Mise en page 1 · de maurice audin, et de Pierre ... Je n’étais pas au vernissage à Lens car...

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Ernest Pignon-Ernest

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Ernest Pignon-Ernest

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SommairE

1- Pourquoi cette rencontre ?

2- le programme

3 - Le tableau « Justice. L’assassinat de maurice audin », de Jean-Jacques Lebel (1961)

4 - Le « Grand tableau antifasciste », de Erro, Jean-Jacques Lebel… (1960-1961)

5 - message de Sylvie Blocher, dont une œuvre, « Eté 93 », figure dans l’expositiondu Louvre-Lens, suivi de la photo de cette œuvre

6 - Présentation de la compagnie « Sophie l’a dit » et de ses pièces « La Fontaine d’or »et « La Première »

7 - Présentation de la compagnie « Groupov » et de sa pièce « Je vous ai compris »

8 - Présentation de mustapha Boutadjine

9 - Présentation de mustapha Sedjal

10 - articles de roland rappaport dans «Le monde »

11 - appel pour la reconnaissance de ce crime d’Etat et des violations massivesdes droits de l’homme par l’armée française durant la guerre d’algérie

12 - articles de Gilles manceron et de roland rappaport sur mediapart

13 - L’exposition du Louvre-Lens

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Pourquoi cEttE rEncontrE ?

La Ligue des droits de l’Homme organise à Lens une manifestation pour rappeler que la république fran-çaise persiste à ne pas répondre à la question : qu’est-il advenu de maurice audin depuis son arrestation le 11 juin1957 à alger par les parachutistes du général massu ? une disparition emblématique des milliers d’exécutionssommaires commises à l’époque de la guerre d’algérie.

L’aSSaSSinat DE mauricE auDin57 anS DE mEnSonGE D’État

vendredi 19 septembre 2014, de 18h30 à 23h

au coLiSÉE de LEnS (12, rue de Paris)

La rencontre est organisée en écho à l’exposition « Les désastres de la guerre 1800-2014 » au Louvre-Lensoù figure une œuvre de Jean-Jacques Lebel intitulée « Justice (L’assassinat de maurice audin) » (1961) ainsi quele « Grand tableau antifasciste collectif » de 1961 auquel Lebel avait participé avec d’autres artistes.

Les intervenants évoqueront « Les désastres de la guerre d’algérie », en présence de Josette audin, veuvede maurice audin, et de Pierre tartakowsky, président de la LDH.

cette rencontre sera l’occasion de donner à voir les œuvres d’autres artistes dont les œuvres abordent, cha-cune à leur manière, cette page de notre histoire, l’occultation dont elle est souvent l’objet dans les mémoires col-lectives et le poids qu’elle exerce sur notre présent.

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« JUSTICE. L’ASSASSINAT DE MAURICE AUDIN »DE JEAN-JACQUES LEBEL

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LE GRAND TABLEAU ANTIFASCISTE COLLECTIF

symbole de l'engagement d'une poignée d'artistes opposés à la « saleguerre » que menait la France en Algérie, l’oeuvre a été peint à l'automne 1960par Jean-Jacques Lebel, Enrico Baj, Erro, Roberto Crippa, Giani Dova et Anto-nio Recalcati. Il ne fut que brièvement exposé à Milan, au printemps de l'annéesuivante, avant d'être saisi par les autorités italiennes. Retrouvé plié sans mé-nagements en 1988 dans les caves de la préfecture de police de la ville, restituéà ses auteurs, le tableau a de nouveau passé plusieurs années à l'ombre dudépôt du musée d'Art contemporain de Marseille, victime cette fois d'une cen-sure plus insidieuse. C'est au Museum Moderner Kunst de Vienne qu'il a étérestauré en 1998 et, jusqu'à cette exposition de 2014 au Louvre-Lens, il n'aguère été montré en France.

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mESSaGE DE SyLviE BLocHEraux orGaniSatEurS DE La SoirÉE,

SEPtEmBrE 2014

Je vous félicite de vous battre ainsi. Je ne sais pas trop commentvous aider.

Je n’étais pas au vernissage à Lens car j’étais malade, mais j’y suisallée depuis. J’ai donc vu l’œuvre « Justice. L’assassinat de maurice audin» et le « Grand tableau collectif antifasciste ». En France, « l’impensé fas-ciste » et « l’impensé colonial » reposent sur les mêmes mécanismes. il ya une force de refoulement inouïe dans mon pays, largement soutenuepar les institutions.

Du côté de l’art il y a un « impensé artistique ». Depuis le xixesiècle il y a une sorte de guerre, entre ceux qui prônent un « art de la pu-reté » et de la forme contre ceux qui pratiquent un art en relation avec lemonde et qui peut être affecté par lui! au temps de manet et de courbetc’était « l’art pur » contre « l’art républicain ».

ll y a l’histoire scandaleuse de maurice audin, l’impensé histo-rique, et la question des œuvres qui parlent du monde comme impenséartistique.

voici une petite anecdote qui parle d’elle-même : le jour où je suisallée voir l’exposition « Les désastres de la guerre », dans la salle où était ex-posée mon œuvre « Eté 93 », accompagnée de mon nom, de la date, puis desmatériaux : « pantalon et objets militaires (vietnam, algérie, Ex-yougoslavie),cheveux de femme, béton », il y avait un guide. curieuse, je me suis glissée parmi les spectateurs. Devant le pantaloncousu de cheveux de femme tel un trophée, le guide a dit : « c'est le pantalon d’un jeune lieutenant, qui en partant àla guerre a cousu les cheveux de sa femme » !!!!!! et personne ne lui a posé la question : pourquoi ce pantalon est-il sur-monté d'une pierre gravée avec les mots « humiliées, abandonnées, oubliées » au féminin pluriel !

voici l’histoire de cette œuvre : un soir de 1993 alors que je regardais la télévision, un chef militaire serbe estapparu à l’écran, haranguant à l’aide d'un mégaphone une troupe de soldats, leur expliquant qu’après la bataille, il leurfaudrait violer les femmes en âge de procréer pour procéder à un nettoyage ethnique. Je me souviens avoir pleuré. Jepensais à toutes ces femmes. Je pensais à ma mère en d’autres temps et d’autres lieux.

Le lendemain, je me suis rendue à Saint-ouen dans un magasin paramilitaire, où des hommes tatoués et rasésm’ont vendu un pantalon, une ceinture et des bretelles venant de trois guerres différentes : l’algérie, le vietnam et l’ex-yougoslavie où la guerre faisait rage au même moment. Puis, je suis allée dans le nord de Paris pour acheter des cheveuxde femme. Dans mon atelier, j’ai ouvert délicatement les coutures du pantalon et j’ai cousu pendant deux longuesjournées, à la machine à coudre, les longs cheveux sur les deux jambes. Je me souviens qu’il y en avait partout dansl’atelier, qu’ils me rentraient dans la bouche, la gorge, les narines. J’avais l’impression d’étouffer. Puis, j’ai fabriqué unepetite plaque en béton sur laquelle j’ai gravé les mots : humiliées, abandonnées, oubliées. J’ai accroché le pantalon faceau mur par les bretelles. celles-ci ont tendu le tissu, lui donnant l’aspect d’un corps absent. au-dessus, j’ai accroché laplaque gravée.

toute œuvre est politique au sens premier du terme. Elle parle du monde, dans et sous toutes ses formes.

