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Mille ans de conquêtes culturelles, artistiques et technologiques wallonnes Ligne du temps 1.000 ans de conquêtes culturelles, artistiques et technologiques wallonnes » se propose de montrer sur une ligne du temps allant de Charlemagne à la Révolution belge, de 800 à 1830, les faits marquants d’un millénaire d’histoire de la Wallonie. Extraits de « Ligne du temps » du portail : http://connaitrelawallonie.wallonie.be/fr Nils Potvin 06/09/2014

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Mille ans de conquêtes culturelles, artistiques et technologiques wallonnes

Ligne du temps 1.000 ans de conquêtes culturelles, artistiques et technologiques wallonnes » se propose de montrer sur une ligne du temps allant de Charlemagne à la Révolution belge, de 800 à 1830, les faits marquants d’un millénaire d’histoire de la Wallonie. Extraits de « Ligne du temps » du portail : http://connaitrelawallonie.wallonie.be/fr

Nils Potvin 06/09/2014

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800

25 DÉCEMBRE 800 : COURONNEMENT DE CHARLEMAGNE

Le jour de Noël 800, Charlemagne est couronné empereur par un pape qui lui

doit d’avoir pu conserver « ses » États pontificaux face aux Lombards. Après

avoir résidé à Liège et Herstal, Charlemagne fait construire sa résidence

principale à Aix-la-Chapelle (à partir de 789) qui devient son lieu de résidence

principal et progressivement la capitale du domaine carolingien (800).

813

MAI 813 : LE CONCILE DE TOURS ET L’EMPLOI DES LANGUES À L’ÉGLISE

« (…) que chacun s’efforce de traduire clairement ces dites homélies en langue

romane rustique ou en tudesque, afin que tous puissent plus facilement

comprendre ce qui est dit ». Le canon 17 du Concile de Tours, l’un des cinq

conciles régionaux réunis à la demande de Charlemagne, indique clairement l’injonction de l’Église de Rome à ses prêtres de rendre

intelligibles les prêches pour tous les fidèles, car ceux-ci ne comprennent plus la langue des clercs et des lettrés. Dans l’espace

carolingien dont le texte reconnaît ici la double composante linguistique, il s’agit de tenter de combler le fossé qui s’est creusé entre la

langue parlée et la langue écrite. La renaissance carolingienne contribue grandement à la re-romanisation de l’espace wallon où les

centres religieux sont particulièrement nombreux.

882

4 AOÛT 882 : LA CANTILÈNE DE SAINTE EULALIE, LE PLUS ANCIEN TEXTE LITTÉRAIRE EN LANGUE ROMANE

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La Cantilène de Sainte Eulalie est le premier texte poétique écrit en langue romane. Il est une

transcription, composée vers 882, d’une séquence de vingt-neuf vers latins. À la fois poème et

chanson, la séquence conte l’histoire d’Eulalie de Barcelone qui choisit la mort plutôt que le

reniement de sa foi chrétienne. Le texte est inclus dans un recueil de sermons en latin de Grégoire

de Naziance. Dans cet ouvrage, plusieurs mains ont été détectées. Une première, qui a copié la

traduction latine des oeuvres de saint Grégoire. Une seconde, qui a rédigé en latin une séquence

dédiée au culte de sainte Eulalie. Une troisième, auteur de la même séquence, mais en langue

romane cette fois, ainsi que du Rithmus Teutonicus, l’un des premiers textes en langue

germanique, rédigé à la suite du poème (le Ludwigslied a été écrit entre le 3 août 881 et le 5 août

882). Dans la foulée d’autres chercheurs, notamment de Maurice Delbouille, Léopold Genicot écrit

que « la célèbre Cantate de sainte Eulalie aurait été composée vers 880 entre Liège et Tournai » et

considère de ce fait que la littérature française « a poussé son premier cri » en Wallonie. Datant du

14 février 842, « Les serments de Strasbourg » constituent un autre texte connu en langue romane

qui lui est antérieur, mais il ne s’agit pas d’une oeuvre littéraire.

925

925 : L’ESPACE WALLON PARTIE CONSTITUANTE DU ROYAUME DE

GERMANIE

La Lotharingie est l’un des cinq duchés constitutifs du

royaume de Germanie (avec la Bavière, la Franconie, la

Saxe et la Souabe). La puissance de ces ducs est telle qu’ils

écartent les Carolingiens de la succession de la Francie

orientale et choisissent Henri Ier l’Oiseleur (919). C’est ce

dernier qui, en soumettant par les armes la Lotharingie

l’intègre définitivement à l’espace germanique et, avec elle,

le territoire wallon à l’exception notoire de Tournai (925).

La frontière occidentale du royaume de Germanie se fixe

sur l’Escaut pour quelques siècles et place durablement le

comté de Hainaut sous la suzeraineté des rois et empereurs

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germaniques, alors que Tournai et le comté de Flandre sont placés sous celle des rois de France.

971

971 : LOBBES, CENTRE MAJEUR DE LA VIE INTELLECTUELLE

Parmi les centres du savoir en terre

liégeoise, l’abbaye de Lobbes détient

une place éminente dès le VIIIe siècle,

mais surtout à la fin du Xe et au début du

XIe siècle. Elle a réussi à garder le

niveau de qualité de l’école du palais de

Charlemagne et va donner une impulsion

aux sciences et aux lettres. On peut citer

parmi les maîtres issus de cette solide

école de Lobbes : Rathier – un des

meilleurs théologiens de son temps

(GENICOT) –, Eracle qui va fonder

l’enseignement liégeois dès son

accession au trône épiscopal, en 959,

l’historien Folcuin, l’encyclopédiste

Hériger. En 971-972, Rathier et Folcuin

se disputent d’ailleurs la direction de

l’abbaye de Lobbes. Mais ce milieu

privilégié contribue aussi à la formation

de Wazon, futur évêque de Liège, qui, pendant les longues années où il a exercé les fonctions d’écolâtre de la cathédrale Saint-

Lambert, a engendré toute une génération d’intellectuels qui essaimera, jusqu’à la fin du XIe siècle, dans toute l’Europe (Adelman,

Gozechin, Hugbald, Liéduin, Durand, Geoffroy, etc.).

1008

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10 AVRIL 1008 : LIÈGE, L’ATHÈNES DU NORD

Attiré à Liège par l’évêque Hertgar vers le milieu du IXe siècle, le moine irlandais Sédulius (Scot) y a sans doute enseigné la

grammaire, mais surtout ouvert la voie aux fameuses Écoles de Liège des XIe et XIIe siècles. Grâce à ses chapitres, à ses écoles et à

ses abbayes (dont celle de Saint-Laurent), Liège va être considérée comme l’Athènes du Nord. Disciple de Rathier, formé à l’abbaye

de Lobbes, Eracle va fonder l’enseignement liégeois dès son accession au trône épiscopal, en 959. Notger continuera et amplifiera

l’action de son prédécesseur, contribuant à l’épanouissement intellectuel de Liège au moment où son clergé contribue à la mise en

place du modèle de l’Église impériale. À cette époque, l’école liégeoise représentée par ses clercs/professeurs ne cesse de rayonner,

tandis que, nombreux, sont ceux qui viennent d’Europe se former à Liège. La dynamique liégeoise s’étend à toutes les abbayes de

Wallonie qui sont des centres intellectuels remarquables (Stavelot-Malmedy, Saint Hubert, Waulsort, Hastière, Fosses, Brogne-Saint-

Gérard, Andenne, Lobbes, Aulne,Gembloux, Nivelles). Comme il s’agit d’un phénomène qui ne peut être précisément daté, qui

commence avant le célèbre Notger et se poursuit après sa mort, la date retenue ici est celle du décès du prince-évêque Notger, le 10

avril 1008.

1084

1084 : RÉDACTION DE LA BIBLE DE LOBBES PAR LE MOINE GODERAN

Le moine et scribe du monastère de Lobbes, Goderan, termine la transcription en latin du dernier cahier de la Bible de Lobbes, en

1084, dans le scriptorium de l’abbaye. De dimensions importantes (50 sur 34,2 cm),

le codex, qui contient 277 feuillets, a été conservé en parfait état, malgré les

nombreux incendies de l’abbaye, et se trouve maintenant au Grand Séminaire de

Tournai.

1102

1102 : EXISTENCE D’UNE "WALLONICA LINGUA"

Dès le XIIe siècle, la Gesta abbatum Trudonensium, la Geste des abbés de Saint-

Trond évoque une wallonica lingua. Raoul de Moustier-sur-Sambre, devenu abbé de

Saint-Trond en 1108, commence son ouvrage par la vie de son prédécesseur

Adalard « qui n’avait pas pour langue natale le thiois, mais celle qu’on appelle par

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corruption romaine et, en thiois, wallonne ». Plus tard, son continuateur, Gislebert, rapportera également qu’un homme « n’était

compris ni en thiois, ni en latin, ni en wallon », témoignant par-là de l’existence d’un

parler wallon spécifique, distinct du latin et du thiois, qui est une langue romane parlée

dans le diocèse de Liège.

1171

9 MAI 1171 : CONSÉCRATION DE LA CATHÉDRALE DE TOURNAI

L’actuelle cathédrale de Tournai, chef d’oeuvre du gothique scaldien avec une forte

présence de roman, a été construite dans le courant du XIIe siècle, sur les ruines des

deux précédents édifices. À l’heure où Tournai redevient un diocèse à part entière, les

charpentes sont réalisées entre 1142 et 1150 ; la construction suit une progression d’est

en ouest, du choeur vers la nef. La nef est romane ; constituant la plus ancienne partie

de l’édifice, elle frappe par sa hauteur et l’harmonie de ses proportions. À l’époque de sa construction, elle était peinte de couleurs

vives, comme en témoignent les traces encore visibles à plusieurs endroits. Le transept de style roman lui aussi est l’un des éléments

les plus originaux de la construction. Annonçant l’apparition du style gothique, il reprend, en plus élancé, la structure de la grande nef.

