Minaief_Grammaire Palie

download Minaief_Grammaire Palie

of 148

Transcript of Minaief_Grammaire Palie

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    1/148

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    2/148

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    3/148

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    4/148

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    5/148

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    6/148

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    7/148

    GRAMMAIRE PALIEESQUISSE

    D'UNE PHONTIQUE ET D'UNE MORPHOLOGIEDE LA LANGUE PALIE

    J. M IN A YE FPROFESSEUR A l'uNIVERSIT DE SAINT-PTERSBOURGTRADUITE DU RUSSE

    M. STANISLAS GUYARDBi'TiTEUit A l'cole pbatique des hautes-tudes

    PARISERNEST LEROUX, LIBRAIRE - DITEUR

    LIBRAIRE DES SOCITS ASIATIQUES DE PARISOK CALCUTTA, DE NEW-HAVEN (TATS-UNIS), DE SHANG-HA (CHINE\ ETC.

    p as, rixe IBonapartc, 384 1874 X

    Q^,/-^>o a

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    8/148

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    9/148

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    10/148

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    11/148

    GRAMMAIRE PALIEESQUISSE

    D'UNE PHONTIQUE ET D'UNE MORPHOLOGIEDE LA LANGUE PALIE

    J. MINAYEFPROFESSEUH A l'u.NIVERS.IT DE S A I N T-P T E H a B O U R (1

    TRADUITE DU RUSSK

    M. STANISLAS GUYAR)HPTiTEUR A l'cole phatiqie des haui;s-tudes

    PARISERNEST LEEOUX, LIBRAIRE -DITEUR

    LIBRAIRE DES SOCITS ASIATIQUES DE PARISI)K CALCUTTA, DE NEW-HAVEN (TATS-UNIS), DE SHANG-HA (cHINE\ ETC.

    as, ru.e JBonaparte, 381874

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    12/148

    1122267

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    13/148

    AVANT-PROPOS

    La seule grammaire plie qui existe, antrieurement celle de M. Minayeff (1), nous voulons dire la grammairede Clough, est depuis longtemps puise et aujourd'huipresque introuvable. D'autre part, l'ouvrage de M. Mi-nayeff tant rdig en russe, cette circonstance le ren-dait inaccessible beaucoup de savants. C'est ce qui nousa dtermin le traduire en franais, langue qui a djservi d'importants travaux sur le Pli, parmi lesquels,le premier de tous, le clbre Efisai de Burnouf et Las-sen, et la belle dition de Kaccyana, publie rcem-ment par M. E. Senart (2). *

    11 ne nous appartient pas de juger l'uvre de M. Mi-nayeff; mais nous ne pouvons nous dispenser de signaler l'attention de nos lecteurs la savante introduction danslaquelle l'auteur met ses vues sur la formation du Pliet sur le Buddhisme en gnral.Nous devons dire aussi que sa grammaire, bien qu'elles'annonce comme une simple esquisse, a, sur les travaux

    qui l'ont prcde, l'avantage de contenir un plus grand(1) Saint-Ptersbourg, 1872.(2) Paris, Ernest Leroux, 1871 (Extrait du Journal asiatique).

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    14/148

    nombre de formes, et, de plus, fournit la correspondancedes formes plies avec les formes sanskrites, correspon-dance sinon indispensable, du moins trs-utile, puisquel'tude du Pli n'est, en quelque sorte, qu'une annexe decelle du Sanskrit.

    Nous n'avons que peu de mots ajouter relativement la manire dont nous avons compris et essay de rem-plir notre tche de traducteur.La disposition matrielle a t scrupuleusement con-

    serve, et nous n'avons apport au texte original, en de-hors des corrections d'erreurs typographiques non rele-ves par l'auteur, aucune modification qui ne nous aitt indique par M. Minayeff lui-mme.

    M, Minayeff nous a adress ses additions et correc-tions, et a pu revoir plus d'une moiti des preuves enplacards. Il nous est donc permis d'avancer que la pr-sente traduction de VEsquisse d'une phontique et d'uneniorphohnjie de la langue plie peut tre considre commeune seconde dition, amliore. Elle le serait dans uneplus large mesure, si la difficult et la lenteur des com-munications avec la Russie n'avaient mis un obstacleinfranchissable des rapports suivis entre l'auteur et letraducteur.

    ST. GUYARD

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    15/148

    INTRODUCTION

    Peu de temps aprs la dcouverte du sanskrit, on a com-menc, en Europe, faire des recherches scientifiques surle langage et l'on ne peut se refuser considrer commel'un des plus importants rsultats obtenus par la grammairecomparative la notion, aujourd'hui admise partout le monde,d'une famille de langues indo-europennes, dont les rejetonsorientaux subsistent dans l'Inde, et les rejetons occidentauxen Irlande. L'explication d'une srie de phnomnes gram-maticaux par l'analyse des formes du langage, les lois ta-blies pour les transformations diverses d'un mme son dansdiffrentes langues, l'examen du vocabulaire d'aprs les r-sultats dus cette mthode scientifique nous donnent la con-viction que les peuples qui actuellement parlent des idiomesindo-europens ne formrent un jour, dans une antiquit trs-recule, et bien au del des limites de l'histoire, qu'un seulpeuple, dont la langue tait vraisemblablement partage ende nombreux dialectes troitement apparents. Peu peu, diffrentes poques, des tribus se sparrent de la grandefamille, s'individualisrent et migrrent dans plusieursdirections. A la question de savoir oh vivait primitivementce peuple, la science ne peut encore rpondre d'une manirepositive, faute de donnes ; cependant on a mis sur le ber-ceau des Indo-Europens quelques hypothses plus ou moinsingnieuses. On l'a cherch dans l'Inde, sur les hauteurs du

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    16/148

    Il P- " Pamir, au centre de la Germanie, dans la Russie mridio-

    nale: toutes ces hypothses ne s'appuient que sur d'ing-nieuses conjectures, et par consquent elles ne persuaderontque leurs propres auteurs; elles ne reposent nullemeit surdes bases scientifiques, mais ont t imagines, en partie,peut-tre l'insu de leurs auteurs eux-mmes, sous l'in-fluence d'impressions subjectives.On sait que les plus anciennes traditions relatives augenre humain, aussi bien que les conceptions smitiques d'unge d'or, se sont localises en Asie ; c'est de l aussi qu'une poque historique partirent les migrations' qui vinrentcoloniser l'Europe. A ces faits s'ajoutrent, tout rcemment,la dcouverte du sanskrit, qui nous offre la grammaire laplus primitive, et la connaissance du clbre premier cha-pitre du Vendidad, dont le contenu est gographique . Toutcela fit trancher la question du berceau des Indo-Europensen faveur de l'Asie : c'est du pays dont les peuples poss-daient les plus anciens monuments de la littrature, c^est del, ou des contres voisines, dans lesquelles les premierschants indo-europens sont encore aujourd'hui conservscomme des choses sacres, que devaient aussi provenir lesnations europennes. De la sorte, on tira les Ariens soit duplateau de l'Asie centrale, soit mme de l'Inde (Curzon).Les adversaires de l'origine asiatique des nations europen-nes tayaient leurs hypothses sur des faits d'une autre na-ture. Ni la flore, ni la faune de l'Asie, disaient-ils, ne pr-sentant de dnominations communes dans les langues del'Europe, et les mots qui dsignent les diffrents tres del'un et l'autre rgne tant de cration postrieure, ou n'of-frant point de rapports tymologiques dans les diverses lan-gues, on ne pouVa.it en faire le commun hritage de tous lesIndo-Europens, transmis avant la sparation. Quant pla-^cer dans l'Inde le berceau des Indo-Europens, il n'y fallaitpas mme songer, depuis qu'il tait reconnu que, bien que lessouvenirs des Hindous eux-mmes ne remontassent point une antiquit trs -recule > nanmoins on trouvait dans

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    17/148

    mquelques lgendes certaines rminiscences des immigrationssuccessives des Ariens dans l'Inde. D'un autre ct, l'exis-tence d'autochthones sur les hauteurs du Pamir semblait peu prs impossible, par suite 'de considrations physiques.Consquemment, il tait beaucoup plus vraisemblable d'ad-mettre que les Ariens n'taient point venus en Europe,mais qu'au contraire c'est en Europe qu'il fallait chercherleur sjour primitif, et notamment, au centre de la Germa- p. m.nie (Geiger), ou dans la Russie mridionale (Latham).

    S'il faut reconnatre l'incertitude des conjectures misessur le lieu qui fut le point de dpart des Indo-Europens, oils auraient vcu d'une vie commune, ce dont nous re-trouvons des traces dans leur langage^ dans leurs concep-tions cosmogoniques, dans les rudiments d'organisation do-mestique, et dans leur civilisation, un autre ordre defaits, dduits, eux aussi, de la comparaison des langues,rpand une certaine lumire sur la question de savoir dansquelle succession chaque branche s'est spare du troncprincipal, et aussi de savoir quels sont ceux d'entre lesAriens qui ont le plus longtemps vcu ensemble. Il n'estpoint douteux, par exemple, que les Ariens de l'Asie, nousvoulons dire les Iraniens et les Hindous, vcurent longtempsencore d'une vie commune, aprs que la majeure partie desrameaux europens se furent loigns d'eux. Non-seulementnous pouvons nous en convaincre en tudiant le vocabulaireet la grammaire de l'ancien bactrien et du sanskrit, mais,outre cela, dans la mythologie, la religion, les lgendespopulaires des Iraniens et des Hindous, nous dcouvronscertains cts qui ne se retrouvent point dans la mythologie,la religion et les lgendes des autres nations congnres.Et c'est pourquoi nous devons reconnatre dans les destinesdes Iraniens et des Hindous une priode de vie en communqui a probablement dur plus longtemps que pour les autresnations. A la suite d'vnements que nous ignorons, lesIraniens et les Hindous se sparrent et s'tablirent dansdes pays distincts * La constatation de mots, tymologique-

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    18/148

    IV

    p. IT.

    ment identiques, ayant pris des acceptions diamtralementopposes (par exemple deva, dieu, daeva, adversaire desdieux), ne donne cependant point encore le droit de supposerque ce furent des questions religieuses qui suscitrent desquerelles entre ces deux peuples de mme race et en amen-rent la sparation (1), car, ct de mots analogues ceuxque nous venons de citer, il en existe un bien plus grandnombre qui se correspondent absolument dans la religion desanciens Perses et dans la production la plus antique desHindous, les Vdas. Une quantit de mots identiques serapportant au culte, ou de noms de hros regards commesacrs aussi bien dans les hymnes vdiques que dans lesfragments parvenus jusqu' nous des critures saintes desanciens Bactriens, nous portent croire qu' l'poque loin-taine de l'unit prhistorique des deux races ariennes. Ira-niens et Hindous, la conscience religieuse s'agrandit, et queles conceptions mythologiques de l'univers furent systmati-ses jusqu' un certain point. Ceux qui connaissent lamythologie iranienne et la mythologie vdique ne taxerontpoint notre assertion d'exagre. Mais ici, il me parait indis-pensable d'appeler encore l'attention sur un point de contactde ces deux mythologies, auquel personne, ma connais-sance, ne s'tait jusqu' prsent arrt.

    C'est ajuste titre que l'on considre comme le trait leplus caractristique de l'ancienne religion iranienne le dua-lisme, qui est fond sur les mythes, communs tous lesAriens, du combat de la lumire contre les tnbres. Desrudiments de dualisme se rencontrent aussi dans l'anciennelittrature des Hindous. A la vrit, dans l'Inde, cette con-ception religieuse n'a point t labore au mme degr quedans l'Avesta; mais quelques dtails amnent penserqu'elle est trs-antique. On sait que dans l'Avesta {Vendi-dad, XXII, 5), le principe du mal, ou Angromainyii (2), reoit

    (1) Spiegel, Eranische Alterthumskunde, \, 453,(2) Spiegel, Commmtar, I, 47.