Sylvie Blocher

l'oeuvre de Sylvie Blocherdans l'exposition

"Les Désastres de la guerre".© andré monin / adagp, Paris

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comPaGniE SoPHiE L’a Dit

créée en 2007 à l’initiative de christianBuono, Sophie l’a dit est une compagnie indépen-dante qui n'interprète que ses propres créations :DJanGo LE Guitarom, La FontainED'or, WinniE Et La PEtitE tauPE, miLLEEt unE nuitS dans une version très originale…Elle produit aussi, à la demande ou par coup de cœur: récitals de poésie, ateliers d'écriture, concerts,conférences d'histoire, etc... Ses principales caracté-ristiques sont sa touche orientale, avec l'interpréta-tion de textes et chansons en arabe ou en kabyle etla présence du oud, et un indéniable penchant pourdes personnages épris d’égalité.

La PrEmiErE, drame en trois actes de Ge-neviève Buono.

au moment où leur ville est traversée de cou-rants contraires qui ébranlent la démocratie, des co-médiens mettent en scène l'histoire de Boris,mathématicien disparu pendant la guerre d'algérie.

La FontainE D’or, histoire tout publicde la guerre d’algérie, a été donnée dans des écolesde la région Parisienne, aux FELiv 2012 et 2013,au centre culturel algérien de Paris et au FestivaloFF avignon 2013.

contact : compagnie Sophie l’a dit 8 bis avenue adrien 95870 BEZonS tel : 06 13 14 94 80 Email : [email protected]

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JE vouS ai comPriS

Extraits de presse :

agnès Santi, www.journal-laterrasse.fr, mis en ligne le 1 octobre 2012 - n°202avec sensibilité, délicatesse et talent, valérie Gimenez et Sinda Guessab donnent à entendre les histoires personnelles

d’un français d’algérie et d’une algérienne naturalisée française.La grande force de ce spectacle abouti et soigné, c’est de donner à entendre et à voir l’histoire de l’indépendance algérienne

à travers deux histoires personnelles radicalement différentes et idéologiquement opposées, mais en évitant à la fois le manichéismeet l’outrance. Davantage que leur opposition, la perception du réel éprouvée par chacun des deux personnages est mise en lumière.c’est l’intime qui laisse voir les violences politiques et les incompréhensions, c’est le ressenti et le vécu qui donnent à comprendrel’amplitude du conflit et la difficulté de la relation entre la France et l’algérie. L’un est Français d’algérie, né en 1953, fils de gen-darme, l’autre est une algérienne naturalisée française, née en1954, fille de révolutionnaires algériens.

tous deux seront contraints de quitter l’algérie pourla France au moment de la guerre. La mise en scène sobre, netteet tout en délicatesse met en valeur le jeu des deux comédiennes,valérie Gimenez et Sinda Guessab. choqué par le sang et lamort, chacun des personnages est confronté à la solitude puisaux souffrances de l’exil. assises côte à côte, les actrices racon-tent, lui porte un béret, elle des lunettes, et elle lâche avec unpetit rire : «c’était atroce». une voix off éclaire parfois leur his-toire, des voix issues d’archives de l’époque se mêlent au récit,et en fond de scène un dessin réalisé en direct par Samir Guessabcomplète le propos avec beaucoup de justesse et une belle es-thétique. Produit par le Groupov, collectif d’artistes pluridisci-plinaires basé à Liège en Belgique, le spectacle est visible dansle cadre de la manifestation éâtre et compagnies proposéepar le centre Wallonie-Bruxelles.

chronique du journaliste mustapha Laribi sur le site algeriades [...] a l’arrivée, voilà nos deux comédiennes sur scène qui donnent vie aux propos de leur deux personnages que tout oppose,deux parents et témoins d’une guerre «encore à vif» semblent-ils dire dans leurs confidences. car nos artistes ont vite comprisque, dans leur entreprise d’investissement et de connaissance de ce passé «qui ne passe pas», il était inévitable que s’opposent desrécits concurrents avant qu’une mémoire collective ne prenne forme. valérie Gimenez et Sinda Guessab sont aidées dans leurpropos par un dessinateur hors scène qui réalise, en direct et sur ordinateur, des décors en forme d’écrin pour une histoire qui estaussi la sienne, car Samir Guessab n’est autre que le frère de Sinda.Œuvre chorale et fine broderie pleine de vie, de tendresse,d’humour et de gravité sur un sujet complexe et contradictoire, la pièce n’évite aucun point aveugle d’une histoire encore dou-loureuse. En cela, Je vous ai compris est un spectacle émouvant et rafraîchissant sur la guerre d’algérie, les interrogations desenfants nés en France de parents algériens ou pieds-noirs et la question de la paix des mémoires 50 ans après celle des armes.chaudement recommandé.

Sur le site de mediapart.fr, le 15/07/2013[…] Le récit est prenant et stimulant, le pire est abordé avec humour ce qui repousse tout sentiment de pitié ou de stigmatisation.L’originalité de cette pièce réside dans une scénographie hors du commun, un décor en perpétuel construction, qui illustre levoyage de ces deux voix.

rosa moussaoui, in L’Humanité, le 16/07/2013[…] au fond du plateau, sur un écran, les dessins de Samir Guessab, poétiques et cruels, épousent le récit. Les deux comédiennes,héritières de cette mémoire, témoins des fractures qu’elle continue d’imprimer à notre présent, brisent des murs de silence et d’in-compréhension. Sans naïveté, ni stigmatisation, simplement unies par une belle fraternité de jeu. cela donne un spectacle d’unegrance intelligence.une belle création, subtile et intelligente … Le public a longuement applaudi.

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muStaPHa BoutaDJinE

né dans un quartier populaire, nommé "La Glacière" dans la banlieue d'alger en1952, deux années avant le déclenchement de la révolution algérienne. après des études àl'Ecole des Beaux-arts d'alger en architecture d'intérieure, puis à Paris aux arts décoratifsen Design de Produits. Ses études ont été consolidées à l'université Paris i, Panthéon-Sor-bonne, en Esthétique et sciences de l'art.

