Metropolis Maroc n°17 nov2013

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Nº17 FIFM 2013 LES OVNIS AYOUCH & LASRI SUR ORBITE EXCLUSIF INTERVIEW HICHAM AYOUCH, “FIÈVRES” SON NOUVEL OPUS REPRÉSENTE LE MAROC EN COMPÉTITION OFFICIELLE ZOOM AVANT “C’EST EUX LES CHIENS” NOUVEAU FILM DE HICHAM LASRI, PRÉSENTÉ AU COUP DE COEUR DU 13 EME FIFM JURY EN MODE AFFRANCHIS DE FATIH AKIN À GOLSHIFTEH FARAHANI AVEC SCORSESE EN MISTER PRESIDENT NOVEMBRE 2013

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Nº17

FIFM 2013LES OVNISAYOUCH & LASRISUR ORBITE

EXCLUSIFINTERVIEW

HICHAM AYOUCH, “FIÈVRES” SON NOUVEL OPUS REPRÉSENTE LE MAROC EN COMPÉTITION

OFFICIELLE

ZOOM AVANT“C’EST EUX LES

CHIENS”NOUVEAU FILM

DE HICHAM LASRI, PRÉSENTÉ

AU COUP DE COEURDU 13EME FIFM

JURYEN MODE

AFFRANCHISDE FATIH AKIN À GOLSHIFTEH

FARAHANI AVEC SCORSESE EN

MISTERPRESIDENT

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EDITO

C’est l’Histoire d’un couple, d’un vieux couple, d’un vieil homme et de sa femme, vieille, elle aussi, - de ces deux humains que le dénuement le plus total a unis, dont il a, pour ainsi, tissé les liens plus forts encore…Lui, c’est Si Mahjoub. Elle, c’est Mi Fatouma… Lui, 92 ans, aveugle, dans l’impossibilité de se lever, de se tenir sur ses jambes, de vivre debout, obligé de porter des couches… Elle, 80 ans, sourde… Si Mahjoub, Mi Fatouma, seuls au monde, personne pour prendre soin d’eux, pas un fils, pas une fille, pas de petits-enfants à qui raconter leurs souvenirs, deux vieux, terrés, esseulés, chacun étant l’humanité entière de l’autre, sa vue, son ouïe, - le sens de sa parole, la seule réponse possible à sa question, - son unique miroir, dans le froid, dans la faim, dans la maladie, chacun étant le meilleur qui permet de supporter le pire, la pestilence, les ordures, le trou dans lequel ils vivent, tous deux, et depuis si longtemps… Deux vieux, deux vies n’en formant plus qu’une, dans un espace de 1,50 m par 1,50 m, chez nous, à Marrakech, - et c’est une journaliste, Chahida Al Khawaja, qui, pour le coup, porte bien son nom de témoin… Qui les trouvera, là, dans leur fosse, loin des regard, et qui témoignera, décrira les conditions de vie atroces, dira-t-elle, de ces deux vieux humains, - pas de toilettes, des ordures partout, mêlées à des ustensiles sales et des vêtements en vrac, lui, trop maigre, sale, mais gardant toute sa tête, survie oblige… Elle, sourire et gentillesse, - il est des saintetés qui éclosent, comme des fleurs, sur un tas d’immondice…Aujourd’hui, c’est au tour de la société civile de s’occuper de Si Mahjoub et de Mi Fatima, qui refuse la maison de retraite, refusant d’être séparés, - car, dit le vieil homme aveugle, au Maroc, les hommes et les femmes vivent dans des pavillons séparés et lui et sa femme n’en veulent pas, de cette séparation, tant ils savent ce qu’ils se doivent, l’un à l’autre, et toute la vie qu’ils sont, tout le désir de vivre, toute l’attention réclamée et donnée, qu’ils incarnent, l’un pour l’autre,… Aujourd’hui, dès lors qu’ils ont appris leur existence, et savent où les trouver, des habitants de la ville se pressent autour de Si Mahjoub et de Mi Fatouma, leur apportant couvertures, soins, nourriture… Mais rien ne saurait contraindre ce couple que rien ne peut séparer, à quitter ce qui, en apparence ressemble à un trou crasseux… Mais où, en vérité, l’humanité est d’une profondeur rarement atteinte.

DRISS JAYDANE

Mahjoub et Fatimaou les profondeurs de l’Humain

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SOMMAIRE

ACTUS

AGENDA

LIVRESSE

CINÉMA

DVD

MUSIQUE

FONDATION

DIASPORA

14

20

16

18

25

22

8

CHRONIQUE

DROIT DE CITÉ50

INTERVIEWS

HICHAM AYOUCH

NOUREDDINE SAIL

HICHAM LASRI

BRUNO GRAZZIANI

10

40

39

41

TALENTS

AMAL SETTA

HAYAT SAIDI

ABDERRAHMAN AMAZZAL

MUSTAPHA SLAMEUR

12

DOSSIER

FOCUS : MARTINE SCORSESE

ECLAIRAGES : MASTER CLASS ET HOMMAGES

NÉO-CINÉMA : LA RELÈVE MAROCAINE

JALONS : LES CINÉMAS INVITÉS

26

ET AUSSI ...

