Minerais Acfci 22052012

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1 Christophe-Alexandre PAILLARD Chambre de commerce et d’industrie de Paris, salle Montesquieu 22 mai 2012 IVème séminaire franco-chinois sur l’intelligence compétitive et l’innovation Le XXIe siècle et les défis de l’accès aux ressources stratégiques

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Cette présentation a été réalisée à l\'occasion du quatrième séminaire franco-chinois d\'intelligence stratégique organisé par l\'ACFCI

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Christophe-Alexandre PAILLARD Chambre de commerce et d’industrie de Paris, salle Montesquieu 22 mai 2012

IVème séminaire franco-chinois sur l’intelligence compétitive et l’innovation

Le XXIe siècle et les défis de l’accès aux ressources stratégiques

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•  Éléments de contexte : Les minerais stratégiques et critiques sont récemment devenus une question de très haute importance économique et géopolitique. La bonne compréhension du sujet se heurte toutefois à la difficulté de clairement définir ce que sont des minerais qualifiés de stratégiques, voire de minerais critiques. Sont entre autre concernés le platine, l’antimoine, le chrome, le cobalt, le titane, le niobium, le molybdène, le vanadium, le tantale et les terres rares presqu’exclusivement produites par la Chine.

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Différencier les minerais « stratégiques » des minerais « critiques »

  Le caractère « stratégique » d’un minerai est lié à son importance dans la chaîne de production, à son niveau de rareté et à sa position géographique.

  La caractérisation d’un minerai comme stratégique au regard de ces différents critères est donc variable dans le temps, selon les applications techniques qui en sont faites, les évolutions de l’offre et les tensions géopolitiques que peuvent connaître ponctuellement des pays producteurs.

  Si un minerai est absolument indispensable à des filières industrielles spécifiques, concentré géographiquement dans une région à haut potentiel géopolitique et faisant l’objet de phénomènes de rareté, le minerai est alors considéré comme « critique ».

  Certains de ces minerais rares, dont l’exploitation reste concentrée géographiquement, peuvent constituer des facteurs de crise : le gallium, le cobalt, le tungstène (uniquement en Chine et en Corée du Nord), etc. Des minerais pourraient, avec l’émergence de nouvelles technologies, faire l’objet d’une attention particulière : c’est par exemple le cas du gallium pour la téléphonie cellulaire.

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I . P r é s e n t a t i o n d e s m i n e r a i s « stratégiques » et « critiques »

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Une définition restrictive doit être appliquée

Sans exclure totalement les autres minerais, dont le marché

présente des similitudes intéressantes, la définition des

minerais stratégiques s’applique plus spécifiquement au platine

et aux platinoïdes, à l’antimoine, au cobalt, au chrome, au

titane, au manganèse, au niobium, au molybdène, au vanadium,

au tantale, au coltan et au tungstène. On peut y rattacher le

nickel, même si ce produit n’a pas exactement les mêmes

caractéristiques.

Ces minerais sont primordiaux pour notre industrie. Ils sont

utilisés, sans véritable alternative économiquement rentable

dans de nombreux programmes et composants.

L’acier, qui n’est pas un minerai, possède parfois des

problématiques de marché comparables, entre autre pour

l’approvisionnement en aciers spéciaux.

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Certains programmes aéronautiques , spatiaux, etc. sont concernés au premier chef

Certaines matières premières minérales sont utilisées dans la fabrication des armements. Parmi les usages spécifiques des minerais, on trouve :   Le cobalt utilisé dans : les alliages de réacteur, les moteurs

d’aviation, les outils tranchants, les turbines à gaz des centrales électriques.

  Le cuivre : les torpilles, les essieux, les soupapes.   Le nickel : les capsules spatiales, l’électronique.   Le chrome : les trains d’atterrissage, les tuyaux.   La bauxite (aluminium) : l’ossature des avions.   Le niobium : les réacteurs, les installations électriques.   Le manganèse : l’électronique.   Le platine : les armes nucléaires, les contacts électriques.   L’uranium : l’armement nucléaire, le combustible des

centrales.

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Quels sont les produits et les régions clefs ?