En lui-même, il est une église dans la cathédrale. Le choeur, reconstruit au XIIIe siècle et de style gothique, impressionne par son

ampleur et s’oppose à la sévérité de la nef. Quatre tours romanes, qui couronnent une tour-lanterne centrale surplombant la croisée du

transept, annoncent elles aussi l’art gothique. Consacrée le 9 mai 1171, la plus grande partie de ce qui est encore visible aujourd’hui

date toujours de cette période. La cathédrale fait partie du Patrimoine majeur de Wallonie et est classée, depuis décembre 2000, sur la

Liste du Patrimoine mondial de l’Humanité par l’Unesco.

1195

1195 : COMMENCEMENT DE L’EXPLOITATION DE HOUILLÈRES

Aucune date précise ne peut être attribuée pour définir quand commence l’exploitation des mines

de charbon en pays wallon. Différentes découvertes permettent d’affirmer que la roche noire

affleurant au sol était déjà d’usage au moins à l’époque romaine, mais il n’y avait pas alors

d’exploitation. Les forêts abondantes fournissaient un combustible bon marché et ne nécessitaient

aucun investissement particulier. Néanmoins, après la (re)découverte des vertus du charbon, à la

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fin du XIIe siècle, les houillères se multiplient dans le pays de Liège, le Borinage, la vallée de la Sambre. Dans le dernier tiers du XIIIe

siècle, l’existence de charbonnages est attestée à Frameries, Quaregnon, Wasmes, Boussu et Dour. À l’époque, on ne parle cependant

pas de charbon, mais plutôt de houille, terme qui proviendrait, selon Jean Haust, d’un très ancien mot liégeois, « hoye » préexistant à

sa découverte et signifiant « fragment, éclat, motte ». Le mot houille prendra sa place dans la langue française. Et s’il faut malgré tout

retenir une date, celle de 1195 correspond à la rédaction par le moine Renier de la

chronique de l’abbaye de Saint-Jacques. Il écrit alors : « Cette année, de la terre

noire propre à faire du feu fut trouvée dans beaucoup d’endroits » sur les hauteurs

de Liège. On aurait pu citer un document de 1278 qui fait état de l’existence d’une

cour spéciale de justice dite des Voirs-jurés dont les membres étaient nommés par

les échevins parmi les houilleurs expérimentés. En 1318, un recueil établit le statut

et les lois du métier des charbonnages.

1228

1228 : LE TRÉSOR D’HUGO D’OIGNIES

Orfèvre et miniaturiste du prieuré d’Oignies, que son frère a fondé en 1190, Hugo

(dit d’Oignies) va y réaliser durant toute sa vie les objets liturgiques (reliquaires,

ostensoirs, évangéliaires…) nécessaires au culte. Comme l’ensemble de sa

production semble avoir été conservée dans un seul endroit et a réussi à traverser le

temps sans altération, c’est un véritable trésor, cohérent, qui illustre de manière

impressionnante le savoir-faire et la qualité des artisans de l’art mosan. Formé dans

les ateliers de l’Entre-Sambre-et-Meuse, Hugo est encouragé par Jacques de Vitry

qui, devenu évêque, finance la fabrication d’objets d’orfèvrerie destinés à accueillir

et conserver des reliques. Hugo d’Oignies est le dernier grand représentant de l’art

mosan. Les pièces les plus anciennes semblent remonter à 1228. Depuis 2010, le

Musée provincial des arts anciens du Namurois présente ce trésor exceptionnel dans

un espace rénové.

1255

14 DÉCEMBRE 1255 : LA CHARTE DES BATTEURS DE CUIVRE DE DINANT

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Possible résurrection de la chaudronnerie romaine d’Entre-Meuse-et-Rhin selon certaines hypothèses, une activité exceptionnelle est

enregistrée le long de la Meuse vers le XIe siècle. Facilitant les communications et les sources d’énergie, le fleuve accueille en effet de

nombreux ateliers qui travaillent des matériaux présents dans les terres avoisinantes comme la calamine et le derle et recourent aux

denses forêts pour s’alimenter en combustible. Le fleuve et la route amèneront aussi le minerai de cuivre importé d’Allemagne. Si les

artisans se spécialisent dans le travail de l’étain à Huy, c’est vers le cuivre que se tournent les « batteurs » apparus à Dinant vers le XIe

siècle. Ils acquièrent une réputation telle que le nom de leur cité servira à désigner l’ensemble de leur vaste production, la dinanderie.

Conscients de leur force économique mais aussi politique, les batteurs de cuivre constituent le parti le plus fort de leur cité ; ils

n’hésitent d’ailleurs pas à soutenir Henri de Dinant contre le prince-évêque de Liège ; bien qu’élu, Henri de Gueldre doit combattre à

diverses reprises pour écarter son rival et mâter « les excès » des Dinantais, au point de faire le siège de la ville (1248).

1329

1329 : OUVERTURE D’UNE HALLE À LONDRES POUR LA DINANDERIE

La renommée et la qualité des produits issus de l’industrie développée à Dinant depuis le XIe siècle sont telles que les portes du

marché anglais s’ouvrent devant les dinandiers, en 1329, lorsqu’ils obtiennent de posséder une halle pour leurs produits, au Stalhofde

de Londres. Édouard III leur accorde aussi des franchises sur les tonlieux. En 1344, les marchands de la ville mosane sont réunis en

une compagnie d’Angleterre et affiliés à la gilde teutonique de Londres.

L’influence anglaise se fera sentir durablement sur les habitants de Dinant, pratiquement tous occupés au travail du cuivre, puisque le

surnom qui leur est attribué survivra à tous les événements, même à l’incendie et à la dévastation de la cité par les Bourguignons en

1466. Le nom de Copères désignant les Dinantais signifie « cuivre » en anglais (copper), ainsi d’ailleurs que dans les langues

germaniques.

1330

1330 : LA MESSE DE TOURNAI, PREMIÈRE OEUVRE DE L’ÉCOLE WALLONNE DE POLYPHONIE

Pendant qu’à Liège un moine de l’abbaye de Saint-Jacques rédige Speculum Musicae, une véritable encyclopédie musicale, à Tournai

ce sont des auteurs anonymes qui compose ce que l’on peut considérer comme la plus ancienne messe polyphonique complète qui

nous soit parvenue. Voilà deux témoignages d’une forte activité musicale dans l’espace wallon qui se passe à peu près au même

moment, vers 1330. Si l’on s’en réfère au style des mouvements qui répond à des esthétiques fort différentes, la Messe dite de Tournai

s’apparente à un ensemble écrit par plusieurs mains différentes, qui illustrent bien les courants musicaux de cette période. Composée

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pour la Corporation des Notaires de Tournai, la Messe de Tournai comprend six mouvements polyphoniques à trois voix destinés à

l’ordinaire de la messe. Elle est une oeuvre essentielle dans l’histoire de la polyphonie.

1350

1350 : SIMON DE COUVIN TÉMOIN DE LA GRANDE PESTE

Les épidémies de peste sont nombreuses au Moyen Âge. On en dénombre 32 du XIe au XIVe siècles par exemple Celle qui touche

l’Europe entre 1347 et 1350 est particulièrement impressionnante puisqu’elle emporte plusieurs millions de personnes. L’espace

wallon y échappe alors dans une bonne mesure. Par la suite, du XVe au XVIIIe siècles, la peste noire se fait plus rare, touchant des

zones restreintes ; mais des épidémies de dysenteries puis de choléra marquent l’Europe en général, l’espace wallon en particulier,

ayant une incidence évidente sur la démographie. En ce qui concerne la grande épidémie de peste noire du milieu du XIVe siècle, un

canoniste formé à Paris et chanoine de Saint-Jean l’Évangéliste à Liège, Simon de Couvin, a rédigé un témoignage sous la forme d’un

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poème en hexamètres, intitulé Libellus de juidicio Solis in conviviis Saturni, seu de horrenda illa peste, vers 1349-1350. Témoin plutôt

que médecin, attentif aux âmes plutôt qu’aux corps, il s’intéresse davantage à des causes « astronomiques » pour expliquer l’épidémie,

mais sa description du phénomène correspond point pour point aux symptômes de la fièvre bubonique et à son évolution chez les

personnes atteintes.

1370

1370 : "CHRONIQUES DE FRANCE, D’ANGLETERRE ET DES PAÏS VOISINS"

PAR JEAN FROISSART

À partir de 1370 et jusqu’en 1400, le chroniqueur Jean Froissart

rédige en moyen français, des CHRONIQUES DE FRANCE,

D’ANGLETERRE ET DES PAÏS VOISINS, qu’il remaniera sans

cesse. Couvrant les années 1327 à 1400, elles relatent les événements

de la première moitié de la Guerre de Cent Ans, depuis l’avènement

d’Edouard III d’Angleterre jusqu’à la mort de son petit-fils Richard

II. Curé d’Estinnes, chanoine de Chimay, historien officiel à la cour

de Philippa de Hainaut, l’épouse d’Édouard III d’Angleterre, le

chroniqueur Jean Froissart a compilé les textes de plusieurs sources

antérieures, notamment les GRANDES CHRONIQUES DE

FRANCE et la CHRONIQUE DE FLANDRE, mais il a également

inséré les récits de ses contemporains (princes, seigneurs, prélats,

écuyers…) témoins ou acteurs des événements.

1385

1385 : FORTE MIGRATION D’OUVRIERS TEXTILES FLAMANDS À COMINES ET WARNETON

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En 1382, le comté de Flandre se soulève contre Louis de Mâle, soutenu par les Français qui emportent la victoire à Westrozebeke. En

réaction, les troupes anglaises assiègent Ypres en 1383. Pour faciliter la défense, les faubourgs de la grande cité sont rasés et, en 1385,

Philippe le Hardi en interdit la reconstruction. Les ouvriers textiles se réfugient alors dans les petites cités drapières voisines et

établissent plus de mille métiers à Comines. Avec ces immigrés yprois qui constituent désormais la majorité de la population, le

flamand s’introduit massivement à Comines et à Warneton, et bientôt toute l’administration communale se fera en flamand.