DESIGN

AUTOQUOI DE NEUF ?

EVASIONESCAPADE À BERLIN

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44

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YACHAR BOUHAYA

Diplômé de L’Ecole Spéciale d’Architecture et après une expérience parisienne dans différentes agences(a/NM/a, Anne Demians, Prinvault Architectes, AW²), Yachar Bouhaya installe son atelier à Casablanca fin 2010. Il est par ailleurs membre fondateur de l’association Architectes non Anonymes qui prône un repositionnement de l’architecte dans une société en évolution.

JALAL BOUKHARI

Après des études à l’université

Paris VIII de Saint Denis, Jalal a

entamé une carrière de journaliste

et a collaboré avec de nombreuses

publications nationales et

internationales, ses domaines de

prédilection sont le cinéma, la

musique et tout ce qui touche à

l’art en général. Il collabore avec

Metropolis depuis sa création en

2012.

LAURENT-DAVID SAMAMA

Journaliste, auteur et

documentariste, Laurent-David

Samama est membre du comité

de rédaction de la revue La Règle

du Jeu. Il a fait ses armes dans

la presse rock française avant de

couvrir la campagne présidentielle

U.S. de 2008. En 2011, il relance

le magazine l’Arche. Entre culture

et politique, L.D. Samama écrit

désormais sur l’actualité aux

Inrockuptibles et travaille, en tant

que journaliste indépendant, pour

diverses publications.

AHMED GHAYET

Ahmed Ghayat est chroniqueur, écrivain, militant associatif, il est l’un des membres fondateurs de l’Association Marocains Pluriels« mouvement d’opinion et force de conviction » prônant les valeurs de diversité, de dialogue, d’ouverture, de partage…et œuvrant pour l’engagement de la jeunesse. L’association regroupe aujourd’hui plus de 3000 membres et a pour parrainM. André Azoulay.

CONTRIBUTEURS

Directeur général : Julien Casters I Directeur de publication : Othmane Mediouni I Rédacteur en chef : Driss Jaydane I Responsable rubrique culturelle : Amine Lagssir I Secrétaire de rédaction : Mounia Bennis I Journalistes : Fouzia Marouf, Laurent-David Samama, Yasmina Lahlou, Jalal Boukhari I Directeur artistique : Jamal Abdennassar I Standard : Salma Zouak I Crédits photos : Istockphoto-AFP I CTP impression : PIPO-SOMADI I Régie publicitaire : 4 sponsoring / Moulay Ahmed Alami T. 06 08 85 01 23 I Metropolis est édité par : CASTERS-LAMBERT-MEDIA / 18, Rue Oumayma Sayeh - Racine, Casablanca. Tél. 05 22 36 38 62 - www.metrpolis.ma I Dossier de presse : 52/S 2011 I Dépôt légal : 2012 PE 0024 I ISSN : 2028- 7745 I Ce numéro est tiré à 10 000 exemplaires I www.facebook.com/MetropolisMaroc.

6 N17 METROPOLIS NOVEMBRE 2013

AMINE LAGSSIR

Nouvelliste depuis plusieurs années, Amine a collaboré aux pages d’Al Bayane, du Matin, de la revue littéraire Nejma et a contribué à l’Anthologie de la Nouvelle Marocaine des éditions l’Harmattan. Stratégiste web et community manager de métier, il intervient en indépendant auprès de grandes marques au Maroc. Pour faire court, il est : nouvelliste, polémiste. Community manager, Stratégiste, pseudo-gauchiste. Chroniqueur, paniqueur.

MENSUEL GRATUIT

La culturen’est pas à vendre

FOUZIA MAROUF

Fouzia Marouf rejoint en 2004, Afrique Magazine à Paris. Elle y collabore toujours, en y signant des articles sociétaux et culturels. Depuis 2006, elle collabore avec Qantara, trimestriel de l’Institut du Monde Arabe. Elle mène une enquête pour le Nouvel Observateur à Paris en 2008 sous la direction de Serge Raffy. En 2009, elle collabore avec Elle Orientale à Beyrouth. Fouzia Marouf, a travaillé avec Femmes du Maroc, Luxe radio, le Soir échos, rubrique culture, spécialisée en cinéma, le magazine et le site Illi. A participé au lancement de Métropolis comme rédactrice en chef.

YASMINA LAHLOU

Journaliste indépendante et correspondante de l’hebdomadaire français L’Express, Yasmina Lahlou a débuté en 2004 à Jeune Afrique où elle était notamment responsable du cahier culture de l’hebdomadaire panafricain. Elle travaille désormais pour diverses publications, essentiellement basées à Paris, mais aussi à Casablanca pour le mensuel Metropolis.

