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Bulletin de liaison du plan national de restauration du milan royal Milan info n° 19, 20 & 21 - août 2010 - Photo : A. Labat, Colibri © n° 19, 20 & 21 - août 2010 « Il semble que le vol soit son état naturel, sa favorite situation », LAUTREAMONT, Les chants de Maldoror, à propos du milan royal. Je voudrais placer cet éditorial sous le signe de l’espoir de transitions. L’écologie ne nous a-t-elle pas familiarisés avec l’idée que les effets de lisière contribuent souvent à la création de milieux particulièrement riches ? Transition en cette année charnière où devrait s’opérer enfin, malgré l’inertie de l’Etat français, le passage du premier au second plan de restauration national milan royal mais qui verra aussi, suite au colloque de Montbéliard les 17 et 18 octobre 2009, une montée en puissance du volet international, de manière à coordonner les actions européennes. Transition toujours entre un système de placettes et une population viable sans interventions directes de l’hom- me, lesquelles ne sont éthiquement défendables que si elles apparaissent comme une solution à court ou moyen terme, pour aider les effectifs à se reconstituer, en aucun cas une artificialisation des populations sine die. Transition encore, en ce qui concerne les éoliennes, entre des réalisations plus ou moins pionnières et la géné- ralisation de leur implantation, qu’il faudrait imaginer non pas sous la forme de l’actuel saupoudrage, mais d’un plan global cohérent, pour palier les risques encourus par le cortège des grands planeurs. Transition encore entre des actions décousues, au coup par coup, sans véritable volonté d’inverser la tendance, et une authentique politique de lutte contre les empoisonnements. Transition enfin entre des mesures ponctuelles avec comme unique but un effet d’affichage et une réelle politi- que de préservation des milieux. C’est à ce prix que l’avenir du milan royal, qui semble bien sombre aujourd’hui, pourrait enfin s’éclaircir. Affirmer que l’homme n’a pas à intervenir n’est pas le dégager de sa responsabilité vis-à-vis des autres vivants : quoi qu’il fasse, ou ne fasse pas, il intervient, tant il est vrai qu’il n’existe plus aucun endroit sur la terre où les activités humaines n’interfèrent, très directement ou plus ou moins indirectement, avec la vie voire la survie des espèces sauvages, y compris celles qui ne sont aucunement anthropophiles ou tributaire des pratiques humaines. A nous donc de délimiter jusqu’où il est légitime d’intervenir. Luc Strenna Milan info n° 19, 20 et 21 - août 2010 - 1 Suivi Surveillance 2009 2 Observatoire rapaces 2009 6 Reproduction 2009 7 Balise Argos 8 Milans leuciques 10 Comportement insolite 11 Hivernage 2010 12 Conservation Perspectives bourguignonnes 16 Placette en Lorraine 18 Second plan d’action 19 Scandale Intoxication aigüe 20 Mortalité 2009-10 20 Site web « Toxicologie » 21 International Retour sur le colloque international 22 Bibliographie Der Rotmilan 23 Campagnol terrestre 23 Sensibilisation Dépliant 24 Rapaces de France 24 Rencontres « réseaux rapaces » 24

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Bulletin de liaison du plan national de restauration du milan royal

Milan info n° 19, 20 & 21 - août 2010 -

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n° 19, 20 & 21 - août 2010

« Il semble que le vol soit son état naturel, sa favorite situation »,LAUTREAMONT, Les chants de Maldoror, à propos du milan royal.

Je voudrais placer cet éditorial sous le signe de l’espoir de transitions. L’écologie ne nous a-t-elle pas familiarisés avec l’idée que les effets de lisière contribuent souvent à la création de milieux particulièrement riches ?

Transition en cette année charnière où devrait s’opérer enfin, malgré l’inertie de l’Etat français, le passage du premier au second plan de restauration national milan royal mais qui verra aussi, suite au colloque de Montbéliard les 17 et 18 octobre 2009, une montée en puissance du volet international, de manière à coordonner les actions européennes.

Transition toujours entre un système de placettes et une population viable sans interventions directes de l’hom-me, lesquelles ne sont éthiquement défendables que si elles apparaissent comme une solution à court ou moyen terme, pour aider les effectifs à se reconstituer, en aucun cas une artificialisation des populations sine die.

Transition encore, en ce qui concerne les éoliennes, entre des réalisations plus ou moins pionnières et la géné-ralisation de leur implantation, qu’il faudrait imaginer non pas sous la forme de l’actuel saupoudrage, mais d’un plan global cohérent, pour palier les risques encourus par le cortège des grands planeurs.

Transition encore entre des actions décousues, au coup par coup, sans véritable volonté d’inverser la tendance, et une authentique politique de lutte contre les empoisonnements.

Transition enfin entre des mesures ponctuelles avec comme unique but un effet d’affichage et une réelle politi-que de préservation des milieux.

C’est à ce prix que l’avenir du milan royal, qui semble bien sombre aujourd’hui, pourrait enfin s’éclaircir.Affirmer que l’homme n’a pas à intervenir n’est pas le dégager de sa responsabilité vis-à-vis des autres vivants :

quoi qu’il fasse, ou ne fasse pas, il intervient, tant il est vrai qu’il n’existe plus aucun endroit sur la terre où les activités humaines n’interfèrent, très directement ou plus ou moins indirectement, avec la vie voire la survie des espèces sauvages, y compris celles qui ne sont aucunement anthropophiles ou tributaire des pratiques humaines. A nous donc de délimiter jusqu’où il est légitime d’intervenir.

Luc Strenna

Milan info n° 19, 20 et 21 - août 2010 - 1

Suivi Surveillance 2009 2

Observatoire rapaces 2009 6Reproduction 2009 7

Balise Argos 8Milans leuciques 10

Comportement insolite 11Hivernage 2010 12

ConservationPerspectives bourguignonnes 16

Placette en Lorraine 18Second plan d’action 19

ScandaleIntoxication aigüe 20Mortalité 2009-10 20

Site web « Toxicologie » 21

InternationalRetour sur le colloque international 22

Bibliographie

Der Rotmilan 23Campagnol terrestre 23

SensibilisationDépliant 24

Rapaces de France 24Rencontres « réseaux rapaces » 24

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Suivi Bilan de la surveillance 2009

Alsace

La situation du milan royal en France est extrêmement préoccupante et son avenir bien sombre. L’enquête nationale menée en 2008 avait révélé un déclin de plus de 20 % des effectifs nicheurs en 6 ans. Et les résultats obtenus en 2009 ne sont guère plus encou-rageants : les conditions météorologiques défavorables et la pénurie de rongeurs font de 2009 une nouvelle année médiocre, marquée par un succès reproducteur faible (1,30). A cela s’ajoutent les échecs de reproduction liés, pour certains, à la disparition d’oiseaux reproducteurs ou bien encore les cadavres de jeunes au nid. Pas moins de 24 cadavres de milans royaux ont été découverts pour cette seule année ! S’il n’y a qu’une seule bonne nouvelle, c’est la mobilisation du réseau, qui a consacré, cette année, plus de 1 000 journées de suivi (contre 520 en 2008). Bravo, merci et surtout ne baissez pas les bras, le milan royal a besoin de vous !

• Fabienne David & Aymeric Mionnet •

Haut (68) et Bas-Rhin (67)Le travail de recensement des couples nicheurs s’est poursuivi en 2009 en Alsace avec un gros travail mené dans le Sundgau – Jura alsacien qui a permis de comptabiliser entre 17 et 30 couples nicheurs. Le suivi se poursuit en Alsace bossue et sur les franges mosellanes limitrophes (cinq à 13 couples). Hormis ces deux bastions, quelques couples ont été recensés en plaine d’Alsace et sur les collines sous-vosgiennes. L’estimation de la population alsacienne se situe donc entre 22 et 53 couples. A noter une bonne collaboration avec l’ONF pour le recensement et la prise en compte des sites de reproduction de l’espèce. Le travail mené en 2009 sera poursuivi en 2010.

• Coordination : Thierry Delemonte et Sébastien Didier • LPO Alsace

Cantal (15) - Planèze de Saint-Flour2009 constitue la pire année depuis la mise en place d’un suivi sur ce sec-teur en 2005. 38 à 49 couples ont été localisés sur les 270 km² de la zone d’étude. Un n’a pas pondu (1er cas

d’un tel constat, qui nécessite toutefois un suivi trop régulier pour être estimé chaque année). 37 couples ayant pondu et suivis produisent seulement 29 jeunes à l’envol dont 25 ont pu être marqués. On compte 16 échecs dont un est dû à la mort de la femelle sur le nid (empoi-sonnement probable), trois familles à un jeune et huit familles à deux jeunes. Pour la première fois, aucune famille à trois jeunes ne prend son envol ! Le succès de reproduction est donc en 2009 de 0,78 jeune/couple et la taille des familles à l’envol de 1,38 jeune. Ce triste bilan est à mettre en relation avec les faibles densités de rongeurs et les conditions météorologiques défavo-rables (pluies et froid), notamment à la période où les poussins sont les plus vulnérables.

• Coordination : Romain Riols • LPO Auvergne

Cantal (15) – Secteur d’Ayrens13 à 18 couples ont été localisés sur les 65 km² de la zone d’étude. Un n’a a prio-ri pas pondu. 12 couples ayant pondu et suivis produisent 17 jeunes à l’envol. On compte trois échecs (deux en cours d’incubation et un en cours d’élevage des jeunes à mettre sur le compte des mauvaises conditions météorologiques), trois familles à un, quatre familles à deux et deux familles à trois jeunes. Le succès de reproduction est donc en 2009 de 1,42 jeune/couple et la taille des familles à l’envol de 1,89 jeune. Sur la zone d’étude, à noter aussi : au moins 42 couples de buses variables, la plu-part ayant pondu, au moins 10 couples de milans noirs dont un couple produit trois jeunes à l’envol et 72 aires repérées mais vides.

• Coordination : Pierre Philippe • LPO Auvergne

Haute-Loire (43) 13 à 16 couples ont été localisés sur les 167 km² de la zone d’étude. 13 couples ayant pondu et suivis produisent 21 jeunes à l’envol dont 20 ont pu être marqués. On compte un échec, six familles à un, trois familles à deux et trois familles à trois jeunes. Le succès de

reproduction est donc en 2009 de 1,62 jeune/couple et la taille des familles à l’envol de 1,75 jeune. On note une grande instabilité des couples dans le choix de leur site de nidification, ce qui n’est pas fait pour simplifier la tâche !

• Coordination : Rémy Desecures • LPO Auvergne

Puy-de-Dôme (63)14 à 20 couples ont été localisés sur les 180 km² de la zone d’étude. 13 couples ayant pondu et suivis produisent 22 jeunes à l’envol qui ont tous pu être marqués. On compte deux échecs, cinq familles à un, trois familles à deux et deux familles à trois jeunes. Le succès de reproduction est donc en 2009 de 1,69 jeune/couple et la taille des familles à l’envol de deux jeunes. Parmi les causes d’échec : un nouveau nid (ébauché en 2008) est tombé au stade œufs, un nid avec poussin(s) disparu(s). A noter aussi un échec partiel (un nid tombé après marquage des jeunes, un des deux jeunes non retrouvé, l’autre placé dans un nid artificiel puis seul volant). Le mâle d’un vieux couple stable et productif a pu être capturé (Thérèse Nore et Pascal Cavallin) et équipé de marques alaires. Il s’agit d’une première dans le cadre du programme national de marquage.

• Coordination : Romain Riols • LPO Auvergne

Côte-d’Or (21), Saône-et-Loire (71) Yonne (89) et Nièvre (58)11 à 21 couples ont été localisés cette année en Bourgogne. Parmi les 10 cou-ples non certains, quatre sont probables et six possibles. Tous les couples ni-cheurs certains ainsi que la majorité des couples suspectés ont été localisés dans l’Auxois (21) et le Haut-Auxois (21). S’il est vrai que quasiment tous les efforts de prospection se sont limités à ce vaste territoire et que certains territoires ou couples isolés, auraient peut-être mérité davantage de recherches, le territoire représenté par l’association de ces deux entités paysagères n’en reste pas moins une nouvelle fois indiscutablement

Auvergne

Bourgogne

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comme le bastion de l’espèce pour sa reproduction en Bour-gogne. A notre connaissance, parmi ces 11 couples certains, seuls deux couples auraient échoué. Sur ces 11 couples, au moins 13 jeunes se sont envolés, parmi lesquels 10 ont été marqués. La faible popu-lation de micromammifères cette année en Bourgogne, qui a beaucoup affecté les rapaces au régime alimentaire spécialisé sur ces ressources, a semble-t-il dans un premier temps retardé la nidification des couples loca-lisés de milans royaux. Notons toutefois que la plupart des couples habituels sont norma-lement arrivés entre fin février et début mars vers les sites de nidification. Les couples locali-sés ont finalement tous entamé la couvaison courant avril, avec toutefois certains décalages entre couples. Les résultats des jeunes à l’envol ont finalement été très corrects. Il semble donc que le régime alimen-taire éclectique de l’espèce ait finalement permis à l’espèce de s’affranchir du peu de rongeurs présents cette année.

