Alexandre LAROCHE / Tél : 04 94 80 32 32 / [email protected]• HAUTE-LOIRE Yanni HADJIDAKIS / Tél : 04 71 59 75 88 / [email protected] • HAUTE-SAVOIE Simone DALEX / Tél : 06 2427 45 04 / [email protected] • HYÈRES Jacqueline HERBRETEAU / Tél : 04 94 65 05 27 / [email protected] • ISÈREMarc PEYRONNARD / Tél : 04 76 45 27 95 / [email protected] • LANDESChristian BERDOT / Tél/Fax : 05 58 75 34 50 / [email protected] • LIMOUSINMartine LAPLANTE / Tél : 06.87.03.80.32 / [email protected] • LOIRE Hervé CHAPUIS / Tél : 06 0737 03 14 / [email protected] •LOIRE-ATLANTIQUE Antoine Feuillet / [email protected] • MARNE Denis ROUSSEAUX / Tél : 03 26 04 03 78 /[email protected] • MEURTHE-ET-MOSELLE Jean-François PETIT / Tél : 03 83 64 53 88 / [email protected] •MIDI-PYRÉNÉES Alain CIEKANSKI / Tél/Fax : 05 61 34 88 15 / [email protected] • MONTREUIL Léa BACCHETTA /Tél : 06 66 65 28 12 / [email protected] • MOSELLE Gérard BOTELLA / Tél : 03 87 62 19 16 / [email protected] •NORDGérard CABY / Tél : 03 20 89 19 09 / [email protected] • PARISClaude BASCOMPTE / Tél : 01 43 56 93 18 / [email protected]• PÉRIGORD Olivier GEORGIADES / Tél : 05 53 09 27 90 / [email protected] • POITOU (VIENNE) Françoise CHANIAL /Tél : 05 49 58 25 55 / [email protected] • PYRÉNÉES-ATLANTIQUES Mélia MAKHLOUFI / Tél : 06 14 91 36 52 /[email protected] • RHÔNE Sylvie Hubert / [email protected] • SAVOIE Patrick BASTIEN / Tél : 06 37 54 47 60 /[email protected] • SEINE ET MARNE Jean-Claude LE MARECHAL / Tél : 01 64 05 84 37 / [email protected] •VAL DE BIEVRE Richard COTTIN / Tél : 01 60 13 99 51 / [email protected] • VAL D'OISE [email protected] •VAL D'YSIEUX Arlette NOEL / Tél : 01 34 68 73 16 / [email protected]

Contacts dans le mondeLes Amis de la Terre International PO Box 19199 / 1000 GD Amsterdam / PAYS-BAS / Tél. 31 20 622 1369 / Fax. 31 20 639 2181 /[email protected] / www.foei.orgLes Amis de la Terre Europe / 15, rue Blanche / 1050 Bruxelles / BELGIQUE / Tél. 32 2 542 0180 / Fax. 32 2 537 55 96 / [email protected] /www.foeeurope.org

Groupes nationaux : Allemagne (Bund), Afrique du Sud, Angleterre/Pays de Galles/Irlande du Nord, Argentine, Australie, Autriche(Global 2000), Bangladesh (IEDS), Belgique, Belgique Flandres (For Mother Earth), Bolivie, Brésil, Bulgarie (Ecoglasnost), Cameroun(CED), Canada, Chili (Codeff), Chypre, Colombie (CENSAT), Corée, Costa Rica (COECOCEIBA), Croatie, Curaçao, Danemark (NOAH),Écosse, Espagne, Estonie (ERL), États-Unis, Finlande (Maan ystävät ry), Géorgie (SMM), Ghana, Grenade, Guatemala, Haïti (cohpeda),Honduras, Hongrie (MTS), Île Maurice, Indonésie (WALHI), Irlande (Earthwatch), Italie, Japon, Lettonie (VAK), Lituanie (LZJ), Luxembourg(Mouvement Écologique), Macédoine (DEM), Malaisie (Sahabat Alam Malaysia), Mali (Guamina), Malte, Népal, Nicaragua (CentroHumboldt), Niger (Environmental Right Action), Norvège (NNV), Nouvelle Zélande, Palestine (Pagon), Papouasie-Nouvelle Guinée,Paraguay (Sobrevivencia), Pays-Bas (Milieudefensie), Pérou, Philippines (LRC-KSK), Pologne (PKE), République Tchèque (Hnutí Duha),Salvador (CESTA), Sierra Leone, Slovaquie, Sri Lanka, Suède (MJV), Suisse (Pro Natura), Swaziland, Togo, Tunisie (ATPNE), Ukraine (ZenelyiZvit) et Uruguay (REDES).

