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Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique Ecole Polytechnique d’Architecture et d’Urbanisme « Le Moudjahid Hocine Ait Ahmed » NEWSLETTERS Lettre d’information semestrielle du Laboratoire Ville, Urbanisme et Développement Durable, 2020. Numéro 05: Septembre 2020 Sommaire: 1. Editorial Prof. Tahar Baouni _____________________ 2. La Recherche en urbanisme en Algérie. Prof. Ewa Berezowska-Azzag _____________________ 3. L’avenir de « la science des villes ». Prof. Kahina Amal Djiar _____________________ 4. Projets de recherche en cours au Laboratoire. ___________________ 5. Soutenances et thèses de doctorat en cours. ___________________ 6. Ouvrages et chapitres édités. ___________________ 7.Evènements programmés au Laboratoire pour 2020. Urbanisme en Algérie: Formation & Recherche. Editorial: Professeur Tahar BAOUNI, Directeur de recherche de l’Equipe TMU, Transport et Mobilité Urbaine et Directeur du Laboratoire Ville, Urbanisme et Développement Durable (VUDD), À l’Ecole Polytechnique d’Architecture et d’Urbanisme EPAU. L’urbanisme est la résultante des savoirs, techniques et pratiques qui servent à planifier, produire, gérer la ville pour offrir au terme de l’équation un cadre de vie à la population. Cette discipline a façonné au fil des années des générations de villes algériennes, et a connu comme beaucoup de domaines tributaires de l’action humaine, son lot de réussites et surtout d’échecs. C’est ainsi que l’Algérie a connu depuis son indépendance, plusieurs générations de plans d’urbanismes, eux-mêmes subordonnés à plusieurs étapes de développement socio- économiques. D’où la mainmise de la politique urbaine mise en œuvre sur la planification urbaine qui en a été le reflet et le champ d’expérimentation. La période allant de 1974 à nos jours a été en effet très prolifique en instruments d’urbanisme et a vu émerger tout un arsenal juridique constitué de plusieurs ordonnances, décrets, circulaires, arrêtés ministériels et des lois sur l’aménagement et l’urbanisme, le foncier et la politique de la ville. En effet, on assiste durant toute cette période à une mutation des pratiques urbaines, marquées par une politique volontariste architect

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Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique

Ecole Polytechnique d’Architecture et d’Urbanisme

« Le Moudjahid Hocine Ait Ahmed »

NEWSLETTERSLettre d’information semestrielle du Laboratoire Ville, Urbanisme et Développement Durable, 2020.

Numéro 05:

Septembre 2020

Sommaire:1. Editorial

Prof. Tahar Baouni_____________________

2. La Recherche enurbanisme en Algérie.

Prof. Ewa Berezowska-Azzag_____________________

3. L’avenir de « la sciencedes villes ».

Prof. Kahina Amal Djiar_____________________

4. Projets de recherche encours au Laboratoire.___________________

5. Soutenances et thèsesde doctorat en cours.___________________

6. Ouvrages et chapitresédités.___________________

7.Evènements programmésau Laboratoire pour 2020.

Urbanisme en Algérie: Formation & Recherche.

Editorial:Professeur Tahar BAOUNI,Directeur de recherche de l’Equipe TMU, Transport etMobilité Urbaine et Directeur du LaboratoireVille, Urbanisme et Développement Durable (VUDD),À l’Ecole Polytechnique d’Architecture et d’Urbanisme EPAU.

L’urbanisme est la résultante des savoirs, techniques et pratiques

qui servent à planifier, produire, gérer la ville pour offrir au termede l’équation un cadre de vie à la population.Cette discipline a façonné au fil des années des générations devilles algériennes, et a connu comme beaucoup de domainestributaires de l’action humaine, son lot de réussites et surtoutd’échecs.C’est ainsi que l’Algérie a connu depuis son indépendance,plusieurs générations de plans d’urbanismes, eux-mêmessubordonnés à plusieurs étapes de développement socio-économiques. D’où la mainmise de la politique urbaine mise enœuvre sur la planification urbaine qui en a été le reflet et le champd’expérimentation.La période allant de 1974 à nos jours a été en effet très prolifiqueen instruments d’urbanisme et a vu émerger tout un arsenaljuridique constitué de plusieurs ordonnances, décrets, circulaires,arrêtés ministériels et des lois sur l’aménagement et l’urbanisme,le foncier et la politique de la ville.En effet, on assiste durant toute cette période à une mutation despratiques urbaines, marquées par une politique volontaristearchitect

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s’orientant vers une politique libérale en 1990.L’objectif affiché alors était à l’origine de stimuler lesopérations d’aménagement et de développement urbain ; d’où la politique des zones d’urbanisationprioritaires (PUP) et des grands ensembles (ZHUN). La construction massive de ces dernières, justifiée parl’importance des programmes de construction de logements s’est traduite par l’incohérence du tissu urbaindes villes.La loi 90-29 du 1er décembre 1990, modifiée et complétée par la loi 04-05 du 4 aout 2004 relative àl’aménagement et à l’urbanisme, se voulait une approche visant à apporter une nouvelle vision sur lesopérations d’aménagement et d’urbanisation afin d’aboutir à un cadre bâti répondant à une logiqueurbanistique cohérente. Cependant, les mêmes pratiques relevant de la période précédente reviennent enforce vers la fin des années 1990, marquant nos villes par la réalisation d’importants programmes delogement sans le moindre égard pour le cadre de vie urbain de ces villes, encore moins pour lesparticularités de ses entités.En définitive, les pratiques de l’urbanisme se sont traduites par un décalage entre la réalité sur le terrain etles options et prévisions élaborées dans les instruments d’urbanisme, marqués en général par la faiblessedes études.Par ailleurs, le développement d'un milieu professionnel de haute qualité, aussi bien dans les fonctionspubliques que dans le secteur libéral représente un enjeu essentiel. Ainsi, la formation des urbanistes etingénieurs de ville constitue un élément clé pour la prise en main vigoureuse des problématiques del’urbanisme dans nos villes.Enfin, il convient d’appeler les institutions chargées de la formation et recherche et les organismesprofessionnels et de recherche de conjuguer leurs intérêts collectifs, et donc leurs efforts, afin depromouvoir la recherche, la formation initiale et continue en urbanisme et métiers de la ville.

La recherche en urbanisme en Algérie

Prof. Dr Ewa Berezowska-Azzag, Architecte-urbaniste, Directrice de recherche. Equipe QUEDD Qualité Urbaine, Environnement et Développement Durable, Laboratoire VUDD, EPAU

Des constats aux regrets …

A l’occasion du dépôt récent d’une thèse de

doctorat en sciences dans le domaine del’urbanisme et de l’environnement, la consultationdu catalogue des laboratoires et centres derecherche algériens [1] nous a permis de faire unconstat étonnant. Parmi près de 650 organismesuniversitaires de recherche [2] répertoriés sur leterritoire national dans le domaine des Sciences etTechniques, seuls 19 (environ 3%) affichent dansleurs intitulés un intérêt particulier consacré auxquestions relatives aux échelles proprementurbaines, celles de la ville et de l’urbanisme.Inégalement répartis sur le territoire national, leursprofils montrent les approches diversifiées liées audéveloppement durable, la qualité de l’espaceurbain, l’environnement, les ambiances urbaines, lepaysage, la santé, le transport et la mobilité,l’habitat, le patrimoine urbain, les métiers de laville, la gouvernance, etc. Ces thématiques, cibléesmais dispersées, ne semblent pas être coordonnéesdans une logique d’ensemble. Aucun réseausystémique dédié à la recherche urbaine n’est mis

en place pour mettre en valeur les résultats de leursrecherches.Pourtant, la loi n°15-21 du 30 décembre 2015portant l’orientation de la recherche scientifique etdu développement technologique mentionneclairement le développement et la promotion del’habitat, de l’urbanisme et du génie architectural,ainsi que le développement et la promotion de laville, comme objectifs fondamentaux de larecherche, parmi les 41 objectifs cités (Chapitre 2,Article 7) [3].

Le fait d’intégrer l’urbanisme dans le domainethématique S&T du classement du MESRS luiconfère enfin son statut de science à part entière etlui rend ses lettres de noblesse longtemps décriées,c’est appréciable. La reconnaissance du besoin dechercher, propre à toute science du fait de soncaractère évolutif et admettant le doute, confirmeainsi le besoin de chercher aussi en urbanisme [4].Mais en même temps, cette catégorisation luiassigne un statut quasi sectoriel qui omet parexemple, de reconnaitre son intérêt dans ledomaine de l’industrie, des ressources naturelles,des risques majeurs, de l’éducation ou de tourisme,archi2

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alors que sa particularité réside justement dans sacapacité de pénétrer toutes les thématiques etd’organiser la multi-sectorialité territoriale.