Anecdotes1 - Une veste d’enfant toute dé-pouillée a été retrouvée sur une aire de milan royal lors d’un contrôle… De là à dire que les milans royaux sont devenus des mangeurs d’en-fants, il n’y a qu’un pas…Qu’il ne faut pas franchir !!!2 – Cette année, un couple nicheur a été localisé à moins de deux kilomètres des premières éoliennes d’un parc de 25 mâts. Il a donné deux jeunes à l’envol. Si des oiseaux adultes ont été parfois aperçus en chasse au sein du parc éolien durant la période de nidification, les oiseaux marqués n’y ont pas été aperçus (il est vrai que les prospections ont alors été faibles et ponctuelles).

• Coordination : Thomas Maurice • EPOB

Haute-Marne (52)En 2009, pour le département

de la Haute-Marne, 17 couples cantonnés ont été repérés en début de saison. Quatre n’ont semble-t-il pas déposé de ponte. Les 13 autres ont élevé 22 jeunes à l’envol. Seuls deux échecs ont été notés. Le succès de reproduction est dans la moyenne de ces dernières années. Un bilan plutôt positif gâché par une découverte macabre : une famille trou-vée morte, les deux adultes sous le nid et les deux jeunes, encore non volants, dans le nid. L’empoisonnement est la cause la plus probable bien que nous n’ayons pas pu faire d’analyses toxicologiques en raison de l’état de putréfaction des cadavres. Cette découverte est d’autant plus dramatique que ce couple suivi depuis 2002 était le couple le plus fidèle à son site de nidification et le plus productif de Haute-Marne !

• Coordination : Aymeric Mionnet et Bernard Theveny • LPO Champagne-

Ardenne

Haute-Corse (2B) et Corse-du-Sud (2A)Estimation de l’effectif de la population nicheuse de la région : 260 couplesAvec 97 couples pour 89 jeunes à l’envol, l’année 2009 semble être très bonne pour le milan royal en Corse. Ces chiffres sont sans doute à associer à celui de la pression d’obser-vation avec 213 journées de surveillance.

• Coordination : Gilles Faggio • Association des Amis du PNR

de Corse • CEN de Corse

Zones échantillons plan d’action (25, 70, 90)Cinq zones échantillons ont été suivies en 2009 dont trois de-puis 2007 : la région de Vesoul (70), le secteur Pontarlier/Dru-geon (25) et le premier plateau de Besançon (25). Dans le cadre du réseau avifaune de

l’ONF, un agent de l’ONF a contribué au suivi d’une zone échantillon dans le Territoire de Belfort avec des bénévoles de la LPO Franche-Comté. Enfin, la Réserve naturelle de Remoray a participé en 2009 au plan d’action régional en suivant les couples situés autour de la réserve.

• Coordination : Philippe Legay • LPO Franche-Comté

Sud-est Haute-Saône, com-mune de Châlonvillars (70)Soupçon de nidification sur ce canton de forêt depuis 2008 : oiseaux observés rentrant en forêt, nombreu-ses observations d’oiseaux sur cette zone de mars à août. Une recherche d’aires a été faite en 2008 et 2009 hors feuille. La nidification a été confirmée en 2009 (par Francine Praud) avec deux jeunes à l’envol dans une aire trouvée en 2008.

• Coordination : François Rey-Demaneuf • ONF

Territoire de Belfort (90)Au mois de mars, nous avons fait de la recherche d’oiseaux depuis un point haut et de la prospection d’aires. Nous étions 10 personnes sur une journée entière. Trois autres bénévoles ont fait deux jours de suivi sur deux aires.

• Coordination : François Rey-Demaneuf • ONF

Aude (11)Aucun couple installé, présen-ce d’un à deux individus isolés non nicheurs et quelques immatures.

• Coordination : Christian Riols • LPO Aude

Lozère (48)Dans le cadre du programme d’étude du milan royal dans le Massif central, porté par la LPO Auvergne et bénéficiant de fonds européens FEDER, la population lozérienne a fait

Champagne-Ardenne

Corse

Franche-Comté

Languedoc-Roussillon

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- Milan info n° 19, 20 & 21 - août 2010�

l’objet d’une première estimation sur la base de transects en voiture dans 18 carrés échantillons de 100 km² répartis dans toute l’aire favorable à l’espèce et du dénombrement exhaustif des couples dans deux carrés témoins de 100 km² localisés en Margeride. Une estimation « basse », qui sera affinée en 2010, fait état d’un effectif lozérien compris au minimum entre 60 et 120 couples (ALEPE, 2010). En marge de cette étude, 2009 a également été la première année de surveillance de la nidification de l’espèce, avec neuf couples suivis dont six dans une zone échantillon de 100 km² dans la vallée du Lot. Le taux d’échec est important (44 %) (un affaissement de l’aire, un abandon suite à une course motorisée...). Les nichées à l’envol sont de taille importante : trois nichées de trois jeunes avec un total de 12 jeunes pour 5 nichées volantes. Le nombre moyen de jeunes à l’envol par couple nicheur est de 1,3 et de 2,4 pour les couples ayant réussi.

• Coordination : Jean-Luc Bigorne • ALEPE, LPO

Corrèze (19)Les 13 nids connus ont été contrôlés cette année, mais seulement quatre étaient utilisés en 2009, le cinquième nid est une nouvelle aire. Deux nids ont été abandonnés en début de saison, dont un était proche d’une route en tra-vaux pendant l’ensemble de la période de reproduction. Sur deux nids, il n’a été observé que deux jeunes à l’envol, puis pour cause inconnue deux juvéni-les, encore en duvet, d’une même aire ne sont plus observés. Un couple a été contrôlé comme reproducteur, mais le nombre de jeunes n’a pas pu être déter-miné. Il s’agit d’un couple ayant déserté le nid de 2008, et dont la preuve de ni-dification avait été démontrée assez tard en saison. Il a été observé des transports de proies. La zone du nid a été affinée, mais l’accès y est très difficile.

Creuse (23)Un couple a été observé en nidification, avec 2 jeunes à l’envol. D’autre part, trois individus ont été observés en avril et juin.

Haute-Vienne (87)En 2008, il avait pu être recensé cinq

cantons et deux nids. Cette année 2009, les deux sites connus ont été occupés par des milans noirs, et aucun milan royal n’a été observé régulièrement sur l’ensemble de la zone échantillon. Il n’y a eu que quatre observations de milan royal sur la zone, sans comportements d’individus nicheurs.

• Coordination : Mathieu André • SEPOL

Ariège (09) et Haute-Garonne (31)Les années avec peu de bénévoles se généralisent pour la nidification. Le constat de ce peu d’engouement, nous a obligé à diminuer notre carré d’étude sur la population nicheuse du milan royal. D’un carré de 10 x 10 km, nous sommes passés à un carré de 5 x 5 km. De ce suivi, nous ressortons quelques informations intéressantes, notamment concernant des couples nichant non loin l’un de l’autre. En effet, nous avons pu observer des aires à environ 400 mètres l’une de l’autre. Cela nous donne cinq aires suivies avec une couvaison à deux jeunes qui sont à l’envol. Trois aires à un jeune et comme d’habitude, un échec sur une aire dû à la mortalité d’un parent. En 2007, nous avons eu une coupe de bois privé à proximité d’une aire. En 2008, nous avons eu une coupe de bois (privé) de l’arbre por-tant le nid. Cette année, nous avons un milan royal mort dans le nid lors de la couvaison.

AnecdoteNous nous sommes réunis après une matinée de prospection pour déguster notre repas dans une prairie bucolique en face d’une aire (autant allier l’utile à l’agréable) et nous avons constaté que le milan couveur se faisait grignoter par des grands corbeaux avec un milan essayant de les faire fuir. A partir de ce moment-là, la valse des coups de téléphone a commencé. Avoir l’autorisation de mon-ter dans l’arbre par l’ONCFS, trouver un grimpeur et un vétérinaire. Dans l’après-midi tout a été réglé. Lydia Vilagines, vétérinaire et porteuse d’une carte verte est venue sur place pour l’opération. Un grimpeur, nous en avions un dans l’équipe d’observateurs (Yves Gay-rard), nous a enlevé une bonne épine du pied parce qu’on ne voyait pas qui aurait pu grim-per (merci à lui). Il a donc descendu l’oiseau qui était dans un état pitoyable. Cet oiseau va subir des prélèvements pour analyses toxicolo-giques (réseau vigilance poison). D’après les

premières constatations vétérinaires, l’oiseau serait mort depuis 2 jours, suite à l’ingestion d’un appât ou d’un rongeur empoisonné par un anticoagulant. Après enquête de ma part, ce pourrait être un agriculteur qui mettrait des appâts pour les corneilles et les pies. A proximité, l’observation de deux vautours percnoptères mangeant dans un tas de fumier a été faite. Le 19 novembre 2009, nous avons reçu les résultats d’analyses qui montrent que le milan royal a été intoxiqué par un insectici-de agricole, mais qui est utilisé sur des appâts pour se débarrasser de la « vermine ». Du fait de sa toxicité, il a été interdit d’utilisation de-puis le 13 décembre 2008. La LP0 et Nature Midi-Pyrénées ont porté plainte contre X.

• Coordination : Aline Segonds et Gwénaël Pedron • Nature Midi-Pyrénées

Aveyron (12)13 couples territoriaux sont recensés sur 167 km². Sur huit nids trouvés: un n’a pas pondu, deux ont échoué après la mort d’un adulte et cinq ont réussi leur reproduction (sept jeunes à l’envol). Les sept jeunes ont été bagués et marqués.Un cadavre d’adulte a été découvert dans un nid (cadavre non accessible), probablement après la naissance des jeunes (couvaison notée depuis quel-ques semaines). Un autre cadavre de femelle adulte a été découvert sous un nid pendant la couvaison (un œuf au nid), peut-être prédatée par le grand-duc (on a juste retrouvé la plumée et la tête sous le nid).• Coordination : Samuel Talhoet • LPO Aveyron

Ardèche (07)Troisième année de suivi de la popu-lation nicheuse dans le département. Estimation de l’effectif de la population nicheuse du département (en couples) : 7 à 13.Cette année, 13 jeunes ont été bagués et marqués.• Coordination : Florian Veau • CORA Ardèche

Loire (42) Estimation de l’effectif de la population nicheuse du département (en nombre de couples) : 13-20. Une année plus homogène que la précédente avec neuf couples qui produisent chacun entre un et trois jeunes (contre cinq couples produisant 15 jeunes en 2008) et trois échecs (contre sept en 2008).• Coordination : Sébastien Teyssier • LPO Loire

Limousin

Midi-Pyrénées

Rhône-Alpes

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Départements Couples contrôlés

Couples producteurs*

Jeunes à l’envol Surveillants Journées de

surveillance

ALSACE

Haut et Bas-Rhin 14 14 20 44 230

AUVERGNE

Cantal (planèze de Saint-Flour) 47 37 29 2 10

Cantal (secteur d’Ayrens) 15 12 17 1 10

Haute-Loire 14 13 21 2 270

Puy-de-Dôme 18 13 22 2 12

BOURGOGNE

Côte-d’Or

11 6 13

28 56

Nièvre 4 3

Saône-et-Loire 2 1

Yonne 2 2

CHAMPAGNE-ARDENNE

Haute-Marne 13 11 22 22 50

CORSE

Haute-Corse etCorse-du-Sud 97 97 89 23 213

FRANCHE-COMTE

Doubs 22 14 31

25

-

Haute-Saône 1 1 2 5

Territoire de Belfort 3 3 5 23

LANGUEDOC-ROUSSILLON

Aude 0 0 0 - -

Lozère 9 5 12 2 10

LIMOUSIN

Corrèze 5 1 2 3 13

Creuse 1 1 2 2 4

Haute-Vienne 0 0 0 2 12

MIDI-PYRENEES

Ariège et Haute-Garonne 5 4 5 2 5

Aveyron 8 5 7 15 69

RHÔNE-ALPES

Ardèche 7 6 13 12 40

Loire 12 9 15 8 30

TOTAL 2009 302 252 327 203 1 068

TOTAL 2008 172 - 227 126 520

Tableau : bilan de la surveillance « milan royal 2009 »

Nota bene : retrouvez ce bilan ainsi que ceux de toutes les autres espèces de rapaces

bénéficiant d’un suivi dans les Cahiers de la Surveillance, publiés avec la revue Rapaces de France.