1410

2 DÉCEMBRE 1410 : TOURNAI DIVISÉE ENTRE WALLONS ET FLAMANDS, ENTRE URBANISTE ET CLÉMENTISTES

À la mort de l’évêque Louis de la Trémoille (30 juillet 1410), le diocèse de Tournai se divise en deux camps lorsqu’il s’agit de lui

trouver un successeur. Les partisans du pape de Rome (urbanistes) se rencontrent surtout chez les Flamands ; ceux qui suivent le pape

d’Avignon (clémentistes) se recrutent surtout chez les Wallons. C’est finalement un troisième homme qui surgit : Jean de Thoisy est

désigné par le pape Jean XXIII, établi à Pise. D’origine bourguignonne, le nouvel évêque jouit du soutien du duc Jean Sans Peur. En

1419, il deviendra le chancelier de Philippe le Bon… Désigné le 2 décembre 1410, celui qui était jusqu’alors évêque d’Auxerre mettra

trois ans avant d’entrer en fonction comme évêque de Tournai.

1425

9 DÉCEMBRE 1425 : FONDATION DE L’UNIVERS ITÉ DE LOUVAIN

Le 9 décembre 1425, le duc Jean IV de Brabant, assisté de ses ministres Englebert de Nassau et Émond de Dynter, fonde l’Université

de Louvain, avec le consentement du pape Martin V. Cette université comprend les facultés de droit, de

médecine et des arts. La création d’une faculté de Théologie ne sera accordée qu’en 1432 par le pape

Eugène IV à Philippe le Bon. Les premiers cours sont donnés le 2 octobre 1426. L’université de Louvain

conservera son monopole à l’ouest du Rhin et au nord de Paris, jusqu’à la fondation de l’université de

Douai, en 1555.

1435

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1435 : LA NATIVITÉ PAR ROBERT CAMPIN

En 1435, Robert Campin – le Maître de Flémalle – peint LA NATIVITÉ, un tableau conservé aujourd’hui au Musée de Dijon. Dans

cette œuvre comme dans d’autres, l’artiste représente les réalités urbaines wallonnes. En arrière-plan de sa Nativité, on peut voir par

exemple la ville de Huy et son environnement rural : la collégiale Notre-Dame, avec sa haute flèche, l’enceinte urbaine, quelques

monuments, parmi lesquels le château et le donjon, ainsi que plusieurs constructions, dont une ferme. L’art wallon naît véritablement

au XVe siècle, avec Robert Campin.

1437

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1437 : DESCENTE DE CROIX PAR ROGER DE LA PASTURE

En 1437, Roger de la Pasture peint la DESCENTE DE CROIX (aujourd’hui conservée au musée du Prado). Considéré comme l’un des

plus grands artistes de son temps, le Tournaisien a concentré son œuvre sur la représentation de l’aspect tragique du destin du Christ et

de la Vierge Marie. Dans ce chef-d’œuvre, la Vierge, blême, est représentée évanouie, dans une position similaire à celle du Christ.

1455

1455 : "L’HOMME ARMÉ" PAR GUILLAUME DUFAY

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Vers 1455, Guillaume Dufay compose la messe L’HOMME ARMÉ pour

célébrer le traité d’alliance entre Charles VII, roi de France, et le duc Louis de

Savoie (en date du 27 octobre 1452). Il est le premier à recourir à une chanson

profane pour mettre en musique une messe. Cette pratique sera suivie jusqu’au

XVIe siècle par la plupart des compositeurs de musique sacrée. Depuis Dufay et

jusque Palestrina, en passant par Ockeghem et de La Rue, plus de vingt

compositeurs ont construit, sur la mélodie de L’HOMME ARMÉ, des versions

de l’ordinaire de la messe.

1459

1459 : HISTOIRE D’ALEXANDRE PAR LES ATELIERS PASQUIER DE GRENIER

En 1459, les ateliers tournaisiens de Pasquier de Grenier achèvent deux

tapisseries représentant l’histoire d’Alexandre le Grand. L’ensemble s’étend sur

près de vingt mètres de long. La première tapisserie raconte l’adolescence

d’Alexandre, le dressage de Bucéphale, ses premières victoires militaires jusqu’à

son couronnement. Sur la deuxième tapisserie, le roi et ses troupes conquièrent une ville orientale. Leurs vêtements et armements sont

typiques de l’époque bourguignonne, tandis que les Orientaux sont représentés barbus. On peut également voir Alexandre explorer le

ciel dans une nacelle tirée par des griffons ou la mer dans un tonneau de verre. Grâce à la famille Grenier, Tournai est devenue le

principal centre de l’industrie drapière en occident. Pasquier Grenier et ses ateliers sont l’un des fournisseurs attitrés de la Maison de

Bourgogne.

1467

26 NOVEMBRE 1467 : LECTURE DE LA TERRIBLE SENTENCE DU TÉMÉRAIRE

Après son terrible succès à Brusthem (28 octobre), Charles le Téméraire fait son entrée à Liège le 17 novembre 1467. Le 26, au palais

épiscopal, il fait lire devant l’assemblée des bourgeois sa Sentence qui comprend 46 articles ! Les mesures expiatoires qui touchent les

Liégeois sont pires qu’en 1408 après Othée. Pour l’essentiel : abolition de la Paix de Fexhe ; suppression de toutes les lois et coutumes

du pays de Liège, ainsi que des institutions ; les privilèges de la Cité sont brûlés ; destruction de l’enceinte fortifiée de la ville ; fortes

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indemnités annuelles ; le perron mis à la disposition du duc sera transféré à Bruges ; le duc devient haut avoué héréditaire du pays. «

En droit comme en fait, le pays de Liège n’existe plus » (Jean Lejeune). Ville ouverte, profondément humiliée, Liège va se relever.

1471

14 FÉVRIER 1471 : RELIQUAIRE OFFERT PAR CHARLES LE TÉMÉRAIRE À LA CATHÉDRALE DE LIÈGE

C’est le 14 février 1471 que Charles le Téméraire offre un exceptionnel reliquaire à la cathédrale Saint

Lambert de Liège. Commandé à Gérard Loyer, orfèvre à Lille, on y voit le duc Charles, en armure et portant

le collier de la Toison d’Or, agenouillé, présenté par saint Georges, le patron des chevaliers, reconnaissable

au dragon enroulé à ses pieds. Le duc tient en mains un reliquaire contenant une relique de saint Lambert.

Les figurines sont en or, rehaussées d’émaux, et placées sur un piédestal de vermeil. Sur celui-ci, est

indiquée la devise « je l’ay empri[ns] » (je l’ai entrepris) et les initiales C pour Charles et M pour

Marguerite d’York, son épouse La visite du Téméraire en novembre 1467 à Liège pour vénérer les reliques

de saint Lambert lui permet peut-être d’acquérir un doigt du saint, relique corporelle hautement symbolique.

Au Moyen Âge, saint Lambert est considéré comme le véritable propriétaire de la terre de l’Église de Liège.

Dès lors, le Téméraire voudrait signifier aux Liégeois qu’il est devenu le maître du pays ; il veut clamer haut

et fort sa victoire et sa mainmise sur la principauté. Par ce reliquaire, donc, il se veut provocateur en

imposant son image à la face des Liégeois.

1481

26 AOÛT 1481 : PREMIÈRE SORTIE DE GOLIATH À LA PROCESSION D’ATH

Les comptes de la ville d’Ath mentionnent la présence de Goliath lors de la procession du mois d’août 1481. Une dépense avait en

effet été effectuée pour frais de réparation par l’église Saint-Julien la même année. Il est à cette époque la figure de la confrérie des

Arbalétriers, dédiée à saint Roch. L’épisode biblique opposant David au géant Goliath a connu une large diffusion dans toute l’Europe

occidentale et plusieurs villes wallonnes l’ont mis en scène lors des processions, notamment Nivelles et Namur. Mais c’est à Ath que

cette tradition est la plus impressionnante. Ducasse rituelle de la fin du mois d’août, la procession des Géants présente une telle

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originalité qu’elle a réussi à convaincre l’Unesco qu’elle méritait d’être classée au titre de chef-

d’oeuvre du Patrimoine culturel et immatériel de l’Humanité ; cette reconnaissance lui a été

accordée le 25 novembre 2005.

1514

1514 : PREMIÈRE CATASTROPHE MINIÈRE DE WALLONIE : 98 MINEURS VICTIMES DU GRISOU

L’exploitation du charbon – de la houille disait-on surtout – remonte certainement aux XIIIe -

XIVe siècles au pays de Liège. Si l’on se contente du charbon de surface à l’origine, on est vite

contraint de creuser des galeries avec tous les dangers liés à cette exploitation : éboulement,

coup d’eau, grisou et poussier. La première grosse catastrophe minière de Wallonie paraît s’être

déroulée en principauté de Liège, à la fosse du Barbeau de Wez, où l’on enregistre la mort de 98

mineurs suite à un coup de grisou.

1520

1520 : PAYSAGE AU SAINT JÉRÔME PAR JOACHIM PATINIER

Autour de 1520, Joachim Patenier peint le PAYSAGE AU SAINT

JÉRÔME, conservé au musée du Prado, à Madrid. Dans ce tableau,

comme dans beaucoup d’autres, Patinier transpose au sein de ses

compositions de paysages, des éléments du relief dinantais, comme les

pics rocheux. L’artiste est véritablement révolutionnaire dans sa manière

de peindre la nature. Il impose une nouvelle conception de l’espace,

construit de toutes pièces, qui s’éloigne de ce que le spectateur a sous les

yeux dans la réalité, tout en figurant les réalités du relief wallon.

1524

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23 AVRIL 1524 : PREMIÈRE MENTION DU DRAGON DANS LA PROCESSION DU LUMEÇON DE MONS

Les comptes de la ville de Mons mentionnent, pour la première fois en 1524, la présence du

dragon combattant saint Georges, lors de la procession du Lumeçon. L’introduction d’un

dragon dans une procession était courante au Moyen Âge, mais à Mons, le dragon n’était pas

seulement une figure qui déambulait dans la ville : les comptes mentionnent en effet chaque

année que la queue du dragon devait être raccommodée. Si le dragon est cité pour la première

fois en 1524, la première mention du jeu de saint Georges apparaît déjà dans les comptes de

la Massarderie (perception des impôts), en 1502. Kermesse caractéristique de la ville de

Mons, ducasse rituelle du dimanche de la Trinité, le Doudou présente une telle originalité

qu’il a réussi à convaincre l’Unesco qu’il méritait d’être classé au titre de chef-d’oeuvre du

Patrimoine culturel immatériel de l’Humanité ; cette reconnaissance lui a été accordée le 25

novembre 2005.