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    19/148

    rpithte de mairyo, mortel, serpent ; ce mot est driv dela racine mar, mourir, par le suffixe ija; en pehlevi et enprsi le mme mot a la forme mr et ne signifie que serpent ;mr-dsch, c'est--dire ayant des serpents sur les paules,est l'une des frquentes pithtes de Zohk (1); de lamme racine inar, mourir, provient aussi le mot sanskritMra, nom d'un dmon qui joue un rle principalement dansle Buddliisme primitif, et que mentionnent frquemment leslgendes relatives la vie de kjamuni, et en particuliercelles qu'on a reconnues comme les plus anciennes. De mmeque Zaratushtra lutte contre Angromainyu et remporte surlui la victoire {Vendidad, XIX), de mme kyamuni com-bat contre Mra et dtruit sa force (2). Mra, dieu de lamort, Maccurja, est en mme temps assimil Kmadeva,ou dieu de l'amour, et c'est avec le mme double caractrequ'il apparat aussi bien dans le Dhammapada (3) que dansles biographies du Buddha : Quiconque, au monde, nommeKmadeva, aux armes varies, aux flches de fleurs, nomme p- v.le souverain du domaine des passions, l'adversaire de la d-livrance, Mra :ye kmadevam pravadanti loke citryudham pushpaaram tathaiva |kmvacrdhipatim (4) tam evamokshadvishammramudharanti ||

    L'inimiti du Buddha et de Mra est irrconciliable ; c'estl'inimiti de deux principes contraires s'excluant l'un l'autre : Commencez, sortez (de la maison), appliquez-vous la loi duBuddha; renversez l'arme de la mort (5). A peine leBuddha a-t-il quitt la maison paternelle pour accomplir samission, la dlivrance du genre humain, Mra com-mence trembler : Si ce (Buddha), aprs m'avoir vaincu.

    (1) Spiegel, Eranische Alterth., I, 532.(2) Voyez, par exemple, le xxi adh. du Lalitavistara.(3 P. 7, 8, 34, 37. 40, 46, 57, 170, 173.(4) Buddhacarita (Ms. de la Bibl. nat, de Paris, Sarga xiii, folio 59 verso).Le Ms. lit : kmapracrdhipatiw.(5) Lotus de la bonne loi, p. 529.

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    20/148

    p. YI.

    VIva annoncer au monde sa dlivrance, mon royaume (celui deMra) deviendra dsert

    yadi hy asau mm abhibhya yti lokya ckhyty apavarga-moksham | nyas tato'yam vishayo mamdya (1).Aprs cela, commence leur combat. Mra a recours aux

    tentations ; il se prsente au Buddha sous forme d'un ser-pent : Le criminel Mra, voulant pouvanter le Seigneur,l'arrter, lui faire dresser d'tonnement les cheveux sur latte, prit la forme d'un grand serpent et se prsenta devantlui (atha kho mro ppim bhagavato bhayam khambhitattam lo-mahamsam uppdetukmo mahantam sapparjavan?am abhinimmi-itv yena bhagav ten' upasamkami) (2), puis, comme roi dumonde, il lui propose la souverainet de l'univers : N'aban-donne pas, mortel ! la maison paternelle ; dans sept joursle char de perles (symbole du pouvoir) arrivera chez toi, ettu rgneras sur les quatre grands Dvpas ainsi que sur leursdeux mille districts ; retourne sur tes pas, mortel !

    mrisa ma nikkhami ito te sattame divase cakkaratanam ptubha-vissati dvisahassaparittadpaparivrnarw catunnam mahdpnawrajjajw kressasi nivatta mris 'ti ha (3).Mra, repouss, ne renonce point ses tentations; il

    poursuit le Buddha, tandis que celui-ci jene : Tu esmaigre et ple ; la mort se tient auprs de toi ; en toi il y amille parties de mort et une seule partie de vie ; pour lesvivants rien n'est prfrable la vie ; vivant, tu feras debonnes uvres, tu deviendras chaste, tu feras brler dessacrifices, et par tout cela tu accumuleras beaucoup debien.

    kso tvaw asi dubbannosantike maranawi tava ||sahassabhgo maranassa

    (1) Buddhacarita, hid.(2) Sannuttanikya (Ms. India Office library, folio gam).(3) Nidnakath, dans la Jtakiihakath (Ms. du Muse asiatique deSaint-Ptersb,).

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    21/148

    VII ckawso lava jvitam |jivite jvitam seyyojvam pimfuini khasi ||carato ca te brahmacariyamaggihuttam ca juhatopahtam cyate punnam (1).

    Lorsque Mura voit que ses tentations sont inutiles, il usede violence ; mais il a encore le dessous dans ce combat. Je suis dlivr de tout lien, dit le Buddha, je me suisdlivr "des liens clestes, des liens humains, et des liens deMra; tu es vaincu, Antaka! (littralement, qui met fin ,pithte du dieu de la mort). mutto 'liam sabbapsehiye dibb ye ca manussmrabandhanamutto 'mhinihato tvam asi antak'ti

    mukto 'ham sarvapehiye divy ye ca mnushevam jnhi ppmamnihato tvam asi" antako (2).

    Alors les rayons qui s'chappent du Buddha, souveraindu monde, teignent le feu des huit enfers:

    sanjve klastre ca tpane ca pratpane | pranto raurave agnir p. nlokanthasya ramibhi/i || avcyam atha samghte pratyekanirayeshuca I pranto sarvao agnir lokanthasya ramibhi/i 1|La lgende postrieure a profit de ce dernier instant; et,

    substituant d'autres noms, en particulier dans le Karanda-vyicha (Ms. du Muse britannique. Oriental. 7, folio 7 etsuiv.), raconte la descente aux enfers du Bodhisattva Avalo-kitevara (c'est--dire le souverain qui voit tout). Commele souverain de l'univers entre dans un jardin, par desjoyaux clestes, aussi facilement pntre dans l'enfer Ava-lokitevara (yath kulaputra rj.l cakravart divyaratnamaye udynepraviati); son corps n'en reoit aucune atteinte (na catasya kye 'nyathbhrivaw bhavati); peine s'est-il approchseulement du grand enfer Avci, l'enfer se refroidit et lesgens du dieu Yama sont tout consterns :

    (1) Padhnasiitta {Ms. delaSocit asiatique de Londres en caract. birman).(2) Mahvagga et Mahvasiu (Mss, do la Bibl. nat. de Paris).

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    22/148

    VIII yadvcau mahnarake sampam iipasamkrmali |tadvcir malinaraka/i tabhvam upagacclmli |tad te yamapurush/i samvegam padyanlc ]

    Ils courent annoncer leur souverain l'arrive de celuidont le corps est par des ornements clestes, et sur la tteduquel est une couronne de tresses de cheveux (folio 8 : jaf-mukufedharo divylamkrabhshitaarra/i). Aussitt que le souve-rain qui voit tout a fait son entre, les lotus s'panouissent,larges comme une roue de char, et l'enfer lui-mme, quiressemble un vase, se fle (tad akatacakrapramMni padmniprdurbhtni sa ca kumbh visphufit ). Les traits que nousvenons de citer sont naturellement, pour la plupart, l'uvred'une poque moderne ; mais l'ide fondamentale de la cra-tion, la lutte du bon et du mauvais principe et le nom mmedu mauvais principe, Mra=mairya, remontent videmment une poque antrieure la sparation des Iraniens et desHindous. C'est pourquoi j'ai cru devoir m'arrter sur ce pointde la cosmogonie buddhique.

    Cependant, ni dans l'Inde, ni chez les Iraniens, la mmoiredu peuple n'a conserv de notions claires touchant la priodede leur vie en commun. Les Hindous, on le sait, se croyaientautoclithones dans l'Inde ; mais il est certainement permis de

    p. vin. reconnatre un souvenir confus d'une origine extra-indiennedans cette opinion des Hindous qui fait de l'extrme nordune contre sacre. C'est l qu'ils plaaient la demeure debeaucoup de divinits et le sjour de la flicit; ils croyaientque les bons habitaient VUttarakurii {Ottorokorra de Ptol-me), contre situe au nord de l'Himalaya (peut-tre l'orient de Kaschgar ) ; dans les anciens monuments de lalittrature indienne, les annes se comptent encore parhivers {Rigv. V, I, 64, 14 ; VI, 4, 8) ; l'Arien demandait auxdieux cent hivers de vie. On pourrait galement rapporter une semblable notion obscure d'un berceau lointain lareprsentation buddhique de la rivire Sd : Au nord il y aune rivire profonde, difficile traverser, sur les bords delaquelle brillent des montagnes d'or semblables par leur cou-

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    23/148

    IX leur un feu de roseaux. Sur les flancs de ces montagnescrot le tagara ( Tabernmontana coronaria) ; il y a aussi ld'autres montagnes dont les flancs sont couverts de forts.Dans l'antiquit dix mille prtres y vivaient (1) :

    17. Uttarena nadi sd gambhr duratikkam |NaZaggivann jotanf sadc kacanapabbat ||

    18. Par/hakacch tagar r/hakaccli vaii nagA |tatrsum dasasahass poran sayo pure ||

    Le commentateur explique le nom de cette rivire par laracine sad -\- ava, s'enfoncer, et ajoute que l'eau en tait sisubtile qu'un il de plume de paon ne pouvait s'y soutenir,mais s'y enfonait :

    sa hi atisukhumodak sukhumatt udakassa antamasomorapifijam hi tattha patitam na san^hti osditv talam cva gacchatiteii' eva ss sd 'ti nmam ahosi

    Cette tymologie et cette glose rappellent ce que dit Cte-sias du fleuve Sid (2), sur lequel rien ne surnageait. Peut-tre doit-on voir dans la Sida le Yaxarte, le Silis des an-ciens (3). Le monument le plus ancien de la littratureindienne, le Rigvda, mentionne principalement les contresdu nord-ouest de l'Inde. Les chantres clbrent le plus sou-vent le Sindliu (Indus) et les rivires qui s'y jettent. C'estdans le Kaboulistan oriental et dans le Pendjab, jusqu' laSarasvat, que furent composs les hymnes ; de l les Ariensse rpandirent peu peu dans l'est et au sud de la chane duVindhya (4).

    (1) Jt. XXI, 1, 4 (17, 18).(2) Pline, xxxi, 2. Ctesias tradit Siden vocari stagnum in Indis, in quonihil innatet, omnia mergantur. {'A) Ukert, Geof/raphie der Griechen und Bmer, lu, 2, 238. Les Scythes ap-pelaient Silis le Yaxarte. Cf. Journ. of the-Roy. as. soc. of Great Brifain a7idTreland, nev/ ser., vol. VI, partie I, p. 120 : Sit (a name previously aj)-plied to tlie Yarkand river, or to one of its chief tributaries, the Sirikol

    river). (4) La curieuse question de l'extension primitive des Ariens dans l'Indeest examine en dtail par Muir, Original sanscrit tests, t. II, 2 d., 1871.

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    24/148

    p. IX. Le souvenir de ce mouvement des Ariens s'est perptunon-seulement dans les rcits brahmaniques, mais encoredans les crits buddhiques postrieurs et dans les lgendessur la gnalogie des rois kyas. On les fait venir de Pa-tala {UctrctXx de Ptolme), port situ l'endroit o l'Indusse divise en deux grands bras (1), et leur gnalogie estfrquemment retrace dans les livres buddhiques (2) ; ce-pendant toutes les rdactions font descendre la dynastiedes rois kyas de Mahsammata, et ne comptent point lemme nombre de personnages entre ce roi et la branche dela famille Okkka, qui rgna sur AmbaMia (3), et dont desdescendants se transportrent au nord de Sketa et construi-sirent la ville de Kapilavastu. Dans l'antiquit, pendant lepremier kalpa, il y avait un roi Mahsammata qui vcut unnombre incalculable d'annes. Il engendra Rojo, qui engen-dra Vararojo, qui engendra Kalyno, qui engendra Varaka-lyno, qui engendra Uposatha, qui engendra Mandht, quiengendra Varamandht. Puis Varamandht jengendraCaro, et celui-ci, Upacaro, ou Apacaro, qui rgnait sur lacontre de Cetiya (4), dans la ville de Sotthivat. C'est ainsique la gnalogie est donne dans le Jtaka VIII, 1,6: attepaihamakapp mahsammato nma rj asamkheyyyuko ahosi.

    tassa putto rojo mmarojassa vararojo nmatassa kalyno nmakalynassa varakalyno nma

    (1) Lassen, Ind. Alterth., 1,125, 637; II, 181; Journ. of the Soc. ofBengal,aot 1833.(2) Cf. Weber, Indische Streifen, I, 233, o sont cites toutes les sourcesconnues relatives cette question; Lassen, loc. cit. t. II, Beilage ii. Cettegnalogie revient dans le Mahdvastu ot dans iesJtakas III, d,8,et VIII, 1, 6.(3) Weber, Ind. Studien, V, 426, fait h, ce sujet la remarque suivante : DerName Amba^^harjan... lihrt auf die (damais vielleicht noch nrdlicher sit-zenden) 'Aupa-iat an der Tapti jenseits des Vindhya (oder ob zu den Abasta-

    iiern am Indus? Cf. Lassen, Indien, 2, 173; Vishnu p. (d. Hall), II, 135: Ambasbtba is tbe name of'a military people and its country situated in themiddie of tlie Penjab (probably the 'A-^^T-con of Ptolemy).

