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94 CONFIDENCES Impala au couchant à Masaï-Mara « Pour accentuer l’effet rougeoyant de ce coucher de soleil, j’ai induit une sous- exposition franche (- 2 1/3 diaphragmes), ce qui a réduit le sujet, ici un impala, à une silhouette simple. Pour que l’effet soit réussi, il faut que cette silhouette puisse être reconnue… et donc déclencher à bon escient », précise Tony Crocetta. Tony Crocetta « Photographe animalier globe-trotter », c’est ainsi que se définit ce passionné des grands espaces sauvages, qui parcourt depuis une vingtaine d’années la planète pour des reportages animaliers. Enfant, Tony Crocetta est fasciné par les docu- mentaires en noir et blanc de Christian Zuber.Aujourd’hui ardent défenseur de la nature, c’est l’un des membres fondateurs de l’association Noé Conservation, qui prône la sauvegarde des espèces ani- males et végétales menacées. www.tonycrocetta.com Laurent Baheux Reporter professionnel depuis 1998, Laurent Baheux s’est d’abord spécialisé dans les reportages d’événements spor- tifs. Passionné par l’Afrique, il poursuit depuis 2002 un travail personnel en noir et blanc sur cette terre où vit la grande faune du continent, et notamment les lions. Lauréat 2007 du concours « Shell Wildlife Photographer of the Year » organisé par le Muséum d’histoire naturelle de Londres et le magazine BBC Wildlife, il propose des clichés révélant une grande sensibilité. www.laurentbaheux.com Thierry Leroy Photographe amateur éclairé, Thierry Leroy utilise dès son plus jeune âge le Canon AE1 familial pour les tradition- nelles photos de vacances. Il franchit le pas du numérique en 2002. Toujours à la recherche de photos insolites, il a par- couru les plus belles réserves du Kenya et expose ses images sur le site Nunda Foto, consacré aux photographies d’animaux sauvages pris dans leur élément naturel. www.nundafoto.net/fr/portfolio/ 123-thierry-leroy 3 2 1 BIO EXPRESS BIO EXPRESS 2 3 1 © TONY CROCETTA Le safari-photo : un rêve pour tout photographe désireux d’immortaliser l’animal dans son milieu sauvage. Patience, maîtrise technique et respect de la nature, tels sont les maîtres mots des trois photographes passionnés qui nous font part de leur expérience et nous livrent leurs secrets de prises de vue. KARINE WARBESSON DP36 CONFIDENCES PM:GAB TEST 2 pages NEW 4/01/08 14:19 Page 94

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Le safari-photo : un rêve pour tout photographe désireux d’immortaliser l’animal dans son milieu sauvage. Patience, maîtrise technique et respect de la nature, tels sont les maîtres mots des trois photographes passionnés qui nous font part de leur expérience et nous livrent leurs secrets de prises de vue. KARINE WARBESSON

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Impala au couchantà Masaï-Mara« Pour accentuer l’effet rougeoyant dece coucher de soleil, j’ai induit une sous-exposition franche (- 2 1/3 diaphragmes),ce qui a réduit le sujet, ici un impala, àune silhouette simple. Pour que l’effet soitréussi, il faut que cette silhouette puisseêtre reconnue… et donc déclencher àbon escient », précise Tony Crocetta.

Tony Crocetta« Photographe animalier globe-trotter »,c’est ainsi que se définit ce passionné desgrands espaces sauvages, qui parcourtdepuis une vingtaine d’années la planètepour des reportages animaliers. Enfant,Tony Crocetta est fasciné par les docu-mentaires en noir et blanc de ChristianZuber.Aujourd’hui ardent défenseur de lanature,c’est l’un desmembres fondateursde l’association Noé Conservation, quiprône la sauvegarde des espèces ani-males et végétales menacées.

www.tonycrocetta.com

Laurent BaheuxReporter professionnel depuis 1998,Laurent Baheux s’est d’abord spécialisédans les reportages d’événements spor-tifs. Passionné par l’Afrique, il poursuitdepuis 2002 un travail personnel en noir etblanc sur cette terre où vit la grande faunedu continent, et notamment les lions.Lauréat 2007 du concours « Shell WildlifePhotographer of theYear » organisé par leMuséum d’histoire naturelle de Londreset lemagazine BBC Wildlife, il propose desclichés révélant une grande sensibilité.

