MIGRATION, UNE BARQUE-SQUELETTE EN VERRE SOUFFLÉ … · 2017-09-21 · provoqué par cette...

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PAGE 1 Le souffleur de verre Antoine Brodin a été désigné lauréat de la troisième édition du Prix L’Œuvre de la Fondation Ateliers d’Art de France, pour son projet Migration. Cette création monumentale, qui sera réalisée en neuf mois avec le soutien de la Fondation, consiste en une barque-squelette en verre soufflé de plus de quatre mètres de long, comme échouée, chargée d’interrogations sur son origine. Cette œuvre puissante, aussi délicate qu’une dentelle de verre, fera paradoxalement appel à une technique de sablage extrême, mise au point de façon personnelle par le verrier. COMMUNIQUÉ DE PRESSE - SEPTEMBRE 2017 LAURÉAT DU PRIX L’ŒUVRE Antoine Brodin © Aurélien Lambert MIGRATION, UNE BARQUE-SQUELETTE EN VERRE SOUFFLÉ VENUE DU FOND DES ÂGES LE PROJET D’ANTOINE BRODIN, LAURÉAT DU PRIX L’ŒUVRE DE LA FONDATION ATELIERS D’ART DE FRANCE FONDATION ATELIERS D’ART DE FRANCE Est-ce une barque échouée contre la rive ? Ou bien un cétacé que le temps a dépouillé de sa chair et asséché jusqu’à l’os ? En jouant sur l’analogie entre la structure d’un canoë et le squelette d’un mammifère marin, Antoine Brodin assume le trouble provoqué par cette ossature sans âge dont on ne sait si elle relève du vivant ou d’un objet créé par la main de l’homme. Installation monumentale de 4,5 mètres de long, le projet Migration a su séduire le jury de la Fondation par ses dimensions hors norme ; il atteste aussi du savoir-faire d’un verrier installé dans son atelier ardéchois depuis trois ans qui mobilisera pour sa conception les techniques les plus abouties, overlay, soufflage, sablage…. Réalisée en verre soufflé à la canne, la barque- squelette sera entièrement « percée » de motifs obtenus par une technique très poussée d’abrasion du matériau. Une véritable dentelle de verre aux teintes moirées de pierre précieuse. Cela fait sept ans que le projet occupe l’esprit d’Antoine Brodin. « J’avais déjà équipé mon atelier de soufflage d’un arche de recuisson capable d’accueillir des pièces en longueur. Mais le Prix L’Œuvre de la Fondation Ateliers d’Art de France me fait l’effet… d’un "indécrochable". C’est ainsi que j’appelle ce sourire, ce sentiment de plénitude qui semble venir d’en haut ». Le Prix L’Œuvre de la Fondation Ateliers d’Art de France récompense une œuvre en devenir qui intègre les métiers d’art de manière particulièrement innovante et contemporaine. Pour la réalisation de son projet Migration, Antoine Brodin bénéficie d’un budget de 40 000 euros et d’une campagne de communication et de diffusion de l’œuvre, orchestrée par la Fondation. Elle permettra de suivre le processus de réalisation de l’œuvre et le vécu du créateur impliqué dans ce projet à long terme. Au printemps 2018, l’œuvre sera dévoilée au public dans un lieu emblématique de premier plan. Croquis, Antoine Brodin

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Le souffleur de verre Antoine Brodin a été désigné lauréat de la troisième édition du Prix L’Œuvre de la Fondation Ateliers d’Art de France, pour son projet Migration. Cette création monumentale, qui sera réalisée en neuf mois avec le soutien de la Fondation, consiste en une barque-squelette en verre soufflé de plus de quatre mètres de long, comme échouée, chargée d’interrogations sur son origine. Cette œuvre puissante, aussi délicate qu’une dentelle de verre, fera paradoxalement appel à une technique de sablage extrême, mise au point de façon personnelle par le verrier.