En 1979, il décide de retourner en algérie, comme beaucoup de jeunes cadres de sagénération pour apporter leurs compétences et leurs talents à leur pays. il a occupé le postede maître-assistant, crée le département Design et fut nommé chef de ce même département.Parallèlement il dispensait des cours en tant que professeur associé à l'Ecole polytechniqued'architecture et d'urbanisme.

mais les années quatre-vingt ont été aussi des années où l'intégrisme exerçait une pression sur la société et surles intellectuels. mustapha Boutadjine se retrouva contraint de quitter son pays. Ses idéaux se retrouvèrent ébranléspar des bouleversements socio-politiques et surtout par les années tragiques que l'algérie a vécu. Depuis, il vit et travailleà Paris. une ville qui finalement est pour lui un espace de découverte et de rencontre d'autres horizons. Sa sensibilitépuisé dans les mamelles de cette capitale où les cultures se confrontent et se renouvellent. Son travail créatif et la thé-matique de ses oeuvres en sont le reflet.

oeuvres dans les collections publiques et privéesmumia abu-Jamalcollection publique, mairie de Bobignynelson mandelacollection publique, mairie de BagneuxLouis aragoncollection publique, Le Sénat, Palais du Luxembourg.Frantz Fanon, Louis armstrong, chester Himes, Donald cox, cesaria Evora, tommie Smith et John carlos,Gnaoui, Dulcie September, Pelé.collections privées

Prix1986 : 1er prix international de l'affiche, radio France internationale, Paris"afrique-musique"1985 : 1er prix national de l'affiche, alger"Satelite et communication",1982 : 1er prix national de l'affiche, alger"20e anniversaire de l'indépendance"1973 : 1er prix national de l'affiche, alger"Journées cinématographiques algériennes à chaillot, Paris"

éâtreScénographies : "Babor Ghraq". de Slimane Benaïssa, alger"Les Généreux". de alloula, adaptation de Saïd ould Khelifa, Blanc-mesnil, France

cinémaBouts de vies, bouts de rêves... réalisation Hamid Benamra, Paris 2006.L'usine. réalisation Samia chala et Sid-ahmed Semiane, Paris 2005.octobre, dix ans déjà. réalisation martine Baraud et mansour abrous, Paris 1998.

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vidéo. i Echo… alger, Septembre 2011. Extérieur terrasse / nuit… Du haut d’une terrasse, comme un écho lointain, des images en noir et blanc m’en-vahissent et m’entrainent entre imagination et fiction dans la bataille d’alger du filmde Gillo Pontecorvo. nous sommes en 1957 / arrêt sur une séquence clef du film. Je

marque une intrusion à la lueur d’un faisceau de rayons de torche, à l’orée de la longue nuit coloniale. Dans les méandresde la casbah d’alger, deux hommes (Larbi Ben-m’Hidi et ali Lapointe) se rencontrent et dialoguent du combat révo-lutionnaire pour la libération de la patrie. Des positions et des principes sont mis en évidence. on évoque la grève des« 8 jours » de Janvier 1957 et l’onu où « la question algérienne » va être débattue.

Fiche technique vidéo-titre : Echo… -DvD, Durée : 2 mn 40 -année 2012

vidéo. iiiSéquence. ii une histoire peut en cacher une autre. Sous un rythme long des images défilent aurythme d’un son strident. une ombre entre quatre murs, une main qui peine à ouvrirun tiroir et un sac plastique flottent dans les airs d’alger, face au sanctuaire des mar-tyres au loin…

Fiche technique -titre : séquence. ii -DvD : Durée : 3 mn -année 2012

vidéo. ii « un SEuL HÉroS, LE PEuPLE … mon PErE » vidéo / Performance en deux actes.

En peignant le slogan « un SEuL HÉroS, LE PEuPLE » 50 ans après l’in-dépendance de l’algérie (5 juillet 1962/2012), devise prise et reprise par le nouveaupouvoir en place afin de construire une utopie collective, mobilisatrice et arracherainsi la révolution à ses héros et l’attribuer au peuple seul héros reconnu, margina-lisant ainsi l’individu et sa mémoire. a travers cet «acte Plastique», je re-convoque«l'Histoire(s)» et je revisite la mémoire de mon père. Face au silence et les non-dits,une quête s’imposait devant la perte de « re-père », afin de reconstruire un « territoire / mémoire ». acte. i / inscription du slogan sur le mur de la galerie Karima caLEStin, cette devise dans laquelle le peuple algériendevenus une « pâte à modeler » aux mains du nouveau pouvoir. Enfermé dans le moule de «la pensée unique». acte. ii / d’un trait, je barre le mot « Peuple » pour le remplacer par « mon père ».

Fiche technique- titre : « un SEuL HÉroS, LE PEuPLE … mon PÈrE »- vidéo / Performance en deux actes - Durée : 3 mn 25- année 2013

mustapha SEDJaLartiste Plasticien / vidéaste - vit et travaille en région parisienne

contact : [email protected] : 06. 27. 21. 50. 99 http://sedjalmustapha.hautetfort.com

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LE 24 marS 2014nouS DEmanDonS La vÉritÉ Sur L’aSSaSSinat

DE mauricE auDin

aPPEL DES 171 Pour La rEconnaiSSancEDE cE crimE D’Etat

Et DES vioLationS maSSivES DES DroitS DE L’HommEPar L’armÉE FrançaiSE Durant La GuErrE D’aLGÉriE

Le 11 juin 1957, maurice audin, jeune professeur de mathématiques à alger et membre du parti com-muniste algérien, est arrêté par les parachutistes commandés par le général massu chargé par les autorités françaisesdu maintien de l’ordre dans la ville. Emprisonné et torturé, il n’est jamais réapparu. quand, peu après, l’un deschefs parachutistes a affirmé à son épouse, Josette, que son mari s’est évadé, elle n’y a pas cru une seconde et adéposé plainte pour homicide volontaire.

cette fable de l’évasion d’audin a été entièrement dénoncée et la thèse de sa mort sans ordre lors d’uneséance de torture est mise en doute. Les informations publiées par le nouvel observateur en 2012 et les propostenus par aussaresses en 2013 peu avant sa mort font que les autorités françaises ne peuvent continuer à se taire.

Elles doivent permettre aux citoyens d’aujourd’hui de connaître l’enchaînement des décisions qui ont per-mis à cette époque que se déploient à alger un tel arbitraire et une telle violence. Le rôle des gouvernementsprésidés alors par Guy mollet puis maurice Bourgès-maunoury, celui du ministre résidant en algérie robert La-coste doivent être connus. ce n’est pas seulement une question d’histoire, c’est un enjeu civique.

Les documents dont le ministre de la Défense a remis copie à Josette audin le 1er février 2013 ne contien-nent aucun élément essentiel. aussi, nous demandons aux autorités françaises qu’elles donnent les moyens à unecommission d’historiens d’accéder à toutes les archives concernées, notamment celles du ministre résidant enalgérie robert Lacoste, des présidents du conseil Guy mollet et maurice Bourgès-maunoury, du commandant enchef de l’armée en algérie, raoul Salan, et de celui de la 10e division parachutiste, Jacques massu, afin d’établirles ordres qu’ils ont donnés, les pouvoirs qu’ils ont attribués et les dispositifs et les pratiques qui en ont été lesconséquences.

nous demandons, par ailleurs, aux autorités françaises qu’elles sollicitent officiellement les autorités algé-riennes pour qu’elles fassent les recherches nécessaires pour retrouver le corps de maurice audin dans les lieux pré-sumés de leur enfouissement dans une fosse commune, avec ceux de centaines d’algériens torturés et tués euxaussi par l’armée française.