Ceux-ci sont disponibles sur www.lpo.fr.

• La Mission Rapaces

* couples ayant au moins un poussin éclos.

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Observatoire rapaces : résultats 2009

L’enquête spécifique de 2008 montrait une diminution inquiétante de la popu-lation française (voir Observatoire rapaces n°5 &6 ou Milan info n°16,17 & 18), de l’ordre de 20 % entre 2000 et 2008.Les données de 2009 ne nous permet-tent pas d’estimer précisément la taille de la population nationale (figure 1).

Nous pouvons cependant comparer les relevés sur les carrés ayant été suivis plusieurs années de suite (figure 2).

Cette figure 2 nous indique que la chute des effectifs se poursuit, puisqu’entre 2008 et 2009, les carrés suivis perdent en moyenne près d’un couple (-0,97). Cette baisse n’est pas homogène selon les densités observées. La figure 3 nous indique que ce sont encore une fois (voir Observatoire rapaces n°5 &6 ou Mi-lan info n°16,17 & 18) les carrés abritant un nombre important de couples qui accusent la plus forte baisse.

• David Pinaud, Fabienne David & Vincent Bretagnolle •

CNRS de Chizé & LPO Mission Rapaces •

Figure 1. Répartition des carrés ayant hébergé au minimum un couple de milan royal en 2009 (en vert, la taille du cercle est proportionnelle au nombre de couples). Les croix indiquent une absence de milan royal.

Figure 2. Comparaison carré à carré pour le milan royal pour les pério-des 2000/02, 2008 et 2009. Seuls les carrés ayant été échantillonnés

au moins deux années et ayant abrité au moins un couple de milan royal sont comptabilisés.

Figure 3. Différence de couples de milan royal relevés sur les carrés suivis à la fois en 2008 et 2009, en fonction du nombre de couples relevé en 2008 sur le même carré. La droite rouge en pointillés correspond à une disparition sur le carré en 2009 (la différence étant égale au nombre de couples présents en 2008)

Le cas du milan royal

L’intégralité des résul-tats 2009 est dispo-nible dans le bulletin d’information Ob-servatoire rapaces n°7 & 8 de mars 2010, téléchargeable sur le site Internet LPO ou

disponible auprès de la Mission Rapaces de la LPO ([email protected]).

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Suivi de la reproduction 2009 du milan royal en France (zones échantillons)

En 2009, le suivi de la repro-duction a concerné 263 cou-ples nicheurs répartis sur 26 zones d’étude différentes totalisant une surface cumu-lée de 6 484 km². Quelques données de reproduction nous parvenant en dehors des zones d’étude ont été intégrées au bilan. La prospection sur les zones échan-tillons se main-tient donc par rapport à 2008 avec cinq nou-veaux secteurs prospectés pour la première fois cette année : vallée du Lot et du Bramont en Lozère, le Sundgau juras-sien et alsacien à la limite entre le territoire de Belfort et le Haut-Rhin, le secteur d’Ajac-cio en Corse et les alentours du lac de Remoray en Franche-Comté. La surface de la zone d’étude située dans le Comminges (09), suivie de longue date, est passée de 100 à 25 km² par manque de temps. Dans les autres zo-nes d’étude des Pyrénées, le suivi reste partiel. Enfin, il faut également signaler l’arrêt des recensements dans le Bas-Livra-dois (63). Le succès de reproduction de 2009 (1,25 jeune par couple ayant pondu) est le deuxième plus mauvais résultat depuis 2004. Cela s’explique par une mauvaise reproduction sur des sites d’étude qui représente près de la moitié de l’effec-tif échantillonné : vallée du Régino, Planèze de St-Flour et Corse-du-Sud. A noter que sans ce dernier site qui n’a pas

été suivi en 2008, le succès reproducteur 2009 passerait de 1,25 à 1,30. La reproduction a notamment été catastrophique sur la planèze de Saint-Flour (0,78 en 2009 contre 1,27 en 2008). Elle est meilleure qu’en 2008 pour la chaîne des Puys, la Haute-Marne, l’Alsace Bos-sue et l’Ardèche.

Liste des observateursAlsace : E. Buchel, M.-F. Chris-tophe, T. Delemonte, S. Didier, T. Durr, A. Eich, S. Fernex, P. Gerold, F. Gissinger, R. Gissin-ger, V. Heuacker, D. Holfert, N. Hoffmann, J. Isambert, S. Kaempf, D. Kirmser, S. Kliem, T. Konutse, J. Lecorney, U. Lecorney, Y. Muller, K. Nguyen, E. Nunes, J.-Y. Philipps, F. Rey-Demaneuf, T. Spenlehauer, N. Welschinger, J. Zaeppfel (LPO Alsace), P. Holveck, T. Pallec, J.-M. Wilhelm (ONF Alsace).Ardèche : C. Coquart, N. Durou-re, F. Jacob, D. Legros, P. Legros, S. Malay, M. Murat, F. Veau, S. Vigant (CORA Ardèche)

Auvergne : R. Desecures, P. Mur, P. Philippe, P. Rigaux, R. Riols (LPO Auvergne)

Aveyron : T. Blanc, P. Bouet, O.

Brault, P. Dreno, D. Escande, N. Escande, C. Gombert, J.-L. Rapin, S. Rapin, S. Talhoet, M. Trille, A. Vabre (LPO Aveyron)

Bourgogne : J. Abel, C. Agier, SP. Badski, H. Baudvin, D. Beaudoin, B. Boulisset, C. Brillaud, A. Cartier, M. Cassard, P. Henri Cordier, D. Crozier,

M. Cudel, J.-L. De Rycke, C. Durlet, M. Durlet, P. Durlet, B. Dury, R. Friedrich, D. Frotey, H. Gauche, L. Gaudiot, JC. Gaudiot, L. Gautherin, P. Guignabert, S. Guillebault, D. Guizon, B. Grand, R. Gruer, C. Hudeley-Julien, C. Lanaud, P. Leclaire, D. Lerat, G. Marnat, L. Martin, T. Maurice, J.-P. Morizot, P. Perrot, E. Pillot, J. Pitois, C. Poète, A. Rolland, A. Rougeron, L. Strenna, J. Thouzeau, C. Verry ( LPO Côte d’Or, EPOB)

Corse : J. Alessandri, G. Baudet, C. Baudet, J. Boyer, G. Faggio, E. Guérin, I. Guyot, D. Haquemand, C. Jolin, S. Ledauphin, O. Lefran-çois, D. Levadoux, C. Richome, T. Rossi, JC. Thibault (AAPNRC)

Champagne-Ardenne : A. Antoine, J. Billant, J.-L. Bour-

Bilan du succès de reproduction en France de 2004 à 2009

1,43

1,912

1,87

2,06

1,8 1,85

1,29

1,551,41 1,42 1,36

1,251,18

0

0,5

1

1,5

2

2,5

2004 2005 2006 2007 2008 2009 2004 à 2009 Années

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- Milan info n° 19, 20 & 21 - août 2010�

rioux, Y. Brouillard, E. Clément, M. Durlet, J.-M. Durlet, A.-S. Gadot, A. Mionnet, B. Théveny, V. Ternois (LPO Champagne-Ardenne), G. Geneste (ANN)

Franche-Comté : M. Brignon, A. Dervaux, C. Haenel, P. Legay, D. Maire, J.-B. Maire, C. Mangin, D. Michelat, C. Moreau, C. Morin, A.-L. Parmentier, P. Pommié, M. Sauret, V. Senechal (LPO Franche-Comté), B. Tissot, M Velten (RNN Remoray), F. Rey-Demaneuf (ONF)

Limousin : M. André, E. Dupoux, S. Heinerich, M. Laprun, P. Séliquer (SEPOL)

Lozère : J.-L. Bigorne (ALEPE, LPO)

Loire : P. Adlam, G. Allemand, A. Baroin, P. Balluet, D. Bernard, F. Berthet, V. Brouailler, J.-P. Cizeron, B. Daurat, S. Durand, B. Cou-ronne, R. Genouihlac, L. Goujon, Y. Guillot, L. Ham, M. Ham, M. Hermelin, B. Julliard,

N. Lorenzini, J.-B. Martineau, A. Mercieca, G. Mondon, B. Montagny, E. Moulard, N. Moulin, M. Pavailler, A. Perez, C. Rollant, V. Rivoire, G. Terrot, S. Teyssier, S. Trabouyer, M. Vallat, M. Villemagne (LPO Loire), E. Noally (ONCFS)

Pyrénées : D. Peyrusqué (PNP), M. Razin

Comparaison du succès de reproduction par région naturelle (2009)

2 ,402 ,17

2 ,001 ,75 1 ,69 1 ,69 1 ,62 1 ,50 1 ,42 1 ,40

1 ,26 1 ,25 1 ,181 ,00 1 ,00 1 ,00 1 ,00

0 ,81 0 ,78

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Moyenne = 1,25

(LPO), N. Delmas, Y. Gayrard, G. Pédron, D. Rousseau, A. Segonds, L. Vilagines, V. Westrelin (NMP).

• Aymeric Mionnet • LPO Champagne-Ardenne •

[email protected]

Un milan royal adulte équipé d’une balise Argos/GPS : une première en France

A l’occasion de son trentième anniver-saire, Argos décide de faire un geste pour la conservation de la nature en offrant une balise Argos/GPS à la LPO.Décision est alors prise d’équiper un adulte de milan royal, en Auvergne. Après une première tentative de cap-ture sans succès dans le Puy-de-Dôme, l’équipe mobilisée pour cette opération délicate fait le choix de tenter un nouvel essai sur un autre couple de milans royaux, installés dans le Cantal. Voici le récit de l’opération de capture et de pose de la balise : « Samedi 3 juillet 2010, 14 h, nous (Pascal Cavallin et ses enfants, Sébastien Bonillo et moi) arrivons sur le site de nidification d’un couple de milan royal sur la Planèze de Saint-Flour. Le site est idéal, à 25 mètres d’une petite route peu fréquentée, dans une prairie maigre, le nid (occupé au moins depuis 2004) est situé dans un des quatre ou cinq pins laricio ayant survécu à la tempête de 1999. A peine garé au bord de la route, 100 mè-

tres avant le nid, le couple vient alarmer. Il s’agit du seul couple, parmi les 70 suivis cette année en Auvergne à avoir élevé trois jeunes. C’est un couple téméraire qui a alarmé avec vigueur 15 jours auparavant lors du baguage des jeunes au nid. La femelle âgée (à bec jaune) avait même attaqué Serge, grimpeur pour l’occasion, plus de 15 fois ! Ce qui ne nous était encore jamais arrivé en six ans de campagne de baguage... C’est dire si nous mettions, cette fois, toutes les chances de notre côté après l’échec connu dans le Puy-de-Dôme à la mi-juin. La météo est avec nous, il fait beau et chaud, les cumulonimbus se forment à l’ouest sur le massif du Cantal et vont bientôt nous abriter du soleil trop intense... Les trois jeunes, pro-

ches de l’envol, se sont couchés sur le nid.Nous installons le dispositif de capture : 15 minutes de travail méticuleux sur les directives de Pascal. Le couple alarme sans cesse, juste au-dessus de nous, à très faible hauteur. Pas besoin de se mettre à l’affût, nous pourrons surveiller le dispositif depuis les véhicules garés 100 mètres plus loin au bord de la petite route...Çà y est, c’est fini. Mais où est donc passé le couple ? Probablement las d’alarmer, les oiseaux ont dû s’éloigner...Nous nous écartons du dispositif pour rejoindre la route : 5 mètres... 10 mètres... 15 mètres... 20 mètres... 25 mètres... Nous avons à peine le temps d’enjamber la clôture que des alarmes retentissent, le couple est là, un milan plonge,

Romulus avec sa balise Argos/GPS - photo : Romain Riols ©

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percute le filet mais en ressort, fait une boucle et attaque à nouveau. Cà y est, il est pris dans le filet. Pascal se précipite et immobilise le milan alors que le deuxième s’apprêtait à plonger à son tour. Il démaille l’oiseau, nous repartons avec, franchissons de nouveau la clôture et partons vers la voiture, mais l’autre oiseau est déjà là. Je reste au bord

de la route, à peine caché par une petite aubépine... Ni une ni deux, les collègues n’ont pas encore rejoint la voiture que le milan attaque et se prend dans le filet exactement au même endroit que le premier. Je me précipite pour l’immobiliser, Pascal donne le premier milan à Seb et court me rejoindre et démaille l’oiseau, c’est la femelle ! Le premier à avoir attaqué était donc le mâle, pourtant bien moins agressif que la femelle lors de l’ascension du nid au moment du baguage des poussins ! Nous voilà avec le couple, çà n’était pas prévu... Que faire ?