www.laurentbaheux.com

Thierry LeroyPhotographe amateur éclairé, ThierryLeroy utilise dès son plus jeune âge leCanon AE1 familial pour les tradition-nelles photos de vacances. Il franchit lepas du numérique en 2002. Toujours à larecherche de photos insolites, il a par-couru les plus belles réserves du Kenya etexpose ses images sur le site Nunda Foto,consacré aux photographies d’animauxsauvages pris dans leur élément naturel.

www.nundafoto.net/fr/portfolio/123-thierry-leroy

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Le safari-photo : un rêvepour tout photographe

désireux d’immortaliserl’animal dans son milieu

sauvage. Patience, maîtrisetechnique et respect de la

nature, tels sont les maîtresmots des trois photographes

passionnés qui nous fontpart de leur expérience et

nous livrent leurs secrets deprises de vue. KARINE WARBESSON

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Au cœurvie sauvagede la

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L e continent africain reste la destination de choixpour partir en safari. « L’Afrique a quelque chose

d’unique qu’aucun continent ne possède et ne pos-sédera jamais : sa biodiversité étonnante et sesespèces tellement spectaculaires et charisma-tiques », déclare Tony Crocetta. L’Afrique de l’Est, leKenya et la Tanzanie constituent le terrain de prédilec-tion de nombreux photographes, même si d’autrespays comme la Namibie ou l’Afrique du Sud, moinsprisés par les touristes, se sont ouverts au safari-photo. Quant à la meilleure période, « il est possible devoir des animaux toute l’année », affirme LaurentBaheux, mais « mieux vaut éviter le mois de décem-bre en raison des majorations de prix et les mois d’étéà cause de la forte affluence touristique », précise TonyCrocetta. Élément incontournable lors de tout safari,c’est du guide que dépendra la réussite de vos pho-tos… et inversement. « C’est sa connaissance de lasavane, des animaux et son habileté à vous amener

au bon endroit et au bon moment qui feront la diffé-rence », explique Thierry Leroy. Tous les photographesconseillent de faire appel à des agences locales recon-nues et sérieuses. Pas toujours évident lorsqu’on estpeu expérimenté, mais de plus en plus de profession-nels comme Laurent Baheux ou Tony Crocetta organi-sent des safaris spécialement dédiés aux amoureuxde la nature et de la photographie. Les animaux étantlibres et sauvages, les conditions de prises de vue nesont pas toujours idéales, mais c’est toujours àl’homme de s’adapter à cet environnement sauvage, etnon l’inverse. Parmi les règles de sécurité élémen-taires : l’interdiction de mettre le pied par terre ! « Il n’ya généralement pas d’approche à pied ni d’affût pourles photographes amateurs, car les photos sont prisesdepuis la voiture », explique Thierry Leroy, « l’idéalétant de réserver un 4x4 pour ne pas être tributairesd’horaires stricts ou d’un circuit prédéfini », ajoute-t-il.« Le 4x4 permet également d’accéder à des endroits

plus reculés non accessibles au minibus », révèle TonyCrocetta. Autre écueil à éviter : la course aux réserves !Le Kenya comporte à lui seul plus de 50 parcs natio-naux ; le choix s’avère donc crucial pour un séjour quidépasse rarement une dizaine de jours, mais il ne fautsurtout pas chercher à tout voir en un seul voyage.« Plus on passe de temps au même endroit, plus onaugmente ses chances d’assister à des momentsrares, voire inoubliables…», confie Laurent Baheux.

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Préparer son safariPartir en safari ne s’improvise pas. Choix du guide, de l’itinéraire, mais aussi respect dela nature et des conditions de sécurité, autant d’éléments indispensables à appréhenderpour tout photographe.