    (4) Cetiya ou Cetara/dia, au nord du SiviraWia {JtakaXXl, 1, 10). Sivit=2ipi, Cf. Lassen, loc. cit., 1, 192.

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    25/148

    xr varakalynassa uposatho nmauposatliassa mandht nmamandhtussa varamandht nmatassa putto caro nma

    carassa putto upacaro nma ahosi. apacaro 't 'pi tass 'eva nmaoiso cctiyaraWhe sotthivatinagare rajjam kresi.

    On raconte de trs-curieuses lgendes sur cet Apacaro(Upacaro), qui rgna la dixime gnration aprs Mah-sammata. Il fut le premier des mortels qui mentit (le Yimade l'pope iranienne), ce pourquoi il tomba en enfer. Uncertain Kapila tait le grand-prtre (;}MroA/to) du pre duroi Apacaro, et son frre cadet, nomm Korakalamba, avaitservi de compagnon d'enfance Apacaro lui-mme. Apacarolui promit qu'aussitt qu'il monterait sur le trne il lui con-frerait le titre de purohita; mais lorsque fut venule momentde remplir sa promesse, c'est--dire lorsque Kapila se dmitde ses fonctions et se fit ermite, le titre de purohita, ougrand-pr.tre, fut transmis par ordre du roi au fils an deKapila. Puis, sur les instances de Korakalamba, Apacaroconsentit retirer ce titre au fils de Kapila, et pour j par-venir, il employa le moyen suivant : il mentit (le mensongeapparut pour la premire fois alors sur la terre), et soutintque Kapila tait le cadet de Korakalamba, et celui-ci l'an ;que, par consquent, c'tait ce dernier qu'appartenait letitre de purohita, ou grand-prtre. Dmenti par Kapila enpersonne, le roi tom-ba en enfer. La seconde partie de cettelgende raconte la destine des cinq fils de ce roi : Les cinqfils du roi vinrent trouver Kapila et lui dirent: Sois notrerefuge. Chers enfants, rpondit le brahmane, votre pre a dtruit la loi : il a menti ; il a offens un sage et est tombdans l'enfer Avci. La loi est dtruite, hlas! vous ne pouvez plus vivre ici. Puis se tournant vers l'an : Cher enfant, dit-il, va, sors par la porte de l'orient, marche tout droit, tu verras un prcieux lphant entirement blanc se tenanttoujours fermement debout; l'endroit que tu reconnatras par cette marque , construis une ville : ce sera Hatthi-

    P, X.

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    26/148

    XII P- *' pura (1). Ensuite s'adressant au second fils, il lui dit :

    Cher enfant, sors par la porte du sud, marche tout droit, tu verras un prcieux cheval entirement blanc, et l'endroit que te fera reconnatre cette marque, tu construiras une ville ; tu y habiteras, et ce sera Assapura. Aprs cela,s'adressant au troisime fils, il lui dit : Cher enfant, sorspar la porte de l'ouest, marche tout droit, tu trouveras un lion avec sa crinire, et l'endroit que t'indiquera cettemarque, tu construiras une ville et tu l'habiteras : ce sera Shapura. Se tournant vers le quatrime fils, il lui dit : Cher enfant, sors par la porte du nord, marche tout droit, tu trouveras une cage roulante, orne de pierres prcieuses ; l'endroit ainsi marqu, construis une ville: ce sera Utta- rapaficla (2), Enfin, s'adressant au cinquime fils, il dit: Cher enfant, tu ne peux vivre ici ; lve dans la ville un grand stpa ; sors, dirige-toi vers le nord-ouest et marche tout droit; tu verras deux montagnes qui s'entre-choquent en produisant le son daddara; l'endroit ainsi rparqu, tu construiras une ville et tu y rsideras : ce sera la ville de Daddapura (3). Ces cinq personnages partirent, et se conformant ces prescriptions, construisirent des villes aux endroits indiqus et y vcurent.

    ranno pafica putt gantv amhkam avassayo hohti vadimsubrhmano tla tumhkampit dhammam nAselv musvdam katvisim akkositv avcipaiipanno dliammo nm' esa hato hanti tumliohina sakk idlia vasitun'ti vatv sabbajef^ham ebi tvam tla pcna-dvre?2a nikkhamitv njukam gacchanfo sabbasetam satatappatKthita?halthiratanam passissasi lya safinya tattha nagaram mpetv halthi-pui-amnma bhavissatti ha, dutiyammantetv tvam ttadakkhi-nadvrena nikkhamitv ujukam eva (gaccha) gacchanto sabbasetam

    (1) Peut-tre Hastinapura, i 60 milles au nord-est de Delhi. Sur la fonda-tion de cette ville, voyez Lassen, I, 741; elle est attribue par les brahmanes un roi Hastin ou Bhurata.(2) Sur cette ville, il est dit, Jt. XIV, 1, 13, qu'elle se trouvait dans le paysde Kampiila, qui peut-tro est identique avec Khavila. Cf. Wilson, Vislmu-purna (d. Hall), II, 134; Cunningham, Ancient Geography of tndin, I, 360.(3) Cette ville rappelle Darada, sur l'Indus suprieur; voyez Lassen, I,498; III, 139; Vishmipurna, II, 18 j.

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    27/148

    XIII assaratanam passissasi tya safiya tattha nagaram rnpelv vasa tinnagaram assapuram nma bhavissatti ha. tatiyam manlelv Ivam P- *"lta pacchimadvrcna nikkhamitv ujukam gacclia gacchanto kcsara-sham passissasi tya safiMya tattha nagaram mpctv vasa tam naga-raw shapuraw nma bhavissatti ha. catuttham mantetv tvamtta uttaradvrena nikkhamitv ujukam yeva gacchanto sabbaratana-mayam cakkapafijaram passissasi tya sanya tattha nagaram mpetvvasa tam nagaram uttarapaclan nma bhavissalti ha. pancamajnmantetv tta tay imasmim ihne vasitum na sakk imasmim na-gare mahthpam katv nikkliamitv pacchima-uttarya disya uju-ka?n gaccha gacchanto dve pabbatc annamaunam paharitv daddar'tiSaddam karont passissasi tya sannya tattha nagaram mpetv vasatam nagaram daddapuram nma bhavissatti ha. te pafica jan tyasannya gantv tasmim thne nagarni mpetv vasin su.

    Ce qu'il y a d'important pour nous dans cette lgende,c'est moins ses rapports avec l'pope iranienne et leurs traitscommuns, que les curieuses indications gographiques quiterminent la seconde moiti du rcit. Elles montrent claire-ment qu'une partie de la famille des rois kyas occupait lescontres situes au nord-est du Pendjab, savoir: Hasti-pura etKampilla. Le successeur d'Upacaro, le roi Mahdeva,rgnait sur la ville de Mithila, dans le Videha, c'est--diredans la partie septentrionale du Behar, qui porte aujour-d'hui les noms de Puranya et de Tirhut ; cette contre estspare du Koala par la rivire Gandak, et de l'Assamoccidental par la rivire Karatoy. Ensuite la lgende passedirectement Sujta, qui rgna Sketa (1). Ce roi avait eucinq fils de la mme femme et un sixime, Je^a (ou Jesh^a),d'une autre femme; l'instigation de sa seconde femme, ilchoisit ce dernier pour successeur et chasse ses autres filsavec leurs surs. Ceux-ci partent vers le nord {Mahvastu :evam te kumr .... sketto mahnagarato nirytv uttarmukhamprayt Kkoaleshu rjfi pragrht/t ) et tout d'abord sontaccueillis par le roi du Kckoala ; mais ensuite, ce mme

    (1) Sur cette ville, Cf. Cunningham, I, 40o. Les dtails qui suivent ici sonttirs du Mahvastu ; Cf. Ind. Studien, V, 415, o toute la lgende est ra-conte.

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    28/148

    XIV roi, redoutant leur popularit, les loigne vers l'Himalaya,

    p. XIII. o les princes pousent leurs surs (1) et construisent laville de Kapilavastu (2).

    Bien que ces lgendes nous aient t transmises par destraditions postrieures, et consquemment se soient enrichiesde dtails nouveaux, le thme en est trs-ancien, et ici,comme dans les rcits brahmaniques {atapathabrhmana)nous avons une description du mouvement offensif desAriens d'abord l'est, puis au nord. Peut-tre cette des-cription contient-elle des restes de l'pope des Ariens, maisnon de ceux parmi lesquels se formrent les castes, lesVdas, le culte brahmanique et tout le systme de la viebrahmanique. Dj lorsqu'ils arrivrent sur les deux rivesde rindus et, plus tard, lorsqu'ils s'avancrent l'est et ausud, les Ariens rencontrrent Ses peuplades ennemies ; ilsles dsignent dans leurs chants sous diffrents noms : das'iju,asura, et quelquefois mme leur appliquent le terme iArya,ou Ariens (3).

    Ordinairement les commentateurs interprtent le motdasyu comme tant le nom de dmons hostiles (4); maisquelques traits dans la description de leur extrieur etaussi la signification qu'attribuent ce mot les Brhmawasfont supposer que dasyu commena par dsigner des hommes,et en particulier les tribus ennemies, non ariennes, puisles tribus ariennes par l'origine et par la langue, mais sedistinguant de celles des chantres, surtout par les opinionsreligieuses. Les ouvrages postrieurs (5) reconnaissent lesdasijus comme les descendants de Vivmitra, l'un des plus

    (l). Sur les mariages entre proches parents chez les Perses, voyez Kern^cit par Muir, loc. cit. II, 457, 459. Dans le Jtaka XX, 1, 4, on trouve lercit de la dispute des Skiya et des Koliya; les Kolya adressent les reprochessuivants aux Skiya : tumlie kapilavatthuke gahetv gacchatha ye sonasigldayo viyaattano bhaginhi saddhini vasimsu.(2) Weber, Ind. Studien, I, 172; Vislmupur., II, 157, 173 : kkoala,the country between Benares and Oude; Cunningham, 520 : the moderneBerar or Gondwana. (3) Cf. Mnir, loc. cit. 3G1, citation du Riqv.(4) Ibid., 364.(5) Aitareya Br., VII, 18;

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    29/148

    XV clbres chantres des Vdas. Les lois de Manu (1) partagentles dasyus en deux classes : ceux quiparlent un langage bar-bare {mlecchavacdh) , et ceux qui parlent arien {ryavaca\\).On signale de ces tribus au nord-ouest de l'Inde, dans le ^- ^'^Gandhra, le Cainboja, etc., et aussi l'est, dans le Maga-dha(le Behar actuel). Aux yeux des brahmanes orthodoxes,ils taient exclus (vd/iishkrth), hors la loi [d/iarma-vhi/h.) (2). On les appelait encore vrtys, et il y avaittout un crmonial particulier {vrtyastoma) (3) pour ceuxd'entre eux qui auraient eu le dsir d'entrer dans la socitbrahmanique. Dans l'exposition de ce crmonial, parmiquelques renseignements sur l'aspect et les murs de cestribus, on trouve celui-ci, que les tribus places hors la loiparlent une langue elles, diffrente de celle qui s'taitforme dans le milieu brahmanique. Les vrtys regardaientcomme difficile pour eux une langue facile (4). On raconte surles asurs (comme le mot dasyu, le mot asura signifiait pri-mitivement : homme hostile, puis il fut appliqu aux dmonshostiles), on raconte, dis-je, qu'ils employaient irrgulire-ment le mot alavah,'B.\x lieu de arayh (ennemis) (5). Quele brahmane ne parle point indistinctement ; un tel langageest celui des asurs (6).

    Il n'est point douteux que la langue des Vdas fut un jourle langage populaire ; mais, dj en ces temps reculs, ilexistait dans cette langue des nuances dialectales. Nousn'avons, dans les documents dont nous disposons, que trs-peu de donnes qui nous permettent de nous former une idebien claire de ce en quoi consistaient au juste ces nuances.Dans l'Inde, le texte des Vdas eut ses destines particu-lires ; considr de bonne heure comme sacr, et devenu un

    (1) Muir, loc.dt. 482.(2) Ibid.(3) Cf. Tnnijn Br., adh. XVII, et le crmonial dit ycna, LtyyanaS.,VIII; voyez aussi Wber, Indische Litcraturnesch., 65, 75.(4) Tu(biaBr.,XW{\, 1, 9.5) t. Br., III, 2,1; 23,24.(6) Ibid. Cr. Muir, loc. cit. 396;

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    30/148

    p. XV.

