Mexique Maïs, une diversité cultivée - ird.fr · des caractères résulte donc de choix opérés...

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Le journal de l'IRD Éditorial n° 24 - mars/avril 2004 3,81 bimestriel grains. Chaque paysan juge de l’intérêt de semences en fonction de leurs carac- téristiques. Le choix des critères de sélec- tion reste très individuel et dépend d’un certain nombre de facteurs : tandis que le goût, la couleur et la tenue à la cuis- son interviennent comme critères de qualité culinaire, les caractéristiques des feuilles des plants constituent des cri- tères de qualité du fourrage. Cette étude apporte pour la première fois les preuves génétiques que ces pra- tiques culturales, conduites à l’échelle comme c’est le cas au Brésil. C’est un progrès notable qui explique la demande importante pour ces opéra- tions. Mais les taux d’intérêt auxquels sont confrontés ces ménages du sec- teur informel restent élevés. Il ne s’agit pas de taux usuraires mais de taux cou- vrant les coûts des opérateurs finan- ciers. Il n’y a pas de discrimination vis- à-vis des emprunteurs du secteur informel. Ce coût relativement élevé des crédits s’explique par la forte pro- babilité de non-remboursement, la nécessité de recueillir une information détaillée sur l’emprunteur et la relative difficulté à l’obtenir. Pour diminuer les taux d’intérêt et augmenter la clien- tèle, deux voies sont envisageables. D’une part, on peut subventionner les opérations de microcrédit, ce qui se passe déjà dans de nombreux pays. Ces subventions interviennent lors du lancement d’opérations de prêt ciblées sur des secteurs où les taux d’intérêts pratiqués sont très élevés mais qui, L a microfinance a connu un essor ces dernières années. Où en est-on aujourd’hui ? Aujourd’hui, dans des favelas brési- liennes ou dans des campagnes du Bangladesh, des organismes bancaires démarchent les ménages pour leurs proposer du crédit et ces opérations se multiplient. Beaucoup de secteurs n’avaient pas accès à ces services à une certaine époque, ou bien y avaient accès mais à des taux prohibitifs auprès des usuriers locaux. Ces dernières années, les opérations de microfinance ont permis de passer de taux d’intérêt usuraires de plusieurs centaines de pourcents dans l’année – parfois plus de 100 % sur le mois – à des taux d’in- térêt annuels de l’ordre de 50 à 60 %, Thèmes et enjeux pour le Sud D e façon récurrente, l’actua- lité nous rappelle avec force et parfois violence combien les enjeux du développement du Sud ont une dimension mondiale. Les défis parfois dramatiques appel- lent impérieusement des efforts d’analyse, de compréhension, de proposition, d’action et interpel- lent la recherche scientifique. Le dispositif scientifique français possède des atouts singuliers pour se projeter vers le Sud, avec une longue tradition de recherches pour le développe- ment en partenariat et une riche capitalisation de travaux et de résultats scientifiques. En tant qu’établissement public scientifique et technique, l’IRD possède particulièrement ce métier de la recherche scienti- fique pour le développement conduite en coopération, un métier brillamment porté par l’ensemble de ses personnels, mis en œuvre par ses unités de recherche et de service, et appuyé sur un riche réseau de représentations et d’implan- tations au Sud. Ce métier, qui combine recherche, formation, appui aux équipes du Sud, exper- tise, valorisation et information scientifique et technique, se concrétise au Sud dans le cadre de partenariats systématiquement formalisés avec des institutions des pays d’accueil. étrangers. Ce métier s’appuie aussi sur la pluridisciplinarité de l’approche des enjeux du développement, comme le montrent les grandes thématiques sociétales qui décrivent désormais les champs des recherches pour le Sud que conduit l’IRD : Aléas environne- mentaux et sécurité des popula- tions ; Gestion durable des éco- systèmes ; Ressources et usages des eaux continentales et côtières ; Sécurité alimentaire ; Santé au Sud, Épidémies, mala- dies endémiques et émergentes, systèmes de santé ; Enjeux éco- nomiques, sociaux et identitaires et dynamiques spatiales. Ce métier, assis sur la capitali- sation d’une expérience, l’IRD le porte et le fait évoluer pour répondre aux enjeux du dévelop- pement en mobilisant encore et davantage la communauté scientifique nationale et en renforçant les partenariats au Sud. Il s’agit d’une tâche et une motivation collectives de l’Institut. Fournir des capacités d’épargne, de prêt et d’assurance à des populations qui n’ont pas accès aux services finan- ciers des circuits bancaires commerciaux, tel est l’objectif de la microfinance. L’entretien qui suit et une page Recherches (en page 7) offrent un aperçu de son évolution et de son impact sur le développement des pays du Sud. malgré cela, s’avèrent tout de même rentables. On montre facilement que ces subventions sont socialement avan- tageuses. Si, dans le secteur informel, des gens sont prêts à emprunter à des taux de 60 %, alors que dans le secteur moderne de l’économie, les sommes empruntées sont plus importantes, avec des taux 3 fois moindres, cela signifie que les opérations entreprises par les premiers ont une rentabilité au moins 3 fois supérieure à celle des seconds. Transférer du crédit des uns aux autres augmente donc la rentabi- lité sociale de celui-ci. D’autre part, il faut s’assurer que le coût de la microfinance a été diminué au maximum au lieu ou avant de subven- tionner. Y a-t-il des modes opératoires dans la façon d’octroyer des crédits et de les rembourser qui vont diminuer le taux de défaillance des emprunteurs et, ainsi, améliorer la sélection des « bons » et des « mauvais risques » ? (suite page 6) (suite page 2) M e x i q u e Maïs, une diversité cultivée C est au Mexique, berceau de la culture du maïs, que cette graminée descendante d’une graminée sauvage locale, la téo- sinte, a été domestiquée et s’est diver- sifiée sous l’action de l’homme, il y a au moins 6 000 ans. À la faveur d’un pro- gramme de conservation in situ asso- ciant le CIMMYT, l’INIFAP 2 et l’IRD, les cher- cheurs ont caractérisé la structure génétique des différentes populations des variétés locales de maïs des vallées centrales d’Oaxaca. Ils ont ainsi pu mesurer l’impact des pratiques cultu- rales à la fois sur la diversité phénoty- pique et génotypique. L’étude conduite sur des populations de variétés de maïs cultivées dans six villages de cette région centrale du Mexique a révélé des caractères morphologiques et agronomiques variables suivant l’agricul- teur. À l’échelle du génome, une grande homogénéité entre les populations de maïs au sein d’un même village et, plus surprenant, entre villages distants, a été mise en évidence. Ceci signifie que l’en- semble des variétés locales possède une base génétique commune. La diversité des caractères résulte donc de choix opérés par les paysans au cours de la sélection des semences pratiquées avant chaque cycle de culture. En effet, les agriculteurs de cette région cultivent le maïs suivant des pratiques ancestrales. Les champs sont ensemen- cés d’un cycle de culture à l’autre avec les grains des épis sélectionnés lors de la récolte précédente. De temps à autre, les paysans choisissent d’échanger des lots de grains avec leurs voisins, plus ou moins éloignés géographiquement, afin d’expérimenter la mise en culture de ces © IRD/E. Katz La conservation des plantes dans des réserves in situ excluant l’introduction de toutes espèces étrangères est-elle le meilleur moyen pour pallier l’érosion progres- sive de la biodiversité mondiale? L’étude des chercheurs de l’IRD et du CIMMYT 1 apporte les preuves génétiques qu’à l’échelle de la région d’Oaxaca, les paysans, par leurs pratiques culturales favorables à l’introduction de variétés étrangères, entretiennent la diversité du maïs. Variétés locales de maïs. M i c r o f i n a n c e «L’époque pionnière est révolue» Entretien avec François Bourguignon, vice-président de la Banque mondiale (Washington, USA) et directeur d’études à l’EHESS (Paris). Serge Calabre Directeur général de l’IRD © IRD/A. Debray du village et de la région, constituent un élément clé de l’évolution du maïs et de sa diversité. La conservation in situ des variétés dites « de ferme » des plantes cultivées, à l’instar du maïs, pourrait donc se concevoir non pas sur l’isolement, mais sur un mode dyna- mique d’échange de matériel géné- tique entre les différentes populations d’une même région dans laquelle les agriculteurs joueraient un rôle prépon- dérant. Ceux-ci « cultiveraient » la diver- sité des populations de maïs, qui appa- © AFD Microbiologie Bénéfique partenariat L’université Cheikh Anta Diop, l’Institut sénégalais de recherches agricoles et l’IRD unissent leurs forces au sein du laboratoire commun de microbiologie de Bel Air à Dakar. p. 8 Actualités Burkina Faso Une huile vitaminée p. 3 Consommation d’huile de palme et réduction du déficit en vitamine A. Sénégal Protection sociale et sida p. 3 Partenaires Génoplante-riz Perspective en 50 000 lignées p. 4 Dans le cadre du programme national Génoplante l’IRD étudie une espèce modèle, le riz. L’IRD au Cameroun p. 5 Recherches Atouts et limites de la microfinance p. 7 Comment la microfinance modifie- t-elle l’économie, le social, le politique et le culturel ? Pacifique Sud-Ouest Au cœur des séismes p. 10 Entretien Entretien avec Bernard Hours ONG, mondialisation, solidarité p. 16 Depuis une dizaine d’année, les sciences sociales s’intéressent aux ONG.

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Le journal de l'IRD

É d i t o r i a l

n° 24 - mars/avril 20043,81 €

bimestriel

grains. Chaque paysan juge de l’intérêtde semences en fonction de leurs carac-téristiques. Le choix des critères de sélec-tion reste très individuel et dépend d’uncertain nombre de facteurs : tandis quele goût, la couleur et la tenue à la cuis-son interviennent comme critères dequalité culinaire, les caractéristiques desfeuilles des plants constituent des cri-tères de qualité du fourrage.Cette étude apporte pour la premièrefois les preuves génétiques que ces pra-tiques culturales, conduites à l’échelle

comme c’est le cas au Brésil. C’est unprogrès notable qui explique lademande importante pour ces opéra-tions. Mais les taux d’intérêt auxquelssont confrontés ces ménages du sec-teur informel restent élevés. Il ne s’agitpas de taux usuraires mais de taux cou-vrant les coûts des opérateurs finan-ciers. Il n’y a pas de discrimination vis-à-vis des emprunteurs du secteurinformel. Ce coût relativement élevédes crédits s’explique par la forte pro-babilité de non-remboursement, lanécessité de recueillir une informationdétaillée sur l’emprunteur et la relativedifficulté à l’obtenir. Pour diminuer lestaux d’intérêt et augmenter la clien-tèle, deux voies sont envisageables.D’une part, on peut subventionner lesopérations de microcrédit, ce qui sepasse déjà dans de nombreux pays.Ces subventions interviennent lors dulancement d’opérations de prêt cibléessur des secteurs où les taux d’intérêtspratiqués sont très élevés mais qui,

L a microfinance a connu unessor ces dernières années.Où en est-on aujourd’hui ?

Aujourd’hui, dans des favelas brési-liennes ou dans des campagnes duBangladesh, des organismes bancairesdémarchent les ménages pour leursproposer du crédit et ces opérations semultiplient. Beaucoup de secteursn’avaient pas accès à ces services à unecertaine époque, ou bien y avaientaccès mais à des taux prohibitifs auprèsdes usuriers locaux. Ces dernièresannées, les opérations de microfinanceont permis de passer de taux d’intérêtusuraires de plusieurs centaines depourcents dans l’année – parfois plusde 100 % sur le mois – à des taux d’in-térêt annuels de l’ordre de 50 à 60 %,

Thèmes et enjeux pour le Sud

De façon récurrente, l’actua-lité nous rappelle avec force

et parfois violence combien lesenjeux du développement du Sudont une dimension mondiale. Lesdéfis parfois dramatiques appel-lent impérieusement des effortsd’analyse, de compréhension, deproposition, d’action et interpel-lent la recherche scientifique.

Le dispositif scientifique françaispossède des atouts singulierspour se projeter vers le Sud, avec une longue tradition derecherches pour le développe-ment en partenariat et une richecapitalisation de travaux et de résultats scientifiques.

En tant qu’établissement publicscientifique et technique, l’IRDpossède particulièrement cemétier de la recherche scienti-fique pour le développementconduite en coopération, un métier brillamment porté par l’ensemble de ses personnels,mis en œuvre par ses unités de recherche et de service, et appuyé sur un riche réseau de représentations et d’implan-tations au Sud. Ce métier, quicombine recherche, formation,appui aux équipes du Sud, exper-tise, valorisation et informationscientifique et technique, seconcrétise au Sud dans le cadrede partenariats systématiquementformalisés avec des institutionsdes pays d’accueil. étrangers.

Ce métier s’appuie aussi sur lapluridisciplinarité de l’approchedes enjeux du développement,comme le montrent les grandesthématiques sociétales qui décrivent désormais les champsdes recherches pour le Sud queconduit l’IRD : Aléas environne-mentaux et sécurité des popula-tions ; Gestion durable des éco-systèmes ; Ressources et usagesdes eaux continentales etcôtières ; Sécurité alimentaire ;Santé au Sud, Épidémies, mala-dies endémiques et émergentes,systèmes de santé ; Enjeux éco-nomiques, sociaux et identitaireset dynamiques spatiales.

Ce métier, assis sur la capitali-sation d’une expérience, l’IRDle porte et le fait évoluer pourrépondre aux enjeux du dévelop-pement en mobilisant encore et davantage la communautéscientifique nationale et en renforçant les partenariats au Sud. Il s’agitd’une tâche etune motivationcollectives del’Institut.

Fournir des capacités d’épargne, de prêt et d’assurance à des populations qui n’ont pas accès aux services finan-ciers des circuits bancaires commerciaux, tel est l’objectifde la microfinance. L’entretien qui suit et une pageRecherches (en page 7) offrent un aperçu de son évolutionet de son impact sur le développement des pays du Sud.

malgré cela, s’avèrent tout de mêmerentables. On montre facilement queces subventions sont socialement avan-tageuses. Si, dans le secteur informel,des gens sont prêts à emprunter à destaux de 60 %, alors que dans le secteurmoderne de l’économie, les sommesempruntées sont plus importantes,avec des taux 3 fois moindres, celasignifie que les opérations entreprisespar les premiers ont une rentabilité aumoins 3 fois supérieure à celle desseconds. Transférer du crédit des unsaux autres augmente donc la rentabi-lité sociale de celui-ci.D’autre part, il faut s’assurer que le coûtde la microfinance a été diminué aumaximum au lieu ou avant de subven-tionner. Y a-t-il des modes opératoiresdans la façon d’octroyer des crédits etde les rembourser qui vont diminuer letaux de défaillance des emprunteurs et,ainsi, améliorer la sélection des «bons»et des «mauvais risques»?

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(suite page 2)

M e x i q u e

Maïs, une diversité cultivée

C’est au Mexique, berceau de la culture du maïs, quecette graminée descendante

d’une graminée sauvage locale, la téo-sinte, a été domestiquée et s’est diver-sifiée sous l’action de l’homme, il y a aumoins 6000 ans. À la faveur d’un pro-gramme de conservation in situ asso-ciant le CIMMYT, l’INIFAP2 et l’IRD, les cher-cheurs ont caractérisé la structuregénétique des différentes populationsdes variétés locales de maïs des valléescentrales d’Oaxaca. Ils ont ainsi pumesurer l’impact des pratiques cultu-rales à la fois sur la diversité phénoty-pique et génotypique. L’étude conduite sur des populations devariétés de maïs cultivées dans six villagesde cette région centrale du Mexique arévélé des caractères morphologiques etagronomiques variables suivant l’agricul-

teur. À l’échelle du génome, une grandehomogénéité entre les populations demaïs au sein d’un même village et, plussurprenant, entre villages distants, a étémise en évidence. Ceci signifie que l’en-semble des variétés locales possède unebase génétique commune. La diversitédes caractères résulte donc de choixopérés par les paysans au cours de lasélection des semences pratiquées avantchaque cycle de culture.En effet, les agriculteurs de cette régioncultivent le maïs suivant des pratiquesancestrales. Les champs sont ensemen-cés d’un cycle de culture à l’autre avecles grains des épis sélectionnés lors de larécolte précédente. De temps à autre, lespaysans choisissent d’échanger des lotsde grains avec leurs voisins, plus oumoins éloignés géographiquement, afind’expérimenter la mise en culture de ces

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La conservation des plantes dans des réserves in situexcluant l’introduction de toutes espèces étrangères est-elle le meilleur moyen pour pallier l’érosion progres-sive de la biodiversité mondiale ? L’étude des chercheursde l’IRD et du CIMMYT1 apporte les preuves génétiques qu’à l’échelle de la région d’Oaxaca, les paysans, parleurs pratiques culturales favorables à l’introduction devariétés étrangères, entretiennent la diversité du maïs.

Variétés locales de maïs.

M i c r o f i n a n c e

«L’époque pionnière est révolue»Entretien avec François Bourguignon, vice-président de la Banquemondiale (Washington, USA) et directeur d’études à l’EHESS (Paris).

Serge CalabreDirecteur général de l’IRD

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du village et de la région, constituentun élément clé de l’évolution du maïs etde sa diversité. La conservation in situdes variétés dites « de ferme » desplantes cultivées, à l’instar du maïs,pourrait donc se concevoir non pas surl’isolement, mais sur un mode dyna-mique d’échange de matériel géné-tique entre les différentes populationsd’une même région dans laquelle lesagriculteurs joueraient un rôle prépon-dérant. Ceux-ci «cultiveraient» la diver-sité des populations de maïs, qui appa-

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M i c r o b i o l o g i eBénéfique partenariatL’université Cheikh Anta Diop,l’Institut sénégalais derecherches agricoles et l’IRD

unissent leurs forces au sein du laboratoire commun de microbiologie de Bel Air à Dakar. p. 8

A c t u a l i t é s

Burkina FasoUne huile vitaminée p. 3Consommation d’huile de palme etréduction du déficit en vitamine A.Sénégal Protection sociale et sida p. 3

P a r t e n a i r e sGénoplante-rizPerspective en 50000 lignées p. 4Dans le cadre du programme nationalGénoplante l’IRD étudie une espècemodèle, le riz.L’IRD au Cameroun p. 5

R e c h e r c h e sAtouts et limites de la microfinance p. 7Comment la microfinance modifie-t-elle l’économie, le social, le politique et le culturel ?Pacifique Sud-OuestAu cœur des séismes p. 10

E n t r e t i e nEntretien avec Bernard HoursONG, mondialisation, solidarité p. 16Depuis une dizaine d’année, lessciences sociales s’intéressent aux ONG.

Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 24 - mars/avril 2004

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Act

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P our les femmes africaines, lareconnaissance par la com-munauté ne peut s’effectuer

en dehors du statut d’épouse et demère. Le mariage implique plus sou-vent que l’épouse soit placée sous latutelle de son mari, sur les plans rési-dentiel et économique. «Notre étude1

s’est intéressée à la situation particu-lière des femmes non mariées qui sontlocataires ou propriétaires de leur logement dans deux capitales afri-caines aux prises avec une forte réces-sion : Dakar, au Sénégal, et Lomé, auTogo», indiquent les auteurs AgnèsAdjamagbo et Philippe Antoine del’équipe Jeremi. «Notre objectif s’estlimité à la description de ce statut sin-gulier chez les femmes, pris comme unrévélateur de changements structurelsimportants en cours dans les famillesafricaines. »

Les résultats de l’étude montrent quemalgré le recul de l’âge au mariage àDakar, l’autonomie spontanée dejeunes femmes célibataires reste unphénomène peu fréquent. Seulement1 % des Dakaroises sont autonomes àl’âge de 23 ans contre 7 % à Lomé.L’indépendance résidentielle des jeunescélibataires à Dakar est d’autant plusmal perçue qu’elle peut se présentercomme un choix délibéré qui, en bra-vant la norme, remet en question lesfondements essentiels de l’institutionfamiliale que constituent le mariage etla maternité. L’accès à l’autonomiemaritale et résidentielle se réalise prin-cipalement aux âges élevés. À 55 ans,ce sont 57 % des Dakaroises quiconnaissent cette situation à unmoment de leur existence. Dans cesconditions, il n’est pas surprenant quela majorité de femmes autonomes se

trouvent être desveuves, puisque l’auto-nomie acquise par cebiais est à la fois mieuxtolérée par l’entourageet plus vivable pourl’intéressée.

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raissent comme des systèmes géné-tiques ouverts, entretenant ainsi lescentres de diversité de cette céréalevivrière majeure. Les recherchesconduites dans ce contexte sur leséchanges de gènes entre les popula-tions devraient permettre aussi demieux évaluer les risques d’une éven-tuelle introduction de variétés de maïsgénétiquement modifiées, éventuelle-ment introduites au Mexique, au seindes variétés traditionnelles locales etainsi apporter des éléments de réponseau débat public engagé depuis de nom-breuses années sur cette question. ●

ContactJulien [email protected]

1. Centre international pour l’améliorationdu maïs et du blé localisé à Mexico.2. Institut national de la recherche forestièreet agricole et de l’élevage, Mexique.

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D/P

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Danse chez les pygmées Aka, Afrique centrale.

À Lomé, les choses se posent entermes différents. À 25 ans, bienplus de femmes ont connu l’au-tonomie matrimoniale et rési-dentielle qu’à Dakar. Dans lagénération la plus jeune(femmes nées entre 1965 et1974), 20 % d’entre elles ontdéjà connu une période d’auto-nomie contre 4 % à Dakar. Deplus, la proportion augmente defaçon régulière jusque vers50 ans. Cette différence tient enpartie au fait que la valeursociale accordée au travail rémunérédes femmes est plus prononcée auTogo. En outre, contrairement à l’idéalprôné à Dakar, le mariage n’est pasvécu comme l’occasion de laisser lemari subvenir seul aux besoins duménage. Dans ces conditions, vivredans un logement que l’on prend encharge tout en exerçant une activité estune situation bien plus facile à vivrepour les LoméennesEn ces temps de crise économique, lesespoirs d’ascension sociale que lesfemmes ont coutume de mettre dans lemariage s’amenuisent. La désormaisnécessaire recherche de revenus pourrelayer les chefs de famille est une condi-tion relativement nouvelle à laquelle lesDakaroises sont certainement moinsbien préparées que leurs homologuestogolaises. La fréquence du divorce,caractéristique de Dakar, peut laisserpenser à une tendance à l’émancipationféminine, mais la rapidité du remariagemontre qu’il n’en est rien. Quel que soit le cas, l’élargissement durôle des femmes signifie trop souventdes charges encore plus lourdes à por-ter, sans que les retombées écono-

miques et sociales ne permettent deconclure à un progrès réel de la condi-tion des femmes. Nul doute que lessituations varieront en fonction de fac-teurs liés à l’appartenance sociale, auniveau d’éducation mais aussi à lavolonté des politiques d’accompagnerces changements. La voie de l’autono-mie est ouverte mais son chemin estencore long. ●

ContactsAgnès [email protected] [email protected]

1. L’étude s’appuie sur deux enquêtes bio-graphiques, l’une réalisée à Lomé par l’Unitéde recherche démographique de l’universitéde Lomé en 2000 auprès d’un échantillon de2536 personnes et l’autre réalisée en 2001 àDakar par l’IRD et l’IFAN, auprès de 1290 indi-vidus. Chacune de ces deux enquêtesretrace, entre autres, l’histoire résidentielle,professionnelle et matrimoniale des per-sonnes interrogées.

