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    Meunier, Victor (1817-1903). Jsus Christ devant les conseils de guerre. [Sign : Victor Meunier.]. 1849.

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    JSUS-CHRIST

    DEVANTLES

    CONSEILS DE GUERRE

    PAR

    VICTOR MEUNIER.

    TROISIEMEEDITION.

    PRIX: 95 CENTIMES.

    PARIS

    LIBRAIRIEPHALANSTRIENNE,25, QUAI VOLTAIRE

    LIBRAIRIESOCITAIRE,2, RUEDE BEAUNEM DCCCXLIX

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    Imprimericd'E. DUVERGER,ruede Verneuil,n.4.

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    AVERTISSEMENT

    DE LA TROISIME DITION.

    JSUS-CHRIST DEVANT LE CONSEILDEGUERRE a paradans la Dmocratie pacifique du 28 aot 1848.

    Cette premire publication ayant t rapidement enleve,une seconde dition, considrablement augmente, a paru la suite du SOCIALISME DEVANTLE VIEUX MONDE, parM. Victor Considrant.

    La prsente dition est conforme la seconde. Nous lafaisons

    prcder de la Table des matires de

    l'ouvrage de

    M. Considrant, auquel nous renvoyons le lecteur (1), etdont nous reproduisons seulement le 42 qui tait, danscet ouvrage, l'introduction spciale de l'crit de M. VictorMeunier.

    La question pose est celle-ci :Le Christianisme, sur lequel s'appuient les ennemis du

    Socialisme pour l'craser, n'est-il pas all lui-mme auxconsquences les

    plus audacieuses des

    partis les

    plus ex-

    trmes du Socialisme moderne? Que le lecteur enjuge.

    TABLE DES MATIRES

    DU

    SOCIALISMEDEVANTLE VIEUXMONDE.

    Pages.POST-SCRIPTUM, renvoyer page220bis VIII 0.Couronnes de Cyprs 1

    1.La Socit actuelle peut-elle tenir? 2

    (1)LE SOCIALISMEDEVANTLEVIEUXMONDE,OULEVIVANTDEVANTLESMORTS,parVictorConsidrant,Reprsentantdupeuple ; troisimetirage (surclichscorrigs.Un volumeformatin-8, prix:2fr. ;Paris,librairie phalanstrienne, 25, quai Voltaire, et chez les principaux

    librairesde Paris et desdpartements.

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    2. L'affranchissement des proltaires ou... la guerresociale 5

    5. Les causes de laguerre sociale 44. LaRvolution n'est pas finie 65. L'ide du sicle 9

    IX. DVELOPPEMENTS DUSOCIALISME. 10

    6. LaBourgeoisieopresonmancipation 107. LaBourgeoisie assure sonmancipation 128. Le Problme social sepose 159. L'Aveuglement. 15

    10.L'Oligarchiebourgeoise l'oeuvre 1611. Divisionpolitiquede laBourgeoisie 1612. Le Socialisme seproduit 18

    111. LES CARACTRES EX LES DANGERS DU

    SOCIALISME. 20 15. Mauvaisexempledonn auSocialismeparl'manci-

    pationde la Bourgeoisie 2114.Mauvaisestraditionslivres auSocialismeparlaMo-rale et laPhilosophie , 22

    15.Mauvaises traditions livres au Socialismepar lesEcritures, les Aptres, lesSaintset lesPres del'Eglise. 24

    16. Le Problmeet lesmoyens desolution,livrs au So-cialismepar le Vieux Monde... 26

    17. Dfinitionrgulire etvridiqueduSocialisme 2818.L'Hydredu Socialisme, 28

    19. Caractresspcifiques du Socialisme ... 5020. Inventaire du Socialisme 51LE BABOUVISME 51SYSTME COOPRATIFD'OWEN 52LECOMMUNISMEICARIEN 35LESAINT-SIMONISME 34LE SYSTMEPHALANSTRIEN. 57

    a. Fourier 57Principesde laRforme commerciale 58

    c. Principesde la Rforme industrielle et int-grale ; 59d. Caractres conomiques et sociaux du Sys-

    tmephalanstrien 41e. Les Partisans dutravail rpugnant 44f. Le Travailattrayant oul'esclavage desmasses 45g. Vieille Histoire d'une btequivit toujours.. 48h. LeTravail attrayant, ou la Rvolution enper-

    manence. ..... 49i. Rception peu aimablefaitepar l'Assemble

    unepremirevisite 51

    j. Cequ'offre au monde le Socialismephalans-trien 55

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    5LE COMMUNISME 39

    k. Caractre communtous les Communismes. 591. Des Communistesquis'enrichissent 61m.Des Phalanstriens qui s'appauvrissent 62n. DuRemboursement dfinitif ducapital 64

    o. Morale ; 66p. Les varits du Communisme 67COMMUNISMEDE BUCHEZ 69

    q. Lesantcdents de Bchez : tendances reli-gieuses 69

    r. Systme de Bchez 71s. Lesextravagancessocialistes deDieu,cra-

    teur du ciel et de laterre, souverain seigneurde toutes choses 75

    t. Pourquoi, cependant, nous nous sommes misductdu bonDieu.; 75

    v. Caractre honorable de l'Ecole de Buchez... 78COMMUNISMEDEM. DUPIN ET DE GUY-CO-

    QUILLE,. : 79v(bis).Leplustratre de tous 79

    LESOCIALISMEDELOUIS BLANC 87 x. Ses ;erreurs. 88

    y. Les injusticeset lesingratitudes del'opinion. 92PIERRE LEROUX 95

    z. Destendances,maispeudesystme 95aa. Unpoint par o certains Communistes se rat-

    tachent tropl'instinct de laproprit 96LE SOCIALISMEDEPROUDHON 99

    bb.Portrait delabte 99cc. Unargument commode,tout faire... 100dd. Comment Proudhon n'est pascequ'unvain

    peuplepense 101 ee.Enquoiconsiste le Socialisme de Proudhon. 105

    ff. Prenez-y garde 107gg. Principe duparatonnerre 110

    ABOLITIONDE LA FAMILLE. 111

    ghh. Les femmes encommun 111ii. Les Socialistesmoraux 115jj. LesSocialistes immoraux 115kk. Oujemebrouille avec la morale 116

    21.Les effets desrivalitsde mtier 11922. Les conditionssrieusesdu Ralliement des Socialistes 12525. Utilitprovidentiellede toutes lesformulesdu Socia-

    lisme 12624.Qu'est-ce qui n'estpas unpeurvolutionnaire en ce

    temps-ci? 127IV. LES ADVERSAIRES DUSOCIALISME. 131

    25. Les Vivants.... 15126.Les Morts 135

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    627. Pourquoivous tes Morts . 13528.Prdictions, et quoielles ontservi 13829.Impuissance. 14450. Jeparlede tous lesMorts gouvernants, oupossibles. 147

    51.Procdpourreconnatre sil'onestMort ouVivant. 15032.Conclusion sur lescauses devotretrpas 15255. Convertissez-vouspendant qu'ilesttemps 15554. Nullit devos forcesmatrielles 15855. Nullitdevos forces morales 16356. L moralit du grand parti de l'honntet (chef,

    M.Thiers)... .,... 16557.Lacapacitdu grandparti desgens capables (chef, le

    mme).... 18238. LeSocialismeimprialiste 19059. L'Apocalypse 19340. Aux

    rougeset aux

    pursde la veille 20041-Qu'onneparle pasdel'originedes fortunes 20742. Aux Chrtiens sincres, aussi bien qu'aux Phari-

    sienscatholiques ouprotestants 21043. Aux journalistes honntes,aux crivains religieux

    etvertueux , 213EPILOGUE:AUXPHALANSTRIENS 214NOTES. 221

    NOTA.Lapartie de cet ouvrage comprisedepuis le 18 l'Hydre du

    Socialismejusqu'au 22 inclusivement, contenant la revue de tous lessystmesSocialiste contemporain,a t tire part sous le titre dePANDMONIUMSOCIALISTE,etse trouve laLibrairiephalanstrienne,in-8 de100pages : Prix 75 centimes.

    Voici maintenant le paragraphe 42 de l'ouvrage dont onvient de voir la table.

    s 42.Aux Chrtiens sincresaussibien qu'auxPharisiens catholiquesetprotestants.

    Cette sainte Religion chrtienne, cet Evangile de libertet de fraternit, on sait ce que, les temps du Christianismeprimitif une fois passs, nous en avons vu faire. Une al-liance anti-chrtienne avait t conclue entre les puissancesde l'Eglise et les puissances du Monde, et laReligion de li-bert tait devenue une thocratie, un ftichisme etun bil-lon. Jamais plus grand crime n'a t commis sur la terreque la corruption sculaire de cette Religion.

    On sait quels combats gigantesques ont t livrs depuisLuther jusqu' la fin du sicle dernier contre cette ptrifi-

    cation thocratique. Tous nos bourgeois ractionnaires ontencore les bustes de Voltaire et de Rousseau dans leur ca-

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    binet. Les voil cependant qui n'ont pas honte de fairevolte-face et d'invoquer, athes et paens qu'ils sont, nonpoint l'Evangile, ils l'auraient en horreur, mais cette reli-gion arrange, sous le nom du Christianisme, pour endor-

    mir tepeuple, pour le mater, pour lui apprendre qu'il doitse crever de travail, souffrir, travailler, souffrir encore,travailler toujours, et qu'il ne doit pas tre heureux en cemonde, parce que Dieu ne le veut pas.

    Eh bien, notre sicle nes'y trompera pas comme il a tpermis au prcdent de le faire. Notre sicle remonte auxsources du Christianisme, et, loin d'attaquer le Christia-nisme, c'est avec leChristianisme qu'il s'apprte vous cra-ser, pharisiens hypocrites.

    LeChristianisme atdirig contre le vieux Monde, contre

    la Civilisation romaine, contre la socit paenne de sontemps.Or, votre socit est toujours la socit paenne et ro-maine. Vos esclaves sont des proltaires, des ouvriers, desmanoeuvres, des domestiques, voil la diffrence :et pourl'gosme, pour le matrialisme, pour l'avidit, la cupiditet toutes les passions basses et viles, votre socit rendraitdes points celle d'Auguste et de Caligula. L'Evangile t-moigne contre votre socit, etlestemps sont passs o vouspouviez facilement faire du Christianisme un instrumentd'oppression et d'exploitation.

    Voyons donc, vous tous qui combattez le Socialismeaujourd'hui, vous d'abord les catholiques pharisiens, vousles anti-chrtiens de l'Univers, et tous ceux devotre Ecole,hommes de domination, de mensonge, d'aigreur et de fu-reur, vous qui servez si bien ruiner au reste le faux chris-tianisme, le christianisme thocratique, qu'avez-vous diredes propositions socialistes extraites des livres saints, quevoici runies dans JSUS -CHRIST DEVANTLESCONSEILSDEGUERRE?

    Et vous que nous ne confondons pas avec ceux-ci, vous

    qui n'tes pas des artisans defiel, de haine et de mensonge,mais qui, par ignorance du caractre primitif et vritabledu Christianisme, croyez devoir tenir en.abomination tout cequi, de prs ou deloin, touche au Socialisme, lisez ! vrifiezles citations! et dites-nous quelles impressions font sur vousces paroles? Ce sont des Saints, des Docteurs, des Pres, desAptres qui parlent lelangage desSocialistes, unlangage sou-vent plus violent que celui des plus radicaux parmi ceux-ci?Et vous, Prtres!

    Et vous, Evques!

    Et vous, notre Saint-Pre Pie IX, qui avez, au dbut devotre pontificat, lanc uneEncyclique contre le Socialisme!

