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C. W. LEADBEATER 33 LE COTE OCCULTE DE LA FRANC - MACONNERIE ( Traduit de l'anglais ) 1930 Editions ADYAR PARIS

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C. W. LEADBEATER 33

LE COTE OCCULTE

DE LA

FRANC - MACONNERIE

( Traduit de l'anglais )

1930

Editions ADYAR PARIS

PREFACE DE L'DITEUR

D'innombrables ouvrages sur la Franc-Maonnerie ont t publis. Certains auteurs en ont retrac l'histoire. D'autres ont

tudi les diffrents rituels pratiqus dans les Loges. Certains se sont spcialiss dans le symbolisme.

C'est d'un tout autre point de vue que s'inspire C. W Leadbeater dans son magistral ouvrage paru en anglais, en 1925, sous

le titre The Hidden Life in Free Masonry et dont nous prsentons aujourd'hui une traduction destine au public de langue

franaise.

Nos lecteurs n'ignorent point que C. W. Leadbeater s'est, depuis environ un demi-sicle, adonn l'exercice mthodique de la clairvoyance. Il doit l'utilisation de cette facult la dcouverte des matriaux dont il a difi la plupart de ses ouvrages. Citons parmi ces derniers : Le Ct cach des choses, L'Occultisme dans la Nature, La Science des Sacrements, L'Homme visible et invisible, etc... Ajoutons qu'en collaboration avec M Annie Besant, il a galement crit Les Formes-Penses, L'Homme, d'o il vient, o il va, La Chimie occuLte.

C'est de ses investigations par clairvoyance, appliques aux crmonies liturgiques du Catholicisme, que C. W. Leadbeater a compos ce livre remarquable : La Science des Sacrements. La Franc-Maonnerie devait ncessairement solliciter ses recherches. Il s'est appliqu en discerner les origines. Il nous transporte dans le pass le plus lointain et nous fait assister la clbration des Mystres de l'antique Egypte. Initis et profanes dcouvriront en lisant ce livre la filiation qui unit la maonnerie moderne ces crmonies initiatiques archaques.

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Il convient de faire remarquer au lecteur que les crmonies de la Franc-Maonnerie mixte, l'tude desquelles notre auteur a consacr ce livre, sont intgralement conformes au rituel pratiqu par cet ordre maonnique en Angleterre et dans les Dominions anglaises, ainsi que dans quelques autres Fdrations du Droit Humain. Toutes les crmonies tudies sont dcrites d'aprs le rituel anglais, d'o sont galement extraites les formules rituliques qu'on trouvera au cours de l'ouvrage.

Par cet ouvrage, o C. W. Leadbeater affirme son originale et puissante personnalit, seront ouverts l'initi comme au profane bien des horizons nouveaux.

AVANT-PROPOS

J'ai, une fois encore, le privilge de prsenter au public et dans l'intrt des penseurs, un nouveau volume appartenant la srie des ouvrages consacrs au ct occulte de l'existence par l'vque Charles W. Leadbeater. En vritable Franc-Maon il cherche sans cesse rpandre la Lumire qu'il a reue, afin qu'elle puisse dissiper les tnbres du chaos. Chercher la Lumire, contempler la Lumire, suivre la Lumire, autant de devoirs familiers tous les Maons gyptiens, bien que dans leur antique patrie jamais l'obscurit n'ait t aussi dense que celle dont l'Occident est entour aujourd'hui. A ce livre feront bon accueil tous les Francs-Maons sensibles la beaut de leur rite ancien et dsirant ajouter leur zle le savoir. Pour le moment l'histoire intrieure de la Maonnerie est laisse de ct. Un guide de toute confiance conduit l'apprenti , travers un labyrinthe qui met le sanctuaire central l'abri des curieux, ignorants et frivoles. Des points obscurs s'illuminent; des allusions nigmatiques prennent une clart cristalline; des murs qui semblaient massifs se rduise rien; la confiance remplace le doute; on entrevoit le but dans l'intervalle des nuages et les brouillards ns de la terre s'vanouissent aux rayons du soleil levant. Au lieu de traditions fragmentaires et comprises demi, nous nous trouvons possder une science magnifique et un rservoir de puissance que nous pouvons faire servir au relvement de l'humanit. Nous ne demandons plus : Qu'est-ce que le Grand uvre ? . Nous voyons qu'il s'agit en somme de remplir par un effort concert le devoir qui nous est prescrit, nous qui possdons la Lumire, de la rpandre travers le monde et de devenir littralement les collaborateurs du G.'. A.\D.\ L.'.U.'.dans le grand plan qu'Il a form pour l'volution de nos FF...

Les explications dtailles des crmonies sont profondment intressantes et illuminatives; je les recommande trs vivement tous les vrais Francs-Maons. Notre T.\I11.\ F.'., en nous donnant cet ouvrage, augmente singulirement la dette de reconnaissance que nous avons si souvent dj contracte envers lui. Soyons des dbiteurs honntes.

Adyar, 25 dcembre 1925.Annie BESANT.

PRFACE DE L'AUTEUR

La Franc-Maonnerie est la seule socit o les candidats doivent tre admis les yeux bands ; avant d'entrer dans ses rangs ce qu'ils peuvent apprendre son sujet est peu de chose. Encore la plupart des Maons n'obtiennent-ils d'ordinaire que les notions les plus gnrales sur la signification des crmonies, et dpassent-ils rarement une interprtation morale lmentaire de ses principaux symboles. Le prsent volume a pour objet, tout en laissant secrets les points qui doivent le rester, de faire entrevoir le sens intime et le but de la Franc-Maonnerie, dans l'espoir d'veiller chez les FF.\un respect plus profond pour le trsor dont ils sont gardiens et une comprhension plus nette des mystres de l'Art. Ces pages sont d'abord destines instruire les membres de la Maonnerie Mixte, dont le dsir, dans les termes de leur rituel, est de verser dans les vaisseaux maonniques les eaux du savoir sotrique ; j'ai cependant l'espoir qu'elles seront apprcies dans un cercle plus vaste, et rendront service d'ans la Maonnerie masculine quelques-uns des nombreux FF .\qui voudraient pousser l'interprtation du symbolisme maonnique plus loin qu'on ne le fait dans la plupart de leurs Loges ; ils apprendraient ainsi que le rituel, si connu et si aim d'eux, renferme des idaux magnifiques et des enseignements spirituels profonds dont l'intrt, pour qui tudie le ct occulte de la vie, est immense.

Avant de parvenir cette comprhension plus haute, il faut possder au moins quelques notions lmentaires touchant certains faits particuliers au monde o nous vivons; monde d'ont nous ne pouvons voir et comprendre que la moiti. A vrai dire et bien que la comparaison risque de paratre peu flatteuse, il est absolument certain que notre position ressemble fort celle,d'une chenille dont la vision et la perception ne dpassent gure la feuille o elle se meut. Quelle difficult pour cette bte de s'lever au-dessus de ses limitations; de voir les choses de plus haut; de comprendre que sa

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feuille fait partie d'un arbre gigantesque, couvert de millions de feuilles semblables, arbre qui possde une vie propre dont la dure dpasse mille gnrations de vies comme la sienne, arbre qui n'est , son tour qu'une unit dans une immense fort dont les proportions sont incalculables pour son minuscule cerveau! Et si, grce un dveloppement exceptionnel, une chenille parvenait entrevoir le grand monde ambiant et tchait d'expliquer ce spectacle ses congnres, par quelle incrdulit, par quels sarcasmes lui rpondraient les autres chenilles; comme elles l'adjureraient de ne plus perdre son temps de telles folies, mais de comprendre que l'unique objet, de l'existence est de s'assurer une bonne place sur une feuille succulente et d'en dvorer le plus possible !

Elle devient papillon; son horizon s'largit; elle peroit. Dans l'existence une beaut, une gloire, une posie dont elle n'avait pas auparavant la moindre ide. C'est toujours le mme monde, mais comme il lui semble diffrent! Pourquoi? Elle en voit davantage et peut le parcourir d'une faon nouvelle. Toute chenille est potentiellement un papillon. Notre supriorit sur ces insectes est de pouvoir anticiper le stage papillon et aussi de connatre beaucoup mieux notre monde, d'approcher la vrit de beaucoup plus prs, due jouir beaucoup plus de la vie et de faire beaucoup plus de bien. Etudions le ct occulte de notre existence journalire et nous en tirerons bien plus qu'auparavant. La mme vrit reste applicable sur un niveau plus lev, la religion par exemple. La religion a toujours parl l'humanit de choses invisibles qui sont en haut; pas seulement dans un avenir lointain, mais qui nous entourent ici mme et l'instant prsent. Notre vie et l'usage que nous en pouvons faire dpendent en grande partie du degr de ralit pris pour nous par ces choses invisibles. Quoi que nous fassions, il faudrait toujours penser aux consquences invisibles de nos actes. Certains d'entre nous savent combien ces notions nous ont t utiles dans leur application aux offices religieux; en Franc-Maonnerie il en est exactement de mme.

Bien que cet immense monde intrieur reste invisible la plupart des hommes, il n'en est pas pour cela invisible pour tous comme je le disais dans La Science des Sacrements :

Il y a dans l'homme des facults de l'me dont le dveloppement lui permettrait de percevoir ce monde intrieur. L'homme pourrait ainsi l'explorer et l'tudier, absolument comme il a explor et tudi la rgion terrestre qui est la porte de chacun. Ces facults sont l'hritage de la race humaine tout entire; elles s'panouiront en chacun de nous au cours de notre volution, mais les hommes qui ont la volont de fournir L'effort ncessaire peuvent les acqurir les premiers. Tel un apprenti forgeron qui, spcialis dans l'exercice de certains muscles, peut arriver (en, ce qui les concerne du moins) un dveloppement bien plus considrable que celui d'autres jeunes gens de son ge. Il y a des hommes qui possdent ces facults en pleine activit; ils peuvent grce elles acqurir une foule de connaissances du plus haut intrt concernant le monde que la plupart d'entre nous ne peuvent encore percevoir. Cette vision, il faut bien le comprendre, n'a rien de fantastique ni d'anormal. Il s'agit tout simplement d'une extension de facults qui nous sont tous familires. Le dveloppement de ces facults rend l'homme sensible des vibrations plus rapides que celles auxquelles nos sens physiques ont pris l'habitude de rpondre. C'est l'emploi de ces facults parfaitement naturelles mais super normales que sont dues beaucoup des notions prsentes dans cet ouvrage. Une personne quelconque, dont cette vision a t dveloppe, assiste-t-elle une crmonie maonnique, elle constatera que les formules du rituel, souvent trs belles et trs leves, n'expriment elles seules que trs partiellement ce qui se passe. Je sais fort bien que tout cela peut prsenter un caractre de fantaisie et d'impossibilit ceux qui n'ont pas directement tudi la question. Je ne puis qu'affirmer ceci : il s'agit pour moi d'une ralit claire et prcise et je dois de longues et patientes recherches poursuivies pendant plus de quarante ans la certitude absolue que cette mthode d'investigation existe et qu'elle mrite notre confiance.