Dans le prolongement de l’appel des douze avec Pierre vidal-naquet que l’Humanité a publié le 31 octobre20001 et des efforts incessants de Josette audin pour apprendre la vérité, dont témoigne encore la lettre qu’elle aenvoyée le 24 février dernier au président de la république, à laquelle à ce jour elle n’a pas reçu de réponse, nousdemandons que les plus hautes autorités reconnaissent le crime d’Etat qu’a été l’assassinat de maurice audin, ainsique la pratique de la torture et les violations massives des droits de l’homme par l’armée française durant la guerred’algérie.

1 L’appel des douze était signé de : Henri alleg, Josette audin, Simone de Bollardière, nicole Dreyfus, noêl Favrelière, Gisèle Halimi, albanLiechti, madeleine rebérioux, Laurent Schwartz, Germaine tillion, Pierre vidal-naquet, Jean-Pierre vernant.

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• Ernest Pignon-Ernest, plasticien, président des amis de l’Humanité, charles Silvestre, coordinateur de l’appeldes douze du 31 octobre 2000, et ses signataires Simone de Bollardière, alban Liechti et Josette audin,

• les anciens appelés en algérie michel Berthelemy, François Bourges, Daniel Dayot, alain Desjardin, JacquesDevos, Jean-claude Doussin, Jean-Pierre Farkas, Jacques Gaillot, Georges Garié, andré Gazut, Jean-claude Gi-rardin, Stanislas Hutin, Jacques inrep, xavier Jacquey, claude Juin, Gérard Kihn, Jean Laurans, Gérard Lechantre,albert nallet, Bernard Pointecouteau, Henri Pouillot, François-xavier ricard, Hubert rouaud, claude Sadoux,Bernard Sigg, Jean-Philippe talbo-Bernigaud, Georges treilhou, mario urbanet, Georges van ruymbeke.

• les historiens Linda amiri, raphaëlle Branche, Gilles candar, omar carlier, marie chominot, Suzanne citron,Sonia combe, catherine coquery-vidrovitch, marianne Debouzy, marcel Dorigny, michel Dreyfus, rené Gal-lissot, Emilie Goudal, ali Guenoun, Julien Hage, mohammed Harbi, Jean-robert Henry, anne Jollet, armellemabon, Gilles manceron, claire marynower, claire mauss-copeaux, Gilbert meynier, alain monchablon, valériemorin, abderrahmen moumen, Emmanuel naquet, Elsa Paris, claude Pennetier, tramor quemeneur, malikarahal, Frédéric régent, annie rey-Goldzeiguer, carole reynaud Paligot, alain ruscio, yann Scioldo-Zürcher,nedjib Sidi moussa, Françoise vergès,

• nils anderson, Patrick apel-muller, Etienne Balibar, Patrice Barrat, odile Barral, Françoise Basch, Patrick Bau-douin, Bachir Ben Barka, madjid Benchikh, Fatima Besnaci-Lancou, Frédéric Bonnaud, François Borella, anissaBousmah-Bouayed, Pierre Braun, michel Broué, catherine Brun, Geneviève Buono, Eric Bocciarelli, Joëlle Bru-nerie-Kauffmann, Henri causse, maurice causse, Gérard chaliand, mouhieddine cherbib, alice cherki, Hélènecohen, antoine comte, Pierre-yves cossé, Didier Daeninckx, ahmed Dahmani, Georges Danton, régine De-forges, christian Delorme, Jean-Pierre Dubois, Françoise Dumont, nasséra Dutour, Eric Fassin, Jacques Freyssinet,Pierre Gaudez, Jean-François Gavoury, François Gèze, robert Guédiguian, Philippe Grand, alain Gresh, nour-redine Hached, Sadek Hadjerès, marc Hédrich, arlette Heyman-Doat, Geneviève Jacques, Jean-Paul Jean, LouisJoinet, Jacques Julliard, aïssa Kadri, christophe Kantcheff, Daniel Kupferstein, Eric Lafon, Brigitte Lainé, mehdiLallaoui, Jean-Jacques Lebel, Henri Leclerc, Patrick Le Hyaric, irène Lindon, Danièle Lochak, malika mansouri,maurice maschino, Gustavo massiah, Jean mayerat, caroline mecary, Samia messaoudi, olivier mongin, Fadélam’rabet, François nadiras, Jean-Philippe ould-aoudia, Pierre Péju, Edwy Plenel, Serge Portelli, Jacques Pradel,roland rappaport, Bernard ravenel, vincent rebérioux, nicole rein, Delphine renard, marie-monique robin,Joël roman, Bernard roussel, Brahim Senouci, Evelyne Sire-marin, antoine Spire, mylène Stambouli, BernardStephan, Pierre tartakowsky, Elisabeth teitgen, catherine teitgen-colly, Emmanuel terray, marcel trillat, Gérardtronel, michel tubiana, isabelle vaha, Paul veyne, Geneviève vidal-naquet, marie-claude vignaud-al Hamchari,Dominique Wallon, Jean-marc Wasilewski, Sylviane de Wangen, michel Wieviorka, michel Wilson, valentineZuber.

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François Hollande aadressé un message à l’occa-sion de la remise du Prixmaurice audin de mathéma-tiques, le 18 juin, à l’institutHenri Poincaré, à Paris. ceprix décerné depuis 2004 parl’association maurice audinhonore deux mathématiciensdes deux rives de la méditer-ranée en mémoire du jeune etbrillant mathématicienqu’était maurice audin, en-gagé pour l’indépendance del’algérie, assassiné à 25 ans enjuin 1957 par les parachu-tistes du général massu char-gés officiellement dumaintien de l’ordre à alger.La veille, le président de larépublique avait reçu à l’Ely-sée Josette et Pierre audin, laveuve et le fils de ce jeune en-seignant et chercheur en ma-thématiques, membre duparti communiste algérien,qui, il y a cinquante-sept ans,a disparu après son arrestationà son domicile à alger.