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� Faites-vous accompagner par un guide-chauffeur local originaire de la région.� Privilégiez le 4x4 au minibus pouraccéder à des endroits plus reculés etmoins touristiques.� Préparez un itinéraire précis jour aprèsjour et n’oubliez jamais d’emporter unecarte routière.� Évitez si possible de partir les mois d’étéen raison de l’affluence.

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Gare au portefeuille !Partir en safari coûte cher. Comptez entre 2000 et2500 euros minimum par personne pour un safari-photod’une dizaine de jours au Kenya avec vol, hébergementet pension complète. Les tarifs pouvant monter jusqu’à4000 euros par personne selon l’expérience du guidechoisi et le mode de transport (4x4, minibus, etc.),il est donc indispensable de bien préparer son voyagepour comparer sur place les prestations proposées.

1I En route« C’est une photo toute particulière que j’ai prise le jour demes 36 ans avec un 840 mm. J’en garde un souvenir ému.Cette scène est comme un cadeau que la nature offrait à monregard », confie Laurent Baheux.

2I Joli profil« Cet impala a été pris au zoom 270mm dans la réservede Samburu, au Kenya, juste avant le coucher du soleil.La faible profondeur de champ est due à l’ouverture à f/6,3 »,explique Thierry Leroy.

3I Accouplement de lionsà Masaï-Mara« Cette photographie d’accouplement de lions, un grandclassique du safari, dégage une violence proportionnelleà la puissance de ces animaux. Il est cependant rare d’êtreidéalement situé, sans être gêné par ailleurs par des élémentsdu décor tels que végétation et branchages qui parasitentl’aspect visuel global », précise Tony Crocetta.

4I Poussière d’éléphants« Ce troupeau d’éléphants a été pris à Amboseli en milieude matinée. Seule une petite partie du troupeau était dansun nuage de poussière soulevé par les pachydermes.L’utilisation d’une ouverture à f/5,6 et une vitesse très élevéeà 1/1250 s ont permis de limiter la profondeur de champet d’accentuer le contraste », commente Thierry Leroy.

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Après la pluie« Cette photo a été prise au 840 mmà une vitesse de 1/250 s. J’ai surprisce lionceau après une averse, et j’ai voulusaisir ce moment de vie simple maismagique », raconte Laurent Baheux.

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1I À gorge déployée« Cette photo a été prise dans la réserve de Samburu, vers 17 heures, à moins de 5 mètresde la voiture (ouverture f/6,3, zoom 280mm). Après avoir patienté 45 minutes, j’ai assistéau rugissement de la lionne, qui a réveillé un autre lion. Les fauves se sont ensuiteaccouplés, avant que le roi de la jungle ne se rendorme », commente Thierry Leroy.

2I Port de reine« Cette gazelle a été prise dans la réserve de Samburu au zoom 340mm à 17 heures,sous une lumière chaude. L’ouverture à f/6,3 permet une faible profondeur de champ,qui rend le fond et les herbes du premier plan flous afin de mieux faire ressortir l’animalet les brins d’herbe placés juste derrière », explique Thierry Leroy.

3I Impressionnantes défenses« Ce gros plan de défenses d’éléphant a été pris au 300 mm dans la réserve de Samburu.L’ouverture à f/6,3 permet de limiter la netteté aux défenses et d’apprécier l’usure de cellesituée au deuxième plan. La photo a été prise au 1/500 pour éviter le flou avec la grandefocale », révèle Thierry Leroy.

4I La charge de l’éléphanteau« Je cherchais à faire une belle image de cet éléphanteau près de sa mère. Lorsquel’oiseau s’est posé devant lui, il a pris cela comme un jeu et s’est mis à charger »,relate Laurent Baheux.

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ref � Emportez si possible deux boîtiers, l’un équipé d’un grand-angle,

et l’autre d’un téléobjectif de 300mm minimum. Pour les oiseaux,le 400mm (équivalence 600mm en argentique) est conseillé.� Utilisez un sac-poubelle ou une taie d’oreiller pour protéger votrematériel et l’avoir rapidement à portée de main.� Prévoyez batteries de rechange et piles, l’adaptateur allume-cigareconstituant une solution de dépannage à ne pas négliger.� Investissez dans plusieurs cartes mémoire et sauvegardezrégulièrement vos photos.