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AGENDA

AGENDA

N17 METROPOLIS NOVEMBRE 2013 9 8 N17 METROPOLIS NOVEMBRE 2013

NUIT DES GALERIES - 8È ÉDITIONDu 08 Au 30 Novembre 2013

la Nuit des Galeries sera lancée le 8 novembre prochain à la galerie Mohamed El Fassi à Rabat. Cette manifestation permettra encore une fois aux galeries du Maroc d’ouvrir leurs portes aux public après le coucher du soleil pour qu’ils puissent les découvrir tard dans la nuit selon des expositions et des manifestations exceptionnelles organisées pour l’occasion. L’année dernière, 77 galeries et espaces d’exposition dans 18 villes du Royaume ont accueilli un public de plus en plus nombreux et désormais acquis à cette manifestation exceptionnelle.Information : Ministère de la Culture, Direction des Arts,0537 27 40 82/ 71.

L’UNIVERSITÉ POPULAIREDU PATRIMOINE12 Novembre 2013

L’association Casamémoires et l’Institut Français du Maroc s’associent à nouveau pour réitérer l’expérience concluante de l’Université Populaire du Patrimoine à l’occasion de la saison culturelle France-Maroc. Comme chaque année depuis 2011, l’Université se donne comme mission de permettre au public de comprendre le patrimoine et ses enjeux dans notre société. Avec huit conférences mensuelles complétées par un atelier et une visite sur le terrain, l’Université Populaire du Patrimoine est ouverte aux novices comme aux experts avec des interventions de têtes d’affiche nationales et internationales.

PROGRAMMATIONMardi 12 Novembre 2013

«La politique du patrimoine au Maroc» par

Dr. Abdelaziz Touri à la maison de l’union

Mardi 10 Décembre 2013

«Le patrimoine industriel de Casablanca »

par Dr Abdelkader Kaioua

Mardi 14 janvier 2013

«Jean-Claude- Nicolas Forestier, un

paysagiste au Maroc» par Dr. Mounia

Bennani

Mardi 11 Février 2013

«Tétouan-Casablanca : le logement social

pendant la période des protectorats »

par Dr. Alejandro Muchada

Mardi 11 Mars 2014

«Tourisme et patrimonialisation»,

par Dr. Mohamed Berriane

Dimanche 6 Avril 2014

«La modernité dans l’architecture»

par Dr Georges Arbid, M.Boubacar Seck,

Dr. Caecilia L. Pieri.

Mardi 3 mai 2014

«La mise en scène du patrimoine au

Maroc» par M.Jean-Guy Michard.

PATRICK JOLIVETDu 14 Au 30 Novembre 2013

La Kalla Art Gallery - Casablanca

La Kalla Art Gallery accueille une exposition de Patrick Jolivert du 14 au 30 novembre prochains. Le français, fils de lithographe, a pendant un moment baigné dans le design numérique avec la création de son agence de communication. Depuis, son goût pour le Pop-art et l’hyperréalisme qui lui succèdent le pousse peu à peu à revenir aux origines de la peinture jusqu’à ce que son travail devienne un plaidoyer pour l’authenticité des techniques traditionnelles à l’opposé du numérique qui dénature le travail. Sa dernière exposition, traversée de nuances de gris superposées, offre un réalisme saisissant à chacun de ses tableaux.

LONDON IN THE SIXTIES CONTINUED31 octobre du 30 novembre 2013

Galerie Photo Loft à Tanger

Les photographies de cette exposition ont étés prise à Londres entre 1967 et 1970, dans les « Closing years », années libres et extraordinaires.

Au fil de plusieurs décennies, Andrew Maclear, s’est tourné vers le portrait de personnages en mouvement dans une ville précise au plus fort de l’expression d’une vague artistique : Londres. Son objectif a alors saisi en noir et blanc les regards de Jimmy Hendrix, Mick Jagger, Jim Morrison, Jean-Luc Godard.

Pour la « Nuit des galeries » , une nocturne est à noter ainsi que le jeudi 21 novembre de 19h à minuit.

EXTIMACYdu 1er au 23 novembre

à la Galerie 127 - Marrakech

«Extimacy» est l’intitulé de l’exposition du plus jeune photographe marocain Hicham Gardaf qui verra ses oeuvres accrochées aux cimaises de la galerie 127, du 1er au 23 novembre 2013. L’objet de cette exposition portera sur deux séries, à savoir : «Tangier Diaries» et «Cafés», présentées respectivement en noir et blanc et en couleur. La première série remonte à ses débuts en photographie, en 2010. L’approche y est ouvertement intimiste. Tandis que les photographies de cafés ont été réalisées pour la première fois dans le cadre d’un projet présenté au Percolateur, à Marseille. La force d’une idée motrice et objectivée y est plus sensible. Certaines photographies ressemblent à des révélations sur l’authenticité et l’éternité de ces mythiques cafés tangérois. Né à Tanger, il est un des rares photographes de sa génération à utiliser l’acte photographique pour enquêter sur son rapport intime au monde environnant. Yvon Langue de l’ESAV de Marrakech dira des œuvres de Gardaf : «Tout l’art de Gardaf réside en conséquence dans une disposition au ravissement, par l’énigme silencieusement menée … Ici, la photographie est bien un art ; d’une part, parce qu’elle nous met devant l’intarissable imaginaire d’un créateur, libérant notre propre exaltation; et d’autre part, parce que l’émotion suscitée renvoie à l’émotion originaire de l’artiste».

AL HALQAProjection le 7 novembre

à l’Institut Français de Casablanca.