Dans ce message,pour la première fois, un pré-sident de la république re-connaît que « les documentset les témoignages dont nousdisposons aujourd’hui sontsuffisamment nombreux etconcordants pour infirmer lathèse de l’évasion qui avait étéavancée à l’époque. m. audinne s’est pas évadé, il est mortdurant sa détention ». maisde quoi maurice audin est-ilmort alors qu’il était détenupar les parachutistes ? Là des-sus, il ne dit rien. il ne ditmême pas qu’il a été torturé,même si le mot torture appa-raît au début de son message,quand il écrit : « à l’occasionde mon voyage à alger en dé-

cembre 2012, j’ai rappelénotre devoir de vérité sur laviolence, sur les injustices, surles massacres, sur la torture ».

cet assassinat est in-tervenu à un moment parti-culièrement aigu de la guerred’algérie, la « Bataille d’alger», ouverte par la décision desautorités françaises de la iverépublique finissantes, le 7janvier 1957, de charger la10e division parachutistecommandée par le généralmassu du maintien de l’ordreà alger. Pendant six mois, cesmilitaires ont pratiqué massi-vement la torture et les exécu-tions sommaires. outremaurice audin, quelque troismille algériens, arrêtés par cesmêmes parachutistes, ont dis-paru. Le secrétaire général dela police d’alger, Paul teit-gen, ancien résistant, déporté,et attaché pour des raisonsmorales et d’efficacité poli-cière au refus fondamental dela torture, constatant que lespersonnes arrêtées étaient ex-posées à la subir et à disparaî-tre suite à des exécutionssommaires, l’avait refusé. Le29 mars, il écrivait dans sa let-tre de démission : « depuistrois mois nous sommes enga-gés […] dans l’anonymat etl’irresponsabilité qui ne peu-vent conduire qu’aux crimesde guerre ».

François Hollandeécrit dans son message qu’ilavait ordonné « que soient en-gagées des recherches sansprécédent dans les archives duministère de la Défense, afinde découvrir si des docu-ments officiels permettaientd’éclairer de façon définitive

les conditions de la dispari-tion de m. audin en juin1957. ces recherches n’ontpas permis de lever les incer-titudes qui continuent d’en-tourer les circonstancesprécises de la mort de m.audin ». La seule chose quiest établie à ses yeux, c’est quemaurice audin ne s’est pasévadé mais est mort durant sadétention.

Ecarter la version del’évasion revient à enfoncerune porte ouverte. cela faitlongtemps que l’historienPierre vidal-naquet a dé-montré qu’elle relevait de lamise en scène et du men-songe, dans son livre L’affaireaudin paru en mai 1958 auxéditions de minuit. Le ma-thématicien LaurentSchwartz qui l’a préfacé avaitorganisé, le 2 décembre 1957,dans le grand amphithéâtrede la Sorbonne, la soutenancein abstentia de la thèse dedoctorat de maurice audin,qui avait été aussi une mani-festation solennelle de l’uni-versité contre le mensonge decette version officielle et l’as-sassinat commis par les para-chutistes.

mais, de la part duprésident de la république,cela revient à dire que, pen-dant cinquante-sept ans, lesautorités de l’armée et de larépublique ont fait d’unmensonge leur vérité offi-cielle. que, lorsque le coloneltrinquier, l’un des chefs de la10e division parachutiste, areçu officiellement, le 1er juil-let 1957, Josette audin, elleaussi enseignante en mathé-matiques, issue d’une faille

européenne d’algérie, restéeseule avec trois enfants dontle dernier avait juste un mois,pour lui dire que son maris’était évadé, il a proféré unmensonge officiel. un men-songe au nom des institutionsde l’armée et de la répu-blique, qui ont empêché lesautorités judiciaires de le dé-truire en établissant la vérité.En effet, le pouvoir politique,sous la ive comme sous la verépublique, a entravé délibé-rément le travail de la Justiceen faisant obstacle à ce que laplainte contre x déposée parJosette audin pour homicidevolontaire soit normalementinstruite et débouche sur unprocès.

Dans le cas de l’af-faire Dreyfus, le mensonged’Etat a duré douze ans. Dansle cas de l’affaire audin, lemensonge d’Etat a duré cin-quante-sept ans. Dans le casde l’affaire Dreyfus, la courde cassation a pu remplir sonrôle. Dans le cas de l’affaireaudin, la raison d’Etat a em-pêché l’autorité judiciaire detravailler conformément à sesmissions. Si, comme l’écritFrançois Hollande, « la Justicen’a plus les moyens » d’éclai-rer « les circonstances précisesde la mort de maurice audin», c’est que l’Etat depuis 1957l’en a empêchée. Le messageprésidentiel ne le dit pas, maisson rejet de la thèse de l’éva-sion débouche logiquementsur la mise en cause de ce longmensonge d’Etat.

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aFFairE auDin:un PEtit PaS DE FrançoiS HoLLanDE24 Juin 2014 | Par GiLLES mancEron

Page 18: Mise en page 1 · de maurice audin, et de Pierre ... Je n’étais pas au vernissage à Lens car j’étais malade, mais j’y suis allée depuis. ... le jour où je suis

Le message ne ditrien sur le sort de mauriceaudin durant sa déten-tion, ni des causes de samort. Pourtant, sur samort, des enquêtes ont eulieu. En 2012, la journa-liste du nouvel observa-teur nathalie Funès, dansdeux articles de cet heb-domadaire et dans sonlivre Le camp de Lodi, arévélé qu’un autre officierparachutiste, le colonelyves Godard, comman-dant alors la zone alger-Sahel, décédé depuis,avait écrit dans des carnetsdéposés à l’université deStanford (californie) — ilne voulait pas qu’ils soientconservés en France —,qu’audin avait été tué, surordre, par le lieutenantGérard Garcet. celui-ciétant connu pour avoirété aide de camp du géné-ral massu avant d’être af-fecté par lui à l’équiped’aussaresses, cette infor-mation sur l’identité del’exécuteur invitait àsoupçonner une implica-tion directe du comman-dant de la 10e DP. cettehypothèse a été confortéepar les confidences tar-dives d’aussaresses peuavant sa mort en décem-bre 2013, rapportées enjanvier 2014 par le jour-naliste Jean-charles De-niau dans son livre Lavérité sur la mort de mau-rice audin. confirmantce nom de l’exécuteur,aussaresses a précisé quel’ordre avait été donné parle général massu, et queson corps a été enfoui en-suite hors d’alger, dansun lieu où ceux de cen-taines d’algériens torturésavaient aussi été enterrés.

tortionnaire non repentiet habitué aux mensonges,aussaresses a peut-être, àl’orée de son trépas, laissééchapper, en l’occurrence,une part de vérité.

De nombreusesquestions se posent donc,auxquelles ne répond pasle message présidentiel.S’il y a eu un ordre demassu, a-t-il été partagépar le ministre résidentrobert Lacoste, qui, demars 1956 à mai 1958,au-delà de l’instabilité desnombreux ministères pa-risiens, incarnait à algerle pouvoir civil, qu’il exer-çait en étroite collabora-tion avec les chefs del’armée, massu et Salan ?y a-t-il eu des échanges ausujet de cet éventuel ordred’assassinat avec d’autresministres au sein du gou-vernement ? que signifiela formule « Pour l’exem-ple » employée par aussa-resses pour expliquer cetordre ? révèle-t-elle quece crime visait à dissuaderles communistes algériensà se joindre à la luttearmée pour l’indépen-dance algérienne ? c’estcette même formule qui,selon Jean-Luc Einaudi,explique, quatre mois plustôt, la décision de guillo-tiner Fernand iveton, cetautre communiste d’ori-gine européenne, engagé,au grand dam des « grandsfrères » du PcF, dans lalutte armée pour l’indé-pendance de l’algérie.Dans son livre Pourl’exemple. L'affaire Fer-nand iveton. Enquête,préfacé par Pierre vidal-naquet, Einaudi relatecomment iveton fut tor-

turé, condamné à mort,puis guillotiné avec cetobjectif. Si les gouverne-ments et les présidents quise sont succédés jusqu’àaujourd’hui ont perpétuéla version mensongère dela mort de mauriceaudin, serait-ce parcequ’à l’époque des autori-tés françaises, militaires etpeut-être civiles, ont, or-donné délibérément cecrime ? Le message deFrançois Hollande n’endit rien. mais sa petitephrase disant qu’audin «est mort durant sa déten-tion », qui révèle un men-songe officiel decinquante-sept ans,amène directement àposer cette question.