Nous n’avons qu’une seule balise à mettre, quel dommage de ne pas pouvoir équiper le couple ! C’est le dilemme... Bon ! Le plus important, c’est d’obtenir des données sur l’uti-lisation du territoire. Le choix est fait. Si le mâle est assez gros, c’est lui qu’on équipe ! 820 grammes, un mâle en bonne condition corporelle, c’est décidé ! La balise sera pour lui

et délivrera des données bien plus intéressantes que sur une femelle qui passe près de cinq mois sur le site à n’effectuer que peu de dépla-cemetns. Celle-ci sera équipée de marques alaires comme celles dont ses trois rejetons sont maintenant décorés. Prises de mesures biométriques, équipements, photos souvenir avec Bernard Raynaud, président de la LPO Auvergne venu nous rejoindre, puis relâcher des deux oiseaux qui partent se brancher et faire leur toilette. L’affaire est rondement menée !!

A cette famille de milans royaux dont le mâle est dénommé Romulus, nous faisons nos excuses pour tout le stress enduré, mais c’est pour le bien de leur espèce, les données ainsi récoltées devant permettre de mieux connaître leur biologie et ainsi de mieux cibler les mesures de conservation à mettre en place en leur faveur. »

Malheureusement, la ba-lise n’a apporté quelques données intéressantes sur le domaine de chasse de l’oiseau durant huit jours seulement ! Nous ne pouvons donc pas évaluer avec certitude l’étendue du domaine vital de l’oiseau. En effet, un problème est survenu, probablement avec le harnais, et la balise a légèrement glissé sous les plumes scapulai-res (particulièrement lar-ges et grandes chez cette espèce), la privant ainsi de l’énergie solaire dont elle a besoin pour se recharger et transmettre les signaux aux satellites. Fort heureusement tou-tefois, les observations montrent que l’oiseau ne semble pas handicapé par cette situation puis-qu’il a continué à nourrir ses trois jeunes jusqu’à leur émancipation.C’est à cette période qu’a été tentée une nou-velle capture de l’oiseau,

mais les jeunes étant volants ou l’oiseau, ayant plus vrai-semblablement mémorisé le « piège », n’a pas réagi.Quelques très rares données Argos (non GPS) nous par-viennent épisodiquement...Ainsi deux signaux Argos ont montré que Romulus était encore dans le secteur de son nid.Espérons que les déplace-ments de l’oiseau et la météo permettront au panneau solaire de capter le minimum de lumière nécessaire à la

Romulus avec sa balise Argos/GPS - photo : Romain Riols ©

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Observation de deux milans royaux leuciques en FranceLe 25 septembre 2005, j’effectue une balade en dessous du village de Saint-Colombe (Doubs). Le ciel en partie couvert m’incite à surveiller les rapaces qui pourraient profiter des ascendances sous les nuages. Au cours de l’après-midi, je repère un petit groupe de six milans royaux en migration. Parmi eux, un individu se remarque immédiatement par son plumage entièrement blanc. Les rapaces se rapprochent et je peux détailler le plumage de l’individu leu-cique. Le dessous du corps, la tête, les rémiges et les rectrices sont blanc crème et contrastent faiblement avec la base des rémiges primaires qui apparaissent d’un blanc plus pur. Quelques grandes couvertures sous-alaires ont une couleur chamois. L’oiseau semble légèrement plus grand que les congénères qui l’ac-

compagnent. Les six milans alternent les phases de vol plané et de vol battu en direction du sud-ouest. Aucun compor-tement agressif n’a été remarqué durant l’observation. (DM) Le 24 juin 2008, j’observe deux buses variables et un milan royal en vol au-dessus d’un pré à proximité du lieu-dit « le Pont de Plagne » sur la commune de Sainte-Eulalie (Cantal). Le milan attire mon attention car il est très clair. Après une courte observation aux jumelles, je note le dessous du corps, la tête et les rectrices blanc-gris. Sur le dessus, seules les rémiges sont très clairs sans être blanches. Cet individu leucique n’a pas été revu les jours suivants. (J.-Y. D)La consultation des monographies récentes sur le milan royal (Carter 2007 et Aebischer 2009) montre que les

observations de milans royaux leuciques sont rares. Un individu très semblable à celui observé dans le Haut-Doubs a été photographié le 2 mars 2004 au Pays-de-Galles (cliché publié dans le numéro 3 de la revue Birding World, et dans le numéro 2-3 de La Plume du Milan). Cet oiseau a été observé à plusieurs reprises près d’un poste de nourrissage. Carter (2007) et Aebischer (2009) mention-nent l’observation de plusieurs autres milans royaux au plumage blanc au Pays-de-Galles, dont deux individus qui ont survécu plusieurs années. Cepen-dant, aucun n’a été trouvé nicheur cer-tain. A. Aebischer (2009) précise qu’en 2005, un mâle leucique s’est accouplé avec une femelle au plumage normal. Cette dernière a pondu, mais, pour des raisons non élucidées, il n’y a pas eu

recharge de la balise, en attendant une nouvelle tentative de recapture de l’oiseau en 2011 (s’il se reproduit à nouveau) ou d’imaginer entre temps un autre système de capture...

• Romain Riols • • LPO Auvergne •

[email protected] •Remerciements infinis : - à CLS Argos pour le don d’une balise Argos/GPS de 22 grammes d’une valeur de près de 4 000 euros et la prise en charge du fonctionnement.- à Pascal Cavallin, bagueur agréé CR-BPO et son pote Goliath,- à Sébastien Bonillo, grimpeur d’arbres à nid de milan et aide bagueur à ses heures perdues,- à Adrian Aebischer, Muséum de Fribourg, pour sa générosité incondi-tionnelle, son aide précieuse, et à qui on doit la chance d’avoir disposé d’une balise et de son harnais.- à Fabienne David, LPO Mission Rapaces, qui a coordonné toute cette aventure et permis à la LPO Auvergne de récupérer cette balise.Une pensée particulière à Aymeric Mionnet, dépositaire du programme de baguage du Milan royal en France et à Fabienne David qui ont, 15 jours aupa-ravant, espéré en vain, sous la pluie, assister à ce grand évènement !

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Romulus avec sa balise Argos/GPS - photo : Romain Riols ©

Romulus (à droite) avec l’un de ses jeunes, lors d’un ravitaillement photo : Romain Riols ©

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En ce samedi matin ensoleillé du 10 mai 2008, nous sommes à la recherche du nouveau site de nidification d’un couple de milan royal, suivi depuis plusieurs années dans la région de Cheiry (FR). Nous repérons un adulte qui remonte le vallon et le suivons aux jumelles. Le milan royal se pose au sommet d’un pin sylvestre Pinus sylvestris en lisière d’un petit bois d’une superficie d’environ 7 000 m2, sur la rive droite du vallon.Le milan s’envole alors que nous nous approchons de ce boisement. Après l’avoir contourné, le rapace se pose sur un piquet de clôture. II y reste à peine cinq minutes. Lors de son envol, nous constatons qu’il tient quelque chose dans les serres, sans que nous puis-sions en déterminer la nature. Au cours du vol, il passe cet objet des serres au bec, puis le Iâche; il continue à tourner au-dessus du petit bois et, lors d’un passage en rase-mottes sur la couronne du pin, il cueille un cône avec ses serres. Tout en décrivant un orbe, il le porte à son bec puis le Iâche presque aussitôt. Ce manège,

de la cueillette au lâcher, est répété à trois reprises, après quoi l’adulte continue son vol en remontant le vallon en direction du village, où nous le perdons de vue.Malgré nos recherches, nous n’avons pas constaté de nidi-fication dans le secteur cette année.Durant nos nombreux suivis de cette espèce, nous avons observé à plusieurs reprises des milans royaux manger en vol, tenant alors la proie dans les serres et la dépeçant avec le bec avant de l’avaler. Dans le cas de cette observation, ce comportement n’est pas abou-ti, et pour cause puisque le milan royal ne peut se nourrir d’un cône; nous n’avons pas non plus constaté la présence de groupes de chenilles dans la cime du pin, ce qui aurait pu motiver I’inspection de ces cônes par le milan. S’agit-il d’un jeu ? d’un comportement de dérivation ? d’une méprise ? CARTER (2007) privilégie deux interprétations, celle de I’inspection à éventuel but ali-mentaire ou celle du jeu, dont la fonction n’est pas claire.

Comportement insolite d’un milan royal

d’éclosion. En 2009, R. Riols a également observé, dans le sud du Puy-de-Dôme, un oiseau entièrement clair (pas blanc, mais simplement légèrement dépigmenté sur l’ensemble du plumage). En Allemagne, un milan royal leucique a été signalé durant quatre années consécutives (Hille 1995 in Carter 2008). Un individu au plumage entièrement grisâtre a été observé le 25 février 1990 dans le canton de Berne en Suisse. Cet oiseau présentait la tête, le dessus de la queue et les couvertures des rémiges secon-daires plus claires que le reste du plumage. Enfin, un individu très clair, car ayant toutes les

ORTLIEB (1987) interprète ce genre de comportement comme élément de parade, qui peut aussi être noté hors de la période de reproduc-tion. Enfin, ENCALADO (1998) rapporte avoir observé plusieurs milans royaux jouer avec des morceaux de jour-naux, en Espagne.

Remerciements - Ils vont à Adrian Aebischer pour ses conseils bibliographiques.

Bibliographie- CARTER, I. (2007): The Red Kite. Arlequin Press, Shrewsbury.- ENCALADO, J. J. R (1998): Red Kites “playing” with newspa-per. Brit. Birds 91 : 233-234.- ORTLIEB, R. (1 989): Der Rotmilan. A. Ziernsen Verlag, Wittenberg Lutherstadt.

• Laurent Broch • Route Champ-des-Fontaines 29,

CH-1700 Fribourg • • Romain Cantin • Rue du Musée 10,

CH-1470 Estavayer-le-Lac • Source : Nos Oiseaux 56.4 •

décembre 2009, p 226 •

plumes avec le centre blanc, a été signalé le 9 octobre 2007 à Bade-Wurttemberg en Allema-gne (Aebischer 2009). Nous adressons tous nos remerciements à Adrian Aebischer et Philippe Legay pour l’aide apportée pour la bibliographie.

Bibliographie- Aebischer A. (2009). Der Rotmilan - ein faszinierender Greifvogel. Haupt Verlag, Berne.- Anonyme (2004). Bird news March 2004. Birding World 17 : 90-101.- Anonyme (2004). Superbe milan royal leucique pris en

photo en Grande-Bretagne par Roy Wilson le 02/03/04. La Plume du Milan 2-3 : 12. (téléchargeable sur ce lien : http://milan-royal.lpo.fr/ac-tualites/actualites.html)- Carter I. (2007). The Red Kite. Alequin Press, Chelms-ford. - Hille S. (1995). Untersu-chungen zur Okologie des Rotmilans Milvus milvus in der Rhön. Master thesis, Unive-risty of Giessen.

• Dominique Michelat • Dominique.Michelat@

wanadoo.fr & Jean-Yves Delagrée •

[email protected]

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- Milan info n° 19, 20 & 21 - août 201012

L’hivernage du milan royal en France en janvier 2010 Pour la quatrième année consécutive, le réseau milan royal a organisé un comptage simultané des milans royaux hivernant en France lors du week-end des 9 et 10 janvier 2010.Ce comptage simultané a été très largement compliqué par les conditions météorologiques. En effet seulement quelques jours avant le comptage alors que des équipes entières de bénévoles avaient repéré les sites de dortoirs et déjà évalué le nombre d’oiseaux présents sur certains secteurs, un fort coup de froid et surtout de neige s’est abattu sur la France. Ceci a entraîné trois conséquences importantes qui caractérisent ce bilan 2010 : - l’impossibilité de recenser certains dortoirs (inacces-sibilité ou visibilité trop mauvaise) ce problème a généralement était com-pensé par un visite rapide des sites les jours suivants ; malheureusement cela n’a pas pu être réalisé dans les Hautes-Pyrénées où près de la moitié des dortoirs connus n’ont pu être recensés,- un important mouvement de fuite concernant de gros effectifs (plusieurs centaines d’oiseaux) hivernant tradi-tionnellement dans le Massif central au-dessus de 600 mètres d’altitude. Nous sommes malheureusement dans l’incapacité de savoir où ont fui ces mi-lans !? Ont-ils poussé jusqu’au piémont pyrénéen où l’effectif recensé est plus élevé qu’en 2009 mais ceci plus pro-bablement du fait d’un investissement humain très important en 2010. La ra-pidité à laquelle les oiseaux sont revenus sur leurs sites d’hivernage laisse penser qu’ils ne sont pas partis si loin… mais où ?… peut-être dans des départements peu prospectés et ne fournissant habi-tuellement pas de données de milans royaux hivernants comme le nord-est de l’Aquitaine (Dordogne) ou le nord-ouest du Midi-Pyrénées (Lot, Tarn-et-Garonne, Gers), la découverte de deux petits dortoirs dans le Lot pouvant aller

dans ce sens. Ce mouvement de fuite a aussi pu toucher des oiseaux hivernants sur le piémont pyrénéen comme en Ariège où le principal dortoir a perdu près d’une centaine d’oiseaux entre le 1er et le 10 janvier.- un mouvement de fuite d’oiseaux nordiques avec pour conséquence de nombreuses observations d’oiseaux isolés ou en tout petits groupes dans

une grande partie des départements du nord-est de la France, mais aussi jusque dans la Somme et la Sarthe.Les effectifs pyrénéens apparaissent glo-balement stables par rapport à l’hiver précédent avec toutefois une baisse de 200 oiseaux qui correspond globale-ment aux effectifs des dortoirs qui n’ont pu être recensés dans les Hautes-Pyré-nées. Par rapport à janvier 2009 : les effectifs des deux autres départements du centre de la chaîne (Midi-Pyré-nées) perdent 300 oiseaux alors que le bastion national de l’espèce en période hivernale, les Pyrénées-Atlantiques, accueille 200 oiseaux de plus. Cette hausse reflète probablement les progrès de la prospection dans ce département mais peut-être aussi l’arrivée d’oiseaux du Massif central ayant fui un enneige-ment important… A titre plus anecdotique, le département de l’Aude retrouve son dortoir d’une cinquantaine de milans qui avait été

absorbé par le gros dortoir de l’Ariège toute proche les années précédentes.