D a k a r e t L o m é

Être femme «autonome»

[email protected] - 213, rue La Fayette -F - 75480 Paris cedex 10Tel. : 33 (0)1 48 03 77 77Fax : 33 (0)1 48 03 08 29

http://www.ird.fr

Directeur de la publicationSerge Calabre

Directrice de la rédactionMarie-Noëlle Favier

Rédacteur en chefOlivier Dargouge ([email protected])

Comité éditorialMarianne Berthod, Jacques Boulègue,Patrice Cayré, Jean-Michel Chassériaux,Nathalie Dusuzeau, Yves Hardy, Jacques Merle, Jean-Claude Prot, Yves Quéré, Anne Strauss, Hervé de Tricornot, Gérard Winter

RédacteursMarie-Lise Sabrié (rubrique [email protected])Marie Guillaume ([email protected])Samuel Cordier ([email protected])Olivier Blot ([email protected])

Correspondants Fabienne Beurel-Doumenge (Montpellier),Jacqueline Thomas (Dakar), Mina Vilayleck (Nouméa)

Ont collaboré à ce numéroCédric DuvalSabine Tartarin

Photos IRD – Indigo BaseClaire LissaldeDanièle Cavanna

Photogravure, ImpressionJouve, 18, rue Saint-Denis, 75001 Paris - Tél. : 01 44 76 54 40

ISSN : 1297-2258Commission paritaire : 0904805335Dépôt légal : avril 2004

Journal réalisé sur papier recyclé.

Le journal de l'IRD

Les traditions orales et musicales des Pygmées Aka(Centrafrique, Congo), société de chasseurs-collecteurs,ont été inscrites par l’Unesco au patrimoine oral et immatériel de l’humanité.

L’UNESCO accorde depuispresque trente ans le titre de«patrimoine mondial » à des

monuments et sites remarquables dansune perspective de préservation, deconservation et de mise en valeur.Cette institution a créé en 1998 unedistinction internationale intitulée la«Proclamation des chefs d’œuvre dupatrimoine oral et immatériel de l’hu-manité ». Ce patrimoine peut êtredéfini comme l’ensemble des formesd’expression culturelle traditionnelle oupopulaire étroitement liées auxlangues, à la littérature orale, à lamusique, aux danses, au théâtre, auxcoutumes ou encore aux savoir-faire del’artisanat et de l’architecture. Transmispar la parole et par l’exemple de géné-ration en génération, ces savoirs etcréations sont éphémères et donc for-tement vulnérables, tout particulière-ment à une époque où les processus detransformation et de globalisationdéstabilisent nombre de sociétés. Après une première proclamation en2001, 28 nouveaux « chefs d’œuvre»ont été inscrits à ce patrimoine en

novembre 2003 (comme des balletscambodgiens, un théâtre japonais, lecarnaval de Binche en Belgique ouencore l’espace culturel Kihnu enEstonie). Parmi ceux-ci figurent les tra-ditions orales et musicales des PygméesAka (Centrafrique, Congo), société dechasseurs-collecteurs au dispositifmatériel dépouillé mais qui a déve-loppé des formes exceptionnelles depatrimoine immatériel. Ce dernier s’ex-prime tant par des savoirs naturalistes,qui fondent de remarquables tech-niques d’adaptation au milieu forestier,que par de riches corpus de traditionsorales et des créations originales etextrêmement sophistiquées de poly-phonies vocales. L’IRD a contribué aucours des années 1970 et 1980 à desrecherches menées avec le CNRS

(Laboratoire des Langues et civilisationsà tradition orale) et le Muséum natio-nal d’histoire naturelle sur l’écosystèmeforestier centrafricain. Ces travaux plu-ridisciplinaires, auxquels a particulière-ment collaboré Henri Guillaume, direc-teur de recherche à l’Institut, ontprécisément permis de découvrir, étu-

dier et faire connaître, y compris auprèsd’un très large public, cette société etson magnifique patrimoine culturel.Tout un ensemble de publications et deproduits de vulgarisation (disques,films, cédérom) leur ont été consacrés.Alors que les Pygmées Aka subissentaujourd’hui des formes de déracine-ment, d’ostracisme au sein de leurscommunautés nationales et que leurdevenir est intimement lié à celui qui

sera réservé à la forêt équatoriale, ilfaut espérer que cette consécrationinternationale contribuera à mieux pré-server leur culture et prendre en consi-dération leurs droits et propres intérêts.

ContactHenri [email protected]

T r a d i t i o n s o r a l e s e t m u s i q u e s P y g m é e s

Patrimoine immatériel de l’humanité

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Épis de maïs de variété locale.

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Deux études, l’une réalisée à Lomé et l’autre à Dakar, se sont intéressées à la situation hors norme des femmesafricaines qui se prennent en charge de manière autonome. Alors que ce phénomène est amené à se développer, les chercheurs ont constaté qu’il ne revêtpas les mêmes réalités d’un pays à l’autre.

À Lomé, le commerce dutissu est le secteurde prédilection de laréussite économiquedes femmes.

Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 24 - mars/avril 2004

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Actu

alités

La sexualité du PlasmodiumLe paludisme, la plus répandue desmaladies transmissibles, et responsablede 2 millions de décès par an, est pro-voqué par un parasite microscopiquedu genre Plasmodium qui se développeà l’intérieur des globules rouges de sonhôte. Après un certain nombre decycles de reproduction asexuée, lesPlasmodium peuvent donner naissancedans le sang à des formes sexuées(gamétocytes ou pré-gamètes). Lorsd’une piqûre nocturne, les femelles desmoustiques vecteurs, les anophèles,ingèrent ces gamétocytes avec le sang.C’est dans l’estomac du moustique ques’effectue ensuite la reproductionsexuée. De la rencontre d’un gaméto-cyte mâle et d’un gamétocyte femellenaît un zygote. Celui-ci produira ensuiteles formes infectantes qui migrent dansles glandes salivaires du moustique etsont ensuite transmises à l’homme lorsd’un second repas de sang. Après avoir observé que le nombre degamétocytes ingérés par les mous-tiques variait entre les différents repasde sang pris sur un même volontaire,les chercheurs de l’IRD1 ont simulé àl’aide de modèles mathématiques lecomportement des gamétocytes dansla circulation sanguine humaine et lorsde leur ingestion par les moustiques. Ilsont alors testé l’hypothèse d’un phéno-mène d’agrégation des gamétocytesde Plasmodium, similaire aux microfi-laires (agents des filarioses), même sileur très petite taille (10 microns) lesprédestine théoriquement à une distri-bution homogène dans l’estomac desmoustiques. Les simulations, réaliséeschacune avec des quantités différentesde gamétocytes circulants, montrentque le caractère hétérogène de la dis-tribution des gamétocytes ingérés parle moustique ne relève pas du hasardmais s'accroît en fonction de la densitéde gamétocytes présents. Cette hété-rogénéité résulterait de l’aggloméra-tion des gamétocytes entre eux dansles capillaires sanguins, ces «grappes»se maintenant jusque dans l’estomacdu moustique où s’effectue la repro-duction sexuée. Ainsi « collés» les uns aux autres dansles capillaires sanguins humains, lesgamétocytes mâles et femelles, unefois ingérés, augmentent leurs chancesde rencontre à l’intérieur de l’immensechambre nuptiale que constitue l’esto-mac du moustique, cequi améliore le taux dereproduction du parasite.Les gamétocytes se diffé-renciant en gamètes quine disposent d’aucunmoyen d’attirance parti-culier, ce « rituel amou-reux» de regroupementconstituerait une straté-gie élaborée qui compen-serait l’absence d’attrac-tion. Des expériences de ter-rain conduites au Séné-gal, puis au Cameroun, àpartir du sang de volon-taires naturellementinfectés ingéré par desmoustiques ont confirméces résultats, validantainsi le modèle utilisé parles chercheurs. D’autresrecherches sont prévues pour affiner lemodèle de comportement des gaméto-cytes, comprendre comment sedéclenche ce phénomène d’adhérencecellulaire, bien connu chez les formesasexuées à l’origine du «paludismecérébral », et déterminer les facteursqui influent sur la constitution des«grappes». ●

ContactGaston [email protected]

1. UR 79 GEODES « Géométrie des espacesorganisés, dynamiques environnementales etsimulations».

Une étude sur l’impact de la diversification de l’alimen-tation reposant sur l’utilisation des ressources locales a été menée dans une région du Burkina-Faso. Deux ans après l’introduction d’huile de palme, les chercheurs ont constaté que la consommation libre et volontaire de cette huile avait entraîné une réductiondu déficit en vitamine A chez les femmes et les enfants.

B u r k i n a - F a s o

Une huile vitaminée

L e déficit en vitamine A, quiconcerne plus de 250 millionsd'enfants de moins de cinq ans

dans le monde, constitue aujourd'hui lapremière cause de cécité dite évitable, etfavorise également l'apparition de mala-dies, entraînant de fait un taux de mor-talité infantile important. Pour luttercontre ces déficiences, des cher-cheurs de l’UR106 Nutrition, ali-mentation, sociétés de l’IRD, encollaboration avec des cher-cheurs canadiens et burki-nabè1, ont testé de 1999 à2001 l’efficacité de l’huilede palme rouge surle statut en vitamineA de mères et d'en-fants de moins decinq ans dans leCentre-Est du pays.Cette huile, utiliséecouramment dansune autre région duBurkina-Faso2, a été

transportée puis vendue comme complé-ment alimentaire sur les sites d'étuderetenus pour le projet dans les conditionsd'une acquisition libre et volontaire parles femmes. Par le biais de méthodes demobilisation sociale (allocutions, débats,pièces de théâtre, etc.), celles-ci avaient

été préalablement informées desenjeux et des bénéfices de

l'huile de palme rouge, richeen Bêta carotène, un pré-curseur de la vitamine A.Au bout de deux ans, lesrésultats montrent unenette augmentation dela quantité de vitamine Aingérée par les mères et

les enfants ayantconsommé del'huile de palmerouge de manièredirecte ou indi-recte (allaite-ment). On enre-gistre en effet un

prises développent des actions de pré-vention, mais plus rarement d’appui à laprise en charge thérapeutique. En outre,les enquêtes montrent que les per-sonnes vivant avec le VIH s’auto-excluentdes prestations. Elles renoncent aux pos-sibilités de remboursement de leursdépenses par crainte d’une divulgationde leur statut sérologique, les procé-dures actuelles ne permettant pas depréserver la confidentialité. De plus, lacomplexité des démarches pour n’obte-nir qu’un faible remboursement freineaussi les demandes. Ces résultats désignent des voies pos-sibles d'intervention auprès des orga-nismes de protection sociale : les infor-mer sur l'offre de soins existant dans lepays; les mettre en relation avec les asso-ciations de personnes vivant avec le VIH

afin de comprendre les besoins; définirles domaines dans lesquels chaque typede structure peut agir ; définir des procé-dures administratives de remboursementgarantissant la confidentialité ; enfin, lesorganismes de protection sociale doiventfaire pression sur l’État afin que des pro-grammes d’accès aux ARV à des tarifssubventionnés soient créés lorsqu’ilsn’existent pas encore. «Étant donné lecoût élevé de la prise en charge médicale

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Un estomac d’anophèleavec des oocystes deplasmodium, agent dupaludisme. Coloration au mercurochrome.

l'huile de palme en dehors des zonesde production, telle que la créationd'emplois, féminins en particulier. ●

ContactFrancis Delpeuch [email protected]

1. Les partenaires impliqués dans les recher-ches conduites au Burkina-Faso de 1999 à2001 dans le cadre du projet pilote étaientl’université de Montréal, Canada (HélèneDelisle du département de nutrition,[email protected]), et l’IRSS (Insti-tut de recherche en sciences de la santé) deOuagadougou au Burkina-Faso (Noël-MarieZagré, [email protected]) et l’IRD.2. L’huile de palme rouge est extraite du pal-mier à huile Elaeis guineensis.

par rapport aux ressources des per-sonnes, ce ne sont pas les malades quipourront payer en totalité leur traite-ment, ni les systèmes de protectionssociales naissant. Les traitements ARV

doivent être subventionnés par les Étatset distribués gratuitement, selon BernardTaverne, c’est la condition nécessairepour permettre aux organismes de pro-tection sociale d'agir efficacement encouvrant les autres dépenses qui restentà la charge des malades.»Le Sénégal a montré la voie puisque leprésident de la République a annoncé ladélivrance gratuite des médicaments ARV

à partir du 9 décembre 2003 pour tousles patients résidant dans le pays. ●

ContactBernard [email protected]

1. Bernard Taverne est anthropologue etmédecin à l’UR 36, Prise en charge du sida enAfrique, IRD Dakar.2. Gabrièle Laborde-Balen est chargéed'étude en sciences sanitaires et sociales,titulaire d'un DESS, Aide humanitaire interna-tionale, urgence et réhabilitation, universitéd'Aix-Marseille III ; elle a réalisé les enquêtesdans le cadre d'un stage à l'IRD pour sa maî-trise et son DEA.

S é n é g a l

Protection socialeet sidaEn Afrique, les systèmes de protection sociale sont enpleine émergence. La prise en charge, par ces derniers, des malades atteints par le VIH/sida a récemment fait l’objet d’une étude au Sénégal par des chercheurs de l’IRD. Les résultats obtenus permettent d’entrevoir des pistes destinées à améliorer l’action encore peu importante des systèmes de protection sociale.

Dans la plupart des paysd’Afrique, il existe divers dispo-sitifs de protection sociale

moderne. Ils sont étroitement liés au sala-riat dans le secteur formel, et ne concer-nent de ce fait qu’environ 5 % des per-sonnes sur le continent. Pourtant leurdéveloppement est souvent jugé commeétant l’une des stratégies pour permettreun accès à des soins de qualité dans lespays du Sud. Le rôle des mutuelles, desservices médicaux d’entreprises et desassurances privées s’accroît peu à peumais partout en Afrique, l’émergence dusida leur impose de définir des stratégiespar rapport à cette maladie.Depuis le début de l’épidémie à VIH, leSénégal présente une prévalence faibleet stable – inférieure à 2 % chez lesadultes. Cette situation est en partieimputée à la précocité des efforts de pré-vention mis en œuvre au plan national.Néanmoins, selon des estimations de lafin de l’année 2002, 75000 personnesadultes (15-49 ans) seraient infectées parle VIH, et 20 % des adultes infectés (soit15000 personnes) seraient au stadesida. En 1998, le Sénégal a mis en placeun programme public de distribution demédicaments antirétroviraux (ARV). Fin2003, environ 1800 personnes étaient

traitées par ARV, et d’ici 2006, cette priseen charge médicale devrait concerner7000 personnes sur l’ensemble du pays.Les médicaments ARV et les principauxexamens de laboratoire (dosage de lacharge virale et numération des CD4)sont subventionnés par l’état.Dans la région de Dakar, une enquêteréalisée en 2000 a révélé que seulement17 % de la population avait accès à uneprise en charge des dépenses de santé.«Nous avons voulu savoir ce que pro-pose le dispositif de protection socialedans le domaine du VIH/sida afin deréfléchir à la manière d'optimiser et dedévelopper leur action» indique BernardTaverne1. Une série d’enquêtes a ainsiété réalisée par Gabrièle Laborde-Balen2

en 2000, 2001 et 2003. Elle révèle quela plupart des organismes de protectionsociale n'ont pas encore défini de stra-tégie à propos de l'infection à VIH/sida.Cela est lié à une profonde méconnais-sance des spécificités de cette maladieet des modalités de prise en chargemédicale qui existent dans le pays. Lesresponsables surestiment systématique-ment les coûts des soins, sans mêmesavoir que les traitements ARV sontpresque totalement subventionnés parl’État. Seules quelques grandes entre-

accroissement de 41 à 120 % desapports de sécurité chez les mères etde 36 à 97 % chez les enfants.Parallèlement, la proportion de mèreset d'enfants présentant au début del'étude un taux de rétinol sérique infé-rieur au seuil recommandé (0,7 µmol/l),donc fortement carencés, a décru, passant ainsi de 62 à 30 % pour lesfemmes, de 84,5 à 67 % pour lesenfants. En outre, près de la moitié des femmesimpliquées dans l'étude ont modifié endeux ans leur comportement enconsommant intentionnellement cettehuile qui représentait une denrée nou-velle pour elles. Ceci souligne la faisa-bilité et l'application possible sur lelong terme d'une telle complémenta-tion, fondée sur la commercialisationdu produit, une information préalableet l'application de prix adaptés au mar-ché local. L'huile de palme peut parconséquent être intégrée dans des pro-grammes nationaux de lutte contre lescarences en vitamine A au Burkina-Faso où le projet pilote est actuelle-ment étendu, ainsi que dans d'autrespays de la zone sahélienne. Des étudescomplémentaires sont en cours surl'utilisation de l'huile de palme rougedans les repas servis dans les cantinesscolaires, et sur les autres bénéficesapportés par la commercialisation de

Récolte de régimes fructifères dupalmier à huile (Elaeis guinensis).

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Enfant se nourrissant de mangue,fruit comportant une grandeteneur en vitamine A.

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P our réaliser l’analyse dugénome du riz, Génoplantes’est doté d’une méthodolo-

gie permettant de rechercher et de vali-der la fonction des gènes. L’objectif estd’aboutir à une collection d’environ50000 lignées contenant des insertsd’ADN-T introduits par transformationgénétique via Agrobacterium tumefa-ciens, Mis en présence de culture decellules de riz (issues de graines), uneséquence ADN-T d’Agrobacterium s’in-sère au hasard dans le génome du riz.Le gène dont la séquence est ainsiinterrompue ne s’exprime pas ou s’ex-prime différemment, ce qui peut pro-voquer des modifications visibles auniveau du phénotype de la lignée d’in-sertion correspondante. Ensuite, ils’agit de récupérer la séquence géno-mique de riz qui jouxte immédiatementl’ADN-T inséré en déterminant une éti-quette moléculaire ou TAG, et de lacomparer aux données de séquencepour localiser l’insertion dans legénome du riz. La caractérisation systé-matique du site d’insertion de l’ADN-T

dans le génome par étiquette molécu-laire permet ainsi de rechercher unelignée particulière dont l’insertionserait localisée dans un gène d’intérêt. Le Cirad et l’IRD ont associé leursmoyens en personnels et infrastruc-tures techniques (serres pour culture deplantes transgéniques) pour produire

I F B

Journées et concoursL’institut français de la biodiver-sité tiendra ses deuxièmes journéesannuelles les 25 et 26 mai prochains àMarseille. Biodiversité et changementglobal au programme autour de laquestion de la dynamique des interac-tions. Les thèmes du rôle de l’homme,des impacts respectifs des change-ments climatiques et des changementsd’usage, des limites des réponsesadaptatives, des mesures des change-ments ou de modes de gestions inno-vants structureront notamment les ses-sions successives de ces journées. À l’intention des jeunes chercheursfrancophones de tous horizons, l’IFB apar ailleurs conçu un concours originalet littéraire. Docteurs et doctorants demoins de 35 ans, ayant un lien avec unlaboratoire ou un institut de recherchefrançais, sont en effet invités à rédigerun texte de moins de 18000 signes surle simple thème de la biodiversité. Toutest possible. Le ou les vainqueurs pour-ront présenter leur texte lors de laconférence internationale sur la biodi-versité prévue en janvier 2005 àl’Unesco à Paris. L’ensemble des textesretenus par le jury seront rassemblésdans un volume dont nous ne man-querons pas de parler. Date limite16 avril. ●

Contact [email protected]

au cours de la première phase deGénoplante (2000-2001) plus de25 000 plantes transformées dont8000 ont été étiquetées au niveau deleur insertion d’ADN-T. De nombreuxlaboratoires et partenaires deGénoplante étant demandeurs de cetype de matériel de recherche, il s’estavéré rapidement que la quantité degraines produites serait limitante, aussil’unité de recherche Génome et déve-loppement des plantes (CNRS/IRD/univer-sité de Perpignan) a monté, dans lecadre de Génoplante, un projet de col-laboration avec le CIAT (Cali, Colombie)qui a l’infrastructure adéquate pourmultiplier systématiquement la collec-tion de mutants. Ce projet a reçul’agrément des autorités nationalesaussi bien en France (commission deGénie biomoléculaire) qu’en Colombie(Instituto Colombiano Agropecuario). Ilest sous la responsabilité de MathiasLorieux, chercheur de l’IRD affecté auCIAT depuis 2002. Le programme com-prend, en plus de la production desemences, une évaluation préliminairedes caractères morpho-physiologiqueset reproductifs. Une base de donnéesphénotypiques a été mise en place etviendra compléter la base de donnéesmoléculaires (séquences) développée àMontpellier. Une première multiplica-tion pilote de 5000 lignées a été réali-sée avec succès cette année. Le retour

des semences permettra d’alimenter enmatériel deux projets Génoplante degénétique directe visant à l’identifica-tion et à la caractérisation de gènesintervenant dans le développement dugrain et dans la résistance aux agents

pathogènes. Ils concernent plusieurséquipes du CNRS, de l’IRD et du Cirad àMontpellier ; le premier est conduit enétroite collaboration avec une équipede recherche Biogemma.Les prochaines années verront la mon-

tée en puissance de la collec-tion de mutants et sa mise enaccès dans le domaine public(données de séquences flan-quantes et graines). Cette col-lection est appelée à devenirun élément de coopérationinternationale important dansle domaine de la génomiquefonctionnelle du riz. ●

ContactsMichel Delseny, directeur de l’unité derecherche Génome et déve-loppement des [email protected] [email protected]

L e Comité national de luttecontre le sida (CNLS), la facultéde médecine, de pharmacie et

d’odontologie de Dakar (UCAD) et l’IRD

ont mis en place en avril 2003, avec lesoutien de l’Agence nationale derecherche sur le sida (ANRS), de l’Unioneuropéenne et du ministère françaisdes Affaires étrangères, un centre derecherche clinique dans le service desmaladies infectieuses dirigé par lePr Papa Salif Sow au sein du centrehospitalier national de Fann. Ce centrede recherche clinique, s’inscrit dans ledispositif de recherche opérationnelleconcernant le VIH/sida et l’accès auxmédicaments antirétroviraux mis enplace en 1998, et dans la logique des

travaux multidisciplinaires entreprisdepuis 1995 dans le cadre du projetSIDAK coordonné à Dakar par le Dr IbraNdoye du CNLS et en France par le pro-fesseur Éric Delaporte1.Le centre de recherche clinique de Fann«agit en tant que centre de méthodo-logie et constitue le point focal de vali-dation et de traitement des donnéesrelatives à une cohorte de 420 patientsinfectés par le VIH recevant une multi-thérapie antirétrovirale, soit actuelle-ment 20 % des patients du pro-gramme sénégalais de traitement parles médicaments antirétroviraux »,indique Jean-François Étard de l’UR 36.Il ajoute que « le dispositif de recherchepermet actuellement une évaluation de

l’efficacité bioclinique, de l’observanceau traitement, de la survenue de résis-tances virales et de préciser l’effet descoinfections avec les hépatites ».Différents travaux dans le domaine dessciences sociales, coordonnés parBernard Taverne, (adhésions despatients aux traitements, impact indivi-duel et social des traitements, anthro-pologie du médicament) sont égale-ment inscrits dans ce centre.Fin 2004, le centre de recherche cliniquede Fann sera installé dans un nouveaubâtiment d’environ 1000 m2 sur deuxniveaux, à proximité du service desmaladies infectieuses. La construction adébuté grâce à un cofinancement del’ANRS et de l’Union européenne. «Suivi

M a r t i n i q u e

Un atelier derecherche surl’enseignementdu créole et du françaisDepuis le mois de juin 2003,un Atelier de recherche sur l’enseigne-ment du créole et du français dans l’es-pace américano-caraïbe (AREC-F) a étémis en place. Dans un premier temps, ildoit réunir des chercheurs de l’univer-sité des Antilles et de la Guyane (UAG),de l’université d'État d’Haïti et de l’IRD,lors de réunions bimestrielles organi-sées à Fort-de-France. D’autres projetsplus ambitieux pourraient suivre : jour-nées d'étude, colloques, conférences…À visée théorique et pratique, cet ateliera pour objectif de contribuer, de façonpluridisciplinaire, au développement del’enseignement dans des pays etrégions multilingues et pluriculturels.Les sciences du langage y seront pré-pondérantes, mais d’autres disciplines,telles que les sciences de l’éducation, lapsycho-pédagogie, l’histoire, l’anthro-pologie, la sociologie ou les études lit-téraires, viendront apporter leurs contri-butions. L’atelier présente, en outre,une ambition internationale puisque,enseignants-chercheurs, étudiants, etprofessionnels de l’éducation, de plu-sieurs pays, y sont conviés : France(Guadeloupe, Martinique, Guyane),Haïti, Dominique, Sainte-Lucie… ●

ContactDaniel [email protected]

WEB www.gis-ifb.org

clinique des patients et centre deméthodologie seront alors intégrés dansun même lieu, et de nouvelles équipespourront rejoindre le centre et dévelop-per des programmes concernantd’autres pathologies infectieuses,notamment la tuberculose et le palu-disme» explique J.-F. Étard. ●

ContactsJean-François Etard [email protected] Taverne [email protected]

1. UR 36 , VIH/sida et maladies associées.

Lignée de riz mutanteprésentant un nanisme.©

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D a k a r F a n n

Prise en charge et recherche clinique

Exemple de phénotypesmutants présentant

des lésions nécrotiquessimulant une réaction

à l’infection par un pathogène.