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2B rue Jules Ferry93100 Montreuil

Tél. : 01 48 51 32 22Fax : 01 48 51 95 12

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mes coordonnées Nom : Prénom :Adresse :Code postal : Ville :Courriel :

nom et adresse de l’établissement teneur du compte à débiter (à remplir impérativement)Agence :N°: Rue :Code postal : Ville :Veuillez joindre à cette autorisation un relevé d’identité bancaire (RIB) ou postal (RIP)

autorisation de prélèvementN° national d’émetteur : 449 672J’autorise l’établissement teneur de mon compte à prélever sur ce dernier, si sa situation le permet,tous les prélèvements ordonnéspar Les Amis de le Terre. Je pourrai en faire suspendre l’exécution par simple demande à l’établissement teneur de mon compteou aux Amis de la Terre France. Association bénéficiaire : Les Amis de la Terre France – 2B rue Jules Ferry – 93100 Montreuil.

Fait à : le : Signature :

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n°158 / mai 09

pv

Agriculture et OGM• Qui tire profit des cultures GM :l'usage accru des pesticidesRapport Friends of the Earth - International 90 pages – Janvier 2008

• Les agrocarburants, ça nourrit pas son monde.Dossier - 15 pages - octobre 2008 -www.agrocarb.fr

Changements climatiques• Rénovation thermique de mon logement, besoin d'aide ?Guide – 28 pages - 4 €

Forêts• Importer légalement en Europe du bois coupéillégalement au Cameroun Rapport - 24 pages - Mai 2008

• Orang-outan en voie d'extinctionBrochure/poster – juin 2006 - 0,5 €

• Guide du consommateur de boisGuide - 16 pages, 3 €

Energie et nucléaire• Face à la menace climatique, l'illusion du nucléaireRAC-F - 64 pages - gratuit

• Nucléaire : comment en sortir ?Etude sur des sorties du nucléaire en 5 ou 10 ans Rapport 92 pages – janvier 2008 – gratuit

Modes de productionet de consommation durables• Le traitement biologique des déchets organiques :nos déchets ont de la valeurGuide - 16 pages - décembre 2007

Responsabilité des acteurs financiers• Rapport sur les banques « Banques françaises,banques fossiles ? »Rapport 224 pages ou synthèse 12 pages - février 2007

• Banques françaises et environnement :presque tout reste à faireRapport 72 pages - mars 2006 - 5 €

• Banque européenne d’investissement

l’Europe mine l’AfriqueBrochure - décembre 2007 - 0,5 €Affiche 60x80cm - janvier 2008 - 3 €

• Guide citoyen sur la BEI, une banque pascomme les autres ?Guide – 44 pages – septembre 2008 – gratuit

• Terrain miné : l'implication de la BEI dansle projet minier de Tenke-Fungurume en RDCRapport – 24 pages – septembre 2008 – gratuit

• Environnement : comment choisir ma banque ?Guide 2008/2009 - 12 pages – décembre 2008

• Assurances françaises : changements climatiquesgarantis ? Rapport - 100 pages et synthèse – 12 pages - décembre 2008

Responsabilité sociale et environnementaledes Entreprises• Total : la mise en examen Rapport - 120 pages et synthèse - Mai 2008

• Total aggrave son cas Brochure – mai 2008 – 0,5 €

Commandez et diffusez les documents des Amis de la TerreJe règle par chèque à l'ordre des Amis de la Terre 2 B rue Jules Ferry • 93100 Montreuil ( Participation aux frais de port : 2,00 € )