Ce n'est pas une dcouverte nouvelle, car dans l'antiquit les sages la connaissaient; mais comme d'autres parties de la sagesse traditionnelle elle a t oublie dans les tnbres, au dbut du moyen ge, et sa valeur n'est remise en lumire que par degrs; c'est pourquoi l'ide en parat trange et incroyable beaucoup de personnes. Il suffit de se rappeler que la tlgraphie sans fil, le tlphone, l'aroplane et mme l'automobile auraient t dclars compltement impossibles par nos arrire grands-parents, pour comprendre qu'il y aurait folie rejeter une ide sous prtexte qu'elle est nouvelle pour nous. Il y a quelques annes peine les facults d'observation accrues mises notre disposition par l'invention et le perfectionnement du spectroscope dpassaient la pense populaire comme ceux de la clairvoyance la dpassent aujourd'hui. La possibilit de dcouvrir, grce cet instrument, la constitution chimique et de mesurer les mouvements d'toiles situes des millions de lieues de nous pouvait bien tre considre comme un rve et rien de plus. D'autres dcouvertes ne pourraient-elles se faire encore ?

Des savants minents comme Sir Oliver Lodge, Sir William Crookes, le professeur Lombroso, M. Camille Flammarion, enfin comme le professeur Myers, aujourd'hui dcd, qui se sont donn la peine d'tudier cette question de la vue intrieure, sont arrivs la conviction que cette facult existe. Si donc il y a des Fr.\trouvant cette prtention ridicule, je leur rpondrai de continuer leur lecture et de voir si les connaissances acquises par des moyens qui leur paraissent tranges n'apportent pas cependant aux points obscurs et incomprhensibles de notre rituel une explication que puissent accepter leur raison et leur bon sens. Une mthode capable de leur faire mieux saisir les mystres intimes de notre Art et ainsi de le leur faire mieux vnrer et aimer ne saurait tre indigne ni absurde. A tout tudiant voulant pousser plus loin l'tude de cette intressante question nous pouvons indiquer un petit livre intitul Clairvoyance crit par nous il y a quelques annes. Je tiens exprimer mes plus vifs remerciements au Rv. Herbrand Williams, M. C. B. A., pour la bont avec laquelle il a mis notre disposition sa profonde rudition maonnique ; de mme au Rv. E. Warner et Mrs M. R. St John pour tout le soin apport par eux au dessin des illustrations ; enfin au professeur Ernest Wood pour l'aide et la coopration infatigables qu'il a donnes toutes les parties de l'ouvrage; sans elles le livre n'aurait jamais paru.

C W. L.

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TABLE DES MATIERES

CHAPITRE PREMIER8

PRELIMINAIRE8

L'EXPERIENCE PERSONNELLE8

TEMOIGNAGES EGYPTIENS8

COMMENT FURENT CONSERVES LES RITUELS10

LE POINT DE VUE EGYPTIEN11

L'OEUVRE CACHEE13

LA RACE EGYPTIENNE14

LES GRANDES LOGES14

LES LOGES ORDINAIRES15

HISTOIRE DE LA FRANC-MACONNERIE16

CHAPITRE II17

LA LOGE17

SA FORME ET SON ETENDUE17

ORIENTATION17

LA VOUTE CELESTE18

L'AUTEL19

PLATEAUX ET COLONNES19

ORDRES D'ARCHITECTURE19

SIGNIFICATION DES TROIS COLONNES20

LES COLONNES DU PORCHE24

CHAPITRE III28

DECORATION DE LA LOGE28

LES ORNEMENTS28

LE PAVE MOSAIQUE28

LA BORDURE DENTELEE29

L'ETOILE FLAMBOYANTE29

L'AMEUBLEMENT31

LES JOYAUX MOBILES31

LES JOYAUX FIXES34

CHAPITRE IV37

CEREMONIES. PRELIMINAIRES37

RITUEL DE LA FRANC-MACONNERIE MIXTE37

LA PROCESSION37

LE TABLIER38

CEREMONIE DE L'ENCENSEMENT39

ALLUMAGE DES FLAMBEAUX41

CHAPITRE V42

OUVERTURE DE LA LOGE42

ASSISTANCE DES FRERES42

COUVERTURE DE LA LOGE44

LE S\ DE L'APP\ 45

LES OFFICIERS48

LES DEVOIRS49

L'OUVERTURE51

LA BAT\ DU COMP\52

CHAPITRE VI55

INITIATION55

LE CANDIDAT55

DIVISIONS DE LA CEREMONIE55

PREPARATION DU CANDIDAT56

PREPARATION INTERIEURE57

LES TROIS VOYAGES SYMBOLIQUES59

LE SERM\ 61

LES LUM\ ETERNELLES62

LE S\ ET LE P\ 62

L'EXAMEN et L'INVESTITURE62

LES INSTRUMENTS DE TRAVAIL63

INTERPRETATION EGYPTIENNE63

CHAPITRE VII65

LE DEUXIEME DEGRE65

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LES QUESTIONS65

LA PREPARATION67

LA PREPARATION INTERIEURE67

L'OUVERTURE67

LE DERNIER TRAVAIL DE L'APP\68

LES CINQ STAGES69

LES CINQ PAS69

LE SERM\ 70

LES INSTRUMENTS DU TRAVAIL71

CLOTURE DE LA LOGE71

CHAPITRE VIII72

LE TROISIEME DEGRE72

OUVERTURE DE LA LOGE72

LE C\ 72

LA PREPARATION73

LA PREPARATION INTERIEURE73

ENTREE DANS LA LOGE74

LES SEPT P\74

LE SEM\ 74

LES FORCES ETHERIQUES75

HIRAM ABIFF 76

LA MORT ET LA RESURRECTION77

L'ETOILE77

L'ELEVATION DE L'HUMANITE78

LE FEU, LE SOLEIL ET LA LUNE78

LES TROIS MAUVAIS COMPAGNONS79

L'INSCRIPTION79

CHAPITRE IX79

DEUX MERVEILLEUX RITUELS79

LES TRAVAUX EN EGYPTE79

FORME DU TEMPLE D'AMEN-RA81

CONSTRUCTION DU TEMPLE D'AMEN-RA82

DEVOILEMENT DE LA LUMIERE CACHEE82

LES OFFRANDES83

DESCENTE D'0SIRIS83

DISTRIBUTION DU SACREMENT84

REUNION D'OSIRIS84

LA LUMIERE BRILLE85

LE SERMENT ET LA BENEDICTION86

LA CEREMONIE DES SAINTS ANGES86

LA LOGE ET LES OFFICIERS86

LE TRIANGLE DES ADEPTES86

ARRIVEE DES ANGES87

CONSTRUCTION DU TEMPLE DES ANGES87

LA CEREMONIE DANS LE TEMPLE88

L'EFFET DE LA SOLENNITE88

CHAPITRE X89

CLOTURE DE LA LOGE89

LES SALUTATIONS89

PREPARATION DE LA CLOTURE90

LA CLOTURE90

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CHAPITRE PREMIER

PRELIMINAIRE L'EXPERIENCE PERSONNELLE

L'origine de la Franc-Maonnerie se perd dans la nuit des temps. Au sicle dernier beaucoup de personnes jugeaient impossible de la faire remonter au del des corporations de maons-opratifs, bien que d'autres vissent dans ces dernires, leur tour, un reste des collges romains. Qu'il y ait encore des gens aussi peu avertis, c'est possible, mais on ne peut tre a la fois tudiant des Mystres anciens et Franc-Maon sans savoir que dans ces Mystres se retrouve notre vraie philosophie ancestrale. Nos crmonies et nos doctrines renferment mainte particularit qui n'aurait eu aucun sens pour de simples maons artisans; par contre et grce aux connaissances fournies par les Mystres, toute leur valeur est mise en lumire. Beaucoup d'auteurs Francs-Maons font remonter l'institution une poque plus ou moins recule; quelques-uns la croient fonde par le roi Salomon; il y en a mme un dont l'opinion hardie est qu'elle reprsente les restes de la sagesse divine possde par Adam avant la chute. Mais il ne manque pas de preuves d'un genre moins mythique; d'ailleurs une certaine exprience personnelle assez peu commune me permet de fournir un tmoignage personnel.

Aprs avoir donn plusieurs annes l'effort et beaucoup plus longtemps l'exercice ncessaires, je suis arriv dvelopper certaines facults psychiques du genre de celles dont il est parl dans l'avant-propos. Ces facults me permettent entre autres choses, de me rappeler mes existences passes. L'ide de prexistence est peut-tre toute nouvelle pour certains de mes lecteurs (1). Je ne me propose pas de la soutenir par des arguments, bien qu'ils abondent; je me borne dire que, pour moi comme pour d'autres, il s'agit d'un fait d'exprience personnelle. De mes existences passes, la seule dont nous nous occupions ici est celle qui s'coula, environ quatre mille ans avant Jsus-Christ dans le pays maintenant appel gypte.

Quand dans ma vie prsente je fus initi la Franc-Maonnerie, j'prouvai, en voyant une Loge pour la premire fois, une grande et agrable surprise: toutes ses dispositions m'taient familires, tant identiques celles que j'avais connues il y a six mille ans dans les Mystres de l'gypte. Voil qui est fait pour surprendre; je le reconnais, mais ne puis dire qu'une chose: c'est littralement vrai. Aucune erreur n'est possible; les concidences ne suffisent pas comme explication. Les places occupes par les trois officiers principaux sont inaccoutumes. Les symboles sont pleins de sens et particuliers; leur combinaison est spciale. Tout cela pourtant existait dans l'gypte ancienne et l je l'ai bien connu. Rien de chang la plupart des crmonies; quelques diffrences seulement sur des points secondaires. Les P.'. que l'on fait, la Bat.'., tout cela prsente un sens symbolique dont j'ai gard un souvenir trs net.

TEMOIGNAGES EGYPTIENS

Possdant celui de ma propre exprience, je m'occupai de runir les donnes corroboratives ordinaires, celles du plan physique, en les empruntant aux ouvrages alors ma porte. Le rsultat dpassa mes esprances. L'explication du Tableau de la L .\ au premier Degr commence par observer qu'il a toujours exist un rapport entre les usages et coutumes parmi les Francs-Maons et ceux des anciens gyptiens, mais sans nous donner aucun exemple de cette similarit. Les exemples se trouvent dans les ouvrages si lumineux du F .\ Churchward, Signs and Symbols of Primordial Man et The Arcana of Free-masonry; et encore dans The Arcane Schools, par le F .\ John Yarker; enfin dans Freemasonry and the Ancient Gods, par le F .. J. S. M. Ward. Je vais maintenant rsumer, en exprimant aux auteurs ma gratitude, ce que nous enseignent ces volumes. Les Francs-Maons de divers degrs pourront leur emprunter les dtails qui leur rappelleront leurs propres crmonies. D'intressants dessins reproduisent des bas-reliefs de l'gypte ancienne, et aussi les vignettes de certains papyrus, particulirement du Livre des Morts, dont il existe de nombreux textes.

1 ) Au lecteur dsireux de se documenter d'une faon plus complte sur cette question si profondment intressante, nous recommandons Rincarnation, par la T.". Ill.". S.".. A. Besant, et le chapitre Rincarnat ion dans mon Manuel de Thosophie.

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Ces sources permettent d'affirmer qu'en gypte le temple avait la forme d'un double carr et qu'au centre s'levaient trois cubes superposs constituant un autel (2) sur lequel taient poss les livres de la Science sacre pas les mmes que les ntres, bien entendu, car les ntres n'avaient pas encore t crits. Ces cubes reprsentaient les trois Aspects ou Personnes de la Trinit Osiris, Isis et Horus comme l'indiquent les signes qu'ils portent gravs (voyez fig. 1 qui cependant est emprunte non un autel gyptien mais l'ouvrage de M. Evans sur la Crte). Plus tard, nous ne trouvons plus que le double cube.