Pour un pays si riche en traditions urbaines, entypologies urbaines, aux contextes socioculturels,géoclimatiques et géoéconomiques si diversifiés,urbanisé à 73% [5], qui compte 4 métropoles, 37grandes villes et plus de 750 agglomérationsurbaines [6], admettons que c’est un bilan plutôtmaigre. Pour un pays qui déclare l’urbanismecomme étant l’un de trois piliers de la politique dela ville, le peu d’intérêt qu’accordent les pouvoirspublics non seulement à la modernisation des outilslégislatifs et règlementaires consacrés àl’urbanisme, mais aussi à la recherche enurbanisme, pourrait étonner plus d’un [7]. Lesarchitectes-urbanistes (pour ceux réellement formésen urbanisme [8]), découragés par les ravages quefait en Algérie l’incompétence professionnelle dansle domaine de programmation, de planification,d’aménagement et de gestion urbaine, sontdépourvus d’une organisation forte capable dedéfendre le profil de leur métier. Pire, la rechercheen urbanisme est souvent dépréciée par lesenseignants en architecture, les ingénieurs, lesbureaux d’études, les entreprises et même lesinstitutions publiques algériennes, qui lui dénientune quelconque utilité socioéconomique, encomparaison avec les prouesses des brevets etautres solutions techniques qui permettentd’engranger des profits immédiats.

La recherche utile ou l’inutilité de larecherche en urbanisme ?

Puisque l’heure est aujourd’hui aux débats, il

faudrait en ouvrir un, qui est d’ailleurs en gestationdans les milieux universitaires spécialisés algériens.Il semble en effet urgent de réfléchir ensemble surle rôle de l’université dans la société et, parricochet, sur le rôle de la recherche universitaire engénéral, et de la recherche en urbanisme enparticulier. La loi d’orientation du 2015 vient d’êtreamandée ces jours-ci [9], en fixant désormais unecible précise pour la recherche dans des domainesspécifiques. Malheureusement, les énoncées de cetexte laissent entrevoir une orientation qui cibleessentiellement l’ouverture vers les entrepriseséconomiques dans l’objectif de résoudre desproblèmes à caractère technologique. Or, dans larecherche en urbanisme, la technologie reste uneanticonsti

solution relevant du ressort des ingénieurs, sous-jacente aux problématiques que posent les modèlesactuels de programmation, de planification etd’aménagement urbain qu’il faut résoudre en amontet qui ne relèvent pas des prérogatives desentreprises économiques.

Pire encore. Apporter au master une « teintetechnologique », dans l’objectif de former descréateurs de richesses pour rendre l’étudiantcapable d’innover et de créer sa propre entreprise,soulève des questions fondamentales du rôle del’enseignement universitaire. N’est-il pas celui detransmettre les savoirs, de développer laconnaissance, d’apprendre à apprendre, d’exercer lapensée logique, critique et constructive, plutôt qued’enseigner les techniques de penser au profit desintérêts inavoués ? Avec la meilleure volonté, nousne pouvons pas être d’accord avec l’affirmation de latutelle qui précise que « l’université doit être unénorme incubateur de start-up et de micro-entreprises à même de créer une recherche utile »[10]. Une fois correctement formés etprofessionnellement performants, oui - lesétudiants auront tous les loisirs et toute la maturiténécessaire pour se consacrer à la création des start-up, mais pas avant. C’est là où se joue un enjeuénorme en Algérie, celui de soumission de lascience aux lois du business.

Certes, il n’est pas facile de s’opposer à un courantgénéral de pensée, aveuglement soumis à laglobalisation capitaliste et masquant, avec talent,toutes les valeurs morales et sociales considéréesjusque-là comme importantes. A l’instar descommunautés universitaires dans le monde,l’université algérienne manifeste une inquiétudegrandissante quant à la perte de ses valeurs à cause,entre autres, d’une posture de servitude vis-à-vis del’économie, dictée par les politiques et érigée entotem absolu comme unique moyen d’atteindre lebien-être de la société et le progrès. De cettemanière, l’université et la recherche sont pousséesuniquement vers la recherche pour ledéveloppement (R&D), une sorte de machinemécaniquement produisant et appliquant lesautomatismes, soumise aux mêmes lois du marchéque les entreprises, au lieu de les propulser vers ledéveloppement de la recherche (DpR), commesigne d’intelligence de cette mécanique. Dans ceprocessus de rapprochement exigé de l’université etde l’entreprise, indispensable pourtant dans lecontexte de concurrence internationale dans laantico

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course vers l’économie de connaissance, larecherche est un maillon décisif. C’est elle qui peut,qui doit, jouer le rôle de levier de contrôle del’équilibre de la relation. Comment définir alors larecherche utile en urbanisme ?

A l’origine des malentendus, lesnégligences conceptuelles

Grâce au caractère multidisciplinaire des approches

pédagogiques de sa formation et dans un processusde la maîtrise d’œuvre urbaine cohérente qu’il estsouvent appelé à orchestrer, c’est bien l’architecte-urbaniste qui est sous les feux de la rampe dans cedébat, souvent accusé, parfois aussi accusateur.D’où vient cependant le désintérêt apparent desarchitectes-chercheurs pour la cause urbaine, alorsque les problèmes de nos villes sont aujourd’huiéminemment d’ordre urbanistique ? Difficile àcomprendre, quand on sait le sentiment générald’impuissance face au chaos urbain des villes quiexplosent. La lassitude n’explique pas tout. Le faitest-il que nous nous attachons toujours aux vieuxréflexes qui se sont avérés inopérants et que bieninstallés dans le confort des savoirs anciensdépassés, nous n’osons pas rafraichir nos concepts.C’est là que la recherche peut aider. Carl’urbanisme, l’art de créer et de faire évoluer la ville,éternel sujet de querelle entre les architectes,aménageurs, géographes, économistes etsociologues urbains, ingénieurs en génie urbain, enenvironnement, etc. qui se disputent le droit dedécider de la chose urbaine, est d’abord et avanttout une science vouée à inventer nos villes dedemain, qui n’a pas encore trouvé sa définitionconsensuelle.

C’est un domaine créatif par excellence, doté d’undroit de maîtrise d’œuvre urbaine, c’est-à-dire deconception de nos milieux de vie futurs, que seulsles architectes-urbanistes sont en mesure de porter,avec l’aide indispensable des analystes rétrospectifset prospectifs, des techniciens et concepteursinnovants de toutes les autres disciplines, desgestionnaires courageux et prévoyants, desdécideurs éclairés et flexibles. Le travail dedéfinition de la science de l’urbanisme n’a pasencore été fait en Algérie, malgré quelques effortsdu MHUV, du CNERU, du SYNAA, de l’ONAA [11].Les Assises Nationales de l’Urbanisme en 2011 ontbien mis en évidence l’ampleur des dégâtssocioculturels, socioéconomiques ousocioeconomiqu

environnementaux, générés en ville par lesproblèmes urbanistiques [12].Mais les idées neuves, indispensables pour lesrésoudre en évitant les mimétismes inutiles de typecopié-collé, n’y ont pas trouvées d’écho. Il est clairque la définition moderne de la science del’urbanisme, tout comme celle du projet urbain oude la ville, n’a pas encore trouvé en Algérie sesmarques opérationnelles.

Tandis que le Forum Mondial de l’Urbanisme (ONU-Habitat, FUM9 en 2018) appelle à établir unedéfinition universelle et harmonieuse de la villepour pouvoir répondre à l’Objectif n°11 de l’Agenda2030 [13], que l’Union Internationale desArchitectes UIA déclare l’urgence de changer demodèles conceptuels lors de la COP24 (Katowice,2018) [14] et que le rapport UN-Habitat For a BetterUrban Future tire la sonnette d’alarme sur l’état descités en Afrique et l’inefficience des solutionsurbaines adoptées depuis 2008 [15] - nous restonstoujours attachés aux vieilles recettes qui ont faittant de mal à la ville algérienne. La refonte desoutils et instruments d’urbanisme datant desannées 90, totalement obsolètes aujourd’hui, prendson chemin de calvaire cahin-caha, affichantfièrement les slogans de la ville durable, résilienteet intelligente, sous l’influence des modes venuesd’ailleurs, sans attachement réel aux enjeux locauxet sans tenir compte des exigences complexes entermes de moyens, processus, procédures,techniques et outils qu’il faudra mettre en placepour rendre opérationnels ces concepts.