EchappéesvertesPropositionspour desvacancesécologiques

LIONEL ASTRUC

Envie de vacances écolo ? Cet ouvrage vousmettra sur la piste : de l'hébergement enyourte, roulotte, hôtel, à la découverte natura-liste, en passant par l'écovolontariat ou la ran-donnée avec animaux... Le mérite de ce livren'est pas tant de donner des bonnes adresses,mais plutôt de proposer une grille d'analysepour faire le choix écolo : accessibilité en trans-port en commun, utilisation des énergies renou-velables, restauration à base d'aliments biolo-giques... En attendant les vacances, ce petitouvrage coloré nous fait patienter !

160 pages, Editions Terre vivante, 2009 (commande à adresser aux Amis de laTerre - 2B, rue Jules Ferry – 93100Montreuil)Prix : 19 € + 2 € de frais de port

Militer pourla planète Sociologiedes écologistes

SYLVIE OLLITRAULT

L’écologie fait partie de la vie quotidienne :OGM, réchauffement climatique et développe-ment durable sont des mots du vocabulairecourant. Mais qui sont les écologistes ?Archives, observations ou entretiens, l’auteurutilise tous les moyens pour en faire un portraitprécis. Ces individus, qui s’unissent pour mani-fester, agir et dénoncer, parfois experts dansleur domaine, ont reçu la vocation. SylvieOllitrault analyse les mobilisations des années1960-1970 qui se prolongent dans les actionsmilitantes des altermondialistes du XXIe siècledénonçant les problèmes environnementauxmondialisés. Continuer à y croire et se battre :une bonne description de l’écologiste militant.

226 pages - Editions PUR - 2008Prix : 18 €

Le guide dujardin bioPotager,verger, ornementJEAN-PAUL THOREZ

La nouvelle édition du guide du jardinage biolo-gique est arrivée, 25 ans après la première version.100 plantes potagères dont le rutabaga ou le choude Chine. 29 arbres fruitiers dont le framboisier oule noyer. 77 plantes ornementales du coquelicot autournesol. Une chose est certaine : le choix estvaste. Grâce à des fiches techniques, des dessinset des graphiques, l’art de jardiner n’aura plus desecret pour quiconque et sera un véritable plaisir.Mais un bon jardinier doit connaître le sol qu’il tra-vaille, faire son compost, utiliser des engrais verts,récupérer l’eau, lutter contre les ravageurs tout ensachant préparer des semis. Pour un (futur) expert,le tableau des associations de légumes est unemine de renseignements. Un glossaire et debonnes adresses complètent ce guide indispensa-ble qui ravira passionnés et débutants.

432 pages, Editions Terre Vivante, 2009Prix : 27 € + 2 € de frais de port

Nos�publications

Le technoscientismeLe totalitarisme contemporainmarC atteia

Rien n’arrête le progrès... Telle pourrait être la devise du technoscientisme. Selon l’auteur, adhérentdes Amis de la Terre – Midi-Pyrénées, cette idéologie du XXIe siècle va remplacer les totalitarismesdu siècle dernier. Son bras armé en est l’ingénieur qui sait utiliser les nouvelles technologies (informa-tique, nanotechnologie, biotechnologie, …) pour imposer à l’être humain et à la nature sa volontéimplacable. Son but : « étendre la rationalisation économique à tous les champs de l’activité humaine» qui, même si elle favorise les riches, « épuise les ressources naturelles de la planète et cause la pol-lution croissante de la Terre ». C’est dans la Ville, temple de la consommation, qu’elle s’applique lemieux. Même les catastrophes nucléaires n’ont pas arrêté sa folie meurtrière. La deuxième partie dece livre est d’ailleurs entièrement consacrée à cette énergie et démontre que démocratie et nucléairene font pas bon ménage. Ce livre de science et de philosophie interpelle la conscience de tous.

494 pages - Editions Yves Michel - 2009 / Prix : 29,90 €