Deux colonnes s'rigeaient l'entre du temple; elles portaient des rectangles reprsentant le ciel et la terre (3); l'une avait un nom qui signifiait " en force ", le nom de l'autre signifiait " tablir "(4). La porte tait considre comme donnant accs l'Amenta, o l'me s'unissait l'esprit immortel et o ds lors elle s'tablissait pour toujours. A l'entre de la Loge se tenaient invariablement deux gardiens arms de couteaux; celui du dehors s'appelait le Veilleur, celui du dedans le Hraut (5). Le candidat, presque nu, entrait la c... au c... et les y... b...; il tait men la porte du temple; l on lui demandait son nom; il rpondait qu'il tait Shou, le " suppliant " ou " l'agenouill " venant des tnbres et cherchant la lumire. La porte tait un triangle quilatral en pierre qui pivotait sur son propre centre.

En entrant, le candidat mettait le pied sur l'querre; il tait alors suppos continuer sa marche et abandonner le quaternaire infrieur ou personnalit de l'homme, afin de dvelopper la triade suprieure, l'go ou me. (Dans la Maonnerie moderne, la mme ide se trouve exprime dans la premire allocution, o il est dit que le Maon vient la Loge " pour apprendre gouverner et dompter ses passions, et pour progresser dans la Maonnerie ".) On lui faisait suivre de longs couloirs et, aprs avoir rpondu de nombreuses interrogations, il finissait par tre ramen au centre de la Loge o, la question " Que dsirez-vous ? ", on lui disait de rpondre " la lumire ". Dans tous ces dplacements, il devait s'appliquer partir du pied (gauche. Comme nous l'apprend Le Livre des Morts, si le candidat violait son s... on lui coupait la gorge et on lui arrachait le coeur. Un autre degr se trouve mentionn dans le papyrus de Nesi-Amsou, o il est dit que le corps tait coup en morceaux, puis brl et que les cendres taient jetes la surface du fleuve et aux quatre vents du ciel. Dans le temple de Khnoumou, dans l'le d'Elphantine, tout prs d'Assouan, se trouve un bas-relief offrant deux figures: l'une du Pharaon, l'autre d'un prtre coiff de l'ibis attribut de Toth, debout, dans une attitude ressemblant fort celle des c... p... p... de la Mat.\ mais pas identique notre pratique actuelle (v. pl. II, a). Le bas-relief est destin reprsenter une initiation et le mot donn est " Maat-herou ", ce qui signifie " Celui dont la voix est vridique ", ou " Celui dont la voix doit tre obie " (6). J'ai vu aussi une peinture dans laquelle quatre personnages faisant escorte au Pharaon sont reprsents le saluant avec le S.'. p.'. d'un Matre en chaire. Le S.'. du S.'. est souvent trouv sur les monuments et caractrise Horus. Le marteau tait alors de pierre et prsentait la forme d'une hache deux tranchants.

A cette poque, les tabliers taient en cuir mais triangulaires. Celui du premier Degr tait tout blanc comme aujourd'hui, mais le tablier du M.\ Ma.'. offrait des couleurs vives; il tait enrichi de pierreries et de glands d'or (v. pl. I). Notre R... de v... c... p... tait reprsent par une coude de vingt-cinq pouces. l'Etoile Flamboyante au centre de la Loge existait, mais elle avait huit pointes au lieu de six ou de cinq. Elle s'appelait " l'Etoile de l'aurore " ou " l'Etoile du matin " et signifiait Horus ressuscit. Le dieu tait reprsent la tte surmonte de l'toile, ou encore ayant donn l'toile ses fidles. L'Eq.\ maonnique tait bien connue et s'appelait neka. On la trouve dans de nombreux temples; elle se remarque aussi dans la grande pyramide. On dit qu'elle servait quarrir les pierres et, symboliquement, dgrossir la conduite de l'homme, ce qui ressemble une fois encore l'interprtation moderne. Btir suivant l'Eq.\ c'tait, suivant la doctrine de l'gypte ancienne, btir pour toujours. Osiris est reprsent dans la salle du jugement, assis sur l'querre, tandis qu'il juge les morts (v. pl. II, b). L'Eq.\ en vint ainsi symboliser le fondement de la loi ternelle (7).

Les gyptiens donnaient la pierre brute et la pierre polie peu prs le mme sens que les Maons de notre poque (8). Une verge surmonte d'une colombe se trouve reprsente non seulement dans l'gypte ancienne mais aussi dans certains monuments de l'Amrique centrale. Les porteurs de cette verge s'appelaient " conducteurs ". Fait curieux: les ngres de la

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2) Churchward, The Arcana ofFreemasonry, p. 43.

3) Ibid., p. 44.

4 )Ibid., p. 121.

5 )Ibid., p. 47.

6 )Churchward, The Arcana of Freemasonry, p. 49.7)Churchward, The Arcana of Freemasonry, p. 59.8) Ibid., p.60.

valle du Nil qui, une poque recule, migrrent d'gypte en Afrique centrale, prtent serment, quand ils doivent le faire devant un tribunal, avec un geste que tout Franc-Maon reconnatrait, si j'avais le droit de le dcrire ici. Autre dtail qui m'a beaucoup frapp en examinant les reproductions de certaines vignettes du Livre des Morts: le S.'. d'A.\ du Comp.\ est reproduit avec une nettet parfaite; c'est dans cette attitude que sont reprsents des gens adorant le soleil couchant ou lui offrant hommage.

Ce Livre des Morts (c'est le nom assez malheureux qui lui a t donn) fait partie d'un manuel dont l'ensemble tait destin servir de guide sur le plan astral; il contient une srie d'instructions s'adressant tant aux dfunts qu'aux initis dans les rgions infrieures de ce plan. Les chapitres recueillis dans diverses tombes ne forment pas la totalit de l'ouvrage, mais seulement une de ses parties; encore le texte en est-il trs altr. L'gyptien semble avoir eu un grand besoin de formalisme et d'ordre; il numrait toutes les entits que pouvait rencontrer le dfunt et sans jamais oublier le charme spcial ou formule de pouvoir permettant de vaincre le plus srement l'tre astral, s'il se montrait hostile; ne se rendant pas compte, videmment, que le rsultat tait d sa volont propre, il attribuait son succs une sorte de magie. A l'origine, le Livre des Morts devait rester secret, mais plus tard certains chapitres furent transcrits sur des papyrus et ensevelis avec le mort. L'un des textes s'exprime ainsi: " Ce Livre est le plus grand des mystres. Qu'aucun regard ne se fixe sur lui ce serait abominable. Il est nomm le Livre du Matre de la Maison secrte " (9).

Les gyptiens anciens reconnaissaient sept mes ou nergies vitales manant du Trs-Haut. Les tudiants de la philosophie orientale les appellent les Sept Primordiaux; elles sont mentionnes dans le Livre de Dzyan (10). Six d'entre elles prcdrent le rgne humain; la septime constituait notre humanit et naquit de la vierge Neith. Cette naissance tait symbolise par le plican qui, suivant la fable, tire de sa propre poitrine le sang destin nourrir ses petits. Plus tard le plican devint un des principaux symboles de la philosophie rosicrucienne qui semble son tour avoir t emprunte pour une bonne part la doctrine gyptienne. Les hiroglyphes gyptiens nous parlent " de l'Un et des Quatre ", c'est--dire d'Horus et de ses quatre frres. Nous retrouvons la mme ide dans les Stances de Dzyan. Celles-ci ont en commun avec les hiroglyphes une autre expression, " l'unique de l'Oeuf ". En gypte l'oeuf symbolisait le soleil couchant qui souvent prend cette forme au moment de toucher l'horizon. Cet uf passait dans le monde infrieur; de l, sa coquille brise, le jeune soleil sortait le lendemain, plein de vigueur; on l'appelait " la flamme ne de la flamme ". Tout ceci prsentait un sens mystique profond expliqu dans les Mystres.

Quand mourut Osiris, Isis et Nephthys essayrent successivement de le relever, mais n'y parvinrent pas. Anoubis essaya ensuite et russit. Osiris revint alors sur la terre, porteur des secrets de l'Amenta fait significatif et donnant penser que les secrets en notre possession concernent particulirement le monde infrieur et la vie posthume.

Tels sont quelques-uns des tmoignages les plus frappants que j'ai pu recueillir; il y en a bien d'autres mais ils ne peuvent tre donns par crit. On pourrait en dcouvrir encore beaucoup, mais les prcdents, une fois runis, rendent impossible aucune thorie base sur des concidences. Nul doute que la Confrrie dont nous avons l'honneur d'tre membres aujourd'hui ne soit celle que j'ai connue il y a six mille ans; vrai dire on pourrait la faire remonter une antiquit encore plus haute. Le F.\ Churchward assure que certains signes remontent six cent mille ans. C'est trs possible, car le monde est bien vieux et la Franc-Maonnerie possde un des rituels les plus anciens qui existent. Il faut admettre cela va sans dire que la seule prsence d'un de nos symboles n'implique pas ncessairement l'existence d'une Loge; du moins montre-t-elle que, mme une poque aussi recule, les hommes pensaient un peu comme nous, en essayant d'exprimer leur pense dans le mme langage symbolique encore en usage notre poque.

COMMENT FURENT CONSERVES LES RITUELS ET LES SYMBOLES

Qu'ils nous aient t conservs avec si peu d'altrations est assurment extraordinaire; ce serait inexplicable si les grandes Puissances directrices de l'volution ne s'y taient pas intresses et n'avaient pas ramen l'humanit, par degrs, aux voies dont elle s'tait carte. Ce rle a toujours t celui du Chohan du Septime Rayon, celui dont dpendent spcialement les crmonies de tout genre, et dont le Chef tait toujours l'Hirophante suprme dans les Mystres de l'gypte ancienne. Le titulaire actuel de ces fonctions est ce Matre de la Sagesse souvent nomm parmi nous le Comte de Saint-Germain parce qu'il parut sous ce titre au dix-huitime sicle. Il est parfois appel le prince Rkczi, car il est le dernier survivant de cette maison souveraine. Je ne puis dire avec prcision quand il fut plac la tte du Rayon crmoniel, mais ds le troisime sicle de notre re il s'intressait vivement la Franc-Maonnerie.

A cette poque, nous le trouvons portant le nom d'Albanus, noble romain, n Verulam, ville d'Angleterre. Dans sa jeunesse il se rendit Rome, y entra dans l'arme et servit brillamment; il porta les armes Rome sans doute pendant sept ans et peut-tre plus longtemps; c'est l qu'il fut initi dans la Franc-Maonnerie et instruit dans les Mystres de Mithra qui s'en rapprochaient tant.

Aprs ce sjour Rome, il revint en Angleterre dans sa ville natale et y fut nomm gouverneur de la forteresse. Il tait aussi " matre des travaux ", titre dont nous ignorons la signification exacte; il dirigea certainement les rparations et en gnral les travaux de la forteresse Verulam. En mme temps il tait trsorier imprial. La lgende raconte que les ouvriers taient traits en esclaves et recevaient un salaire drisoire, mais Saint-Alban (comme il fut appel plus tard) introduisit la Franc-Maonnerie et mit ordre tout cela,assurant aux ouvriers des salaires plus levs et, gnralement parlant, des conditions de vie bien meilleures. Beaucoup de nos FF.\ doivent avoir entendu parler du manuscrit Watson de l687. Ce document s'tend assez longuement sur ce que Saint Alban a fait pour la Maonnerie, et dit en particulier qu'il apporta de France certaines instructions peu prs identiques celles dont nous nous servons aujourd'hui. Il fut dcapit lors de la perscution

9)W. Marsham Adams, The Book of the Master,p.96.