Le Massif central perd environ 300 oiseaux par rapport à 2009 où un mouvement de fuite s’était déjà produit cette année-là. C’est surtout d’Auver-gne où les zones d’hivernage sont à des altitudes importantes qu’ont fui 300 à 600 oiseaux au début de janvier. Les

dortoirs du sud du massif sont moins touchés et pour la deuxième année consé-cutive, la Loire accueille un effectif relativement impor-tant autour de la placette d’alimentation avec une quarantaine d’individus. Les effectifs du nord-est de la France sont plus impor-tants que les deux dernières années du fait du mou-vement de fuite d’oiseaux plus nordique, mais cela ne peut être considéré comme un véritable hivernage, les oiseaux n’étant là que de passage où pour quelques jours avant de remonter.D’une manière générale, on remarque toujours une

très grande stabilité des effectifs sur les dortoirs isolés, situés en dehors des zones de reproduction de l’espèce et liés à des décharges comme ceux d’Ardèche, du Tarn ou encore celui de la Crau qui gagne cependant cette année quelques dizaines d’oiseaux supplémentaires…

Globalement, la France accueille en janvier 2010 au moins 4 589 milans royaux dans 113 dortoirs principaux. Cet effectif est inférieur de plus de 500 individus par rapport à 2009. L’es-timation nationale reste encore délicate du fait de l’incertitude concernant les Pyrénées-Atlantiques où les bénévoles doivent se mobiliser encore davantage. Ainsi l’effectif est estimé à 2 500 oiseaux au lieu des seuls 1 750 dénombrés… Si l’on ajoute encore les dortoirs des Hautes-Pyrénées manquants, la popu-lation hivernante française atteint donc probablement près de 5 500 milans royaux en janvier 2010.

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Hivernage du milan royal en France en janvier 2010 (effectifs par département)

Hivernage du milan royal en France en janvier 2010 (localisation et importance des dortoirs)

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Peu d’oiseaux marqués ont été contrô-lés, cinq oiseaux appartenant au programme français : un dans le Puy-de-Dôme, deux dans le Cantal, un dans l’Aveyron et un en Haute-Garonne ont été lus, ainsi que deux « allemands » en Haute-Garonne et dans le Tarn et un « espagnol » dans l’Aveyron. Comme habituellement, quelques milans noirs isolés sont notés sur des sites réguliers comme dans l’Aube ou en Crau, aucun en Auvergne pour la première année mais un dans l’Aveyron, un dans le Tarn, un dans les Pyrénées-Atlantiques et un juvénile dans l’Ariège quelques jours avant le comptage.

Parallèlement, la Suisse accueille au moins 1 343 individus dans 18 dor-toirs. Ce chiffre est le meilleur depuis la mise en place des comptages mais reflète globalement une situation très stable, cette valeur un peu plus haute étant probablement liée à une pression d’observation encore meilleure lors de cet hiver 2009/2010. A noter que mal-gré de fortes chutes de neige en Suisse aussi, très peu d’oiseaux ont quitté cette contrée, de nombreux amoureux des oiseaux les nourrissant !

Que tous les bénévoles, qui, chaque hiver repèrent les dortoirs pour être fin prêts le jour J souvent dans des condi-tions météorologiques peu agréables, soient ici vivement remerciés ! C’est grâce à vous tous que le réseau milan royal dispose d’un outil supplémentaire de suivi à long terme de l’état de santé de la population de ce magnifique et vulnérable rapace. Et à propos de jour J, rendez-vous est donné pour les 8 et 9 janvier 2011 en espérant des conditions météorologi-ques plus stables et moins rigoureuses qu’en janvier 2010 !

• Romain Riols • LPO Auvergne •

[email protected]

Liste des observateurs Alsace : C. Rahier, C. Siegwalt, D. Holfert, E. Pigeolet, J. Alchimowicz, J. Herman, L. Gauer, L. Naegele, M.-F. Christophe, N. Welschinger, P. Ritter, S. Didier, T. Délé-monte, I. Délémonte ;Aquitaine : A. Anton, A. Colas, A. Garbay, B. & L. Scipion, B. Lavignotte, C. Blin, C. Gonin, D. Peyrusqué, D. Rannou, D. Vileski,

D. Mélet, D. Peyrusqué, E. Kobierzycki, F. Delage, G. De Priester, I. Rebours, J. Isambert, J. Zumaglini, J.-C. Allemand, J.-F. Terrasse, J.-L. Iratchet, J.-P. et A. Serre, J.-P. Urcun, L. Gonzalez, L. Goyeneche, L. Kureck, M. & J. Mouze, M. Dudun, M. Lautré, M. Razin, M. Van Putten, M.-C. Maheux, P. Lurdos, R. Javayon, S. Maury, Y. Courègelon-gue, Y. Harran ; Auvergne : C. Fargeix, C. Gourbeyre, C. Fernandez, C. Vérot, D. Houston, D. Vigier, E. Valladier, F. Landré, F. Chastagnol, G. Guillemenot, G. Brugerolle, J.-Y. Delagrée, L. Maly, M.-H. Rozes, M. Clément, M. Bernard, M. Jallat, M. Maurin, N. Lolive, P. Tourret, R. Désécures, R. Riols, S. Heine-rich, S. Gomez, T. Brugerolle, Y. Martin ;Bourgogne : B. Grand, J.-L. De Rycke, L.Strenna, T. Maurice ;Champagne-Ardenne : A. Mionnet, A.-S. Gadot, B. Théveny, B. Vacheret, L. Gizart ;Corse : B. Recorbet, C. Jolin, C. Berquier, F. Berthollet, F. Torre, F. Sanchis, G. Bonac-corsi, G. Faggio, J.-F. Seguin, J. Marcelesi, L. Lepori, P. Wolhgemuth, S. Cart, S. Des-champs ;Franche-Comté : A. Naal, C. Crétin, E. Chapoulie, J. Langlade, L. Beschet, P. Wolff, S. Galliou ;

Languedoc-Roussillon : T. Guillausson ;Lorraine : A. Sponga, C. Navrot, D. De-mange, D. Landragin, G. Joannes, G. Haas, J. Larzilliere, J. François, J.-L. Cathala, J.-M. Debrycke, J.-M. Triboulot, J.-Y. Schneider, M. Lefrançois, M. Hirtz, N. Patier , P. Muller, X. Saint-Léger ;Midi-Pyrénées : S. Talhoet, P. Dreno, A. Leblanc, A. Torregrossa, A. Segonds, A. Calvet, A. Cluzet, A. Riom, Fabrice, A. Hétier, A.Thimonnier, Thibault, B. Chazal, C. Cluzet, C. et M. Pasquier, D.Pareuil, D. Bouissou, F. Ballereau, G. Cartier, G. Desmortier, G. Desmortier, G. Pedron, Hotta, Rachou, Baraille, J.-B. Mourem-bles, J.-C. Issaly, J. Dupuy, E. Danede, M. Menand, M. Malaterre, P. Bouet, P. Harlé, P. Dréno, P. Milcent, P. Vernier, R. Nadal, S. et A.Frescaline, T. Blanc, T. Lacommes, T. Buzzi, V. Cognet, Y. Beucher, Yvan ;Provence-Alpes-Côte-d’Azur : N. Vincent-Martin, C. Ponchon, E. Becker, J. Renet ;Pays de la Loire : F. Jallu, M. Pelletier ;Picardie : X. Commecy ;Rhône-Alpes : D. Cocatre, F. Veau, S. Teyssier.

* en gras les coordinateurs départementaux et/ou régionaux

Pour la première fois cet hiver, suite à l’appel lancé par le réseau français, d’autres pays ont participé au comp-tage simultané des dortoirs hivernaux. Mais là encore, les fortes chutes de nei-ge qui ont touché l’Europe entière ont fortement handicapé les observateurs dans leurs recherches. Elles ont aussi provoqué d’importants déplacements des milans royaux.On retiendra néanmoins les chiffres suivants :- un dortoir de 22 individus, à la fron-tière entre la République tchèque et la Slovaquie. Cet hiver, le dortoir était si-tué du côté slovaque (province de Bra-tislava). Fin décembre/début janvier, le dortoir comptait 49-57 milans royaux et un milan noir (observateurs : Boris Maderic, Gaspar Camlik, Tereza Camlikova, David Horal, Pavel Stepanek).- 49 individus recensés au Danemark dont 45 dans l’est du pays (16 sur l’île de Zélande), trois sur la péninsule de Jutland et un sur l’île de Fionie. Les données recueillies, entre le 1er no-

Au delà des frontières franco-suisses

vembre et le 8 janvier, dans les bases de données permettent d’estimer la population hivernante à 100-150 indi-vidus (55-60 milans ont été comptés sur Zélande jusqu’au 20 décembre) (source : Gert Hjembaek et al., BirdLife Danemark).- Juan I. Dean (SEO) nous signale, pour l’hiver 2009/10, le recensement de 20-21 dortoirs, regroupant 1 599 mi-lans royaux en Navarre (nord-est de l’Espagne), soit une chute de 18 % par rapport à l’effectif de l’hiver précédent et de 40 % par rapport à l’effectif maxi-mum compté durant l’hiver 2005/06.- Jean-Paul Jacob nous signale des observations éparses chaque hiver en Belgique mais aucun dortoir connu.

Souhaitons que le prochain comptage en 2011 s’étendra à d’autres pays encore, et en particulier à ceux qui abritent d’importants effectifs d’hiver-nants.