Quelques pays producteurs clefs : Afrique du Sud, Chili, Chine, Congo, Russie et États-Unis. Les produits les plus concernés sont :   Platine (Afrique du Sud : 76,8%, Russie : 17%)   Platinoïdes et tungstène (Chine : 78%, Russie : 10,2%)   Antimoine (Chine : 59,7%, Russie : 17,4%)   Chrome (Afrique du Sud : 51,7%, Kazakhstan : 20,9%)   Cobalt (Congo et Zambie : 40%, Finlande : 21,1%)   Titane (Australie : 34,4%, Afrique du Sud : 22,6%)   Manganèse (Chine: 23,6%, Ukraine: 20%, Afrique du Sud:

13,6%)   Cuivre (Chili : 34,7%, États-Unis : 12,7%)   Et aussi, niobium, molybdène, vanadium, tantale, nickel. Certains minerais ne répondent pas tout à fait de la même problématique du fait de la nature de leur utilisation industrielle :   Or (Afrique du Sud: 18,9%, États-Unis : 14,3%, Australie:

12,8%),   Étain (Chine: 37,6%, Indonésie: 21,5%),   Argent (Mexique : 14%, Pérou : 13,3%)

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Un constat : la concentration géographique est forte. Les cas du palladium et du rhodium

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Un marché mondial du platine très dynamique

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La production mondiale de platine

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A quoi sert le titane ?

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Un secteur très concentré : les éponges de titane

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Le F 22 Raptor américain : 39% en titane et 16% en aluminium

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II. Brève cartographie des minerais stratégiques et critiques

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L’Australie est un exceptionnel réservoir de minerais

  L’Australie dispose de ressources minières et énergétiques

considérables. Elle occupe la 3ème position après les États-Unis

et l’Afrique du Sud pour la production de minerais non

combustibles.

  C’est le 1er exportateur au monde de charbon.

  Elle se classe au 1er rang mondial pour la production de

bauxite, d’alumine, de diamant (elle possède 50% des réserves

mondiales), d’étain, de titane et de plomb.

  Elle se classe au 2ème rang mondial pour l’or, le nickel,

l’uranium et le zinc ; au 4ème rang pour l’argent et le fer ; au

5ème rang pour le le cuivre et le nickel.

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L’Australie, une grande diversité de ressources minérales et énergétiques

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L’Afrique est l’une des zones privilégiées de la quête planétaire pour les matières minérales

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Un risque connu, le Congo

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Le groupe des titanes Utilisations:

- Aéronautique.

- Aérospatiale.

- Blindages.

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La famille des platines Utilisations:

- Industrie chimique (explosifs).

- Nez des missiles.

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Platine : des mines majeures en Afrique du Sud

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Le cobalt

Utilisations:

- Alliages,« superalliages ».

- Carbures et aimants.

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Le chrome

Utilisations:

- Métallurgie.

- Aéronautique.

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Le manganèse

Utilisations:

- Fabrication de l’acier.

- Piles.

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Le germanium

Utilisations:

- Fibres optiques.

- Technologies infrarouges.

- NTIC.

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Panorama général

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La concentration mondiale des minerais stratégiques rend certains pays particulièrement sensibles

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III. Comment fonctionnent les marchés des minerais stratégiques ou critiques ?

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Comme pour les hydrocarbures, le problème de l’investissement est majeur

  La hausse des cours restera structurelle à LT : après 20 ans de

baisse constante, les entreprises minières n’ont pas renouvelé leurs

investissements à un rythme suffisant. Le secteur, pris dans son

ensemble, aura des difficultés à répondre à la hausse de la demande

dès que la reprise se manifestera.

  Le secteur des mines se caractérise par une forte inertie de

l’investissement. Il faut prospecter, exploiter et commercialiser,

alors que les phases de développement sont longues et coûteuses.

Le délai de l’effet de l’investissement sur l’offre effectivement

proposée est aujourd’hui de 7 à 8 ans en moyenne, comparable à

celui du secteur pétrolier.

  De plus, le marché est peu transparent. Certains pays (Congo,

Russie) ne garantissent pas une stabilité et des garanties politiques

suffisantes. Les cours sont très volatiles et l’investissement n’est

pas favorisé. Il présente des risques majeurs.