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G é n o p l a n t e - R i z

Perspectives en50000 lignées

Génoplante est le programme national de génomiquevégétale. Lancé en février 1999, il associe des institutions

de recherche publique (Cirad, CNRS, Inra, IRD) et des partenaires économiques des biotechnologies végétaleset de la filière semences (Bayer CropScience, Biogemma,Bioplante). Pour sa part, l’IRD est impliqué dans l’étude

d’une espèce «modèle», le riz. Rappelons que 2004 a été désignée Année internationale du riz

par les Nations unies.

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Partenaires

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C ette rencontre intervenait dansun contexte particulier pour lesdeux partenaires. D’un côté, le

Cameroun conduit depuis deux ans uneffort soutenu de coordination de sarecherche1, après une période difficiledurant laquelle le pays a néanmoins suconserver une bonne place parmi les dixpremiers pays africains en termes de pro-duction scientifique2. L’IRD de son côtéaborde simultanément en 2004 le renou-vellement des deux tiers de ses unités derecherche et de service et la négociationd’un deuxième contrat entre l’Institut etl’État. Une période donc où, de part etd’autre, les cogitations sur les thèmes, lesterrains de recherche et les partenariatsvont bon train. D’emblée, Maurice Tchuente, ministre del’Enseignement supérieur du Camerounet professeur de mathématique à l’uni-versité de Yaoundé I a dressé les grandeslignes des ambitions que son ministèreplaçait dans un renouvellement du parte-nariat avec l’IRD : création d’unités mixtesfranco-camerounaises ; établissement derelations scientifiques et techniques avecd'autres pays du Sud et nécessité de biendémontrer à la société camerounaise lerôle de la recherche et son impact sur ledéveloppement. Plus globalement, Zacharie Perevet,ministre de la Recherche scientifique ettechnique qui conduisait la délégationcamerounaise se prononçait pour unerefondation du partenariat sur les prin-cipes suivants : coresponsabilité; renforce-ment de la logique d’équipes associées;capitalisation conjointe des résultats, desproduits et des acquis de la recherche. La réunion de concertation s’est ensuitepoursuivie sous la conduite de CharlesBinam Bikoi, conseiller au cabinet duministre de la Recherche et de laTechnologie et de Serge Calabre, direc-teur général de l’IRD. Au cours de cetteséance de travail tous les secteurs decoopération ont été passés en revue, larecherche, la formation comme la valo-risation des travaux scientifiques et ladiffusion de l'information.

Milieu et environnement La gestion durable des sols et de la res-source en eau passe aujourd’hui par desobservations sur le long terme et à deséchelles régionales. Dans le cadre de

l’observatoire de l’environnement Bassinversant expérimental tropical (BVET), leschercheurs de l’UR 154, Laboratoire desmécanismes de transfert en géologie etde l’université de Yaoundé I réalisent unsuivi des paramètres hydrologiques etbio-géochimiques dans le bassin versantdu fleuve Nyong. Les chercheurscamerounais pourraient à cette occasionnouer des collaborations avec d’autrespays de la zone tropicale possédant desobservatoires équivalents, comme l’Inde.Par ailleurs, une équipe associée àl’UR 50, Hydrosciences, de l’IRD est encours de constitution à l’université deYaoundé I pour le suivi de plusieurspetits bassins versants. Le volcanisme au Cameroun fait l’objetde travaux entre l’UR 31, Processus etaléas volcaniques, l’université deClermont-Ferrand et l’université deYaoundé I. Pour sa part, l’UR 58, Geo-trope, a collaboré avec d’autres équipesfrançaises et l’université de Yaoundé àune importante étude sur la dynamiquedes altérations débutantes sur lesroches basaltiques du Mont Cameroun. En matière de télédétection, le projetDyepca (Dynamique des écosystèmes etpaysages du Cameroun) de l’US 140Espace de l’IRD vise à la réalisation d’unatlas informatique des paysages. Ilpourrait être réalisé en partenariat avecles universités de Yaoudé, Douala, Buea,Dschang et Ngaoudéré.

Ressources vivantesLe laboratoire des symbioses tropicaleset méditerranéennes en collaborationavec l’IRD3 et l’université de Yaoundé sepenchent sur la biodiversité des souches

symbiotiques capables d’aider la crois-sance des arbres de la forêt tropicalehumide. Le Centre de biologie et ges-tion des populations (UR 22) en partena-riat avec l’IRAD travaillent sur les mala-dies de la nécrose du tronc de l’hévéa.Le centre d’économie et d’éthique pourl’environnement encadre diverses opé-rations de gestion des ressources natu-relles au Cameroun, notamment en par-tenariat avec l’IRAD. Enfin, les unités deservice Jachère et Biodival participent àla valorisation de connaissancesacquises au Cameroun en matière agri-cole et de biodiversité végétale.

Santé, nutrition et sécurité alimentaireHuit unités de recherche sont actives auCameroun dans ces domaines (voirtableau)Avec 1700 étudiants au niveau du troi-sième cycle, le Cameroun dispose d’uneressource humaine prête à s’investirdans la rechercher. Pour Didier Fontenillede l’UR 16 Caractérisation et contrôle despopulations de vecteurs, qui travailledepuis longtemps avec le Cameroun,« les étudiants camerounais, de grandesqualité, sont dynamiques et ambitieux, àla fois pour eux-mêmes et pour leurpays». Nombre de ceux qui ont été for-més dans le cadre de cette unité derecherche ont trouvé une place, notam-ment à l’IMPM4 avec lequel le partenariatde l’IRD s’intensifie. En 2004, l’implica-tion de l’UR 16 au Cameroun se renforce,notamment avec l’affectation de 2 cher-cheurs à l’Oceac5. «Le Cameroun est unpays extraordinaire pour les recherchessur les vecteurs de maladie, conclutDidier Fontenille, car du Nord au Sud ladiversité des biotopes s’étend du Sahel àla forêt tropicale. »Enfin dans le domaine des sciencessociales quatre unités de recherche del’IRD sont impliquées au Cameroun. Les

recherches les plus importantes dans cedomaine concernent l’archéologie etl’histoire de l’Holocène. Elles se déve-loppent aujourd’hui dans un partenariatoriginal avec les sciences biomédicales(voir ci-contre). ●

Contact François Rivière,Représentant de l’IRD au [email protected]

1. Voir Sciences au Sud n° 20, mai-juin 2003.2. Voir « l’état des sciences en Afrique»http://www.ird.fr/fr/science/dss/sciences_afrique/index.htm et Sciences au Sud n° 14,mars-avril 2002.3. IRAD : Institut de recherche agricole pourle développement : agriculture, zootech-nique, pêche, aquaculture, foresterie, envi-ronnement.4. IMPM : Institut de recherches médicales etplantes médicinales.5. Oceac : Organisation de coordinationpour la lutte contre les endémies en Afriquecentrale. Son objectif est d’optimiser les stra-tégies de lutte par la recherche scientifiqueet la formation, en menant des travaux dontla diffusion aura un impact positif sur l’effi-cacité et le coût des actions de santé.6. IFORD : l’Institut de formation et derecherche démographiques est une institu-tion intergouvernementale africaine de for-mation et de recherche.7. INC : Institut national de cartographie.

L es pays d’Afrique disposent pourla plupart de moyens insuffisantspour monter des écoles docto-

rales dans certaines disciplines. L’UR

Géodes de l’IRD, en partenariat avecl’université Paris VI et sept universités dequatre pays africain (Sénégal, Maroc,Cameroun et Afrique du Sud) a élaboréun projet de « laboratoire virtuel» sur lethème «modélisation et applicationsthématiques» permettant, à terme, lamise en place d’une école doctorale àl’échelle de l’Afrique. Les thésards, co-encadrés par des professeurs français etafricains et qui travailleront dans l’un despays africains partenaires, bénéficieront

Santé et nutrition au CamerounMères, enfants et soignants faceau paludisme en zone de forêt,qualité et accès aux soins obstétri-caux d’urgence dans les hôpitauxdu Nord-Cameroun

Caractérisation et contrôle despopulations de moustiques vec-teurs du paludisme au Cameroun

UR 02, Socio-anthropo-logie de la santé

UR 16 Caractérisationet contrôle des popu-lations de vecteurs

Université catholiqued'Afrique centrale, université Yaoundé 2,IFORD6, ministère de laSanté.

Oceac, université deDschang, université deYaoundé I

Maladie virales émergentes et sys-tèmes d’information : arboviroseet virus Ebola

UR 34 Maladies viralesémergentes

Centre Pasteur duCameroun, ministère de la Santé

Trypanosomiases africaines : dia-gnostic, épidémiologie et lutte

UR 35 Trypano-somiases africaines

Oceac, université de Yaoundé I

Prise en charge du sida en Afrique UR 36 Prise en chargedu sida

IMPM, ministère desArmées

Paludologie afro-tropicale UR 77 Paludologieafro-tropicale

Oceac, université deYaoundé I

Populations et espaces à risquessanitaires : onchocercose, filariosede Bancroft, bilharzioses et diar-rhées infantiles

UR 93 Populations etespaces à risquessanitaires

Centre Pasteur, universitéde Yaoundé I, IMPM

Nutrition, alimentation et sociétés UR 106, Nutrition, ali-mentation et sociétés

INC7, IMPM, université deDschang.

Clubs JRD

À Yaoundé, le Club JRD Paversréunit 12 jeunes des classesde seconde, première et ter-

minale du Lycée Mballa II. En partena-riat avec le laboratoire d'hydrobiologiede l’université et le laboratoire des eauxdu Centre Pasteur du Cameroun, ilsréalisent des analyses de la qualité deseaux domestiques de quelques quar-tiers de Yaoundé. L’objectif, contribuerà la distribution d’une eau saine et àune éducation environnementale.Les élèves procèdent sur les échantillonsd’eau récoltés dans cinq quartiers deréférence à des analyses microbiolo-giques et physicochimiques. Les pre-mières cherchent à détecter la pollutionpar les bactéries Escherichia coli etStreptoccocus fecalis. Les secondesrecherchent des traces d’ions métalliquesou organiques potentiellement toxiques. En 2003, 10 échantillons sur les 18 exa-minés se sont avérés de qualité insuffi-sante, contaminés par l’une ou l’autredes bactéries recherchées.

Le 2 février 2004 Jean-François Girard, président del’IRD et Benoît Lesaffre, directeurgénéral du Cirad inaugurait le sitecommun IRD/Cirad à Yaoundé.

Sous la houlette de deux ministres, une imposante délégationde responsables de la recherche du Cameroun est venueaffronter les frimas parisiens les 20 et 21 janvier dernierspour la 20e réunion de concertation Cameroun-IRD.

L’IRD au Cameroun

La réunion de concertation s’estconclue par la signature entreZacharie Perevet et Serge Calabre,d’un nouvel accord encadrant lesactivités de l’IRD au Cameroun.

Monts Alantika, Nord-Cameroun.

d’une formation à distance grâce à desvisioconférences en direct.Le premier site du laboratoire virtuel aété inauguré à l’université de Yaoundé Ile 8 janvier 2004 par le ministre del’Enseignement supérieur, MauriceTchuente. Dans la salle mise à dispositionpar l’université camerounaise et compre-nant une vingtaine d’ordinateurs, unepremière conférence en direct a pu êtreorganisée avec le laboratoire de l’UR

Géodes au centre IRD de Bondy. ●

Pour en savoir pluswww.bondy.ird.fr.geodes

L a b o r a t o i r e v i r t u e l

Premier site à Yaoundé

Toujours à Yaoundé, un deuxième ClubJRD, Abog, regroupe les plus jeunesadhérants d’une ONG d’éducation com-munautaire, Forum des jeunes pour lapromotion du développement. En parte-nariat avec l’équipe de l’UR050 «Hydro-sciences», ils réalisent une recherchebibliographique et de terrain sur l’impactdu changement climatique mondial sur lerégime des pluies et des fleuves au centredu Cameroun. On constate en effet undéficit du régime du fleuve Ntem estiméà 17 % dans les années 2000 par rapportaux années 1990. La conséquence la plusévidente est une moins grande aptitudedes barrages hydro-électriques à se rem-plir pour affronter la saison sèche. Alliés àune mauvaise gestion de l’eau par lesrepreneurs de la privatisation de la com-pagnie nationale d’électricité, unmanque d’entretien des structures, unmanque d’investissement en matériel etune augmentation perpétuelle desbesoins en énergie avec la croissance despopulations et des villes, le pays est sou-mis de plus en plus souvent, en saisonsèche, à des campagnes de délestageélectrique tournante qui sont uneentrave au développement. ●

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Anthropologie etdéveloppementL’UR92 Adentrho (Adaptationshumaines aux environnements tropi-caux durant l’Holocène) mène auCameroun des recherches archéolo-giques systématiques1. Parallèlement,elle conduit des programmes àdimension biologique, où la réflexionsur le temps long est utilisée dansune perspective médicale.Le premier programme évalue lesconséquences médicales des transi-tions sociologiques que constituent lepassage à l’agriculture chez les chas-seurs-cueilleurs Pygmées2 et le pas-sage de la vie rurale à la vie citadine.Si la sédentarisation a apporté auxPygmées certains avantages, commela commercialisation des produits dela forêt ou l’accès aux écoles, et undébut d’expansion démographique,elle les a aussi exposés à des maladiesépidémiques, circulant le long desroutes, qui les affectaient peu aupa-ravant. Quant à l’urbanisation, ellesuscite des maladies de surchargetelles que l’obésité, qui prennent unedimension préoccupante dans tousles pays du Sud.Le deuxième programme vise à éla-borer une carte génétique des popu-lations du Cameroun et, à terme, detoute l’Afrique centrale. Il est menéen collaboration avec l’université duMaryland, qui étudie le cimetière desesclaves de New York, daté duXVIIIe siècle : l’ADN des squelettes a puêtre extrait et les séquences géné-tiques pourront être comparées desdeux côtés de l’Atlantique. Le minis-tère du Tourisme du Cameroun et leprogramme Route de l’esclave del’Unesco sont impliqués en raisondes retombées économiques queconstituerait la visite de lieux demémoire par les Africains-Américains. Ce projet va permettrede contribuer de façon décisive, àl’étude du peuplement de l’Afriquecentrale et plus généralement, àl’histoire de l’humanité depuis sesorigines. En outre, unebanque de donnéesgénétiques de référencesera établie dans chaquepays, afin de permettrel’étude de la relationentre génétique et mala-dies. Un chapitre particu-lièrement prometteursera l’étude de la coévo-lution de parasites telsque ceux du paludisme,avec des gènes humainsqui ont pu être sélection-nés en réponse à cesinfections.Ainsi, la collaboration dessciences humaines (arché-ologie, histoire, anthropo-logie) et des sciences bio-médicales (épidémiologie,génétique et archéogéné-tique) ouvre des perspec-tives nouvelles conduisant à desapplications directes pour le dévelop-pement, dans le domaine de la santéou de l’économie. ●

ContactAlain [email protected]

1. Froment A. & Guffroy J. (directeurs).2003. Peuplements anciens et actuels desforêts tropicales. Éditions IRD.2. Un terme consacré par l’usage, etemployé ici par simple commodité.

Les Pygmées ne rentrentplus dans le clichétraditionnel du chasseurvivant en forêt. Ici unBakola de la région de Kribi,employé sur le chantier del’oléoduc Tchad-Cameroun,mars 2002.

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Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 24 - mars/avril 2004

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C’est dans ce domaine que l’expé-rience de la Grameen Bank (fondée parle Pr Yunus en 1976 au Bangladesh) aété la plus importante, avec notam-ment l’introduction du prêt groupé. Aulieu de prêter à une seule personne, onprête à un groupe de personnes quisont collectivement et solidairementresponsables du remboursement, cequi met en jeu la réputation de chacunet encourage le remboursement. Cette recherche d’une bonne technolo-gie des opérations de microcréditsemble à l’heure actuelle complètementacquise par les opérateurs. La questionest de savoir comment et dans quellesproportions subventionner les opéra-tions et augmenter le volume financierattribuable au microcrédit.

Quel est l’impact de la microfinancesur la croissance des pays, l'inéga-lité et la parité?À l’échelle nationale, l’impact est diffi-cile à estimer. Le microcrédit en tantque tel ne peut pas générer beaucoupde croissance supplémentaire, comptetenu de la faiblesse des sommes mobi-lisées. Ce qui ne veut pas dire que cesopérations sont sans effet ! Mais c’est àl’échelle locale que leur efficacité est laplus évidente et les progrès manifestes.En permettant des investissements quiaugmentent les revenus permanents(création de micro-entreprises, achat debétail…), le microcrédit est devenu sansaucun doute un outil majeur de luttecontre la pauvreté. Il permet de réduirele revenu potentiel des ménages ainsique leur vulnérabilité à des chocs exo-gènes personnels (maladie ?). Les

ménages empruntent donc pour desraisons de consommation comme pourdes raisons d’investissement. Si l’effetde la microfinance est net en matièrede pauvreté, il est de moindre impor-tance lorsque l’on considère l’inégalitédes revenus dans l’ensemble de lapopulation. On peut cependant antici-per un effet réducteur sans pouvoir enévaluer l’ampleur. Si, comme on lepense, des investissements productifsont été réalisés grâce au microcrédit, ousi une part plus importante des revenusa pu être dédiée à l’éducation desenfants, cela devrait contribuer à unediminution des inégalités futures,visibles une fois les investissements arri-vés à maturité ou les enfants devenusdes adultes sur le marché du travail.Beaucoup de microcrédits subvention-nés et initiés par des ONG notammentont concerné les femmes. Celles-ci rem-bourseraient, dit-on, plus fidèlementque les hommes, induisant de fait unbiais dans l’attribution des microcrédits.Je ne suis pas sûr qu’il y ait des résultatsgénéraux là-dessus. Mais dans les socié-tés où le crédit complètement informelest plus accessible aux hommes qu’auxfemmes, le fait que le prêt issu d’éta-blissements de crédit ayant pignon surrue devienne accessible aux femmesmodifie leur pouvoir de négociation àl’intérieur du ménage.

Quelles sont les raisons de sonessor? Les établissements de microfinance sesont professionnalisés, les techniquesfinancières se sont développées. On adécouvert que des secteurs, jugés

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Famille nombreuse au Togo.

insolvables, qui échappaient aux opéra-tions de crédits, étaient plus rentablesque prévu. Parallèlement, la mentalitédes gens a changé. Ils font plus facile-ment appel au microcrédit, gèrent plusrationnellement les risques et réagis-sent bien aux incitations à rembourserprésentes dans les différentes formesde crédit. Toutes les formes existent :crédit solidaire, crédit mutuel… À l’ori-gine, la microfinance se résumait aucrédit mutuel complètement informel,la tontine – une mutualité de gens quiregroupent leurs apports – prenant laforme de crédit mais aussi d’assurance.Aujourd’hui les tontines se sont trans-formées pour la plupart en mutuellesde crédit gérées par des communautés.Si le champ de ces actions reste iden-tique, le problème est de savoir si ellesrelèvent de l’initiative d’un établisse-ment financier ou d’une initiative indé-pendante, sans rapport direct avec lesystème bancaire.

Quelle est l’attitude de la BanqueMondiale vis-à-vis de la microfi-nance et plus généralement del’économie solidaire? La Banque mondiale finance indirecte-ment beaucoup d’opérations de micro-finance. Elle ne se lance pas elle-mêmedans des opérations de microcrédit,mais elle finance des banques et desprogrammes qui se spécialisent dansces opérations. La Banque mondiale a

François Bourguignon lors d’une récente visite en Inde.