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Lors d’un safari, « il faut être prêt à déclencher àtout moment », affirme Tony Crocetta. À cette fin,

« l’usage de deux boîtiers n’est pas du luxe », ajouteThierry Leroy, car il est impossible de savoir à l’avancece que vous allez photographier et l’objectif dont vousaurez besoin (téléobjectif ou grand-angle). « Vousn’aurez pas le temps de changer l’optique, surtout dansun environnement poussiéreux qui ne s’y prête pas »,confie le photographe. Si vous devez faire un choixfinancier, mieux vaut donc privilégier un objectif debonne qualité et vous contenter d’un boîtier de qualitémoyenne plutôt que le contraire. Cependant, plus encoreque le choix du boîtier, l’achat de focales adaptées estprimordial. En photo animalière, on est rarement tropprès de son sujet. Un téléobjectif d’au moins 300mms’avère un minimum, sous peine de ne faire quasimentque des paysages et d’avoir de gros regrets au retour.« Mais si, regarde bien la petite tache marron sur laphoto au fond dans les hautes herbes, je te jure quec’est un lion ! », plaisante Laurent Baheux. Pour les grosplans d’oiseaux, très nombreux au Kenya, un zoomou un téléobjectif de 400mm, un moteur ainsi qu’unconvertisseur x1,4 ou x2 sont vivement conseillés. Et

n’oubliez pas les jumelles, indispensables pour effectuerun repérage précis des animaux. En safari-photo, lescontraintes techniques sont nombreuses. Poussière,sable, vibrations lors de la conduite sur piste, rien nesera épargné à votre matériel, et il y a de fortes chancespour que l’action vous échappe si vous perdez de pré-cieuses secondes à l’extraire de sa housse. Ainsi,Thierry Leroy conseille l’utilisation d’un sac-poubelle, leplus efficace contre la poussière, en complément d’unpinceau et d’un kit de nettoyage pour éviter les tachessur le capteur. Tony Crocetta, lui, a opté pour la taied’oreiller. Quant au trépied ou au monopode, ils ne sontpas indispensables car la plupart des photos se fontdepuis le véhicule, mais «mieux vaut que le moteur soità l’arrêt pour éviter le flou », précise Thierry Leroy.Aujourd’hui, si le numérique est la panacée, inutiled’espérer trouver une prise électrique avant le prochainlodge. Videur de carte mémoire et ordinateur portablepour stocker ses images sont des incontournables,sans oublier une autonomie d’énergie importante. « Unadaptateur allume-cigare et un transformateur 12 ou24 volts pour recharger ses accus sur le véhicule serontvite rentabilisés », suggère Laurent Baheux.

Choisir son matérielUn appareil fiable et robuste, un déclenchement rapide maissurtout un téléobjectif s’avèrent indispensables pour profiterd’un safari-photo dans des conditions optimales.

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LaboratoirenumériqueTous les photographes travaillent en format Raw pourexploiter la qualité maximale de leur appareil, puisretouchent leurs photos avec un logiciel spécialisépour les opérations de base : niveaux, accentuation,recadrage ou suppression des poussières. Pour sestirages en noir et blanc, Laurent Baheux développeses images intégralement sur écran en ajustantle contraste, la densité et la luminosité… tout enrestant fidèle à l’image initiale, bien sûr.

5I Prédation de hyènessur flamants roses« Photographier un sujet mobile rapide tel que la hyène estsans doute la difficulté technique majeure en photographieanimalière. Mais il faut compter aussi sur un zeste dechance pour être placé “au bon endroit, au bon moment”…,et se munir d’une bonne dose de philosophie devant leséchecs inéluctables ! », s’exclame Tony Crocetta.

6I Face au roi« J’ai une fascination pour les lions, dont il se dégageune force incroyable : tout est dans le regard », confesseLaurent Baheux.

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Profiter dela belle lumièreLes levers et couchers de soleil sont les périodesoù la lumière est la plus belle et où les animauxsont les plus nombreux. C’est la raison pourlaquelle les safaris débutent généralement tôtle matin, dès 5 heures, pour s’achever en milieude matinée et reprendre en fin d’après-midi afinde bénéficier de conditions idéales.