En présence du réalisateurDe Thomas LadenburgerAllemagne, 2010, 1h30.

« Al Halqa » est un documentaire qui traite de la Halqa dans la mythique place de Jamaa El Fna, un patrimoine de la parole contée au Maroc. Aujourd’hui en danger, ce patrimoine, commun à l’humanité, n’est pas transmis. « Al Halqa » est dans son genre particulier, un autre type de voyage dans la culture marocaine, au cœur du patrimoine et des traditions séculaires. Le réalisateur, Thomas Ladenburger, a filmé durant quatre années, la vie d’un conteur de la place.

ZOOM SUR LA POLICE SCIENTIFIQUE07 novembre au 27 décembre 2013

à l’Institut Français de Casablanca.

« La découverte de l’empreinte génétique et son utilisation dans le cadre d’enquête policière a révolutionné les pratiques de la police scientifique et technique. Aujourd’hui, les “experts” peuvent révéler des traces de sang même effacées, identifier un criminel à partir d’indices divers même infimes, dater une mort avec des insectes nécrophages ou encore identifier un criminel avec une fibre capillaire plus de vingt ans après les faits.... Le crime parfait n’existe donc pas ! »C’est avec ce texte que l’Institut Français de Casablanca présente son exposition « Zoom sur la police scientifique » en partenariat avec le Centre National Marocain pour la recherche scientifique et technique qui se veut une manifestation de vulgarisation qui réponde aux questions que se pose le grand public concernant les techniques utilisées par les scientifiques pour aider les forces de l’ordre à résoudre les crimes les plus insolubles.

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Métropolis : Vous avez toujours tourné au Maroc, pourquoi avoir posé votre camera en banlieue parisienne pour le tournage de « FièvreS »?

Hicham Ayouch :Comme tous les métis, j’ai toujours eu le sentiment de n’appartenir à aucun pays, ni à la France ni au Maroc. J’ai quitté la France pour le Maroc à un moment où j’en ai ressenti le besoin. J’y ai vécu cinq ans, j’y ai créé, et quand j’ai eu besoin d’aller voir ailleurs, je suis retourné en France : j’ai décidé de quitter ce pays car je trouvais qu’il y avait un manque d’énergie et que les gens étaient des morts vivants, j’y suis donc allé pour les réveiller, j’avais besoin de passer à un acte récréatif, en me consacrant à ce nouveau long métrage.

Suite aux émeutes de novembre 2005, contrairement à la majeure partie des médias français, le quotidien italien« Il Corriere della Serra » titrait « La banlieue créée et n’est

créateurs sont des penseurs, des passeurs de mots et d’arts.

Benjamin, adolescent difficile en quête d’identité bouscule sa famille, enfermée dans une apathie...

Il est porteur de vérité, c’est un prophète, qui voit les choses arriver, il est toujours vêtu de rouge, c’est un artiste qui s’ignore. Il va réveiller sa famille. Il y a beaucoup de moi dans ce personnage, c’est assez paradoxale, je me suis toujours senti étranger au sein de ma famille, je m’en suis souvent fait mal comprendre. Je ne juge personne, je suis loin d’être parfait, je n’en veux à

prend pour une jouvencelle alors que les choses qui pourraient la sortir de son marasme viennent de la banlieue »...

La formulation était évidemment une image et il faut la dépasser. La France a été un empire glorieux doublé d’une nation qui a rayonné sur le monde, à l’image des États- Unis, mais elle veut parfois chanter tel un coq, comme au Mali, au plus fort de la guerre alors qu’elle doit prendre conscience qu’elle est un pays vieillissant, qui doit laisser s’exprimer cette jeunesse de banlieue, pétrie de rage créative afin qu’elle accède à un meilleur statut social, politique et culturel. Ce serait là, sa meilleure cure de jouvence. Les gens y ont peur, il y a un amalgame du terrorisme,

de l’islamisme, alors qu’en banlieue, il n’y a pas que des pauvres, des descentes de flics, du trafic de shit et la banlieue n’a pas l’apanage de la pauvreté. La France doit s’extraire du passé, l’accepter et aller de l’avant.

Dans « Fièvres » la tour, cadre principal de votre film y est personnifiée à l’extrême...

J’ai voulu la sublimer, la transcender. J’ai été fasciné

le père de Benjamin, est un acteur à « gueule » qui porte un vécu fort...

Au départ, je pensais à Réda Katebet à Samir Guesmi, mais j’ai été frappé par ce que dégageait Slimane Dazi. J’ai donc, réécrit sonrôle, car il avait dix ans de plus que son personnage. C’est un grandmonsieur et une très belle rencontrepour moi. Il m’a énormémentsoutenu pour ce projet.

« Fissures » a été présenté dans la section « Coup de cœur » lors du 9ème FIFM. « Fièvres » représente le Maroc en compétition officielle au 13e Festival du Film de Marrakech...