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    Ah! certes, quand le Socialisme ne tirait ses propositionsque de lui-mme, vous pouviez passer ddaigneusement etgarder le silence.

    Mais aujourd'hui, Clerg !c'est avec vos propres textes,les textes sacrs, les textes des critures, que leSocialismemarche la conqute des mes !

    Vosplus grands Saints taient degrands, de terribles so-cialistes !

    Il n'y a plus moyen de se taire !ilfaut parler. Les fidlesattendent ce que vous direz devant ces textes redoutables.

    Et ceci n'est pas tout, hlas ! c'est une affaire qui ne faitque commencer. Le Socialisme, ayant mis la main l'tudedes premiers sicles, vous enrserve bien d'autres.....

    Pour moi, je ne crains pas de dire que lesAptres et les

    premiers chrtiens se sont

    tromps en faisant du Commu-

    nisme ; que les Docteurs et les grands Saints des premierssicles se sont tromps en soutenant qu'il tait criminel detirer du capital un revenu, quelque menu ft-il.

    S'ils avaient l'AMOUR du peuple, ils n'avaient pas encorela SCIENCE-SOCIALE.

    Je ne me crois nullement oblig departager leur manirede voir, leurs exagrations sur ces objets. Mais vous!voyons : vous voici forcs de parler. Il faut vous taire au-

    jourd'hui devant les communistes, reconnatre mme leur

    orthodoxie, ou bien il vous faut

    foudroyer plusieurs Ap-tres, damner vos plus grands Saints et brler l'EvangileQue voulez- vous que pensent les fidles en voyant vos

    anathmes anti-socialistes tombant tout droit sur la ttedes plus grands Docteurs del'Eglise?

    Et que doivent-ils croire en prsence de ces citationsredoutables qui pulvrisent les bases lgales et conomiquesde la socit d'iniquit qu'ils ont maudite et dont vous voustes faits lesplus acharns souteneurs ?

    Il faut pourtant prendre un parti !Il faut

    qu'on sache avec

    qui vous tes!Etes-vous pour ou contre l'intrt du capital ?Reniez-vous les dcisions des Pres, des Docteurs et

    des Conciles contre le rendement de l'argent, et par con-squent de laterre et de toute valeur?

    Etes-vous avec les Pres, avec les Aptres, avec lesDocteurs, avec les Conciles du ct de Proudhon ?

    Ou bien contre les Pres, contre les Docteurs, contre lesAptres, contre les Conciles du ct des Economistes !

    Parlez! vous ne pouvez plus vous taire, Docteurs de

    l'Eglise, Prdicateurs, Evques. Archevques, CARDINAUX,PAPE!

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    Ilfaut enfin que le VRAI SENS du Christianisme clate. Iffaut qu'on sache o sont les vrais chrtiens, et o sont leshrtiques, les tratres l'Evangile.

    Le Socialisme s'lve du sein des peuples ;C'est un mouvement bien autrement fort et profond quecelui de la Philosophie du dix-huitime sicle ;Le Socialisme revendique pour lui l'Evangile et les pures

    traditions de la Religion des faibles et des opprims. Ilexpose ses titres et ses tmoignages.

    Qu'ont dire ceux qui seprtendent les gardiens des t-moignages, les conservateurs de la parole? Qu'ils parlentdonc!

    Mais ils ne parleront pas! Ils ne parleront pas, car ilscomprennent que le temps est venu o la lumire si long-temps mise sous le boisseau va briller de tout son clat, il-luminer les peuples et couvrir de confusion ceux qui ontvoulu faire du Christianisme une religion d'oppression etd'exploitation.

    Vous vous tairez devant ces textes.Vous vous tairez, c'est moi qui vous le dis.Vous laisserez le VENINextrait des critures, des livres

    des Pres et des docteurs, couler dans le Peuple, troublerles consciences timores et propager rapidement le Socia-lisme ;mais bientt, mesure que la libert pntrera dansle monde et que le vritable sens del'Evangile et du Chris-tianisme servlera aux populations, le clerg secondaire,le clerg dmocratique, le clerg proltaire, opprim, es-clave, se lvera comme un seul homme et proclamera lui-mme avec nous le sens librateur.

    Scribes, Pharisiens, Princes des prtres, votre heure estproche.

    Pourquoi?Parce que voici l'heure de la Dmocratie, c'est--dire de

    l'Evangile dans leMonde et dansl'Eglise. Rgnration

    del'Eglise et rnovation du.Monde !

    Et vous sceptiques, athes, mcrants, fils de Voltaire,gens habiles qui venez de cimenter votre difiante unionavec l'autel du Christianisme paganis, dites-nous donc un

    peu aussi votre opinion sur la doctrine des grands Saints,des Pres et des Aptres touchant l'intrt du Capital et lesobjets de Socialisme !

    V. CONSIDRANT.

    (Socialismedevant leVieuxMonde,pages210 et suiv)

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    JSUS-CHRIST

    DEVANT

    LES CONSEILS DE GUERRE

    Par VICTOR MEUNIER.

    Deuximedition considrablementaugmente.

    Au Citoyen procureur-gnral de la Rpublique.

    Citoyen,

    J'ai l'honneur de vous annoncer que je viens d'ache-ver et que je compte publier trs prochainement I'HISTOIREDELACONSPIRATIONDEBABEUFPOURL'GALIT.

    Mon hros n'a pas prcisment suivi la ligne tracepar le dcret salutaire qui interdit toute discussion de laproprit. Mais :

    Scribitur ad narrandum non ad probandum. J'crispour raconter et non pour rien prouver.

    Date de l'an premier de l'tait de sige, cette dclara-tion sera-t-elle taxe de pusillanimit? Vous n'y verrezqu'un clatant tmoignage de ma soumission aux lois demon pays.

    Comme l'a dit l'Assemble dans une proclamation endate du 23 juin :

    LE DROITEST DANSL'OBISSANCE(P).

    Je suppose, que l'histoire n'est point comprise dansce que le gnral Cavaignac a repris la libert (Q),dans l'intrt de la Rpublique; semblable au chi-

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    rurgien qui ampute un membre pour faire profiter lesautres, avec cette diffrence ou cette analogie que le

    membre n'est perdu que jusqu'au jour du jugement et dela rsurrection.

    C'est l'histoire de matre Pancrace et de son oeil. Perdrai-je l'oeil? lui dit messer Pancrace.Non, mon ami; je letiens dans ma main.

    Assurment, si, comme la chose eut lieu ailleurs ily a quelques dix-huit sicles, un homme paraissait au-

    jourd'hui sur les rives de la Seine, et qu'il allt prchantdans les rues et les carrefours :

    L'abolition de l'exploitation de l'homme par l'homme ;Et la communaut des biens;

    Injuriant les prtres et les magistrats, traitant les com-merants de voleurs, lanant l'anathme aux riches,soufflant dans l'me des pauvres des esprances insen-ses, vivant dans la socit du bas-peuple, et n'ayantd'ailleurs ni domicile connu, ni moyens d'existenceavrs;

    Si, groups autour de ce clubiste en plein vent, denombreux disciples se faisaient l'cho d'une doctrine sub-versive des lois, des moeurs, de la religion, dela famille,de la patrie et de la proprit ; mettant cette doctrine en

    pratique, poussant les simples vendre leurs biens et en distribuer leprix tous, selon le besoin que chacunen aurait; s'ils appliquaient sans vergogne ce conseilminemment communiste du Matre: En quelque mai-son que vous entriez, demeurez-y, mangeant et buvantce qu'on vous donnera. Ah !heureusement il ya descommissions militaires Paris.

    Je dis donc, que, si le divin Jsus, ses Saints Ap-tres et les plus illustres Pres de l'Eglise renaissaientparmi nous, et que, sduits par leurs paroles, nous vou-

    lussions pratiquer ou seulement propager leurs doctrines,nous ne pourrions le faire sans violer notre DROITD'O-BISSANCEaux lois de la Rpublique et sans voir entravercette prcieuse libert d'aller et de venir que la Constitu-tion avait d'abord l'intention denous reconnatre.

    Ceci a-t-il besoin de dmonstration? Peut-tre. Tel secroit chrtien dont la religion consiste assister aux offi-ces, s'humilier devant le prtre, s'approcher de lasainte table. Quelle erreur, citoyen ! et combien de d-votes s'enfuiraient pouvantes si, du vestibule de la re-

    ligion, pntrant dans le temple, elles taient sommesde pratiquer ces oeuvres en l'absence desquelles la foi est

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    de nulle valeur, au dire de saint Jacques. D'ailleurs,l'claircissement de cette thse n'est pas inutile au succsde la petite prcaution oratoire dont j'ai cru juste autantque ncessaire de faire prcder mon travail. Permettez

    donc que, dans un de vos moments perdus, j'aie l'hon-neur de vous faire connatre le Christ et ses Aptres.

    I.

    Leurs maximes fondamentales, fidles, l'auriez-vouscru ! nous jettent en plein communisme.

    Entre une infinit de citations, je prends au hasardles suivantes :

    Quiconque d'entre vous NERENONCEPASA TOUTCEQU'ILA,

    ne peut tre mondisciple, dit leMatre. (SaintLuc, XIV, 33.)De nombreux tmoins vous attesteront, que, non con-tents de propager cette doctrine attentatoire la pro-prit et la famille, ils la mettent en pratique. Onvous prouvera que toutes choses sont communes entreeux, et que, parmi eux, personne ne dit jamais quece qu'il possde soit lui en particulier.

    Mais peut-tre d'aussi brves citations vous paratront-elles suspectes. Lisons donc ensemble les Actes desAptres.

    Et tous ceuxqui croyaient taient ensemble dans un mmelieu, ETAVAIENTTOUTESCHOSESCOMMUNES; ils vendaient leurspossessions et leurs biens et les distribuaient A TOUS SELONLE BESOIN QUECHACUN EN AVAIT.

    Et ils taient tous lesjours assidus au temple d'un communaccord; et, rompant lepain demaison en maison, ils prenaientleurs repas avecjoieet simplicit de coeur.(Act. des Ap., II,44,45,46.)

    Et ailleurs :

    Or, lamultitude de ceuxqui avaient cru n'tait qu'un coeur

    etqu'une me; ETPERSONNENEDISAITQUECEQU'ILPOSSDAITFUTA LUIENPARTICULIER,MAIS TOUTES CHOSES TAIENTCOMMUNESENTRE EUX.

    Il n'y avait personne parmi eux qui ft dans l'indigence ;parce quetousceuxqui possdaient des fonds de terre ou desmaisons lesvendaient, et apportaient leprix de ce qu'ils avaientvendu.

    Ils le mettaient aux pieds des aptres, et on le distribuait chacun SELONQU'ILENAVAITBESOIN.

    Ainsi Joss, surnomm par les aptres Barnabas, c'est-dire fils de consolation, qui tait lvite etoriginaire deChypre,

    Ayant un fonds de terre, le vendit et en apporta le pris etle mitaux pieds des aptres, (Loc. cit., IV, 32, 34, 35, 36,37.)

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    Je vous entends ; l'exemple de quelques fanatiques neprouve rien, et l'empressement qu'on met citer ce Jossindique assez que ceux qui se rsignrent cet abandonde la famille et de la proprit ne furent jamais nom-

    breux. Le mal est bien plus grand que vous ne lepensez!Il nes'agit point ici, dit Salvien, d'une poigne de chrtiens.

    Leurpetit nombre aurait pu affaiblir l'autorit de leur exemple.Il s'agit d'une multitude considrable depeuple, et l'on en peut

    juger par cequi nous est rapport dans les Actes, qu'au dbutmme du christianisme 8000hommes, en deuxjours, sejoigni-rent la nouvelle Eglise, sans compter les enfants et les fem-mes. Combien donc chaque jour negrossit-il pas dans lasuitele nombre des fidles vivant en communaut. (Salvian, Con-.avarit. I, 3.)