Principale règle en safari-photo : apprendre àêtre patient en attendant qu’il se passe quelque

chose d’intéressant dans le comportement des ani-maux et que la lumière valorise votre sujet.Idéalement, il faut pouvoir réunir ces conditions enmême temps et déclencher au bon moment. La dis-crétion est évidemment de mise : on évitera par exem-ple les vêtements aux couleurs vives et l’usage duflash, rarement utile compte tenu de la « distance defuite » des animaux, souvent supérieure à 10mètres.Contre-jour, végétation gênante, arrière-plan peu valo-risant, mobilité du sujet font aussi partie du quotidien.Les contraintes sont nombreuses quand on veut pho-tographier les animaux dans leur espace naturel, mais« c’est là toute la richesse et tout le plaisir de ce typed’images », explique Laurent Baheux. Pour Tony Cro-cetta, la règle d’or se résume en une phrase : « Connaî-tre parfaitement son matériel et la technique photo…pour mieux l’oublier et se consacrer à l’essentiel : miseau point, cadrage et déclenchement », le plus souventdans un laps de temps très court ! Lors d’un safari, lesrègles de base de la photographie restent de mise. Ilfaut veiller à ne pas avoir une ouverture de diaphragmetrop petite si l’on veut détacher son sujet de son envi-

ronnement. Pour les gros plans avec une profondeurde champ réduite, « on ouvrira le diaphragme au maxi-mum, comme sur la photo de la tête du lion aux cica-trices, qui se détache très bien du fond », confie ThierryLeroy. Mais il faut surtout éviter une vitesse d’obturationtrop lente avec une grande focale. « À 300 mm, lavitesse doit être au minimum de 1/250 s pour éviter lesflous (sauf avec les objectifs stabilisés, plus tolé-rants) », indique Thierry Leroy. Quant au cadrage, « larègle des tiers s’applique dans la majorité des cas »,affirme Tony Crocetta. Il est également primordial de setenir régulièrement informé des conditions météo, sou-vent changeantes dans ces régions, afin d’anticiper sonplacement pour les meilleures prises de vue. « Monmeilleur souvenir, relate Thierry Leroy, est la série dephotos de flamants roses prise au lac Nakuru, dans laréserve du même nom, en juillet dernier. Les conditionsclimatiques extrêmes (pluie battante, vent) dégageaientune lumière et une ambiance extraordinaires sous unarc-en-ciel. Mais j’ai aussi connu mon pire souvenirau même endroit une heure plus tôt, lorsque le ciel étaittellement bas, gris et couvert que je me voyais revenirbredouille de cette chasse aux images, les flamantsroses étant à peine visibles ! »

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Le photographe, un animal(presque) comme les autresLoin des conditions optimales réunies en studio, le photographeanimalier doit apprendre à se fondre dans le paysage,à s’adapter au terrain et aux conditions changeantes pouranticiper… et déclencher au bon moment.

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� Tenez-vous au courant des conditionsmétéorologiques prévues afin de mieuxorganiser vos journées.� Évitez les vêtements de couleurs viveset l’utilisation du flash pour ne pas effrayerles animaux.� Avec un téléobjectif de 300mm,privilégiez une vitesse d’obturation de1/250 s minimum pour éviter les flous.� Appliquez la règle des tiers pour lecadrage de vos photos.

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1I Portrait de lion« Cette photo a été prise à Samburu en fin d’après-midi,avec une ouverture à f/6,3 et un zoom 280mm. Le fauve,réveillé par sa compagne, s’est ensuite accouplé avec elle »,raconte Thierry Leroy.

2I Plus fort que toi« Le buffle est un animal impressionnant et dangereux.Il exprime ici tout son caractère : authentique et puissant »,révèle Laurent Baheux.

3I Queue de lionne?«Cette image a été récompensée lors du concours “ShellWildlife Photographer of the Year” en 2007. Cette lionneétait tranquillement couchée sur une butte de terre et scrutaitles alentours. Sa queue était la seule partie de son corps enmouvement. Elle forme ici comme un point d’interrogation »,explique Laurent Baheux.