    XVI objet d^'tude, il fut soumis une rdaction spciale, et ra-men une plus grande uniformit, ce dont le rsultatnaturel fut l'extinction des nuances dialectales. Sous l'in-fluence de l'tude de ce texte, sous l'influence du culte, dansle milieu clotr d'hommes avant tout gardiens de la reli-gion, peut-tre aussi par suite de l'migration d'une tribuBharata chez des tribus trangres (1), cette langue, quiavait t un jour celle des chants nationaux, donna naissance l'idiome sanskrit, idiome artificiel comme toute langueappartenant un milieu dtermin, et isol, non complte-ment toutefois, de l'influence du langage des autres classesde la socit, circonstances qui pourtant n'excluent point ledveloppement de la langue, dont on peut, consquemment,faire l'histoire. Le sanskrit, issu du langage arien primitifde l'Inde, a donc aussi son histoire ; sa vie idale s'est long-temps prolonge, et en ce sens on peut dire qu'il vit encoreaujourd'hui.

    Les Ariens, lorsqu'ils furent arrivs dans l'Inde, n'entr-rent point tous dans la socit brahmanique, mais ct decette socit, dont on peut considrer comme l'expression lescastes, le sanskrit, toute la littrature brahmanique et lessystmes philosophiques des diffrentes coles, qui pourtantreconnaissent dans son entier l'organisation de cette socit,il se constitua des tribus, galement ariennes, que les brah-manes eux-mmes envisageaient comme places hors laloi , et qui possdaient aussi bien leurs dialectes que leurstraditions propres. On doit supposer que c'est dans ce mi-lieu que se produisit le Buddhisme, qui introduisit dansla socit de nouveaux problmes et dveloppa dans beaucoupde manifestations de la vie spirituelle 'de nouvelles formes,dont on chercherait vainement le prototype dans les monu-ments brahmaniques : de mme que le sanskrit est regardcomme le fruit de la culture brahmanique, de mme il con-

    (l) Telle est l'opinion de Benfey. Geschichte der Spmcfavissenschaft, 53 et8uiv.

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    31/148

    XVII "-vient de voir dans le pli un produit de la socit buddhique.

    Outre le peu d'indications que nous avons sur le langagedes asurs et les renseignements non moins courts et obscurssur des tribus de vrtys, nous possdons encore le tmoi-gnage de Yska (II, 2) (1), relativement l'existence anciennede diffrents dialectes. L'numration des fautes qu'il fallaitviter en lisant les Vdas (2) offre encore un plus vif intrt.Nombre de ces prtendues fautes, par exemple l'omissiond'une consonne ou d'une semi-voyelle lorsqu'elles se trou-vent places l'une devant l'autre, l'intercalation de voyellesou de consonnes , la non-observance des longues et desbrves, ne sont rien autre que des particularits bien con-nues des dialectes prkrits et du pli. Le premier monumentde cette seconde branche du langage arien (le prkrit) n'ap-parat cependant qu'assez tard et remonte une poquepostrieure l'tablissement du Buddhisme : ce sont lesinscriptions du roi Phjadasi ou Aoka le Grand. Ces inscrip-tions sont graves en partie sur des rochers, en partie surdes colonnes; en outre^ il y en a une qui est grave sur unepierre, dcouverte non loin de Bhabra (3). Les inscriptionssur rocher se trouvent dans trois endroits : 1 l'ouest, dansle Guzerate, sur la montagne de Girnar {Gmnagara);2 dans le village de Dhauli, province d'Orissa; 3 dans levillage de Kapur di Giri, au nord du fleuve du Kaboul, l'endroit o il reoit la Klapni. Les inscriptions sur co-lonnes se trouvent : 1 Delhi ; 2 Allhbd ; 3 Mat-tiah, sur les frontires du Npal ; 4 Rdhia, non loin del. Comme cela ressort des propres paroles de Piyadasi, il y

    (1) Sur le dialecte des Camboja, voy. Weber, Indische Streifen, t. II,p. 492. Oa trouve dans le Jtaka XXI, 1, 6, de curieux renseignements surce peuple : kt patang tiragil ca bhek hatv kimim sujjhati makkhik ca | ete hidhamm anariyarp kambojakna! vitath bahuiman 'ti || . Comm.: ete ktdajo panehantv macco sujjhattl etesaw'pikamboia nafAavsnam babunnam anarijnam dhamm tepana vitath adtamm 'va dhamm *ti vutt... Cf. Duncker, Gesc/i. der Arier, p. 536.

    (2) Rigveda Prliskhija (Max Mller), p. CGLXXV.(3) Voyez l'article de Burt dans le Journ. of the as. Soc. of Bengal, t. IX,

    p. H16. I found it on a hard grey granit block, irregiilarly sliaped, and niea-suring about two feet in tvvo of its dimensions and a foot ond lialf in tbethird; the weight of it is therefore inconsidcrable.

    P. XVI.

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    32/148

    xvin

    p. xvn.

    avait d'abord un bien plus grand nombre de ces colonnesde la loi ou colonnes de la moralit , ainsi que lesnomment les inscriptions. Le contenu de toutes ces inscrip-tions est identique : ce sont des instructions au peuple jointes la profession de foi du roi. L'inscription de Bhabra diffredes autres inscriptions plus longues, et par le contenu et parcertains dtails. Piyadasi ne s'y dcerne point le titre pom-peux de chri des dieux , et au commencement, s'adres-sant la communaut spirituelle du Magadha, il emploieune tournure analogue celle que nous a conserve le canonbuddhique : 1 . Le roi Piyadasi complimente la communautdu Magadha et (lui) souhaite (littralement, lui dit) peu desouffrances et une vie agrable (ha ca apbdhatam ca phsu-rihlatam ca). Dans le Petavattuh, IV, I, 44, un autre roi s'ex-prime de la mme manire :

    appabdham phsuvilirafi ca pucchivesaliyo licchavi ahawj bliaddante |

    Moi, Licchavi de Visala, je dis : puisses-tu tre heu-reux; et je te demande si tu as peu de souffrances et si lavie t'est lgre. Puis vient, dans l'inscription, un discourstel qu'en peut tenir un vritable buddhiste : 2. Bien-aims, dit le roi, on connat mon respect et mes bonnesdispositions pour le Buddha, pour la loi et le Samgha (lacommunaut religieuse.) 3. Tout ce qu'a dit Notre Seigneurle Buddha, bien-aims! est bien dit... Mais, mme dansles dits o le Buddha, le Samgha et l'enseignement buddhi-que ne sont pas expressment dsigns, les convictions duroi ne vont nullement l'encontre des dogmes fondamentauxdu Buddhisme : on y prche lamme compassion pour tout trevivant, la mme tolrance pour les autres religions, la mmegnrosit que recommandent les crits buddhiques. Le butdu roi est d'instruire et d'affermir son peuple dans ces ides,et pour cela, il se dsigne lui-mme, et montre comment ils'est lev ce genre de croyances. Il indique son peuple

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    33/148

    XIX le chemin qui conduit vers le bonheur, en ce monde et dansl'autre (au del du tombeau), et ce dernier trait lui-mme,ce souci du bonheur futur ne contredit point le dogme buddhi-que du nirvana, ct duquel on rencontre, dans les anciensmonuments, la reprsentation d'une autre vie, du bonheur,au ciel, et des tourments, dans l'enfer. Je me permettraid'insrer ici un fragment indit (Vimnavatthu) qui vientconfirmer ce que j'avance :

    1. Lorsqu'un homme, longtemps absent, revient de loin,sain et sauf, ses parents, ses amis et ses connaissances serjouissent de son arrive.

    2. De mme ses bonnes uvres accueillent l'homme ver-tueux arrivant du monde terrestre dans celui-ci, comme unparent chri qui revient de voyage (1).3. Lve-toi, Revat, grande pcheresse, toi qui, devant lesportes ouvertes de l'immortalit, n'as point donn d'aumnes!L o retentissent des gmissements, o les tres infernauxsont plongs dans les tourments, l nous te conduironsaussi.

    4. Ainsi parlrent les messagers de Yama, deux grandsYakShas aux yeux rouges; ils saisirent Revati aux deuxmains et se dirigrent vers les dieux.

    5. Ces messagers l'amenrent dans la demeure des dieux p- ^'"'et la firent arrter non loin du palais de Nandika; elle vitce palais brillant comme le disque du soleil.

    6. (Elle vit le palais) couleur de soleil, magnifique> bril- lant, lumineux, propre, recouvert d'un rseau d'or. A quiest ce palais rempli de monde? Il brille comme un rayon dusoleil.

    7. : Des troupes de femmes, ointes du suc du candana, etplaces de chaque ct, augmentent la beaut du palais; sonclat rivalise avec celui du soleil. Qui jouit du bonheur dansce palais, aprs avoir obtenu le ciel?

    (1) Cf. ces deux vers dans le DJiammpada, 219-220.

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    34/148

    p. .\1.\.

    Les messagers lui rpondirent :8. Il y avait Vrwasi un laque nomm Nandika, sans

    envie, charitable et sage. C'est l son palais, rempli de monde,et brillant comme un rayon du soleil.

    9. Des troupes de femmes, ointes du suc du candana, etplaces de chaque ct, augmentent la beaut du palais. Sonclat rivalise avec celui du soleil. Dans ce palais, aprs avoirobtenu le ciel, il gote le bonheur. 10. Je suis la femme de Nandika, sa servante; je vivraiau milieu des dlices dans le palais de mon poux, matresde tout bien ! Je ne veux pas voir l'enfer.

    11. Tu n'as point fait de bien dans le monde des vivants ;et voil l'enfer pour toi, grande pcheresse; le pcheur,l'envieux n'est point le compagnon des habitants du ciel. - 12. Quelles sont ces djections? Quelle impuret s'estproduite? Quelle puanteur s'exhale de ces excrments !

    13. C'est le profond enfer qui a nom Samsvaka, o leshommes brlent. Regarde, Revat! tu y rtiras cent milleans.

    14. Celui qui tombe dans ce profond enfer, o cuisentles hommes, a-t il pch en corps, en paroles ou en esprit?

    15. Tu as menti des Cramanas, des brahmanes et d'autres louangeurs; voil en quoi tu as pch.

    16. C'est pourquoi tu es tombe dans le profond enferSamsvaka, o bouillent les hommes. Regarde, l, tu rtiraspendant cent mille ans, Revati !

    17. On (y) coupe les mains et les pieds; on (y) coupe lesoreilles et les nez; des nues de chouettes et de corbeaux s'yabattent et dvorent la chair palpitante.

    18. Conduisez-moi bien vite hors d^'ici : je ferai beau-coup de bien; je distribuerai des aumnes et je pratiquerail'asctisme; je deviendrai modeste et humble; je ferai toutce qui assure le bonheur, et ce dont on n'a point se repen-tir plus tard.

    19. Autrefois tu tais ngligente, maintenant tu gmi-ras; tu goteras les fruits de tes propres actes.

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    35/148

    -- XXI 20. Qui donc, venu du monde des dieux au monde des

    humains, a rpondu ma question, de la sorte : Donnez auxinnocents, donnez-leur des vtements, une couche, de lanourriture et de la boisson; l'envieux, celui qui injurie, lepcheur ne sera point le compagnon des habitants du ciel?

    21. Mais si maintenant, sortant d'ici,'je renais parmi leshommes, je serai sage et de bonne conduite, et je ferai beau-coup de bien.

    22. Je distribuerai des dons, je pratiquerai l'asctisme,je deviendrai modeste et humble, je planterai des jardins, et,dans une pense de foi, je tracerai des chemins dans les pas-sages montagneux, je creuserai des puits et des rservoirs.

    23. Le quatorzime jour, le quinzime, jusqu'au huitimejour de la premire quinzaine du mois, la veille et le lende-main de ces jours, j'observerai, sans m'en carter, les huitcommandements.,

    24. J'observerai l'uposatha, je serai constamment mo-rale, je ne cesserai de donner des aumnes. J'ai vu parmoi-mme.

    25. C'est ainsi qu'elle parlait plaintivement et s'agitait entout sens, et ils la jetrent dans l'enfer effroyable, la tteen bas, les pieds en l'air. Elle dit :26. J'tais autrefois envieuse, j'injuriais les ramawaset les brahmanes, je mentais moii poux; voil pourquoi jevais dans l'horrible enfer (1).