COMMUNIQUÉ DE PRESSE - SEPTEMBRE 2017

LAURÉAT DU PRIX L’ŒUVRE

Antoine Brodin © Aurélien Lambert

MIGRATION, UNE BARQUE-SQUELETTE EN VERRE SOUFFLÉ VENUE DU FOND DES ÂGESLE PROJET D’ANTOINE BRODIN, LAURÉAT DU PRIX L’ŒUVRE DE LA FONDATION ATELIERS D’ART DE FRANCE

FONDATION ATELIERS D’ART DE FRANCE

Est-ce une barque échouée contre la rive ? Ou bien un cétacé que le temps a dépouillé de sa chair et asséché jusqu’à l’os ? En jouant sur l’analogie entre la structure d’un canoë et le squelette d’un mammifère marin, Antoine Brodin assume le trouble provoqué par cette ossature sans âge dont on ne sait si elle relève du vivant ou d’un objet créé par la main de l’homme. Installation monumentale de 4,5 mètres de long, le projet Migration a su séduire le jury de la Fondation par ses dimensions hors norme ; il atteste aussi du savoir-faire d’un verrier installé dans son atelier ardéchois depuis trois ans qui mobilisera pour sa conception les techniques les plus abouties, overlay, soufflage, sablage…. Réalisée en verre soufflé à la canne, la barque-squelette sera entièrement « percée » de motifs obtenus par une technique très poussée d’abrasion du matériau. Une véritable dentelle de verre aux teintes moirées de pierre précieuse. Cela fait sept ans que le projet occupe l’esprit d’Antoine Brodin. « J’avais déjà équipé mon atelier de soufflage d’un arche de recuisson capable d’accueillir des pièces en longueur. Mais le Prix L’Œuvre de la Fondation Ateliers d’Art de France me fait l’effet… d’un "indécrochable". C’est ainsi que j’appelle ce sourire, ce sentiment de plénitude qui semble venir d’en haut ».

Le Prix L’Œuvre de la Fondation Ateliers d’Art de France récompense une œuvre en devenir qui intègre les métiers d’art de manière particulièrement innovante et contemporaine.Pour la réalisation de son projet Migration, Antoine Brodin bénéficie d’un budget de 40 000 euros et d’une campagne de communication et de diffusion de l’œuvre, orchestrée par la Fondation.Elle permettra de suivre le processus de réalisation de l’œuvre et le vécu du créateur impliqué dans ce projet à long terme.Au printemps 2018, l’œuvre sera dévoilée au public dans un lieu emblématique de premier plan.

Croquis, Antoine Brodin

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CHEMINEMENT VERS LE VERRE

Son parcours, Antoine Brodin le qualifie lui-même de « chaotique » : initié dès l’âge de 13 ans à la peinture et au dessin grâce aux cours prodigués par sa grand-tante, il suit une formation de peintre en lettres. Mais la profession est en déclin et le conduit tout droit à l’usine comme peintre en carrosserie. « Un monde dur, fait d’inégalités sociales. J’ai préféré reprendre des études aux Beaux-Arts et en droit, sans y trouver ma place », explique Antoine Brodin qui découvre le verre lors d’une première expérience en restauration de vitrail puis s’expatrie à Montréal pour expérimenter différentes techniques de verre. Il est rapidement conquis par le soufflage du verre, dynamique alternance de travail à chaud - adrénaline et de travail à froid - méditation. Tout en poursuivant une formation de compagnon au CERFAV de Nancy puis lors de stages à Venise et Tokyo, il est marqué par ses rencontres avec Alain Guillot, Jeremy Wintrebert (dont il sera l’assistant pendant quatre ans), Philip Baldwin et Monica Guggisberg. Il travaille depuis trois ans à Saint-André-de-Cruzières, en Auvergne-Rhône-Alpes, sur ses propres créations et réalise des « pièces extrêmes ».