Le message prési-dentiel n’opère aucune re-connaissance du fait quela torture a été institu-tionnalisée par les autori-tés françaises à cetteépoque. comme l’a ditPierre vidal-naquet, latorture ne fut pas seule-ment une pratique insti-tutionnelle dansl’allemagne de Hitler etdans l’urSS de Staline,mais aussi une méthodeemployée par l’arméefrançaise durant la guerred’algérie. Le message nedit pas un mot de cetteréalité qui a aussi indignéGermaine tillion, qui vaêtre honorée en mai 2015par le transfert de ses cen-dres au Panthéon, et dontelle a dit : « il y a à ce mo-ment-là, en 1957, en al-gérie, des pratiques quifurent celles du nazisme ».Le président écrit dansson message : « Depuismon entrée en fonction,

j’ai fait de l’exigence devérité la règle à chaquefois qu’il est question dupassé de la France. » Peut-on, en restant fidèle à ceprincipe, rester muet surce sujet ?

un appel a étélancé le 24 mars, lorsd’une soirée au tarmac, àParis, par la Ligue desdroits de l’Homme, me-diapart et l’Humanité, fai-sant écho à l’« appel desdouze » publié en 2000par le quotidien fondé parle dreyfusard Jean Jaurès,pour la reconnaissance dela torture durant la guerred’algérie. il demande quesoit reconnu ce crimed’Etat qu’a été l’assassinatde maurice audin, emblé-matique de la pratiqueinstitutionnalisée de latorture et d’un ensemblebeaucoup plus vaste decrimes coloniaux. il es-time que les autoritésfrançaises « doivent per-mettre aux citoyens d’au-jourd’hui de connaîtrel’enchaînement des déci-sions qui ont permis àcette époque que se dé-ploient à alger un tel ar-bitraire et une telleviolence. Le rôle des gou-vernements présidés alorspar Guy mollet puis mau-rice Bourgès-maunoury,celui du ministre résidanten algérie robert Lacostedoivent être connus.

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ce n’est pas seule-ment une question d’his-toire, c’est un enjeu civique.Les documents dont le mi-nistre de la Défense a remiscopie à Josette audin le 1erfévrier 2013 ne contiennentaucun élément essentiel.aussi, nous demandons auxautorités françaises qu’ellesdonnent les moyens à unecommission d’historiensd’accéder à toutes les ar-chives concernées, notam-ment celles du ministrerésidant en algérie robertLacoste, des présidents duconseil Guy mollet et mau-rice Bourgès-maunoury, ducommandant en chef del’armée en algérie, raoulSalan, et de celui de la 10edivision parachutiste,Jacques massu, afin d’éta-blir les ordres qu’ils ontdonnés, les pouvoirs qu’ilsont attribués et les disposi-

tifs et les pratiques qui enont été les conséquences.nous demandons, par ail-leurs, aux autorités fran-çaises qu’elles sollicitentofficiellement les autoritésalgériennes pour qu’ellesfassent les recherches néces-saires pour retrouver lecorps de maurice audindans les lieux présumés deleur enfouissement dansune fosse commune, avecceux de centaines d’algé-riens torturés et tués euxaussi par l’armée française ».

Sur ces questions, leprésident François Hol-lande n’a donc fait qu’untout petit pas. Sa petitephrase disant que « mauriceaudin ne s’est pas évadé. ilest mort durant sa déten-tion », en révélant un men-songe officiel decinquante-sept ans, ouvre

néanmoins la bonde à unflot de questions. cette for-mule, qui n’explique rien,conduit directement à detrès lourdes interrogations.il ne s’agit, rien moins, quedu plus long mensonged’Etat de notre histoirecontemporaine.

a ceux qui, dans lasociété française, croientaux principes des droits del’Homme et pensent quenos institutions républi-caines se grandissentlorsqu’elles s’appliquent àelles-mêmes un devoir devérité, à tous ceux-là de nepas se satisfaire de ce mes-sage et de s’appuyer surcette petite phrase pourcontinuer à les interpeler.En recevant Josette et Pierreaudin à l’Elysée le 17 juin,François Hollande a mani-festé le désir d’assister à la

prochaine session du Prixmaurice audin de mathé-matiques. ce prix est désor-mais pris en charge parl’institut Henri Poincaré etson jury placé sous l’auto-rité de son président, mé-daille Fields — l’équivalentdu prix nobel en mathéma-tiques — cédric villani(issus, par ailleurs, commeJosette et maurice audin,ou comme Fernand iveton,d’une famille d’Européensd’algérie). Gageons que cesera l’occasion pour le pré-sident de dire, cette fois,tout ce que son message du18 juin 2014 n’a pasabordé. Et de répondre auxquestions précises poséespar l’appel lancé au tarmac,le 24 mars 2014, par laLigue des droits del’Homme, mediapart etl’Humanité.

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J’ai commencé mavie d’avocat comme collabo-rateur d’antoine Borker,membre du Parti commu-niste français. J’ai donc su,dès son retour d’alger, qu’ilvenait, le 4 juillet 1957, dedéposer, au nom de Josetteaudin, une plainte pour ho-micide volontaire.

Josette audin, quiavait assisté le 11 juin à l’ar-restation de son mari mau-rice, militant du Particommuniste algérien, par dessoldats du 1er régiment dechasseurs parachutistes, necroyait pas un mot de cequ’était venu lui dire un ad-joint du colonel Godard : de-puis le 21 juin, l’armée nesavait plus où se trouvait sonmari. il s’était évadé au coursd’un transfert et, n’ayant puêtre retrouvé, était porté dis-paru.

Je suis moi-mêmeparti à alger en septembre,deux mois plus tard, pour as-surer la défense devant les tri-bunaux militaires quifonctionnaient à plein ré-gime.

J’ai écouté, à la pri-son Barberousse, Henri allegqui était en train d’écrire Laquestion. il avait lui-mêmeété arrêté le 12 juin 1957 etconduit, pour y être inter-rogé, dans un immeuble àEl-Biar. très vite, alors qu’ilallait être soumis à la torture,il avait été mis en présence demaurice audin, très affaibli,qui lui avait dit dans un souf-fle: « c’est dur Henri ».