« Fièvres » a été envoyé au Comité de sélection du FIFM pour la compétition officielle, j’attendais leur retour. Cela me fait très plaisir pour le Maroc qui est aussi mon pays, c’est une belle reconnaissance pour le film, les comédiens, l’équipe, d’autant que mon autre projet de film « Samba do Maazoz » s’est vu refuser l’avance sur recette du CCM, suite à la présentation du scénario, je n’en veux évidemment à personne et j’ai compris que la meilleure réponse est de redoubler de travail.

par ses lignes, ses formes, son esthétisme. 5000 personnes y vivent et connaissent des destins, des émotions différentes au coeur de ses entrailles. Elle est un personnage vivant, qui révèle un décor fort et poétique me parlant terriblement, dans sa verticalité et son horizontalité.

« Fissures » mettait en scène des personnages à la marge, avec « Fièvres » vous évoquez des personnages qui ont des failles et sont très éloignés des parisiens bon teint de l’actuel cinéma français...

Pendant des années, je ne me reconnaissais pas, dans les préoccupations de ces parisiens, ni à travers ce cinéma de castes qui tourne autour de son nombril. En France, il n’y a pas la guerre, il y a la crise certes, mais on n’est pas sur une terre à feu et à sang. Au Maroc, je suis issue d’une famille bourgeoise, en France, j’ai vécu un temps en banlieue, ce qui me permet ce constat : les émotions, les choses fortes, les énergies y émergent ce qui m’a amené à y tourner, car les

pas à craindre », déjà, Mathieu Kassovitz l’avait compris...

Il y a véritablement une intégration de la banlieue, mais comme elle regroupe une population noire, arabe, la France perpétue l’histoire coloniale avec cette jeunesse. Leurs ancêtres ont été colonisés, et aujourd’hui, il y a un rapport de castes, de colonies à l’intérieur du pays qui a colonisé ces jeunes d’une autre façon : la France a du mal à les regarder différemment. Or, c’est là, sa vraie richesse, on n’a pas uniquement besoin de rappeurs et de footballeurs mais également de médecins, d’artistes, de politiques. Sur l’échiquier politique français, la très faible représentation de cette jeunesse est à pleurer ! Alors, que cette diversité est un

vivier de talents et de richesses, et la France oublie qu’en pays judéo-chrétien, il y a une nouvelle France à créer. Tant qu’elle restera murée sur sa gloire passée, elle n’exploitera pas cette évidente manne. Ces jeunes font partie de la nation, il faut leur donner leur place.

Vos propos ont été crus vous avez déclarez : « La France une vieille putte ridée qui quand elle se regarde dans la glace se

personne, j’essaie simplement de comprendre qui je suis au sein de cette fratrie.

Slimane Dazi, qui interprète

INTERVIEW

INTERVIEW

INTENSE, BRUT, POÉTIQUE, « FIÈVRES », NOUVEAU

LONG-MÉTRAGE DE HICHAM AYOUCH EST À L’IMAGE

DE PERSONNAGES TOURMENTÉS AU CŒUR DU

POULS BATTANT DE LA BANLIEUE PARISIENNE.

SÉLECTIONNÉ EN COMPÉTITION OFFICIELLE

AU 13E FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM DE

MARRAKECH, IL Y REPRÉSENTERA LE MAROC. LE

CINÉASTE, FIDÈLE À SON FRANC PARLER SE DÉLIE

SANS DÉTOUR SUR LES CONTOURS DE CE FILM

COUP DE POING QUI RETRACE LES ERRANCES D’UN

JEUNE ÉCORCHÉ VIF. Propos recueillIs par Fouzia Marouf.

N17 METROPOLIS NOVEMBRE 2013 11 10 N17 METROPOLIS NOVEMBRE 2013

Hicham Ayouch, Face au bitume

Le cinéaste Hicham Ayouch (Ph: Elias Sfaxi)

Le comédien Slimane Dazi, extrait du film “Fièvres”.

Extrait du film “Fièvres”.

Extrait du film “Fièvres”.

Page 7: Metropolis Maroc n°17 nov2013

Avec le projet PIM, pour lequel il s’est associé avec son confrère ZIri Ouchen, Agharass, comme l’appellent les twittos marocains, il a entrepris de photographier autant d’internautes que possible. Entre inconnus, intellectuels et stars, il a passé un an à préparer avec son ami, une exposition qui a été couronnée de succès le mois dernier. Il s’est rendu dans plusieurs villes du royaume pour immortaliser les visages qui, un jour, ont fait l’actualité du web. Des rencontres, des retrouvailles et de bonnes parties de franche rigolade l’ont accompagnées. Aujourd’hui, alors que Ziri Ouchen et lui exposent enfin leur travail, ils nous confient : « Nous croyons qu’il est temps de donner une visibilité à cette tendance largement underground (…) Nous pensons que c’est un moment historique à capter. »

ABDERRAHMAN AMAZZAL

UNE PHOTO EST UNE HISTOIRE

En s’installant à Milan, la carrière de Hayat Saidi prend une véritable envergure internationale. En 2009, elle participe à « Sassetti Cultura », une exposition organisée par la province de Milan. Durant la même période, elle obtient le deuxième prix du concours international « El CAFE E L’ARTE ». Sa notoriété italienne lui ouvrira les portes de la reconnaissance européenne ; elle expose notamment en Slovénie ou encore à Cannes. En 2012, son talent inouï est récompensé par une invitation à la biennale d’Art International de Rome. Depuis, Hayat a réinvesti son atelier, et c’est avec impatience que nous en attendons les résultats.