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Les prévisions d’évolution des cours restent incertaines

  Il existe de nombreux indicateurs sur le marché des minerais : l’indicateur Reuters CRB et l’indice publié chaque année par le rapport Cyclope restent les plus sérieux. Selon eux, les cours ont augmenté de 40% en 2004, 30% en 2005. En 2006, la production mondiale avait atteint un pallier. La demande chinoise et celle des pays émergents étaient en forte augmentation, alors que celle des pays de l’OCDE restait globalement constante. Cette tendance haussière des prix s’est inversée en 2008

  Pour l’ouvrage de référence « Cyclope », le monde reste dans un cycle long de croissance des cours de 20 à 25 ans. Le risque de rupture d’approvisionnement et/ou de pénurie momentanée sont bien réels, même si les pays développés ont des stocks conséquents. La logique de rareté, alliée aux caractéristiques structurelles du marché, laisse donc prévoir une tendance haussière.

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Baisse des stocks, incertitude sur les réserves et volatilité

  La réduction globale des stocks, en particuliers étatiques, ainsi que l’incertitude concernant les quantités effectivement détenues et disponibles à très court terme entretiennent la volatilité des cours.

  Suite au scandale Lui Qibing, spéculateur chinois ayant engagé des transactions pour des volumes supérieurs aux stocks identifiés comme disponibles sur le marché, la flambée des cours du cuivre en 2005 a déstabilisé l’ensemble des marchés des minerais.

  Dans cette affaire de corruption, au moment prévu des livraisons, le cours s’envolait du fait de rumeurs de non-respect du contrat, puis de non-respect des délais. En fait, ces rumeurs s’enrichissaient de l’ignorance du montant réel des stocks chinois.

  Cette volatilité dissuade les investisseurs et agit directement sur les consommateurs, les industriels, qui doivent répercuter les variations des cours sur leurs prix ou leurs marges bénéficiaires.

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Une volatilité croissante des cours du lithium liée à l’explosion de son utilisation

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Qui sont les régulateurs des marchés ?

  La fixation des cours tend aujourd’hui à se normaliser. Deux

places boursières spécialisées concentrent la grande majorité

des échanges : le LMEX London Metal Exchange pour les métaux

non ferreux et la division Commodity Exchange du NYMEX NY

Metal Exchange.

  Les transactions sur ces marchés s’accompagnent de l’édition

régulière d’indices permettant d’apprécier le cours global d’un

minerai, chose délicate car toutes les transactions ne

s’effectuent pas par le marché. De plus, des minerais de la

même famille extraits à des endroits et traités différemment ne

présentent pas la même qualité.

  Les principaux indices sont : l’indice Reuters CRB (17 éléments

caractéristiques), le Dow Jones AIG Commodity index et l’indice

Goldman-Sachs.

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Comment sont fixés les cours ?

  Les cours sont fixés dans la logique de l’offre et de la demande, et en fonction des anticipations.

  Il existe deux types de contrats différents : sur le marché à court terme, ou « marché spot », les contrats sont négociés pour une livraison rapide. Sur le marché à long terme, les contrats sont négociables et échangeables. Ils sont réglés à la livraison. Entre le premier contrat et la livraison, il peut se passer des mois ou des années, tandis que le contrat transite par de nombreux acteurs. Leur intervention se limite à une opération papier, sans livraison, mais jouant sur le prix du contrat. Les cotations ne sont donc pas les mêmes sur les deux marchés de Londres et de New York.

  Le fonctionnement du marché à long terme laisse une large part à la spéculation, qui permet d’équilibrer le règlement des contrats. Mais le jeu spéculatif est accentué par deux facteurs : les anticipations sur la tendance haussière actuelle du marché et le fait que sur le marché des minerais, il suffit d’avancer seulement 2 à 5% de la valeur de la transaction pour signer un contrat de livraison à terme.

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Quelles sont les particularités de ces marchés ?

  Certains minerais restent à l’écart du marché, comme le palladium, dont le prix est fixé par la compagnie russe Norilsk, et le lithium, négocié au cas par cas.

  Les analystes financiers ont remarqué que depuis l’explosion de la bulle Internet, le marché des minerais est devenu un terrain de jeu privilégié des spéculateurs.

  Pour pallier la variation des cours entre la signature du contrat et la livraison, date à laquelle le règlement s’effectue, il existe un système de compensation, ou d’assurance. Cela permet de couvrir le risque que constitue l’évolution des cours sur le marché des livraisons à long terme.

  Jusqu’à présent, peu d’acteurs se sont couverts, par ignorance ou imprudence, et ont du faire face à des surcoûts particulièrement importants, voire des ruptures de livraison. Ce fut le cas pour Nissan, qui, face à la hausse du cours d’un type d’acier particulier, a du ralentir sa production en 2004 (les aciers spéciaux n’intègrent pas la catégorie des minerais stratégiques, mais leur marché répond à la même logique).