J’ai pu voir dans lamême prison BarberousseGeorges Hadjadj, médecin,membre également du particommuniste algérien. il m’araconté comment, lui aussitorturé, il avait vu mauriceaudin, quasi nu, attaché,avec fixées à son oreille et sesmains des petites électrodesreliées à la magnéto par desfils. tout cela est connu.Henri alleg et Georges Had-jadh ont survécu aux tor-tures, ils ont fait le récit de cequ’ils avaient subi, ce qui ahautement contribué à laprise de conscience du carac-tère systématique de la tor-ture pendant la guerred’algérie.

De son côté, Josetteaudin n’a jamais renoncé.Depuis 1957, elle poursuit,sans relâche, les mêmes ob-jectifs : qu’il soit mis fin à lathèse officielle de « l’évasionde son mari ».

c’est ainsi qu’elleécrivait le 6 août 2012 :

« Qu’il soit reconnu au som-met de l’Etat que MauriceAudin a été torturé et qu’il enest mort. Et que, comme lePrésident de la République l’afait pour condamner la rafledu Vel d’hiv, j’espère que vousferez aussi, au nom de laFrance, non pas des excusespour des actes qui ne sont pasexcusables, mais une condam-nation ferme de la torture etdes exécutions sommaires com-mis par la France pendant laguerre d’Algérie. »

Josette audin sepensait en droit de nourrirl’espoir d’être enfin enten-due. Elle avait en effet euconnaissance de la lettreadressée, le 26 mars 2012,par le candidat F. Hollande àl’association maurice audin,qui soutient depuis de silongues années la cause de lavérité :

« Je tiens d’abord àsaluer l’action de votre associa-tion qui continue d’agir pourque la vérité soit enfin recon-nue par l’Etat. MauriceAudin, jeune professeur demathématiques à l’universitéd’Alger, membre du PCA, aété torturé, puis déclaré contretoute vraisemblance « évadé »par l’armée française en 1957.Une des nombreuses dispari-tions qui constituent la pire descruautés, infligées aux prochesdes suppliciés, privés d’une sé-pulture permettant de faireleur deuil ».

François Hollandeévoquait ensuite, dans lamême lettre, son dépôt degerbe, le 17 octobre 2011, aupont de clichy, pour hono-rer la mémoire des algériensvictimes de la police fran-çaise en octobre 1961. Puis,il concluait: « il faut que lavérité soit dite, reconnaître cequi s’est produit. J’ai agi entant que socialiste, à l’avenirce sera sans doute à la répu-blique de le faire ».

mais Josette audinn’a pas reçu la réponse qu’elleattendait et, le 23 mai 2014,Gérard tronel, secrétaire del’association maurice audin,

s’est adressé ainsi à FrançoisHollande: « au nom de l’as-sociation maurice audin eten accord avec madameaudin, je renouvelle une de-mande formulée depuis prèsde 55 ans. nous vous de-mandons au nom de la ré-publique française dereconnaître la mort de mau-rice audin à la suite de tor-tures. De même, comme il aété demandé à plusieurs re-prises, nous demandons aussique les plus hautes autoritésde l’Etat condamnent la tor-ture ».

La réponse est venuele 18 juin, sous la forme d’unmessage du Président de larépublique, à l’occasion dela remise du prix mauriceaudin pour les mathéma-tiques.

« J’ai fait de l’exigence de vé-rité la règle chaque fois qu’il estquestion du passé de la France», affirme-t-il.

mais, malheureuse-ment, la suite du message nerépond pas à cette professionde foi. En effet que lit-on en-suite ? « audin ne s’est pasévadé, il est mort durant sadétention. » mais, poursuitle Président, « les recherches,sans précédents, entreprisessur mes instructions, n’ontpas permis d’en savoir plus.En effet, affirme-t-il, des in-certitudes demeurent, que lajustice serait impuissante àlever ». Et d’assigner ensuiteaux historiens la mission d’yparvenir…

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« La quEStion » à FrançoiS HoLLanDE01 août 2014 | Par roLanD raPPaPort

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on ne peut queconstater et déplorer que cemessage s’inscrit en totalecontradiction avec ce queFrançois Hollande, alorscandidat à la Présidence,avait écrit le 26 mars 2012au comité audin: « mau-rice audin … a été torturé,puis déclaré contre toutevraisemblance “évadé” parl’armée française en 1957 ».il avait donc tenu, alors, àfaire connaître publique-ment qu’il savait bien, luiaussi, ce qu’il en était et quemaurice audin n’avait pasété le seul puisqu’il figurait,lit-on sous sa plume, «parmi les nombreuses dis-paritions qui constituent lapire des cruautés… ».

Et voilà que F. Hol-lande se déclare, en juin2014, impuissant à savoirde quoi maurice audin estmort et garde le silence surla demande de condamna-tion de la torture et des exé-cutions sommairescommises par la Francependant la guerre d’algérie.

or, entre ces deuxprises de position,le nou-veau président de la répu-blique a décidé le transfertdes cendres du Général Bi-geard au mémorial desguerres d’indochine à Fré-jus, lequel est intervenu le21 novembre 2012.

il faut se souvenirqu’au moment de la mortde maurice audin, se dé-roulait « la bataille d’alger». Sous la présidence deGuy mollet, les ministreschristian Pineau (affairesétrangères), Paul ramadier(finances), robert Lacoste(algérie), maurice mau-

noury (défense) et max Le-jeune ( Secrétaire d’Etat à ladéfense) avaient décidé deconfier au général massul’ensemble des pouvoirs depolice, normalement dévo-lus à l’autorité civile (arrêtédu 7 janvier 1957).

Sa première initia-tive fut de faire défiler lesparachutistes, Bigeard entête. c’est ce dernier quimène l’action sur le terrain:camouflages, arrestationsmassives, emprisonnementset tortures.

comment procéde-t-il ?

Le général allard,qui a pris le commande-ment du corps d’arméed’alger, en février 1957, ena témoigné le 4 octobre1960, alors qu’il était en-tendu par le juge d’instruc-tion de rennes, chargé del’enquête consécutive à laplainte de madame audinpour homicide volontaire.Le général allard a exposéau magistrat qu’il avait as-sisté à des visites, sur place,des ministres Bourgès-maunory, Lacoste, max Le-jeune : « a chaque fois, cesautorités donnaient des ins-tructions de poursuivre lalutte à outrance ».