LA PRATIQUE ICONOCLASTE DU SABLAGE

Crânes d’oiseau à bec menaçant, improbable végétation sous-marine, ossements aux « belles lignes chargées d’histoire »… Les pièces d’Antoine Brodin, comme sorties d’un rêve ou d’un inconscient collectif, relèvent de temps anciens « où tout paraissait mystérieux ». Migration sera de la veine d’Hubris, sa pièce de fin d’études, une colonne vertébrale de verre qui s’interrogeait sur le passage de l’être humain à la position debout. Son titre évoque tantôt le nom donné par la tribu Makhas à sa barque traditionnelle (« migrateur »), le déplacement des hommes et des mammifères marins ou le passage de la matière d’un état à un autre.

« Dans le verre, on commence toujours par le décor, avant de souffler la pièce. Comme si l’on démarrait par la fin », rappelle le lauréat. C’est un beau rouge rubis translucide qu’il a prévu pour sa pièce : un coloris ardu, obtenu selon la technique de l’overlay, superposition de couches de couleurs transparentes ou opaques. Une structure en métal, constituée de modules encastrés dans une colonne centrale, supportera l’habillage en verre. Puis commencera le travail de sablage, la signature d’Antoine Brodin qui n’envisage cette pratique que poussée à l’extrême. Projeté à très haute pression sur la côte, le sable rongera toutes les parties qui n’auront pas été au préalable protégées par des pochoirs en vinyle. Une technique utilisée d’ordinaire pour révéler les couches inférieures de couleur ou créer des bas-reliefs. Mais Antoine Brodin va plus loin, traversant la matière, poussant l’expérience au-delà des limites de ce que le verre peut supporter en termes d’abrasion. Au grand dam de ses confrères qui devant ce geste iconoclaste appréhendent la casse. « J’ai toujours violenté, attaqué la matière, à la scie diamantée, à la perceuse, au sablage. Je me permets tout. Peut-être parce que j’ai commencé le verre tard, vers 23 ans. J’ai du respect pour la matière, mais je ne la sacralise pas », assure Antoine Brodin qui s’interroge pourtant : la pièce ainsi chargée de ces moucharabiehs radicaux restera-t-elle lisible ?

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COMMUNIQUÉ DE PRESSE - SEPTEMBRE 2017

LAURÉAT DU PRIX L’ŒUVRE

Hubris, Antoine Brodin © François GolfierOreiller, Antoine Brodin © Aurélien Lambert

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NEUF MOIS ENTRE LE CHAUD ET LE FROID

Construction du four de réchauffe, préparation des couches de couleur, soufflage du verre, pose des pochoirs… L’échéancier des neuf mois de travail obligera Antoine Brodin à anticiper, auprès du four, l’alternance des périodes de travail à chaud et de finitions, mais aussi les interventions des deux artisans d’art dont il s’attachera les savoir-faire : un assistant verrier initié à la technique du multicouche de couleurs et un forgeron qui façonnera les gabarits métalliques des côtes d’après le plan agrandi d’un vrai canoë. Ses expériences (du tâtonnement aux astuces de travail) seront consignées au jour le jour dans un carnet de bord, nourri d’impressions, de croquis et de citations. « L’écriture, mon médium ! Je posterai aussi sur les réseaux sociaux une vidéo du soufflage de la première côte ». Des questions se posent encore, dont la forme des pochoirs qui détermineront les motifs « tatouant » la pièce. « Au fur et à mesure du soufflage, des idées adviendront ; un rêve, une balade apportent des réponses ; c’est la part non-anticipable de ce travail », concède Antoine Brodin.