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BHP Billiton reste numéro 1 mondial des mines malgré la crise   BHP Billiton est la plus grande entreprise minière du monde. Elle

est considérée, avec Anglo American et Rio Tinto, comme une entreprise minière intégrée verticalement. Elle possède des installations minières et de traitement dans 25 pays, employant 36.000 personnes.

  Elle résulte de la fusion en 2001 de l’Australienne BHP (Broken Hill Proprietary Company) et de la Britannique Billiton. Entreprise bicéphale, les décisions pour BHP sont prises à Melbourne, alors que les décisions pour Billiton sont prises à Londres. En juin 2005, BHP Billiton a acquis WMC Resources pour 7,3 milliards de dollars.

  C’est le 2ème producteur mondial de cuivre, après le groupe public chilien Codelco, et le 3ème producteur mondial de nickel derrière le Canadien Inco et le Russe Norilsk. C’est aussi un producteur de fer, de diamants, de charbon, de pétrole, de gaz et de bauxite.

  C’est le responsable de la tentative d’OPA géante contre le numéro deux mondial Rio Tinto.

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BHP Billiton et ses concurrents

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BHP Billiton, le géant australien

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IV. Les minerais stratégiques et critiques : principaux enjeux pour les 20 ans à venir

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Les marchés : une diversité d’acteurs ne jouant pas tous la transparence commerciale

  Il existe trois types d’acteur sur les marchés des minerais : des

sociétés privées, multinationales pour la plupart; des acteurs

étatiques; des acteurs purement financiers jouant la

spéculation. Ces acteurs sont entremêlés et ne jouent pas tous

la transparence; ce qui entretient la volatilité des cours.

  De plus, les statuts légaux sont différents dans les régions

concernées et l’État reste un acteur hégémonique dans certains

pays : le Chili tout d’abord, premier producteur mondial de

cuivre avec Codelco, société nationalisée, mais aussi la Russie,

avec Norilsk, qui fixe les cours mondiaux du palladium.

  Le nombre d’acteurs est très variable selon les cas et certains

marchés se distinguent par une forte concentration. C’est le cas

du manganèse, du lithium et du palladium.

  La tendance actuelle est à la concentration, et parfois à la

nationalisation, comme en Russie.

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Les entreprises : une concentration qui s’accentue

  Elle est d’abord verticale : il s’agit alors de partenariats stratégiques entre clients et fournisseurs. C’est le cas du Chilien Codelco qui a signé un partenariat avec le Chinois Minmetals le 24 février 2006 en vue de garantir l’approvisionnement en cuivre de la Chine. Minmetals investit chez Codelco, avec pour objectif d’augmenter la production de 52% en six ans.

  Elle est aussi horizontale : il s’agit alors principalement d’opérations de fusion/acquisition qui permettent des augmentations de capital significatives et relancent les possibilités d’investissement.

  Dans certains cas, les acteurs (et particulièrement l’État) entretiennent une culture du secret, notamment sur la quantité de ressources exploitables de façon rentable, les réserves de court terme, mais aussi la répartition de leur capital. De plus, certains contrats de long terme ont des clauses secrètes sur le cours pratiqué lors de la transaction.

  Le jeu de certains États peu transparents et souhaitant conserver ou acquérir la mainmise sur leur ressources minérales est un frein réel à la rationalisation du marché.

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Le cas spécifique des terres rares ?

Les terres rares sont un groupe de métaux aux propriétés voisines comprenant le scandium21Sc, l'yttrium39Y et les quinze lanthanides. Ces métaux sont assez répandus dans l'écorce terrestre. Leur nom vient du fait qu’on les a découverts au début du 19ème siècle avec d’autres minerais; d’où le nom de « terres » : terres rares signifie en fait « minerais rares ».

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A quoi servent les terres rares ?

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Où sont les réserves de terres rares ?

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Qui produit les terres rares ?

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Le marché mondial des terres rares

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De fortes répercussions sur les prix

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La conquête des terres rares est lancée à travers le monde

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En 1992, Deng Xiaoping aurait déclaré : « le Moyen Orient a le pétrole et nous avons les terres rares ».