    Cela vous donne penser. Voici qui va vous dcider intervenir.

    Je reprends la suite du rcit.Mais un certain homme, nomm Ananias avec Saphira, sa

    femme, vendit unepossession.Et il retint une partie duprix, du consentement de safemme,

    et il en apporta le reste, et il le remit aux pieds des aptres.Mais Pierre lui,dit: Ananias, pourquoi Satan s'est-il empar

    de ton coeurpour tefaire mentir au Saint-Esprit et DTOUR-NERUNEPARTIEDECEFONDSDETERRE?

    Situ l'eusses gard, ne te demeurerait-il pas?Et l'ayant ven-du, n'tait-il pas en ton pouvoir d'en garder le prix? Commentcela a-t-il pu entrer dans ton coeur? Ce n'est pas auxhommesquetu as menti, mais c'est Dieu.

    Ananias, l'oue de cesparoles, tomba et RENDITl'esprit ; cequi causa une grande crainte tous ceux qui en entendirentparler.

    Je le crois bien !Etquelques jeunes gens, se levant, leprirent, l'emportrent

    et l'ensevelirent.

    Environ trois heures aprs, safemme, ne sachant rien de ce-quitait arriv, entra.Et Pierre, prenant la parole, lui dit : Dis-moi, avez-vous

    vendu le fonds de terre autant? Et elledit : Oui, nous l'avonsvendu autant.

    Alors Pierre lui dit :Pourquoi vous tes-vous accords en-semblepour tenter l'esprit duSeigneur? Voil; ceux qui onten-seveli ton mari sont laporte, et ils t'emporteront.

    Au mmeinstant, elle tomba sespieds etRENDITL'ESPRIT.Etces jeunes genstant entrs, ils la trouvrent morte, et ils l'em-portrent, et l'ensevelirent auprs de sonmari.

    Celadonna une grande crainte toute l'Eglise et tous ceuxquienentendirent parler. (Act.des Apt., IV,36, 37, v. 11\

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    Si ces citations ne suffisaient pas clairer votre reli-gion, jepourrais puiser pleines mains dans les livres descommentateurs. Aquelles preuves, citoyen, vos oreillesseraient soumises. Jugez-en :

    Ecoutezpeupleschrtiens etcomprenez,s'crie saintBasile...Nousqui jouissons de laraison, ne nous montrons pas pluscruelsqueles brutes. Celles-ci acceptantlesproduits delaterrecomme des choses naturellement communes,en usent sans dis-tinction entre elles; les chvrespaissenttoutesensemble sur unemmemontagneet lesbrebis dansunmmechamp;on voitenoutre certainesespcesd'animauxse secourirmutuellement dansles besoins de la vie. Nous, au contraire, nous nous rendons

    propres leschoses quisontcommunes, NOUSPOSSDONSSEULSLESCHOSESQUIAPPARTIENNENTAUPLUSGRANDNOMBRE.Vnronset imitons dans les Gentils leurgenrede viesipleined'humanit;

    il existait parmieux des nations oune heureuse coutume ru-nissait TOUSLESCITOYENSAUTOURD'UNEMMETABLE,POURUNECOMMUNENOURRITURE,ET DANSUN SEULDIFICE.Mais laissonsl lesexemples trangers, et que les trois nulle hommesrassa-sisparleSeigneuravec unpetitnombre depoissons,nous ser-vent surtout d'enseignement. Enfin, la vie despremiers chr-tiens doit nousremplir d'une gnreuse mulation. Dans leprin-cipe, tout tait communentre eux; ils avaient une vie, un es-prit et des sentiments communs, de mme qu'une table com-mune; ils taient animsd'une fraternit relle, etleur charitn'tait pas une fiction;ils ne formaient tous ensemblequ'unseul

    corps,et leurs mes diverses se confondaient dans une

    mme volont. (S.Basil, homil. in divit.)Un mot de saint Jrme :Lejustefait de sonpain lepainde lacommunaut. (Fragment

    du comment, sur leprophte Ezchiel.)Vous conviendrez que lorsqu'au 16 avril, au 15 mai et

    au 23juin la partie modre de notre population criait :Mort aux communistes ! elle n'entendait pas accorder unSrilld'indemnit ces plagiaires de M. Gabet. L'indigna-tion publique dit assez cequi vous reste faire.

    11.

    Et, necroyez pas que ces disciples, canoniss deJsus,se bornent faire de la communaut des biens un con-seil dont la pratique soit facultative, vous n'auriez qu'uneide incomplte de leur audace.

    LA VIE COMMUNEESTOBLIGATOIREPOURTOUSLESHOMMES,et premirement pour tousceuxqui veulent servirDieu d'unemanireirrprochable et imiter l'exemple des aptres et deleurs disciples. (SaintClment,Act.concil.)

    Saint Clment ! un pape ? Eh monsieur, qui le di-

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    tes-vous ?Devoir pnible !mais vous n'y manquerez pas.Le mme pape continue en ces termes :

    L'usage de toutes les choses qui sont en ce monde doit trecommun tous leshommes. C'est L'INIQUITQUIAFAITDIREA

    L'UN: CECIESTA MOI;ET AL'AUTRE: CELAM'APPARTIENT.DELAESTVENU LA DISCORDE ENTRE LES MORTELS. (SaintClment I, P. act. cencil.)

    Ainsi Rousseau ne l'avait pas invent !Saint Ambroise ajoute son venin celui de saint Cl-

    ment. Quels saints, citoyen procureur !La nature fournit en commun tous les biens tous les hom-

    mes. Dieu a en effetcr toutes choses afinque lajouissance euft commune tous et quelaterre devint lapossession communedetous. La NATUREA DONCENGENDRLEDROITDECOMMUNAUT,

    ET C'EST L'USURPATIONQUI A PRODUIT LE DROIT DEPROPRIT. (Serm. 64, in luc, cap. 46.)Et l'tat de sige?Ces moutons, que leur docilit a rendus sifameux, ne

    suivaient pas la file plus exactement que ne le font ceschrtiens. J'aurais des volumes citer :un passage desaintGrgoire le Grand, et nous nous en tiendrons l pour au-

    jourd'hui. Qu'ils sachent, s'crie saint Grgoire, que la terre d'o ilsont t tirs

    ESTCOMMUNEA TOUSLESHOMMES,ETQUE,DSLORS,LESFRUITSQU'ELLEPORTELEUR APPARTIENNENTA TOUSIN-DISTINCTEMENT.(S.-Grg., cur., Past. Voy,3 adm. 22.)

    Qu'on me ramne... la libert.Eh bien !ce n'est rien !rien !! rien !! !Vous fermez vos

    oreilles ces prdications immorales, vous refusez de par-ticiper un genre de vie nergiquement fltri par les r-

    publicains vertueux, et vous vous dites : Voil ; je vivrai ma faon ; je m'adonnerai tout entier mon honntecommerce, achetant bas prix, vendant cher ; ou bien je

    jouerai loyalement la hausse et la baisse, etj'amasse-rai la sueur du front de mes salaris une fortune pourmes enfants. Or, vous vous croyez quitte avec ces fauteurs etinstigateurs de rbellion comme l'Assembleles qualifie si justement. Ah! que vous les connaissezmal!

    III.

    Ils contestent, que dis-je?.IIs vont jusqu' refuser for-mellement aux riches l droit de disposer de leurs biens

    comme ceux-ci pourraient l'entendre. Ce n'est pas assezque leur Matre ait dit : Les riches ne sont que les co-

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    nomes des biens des pauvres. Ils amplifient. UnnommJean, auquel une certaine facilit d'locution a valu le sur-nom de Bouche d'or (saint Jean Chrysostme), a dit,a crit :

    Vousn'avez pasreu

    votre bien pour

    le dvorer et le prodi-guer, mais pour en faire l'aumne. C'est le bien commun des

    pauvres queDieuvous a confi. Quoi quevousl'ayez acquis pardejustes travaux, quoi qu'il,vous soit venupar la successionpaternelle, si vous n'assistez pas lesindigents JUSQU'ACON-CURRENCEDEVOTREBIEN,VOUSN'ACCOMPLISSEZPASCEQUEVOUSDEVEZ.(S.Jean Chrysost. de Lazat. concio2.)

    Dans quel gupier, citoyen procureur, les dvotestaient tombes et quel cierge elles me devront! Vouscroyez que c'est tout? Voici un sieur Basile qui apostro-phe ls riches en ces termes :

    Malheureuxquevoustes, querpondrez-vous augrand jnge?Vouscouvrez detapisseries la rmdi: des murailles, et ne cou-vrez pas devtements celle des hommes ! Vousparez les che-vaux de houssesprcieuses et trs riches, et vousmprisez vo-tre frre qui est couvert de haillons ! Vous laissezpourrir ouronger du bl dans des granges oudesgreniers et ne daignezpoint jeter lesregards sur ceuxqui n'ont pas depain !Vousgardez de l'argent en rserve, et vous n'avez aucun soin dere-lever ceux que la ncessit abat ou opprime! Vous me direz : Aqui fais-je tort, sije retiens et conserve cequiest moi? Etmoije vous demande quelles sont les chosesque vous ditestre vous ? dequi les avez-vous reues? Vousfaites commeun homme qui tant au thtre et s'teint ht deprendre lesplaces que les autres pourraient prendre, les voudrait tousempcher d'entrer, APPLIQUANTA SONSEULUSAGE,CEQUIESTLAPOURL'USAGEDE TOUS.C'EST AINSIQUE FONTLES RI-CHES,et s'tant mis les premiers enpossession de choses quisont communes, ils se ls rendent propres en les possdant ;car si chacun neprenait que ce qui lui est ncessaire pour sasubsistance et qu'on donnt le reste aux indigents, il n'y au-rait ni riches ni pauvres. (S. Basil magn. concio de divit. etpaupert.)

    Eh! malheureux, comment les pauvres vivraient-ilss'il n'y avait plus de riches? Les riches sont l'estomac,dit Menennius, et les pauvres sont les membres. Pour-quoi les membres travailleraient-ils si ce n'tait pour em-plir la panse ? Vous avez raison, citoyen le procureur,cela est lmentaire, mais que voulez-vous!

    Ils se tiennent tous entre eux comme les doigts de lamain. Ecoutez saint Ambrise :

    Qu'y a-t-il d'injuste dans ma conduite, dis-tu, si, respectant lebien

    d'autrui, jeconserve avec soin mesproprits personnelles?OIMPUDENTEPAROLE!Quellessontcesproprits donttuparles?

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    D'o tiens-tu les choses quetu possdes en cemonde? Quand taapparus au jour, quelles richesses as-tuapportes avec toi?.:...LA TERREAYANTTDONNEEN COMMUNA TOUSLESHOMMES,PERSONNE NE PEUT SE DIRE PROPRITAIRE DECE QUIDPASSE SES BESOINS NATURELS DANS LES CHOSES

    QU'IL A DTOURNES DUFONDS COMMUN ET QUE LAVIOLENCE SEULE LUI CONSERVE. Rappelle-toi que tu essorti nudu ventre de ta mre et que tu rentreras galement nudans le sein de la terre. (S.Ambros., serm. 64 inluc, cap. 46.)

    Voulez-vous voir jusqu'o l'on peut descendre quanden s'est une fois cart du sentier de l'honneur ?

    QUICONQUEPOSSDESURLATERREESTINFIDLEA LALOI DEJSUSCHRISTdit saint Augustin. (Crdit, de comptempt mun-di. Tract. 9, cap. 2.)