1527

1527 : GISANT D’ALBÂTRE DU PRINCE DE CHIMAY

Seigneurie érigée en comté par Charles le Téméraire, Chimay devient une principauté en

1486 à l’instigation de Maximilien d’Autriche. Fortifiée en 1606 afin de garder la vallée de l’eau blanche, la place-forte est prise à 7

reprises durant les belliqueux XVIIe et XVIIIe siècles. Dans la collégiale Saints Pierre et Paul, qui remonte au XIIIe siècle, un

mausolée en marbre noir est surmonté d’un gisant d’albâtre du deuxième comte de

Chimay, devenu prince en 1486. Ce membre de la famille de Croÿ a été le parrain et

le précepteur de Charles Quint. Cela explique la réalisation de ce gisant exceptionnel,

après sa mort survenue en 1527.

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1546

17 SEPTEMBRE 1546 : CONSTRUCTION DE LA PLACE-FORTE DE MARIEMBOURG

En 1546, Marie de Hongrie, gouvernante des Pays-Bas et soeur de Charles Quint,

décide la fondation de la place forte de Mariembourg, en face de celle de Maubert-

Fontaine en construction, située en territoire français. Situé au confluent de l’Eau

blanche et de La Brouffe, l’ouvrage est pensé par le sculpteur et architecte Jacques

du Broeucq : sur un plan tétragonal de trois-cents mètres de côté sur deux-cent-

septante, Mariembourg – qui doit son nom à Marie de Hongrie – comporte quatre

bastions et est entourée d’une douve. Entrepris le 15 mai 1546, les travaux sont

achevés le 17 septembre de la même année. Réputée imprenable, les troupes de

Henri II la prendront dès 1554, au terme d’un siège de quatre jours seulement.

1550

1550 : PAYSAGE AVEC MINES PAR HENRI BLÈS

C’est au milieu du XVIe siècle que Henri Blès peint le PAYSAGE

AVEC MINES conservé à l’ALTE GALERIE DES

STEIERMÄRKISCHEN LANDESMUSEUM JOANNEUM de Graz

(Autriche). Une œuvre similaire est conservée à la galerie des Offices de

Florence. Avec cet artiste, le tableau n’est plus la représentation d’une

scène religieuse, mais bien d’un sujet profane. Henri Blès s’ancre dans

les réalités de son temps et s’illustre dans la représentation de l’activité

métallurgique, particulièrement intense à son époque, surtout dans sa

région d’origine, la vallée mosane. Sa palette s’oriente vers les tons ocre,

brun et vert.

1559

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31 JUILLET 1559 : PRISE EN COMPTE DES RÉALITÉS LINGUISTIQUES PAR LA BULLE PAPALE SUPER UNIVERSAS

Le 31 juillet 1559, par la bulle Super Universas, le pape Paul IV cède à la pression de l’empereur Philippe II et recompose les limites

des diocèses des provinces espagnoles, transformant les Pays-Bas habsbourgeois en une forteresse du catholicisme en Europe du nord.

Quatorze nouveaux diocèses sont créés dont les limites correspondent à celles, politiques, du représentant de la famille des Habsbourg.

Ces nouveaux diocèses dépendent de trois provinces ecclésiastiques : Utrecht, Malines et Cambrai. Les nouvelles limites tiennent

également compte des réalités linguistiques, une distinction étant clairement établie entre les territoires de langue germanique et les

territoires romans.

1574

12 SEPTEMBRE 1579 : LE TRAITÉ DE MONS, OU LA RÉCONCILIATION DES PROVINCES WALLONNES AVEC L’ESPAGNE

Stratège patient, le duc de Farnèse négocie avec les membres de l’Union d’Arras. Après la signature d’un premier texte, le traité

d’Arras du 17 mai 1579, les dispositions sont révisées et donnent lieu à un nouveau traité signé à Mons, cette fois, le 12 septembre. Le

traité de Mons scelle la réconciliation avec l’Espagne des députés des provinces d’Artois, de Hainaut et des villes et châtellenies de

Lille, Douai et Orchies (Flandre wallonne), qu’on appelle aussi les

Malcontents.

1605

5 JANVIER 1605 : PREMIÈRE INAUGURATION DE LA MAISON DE JEAN DE CORTE,

DIT CURTIUS

Industriel et marchand, propriétaire d’une mine de charbon et d’une

fabrique de poudre à Chaudfontaine, Jean De Corte se spécialise dans la

fabrication de munitions et s’impose comme l’un des plus importants

fournisseurs des armées espagnoles, mieux connu sous le nom de Jean

Curtius. Sa prospérité lui permet d’acquérir plusieurs châteaux, mais

aussi de faire construire une imposante bâtisse, en style renaissance

mosane, le long de la Meuse, à Liège. Entamée vers 1597, la construction

s’achève au début de l’année 1605, mais son propriétaire n’aura guère

l’occasion de goûter à ses espaces intérieurs et à ses décorations qu’une

dizaine d’années, avant de partir en Espagne pour ne pas perdre fortune.

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Vendu au Mont-de-Piété en 1627, le bâtiment subit diverses transformations et affectations, avant d’être restauré par la ville de Liège

pour en faire un musée (inauguré en 1909) avec l’aide de l’Institut archéologique liégeois. À la fin du XXe siècle, une rénovation

totale est réalisée dans le cadre du projet initialement appelé « MégaMusée »..

1618

1618 : LA PROVINCIA WALLONIAE DE L’ORDRE DES CAPUCINS

À partir du XVIIe siècle, l’ordre des Capucins réorganise

l’administration de sa province dite de Germanie inférieure. Dès

1616, le critère de la langue est utilisé pour établir une distinction

entre la Provinciae Flandriae pars et la Provincia Gallo-Belgiae sev

Walloniae. Les Capucins suivent ainsi l’exemple des Jésuites. Le

substantif latin Wallonia est utilisé dès 1618 par les Capucins et finit

par s’imposer : la Provincia Walloniae supplante l’appellation

Provincia Gallo-belgiae.

JUILLET 1618 : LOUIS DE GEER OBTIENT LA CONCESSION DU FIEF DE

FINSPONG ET DE SON USINE

Père de l’industrie du fer en Suède, Louis de Geer obtient la

concession du fief de Finspong et de son usine, d’où sortiront des

canons de fer réputés mondialement. Après juillet 1618, moment de

l’acquisition de Finspong, de Geer ouvrira et développera de nombreux établissements pour lesquels il recrutera des ouvriers wallons

en grand nombre : en tout, environ cinq mille hommes et leur famille quittent leur pays wallon natal pour s’installer en Suède.

1624

20 MAI 1624 : DES WALLONS FONDATEURS DE NEW YORK

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Au nom de la Compagnie hollandaise des Indes

orientales, le navigateur anglais Hudson (qui donne son

nom au fleuve) a pris possession, vers 1609, d’une

région baptisée Nieuw Nederland, en néerlandais, et

Novum Belgium en latin. Parmi ceux qui cherchent

l’aventure du Nouveau Monde, on trouve beaucoup de

Wallons, souvent exilés dans les Provinces-Unies pour

des raisons religieuses. Il en est ainsi de Pierre Minuit,

stimulé par l’expédition du Mayflower (1620) et par les

démarches d’autres Wallons : en 1624, à bord du Nieuw

Nederland, plus de deux-cents colons exclusivement

wallons se sont installés entre la Virginie et la Nouvelle-

Angleterre. Pierre Minuit est de l’équipée qui quitte

Amsterdam et arrive à… New-Amsterdam le 4 mai

1626. À peine débarqué, il est nommé gouverneur de la

Nouvelle-Belgique. C’est à ce titre qu’il achète la pointe

sud de l’île aux Indiens Manhattes. Le nom de cette

tribu désignera le quartier de Manhattan, partie de la

ville de New York (nom donné par les Anglais en 1664), dont la date officielle de création, le 20 mai 1624, est celle de l’arrivée des

premiers Wallons. Qualifiée de New Amsterdam par la Compagnie des Indes occidentales, la grande cité doit sans conteste sa

naissance aux Wallons arrivés sur le Nieu(w) Nederland. Si la Compagnie des Provinces-Unies a eu l’habitude de « néerlandiser » tous

les patronymes et de faire référence aux toponymes des provinces bataves, les Wallons exilés ont laissé des traces de leur oeuvre

fondatrice, même si l’on retrouve souvent Pierre Minuit affublé du nom de Pieter Minnewit. Ainsi, identifie-t-on encore aujourd’hui à

New York, la baie de Gowanus, à l’ouest de Brooklyn : ce lieu tire son nom d’Owanus, traduction latine du village natal de P. Minuit,

la commune d’Ohain. Quant à la baie de Wallabout, au nord de Brooklyn, il s’agit d’une déformation du néerlandais Waal bocht qui

signifie la baie wallonne. Quant à Peter Stuyvesant, malgré de nombreuses tentatives visant à lui attribuer la paternité de New York, il

reste malaisé d’expliquer comment il aurait pu concilier la date de naissance de New York (1624), avec son arrivée sur place

en…1647.

1659

1659 : LE MESOLABUM PAR RENÉ-FRANÇOIS DE SLUSE

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Abbé à Liège puis à Amay, mathématicien partageant une large

correspondance avec les grands scientifiques de son temps, René-François

de Sluse publie, en 1659, son MESOLABUM SEU DUAE MEDIAE

PROPORTIONALES INTER DATAS, PER CIRCULUM ET ELLIPSIM,

VEL HYPERBOLAM INFINITIS MODIS EXHIBITAE. Dans cet

ouvrage, l’auteur discute les solutions des équations du troisième et du

quatrième degrés ; alors que Descartes avait énoncé que cette résolution

correspondait à l’intersection d’une parabole et d’un cercle, René-François

de Sluse montre que toute section conique peut être substituée à la

parabole. Une deuxième édition de l’ouvrage sortira en 1668.

1661

20 OCTOBRE 1661 : UN BEFFROI BAROQUE À MONS

Un premier beffroi, sans doute du XIIIème siècle, se situait près de la

collégiale Sainte-Waudru. Il a été démoli en 1799. Une autre tour, ronde, s’écroula en 1661.