Existe-t-il une politique chinoise de restriction de l’offre des « terres rares » ?

o  La production mondiale est minuscule : environ 125.000 tonnes par an. C’est aujourd’hui suffisant pour répondre aux nouveaux besoins des industries de pointe, dites vertes. 96% est

o  10 à 15 kilos de terres rares sont indispensables à la fabrication du moteur et de la batterie électrique de la Prius, la voiture hybride de Toyota.

o  Il n’y a pas d’ampoules à basse consommation sans terbium (800.000 dollars la tonne). Si tous les pays remplacent toutes les ampoules au tungstène par des modèles de basse consommation, la demande en terbium va exploser.

o  Le néodyme sert à fabriquer des aimants surpuissants. Les éoliennes utilisent également des aimants au néodyme et seraient sans doute moins efficaces si on devait les remplacer par leurs équivalent en ferrite.

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Une politique chinoise des terres rares

o  Les autorités chinoises ont restreint les quotas d’exportation pour ne pas léser leurs industries et de suspendre les exportations des terres rares parmi les plus recherchées.

o  Le dernier projet chinois de réglementation, le Rare Earths Industry Development Plan 2009-2015, prévoit d'interdire l'exportation du terbium, du dysprosium, de l'yttrium, du thulium, et du lutetium.

o  Les autres terres rares seraient soumises à un quota d'exportation de 35.000 tonnes par an.

o  La Chine cherche aussi à attirer des industriels employant les terres rares pour exporter des produits finis à forte valeur ajoutée. Le Japon a donc signé à l’été 2009 un accord avec le Kazakhstan pour exploiter ses gisements de terres rares.

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Des quotas d’exportation

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La querelle devant l’OMC s’est engagée en 2011

o  En juillet 2011, un panel de l’Organisation mondiale du commerce a jugé que les restrictions à l’exportation de matières premières instituées par la Chine étaient contraires au droit du commerce international, à la suite de plaintes déposées par des chefs d’entreprise américains et mexicains.

o  La Chine avait cependant 60 jours pour faire appel de sa condamnation. En septembre 2011, la Chine a donc fait appel. Elle estimait que sa politique concernant les terres rares visait d’abord à préserver son environnement.

o  Le 31 janvier 2012, la Chine a perdu son appel devant l’Organisation mondiale du commerce sur les restrictions à l’exportation qu’elle impose sur les matières premières. La Chine avait annoncé le 17 février 2012 qu’elle procéderait à une évaluation sérieuse du verdict de l’OMC : elle poursuivra la gestion scientifique de ses ressources naturelles avec le respect habituel vis-à-vis des règles de l'OMC et des engagements pris lors de son adhésion.

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Cette querelle devant l’OMC va se poursuivre jusqu’en septembre 2014

o  Le 13 mars 2012, les Etats-Unis, l’Union européenne et le Japon ont déposé une plainte devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) du fait des limitations imposées par la Chine à l’exportation de 17 métaux indispensables à la fabrication des produits de haute technologie, communément appelés « terres rares ».

o  Les termes utilisés par les Européens et les Américains pour ce dépôt de plainte sont extrêmement offensifs et dénotent que ce sujet est d’une importance majeure pour les plaignants. Ainsi, le Secrétaire américain au Commerce Ron Kirk, dans un communiqué en date du 13 mars 2012, estime que « la Chine restreint de plus en plus ses exportations ; ce qui provoque des distorsions massives et des interruptions dommageables de la chaîne d’approvisionnement de ces matériaux sur le marché mondial ».

o  L’affaire devrait être terminée au plus tard devant l’OMC en mai ou juin 2013 et la Chine aura jusqu’à septembre 2014 pour se mettre en conformité, uniquement si l’OMC donne raison aux plaignants.

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Les principaux risques globaux

  Le critère principal pour déterminer le caractère stratégique

d’un minerai est donc de déterminer son propre niveau de

dépendance et la concentration géographique des zones de

production.

  Pour la France, la dépendance à l’importation est de 100%

pour tous les minerais, sauf le nickel, le cobalt et l’or.

  Pour la provenance, certains minerais sont très concentrés

géographiquement. La concentration géographique associée

aux problèmes structurels évoqués peut favoriser l’aggravation

d’une crise et mener à une situation de pénurie.

  Il existe, en outre, des risques géopolitiques. C’est le cas par

exemple au Congo où l’instabilité chronique ne peut

qu’accentuer la faiblesse de investissement et où la logique

d’accaparement reste prégnante.