    Et d'un.La richesse et l'avarice sont la source de tous les maux. Ceci est de saint Paul.Quant au chef d'avarice, dites vous, je suis dsintres-

    s dans la question. En tes-vous bien sr?L'avarice, parler gnralement, c'est, dit saint Astere, la,

    passion d'avoir plus que le ncessaire. (S.Asterius. homil. 3advers) (avarit.) ,

    Ces gens l se sont ce point identifis avec cesfolies

    qu'ils mettent parfois les exprimer une navet char-mante. Voyez le bon trait de comdie: .De toutes les maladies de l'me, la plus excrable est lafu-

    neste passionde conserver ses richesses. (Salvian cont. avarielib. 4.)

    Oui, mais tout cela est srieux, trs srieux !Cesera, si vous levoulez, l'histoire du serpent et de la

    lime, mais toujours est-il que les fondements de la so-cit sont atteints par des discours du genre de celui-ci :

    Allez,dit

    Jsus-Christ, et vendez non

    pas une

    partie de votre

    bien, mais tout ceque vouspossdez, et donnez-le, nonpas vosamis, vosparents, VOTREFEMME,vos ENFANTS;et

    pour dire encore quelque chose de plus, ne vous en rservezrien du tout par une timide prvoyance, depeur que vous nesoyez puni commeAnanie et Saphire; mais donnez tout auxpauvres, et employez ces richesses d'iniquit vous faire desamisquivousreoiventdanslestabernacles ternels. (St-Jrme-Lettre Julianus.)

    Voulez-vous me dire ce qui resterait de la famille ? Ilsl'ont attaque bien plus rudement encore, vous le verrez

    dans un moment. Remarquez seulement que ce passagede saint Jrme renferme une vritable menace l'adresse-

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    de ceux qui ne se mettent pas nus comme la main, euxet leurs femmes et leurs enfants aussi. Et quelle menace !le sort d'Ananie et de Saphire ! Procureur gnral, hsite-riez vous encore ?

    Dureste, ildit vrai quand il invoque l'autorit de Jsus-Christ.Donnez en aumnes cequevousavez, et toutes chosesvous

    seront pures. (S. Luc, XI, 41.)On raconte qu'un pauvre jeune homme auquel ces dan-

    gereuses prdications avaient tourn la tte (c'tait dureste un homme honorable, possdant de grands biens)vint trouver Jsus-Christ.

    Et s'tant mis genonxdevant lui, il lui demanda : Monbon

    matre, que dois-jefaire

    pour obtenir la vie

    ternelle.?MaisJsus luirpondit :Pourquoi m'appelles-tu bon ? Iln'yaqu'un seulbon,c'est Dieu.Tu sais les commandements: Necommetspoint d'adultre, ne

    tuepoint, nedrobepoint, nedis point defaux tmoignage, nefais tort personne, honore ton pre et de ta mre.

    Ilrpondit :Matre, j'ai observtoutes ces choses ds majeu-nesse.

    EtJsus, ayant jetlesyeuxsur lui, l'aima et dit : VAVENDSTOUTCEQUETUAS et LE DONNEAUXPAUVRES,et tu auras untrsor dans le ciel;aprs cela vienset suis-moi t'tant chargde ta croix.

    Lejeune homme prouva bien qu'il n'avait pas compl-tement perdu la raison. Il s'en alla; tristement, dit-on,mais enfin il s'en alla ; car il avait de grands biens, ajoute btement le nouvelliste.

    Sur quoi Jsus-Christ fait cette mchante remarque :

    Qu'il est diffcileque ceuxqui ont des richesses entrent dansleroyaumede Dieu.

    Et sesdisciples furent tonns de ce discours. Mais Jsus, re-prenant laparole, leur dit :Mes enfants,qu'il est difficileceux

    quise confientauxrichessesd'entrer dans le

    royaumede Dieu!

    Ilestplusaisqu'un chameaupassepar letrou d'uneaiguillequ'il ne l'est qu'un riche entre dansleroyaume deDieu.

    Mais puisque tous, tant que nous sommes, nous avonseu le malheur d'tre levs dans des doctrines rpudiesaujourd'hui par les gens de bien ; permettez que j'criveun paragraphe l'adresse de ceux dont l'esprit droitet le coeur candide n'ont point su dcouvrir le pige quileur est tendu. Ils ont cru que la foi aux mystres suffi-sait pour leur mriter le titre de chrtiens dans cette vieet le salut

    dans l'ternit. Qu'ils coutent la brutale pa-role de saint Jacques, et leur illusion cessera.

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    IV.

    Tu crois qu'il y a un seul Dieu, leur crie saint Jacques ; tufais bien: les dmons le croient aussi, et ils en tremblent.

    (Ept. cath., cp. n, v.

    49.)Ainsi, Monsieur, la foi sans les oeuvres ne serait pasmme une marque distinctive entre nous et le diable !

    Ces paroles pleines de compassion et de douceur, dontvous tes si gnreusement prodigues, chres soeurs, en-vers les pauvres, ne sont, je dois vous en prvenir, d'au-cune utilit pour votre salut.

    Siun frre ou une soeur sont nus, et qu'ils manquent de lanourriture qui leur est ncessaire chaque jour;

    Et quequelqu'un d'entre vous leur dise : Allez en paix,chauf-

    fez-vous et vousrassasiez, etque vous ne leur donniez point cequi estncessaire pour leur corps, quoicela servira-t-il? (Ib.,v, 45, 46.)

    Et sachez, blanches brebis, qu'il ne demande pas dequelle utilit ce serait pour le prochain; mais, questionbien autrement srieuse, quoi cela servirait vous-mmes!

    Queservira-t-il un homme de dire qu'il a lfoi, s'il n'a pasles oeuvres? Cette foi lepourra-t-ell sauver?(Ibid., 44.)

    A ces paroles si nouvelles pour vous, je vous entends,douces habitues des saints lieux : A quel prix mrite-rons-nous donc la batitude ternelle? Et en effet, silev qu'en soit le prix, un tel march serait un bonplacement. Mais, pieuses gostes, avez-vous oubli lesparoles du Sauveur, ou ne vous en a-t-on pas dt lapor-te?

    AimezDieupar dessustoutes choseset votre prochain commevous mme.

    Trouvez-vous le conseil trop vague ?

    Toutes leschoses que vous voulezque leshommes vousfas-sent, faites-les leur aussi demme, car c'est l la loi et lespro-phtes. (Matth. VII, 2.)

    Necomprenez-vous point encore?Vendez ce que vous avez et donnez-le en

    aumnes, dit le Seigneur. (St-Luc XII. 33.)Vous commencez comprendre.Vous,allez comprendre tout fait.Ecoutez le prcurseur prchant la repentance dans

    tout le pays qui est aux environs du Jourdain

    :Ildisait donc au peuple qui venait pour tre baptis par lui

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    20FACEDE VIPRES,QUIVOUSAAPPRISA FUIRLA COLREAVE-NIR....

    Lacogneest dj mise la racine des arbres. Tuut arbredoncquine produit pas de bon fruitva tre coupet jet aufeu.

    Alors lepeuple luidemanda : Queferons-nousdonc? Il leur rpondit: QUE CELUI QUI A DEUX HABITS ENDONNEA CELUIQUI N'ENAPOINT: ETQUECELUIQUIA DEQUOI MANGEREN FASSEDEMME.(Saint-Luc,III,7,9,40,44.)

    C'est l'vque Salvien qui vous en avertit.Si vous ne disposez pas devos biens enfaveur des pauvres

    C'ESTQUEvous NECROYEZPOINT.Non,vous ne croyez point;vous avez beau soutenir lecontraire, vosactions dmentent vosparoles. (Salvian,cont. avarit, l. 3.)

    Nos biens? tous nos biens? demandez vous de votre plusdouce voix.

    Oui, chres colombes, et votre vie par surcrot !Nousavonsconnuceque c'estquelacharit, en ceque Jsus-

    Christ a donn sa vie pour nous, NOUSDEVONSDONCAUSSIDONNERNOTREVIEPOURNOSFRRES.

    Or, celui qui aura des biens de ce monde, et qui voyantsonfrre dans lebesoin, luifermera ses entrailles, COMMENTL'AMOURDEDIEUDEMEURERAT-ILEN LUI?

    Mespetits enfants, n'aimons pas seulement deparoles et de

    langue, mais aimons en effet,et en vrit. (4er pit. cath. desaintJean, III, 46 49.)C'est une chose remarquable quel point ces gens-l

    s'entendent ; ainsi Saint Jrme vous donne en d'autrestermes un conseil identique :

    Vous me demandez comment on peut devenir parfait... pourrpondre Madame la question que vous me proposez, je meservirai despropres paroles de Jsus Christ Allez,vendeztout cequevous avez;donnez-le auxpauvres et suivez le Sau-veur. Jsus-Christ ne dit pas donnez-le vosenfants,

    vosfrres, vosparents, AUXQUELS,QUANDMMEvousENAU-RIEZ,VOUSSERIEZTOUJOURSOBLIGEDE PRFRERLESEIGNEUR.Maisdonnez-le auxpauvres, ouplutt Jsus-Christ, QUEVOUS SECOUREZENLAPERSONNEDES PAUVRES;lequel,tant riche, s'est fait pauvre pour l'amour de nous Commedonc vous n'avez point d'enfants, EMPLOYEZLES RICHESSESINJUSTES vous faireplusieurs amisquivousreoiventdans lestabernacles ternels. Ce n'est pas sans raison que l'Evangileappelle lesbiens de laterre, des richesses injustes. CARELLESN'ONTPOINT D'AUTRESSOURCEQUE L'INJUSTICEDES HOMMES,ET LES UNSNE PEUVENT LESPOSSDER

    QUEPARLAPERTEET LA RUINE DES AUTRES. Aussi dit-oncommunment,cequi meparat trs vritable, que CEUX

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    QUIPOSSEDENTDE GRANDS BIENSNESONT RICHESQUEPARLEURPROPREINJUSTICE, OU PAR CELLE DECEUXDONTILS SONT HRITIERS,(lettre de saint Jrme Hedibia.)

    Hlas, hlas! comment ferons-nous pour nous di-

    riger dans une voie si nouvelle ?

    Rassurez-vous, ten-dres agneaux, vous aurez des pasteurs vigilants. Voici,par exemple, le conseil de saint Augustin :

    Recherchez ceux qui sont dans l'indigence, et ne dites pas :Si on medemande, je donnerai ; car comment ferais-je desemblables recherches? SOYEZCURIEUX,SOYEZCLAIRVOYANTS;FAITESVOSEFFORTSPOURDCOUVRIRD'OUCHACUNTIRE SASUB-SISTANCE.Personne ne vous blmera de cette bienveillante cu-riosit. Ceuxqui n'osent vous demander, prvenez-les, allezau devant d'eux.

    Soyez curieuses, mesdames, quoi de

    plus facile! maisc'est de toute, ncessit ; car notez-le bien :TOUTESLES FOISQUENOUSMANQUONSDE DONNERL'AUMONE

    NOUSDEVENONSSEMBLABLESAUXRAVISSEURSDUBIEND'AUTRUIET DIGNESDUMMESUPPLICE.(St.-JeanChrysostme.)

    Je vous entends, chrtiens et chrtiennes, vous n'aviezpoint su quoi vous vous engagiez enportant ce titre, et,de fait, on ne vous apas consults avant de vous le dcer-ner. Mes frres et mes soeurs, la libert des cultes est-en-tire, et toutes les religions sont gales devant la loi. Vous

    pouvez vous ddire; il n'y a rien defait.Oh non ! mesdames etmessieurs, vous voustrompez deporte ;il n'y apoint marchander.Je vous entends bien :Nous jenons quatre fois l'an. C'est moins que rien.