C’est à son emplacement que la construction d’un beffroi imposant, dominant la ville et les

environs, est confiée à l’architecte Louis Ledoux, le 20 octobre de la même année 1661. La

construction dura de 1662 à 1669 et donna à voir l’émergence d’une tour carrée en grès et pierre

bleue, terminée par une charpente compliquée, en bulbes très baroques et d’un effet pittoresque et

original. Construit sur trois niveaux marqués par des entablements avec balustrade, l’édifice mêle

colonnes ioniques et pilastres toscans aux angles de la tour, bulbes, lucarnes et girouettes dorées,

au sommet, c’est-à-dire à 87 mètres du sol. L’intérieur est en brique. Depuis le 1er décembre

1999, avec d’autres beffrois wallons (Binche, Charleroi, Gembloux et Tournai), flamands et du

Nord de la France, ce patrimoine majeur de Wallonie est aussi inscrit sur la Liste du Patrimoine

mondial de l’Humanité par l’Unesco.

1666

3 SEPTEMBRE 1666 : CRÉATION DE CHARLEROI

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Les Traités de Westphalie de 1648 n’ont pas entièrement pacifié l’Europe.

La France de Louis XIV est particulièrement active au nord, forçant

l’Espagne à de premières concessions lors du Traité des Pyrénées. Ayant

perdu la bataille de l’Entre-Sambre-et-Meuse, l’Espagne se replie sur la

Sambre. Le village de Charnoy est acheté et transformé en forteresse,

donnant naissance à Charleroi (1666), nom choisi en l’honneur du jeune roi,

Charles II. La première pierre de la forteresse est posée le 3 septembre 1666

par le marquis de Castel Rodrigo. Ville militaire fortifiée, Charle-Roy est

alors une pièce dans le système défensif renforcé des Espagnols ; il est

destiné à repousser les velléités françaises.

1678

1678 : ATTRIBUTION À ARNOLD DE VILLE D’UN DES PLUS IMPORTANTS APPELS

D’OFFRE DE SON TEMPS

Depuis plusieurs années, Louis XIV cherche le moyen de disposer de

quantités d’eau importantes pour l’entretien des jardins et la création

de jeux d’eau à Versailles. Plusieurs projets ont échoué ou ont

montré leurs limites lorsque le roi de France décide de lancer un

appel d’offre international. C’est un Wallon originaire de Huy qui

emporte le marché. Associé à Rennekin Sualem, le spécialiste de la

technique, Arnold de Ville aura le grand mérite de conserver la

confiance du roi et ses investissements, d’une part, de trouver des

fournisseurs très spécialisés, notamment au pays de Liège, d’autre

part. En 1688, la machine de Marly est inaugurée.

1683

JANVIER 1683 : DESCRIPTION DE LA LOUISIANE PAR LOUIS HENNEPIN

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Missionnaire, surnommé « l’explorateur du Mississipi », auteur à

succès, Louis Hennepin est un personnage énigmatique qui n’a pas

encore révélé tous ses secrets. Parti à la découverte de l’Amérique

du Nord en 1676 avec une expédition française, cet Athois rédige à

son retour en Europe une Description de la Louisiane publiée à Paris

en janvier 1683 qui va enthousiasmer le public. Celui-ci découvre en

effet le Nouveau Monde à travers les récits exotiques de Louis

Hennepin, bientôt traduits en plusieurs langues. « Auteur populaire

le plus à la mode », il est le premier à décrire les grands lacs. 46

éditions seront réservées à sa seule Description de la Louisiane. De

nos jours, un Géant d’Ath porte le nom de ce « routard » wallon

avant la lettre, de même qu’un comté du Minnesota, dont le siège est

Minneapolis, ville où sa statue trône sur une place publique, sous un

drapeau américain.

1692

18 SEPTEMBRE 1692 : VIOLENT TREMBLEMENT DE TERRE

Le 18 septembre 1692 un violent tremblement de terre ébranle le sol wallon ; il est estimé à 6,25 sur l’échelle de Richter. L’épicentre

est situé aux environs de Liège où plusieurs morts sont signalés et Mons est également fortement touchée : là aussi des morts sont à

déplorer. Plusieurs localités d’Ardenne enregistrent des dégâts notamment sur les édifices religieux. À Verviers, ce tremblement de

terre est à l’origine du pèlerinage à la Vierge des Récollets : plusieurs dizaines de témoins ont en effet rapporté que la position de cette

Vierge noire à l’enfant aurait changé à la suite du phénomène sismique et comme aucun mort n’est à déplorer on attribue à la Vierge

une action de protection miraculeuse. Dès 1697, un culte public est autorisé, ouvrant ainsi la porte à un pèlerinage.

1704

1704 : LE TRAITÉ DES SECTIONS DU CÔNE PAR JACQUES-FRANÇOIS LE POIVRE

Génial mathématicien montois, Jacques-François Le Poivre publie à Paris, en 1704, un Traité des sections du cylindre et du cône,

considérées dans le Solide & dans le Plan, avec des Démonstrations simples et nouvelles, en 61 pages et 48 figures. Quelques mois

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après la parution de l’ouvrage, Jacques-François Le Poivre est accusé d’avoir plagié les méthodes du mathématicien Philippe de La

Hire. En réponse, il publiera une seconde édition de l’ouvrage, en 1708, intitulée Traité des Sections du Cône considérées dans le

Solide, Avec des démonstrations simples & nouvelles, plus simples et plus générales que celles de l’édition de Paris. Longtemps après

sa mort, Adolphe Quetelet démontrera que les accusations portées contre Le Poivre étaient dénuées de fondement. Resté peu connu, Le

Poivre est considéré par certains spécialistes comme le représentant le plus fidèle à la conception arguésienne de la géométrie.

1706

1706 : NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LA CATARACTE, PAR MICHEL BRISSEAU

Spécialiste des yeux, le Tournaisien Michel Brisseau publie en 1706 ses Nouvelles observations sur la cataracte, lues à l’Académie

royale des Sciences. Dans cet ouvrage, il démontre que la cataracte n’est pas une membrane formée dans l’humeur aqueuse, mais une

opacification du cristallin lui-même. Cette théorie n’est pas neuve, mais considérée comme inexacte, elle avait été oubliée.

1713

11 AVRIL 1713 : TRACÉ QUASI DÉFINITIF DE LA FRONTIÈRE FRANCO-WALLONNE, LORS DU TRAITÉ D’UTRECHT

Espérant une union étroite entre les trônes de France et d’Espagne, Louis XIV entreprend sa dernière grande guerre, celle de

Succession (1701-1714). L’union des couronnes de France et d’Espagne

aurait notamment signifié que Paris pourrait désormais disposer de

frontières septentrionales en contact direct avec les Provinces-Unies, les

vallées de l’Escaut, de la Meuse et de la Moselle lui étant acquises.

Cette perspective est combattue par toutes les puissances d’Europe lors

de batailles multiples, mais non décisives. Par les Traités d’Utrecht qui

mettent un terme au conflit (11 avril puis 13 juillet 1713), la maison

d’Autriche hérite des Pays-Bas jusque-là espagnols. La France rétrocède

à l’Autriche Tournai et le Tournaisis (sauf saint-Amand), Comines et

Warneton, ainsi que le territoire de West-Flandre. Toujours à la maison

d’Autriche, la France abandonne le duché de Luxembourg, y compris le

comté de Chiny, le comté de Namur et la ville de Charleroi. Les

Provinces-Unies peuvent occuper huit places fortes, dont Tournai,

Mons, Charleroi et Namur. Mises à part quelques modifications

territoriales destinées à désenclaver le territoire français de Givet, la

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ligne frontalière actuelle entre la Wallonie et la France est quasiment tracée, hormis quelques enclaves. Conclu entre la France et les

Provinces-Unies, le premier traité (11 avril) laisse les Pays-Bas espagnols aux mains des « Hollandais » jusqu’à la signature d’un traité

de barrière avec l’Empereur. Signé par la France, les P-U et l’Angleterre, le second traité est avant tout économique et commercial et

se fait au détriment des Pays-Bas.

1721

18 JANVIER 1721 : INSTALLATION DE LA TOUTE PREMIÈRE POMPE À FEU DU CONTINENT, À JEMEPPE-SUR-MEUSE

Au début du XVIIIe siècle, l’Anglais Thomas Newcomen invente et construit un appareil à vapeur capable d’actionner une pompe, un

engin – appelé pompe à feu – bien supérieur à ceux utilisés jusqu’alors. Son invention est révolutionnaire. Malgré les grandes mesures

de précaution prises pour protéger l’invention, un collaborateur de Newcomen entre

en contact avec trois hommes d’affaires liégeois et signe un contrat d’installation

d’une pompe à feu dans un charbonnage situé entre Tilleur et Jemeppe-sur-Meuse.

C’est en fraude que le matériel parvient à Liège fin 1720. Avec l’aide de l’ingénieur

anglais, la machine est opérationnelle dès le 17 janvier 1721. Il faudra vaincre

encore quelques obstacles avant qu’elle n’entre parfaitement en service. Mais les

Liégeois se font les propagateurs, en pays wallon, de la machine de Newcomen qui

trouve ici sa première application dans l’industrie extractive.

1722

1722 : TRADUCTION DU SERMENT DES ÉCHEVINS COMINOIS DU FLAMAND VERS

LEFRANÇAIS

Flamandisée suite à l’importante migration d’ouvriers textiles yprois du XIVe siècle, l’administration de Comines et de Warneton se

refrancise à la faveur des troubles religieux et politiques de la fin du XVIe siècle qui voit affluer de nombreux réfugiés fuyant l’Artois

voisin. En 1722, le serment des échevins cominois est traduit du flamand en français.