Revenons donc aux concepts. L’urbanisme n’est passeulement synonyme de la qualité du cadre de vie,comprise souvent comme l’image architecturaleattractive (flagship architecture), l’aménagementdes espaces publics et le paysage urbain de qualitéou encore le confort fonctionnel. C’est aussi laqualité de vie elle-même qui est en jeu –notamment l’absence des nuisances, des pollutionset l’accessibilité aux services. Plus encore,l’urbanisme de demain sera même synonyme de lagarantie de survie en milieu urbain, quand lesressources naturelles vitales commencent àmanquer et la sécurité alimentaire est compromise,ou quand les risques majeurs divers menacent lesmilieux bâtis. L’urbanisme, c’est aussi ladisponibilité des outils et instruments d’évaluation,de prospective, de prise de décision, deplanification, de programmation, d’aménagement,d’usage, de gestion courante et de managementarchi4

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intelligent. C’est la coordination des échellesspatiales et temporelles, des fonctions urbaines, dessecteurs d’activité, des acteurs multiples, desobjectifs contradictoires et des intérêtscomplémentaires.C’est l’art de négocier, de concilier, mais aussi dediriger, de marqueter, de vendre, de partager, c’estenfin la capacité et la volonté de tous de participer,de valoriser, de mettre sa main à l’ouvrage dedéveloppement commun. Les sept leviers del’urbanisme (savoirs, processus, procédures, outils,méthodes et techniques, moyens, acteurs), utilisésà bon escient, lui confèrent un pouvoirextraordinaire d’orienter la trajectoire dedéveloppement de nos villes. Oui, l’urbanisme c’esttout cela.

Dans les années 80, en Algérie comme ailleurs,l’urbanisme opérationnel en vogue à imprimé dansla conscience collective la nécessité du respect desrègles bien établies qui doivent régir tout acte decréation en ville. La conception, formelle etfonctionnelle, était dictée par les voiries et lesvéhicules ont envahi l’espace urbain, reléguant lescitadins au rôle des passants passifs. Les POS et lesPDAU, les programmes, les cahiers des charges, lesrèglements et référentiels normatifs, les techniquesde construction sur le chemin de grue ont occupé lefoncier, en oubliant presque l’usager et ses droits.Tout était réglé et conçu avec la règle. C’est lessolutions architecturales qui primaientl’enseignement en architecture était tout entierempreint de la nécessité d’intégration urbanistiquecohérente des grands ensembles déshumanisés.Pour les architectes algériens, la recherche enurbanisme n’avait pas alors droit au chapitre et l’onse souvient des remarquent ironiques des collèguesenseignants en atelier de projet, qui moquaientallégrement les efforts des architectes-urbanisteschercheurs de l’époque : l’Algérie qui se développe abesoin des architectes pour construire, non desurbanistes, disaient-ils. L’urbanisme relevait poureux du ressort des sociologues, géographes,économistes urbains, paysagistes, aménageurs.L’urbanisme opérationnel n’était pas considérécomme une science, mais comme une technique.C’est d’autant plus étonnant qu’une coopérationétrangère dans l’enseignement de l’urbanisme àcette époque [16] à beaucoup contribué à laformation des architectes-urbanistes de qualité etau développement de la recherche urbaine,notamment dans le domaine du patrimoine.

Des années sont passées et le chaos urbanistiquede nos villes donne aujourd’hui raison à ceux quiont été moqués alors. Pendant que les programmesd’enseignement de l’architecture en Algérieprenaient le chemin de la démarche LMD, moquéeelle aussi, avec la tentative d’équilibrage de deuxdimensions conceptuelles complémentaires quesont la conception architecturale et urbaine,l’urbanisme a pris dans le monde des envolsvertigineux. Le changement du concept de la villeérigée désormais en écosystème urbain par ladémarche de développement durable, la mutationvers l’éco-urbanisme, la primauté de l’urbanisme deprojet sur l’urbanisme de plan et l’irruption ducitoyen dans le processus de conception et deproduction urbaine, ont donné à la science del’urbanisme des ailes. L’on parle désormais des villesvertes, villes en transition, villes équitables, sobres,durables, résilientes, intelligentes, inclusives,responsables. L’on cherche des nouvelles définitions,le meilleur modèle, la meilleure méthode, lesmeilleures techniques, les bonnes pratiques.Pourtant, 40 ans après les grands ensembles, sur leterrain en Algérie l’on continue encore à tergiverserdevant l’urgence de changement. Sous le slogan,volontiers affiché, de développement durableurbain, mal compris, mal exécuté, l’urbanismepermissif sans permis ni contrôle a conduit la villealgérienne au chaos que nous n’arrivons plus àcontenir. Au lieu de passer de l’urbanismerèglementaire à l’urbanisme résilient, de mettre enplace des approches nouvelles (urbanismeclimatique d’adaptation, urbanisme sanitaire faceaux risques d’épidémies, urbanisme de transitionénergétique, etc.), nous attendons toujours Godot[17].

Il n’est pas étonnant alors que la révolte deschercheurs en urbanisme survienne en mêmetemps que celle du Hirak. Les rares travaux derecherche menés dans le contexte de l’architectureet de l’urbanisme algérien, aboutis et soutenus,n’arrivent pas à émerger. Ils ont été conduits dansun environnement quasi hostile, bravant lesdifficultés de la fermeture du champ institutionnelet économique local réfractaire ou peu intéressé parla recherche, faisant face à l’absence oul’indisponibilité des données statistiques, descartographies accessibles, des financementssuffisants, au peu d’intérêt accordé par lacommande publique, à l’absence d’intérêt desgestionnaires des communes, en situation dearchitec

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l’insuffisance de la formation professionnelle et dela non reconnaissance de l’émergence progressivedes nouveaux besoins et des nouveaux métiers del’urbanisme. Les résultats de ces travaux,volontairement intégrés dans la démarche R&Dprônée par la politique de la recherche scientifiquealgérienne, conduisent souvent à des propositionsdes contenus de type RIA(recherche/innovation/action) au service del’urbanisme algérien moderne [18]. Ils restenttoujours dans les tiroirs et les rares tentatives decoopération avec le secteur socioéconomique,engagées sur des propositions concrètesd’exploitation, ne trouvent pas d’écho ou seheurtent au mépris de la question urbaine. Lescontenus proposés par ces recherches(soft),quialimentent des outils (hard) de monitoring urbainde développement durable, de programmationurbaine résiliente, de planification urbainestratégique intelligente, les référentiels urbainsthématiques contextualités, les modèles desprocessus, les procédures modernisées etcontextualités des projets urbains, de managementlocal, la définition et la formation aux nouveauxmétiers de l’urbanisme, etc. n’intéressent pas lesdécideurs, ni les gestionnaires locaux. Pour lesenseignants-chercheurs accablés par le poids dutravail pédagogique, il faut un courage quasisurhumain pour monter les collaborations entre larecherche et l’entreprise, entre la recherche etl’institution publique concernée, entre la rechercheet les bureaux d’études. L’inexistence en Algérie desagences publiques locales d’urbanisme y est pourbeaucoup, parce que la recherche urbaine devraitbénéficier du portage de la politique locale de laville, être soutenue par l’action publique etreconnue comme la fonction publique. Comme parexemple les méthodes de programmation urbaineaux états-limites, d’identification de seuils dedéveloppement urbain, d’intégration de la notionde capacité de charge dans les démarchesd’adaptation urbaine aux changements climatiques,d’intégration de l’agriculture urbaine dans laprogrammation et planification urbaine, del’évaluation des impacts de localisation des grandséquipements urbains sur la qualité de vie etl’attractivité locale, des impacts de modernisationdes transports en commun sur la durabilité urbaine,de mise en place de l’observatoire local dedéveloppement durable urbain en fonction desenjeux locaux, etc. ou encore les projets derecherche liés à la mise en place du permisd’aménagemen

d’aménagement urbain, des outils adaptés aucontexte local d’évaluation des gains énergétiques,d’optimisation du métabolisme urbain au service dela réduction des émissions du carbone en ville, del’éco-habitat social, toutes ces recherches serventl’action publique.

L’inverse est d’ailleurs tout aussi nécessaire. Qu’ils’agisse des projets de villes nouvelles, derequalification ou de revitalisation des tissus urbainsexistants, de protection du patrimoine urbain localcomme berceau historique du concept universel dedurabilité urbaine - l’inspiration de l’action publiquealgérienne devraient être portée et soutenue par larecherche nationale. Ce n’est malheureusement pasle cas aujourd’hui. Le recours systématique àl’expertise étrangère détruit les bonnes volontés,assèche la recherche. Le mimétisme mène àl’autocensure, mine la créativité. Décrétée par lepouvoir, la suprématie du savoir porté par lesmembres de la diaspora sur le savoir local porteatteinte à la dignité de ceux, parmi les forcespensantes locales, qui ont consacré leur vie, enrestant en Algérie, à batailler au service del’architecture et de l’urbanisme de qualité. Quelgâchis.