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Le risque lié aux énergies « vertes »

o  Un argument régulièrement entendu consiste à dire que les panneaux photovoltaïques et les éoliennes sont les sources d’une énergie verte libre de dépendances géopolitiques et d’émissions polluantes.

o  Rien n’est plus faux. Ces énergies renouvelables font émerger de nouvelles dépendances et de nouvelles vulnérabilités.

o  L’éolien ne peut pas se passer de néodyme, un métal de la famille des terres rares, utilisé dans la fabrication des turbines les plus performantes. Le néodyme est un métal gris argent du groupe des terres rares. Il fait partie de la famille des lanthanides. La présence de néodyme est également nécessaire aux panneaux solaires en couche mince, plus performants que les panneaux traditionnels à base de silice.

o  Le néodyme vient à 90% de Chine. o  Réduire la dépendance française vis-à-vis du néodyme

suppose d’une part d’engager des recherches sur le recyclage comme le fait Rhodia et d’autre part d’engager une vraie politique d’approvisionnement.

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La R&D (recherche et développement) et les pistes de solution

  On parvient à recycler 80% du platine. Le recyclage reste

délicat pour des alliages complexes et ne permet pas de faire

face à une demande mondiale en augmentation, dopée par la

croissance des pays émergents.

  Les nouvelles technologies dans l’extraction permet de rendre

plus rentables de nouvelles exploitations.

  Des produits de substitution existent parfois. C’est le cas pour

les matériaux composites. Ils sont légers, résistants, durable,

in inf lammables et présentent des propr iétés de

remplacement intéressantes, notamment pour l’aéronautique.

Leur coût est néanmoins élevé. La recherche en

nanotechnologie est également très prometteuse.

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V. Que l les po l i t iques pour les minerais ?

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Problématique des minerais

  La compétitivité industrielle doit remplir deux objectifs principaux : produire des matériels de qualité et remplissant leurs fonctions opérationnelles ; garantir la pérennité des savoirs faire technologiques, dont dépend notre indépendance industrielle.

  Or cette industrie se nourrit de matières premières, et particulièrement de minerais.

  Depuis sept ans, différents indicateurs rendent compte d’une évolution à la hausse des cours des minerais. Ainsi, les cours du cobalt et du cuivre ont été multipliés par deux.

  Cette hausse générale s’accompagne d’une forte volatilité des cours, et cette instabilité semble entretenue par la nature même du marché et par la situation économique mondiale.

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La politique communautaire à l’égard des minerais : préserver les règles de concurrence

  La politique européenne en matière de minerais stratégiques est une politique de respect des règles de la concurrence au sein du marché unique. Ce fut le cas pour le dossier BHP Billiton/Rio Tinto : le groupe anglo-australien BHP Billiton a cherché à racheter son concurrent Rio Tinto au cours de l’année 2008. Le plan de rachat portait sur 30 milliards de dollars. Les synergies attendues étaient de 3,7 milliards de dollars par an.

  Ce projet de regroupement aurait permis de créer un géant mondial des mines. Il a fait l’objet d’objections fortes de l’autorité antitrust de la concurrence de la Commission européenne, contrairement à l’autorité équivalente australienne. Il fallait aussi s’attendre à une opposition des autorités d’Afrique du Sud et du Canada.

  La Commission insista sur les conséquences négatives d’une telle fusion sur le marché international du minerai de fer (principale matière première de l’acier). Étaient aussi concernées les activités dans l’uranium, le charbon et l’oxyde de titane. La crise a fait échouer l’opération le 26 novembre 2008.

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Le contexte communautaire : vers un plan européen pour les approvisionnements en ressources minérales ?

  La Commission européenne a proposé le 4 novembre 2008 de lancer une stratégie visant à assurer aux entreprises européennes un accès aisé et équitable aux matières premières dont elle a besoin.

  La Commission souhaite établir, avec les Etats membres et les entreprises concernées, une liste complète des ressources minérales critiques. La commission cherche aussi (a) à assurer des conditions non faussées d’échange sur les marchés mondiaux, (b) à établir un cadre propice à un approvisionnement durable et (c) à renforcer l’efficacité dans l’exploitation des ressources, en particulier la promotion du recyclage.

  Elle a proposé le 20 novembre 2008 une politique européenne arctique incluant les minerais, en réaction aux politiques de la Russie et des Etats-Unis.