1728

1728 : LE GRAND LIVRE DES PEINTRES PAR GÉRARD DE LAIRESSE

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Disciple de Bertholet Flémal, le Liégeois Gérard de Lairesse se distingue très

jeune par ses qualités artistiques, à la fois en musique, en littérature et en

peinture. Parti s’installer dans les Provinces-Unies, où il fait carrière, de

Lairesse y est surnommé le « Poussin hollandais ». Il dessina aussi pour

l’Anatomia corporis humani de Govert Bidloo. Devenu aveugle, il décide,

vers 1690, d’organiser des conférences consacrées à l’art. Avec l’aide de ses

fils, il réunit une telle masse de notes qu’au fil des leçons la matière est

disponible pour des ouvrages d’esthétique qu’il publie en néerlandais :

Grondlegginge der Teeken Kunst (Amsterdam, 1701) et Het

Grootschilderboek (1707). Traduit en français et allemand en 1728, Le grand

livre des peintres est une exaltation de l’académisme le plus intransigeant, où

Lairesse prône la copie servile de l’antique et de la nature. Le goût de

l’antique et le Néo-Classicisme des dernières décennies du XVIIIe siècle

vaudront à Lairesse – le peintre comme le théoricien – d’entrer dans la

postérité.

1751

1751 : DICTIONNAIRE HISTORIQUE DE LA MÉDECINE ANCIENNE ET MODERNE, PAR

NICOLAS-FRANÇOIS-JOSEPH ELOY

Considéré comme l’un des pionniers de la bibliographie médicale, le médecin montois Nicolas-François-Joseph Eloy publie, à Liège,

un Dictionnaire historique de la Médecine ancienne et moderne, en deux volumes. Datant de 1751, cet ouvrage, qui reste un classique,

sera publié une seconde fois, en 1778, à Mons, en quatre volumes.

1756

1ER JANVIER 1756 : PREMIÈRE LIVRAISON DU JOURNAL ENCYCLOPÉDIQUE DE PIERRE ROUSSEAU

Romancier, auteur de comédies, Pierre Rousseau, toulousain d’origine, s’installe à Liège en 1755 pour y lancer le Journal

encyclopédique dont le premier numéro sort le 1er janvier 1756 des presses d’Evrard Kints. Sur le modèle de l’Encyclopédie de

Diderot et d’Alembert, l’objectif est de relayer les événements de l’actualité européenne, mais aussi de relater tout ce qui pouvait y

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avoir d’intéressant dans le domaine des Sciences et des Arts. Il accueille des articles de Voltaire,

Chamfort, l’abbé Prévost, etc. Les 28 livraisons du Journal encyclopédique sont imprimées à Liège,

puis dans le duché de Bouillon, où Pierre Rousseau s’établit en 1769. En effet, en 1759, à la

demande du parti dévot, son activité a été interdite à Liège. Lorsqu’il établit ses pénates à Bouillon,

après un accueil éphémère à Bruxelles, il contribue à créer un des centres les plus actifs de la presse

et de l’édition française loin de Paris.

1757

23 JANVIER 1757 : LI VOYÈDJE DI CHAUFONTAINE PAR JEAN-NOËL HAMAL

Amateur de nouveautés, Jean-Noël Hamal a retenu de son séjour à Naples l’idée d’introduire dans

les opéras des airs bouffons en dialecte, voire de créer un opéra complet en langue populaire. Les

quatre opéras burlesques en dialecte wallon dont il écrit la musique en 1757 et 1758, sur des paroles

de Jacques Joseph Fabry, notamment, lui assurent une renommée éternelle, tant leur vivacité, leur

entrain communicatif et leur humour narquois plaisent au public. L’air et le nom de ces opéras ont

traversé le temps : Li voyèdje di Chaufontainne (ou Tchafontaine), Li lidjwè ègagï (avril), Les

Hypocontes et Li Fièsse di Hoûte-si-ploût, donnant ses premiers titres de noblesse au théâtre lyrique

dialectal. Épiphénomènes, ces quatre oeuvres devront attendre le XIXe siècle avant d’avoir des

successeurs. C’est le 23 janvier 1757 que Le Voyage de Chaudfontaine fut joué pour la première

fois.

1760

MAI 1760 : LA MESSE DES MORTS DE FRANÇOIS-JOSEPH GOSSEC

Jeune virtuose né à Vergnies et formé à Anvers notamment, François-Joseph Gossec quitte son Hainaut natal pour Paris où il est

engagé comme violoniste dans l'orchestre de M. de la Poupelinière, le protecteur de Rameau. Six ans plus tard, en 1760, il prend la

direction de l’ensemble musical et se rend célèbre avec sa Grande Messe des morts (Missa pro defunctis), à l'orchestration

extraordinaire pour l'époque, qu’il dirige pour la première fois au mois de mai, à Paris. Considérée comme son requiem, cette oeuvre

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est fondamentale ; elle paraît avoir influencé à la fois Mozart pour son propre

Requiem, ainsi que Berlioz pour sa Grande Messe des morts. OEuvre novatrice,

conçue pour plus de deux-cents exécutants, la réunion à l’orchestre des tambours,

des bassons, des clarinettes et des trompettes constitue une réelle innovation au

moment de sa présentation. Véritable initiateur de la musique instrumentale en

France, François-Joseph Gossec y fait toute sa carrière et sera certainement le

musicien le plus honoré de l’empire.

1763

1763 : NOUVEAUX AMUSEMENS DES EAUX DE SPA, PAR JEAN PHILIPPE DE LIMBOURG

Déjà auteur, en 1754, d’un remarqué Traité des eaux minérales de Spa, le médecin

Jean Philippe de Limbourg édite, en 1763, chez

François-Joseph Desoer, ses Nouveaux

amusemens des eaux de Spa, ouvrage instructif et

utile à ceux qui vont boire ces eaux minérales sur les lieux, dans lequel il relate la vie des Bobelins,

terme désignant les étrangers venant prendre les eaux à Spa. Il indique notamment la « nature de ces

amusemens » : l’attrait du plaisir et la santé. Une seconde édition de l’ouvrage sortira en 1782-1783 à

Amsterdam, chez les Libraires associés, dans laquelle Jean Philippe de Limbourg dresse la liste des

princes et princesses qui se sont rendus à Spa en 1779, 1780 et 1781.

1769

31 DÉCEMBRE 1769 : FONDATION DE LA LOGE MAÇONNIQUE LA PARFAITE INTELLIGENCE À LIÈGE

Depuis la naissance, à Mons, en 1721, de la première loge du pays wallon, d’autres sociétés se sont

constituées. Ainsi, en 1749, LA NYMPHE DE CHAUDFONTAINE voit-elle le jour, au sein de la

Grande Loge de Londres. À Tournai, la loge L’UNANIMITÉ voit le jour le 4 février 1765, « sous les

auspices de Charles de Lorraine et par plusieurs Maçons, tant de la Grande Loge de Saint-André

d’Écosse, que d’autres loges particulières et régulières ». En activité jusqu’en 1769, une partie de ses

membres sont à l’origine de la fondation de la loge LES AMIS RÉUNIS, en 1769-1770. À ce

moment, la loge SAINT-CHARLES DE LA PARFAITE HARMONIE est créée à Bouillon, tandis

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que le 9 février 1770, Namur voit un officier écossais créer la loge de LA PARFAITE

UNION. En 1777, elle change de titre et devient LA BONNE AMITIÉ, affiliée à la

Grande Loge des Pays-Bas.

À Liège, le phénomène se manifeste aussi autour de l’années 1770. Le 31 décembre

1769 est fondée la plus ancienne des loges liégeoises connues, LA PARFAITE

INTELLIGENCE, sous les auspices du Grand Orient de France. D’orientation

aristocratique, son activité n’est manifeste qu’en 1776. S’y rencontrent notamment

François-Joseph Desoer, l’imprimeur de la GAZETTE DE LIÈGE, l’éditeur Clément

Plompteux ou encore l’abbé Hubert-Joseph de Paix, chanoine tréfoncier de la cathédrale

de Liège. LA PARFAITE INTELLIGENCE ne sera plus guère active au-delà de 1789.

Le 9 mars 1776, LA PARFAITE ÉGALITÉ, également sous les auspices du Grand

Orient de France, prend place à côté de

LA PARFAITE INTELLIGENCE, en se

voulant plus « démocratique ». S’y

rencontrent notamment l’éditeur Bassompierre et le conseiller Frédéric-Joseph de

Sauvage, ainsi que les fils de François-Joseph Desoer. Au tournant du XIXe siècle, il

semble que LA PARFAITE ÉGALITÉ a interrompu ses travaux.

En 1778, est fondée à Spa la loge maçonnique L’INDIVISIBLE, qui dépend directement

du Grand Orient de France et dont l’installation cristallisera l’opposition des deux loges

liégeoises rivales. En 1783, c’est à Marche-en-Famenne qu’apparaît la loge maçonnique

LA CONSTANCE. Cependant, avec l’entrée en vigueur de la réforme de Joseph II en

1786, réduisant à trois le nombre de loges à Bruxelles et les interdisant dans les autres

villes des Pays-Bas autrichiens, les activités de LA CONSTANCE seront interrompues, comme beaucoup d’autres d’ailleurs.

1777

1777 : INTÉRIEUR D’UNE FORGE PAR LÉONARD DEFRANCE

Dans l’histoire de l’art, les premières peintures avec des scènes de travail (grandes industries, exploitation minière, traitement du fer et

autres activités économiques) sont dues à Léonard Defrance et au Suédois Hillestroem et datent de la période 1775-1800. Intéressé par

les détails à la fois des techniques et de la vie sociale, Léonard Defrance met en scène des ouvriers au travail et des bourgeois «

visiteurs improbables ». Les nombreuses « Visite » et « Intérieur » réalisées par Léonard Defrance sont autant de photographies de

réalités wallonnes du XVIIIe siècle. Huile sur bois (41,5 x 60 cm), le tableau Intérieur d’une forge, daté de 1777, est l’un de ses

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premiers tableaux et l’un des plus connus.

Engagé dans les luttes de son époque,

directeur de l’Académie des Beaux-Arts

créée par le prince-évêque Velbruck,

animateur de la Société d’Émulation,

Defrance sera parmi les artisans de la

démolition de la cathédrale Saint-Lambert,

symbole à ses yeux du pouvoir religieux

qu’il fallait proscrire.