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Arc-en-ciel de flamants roses« Ce cliché a été pris au bord du lac Nakuru à 17 heures,sous un déluge de pluie et de vent. J’ai saisi cet arc-en-ciel,qui a illuminé le ciel dans une ambiance surréaliste. La faibleprofondeur de champ, due à l’ouverture à f/4,8 et à la vitesseélevée (1/640 s), a figé les flamants du premier plan etdonne un effet flou en arrière-plan », explique Thierry Leroy.

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Les « Big Five », ces cinq grands mammifèrescraints et respectés par les chasseurs de fauves

d’autrefois (l’éléphant, le rhinocéros, le lion, le léopardet le buffle), sont présents dans toutes les réservesdu Kenya. « Quelle que soit l’espèce que vous souhai-tez photographier, tous les parcs sont bons à prendre »,affirme Tony Crocetta. Si la réserve d’Amboseli est plusréputée pour ses plaines arides et ses troupeaux d’élé-phants sur fond de Kilimandjaro enneigé, la réserve deNakuru pour ses hyènes ou celle de Samburu pour sesléopards très rares, Masaï-Mara reste la plus prisée pourses nombreux félins et sa très grande biodiversité. Cer-tains animaux, comme les lions, zèbres, éléphants,guépards ou gnous, sont relativement faciles à appro-cher car nombreux et peu craintifs. Mais ils sont difficilesà photographier dans des positions, attitudes ou condi-tions de lumière idéales, même si le photographe doitaussi apprendre à jouer avec ces contraintes. « Hauteou basse lumière, ombre, contre-jour, silhouette, il y atoujours un choix à faire pour immortaliser la scène

selon sa propre sensibilité. C’est un postulat artistique »,déclare Laurent Baheux. Ainsi, le photographe raconteles conditions de prise de vue des girafes dans leshautes herbes. « Pour faire cette photo, je me suisallongé au sol et j’ai cherché à minimiser la taille del’animal en plaçant les herbes au premier plan. On voitainsi les girafes d’un autre œil ! » Le lion, espèce incon-tournable de la savane africaine, constitue le sujet deprédilection de Laurent Baheux. « Avec lui, il se passetoujours quelque chose », explique-t-il… à condition dese lever tôt, car la chasse débute aux aurores. « Enconditions de faible lumière, on aura besoin de pousserla sensibilité jusqu’à 800 ISO, voire plus », ajouteThierry Leroy, mais attention au grain ! Vivant et chas-sant surtout la nuit, les léopards sont rares et plusdifficiles à immortaliser. Ceux qui s’aventurent dans lasavane en plein jour restent distants et camouflés dansles herbes, contrairement aux guépards, plus facilesd’accès. Quant aux amateurs d’oiseaux, « la “Mecquede l’ornithologie” se situe au lac Baringo (Kenya) »,

s’exclame Tony Crocetta, spécialiste en la matière. Prin-cipale spécificité des oiseaux : une excellente vision, quiimpose une immobilité quasi totale. « Je plante matente, qui servira d’affût le temps que les oiseaux s’ha-bituent à ma présence. Puis, j’avance progressivement,jusqu’à ce qu’ils soient à la portée de mes objectifs…et rentre dans ma tente. Je peux alors les étudier et lesphotographier en toute tranquillité avec un trépied. »

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Des « Big Five »à l’oiseau rare...À chaque espèce sa spécificité… et autant de remises en question pour le photographe, qui doitdébusquer l’animal sur son territoire tout en ajustant constamment sa technique.

Entre ombreset lumièresLaurent Baheux est l’un des rares photographes àréaliser l’intégralité de ses clichés en noir et blanc.Un parti pris artistique, mais aussi une manièred’offrir un regard différent sur la vie sauvage, « pouraller à l’essentiel » et tirer parti des jeux d’ombres etde lumières caractéristiques du continent africain.