    Ecoutez Chrysostme :Sivous jenez sans faire l'aumne, Dieu n'agrera pas

    votre jene, IL LE REGARDERAAVECPLUSD'HORREURQUELESEXCSDECEUXQUIS'ENIVRENTET QUISEGORGENTDEVIANDE.(S.J. Chrysostme. De jejun et eleemos)

    C'est renverser toutes les ides !Vouspriez matin et

    soir et vous rcitez votre chapelet midi; impossible devous donner le salut ce prix.Laprire tire saforce del'aumne, dit lemme saint d'aprs

    l'Ecriture. Pratiquons l'aumned'abord et ensuite laprire. (Id.)Je vous ai comprise, pouse du seigneur, et je vous

    arrangerais volontiers ; maisLavirginit mme tient tout son clat de l'aumne. SANS

    ELLELESVIERGESLES PLUSIRRPROCHABLESSONTCHASSESDELACHAMBRENUPTIALEDE L'POUXCLESTE.Toute excellente

    qu'elle.soit, la

    virginit n'est rien sans

    l'AUMNE.

    Sa-chez doncqu'il n'y a pas de salut aesprer pour celui qui n-gligedepratiquer l'aumne. Quoiqu'il fasse,le richequi ne rem-

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    plit pas comme il doit l'tre le prcepte de la charit, PRIRANCESSAIREMENTDANSL'AUTREMONDE,(ibid.)

    Pieuses et nobles dames qui poussez la charit jusqu'faire exhibition publique de vos charmes et de vos pa-rures dans l'intrt de l'humanit souffrante, avec quelleabsence d'gards ce rude Chrysostme vous parle :

    C'est toujours un mal de se parer avec des objets prcieux ;mais c'est un mal bien plus grand de venir ainsi l'gliseet des'exposer en cet tat au regard des malheureux. Si vousAVIEZLE PROJETDELESSOULEVERCONTREVOUS,VOUSNE POU-VIEZTROUVERUN MOYENPLUSEFFiCACE;CAR IL Y A DE LACRUAUTE DISSIPER AINSI POURLASATISFACTIONDEVOTRELUXE LESBIENS queDieu vous a CONFIESpour desOEUVRES de charit. Considrez la foule des pauvres parmilesquels vous passez; Votre magnificence les irrite dans lafaim

    qui les

    presse et les dvore. ET LEUR NUDITE CRIE

    VENGEANCECONTRECES VTEMENTS SUPERBESETCETAPPAREIL DIABOLIQUE. Ne vaudrait-il pas mieux soulagerl'indigence, QUE DE SE PERCER LES OREILLES POUR YSUSPENDRE LA NOURRITURE DES PAUVRES ET LA VIED'UNE INFINIT DEMALHEUREUX.

    Si svre que puisse vous paratre le Saint, oh ! qu'in-comparable est sa douceur auprs du chtiment que leFILS DEL'HOMMEvous rserve, si vous ne vous empressezde faire pnitence, id est de renoncer aux richesses in

    justes, c'est--dire cette chose d'autrui qu'on possdequand onpossde le superflu.

    Et ensuite il dira ceux qui sont sa gauche, retirez vousdemoi, maudits, et allez dans le feu ternel, qui est prpar audiable et ses anges.

    Car j'ai eufaim et vous ne m'avez pas donn manger;j'ai eusoifet vous ne m'avez pas donn a boire.

    Jtais tranger et vous ne m'avez vas recueilli; j'tais nuet vous ne m'avez pas vtu;j'tais malade et enprison et vousne m'avez pas visit.Et ceux-l lui rpondront aussi : Seigneur, quand est-ce quenous t'avons vu avoir faim ou soif ou tre

    tranger, ou

    nu, ou

    malade, ou en prison et que nousne t'avons point assit ?Et il leur repondra : JEVOUSDISENVRIT QU'ENTANTQUEVOUSNE L'AVEZPASFAITA L'UNDECESPLUSPETITSDEMESFR-RES,VOUSNEMEL'AVEZPASFAITNONPLUS.

    ET CEUX-CI S'EN IRONT AUX PEINES TERNELLES.Mais lesjustes s'en iront la vieternelle. (SaintMatt. XXV 41 46.)

    V.

    Eh bien, citoyen procureur, vous n'avez rien vuencore.Seulement vous voil convenablement prpar ce quiva suivre.

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    Cette maxime de M. Proudhon : Laproprit, c'est levol, ces prtendus saints, ces docteurs illustres, ces mar-tyrs la rptent, la dveloppent ; en un mot, c'est poureux parole d'Evangile.

    Accus Basile, approchez et rpondez : Quel est celuiqu'on doit regarder comme voleur?

    SAINTJEAN-CHRYSOSTOME.Voici l'ide qu'on doit se faire desriches et des avares ; CE SONTDES VOLEURSQUIASSIGENTLAVOIEPUBLIQUE,DVALISANTLES PASSANTSET FONTDE LEURSCHAMBRESDESCAVERNESOUILSENFOUISSENTLESBIENSD'AUTRUI.(S.Joan. Chrysost. de Lazaro concio. I.)

    M. LE PRSIDENT.Vous n'avez pas la parole, Basile r-pondez : Quel est celui qu'on doit regarder comme vo-leur?

    SAINTBASILE.C'est celuiquis'approprie lui seulcequiest plusieurs particuliers. N'tes-vous donc pas unvoleur, vousqui rendez propre vous seul ce quevous avez reu pour lecommuniquer et le distribuer plusieurs ? Si l'on appelle vo-leur celui qui drobe un habillement, doit-on donner un autrenomcelui qui, pouvant sanssenuire, habiller un hommequiest tout nu, lelaisse pourtant toutnu? LE PAINQUEvous RETE-NEZCHEZVOUSET DONTVOUSAVEZTROPESTAUXPAUVRESQUIMEURENTDEFAIM;LESHABILLEMENTSQUEVOUSGARDEZDANSVO-TREARMOIRESONTACEUXQUISONTNUS;LESSOULIERSQUISEMOI-SISSENTCHEZVOUSSONTA CEUXQUIN'ENONTPAS;L'ARGENTQUEVOUSCACHEZDANSLATERREESTACEUXQUI SONTRUINS.(S.Basil, mag. deavarit.)

    Est-ce clair? ACharenton! criez-vous. Vous croyeztre au bout? je ne fais que commencer.

    Greffier, prenez votre meilleure plume, et crivez ce queva nous dire le sieur Grgoire dit le Grand.

    UN RPUBLICAINHONNTE: Monsieur le prsident, est-ce-que vous tes dcid laisser durer cela jusqu'au bout?C'est bien violent, cependant ! (Voyez dans le Moniteuruniversel la sance de l'Assemble nationale du 31

    juillet;discussion d'une poposition du citoyen Proudhon.)SAINTGRGOIRE-LE-GRAND. Ce n'est pas assez de nepas ra-

    vir le bien d'autrui ; envainceux-l se croient innocents, quis'approprient euxseuls ls biensqueDieu arendus communs:enne donnant pas aux autres ce qu'ils ontreu, ils devien-nent MEURTRIERSet HOMICIDESparce que, retenant pour euxseuls le bien quiaurait soulag les pauvres, on PEUXDIREQU'ILSEN TUENTTOUSLESJOURSAUTANTQU'ILSEN AURAIENTPUNOURRIR.Lors doncque nous donnons dequoi subsister ceuxqui sont dans la ncessit, nous neleur donnons pas cequi est

    a nous, mais nous leur donnons CEQUIESTA EUX.Ce n'est pastant une oeuvre de misricorde que nous faisons, QU'UNEDETTEQUENOUSPAYONS.(S. Grg. Reg.past. p. 3. c.22.)

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    VOIX DANSL'AUDITOIRE.C'est une menace la socit. C'est un crime envers la socit. Nous ne pouvonsentendre ces choses-l ! Ce sont des extravagances. Cesont de vritables folies ! Rappelez-le la pudeur !

    C'est intolrable ! (loc. cit.) Gendarmes, faites venir le prvenu Grgoire, deNysse.

    SAINTGRGOIREDENYSSE.Il et tmeilleur et plus juste,puisque nous sommes tous frres et unis par les liens dusang etde lanature, quenouspartageassions tousgalement. Quesi unseul veut se rendre matre de tout le bien, le possder tout en-tier et exclure ses frres de la troisime oude la quatrime par-tie, celui-l n'est pas un frre, MAISUNTYRANINHUMAIN,UNBARBARECRUEL,ou plutt UNE BETE FAROUCHE DONTLA

    GUEULEESTTOUJOURSOUVERTETOURDVORERELLE SEULETOUTELANOURRITUREDESAUTRES.LE CHOEUR.Il fallait faire le coup de fusille 23juin!

    Il fallait avoir du courage ! O tiez-vous donc dansles journes de juin? Vous tes le Marat de cette doc-trine! C'est vous qui avez allum l'incendie ! II fal-lait aller aux barricades (loc. cit.).

    LE CITOYENSENARD.Il est trop lche, il n'ira pas. Cesgns-l appellent derrire les barricades, mais ils n'y vontpas (loc. cit.).

    QUELQU'UN.Mandrin n'en dit pas davantage (loc. cit.).VI.

    Aprs cela, citoyen procureur, vous comprendrez ai-sment que ces gens-l aient accept les ides du ci-toyen Proudhon sur la gratuit du crdit. Sur ce point,Lactance est court, mais explicite :

    Il est souverainement injuste, dit-il, d'exiger plus qu'on adonn; en agir ainsi, c'est exploiter le prochain, c'est spculer

    perfidement sur ses besoins. (Lact. I, 8,Inst. Div., c. 47.)Non seulement ils se sont appropri ces ides dtesta-

    bles, mais ils les dveloppent avec une audace qui d-passe toute croyance. Permettez que je vous expose leursopinions sur l'honorable corporation des banquiers;

    Voici le compliment que leur adresse Saint Grgoire deNysse ;

    La vie du prteur est une vie paresseuse et insatiable ;il neconnat point les travaux des champs, il veut que tout naissepour lui sans semence et sans culture ; sa charrue, c'est saplume; son

    champ, c'est le billet

    qui lui rendra le

    capital et

    le profit ; SASEMENCE,C'ESTSONENCRE.Enfin, la plume desti-ne fconder sontravail, c'est letemps ncessaire pour que

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    sonargent augmente et lui rapporte desfruits mystrieux...; leprteur n'a rien et il possde tout, s'arrangeant une vie toutecontraire auxprescriptions desAptres.:.. Hommecupide, rends tonfrre ceque tu lui ainjustement ravi!(Greg. Nyss., Orat.contr. usurar.)

    Vous ne serez pas surpris sije vous dis que les mmesides anti-conomiques se retrouvent dans saint JeanChrysostme.

    Quoideplus rvoltant, s'crie-t-il, que de prtendre semersans champs, sans pluie, sans charrue ! Mais aussi ceux quiselivrent cegenre d'agriculture pestifr ne rcolteront que delazizanie, qui doit tre livre au feu ternel. (Chrysost. Homil.57 in Matth.)

    Seulement, suivant lapieuse habitude du Saint homme,

    ces affreuses doctrines se trouvent chez lui mles d'in-jures et de menaces. Eh bien !Chrysostme est plein dedouceur et d'urbanit auprs de Saint Grgoire de Nysse.