précise ne pas avoir trouvé la pièce qui lui convenait. Sa préférence reste pour le cinéma et la télévision, qu’elle trouve immortels. Connue pour son talent, Amal l’est aussi pour son exigence. Les gens du milieu s’accordent pour dire qu’elle prend toujours le temps

de choisir ses rôles et ne s’arrête jamais au sien pour comprendre la teneur de tout le scénario et assimiler sa pertinence. Malgré plusieurs rôles polémiques, Amal n’en rêve pas moins de porter à l’écran une personne sage et serviable, « qui ferait du bien », selon elle. Au vu des nombreux compliments d’Ahmed Maânouni, on ne peut que le lui souhaiter. Il semble qu’elle en ait le potentiel.

nous introduisent dans l’univers du slameur et produisent dans notre imagination une série de représentations, ouvrant le débat sur nos pensées et nos actions… Le plus difficile dans un slam est de rester simple, un art que « Le Slam De Mustapha » maîtrise parfaitement dans ses textes,

qui nous apprennent à s’écouter, à écouter les autres.En s’interrogeant sur son côté mystérieux, « Le Slam De Mustapha » explique qu’il préfère mettre en avant sa vision et ses pensées plutôt que son physique et son look. D’ailleurs pour se reconnaître, l’artiste marque ses travaux par la signature de nœud de papillon ! Ainsi, « l’idée du slam n’est pas de créer des stars, ni même de glorifier le poète, mais de servir la communauté ». (Wendell Berry)

Depuis vingt-trois ans exactement, Hayat partage son art avec le monde. Pendant les années 90, le public a pu découvrir cette artiste hors pair dans plusieurs expositions. Point d’orgue de cette fin de siècle pour elle, l’exposition « Femmes et écritures » en 1996 à Agadir, et « Abouab almaghrib », en 1999 à Santa Fe (USA). En 2006, c’est à Montréal que l’artiste expose sous le thème : « Femmes en affaire d’ici et d’ailleurs ».

On pourrait dire qu’Amal est une personne impatiente. Déjà, alors qu’elle étudie encore à l’ISADAC (Institut Supérieur d’Art Dramatique et d’Animation Culturelle), elle joue dans plusieurs films et rédige même son premier scénario après sa première année d’études.

Diplôme en poche, elle démarre sa carrière au quart de tour avec un premier rôle dans le très acclamé « Les cœurs brûlés », d’Ahmed Maânouni. Cette expérience la mène à rencontrer plusieurs réalisateurs qui eux aussi lui accorderont leur confiance. Parmi eux, Adil Fadili, qui la dirige dans deux téléfilms, et Hassan Benjelloun, qui lui aussi la filme dans « Les oubliés de l’histoire », sans oublier Mohamed Kherrat, qui lui offre un rôle dans son feuilleton « L’autre dimension ». Actrice de métier, Amal avoue que le théâtre tient une place importante dans son apprentissage, même si elle

S’affranchissant des règles de la rime et de la prose, loin de tout enjeu littéraire, « Le Slam De Mustapha » entreprend un projet de taille et se livre à l’expérience du Spoken Word, pour partager avec le grand public les mots de ses maux, dans une lecture décalée du monde actuel.

Observateur de société, ce jeune slameur mystérieux fournit une esthétique brute. Il s’inspire de son parcours insolite dans les « Drouba » du Maroc, condamne, provoque, reproche et se moque, dans une ironie et une satire sans égales, additionnant à son slam une puissance sémantique incontestable qui ne laisse pas l’auditeur indifférent.La scène du slam se fait encore rare au Maroc, un avantage qui inscrit « Le Slam de Mustapha » comme précurseur de ce mouvement apparu d’abord aux Etats-Unis, et propagé un peu partout dans le monde. L’artiste sort son premier album intitulé « SLAM 3LIKOUM » composé de 12 titres, enregistrés avec des fonds sonores, sound effects qui

HAYAT SAIDIPRESQUE UN QUART DE SIÈCLE DE COUPS DE PINCEAU

AMAL SETTABAD GIRL MALGRÉ ELLE

MUSTAPHA SLAMEUR

SLAM 3LIKOUM

N17 METROPOLIS NOVEMBRE 2013 1312 N17 METROPOLIS NOVEMBRE 2013

Passionné du 8e art, Abderrahman vit sa passion en tant que photographe amateur adepte de la photographie de rue. Entre les prises en couleurs ou en monochrome, Sa vision du monde prend forme. Sa finalité ?Arriver à saisir la beauté d’une situation. L’amour de la photographie est « une vision splendide de la couleur de la lumière et des reflets. » La photo parfaite est celle qui raconte une histoire que le capteur a écrite et qui en connaît chaque chapitre. Travailler dans la photographie c’est s’immiscer dans le quotidien d’un humain, de le comprendre ou d’essayerd’analyser ses humeurs et ses sentiments et c’est là le moment opportun.