10)La Dctrine Secrte par H.P.Blavatsky.

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ordonne par l'empereur Diocltien en 303, et la grande abbaye de Saint-Alban fut leve sur ses restes, environ cinq cents ans plus tard.

En 411 il naquit Constantinople et reut le nom de Proclus, nom qu'il devait rendre illustre. Il fut un des derniers grands philosophes no-platoniciens et son influence se fit grandement sentir dans l'glise chrtienne au moyen ge. Alors commence dans la srie de ses incarnations une solution de continuit sur laquelle nous ne savons rien. Nous le retrouvons n en 1211 et dans cette existence nouvelle il fut Roger Bacon, moine franciscain qui son poque rforma simultanment la thologie et la science. En 1375 il naquit comme Christian Rosenkreutz. Cette incarnation eut, elle aussi, une grande importance, car il fonda la socit secrte des Rose-Croix. Cinquante ans plus tard, ou mme un peu plus, il semble avoir employ le corps de Hunyadi Janos, chef militaire minent, en Hongrie. On nous dit aussi que vers 1500, portant le nom d'un moine, Robertus, il vcut en Europe centrale. Nous n'avons cet gard aucune certitude; nous ignorons de mme ses activits et la manire dont il se distingua.

Ensuite, ce fut la plus illustre de ses naissances, car en 1561 il naquit comme Franois Bacon. L'histoire relate de ce grand homme trs peu de vrai et beaucoup de faux. Nous arrivons par degrs connatre les conditions relles de sa vie, surtout la lumire d'un rcit chiffr qu'il introduisit secrtement dans beaucoup de ses ouvrages, rcit d'un intrt passionnant, mais dont nous n'avons pas nous occuper ici. Le lecteur en trouvera dans mon livre Le Cot occulte des Ftes chrtiennes, un aperu que je rsume ici (11).

Un sicle plus tard il naquit, nous dit-on, comme Jozsef Rkczi, prince de Transylvanie; c'est ce que disent les encyclopdies, mais sans gure fournir de dtails. Ensuite ses mouvements deviennent trs mystrieux. Il semble avoir par couru l'Europe; de temps autre on constate sa prsence, mais nous ne savons rien de prcis sur lui. Il tait le comte de

Saint-Germain au temps de la Rvolution franaise et travailla beaucoup avec Mme Blavatsky, celle-ci tant alors en incarnation sous le nom du Pre Joseph. Il parat galement avoir pris l'apparence du baron Hompesch, le dernier grand-matre de l'ordre de Malte, celui qui permit le transfert de l'le de Malte aux Anglais. Ce grand saint, ce grand instructeur vit encore et son corps actuel ne porte aucun signe de vieillesse; je l'ai moi-mme rencontr physiquement Rome en 190l et j'ai eu avec lui une longue conversation.

Dans la Maonnerie Mixte nous l'appelons le Chef de tous les vrais Francs-Maons dans le monde entier (en abrg, C.\ D.\ TV. L.\ V.'. F.\ M.\ ) et dans certaines de nos Loges son portrait est plac l'Orient, au-dessus du sige du Vn.\, et immdiatement au-dessous de l'Etoile de l'initiation; d'autres le placent au nord, au-dessus d'un sige inoccup. La validit de tous les rites et de tous les degrs exige sa sanction et son assentiment. Il choisit souvent des lves parmi les FF .\ de l'Ordre maonnique et prpare ceux qui, dans les mystres mineurs de la Maonnerie sont devenus aptes aux vritables Mystres de la Grande Loge Blanche, dont nos initiations maonniques malgr leur beaut ne sont qu'un ple reflet; car la Maonnerie a toujours t une des portes permettant d'at teindre cette Loge Blanche. De nos jours peu de Francs-Maons le reconnaissent comme leur Souverain Grand Matre et cependant la possibilit de devenir disciple a toujours t admise dans les traditions de l'Ordre. Voici ce que nous lisons dans un catchisme ancien:

" Q. Comme Maon d'o venez-vous ?

Del'Occ.-. .

Ou vous dirigez-vous ?

Vers l'Or.-. .

Pour quelle raison vous dtournez-vous de l'Occ.'. et allez-vous vers l'Or .\ ?

Pour chercher un Matre et en recevoir l'instruction. ". Nos anctres ont heureusement reconnu l'importance detransmettre le rituel sans altration. Au cours des sicles quelques points ont t abandonns, quelques autres ont t un peumodifis, mais ils sont extraordinairement rares. Les allocutions sont devenues plus longues et les membres qui ne sont pasofficiers prennent moins de part au travail qu'autrefois. Dans l'ancien temps ils chantaient constamment de courts versetsexprimant la louange ou l'exhortation, et chacun savait qu'il occupait un poste dfini et formait dans la grande machine unrouage ncessaire.

De ce qui prcde nous pouvons tirer plus d'une conclusion. Point digne de remarque: les crmonies maonniques supposes longtemps contraires la religion du pays nous apparaissent comme un legs de ce qu'une grande religion ancienne possdait de plus sacr. Ces rites, comme tout ce que nous devons ces systmes antiques et pousss une perfection minutieuse, sont pleins de signification ou plutt de significations, car en gypte nous leur en donnions quatre. Si tout dtail a ainsi sa raison d'tre, il va sans dire que pour le modifier une extrme circonspection s'impose. Seules pourront le faire les personnes qui en connaissent parfaitement la porte, afin que le symbolisme n'ait pas en souffrir.

LE POINT DE VUE EGYPTIEN

Il est extrmement difficile d'expliquer aux lecteurs du vingtime sicle tout ce que reprsentaient pour nous ces rites, dans la contre ensoleille de Khem, mais je vais essayer de donner les quatre interprtations superposes, comme elles taient enseignes au temps o j'y vivais.

Nous pensions tout d'abord que ces rites nous faisaient comprendre et symbolisaient en action la manire dont le Grand Architecte a construit l'univers; que les mouvements excuts dans la Loge, comme le plan mme de cette Loge, renfermaient quelques-uns des grands principes servant de base l'univers. Mouvement tournoyant de l'encensoir, lvation et abaissement des colonnes, croix, coupe place sur l'chelle de l'volution, tout cela et bien d'autres dtails encore nous

11) Op. cit., p. 308? d angl.

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l'interprtions de la sorte. De degr en degr nous obtenions une connaissance plus complte de Ses mthodes et des principes suivant lesquels Il agit; car nous soutenons non seulement qu'il a travaill dans le pass, mais encore qu'il travaille maintenant et que son univers offre de Lui une expression active. Les livres jouaient alors dans notre vie un rle bien moins important qu'aujourd'hui. En prsentant la doctrine dans une srie d'actes appropris et suggestifs on exerait notre avis une influence plus puissante sur le mental d'un homme et on lui permettait de mieux se rappeler la connaissance acquise qu'en la puisant dans un livre. C'est pourquoi, dans nos activits invariables, nous conservons la mmoire de certains faits et de certaines lois existant dans la nature.

Parce que les faits sont tels et parce que les lois de l'univers doivent dans leur application tre universelles et agir ici-bas comme elles agissent l-haut, nous tenions que le Grand Architecte s'attendait a nous voir vivre conformment la Loi qu'il a tablie. Littralement la forme cubique devait tre donne aux pierres et aux difices; symboliquement elle devait l'tre la conduite de l'homme; celui-ci doit donc accorder sa vie aux principes qui en rsultent clairement. On exigeait par consquent une probit absolue et un degr de puret trs lev, physique, motionnelle et mentale. Une droiture et une justice parfaites taient requises, mais accompagnes de bont et de douceur. Enfin et dans tous les cas, nous devions " faire aux autres ce que nous voulons qu'ils nous fassent ". La Maonnerie est en vrit " un systme de morale voile dans l'allgorie et illustre par des symboles ", mais c'est un systme n'ayant point pour base un commandement qui nous aurait t donn, " ainsi a dit le Seigneur ", mais au con traire des faits prcis et des lois d'ordre naturel au sujet desquels aucun doute n'est possible.

Le travail a pour but la prparation la mort et ce qui lui succde. Les deux colonnes B .\ et J.\ taient supposes s'lever l'entre de l'autre monde, et les expriences diverses imposs au candidat taient destines symboliser celles qui l'attendaient quand, abandonnant le monde physique, il passerait au stade suivant. Une foule de renseignements relatifs la vie posthume peuvent se dcouvrir dans une tude intelligente des crmonies maonniques et en y participant constamment ces mondes nous deviennent familiers. Aussi dans l'existence d'outre-tombe, et cette fois ce ne sera pas une mort figure, reprendrons-nous les activits familires auxquelles nous nous sommes si souvent livrs symboliquement dans notre Loge. Avant tout on insiste sur le fait qu'en de comme au del du tombeau nous sommes soumis aux mmes lois; que dans ces deux genres d'existences nous sommes galement en prsence de Dieu et que partout o ce saint nom peut tre invoqu rien n'est redouter.

La quatrime intention est la plus difficile expliquer; pour vous la faire comprendre je vais tcher de vous ramener, si possible, dans l'atmosphre de l'gypte ancienne et de vous reprsenter l'attitude morale de l'homme religieux; je ne sais si je parviendrai les voquer en ces jours modernes o tout est si absolument diffrent.

La religion qui nous est la plus connue est caractrise par un individualisme extrme. Le grand objectif central plac devant la plupart des chrtiens est le salut de leurs propres mes. Ce devoir-l est donn comme le plus important. Vous reprsentez-vous une religion elle mrite ce nom tout autant que la prcdente, tant tous gards aussi grave, aussi fervente, aussi relle pour laquelle cette ide n'existerait pas, serait absolument inconcevable ? Pouvez-vous tout d'abord imaginer une mentalit telle que l'homme n'et qu'une crainte, l'action mauvaise et le ralentissement qu'elle pourrait causer au dveloppement de l'me; n'prouvt pas le moindre doute au sujet de sa carrire d'outre-tombe, la connaissant d'avance; et enfin pour seul dsir non pas son salut personnel mais ses progrs en volution, parce que cet avancement confre l'homme le pouvoir accru de mieux remplir la tche invisible que Dieu lui demande ?

Je ne veux pas dire que dans l'gypte ancienne tout le monde ft altruiste; non; pas plus que de nos jours en Angleterre. Mais, je l'affirme, la nation entire tait sature de joie et d'intrpidit en ce qui concernait ses ides religieuses. Chez toute personne mritant le moins du monde d'tre appele pieuse aucune pense donne son salut personnel, mais le dsir de servir d'agent fidle la puissance divine. La religion extrieure de l'gypte ancienne, religion officielle laquelle chacun prenait part, depuis le roi jusqu' l'esclave, est une des plus splendides que l'homme ait jamais connue. Processions magnifiques parcourant d'immenses avenues bordes de colonnes si gigantesques qu'elles semblaient peine faites de main d'homme, barques d'apparat pavoises de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, descendant majestueusement le Nil placide, musique triomphale ou plaintive mais toujours mouvante. Comment dcrire un spectacle dont rien dans notre mesquine poque moderne ne peut donner la plus faible ide ? En gypte toutes les classes de la population portaient des vtements blancs; par contre les processions religieuses offraient en masse des couleurs clatantes et somptueuses, car les prtres portaient des ornements rouges et, avec certain bleu superbe reprsentant, disait-on, le bleu du ciel, d'autres nuances brillantes. La vie de l'gypte ancienne, comme d'ailleurs celle de l'gypte actuelle, tait concentre sur les rives du Nil au cours lent et majestueux. Des bateaux richement dcors servaient pour transports de tout genre; de mme pendant les ftes religieuses. Sur ces bateaux les prtres taient groups, debout ou assis, selon certaines dispositions symboliques; tous portaient les couleurs correspondant l'aspect particulier de la Divinit qu'elles reprsentaient.