• Fabienne David • LPO Mission Rapaces

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Dortoirs hivernaux (comptages simultanés)

janvier 2010 janvier 2009 janvier 2008 janvier 2007Nb de

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dortoirsNb

d’oiseaux Nb dedortoirs

Nb d’oiseaux

Nb de dortoirs

Nb d’oiseaux

NORD-EST FRANCE 2 88 2 47 5 48 4 92Alsace 0 7 5Bas-Rhin 3Haut-Rhin 4 5Champagne-Ardenne 2 49 1 24 2 17 2 70Aube 1 43 1 24 1 15 1 61Haute-Marne 1 5 1 2 1 9Ardennes 1Bourgogne 0 11 1 14 3 17 2 18Côte-d’Or 4 1 3Yonne 3 1 13 1 10 1 13Saône-et-Loire 4 1 2 7 2Franche-Comté 0 8 0 3 0 10 0 4Doubs 6 1 4 3Haute-Saône 3 1Jura 2 1Territoire de Belfort 2 2Lorraine 0 13 0 1 0 4Meurthe-et-Moselle 1 4Meuse 5Moselle 4 1Vosges 3

MASSIF CENTRAL 29 1 059 32 1 362 28 1 531 36 1 964Limousin 0 0 0 0 0 2Creuse 2Rhône-Alpes 2 139 2 128 2 77 2 91Loire 1 43 1 41 1 4 1 2Ardèche 1 96 1 87 1 73 1 89Auvergne 19 453 23 715 18 930 26 1 201Allier 1 3 1 16 1 29 1 39Puy-de-Dôme 5 84 5 132 3 94 8 250Haute-Loire 4 120 4 218 4 233 5 198Cantal 9 246 13 349 10 574 12 714Languedoc-Roussillon 1 50 0 1 1 4 0 0Aude (1) 1 50 1 1Lozère 1 3 0 0Gard 3Midi-Pyrénées 28 1 665 35 2 252 31 2 562 28 2 319Aveyron 4 367 6 453 6 433 7 596Lot 2 19Tarn 2 81 1 65 1 85 1 76

PYRENEES 66 2 994 59 3 266 51 3 205 41 2 766Ariège 4 218 3 324 2 398 2 343Haute-Garonne 10 509 15 789 12 824 9 680Hautes-Pyrénées (2) 6 471 10 621 10 822 9 624Aquitaine 45 1 746 31 1532 27 1 161 21 1 119Pyrénées-Atlantiques (Béarn) (3) 17 727 13 652 11 370 5 245Pyrénées-Atlantiques (Pays basque) (4) 28 1 019 18 880 16 791 16 874

AUTRES 16 448 15 421 10 506 1 83Corse 14 320 13 335 8 402Haute-Corse 6 89 9 255 6 321Corse-du-Sud 8 231 4 80 2 81PACA 1 123 1 84 1 86 1 83Bouches-du-Rhône (Crau) 1 123 1 84 1 86 1 83Pays-de-la-Loire 0 2 1 2 1 18Vendée 1 2 1 18Sarthe 2Picardie 1 3Somme 1 3Total France 113 4 589 108 5 093 94 5 290 82 4 905(1) effectif rattaché au total pyrénéen ; (2) près de la moitié des dortoirs n’ont pu être dénombrés ; (3) fiabilité de la couverture estimée à 60 % pour une esimation de 1 200 individus ; (4) fiabilité de la couverture estimée à 75 % pour une estimation de 1 350 individus.Total Suisse* 18 1343 20 1 140 19 1 094 16 1 252* source : Adrian Aebischer

Hivernage du milan royal en France de 2007 à 2010 (bilan des quatre comptages simultanés successifs)

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Conservation Bilan et perspectives du programme de restauration du milan royal en Bourgogne Les efforts déployés par l’EPOB en Bourgogne dans le cadre du plan natio-nal de restauration en faveur du Milan royal, espèce devenue emblématique, ont démarré en 2006. Ceux-ci ont été rendus possibles grâce aux soutiens continus du Conseil régional de Bour-gogne, de la DREAL Bourgogne et de l’Europe via les fonds FEDER. Depuis, l’état de la population nicheuse régio-nale est beaucoup mieux cerné et une quinzaine de couples nicheurs sont à présent connus, très largement localisés dans l’Auxois. Les premières placettes d’alimentation dans la région fonction-nent depuis fin 2009, après de longues recherches et beaucoup d’efforts de communication. Elles ont été permises grâce aux soutiens de SITA-Suez, de la fondation Nature & Découvertes et des municipalités qui les ont accueillies. Dans l’Auxois, la sensibilisation, notre présence soutenue et la multiplication des mains tendues auprès des différents acteurs du territoire peuvent laisser pen-ser que beaucoup connaissent à présent l’espèce et même ses enjeux. Ces efforts doivent continuer pour ne pas les rendre vains.Surtout, ils ne pourront être réellement pertinents et efficaces que s’ils s’ac-compagnent de la prise en compte de cette problématique dans les grandes politiques d’aménagement du territoire de la région et notamment de l’Auxois, bastion de l’espèce et territoire straté-gique pour la conservation régionale de l’espèce. Nous ne reviendrons pas sur le fait que ces efforts n’ont également réel-lement d’intérêt que s’ils s’incluent dans une mobilisation beaucoup plus large que la Bourgogne, comme cela devient de plus en plus le cas avec la confir-mation d’un solide réseau national et l’organisation récente et en devenir d’un réseau européen.Ainsi, les actions de nourrissage à l’aide de placettes d’alimentation spécifiques doivent-elles être considérées comme des mesures d’urgence temporaires,

installées dans l’espoir d’un avenir plus favorable où elles deviendraient alors caduques. Ces structures, si elles sont suffisamment nombreuses et bien si-tuées, pourront certainement permettre une amélioration notable, à court ou moyen terme, des populations locales et de la population mondiale. Les milans royaux de nos régions semblent en effet notamment pénalisés par une mortalité importante lors de l’hivernage ibérique, ces problèmes s’ajoutant à un contexte global déjà défavorable. Ces placettes sont sensées améliorer les conditions d’hivernage pour les milans royaux dans quelques régions françaises stratégi-ques qui ont vu en quelques dizaines d’années leurs potentialités d’accueil diminuer ou chuter pour différentes rai-sons : fermetures massives de décharges communales et sauvages, agriculture intensive aux conséquences négatives multiples (simplification des paysages et disparition des prairies permanen-tes, utilisation importante de produits phytosanitaires avec des impacts directs ou indirects sur la fonctionnalité des écosystèmes agro-pastoraux, équarrissa-ge systématique). En incitant davantage de milans royaux de toute l’Europe à hiverner dans nos régions, nous leur évi-tons l’hivernage ibérique, rendu périlleux en raison de destructions volontaires et involontaires. Nous espérons que ces problèmes rentreront dans l’ordre au plus vite, comme nous pouvons espérer que les impacts négatifs liés à l’agricul-ture intensive s’estomperont à moyen terme en France et plus largement en Europe. En Bourgogne, ces placettes ont ainsi toute leur légitimité et nous espérons compléter les deux récemment installées de deux nouvelles et derniè-res courant 2010 et début 2011, pour établir un réseau significatif de placet-tes à l’échelle régionale et contribuer plus largement au réseau de placettes à l’échelle nationale. Ces structures de-vront être approvisionnées et suivies une dizaine d’années au moins pour ne pas

rendre vains les efforts déjà entrepris.Au-delà de l’ajustement temporaire mais légitime représenté par les placet-tes d’alimentation, le programme « mi-lan royal » en Bourgogne doit s’ouvrir davantage, en s’enrichissant d’actions plus globales, pour plus de cohérence. Cette espèce emblématique, associée à un plan de restauration et donc à des moyens et des hommes dédiés à sa cause, nous oblige par le caractère multidimensionnel de sa problématique et ses grands territoires de vie, à porter notre approche à l’échelle de vastes entités paysagères. Sa conservation peut alors profiter à une multitude d’espè-ces ordinaires ou considérées comme remarquables, présentes, disparues ou à venir, qui partagent un ou des mêmes territoires. C’est en cela que le milan royal peut être assimilé à une espèce « parapluie ».Ainsi en Bourgogne et d’autant plus dans l’Auxois, les efforts apportés à mieux estimer les caractéristiques des populations nicheuses et hivernantes, à créer et approvisionner des placettes d’alimentation, à sensibiliser la popu-lation et les acteurs locaux à cette pro-blématique complexe et plus largement à valoriser le terroir de l’Auxois, doi-vent continuer. Il n’en reste pas moins qu’une approche parallèle plus globale ou systémique doit être entreprise, pour une conservation plus intégrée et réelle-ment ambitieuse de l’espèce. L’avenir du milan royal est indiscutable-ment lié à celui du patrimoine naturel de l’Auxois dans sa globalité et donc à celui des hommes qui l’ont créé et qui l’entretiennent encore. C’est en cela et à travers ce concept d’espèce parapluie qu’au nom de la conservation du milan royal, nous participons à différents ateliers de travail plus ou moins avancés à ce jour, en liens directs et indirects avec cette problématique et concernant l’Auxois. La restauration du bocage, les bonnes pratiques forestières ou la replantation de chênes dans les prairies

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de l’Auxois ne participent pas directement à la conservation du milan royal, mais s’intègrent dans une même dynamique de conservation d’un terroir et de son patrimoine naturel, dont le milan royal est un des fleurons. Toute brèche à l’encontre de l’intégrité de ce territoire peut à terme constituer une menace pour la viabilité du noyau de l’Auxois. Il est important de préciser que l’Auxois doit rester l’objet premier de notre atten-tion, même si la reconquête de territoires appauvris et donc désertés par l’espèce reste un enjeu très intéressant mais mal-heureusement probablement hors de portée du seul cadre milan royal en Bourgogne.Si cette problématique concer-ne moins la Bourgogne à ce jour, les résultats récemment obtenus par certaines asso-ciations dans d’autres régions à propos des anticoagulants au nom de la conservation du milan royal prouvent que cette cause est une opportu-nité de ré-imaginer les liens de l’homme avec la nature qui l’entoure. En Franche-Comté, les usages de la bromadiolone sont ainsi devenus bien plus réglementés depuis plusieurs années et complétés de traite-ments mécaniques, même si ces avancées paraissent encore aujourd’hui insatisfaisantes. Ces restrictions sont d’autant plus intéressantes quand elles s’accompagnent de la réhabi-litation de certains prédateurs comme auxiliaires agricoles : milans royaux et autres rapaces reconnus comme auxiliaires agricoles, renards et fouines

provisoirement déclassés nuisibles en Isère et dans le parc national des Ecrins. Cette réhabilitation passe également par la recréation de linéaires de haies, de manière à restaurer les corridors écologiques et donc la fonctionnalité des éco-systèmes à « grande échelle ». En Bourgogne, le programme « trame verte et bleue » en phase d’initiation est de ce fait intéressant.Dans l’Auxois, deux aléas aujourd’hui difficiles à intégrer à notre niveau pourraient re-présenter à terme des obstacles à une restauration ambitieuse de l’espèce : le développement éolien et la conservation des prairies permanentes naturel-les. Le développement éolien de l’Auxois, actuellement en cours, pourrait à terme, s’il s’avérait inadapté, remettre en cause le caractère favorable de l’Auxois pour le milan royal et d’autres espèces de grands planeurs. Alors que la sensibilité par-ticulière du milan royal aux éoliennes est à présent avérée, il nous paraît indispensable d’obtenir dès aujourd’hui des garanties formelles quant à la finalité raisonnable du dévelop-pement éolien de l’Auxois. Le document spécifique élaboré par l’EPOB avec la DIREN sur cette problématique spécifique, qui complète une carte plus globale et régionale des enjeux avifaunistiques vis-à-vis de l’éo-lien, va dans ce sens. Il propose finalement de redéfinir le poids des composantes d’un terri-toire dans son aménagement. Concernant la conservation des

prairies permanentes naturel-les, le classement de secteurs appropriés de l’Auxois en zo-nes Natura 2000 est une piste de réflexion à mener, à l’image de ce qui s’est fait dans d’autres régions stratégiques. La présence d’autres espèces d’intérêt communautaire pourrait peser positivement dans ce sens. Pour l’Auxois, cela passerait soit par la définition d’une nouvelle ZPS, soit par l’adaptation d’un Site d’intérêt communautaire (SIC) qui recoupe une partie du territoire et prévu pour la conservation d‘espèces de chiroptères. Une demande d’avis a été lancée par l’EPOB auprès de la DREAL Bourgo-gne. Le projet de charte « Auxois naturellement », en cours d’élaboration, représente une opportunité intéres-sante qu’il reste à concrétiser : cette charte, portée par le Pays Auxois-Morvan, a pour vocation de soutenir l’acti-vité agricole de l’Auxois en valorisant ses produits et en favorisant des circuits courts de commercialisation. Une dimension « développement durable » devrait également être apportée à la charte. Ce projet, qui soutiendra notam-ment l’élevage extensif bovin et dans un second temps ovin de l’Auxois, profitera indirec-tement à la conservation du milan royal en pérennisant l’élevage extensif et de fait des prairies permanentes. Une piste de réflexion consiste-rait à soutenir cette charte à travers le plan régional milan