L a nouvelle formule du CEPED,15 ans après sa création, a étéstimulée à la fois par le minis-

tère des Affaires étrangères (MAE), parles centres de recherches partenairesdu Sud et par deux de ses membresfondateurs l’IRD et l’INED2. Sont venuess’y associer pour quatre ans les univer-sités de Paris I, Paris V et Paris X.Les activités du CEPED sont mises enplace à travers 16 réseaux de rechercheinscrits dans quatre champs théma-tiques. Ces derniers correspondent auxgrandes problématiques du domainePopulation et Développement : Santéde la reproduction ; Sociétés, familles etgenre ; Peuplement, urbanisation,mobilité et environnement ; Méthodo-logies, collecte et analyse. Chaque réseau est confié à un cher-cheur qui joue le rôle de tête de réseau.Les modalités de fonctionnement desréseaux sont diverses : elles se décli-nent en séminaires, ateliers et réunionsinternes de travail ou encore en exper-tises scientifiques et documentaires.Signalons ainsi la mise en place avec lelaboratoire Population, environnement,développement (unité mixte IRD - uni-versité de Provence 151) de troisréseaux, portant respectivement sur laquestion du sida, des droits reproduc-tifs et de l’avortement.

Appui aux réseauxLe CEPED a d’abord cherché à appuyerles réseaux africains déjà constitués,comme le réseau FASAF – Famille, scola-risation en Afrique – crée il y a cinq anspar l’UEPA3. Le réseau traite une problé-matique peu développée en démogra-phie, la génération de la demanded’éducation de la part des familles. Ilest abrité par l’UERD4 dans le cadred’une convention de réseau conjointUEPA-CEPED. À noter aussi l’action duCEPED au sein du réseau internationalINDEPTH5 qui contribue à favoriser leséchanges et les collaborations scienti-fiques entre les équipes des observa-toires francophones africains et leurscollègues anglophones.Un autre exemple, le réseau Genre,développement et population a orga-nisé un atelier en collaboration avecl’Institut français de Pondichéry sur laSurmasculinité des naissances en Asie.Il a permis aux partenaires indiens, chi-nois et d’autres pays d’Asie du Sud-estde se rencontrer pour la première foisautour de cette question.

Un rapprochement entre rechercheet politiqueLe MAE et le CEPED ont décidé la mise enœuvre de contrats d’objectifs. Réviséschaque année, ils visent à donner des

M i c r o f i n a n c e

«L’époque pionnière est révolue»s u i t e d e l ’ e n t r e t i e n a v e c F r a n ç o i s B o u r g u i g n o n

Un colloque surla microfinanceà PondicheryUn colloque portant sur le thème«Microfinance et Empowerment», co-organisé par le laboratoire Population,environnement, développement (IRD/université de Provence) et le centreWalras (CNRS/université Lyon 2), s’estdéroulé les 7 et 8 janvier dernier à l’Ins-titut français de Pondichéry. 120 per-sonnes ont participé à 40 contributionsportant principalement sur l’Inde et leBangladesh, et un ouvrage résumant lesdébats vient d’être publié1. Pour IsabelleGuérin2, ce colloque a notamment étél’occasion de mettre en évidence cer-taines caractéristique de la microfi-nance. Ainsi, il existe une grande diver-sité des impacts observés, certains trèspositifs, d’autres très négatifs comme lesurendettement des clients, qui tientautant à la variété des organismes demicrofinance qu’aux méthodes d’en-quêtes et d’analyses utilisées. Outre lecaractère innovant de certains disposi-tifs, en particulier en matière d’accom-pagnement, l’importance cruciale d’une«bonne gouvernance» a été soulignée.Plus que tel ou tel «modèle» que l’on atrop souvent tendance à opposer (indivi-duel, coopératif, Self-help-groups, etc.),c’est la transparence et une répartitionclaire des responsabilités entre les diffé-rentes parties prenantes qui priment.Les risques d’instrumentalisation de lamicrofinance par les États et par les par-tis politiques, de même que l’exclusionde certains groupes comme les pluspauvres mais aussi une partie des micro-entreprises, considérées comme trop«riches», constituent un revers de lamédaille. Il existe donc des contradic-tions entre le particularisme des actionsde microfinance et une approche glo-bale de la justice sociale. Par exemple,les résultats positifs mais de court termeet/ou propres à tel ou tel groupe social,ne conduisent pas nécessairement à une réduction des inégalités sur le longterme. ●

Contact Isabelle Gué[email protected]

1. Exclusion et liens financiers. Rapport ducentre Walras, sous la direction d’IsabelleGuérin et Jean-Michel Servet, 2003, ÉditionsEconomica2. Isabelle Guérin poursuit ses recherchesdans le cadre du laboratoire Population,environnement, développement de l’unitémixte de recherche 151 IRD-université-deProvence.

S o r g h o

Retour au NigerLe jeudi 12 février, M. Denis Vène,ambassadeur de France au Niger, a visitél’IRD et rencontré chercheurs et parte-naires présents. Chaque équipe lui aexposé les éléments majeurs des pro-grammes et une discussion animée aporté sur la désertification, la qualité deseaux, les problèmes de conservation.«L’ambassadeur s’est félicité de notresouci de conduire nos recherches avecun partenariat national motivé par desexigences de qualité, rapporte FrancisKahn, représentant de l’IRD au Niger. Ilnous a aussi encouragés à poursuivre età renforcer nos collaborations afin demultiplier plus encore les synergies avecles forces françaises de recherche auservice du développement.»Le même jour, accompagné du repré-sentant de l’IRD, l’ambassadeur a présidéà la remise officielle des collections desorghos à M. Mahamam Issaka, direc-

teur général de l’Institut nationald’agronomie du Niger (INRAN), enprésence de M. Bachir AbdouChaibou, secrétaire général duministère du Développement agri-cole, de Mme Maïkorema,conseillère technique auprès de ceministère, des chercheurs de l’INRAN

et de Gilles Bezançon, généticiende l’IRD. Pour le Niger, des prospec-tions avaient été réalisées de la finoctobre à la fin décembre 1976dans 189 villages répartis dans

toute la zone de culture des mils et sor-ghos du pays. Les 534 échantillons desorgho remis étaient conservés aucentre IRD de Montpellier. ●

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éléments permettant au MAE de mieuxasseoir ses activités d’appui et decoopération aux pays partenaires duSud. Cela a permis au Ceped d’élabo-rer en 2003 un document synthétiquefaisant état de la recherche dans ledomaine de la santé, de la reproduc-tion et de la lutte contre le sida, de lafamille et de l’éducation ainsi que dansdes politiques de population.Le CEPED a mobilisé les membres de sesréseaux afin de participer en 2004 à la37e Commission sur la population et ledéveloppement de l’ONU qui portera surl’évaluation du plan d’action élaborélors de la Conférence du Caire en 1994.

ValorisationLe CEPED se préoccupe d’organiser desateliers de formation à la collecte et autraitement des données biographiquesou issues des observatoires de populationainsi que de la production de manuelsd’aide à leur mise en œuvre. Il participe àl’organisation, avec l’Institut de démo-graphie de l’UCL6 de Louvain-la-Neuve etl’IFORD7, du cours d’été de formation enfécondité et santé de la reproduction.Le CEPED diffuse et valorise ses activitésen publiant une Chronique et des

Dossiers regroupant des documents desynthèse. Pour mettre à disposition deschercheurs africains des données diffi-cilement accessibles, il est envisagé deconstituer des bases de données biblio-graphiques sur CD et sur le web. ●

Contact André [email protected]

1. Centre Population et Développement.2. Institut national des études démogra-phiques.3. Union pour l’étude de la population afri-caine.4. Unité d’enseignement et de recherche endémographie, université de Ouagadougou. 5. International Network of field sites withcontinuous Demographic Evaluation ofPopulations and Their Health.6. Université catholique de Louvain-la-Neuve.7. Institut de formation et de recherche endémographie, Yaoundé.

toujours encouragé de telles politiquessur la base de l’argument d’efficacitééconomique, précédemment évoqué,de taux de rendement beaucoup plusélevés dans la partie informelle del’économie que dans la partie formelle.Cette plus grande efficacité contribue àdiminuer la pauvreté, premier objectifde la Banque mondiale. Aujourd’hui, lapartie pionnière de la microfinance estderrière nous. Tous les pays ont enviede disposer de tels programmes etceux qui ont des difficultés pour lesmettre en place peuvent solliciter l’aidede la Banque mondiale ou des banquesrégionales de développement. Les paysayant leurs propres spécificités socio-économiques, politiques et culturelles,il revient à chacun d’eux d’établir desprogrammes qui sont les mieux adap-tés à leurs propres conditions. LaBanque mondiale peut jouer un rôle deconseil, mais n’imposera pas un modeopératoire particulier dans tel ou telpays. Hormis le microcrédit, d’autresdomaines de la microfinance font l’ob-jet de recherches et d’expérimenta-tions. C’est notamment le cas de lamicro-assurance, qui cherche à couvrirles risques climatiques locaux. ●

ContactFrançois [email protected]

C E P E D `

Démographie en réseauxLe groupement d’intérêt scientifique axé sur la populationet le développement, le CEPED1, vient d’être renouvelé15 ans après sa création. Ses partenariats sont regroupésselon un nouveau principe de fonctionnement – enréseaux – avec comme objectif prioritaire d’appuyer les équipes de recherche dans les pays du Sud

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Sept variétésde sorgho.

WEB http://ceped.cirad.fr

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a microfinance est uneinnovation multiformedont l’objectif premierest de fournir descapacités d’épargne,

de prêt et d’assurance à des popula-tions rurales ou urbaines qui n’ontpas accès aux services financiersdélivrés par les circuits bancairescommerciaux. C’est le cas de lamajorité des populations du Sud et,en particulier, 90 % de la populationafricaine (100 % en milieu rural).Pour les banques soumises à descontraintes de rentabilité immé-diates et de solvabilité, la gestion detrès petits dépôts et retraits d’ar-gent, ainsi que les crédits de faiblesmontants, souvent dispersés géogra-phiquement et sans réelles garantiesde remboursement, ne s’avèrentguère rentables. De fait, ces popula-tions recourent à une finance infor-melle qui prend la forme des ton-tines, de banquiers ambulants, decaisses de solidarité, etc. Ces pra-tiques, très adaptées aux réalitéslocales, mêlent l’économique, lesocial et reposent sur la confiance etle réseau de proximité. Cependant,elles disposent de faibles ressourcesfinancières, s’avèrent coûteusesavec des taux d’intérêt élevés, et ris-quées, certains banquiers ambulantsou garde-monnaies pouvant partiravec les dépôts de leurs clients !

Le champ des possiblesLa microfinance, qui propose desservices financiers de qualité, seprésente comme un secteur intermé-diaire permettant à ses utilisateursde lever les contraintes et « d’élargirle champ des possibles ». Elles’adresse non seulement à ceux quel’on qualifie de pauvres ou « d’extrê-mement pauvres » (vivant avecmoins d’un dollar par jour) maisaussi à de petits producteurs. Lessommes prêtées ou épargnées sontpeu élevées, les crédits n’atteignantpas 1 000 dollars pour la plupart. Avec le sommet mondial du micro-crédit (Washington 1997), la microfi-nance est apparue comme un outilessentiel de lutte contre la pauvreté.Mais la fragilité financière de cer-taines institutions de microfinanceen Amérique latine ou en Afrique, lafaible rentabilité du secteur, le chan-gement d’attitude de certainsbailleurs de fonds qui tendent à seconcentrer sur les créneaux les plusrentables (comme les petits entre-preneurs urbains, au détriment dusecteur rural), ont suscité inquié-tudes et interrogations. Depuis une vingtaine d’années, lamicrofinance fait l’objet de contro-verses entre spécialistes et dedébats publics notamment en termesd’objectifs et de publics. «Pour lesuns, elle illustre les potentialités des

entrepreneurs, qui, s’ils sont libérésdes contraintes de l’État et accèdentaux services financiers, créententreprises et emplois. Pour lesautres, elle permet aux populationsexclues des systèmes bancairescommerciaux et dépendants desfournisseurs et des usuriers, dedévelopper différentes activités pro-ductrices rentables et d’améliorerleurs conditions de vie ainsi que leurstatut social », expliquent Dominiquegentil de l’Institut de recherches etd’applications des méthodes dedéveloppement (IRAM) et Jean-MichelServet, économiste à l’IRD et àl’Institut français de Pondichéry (IFP)en 2001-2002 et actuellement pro-fesseur à l’Institut d’études universi-taires du développement (Genève).

Levier du développement ?Comment comprendre la contribu-

tion actuelle de la microfinance au

développement, ses potentialités et

ses limites ?Les chercheurs estiment que la micro-finance ne doit pas se concevoir uni-quement comme un phénomène localmais s’inscrire dans le processusgénéral de mondialisation. Reconnuecomme un levier efficace de «dévelop-pement», elle ne représente cepen-dant qu’un élément important qui doit

En offrant des services financiers à despopulations qui en étaient exclues, la microfinance

modifie l’économie, le social, le politique et le culturel. Pour comprendre sa contribution

au développement et clarifier les débats qu’ellesuscite, des études pluridisciplinaires s’imposent.

rentrer en synergie avec d’autres fac-teurs pour obtenir des changementsdurables et significatifs. Les analysesscientifiques comparant la nature desdispositifs mis en œuvre et leurseffets respectifs restent à ce jour trèsminoritaires, par rapport auxapproches locales. «On est passé del’analyse de l’impact micro-écono-mique du crédit à l’étude des nou-veaux rapports qui s’établissent entrefinances, économie et société, enmobilisant de nouvelles approchesthéoriques sur la monnaie, l’informa-tion ou l’économie institutionnelle eten essayant de rompre le cloisonne-ment entre approches économique etsociologique», note François Doligez,économiste à l’IRAM. La microfinancedevrait donc constituer un objet scien-tifique en tant que tel, nécessitant uneapproche multi ou interdisciplinaire.C’est précisément dans ce sens qu’estd é v e l o p p édepuis 2002 àl’IFP un pro-gramme der e c h e r c h e ,avec le sou-tien de l’IRD. ●

D ans le cadre de sa thèse, Salima Djebbari (université Paris VIII/Centre d’études et de documentation économiques, juridiques et

sociales) a suivi, en Égypte, le devenir de 14 femmes ayant bénéficiéd’un microcrédit depuis plus de 5 ans à la faveur d’un programmefinancé par l’US Agency for International Développement. Leurs expé-riences concernaient des activités diverses (fabrication de vêtements,gestion d’épiceries, de cordonneries, vente de nourriture), dans plu-sieurs quartiers populaires du Caire. Ces femmes ont bénéficié demicrocrédits d’un montant de 1000 à 2000 livres égyptiennes (200 à400 euros) qui leur ont permis de reprendre le travail d’un épouxdécédé, d’initier de nouveaux projets ou de continuer les activités fami-liales antérieures. Grâce à ces prêts, leurs conditions de vie se sont amé-liorées, toutes les femmes ayant de plus réussi à respecter les échéancesde leurs crédits et ce, malgré les difficultés rencontrées (faible demande,concurrence…). Cependant, l’enquête montre que le microcrédit peutposer des problèmes spécifiques dès lors qu’il s’adresse à des femmesdans une société musulmane. L’Islam condamne en effet l’intérêt usu-raire. En s’engageant à rembourser un prêt à intérêt, les femmes s’ex-posent à la réprobation du voisinage alors que la qualité du réseau deproximité est une clé de réussite de leurs entreprises. De plus, cesfemmes développent des activités économiques autonomes qui les fontsortir de la stricte sphère domestique, une émancipation contraire à lanorme sociale dominante dans les quartiers populaires urbains. En réac-tion, elles éprouvent le besoin de légitimer constamment leur positionsociale, insistant sur leur moralité, la pureté de leur intention et lavolonté divine. De fait, le strict remboursement des dettes à l’échéanceconstitue pour elles une priorité, demeurer endetté étant incompatibleavec leur réaffirmation d’une place «honorable» dans la société. ●

Contact Jean-Yves Moisseron [email protected]

Accès au microcrédit : le cas de femmes musulmanes

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Étude d’impactLes programmes de microfinance sontsouvent cités comme outil de luttecontre la pauvreté. Comment évaluerleur pertinence et leur efficacité réelle?Peu d’études d’impact quantitatives ontété réalisées à ce jour. La raison relève àla fois d’un manque de données appro-priées et de la complexité des tech-niques d’analyse pour établir des com-paraisons contrôlées entre bénéficiaireset non bénéficiaires de ces pro-grammes. Des chercheurs de l’IRD/DIAL

se sont penchés sur le cas d’une institu-tion de microfinance (IMF) intervenantauprès de micro-entrepreneurs d’Anta-nanarivo (Madagascar), en mettant enplace un protocole d’enquêtes spéci-fiques et en recourant à la méthodedite « des groupes appariés » (mat-ching). À partir de deux enquêtes origi-nales réalisées en 2001 sur l’impact decette IMF, ils ont pu établir un profil desbénéficiaires du programme et mesurerles changements induits par les finance-ments qui leur ont été accordés.Ces programmes, apparus à Mada-gascar dans les années 1990, se sontensuite rapidement multipliés, soute-nus par les bailleurs de fonds (FMI,Banque mondiale, PNUD…). «L’impactdes crédits attribués par l’IMF à sesclients s’est révélé positif : que ce soiten termes de productivité par tra-vailleur ou par nombre d’heures tra-vaillées, de volume de production oude chiffre d’affaires, les performancesdes entreprises clientes se sont enmoyenne accrues avec le recours au

crédit », expliquent FloreGubert et FrançoisRoubaud, économistes àl’IRD et auteurs de l’étude.Cependant, le secteur dela microfinance ne touchequ’une faible minoritédes micro-entreprisesrecensées, révélant unfaible taux de pénétrationdes IMF œuvrant àAntananarivo et uneméconnaissance de lapart des micro-entrepre-neurs des services quepeuvent allouer ces insti-tutions. Ainsi, seules30 % des micro-entre-prises déclarent connaîtreune IMF et parmi elles,8 % ont fait unedemande de crédit en2001. L’impact de l’IMF,

s’il est significatif à l’échelle micro-éco-nomique, est néanmoins faible àl’échelle de l’économie globale. L’analyse des caractéristiques des béné-ficiaires montre que si l’IMF semble,conformément à sa mission, s’adressereffectivement à une clientèle de petitesentreprises urbaines du secteur infor-mel, elle ne touche en réalité que les«plus riches» d’entre elles. En effet, lesmicro-entreprises financées sont initia-lement mieux dotées en travail et encapital et plus dynamiques que lamoyenne des unités de production dusecteur informel, tous secteurs confon-dus. Ce phénomène de sélection auprofit des «plus riches des pauvres»soulève plusieurs questions, dont celledes effets de substitution : la progres-sion de l’activité des entreprisesclientes de l’IMF ne conduit-elle pas à lafaillite de concurrents initialementmoins favorisés au départ, dans uncontexte de faibles débouchés? Danscette perspective, l’impact positif del’action de l’IMF serait bien moindre quecelui mesuré. Les enquêtes de suivi encours et l’amélioration des techniquesd’évaluation d’impact devraient per-mettre d’apporter des éléments deréponse à ces questions. ●

ContactsFlore Gubert (IRD/DIAL)[email protected]çois Roubaud (IRD/DIAL)[email protected]

Femmes commerçantes, Saint-Louis, Sénégal.

Cireur de chaussures, Mexico.

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Atouts et limitesde la microfinance

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Atouts et limitesde la microfinance

Le Caire.

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ContactsFrançois Doligez, [email protected] [email protected] Guérin et Dominique [email protected]

1. Un colloque «Microfinance et Empower-ment » s’est tenu les 7 et 8 janvier dernierà l’Institut français de Pondichéry. Voir lerésumé en page 6.2. Deux ouvrages, «Exclusion et liens finan-ciers. Rapport du centre Walras», réalisésous la direction d’I. Guérin et J. M. Servet(éditions Economica) et «Microfinance :From daily to social change», sous la direc-tion d’I. Guérin et J. M. Servet (éditions IPF,Institut français de Pondichéry), sont pré-sentés en page 14 du journal. IsabelleGuérin, économiste à l’IRD (UR151, LPED) et àl’Institut français de Pondichéry est égale-ment l’auteur d’un ouvrage intitulé«Femmes et économie solidaire», qui a faitl’objet d’une fiche d’actualité scientifique(n° 185, octobre 2003) et d’un article dansSciences au Sud n° 22 (nov./déc. 2003).

Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 24 - mars/avril 2004

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RéciprocitéLa plupart des espèces végétales viventen association ou symbiose avec desmicroorganismes, champignons ou bac-téries. Deux principaux types de sym-biose sont particulièrement importantesen agronomie : les symbioses avec desbactéries qui permettent aux végétauxde fixer l'azote atmosphérique gazeux ;les symbioses (dites «mycorhiziennes»)avec des champignons grâce aux fila-ments desquels la plante peut mieuxpuiser eau et éléments nutritifs dans lesol. En échange, les microorganismesreçoivent de leur hôte certains nutri-ments qui leur font défaut (sucresnotamment). Dans les régions arides etsemi-arides où les sols manquent d'eauet d'éléments nutritifs, les symbiosesfixatrices d'azote et/ou mycorhiziennessont très importantes pour la croissancedes plantes et leur survie dans desconditions de stress (sécheresse, sali-nité…). En augmentant la richesse destissus végétaux, notamment en pro-téines, elles participent à l'améliorationde leur qualité nutritionnelle. Ces sym-bioses permettent également un enri-chissement des sols, par les exsudationsracinaires au cours du développementde la plante puis lors de la décomposi-tion de ses différents organes. Ellescontribuent ainsi à la protection de l'en-vironnement, en limitant le recours auxengrais chimiques, sources de pollutiondes nappes phréatiques et de la couched'ozone atmosphérique.Si les associations plantes-microorga-nismes dans les milieux tempérés sontrelativement bien connues, ce n'est pasle cas de la majorité des symbioses tropi-cales et méditerranéennes. On estimepar exemple que moins de 10 % des rhi-zobiums1 associés aux 17000 légumi-neuses recensées ont été caractérisés. Laplupart des bactéries et des mycorhizesassociées aux plantes tropicales consti-tuent ainsi un réservoir de biodiversité aupotentiel agronomique largement inex-ploité. C'est dans ce cadre que le labora-toire de microbiologie de Bel Air à Dakar,créé par l’IRD en 1970, s’attache depuisplusieurs années à mieux connaître ladiversité, l’écologie et le fonctionnementdes symbioses bactériennes et mycorhi-ziennes des régions sahéliennes. Cetteéquipe rassemble aujourd’hui une qua-rantaine de chercheurs et techniciens del’Institut (UR040), de l’université CheikhAnta Diop (UCAD), de l’Institut sénégalaisde recherches agricoles (ISRA) et du CIRAD-Forêt. Ce partenariat scientifique delongue date vient de se formaliser par lacréation d’un laboratoire commun à l’IRD,l’UCAD et l’ISRA, création qui contribue àrenforcer la dynamique scientifique del’équipe. Cette cohésion tout comme leniveau d’équipement du laboratoire tanten microbiologie classique qu’en biolo-gie moléculaire lui permettent de s’affir-mer comme une plate-forme de hautniveau très attractive pour de nombreuxchercheurs au niveau national, régionalet international. D’ores et déjà, deséquipes scientifiques d’organismes derecherche ouest-africains sont accueilliesdans ce laboratoire. ●

ondamentales ou appli-

quées, les diverses

études entreprises par

le laboratoire commun

de microbiologie de Bel

Air ont pour objectif commun une

meilleure utilisation dans la zone

sahélienne des microorganismes sym-

biotiques dans la perspective d’ac-

croître à la fois leur potentiel agrono-

mique et leur rôle bénéfique en

matière de protection de l'environne-

ment. «À cette fin, explique Marc

Neyra, microbiologiste (UR 040) et

responsable IRD du laboratoire, nos

recherches sont organisées autour de

trois axes complémentaires. Le pre-

mier concerne la diversité des

souches de microorganismes pré-

sentes dans les régions arides et

semi-arides. Le second porte sur le

fonctionnement des symbioses, et en

particulier l’écologie des rhizobiums

e développement des

recherches sur la

diversité microbienne,

lié à l'essor rapide des

techniques de biologie

moléculaire, a permis au cours de ces

dernières années de montrer la

grande diversité taxonomique et sym-

biotique des rhizobiums des zones

arides et semi-arides d’Afrique de

l’Ouest. Ceci a conduit à la descrip-

tion de nouveaux genres et de nou-

velles espèces associées à différentes

légumineuses de la zone sahélienne.