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� Privilégiez le lever et le coucherdu soleil pour photographier les fauvespendant leurs heures de chasse.� Apprenez à tirer parti de la lumièrepour réaliser des photos originales.� Faites preuve de créativité dans lecadrage de vos photos, notamment pourles gnous, zèbres, girafes ou éléphants,relativement faciles à approcher.� Restez le plus immobile possible lors dela photographie d’oiseaux, et prévoyezun affût où vous pourrez vous cacher afinde ne pas les déranger.

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1I Coucher de soleil à Amboseli« Ce coucher de soleil a été pris à Amboseli, au pied du Kilimandjaro. J’ai fermé lediaphragme pour accroître la profondeur de champ, tout en utilisant une vitesse élevéeau 1/800 s et une sensibilité à 800 ISO », explique Thierry Leroy.

2I Tendresse maternelle« Un instant d’intimité émouvant qui montre que les hommes ne sont pas les seuls à avoirdes sentiments... », confie Laurent Baheux.

3I Hautes herbes« Cette photo a été prise au 70 mm. Face à une scène normale, il faut chercher à trouverl’originalité ; ici, j’ai cherché à minimiser la taille de l’animal », précise Laurent Baheux.

Tony CrocettaTony Crocetta,canoniste convaincu depuisses débuts, a opté pour un EOS 1D Mark II. Ilapprécie la robustesse et la fiabilité dumaté-riel, mais aussi la rapidité de son système demise au point. Ses objectifs de prédilection sont les 70-200mm f/2,8 et 500mm f/4,auxquels il adjoint un conver-tisseur 1,4, très utile pour photographier les oiseaux. Il pos-sède également un ordinateur portable et un logiciel detraitement d’image pour effectuer ses retouches photo.

Laurent BaheuxLaurent Baheux travaille depuis ses débutsavec dumatériel Canon. Il possède deux boî-tiers reflex 24 x 36 EOS 1DMark III. Ses optiquesoffrent un éventail plutôt large, avec trois télé-objectifs : Canon EF 600mm f/4 IS, EF 400mmf/2,8 IS et 70-200mm f/2,8 IS. Il avoue unepréférencepour les focales fixes en raison de leurmeilleur piqué. Il dis-pose également d’un monopode et d’un indispensableordinateur portable avec écran de 12pouces (30 cm),quile suit lors de tous ses déplacements pour visualiser sesphotos et vider régulièrement ses cartes mémoire.

Thierry LeroyThierry Leroy utilise exclusivement du maté-riel Nikon. Il a opté pour deux boîtiers D70 ettrois zooms : AF-S 18-70mm, AF-S 80-200mmf/2,8D et 55-200mm Dx léger, un multiplica-teur de focale x1,7 et quatre batteries. Parmises accessoires indispensables, un sac à dos Lowepropour protéger son matériel, une rotule Manfrotto, néces-saire pour fixer le boîtier sur la galerie de toit lors dusafari, un videur de carte HyperDrive et quatre cartesCompactFlash (512Mo à 1Go).

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Parade nuptialede grues royales

« Plus de deux heures de patience à partir d’un affûtfurent nécessaires pour capter cette spectaculaireparade de grues royales. Garder tous ses sens en

alerte, ne jamais relâcher sa vigilance, “s’attendre àl’inattendu” : tels devraient être les mots d’ordre enphotographie animalière… », révèle Tony Crocetta.

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Photographier enmouvementLa rapidité de la prise de vue et du déclenchement pour saisir son sujet impose une grandemaîtrise technique afin d’éviter les problèmes d’exposition et de flou.

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� Privilégiez une vitesse importante,supérieure à 1/500 s, pour figer lemouvement, et inversement à 1/15ou 1/30 s pour un filé dynamique.� Stabilisez votre appareil avec unmonopode ou un sac de sable afind’éviter un flou de bougé lors dudéclenchement.� Anticipez le déplacement de l’animalpour réussir votre cadrage, et corrigezsi nécessaire l’exposition sur votre boîtier.� Optez pour la pleine ouverture lors dephotographies d’oiseaux, afin de travaillerà la vitesse la plus élevée.