Paysage de l’Auxois - Dessin : O. Girard ©

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La nécessité urgente de mettre en place des actions en faveur du milan royal en Lorraine est réelle. Au début des années 1990, le nombre de couples de milans royaux était estimé en Lorraine à environ 1 000 couples. Une récente étude réali-sée par le Centre ornithologique lorrain. (Ciconia 28.2 2004 : Le milan royal en Lorraine, un déclin dramatique : P. Ma-lenfert) entre 2000 et 2002 révèle une chute drastique des effectifs d’au moins 80 % en dix ans (soit 160 couples). A ce jour, la vallée de la Meuse héberge les derniers couples du sud meusien.Lorraine association nature (LOANA), jeune association nouvellement créée en Lorraine a comme volonté forte de développer des actions concrètes de

protection de la nature. Son siège étant situé sur un des derniers bastions du milan royal en Lorraine, c’est donc tout naturellement que LOANA a entrepris de mettre en place des actions en faveur de l’espèce. Chaque année, LOANA réalise le suivi des deux derniers couples encore ni-cheurs sur un des secteurs du sud meu-sien, mais le suivi de ces dernières an-nées a révélé que le succès reproducteur reste très faible (deux jeunes en 2008

pour deux couples, un en 2009, un en 2010). Quelques observations d’oiseaux isolés en hiver (choses devenues rares en Lorraine) démontrent pourtant de l’intérêt du site pour l’espèce.En Novembre 2009, LOANA a décidé de monter un dossier auprès de la Direc-tion départementale de la cohésion so-ciale et de la protection des populations (anciennement Directions départemen-tales des services vétérinaires) dans le but de mettre en place une placette d’alimentation pour l’espèce. Après plus de six mois de démarches administrati-ves, l’arrêté préfectoral nous autorisant à mettre en place l’aménagement est enfin arrivé… L’approvisionnement en agneaux se fera tout au long de l’année

grâce à un partenariat avec un éleveur local. Les travaux ont débuté aussitôt et il aura fallu deux journées entières pour le réaliser (un guide de montage sera prochainement en téléchargement sur le site de l’association). Nous atten-dons les financements de cette placette et d’un système photographique à déclenchement automatique par la DREAL. Cette placette d’alimentation a été complétée par un dispositif d’affût qui permettra au printemps prochain de

Une placette d’alimentation « royale » pour le milan en Lorraine

Nouvelle placette en Lorraine - photo : Guillaume Leblanc ©

royal, en lui apportant une caution environnementale supplémentaire. Cette valeur ajoutée serait alors profita-ble à la réussite de la charte auprès des consommateurs. Ce soutien pourrait en retour se concrétiser par différentes actions très concrètes et porteuses : supports de communication destinés aux agriculteurs et aux consommateurs, élaboration d’une liste de recomman-dations de bonnes pratiques agricoles, formations « biodiversité » proposées aux exploitants engagés dans la charte, etc. Ce projet gagnerait à être associé à d’autres espèces remarquables du territoire que le simple milan royal, pour plus d’efficacité et de cohérence : petit rhinolophe, triton crêté, pie-grièche à tête rousse, chevêche d’Athéna… Cette valeur « biodiversité » serait un atout indiscutable pour peser sur la conserva-tion durable et globale de ce territoire encore préservé mais à l’avenir incertain.Ainsi, les mesures d’urgence que re-présentent les placettes d’alimentation s’avèrent légitimes si elles sont complé-tées en parallèle d’actions durables et qui s’inscrivent dans un champ global (multi-échelle, multi-dimensions). S’il est difficile de peser à la source sur certains grands facteurs influant sur la destinée d’un territoire (politiques agricoles, conjonctures économiques etc.), des alternatives à notre portée pourraient garantir en aval une certaine prise en compte systémique et donc une relative viabilité des écosystèmes visés, en corrigeant localement certaines grandes tendances jugées négatives vis-à-vis de nos objectifs de conservation. Un programme Natura 2000 ou des dynamiques de valorisation du terroir et de ses produits agricoles (dans la mesure où ces productions respectent le terroir auxois) apparaissent ici comme des solutions intéressantes. L’Auxois bénéficie d’un patrimoine naturel remarquable, largement forgé par les activités humaines menées sur ce territoire depuis plusieurs décennies. A l’heure où beaucoup d’incertitudes pèsent sur l’avenir des territoires ruraux comme celui de l’Auxois, ce patrimoine naturel, s’il était considéré à sa juste valeur, pourrait profiter au territoire et à ses habitants, en devenant un atout majeur de développement.

• Thomas Maurice • EPOB •

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Lors de la présentation du bilan du plan national de restaura-tion milan royal et de son éva-luation en commission faune du CNPN (Conseil national de protection de la nature) du 17 mars 2009, les membres du co-mité ont acté la mise en place d’un second plan d’action en faveur de l’espèce. Au cours du comité de pilotage annuel

Un second plan d’action, pour quand ?

quantifier la fréquentation de la placette par l’espèce et d’éva-luer son impact sur le succès reproducteur des deux couples encore nicheurs. Le recrute-ment d’un stagiaire est d’ores et déjà prévu pour mener à bien cette action. Nous ne manque-rons pas de vous tenir informés dans le prochain numéro…

La placette d’alimentation est montée à une hauteur de deux mètres de haut pour une sur-face de cinq mètres carrés à un endroit très dégagé. La présen-ce de grands arbres à proximité permettra aux oiseaux méfiants de venir s’y brancher, et éven-

tuellement de servir de dortoir pour l’espèce. La proximité de poteaux de clôtures à hauteur de la placette permettra aussi (non visualisable sur la photo) aux oiseaux de s’approcher de la placette en toute confiance. LOANA a opté pour un sup-port bois avec un sous-toit en tôles pour la récupération des jus d’équarrissages.

LOANA tient à remercier toutes les personnes qui ont contri-buées directement à la mise en place de ce projet (J.C Miche, P. Leblanc, E. et C. Vincent, S. Brodier, M. Lepeutrec, D. Grosjean et F. David). LOANA

espère aussi que cette action sera activement copiée en Lorraine car notre milan rouge en a et en aura encore plus que besoin… Si des personnes, associations ou organismes désirent mettre en place ce type d’actions qu’elles n’hésitent pas à nous contacter à l’adresse suivan-te : [email protected]

• Guillaume Leblanc • • LOANA •

[email protected]

qui a suivi, la DREAL Champa-gne-Ardenne avait annoncé le lancement de l’appel d’offres pour l’écriture du plan dans le courant de l’année, pour une validation interministérielle en 2010 et une mise en œuvre à la mi-2011. Malheureusement, à ce jour, l’appel d’offres n’est toujours pas paru…

En cette longue période de transition, les actions du premier plan se poursuivent et les crédits des DREAL sont toujours disponibles.

• Fabienne David • LPO Mission Rapaces •

[email protected]

Un milan royal et un milan noir, attirés par une charogne - photo : Bruno Berthemy ©

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Scandale

Résumé Les milans royaux (Milvus milvus) sont des oiseaux charognards limités à l’Eu-rope, et ils ont actuellementconsidérés comme espèce en voie de disparition dans le monde. L’intoxi-cation accidentelle est souvent citée comme l’une des menaces affectant le milan royal à travers toute son aire de distribution. Le but de cet article est d’enquêter sur les cas d’empoi-sonnement présumés rapportés dans le système français de surveillance des maladies de la faune sauvage. Les cadavres d’animaux sont soumis à un laboratoire vétérinaire pour autopsie et quand un empoisonnement est soup-çonné, les échantillons sont envoyés au Laboratoire de toxicologie de l’école vétérinaire, Lyon, France. Au cours de la période 1992-2002, 62 milans royaux soupçonnés d’empoisonnements ont été soumis, et l’empoisonnement a été la cause de mortalité confirmée pour plus de 80 % de ces cas. Les principales substances toxiques trouvées étaient des inhibiteurs de cholinestérase (carbama-tes et insecticides organophosphorés) et des composés anti-coagulants. Les circonstances de l’exposition compren-nent l’empoisonnement secondaire suite à l’usage d’anticoagulants sur de vastes étendues pour réguler les populations de campagnols terrestres (Arvicola ter-restris), mais ils comprennent également l’empoisonnement malveillant avec des carbamates (aldicarbe et cabofuran) dans des appâts à base de viande. Les cas d’intoxication varient en France, avec des taux de mortalité observés variant entre 0,1/100 cent couples nicheurs/10 ans et quatre cas pour 100 cent couples nicheurs/10 ans. D’autres cas d’empoisonnement sont vraisembla-blement passés inaperçus, et nos résul-tats suggèrent que l’intoxication aiguë n’est pas rare chez les milans royaux ce qui devrait être pris en considération dans les actuels plans de restauration.

• Source : Acute poisoning of Red Kites (Mil-vus milvus) in France : data from the Sagir

Network, Philippe Berny and Jean-Roch Gaillet • Journal of Wildlife Diseases, 44(2), 2008, pp. 417–426, Wildlife Disease Association

2008 • traduction : Fabienne DavidL’article dans son intégralité est disponible auprès de la Mission Rapaces de la LPO.

L’intoxication aigüe des milans royaux en France : données du réseau Sagir

Le milan royalse meurtSi 2008 était une année noire pour le milan royal, compte tenu notamment du nombre (n=20) de cadavres de milans royaux découverts, par hasard, sur le territoire national, que dire de 2009 ? Pas moins de 24 cadavres ont été recensés pour cette nouvelle année. Et combien d’autres se sont décompo-sés dans la nature sans que personne ne les découvre ?En regardant d’un peu plus près ces données, on note que parmi ces 24 cas, 13 étaient des oiseaux adultes (dont cinq mâles et sept femelles), quatre étaient des juvéniles, l’âge et le sexe des sept autres n’ont pas pu être détermi-nés. Ces découvertes se répartissent de la façon suivante : quatre dans les Pyré-nées, sept dans le Massif central, neuf dans le quart nord-est de la France, un en Corse et trois autres en dehors de l’aire de répartition de l’espèce.La moitié des cadavres découverts a fait l’objet d’une autopsie, d’analyses toxicologiques et d’une recherche de métaux lourds. Ces analyses s’inscri-vent dans l’action « vigilance poison » pilotée par la LPO Mission Rapaces en collaboration étroite avec le CNITV et l’Ecole vétérinaire de Lyon. Les cas non

analysés sont liés soit à une impossibi-lité de collecter les cadavres, soit à un état de décomposition trop avancée des cadavres. Les analyses pratiquées sur les 12 cadavres révèlent que l’intoxication est la principale cause de mortalité, avec huit cas. Les quatre autres causes de mortalité sont une collision pour l’un et indéterminées pour les trois autres (une électrocution ou une blessure par fil barbelé sont les deux hypothèses avancées pour l’un d’eux). Parmi les 12 autres milans pour lesquels aucune analyse n’a été réalisée, un est mort victime d’une éolienne (cf. Milan info n°17/18/19). Les causes probables responsables de la mort des autres mi-lans sont l’intoxication (n=5), collision avec un véhicule (n=3), prédation par un autre rapace (n=1), noyade (n=1) et indéterminé (n=1).Lorsque l’on regarde plus en détail en-core les résultats obtenus, on s’aperçoit que les substances responsables de l’in-toxication des huit milans royaux sont par ordre d’importance des organo-phosphorés (quatre cas d’intoxication au carbofuran et un cas d’intoxication au mévinphos) et le plomb (deux cas). Pour l’un des cas, les analyses ont été

Milan victime d’une intoxication au carbofuran dans l’Aveyron photo : M. Poulaillon ©

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prises en charge par l’ONCFS qui ne nous a pas communiqué le nom du toxique responsable de la mort du milan royal.Rappelons que le carbofuran est une substance retirée de la vente en France depuis dé-

cembre 2008. Et pourtant des stocks de ce toxique, vendu sous forme de granules sous le nom de Curater, circulent encore sur le territoire. Et ce constat n’est pas une spécifi-cité franco-française. Au cours du colloque international, à Montbéliard, les confrères européens, qu’il s’agisse des an-glais, des espagnols, des tchè-ques, etc. se sont montrés, eux-aussi préoccupés par l’impact de substances toxiques, telles que le carbofuran sur le milan royal notamment. Une motion demandant l’interdiction de l’utilisation en plein champ des anticoagulants (difénacoum, brodifacoum, bromadiolone, chloramphacinone etc.) et exigeant des Etats membres de l’Union européenne qu’ils pren-nent des mesures strictes à l’en-contre des coupables, utilisant des appâts empoisonnés à base de pesticides agricoles afin de tuer délibérément des rapaces a d’ailleurs été votée par les parti-cipants et adressée entre autres à la Commission européenne et à BirdLife International. Les analyses toxicologiques ne permettent pas pour autant de

savoir si les empoisonnements sont d’origine volontaire et ciblé. Seules des investiga-tions sur le terrain permettent parfois d’obtenir des indices ou des preuves. C’est le cas, cette année, par exemple, d’un cas

où un milan royal a été décou-vert, dans la Vienne, avec deux cadavres de hérissons. Tous trois ont été terrassés par des appâts empoisonnés constitués de morceaux de viande déposés sur un piquet et d’œufs de pou-le injectés d’un toxique interdit à la vente. Ici, les auteurs ont été verbalisés !Le tableau se noircit encore un peu plus, avec les données d’oiseaux recueillis en centre de soins. L’Union française des centres de soins (UFCS) nous signale 22 milans royaux recueillis en 2009. Les causes d’entrées sont les suivantes : quatre « autres causes » - cinq

« chasse » – dix « indéter-minée » – un « route » – un « ramassage » – un « lignes électriques/électrocution ». Sur ces 22 milans, 10 seront relâchés, deux sont transférés, cinq sont en soins, trois sont morts, un est euthanasié, un autre est mort sur le trajet vers le centre de soins. Alors, le milan royal connaitra-t-il un répit en 2010, année de la biodiversité ? Hélas, c’est plutôt mal parti. A mi-année, déjà 14 cadavres de milans royaux ont été trouvés par le réseau. Les résultats d’ana-lyses ne sont pas encore tous connus à ce jour. Mais les quatre cas déjà analysés (provenant d’Aveyron (n=2), d’Alsace (n=1) et de Haute-Garonne (n=1)) révèlent une mort par intoxication. Les toxiques à l’origine de la mort de ces oiseaux sont, une nouvelle fois, le carbofuran pour trois d’entre-eux et le mé-vinphos pour le quatrième !Il apparaît par conséquent ur-gent que les pouvoirs publics se mobilisent pour punir ces pratiques illégales qui anéan-tissent les efforts déployés par le réseau milan royal pour tenter de sauver le milan royal, espèce dont la France a une responsabilité majeure quant à sa conservation !