TALENTS

TALENTS

Par Amine Lagssir

Page 8: Metropolis Maroc n°17 nov2013

LIVRESSE

fille d’un des hommes d’affaires les plus riches des Etats-Unis. Mais bientôt la succession de manipulations puis de mensonges va se transformer en cauchemar. Samuel va retrouver Samir. Tourmenté par son passé, mal-à-l’aise avec une identité qu’il a renié, Samir visite sa mère, musulmane traditionnaliste à

NOS MAL-AIMÉS

Avec « Nos mal-aimés », le journaliste Claude Askolovitch

jette un pavé dans la marre et rompt avec cette habitude

très française de regarder les musulmans avec méfiance.

Divisés en chapitres donnant l’occasion de dizaines de

rencontres, l’essai propose le portrait de personnages aussi

divers qu’une employée de banque priant dans son placard pour ne pas se faire remarquer,

des salafistes connectés, ou encore des dévots qui aident

les SDF en leur offrant la soupe populaire. Voilà donc autant de

musulmans vivant à fond leur foi et dont la France, selon l’auteur, ne voudrait pas. A la fois auteur d’un pamphlet et d’un véritable

travail d’investigation, Askolovitch a fait un choix : celui d’aller à la

rencontre de religieux au delà des tensions et des aprioris. En cela et puisqu’il est inédit, cet essai

mérite d’être lu. Pourtant, Claude Askolovitch, aussi talentueux soit-il, tombe parfois lui aussi dans la caricature. Lorsque l’éditorialiste connu pour avoir jadis tenu tête à Tariq Ramadan, nous sert tout

un chapitre sur sa rencontre avec un gentil salafiste, on a peine à le croire et à le comprendre. De

fait, par excès de bonne volonté, le livre tombe parfois dans un

excès d’empathie avec des valeurs intégristes très largement

contraires à celles de l’auteur. Askolovitch fait ici ce qu’il aime le

plus : jouer avec les limites, aller au-delà des clichés, pour mieux

interroger les consciences. A lire donc mais surtout à méditer.

LIVRESSE

LE VINTAGE

Cela n’aura échappé à personne : le vintage, mot issu du terme vendange, est à la mode, il est même partout. A la télé où la série Mad Men cartonne, en musique avec Lana Del Rey et son imaginaire tiré de l’âge d’or hollywoodien, mais aussi sur Internet, grâce à des applications comme Instagram qui, par ses filtres apposés à nos photos, rend la vie couleur seventies, à la fois rock and roll et un brin nostalgique. Entre nostalgie d’un âge d’or révolu et attachement à une époque qui vivait plus fort, le vintage fascine. Pour décrypter les mécanismes de ce curieux retour à l’esthétique de notre proche passé, Philotée Gaymard, journaliste au magazine Usbek & Rica, publie un petit essai consacré au Vintage aux éditions 10-18. Elle le fait dans le cadre d’une collection qui n’a rien d’anodin, intitulée « Le Monde expliqué aux vieux ». Le résultat ? 113 pages vives et rafraichissantes, bourrées de références aux 60’s et 70’s et de réflexions sur l’attachement des digital natives à un design qui n’est pas le leur. En fil rouge, cette question qui revient sans cesse et interroge le lecteur : pourquoi les jeunes reviennent à hier alors qu’ils pourraient inventer le futur, créer un monde qui leur ressemble ? Aucune certitude mais des pistes lancées par l’auteure : le repli sur soi à l’heure de la mondialisation, le retour en enfance, le besoin de regarder dans le rétroviseur, à l’aube d’un nouveau monde dont on cerne mal les contours.

CANTONA, LE REBELLE QUI VOULUT ÊTRE ROI

Le torse bombé, l’air fier et le col relevé, Eric Cantona a marqué les esprits au cours de sa carrière de footballeur. Seize ans après l’annonce de sa retraite sportive, une biographie signée Philippe Auclair (grande plume de France Football) revient, dans le détail, sur le parcours de l’attaquant surdoué. On y apprendra beaucoup sur son enfance marseillaise, ses débuts avec l’AJ Auxerre, ses

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l’existence modeste, cernée par la montée de l’intégrisme dans les cités. Elle et son entourage vont bientôt rappeler à Samir qu’il ne suffit pas de changer de nom pour effacer son identité…

Conçu comme un film et servi par une plume alerte et moderne, le roman de Karine Tuil séduit. Sa double trame narrative donne du souffle à l’histoire, les chapitres s’enchainent sans que l’on ne puisse jamais réellement se défaire de l’envie de savoir ce que le destin réserve à Samir. Sans jamais esquiver les sujets sensibles, l’auteur parle de la France, non ce pays imaginaire, fantasmé par les nostalgiques d’un pays disparu, mais bien de la France d’aujourd’hui, diverse, inquiète et fascinante. Il y a plus. Karine Tuil traite aussi de New-York, ville-monde, et de la peur des Américains vis-à-vis de l’Islam. Reviennent alors à la surface les obsessions littéraires de l’auteur : l’identité, les rapports hommes-femmes, la force de la tradition, l’appel de l’étranger.