La technique est importante, mais elle ne doit pasvous empêcher de vous concentrer sur la photo

que vous voulez réaliser afin de faire ressortir lescouleurs ou l’ambiance recherchée. Principale diffi-culté, outre l’approche de l’animal : « la réalisationtrès précise du point et sa retouche permanente surun sujet par définition mobile, confie Tony Crocetta.Il est impossible de prévoir la réaction des animauxcomme les fauves ou les hyènes, qui peuvent être trèsrapides et donc difficiles à cadrer lors du déclenche-ment », ajoute-t-il. Tout dépend en fait de ce que voussouhaitez exprimer dans votre photo. Pour figer l’actionet obtenir une bonne netteté, vous devrez opter pour unevitesse à 1/500 s ou plus selon la luminosité ambiante.À l’inverse, « n’hésitez pas à descendre au 1/15 ou1/30 s afin de retranscrire le mouvement d’une manièredifférente », précise Laurent Baheux. Pour un résultatencore plus impressionnant, l’idéal consiste à suivre

son sujet toujours au même endroit dans son viseur. Unexercice qui demande une grande maîtrise technique,mais dont le résultat déçoit rarement ! Une autre causede flou est le bougé lors de la prise de vue au téléob-jectif ; l’utilisation d’une rotule ou d’un sachet de sablepermet de stabiliser l’appareil, parfois très lourd. L’anti-cipation constitue également un gage de réussite.« Photographier un troupeau de gnous en migrationnécessite d’avoir préalablement paramétré son boîtier,en compensant l’exposition si nécessaire, tout en pré-parant son cadrage », confie Tony Crocetta. Mais cela neremplace pas l’attention du photographe, qui doitconstamment observer son sujet et les alentours pourprévoir l’action à venir. La prise de vue d’oiseaux en volrequiert également une maîtrise technique avancée,avec un temps de pose extrêmement bref. « En sélec-tionnant la pleine ouverture, on est alors sûr de travail-ler à la vitesse la plus élevée possible. En contrepartie,

la profondeur de champ, réduite à quelques millimètres,nécessite une grande rigueur de la mise au point », pré-cise Tony Crocetta. Pour ce type de photographie, lemoteur est utile, voire indispensable, afin de photogra-phier les oiseaux en vol, à l’atterrissage et au décollage.

Ne jamais perdreles yeux de vueLe regard de l’animal est primordial en photographieanimalière, émotions et expressions étant souvent àl’origine de la réussite… ou non d’un cliché. Afin defiger le regard, optez pour un déclenchement rapide,la profondeur de champ devenant alors secondaireface à un regard net et un cadrage réussi.

1I Trois frères« Ces trois frères guépards arpentent la savane à la recherche d’une proie. Ce trio m’est apparucomme un commando de guerriers », confie Laurent Baheux.

2I Pygargue vocifer« Geler les oiseaux en vol requiert des temps de pose extrêmement brefs. En sélectionnantla pleine ouverture, on est alors sûr de travailler à la vitesse la plus élevée possible, maisil faut faire preuve d’une grande rigueur lors de la mise au point en raison de la faible profondeurde champ », explique Tony Crocetta.

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3I Euplecte vorabé, BaringoLes gros plans des petits passereaux, par leur taille, nécessitent non seulement l’emploi d’unpuissant téléobjectif (ici un Canon 500mm f/4), mais également de travailler à une distance assezproche de la mise au point minimale. « Pour réaliser cette image, j’ai utilisé un convertisseur x1,4afin de doper la focale et transformer mon optique en un puissant 700mm », précise Tony Crocetta.

4I Saut de babouin« Ce babouin traversait la savane en sautillant pour rejoindre les siens. L’action la plus simplepeut toujours offrir une image inattendue. Dans la nature, le spectacle est permanent », affirmeLaurent Baheux.

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Migration des gnousà Masaï-Mara« La rapidité de la mise au point automatiquedes boîtiers modernes, combinée à des rafalesvéloces (Canon EOS 1D Mark II, 8 imagespar seconde), permet de saisir le sujet auparoxysme du comportement. Néanmoins,anticiper l’action augmente les chances decapturer “l’instant exact” », confie Tony Crocetta.

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