    1 cirappavsim purisamdrato sotthim gatam |ntimitt sugajj caabhinandanti gatam ||

    2 , talh' eva katapunnam 'piasm lok paragatam | (2) p. xx.punnni pa

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    36/148

    P XXI.

    3. uf^hehi revato suppadhammeaprutadvre (1) adnaslc (2) |nessma taw yattha thananti (3) duggal ||samappit (4) nerayik dukkhena ||

    4. icc evam vatvna yamassa dlte dve yakkhjohitakkh brahani |paccekabhsu gahetv revatimpakkmayimsu devaganassa santikarw ||

    5 . evam tehi yakkhehi tvatimsabliavanamnetv nandikavimnassvidre hapit (."i) |tam sriyamandalasadisamativiyappabhassaram (6) disv ||

    6. diccavannam ruciram pabhassarambyamham (7) subham kancanajlachannajn |kass' etam kin/iajana/n vimnamsriyassa rasmir (8) iva jotamnam ||

    7. nrigan candanasralittubhato (9) vimnam upasobhayanti |tam dissati sriyasaranava/mamko modati saggapatto vimnc 'ti ||te yakkhe pucchite 'pi tassa

    8. brnasiyam nandiko nmsiupsako (10) amacchar dnapati vdanfiu jtass' etam (U) Akiwnajanam vimnamsriyassa rasmir (12) iva jotamnam ||

    9. nrigan candanasralittubhato vimnam upasobhayanti |tam dissati sriyasamnavamiamso modati saggapatto vimne ||'ti cikkhimsu.

    10. nandikassham bhriy agrinsabbakusalassa issar bhattu |

    (1) S. "tam oram.(2) S. "l.(3) B. thunatiti.(4) S. sampapita.(5) S. nandikassa vimnassa avidre yapit revati.(6) B. "yiisarawj.(7) S. vyao.(8) S. ra/;isir.(9 )S. ubhaso.(10) S. siko.(11) S. tam.(12) S. rawsir P. siinya".

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    37/148

    XXIII vimnc ramissmi 'da 'hamna paltliaye nirayam dassanya ||

    { 1 . cso te nirayo suppadhammcpunfiaw tay akala?n jvaloke | (1)na lii maccharidosako (2) ppadhammosaggupagnam labhati sahabyatam H

    12. kim nu gtlia ca mutla caasucrm paiidissati |duggandliam kim idam miZham (3)kim etam upavyati ||d . esa sawsvako nmanirayo gambliro (4) sataporisoyatlha passa sq^asahassni (5)tuvam paccasi revate ||

    i4. kim nu kyena vcyamanas dukka^am katam |kena sawsvako laddho '' '*'"'nirayo gambhro sataporiso

    ||i I) . samano brahmane cpi (0)

    annc cpi vanibbake (7)musvdena vaficesi (8)tam ppam pakatam tay ||

    IG. tena samsvako laddhonirayo gambhro sataporiso |lattha passa satasahassnituvam paccasi revate ||17. halthe 'pi chindanli atho 'pi pdc (9)kanne 'pi chindanti atho 'pi nsam |atho 'pi kkolaga?ia sameccasa/lgamma khdanti viphandamnan 'ti || (10)

    18. sdhu klio mam pa^incthakhmi kusalam bahum |(1) S. jitam 'va loke.(2) S. rosako P. cchariyo nsato.(3) S. mlhaOT B. mi/am. ni- ,f (4) B. gabbhro. P. Le mot manque; de mme plus bas, Cf. IG c.(5) yattha passa sahassni. S. sattavassasahassni.(1) S.' vanibbake, B. va?ppake, racine van. Cf. .lt. XXI, 1, 8 : mt hitava irandati YiShnvassa hadayam vaniati ta mre Irandati dsire le cur de Vi-dhura- Jt. XXI, 1,7 : yath tlinnan ca dassmi dnam sabbavansu 'han t(G.=sabbavanibbakesu) ; Jt. XXI^ 1, 10, vanibbake=ycaka (C).(8) S. vacesi.(9) S. pdam.(10) P. "bandha" B. vipphan.

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    38/148

    XXIV dncna samacariyyasaufiamena tlamena ca |yarn katv sukhit liontina ca pacchnutappare ||

    19. pure tuvaw pamajjitvidni paridevasi |sayamkalnarn kammnamvipkam anubhyasi || (i)

    20. ko devalokalo manussalokamgantvnapuidio me evam vadeyya | (2)

    P- XXI". nikkliittadaniesu dadtha dnamacchdanam sayanam atli' annapAnam ]na Jhi macchar rosako (3) pApadhanimosaggupagnam labhati saliabyatam ||

    21 sliam (4) nuna ito ganlvyonim laddhna mnussiwi |vadafifi slasampannklimi kusalam balium ||

    22. dnena samacariyyasamyamena damena ca |rmni ca ropissamdugge sarikamanni (5) ca |kpafi (6) ca iidapnan cavippasannena cetas ||

    23. cluddasim pacadasijwyva pakkhassa a^diamim |p^ihriyapakkhafi caafihaigasusamgataw ||

    24. uposatham upavasissamsad slesu samvut |na ca daena pamajjissam (7)smam di^fham idaw maya ||

    23. icc evam (8) vippalapantimpliandamnam tato tato |

    (1) S. anubhossasti. P. anubliossahi. B. oyyasi,(2) S. yyam.(3) B. Ofidosako,(4) S. so hi.(5) S. dugga P. ogahe.(6) S. papa?2 P.0) S. pamaddissaw.(8) S. ime 'va.

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    39/148

    khipiwsu nirayc gliorcuddhampda-avawsiran'ti || (1)puna sa (2)

    20. aham.pre maccliarin aliosim i\ xxiv,paribhsik (3) samanabrhmawnam |vitathena ca smikafn vancayitvgacchm' ahaw niraye ghorarpe'ti ||rcvativimnamdutiyam.

    Ce fragment nous retrace un tableau complet de la vieau del du tombeau : d'un ct, une pcheresse, enleve auciel par des serviteurs du dieu de la mort, Yama, contemplela flicit de son poux vertueux; de l'autre, elle voit lestourments qu'elle s'est prpars par ses pchs. pouvante,elle implore une seule grce, celle de renatre dans le mondedes humains, et promet d'effacer par une suite de bonnesactions ses fautes antrieures. Elle promet d'tre morale ethumble et, outre cela, de planter des jardins, de frayer desroutes au travers des montagnes, de creuser des puits et desrservoirs. Ce sont prcisment les mmes uvres qu'Aokareprsente comme ses mrites (4). Il considre comme sacrsles mmes jours (5) pendant lesquels la pcheresse Revatpromet d'observer la crmonie de la confession gnrale, ouuposatha. Ainsi, le Buddhisme existait indubitablement sousle rgne de Piyadasi, et ce roi ne pouvait gure tre qu'unbuddhiste. Cependant aucun de ses dits n'est conu en lan-gue plie; les inscriptions, quoique semblables par le contenu,sont crites en diffrents dialectes. Elles nous fournissent desspcimens : 1 du dialecte de l'Inde occidentale (l'inscriptionde Girnar) ; 2 du dialecte du nord-ouest de l'Inde (l'inscrip-tion de Kapur di Giri) et 3 du dialecte de l'Hindoustan orien-

    (1) s. uddliapdam. P. dham.(2) idam samgtikravacanam.(3) S. bbo.(4) Inscription de Girnar, tabl. II.(5) Inscription de Delhi, South Compartment, 11 et suiv.

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    40/148

    tal (l'inscription de l'Orissa) ; 4 les inscriptions sur colonnessont partout rdiges dans le mme dialecte. Tous ces dia-lectes se distinguent du pli surtout par la phontique; danstous les quatre, on remarque l'absence du redoublementdes consonnes, rsultant de l'assimilation de lettres d'or-ganes diffrents. Par exemple, nous lisons dans l'inscrip-

    p. XXV. ^ion de Bhabra sadharame, pli saddhammo^ la bonne loi;"ste, pli sutta. Dans l'inscription de Girnar, nous avonspcamtesu=^^

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    41/148

    XXVII n du pli, par exemple, ane {amie, amje), annni {ahhni,a)i7/?n), pamnadasam {panca"); l, comme dans le dialecte deBliabra, provient de r; h remplace les aspires, par exemple,nigohni (pli niggodha), htapuluve {bhtapubba); les dou-ces remplacent aussi les fortes, par exemple, dhammalibi{"lipi). Les dialectes occidentaux se distinguent des dialectesorientaux par une phontique plus archaque; ainsi, dansl'inscription de Kapur di Giri, on trouve encore les troissifflantes , sh, s : priyadaisa, 'Oashaatni,priyasa; le r estsouvent maintenu, par exemple, savatra, mitrena^ mitrasa^ramanam ; les sifflantes restent mme devant les dentales,par exemple, uhti, dhammnusasti {Girnar, VIIl); dansquelques cas, on observe le passage d'une douce une forte,par exemple, paricajipta {Girn., X, tyaj-\-tv){l). Des parti-cularits que nous venons de citer, il ressort (dairement quele pli se distingue de tous les dialectes des inscriptions. Ilse rapproche le plus des dialectes orientaux, quoique la plu-part du temps il nous prsente un degr de dveloppementplus ancien du langage arien primitif, et cette analogie esttrs-digne de remarque, car il faut y voir une nouvelleindication de l'endroit o nous devons chercher le berceaudu pli.Le mot pli signifie texte ; il s'crit pli ou pli, et d-rive probablement del YSLcinepath, lire. Le pli porte encoreles noms de mgadh, langage du Magadha, c'est--dire, soitdu pays de Magadha, soit des chantres {mgadha, chsniire) etdejinavacana, langage du vainqueur, ou du Buddha. Enfin,cette langue est oppose l'idiome vulgaire : yam lokiy pA-rijcttan 'U vadanti tam magadha-blulsya pricchattakan 'ti vuc-cati (2) : Ce qui dans l'idiome vulgaire est nomm p-rijta (de mme en sskr. ), Enjthrina indica, prend enragadh (c'est--dire en pli) le nom de pricchattaka. Ainsi le pli n'est point le langage populaire; c'est la langue

    (1) Ihid. 489, ex. I,(2) VimnavatthunMhakath, III, !0, 1 (Ms. de VIndia Office Uhrary).

    P. XXVI.

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    42/148

    XXVIII

    r. xxvir.

    des textes, a langue du Buddha lui-mme, et comme cettelangue est encore appele mgadh, il s'ensuivrait, en pre-mier lieu, que le Buddha parlait mgadh et, en second lieu,que le pli et le dialecte mgadh doivent tre une seule etmme langue. Or, nous avons vu que le pli est distinct dudialecte des inscriptions orientales et mme de celui de l'in-scription de Bhabra, adresse directement aux religieux duMagadha ; qu'il est aussi distinct du dialecte des inscriptionssur colonnes et de celui de Dhauli, dialectes surtout rpandus l'est de l'Inde : il est donc douteux que le pli ait t la lan-gue du Buddha qui, on le sait, n'est point originaire duMagadha et n'y agit point exclusivement. Il est vrai que sesdbuts sont troitement lis au Magadha, que le Buddhisme yfleurit tout d'abord, que c'est de l qu'il se propagea de touscts, et que c'est l que rgnait Aoka; mais, d'autre part,on sait que l'enseignement resta longtemps oral et se transmitde bouche en bouche aux diverses contres, non pas dansl'un quelconque des dialectes, mais dans plusieurs la fois. La parole du Buddha, dit le canon lui-mme (1), doittre comprise par chacun en son dialecte. Effectivement,nous avons des spcimens des plus anciens crits buddhiquesen diffrents dialectes. En voici quelques exemples en vers :

    Godhajlakam ,1Y,4i> 3, dans le Mahvastu, folio 110-1 12.2. namenamantasyabhajebha-

    jantamkrtynukryasya kareyam ar-

    tham Ij (i)asawbhajanla/n na ca sam-bhajeya |nnarthakmasya kareya ar-

    Iham II

    name namantassa bhajo bhajan-tam Ikiccnukubbassa kareyya kic-cam il

    nnatthakmassa kareyya at-Iham Iasawbhajantam 'pi na sambha-jeyya II

    2. (a) Salue celui qui, lui-mme, salue ; (b) fais le bien

    (1) Prtimokshn, p. XLTI.(2) Le Ms. lit : k>tiiukryasya.