Pourtant, les enjeux vitaux actuels nous attendentau tournant. Si rien n’est fait pour remédier auxlenteurs et résistances, nous allons droit dans lemur et livrons, pieds et poings liés, nos villes auxappétits voraces des spéculateurs fonciers etimmobiliers, des multinationales qui détiennent lesbrevets technologiques des solutions smart à larecherche du terrain d’essai, des cabinets conseilsde certification, des porteurs des « bonnespratiques de gouvernance » qui ont souventdémontré leurs limites ailleurs [19], aux émeutescitoyennes légitimes en quête du « bonheur local »,aux forces de la nature qui proteste en imposant seslois face aux comportements irresponsables et quimenacent la ville de tous les risques majeurs quel’on ne pourrait désormais éviter [20]. Imageapocalyptique, diriez-vous. Mais oui, la conscience,qui fait agir, vaut mieux que la naïveté pusillanime.

Les défis qui nous attendent

Il est où, le bonheur, il est où ?Il est là, il est là !

s’exclame le chanteur [21]. Nous avons envie dedire, avec lui, que pour trouver le bonheur en ville ilfaut construire consciemment son projet, à l’instardu projet de société dont elle est le reflet. Cela nous

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mène directement vers la définition des enjeux denotre époque, tels qu’identifiés par le SchémaNational d’Aménagement du Territoire en 2010, parle Plan Climat National en 2015, par le programmedu gouvernement en cours d’élaboration. Pr Chitourles résume de manière très succincte en troisgrands chapitres à ouvrir : Vivre ensemble,Développer la connaissance, Engager la transitionénergétique [22]. Loin d’être simple, cette équationsystémique à multiples inconnues impose uneréflexion de recherche approfondie. Comment eneffet les 6 enjeux du SNAT 2030 [23] peuvent-ilsorienter le développement local et servir de guidestratégique face à une nouvelle apocalypseurbaine ? Comment traduire les « titres dechapitres » en contenus urbanistiques avertis?

Tout comme dans le domaine de fonctionnementde la ville, dépasser la vision sectorielle dans larecherche en urbanisme semble être un impératif.La frontière entre la recherche et son applicationopérationnelle est bien plus mince en urbanismeque dans d’autres domaines de la science, parcequ’elle définit la limite entre le développementharmonieux et la survie dans le temps del’écosystème territorial, à la fois anthropique etnaturel. En tant qu’architecte-urbaniste chercheur,on serait tenté de formuler alors quelques idées quipourraient motiver les laboratoires et enclencherune démarche de modernisation de la penséeurbaine :1. Changer de concept, pour considérer la villecomme un organisme vivant, nous obligerait de seservir des analogies systémiquesmorpho/physio/intelligentes [24] et d’étudier la villecomme un corps en croissance, pour lequel il fautabsolument respecter les exigences de cohérencestructurelle et les limites de son développementdans un milieu éco-urbain donné. Dans ce nouveaumodèle, les morphologies structurelles, spatio-fonctionnelles et formelles collaborent pour créerun milieu de vie de qualité, la physiologie indiqueles modes de fonctionnement circulaire dumétabolisme urbain tenant compte des états limitesdes ressources et de normes qualitatives etquantitatives d’efficience optimale et soutenable, etenfin l’intelligence urbaine intègre l’intelligencecollective dans une approche de l’économie dusavoir qui dispose des bases des données élargies,propose des modèles conceptuels et desprocédures, techniques et outils innovants auservice du développement résilient.

Comment fabriquer/régénérer l’organisme,comment le faire fonctionner, grandir, mûrir,comment l’empêcher de dépérir et le maintenir enrespectant les limites de son fonctionnementsystémique et en anticipant les chemins critiques,relève alors d’un traitement quasi médical, qui peuts’inspirer des approches biologiques. Adopter unmodèle inédit, c’est pousser plus profondémentnotre acception de fonctionnement urbain qui, sielle est officiellement formulée, donnerait à ladéfinition algérienne de la ville un caractère quasirévolutionnaire, puisque cette façon de voirimposerait toute une autre structure institutionnellede son management. En bons chercheurs, nouspourrions ainsi avancer une hypothèse : Vivreensemble, Développer la connaissance et Engager latransition écologique (pas seulement énergétique),trois enjeux considérés comme prioritaires,pourraient constituer le socle de la nouvelleorganisation des territoires urbains. Désormais onne dirigerait pas la ville par secteurs d’activités(habitat, équipements, infrastructures techniques,services et commerces, transport, tourisme,hydraulique, énergie, etc.), mais par objectifs issusdes enjeux locaux de développement.

Il s’agirait de faire converger l’action publique demanière intersectorielle, chaque secteur étantimpliqué, à des degrés différents, dans des projetsorientés sur une cible stratégique. Le système demanagement par objectifs dotés des projets, et nonpar secteurs, a fait ses preuves ailleurs. Pourquoi nepas adopter une démarche de management parenjeux dans l’organisation de la communealgérienne ? [25] Comme un être vivant, la villesouffre des maux. Une ville obèse a-t-elle besoind’un traitement de l’obésité urbaine ? Mettons-enen place une commission GMU Gestion duMétabolisme Urbain, rassemblant les services degestion des ressources naturelles, des rejets diverset des modes de consommation, une sorte de pilotede physiologie urbaine. Une ville étalée, dépourvued’identité, inesthétique ou dysfonctionnelle, abesoin de mise à niveau, de mise en attractivité(commission QRAU Qualité, Revitalisation etAttractivité Urbaine). Une ville vulnérable a besoinde traitement de choc pour atténuer sesfaiblesses (commission GSRU Gestion de Sécurité etde Résilience Urbaine) ; une ville sous-alimentéemettra tout son savoir et capacités pour assurersasurvie (commission GUSA Gestion Urbaine deSécurité Alimentaire), une ville désorganisée mettrales moyens pour développer son intelligenceurvaine7

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urbaine (commission ECDHT Economie deConnaissance et Développement Humain etTechnologique), etc. Tous les secteurs devront alorscontribuer de concert à réaliser les objectifs dans lecadre des agendas locaux, des projets urbainsthématiques ciblés, des plans d’action chiffrés,négociés et socialement acceptables. Les APCmodernes de demain devraient disposer desobservatoires locaux de développement durable,savoir fixer les priorités, déléguer les responsabilitéset disposer des moyens pour évaluer les scénariosd’action. Un socle commun de formation continue,de management foncier et financier assurerait lacoordination et la cohérence des projets. Voilà unchamp de recherche pour un urbanisme intelligenten Algérie, pour une politique de développementlocal qui exige beaucoup de travail, et bien del’audace – mais celle-ci ne manque pas chez la jeunegénération de chercheurs en herbe. A nous dedémontrer que notre hypothèse tient du possible etqu’elle apporterait des bénéfices à la santé del’organisme urbain.

2. Changer de paradigme dans le processusconceptuel de l’aménagement urbain, est undeuxième pilier d’innovation. Cette conditionexprime le nécessaire d’abandon du système deplanification urbaine actuel, sectorialisé,administrativement centralisé, linéaire, directif etrigide. Elle demande aux acteurs de planificationurbaine de comprendre que le Plan n’est pas leProjet, mais que le projet s’exprime par les plans. LeProjet de Ville, le Projet Urbain, comme celui desociété, se construit ensemble. Il doit précéder lamise en place des instruments de sa mise en œuvre,et alors il pourrait prendre des colorations diverses,au lieu de s’imposer par les PDAU, PPMVSS, PDRUou POS. L’impersonnalité de ces instruments, leurslimites rigides et leur processus d’élaboration nonparticipatif leur ôte toute attractivité auprès descitoyens, mais aussi auprès des professionnelschargés de leur conception et de leur application.Cela changerait beaucoup de choses si, parexemple, la proposition de mettre en place unprojet de commune basé sur la maitrise locale del’énergie par réseaux décentralisés de symbiosesurbaines, ou un projet de quartier orienté sur lasécurité alimentaire, émanait des élus locaux ou descommunautés des citoyens. Il serait mieux accepté,engagerait les volontés diverses et susciterait peut-être un enthousiasme qui manque tant à l’actionpublique aujourd’hui. Encore un autre champ dereche

recherche en urbanisme, celui de proximité, de miseen place des outils et instruments fiables, cohérentset acceptables par tous. Ceci mène évidemment à lanécessité de changer d’option dans l’approche desprocédés de mise en œuvre des projets et desplans. Sans foncier disponible, sans financementefficace, sans management intelligent, sansadhésion citoyenne, sans implication des acteurssocioéconomiques, aucune politique de la ville neréussira. Plus encore : aucune réforme économiquene réussira si elle n’est pas accompagnée de larefonte des outils et modèles d’aménagementurbain. Enfin, si l’économie urbaine participative, lemarketing-management et le contrat social de villepeinent en Algérie à trouver leurs marques et leurssolutions innovantes, c’est aussi une opportunitépour la recherche en urbanisme, capable de puiserdans les traditions locales anciennes des idéesapplicables aujourd’hui.