Le général a donnépour exemple une visite auP.c. du colonel Bigeard.celui-ci, ayant fait état de ladestruction des ¾ de l’orga-nisation rebelle, a reçu del’un des ministres présentsdes félicitations et des en-couragements à poursuivre.« Je vois encore le colonelBigeard lui répondant :monsieur le ministre, vouspensez bien qu’on n’arrive

pas à de tels résultats avecdes procédés d’enfant decœur ». Et le Général allardd’ajouter : « il reçut une re-commandation « pas de ba-vures ».

c’est aussi, alorsque se déroulait la batailled’alger, que Paul teitgen,secrétaire général de la Pré-fecture d’alger, remettait sadémission à robert Lacoste: « il avait, en effet, la fermeconviction d’avoir échoué,bien que s’y étant efforcé, àmaintenir le respect de lapersonne humaine ». Paulteitgen écrivait avoir re-connu sur certaines per-sonnes, maintenues endétention dans les centresde Paul cazelles et de Beni-messous, « les traces pro-fondes des sévices ettortures, qu’il y a 14 ans jesubissais personnellementdans les caves de la gestapoà nancy ». c’est aussi Paulteitgen qui, en 1991, aaussi tenu à faire connaîtrequ’au cours de la batailled’alger, une expressionavait fait son apparition : «les crevettes Bigeard ». il endonne le pourquoi :

« Bigeard, le courageux Bi-geard, arrêtait les bon-hommes…. Il leur mettait lespieds dans une cuvette. Ilremplissait de ciment… etpuis c’est tout. Les piedsétaient pris, on mettait lesgars en hélicoptère, on les lâ-chait en pleine mer. La merles renvoyait, ce que les gensd’Alger appelaient les cre-vettes Bigeard. Lescrevettes,c’est vous dire dansquelle atmosphère on vivait».

m. Bigeard a for-mellement contesté que detelles pratiques aient été deson cru. mais l’expressionappartient aujourd’hui àl’histoire et sans doute sesméthodes et ses déclarationsn’y sont pas pour rien. il atoujours soutenu, jusquedans la dernière période desa vie, que la torture en al-gérie était un mal néces-saire, ce qu’a rappelé lejournal « Le Parisien » enjuin 2010. quelques annéesauparavant, le 23 novembre2000, le Figaro avait publiéune de ses prises de positionà propos de « la gégène » etde la douleur provoquée parles flux électriques, « c’estvrai, cela provoque un chocet cela pouvait aider à délierles langues ».

Les exemples abon-dent des combats qui furentmenés pendant la guerred’algérie contre la torture.En juin 2000, « Le monde» a publié le récit de Loui-sette ighilahriz, partisan del’indépendance de l’algérie,capturée à 20 ans, en sep-tembre 1957, par l’armée,violée et torturée pendantdes semaines. Elle désigne leGénéral massu et le colonelBigeard et dit que, si elle estrestée en vie, c’est grâce àun commandant, richaud,qu’elle recherche depuis 40ans. Bigeard nie tout enbloc. ce récit, soutient-il,est « un tissu de mensonges».

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Le Général massu,détenteur de l’ensemble despouvoirs de police pendantla bataille d’alger et donton sait comment il les aexercés, réagit, lui aussi. ildit avoir très bien connu cecommandant. médecinchef de la 10ème DP, « unhumaniste », dit-il. il saitqu’il est décédé, mais se dé-clare prêt à aider madameighilahriz à trouver sesproches. il ajoute «vraimentregretter ce qui s’est passé…. La torture n’est pas indis-pensable en temps deguerre. on peut très biens’en passer. quand je re-pense à l’algérie, cela medésole».

quelques mois plustard, interrogé à nouveau àla suite des déclarations duGénéral Paul aussaressses,qui évoquait, sans les regret-ter, les exécutions som-maires dont il avait étépersonnellement l’auteur,massu dit: « J’ai toujourssouffert de voir mon nomassocié à la torture » etajoute: « si la France recon-naissait et condamnait cespratiques, je prendrais celapour une avancée ».

Le président chi-rac, le 27 octobre 2002, lorsdu décès du Général massu,a évoqué ses regrets surl’utilisation de la torture : «au soir de sa vie, alors quela France s’engage dans undébat difficile sur les pagesdouloureuses de son his-toire récente, le généralmassu a assumé ses respon-sabilités avec dignité et cou-rage ».

Bigeard, lui, n’a ja-mais varié, ni rien regretté.

Pendant la guerre d’algérie,il professait la nécessité dela torture et quelques an-nées avant sa mort, persis-tait : « Nous avions à faireavec des ennemis motivés, lesfellaghas et les interrogatoiresmusclés étaient un moyen derécolter des informations ».

Et c’est pourtantsur une décision prise ausommet de l’Etat que lescendres du Général Bi-geard, conservées par sa fa-mille, ont été transférées aumémorial des guerres d’in-dochine, à Fréjus. La céré-monie, qui s’est déroulée le21 novembre 2012, étaitprésidée par le ministre dela Défense, y. Le Driant.Bigeard étant décédé le 18juin 2010, le ministre acommencé ainsi son dis-cours : « Le 18 juin est unjour qui symbolise les va-leurs de courage, de dé-vouement, de grandeur,qu’il a fait siennes tout aulong de sa vie. ». il a pour-suivi : « Le général Bigeardest un très bel exempled’élévation aux méritespour nos armées et notrerépublique». Le ministre aévoqué « les combats duGénéral Bigeard pendant20 ans, de l’alsace au Séné-gal, des cuvettes de Ban Sanet de Dien Bien Phu auxdjebels algériens. il est detoutes les guerres de laFrance, ayant lié son destinà celui de la nation, parcequ’il a toujours cru en unidéal qui dépassait l’horizonde sa vie».

or il appartient auPrésident de la républiquede veiller au respect et àl’application des traités etconventions internationales

portant la signature de laFrance. En décembre 1984a été adoptée « la conven-tion internationale contre latorture et autres peines outraitements cruels inhu-mains ou dégradants». LaFrance l’a signée le 14 fé-vrier 1986 et ratifiée le 28juin 1987. L’article 10 ins-taure l’obligation suivante :« tout Etat partie veille à ceque l’enseignement et l’in-formation concernant l’in-terdiction de la torture fassepartie intégrante de la for-mation du personnel civilou militaire chargé de l’ap-plication des lois, du per-sonnel médical, des agentsde la fonction publique etdes autres personnes quipeuvent intervenir dans lagarde, l’interrogatoire ou letraitement de tout individuarrêté, détenu ou empri-sonné de quelque façon quece soit. ».

certes, le 20 dé-cembre 2012 au cours deson voyage officiel en algé-rie, le Président Hollandes’est rendu spécialement surla place maurice audin. ilne pouvait ainsi rendrehommage à sa mémoiresans savoir que m. audin, aété torturé dés le lendemainde son arrestation le 11juin1957 et qu’il est mortquelques jours plus tard,alors qu’il se trouvait entreles mains de l’armée fran-çaise. interrogée par lenouvel observateur, Josetteaudin a déclaré « être trèsdéçue » par les déclarationsde F. Hollande à alger : «certes…. Le Président aparlé des souffrances de lacolonisation, mais c’est peudire qu’il a été succinct surla période de la guerre.

citer une seule fois le mottorture qui a été pratiquéesur une échelle mons-trueuse, et ce, au sein d’uneénumération, à côté du motinjustice, me paraît vrai-ment insuffisant. il n’amême pas évoqué les exécu-tions sommaires qui ont,elles aussi, été pratiquéesmassivement pendant laguerre.

combien de tempsencore Josette audin devra-t-elle attendre !

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