    Celuiquinommerait vol etparricide l'inique inventionduprt intrt neserait pas trs loignde la vrit. Qu'importe, eneffet, que vousvous rendiez matre du bien d'autrui, en escala-dant des murs et en tuant despassants, ou que vous acquerriezcequi ne vous appartient pas par l'effet impitoyable du prt?0 dpravation dulangage!... Si quelqu'un, rencontrant unvoya-geur, lui arrache parforce oului soustrait par ruse ses provi-

    sions,on le

    traitera de

    brigandet de voleur. Mais celui

    quicom-

    met une injuste spoliation, enprsence detmoins, etqui con-firme son iniquit par des actes en bonne forme, est qualifid'homme gnreux, bienveillant, serviable. (Greg. Nysse. Ho-mil. inc. 4Eccles.)

    Saint Ambroise n'est gure plus flatteur ; jugez-en :Telssont vos bienfaits : Vous donnez moins que vous ne re-

    cevez; mme ensecourant, vous dpouillez ; vous mettez

    profitlepauvre lui-mme. Celuiquivouspaiel'intrt est dans

    lebesoin; il est forc de vous emprunter pour payer la dette

    qui le

    press, et il reste sans ressource

    pour lui-mme. Hom-

    mespleins d misricorde, qui le dliez vis--vis d'autrui et leliez envers vous ! Celuiqui manque d'aliments, vous paie desusures, est-il rien de plus criant? Cet homme cherche un re-mde, vous offrez lepoison ; il demande du pain, vous mon-trez le glaive; il implore la libert, vousimposez la servitu-de; il soupire aprs sa dlivrance, vous serrez le noeud quil'trangle...

    Vous buvez, et un autre fond en larmes; vous mangez, etvotre nourriture suffoque les autres ;vous coutezd'agra-bles symphonies, et un autra se consume en gmissements;vous vous enrichissez par des malheurs,. vous cherchez

    votre profit dans leslarmes, vous vousnourrissez de la faimd'autrui, vous gravez sur votre argent les dpouilles de vos

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    victimes ; et vous vous estimez riches, vous qui exigez dupauvre un salaire !

    Ainsi, saint Ambroise parat vouloir insinuer que c'estle travailleur qui fait vivre l'oisif. Mais cette proposition

    est heureusement condamne par les bons conomistes.Aprs cela, qu'elle diffrence faites-vous entre un chr-tien et un paen? N'tait-ce pas un paen que ce Caton au-quel on demandait : Que pensez-vous du prt intrt?et qui rpondait : Que pensez-vous de l'assassinat? Etpuis parlez-moi de progrs !

    Et Ces chrtiens ne se bornent pas proscrire le prt intrt, mais, en vrais sophistes qu'ils sont, ils essaientdejustifier cette interdiction. Ecoutez saint Thomas :

    Tout cequi

    revient deprofit

    celui auquel j'ai prt

    de ran-gent est leproduit de sonindustrie, del'intelligence qu'il a mise faire valoir cetargent;.je ne dois point lui vendre sa propreindustrie en lui prenant unepart de son produit.

    Ces gens-l ignoraient le premier mot de l'conomiepolitique.

    Ignorants ?ce n'est point assez ! sans coeur par sur-croit! Que doivent-ils avoir la place du coeur ceux quiont os crire Ceslignes, que vous lirez avec une juste in-dignation :

    Leprt intrt n'est jamais permis, pas mme dans les li-mites de ce qui est ncessaire pour vivre. (D. Thom., Opusc.72, cap. 8.)

    Eh bien, Monsieur, ce Thomas n'a mme pas le mriteJel'invention.

    Avant lui, un de ses pareils avait crit :Les rentiers osent dire : Je n'ai pas d'autre ressource pour vi-

    tre. Eh! n'est-ce pas ce que rpondrait un voleur' pris sur lefait ? Ils n'en sont queplus coupables d'avoir choisi un art d'i-niquit pour s'enfaire un moyen d'existence, et d'avoir cherchtirer leur nourriture prcisment de ce qui offense celui dequi vienttoute nourriture. (Saint-August., in Psal. 428.)

    Contenez-vous, citoyen ! Un mot seulement pour enfinir, un mot qui rsume tout, je l'emprunte Saint-Ber-nard :

    In furto comprehenditur usura. (Bern., Serm. IV, super sal-veRegina.)

    C'est--dire :L'usure n'est qu'une varit du vol.

    C'est un contrat d'iniquit, dit saint Chrysostme. (Homil,LVII, sur saint Matth.)

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    C'est une maladie, dit saint Basile. (Epit. I ad Amvhil. cap.XIV.)

    C'est une idoltrie, rpte aprs l'aptre, saint Grgoire deNysse,frre de saint Basile. (Epit. canon, Letoius.)

    Et, de peur qu'on ne s'y trompe, Saint ambroise prendsoin de nous avertir queTout cequi s'ajoute au capital EST USURE.Donnez-lui, dit-il,

    le nomquevous voudrez, ce sera toujours uneusure. (S.Am-bros., lib. deTob., c. 44.)

    Tout--fait d'accord en cela avec saint Jrme :Ily a usure, dit celui-ci, toutes les foisqu'on retire du prt

    plus qu'on n'a donn. (SHyeron., in Ezech., c.48.)Ils n'auraient point eu de discussion l-dessus avec

    Saint Jrme :L'usure est leprix exig pour l'usage de l'argent prt.Si vous voulez du moderne, Bossuet, aprs avoir cit

    les textes sacrs, s'exprime ainsi :Par l s'tablit aussi enquoi consiste l'usure, puisque la loi

    dtermine clairement quec'est le surplus, ce qui se donne au-dessus duprt, ce qui excde cequi est donn; et, selon notrelangage,cequi estau-dessusducapital.

    Atraduire le mot mot selonl'hbreu, il fautappelerce sur-plus accroissement, multiplication; et c'est ceque la loi ap-

    pelleusure, c'est--dire tout cequifait que cequ'on rend ex-cdecequ'on areu. Bossuet, trait de l'Usure. Propos. I.)C'est d'une monotonie dsesprante !

    VII.

    Citoyen procureur, vous allez vous croire chez Nicolet.

    Ce saint Ambroise a sur la banque des ides toutes

    particulires. Vous venez de voir ce qu'il pense du prt intrt, opration parfaitement lgale cependant. Eh

    bien! ces gens-l sont ce point dpourvus d'idesfinancires, qu'ils font une obligation de prter ceuxqui ne pourront jamais rendre. Qui s'est jamais avis decombiner le prt gratuit avec le placement fonds perdu?C'est faire mourir de rire un homme d'affaires.

    Prtez mme ceux dequi vousn'esprez pas recouvrer cequevousavez perdu. Vous donnezpeu sur la terre et vous re-cevrezbeaucoup dans le ciel. Craignez-vousd'avoir affaire unmauvais dbiteur dans lapersonne de Jsus-Christ? L'Evangileest votrecaution. Si quelque riche de ce monde s'offrait pour

    garantir la solvabilit de celui

    qui veut

    emprunter de vous,

    vous vous empresseriez aussitt de compter les espces. Ehbien ! Dieu lui-mmeseporte garant pour tous les indigents, et

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    28vous hsitez un instant, et vous cherchez encore une caution

    plus riche !(S.Ambr., I, de Tob., 46.)Voil une varit toute nouvelle de chantage !La mme

    indigence d'ides pratiques se remarque chez tous ces

    utopistes.Cependant, ne vous y trompez pas, vous ne connaissez

    las encore les vrais coupables. Saint Ambroise, saintGrgoire de Nysse, saint Bernard et leurs pareils ne sontque des instruments; le vrai coupable est celui qui a

    pos les principes que ceux-ci n'ont fait que dvelopper ;le vrai coupable est celui qui a dit :Donne celui qui te demande et ne ta dtourne point de celui

    qui veut emprunter de toi. (S. Matt., V. 42)

    Et si vous ne prtez qu' ceux de qui vous esprez de rece-voir, quel gr vous ensaurait-on? (S. Luc, VI, 34.)Le vrai coupable, c'est donc NOTRE SEIGNEURJSUS-

    KRIST.Aprs cela, comme il n'y a point de folies nouvelles

    sous le soleil, je ne vois pas pourquoi nous ne ferionspas remonter l'enqute jusqu'au del du 24 fvrier. Jeprendrai donc la libert de vous faire remarquer qu'unlivrefort ancien, la Bible, professe la mme opinion sur

    le prt intrt.

    Quand ton frre sera devenu pauvre, et qu'il te tendra sesmains tremblantes, tu lesoutiendras, mme l'tranger etl'habi-tant, afinqu'il vive avec toi.

    Tu neprendras point de profit de lui, ni d'intrt ; mais tucraindras ton Dieu, et ton frre vivra avec toi.

    Tune lut donneras point ton argent intrt, et tu ne luidonneras point detes vivres pour en tirer de profit. (Lvitiq.XXV, 35, 36, 37.)

    Si ces gens-l taient oracles de sagesse, comme quel-ques-uns le disent, et non de folie, comme vous l'admet-

    trez, il nous faudrait regarder cette institution si mi-nemment philanthropique des monts-de-pit comme unmonument d'iniquit. Les monts-de-piti ne sont-ils pasdsigns clairement dans le passage suivant :

    Si tu prends en gage le vtement de ton prochain, tu le luirendras avant que le soleil soit couch.

    Car c'est sa seule couverture, c'est son vtement pour cou-vrir sapeau. O coucherait-il ? S'il arrive doncqu'il crie : Amoi !je l'entendrai, car je suis misricordieux.,(EXLd. XXII.26, 27.)

    C'est ainsi, qu'on enseigne l'ingratitude au peuple.Vous savez sans doute, et, sinon, je me fais un plaisirde vous l'apprendre, que les Hbreux clbraient de sept

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    29en sept ans une anne solennelle, l'anne de relche,comme on l'appelait ajuste titre; car jugez vous-mmede quel relchement d'ides financires une telle institu-tion tmoigne.

    Et c'est ici....C'est Dieu qui parle : Vous n'ignorez pas que la manie

    de ces anarchistes est de parler au nom de Dieu et dupeuple qu'ils ont os identifier dans cette maxime impieautant que fameuse: Vox... Mille pardons; la voix du

    peuple est la voix de Dieu.Et c'est ici lamanire de la clbrer : que tout crancier re-

    lche cequ'il auraprt sonprochain, et qu'il nel'exige pointdesonprochain nide son frre quand on aura proclaml'anne

    derelche l'honneur del'Eternel...Afiuqu'il n'y aitparmi toi aucun pauvre. (Deuteron. XV, 1,2, 4.)

    A prter un tel langage Dieu, autant vaudrait tout desuite diviniser le citoyen Proudhon : Pater noster Proud-hon, sanctificetur nomen tuum, adveniat regnum tuum,fiat voluntas tua. Panen nostrum quotidianum da nobishodi, et libra nos malo. Amen!

    Vous me direz: Voil un singulier systme de crdit!et qui trouvera emprunter quand viendra le moment de

    cette liquidation priodique? Ces gens-l sont bien fins,citoyen procureur, ils ont prvu le cas :Prends garde toi qu'il n'y ait cettepense impie dans ton

    coeur,et quetu ne dises; la septimeanne, qui est l'anne derelche, approche, etque ton oeil,tant sans piti envers tonfrre quiestpauvre, pour ne lui rien donner, il ne crie contretoi l'Eternel, etqu'il n'y ait entoi du pch. (Deuteron. XV,90.)

    Si ces funestes doctrines avaient de profondes racinesdans le pass, quand le chef de ces socialistes leur a

    donn une forme et une vie nouvelles, elles ont depuisport des fruits abondants autant qu'amers. Jusqu'auquatorzime sicle tous les Conciles semblent s'tre donnle mot pour branler les fondements du crdit public etpriv ; voyez-les fltrissant l'envi de l'pithte d'usurierle rentier honnte et l'obligeant prteur.