Les défis urbains que posera demain l’exode humainannoncé en Afrique sous l’effet de réchauffementclimatique, avec des migrants climatiques quichercheront à remonter vers le Nord, alors que lestress hydrique nous guette et que l’urbanisationrapide, souvent informelle, arrache les dernièrespoches disponibles des terres agricoles irriguées,constituent un autre sujet de recherche àdévelopper. Et que dirait-on d’une programmationurbaine spécifique et d’optimisation des circuitsurbains face aux risques sanitaires, comme lesépidémies à grande échelle que nous connaissonsdéjà – dans l’avenir, ces phénomènes exigerontaussi des solutions urbaines appropriées. Laprospective urbaine stratégique en Algérie, quirelève des techniques de la recherche enurbanisme, c’est aussi cela.

Un nouveau champ de recherche en urbanismes’ouvre devant nous en Algérie. C’est une chance quise présente rarement dans un pays, celle de saisir lemoment historique de bouleversement et derenouveau politique, qui nous procure actuellementl’occasion d’avancer des propositions inédites etpropres à la société algérienne. Si nous changeonsd’optique conceptuelle, des forces nouvelles nousanimerons. Même un voyage de mille lieuescommence par un pas, dit le proverbe japonais. Necraignons pas d’avancer lentement, craignonsseulement de rester sur place.

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La recherche en urbanisme comme formede résistance

La ville algérienne est aujourd’hui au pied du mur.

Soit elle changera radicalement son mode demanagement, soit elle disparaitra sous les coups debutoirs des défis impossibles à releveractuellement. Dans l’histoire millénaire de lacivilisation urbaine, bien de villes ont déjà subi cesort suite à la sécheresse, désertification, auxséismes, inondations, aux guerres, aux épidémies.Dans ce contexte, le rôle de l’architecte-urbanisteest de savoir comprendre, de prospecter, analyser,négocier, de proposer des conceptions intégrées, decoordonner et de suivre leur mise en œuvre, d’aiderles gestionnaires dans leurs évaluations, d’aider lesdécideurs dans leur prises de décisions, de formerle citoyen aux idées nouvelles et de diffuser lesavoir. Le rôle de l’architecte-urbaniste chercheurserait alors de lui soumettre les nouveaux concepts,de proposer des modèles innovants et des outilssimplifiés pour le soutenir dans ces missions. Ensomme, il s’agit d’inventer ensemble la villealgérienne de demain.

Rapides, réalisées à peu de couts, sans l’aide destechnologies complexes (Fast, Low cost, No tech),les méthodes de planification modernes issues derecherche en urbanisme permettent d’anticiper lesdifficultés d’application des approches stratégiquesface à l’urgence des crises financière, économique,climatique, managériale. L’absence de confiance encirconvolutions complexes des experts, quemanifestent aujourd’hui non seulement lescitoyens, mais aussi les professionnels d’urbanisme,est significative du gouffre qui sépare la recherchede son application opérationnelle en Algérie.L’urbanisme algérien a besoin des compétenceslocales, des contenus algériens : normes et ratioslocaux, grilles de programmation flexibles et fiables,référentiels techniques adaptés, stratégiquesintégrées aux contextes socioculturels,géographiques, climatiques socioéconomiquesproprement algériens. Or, la revue des laboratoireset centres de recherche œuvrant dans les domainesproprement consacrés à la question urbaine donneune image d’inachevé, de dépourvu de cohérenceglobale, de conçu au gré des opportunités dumoment et des influences d’intérêts individuels. Anotre avis, le système de recherche en urbanisme,multi-profils par essence, demande lui aussi unerévision de sa structure et de ses objectifs.

Renforcer les savoirs, renforcer la diffusion dessavoirs, harmoniser la nomenclature, moderniserles approches conceptuelles et repenser les modesde création en urbanisme – ces cinq défis de larecherche en urbanisme pourraient transformerradicalement la position de la communauté deschercheurs algériens dans les classementsinternationaux.

Finalement, bien que compter sur la technologie(moyen trop vulnérable pour être considéréecomme unique voie pour améliorer la résilience denos villes), n’est pas un comportement raisonnable,et que le développement des solutions alternativessemble être d’une évidente nécessité – le rôle del’intelligence artificielle (IA) dans l’invention d’unurbanisme de 3e génération [26] reste encore àdécouvrir. En Algérie, la voie de ce que l’on pourraitappeler « l’urbanisme pertinent », Aprèsl’urbanisme technologique et écologique,l’urbanisme numérique intelligent. à mi-cheminentre le beau (urbanisme de composition), lerentable (urbanisme de fonctions) et le résistant(urbanisme de résilience), ne demande qu’à êtreexplorée. Et qui sait si, en exploitant les immensespotentialités qu’offre l’IA dans l’analyse desdonnées, la visualisation conceptuelle, laprogrammation optimalisée ou la modélisation dufonctionnement écosystémique des ensembleshabités, les contours de la ville algérienne dedemain ne surgiraient pas des écrans, montrant – àla surprise générale – que les ancêtres desbâtisseurs algériens ont déjà jeté les bases de lascience de l’urbanisme de demain bien avant leMoyen Age ?Pour relever les défis, il faut tout de même avoir lecourage de se détacher des néfastes influencesmondialisantes. La recherche en urbanismedeviendrait alors une forme de résistance contrel’oppression omniprésente des vieux réflexes. Elleserait ainsi capable de retourner les nombreusessituations critiques en ville causées par l’inertie desanciennes structures, d’éveiller l’intérêt despopulations locales et de motiver les gestionnaires,pour peu que l’on arrive à les faire accompagner parune décentralisation effective. Ne soyons paspessimistes. L’espoir est là, parce que la nouvellegénération des chercheurs est avide dechangement. C’est elle qui répond présente lors deschoix des sujets de recherche difficiles surl’incitation des directeurs de thèses. C’est elle quiest volontaire pour mener le travail de terrain,arcchi

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envers et contre tous les obstacles. C’est elle qui apporte l’assistance au travail pédagogique, difficile àconcilier avec les obligations de chercheur dans le domaine qui exige la créativité conceptuelle constante etappliquée. C’est elle qui s’intéresse à l’application pratique de nouveaux concepts que peut proposer lechercheur. La preuve en est l’expérience menée dans le cadre des enseignements d’urbanisme en atelier deprojet dans bien des départements d’architecture et d’urbanisme des universités et écoles supérieuresalgériennes.

Post-scriptumPour finir, admettons d’emblée que cette contribution ne prétend pas au titre de scientifique. C’est un cri ducœur, pour tirer la sonnette d’alarme devant l’indifférence des décideurs quant à l’importance del’urbanisme dans toute proposition de développement national. Aucun Hirak ne réussirait dans ses(dé)marches, aucun pouvoir ne parviendrait à reformer les habitudes ancrés et bannir les réflexesankylosés, si la ville – terreau d’intelligence, ne lui sert pas d’exemple.

C’est pourquoi le rôle de la recherche en urbanisme revêt en Algérie une importance capitale. Noussommes convaincus que c’est bien elle qui porte les germes de la renaissance de la ville algérienne : ellealimente la formation de l’architecte-urbaniste en injectant des contenus novateurs dans les programmeset dans l’enseignement des projets ; elle contribue à la pratique du métier par l’expertise et l’innovation,elle soutient la politique de développement par l’aide à la décision et l’intelligence managériale. LeLaboratoire VUDD, que nous avons eu l’honneur de dirigerà ses débuts, a été construit dès le départ autourde la notion de partage, de visions multiples et d’interdisciplinarité. Il a mené depuis 2007, date de sacréation, des recherches intéressantes. La majorité d’entre elles ont pour vocation de contribuer à faireavancer la science de l’urbanisme algérien sur le chemin de R&D et de la faire ancrer solidement dansl’enseignement de la profession d’architecte-urbaniste, seul métier capable de saisir de manièreopérationnelle la complexité systémique de l’organisme urbain dans toutes ses facettes et en respectant lescontextes locaux. Ne laissons pas périr les volontés d’innovation que recèlent ces recherches. Ouvrons lesportes aux idées capables de révolutionner l’urbanisme algérien – et il y en a beaucoup …

« Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas,

c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles »

Sénèque (philosophe latin, 1er siècle de n.e.)