Non seulement des sacrifices solennels taient offerts aux dieux bord de ces embarcations, sur des autels admirablement dcors de fleurs et de prcieuses broderies, autels qu'on arrivait parfois, en procdant par paliers, tablir cent pieds de hauteur ou davantage, mais encore on y donnait des reprsentations animes, des scnes offrant, en rapport avec le caractre de la fte clbre, un sens symbolique. On reprsentait ainsi le jugement des morts et le pesage du cur, contre la plume de Maat, par les soins d'Anoubis. Les rles d'Anoubis et de Toth taient jous par des prtres portant des masques appropris. Je me rappelle aussi la reprsentation affreuse du dmembrement d'Osiris, dans laquelle on voyait son corps coup en morceaux qui taient ensuite runis. Ce n'tait pas, bien entendu, un corps humain, mais le spectacle tait trs raliste. Ces cortges imposants descendaient le fleuve aux rives couvertes d'innombrables adorateurs dont les bndictions saluaient les dieux leur passage. Ces ftes veillaient dans le peuple un enthousiasme, une dvotion extrmes. Les anciens gyptiens ont souvent t accuss de polythisme, mais en ralit ils n'en sont pas plus coupables que les Hindous. Tous connaissaient et adoraient le Dieu Unique, Amen-Ra, " l'Un sans Second " dont la manifestation a pour

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centre, sur le plan physique, le soleil, mais ils l'adoraient sous divers aspects et par diffrentes voies. Dans l'un des cantiques chants en son honneur se trouvaient ces mots:

Les dieu t'adorent, ils te saluent, toi unique et obscure vrit, coeur du silence, mystre cach, Dieu intrieur sigeant dans le sanctuaire, producteur des tres, toi l'tre unique. Nous adorons les mes manes de toi, qui partagent ton tre, qui sont toi-mme. O toi qui es cach et cependant partout manifest, nous t'adorons en saluant chaque me divine qui sort de toi et vit en nous.

Les " dieux " n'taient pas regards comme gaux " Dieu " mais plutt comme servant de canaux transmettant l'humanit les bndictions de la puissance infinie.

En ralit le culte des dieux ressemblait beaucoup au culte des anges et des saints dans l'glise catholique. Les chrtiens regardent saint Michel et Notre Dame comme des personnages rels et clbrent leurs ftes; de mme en gypte l'adoration s'adressait Isis, Osiris, comme d'autres divinits. Au fond ces noms augustes taient donns des aspects du Dieu suprme, Amen-Ra, car en gypte la Trinit tait reprsente par le Pre, la Mre et Le Fils (Osiris, Isis et Horus), tandis que pour les chrtiens elle comprend le Pre, le Fils et le Saint-Esprit. Mais au-dessous de cette rgion divine se plaaient comme aujourd'hui de grands tres dans lesquels s'incorporait l'Idal et qui servaient de reprsentants et de canaux la triple puissance et la triple grce divine accordes l'homme. Il existe en outre des hirarchies angliques qui ont pour chefs saint Michel et Notre Dame; chacun de ces anges canalise et reprsente son Ordre, suivant son degr de dveloppement. Le rituel d'Isis par exemple attirait toujours son attention; il invoquait la prsence des anges de son ordre, qui servaient de canaux la bndiction divine sous le sublime aspect de la vrit cache reprsente par elle.

L'OEUVRE CACHEE

L'homme vraiment religieux prenait part assurment toutes les pompes extrieures que je viens de dcrire, mais il attachait bien moins de prix ces splendeurs impressionnantes qu' sa rception dans telle ou telle Loge des Mystres sacrs, Loge qui se consacrait avec enthousiasme et vnration l'uvre cache, l'activit principale de cette noble religion. La Franc-Maonnerie est un reste de ce ct invisible du culte gyptien et non de ses pompes extrieures; le rituel conserv par elle est en partie celui des Mystres. Pour expliquer la nature de ce travail cach, comparons-le une manire plus moderne de dterminer un rsultat assez semblable.

Dans le christianisme la puissance ou grce divine est rpandue principalement par la clbration de la Sainte Eucharistie, appele communment par nos frres romains la messe. Ne croyons pas que cette grce soit un genre d'expression potique ou qu'elle prsente rien de vague et de nuageux. Il s'agit d'une nergie aussi dfinie que l'lectricit, d'une nergie spirituelle qui par certaines mthodes est rpandue sur la population, qui dtermine des effets particuliers et qui exige des vhicules appropris, tout comme l'lectricit exige son mcanisme spcial.

Par la clairvoyance il est possible de contempler cette force en action, de voir le rite eucharistique dterminer une forme pense au moyen de laquelle l'nergie est rpandue par le prtre, grce l'assistance de l'ange invoqu pour cela. Des mesures ont t prises pour que ni l'attitude du prtre, ni son savoir, ni mme son caractre puissent gner en rien l'efficacit du sacrement (12). Dans tous les cas un minimum irrductible est transmis. Du moment que le prtre accomplit les crmonies prescrites le rsultat est obtenu (13). La pit de l'officiant confre de plus aux communiants l'avantage de recevoir une partie de son amour et de sa dvotion, mais ceci ne modifie en aucune faon la valeur du sacrement lui-mme. Quelles que soient les faiblesses du prtre, la force divine se rpand sur l'assistance. L'ancienne religion gyptienne possdait, elle aussi, la notion d'une effusion d'nergie spirituelle sur tous les fidles, mais la mthode tait absolument diffrente. Le prtre seul est capable d'accomplir la magie chrtienne; il peut mme s'en acquitter tout machinalement, mais la collaboration intelligente des laques augmente grandement l'efficacit de l'acte sacr et l'abondance de l'effusion. Par contre la mthode gyptienne exigeait positivement la coopration srieuse et intelligente d'un grand nombre de personnes; son application parfaite tait donc beaucoup plus difficile; mais quand l'excution tait irrprochable les effets taient bien plus puissants et se faisaient sentir une distance beaucoup plus considrable. La mthode chrtienne a besoin d'un grand nombre d'glises disperses sur l'ensemble du pays. A la mthode gyptienne il fallait simplement l'action de quelques Grandes Loges tablies dans les villes principales pour rpandre la Lumire Cache sur le royaume tout entier. Cette action primait celle des Loges ordinaires, regardes plutt comme des coles o l'on se prparait entrer dans les Grandes Loges. La religion des anciens gyptiens offrait une doctrine centrale: c'est que la puissance divine rside en tout homme, mme le plus misrable et le plus dgrad, et cette puissance tait nomme " la Lumire Cache ". Par cette lumire immanente en chacun il tait toujours possible, affirmaient les gyptiens, d'atteindre et d'assister nos semblables; leur devoir tait de chercher cette Lumire en tout homme, malgr ses imperfections, et de la fortifier en lui. La devise mme du Pharaon tait: " Cherche la Lumire ", c'est--dire que son suprme devoir de roi tait de chercher cette Lumire Cache en tous ceux qui entouraient son trne et de s'efforcer en seconder le rayonnement.

Suivant les gyptiens, la faon la plus effective de transformer en flamme cette tincelle divine prsente en chacun tait de transmuer et de faire descendre dans les trois mondes infrieurs la formidable nergie spirituelle qui est la vie des plans suprieurs, et puis de la rpandre sur le pays comme nous l'avons explique. Sachant que l'nergie spirituelle n'est qu'une autre manifestation de la puissance divine, ils la nommaient galement " la Lumire Cache ". Ces deux manires d'employer le mme terme cause parfois des malentendus. Les gyptiens reconnaissaient pleinement qu'une pareille effusion de grce exigeait de leur part un suprme effort dvotionnel. Fournir cet effort, organiser le mcanisme capable de

12) Voir le n 26 des Trente-neuf articles de l'Eglise anglicane dans Le Livre de prire commune.

13) Voir The Canons and Decrees of the Council orfTrent, by T. Water-worth, p. 55 (Session VII, Canon XII).

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rpandre l'nergie obtenue, telle tait principalement l'oeuvre invisible laquelle l'lite gyptienne consacrait de si longues heures et tant de peine. C'tait le quatrime des buts auxquels s'appliquait le rituel sacr et occulte dont la Maonnerie est un reste.

LA RACE EGYPTIENNE

A l'poque dont j'ai parl la race gyptienne tait constitue par la fusion de plusieurs races, mais elle tait surtout aryenne. Comme nos recherches nous l'ont appris, un groupe d'hommes et des femmes appartenant aux classes suprieures de l'empire indien mridional qui existait alors partit vers 13500 av. J.-C. pour l'gypte, en obissance aux ordres reus du Manou; il passa par Ceylan. En gypte la race dirigeante tait en ce temps-l un rameau de ce que les ouvrages thosophiques appellent la sous-race toltec, le mme probablement que la race de Cro-Magnon qui habitait l'Europe et F Afrique vers 25000 av. J.-C. Dans Ancien Types of Man (14), Sir Arthur Keith observe que cette race tait, mentalement et physiquement, une des plus belles qui aient jamais paru sur la terre. Suivant Broca, la capacit crnienne de la femme de Cro-Magnon dpasse celle de l'homme ordinaire d'aujourd'hui. La taille moyenne des hommes de cette race tait de six pieds et un pouce et demi; les paules taient trs larges et les bras courts compars aux jambes; le nez tait mince mais prominent, les pommettes saillantes et le menton massif.

Il advint que le roi ou Pharaon rgnant au moment o arriva l'expdition partie de l'Inde mridionale avait une fille mais pas de fils, sa femme tant morte en couches. Les nouveaux venus reurent du roi comme du grand-prtre un trs cordial accueil. Les unions avec les trangers devinrent un honneur ambitionn dans les familles gyptiennes, d'autant plus que le roi avait approuv le mariage de sa fille avec le chef de l'expdition, un prince indien.

Au bout de quelques gnrations, la prsence du sang aryen se remarquait dans toute la noblesse gyptienne, d'o le type, bien connu grce aux monuments, qui offrait les traits aryens avec la coloration toltec. Bien des sicles plus tard monta sur le trne un prince influenc par une princesse trangre qu'il avait pouse; il voulut rejeter les traditions aryennes et instituer des formes de culte infrieures, mais les gyptiens du clan tinrent bon et en se mariant strictement entre eux conservrent les coutumes et la religion anciennes, comme la puret de leur race. Prs de quatre mille ans aprs l'arrive des Indiens, il parut en gypte certains prophtes qui annoncrent une grande inondation. Le clan tout entier s'embarqua, traversa la mer Rouge et trouva un refuge dans les montagnes de l'Arabie.

En 9564 av. J.-C., la prophtie s'accomplit: l'le de Poseidonis s'enfona dans l'ocan Atlantique lors du dluge mentionn dans le Time de Platon. En mme temps eut lieu un soulvement qui forma le dsert du Sahara, l o s'tendait jadis une mer peu profonde. Un raz de mare balaya l'gypte dont la population prit peu prs en entier. Le cataclysme prit fin, mais le pays tait devenu inculte. A l'ouest plus de mer paisible, mais un immense marais aux eaux sales qui, avec les sicles, s'vaporrent et furent remplacs par un dsert inhospitalier. De toutes les gloires de l'gypte il ne restait que les pyramides, s'levant dans la solitude et la dsolation. Il en fut ainsi pendant quinze cents ans; le clan revint alors de son refuge montagneux; il tait devenu une grande nation.