    Celui-lestunusurier, dit le Concile deReims, qui, outre lesortprincipal, exigeouaccepte quelque chose d'apprciable enargent.

    LeConcile d'Adge

    est plus bref,

    mais non moins ex-plicite.

    Ilya usure, ds qu'on rpte plusqu'on n'a donn.

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    Le Concile d'Elvire, tenu en l'an 305, ne s'arrte pointen si beau chemin ; non content de blmer celui quifait valoir ses fonds, il lance sur lui l'anathme :

    Unlaque qui

    s'est renducoupable

    d'usure recevra, dit-il,

    sonpardon, s'il promet de faire pnitence et de ne plus commettred'exactions ; mais, s'il persiste dans son iniquit, qu'il soit re-

    jetde l'glise, qu'il soit excommuni. (Concil. Elib.,Can. 20.)Et prenez garde, de trouver la peine excessive, car vo-

    tre doute mme serait un crime. Cela a t dcid parun Concile tenu en 1311, un Concile prsid par unPape ; le pape Clment V.

    S'il arrive quelqu'un, dit le concile de Vienne, de tomberdans cette errour, qu'on peut affirmer en conscience qu'il n'y a

    pas depch

    prtera usure, nous dcrtons

    qu'il soit

    punicomme hrtique.Et cette occasion, Bossuet fait cette dclaration :Personne dans l'Eglise n'a jamais rclam contre ces d-

    crets ; AUCONTRAIRE,ONS'YESTSOUMISCOMMEON A TOUJOURSFAITAUXCHOSESRSOLUESPARLATRADITION,PARLESCONCILESMMEGNRAUX,ET PAR LESDCRTALESDES PAPESACCEPTESET AUTORISESDUCONSENTEMENTDETOUTEL'GLISE.

    ADONC TOUJOURS T L'ESPRIT DU CHRISTIANISMEDE CROIREQUE LA DFENSE DE L'USURE PORTE PARLA LOI TAIT OBLIGATOIRE SOUS L'VANGILE, ET QUENOTRE SEIGNEURAVAITCONFIRM CETTELOI. (Loc. cit.5me prop.)

    Bossuet ! le grand Bossuet, l'aigle de Meaux, lui aussi,malade de cette peste !!

    S'il faut en croire la Bible, et qu'en pensez-vous ? Dieuratifiera la sentence des Conciles.

    Eternel ! qui est-ce qui sjournera dans ton tabernacle? quiest-ce qui habitera en lamontagne deta saintet ?

    Celui qui ne donne point son argent usure... (Psdlm. XV4,5.)

    L'homme quisera juste etqui fera cequi estjuste et droit,Qui n'aura point prt usure, fit qui n'aura point pris desurcrot...

    Celui-l est juste ; certainement il vivra, dit le Seigneur, l'E-ternel.

    Qui prte usure fit qui prend du surcrot, vivra-t-il? Il nevivra pas quand il aura commis cesabominations-l ; il mourratrs certainement et sonsang sera sur lui. (Ezech., XVIII,5, 8,13.)

    Ainsi, l'excommuniat ion et le supplice dans cette vie,

    la damnation pendant l'ternit, voil ce

    que mriteraient

    tant de rpublicains honntes. Sancte Proudhon, misererenobisl

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    VII.

    Mais les malheureux ne se contentent pas de contrac-ter alliance avec M. Proudhon, on les trouve mls tou-

    tes les ides subversives de ce temps.N'est-ce point au Luxembourg qu'ont d tre recueil-lies les ides monstrueuses dont les citations suivantes

    portent l'empreinte?Ire PICE.Leur Matre Mais, en si grave matire,

    il convient de citer textuellement. Je recours donc aulivre qui continue de se vendre, en dpit des dcrets del'Assemble nationale, et, ouvrant l'Evangile selon SaintMatthieu, je transcrivis ce qui suit :

    Leroyaume des cieux est semblable unpre de famillequi

    sortit ds lapointe dujour, afin de louer des ouvriers pour tra-vailler savigne.Et, ayant accord avec les ouvriers un denier par jour, il

    lesenvoya savigne.Il sortit environ vers la troisime heure dujour, et il en vit

    d'autres qui taient dans lplace sans rien faire,Auxquels il dit : Allez vous-en aussi ma vigne, etje vous

    donnerai cequi est raisonnable.Et ils yallrent. Il sortit encore environ lasixime et la neu-

    vime heure, et fit la mme chose.Et, vers l'onzime heure, il sortit et il en trouva d'autres qui

    taient sans rien faire, auxquels il dit : Pourquoi vous tenez-vousici tout lejour sans rien faire ?Et ilsrpondirent : Parce que personne rie nousa lous. Et

    il leur dit :Allez vous-en aussi ma vigne, et vous recevrez cequisera raisonnable,

    Quandle soir fut venu, le matre de la vigne dit celui quiavait le soin de ses affaires ; Appelle les ouvriers et leur paieleur salaire, encommenant depuisles derniers jusqu'aux pre-miers.

    Et ceux quiavaient t lous sur l'onzime heure tant ve-nus, ilsreurent chacun un denier.

    Or, quand les

    premiers furent

    venus, ils s'attendaient rece-

    voirdavantage ;mais ils reurent chacunun denier.Et, l'ayant reu, ilsmurmuraient contre lepre defamille,Disant : Ces derniers n'ont travaill qu'une heure, et tu les a

    galsnous, qui avons support la fatigue de tout lejour et lachaleur.

    Maisil rpondit l'un d'eux et lui dit : Mon ami, je ne tefais pointde tort ;n'as-tu pasaccord avec moi un denierparjour?

    Prends cequi est toi et t'en va;maisje veux donner cedernier autant qu' toi.

    Ne m'est-il pas permis

    de faire ceque

    je veux de cequi est moi? Ton oeil est-il malin de ceque jesuis bon. (Matth. XX, 4 15.)

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    Ainsi, quelle que soit la dure de leur travail, tous lesouvriers reoivent le mme salaire.

    Rsumons : ci. GALITDE SALAIRE..2ePICE. Parlant par parabole, l'un d'eux (Saul, dit

    Paul), s'exprime ainsi :Celuiquiavait recueilli beaucoup de manne n'en profitait pas

    davantage, et celui quien avait recueilli peun'en manquait pas,ci. . . . ENCOURAGEMENTA LAPARESSE,COMMEAULUXEMBOURG.

    La paresse est conseille d'une faon bien plus directepar le matre lui-mme ; j'ose dire mme qu'elle est com-mande, bien plus, exalte l'gal d'une vertu dans lepassage suivant. Vous y verrez, en outre, une fois de

    plus, s'il est un seul de ces bons sentiments

    prehs aux

    masses par les conomistes que ces d'auteurs d'anarchiene cherchent touffer. Ainsi, loin de sejoindre l'ho-norable M. Charles Dupin, pour convier les travailleursauxjouissances caches de la caisse d'pargne, voici com-ment Jsus-Christ les excite cette fatale imprvoyance laquelle ils ne sont dj que trop encleins.

    La scne se passait sur une montagne, Jsus-Christtait assis, ses disciples l'entouraient et le peuple avait lasimplicit de l'couter.

    Nul nepeut servir deuxmatres, leur disait-il... Vous nepou-vez servir Dieu et Mammon.C'estpourquoi je vous dis :Nesoyez point en soucipour vo-

    tre vie de ce quevousmangerez ouquevousboirez; nipourvo-tre corps, de co que vous serez vtus. La vien'est-elle pas plusque lanourriture, et le corps plus que le vtement?

    Regardez les oiseaux de l'air; car ils ne sment ni nemois-sonnent, nin'amassent rien dans lesgreniers, et notre Per c-leste les nourrit. N'tes-vous pas beaucoup plus excellentsqu'eux?

    Et qui est-ce d'entre vous qui parson soucipuisse ajouter une

    coude sataille?Et pour ce qui est du vtement, pourquoi en tes-vous ensouci? Apprenez comment les lys des champs croissent; ils netravaillent ni ne filent.

    Cependant je vous dis que Salomon mme, dans toute sagloire, n'a point t vtu commel'un d'eux.

    Sidonc Dieu revt ainsi l'herbe deschamps, qui estaujour-d'hui et quidemain serajete dans le four, ne vous revtira-t- ilpasbeaucoup plutt, gens depetite foi?

    Nesoyezdonc point ensouci, disant : Que mangerons-nous?queboirons-nous ? ou dequoi serons-nous vtus ?

    Car cesont les paens qui recherchent toutes ces choses, etVOTREPRECLESTESAITQUEVOUSAVEZBESOINDE TOUTESCESCHOSES-LA.

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    Faites bien attention qu'en mme temps qu'il prchel'insouciance ces pauvres gens, cet homme ne les engagepas sersigner au dnuement qu'ils auront sibien m-

    rit :Votre Pre cleste sait que vous avez besoin detoutes ces choses-l! Et par quel moyen avouable se lesprocureront-ils donc?

    Mais cherchez premirement le royaume de Dieu et sajus-tice, et toutes ces choses vous seront donnespar dessus.

    A bon entendeur, salut !nous voil en plein commu-nisme.

    Nesoyezdonc point en souci pour le lendemain ; car le len-demain aura soin de ce qui leregarde.. Achaque joursuffit sa

    peine. (S.Matth. VI, 2434.)Il parat que d'honntes gens, blouis par les beauts

    littraires qu'ils croient reconnatre dans ce factum, enfont leur lecture favorite. Pour moi, je le confesse, toutgouvernement me parat inconciliable avec l'existencede pareils livres.

    Et comme si ce n'tait pas suffisamment clair, voici quesaint Ambroise commente ledtestable pamphlet :

    LeSeigneur nous offre dans cepassage un exemple d'un re-marquable propos, que nousdevrions suivre avec une entire

    confiance. Si les oiseaux du ciel, qui ne se livrent aucun tra-vail deculture, quine font aucune provision de rcolte, reoi-vent cependant de la divine Providence une nourriture qui neleur faitjamais dfaut, il est vrai de dire quenotre disette n'affautres causes quel'avarice. En effet,ceux-l trouvent l'abon-dance dans lechampmmequ'ils ont laiss inculte, PARCEQU'ILSNEPRLVENTAUCUNDROITDEDOMINATIONSPCIALESUR LESFRUITSQUI LEUR ONT T DONNS POURLEUR SERVIRD'ALIMENTS COMMUNS.

    Nous, aucontraire, nous avons perdu les avantages de lacommunaut en nous crant desproprits prives ;car l'appro-priation par l'incertitude qu'elle apporte dans les rcoltes d-truit toute scurit pour l'avenir. Pourquoi donc, riche, tiens-tu si fort tafortune, quand Dieu a voulu queles chosesnces-saires la vie te fussentcommunes avec les autres tre anims?Les oiseaux du ciel ne revendiquent rien enpropre, et ils ne sa-vent pas ce quec'est que d'tre envieux les uns des autres ;aussi la lpre del'indigence leur est-elle compltement inconnue.(StAmbres, exposit. in Luc. Cap. 42. v. 22, 23.)

    3e PICE.Saint Paul dit ailleurs :Il est crit dans la loi de Mose...

    Et de fait, monsieur, cela y est crit.Tu n'enmusleras pasle boeufqni foule legrain. E&t:ceque

    Dieu se souciedes boeufs ? ne dit-il pas ces chosesprincipale-

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    ment pour nous? Oui, elles sont crites pour nous, car celuiqui laboura doit labourer dans l'esprance de recueillir, et celuiquifoule le graindoit le fouler dans l'esprance d'yavoir part.1er aux

    Corinth., IX,9, 40.)C'est--dire :ABOLITIONDEL'EXPLOITATIONDEL'HOMMEPARL'HOMME,toujours comme M. Louis Blanc.