Ces mêmes techniques appliquées

aux champignons mycorhiziens moins

bien connus laissent entrevoir égale-

ment un développement rapide des

connaissances sur leur diversité.

L’une des hypothèses sur lesquelles

se fondent les recherches du labora-

toire commun de microbiologie de Bel

Air est que la diversité taxonomique

observée au sein des microorga-

nismes symbiotiques des sols sahé-

liens est le reflet d’une diversité fonc-

tionnelle. «On comprend donc qu’il

est essentiel de mieux connaître cette

diversité pour une utilisation opti-

male des symbioses en agriculture,

en agroforesterie, et pour la protec-

tion ou la régénération de l’environ-

nement», souligne Mamadou Gueye,

chercheur à l’ISRA.

Dans cette perspective, les cher-

cheurs ont entrepris un inventaire

aussi large que possible de la diver-

sité rencontrée dans les différentes

conditions d’environnement du

Sénégal, notamment à la suite de

campagnes de prospection sur le

niébé au Sénégal oriental, dans le

bassin arachidier et la vallée du

fleuve Sénégal. Au total, plus de

250 nodules provenant de 56 sites

ont été collectés et analysés par PCR1.

L’analyse de la fréquence d’apparition

et de la répartition géographique des

souches de rhizobiums a mis en évi-

dence une diversité beaucoup plus

importante au nord, dans la vallée du

Complémentarité

L’université Cheikh Anta Diop, l’Institutsénégalais de recherches agricoles et l’IRD

unissent leurs forces au sein du laboratoirecommun de microbiologie de Bel Air à Dakar.Leur objectif : mieux connaître les relations

entre espèces végétales, sol et microorganismes, pour accroître les performances agronomiques

de ces symbioses et leurs effets bénéfiques pourl’environnement. Un partenariat au bel avenir…

à la lutte contre la désertification et

l'érosion, à la régénération des sols,

ou à la production de bois et de four-

rage. Des études approfondies sont

aussi menées sur la diversité des rhi-

zobiums associés au niébé, de façon à

comprendre pourquoi cette légumi-

neuse, parmi les plus importantes cul-

tivées au Sénégal1, n'a jamais montré

de réponse à l'inoculation avec les rhi-

zobiums. Des études similaires por-

tent sur le haricot2 qui, lui, en

revanche, réagit de façon positive à

l'inoculation. «D’autres études por-

tent sur des légumineuses fourragères

ou de couverture, ajoute Marc Neyra,

et en particulier sur les espèces du

genre Crotalaria, connues pour leur

dépendance mycorhizienne, leur forte

capacité à fixer l’azote atmosphérique

et leur aptitude à inhiber le dévelop-

pement des nématodes à galles

(Meloidogyne), parasites majeurs des

plantes maraîchères.» Une attention

particulière est également portée à

Zornia glochidiata, petite légumineuse

fourragère très appréciée par le

bétail, répandue dans toutes les

Diversité

Compétition

Le fonctionnement des symbioses est d’autant plus complexe que plusieurssouches de bactéries peuvent sur une même plante ou dans le sol alentour

devenir rivales. Il est en effet apparu sur différentes espèces végétales analy-sées que certaines souches de rhizobiums étaient très compétitives et sup-plantaient largement d’autres présentes dans le sol ou avec lesquelles ellesavaient été co-inoculées. D’autres souches par contre, bien que capables d'in-duire la nodulation des plantes au laboratoire, se sont avérées incapables dele faire en présence d'autres souches dans le sol. Certains facteurs, tels que laprésence de champignons mycorhiziens ou le nombre de souches de rhizo-bium en mélange, peuvent influer sur la compétition. «L’ensemble de cesobservations nous a amenés à instaurer un contrôle systématique des souchesoccupant effectivement les nodules, après tout essai d’inoculation, en serrenotamment, précise Ibrahima Ndoye, maître de conférences à l’UCAD. Desorganismes vivants (bactéries de la rhizosphère, nématodes, végétal) ou cer-tains facteurs environnementaux (stress hydrique, stress salin, pauvreté dessols en éléments minéraux, phosphore notamment) que nous étudions ontégalement un impact sur cette compétition, ce qui illustre bien la complexitédes mécanismes mis en jeu. » ●

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et champignons mycorhiziens, qui

nous conduit par exemple, à étudier

les conditions environnementales

favorables à leur développement ou

encore les phénomènes de compéti-

tion entre différentes souches. Enfin,

nous réalisons des essais d'inocula-

tion de plantes avec des microorga-

nismes sélectionnés pour leurs per-

formances agronomiques.»

Les programmes conduits par le labo-

ratoire portent principalement sur les

symbioses avec des espèces végétales

qui représentent un intérêt majeur

pour l’agriculture et l’agroforesterie

sahélienne. Chercheurs et techniciens

de Bel Air portent ainsi une attention

particulière aux symbioses avec les

légumineuses ligneuses utilisées mas-

sivement ces vingt dernières années

pour des campagnes de reboisement

au Sénégal, notamment des acacias

sahéliens et exotiques pouvant servir

Récolte de Niébé inoculé.

Plantation d'eucalyptus inoculé avec champignon mycorhizien en vue dereboiser les dunes du littoral sénégalais.

M i c r o b i o l o g i e

Bénéfique pa

ContactMarc [email protected]

1. Principales bactéries fixatrices d’azote.

Nodules : la symbiose fixatrice d’azote s’effectuedans des nodules, excroissances induites par lesbactéries généralement sur les racines et plusrarement sur les tiges.

Nodules : lasymbiose fixatriced’azote s’effectuedans des nodules, excroissancesinduites par les bactériesgénéralement sur les racines etplus rarement sur les tiges.

plusieurs domaines, la

santé, la microbiolo-

gie, l’écologie, l'halieu-

tique, etc. De plus, l’IRD

compte de nombreux

laboratoires de très

haut niveau, habilités

à diriger des recher-

ches. La réforme que

les autorités veulent

mettre en place

concerne aussi le sec-

teur de la recherche.

Or l’un des dispositifs

fondamentaux à

mettre en place

concerne les écoles doctorales qui

auront pour vocation d’être pluridisci-

plinaires. C’est à ce niveau que nous

aurons besoin de ses laboratoires et

chercheurs pour qu’ils soient partie

intégrante des écoles doctorales. Le

laboratoire de microbiologie est déjà

un laboratoire mixte regroupant des

chercheurs de l’IRD, de l’ISRA et l’UCAD.

Ce laboratoire va, nous le souhaitons,

être une composante d'une école doc-

torale que nous allons mettre en place

et appeler Biologie et Environnement.

Les négociations sont en cours et un

chercheur de l’UCAD, qui travaille dans

ce laboratoire, coordonne la mise en

place de cette école doctorale dans

laquelle l’IRD et ses chercheurs, nous

le souhaitons, feraient partie du corps

professoral. ●

Propos recueillis par

Abdoulaye Ann, IRD Dakar

Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 24 - mars/avril 2004

9

Une vocationrégionaleLes activités du laboratoire communde microbiologie de Bel Air sedéploient dans l’ensemble de l’Afriquede l’Ouest grâce à la mise en placed’un réseau de coopération. De nom-breuses collaborations sont tisséesnotamment avec l’université deBamako, l’université de Nouakchott,l’INERA (Institut de l’environnement etde recherches agricoles) à Ouagadou-gou, l’université de Niamey et l’uni-versité de Cotonou : formation d’étu-diants, accueil de chercheurs,expérimentations communes, missionsd'appui. Ces collaborations ont aboutià la mise en place d’un réseau régionalinformel mais actif sur la caractérisa-tion, l’écologie et l’utilisation desmicro-organismes symbiotiques enagriculture. Cette action régionale estappuyée par divers financements,notamment de l’Union européenne, del’AUF (Agence universitaire de la franco-phonie), du CORAF (Conseil Ouest etCentre africain pour la recherche et ledéveloppement agricoles) et de l’AIEA

(Agence internationale sur l’énergieatomique). Le CILSS (Comité permanentinter-États de lutte contre la sécheressedans le Sahel) a par ailleurs confié àcette équipe la coordination desrecherches sur les symbioses végétalesdans le cadre de la mise en place deson programme régional sur la«Gestion des ressources naturelles /Systèmes de production». ●

Jeunes poussesSoucieux de sensibiliser la populationsénégalaise, en grande majorité rurale,aux bénéfices agronomiques et envi-ronnementaux que peut apporter l’ino-culation avec des microorganismessymbiotiques, le laboratoire communde microbiologie de Bel Air a conçu unprojet pédagogique d'initiation à cettepratique dans des écoles participant auprogramme sénégalais de pépinièresscolaires. Ces dernières contribuentactivement à la reforestation du pays(1 % de la production de plants assurépar des écoles).Une première expérience a été entre-prise avec une classe de seconde deDakar (Club Jeunes Recherche etDéveloppement du cours Sainte-Mariede Hann). L’objectif est de mettre aupoint un protocole, simple et réalisablepar des élèves, d’isolement et de cul-ture de rhizobium ou de champignonsmycorhiziens. Les microorganismesvont être ensuite utilisés pour inoculerdes plantes qui seront cultivées dansdes parcelles expérimentales, créées parle lycée Demba Diop à Mbour. « Aprèsquelques maladresses, les élèves sontparvenus à manipuler correctement,explique Marc Sagne, professeur de SVT

du cours Sainte-Marie, qui encadrecette expérience pédagogique originaleaux côtés de Marc Neyra. D’ici à la finde l’année, ils maîtriseront cette tech-nique de manière à intervenir sur lacroissance des plantes. » Au cours deces prochaines années, cette expériencesera étendue à des écoles de brousse,qui représentent un potentiel énormede diffusion auprès des villages et desfamilles d’agriculteurs. ●

Inoculer pour reboiserlaboratoire et d'autres ainsi que la

plantation d’arbres inoculés dans dif-

férentes régions d’Afrique de l’Ouest

ont cependant contribué, au cours de

ces dernières années, à favoriser le

développement de l’inoculation.»

Afin de renforcer ces actions, le labo-

ratoire commun de microbiologie de

Bel-Air et les services des Eaux et

Forêts ont lancé en 2003, avec l’ap-

pui du Programme d’appui au déve-

loppement forestier, une campagne

d’inoculation de différentes

espèces végétales dans l’en-

semble du Sénégal. Au cours

d’ateliers, des inspecteurs

régionaux des Eaux et

Forêts, des responsables de

pépinière, des chercheurs et

techniciens du laboratoire

ont planifié près d’une cin-

quantaine d’opérations

d’inoculation sur 20 espèces

d’arbres, réparties en seize

pépinières dans chacune des

régions du pays. L’inocula-

tion a été pratiquée en avril

et mai avec des souches

sélectionnées de bactéries

fixatrices d’azote et de

champignons mycorhiziens.

Les plants font l’objet d’ana-

lyses très régulières pour

Rech

erches

estimer l’intensité des symbioses et la

production des biomasses aérienne

(feuilles, tiges…) et racinaire. La

majeure partie des essais se poursui-

vront au champ de façon à mesurer

l’impact réel des souches sélection-

nées sur la croissances des végétaux,

sur la survie des arbres après trans-

plantation et la fertilité des sols, avec

une attention particulière portée aux

zones salées et semi-arides. Une

expérience à suivre... ●

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mas

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Inoculation de niébés sur le terrain.

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ra

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raartenariat

régions tropicales du globe, et souvent

rencontrée en formations denses et

mono-spécifiques dans les zones

sahéliennes et soudaniennes. ●

1. Le niébé est la première légumineuse ali-mentaire dans les systèmes de culture àbase céréales-légumineuses dans les régionsdéshéritées du Sahel. Cette culture joue unrôle très important dans l'économie et l'équi-libre nutritionnel des populations rurales.2. Le haricot est la principale légumi-neuse à graine cultivée pendant la saisonsèche. Il constitue une importante sourcede revenus pour les maraîchers de la zonedes Niayes où il est cultivé. Le haricot esten effet exporté à 80 % vers les paysd’Europe et d’Amérique.

fleuve Sénégal, qu’au sud et à l’est du

pays. Comment expliquer que la

diversité augmente ainsi alors que

l’on remonte vers le nord, dans des

régions plus arides et a priori moins

propices à la biodiversité? Pour les

chercheurs, la réponse à cette ques-

tion se trouverait dans le climat.

«L’analyse des principales caracté-

ristiques physico-chimiques des sols

dans les sites de prélèvement ne

révèle pas de corrélation directe avec

la diversité observée. Cette dernière

pourrait être liée à la pluviométrie

moins importante dans le nord qu'au

sud et à l'est. Nous poursuivons nos

travaux pour confirmer ces premiers

résultats sur le niébé et les élargir à

d'autres associations symbiotiques,

avec les acacias, par exemple.» ●

1. Polymerase chain reaction. Techniqued’amplification de l’ADN.

es effets bénéfiques des

symbioses fixatrices

d’azote et mycorhi-

ziennes n’atteignent

pas toujours un niveau

optimal, notamment en zone aride, à

cause du nombre insuffisant ou de la

faible efficacité des micro-organismes

symbiotiques présents dans le sol. Il

est possible de pallier ces insuffi-

sances en apportant à la plante, le

plus souvent au moment du semis,

une quantité importante de micro-

organismes cultivés et sélectionnés

au laboratoire. Grâce à cette tech-

nique, appelée inoculation, on obtient

souvent des plants plus vigoureux à la

sortie de pépinière et on améliore la

croissance des arbres une fois trans-

plantés au champ. « L’inoculation

avec des microorganismes n’est qua-

siment pas pratiquée dans les régions

sahéliennes, déplore Didier Lesueur,

chercheur au Cirad-Forêt. Deux rai-

sons à cela : nous connaissons encore

mal le comportement des micro-orga-

nismes symbiotiques dans l'environ-

nement difficile qui caractérise ces

régions (déficit hydrique, tempéra-

tures élevées, salinité…); et la zone

sahélienne manque de circuits de dif-

fusion et de promotion de cette pra-

tique. Les travaux menés par notre

Plants d’Acacia mellifera inoculés (à droite) avec des rhizobiums et champignonssélectionnés et non inoculés (à gauche), trois mois après plantation.

Comment allez-vous concrète-ment collaborer au sein dulaboratoire commun de micro-biologie ?Pour créer une véritable équipe, il faut

d’abord un noyau de chercheurs; il

existe déjà au laboratoire de microbio-

logie qui a formé de nombreux doc-

teurs. Les chercheurs seniors ont la

capacité d’encadrer les juniors recru-

tés et de leur inculquer cette culture

de partage et de solidarité au sein de

ce laboratoire pour que l’excellence

puisse prévaloir. Et, je puis vous dire

que le nouveau recteur souhaite inté-

grer les jeunes chercheurs de l’IRD et

l’UCAD dans les structures de recherche

par des contrats spécifiques pour

qu’ils ne soient plus précarisés.

Quels sont les enjeux de laréforme engagée par la nou-velle équipe rectorale de l’UCAD ?Les nouvelles autorités de Dakar ont

décidé de réformer le système pédago-

gique pour trois principales raisons.

D’abord pour permettre à notre sys-

tème pédagogique d'être plus compa-

tible avec les systèmes internationaux

où l’organisation des diplômes est

actuellement fondée sur le système

licence/master/doctorat (LMD), enjeu

de compétition internationale.

L’université de Dakar ne peut pas res-

ter en marge de cette compétition. La

deuxième raison est liée aux exigences

actuelles du marché de l’emploi, qui a

besoin d’un personnel très qualifié,

mais très cultivé, capable de s’adapter

aux évolutions des connaissances et

des technologies. Enfin du point de vue

de la recherche, les grandes décou-

vertes ne sont plus au niveau des dis-

ciplines, mais à leur interface. Par

conséquent, nous devons former des

chercheurs pluridisciplinaires qui

pourront s'intégrer facilement à la

communauté scientifique.

Quand cette réforme sera-t-elleappliquée ?Le recteur nous a donné le mois

d’octobre 2004 pour les structures

qui sont prêtes.

Quelle place accordez-vous àdes partenaires comme l’IRD,notamment dans la mise enplace d'écoles doctorales ?L’IRD est un partenaire important de

l'Université, impliqué dans de nom-

breuses actions de recherche dans

Entretien avec le professeur Bhen Sikina ToguebayeDirecteur de la recherche et chef du département de biologie animale, université Cheik Anta Diop (UCAD)

© IR

D

Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 24 - mars/avril 2004

10

Rec

her

ches

Au centre IRD de Nouméa, les recherches en sismologie (UR 082 Géosciences Azur)

sont axées sur la géodynamique du PacifiqueSud-Ouest et, plus particulièrement, sur l’étude

de la tectonique active et de l’aléa sismique.

Géosciences Azur et Paléotropique

ont pu décrire les mouvements tecto-

niques à court et long terme, modéli-

ser la zone de rupture impliquée dans

ce séisme et évaluer le temps de

récurrence d’un tel événement.

Comprendre les phénomènes, c’est

également pouvoir mieux gérer leur

manifestation. Bien que faiblement

peuplée, la région du Pacifique Sud-

Ouest comporte plusieurs centres

urbains importants. Des études

entreprises par l’IRD, en partenariat

avec la SOPAC (South Pacific

Geoscience Commission) et les

administrations nationales, ont ainsi

été menées pour contribuer à l’éva-

luation du risque sismique et ses

impacts dans cinq capitales de la

région : Port Vila (au Vanuatu), Suva

(Îles Fidji), Nuku’alofa (Tonga),

Honiara (Îles Salomon) et Apia

(Samoa). ●

ContactsBernard Pelletier, [email protected] Pillet, [email protected] Régnier, [email protected]

Fédérer les réseaux Le Pacifique Sud-Ouest est une vasterégion océanique où aléas naturels cli-matiques et géologiques sont légion.L’activité sismique et volcanique y esten particulier très importante. Vingtpour cent de la séismicité mondiale seconcentre dans cette région, soit9 000 séismes de magnitude supé-rieure à 5 et 100 séismes de magnitudesupérieure à 7 au cours des trente der-nières années (voir carte). Cependant,c’est aussi la région où la séismicité estla moins bien connue. L’analyse descatalogues mondiaux met en effet enévidence : d’une part, une faible détec-tion d’événements dans des distancesépicentrales inférieures à 10 degrés, cequi se traduit par un seuil élevé dedétection en magnitude (4.8) ; unnombre insuffisant de stations régio-nales dans la détermination desséismes régionaux, ce qui nuit à la qua-lité des localisations. La détection et ladétermination des événements sis-miques peuvent être localement amé-liorées grâce aux réseaux locaux,comme ceux de l’IRD en Nouvelle-Calédonie, Vanuatu et à Futuna. Afin d’améliorer la surveillance sis-mique régionale, l’IRD a présenté unprojet de réseau sismologique régionalpour le Pacifique Sud-Ouest à l’occa-sion du Symposium on New Zealand-France Collaborative Research in Geo-science qui s’est tenu à Wellington enjuillet 2002. Un programme de col-

laboration bilaté-rale entre la Franceet la Nouvelle-Zélande a été ini-tié. Cette collabo-ration a étérapidement élargieà des pays de lazone (Vanuatu,Fidji et Tonga) et àdes partenaires duNord (Japon, Aus-tralie) pour formerle groupe de tra-vail SPRINGY (South-West Pacific Regio-nal Network forGeophysics). Cegroupe s’est réunipour la premièrefois les 19 et20 mars 2003 àWellington enNouvelle-Zélande,à l’initiative de l’IRD

et de l’IGNS (Insti-tute of Geologicaland Nuclear Scien-

ces en Nouvelle-Zélande). Un secondatelier est prévu en décembre 2004 àNouméa en Nouvelle-Calédonie.Le groupe de travail SPRINGY a pourobjectif de développer un réseau desurveillance sismique dans la région duPacifique Sud-Ouest, en fédérant lesréseaux et observatoires existants, enimplantant de nouvelles stations et enorganisant l’acquisition et la collectedes données en temps (quasi) réel et demanière centralisée. Cette réorganisa-tion des moyens régionaux de sur-veillance sismique et leur exploitationse feront sous la coordination d’uneagence régionale de sismologie etd’évaluation des aléas naturels. Cetteconfiguration permettra un suivi entemps réel de la séismicité et des crisessismiques régionales, la surveillance entemps réel du fonctionnement des sta-tions, la constitution de catalogues etde bases de données nécessaires à larecherche et à l’expertise des aléasnaturels. Cette initiative devrait contri-buer à générer dans la région unesituation favorable à la recherche scien-tifique dans le domaine des sciences dela terre, à la fois en stimulant la coopé-ration régionale et internationale et endonnant accès à des bases de donnéesde haute qualité. ●

ContactMarc Ré[email protected]

Aléa sismique et micro-zonation

La détermination de l’aléa sismique passe par une bonne identification deszones sismiques actives et des zones à fortes amplifications du mouvement

du sol. Cette démarche classique de la sismologie demande beaucoup d’ef-forts sur une longue durée. Il s’agit d’installer et d’entretenir des réseaux destations sismologiques pour enregistrer les tremblements de terre, de façon àles localiser, à analyser leur distribution spatio-temporelle et à modéliser lefonctionnement des systèmes de failles actives.L’importance de déterminer les zones à fortes amplifications du mouvementdu sol a été plus récemment mise en évidence dans les années 80. Elle reposesur le constat que les dommages provoqués par un séisme ne sont pas uni-formément répartis dans la région épicentrale, mais se concentrent dans deszones particulières où les conditions géologiques superficielles amplifient, pareffet de résonance, l’amplitude des mouvements du sol et augmentent leurdurée. Ces zones sont en général des remplissages sédimentaires comme desvallées. La mise en évidence de ces zones à plus haut « risque» sismique estune tâche considérée maintenant comme toute aussi importante que l’esti-mation de la magnitude maximum qu’un séisme local (proche) peut atteindre.Les deux informations conjointes permettront le calcul de l’accélération du solprobable en cas de séisme.Sur le terrain, cette recherche consiste à enregistrer le bruit de fond sismiqueen un grand nombre de sites, de façon à échantillonner la signature sismiquedes structures géologiques superficielles et des domaines topographiques dela zone d’étude. L’analyse spectrale des signaux fournira ensuite la fréquencede résonance et un facteur d’amplification des ondes sismiques en chaquesite. La carte de ces fréquences/amplifications permet de repérer les zones àplus fort risque en cas de tremblement de terre. Une telle approche a été miseen chantier dans le Pacifique Sud-Ouest par l’IRD en partenariat avec la SOPAC

(South Pacific Applied Geoscience Commission), le GII (Geophysical Institute ofIsrael) et les services des mines et de la géologie des pays de la région. Cinqcapitales, Port Vila au Vanuatu, Suva au Fidji, Nuku’alofa aux Tonga, Honiaraaux îles Salomon et Apia aux Samoa, ont ainsi été concernées par ce projet.L’activité sismique à proximité de ces villes, qui ont déjà subi des dégâts impor-tants, est intense et produit périodiquement des séismes de magnitude supé-rieure ou égale à 7. La publication des rapports finaux et des cartes de micro-zonage sismique a fait l’objet d’une conférence dans chaque capitale.Au cours de ce programme (1997-2000), plusieurs ateliers de formations et dediscussions ont été organisés pour que les participants de chaque pays échan-gent leurs expériences et comparent leurs résultats. Ceci a donné naissance àune communauté régionale de techniciens en sismologie sur laquelle reposerale programme de réseau régional de surveillance sismique SPRINGY. Une inté-gration des résultats du programme dans des systèmes d’information géogra-phique (SIG) a été réalisée par la SOPAC qui a par ailleurs entrepris un pro-gramme de détermination du risque (prise en compte des structuresanthropiques) dans les mêmes zones. ●

ContactMarc Régnier, [email protected]

© IR

D/M

. Reg

nier

Carte de sismicité du Pacifique Sud-Ouest et localisation des stationssismologiques du réseau SPRINGY.Les séismes sont représentés sur la période janvier 1976-août 2003. Lesflèches représentent le mouvement relatif de convergence aux fosses. Lestriangles jaunes représentent les stations existantes et les carrés les nouvellesstations envisagées dans le cadre du projet de réseau (voir ci-contre).