1ER FÉVRIER 1777 : PARUTION DE LA FEUILLE

SANS TITRE, PREMIER JOURNAL QUOTIDIEN

LIÉGEOIS

Dans l’efflorescence culturelle qui caractérise la principauté de Liège dans la seconde

moitié du XVIIIe siècle, l’imprimeur Jean-Jacques Tutot décide de lancer un journal

quotidien, ce qui ne s’était jamais vu, semble-t-il, à Liège. Par contre, en 1715, à Verviers,

avait paru ÉLITE DES NOUVELLES, qui pourrait bien être le premier journal diffusé en

Wallonie.

C’est donc longtemps plus tard, le 1er février 1777, que paraît – sûrement – le premier

numéro de LA FEUILLE SANS TITRE, contenant toutes les productions d’esprit, les

pièces de poésies fugitives, les bons mots, les anecdotes récentes, les découvertes les plus

intéressantes dans la médecine, la chirurgie, la botanique, l’agriculture, et dans les arts, soit

libéraux, soit mécaniques, les fêtes brillantes, et surtout les modes, etc. Imprimée à Liège,

la feuille est placée sous la direction de Mauff, officier au bureau des postes impériales à

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Liège. Comme annoncé, le journal comporte plusieurs rubriques : Belles-Lettres, Tribunaux, Vers, Modes, Bons Mots, Énigmes,

Logogriphes, Événements, Variétés, Médecine, Histoire naturelle, Lettres (au Rédacteur, aux Auteurs du JOURNAL DE PARIS ou du

COURRIER DE L’EUROPE). Il annonce et présente les spectacles de Paris et ses « Anecdotes » sont souvent empruntées aux

journaux anglais. La FEUILLE SANS TITRE ne connaîtra pas une année d’existence complète : elle est supprimée en décembre 1777

à la demande du prince-évêque François-Charles de Velbruck.

1779

5 AVRIL 1779 : FONDATION DE LA SOCIÉTÉ LITTÉRAIRE DE LIÈGE

Dans le dernier quart du XVIIIe siècle, fleurissent en Europe des lieux de convivialité où les membres peuvent trouver les journaux et

les livres de l’époque, et discuter des événements d’actualité. En 1775 naît ainsi le Cabinet littéraire de Verviers qui souscrit

notamment à l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert. Une initiative semblable apparaît à Huy, puis à Liège le 5 avril 1779.

Simultanément à la Société libre d’Émulation, la Société littéraire de Liège est fondée sous les auspices du prince-évêque, François-

Charles de Velbrück bien connu pour sa curiosité pour les lettres et son ouverture aux idées nouvelles. Elle offre à la « bonne société »

liégeoise de se retrouver, initialement dans un restaurant de la rue Haute Sauvenière, avant de s’établir définitivement au coin de

l’actuelle Place de la République où la Société littéraire poursuit aujourd’hui encore ses activités.

1787

1ER JANVIER 1787 : LA PETITE RÉVOLUTION BRABANÇONNE

Despote éclairé, Joseph II avait acquis la conviction, lors de son séjour dans les

Pays-Bas en 1781, qu’une profonde réforme des institutions était nécessaire en

matière politique, administrative et judiciaire, à la fois en raison de la lenteur, de

la paresse, de l’arbitraire, de la complexité et de l’inefficacité des services et des

agents. D’un trait de plume précédé d’une longue réflexion, Joseph II impose ses

réformes le 1er janvier 1787. Ainsi, notamment, son projet en matière

administrative consiste à créer neuf cercles dirigés par un intendant. Chaque

cercle est désigné par le nom de son chef-lieu, Anvers, Bruges, Bruxelles, Gand,

Limbourg, Luxembourg, Mons, Namur et Tournai. Le poste de gouverneur

comme tout l’appareil judiciaire et financier connaissaient un changement aussi

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radical. En dépit des avantages indéniables en termes d’efficacité, voire de gouvernance, les

réformes de Joseph II suscitent une hostilité et une agitation telles que l’Empereur est contraint d’y

renoncer dès l’été 1787. Les États de Brabant jouent un rôle majeur, si bien que l’on peut écrire que

les Pays-Bas autrichiens connaissent alors leur « petite révolution brabançonne » déjà fortement

marquée de conservatisme. Parmi les manifestations d’opposition, on enregistre aussi la prise de

position des États de Hainaut qui accusent l’empereur de violer les « constitutions » des provinces

qu’il avait juré de respecter lors de son inauguration.

1793

1ER MARS 1793 : ANNEXION PROGRESSIVE DU PAYS WALLON ET THIOIS À LA FRANCE

S’appuyant sur les résultats, jugés probants, des plébiscites, la Convention nationale décide, depuis

Paris, l’annexion à la France de l’ensemble des anciens territoires de la principauté de Liège, de la

principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy et des provinces des Pays-Bas autrichiens. Commissaire

de la république désigné à Liège et à Namur, Danton demande cette annexion le 31 janvier lors de

son fameux discours sur la théorie des frontières naturelles. Dès le 1er mars 1793, une série de

décrets de la Convention incorpore au territoire français les « localités » qui en ont fait

explicitement la demande notamment par les plébiscites. Ainsi la France intègre-t-elle tour à tour la ville, les faubourgs et la banlieue

de Bruxelles (1er mars), le pays de Hainaut, les communes composant le pays de Franchimont, Stavelot et Logne, ainsi que la ville de

Gand (2 mars), la ville de Tournai et celle de Florennes et de trente-six villages alentours (4 mars), Louvain (9 mars), Ostende (11

mars), Namur, Ham-sur-Sambre, Charles-sur-Sambre, Fleurus et Wasseigne (16 mars), le Tournaisis (23 mars) et le pays de Liège (12

mai).

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1794

24 AVRIL 1794 : PROCLAMATION DE LA RÉPUBLIQUE DE BOUILLON

Restée constituante jusqu’en novembre 1792, l’Assemblée de Paliseul crée dans le duché de

Bouillon une véritable démocratie bourgeoise. Emportée dans le tourbillon révolutionnaire,

l’Assemblée revendique même

l’autonomie de Bouillon par rapport à la

république française. Le 24 avril 1794, la

République de Bouillon est proclamée par

un décret. Après quelques mois

d’existence, elle est cependant annexée à

la République française, manu militari, le

4 brumaire an IV (25 octobre 1795)

1795

11 FÉVRIER 1795 : PREMIÈRE MENTION

EXPLICITE D’UN GILLE DE BINCHE EN SORTIE

Personnage principal du carnaval de

Binche, défilant dans les rues de la cité le

jour du Mardi gras, le Gille de Binche a fait l’objet d’un classement comme

chef-d’oeuvre du Patrimoine oral et immatériel de l’Humanité, par l’Unesco, le

4 juillet 2003. Tradition aux origines mystérieuses, les festivités de Binche

sont décrites pour la première en 1859, mais elles remontent à plusieurs années

déjà. Peut-être pas aux Incas apparus en costume lors des fêtes organisées par

Marie de Hongrie le 22 août 1549, peut-être à la fin du XIVe siècle, mais

certainement au XVIIIe siècle, car les autorités locales interdisent alors le port

du masque durant la période révolutionnaire où l’esprit est déjà fortement

échauffé par les événements politiques. Néanmoins, bravant l’interdit de toute

mascarade, un Gille masqué est appréhendé aux abords de l'hôtel de ville,

comme en atteste le rapport de police du 11 février 1795.

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1799

OCTOBRE 1799 : INSTALLATION DE WILLIAM COCKERILL À VERVIERS

Anglais cherchant à faire fortune sur le continent à partir de procédés mécaniques nouvellement

découverts, William Cockerill rencontre un patron lainier verviétois à Hambourg et répond à

l''nvitation de Simonis díinstaller en bord de Vesdre un atelier de

construction de machines textiles. Un contrat d'exclusivité lie

Cockerill à la fabrique Biolley-Simonis quand líAnglais s'installe en

1799. Perfectionnements et innovations répondent au-delà des attentes

des deux entrepreneurs. Les inventions de William Cockerill vont

propulser l'industrie lainière verviétoise au premier rang mondial.

1808

JUIN 1808 : ESSAI SUR LA GÉOLOGIE DU NORD DE LA FRANCE PAR JEAN-BAPTISTE D’OMALIUS D’HALLOY

Entreprenant de rassembler tous les éléments géologiques de l’Europe occidentale, Jean-Baptiste

d’Omalius d’Halloy consacre dix années de son existence (1804-1814) à cette gigantesque entreprise.

Dès juin 1808, il présente son Essai sur la géologie du nord de la France au Conseil des Mines, à Paris,

qui s’empresse de le publier. À part les travaux de de Limbourg et de Delhier pour une partie seulement

de la province de Liège, il n’existait alors aucune étude stratigraphique sur le pays wallon ni d’ailleurs

sur la Flandre. Publiées dans les dernières semaines de 1808, les descriptions d’Omalius portent sur le

territoire qui s’étend entre le Rhin (à hauteur de Mayence) jusqu’au Pas-de-Calais t le Boulonnais, soit

18 départements. Ainsi fonde-t-il la géologie de la France qui, à l’époque napoléonienne où il vit,

comprend l’espace wallon. Il identifie ainsi précisément les zones dominantes de chaux carbonatée, de

quartz et de schiste, mais aussi les amas de sables et de grès, les zones ardoisières ainsi que les terrains

bituminifères où la houille abonde…

1810

19 JANVIER 1810 : BREVET ATTRIBUÉ À L’ABBÉ J-J. DONY POUR LA RÉDUCTION DU ZINC À L ’ÉTAT DE MÉTAL

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Chanoine particulièrement intéressé par les sciences, l’abbé Jean-Jacques Donny obtient du préfet

de l’Ourthe le droit d’exploiter la mine de calamine dite de la Vieille Montagne, à hauteur de

Moresnet (printemps 1806). Expérimentant l’extraction industrielle du zinc dans son usine du

faubourg Saint-Léonard de Liège, l’abbé Dony met au point un procédé de réduction du zinc à l’état

de métal, dont il fait la démonstration officielle le 1er octobre 1809. Par décret impérial du 19

janvier 1810, J-J. Dony obtient un brevet de 15 ans pour son invention. S’il parvient à produire du

zinc à bas prix et offre à l’église Saint-Barthélemy une entière couverture de sa toiture en zinc en

guise de démonstration de l’efficacité de son produit,

l’industriel ne trouve cependant pas de débouchés. L’abbé

Dony mourra dans la misère en 1819. Ayant repris la

concession de La Calamine et la fonderie de Saint-

Léonard, l’industriel François-Dominique Mosselman

parviendra à valoriser cette découverte dont est née la

société de la Vieille Montagne et, longtemps plus tard, le

groupe international Umicore devenu Nyrstar.