    Il y a quelque chose de bien plus fort, citoyen !M. Louis Blanc dit, comme vous savez : A chacun

    suivant ses besoins. Eh bien ! nos gens disent : Acha-cun selon qu'il en a besoin. Je n'invente rien, voyez Act.des Apt., IV,35. Ils ont platement copi l'auteur de l'Or-ganisation du Travail.

    Mnagez votre tonnement. M. Louis Blanc a dit encore

    aux dlgus du Luxembourg : Vous tes rois. (VoyezBauchard, 3 vol. in-4, Imprimerie nationale 1848.) L'undes prvenus, Jean, s'adressant Dieu : Tu nous a faitsrois et prtres, et nous rgnerons sur la terre. Rienque cela, monsieur ! Un homme d'une douceur vangli-que, dit-on! Prenez la peine de vrifier (Apoc, V, 10).Vous voyez que du moins ils ne se mettent gure en fraisd'invention.

    C'est- dire que, si on les dpouille de tout ce qu'ils sesont appropri, en application sans doute de leur maxi-

    me sur la proprit, nous les mettrons nus comme lamain. Aprs s'tre affubl des oripeaux de MM.Proudhon,Louis Blanc et Cabet, les voici qui se parent des plumesde Fourier et deson Ecole.

    O saint Jean Chrysostme peut-il avoir puis l'ided'une association d'o rsulterait un bien-tre immense

    pour le riche etpour le pauvre, et o l'avantage ne seraitpas plus grand pour l'un que pour l'autre, si ce n'estdans l'association domestique agricole? Leproblme n'est-il pas pos comme Charles Fourier le posait lui-mme?

    Remarquons seulement qu'il va plus loin en disant quel'avantage ne serait pas plus grand pour l'un que pourl'autre, Fourier admettant l'ingalit des dividendes.

    Supposons, dit l'insidieux anarchiste, que tous ici nous ven-dions nosproprits etquenous enapportions la valeur au mi-lieu de l'Assemble... Quepersonne ne setrouble, que le richeet lepauvre restent calmes et impassibles.

    Comme cela sent son origine, hein, citoyen?Certes, si on les assemblait tous une table commune, la

    dpense serait bien moindre.Toujours, toujours la proccupation des biens ma-triela !

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    Supposonsune famille dans laquelle il yait dix enfants, lemari et la femme. N'est-il pas videntque,soumis lavie com-mune dans la mme maison, ladpensesera moindre ques'iltaient disperss?

    Les avantages de l'association dont parle tant Fourier !Cardansce dernier cas il faudrait dix maisonspour les dix

    enfants, dixserviteurs, et ainsi desuitepourles choses utiles.Ne vous semble-t-il pas entendre Fourier? vous avez lu

    Fourier?Si noussavionsmettre de ct toute crainte, nous commence-

    rions audacieusement cette entreprise, et nouspourrions ainsitransformer notre demeure terrestre en un vritable ciel.

    Plagiaire, va ! C'est Chrysostme que je parle. Notezque, pas plus que Fourier, il ne se proccupe des croyan-ces religieuses des hommes, auxquels il propose cette d-gradante promiscuit! il ouvre tous indistinctement cemonument o on n'entre qu'en laissant sur le seuil fa-mille, religion, moeurs et proprit!I! Oh! comme lecitoyen Louis Reybaud a trouv le mot: Code de la

    brute !Compltons l'indication des plagiats effronts que ces

    adversaires de la proprit ont commis envers les diff-

    rentes coles socialistes.Vous entendez qu'ils ne pouvaient passer auprs dessaints-simoniens sans leur faire d'emprunts.... forcs.

    Ils leur ont pris.... entre autres choses leur fameuseformule de rpartition ; chacun selon ses oeuvres.

    Entre une grand nombre detextes, je mets les suivantssous vos yeux:

    Je suis celuiqui sonde les reins et les coeurs etje rendrai chacun selon ses oeuvres. (Apoc.II. 23.)

    Orvoici, je vais venir bientt etj'ai mon salaire avecmoi

    pour rendre chacun selon ses oeuvres. (Ibid.XXII. 42.)Dieu rendra chacun selon ses oeuvres. (St Paul aux Ro-mains, II. 6.)

    Lefils de l'homme doit venir dans la gloire de sonpre avecses anses, et alors il rendra chacun selon ses oeuvres. (St-Matt. XVI. 27.)

    Si encore ils s'en taient tenus l ! Les voici qui s'atta-quent au principe sacr de l'hrdit. Toujours commeles saints simoniens.

    GARDEZ-VOUSDEPRENDRELE PRTEXTEDE L'AMOURPATER-

    NELPOURAUGMENTERVOSBIENS.Je garde mes bienspour mesenfants, belle raison! Je garde biens pour mesenfants.Voyons un peu :votre pre lesgardepour vous,vous lesgar-

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    36dez pour vosenfauts, vosenfants les gardent pour les leurs,te ainsi de suite l'infini ; DECETTEMANIRE,PERSONNEN'OB-SERVERALALOIDEDIEU.(S.Augus.,serm, de det. Chord. C. 42.

    Que laisseront ils debout ?Jecrois, citoyen, qu'aprs avoir saisi la main deces hom-mes dans toutes les tentatives anarchiques de ce temps, ilest de votre devoir d'en confrer avec la commission d'en-qute sur les vnements de mai et dejuin. Il y a l ma-tire un fameux supplment.

    IX.

    Voici maintenant quelques faits sur lesquels vous nesauriez vous

    dispenser d'asseoir une accusation :

    1 D'excitation la haine et au mpris du gouverne-ment de la Rpublique ;

    2D'attentat la famille et d'excitation la dbauche ;3D'affiliation des socits secrtes;4 D'excitation la guerre civile ;5 D'excitation la haine contre une classe de citoyens.Vremier chef. Excitation la haine et au mpris du gou-

    vernement de la Rpublique.De nombreux tmoins certifient que le chef de ces mal-

    heureux a tenu sur la place publique ce sditieux lan-gage :

    Vous savezqueceux qui veulent commander aux nationslesmatrisent ; et quelesgrands d'entre eux leur comman-dent avec autorit.

    MAISIL N'ENSERAPASDEMMEPARMIVOUS; AU CONTRAI-RE, QUICONQUEVOUDRATRE GRANDPARMI VOUSSERAVOTRESERVITEUR.

    ETQUICONQUED'ENTRVOUS VOUDRA TRE LE PRE-MIER SERA LESERVITEURDETOUS.

    Car lefils de l'homme lui-mme est venu, nonpour tre ser-vi, maispour servir et donner sa viepour la ranon de plu-sieurs. (St.Marc, X,42 45.)

    On n'a jamais prch plus ouvertement l'anarchie.Rabelais n'allait pas plus loin quand il rduisait toute laconstitution politique des Thlmites ces deux excra-bles maximes : FAIS CEQUE VEULX. VAS ADMIREETJOUIS.

    Cette doctrine de nivellement politique, l'glise n'a ja-mais cess de la professer ;je dis professer ce qui s'en-

    tend du langage et non de l'action Quel chapelet decitations j'enfilerais si vous n'aviez hte d'en finir. Quelravage dans le peuple si M. Cousin n'tait l!

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    37Deuxime chef. Atteinte la famille et excitation lad-

    bauche.SIQUELQU'UNVIENTENMOIETNE HAIT PAS SON PRE, SA

    MRE,SA FAMILLE,SES

    ENFANTS,SES

    FRERES,SES

    SOEURS,ET

    MMESAVIE,IL NEPEUTTREMONDISCIPLE.(StLUC,XIV,26.)Ces paroles ont t prononces par le Matre. Beaucoup

    ont t justement considrs comme ennemis de la fa-mille, qui n'avaient certes rien crit de semblable.

    Et pour les dcidera cet acte abominable, Jsus leur faitde fabuleuses promesses.

    Quiconque aura quitt sa maison, du ses frres, ou sessoeurs, ou son pre, ou sa mre, ou safemme, ou ses enfants,ou seschampsa cause demon nom,il en recevra cent foisau-

    tant et hritera la vie ternelle. (St Matth., XIX, 29.).Rien n'est sacr pour lui. Il rencontre un homme et luidit : Suis-moi. Celui-ci lui rpond : Seigneur, per-mets que j'aille auparavant ensevelir mon pre. C'taitun devoir. Que dit le Christ ?

    Jsus lui dit : LAISSELESMORTSENSEVELIRLEURSMORTS.(Luc,IX, 59, 60.)

    Prchant d'exemple, il apostropha unjour, sa malheu-reuse mre en ces termes :

    Femme qu'y a-t-il de commun entre toi etmoi !Un autre jour, sa mre et ses frres arrivrent, et, setenant dehors, ils l'envoyrent chercher.

    Et onlui dit :Voil-ta mre ettes frres qui sont ldehors,qui te demandent.

    Maisilrpondit :QUIESTMAMREENQUISONTMESFRRES?Etjetant les yeux sur ceux qui taient autour delui, il dit:

    VOILAMAMREET VOILAMESFRRES.(St Marc, III, 34 34.)Si vous voulez connatre ceux qui taient autour delui,

    rien de plus facile.

    Des Scribes et des Pharisiens, personnages minem-ment honorables, dposent unanimement que cet hommefrquentait la plus mauvaise socit.

    Jsus tant tabli dans les maisons de Lvi, fils d'Al-phe, plusieurs pagers et gens de mauvaise vie se mirentaussi table avec Jsus et ses disciples. (Marc, II, 15.)

    Tous les pagers et gens de mauvaise vie s'approchaient deJsus pour l'entendre.

    Et lespharisiens et les scribes' en murmuraient et disaient :Cet hommereoit les gens de mauvaise vieet mange avec eux.

    (Luc,XV,2.)Ah !citoyen procureur, combien d'accuss dont le pas-

    s fouill avec le ferme dsir de les trouver en faute a

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    38fourni contre euxdescharges aggravantes et qui cependantavaient une existence moins nigmatique que celle de ceJsus.

    Un homme qui n'a pas le sou et qui se livre des pro-digalits ruineuses comme de se faire rpandre de l'huileodorifrante sur les pieds! (Voyez S. Luc, vu, 37 50.)

    Il va sans faon loger chez une nomme Marthe etl'instruction nous le reprsente retenant auprs de lui lasoeur de cette inconnue, une demoiselle Marie, au lieude la laisser vaquer aux soins du mnage. Cette Marie,se tenait assise ses pieds. Je n'invente pas, je copie,et savez-vous ce que rpond notre Jsus quand Marthe

    prie cette fainante de l'aider servir.

    Marthe, Marthe, lui dit-il, tu temets enpeineet tu t'embar-rasses deplusieurs choses.

    Mais une seule chose est ncessaire; or, Marie achoisi la bon-nepart, qui ne lui sera point te.

    Quelle est cette chose ncessaire? et que faut-il enten-dre par cette bonne part qui ne lui sera point te ?

    0 temps ! moeurs !Mais que dis-je ! Savez-vous par qui lui tait verse

    cette huile odorifrante qui avait t apporte dans unva-

    se d'albtre ?

    Par

    une FEMME de la ville qui AVAIT TDE MAUVAISE VIE. (Luc. VII. 37.)Elle lui arrosait les pieds de ses larmes et les essuyaitavec ses cheveux.ELLE LUI BAISAITLES PIEDS!! ! ! Proh

    pudor!!!! et elle les oignait avec cette huile.Vous voyez que cette