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    43/148

    XXIXcelui qui, lui-mme, fait le bien ; (c) ne rends pas de services celui qui rclame indment (Rd. sskr. c^^d) ; (d) ne par-tage pas avec celui qui, lui-mme, ne partage pas (Rd. sskr.d=c).

    lyaje tyajantam satalam nagacche |apelabhvenanasamvaeya 1|

    dvijo cirumam kshinaplialawviditv Ianyam pariksheya mahm hiloko li

    cajc cajantam vanalham na ka-yir |apelacittcnana sawbhajcyya ||

    dijo dumaw kbnaplialan 'ti na-tv Iaimam samckkhcyya mali biloko 11

    3. (a) Abandonne celui qui abandonne, ne te lie point p. xxy;u.avec lui (Rd. sskr. ne va pas continuellement le trouver);(b) ne fais pas ta socit du sot; (c) l'oiseau mme, lorsqu'ilreconnat qu'un arbre est sans fruits, (d) en cherche un autre,car le monde est vaste.

    MahvastUj folio 352. Dhammapadam, p. 19.sahasram api vcnmanartiiapadasamhitnm

    |ck artliavati reyym crutva upamyati ||

    100. saliassam api ce vcanatlliapadasamhil |ckam aflhapadam scyyoyam sutv upasammati ||

    100. (a) Plutt que mille paroles (b) dnues de sens,(c) mieux vaut un seul mot renfermant un sens, (d) lequel en-tendant, tu seras tranquillis. lahasram api gtlinmanarthapadasamhitnmek arihavati (l)reyym rufv upamyati ||

    101 . sabassam api ce gtbanattbapadasamliit |ckam gllipadam scyyoyam sutv upasammati ||

    101. (a) Plutt que mille vers (b) dnus de sens,(c) mieux vaut un seul vers renfermant un sens, (d) lequelentendant tu seras tranquillis.

    (1) Ms. eklrlliavall.

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    44/148

    XXX yo ca varsliaatam jivcagniparicaram (1) caret |pllrhro channvaskaroli (2) vividham tapam |yo caikam bhvittmnammiihurlam api pjayet

    |

    sfi eva pjan (3) reyna ca varsliaatam hutam ||

    iOT. yo ca vassasatam janlumaggim paricare vane \

    ekan ca bhavitattnammuhuttam api pjaye |Stl ycva pjan seyyoyafi ce vassasatam hutam ||

    p. XXIX. (a) Si l'on compare celui qui yit cent ans (b) et sert le feu(Rd. p. dans la fort), (Rd. sskr. seulement : qui mangedans une jatte et, vivant sous un toit, pratique de diversesmanires l'asctisme), (c) et celui qui un sage (d) rend hom-mage mme un seul instant, (e) cet hommage est prfrable(0 l'offrande du sacrifice pendant cent ans. yat kiiicit tesham 'va hutam calokesarvajTi jayati puwyapreksh |sarvam 'pi tam (4) na caturbhgam

    etiabhivdanam ujjugatesu reyam ||

    108. yam kifici yi^iam va hutamva lokesamvaccharam yajetha puii-

    napekkho |sabbam 'pi tam na catubh-gam etiabhivdan ujjugatesu se-

    yyo ||(Rd. sskr. a) Tout ce que -ceux-ci apportent, dans ce

    monde, en sacrifice, (b) tout cela est surpass par celui quipossde la vraie croyance, (a) Quelque sacrifice, quelqueoffrande (b) qu'apporterait toute l'anne celui qui possde lavraie foi, (c) tout cela ne vaut pas mme le quart (d) del'hommage envers celui qui est dans le droit chemin. >>yo ca varsliaatam jveduftilo asamhita/i

    |ekham jvitam reyamlavantasya dhyyato (o) |1

    1 i . yo ca vassasatam jvedusslo asamhito |ekham jivitam seyyoslavantassa jhyino ||

    (1) M. agnim pari.(2) Ms. karonti.(;i) Ms. so elui pujaii (jreyd.(4) Ms. sarve ci.(5) M s. vu yalo.

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    45/148

    XXXI(a) Pour cent annes que vivrait un homme (h) dans

    l'immoralit et sans se livrer la mditation, (c) mieux vautun seul jour de la vie (d) de l'homme moral et qui mdite. yo ca varsliaatam jvckudo hiiavrjavn |ckuhamjvitam reyamvryam rambhato drdham \\

    112. yo ca vassasataw jvekusto hnavriyo ]ekha?n jivifam scyyoviriyam rabliato da/ham

    (a) Pou7' cent annes que vivrait un homme (b) dans la p. xxx.paresse et la mollesse, (c) mieux vaut un seul jour de la vie(d) de l'homme nergique. yo ca varshaalam jveapayam dliarmam uttamaw [ckham jvitam rcyazpayato dharmam uttamam |1

    lis. yo ca vassasatam jvcapassaw dhammam utta-mam

    I

    cktlliam jvitam seyyopassato dhammam utta-mam II(a) Pou7' cent annes que vivrait un homme (b) sans avoir

    contempl la loi sublime, (c) mieux vaut un seul jour de lavie (d) de qui a contempl la loi sublime. yo ca varshaala?n jveapayam udayavyayam |ekha?w jvitam reyampayato udayavyayam ||

    113. yo ca vassasatam jveapassam udayavyayam [ekham jvitam seyyopassato udayavyayam jj

    (a) Pour cent annes que vivrait un homme (b) sanscomprendre le commencement et la fin, (c) mieux vaut unseul jour de la vie (d) de celui qui a compris le commencementet la fin. yo ca varshaata)?i jveapayam, amrtam padamekham jvitam reyam.payato amrlam padaw.

    i 1 4 . y ca vassasatam j vcapassam amalam padamekham jvitam seyyopassato amatam padam ||

    (a) Pour cent annes que vivrait un homme (b) sans avoir

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    46/148

    XXXII compris l'iminortalitj (c) mieux vaut un seul jour de la vie(cl) de celui qui a compris l'immortalit. Mahvastu et Mahvagga.

    yad ime prdurbhavanli dharm [yad lia vc ptubliavanli dhammtpino dhyyato brhma?iasya | lpino jbyato brbma?2assa |atbsya k/Tksb vyapanenti sarv ath' assa kankb vapayanti sabbAyad prajnU sabetudharmam [\ jyato pajnti sabetadhammam. ||

    (a) Lorsque les lois apparaissent clairement (b) au brah-mane qui pratique l'asctisme et mdite, (c) toutes ses pas-sions disparaissent, (d) car il a acquis la connaissance de laloi et de ses principes. yad ime prdurbhavanli dharmtpirio dhyyato brhmanasya |atbsya k/lksb vyapanenti sarvyad (t) ksbayam pratyaynam (2)

    avaiti |

    yad ha vc plubbavariti dhammlpino jliyato brbmanassa

    |

    ath' assa ka/'

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    47/148

    XXXJIl yo brahmano vuliitappadharmoiiiluiliko nishkashyo yadAtm |kslii/jravo antimadeliadliCirdharmcna so brahmano brahma-

    vdam vadeya i|

    yo brahma/o bhilappadliammonihuhu?iko rkkasAvo yatatlo |vedantag vusi labrahmacariyodhammena so brahmano l)rahma-

    \dam vadcyya |yass' ussado n'atthi kuhifici lokc ||

    (a) Celui qui anantit en lui les pchs, (b) qui n'est pointorgueilleux, qui est sans passions^ dont l'me est humble(Rd. sskr. dont lame est sans passions), (c) qui a comprisles Vdas et qui est chaste, (d) celui-l s'appellera lgalementun brahmane, (e) pour qui il n'existe au monde aucune jouis-sance. purvavase nivasenapratyufpanne hitcna va jcvam samjriyate premnamutpalam va yathodake |i

    pubbe 'va sannivsenapaccuppannahitena vit |evam tam jyatc pcmamuppalam 'va yathodake H (I)

    1' XXXI!

    (a) Par le sjour dans une premire existence (b) ou lebien pratiqu dans la vie prsente (c) nat l'amour (d) commele lotus dans l'eau.

    Les premiers investigateurs du Buddhisme savaient djque les livres sacrs des buddhistes existaient en plusieurslangues, et Burnouf a consacr les dernires pages de soncommentaire du Lotus de la bonne loi l'examen de quelquespassages du Canon, conservs en diffrentes langues. Avantlui, Hodgson(2), auquel nous sommes redevables de la dcou-verte des originaux npalais des crits buddhiques, avaitexprim son opinion sur ce point ; voici en rsum quellestaient ses vues sur la diversit des rdactions. Il faut dis-tinguer la propagande et l'extension de la religion de l'labo-ration des principes spculatifs d'o est sorti le systme reli-gieux en entier ; dans le premier cas on s'adressait lamajorit; dans le second, au contraire, la minorit. C'est

    (1) Mahvastu et Jt. Il, 9, 7.(2) Journ. of ihc as. Soc. of Ifcnyal, t. VI, p. G8-2 cl sulv.

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    48/148

    XXXIV pourquoi les buddhistes, en rformateurs pratiques, s'adres-srent au peuple et firent usage, pour la propagande, d'unidiome populaire. Mais les philosophes dogmatiques qui pos-rent les bases de la foi populaire s'exprimrent, se dfendi-rent et systmatisrent en sanskrit. Hodgson montre (1) quele sanskrit leur tait indispensable pour la dfense de leursprincipes philosophiques ; les buddhistes, son avis, taienten gnral des savants, et avaient affaire des savants dans

    leurs dbats ; consquemment les buddhistes, en tant quephilosophes, s'approprirent exclusivement le sanskrit (2).Mais, ct d'eux, il y avait un sj'stme pratique de reli-gion, qui se rpandait par l'intermdiaire d'un idiome popu-laire. On doit donc, suivant lui, considrer la rdaction pliecomme une source secondaire, puisqu'on n'a point trouv enpli la Prajnpra7nit^ ouvrage fondamental de la philoso-phie buddhique (3). Tous les auteurs qui ont suivi Hodg-son s'en sont tenus, peu de chose prs, cette opinion,relativement la question qui nous occupe. Ainsi Lassen (4),apprciant le rle des diffrentes langues dans des crits deplusieurs genres conservs par des sources tibtaines (5),fait observer qu'on retrouve ici une influence marque decette systmatisation des grammairiens qui, dans les drames,a fait assigner un dialecte chaque personnage, suivant "sacondition. Ce fait lui donne penser que vraisemblablement,ds le principe, l'criture sainte des buddhistes tait conueen plusieurs langues. Il croit que le Buddha se servait poupprcher de diffrents dialectes : du sanskrit, lorsqu'il parlaitaux brahmanes, d'un idiome populaire, lorsqu'il s'adressaitau peuple ; que, pour les rcits de sa vie et pour ses discours,il y avait aussi deux rdactions : la rdaction sanskrite et lardaction populaire. Ces deux rdactions auraient dj exist

    (1) Journ.ofthe as. Soc. of Bengal, t.VI, p. 683.(2) The philosophie founders ofBuddhism used Sanskrit and Sanskrit only,to cxpound, dfend and record the spculative principles of their System. (3) Ibid., p. 684.(4) Loc. cit. II, p. 491.(5) Jouvn. of the as. Soc, of Uengal, I.Vf, p. C88, communication de Csoraade Krs.

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    49/148

    XXXV du temps du premier concile,* ce qui expliquerait commentdes formes populaires se sont glisses dans la rdaction sans-krite (1); dans les stras qui, on le sait, ne se sont rpandusque plus tard, il s'est introduit des formes populaires, parceque, sans doute, ils furent rdigs dans une contre o l'onconnaissait mal le sanskrit, c'est--dire dans le Kashmir (2).Burnouf (3), admettant aussi deux rdactions, la rdaction f- ^x^iv.sanskrite et la rdaction plie, dit que l'une d'elles taitdestine au peuple et l'autre aux brahmanes; mais, en ce quiconcerne la rdaction plie, il reconnat qu'elle a subi plustard l'influence de la grammaire (4). D'Alwis (5) considre lardaction plie comme orthodoxe ; les compositions npalai-ses ont t, d'aprs lui, l'uvre des hrsies dont parlent leschroniques de Ceylan et en particulier le Dpavamso, Chil-ders (6) les envisage galement comme des traductions pos-trieures du pli. Tous ces auteurs n'ont en vue que deuxrdactions, la rdaction sanskrite et la rdaction plie;cependant il est notoire qu'il y avait un bien plus grandnombre de canons buddhiques, et qu'ils n'taient pas seule-ment rdigs en sanskrit et en pli, mais aussi dans d'autresdialectes (7).