Conséquences du séisme qui a touché Port Vila au Vanuatu en 2002.

P a c i f i q u e S u d - O u e s t

Au cœur des séismes

Station sismologique installée sur l’île de Futuna en 1998.

ans le Pacifique Sud-

Ouest, les plaques

lithosphériques paci-

fique et australienne

convergent selon des

processus actifs complexes. À l’est,

la plaque Pacifique glisse sous la

plaque Australienne (zone de subduc-

tion des Tonga-Kermadec). À l’in-

verse, au nord et à l’ouest, la plaque

Australienne passe sous la plaque

Pacifique, la frontière de conver-

gence s’exprimant le long de la

Papouasie-Nouvelle-Guinée, des Îles

Salomon et du Vanuatu. Cette région

d’affrontements présente donc un

dispositif unique de deux subductions

à polarité inverse, les zones de sub-

duction du Vanuatu et des Tonga,

entre lesquelles s’ouvrent les bassins

océaniques Nord-Fidjien et de Lau.

Forte sismicitéLa sismicité est particulièrement forte

dans le Pacifique Sud-Ouest. Les

vitesses de convergence aux zones de

subduction sont très grandes, les plus

importantes répertoriées sur la pla-

nète, atteignant 24 cm/an au nord de

la fosse de Tonga. Ces déplacements

rapides intensifient les phénomènes

associés comme la sismicité et le vol-

canisme. «Ces caractéristiques font

du Pacifique Sud-Ouest un laboratoire

unique particulièrement intéressant,

car il permet de mesurer des varia-

tions rapides et de fortes amplitudes»,

expliquent Bernard Pelletier et Robert

Pillet de l’UR082 Géosciences Azur.

Pour leurs recherches axées sur

l’étude de la structure de cette

région, de la tectonique active et de

l’aléa sismique, les scientifiques dis-

posent de plusieurs outils : des

réseaux de stations sismologiques et

de stations géodésiques (GPS), ainsi

qu’un sondeur bathymétrique multi-

faisceaux. Les données ainsi collec-

tées sont associées à d’autres

mesures spécifiques de terrain qui

permettent d’aborder les probléma-

tiques de façon pluridisciplinaire. La

sismologie permet d’étudier les

structures, les zones sismiques et

les zones de ruptures. D’autres tra-

vaux portent sur les déplacements

liés aux mouvements entre les

micro-plaques et au cycle sismique,

à l’aide de la géodésie spatiale. Enfin

la géologie à terre et en mer apporte

des informations précieuses sur le

contexte structural, les failles

actives et les mouvements à plus

long terme, notamment verticaux,

grâce à l’analyse des coraux et des

terrasses coralliennes.

Néotectonique et aléa sismiqueCette approche multidisciplinaire

s’est avérée fructueuse à plusieurs

reprises. Elle a fortement contribué à

la compréhension de la tectonique

dans certaines zones du Pacifique

Sud-Ouest, en particulier à Futuna et

au Vanuatu central. Ainsi les caracté-

ristiques du fort séisme qui a frappé

en novembre 1999 les îles Ambrym

et Pentecôte, au Vanuatu central, ont

pu être mises en évidence. Ce séisme

superficiel de magnitude 7,5 suivi

d’un tsunami, avait provoqué la mort

de dix personnes, de très nombreux

glissements de terrain et d’impor-

tants dégâts. Les travaux ont montré

qu’il s’agissait du plus fort séisme de

type chevauchant enregistré dans la

zone de compression située à l’ar-

rière de l’arc du Vanuatu central. Les

chercheurs des unités de recherche

Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 24 - mars/avril 2004

11

Valo

risation

ans le cadre de cette

opération démarrée en

janvier 2003, une réu-

nion de travail (bilan à

mi-parcours) a été

organisée par le Centre spatial guya-

nais en novembre 2003. Autour d’An-

toine Gardel2 et Nicolas Gratiot3, les

chercheurs de l’IRD en charge de

l’étude, elle a réuni Jean-Louis

Marcé, le directeur du Centre spatial

guyanais, Pierre Monteil, le chef de

la division infrastructures et Jacques

Bérault, le responsable des actions

de dragage. Deux responsables de la

société hollandaise Atlantique

Dragage en charge du désenvase-

ment du port étaient également

venus prendre connaissance de

l’avancée des travaux.

Les chercheurs de l’IRD ont insisté

sur les profondes modifications géo-

morphologiques du littoral.

Pour illustrer leurs travaux, ils ont

rappelé que l’Amazone rejette plus

d’un milliard de tonnes de sédiments

chaque année, soit 10 % de la

décharge mondiale. Issus de ces

sédiments, 6 à 9 bancs se déplacent

en permanence le long des côtes de

Guyane, ce qui a évidemment une

incidence forte sur les activités

socio-économiques, dans une région

où 90 % de la population est locali-

sée sur le littoral.

Une nouvelle méthode d’analyseL’étude scientifique dont les résul-

tats doivent être rendus le 30 juin

2004 comporte deux volets. Un volet

scientifique tout d’abord, qui vise à

améliorer la compréhension des pro-

cessus de dynamique côtière grâce

aux observations faites par satellite.

Un volet opérationnel ensuite, qui

vise à améliorer la gestion des opé-

rations de dragage par le suivi des

mouvements d’envasement puis de

désenvasement, ainsi qu’à prédire

les impacts socio-économiques du

phénomène observé.

C’est grâce aux images des satellites

Spot acquises entre 1986 et 2003

(grâce notamment au soutien du

CNES/ISIS), que les scientifiques dispo-

sent d'un recul suffisant pour étudier

précisément les modifications géo-

morphologiques survenues lors des

vingt dernières années. À partir

d’observations de terrain, d’images

satellites et de traitements mathé-

matiques, une méthode d’analyse a

été développée pour suivre la dyna-

mique des littoraux guyanais.

Comme le soulignent Antoine Gardel

et Nicolas Gratiot, « la méthodologie

développée pourrait intéresser d’au-

tres régions du globe ». Son applica-

tion sur le littoral guyanais a été

présentée dans un colloque organisé

par l’International Coastal Sympo-

© C

nes,

200

1

Le banc de vase se rapproche de Kourou. L’évolution des opérations de dragage est représentée par la localisation des points kilométriques (pk)et des années correspondantes. L’encadré représente l’appontement de Pariacabo. En fond image Spot du 14/10/2001.

Proximité de l’Amazone et de ses rejetssédimentaires obligent, les côtes de Guyane sont

fréquemment envasées, notamment le fleuveKourou au niveau de l’appontement de

Pariacabo, où sont débarqués les éléments des fusées Ariane. Le CNES a sollicité l’IRD

pour une étude scientifique1 destinée à fonderune meilleure gestion des actions de dragage

sur la télédétection spatiale.

C o n s u l t a n c e e n G u y a n e

Une approche spatialede la dynamique littorale

Courrier de qualitéÀ la suite de l’article sur la démarchequalité publié dans notre numéro 22,nous avons reçu ce courrier de Jean-Luc Chotte, directeur de l’UR 083,Interactions biologiques dans les solsdes systèmes anthropisés tropicaux.

«Cher Collègue

Dans le dernier numéro de Sciences auSud l’article de Catherine Aubertin surla démarche qualité est illustré par unephoto prise au laboratoire d’Écologiemicrobienne des sols tropicaux,Implantation principale de l’UR R083Ibis.Je suis très satisfait que vous ayezretenu notre labo, même si une petitemention du lieu de la photo m’eût raviet aurait été perçue par mon équipecomme une sorte d’encouragementdes efforts dans la démarche qualité.Je voudrais à ce propos vous signalerles opérations par lesquelles noussommes impliqués dans cettedémarche :– création d'un groupe BPL1 au sein dulaboratoire depuis sa création ;– utilisation de cahiers de laboratoiresdepuis 2001, les cahiers IRD ont rem-placé nos anciens cahiers ;– mise en place de procédure de véri-fication et de calibration de certainappareil ;– mise en place des procéduresHygiène et Sécurité ;– rédaction des procédures analy-tiques ;– tracabilité des échantillons (enregis-trement, création d’un base de don-nées de toutes les analyses réalisées…).Pour renforcer cette démarche unevisite a été organisé auprès d’unesociété accréditée BPL avec pour objec-tif de sensibiliser mon équipe à ces pra-tiques. Nous avons enfin fait lademande d’un stagiaire Qualiticienpour 2004. » ●

Contact Jean-Luc [email protected]

1. Bonnes pratiques de laboratoire.

Depuis une dizaine d’années, des chercheursfrançais et péruviens1 observent les glaciers

du Pérou afin de prévoir leur disparition. Un filmCordillère Blanche, les rivières de glace2, est

consacré à ces travaux. Une expérience motivéepar les espoirs des différents acteurs du projet.

Ce film présente une

double utilité, consi-

dère Bernard Pouyaud,

directeur de recherche

de l’unité GreatIce. Un

rôle scientifique tout d’abord car il

permet de restituer sous une forme

grand public les premiers résultats

d’une recherche originale sur les gla-

ciers tropicaux et leurs ressources

en eau dans le contexte du change-

ment climatique. Son deuxième

objectif est de décrire les enjeux du

réchauffement de la planète en cours

et ses conséquences sur les paysans

quechuas de la Cordillère Blanche,

jusqu’aux modernes périmètres irri-

gués, sans oublier les producteurs

d’électricité ou d’eau potable. » Pour

le réalisateur Patrice Desenne,

« l’important était également de mon-

trer en quoi une utilisation concrète

du spatial pouvait illustrer un chan-

gement climatique et ses consé-

quences sur la population». La télé-

détection spatiale permet d’observer

l’état des ressources en eau dans des

zones difficiles d’accès, confirme

Yves Arnaud, chargé de recherche à

l’IRD. «La haute résolution spatiale et

les systèmes de prises de vues des

satellites comme Spot5, offrent de

nouvelles perspectives d’études avec

notamment la fabrication de modèles

numériques de terrain plus précis. »

Toutefois, la présentation d’un pro-

gramme scientifique par

le biais d’une histoire et

d’un film nécessaire-

ment réducteurs n’avait

rien d’évident. « Lors

des interviews, il faut

arriver à être concis et

clair, sans être trop

technique, ce qui n’est

pas un exercice aisé »

explique Yves Arnaud. À ce sujet,

Patrice Desenne ne cache pas cer-

taines batailles avec les chercheurs

pour éviter l’emploi de termes scien-

tifiques trop compliqués.

«De l’avis de tous les Péruviens qui

ont visionné le film à Lima et à

Huaraz dans la Cordillère, c’est la

première fois que l’on parle concrè-

tement des menaces sur les res-

sources en eau dans leur pays. À

voir leurs réactions, je suis intime-

ment persuadé que la mission d’ex-

pliquer concrètement les phéno-

mènes liés aux changements

climatiques prend ici toute sa dimen-

sion et qu’elle peut, qu’elle doit,

s’exercer partout où c’est possible. »

Jesus Gomez, ingénieur glaciologue

à l’Institut des ressources naturelles

(INRENA) au Pérou, ajoute que «ce

film a aussi une fonction sociale qui

va toucher toutes les couches de

notre population. Il montre la néces-

sité d’intégrer la culture de l’eau

dans notre conscience de citoyen ».

En outre, « l’impact sera grand et

beaucoup de Péruviens auront l’op-

portunité de savoir comment la dis-

parition des glaciers entraînera la

raréfaction de la ressource en eau,

qui est la source indispensable du

développement social et écono-

mique » explique Gabriela Rosas

Benancio, ingénieur météorologue

au service national de météorologie

Le navire MN Colibri, affrété par le CNES, manœuvre dans le chenalen vue de débarquer les élémentsdu lanceur Ariane 5.

© 2

004-

Esa-

Cne

s-A

riane

spac

e

sium, début mars dans le sud du

Brésil4. ●

ContactsAntoine [email protected] [email protected]

1. Contrat de consultance entre le CNES etl’unité Espace (US140) de l’IRD dirigée parFrédéric Huyhn.2. Antoine Gardel est géographe au sein del’Unité ESPACE S140 (Expertise et spatialisa-tion des connaissances en environnement).3. Nicolas Gratiot est physicien au sein del’UR ELISA 53 (Écosystèmes littoraux sousinfluence amazonienne).4. www.cttmar.univali.br/~ics2004.

et d’hydrologie (SEMANHI) au Pérou.

Un extrait du film est actuellement dif-

fusé sur Canal IRD, www.canal.ird.fr,

rubrique La presse en a parlé. ●

ContactBernard [email protected]

1. Bernard Pouyaud et Yves Arnaud del’unité 32 GreatIce, Glaciers et ressourcesen eau dans les Andes tropicales : indica-teurs climatiques et environnementaux,Gabriela Rosas Benancio, et Juan JulioOrdonez Galvez du service national demétéorologie et d’hydrologie (SENAMHI), etJesus Gomez de l’Institut des ressourcesnaturelles (l’INRENA).2. Réalisation, P. Desenne ; conseillersscientifiques, B. Pouyaud et Y. Arnaud;coproduction, Europimages, IRD.

L’impact d’un film©

IRD

/A. R

ival

G u y a n e

Les mangroves

Recours à l’environnement, Retour des paysans ?

Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 24 - mars/avril 2004

12

Plan

ète

IRD

Des piranhass’exposent à ParisDu 8 décembre au 9 janvier dernier, uneéquipe du Muséum national d’histoirenaturelle est venue en Guyane afin decollecter vivants des spécimens de pois-sons représentatifs de la région duHaut-Maroni. Des poissons destinés auxaquariums de la Porte Dorée, à Paris, oùse tient depuis le 11 février l’expositionPiranhas enivrés, des poissons et deshommes en Guyane.« Il s’agit d’une première mondiale »confiait, dès son arrivée à Cayenne,Rémi Ksas, membre de la missionpêche du MNHN dirigée par YvesFernon. Les quatre aquariologistes sontvenus récolter quelque 250 poissons,soit 35 espèces différentes, sur lesfleuves Maroni, Mana et Approuague.Sur place, l’équipe a bénéficié du sou-tien logistique de l’IRD Guyane.L’exposition du Muséum national d’his-toire naturelle a été réalisée avec le sou-tien de l’IRD, coproducteur scientifique,ainsi que celui de la Fondation EDF,mécène de l’exposition, et le Muséumd’histoire naturelle de la ville deGenève. Les commissaires de l’exposi-tion, Hélène Pagezy du CNRS et FrançoisMeunier du Muséum ont travaillé avec

plusieurs chercheursde l’IRD, notammentMichel Jégu, spécia-liste des poissons deGuyane (voir Sciencesau Sud n° 19, 2003).Objets de la mission,et de toutes les atten-tions, les poissonsdevaient arriver vivantsà Paris! Deux mem-bres de la mission sonttout d’abord partis dixjours à Antécume-Pata. Sur place, despêcheurs Wayanahabitant le village lesont aidés à capturerles poissons requispour l’exposition.Puis c’est par hélico-ptère, «seul moyen detransport sûr pour lasurvie des spécimenscollectés », que les

poissons ont été acheminés jusqu’à unepisciculture, avant de prendre l’avionpour Paris. Pendant ce temps, les activi-tés de pêche ont continué, notammentsur les fleuves Mana et Approuague.Deux envois différents ont été réalisés àdestination de la métropole, et àchaque fois avec d’infinies précautions.«Nous n’avons eu qu’une très faiblemortalité, la quasi-totalité des spéci-mens acceptant la nourriture proposée,évidemment adaptée aux besoins dechaque espèce» expliquait Rémi Ksas,au cours de cette période critique.Placés sous surveillance afin de parerles éventuelles infections susceptiblesd’apparaître après un tel périple, lespoissons sont peu à peu passés dansleurs bacs définitifs, une fois que ledécor de ces derniers eût été terminé.L’objectif de cette exposition vivante,dont les acteurs principaux sont lespoissons Serrasalminae, autrement ditles kumaru, végétariens et leurs cou-sins carnivores, les piranhas, est deprésenter au public l’univers despêches traditionnelles et des représen-tations des indiens Wayana vivant àleur contact.Ainsi, aux côtés des aquariums, sontexposés des objets relatifs à la pêche,des photographies, des enregistre-ments sonores, des séquences vidéosainsi que des dessins d’enfants.À voir jusqu’au 31 août à Paris… ●

Aquarium de la Porte Dorée, 293, avenue Daumesnil, Paris 12e.

WEBwww.ird.fr/fr/info/expo/piranhas/index.htmwww.palais-Portedoree.org/

Modalités d’occupation des vasières et des mangroves.Derrière l’industrie spatiale, la pêche crevettière constitue une des principales ressources économiques de la Guyane, en dépitd’importantes fluctuations observées d’une année sur l’autre. Pour comprendre l’origine de ces variations, des études sont en cours sur l’écologie des crevettes pénéides (à haute valeur commerciale), dont les juvéniles fréquentent pendant quelques mois les systèmes demangroves selon des modalités encore très mal connues. Les stratégies d’accès au milieu, la distribution spatiale des populations et leur variabilité en relation avec les facteurs environnementauxconstituent autant de pistes de recherches explorées dans le cadre des programmes menés par l’IRD en Guyane.Ici Pascal Dumas, chercheur à l’IRD Guyane, au sein de l’UR 053 ELISA,Écosystèmes littoraux sous influence amazonienne, en mission d’échantillonnage sur la vasière de Macouria.

A u centre IRD de Cayenne,Alex Melius, un étudiantguyanais, a débuté depuis

octobre 2003 une thèse visant à valori-ser l’apport de mesures radar multifré-quences pour étudier la dynamique desmangroves. L’enjeu est de taille puis-qu’il s’agit de valider une méthodeunique de suivi spatial de l’ensembledes mangroves du globe, sur la basedes travaux pilotes développés enGuyane et grâce aux données du futursatellite japonais ALOS.Même si les mangroves occupent moinsde 1 % de la surface du globe, ellesjouent un rôle clé dans l’équilibre écolo-gique des environnements côtiers tropi-caux. Considéré comme une véritablenursery pour de nombreuses espèceshalieutiques, cet écosystème forestier,parmi les plus productifs du monde,fournit des ressources indispensables audéveloppement socio-économique desrégions littorales. Au-delà des consé-quences dramatiques occasionnées pardes activités humaines extensives etincontrôlées (exploitation forestière,conversions en zones d’aquaculture, …),naît une réelle prise de conscience sur lanécessité de mieux comprendre laréponse des mangroves face aux pertur-bations climatiques annoncées (aug-mentation de la fréquence et de l’inten-sité des tempêtes, élévation du niveaudes océans, réchauffement global).

I l y a une trentaine d’années, dessociologues diagnostiquaient la«fin des paysans» dans les pays

développés alors que dans les pays duSud, la masse énorme de la paysannerieétait considérée comme incapable dejouer un rôle actif dans le progrès éco-nomique et social. Or depuis les années1980, au nord et au sud, un retourne-

ment de tendance en faveur de l’agri-culture paysanne est observé au moinsdans les discours, sinon dans les poli-tiques des gouvernements et des insti-tutions internationales. Un intérêt crois-sant est semble-t-il porté aujourd’huiaux savoirs et pratiques des petits pro-ducteurs, à la capacité d’organisation et«d’autonomie» des sociétés paysannes

en tant que support d’une gestiondécentralisée et durable des ressourcesnaturelles et des paysages. Les préoccu-pations environnementales croissantesaffichées par les gouvernements, lescitoyens et les institutions internatio-nales, les politiques environnementalesconcrètement mises en œuvre sont-ellesporteuses d’un renouveau des paysan-neries et des mouvements paysans?

Les paysans et l’environne-ment : le jeu des acteurs

La construction sociale de l’image despaysans et de leur rapport à la naturesemble osciller entre deux extrêmes.D’une part, une certaine idéalisationdes pratiques et savoirs des « pay-sans–jardiniers de la nature» est obser-vée. À l’opposé, l’image négative de« l’archaïsme paysan» apparaît encorefortement ancrée. Comment seconstruit et évolue le discours sur lespaysans et l’environnement dans diffé-rents contextes ? Quels sont les enjeux(idéologiques, politiques, économi-ques, écologiques…) et le jeu desacteurs en présence (États, Institutionsinternationales, ONG, paysans, scienti-

fiques…)? Quel est le rôle des diffé-rents acteurs et en particulier des scien-tifiques dans ce processus complexe?