Mais, une poque bien antrieure, des tribus demi-sauvages avaient pntr en gypte et livraient leurs combats primitifs sur les rives du grand fleuve qui avait autrefois port les vaisseaux d'une civilisation grandiose, mais qui devait voir renatre ces gloires anciennes et reflter dans ses eaux les temples imposants d'Osiris et d'Amen-Ra. La premire des races envahissantes fut une peuplade ngrode venant de l'Afrique centrale, mais elle cda la place plusieurs autres avant le moment o les Aryo-gyptiens revinrent d'Arabie, s'tablirent prs d'Abydos et, d'une faon graduelle et paisible, redevinrent l'lment dominateur. Deux mille quatre cents ans plus tard, le Manou (sous le nom de Mns) s'incarna en gypte, runit le pays entier sous le mme sceptre et fonda en mme temps la premire dynastie et sa grande ville de Memphis. Cet empire florissait dj depuis plus de quinze cents ans lors du rgne de Ramss le Grand qui dirigeait personnellement l'une des loges principales l'poque o j'avais l'honneur d'en tre membre.

LES GRANDES LOGES

Au temps o je vivais en gypte, la direction gouvernementale avait son centre au sein des Mystres. L'gypte tait divise en quarante-deux nomes ou comts; le nomarque ou chef de chacun d'eux tait le Matre de la Loge principale du nome. Il y avait une Grande Loge (ne pas la confondre avec les trois Grandes Loges d'Amen que nous dcrirons plus loin), runion de tous les nomarques et dont le Grand Matre tait le Pharaon. Cette Grande Loge avait son sige Memphis; son rituel n'tait pas celui des grades infrieurs. C'est elle que le Pharaon communiquait ses intentions car, si son pouvoir dans le pays tait peu prs absolu, le souverain prenait toujours l'avis de ses nomarques avant de prendre aucun parti srieux; d'ailleurs, en juger d'aprs leurs dcisions, c'taient tous des hommes capables. Les questions secondaires taient rgles par un comit excutif form dans cette Loge que prsidait le Pharaon, mais les mesures graves taient toujours tudies dans la Grande Loge elle-mme. Ainsi les Mystres exeraient jadis leur influence et dans la vie politique et dans la vie religieuse; d'o une politique beaucoup moins personnelle.

Il y avait alors en gypte trois Grandes Loges d'Amen dont chacun comptait quarante membres et jamais davantage. Chaque membre formait un rouage ncessaire. En comprenant les officiers, dont le rle tait de rciter les offices et de magntiser la Loge, chaque membre reprsentait une qualit particulire. Il y avait un chevalier de l'amour, un chevalier de la vrit, un chevalier de la persvrance, et ainsi de suite; chacun tait suppos se spcialiser dans la pense et dans

14) Op. cit., p. 71.

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l'expression de la qualit qui lui tait assigne. Les quarante qualits, pensait-on, ainsi exprimes par la Loge entire, reprsentaient le caractre d'un homme parfait, d'une sorte d'homme cleste, pouvant rpandre sur toute la contre l'nergie dont il tait anim.

Ces trois Grandes Loges travaillaient trois genres distincts de Maonnerie, dont un seul est parvenu jusqu' nous. Le Matre de la premire Grande Loge reprsentait la sagesse, et ses deux surveillants la force et la beaut, comme dans nos Loges actuelles. L'nergie prminente rpandue tait l'amour parfait, qualit dont le monde a si grand besoin de nos jours. Le Matre de la deuxime Grande Loge reprsentait la force, et ses surveillants la sagesse et la beaut; dans cette Loge, la qualit prdominante tait la puissance du premier Aspect de la Trinit. Le Matre de la troisime Grande Loge figurait la beaut; la sagesse et la force taient subordonnes ce troisime Aspect de la Lumire Cache.

Comme tous les membres prsents devaient participer la cration de la forme, une coopration exacte et une harmonie parfaite taient indispensables, et des personnes capables de s'oublier compltement dans leur grande tche taient seules choisies dans les loges ordinaires pour devenir membres des trois Grandes Loges, dont la puissance tait telle qu'elle influenait tout le pays. La moindre paille dans le caractre de l'un des quarante membres aurait sensiblement affaibli la forme au moyen de laquelle s'accomplissait le travail. Ne faut-il pas voir un vestige de cette ncessit primordiale dans notre rgle actuelle interdisant aux FF .\ qui ne sont pas en plein accord de mettre leurs tabliers avant d'avoir mis fin leur dissentiment ? Dans l'gypte ancienne, les membres d'une loge taient unis par un profond sentiment fraternel, auquel sans doute on parvient rarement aujourd'hui; tous se sentaient unis par le plus sacr des liens, non seulement comme rouages du mme organisme, mais aussi. en vrit, comme collaborateurs de Dieu Lui-mme.

Le rituel travaill par les Grandes Loges se nommait la Construction du temple d'Amen; nous donnerons dans une autre partie du prsent volume une traduction des termes employs. C'tait assurment un des Sacrements les plus magnifiques et les plus efficaces que l'homme ait jamais connus. La clbration s'en prolongea pendant des milliers d'annes, pendant lesquelles l'gypte fut un puissant royaume, mais il vint un temps o les gos les plus avancs dans leur volution commencrent a s'incarner dans des nations nouvelles, afin d'y acqurir, comme dans les diffrentes classes d'une cole ordinaire, des connaissances nouvelles. Alors cette partie des Mystres gyptiens tomba en sommeil, et tandis que dans la civilisation gyptienne dclinante le formalisme prenait le dessus, elle servit de thtre aux activits d'hommes moins volus.

LES LOGES ORDINAIRES

Le pays tait aussi parsem de nombreuses autres loges qui ressemblaient davantage celles des temps modernes. Leur travail tait beaucoup plus vari que celui des trois Grandes Loges; elles se runissaient frquemment, car elles avaient pour tche de prparer leurs membres des activits suprieures et de leur donner une ducation librale. Mme but que celui des Mystres en tout pays: c'est--dire offrir aux adultes un systme prcis de culture et d'ducation. Ceci n'est gure entrepris d'une faon gnrale publique notre poque, o est si rpandue la conviction assez bizarre que l'ducation prend fin la sortie des coles ou des collges. Les Mystres taient les grandes institutions publiques, les centres de la vie nationale et religieuse o se rendaient en foule les personnes appartenant aux classes suprieures. Les tudes y taient srieuses car aprs avoir obtenu les divers degrs, ce qui exigeait de longues annes, un gyptien devenait ce que nous appellerions un homme, ou une femme, trs cultivs, parvenus non seulement possder des notions sur notre monde, mais encore comprendre nettement l'existence d'outre-tombe, la place occupe par l'homme dans le plan gnral et par consquent le but mritant que nous lui consacrions nos efforts et notre vie.

Mme dans ces Loges ordinaires, tout membre tait actif, et le travail entre les colonnes tait regard comme plus ardu que celui des officiers. Bien que ces derniers dussent accomplir certains actes avec une grande prcision, les autres devaient faire un usage continuel de leur force mentale. A certains endroits du rituel, tous s'unissaient pour mettre des courants de pense, dans un effort tenant de la force de volont plus que, de la mditation. Le but gnral tait de crer autour de la loge une magnifique et rayonnante forme-pense, aux proportions irrprochables, spcialement construite pour recevoir et transmettre le plus efficacement possible l'nergie divine voque par l'acte de dvotion. Si la pense de tel ou tel membre tait sans effet, l'immense forme-pense s'levant comme un temple prsentait une imperfection au point correspondant. Mais le Matre de la Loge tait en gnral un prtre clairvoyant ou une prtresse capable de discerner la cause et par suite de tenir la Loge bien en main. Ces Loges n'taient donc pas trangres la grande distribution d'nergie mais un degr moindre que les trois Grandes Loges dont c'tait la tche spciale.

S'il n'avait eu un but de ce genre, notre grand effort maonnique serait inintelligible. Dans presque toutes les Loges maonniques a lieu au dbut une belle crmonie dont la signification symbolique est profonde; bien comprise, on s'aperoit qu'elle est non pas une simple formalit mais une formule extraordinairement efficace appelant notre aide des entits diverses et permettant de rendre l'humanit un service trs rel. Et pourtant, aprs avoir ouvert la Loge et fait toutes ces prparations, nous nous htons de la fermer, moins qu'il y ait un candidat initier, faire passer au deuxime degr ou lever au troisime degr, ou encore une confrence faire nos FF .\. Assurment une aussi admirable prparation devrait aboutir quelque chose de prcis, l'accomplissement d'un travail rel en faveur de l'humanit. L'gypte ancienne connaissait ce travail magnifique auquel amenaient toutes les prparations. Notre vritable objectif devrait tre le mme. Nous nous runissons, nous clbrons certaines crmonies et nous appelons cela travailler, mot tout fait impropre s'il est appliqu de simples crmonies, quelle que soit leur valeur symbolique. Mais si nous difions une forme grandiose et belle pour servir de canal l'nergie divine et pour assister l'humanit, alors sans aucun doute nous travaillons car nous concentrons et mettons en rserve de grandes forces surhumaines, et puis avec la bndiction finale nous les rpandons sur le monde. Autrement tous les prliminaires sont, dans les termes de la lecture mystique faite dans la Maonnerie mixte, " comme des portes massives qui ne conduisent nulle part "

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Il n'y a aucune raison pour qu' notre poque actuelle nous n'obtenions par notre rituel le mme rsultat que les anciens gyptiens. Les imperfections qui peuvent se constater ne proviennent pas du monde extrieur; elles sont dues ce que les FF .. ne se rendent pas compte de la gravit de la tche entreprise, ou qu'ils ne s'lvent pas au degr d'altruisme ncessaire pour s'astreindre en faveur de l'humanit une prsence rgulire. En gypte personne n'importunait le F .\ secrtaire par des lettres d'excuses. Les FF .\ considraient la qualit de membre comme le privilge et comme la bndiction les plus prcieux de leurs vies; ils taient toujours en Loge au moment prescrit, moins d'tre trop malades pour se mouvoir. Esprons que, dans l'avenir, la Franc-Maonnerie sera digne de son pass et que bientt des Loges comme il y en avait en gypte travailleront dans de nombreux pays.

Le souvenir de la manire dont s'accomplissait le travail dans l'gypte ancienne peut nous tre utile de plusieurs faons, car ces hommes s'acquittaient de leurs crmonies en pleine connaissance de leur signification; les points qu'ils tenaient pour capitaux sont donc probablement tout aussi importants pour nous-mmes.

Une extrme rvrence les caractrisait surtout; ils regardaient en somme leur temple comme les chrtiens les plus convaincus regardent leur glise, sauf que leur attitude leur tait dicte moins par le sentiment que par la connaissance scientifique; ils comprenaient que leur temple tait fortement magntis et que, pour conserver intacte cette nergie, il fallait beaucoup de soin.. Traiter des sujets ordinaires dans le temple et t regard comme sacrilge, car c'tait introduire une influence troublante.. On se dcorait et l'on accomplissait les prliminaires dans les parvis seulement, et les FF.\ formant procession, pntraient dans la Loge en chantant, comme on le fait maintenant dans la Maonnerie Mixte.