Dessin de Loup, Barron’s Educational

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Références bibliographiques[1] Voir le site web du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique www.mesrs.dz ainsi quecelui de la Direction Générale de la Recherche Scientifique et du Développement Technologique www.dgrsdt.dz[2] Liste des laboratoires et unités de recherche du territoire national, affiliés à l’ATRST, actualisée en 2019, à laquelleil faut ajouter les centres de recherche spécialisés (CNERU/ANURB, CRASC, CREAD, CGS/ASAL, CNERIB, CDER). Près de3/4 se trouvent à l’Est (Constantine, Sétif, Batna, Biskra, Annaba, M’Sila), environ 21% au Centre (concentrésessentiellement à Alger) et 5% à l’Ouest (Oran). Voir aussi le DE n°19-232 du 13 août 2019, fixant les missions,l’organisation et le fonctionnement des agences thématiques de recherche.[3] Consultable sur le site www.joradp.dz[4] Sur les 9 axes de recherche du Programme National de Recherche PNR (2011-2013) lancé par le MESRS dans ledomaine Habitat, Construction et Urbanisme, 1 seul axe seulement, précisément ciblé, était consacré auxproblématiques urbanistiques (Gestion et réhabilitation des centres urbains). C’est dire le peu d’importance assignéau domaine de l’urbanisme qui,au vu de l’ampleur des problèmes identifiés lors des Assises Nationales del’Urbanisme en 2011, aurait dû bénéficier d’une plus ample attention.[5] selon la BM (www.banquemondiale.org/ , données statistiques 2018), ce taux est susceptible d’atteindre 79% en2035, sur une population estimée à plus de 43 millions en 2019 (ONS), près de 32 millions habitent actuellement enmilieu urbain,[6] Voir le SNAT 2035 (loi n°10-02), p.101, www.joradp.dz[7] La refonte de la Loi n°06-06 d’orientation de la ville, des décrets exécutifs relatifs aux instruments d’urbanisme, encours depuis trois ans et toujours non aboutie, l’inefficacité de l’Observatoire National de la Ville mis en place en2007 et l’absence d’une banque des données urbaines actualisées et accessibles d’une part et, d’autre part, lafaiblesse de programme d’enseignement de l’urbanisme à l’université, l’absence des PNR ciblant les diversesproblématiques urbaines et l’absence de soutien de la DGRSDT à la mise en place des partenariats dans le cadre desprojets de recherche à impact socioéconomique sont, entre autres, les témoins de l’inconscience généralisée quant àl’importance de l’urbanisme dans la mise en place de toute action de développement local durable.[8] Voir les articlesNe s’improvise pas urbaniste qui veut (Berezowska-Azzag, 2007, in Vies de Villes HS n°1, pp.82-84),L’enseignement du dessin urbain dans les écoles d’architecture en Algérie (Kettaf & Gaid, 2016, in Madinati, n°3,pp.28-32)[9] El Watan, mercredi 11 mars 2020, p.15 (Conseil de la Nation, Deux textes de loi sur la recherche scientifiqueadoptés). En citant le texte législatif, l’article rapporte que la modification de la loi 15-21, outre la valorisation desrésultats de la recherche au profit de l’économie nationale et du développement durable, permet la création delaboratoires mixtes associant les capacités disponibles au niveau de l’université dans un domaine donnée, avec leurshomologues dans les entreprises économiques dans le but de prendre en charge les problématiques à caractèretechnologiques via des solutions innovantes.[10] Idem, p.17, (Evaluation du système LMD).[11] MHUV Ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville, CNERU Centre National de Recherche en Urbanisme,SYNAA Syndicat National des Architectes Algériens, ONAA Ordres National des Architectes Algériens.[12] Les Actes des Assises Nationales de l’Urbanisme, édités par le MHU www.mhuv.dz après des consultationsrégionales et nationale en 2011, mentionnent notamment 7 groupes des incohérences urbaines relevées : socio-spatiales, socioéconomiques, environnementales, urbaines (de structuration, de fonctionnement et d’image de laville), de gestion, de planification urbaine et de formation en urbanisme, dont la résolution devient forcément unenjeu de demain pour l’urbanisme en Algérie, surtout après la signature et la ratification de la majorité desconventions et accords internationaux relatifs au Changements Climatiques, aux 9 Objectifs du Millénaire deDéveloppement (OMD), à l’Agenda 2030 et aux 17 Objectifs de Développement Durable (ODD), etc.[13] 17 objectifs de Développement Durable ODD, ONU 2015 (Objectif 11 : Faire en sorte que les villes et lesétablissements humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et durables).[14] Face aux changements climatiques, si l’environnement bâti fait partie du problème, les capacités de l’urbanisme,de l’architecture et du design font aussi partie de la solution. Nous Proposons de nouvelles approches en architectureet en urbanisme qui renversent les modèles dommageables du passé et du présent, et nous vous appelons tous à nousjoindre pour développer des solutions et contribuer à leur réalisation : pas demain, mais aujourd’hui (Déclaration duprésident de l’UIA, Thomas Vernier, COP24, Katowice/Pologne, février 2018).[15] The State of African Cities 2014, Re-imagining sustainable urban transition, Nairobi 2015, www.unhabitat.org[16] Coopération italienne, polonaise, romaine, entre autres[17] Attendre Godot, c’est attendre l’impossible, ce que chacun attend et qui ne vient jamais (idiome, d’après SamuelBecket, pièce théatrale de 1948)

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[18] Comme par exemple les méthodes de programmation urbaine aux états-limites, d’identification de seuils dedéveloppement urbain, d’intégration de la notion de capacité de charge dans les démarches d’adaptation urbaine auxchangements climatiques, d’intégration de l’agriculture urbaine dans la programmation et planification urbaine, del’évaluation des impacts de localisation des grands équipements urbains sur la qualité de vie et l’attractivité locale,des impacts de modernisation des transports en commun sur la durabilité urbaine, de mise en place de l’observatoirelocal de développement durable urbain en fonction des enjeux locaux, etc. ou encore les projets de recherche liés à lamise en place du permis d’aménagement urbain, des outils adaptés au contexte local d’évaluation des gainsénergétiques, d’optimisation du métabolisme urbain au service de la réduction des émissions du carbone en ville, del’éco-habitat social.[19] Voir à ce sujet deux excellents ouvrages: Villes sobres, nouveaux modèles de gestion des ressources, s/dD.Lorrain, Ch.Halpem, C.Chevauché, Sciences Po. 2018 et Quantifier les territoires, s/d M.Mespoulet, PUR, 2017[20] Voir le cours d’urbanisme en 1ère année du master 2019 à l’EPAU (Environnement et Risques Majeurs ERM,Berezowska-Azzag), sur l’approche systémique des risques majeurs en ville. Certes, l’apocalypse urbaine telle queprésentée dans le film de Roland Emmerich Le Jour d’aprèssur le déclin des mégapoles américaines suite au brutalchangement climatique, n’est pas encore là, mais la transition urbaine (du rural vers l’urbain, de l’urbain vers rurbain,de rurbain vers numérique ?) est en marche et nous ne savons pas vers quel modèle futur elle nous amènera. La villene supportera pas durablement ni le coût de l’énergie, ni le prix écologique de sa consommation, et la nouvelleéquation alimentaire urbaine semble de plus en plus complexe à résoudre. L’invention de nouveaux modèles est doncindispensable, en Algérie aussi (voir 2033,Atlas des Futurs du Monde, V. Raisson, 2010). Les villes verticales,flottantes, autonomes, bioclimatiques, responsables, etc. fleurissent dans le monde de l’utopie urbaine, or le rêvesemble interdit en Algérie, où la recherche en urbanisme ne s’intéresse pratiquement pas aux utopies.[21] Titre de Christophe Maë, 2016[22] Interview du Chems-Eddine Chitour (Professeur à l’Ecole Polytechnique d’Alger, actuel Ministre del’Enseignement Supérieur et de la Recherche) à la Radio Chaine 3,septembre 2019.[23] Le SNAT 2030 rappelle, à juste titre, que « l’enjeu ne réside pas dans le constat des problèmes présents, où mêmeémergeants, mais consiste à trouver des réponses durables » à ces problèmes, réponses à la fois stratégiques etopérationnelles, supportables pour l’économie, la société et l’environnement (loi n°10-02 du 29 juin 2010 portantl’approbation du SNAT, p.35). Pour rappel, les 6 enjeux évoquent les défis suivants : (i) épuisement des ressourcesnaturelles qui conditionnent le développement (eau, énergie, biodiversité, sols arables) ; (ii) crise du rural, source del’exode vers la ville ; (iii) crise urbaine multiforme, qui dévitalise l’économie, l’environnement et la société ; (iv)décrochage démo-économique qui déstructure le territoire et appauvrit la société ; (v) inefficacité du modèleéconomique devenu caduc, incapable de dynamiser le développement local en créant les conditions d’attractivité, decompétitivité, de création, de traitement et de diffusion du savoir ; (vi) inefficience du modèle de gouvernanceterritoriale , qui ne mobilise pas tous les acteurs économiques et sociaux dans une approche commune négociéepour le développement durable. N’hésitons pas de se référer aux avertissements du SNAT, même dans le plus petitpérimètre d’un projet urbain.[24] Voir Berezowska-Azzag, 2011, Guide du Projet Urbain, Vol 1, Connaitre le contexte de développement durable[25] Selon la loi n°11-10 du 22 juin 2011 relative à la commune, son organisation en Algérie comprend 4 domaines decompétence et 5 commissions de gestion : (i) Economie, finances et investissement ; (ii) Santé, hygiène, protection del’environnement ; (iii) Aménagement du territoire, urbanisme, tourisme et artisanat ; (iv) Hydraulique, agriculture etpêche ; (v) Affaires sociales : habitat, éducation, santé ; culturelles, sportives et de la jeunesse.[26] Après l’urbanisme technologique et écologique, l’urbanisme numérique intelligent

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L’avenir de « la science des villes ».