Politiques environnementaleset pratiques paysannes

Après la conférence de Rio et la signaturede plusieurs conventions et accords inter-nationaux (protocole de Kyoto, biodiver-sité, désertification, aires protégées…),les politiques environnementales fontappel à la participation paysanne. Cespolitiques (objectifs, contenus, dis-cours…) sont confrontées avec les pra-tiques paysannes observées sur le terrain. Quel est l’impact des politiques envi-ronnementales sur les paysanneries, lessystèmes de production, les pratiqueset les stratégies paysannes, l’accès auxressources naturelles au sein des sys-tèmes agraires ? Comment ces poli-tiques sont-elles perçues et éventuelle-ment «appropriées» par les acteurslocaux? Y a-t-il adéquation entre dis-cours et pratiques? ●

Contact Laurent [email protected]

Autour de cette question centrale, la Société d’écologiehumaine et le laboratoire Population, environnement,développement (UR 151, unité mixte IRD-université deProvence) ont organisé un colloque à Marseille les 11 et 12 décembre dernier. Cette manifestation a permis de réunir une trentaine de communications relevant de disciplines variées (sociologie, anthropologie, économie,géographie, agronomie…) et se rapportant à des contextesagraires eux aussi très divers, au nord et au sud. Compte rendu par Laurent Auclair.

Recours à l’environnement, Retour des paysans ?

Des mesures spatiales dehaute technologie pourl’étude des mangroves.

G u y a n e

Les mangroves au radar

groves du Nord de l’Australie (KakaduNational Park), en collaboration avec desuniversités anglaises et australiennes.Outre la contribution directe au Pro-

Le suivi des para-mètres clés caractéri-sant les changements de fonctionne-ment dans les mangroves comme, parexemple, leur superficie, leur structura-tion, leur biomasse nécessite la mise aupoint de méthodologies d’estimation àla fois globales, fines et reproductibles.Dans ce contexte, l’apport des mesuresspatiales hyperfréquences est de pre-mière importance. Des résultats pro-metteurs sur l’estimation des bio-masses des mangroves guyanaises ontdéjà été publiés.«Le système de dispersion des sédi-ments amazoniens et la migrationd'énormes bancs de vase le long descôtes imposent aux mangroves guya-naises une dynamique encore plusmarquée», souligne Alex Melius. «Entout point du littoral, se rencontre unemosaïque de structures forestières enperpétuelle évolution qui grâce à desséries d'inventaires forestiers constitueun jeu de données exceptionnel pourmettre au point et valider une méthodespatiale d’estimation des paramètresstructuraux des mangroves. »Sur la base de données aéroportées mul-tifréquences acquises par l’instrumentradar AIRSAR du JPL/NASA sur plusieurscontinents, l’étude consiste à généraliserles résultats prometteurs obtenus sur unsite guyanais à l’ensemble du littoralguyanais mais également aux man-

gramme national en environnementcôtier (PNEC) et au Contrat de planÉtat-Région Guyane, les perspectivesinternationales ne manquent pas. Lesrésultats et méthodes obtenus partici-peront au projet international Kyoto &Carbon Initiative visant à exploiter,pour le suivi des mangroves, le poten-tiel des données du futur satellite radarALOS, premier satellite réellementdédié à l'étude quantitative de la végé-tation. ●

ContactAlex [email protected]

Forêt de mangrove dans la région de Sinnamary en Guyane.

© IR

D/C

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isy

Image radaracquise par le

système AIRSARdans la région de Sinnamary.

© J

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N o u v e l l e - C a l é d o n i e

Une fenêtre sur le paléoclimat

Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 24 - mars/avril 2004

13

Planète IR

D

WEB C. Parada reçoit le prixC. Doré des mains de GérardHérail, représentant de l’IRD au Chili.

contraintes écologiques et environne-mentales. L’intérêt des résultats obtenus a permisplusieurs publications dans des revuesinternationales hautement cotées, unebrillante soutenance de thèse et uncontrat post-doctoral auprès d’un pres-tigieux laboratoire de Seattle, l’AlaskaFisheries Science Center. Et il n’est pas à douter que les compé-tences acquises par cette remarquablechercheuse seront utiles dans l’avenirau développement du Chili, paysconcerné au plus au point par les pro-blèmes de ressources halieutiques.Le jury du prix Christiane Doré tient enoutre à décerner une mention toute par-ticulière à deux autres chercheurs. Ils’agit de Nana Coulibaly Thiombiano quitravaille sur l’allaitement maternel et l’ali-mentation du jeune enfant en Afrique

subsaharienne, et de Sylvain Guyot qui aétudié les conflits environnementaux auKwazulu-Natal en Afrique du Sud durantla période post-apartheid.L’Association des œuvres sociales del’institut à créé ce prix en hommage àChristiane Doré, un de ses membres lesplus dévoués, disparue en 1990. ●

ContactAssociation des œuvres [email protected]

D ans les pays de la zone tem-pérée, les travaux basés surl’étude des spéléothèmes (sta-

lagmites et stalactites) sont nombreux,alors qu’ils restent encore marginauxdans les zones tropicales. En Nouvelle-Calédonie, Pierre Genthon et DenisWirrmann de l’UR55 ont initié un projetvisant à évaluer la variabilité climatiquepassée du Territoire, à partir des infor-mations fournies par les spéléothèmes. Les paysages karstiques résultent essen-tiellement de la dissolution de rochescarbonatées par les eaux météoriques(pluie et neige). Dans les grottes, lacroissance des spéléothèmes se fait parl’empilement annuel de lamines cal-caires de 50 à 300 µm d’épaisseur. Cephénomène dépend de la vitessed’écoulement des eaux d’infiltration etdes conditions climatiques extérieures.Une stalagmite se développe lorsquel’eau de surface est acidifiée par la dis-solution de gaz carbonique (CO2) pro-

venant des végétaux. Cette acidificationest d’autant plus importante que le cli-mat est favorable à la vie, donc plusparticulièrement lors d’épisodeshumides, tempérés ou chauds. À l’in-verse, durant les phases froides, les spé-léothèmes ne croissent que très peu,voire pas du tout. Ainsi, l’analyse deslamines de ces concrétions calcairespermet-elle d’obtenir des informationssur les paramètres climatiques du passé,au même titre que les cernes de crois-sance des coraux ou des arbres.

Prospections spéléologiques

La première phase de rechercheconsiste à identifierun site propice à l’en-registrement continudes paramètreshydroc l imat iquesactuels en surface(température, préci-pitation), et dans unegrotte sous-jacente(température de l’air,pression de CO2, fré-quence des gouttes àgouttes). Cette étapeest très importantecar elle permet decalibrer la relation cli-mat-spéléothème.

Afin de bien appréhender la variabilitéclimatique actuelle, il est nécessaire depoursuivre cette calibration sur despériodes pluriannuelles. Pierre Genthonet Denis Wirrmann ont ainsi prospectéles grottes de Thoubotr et Manet, surLifou, une des îles Loyauté, en collabo-ration avec Thierry Hoibian, de l’univer-sité de la Nouvelle-Calédonie, et HervéTaua, de la direction provinciale del’équipement et de l’aménagement. Les objectifs de la mission entreprise enoctobre 2003 étaient de déterminer si lagrotte était adaptée aux recherches surles spéléothèmes et d’instrumenter le lieuen enregistreurs de paramètres physiques

(température de l’air et del’eau). Ces mesures compléte-ront l’analyse hydrologique desaquifères côtiers des îlesLoyauté entreprise par l’univer-

sité de Nouvelle-Calédonie dans le cadredu programme SAGE (Gestion de la lentilled’eau douce) en étroite collaborationavec l’IRD (US140).Une fois le site d’étude des spéléo-thèmes identifié, les géologues effectue-ront un échantillonnage de stalagmitesdestinées à l’analyse paléoclimatique.Après avoir réalisé une section longitu-dinale des stalagmites, il s’agira decaler chronologiquement les séquenceslaminées, puis de quantifier les diffé-rentes variables marqueurs des paléo-environnements. Pour dater deslamines, les spécialistes disposent deplusieurs outils dont l’évaluation durapport uranium/thorium par spectro-métrie de masse par ionisation ther-mique. Cette méthode permet d’esti-mer des âges compris entre quelquesdizaines d’années jusqu’à 500000 ans.D’autres méthodes ayant recours auxisotopes du carbone couvriront unintervalle de temps de 40000 ans.L’étude de différentes concrétions cal-caires permettra ainsi d’établir unechronologie précise des séquences cli-matiques ainsi reconstituées. ●

ContactDenis Wirrmann et Pierre [email protected]@noumea.ird.nc

N o u v e l l e - C a l é d o n i e

Une fenêtre sur le paléoclimat

Les spéléothèmes, qui regroupent entre autresles stalactites et les stalagmites, peuvent servird’archives climatiques. L’UR 55 de l’IRD, Paléo-environnements tropicaux et variabilité clima-tique, a initié un programme d étude destiné à définir les relations entre la croissance des spéléothèmes et la variabilité du climatdans le Pacifique Sud-Ouest.

À l’image de la philosophie del’institut, la dernière éditionprix Christiane Doré s’est

avérée très cosmopolite, voire très Sud-Sud… En effet Carolina Parada, la doc-torante chilienne distinguée, travailleen Afrique du Sud sous la directiond’une équipe de chercheurs sudafri-cains de l’université du Cap, et de cher-cheurs français des unités de recherche097 Idyle et 079 Geodes de l’IRD. Sestravaux ont porté sur l’étude de ladynamique des ressources biologiquesrenouvelables dans les zones deremontées des courants océaniquesprofonds qui permettent les pêcheriesles plus productives. Elle s’est attachéeà caractériser la croissance, le trans-port, la distribution et la mortalité desstades juvéniles de l’anchois du Cap àl’aide de la modélisation des

N i g e r

Festival de l’eauL’IRD-Niger a activement participé auFestival de l’eau de Tillabéri qui s’estdéroulée du 27 février au 3 mars 2004.Durant cinq jours, coachées par TahirouAmadou, responsable de la communi-cation à l’IRD-Niger, deux jeunes volon-taires internationales, en poste à l’IRD,se sont lancées dans la vulgarisationscientifique. Anne-Laure Besnier, pourl’unité de recherche Hydroscience(UR 50) illustrait le fonctionnement d’unpluviographe et les méthodes d’étudesdes ressources en eaux souterraines.De son côté, Clémentine Allinne(Diversité et génomes des plantes culti-vées UR 141) exposait les recherches surla diversité génétique du mil en illus-trant les systèmes de reproduction etles flux de gènes entre mils cultivés,mils sauvages et mils à phénotypesintermédiaires. ●

ContactFrancis Kahn [email protected]

L’IRD fête l’eau à BamakoL’IRD a pris part à la manifestationorganisée au Centre culturel françaisde Bamako, dans le cadre de l’Annéeinternationale de l’eau douce, autourdu thème L’eau, un besoin vital. Cemois de l’eau a réuni, entre le 24 jan-vier et le 21 février 2004, des exposi-tions, des conférences, des projectionsde documentaires, des spectacles desensibilisation sur ce sujet.À cette occasion, Gil Mahé, hydro-logue, a animé une conférence intitu-lée : Le fleuve Niger face au change-ment climatique et aux aménagementshumains. Marie-Laure de Noray, socio-logue, a, quant à elle, présenté le sujetFil de l'eau, fil des mots.En outre, l’IRD a participé au Salon inter-national de l’eau, organisé par la Direc-tion nationale de l’hydraulique égale-ment à Bamako du 21 au 26 févrierderniers. La collaboration entre le Centre cultu-rel français de Bamako et la représen-tation de l’IRD au Mali, entamée parClaude Monet il y a plusieurs années,est exemplaire. ●

Quoi de neufdocteur ?François de Charles Ouédraogo a sou-tenu sa thèse le 5 février 2004, àl’Institut d’études du développementéconomique et social (IEDES) sur lethème «Géographie de la vulnérabilitéalimentaire dans l’est du Burkina-Faso,des potentialités aux ressources». Sesrecherches ont été réalisées sous ladirection de Georges Courade, direc-teur de recherche à l’IRD, UR 106Nutrition, Société, Alimentation et pro-fesseur associé à l’IEDES. ●

Avancée dessciences géolo-giques au ChiliGérail Hérail, représentant de l’IRD auChili depuis septembre dernier, direc-teur de recherche au laboratoire desmécanismes de transfert en géologie(UR 154 - LMTG) et spécialiste de la

géodynamique des Andes areçu en octobre dernier leprix Herbert Thomas. Tous lestrois ans, au Chili, ce prix estdécerné à un scientifiqueétranger «qui s’est particuliè-rement distingué dans sacontribution à l’avancée dessciences géologiques au Chilien collaboration avec sescollègues chiliens ». (voirSciences au Sud n° 15,page 7). ●

L’IRD à la Foireinternationaledu livre du CaireCette année, et pour la première fois,l’IRD s’est joint au pavillon français quiregroupe, à la Foire internationale dulivre du Caire, différents éditeurshexagonaux et les centres derecherche présents en Égypte (CEDEJ,IFAO, CEA). La participation de l’institutà cette manifestation phare de la vieculturelle et scientifique égyptienne apermis de renforcer sa notoriétéauprès de ses partenaires habituels,mais aussi vers le public nombreuxque mobilise la Foire. ●

P r i x C h r i s t i a n e D o r é

Un millésime Sud-SudUne étudiante de nationalité chilienne, préparant un doctorat d’océanologie à l’université du Cap en Afrique du Sud a reçu le prix Christiane Doré 2003. Décerné parl’Association des œuvres sociales de l’IRD depuis 1990,cette distinction récompense un stagiaire, ou un allocatairede l’Institut, pour la qualité de ses recherches.

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Coupe d'une stalagmite(ou spéléothème)prélevée dans la grotte deOua-Oué vallée de laBoghen, province du Sud(Grande Terre). Noter lesalternances claires etsombres ou lamines, quitraduisent les variationsde croissance de lastalagmite en fonctiondes conditionsd'alimentation en eau duréseau karstique.

Les photos sont extraites d’un filmdiffusé actuellement sur Canal IRD(www.canal.ird.fr).

Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 24 - mars/avril 2004

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Le Gabon de Fernand Grébert, 1913-1932Musée d’ethnographie de Genève / Édi-tions D, mars 2003, 360 pages, 58 e .

Il s’agit d’un travail scientifique et artis-tique unique de 360 pages illustré de plusde 1 500 dessins originaux à l’aquarelle, àl’encre et au crayon, traitant de manièreapprofondie de la population, de la cul-ture, de la flore et de la faune du pays«pahouin ». Une introduction retraçant leparcours de Fernand Grébert écrit parClaude Savary, et un texte critique sur lesauteurs missionnaires rédigé par LouisPerrois viennent compléter l’ouvrage.

Philippe Collomb (directeur du CICRED)et André Quesnel (démographe à l’IRD)ont élaboré en 1997, à la demande dela FAO, un programme international derecherche pour les centres derecherche en démographie affiliés auCICRED. Il concerne trente pays qui, parleur dynamique démographique etleurs modes d’alimentation, devrontfaire face à des besoins alimentairesmultipliés par plus de quatre à l’ho-rizon 2050.La problématique de l’étude porte surles dynamiques démographiques et depeuplement et sur les formes d’adapta-tion des régimes fonciers, adaptationtant endogène avec les aménagementsde tout ordre mis en œuvre par lesgroupes sociaux et les groupes domes-tiques, qu’exogène avec les politiquesfoncières mises en place. Pour chacundes pays retenus, la recherche estconduite, sous la forme de monogra-phie, par au moins deux centres natio-naux, l’un de recherche en démogra-

phie et l’autre d’études rurales, selonun protocole ratifié par la FAO ; celle-cijouant le rôle d’interface entre le CICRED

et les pays donateurs. En 1998, AndréQuesnel s’est chargé de la sélection, dela mise en place et du suivi général deséquipes des trois premières monogra-phies réalisées au Burkina-Faso, auNiger et en Tunisie. La direction scienti-fique de chacune des monographies a été confiée respectivement à BernardTallet (université de Paris I, en accueil aujourd’hui à l’IRD), Jean-PierreGuengant (IRD) et à Michel Picouet (IRD).«Ces chercheurs ont réussi à mobiliserdes équipes nationales appartenant àdifférentes institutions et des équipesde l’IRD, afin qu’elles travaillentensemble sur la question foncièreaujourd’hui au cœur des enjeux écono-miques et sociaux de ces pays », préciseAndré Quesnel.Les monographies sur le Burkina-Fasoet le Niger viennent d’être publiées,celle concernant la Tunisie devrait

apparaître au cours du premiersemestre 2004. Elles sont égalementdisponibles sur le site web du CICRED. ●

1. Comité international de coopérationdans les recherches nationales en démogra-phie, Paris.

ContactAndré [email protected]

Site web : http://www.cicred.org

Quels besoins alimentaires pour 2050?Les monographies sur le Burkina-Faso et le Niger éditéespar le CICRED1 et la FAO sont les chefs de file d’une séried’études sur la dynamique des populations, les disponibi-lités en terres et les adaptations foncières de chaque payspour mieux faire face aux besoins alimentaires futurs.

Vendredi 20 février 2004. (de gauche à droite) Denis Vène, ambassadeurde France, Salamatou Sow, directrice du département de Linguistique del’université Abdou Moumouny (UAM), Ibrahim Amoukou, doyen de lafaculté d’agronomie de l’UAM, et Francis Kahn, représentant de l’IRD auNiger, lors de la présentation de l’ouvrage de Jean-Pierre Guengant etMaxime Banouin sur le Niger.

Dynamique des populations, disponibilités en terres et adaptationdes régimes fonciers : le cas du Niger

Jean-Pierre Guengant, Maxime Banoin,FAO/CICRED, Paris, 143 p., 2003.

Dynamique des populations, disponibilités en terres et adaptation des régimes fonciers : le cas du Burkina-FasoIssa Drabo, François Ilboudo, BernardTallet, FAO/CICRED, Paris, 114 p., 2003.

PrécisionCarte morphopédologique de GuinéeYves Boulvert, IRD Éditions, collection Cartes et notices n° 114, 110 E .

Dans notre derniernuméro, une erreurs’était glissée dans l’or-thographe du nom del’auteur de cet ouvragePar ailleurs, au-delà deson titre, il convient depréciser que l’ouvragese compose en fait detrois parties distinctesqui s’adressent à despublics différents. Outre la carte morphopédologique, il contient en effet des documents phytogéo-graphiques incluant 52 cartes, et des éléments du climat guinéen et péri-guinéen.

L’avortement en Afrique. Une revuede la littérature des années 1990 ànos joursAgnès Guillaume du laboratoirePopulation, environnement, développe-ment - UMR IRD-université de Provence151, avec la collaboration de WilliamMolmy, Centre population et développe-ment (CEPED), CD rom.

Cette revue de la lit-térature des années1990 à nos jours apour objectif de faireun état des lieux desconnaissances surl’avortement provo-qué en Afrique, unsujet mal connu etinsuffisamment documenté. Basée essen-tiellement sur des recherches dans ledomaine des sciences sociales mais aussimédicales, des articles de revues, deslivres, mais aussi des thèses et des com-munications à des colloques non publiées,sont présentés dans ce cédérom. Cettepublication est consultable sur le site :http://ceped.cirad.fr

Politique africaine, violences ordinaires, n° 91Coordonné par Pierre Janin et Alain Marie, Éditions Karthala, 2003,216 pages, 19 e .

La violence n’est passeulement sociale etpolitique, mais relèveaussi d’une «micro-physique dupouvoir » décelabledans l’ordinaire desrapports sociaux. Ondébouche alors surl’hypothèse d’unecircularité entre lesviolences ordinaires, enracinées dans lalongue durée historique et culturelle, etles violences extrêmes, liées aux situationscontemporaines de crise économique oupolitique. Les premières surdéterminantspécifiquement les secondes, les secondesexacerbant les premières.

Exclusion et liens financiers.Microfinance : leçons du SudIsabelle Guérin et Jean-Michel Servet, Éditions Economica, 693 pages, 37 e .

À partir d’expé-riences africaines,asiatiques et sud-américaines, ce cin-quième rapport ducentre Walras sou-lève trois questionsessentielles pourl’avenir de la microfi-nance dans les paysdu Sud, mais dontles pays du Nord peuvent tirer profit. Lapremière porte sur la diversité des outilset des publics visés. La seconde questionabordée est celle de la gouvernance. Latroisième concerne les défis posés parl’évaluation des impacts.

Microfinance : From daily survival to social change (Microfinance : entre survie quotidienne et change-ment social)Isabelle Guérin et Jean-Michel Servet,édité par I. Guerin et J.-M. Servet, 2003,145 pages.

Cet ouvrage reprendcertaines contribu-tions présentées lorsd’un colloque tenuen janvier 2003 àl’Institut français dePondichéry. À traversdes exemples aussivariés que l’Inde, laChine et le Sénégal,les textes présentésici montrent que l’onne peut faire l’économie d’une analysepréalable des dynamiques sociales et de lamanière dont les pratiques monétaires etfinancières – y compris la microfinance –participent à ces dynamiques sociales.Celle-ci suppose une approche globale,où les services financiers doivent êtrecomplétés par des services d’éducation,mais aussi des actions de défense desdroits économiques et sociaux de base.Ayo ke tanah sabrang

Patrice Levang, Éditions KPG, 2003,357 pages.

Cet ouvrage est la tra-duction en indoné-sien de La Terre d’enface. La transmigra-tion en Indonésie,édité en 1997 parl’IRD. L’auteur montreque les difficultésliées au grand pro-gramme de colonisa-tion agricole dirigé età la transmigration enIndonésie, proviennent moins de pro-blèmes de mise en œuvre que d’uneconception inadaptée dès le départ.

Awna parikwakiIntroduction à la langue palikur de Guyane et de l’AmapáMichel Launey, Collection Didactiques,2004, 256 pages + cédérom, 32 e .

Première grammairepédagogique dupalikur, une langueamérindienne deGuyane et du Brésilparlée par un peumoins de deux millelocuteurs, cetouvrage s’adresse àun large public, etnotamment auxenseignants exerçant en milieu amérin-dien. Il leur fournira une référence pra-tique jusque-là inexistante pour diffé-rentes exploitations pédagogiques etpermettra enfin aux locuteurs du palikurde mieux comprendre les structures deleur langue et de mieux en reconnaître lavaleur intellectuelle et culturelle.

Virus émergents

La récente appari-tion du SRAS (syn-drome respiratoireaigu sévère) rappellela vulnérabilité del’homme face auxmaladies infec-tieuses. À travers de nom-breux exemples, cetouvrage présente leconcept de virusémergents et ana-lyse les facteurs quifavorisent cetteé m e r g e n c e .L’homme y tient une

place déterminante par les modifica-tions majeures qu’il apporte à l’éco-système et par l'évolution très rapidede ses modes de vie (urbanisation,politiques de santé, pratiques socio-culturelles). Sont également expo-sées les propriétés évolutives desvirus – en particulier des virus à ARN –au niveau biologique et moléculaire,qui jouent un rôle important dansleur adaptation à l’homme et leurdiffusion. ●

Les virus émergentsJean-François Saluzzo, Pierre Vidal et Jean-Paul Gonzalez,2004, 192 pages, 15 e .