• Fabienne David • LPO Mission Rapaces • [email protected]

Le laboratoire de toxicologie de l’Ecole nationale vétérinai-re de Lyon vient de développer un site Internet consacré à la toxicologie vétérinaire. Des-tiné avant tout aux étudiants vétérinaires et aux praticiens, il est un outil pour l’aide au diagnostic et au traitement des principales intoxications animales. Il fournit des fiches détaillées sur les principaux

Site web « toxicologie » toxiques affectant la faune, les bilans annuels des ana-lyses toxicologiques menées en France, des cours de toxi-cologie sur les substances auxquels la faune domesti-que et sauvage est particu-lièrement exposé, etc. Un site à consulter et à re-commander : http://www2.vet-lyon.fr/ens/toxico/• Fabienne David •

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Bibliographie

International

Retour sur le colloque international

Compte tenu de la lourde responsabi-lité de la France dans la conservation du milan royal en Europe, la France se devait d’organiser et d’accueillir sur son territoire un colloque international sur ce rapace européen menacé. C’est à Montbéliard, au cœur d’un des anciens bastions de l’espèce que le colloque s’est tenu, à l’automne 2009, réunissant près de 130 participants venant de plus de 10 pays européens, de l’Angleterre à l’Espagne, et de la France à la Républi-que tchèque.Une restitution complète, par Adrian Aebischer, de sa vaste enquête menée sur le statut et l’évolution des effectifs à travers l’Europe a mis en évidence d’importantes disparités selon les pays. Ce précieux travail a permis en outre de fournir une fourchette de 20 800 à 24 900 couples de milans royaux en Europe. Les interventions se sont ensuite succédées, détaillant les si-tuations et contextes des populations nicheuses, au nord, au sud, à l’est et à l’ouest de l’Europe. Parfois positives et encourageantes comme en Suisse, en République tchèque… mais hélas plus souvent préoccupantes voire alarmantes, comme l’ont révélé les analyses présentées par le CNRS pour la France ou bien encore les données communiquées par nos confrères espagnols. Nous retiendrons tou-tefois de cette première partie du colloque, consacrée aux nicheurs, la forte mobilisation des structures pour améliorer les connais-sances, comprendre la biologie de l’espèce et tenter d’identifier les menaces pesant sur ce rapace endémique.La suite du colloque

Une assemblée de milanologues - photo : Yvan Tariel ©

a été l’occasion de poursuivre ce tour d’Europe en s’intéressant aux popu-lations hivernantes et aux migrateurs. Là encore, les interventions ont mis en lumière des situations très contrastées, telles la chute de 50 % des effectifs hivernants de la péninsule ibérique. Les premiers comptages simultanés menés par plusieurs pays ont permis en outre de fournir une carte partielle de l’hiver-nage du milan royal. Il est à souhaiter que ces comptages pourront s’étendre à tous les pays abritant des hivernants afin de dresser une carte fine de répar-tition de l’hivernage en Europe et de suivre les effectifs dans le temps.Tous les efforts déployés pour tenter de sauvegarder ce joyau européen se heurtent hélas à d’importantes diffi-cultés. Le milan royal continue en effet d’être victime d’actes illégaux, principa-lement d’empoisonnements volontaires ou non. L’assemblée a d’ailleurs voté une motion, adressée à la Commission européenne, pour dénoncer la res-ponsabilité des pesticides notamment anticoagulants et anticholinéstéra-

siques sur le déclin de la population européenne. Le milan royal est aussi fortement victime des modifications des pratiques agricoles, face auxquelles les mesures agro-environnementales n’ont que peu d’impact. Et que dire alors de l’énergie éolienne, qui embarrasse la communauté ornithologique tant elle apparaît comme une nouvelle menace pour ce rapace charognard des milieux agricoles ? Que dire enfin du plomb utilisé pour la chasse dont la toxicité sur la faune sauvage n’est plus à démontrer et dont les effets sur le milan royal sont très certainement sous-estimés ?Dans ce contexte bien sombre, une lueur d’espoir provient des program-mes de réintroduction menés pendant 20 ans au Royaume-Uni et plus récem-ment en Toscane, et dont les résultats sont encourageants. La présentation du plan d’action européen, rédigé par la RSPB à la demande de BirdLife Interna-tional est à première vue une initiative louable. Mais il est à craindre que cet outil ne soit pas accompagné d’une coordination européenne et de moyens

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Bibliographie

Delattre P., Giraudoux P. coord 2009, Editions Quæ, 248 p. (38 euros)

Les dégâts causés aux prairies par les pullulations de cam-pagnols terrestres sont un mal bien connu des agriculteurs, avec un impact économique important sur leurs exploita-

Le campagnol terrestre,prévention et contrôle des populations

Der Rotmilan.Ein faszinierrender GreifvogelAebsicher A. 2009, Verlag Paul Haupt, 232 p (49,9 FCH)

Le milan royal a la réputation d’être l’un des plus beaux rapaces d’Europe. Avec son plumage aux couleurs magnifi-ques, son envergure considéra-

financiers, éléments indispen-sables pour qu’une véritable sy-nergie européenne voit le jour, la sauvegarde du milan royal ne pouvant se faire qu’à l’échelle du vieux continent.Les actes du colloque sont disponibles auprès de la Mission Rapaces de la LPO ou téléchargeables sur les sites web http://milan-royal.lpo.fr/ et

http://rapaces.lpo.fr/.

Tous nos remerciements aux participants, aux organisateurs et à toutes celles et ceux qui contribuent à la conservation du milan royal en Europe.

• Fabienne David • LPO Mission Rapaces • [email protected]

ble et son vol élégant il fascine beaucoup de gens. En tant qu’espèce à comportement synanthrope, on peut facile-ment l’observer dans certaines régions, mais d’un autre côté en beaucoup de lieux les spé-cialistes se font des soucis - peu d’espèces d’oiseaux ont subi des variations d’effectifs aussi marquantes. L’auteur cherche les raisons qui expliquent les augmentations et les réduc-tions d’effectif dans les diverses régions d’Europe. Il décrit la reproduction, les conditions nécessaires pour son habi-tat, son régime alimentaire,

des connaissances inédites concernant son compor-tement en migration et en hivernage, et il synthétise les différences constatées dans les différentes régions d’Euro-pe. Un chapitre est consacré aux menaces et aux mesures possibles de protection et conservation de cette espèce attractive. Des portraits des autres rapaces en Europe cen-trale complètent ce livre riche en images [NDLR : et écrit en allemand].

• Source : www.haupt.ch • traduit de l’allemand par Barbara Carnet •

tions. Hélas, les risques engendrés par une lutte quasi exclusi-vement chimique contre ces ron-

geurs en sont un autre, et non des moindres, notamment en termes de santé publique et de respect de I’environne-ment. Une alternative à ce type de lutte était attendue avec impatience à la fois par les exploitants et les défen-seurs de la nature. C’est cette alternative que dévoile cet

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Milan info

Bulletin de liaison du plan national de restauration du milan royal, disponible sur le web (http://milan-royal.lpo.fr)

Avec la participation du MEEDDM

LPO © 2010 - papier recyclé

Réalisation : LPO Mission Rapaces, 62 rue Bargue, 75015 Paris, [email protected]

Conception & réalisation : Fabienne David et Yvan Tariel ; relecture : Danièle Monier et Romain Riols

D’après une maquette de la tomate bleue

Le 12e numéro de la revue Rapaces de France est paru en août 2010. Le zoom est consacré au plus puissant des rapaces, l’aigle royal, dont l’aug-mentation des populations en fait

Rapaces de France

Si l’automne est la période où les ornithologues se rendent sur les sites de migration pour contempler et compter les oiseaux en migration, c’est aussi le moment choisi par les rapaçologues pour se retrouver à l’occasion des rencontres annuelles des réseaux. Voici donc quelques dates à noter dans vos agendas :- 11 & 12 septembre : 11e rencontres du réseau chevêche à Nasbinals, en Lozère. Plus d’infos sur http://cheve-che.lpo.fr/ ;- 22 au 24 octobre : 17e rencontres du réseau busards, à la Côte-Saint-André, dans l’Isère. Plus d’infos sur http://busards.lpo.fr/ ;- 19 & 20 novembre : 1er colloque national sur le faucon pèlerin, à Albi dans le Tarn. Plus d’infos sur http://pelerin.lpo.fr/. Venez nombreux !

• La Mission Rapaces •

A vos agendas

Sensibilisation

A l’image du dépliant de sen-sibilisation sur les busards, la Mission Rapaces vient d’éditer un dépliant sur le milan royal. Objectif : sensibiliser les agri-culteurs, chasseurs, forestiers, grand public, etc. Près de 30 000 exemplaires ont d’ores et déjà été envoyés au réseau milan royal, associations de protection de la nature principalement, pour une utilisation locale. Le stock n’est pas encore épuisé. Si vous en voulez, de-mandez-en à [email protected]. Il en existe également un sur la chevêche !Merci à Sébastien Didier, Thomas Mau-rice, Christian et Romain Riols, Pierre Tourret pour leur relecture. Merci égale-ment au Ministère chargé de l’écologie et à SITA pour leur soutien financier.

• Fabienne David • LPO Mission Rapaces •

Dépliant

Parce que la sauvegarde du

milan royal nécessite toutes les

attentions,

naturelles,

d’anticoagulants,

voisins…

l’association de votre secteur,

de milan, toute découverte

le

Mila

n ro

yal

LPO Mission Rapaces

62 rue Bargue, 75015 Paris

tél : 01 53 58 58 38

milan royal :

national de restauration avec le soutien de SITA

et louvoie au dessus des terrains

découverts, le gouvernail de la

queue sans cesse en action…

Paul Géroudet

ouvrage, en détaillant, entre autres, le concept de lutte raisonnée. L’enjeu de la démarche exposée dans ce livre, lié à son intégration dans les programmes de recherche et au développement d’outils opérationnels pour les professionnels, dépasse par ailleurs très largement le

seul cadre régional des pullulations d’un ravageur comme le campagnol terrestre. C’est pourquoi, cet ouvrage s’adresse non seulement aux acteurs de la lutte contre le campagnol terrestre, mais aussi à toute personne que la recher-che agronomique et environnementale

aujourd’hui un symbole de la protec-tion réussie des rapaces. Les program-mes nationaux sont abordés avec le projet de corridor gypaète entre les Py-rénées et les Alpes, l’enquête nationale busards, le bilan du plan d’action che-vêche, etc. La mobilisation européenne est illustrée par les colloques et plans d’actions en faveur du vautour perc-noptère, du milan royal et du faucon crécerellette. La revue relate également les études actuelles telles que le régime alimentaire du balbuzard et l’hiver-nage du faucon crécerelle. Et parmi les surprises récentes, sont relatées la première naissance d’un vautour moine dans les Baronnies et la découverte de la chevêchette sur le Vercors. Des thè-mes très diversifiés donc, puisque vous sont également proposés une note sur l’agressivité intraspécifique chez le circaète, des conseils de spécialistes pour la prospection de l’aigle botté, un retour sur le suivi par caméra des faucons pèlerins d’Albi, une compila-tion des cas de mortalité du grand-duc, une analyse de la nécessaire coopéra-tion entre citoyens et scientifiques, une synthèse sur la présence des rapaces dans la toponymie, etc. Avec la revue, vous recevrez également les cahiers de la surveillance des rapaces en 2009 et pour la première année, les cahiers de la migration, synthèse annuelle des sui-vis sur les sites de migration en France. Abonnez-vous, abonnez vos amis à cette revue associative et soutenez ainsi les programmes de conservation.

• La Mission Rapaces •

concerne ; cette dernière ne pourra en effet pas faire l’économie d’une révi-sion de ses méthodes d’observation pour les adapter aux échelles d’espace et de temps propres aux phénomènes biologiques.