    Les monuments littraires connus en langue plie appar-tiennent tous une poque postrieure la cration duBuddhisme et sont de deux espces : (a) les crits canoniques(nous ne parlons naturellement ici que de la rdaction et nondu contenu qui, par exemple dans les Jtakas, peut remon-ter une haute antiquit), c'est--dire les trois Piiakas,ou les trois Vases, diviss en siras, ou discours, en vinaya,ou discipline buddhique, et en ahhidharma^ ou philosophiebuddhique; (b) les crits non canoniques: ouvrages religieux,

    (1) Lassen, loc. cit. tl, 493.(2) Ibid., p. 492.(3.) Loixis de la bonne loi, p. 862.(4) Ibid, La culture du pli Ceylan y a pu introduite une rgularit fac-

    tice. (5) Introduction ta Kacchyana's Grammar, p. 69.(6) Notes on Dhammapada, dans le Journ.of theRoi/. as. Soc. de 1871, mai, p. 9.'(7) Wassilief, Buddhisme, 1, 267.

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    50/148

    XXXVl chroniques, grammaires, mtriques, dictionnaires, traits demdecine, etc. Les crits de la premire espce sont plusanciens que tous les spcimens connus aujourd'hui de ceuxde la seconde espce. Ainsi donc, le pli nous apparat enmme temps que le Buddhisme ; le premier monument criten cette langue est buddhique. Les buddhistes regardent lestrois Piiakas comme la parole de leur matre et nous ontconserv sur l'historique des canons de courts mais prcieux

    p. XXXV. renseignements. Pour mieux en apprcier la valeur respec-tive, il est indispensable d'examiner les lments qui for-maient la communaut religieuse {Samgha), la gardiennede la loi, par excellence.Le canon lui-mme, notamment la division des rglements

    disciplinaires {vinaya), fournit quelques indications sur l'or-ganisation de la communaut primitive. Ces donnes sontrunies principalement dans le chapitre du vinaya qui traitedu rite de la conscration {Mahvagga : mahkhandhakopaihamo (1). Nous trouvons ici une longue liste des person-nages qu'il ne faut absolument pas laisser pntrer dans lacommunaut religieuse, ou qu'il n'y faut admettre que sousdes conditions dtermines. Les rgles concernant les per-sonnes dignes ou non d'tre admises parmi les religieuxn'ont videmment point t formes de toutes pices, maisse sont dveloppes et accumules progressivement. Laseule mention de certaines personnes est une preuve suffi-sante que le fait de leur admission dans la communautprcda la rgle, et que la rgle ne fut pas institue pr-ventivement, mais naquit sous l'influence de circonstancesdtermines.Voici les rglements qui concernent l'admission dans lacommunaut religieuse.

    Etaient refuses: 1 les personnes ayant commis quelquefaute grave, par exemple les parricides, etc. ; 2 les per-sonnes atteintes de quelque infirmit.

    (1) Nos citations se rfrent au Ms. de la Bibl. nat. de Paris, fonds Grim-blot, n 6.

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    51/148

    XXXVll En dehors de ces deux catgories, 1 on pouvait recevoir

    les tirthikas, c'est--dire ceux qui appartenaient une sectenon buddhique, pourvu qu'ils se soumissent une prpara-tion de quatre mois: Quiconque, frres! aprs avoir t-d'ahord hrtique {trthika) dsire tre consacr danscette loi (le Buddhisme) doit obtenir quatre mois pour saprparation : yo so bhikkhave afifiatitthiyapubbo imasmim dham-mavinaye karikhali pabbajjam upasampadam tassa cattro mse pari-vAso dAtabbo; 2 On admettait sans cette condition :(a) les pr-tres d'Agni, aygiks, (b) les jiils, parce qu'ils ne nient pointles rites et les bonnes uvres : ye te bhikkhave aggikA jft/ilak )c ^ '''''^'gaVd upasampdetabb. na tesaw parivAso dtabbo. lam kissa hctkammavdino ete bhikkhave kiriyvildino. Comm. : aggik 'ti aggi-paricaranaka, jfilaktl 'ti tpas ete bhikkhave kiriyvdino 'ti etokiriyaw na paifibhanti, atthi kammam atlhi kammavipko'ti c\am~diwhik. frres! si les serviteurs du dieu Aggi ou lesjiilaks se prsentent, il faut les consacrer, sans leur im-poser un dlai pour se prparer. Pourquoi? Parce que, fr-res! leur doctrine reconnat les uvres (et leurs cons-quences) et les rites. Le commentateur, interprtant ce'passage, dit : Les aggiks sont les serviteurs du dieu Aggi,les jiilaks sont des asctes, et plus loin: Ils ne nientpoint les rites et sont convaincus qu'il y a des uvres etleurs consquences ; (c) tous ceux qui appartenaient larace des kyas, parce qu'ils ne pouvaient dnigrer la loi deleur parent : Sa ce bhikkhave jliy skiyo annatitthiyapubbo Tigac-chati so 'igato upasawpdetabbo na tassa parivso dAlabbo. Comm.:te hi titlhclyatne pabbajiltl'pi ssanassa avannakm na honti amb-ka)? tise^/hassa ssanan ti va/JTiavtidino 'va bonli... frres! siquelqu'un de la race des kyas, aprs avoir t d'abordhrtique, se prsente, il faut le consacrer son arrive,et ne pas lui imposer de dlai pour se prparer. Le com-mentateur interprte ainsi ce passage : Ces (kyas), bienqu'ils aient t consacrs dans un temple de trthikas^ ne semettront point dnigrer la loi, mais eii ferontl'loge en sedisant: C'est l'enseignement de notre meilleur parent ;

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    52/148

    XXXVIII 3 On ne pouvait consacrer les serviteurs du roi, ni ceuxqui en recevaient un traitement : na bhikkhave rjabhato pab-bjetabbo : frres ! ne consacrez point les serviteurs duroi ; on parle ici du cas o le serviteur n'a point reu d'or-dre royal de se faire religieux.On ne pouvait consacrer un brigand, qui exerait ouver-tement son mtier : na bhikkhave dhajabaddho coropabbjetabbo : frres 1 il ne convient point de consacrer un brigand tendard. Le commentateur interprte ainsi ces paroles :

    p. xxxvir. dhajam bandhitv vicaratti dhajabaddho mladevdayo viya lokepftkato 'ti vuttam hoti yo pana rjaputto rajjawpanetanto gmaghAtAdni karotli so pabbjetabbo rjAno hi tasmimpabbjile tussanti sa ce pana na tussanti na pabbjetabbo. pubbemahjane piika/o coro pacchA corakammam pahya pacaslni sa-mdiyati sa ce manuss evam jnanti pabbjetabbo. On appellebrigand tendard celui qui marche l'tendard lev, parcequ'il est aussi connu dans le monde que, par exemple, le roilgitime Mais si quelque fils de roi, fondantun royaume, dtruit les villages et commet des actes sem-blables, il convient de le consacrer, car les rois en serontcontents ; toutefois, si les rois n'en taient point contents,il ne conviendrait point de le consacrer. Si un brigand, connucomme tel dans le peuple, cesse par la suite ses brigandageset embrasse les cinq prceptes, au su de tout le monde, ilconvient de le consacrer. On ne pouvait consacrer un esclave : na bhikkhave dso pab-bjetabbo : frres 1 on ne doit pas consacrer un esclave. Toutefois cette rgle admettait de nombreuses exceptions.On considrait comme esclaves les prisonniers de guerre{karamarni)^ et dans certains cas on pouvait les consa-crer : Si un esclave, prisonnier de guerre, est amen parquelqu'un et vit chez lui, ou en prison, ou est gard parles habitants, on ne doit pas le consacrer; mais s'il s'en-fuit, on pourra le consacrer dans l'endroit o il arrivera;ou bien, si le roi satisfait dit : largissez les captifs leur mise en libert on peut les consacrer. (Comm. : evarw-

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    53/148

    XXXIX rpo karamarilnlo dso yolii nto tesam sanlike \Ci vasanlo vu ban-dhangre baddho va piirisohi rakkhiyamno vu na pabbjctabborafifi tu^fhena karamarnlake muncatha 'li valv... bandlianamok-khc katc pabbftjetabbo...). Si le roi a des enfants d'une es-clave, semblables des fils de ministre, on ne peut les con-sacrer : ranfio va?adsnam putt honti amaccaputtasadis te 'pina pabbjetabb. Si des pauvres quelconques, se disant:Nous vivrons aux dpens de la communaut, se prsententet se font serviteurs du monastre, on peut les consacrer (teduggatamanuss sawgham nissya jvissm 'ti vihre kappiyakJ-rak honti elc pabbajctuTO vatUti). On ne pouvait consacrercelui qui tait n d'une mre esclave et d'un pre libre (yassamtpitaro ds mt eva ds pila a dso tam pabbjetum na va^^ati). p. xx.witr.Si un esclave n'avait pas de matre, on le considrait commeaffranchi et on pouvait le consacrer; s'il arrivait qu'on et

    . consacr un esclave, sans le savoir, et qu'ensuite on l'ap-prt, il fallait l'afFrancliir (nissAmikadso hoti so bhuiijisso 'va katopabbjetabbo ajnanto pabbjetv upasampdetv vu pacch jntibbufijissam ktum eva va^fati).

    Il est donc bien vident que la communaut religieuseprimitive tait des plus mles : un esclave, un hrtique,un brahmane, un prtre d'Agni, un captif, etc., pouvaientse faire moines ; tous ces personnages pouvaient s'exprimeren diferentes langues, et en effet, nous trouvons dans levinaya la prescription suivante : on expliquait au nouveauconverti, aprs la crmonie, les dix commandements bud-dhiques; s'il ne les comprenait pas dans la langue des saintescritures, il tait permis de les lui expliquer et commenteren quelque autre dialecte que ce ft (1). Et coup sur, onpeut affirmer que ce cas de l'ignorance de la langue sacredevait se prsenter frquemment. La diffrence des lan-gues est clairement indique dans les premiers temps duBuddhisme. Pendant l'intervalle qui s'coula entre le pre-mier concile et le second, ou entre le premier et le troi-

    (1) Voyez Prtimohhn., p. XLIV,

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    54/148

    sime^ d'aprs les informations fournies par ceux des bud-dhistes qui ne connaissent point le roi Kloka et leconcile qui eut lieu sous son rgne, au deuxime et troi-sime sicle aprs la mort du Buddha, plusieurs sectes seformrent parmi les buddhistes. Le matre lui-mme avaitprdit la venue de ces mutilateurs de l'enseignement{sanadmhakh) ; il dit : Dans le troisime sicle aprsmon nirvana, on honorera de pareilles gens {karanavT/hafolio 81. bhagavn lia. trlye varshaatc gale mama parinirvritasyalathgatasya idr daksliiwy bhavishyanti). Les sectes diffraientsur l'interprtation de l'une des pithtes {arhat, saint),peut-tre mme du nom primitif du Matre; elles tolraientdes drogations au caractre original des institutions disci-plinaires ; elles enseignaient beaucoup de choses en don-nant de pseudo-commentaires des expressions de cette lit-trature orale qui tait conserve dans les communautsreligieuses, et qui ne fut crite que beaucoup plus tard.Ces pseudo-commentaires taient naturellement dus, en par-tie, ce fait que les religieux parlaient diffrents dialectes.

    p. XXXIX II est dit dans Trantha (1) que ceux qui transmirent lesstras dans les dialectes de diverses contres, en modi-firent quelque peu l'ordre et la liaison des expressions,d'o il rsulta certaines diffrences dans les lettres br-ves et longues (qui peuvent changer le sens). Pour despersonnes qui n'entendaient point compltement une lan-gue autre que leur langue natale, il tait bien facile deconfondre une lettre avec une autre et, par suite d'unetelle substitution, d'enseigner des choses qui ne dcoulaientpoint directement de la rdaction primitive du canon. Ainsinous savons qu'il y avait une secte appele Uttarpadhakaqui soutenait qu'on peut ds sa naissance atteindre au pre-mier degr de la saintet. A en croire le commentateur del'ouvrage o ce point tait enseign, cela viendrait de ceque dans la phrase iqmhacca parinibbyi il est parvenu

    (I) Page 42; Cf. Dipnvnmso, ;..!