Bédouins sédentarisés et société citadine à Tozeur (Sud-Ouest tunisien).Nicolas Puig, Éditions Kathala et IRMC,2003, 266 pages, 25 e .

Cet ouvrage s’at-tache à décrire et àanalyser les sociétéscitadines à Tozeur,située dans le Sud-Ouest tunisien. Danstoute cette région, etdepuis une quaran-taine d’années, lesRkârka avec d’autresgroupes du mêmeensemble tribal desAwlâd Sîdî Abîd, sont venus en masse sefixer aux abords de la ville. Ainsi, dubourg modeste, travaillé par la distinctionet la stigmatisation, émerge depuis unevingtaine d’années une cité contempo-raine dotée d’une organisation citadineprogressivement élargie aux dernierssédentarisés.

Environnement et populations : la durabilité en questionSous la direction d’Hervé Domenach et Michel Picouet, Éditions L’Harmattan,2004, 19,50 e .

Cet ouvrage pré-sente une vision desrisques que font cou-rir nos modes de vieà l’équilibre écolo-gique de la planète.Sont ainsi examinéssuccessivement, àtravers le prisme desparamètres démo-graphiques, les pro-cessus d’urbanisa-tion de l’eau, de sécurité alimentaire et degestion des ressources naturelles, qui pro-cèdent directement des activitéshumaines.

Les maladies de passages.Transmissions, préventions ethygiènes en Afrique de l’OuestDoris Bonnet et Yannick Jaffré, ÉditionsKathala, 2003, 510 pages, 26 e .

Dix-sept contribu-tions étudient, duSénégal au Niger, lesnotions de transmis-sion, d’hygiène et lesconduites préven-tives. Les auteursmontrent les liensentre les idées d’im-pureté, de forcevitale, et les repré-sentations du corps et de son fonctionne-ment. Ces interprétations de la transmis-sion de la maladie permettent decomprendre la logique des règles de pru-dence et d’évitement, les attitudes destigmatisations ou de sollicitude à l’égarddes malades.

DocumentairesscientifiquesAutour du thème «Mondialisation etSanté», deux documentaires scienti-fiques intitulés « La fuite dessoignants » et « Patients au Nord,cobayes au Sud»1 seront diffusés les22 et 29 mars à 15 h 45 sur France 5.Au travers d’investigations menéesdans différents pays, ils révèlent la facecachée de la mondialisation sur la santéde tous. La fuite des soignants met en évidencel’absence chronique, dans les pays duSud, de personnels médicaux. Dès lorsqu’ils sont formés, la plupart d’entreeux quittent leur pays d’origine, lasséspar l’ampleur de la tâche, le manque demoyens financiers et matériels, et lessalaires très bas. Faute de personnels, leMalawi ferme ses hôpitaux le week-end, tandis qu’à Soweto en Afrique duSud, des médecins cubains arrivent.Outre ce jeu de chaise médicale, le films’attache à montrer que des solutionsexistent. Ainsi le Mali a stabilisé la fuitedes médecins de brousse en créant descentres de santé communautairesfinancés par les villageois. Patients au Nord, cobayes au Sud, s’in-téresse à l’expérimentation des nou-velles molécules sur les humains. AuNord, les conditions éthiques, notam-ment par le consentement, sont deve-nues contraignantes et coûteuses.Cherchant à expérimenter leurs nou-velles molécules dans des conditionsplus faciles, les compagnies pharma-ceutiques se tournent vers les pays duSud, où seuls les essais thérapeutiquesleur permettent d’avoir accès auxmédicaments. Au Sénégal, l’IRD veutappliquer les mêmes exigenceséthiques qu’en France mais possèdentune culture différente. Aussi la ques-tion éthique et mondiale du « librechoix» est au cœur du film. « La fuite des soignants» sera égale-ment diffusé dans le cadre du Festivaldu film des droits de l’homme de Parisle lundi 22 mars à 20h00. ●

1. La fuite des soignants et Patients auNord, cobayes au Sud sont deux documen-taires de 52 minutes réalisés par GillesCapelle, d’après des enquêtes de GillesCapelle et de Maurice Mourier, productionSystemTV.

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Un partenariateuropéenreconnuL’Association portugaise des docto-rants, en concertation avec les servicesde l’ambassade de France au Portugalont attribué en décembre 2003 à. Anabela Cordeiro Da Silva et Ali Ouaissiun prix scientifique pour récompenserleurs travaux sur l’immunologie desleishmanioses et de la maladie deChagas et l’encadrement de docto-rants en cotutelle. « Nous menons,avec ma collègue du Portugal, une col-laboration dans ce domaine depuisplusieurs années, commente AliOuaïssi, directeur de l’unité R008,Pathogénie des trypanosomatidés.Un financement de la coopérationluso-française et les bourses euro-péennes ERASMUS permettent leséchanges de chercheurs et d'étudiants.Un enseignant chercheur est associéformellement à notre unité derecherche et un doctorant a soutenuune thèse en cotutelle à l'université dePorto le 6 octobre 2003. En janvier, unnouvel étudiant a commencé unethèse en cotutelle (boursier de laFondation pour la science et la techno-logie (FCT) dépendant du ministère de laScience et la Technologie du Portugal).Le travail mené en collaboration avec legroupe de la faculté de pharmacie dePorto a abouti à la publication de plu-sieurs articles dans des revues interna-tionales et d’un brevet en copropriétéentre l’IRD et l’université de Porto. » ●

ContactAli Ouaï[email protected]

Tungurahuamention d’honneurL’ouvrage Los peligros volcánicos aso-ciados con el Tungurahua (les risquesassociés au Tungurahua) a obtenu la«Mention d’honneur» du prix PedroVicente Maldonado (sciences exactes),attribuée par la ville de Quito. M. HugoYepez, directeur de l’Institut degéophysique s’est vu remettre le prix.Trois chercheurs de l’UR 031 de l’IRD,Pablo Samaniengo, Jean-PhilippeEissen et Jean Luc Le Pennec, comptentparmi les premiers auteurs de ce livrecoédité par Corporación Editoria Nacio-nal, IG et l’IRD. Leur objectif, mettre àdisposition des décideurs, et du publicen général, les résultats scientifiquesles plus récents, afin de prévenir lapopulation des risques encourusautour du volcan Tungurahua. Deuxautres ouvrages concernant les volcansCotopaxi et Cayambe sont actuelle-ment sous presse. ●

R oger Pontanier a fait toute sacarrière à l’IRD. Après desétudes au lycée du Parc à

Lyon puis à l’Agro Paris, il intègrel’Orstom, section Pédologie, en 1967,avec un stage d’élève suivi d’une affec-tation à Gabès en Tunisie. Il effectueson stage dans le Nefzaoua où il réalisela cartographie des sols sous la direc-tion du professeur Aubert. Progressivement, dans le Sud tunisien, ils’intéresse au fonctionnement hydriquedes sols en condition de forte aridité. Àce titre, il participe à un programmemulti-organismes avec le CNRS, la FAO,l’UNESCO, l’INRAT et le Service pédolo-gique tunisien, concernant la producti-vité des steppes locales et leur mauvaiseutilisation par défrichement et surpâtu-rage, pratiques conduisant à la déserti-fication dont il cherche à étudier lesprocessus. Pour cela, il installe des sta-tions d’observation sur les principauxécosystèmes des marges sahariennes. Ily relève périodiquement divers para-mètres durant 7-8 ans : cycle de vie desespèces, production végétale, régime

hydrique des sols, efficience de l’eau. Ilmet en œuvre une série d’expériences,toujours in situ et sur le long terme,pour provoquer une dynamique de cessystèmes, afin d’étudier les processusde dégradation et de régénération.Ceci l’amène à définir des seuils de cer-tains de ces paramètres au-delà des-quels la situation n’est plus réversible,et à proposer, un des premiers, des indi-cateurs de désertification. C’est decette période que date sa collaborationavec Christian Floret et Édouard leFloc’h, écologues au CNRS, collaborationqui continuera de fonctionner pendantplus de 30 années sur des bases scienti-fiques et amicales, comme l’atteste unnombre considérable de publicationscommunes .Il rentre en France en 1979 pour rédi-ger une thèse d’État sur « L’aridité enTunisie pré-saharienne» dans laquelle ilsynthétise avec brio les résultats obte-nus durant ces 12 années en Tunisie.Ces résultats scientifiques le condui-sent aussi à proposer des pratiquespour la réhabilitation des écosystèmes

et la gestion des milieux perturbésarides sur des bases écologiques :maintien d’une diversité biologiqueminimum, régulation autonome forte,recyclage organo-minéral, localisationoptimale des productions, optimisationde l’utilisation de l’eau, etc.Il part ensuite au Cameroun, àYaoundé entre 1980 et 1984, puis àTunis jusqu’en 1996 périodes durantlesquelles, il conforte les services pédo-logiques locaux et forme de nombreuxélèves. Il initie le Réseau zones aridesregroupant des scientifiques franco-phones de tous pays et de toutes disci-plines intéressés par ce biome.Il terminera sa carrière au Sénégal àDakar, comme directeur de recherche de1re classe, dans le cadre du projet régio-nal Jachère, financé par l’Union euro-péenne, ce qui l’amènera à apporter sonsoutien aux équipes de chercheurs decinq pays d’Afrique de l’Ouest. L’objectifde ce Projet, toujours en cours, est derechercher des alternatives à la jachère,en voie de disparition, pour le maintiende la fertilité. Il coordonnera ce projet àpartir de 2000 et il obtiendra de l’IRD lacréation de l’unité de service Jachère

qu'il a dirigée activement jusqu'à huitjours avant sa disparition. Cette réussite professionnelle, il la doità une grande rigueur scientifique, à untravail acharné et à sa grande disponi-bilité pour les partenaires dans les paysoù il a travaillé. Aidé de son épouse etde ses deux filles, il avait table ouverteet temps disponible pour tous les visi-teurs. Tous ceux qui l'ont connu nepeuvent oublier sa chaleureuse person-nalité et la fidélité de son amitié. Sesqualités humaines exceptionnelles luiavait permis de nouer des liens solidesd’amitié avec ses collègues et avec sespartenaires étrangers. Affable, chaleu-reux, profondément humain, il était uncompagnon recherché, un responsablede projet aimé et respecté et un coopé-rant écouté et estimé. Les liens étroitsqu’il avait tissés avec les membres descommunautés nationales et internatio-nales et la qualité de ses collaborationsont eu et auront encore des retombéesbénéfiques pour notre institut.Il repose à Dakar, au cimetière de BelAir, très près de son dernier lieu de tra-vail, dans cette terre d'Afrique qu’il nevoulait pas quitter. ●

Hommage àRoger PontanierRoger Pontanier est décédé le 18 décembre 2003, à l’âge de 62 ans. Christian Floret, écologue au CNRS, ami et collègue de plus de 30 ans, évoque sa carrièrescientifique et ses qualités humaines.

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une photo, une recherche

ContactMarc Pouilly

[email protected] 131, Variabilité environnementale

et stratégies biologiques des communautés aquatiques

Photothèque Base IndigoClaire Lissalde,

[email protected]://www.ird.fr/indigo/

Vallée sèche dans les Andesboliviennes, vallée de Luribay.

Photo Marc Pouilly, IRD

Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 24 - mars/avril 2004

qu’elles gèrent de grandes quantitésd’argent, les grandes ONG internatio-nales ont un pouvoir de pression sur lesinstitutions nationales, mais aussi surles ONG locales dont l’indépendance estvariable d’un pays à un autre. Ellesexercent une pédagogie de la globali-sation, en particulier dans la défensede l’environnement, de la démocratie,et dans l’émergence de la société civilequi résume le projet occidental.

Malgré un discours souvent alter-mondialiste, les ONG véhiculent doncles normes des pays du Nord?C’est exact. Au-delà de leur discoursaltermondialiste, elles peuvent avoirdes activités qui fortifient certainesidées contre lesquelles elles luttent ver-balement. La mondialisation neconcerne pas uniquement l’économiede marché, mais égale-ment la formulation denormes de moralité glo-bale et c’est là qu’inter-viennent les ONG. Envingt ans, elles sont pas-sées de l’image du «bri-colage militant» à celled’organisations demoralisation du mondeau nom des droits del’Homme. Prisonnières des finance-ments multilatéraux, les ONG devien-nent des instruments de relais pourrépandre dans les pays du Sud les prin-cipes occidentaux en termes de sécu-rité, de genre, de droits sociaux, dedroits de l’Homme, de démocratie. La notion de biens communs de l’hu-manité à préserver, tout comme celledes droits de l’Homme, autorisent desingérences dont les ONG sont l’outilobligé. La globalisation tend à rendrecaduque la notion de développementet à la remplacer par une lutte contre lapauvreté pour les non-solvables etl’émergence d’une société civile mon-diale pour les autres, considéréscomme normalisables ou normalisés.La pédagogie de globalisation dont jeparlais au début se traduit aussi parl’invention d’une nouvelle forme desolidarité internationale.

De quelle forme de solidarité s’agit-il? Il me semble que c’est une solidarité àminima sociaux. La logique de la solida-rité humanitaire ne cible plus des droitspositifs, qui seraient liés à une sorte devie équilibrée, comme dans les années1947 quand l’OMS parlait de bien être,mais vise plutôt des normes minimalestelles que le seuil de pauvreté, édictéesà l’extérieur pour aider les populationsles plus exposées. Autrefois, il y avait

Un Comité desAnciens à l’IRD

En un moment où les départs enretraite massifs engendrent dans lesétablissements de recherche une pertebrutale de mémoire et d’expérience,des retraités de l’IRD ont créé un«Comité des Anciens» pour mettreleur expérience et leurs compétencesprofessionnelles au service de l’Institut.Il existe aussi des champs d’activitésdifficilement pris en charge par les per-sonnels de l’institut, nécessitant uneréflexion souvent transversale et à longterme à laquelle les «Anciens» pour-ront également apporter leur concours.Le «Comité des Anciens» pourra réali-ser des travaux d’appui à la direction del’établissement : études, avis, expertises,activités de formation, réflexions pros-pectives… En revanche il s’interdit d’in-tervenir dans les activités régulièrementdévolues aux divers services et instancesconsultatives et, de ce fait, il ne peut enaucun cas se substituer aux personnelsen activité et à leurs fonctions.Le Comité des Anciens intervient géné-ralement de manière collective. Il peutle faire par saisine directe de la direc-tion et/ou d’un de ses départements ouservices, mais aussi par auto-saisinepour proposer des projets qui luiparaissent pertinents. Le Comité, en cours d’organisation, estprovisoirement constitué d’une dou-zaine de personnes. Il agit, dans unelogique d’assemblée constituante,comme groupe d’instruction d’un pro-jet futur plus élaboré s’adressant à l’en-semble des retraités volontaires. Danscette perspective, tout retraité estinvité à manifester son intérêt. ●

ContactJacques Merle [email protected].

Entretien

une sorte d’idéalisme, d’aspiration aumeilleur, mais aujourd’hui on place labarre au plus bas. On définit les minimaen deçà desquels il ne faut pas aller.D’ailleurs, à quoi aspirent beaucoup depays du Sud aujourd’hui? À l’assurancemaladie par exemple, mais ils n’ont niles ressources, ni l’organisation adminis-trative pour l’obtenir. On en revient à lagestion de l’altérité, car la solidarité faitpartie de la gestion des autres. Lesmodèles que les pays du Sud regardentaujourd’hui sont ceux des pays du Nord.D’ailleurs, les ONG sont souvent perçuescomme des objets étrangers. Mon expé-rience personnelle au Bangladesh esttrès illustrative de toute représentationtenace. Là-bas, j’avais rencontré lesmembres d’une ONG nationale indépen-dante. Après quinze ans d’activité sur leterrain dans le domaine de la santé, une

partie non négligeabledes paysans qui connais-saient bien cette ONG

pensaient encore avoiraffaire à une organisa-tion étrangère. Touteactivité d’aide et d’assis-tance est spontanémentprise comme une activitéextérieure et étrangère,ce qui rend difficile

l’émergence d’organisations nationales. Ce phénomène global me paraît êtreprofondément lié à la mondialisation. Lasolidarité est désormais allouée et nongagnée par les luttes dans les sociétés.Les riches la concèdent aux pauvres, cequi place dans l’ombre les États natio-naux devenus simples figurants. Pour-tant, il faut avoir quelque chose encommun pour être solidaire, me semblet-il, or l’action humanitaire s’adresse àdes gens qu’elle ne connaît pas et quisont secourus en tant qu’exemplaires del’espèce humaine. ●

ContactBernard [email protected]

Autres ouvrages de Bernard Hours :

L’idéologie humanitaire ou le spectaclede l’altérité perdue, L’Harmattan, 1998.

Domination, dépendances, globalisa-tion. Tracés d’anthropologie politique,L’Harmattan, 2002.

1. Les ONG, médiations politiques et globali-sation. N° 94-95 du Journal des anthropo-logues, Éditions Association française desanthropologues. 2004 2. Bernard Hours est également co-auteuravec Monique Sélim de Solidarités et compé-tences, idéologies et pratiques, ÉditionsL’Harmattan. 2003.

E n t r e t i e n a v e c B e r n a r d H o u r s

ONG, mondialisation, solidarité

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dierP ourquoi les anthropo-

logues s’intéressent-ils auxONG aujourd’hui ?

Les organisations non gouvernemen-tales ont longtemps été considéréescomme des « non-objets » par lessciences sociales. Mais à partir desannées 1990, à mesure que le pouvoirdes États s’affaiblissait au profit d’entitésinternationales telles que l’Union euro-péenne, le FMI ou la Banque mondiale,les ONG sont venues combler un vide ausein des politiques multilatérales.Aujourd’hui, elles sont devenues desacteurs incontournables sur la scène desrelations internationales, du développe-ment et des droits de l’homme. Ellesjouent un rôle pédagogique centraldans la diffusion des normes et valeursoccidentales et font ce que j’appelle dela pédagogie de la globalisation. À cetitre, elles ont à voir avec l’identité etl’altérité, et concernent par conséquentl’anthropologie. Personnellement, montravail au sein de l’UR «Travail et mon-dialisation», consiste à identifier leslogiques d’interventions des ONG entermes de gestion de l’altérité entre leNord et le Sud, de gestion des exclu-sions planétaires, et de solidarité2.

La légitimité des États du Sud est-elle remise en cause par la montéeen puissance des ONG sur le planinternational ?Cela dépend. Dans les États forts, l’in-fluence des ONG est encore limitée. AuBangladesh par exemple, où le gouver-nement est exposé à un grand conser-vatisme islamique, les ONG sont trèscontrôlées. Elles sont perçues commel’importation de normes étrangères, cequi freine et crispe le gouvernement.Au Viêt-nam, l’État-parti représentepar définition la société civile. Il y a peude place, donc, pour des organisationssusceptibles de lui faire du tort.L’implantation des ONG dans le pays estd’ailleurs récente puisqu’elle date de lafin des années 1990. En Asie centrale, la situation est diffé-rente. Les ex-républiques soviétiques sesont profondément déstructurées suiteà l’effondrement du bloc communiste.La perte de normes a ainsi laissé lechamp libre aux ONG qui apparaissentcomme des éléments supposés civilisa-teurs. Par leur intermédiaire, les paysoccidentaux exercent une influenceidéologique au détriment de la crédibi-lité fragile des États en place. Parce

Bernard Hours, anthropologue à l’IRD, a coordonné avec Françoise Bourdarias et Annie Le Palec un numérodu Journal des anthropologues consacré aux organisationsnon gouvernementales1. Depuis une dizaine d’année, les sciences sociales s’intéressent aux ONG, notamment à leur rôle parfois paradoxal dans la mondialisation et la solidarité internationale.

H e n r i R o t s c h i

Pionnier de l’océanographie française dans le Pacifique

H enri Rotschi, océanographe physicien de l’IRD, est décédé le 8 janvier2004 à Samoëns (Haute-Savoie) à l’âge de 79 ans.

Ingénieur chimiste né en 1925, Henri Rotschi bénéficia d’une boursed’études de l’Office de la recherche scientifique coloniale (ORSC) en 1948-1949 puis fut recruté par l’Office en 1950 comme océanographe chimiste(l’ORSC pris le nom d’Orsom, Office de la recherche scientifique de l’outre-mer, en 1949*). Il rejoignit l’Institut français d’Océanie en 1953. Là, aprèsquelques études côtières, il jeta, avec son collègue Michel Legand (océano-graphe biologiste) les bases d’une océanographie régionale hauturière,limitée principalement à la mer du Corail faute d’un navire océanogra-phique adapté. En 1965, année faste pour toute l’océanologie française duPacifique, le centre de Nouméa put enfin disposer du Coriolis, premiernavire océanographique français construit pour l’océan tropical et dontHenri Rotschi fut sans conteste, avec Michel Legand, l’un des initiateursprincipaux. L’arrivée du Coriolis, accompagnée de l’affectation de nom-breux jeunes chercheurs physiciens placés sous son autorité, permit la réalisation de très nombreuses campagnes à la mer(hydrologie, chimie des eaux, courantologie, hydroclimats…) sur l’ensemble des zones tropicale sud et équatoriale duPacifique (130° W-150° E et 30° S-10° N). Des phénomènes océanographiques inconnus, voire insoupçonnés à l’époquepour le Pacifique Ouest, ont ainsi été mis en évidence : upwelling équatorial, sous-courant équatorial, contre-courant équa-torial sud, circulation tropicale sud, courantologie de la mer du Corail… Ces travaux ont contribué, de manière significative,à l’intégration des chercheurs du centre de Nouméa au sein de la communauté des océanographes du Pacifique (Américains,Australiens, Russes, Japonais…) puis des programmes de recherche dans les futurs grands programmes internationaux à fina-lité climatique (TOGA, COARE, CLIVAR…). Localement, ces études ont aussi conduit, pour partie, à l’élaboration de l’Atlas de laNouvelle-Calédonie paru en 1981. Henri Rotschi quitta le Pacifique en 1976 pour rejoindre son poste d’affectation en Côte d’Ivoire, au centre de recherchesocéanographiques (CRO) d’Abidjan. Il fut dans un premier temps affecté comme chercheur puis, sa personnalité s’imposant,prit la direction du CRO à partir de 1977, poste qu’il cumula un peu plus tard, à la demande de la direction générale del’époque, avec celui de représentant de l’IRD en Côte d’Ivoire. Il exerça ses activités jusqu’en juillet 1985, date à laquelle il fit

valoir ses droits à la retraite. Henri Rotschi restera, pour tous ceux qui ont eu la chance de pouvoir tra-vailler à ses côtés, un chercheur remarquable, exigeant, possédant uneouverture d’esprit peu commune et un enthousiasme certain pour tous lesprojets de recherche nouveaux. ●

* L’institut prendra ensuite le nom d’Orstom en 1953 puis d’IRD en novembre 1998.

Le navire océanographique Coriolis.©

IRD

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Henri Rotschi et Michel Legang, 1958.

© IR

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La solidarité est désormais

allouée et non gagnéepar les luttes

dans les sociétés.