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Que fait l’Allemagne ?

o  Le 30 janvier 2012, la fédération de l’industrie allemande, le BDI, a créé une entreprise baptisée Alliance pour la sécurisation des matières premières.

o  Les fondateurs sont douze grandes entreprises allemandes, parmi lesquelles BASF, Bayer, Wacker Chemie (chimie), BMW, Daimler (automobiles), ThyssenKrupp, Stahl-Holding-Saar (sidérurgie) ou encore Bosch.

o  Sa tâche est de repérer en amont les projets d’exploration à l’étude dans le monde, d’y participer, d’évaluer les gisements et éventuellement d’offrir aux entreprises membres des participations à leur exploitation.

o  Les entreprises allemandes engagées veulent s’assurer un approvisionnement suffisant en matières premières et notamment en terres rares.

o  Cette initiative est une priorité du gouvernement allemand.

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Que fait la France ?

  La France est dans une situation de quasi dépendance

intégrale. Elle subit les variations des cours et reste soumise

aux risques de marché, d’où par exemple des conséquences

négatives de prix sur Airbus. En 1996, à l’instar de nombreux

pays occidentaux, la France a décidé de solder son stock

stratégique de minerais. Cette décision s’inscrit dans la

logique industrielle des flux tendus.

  Le ministère de l’industrie a lancé une politique de veille

stratégique pour pallier les risques liés au marché des

minerais.

  Les entreprises françaises risquent d’être confrontées à des

ruptures d’approvisionnement.

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Un dispositif français d’intelligence stratégique en matière de minerais ?

  Son industrie, et plus particulièrement le secteur de

l’armement, pourrait être affectée et gravement handicapée

par la hausse des cours des minerais qui semble s’installer

dans un cycle long, sur un marché peu transparent et qui

présente des caractéristiques propres.

  Il est indispensable que les acteurs industriels et les

responsables politiques prennent conscience de cet enjeu.

  Des institutions gouvernementales jouent un rôle

centralisateur et de diffusion de l’information clef. Il faut citer

le BRGM (Bureau de la Recherche géologique et minière) et la

DGEC (Direction générale de l’énergie et du climat). Le BRGM a

été mandaté en 2010 pour engager un travail sur ce sujet

particulièrement stratégique.

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Un exemple industriel clef : les transports

o  Aéronautique : le Sénat français rappelait dans son rapport du 8 mars 2011 l’importance de ces minerais : « des tensions récentes sont apparues sur les structures d’avion, portant, par ordre de criticité, sur le titane, les fibres de carbone et l’aluminium … La réduction des risques portant sur les matières stratégiques doit s’organiser sur les moyen et long termes, et se focaliser sur les moyens de transformation adaptés aux exigences aéronautiques avec implantation sur le territoire de l’UE, sur la sécurisation des sources de matières premières hors UE ».

o  Automobiles : de plus en plus de minerais intègrent les composants de ce secteur industriel clef pour l’avenir de l’Europe. « Des difficultés d’approvisionnement ou un renchérissement extrême de ces métaux se répercutent sur la compétitivité de nos entreprises. C’est pourquoi nous avons besoin d’un engagement des politiques en charge de la question, qui nous assure la disponibilité de ces matières premières », selon Matthias Wissmann, patron de la Fédération allemande de l’automobile, la VDA (Verband der Automobilindustrie). Le numéro un mondial de la sous-traitance automobile, Bosch, qui emploie des terres rares pour fabriquer des éléments de moteurs électriques, juge « vital » d’en sécuriser l’accès d’ici 2020.

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CONCLUSIONS

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Points clefs

  Une meilleure diversité des sources d’approvisionnement et des changements des modes de consommation.

  Un effort accru de R&D : recyclage en particulier.

  Prendre en compte de possibles limitations d’accès aux ressources naturelles dans les réflexions stratégiques.

  Définir nos intérêts et moyens. Un plan français peut déboucher sur des propositions concrètes en européen.

  La constitution de stocks stratégiques est en réalité une fausse bonne idée.

  Parvenir à une meilleure maîtrise des aléas et des risques du marché en établissant une stratégie de veille.

  Instaurer des mécanismes de concertation et de communication européens pour peser plus lourd sur le marché des minerais.

  Renforcer la concertation et la négociation multilatérale et harmoniser les législations, actuellement très disparates, notamment concernant le développement durable, l’environnement et l’exploitation des gisements.

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Quelques lectures http://www.diploweb.com/Geopolitique-des-terres-rares.html