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    55/148

    Xt.I au repos, aprs avoir achev (sa vie terrestre), on auraitsubstitu au mot itpahacca , ayant termin {har-\-sufF. lya), le mot ipapajja> {pad-\-^\xi. ya), s'tantmanifest (ycsam va upahacca parinibbAyti padam parivaUetvdupapajja parinibbiyti ca parijclpunantnam salia uppalliy aralift hotliaddbi scyyatlipi etarahi uKarpadhakiiam (I). Deux autres sec-tes, les Pubbaseliy et les Sammtiy, admettaient qu'ilexistait une situation intermdiaire, c'est-'dire danslaquelle un tre, qui n'est dou ni de la vue divine ni de fa-cults surnaturelles, a cependant le pouvoir d'attendre pen-dant sept jours et plus le moment favorable ( la concep-tion) de l'union (charnelle) entre son pre et sa mre. Et cetteopinion provenait de ce qu'on avait mal compris certainsmots dans la phrase : antarparinibbmjti Cependant ilparvint au repos ; on avait donn un adverbe le sensd'un nom (antarparinibbAyti suttapadam ayoniso gahetvA anlar-bhavo ni*ima althi yatllia pa^dio dibbacakkhuko viya adibbacakkliukoiddhimA \iya aniddhim mlpitusamgama ca (Ms. lit tpUi)eva ulusamaya ca olokayamno sattAliam va alirekasaltham va [\t- p. xl.dialli laddhi seyyalbpi pubbaseliyAnan c'cva sammtiynafi ca ).Dans les appellations de diffrentes coles, on retrouve desnoms de localits, par exemple Vajjipult, les fils du paysde Vajji {Vvji; vatsa, en pli vaccha; aussi est-il douteuxque ce nom soit identique avec le sanskrit Vatspiiira),Cetiy (la localit porte le mme nom), Aparaseliy {Apa-raaila) , Pubbaseliy {Ptirvaaila) , ces deux dernirestiraient probablement leur dnomination de montagnes au-prs desquelles vivaient les communauts, Shaimagarik,secte des six villes ; quatre sectes portaient le nom deAndhak, tir du pays de Andhra, c'taient les Pubbase-iiy, les Aparaseliy^ les Rjagiriy et les Siddhatthik(andhak nma pubbaseliy aparaseliy rjagiriy siddhatthik 'ti imcpacchiippannaniky. Kathvatthuppakarana-aiihkath) ; l'-

    (i) Kalhvalthu (Ms. de la Bibl. nat. de Paris, folio ni. verso). Dans leMahiJi/ufpaiti, folio 40, verso, on trouve mentionn, parmi les diffrentescatgories de religieux, l'Upapadyaparinirvy.

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    56/148

    p. xLr.

    cole de Lokottaravdin est appele Madhijadeika, dans leMahvastu (au commencement) ; le nom de l'cole Uttarpa-dhaka se rattache pro)3ablement au mot uttarpatha^ routedu nord, pays du nord. Les communauts, en se rpan-dant sur toute la presqu'le, apportrent avec elles unelittrature orale ; ainsi, dans la Prajnpramit (folio 120,Ms. du Muse Britannique, oriental, 87), il est dit qu' lamort du matre les stras contenant l'explication des pra-mit se rpandront d'abord dans leDeccan, d'o ils passerontdans l'Inde orientale, et de l au nord (ime khalu puna/t ri-putra sha^pramitpratisamyakl/i strnts tatMgatasytyayena dak-shimlpathe pracarishyanti dakshinpatht punar eva vartanym pra-carishyanli. vartanya/t punar uttarcipatlie pracarishyanti). En setransportant de contre en contre, les religieux taientnaturellement forcs d'adopter la langue du pays danslequel ils prchaient, et comme la littrature tout entireresta longtemps orale et ne se conserva que dans la m-moire, la traduction ne pouvait prsenter de difficults.C'est l qu'est le point de dpart des diffrents canons (1),auxquels fait dj allusion une lgende du vinaya pli (2). Onraconte du Buddha qu'on lui proposa de traduire ses prdi-cations dans la langue des Vdas, parce que ses auditeursde diffrentes contres estropiaient ses paroles; mais il re-poussa cette offre et dclara que : la parole du Buddha devaittre comprise par chacun en son dialecte.

    Il est difficile de ne pas conclure de tout ceci que, primi-tivement, il n'y avait pas un canon unique et deux seules r-dactions, la rdaction sanskrite et la rdaction dans unidiome populaire, mais que la littrature primitive, trans-mise oralement, devait se modifier suivant le langage dechaque contre. Plus 'tard cette littrature orale fut rdigediffremment, selon la contre, et c'est ce qui explique laressemblance que prsentent certains passages de quelques

    (1) Wassilicf, Bouddhisme, I, p. 2G7.(2) Prfimoksha, p. XLII, n. !)1.

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    57/148

    XLincanons ct d'un manque gnral de conformit dans ladivision et l'intitulation des parties. Vraisemblablement ondoit considrer le Tripiaka pli comme l'un des canonslocaux; la langue de ce canon porte, ainsi qu'on l'a vu plushaut, le nom de mgadh. Ce terme provient-il du mot quisignifie chantre ou du nom de la contre ? C'est ce qu-ilest facile de dcider. Que les premiers religieux buddhistesaient eu la coutume de chanter la parole du Buddha ,c'est ce dont tmoignent les termes de gth, gey, appli-qus un certain genre d'ouvrages buddhiques ; il est mmeremarqu dans le Prtimoksha (1) qu'on abusait de cette cou-tume : ce n'est pas toute espce de chant qu'il est permisd'employer pour le Vinayapiiaka. Mais, malgr cela, lesfaits suivants nous paraissent beaucoup plus dcisifs pourl'explication du terme en question.Les commencements du Buddhisme se rattachent au Maga-dha ; d'aprs la tradition, c'est l qu'enseignait kyamuni ;c'est de l que sortirent les premiers prdicateurs, de l queles saintes critures furent transportes Ceylan. Plustard, c'est encore dans le Magadha que naquit le commen-tateur le plus important du canon pli, Buddhaghosa. Il n'ya aucune raison de douter qu'on ait crit en pli dans l'Indemme ; c'est pourquoi rien n'autorise rejeter absolumentla tradition qui attribue au pli le nom, de langue du Maga-dha. Mais le pli, comme nous l'avons vu, est distinct dudialecte de l'inscription de Bhabra et indubitablement ausside celui du Magadha ; il diffre aussi du ragadhi desdrames et de celui des Djanas. Ces deux dernires circon-stances s'expliquent par une autre appellation donne aupli par les buddhistes. Ils disent que le pli est la lan-gue du Buddha et non une langue sculire . L'origine decette dnomination est troitement lie aux destines dudialecte local du Magadha dans le sein du Samgha, ou com-munaut religieuse. C'est par les conditions dans lesquelles

    (1) P. XLIV, n. 96,

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    58/148

    p. xLii. s'gg^ dvelopp le pli, au milieu du Samgiia,que se comprendce fait que la grammaire plie prsente des formes plus an-ciennes que celles du dialecte des inscriptions orientales, dia-lecte qui se rapproche le plus du pli, et que s'expliquent enmme temps les diffrences qui le sparent des autres dia-lectes du Magadlia. Dans la suite des temps, pendant que ladoctrine se dveloppait, une littrature orale naquit chez lesbuddhistes; mais ils ne voulurent point distinguer le nou-veau de l'ancien et dsignrent l'un et l'autre par le termede parole du Buddha . Cependant, pour que la vrit neft point aussitt dcouverte, pour que le nouveau partancien, il tait de toute ncessit qu'extrieurement il ne s'endistingut en rien ; et" trs-certainement, la littrature oraleprimitive exera une influence sur les ouvrages post-rieurs.Plusieurs circonstances favorisrent cette influence; lacommunaut religieuse ne se composait pas exclusivementd'hommes faits; on y admettait aussi des novices et on pou-vait mme consacrer des novices depuis l'ge de quatre ans. Je permets, religieux! dit le Buddha dans le Mahvagrja,de consacrer un enfant de quatre ans, s'il est en tat dechasser les corbeaux (anujnmibhikkhave napancavassam d-rakam kkucchepakam pabbjelun'U). De nouveaux membrespouvaient natre dans la communaut mme. On raconte ce propos la lgende suivante : En ce temps-l une cer-taine femme enceinte fut consacre religieuse ; sa grossessene se manifesta qu'aprs sa conscration ; elle se mit pen-ser : Que ferai-je de cet enfant? On soumit le cas auBuddha, et il dit : Je permets, religieux ! d'lever cet enfant jusqu' ce qu'il atteigne l'ge de raison , c'est--dire, suivant le commentaire, tant qu'il ne pourra manger et se baigner lui-mme {Dhikkhunvibhanga : tcna klio panasamayenaanfiatarAilth saniiisinnagabbhbliikkhunsupabbajit hofi.lasscl pabbajiklya gabblio vu^/bsi. allia kho lass bhikkhuniy ctadahosi katlian nu klio maya imasmim drake pa^ipajjiltabban'li, bha-gavalo ctam aftham roccsum. anujnmi bhikkhavc posctum yvaso

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    59/148

    XI.V di-uko vinulaw ppu?ilili. Comm. : yva khdiluw bhunjituw na-hyitufi ca attno dhammatya sakkotti attho).Le culte lui-mme, bien qu'il ne ft pas trs-compliqu

    dans la premire priode du dveloppement du Buddliisme,favorisa aussi cette influence. Lorsque l'on consacrait unnouveau membre, aprs la crmonie, une confession gn-rale avait lieu, ou bien on lisait un ouvrage dtermin {Pr- p- -^'-i'timoks/m).

    Cette lecture tait faite rgulirement, certaines poquesfixes et rapproches ; on lisait aussi liaute voix d'autresouvrages dans la communaut, et il y avait ce qu'on appelaitles prdicateurs dhrmakathikii, dhrmarvanikh.

    Il fallait rciter la loi suivant toutes les rgles, et touteerreur de prononciation constituait un pch. Pour par-venir rciter suivant toutes les rgles, il fallait purifiersa prononciation en tudiant les monuments existants. Dansces conditions, au milieu d'une communaut qui s'tait, pai*la suite des ges, isole jusqu' un certain point,en effet lePrtimoksha {pcittiy I, 4) nous apprend qu'il tait interditd'exposer la loi des profanes, le dialecte local du Maga-dha put donner naissance une langue particulire des sain-tes critures, qui serait le pli. En se fondant sur la littra-ture grammaticale actuellement connue, on peut supposeraussi que le pli fut soumis de bonne heure l'laborationgrammaticale, ce qu'a dj signal Burnouf, et qu'il subitl'influence du sanskrit. Nous esprons revenir ailleurs surcette question.

    Pour terminer, nous indiquerons brivement les pointsque nous nous sommes efforc d'claircir dans cette intro-duction, relativement au pli :

    1* Le pli, comme les dialectes prkrits, est une forme dulangage arien, trs-voisine du sanskrit, mais n'en drivantpoint ;

    2" Le pli n'est pas un dialecte populaire local du Maga-

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    60/148

    XLVI dha, mais la langue de la culture buddliique, c'est--direune langue littraire, forme dans le sein de la communautdes religieux buddhistes.La source principale de notre esquisse d'une grammaireplie est un ouvrage indigne encore indit et intitul Rpa-siddhi, dont nous prparons en ce moment la publication. Enoutre, nous avons mis profit tous les textes publis quinous ont t accessibles, quelques manuscrits, et les travauxdes Europens, aussi bien ceux qui traitent des questions sp-ciales de grammaire que les grammaires compltes (Clctugh,Mason). La littrature plie dj imprime est si pauvre etsi bien connue des spcialistes, qu'il nous a paru superflu de

    p. xLiv. citer les noms des diteurs des textes que nous avons con-sults.

    Il nous reste remplir la tche agrable de tmoignernotre vive gratitude M. l'acadmicien A. Scliiefner, quinous a rendu les plus grands services pendant l'impressionde ce travail.

  • 7/30/2019 Minaief_Grammaire Palie

    61/148

    GRAMMAIRE PALIE

    PHONTIQUEI. Alphabet.

    1. Pour crire le Pli, on emploie, Ccylan, Siam, dans la Bir-manie, diffrents alphabets, exprimant les 41 sons dont vo