1811

1811 : SEPT SACREMENTS DANS LA CATHÉDRALE DE TOURNAI PAR PIAT-JOSEPH SAUVAGE

Premier peintre du prince de Condé Louis-Joseph de Bourbon, puis de Louis XVI, le

tournaisien Piat-Joseph Sauvage contribue notamment à l’ornementation du château de Saint-

Cloud, au Trianon et des châteaux de Rambouillet et de Fontainebleau. Citoyen actif lors des

événements révolutionnaires qui surviennent à partir de 1789, il revient à Tournai sous

Napoléon et reproduit en grisailles, la technique dans laquelle il excelle, Les Sept Sacrements,

d’après Poussin, dans le choeur de la cathédrale de Tournai.

1816

1816 : LA FAMILLE DE HEMPTINNE, PAR FRANÇOIS-JOSEPH NAVEZ

En réalisant, en 1816, La famille de Hemptinne, un portrait de ses amis, le jeune François-Joseph Navez témoigne pleinement qu’il a

retenu toutes les leçons apprises auprès de David dont il a fréquenté l’atelier pendant trois ans. Ce grand tableau (150x127 cm) le

rendra célèbre. Préparé dès 1808 par des dessins et des gravures des membres de cette famille, La Famille de Hemptinne compte parmi

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les rares peintures marquantes créées dans nos régions dans le premier tiers du XIXe

siècle. Représentant du néo-classicisme, Navez deviendra un disciple d’Ingres, et un

portraitiste fécond.

1817

29 JANVIER 1817 : UN EMPIRE INDUSTRIEL EN LIEU ET PLACE DU PALAIS D’ÉTÉ DES PRINCES-

ÉVÊQUES DE LIÈGE

Fils de William Cockerill, John Cockerill quitte l’Angleterre en 1802 pour parfaire ses

connaissances techniques auprès de son père à Verviers, avant de se lancer dans la

construction de machines textiles en région liégeoise (1809). Après quelques années de

recherches d’innovations, il va faire naître la plus importante usine métallurgique

d’Europe dans l’ancienne propriété du château de Seraing, résidence d’été des princes-

évêques. John Cockerill a acheté ce bien le 29 janvier 1817 avec son frère, Charles-

James. Après l’établissement d’un atelier de construction mécanique (1819), d’une

fonderie et d’une « fabrique de fer » (1820-1822), les Cockerill ouvre un haut-fourneau

au coke en 1822/1823, avec l’aide de l’Anglais David Mushett. C’est autour de ce haut-

fourneau, l’un des tout premiers du continent européen, que se

construit la prospérité de John, tandis que Charles-James revend ses

parts.

1817-1824 : LES ROSES PAR PIERRE-JOSEPH REDOUTÉ

Entre 1817 et 1824, Pierre-Joseph Redouté publie son chef d’oeuvre,

Les Roses, recueil en trois volumes d’une grande perfection

technique. La rédaction des textes est confiée au rosiériste Claude-

Antoine Thory. Cet ouvrage de Pierre-Joseph Redouté témoigne

surtout d’une tradition naturaliste et traduit un goût nouveau de

l’artiste pour l’élégance au détriment de la rigueur scientifique, genre

dans lequel il excelle également.

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1819

15 SEPTEMBRE 1819 : RECONNAISSANCE DE PROVINCES WALLONNES PAR GUILLAUME D’ORANGE

Par l’arrêté royal du 15 septembre 1819, Guillaume d’Orange entame une politique de néerlandisation dans une partie des anciens

Pays-Bas et, même si elles seront abandonnées le 4 juin 1830, ses dispositions sont instructives car elles reconnaissent l’existence d’un

espace wallon. L’arrêté royal de 1819 prévoit l’emploi exclusif du néerlandais, à partir du 1er janvier 1823, dans les matières

politiques, administratives, financières, militaires et scolaires sur un territoire clairement défini, celui des quatre provinces flamandes.

En précisant que cet arrêté ne s’applique pas aux provinces du Brabant méridional, de Liège, du Hainaut, de Namur et au grand-duché

de Luxembourg, le roi Guillaume définit explicitement un territoire de langue française correspondant à l’espace wallon. L’arrêté royal

du 26 octobre 1822 complète cette définition en étendant la contrainte linguistique aux

arrondissements de Bruxelles et de Louvain. La circulaire du 15 septembre 1819 relative à

l’enseignement identifie quant à elles très clairement les établissements scolaires établis dans les

Waalsche provinciën.

1822

1822 : LI CÔPARÈYE PAR CHARLES-NICOLAS SIMONON

Bourgeois lettré, Charles-Nicolas Simonon s’adonne volontiers au wallon, écrivant quelques pièces

dans les années 1820 où l’on identifie un auteur préromantique. Avec Li côparèye, très long poème –

il compte en effet 36 strophes où l’auteur s’égare quelque peu en digressions inutiles – Ch-N.

Simonon rend évidemment hommage à la cloche la plus célèbre de la cathédrale Saint-Lambert, celle qui rythmait la vie politique

liégeoise ; à travers elle, le poète pleure la démolition de la cathédrale et la disparition de la patrie liégeoise. Pourtant, Ch-N. Simonon

relie la principauté du passé à la conscience naissante d’un sentiment plus large : le parler ancestral ne s’étend-il pas dans un espace

plus grand auquel on attribuera bientôt le nom de Wallonie ? (Maurice PIRON) Écrit en 1822, Li côparèye ne paraîtra qu’en 1839 ; ce

poème est considéré comme la première pièce de vers connue qui célèbre en wallon des sentiments profonds. À la fin de sa vie, ce

précurseur des lettres dialectales wallonnes tentera de proposer un système personnel d’orthographe

1825

15 JUIN 1825 : MENTION DU MOT WALLONIE SOUS LA PLUME D’AUGUSTIN THIERRY

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Dans son Histoire de la conquête de l’Angleterre par les Normands (tome 1, p. 155), qu’il publie en

juin 1825, l’historien Augustin Thierry emploie le terme Wallonie. Cet usage est dès lors bien antérieur

à la première apparition que l’on attribue généralement à Charles-Joseph Grandgagnage. Il faut

toutefois nuancer. Le Namurois désignait clairement par Wallonie le pays dans lequel il vivait.

L’historien français, quant à lui, définit un espace nettement plus large que la Wallonie actuelle ; Aug.

Thierry observe en effet que les Germains nommaient, au XIe siècle, Wallonie, terre des Wallons ou

des Welsches, les habitants de l’ancienne Gaule, à l’ouest du Rhin.

1825 : CANALISATION DE LA SAMBRE

Ce n’est qu’au XIXe

siècle que la Wallonie

commence à se pourvoir

en voies navigables

canalisées. Le canal de Mons à Condé est décidé par

Napoléon. Durant la période hollandaise, alors que la

révolution industrielle s’enracine dans le pays de Liège et

de Charleroi, sont réalisées la canalisation de la Sambre et

la construction de ses écluses (1825-1830). Le canal

Charleroi-Bruxelles s’ouvre quant à lui aux bateaux en

1832.

1826

1826 : CRÉATION DES VERRERIES ET ÉTABLISSEMENTS DU VAL-SAINT-LAMBERT

Formés par le célèbre maître verrier d’Artigues à Vonèche, François Kemlin et Auguste Lelièvre allument le premier four des

nouvelles verreries qu’ils ont installé dans les bâtiments « nationalisés » de l’ancienne abbaye du Val-Saint-Lambert, à Seraing. Aidés

par une douzaine de verriers transfuges de Vonêche, ils réussissent le pari d’imposer sur le marché des produits de grande qualité

labellisés de la Société anonyme des Verreries et Établissements du Val-Saint-Lambert.

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1829

HIVER 1829-1830 : DÉCOUVERTE DE L’HOMME D’ENGIS

Au cours de l’hiver 1829-1830, Philippe-Charles Schmerling

découvre des ossements humains fossilisés dans la grotte

d’Engis. Parmi ceux-ci, un crâne d’enfant voisinant des

ossemen

ts de

rhinocér

os et de

mammo

uths.

Pour le

médecin

qui avait démontré plus tôt la contemporanéité de l’homme et des grands

mammifères disparus, l’occasion était belle d’affirmer à nouveau sa théorie…

qui sera enfin reconnue et admise plus d’un quart de siècle plus tard par la

science officielle. Homo Neandertalensis, homme d’Engis, donc !

1830

4 OCTOBRE 1830 : PROCLAMATION DE L’INDÉPENDANCE DE LA BELGIQUE

Les meneurs bourgeois qui avaient prudemment pris la route de Paris à l’annonce de l’arrivée de la soldatesque orangiste (23

septembre) reviennent à Bruxelles et, le 25 septembre, constituent un gouvernement provisoire, constitué de personnalités libérales et

catholiques. Le 4 octobre, ce gouvernement proclame l’indépendance de la Belgique et décide de convoquer un Congrès national afin

d’élaborer une Constitution.

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ET APRÈS...

Jenatzy, la première voiture à dépasser les 100 km/h, une voiture ELECTRIQUE

Georges Lemaitre, l'invention du Big-bang

Zénobie Gramme, l'invention de la dynamo

Adolph Sax, l'invention du saxophone

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Etienne Lenoir, l'inventeur du moteur à explosion

Edouard Empain, la conception et la réalisation du métro parisien

Le bureau d'étude Greisch, la conception et les calculs du viaduc de Millau

Hergé, Franquin, Peyo, Edgar P. Jacobs, Waltéry...et tous les autres, l'expansion de la bande dessinée européenne

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Ernest Solvay, l'invention d'un procédé de production de la soude

Cinq wallons ont reçus le Prix Nobel, Dominique Pire, Jules Bordet, Albert Claude, Christian De Duve, François Englert

Victor Horta et Paul Hankar, l'Art Nouveau

Magritte, le maître du surréalisme