Prof. K. A. Djiar cheffe d’équipe, Habitat, Architecture et Développement-(HAD), laboratoire VUDD

La recherche en urbanisme

Les villes à travers le monde ont connu des changements spectaculaires au cours des deux dernières

décennies. Certaines d’entre elles ont radicalement changé. D’autres ont subi le phénomène d’urbanisation.Un stress sans précédent est également exercé sur le tissu bâti de la majorité des villes existantes en raisonde forces telles que les migrations, le changement climatique, etc. L’analyse de ces différents processus etdes divers impacts induits par les transformations urbaines et la recherche de nouveaux modèlesd’urbanisation a donné naissance à des approches scientifiques interdisciplinaires.En effet, la recherche en urbanisme est axée, aujourd’hui, sur le fonctionnement des systèmes urbains àtravers la compréhension de l'évolution des conditions sociales, environnementales, énergétiques ettechnologiques, l’activité économique, les modes de gouvernance et l’information. La renaissance de lapensée environnementale a créé une demande pour des systèmes plus économes en énergie, connectésnumériquement et écologiquement durables. Ainsi, les domaines d’investigation académique etopérationnelle ont, souvent, ciblé quatre principaux axes comme suit :

• Forme urbaine et spatialitéIl s’agit d’étudier la transformation physique des villes, notamment la forme des bâtiments, des espacespublics et des infrastructures, de comprendre les institutions et les mécanismes qui affectent lamorphologie urbaine, et de réfléchir à l’avenir de la spatialité des établissements humains. Ces étudess’intéressent aussi aux tissus urbains, modèles de peuplement, imagerie des environnements urbains etrelations entre la politique et la forme des villes.

• La quotidienneté en villeCet axe s’appuie sur plusieurs disciplines. L’anthropologie, par exemple, à travers les sciences socialesinterprétatives, fournit une compréhension de l’usage des espaces de quotidienneté. Les sciences del’économie, d’autre part, offrent un autre type de perspective sur l'expérience de la vie en ville en utilisantles fonctions d'utilité domestique et les besoins de la quotidienneté. La démographie, pour sa part, permetde13

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de décrire et de prédire l'évolution des populationsen fonction des taux de natalité, de mortalité et demigration. La géographie, quant à elle, met l'accentsur la dimension spatiale. Ensemble, ellespermettent de rassembler une base de données quiaide à la compréhension des défis, présents etfuturs de l'expérience de la ville.

• L'aménagement urbain et la planification dudéveloppement

Cet axe se concentre sur la compréhension dessystèmes de fonctionnement urbains, des moyensde mobilité et de transport, du cadre réglementaireet de la gestion de la croissance urbaine.

• Les politiques de l’habitat et la conception dequartiers durables

Ce domaine est consacré aux études dudéveloppement de la qualité et de l'efficacité dusecteur de l’habitat. Au-delà de l'habitabilité deslogements, les travaux de recherche portentgénéralement sur les politiques publiques, lemarché du logement, l’économie créative, la qualitérésidentielle et le développement de nouveauxmodèles de conception communautaire.

• L’environnement et le paysage urbainLes travaux liés à ce domaine sont axés sur l'analysedes forces qui façonnent l'environnement bâti etnaturel dans le but de concevoir des solutionsstratégiques aux défis environnementaux etsociaux, notamment le changement climatique, lesénergies renouvelables, la conservation de l'eau, latoxicité du paysage et la justice environnementale.

L’avenir de la « science des villes »

La recherche en urbanisme se dirige vers un plus

large éventail d’axes d’investigation. Elle est de plusen plus centrée sur les personnes/communautés,les organisations, les ressources (énergie, eau,nourriture, matériaux, data, etc.), le foncier, lessystèmes d'infrastructure et d’information et lesmodes de gouvernance, couvrant un spectred’échelles d’études variant du micro au macro, dulocal au national et à l'international. Elle s'appuiedavantage sur plusieurs disciplines, en utilisant desde méthodes de recherche et un cadre analytique, àla fois qualitatif et quantitatif.En effet, la science dite des villes est, plus quejamais, inévitablement interdisciplinaire et mêmeinterprofessionnel. Elle adopte une visionstratégiquem

écosystémique. Elle cherche à mieux comprendrecomment les villes fonctionnent, comment les gensvivent dans les villes, à quoi aspirent-ils, commentles communautés/société civile peuvent-elles êtreefficientes et efficaces, comment la ville peut êtredurable et résiliente, comment les modes demobilité, les infrastructures numériques, l’évolutiontechnologique, la robotique et autres faciliteront laconnectivité. Il s’agit donc de mieux comprendreafin d’agir de manière proactive. La rechercheacadémique axée sur l’opérationnel permetd’explorer la faisabilité d’un futur envisagé et lesmoyens d'éviter un impact probable maisindésirable. Ainsi, les domaines de recherches’élargissent pour couvrir les axes suivants :

Le métabolisme urbainLes études écosystémiques des villes ont permis demieux comprendre les flux des usagers, d'énergie,d'eau, de déchets, d’informations, etc.Parallèlement à cela, les études liées à l’impact duchangement climatique ont pu donner plusieursindications sur les impacts potentiels de la haussedes températures et des nouveaux modèlesmétéorologiques sur différents types de villes.L'empreinte carbone d'une ville est égalementsensiblement influencée par les émissions associéesà la consommation des ménages. Ainsi, lesrecherches en urbanisme se dirigent de plus en plusvers l’analyse de l’interdépendance entre lesécosystèmes sociétaux et naturels et lesconséquences potentielles des changementsclimatiques.

• Ville connectée, ville résilienteCet axe de recherche s’intéresse aux effets destechnologies de l'information sur la perception et lefonctionnement de la ville, d’une part, et l’impératifde réfléchir à la résilience urbaine face auxdifférents risques naturels, industriels,technologiques et sanitaires. La pandémie duCOVID-19 a démontré la nécessité de repenser lesespaces de quotidienneté et d’interaction humaine.

• Les économies urbainesCet axe s’intéresse à l’analyse de la performance dedifférents types de villes, à savoir la croissance del'économie du savoir, le défi de la productivité, lescompétences, les déficits, la prestation de services,les coûts en termes de capitaux et de revenus, etc.Les économies des villes sont soumises à des défisplus ou moins constants comme la compétitivité, lanaissance de nouveaux marchés et le progrèsarchitect14

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technologique. Les recherches ont prouvé que les grandes villes ont tendance à avoir des niveaux deproductivité plus élevés. Cependant, la croissance la plus rapide est souvent observée dans les petites etmoyennes villes. Ainsi, les changements de paradigmes appellent à de nouvelles recherches sur les modèlesd'économies urbaines plus performants.

• Gouvernance urbaineIl existe de nombreux systèmes de gouvernance à travers différentes échelles. Cela offre la possibilité dedévelopper les modes de planification afin d’offrir des approches plus intégrées au développement urbain.La recherche académique permet de contribuer à inventer des politiques urbaines qui répondent à desobjectifs nécessitant de nouveaux types de leadership impliquant l’ensemble des acteurs concernés par lefait urbain.

• Performance urbaineLa qualité de vie et du travail en milieu urbain est actuellement remise en question et façonnée par denombreuses forces telles que les modèles démographiques, l'économie internationale (mondialisation ettélétravail) et les pressions environnementales (durabilité, préservation des ressources, énergie, etc.). Larecherche dans ce domaine s’interroge sur les normes de conception et de construction affectantl'habitabilité et la consommation d'énergie.

• Changement de paradigmeAvec le développement de l'intelligence artificielle et de l’industrie 4.0 et l’apparition de nouvellesexigences de la quotidienneté, cet axe s’interroge sur l’évolution de la qualité des milieux habités, laperception de l'esthétique et la pertinence des processus de conception.

Conclusion

La plupart des connaissances scientifiques de base sont fragmentées car elles sont situées dans des sortes

de silos disciplinaires. Cela rend difficile la mise en relation de différentes conceptualisations de la ville quise retrouvent dans diverses disciplines et perspectives professionnelles. Orientée vers la recherche-développement, la base scientifique peut être considérée comme une boîte à outils, avec des composantsqui peuvent être déployées dans différentes combinaisons et de différentes manières afin d’apporter desréponses claires, éclairées et efficientes aux questions posées.

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Projets de Recherches en cours 2020

01 EQUIPE TMU « Transport et Mobilité Urbaine »

02 EQUIPE QUEED « Qualité Urbaine, Environnement et Développement Durable »

03 EQUIPE HAD « Habitat, Architecture et Développement »

04 EQUIPE LAPV« Logiques d’Acteurs et Politiques de la Ville »

Interaction urbanisation-Transport dans les villes algériennes, cas de l’agglomération

d’Alger.