Rendez-vous sur le site fondationateliersdart.org pour suivre pas à pas la création de la pièce et les impressions d’Antoine Brodin

Comité de sélection de la 3e édition du Prix L’Œuvre

• Aude TAHON, créatrice textile, Présidente de la Fondation Ateliers d’Art de France

• Jean-François BOURLARD, céramiste, 1er Lauréat du Prix L’Œuvre

• Dominique BRÉARD, tailleur de pierre et membre du Conseil d’administration de la Fondation Ateliers d’Art de France

• Gaëlle CORNUT, Directrice du World Craft Council Belgique

• Mireille COT-BEDIGIS, chef de travaux en charge des métiers d’art à l’Ecole Boulle

• Anne DECONINCK, Directrice de la Galerie Arcanes

• Teddy TIBI, Directeur d’Art Absolument

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Croquis, Antoine Brodin

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CONTACT PRESSE Agence Observatoire

Vanessa Ravenaux 68, rue Pernety, 75014 Paris

Tél : 01 43 54 87 71 [email protected]

CONTACTS ATELIERS D’ART DE FRANCE Julien Vasseur – [email protected] Génot - [email protected]

8, rue Chaptal, 75009 ParisTél : 01 44 01 08 30

ATELIERS D’ART DE FRANCE ET SA FONDATION

Ateliers d’Art de France est le syndicat professionnel des métiers d’art. Il fédère plus de 6 000 artisans d’art, artistes de la matière et manufactures d’art sur le territoire national, ainsi que 120 associations œuvrant à la promotion des métiers d’art.Ses missions : valoriser, défendre, représenter les professionnels des métiers d’art et contribuer au développement économique du secteur, en France et à l’international.

En 2011, Ateliers d’Art de France crée sa Fondation. Abritée au sein de la Fondation du patrimoine, elle a pour objet la sauvegarde, la promotion et le développement des métiers d’art de création, de tradition et d’entretien-conservation du patrimoine. Expositions, prix, actions de sensibilisation et de médiation auprès des jeunes publics et des scolaires, parcours de professionnalisation pour des étudiants d’écoles d’arts appliqués, soutien à des travaux d’édition : la Fondation Ateliers d’Art de France met en oeuvre des actions permettant de révéler au plus grand nombre toute l’inventivité et l’énergie créatrice des métiers d’art dans toute leur diversité.

Un cycle de trois appels à projets distingue des artisans d’art et artistes d’exception :

- Le Prix L’Œuvre permet la création d’une œuvre remarquable

- Le Prix Le Créateur récompense une démarche et un savoir-faire emblématiques

- Le Prix La Pensée distingue un travail de réflexion sur les métiers d’art.

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LAURÉAT DU PRIX L’ŒUVRE

Build (dingue) , Anne Donzé & Vincent Chagnon © Gilles LeimdorferNoces Vegetales, Tzuri Gueta © François Junot

QU’EST-CE QUE LES MÉTIERS D’ART ?

Part essentielle de l’économie de la création, le secteur des métiers d’art rassemble près de 38 000 entreprises en France et génère un chiffre d’affaires de 8 milliards d’euros. Ils s’exercent dans les champs de la création ainsi que dans ceux de la reconstitution, de la réparation et de la restauration du patrimoine.

FONDATION ATELIERS D’ART DE FRANCE

QU’EST-CE QUE LES MÉTIERS D’ART ?

Part essentielle dans l’économie de la création, le secteur des métiers d’art rassemble près de 38 000 entreprises en France et génère un chiffre d’affaires de 8 milliards d’euros.Ils s’exercent dans les champs de la création ainsi que dans ceux de la reconstitution, de la réparation et de la restauration du patrimoine.

L’exercice des activités de métiers d’art se caractérise par quatre critères cumulatifs :

• La maîtrise de gestes, de techniques et de savoir-faire complexes en vue de la transformation de la matière ;

• Les œuvres réalisées nécessitent un apport artistique et portent l’empreinte de leur créateur et de l’atelier dont elles sont issues ;

• Les œuvres sont réalisées dans leur intégralité à l’unité, en pièces uniques ou en petites séries ;

• Les œuvres sont par nature durables.