HISTOIRE DE LA FRANC-MACONNERIE

La doctrine des Mystres en gypte tait trs rigoureusement garde; au prix de grandes difficults seulement et dans des conditions spciales, une personne qui n'tait pas ne gyptienne pouvait obtenir l'autorisation de la recevoir; elle a cependant t accorde divers trangers minents, entre autres Mose, dont il est dit dans le rcit biblique: " Il acquit toute la sagesse des gyptiens. " Il transmit ses connaissances la ligne sacerdotale juive et elles subsistrent, plus ou moins altres, jusqu'au temps de David et de Salomon.

Quand Salomon construisit son temple, il l'leva suivant un plan maonnique et en fit un centre de symbolisme et de travail maonniques; sans aucun doute, il voulut que son temple dmontrt et conservt pour son peuple certains genres de mesures. De mme furent incorpors dans les mesures de la grande pyramide toutes sortes de faits astronomiques et godsiques (15). Salomon choua, car la tradition tait fort incomplte ou, pourrait-on dire plus exactement, si le crmonial extrieur et mme l'ornementation traditionnelle avaient t assez bien conservs, la signification en tait oublie. Jusque l on appelait l'attention des initis aux mystres juifs sur la Maison de Lumire en gypte, mais le roi Salomon rsolut de concentrer leurs penses et leurs sentiments exclusivement sur l'difice qu'il avait lui-mme construit. C'est pourquoi au lieu de leur parler de la mort et de la rsurrection symboliques d'Osiris en gypte il imagina de les remplacer par la forme primitive de notre prsente histoire traditionnelle; en somme il judasa tout le rituel et substitua des mots hbreux au texte gyptien original, mais en respectant du moins le sens primitif.

Souvenons-nous qu'il se bornait ainsi rattacher ses rites nationaux ceux des tribus et des nations voisines. La tradition des Mystres avait suivi plusieurs lignes. Si les Juifs ont apport travers le dsert du Sina beaucoup de la forme gyptienne, les Tyriens et d'autres encore ont conserv l'histoire de la descente de Tammouz ou Adonis plutt que celle du dmembrement d'Osiris. Le F .\ Ward, dans son plus rcent ouvrage traitant de cette question, est port soutenir la thorie que nous-mmes, comme Francs-Maons, devons assez peu l'gypte mais beaucoup la Syrie. Dans cette esquisse trs rapide de l'histoire maonnique, il m'est impossible de pousser plus loin la question, mais j'espre en parler plus longuement dans un prochain volume.

C'est principalement par cette ligne traditionnelle juive que la Maonnerie nous est arrive en Europe. Elle semble avoir t apporte Rome par des soldats faisant partie des armes envahissantes de Vespasien et de Titus, et c'est ainsi qu'elle s'ajouta aux crmonies et aux doctrines des Collges romains. Plus tard, les Comacini et diverses autres socits secrtes lui firent traverser les temps prilleux du moyen ge et, quand avec des temps meilleurs la perscution devint moins cruelle, la Maonnerie revint la surface. Certains fragments en furent runis en 1717 pour former la Grande Loge d'Angleterre et c'est ainsi qu'elle est venue jusqu' nous.

Il faut bien comprendre pourtant qu'il n'existe pas en Maonnerie de ligne orthodoxe unique. Une tradition parallle dont la source est en Chalde a donn naissance la Maonnerie comme elle est travaille sur le continent europen.. Une autre tradition encore semble avoir t rapporte par les chevaliers Templiers leur retour des croisades. Un extrme intrt s'attache tout ce sujet de l'histoire maonnique, mais la Maonnerie tant en somme une socit secrte, il est souvent impossible de dterminer sa filiation par des documents notre disposition; d'o confusions et contradictions nombreuses chez les divers auteurs. Nous avons nous-mmes donn cette question beaucoup d'investigations et de recherches; j'espre en publier trs prochainement les rsultats sous forme d'un livre traitant de l'histoire intrieure de la Franc-Maonnerie.

Une grande partie de la doctrine ancienne tant tombe en oubli, quelques-uns des vritables secrets se perdirent pour la masse des FF.'., mais les Hirophantes de la Grande Confrrie Blanche n'ont jamais laiss perdre ces secrets et rcompensent toujours les recherches des Franc-Maons vraiment srieux. Nous qui appartenons aux sous-races plus modernes, nous pouvons nous montrer tout aussi altruistes que nos devanciers et tout aussi capables d'accomplir pour nos semblables un travail utile. A vrai dire, nous pourrions bien tre nous-mmes ces hommes d'autrefois, revenus dans des corps nouveaux, sans que la foi et le travail qui nous taient si familiers jadis aient perdu pour nous leur charme. Essayons

15) Voir Ch. II, Colonnes, p. 35.

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de faire revivre, malgr l'extrme diffrence des conditions actuelles, l'esprit indomptable qui nous distinguait il y a tant de sicles. Pour cela il faut beaucoup travailler, car chaque officier doit jouer son rle dans la perfection et l'on n'y arrive pas sans beaucoup de discipline et de pratique. Je suis convaincu cependant que beaucoup rpondront l'appel du Matre et se joindront ceux qui ouvrent la voie leurs successeurs.

Que chaque Loge fasse de soi une Loge modle, absolument hauteur de sa tche afin que tout visiteur, impressionn par le travail accompli et par la force de l'atmosphre magntique soit amen participer l'immense entreprise. Nos membres doivent pouvoir aussi, quand leur tour ils visitent d'autres Loges, expliquer notre faon de travailler et montrer comment, au point de vue occulte, les crmonies devraient tre rgles. Mais avant tout ils doivent apporter en tout lieu le magntisme nergique d'un centre compltement harmonieux et le puissant rayonnement de l'amour fraternel.

CHAPITRE II

LA LOGE

SA FORME ET SON ETENDUE

En parlant de la Loge maonnique dont on est membre, on pense habituellement une salle ou chambre faisant partie d'une maison ordinaire, sur le plan physique. Le mot tendue suggre donc les ides coutumires de longueur, de largeur et de hauteur. Cependant, il faut nous lever une notion trs suprieure cela, car la Loge reprsente l'univers, comme l'explique le rituel des trois premiers degrs de la Maonnerie Mixte Universelle. La Loge, nous dit la description du tableau de la Loge, s'tend en longueur de l'est l'ouest, en largeur du nord au sud, et en profondeur du znith au centre de la terre; elle symbolise par consquent le monde entier.

La salle de runion doit prsenter, suivant le Dr. Mackey, un paralllogramme ayant de l'est l'ouest un tiers de plus que du nord au sud; elle devrait toujours, si possible, tre oriente nord-sud, isole autant que faire se peut de tout btiment voisin. Le plafond, tant pour confrer de la dignit au local que pour des raisons d'hygine, doit tre lev. L'accs de la Loge doit tre angulaire car, dit Oliver, " une entre directe n'est pas maonnique et ne saurait tre tolre ". La salle doit avoir deux entres situes l'ouest et de chaque ct de la place du premier Surv.\. L'entre qui est sa droite sert introduire les visiteurs et les membres; comme elle donne dans la chambre du Tuil.\ on la nomme la porte du Tuil.\ ou porte extrieure; l'autre, sa gauche, s'ouvrant dans la chambre de prparation est connue comme " la porte intrieure " on l'appelle parfois la porte du nord-ouest. La Pl. III montre la forme de la Loge et la position habituelle, dans la Maonnerie Mixte, des principaux objets qui s'y trouvent.

Techniquement parlant, le pavement de la Loge est une mosaque; nous le dcrirons parmi les ornements de la Loge; sa forme correcte est un carr long, c'est--dire un rectangle deux fois plus long que large, et l'on peut se reprsenter la Loge comme un double cube s'levant sur cette base carrele. Si nous la considrons comme la pice entire, la Loge est un temple de l'humanit et peut symboliser un homme couch sur le dos. Dans cette position les trois grands supports correspondent des centres importants du corps humain.

La Col.', du Vn.\ marque la tte ou le cerveau; celle du premier Surv.\ correspond aux organes gnitaux, symboles de force et de virilit, comme aussi au plexus solaire, grand centre ganglionnaire du systme sympathique; enfin celle du deuxime Surv.'. correspond au cur, anciennement regard comme le sige des affections.

ORIENTATION

Le rituel donne trois raisons pour l'orientation est-ouest de nos Loges. D'abord le soleil se lve l'est et le soleil est regard en Maonnerie comme symbole de la divinit. En second lieu, les nations occidentales placent dans l'Orient la source de leur sagesse. Troisimement les Francs-Maons se conforment au prcdent du temple de Salomon, orient est-ouest en imitation du tabernacle port par les Isralites dans leur marche errante travers le dsert, et toujours orient de la sorte lorsqu'il tait pos terre. Assurment, il ne suffit pas de dire que primitivement les Maons orientaient leurs Loges par la seule raison que toutes les glises et chapelles doivent tre orientes galement; il faut dire plutt que la rgle ecclsiastique spectare ad orientem existait aussi pour les Maons.

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L'influence juive a jet un certain voile sur l'origine gyptienne de la Maonnerie. Quand Mose fit connatre aux Juifs la sagesse gyptienne, ils communiqurent trs vite cette doctrine leur propre couleur. C'est une race remarquable en ce qu'elle assimile facilement, mais qu'elle imprime ses propres caractristiques sur toutes les ides dont elle s'empare. Ainsi dans le cas actuel les gyptiens parlaient de la grande pyramide de Gizeh comme de " la Maison de Lumire " ou, plus ordinairement, de " la Lumire ", mais aux Juifs on apprit interprter cette expression comme se rapportant au temple du roi Salomon.

La vritable raison pour orienter avec soin la Loge tient au magntisme. Un courant d'nergie est sans cesse en marche, dans les deux sens, entre l'quateur et chacun des ples terrestres; un autre courant se dirige perpendiculairement au premier et se meut autour de la terre dans le sens de la rotation. Ces deux courants sont utiliss dans le travail de la Loge, comme nous l'expliquerons quand nous en serons aux crmonies. On ignore en gnral la prsence de ces nergies qui ne sont pas du mme ordre que celles dont l'influence agit sur l'acier ordinaire ou le fer aimant, mais certaines personnes y sont sensibles au point qu'elles ne peuvent dormir tranquillement si elles sont couches en travers de leur direction. Quelques-unes dorment le mieux avec la tte au nord, d'autres avec la tte au sud. Au dire des Hindous, l'ascte seul doit dormir la tte au nord. Le chef de famille, l'homme vivant dans le monde, doit dormir la tte au sud.

LA VOUTE CELESTE

Suivant le rituel, la Loge maonnique est une vote cleste aux couleurs diverses. Ceci peut fort bien symboliser les cieux; illumins d'toiles, servant de vote au vritable temple de l'humanit, si nous considrons la Loge comme universelle. Mais l'expression " couleurs diverses " a un autre sens, car la vote du ciel ne prsente pas plusieurs couleurs, sauf au lever et au coucher du soleil; elle est bleue. Le vrai baldaquin cleste est l'Aura de l'homme suppos couch sur le dos; c'est la

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forme-pense aux nuances vives gnre pendant le travail de la Loge. Nous retrouvons ce symbolisme ailleurs: c'est le vtement bigarr de Joseph dans les Livres de la Connaissance sacre; c'est encore la Robe de Gloire revtue par l'initi, suivant l'Hymne gnostique; c'est enfin l'Augoeides des philosophes grecs, le corps glorifi servant de demeure l'homme dans le monde invisible et subtil. Dans The Meaning of Masonry le F .\ Wilmshurst voit galement dans la vote l'Aura humaine,

ce qui est plus raisonnable que de supposer avec le Dr. Mackey que, les FF .\ se runissant primitivement sur les sommets les plus levs et au plus bas des valles, le symbole en question doit videmment signifier la vote du ciel au-dessus de nos ttes.