Gouvernance des transports urbains dans les villes d’Algérie.

Mesures de réduction des émissions de CO2 pour un aménagement urbain résilient

d’Alger face aux changements climatiques.

Permis d’aménagement urbain pour des zones à vocation spécifique.

L’apport de la végétation dans la réduction de la consommation énergétique, pour les

pôles d’habitat des projets pilotes à Alger.

Le rôle des TIC dans l’appropriation de l’espace public à Kourifa- El Harrach.

Energie renouvelable et territoire numérique: vers des villes intelligentes pour la

réussite de la transition énergétique dans le secteur de l’habitat.

L’urbanisme participatif, démarche, expériences et outils de mise en œuvre ».

La maitrise de l'énergie urbaine: Gouvernance, niveaux d'intervention, acteurs et

démarches de mise en œuvre.

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Soutenances etThèses deDoctorat en cours

Monsieur RAHMANI Lyes a

soutenu sa thèse de

doctorat en sciences, le 30

juin 2020 à l’EPAU, intitulée

« Le rôle expérientiel des

usagers dans la fabrique de

l’immatérialité des places

publiques comme modèle

d’équations structurelles ».

Devant le jury suivant :

Président : Baouni Tahar.

Professeur Epau

Examinateurs :

Bousalim Aicha. Professeure.

Epau

Tighaza M’hamed. Professeur.

Université d’Oran

Tiliouine Abdelaziz . Professeur.

Université d’Oran

Directrice de thèse :.

Messaoudene Maha. MCA.

EPAU

Ouvrages et Chapitres Edités

Ouvrages1. Berezowska-Azzag E., (2011), Projet urbain, Guide

méthodologique, Volume 1: "Connaître le contexte de

développement durable", Editions Synergie, Alger, juin 2011,

245 p., ISBN 978-9961-882-09-2

2. Berezowska-Azzag E., (2012), Projet urbain, Guide

méthodologique, Volume 2: "Comprendre la démarche du

Projet Urbain", Editions Synergie, Alger, avril 2012, 395 p.,

ISBN 978-9961-882-09-2

3. Berezowska-Azzag E., s/d, Abdelatif I. Akrour N., Azoui O.,

Srir M.,(2015), Alger et ses communes. Baromètre des

performances urbaines locales, Editions Alternatives Urbaines

ALUR, Alger, mai 2015, 174 p., ISBN 978-9931-9010-7-5

4. Baouni, T., (dir), (2014) La ville Algérienne 50 ans après :

Bilan et visions d’avenir, éditions El djazair- Alger 2014,287p.

Alger (2014) ISBN 978947893623

5. Baouni,T. (2017), Techniques du Génie urbain, éditions El

djazair 194 p. Alger (2017) ISBN 978-9931-578-95-6

6. Baouni, T, (2020), urbanisation et transport urbain à Alger,

éditions universitaires européennes, 161p. ISBN 978-620-2-

53747-6

7. Djiar K.A, (dir), (2018), Défis et perspectives de l’habitat en

Algérie : comprendre pour mieux agir. éditions –OPU-Alger

8. Messaoudene, M. (2016), Reconstruire des logements

sociaux à Marseille : réactivité sociale et enjeu résidentiel-

éditions Connaissances&Savoirs -ISBN 9000

9. Srir M. (dir), (2016), Dynamiques urbaines à Alger. La

(re)fabrication de la ville en

questions,(2016), Editions L’Harmattan, Paris, 288 p., ISBN

978-2-343-08146-5

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Page 18: Ministère de l’Enseignement ... - epau-alger.edu.dz

Soutenances etThèses deDoctorat en cours

Monsieur SRIR Mohamed

soutiendra sa thèse de

doctorat en sciences, le 18

octobre 2020 à l’EPAU ,

intitulé « La durabilité

urbaine à Alger, des enjeux

locaux au référentiel

d’aménagement urbain.»

Devant le jury suivant :

Présidente : Pr N. CHABBI-

CHEMROUK (EPAU

Examinateurs :

Chabou –Othmani M.

Professeure. EPAU,

Zeghiche Boukhemis A.

Professeure. Université

d’Annaba,

Safar Zitoun M. Université

d’Alger 2,

Mouaziz -Bouchentouf N. MCA.

USTO

Directrice de thèse :

BEREZOWSKA-AZZAG E.

Professeure EPAU

Ouvrages et Chapitres Edités

Chapitres d’ouvrage

1. Baouni T., (2020 ) « La stratégie de transport urbain sur rail

face aux nouvelles centralités dans la ville d’Alger », chap.11 ,in

Bourdin A& Chedid (dir)– comment la mondialisation

transforme nos villes- , pp213-224. Editions-Université de

Balamand -Beyrouth –Liban. ISBN

2. Baouni T., (2016) “ The city planning of Algiers : Failure of the

instruments of town planning”, - in C. Silva (dir), urban

planning in North Africa-, chap. 6,pp , éditions Francis & Taylor

3. Baouni T. , (2012) “ voiries et réseaux divers “, chap.1, in Le

guide Prescriptor: premier Guide Algérien Batiment, pp 49-63,

éditions alternatives urbaines, Alger. ISBN 978-9931-9010-0-6

4. Saci H., & Hocine M., (2019),Nécessité d’une planification

opérationnelle de l’agriculture urbaine au service de la sécurité

alimentaire et l’adaptation au changement climatique à Alger,

inMadani A., Bryant Ch.,L’adaptation au changement climatique

dans les futures villes. Regards croisés. Chapitre 8, pp.137-156,

281p.,Econotrends Ltd, Canada, ISBN: 978-1-896197-12-8

(Papier) ISBN: 978-1-896197-13-5 (e-Book)

5. Messaoudène, Daniel Pinson & Mustapha Berra, Associative

Action in Urban Planning: Cases Studies from Marseille, France,

in Community Action & Planning Contexts, Drivers and

Outcomes, Edited by Nick Gallent & Daniela Ciaffi, The Policy

Press, Bristol. Octobre 2014. ISBN 9781447315162.

6. Maha Messaoudène, « Les acteurs sociaux dans l’agir

participatif », in Aménagement durable en territoire

méditerranéens, (sous la direction de Béatrice Mésini), 2ème

trimestre 2012, pp 139-146, Presse Universitaire de Provence,

collection espace et développement durable. ISBN PUP 978-2-

85399-827-7.

Consulter le lien ci-dessous pour voir toutes les thèses de Doctorats en cours:

http://www.epau-alger.edu.dz/index.php/labo-de-recherche/v-u-d-d/equipes

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EVENEMENTS 2020

9 Mars 2020

Journée technique de vulgarisation surPrincipes de Conception etd’Aménagement des Stations de Métroorganisée par l’Equipe TMU

Février 2020

Formation ArcGis par Dr BakourMohamed de l’équipe TMU

Octobre 2020Workshop national dans le cadre de laconvection avec le Havre sur l’Urbanismeet la Mobilité, cas d’Etude Hussein-Deyorganisée par l’Equipe TMU

Décembre 2020Une journée d'étude (webinar) sur lethème de "La Transition Énergétiquedans le Secteur de l'Habitat en Algérie"au mois de décembre 2020. par l’EquipeHAD

Prochainement

Journée de vulgarisation sur les logiciels

OpenSource (Qgis et R) par Serrai Sihem

Chourouk de l’Equipe HAD

Prochainement

Journée d’étude sur la Fabrique de la

Ville date à communiquer

ultérieurement par l’équipe LAVP

Novembre 2020

Journée de vulgarisation: Formation

doctorante sur les outils de

référencement, selon le programme des

activités de la formation doctorale en

cours. Par Abedelatif Isma de l’Equipe

QUEED

Décembre 2020

Deux à trois journées de

vulgarisation/diffusion des savoirs

relatifs à la « Programmation urbaine

résiliente » Par Abedelatif Isma de

l’Equipe QUEED

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Page 20: Ministère de l’Enseignement ... - epau-alger.edu.dz

L’équipe TMU a organisé en collaboration avec le Metro

d’Alger le 9 mars 2020 à l’EPAU, une journée technique,

intitulée « Principes de conception et d’aménagement des

stations de Métro ».

Photos : Journée technique de vulgarisation, sur les principes de conception et d’aménagement des stations de Metro, organisée par l’équipe TMU le 9 mars 2020 à la salle de conférences de l’EPAU.

Photo : visite des participants à la station Metro –Aéroport d’Alger

Contactez-nous

Ecole Polytechnique d’Architecture et d’Urbanisme, EPAURoute de Beaulieu, El Harrach, BP n°177, 16200, Alger, Algérie

Tél/Fax: +213(021) 52 58 88www.epau-alger,edu,dz20