L'AUTEL

L'autel devrait se trouver au centre du carr le plus rapproch du Vn.\, mais ceci varie suivant les obdiences. Dans le

travail de la Grande Loge d'Angleterre il n'y a en gnral aucun autel; tout au plus celui-ci est-il reprsent comme ajout

au plateau du Vn.\, de telle faon que le candidat en prtant serment se met genoux devant le Plat.', du Vn.\ Dans

quelques Loges, l'autel est lgrement l'est du centre; dans d'autres il s'lve au centre mme du pavement.

Sur l'autel, ou tout prs, ou suspendu au-dessus de lui au centre du carr oriental, brille dans les Loges de la Mixte une

petite lumire gnralement contenue dans une lampe en verre couleur de rubis. Cette lumire symbolise la Divinit

rflchie dans la matire et correspond exactement la lampe qui, dans les glises catholiques, brle continuellement

devant l'autel o se trouve l'hostie rserve.

Voici comment dans son Lexicon of Freemasonry Mackey dfinit l'autel:

C'est le point o les offrandes sacres taient prsentes Dieu .Aprs la cration du tabernacle il y eut deux sortes d'autels, ceux des sacrifices et ceux de l'encens. L'autel maonnique peut tre considr comme reprsentant l'une et l'autre. Du second s'lve sans cesse vers le Grand Je Suis l'encens de l'amour, de la charit et de la vrit qui animent les FF.: sur le premier sont dposs, comme un sacrifice offert au gnie de notre Ordre les passions drgles et les convoitises terrestres. L'autel maonnique doit avoir la forme d'un cube, de trois pieds de hauteur environ, portant quatre cornes, une de chaque angle; Sur l'autel reposent la Sainte Bible, I'Equerre et le Compas; trois lumires secondaires l'entourent, disposes en triangle et dans une position donne.

La fig. 3 est emprunte au mme auteur. Les toiles reprsentent les trois flambeaux allums et le point noir le vide boral

o ne brille aucune lumire. Dans nos Loges de la Maonnerie Mixte nous plaons les flambeaux suivant la coutume anglaise, auprs des siges des trois officiers principaux, mais leurs positions relatives sont les mmes. En cette matire comme dans d'autres, il n'y a pas, en Maonnerie, d'orthodoxie.

Le symbole reprsent sur le ct oriental de l'autel est un cercle born au nord et au sud par deux lignes. Au centre devrait se trouver un point, le point dans un cercle, bien connu de tout M.\ Mac.'.. Le cercle, comme l'indique le tableau de la Loge, est reprsent comme aussi grand que l'autel, si bien qu'il touche, ou presque, le Livre de la Connaissance sacre. Les confrences de Loge en donnent souvent l'explication suivante: le cercle tant born par deux lignes signifiant Mose et Salomon, et aussi par les Livres de la Connaissance sacre, toute personne qui s'astreint rester dans ce cercle et suit les prceptes de ces Livres aussi parfaitement que le firent Moise et Salomon, ne s'gare point.

Mais dans l'gypte ancienne, bien avant le temps des Juifs, l'autel tait dj un symbole du dieu solaire Ra; deuximement il reprsentait pour les gyptiens la terre en rotation autour du soleil. C'tait l pour eux une partie des connaissances

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secrtes rserves aux Mystres. Il y avait une tradition plus ancienne encore, voyant dans le cercle l'quateur et dans le point central l'toile polaire, dont la position varie cause de la prcession des quinoxes, sujet qui prsentait pour les gyptiens un grand intrt. L'inclinaison du passage central de la grande pyramide fut dtermine par la position occupe cette poque par l'toile polaire. Enfin le symbole dsigne l'il qui voit tout, ide facilement suggre par le point au centre du cercle.

Les gyptiens avaient une autre interprtation de ce symbole et tout F .\ se trouvera bien de s'en souvenir quand ses yeux le rencontreront. Les trois Col.'. reprsentant la sagesse, la force et la beaut entouraient, disait-on, le trne de Dieu, c'est--dire l'autel lui-mme, symbole de l'amour. Ainsi le cercle exprime l'amour de Dieu et les deux lignes qui l'enferment sont les lignes du devoir et de la destine ou, en termes orientaux, celles du dharma et du karma. Tant qu'un M.\ Mac.', demeure dans le cercle de l'amour divin et donne comme bornes sa conduite le devoir et la destine, il ne peut errer. Le mme symbole signifie la premire manifestation de la Divinit. Suivant les gyptiens, il y a trois manifestations successives: le premier aspect, absolument hors de notre porte, le second et le troisime successivement infrieurs au premier. L'ide attache par les gyptiens ces trois aspects tait trs semblable celle des trois Personnes de la Sainte Trinit dans le christianisme, comme celle de la Trimourti chez les Hindous. En fait les religions philosophiques ont presque toutes reconnu la triple manifestation de la Divinit. Dans le Livre de Dzyan, le mme symbole, moins les lignes, a servi exprimer la mme ralit, le premier Logos ou Verbe, tandis que dans le mysticisme chrtien il signifie le Christ dans le sein du Pre. On y voit aussi un reflet de l'Etoile Flamboyante qui devrait dans toute Loge briller au centre du plafond; dans ce cas elle est identique la lampe couleur de rubis, qui jamais ne s'teint et reprsente la lumire divine qui elle-mme " brle toujours au milieu de nous " et " brille mme dans nos tnbres ". Quelques tudiants de la Maonnerie retrouvent encore ce symbole dans de nombreux temple druidiques et scandinaves prsentant un cercle de pierres au centre duquel se dresse une pierre isole gnralement plus haute que les autres.

PLATEAUX ET COLONNES

" Nos Loges, dit le rituel maonnique, sont portes par trois grandes colonnes la sagesse, la force et la beaut. La sagesse permet d'entreprendre; la force permet de soutenir; la beaut permet d'orner l'homme intrieur. L'univers est le Temple de la Divinit que nous servons; la sagesse, la force et la: beaut entourent son trne comme des colonnes soutenant son oeuvre; car Sa sagesse est infinie, Sa force est omnipotente, et Sa beaut se manifeste en ordre et en symtrie dans la cration entire. Elle a tendu les cieux comme un baldaquin; de la terre Elle a fait Son marchepied; Elle couronne Son Temple d'toiles comme d'un diadme et de Ses mains naissent toute puissance et toute gloire. Le soleil et la lune sont les messagers de Sa volont, et toute Sa loi est concorde. Les trois grandes colonnes soutenant une L.\ Mac.', sont l'emblme de ces attributs divins. "

Il est rare que les colonnes, dans aucune Loge, s'lvent toute hauteur, mais le premier Surv.'. et le deuxime Surv.'. ont sur leurs Plat.', des colonnes en miniature. De plus les trois principaux officiers ont en gnral auprs d'eux des colonnes plus hautes portant leurs flambeaux respectifs. Dans la littrature maonnique diverses raisons sont donnes pour la prsence des trois Plat.', et pour leur disposition. Certains auteurs disent qu'ils sont trois parce que le roi Salomon s'tait associ pour la construction du temple deux autres personnages importants, mais en ralit les colonnes reprsentes sur le tableau de la L.\ comme celles places prs des Plat.', des trois officiers principaux, symbolisent les trois aspects de la vie divine manifeste, appels par diffrentes religions la Trinit. Aux temps les plus reculs, comme nous l'avons expliqu, existaient en gypte trois genres de Grande Loge dont les mthodes de travail diffraient suivant que le Vn.\ reprsentait la sagesse, la force ou la beaut. De nos jours, nous n'avons qu'un seul de ces types, dans lequel le Plat.', du Vn.\ reprsente la sagesse; l'activit est alors celle de la deuxime Personne de la Trinit, le Christ. Dans le rite de Swedenborg ( peu prs disparu aujourd'hui), le sige du Vn.\ reprsentait la force.

Dans le dveloppement graduel de notre univers, la troisime Personne de la Trinit dploya d'abord Sa part de la puissance divine en prparant le monde matriel; ensuite la deuxime Personne mit en jeu Sa propre nergie; alors commena l'volution de la vie consciente. C'est ce que symbolise l'ouverture de la Loge. La petite colonne du deuxime Surv.'. reprsentant la troisime Personne et la premire effusion de l'activit divine est debout, mais au moment o le Vn.\ dclare la Loge ouverte cette colonne est couche et le deuxime Surv.'. fait prendre sa colonne la position verticale. Par l'autorit de la premire Personne, le Pre, Matre du monde, la deuxime Personne a maintenant pris la direction et, dans la Loge ouverte, l'volution des facults de la conscience est l'ordre du jour.

Les trois piliers, les colonnes et les plateaux, les chandeliers et les bougies, tous ont le mme sens. La colonne sur le pupitre ou plateau de chacun des principaux officiers de la Loge est sculpte suivant un certain ordre d'architecture, qui exprime sa puissance ou qualit; le chandelier de chacun prsente le mme style que l'on retrouve mme quelquefois sur la bougie. Aujourd'hui nos colonnes et chandeliers sont gnralement en bois peint, mais en ralit ils devraient tre faits en pierre de trois genres diffrents: celui du Vn.\ en pierre de taille; celui du premier Surv.'. en granit, et celui du deuxime Surv.'. en marbre. Ces trois genres de pierre sont des spcimens typiques des trois grandes classes de roches: la pierre de taille est aqueuse ou sdimentaire; le granit est ign ou plutonien et le marbre est mtamorphique. Si l'on emploie des colonnes en bois elles doivent tre peintes de faon ressembler ces pierres.

ORDRES D'ARCHITECTURE

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Dans l'examen d'une colonne l'attention doit se porter sur ses deux parties principales la colonne proprement dite et, son sommet, l'entablement qui l'aide soutenir le toit. Chacune de ces deux parties se divise son tour en trois. La colonne prsente un socle, un ft long et mince et un chapiteau. Les parties formant l'entablement sont: d'abord l'architrave qui s'lve au-dessus du chapiteau, puis la frise qui est droite et orne, enfin et au-dessus, la corniche. Les divers ordres d'architecture varient dans presque tous ces points. Il y avait dans la Grce ancienne trois de ces ordres: l'ionique, le dorique et le corinthien respectivement attribus aujourd'hui au Vn.\, au premier Surv.\ et au deuxime Surv.\ Plus tard furent ajouts aux premiers deux ordres d'origine italienne, le toscan et le composite; en Maonnerie nous ne les employons pas. Les trois colonnes sont reprsentes dans la fig. 4.

Des trois colonnes grecques, la dorique est la plus simple; son ft prsente vingt-quatre cannelures peu profondes; sa hauteur est gale huit fois son diamtre. Point de base; le chapiteau est massif et sans ornement. Dans l'entablement, qui gnralement n'est pas reproduit dans les piliers des officiers, la frise est caractrise par des triglyphes reprsentant l'extrmit des solives, et par des mtopes reprsentant des poutres; la corniche offre des mutules. Cette colonne, dit-on, a t faite en prenant pour modle un homme, adulte et bien muscl.

La colonne ionique prsente vingt-quatre cannelures; sa longueur est gale neuf fois son diamtre, son chapiteau est orn de deux volut