Puisqu’un bon roman saisit parfois mieux les réalités et toute la complexité du monde dans lequel on vit, il faut lire l’Invention de nos vies. Se faire une idée. En parler.

rendre son personnage crédible, l’avocat va voler une partie de la biographie de Samuel, son ami d’enfance, juif, amoureux de la sublime Nina et écrivain raté. Tandis que Samuel vivote dans la grisaille abrutissante de la banlieue parisienne, Samir fait fortune outre-Atlantique, apparaît sur CNN, et épouse Ruth Berg, la

KARINE TUIL L’INVENTION DE NOS VIES

L’invention de nos vies commence par le constat sombre des inégalités toujours vivaces dans la société française. Malgré un cursus universitaire modèle, Samir Tahar, brillant avocat à l’ambition dévorante, n’arrive pas à percer le plafond de verre qui l’empêche de faire carrière. Désenchanté par une société française qui juge sur le patronyme, le lieu de résidence, et l’origine ethnique, il décide alors de modifier le prénom qui apparaît sur son CV afin de multiplier ses chances de se faire embaucher dans un grand cabinet. Samir devient Sam. Tahar, nom de famille porté par des juifs comme par des musulmans, demeure intact. Cette petite manipulation, sans importance, va rapidement porter ses fruits. Sam est engagé par le puissant Pierre Levy. Le jeune homme va devenir un poulain choyé, auquel on confie rapidement de grandes responsabilités. Et tout va s’enchaîner. Après Paris, Sam part à la conquête des Etats-Unis, s’installe à New-York où, là plus qu’ailleurs, il réussit. Puisque tout le monde le croit juif, Sam ne dément pas, mieux, il décide de jouer à fond le jeu de sa nouvelle appartenance. Pour

tribulations à l’OM, Nîmes ou Montpellier jusqu’à la gloire qui accompagna ses saisons sous le maillot de Manchester United. Mais surtout, au delà des statistiques et du palmarès du joueur, ce qui captive dans « Le rebelle qui voulut être roi » ce sont bien les anecdotes sur Cantona l’homme : un méridional au caractère bien trempé capable de fulgurances géniales. De l’attention spéciale que lui portait Guy Roux aux diverses tentatives rocambolesques de Bernard Tapie pour attirer le joueur à l’OM, on sourira à l’évocation parfois savoureuse du football d’hier : un monde déjà guidé par l’argent mais nettement moins professionnel qu’aujourd’hui. Un milieu dans lequel The King (comme on le surnommait à l’époque de sa splendeur mancunienne) détonnait. Bien plus qu’un simple sportif, Cantona était un personnage de tragédie chaussé de crampons, un passionné irascible et violent qui choisit le football pour assouvir ses rêves de grandeur. Les fans de foot se régaleront !

PHILOTÉE GAYMARD

PHILIPPE AUCLAIR

CLAUDE ASKOLOVICTH

Par L. David Samama

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FONDATION

PRÉSIDÉE PAR ANDRÉ AZOULAY, LA

FONDATION ANNA LINDH A POUR

VOCATION DE CONTRIBUER AU

RAPPROCHEMENT DES POPULATIONS

DES DEUX RIVES DE LA MÉDITERRANÉE

EN VUE D’AMÉLIORER LE RESPECT

MUTUEL ENTRE LES CULTURES ET

LES RELIGIONS. DEPUIS SA CRÉATION

EN 2005, LA FONDATION A LANCÉ DE

NOMBREUX PROGRAMMES ET IMPLIQUÉ

LES PRINCIPALES ORGANISATIONS DE

LA SOCIÉTÉ CIVILE. VOICI L’ACTUALITÉ

DE SON AGENDA. Par Yasmina Lahlou

16 N17 METROPOLIS NOVEMBRE 2013

DU 25 AU 29 NOVEMBRE 2013À MARRAKECH.

La Fondation Anna Lindh organise une formation intitulée « Les jeunes dans le dialogue local », en collaboration avec le centre de recherches et d’études appliquées en développement humain (CREADH). Cette formation, destinée aux pays du Maghreb (Mauritanie, Maroc, Algérie, Tunisie et Libye), a pour objectif d’améliorer le savoir-faire et les compétences des jeunes et des organisations œuvrant dans le domaine de la jeunesse pour renforcer leur participation dans le développement local, suite aux transformations politiques, sociales et culturelles qui ont eu lieu récemment dans les pays arabes.

LA FONDATION ANNA LINDH RECRUTE

Divers postes sont régulièrement à pourvoir, les offres d’emploi publiées sur le site internet de la fondation sur www.euromedalex.org

REPORTERS AU-DELÀ DES FRONTIÈRES

L’initiative « Reporters au-delà des frontières : les routes des journalistes arabes » offre aux journalistes des pays arabes méditerranéens d’être accueillis par des institutions euro-méditerranéennes afin de partager leurs expériences et d’en témoigner pour améliorer le rapprochement entre les peuples des deux rives de la Méditerranée.« Reporters au-delà des frontières »est lancé dans le cadre du programme « Dawrak - citoyens pour le dialogue » de la Fondation Anna Lindh, avec le soutien de l’Union Européenne pour fournir aux organisations de la société civile et des individus actifs les outils pour participer à la vie publique et contribuer à construire des sociétés ouvertes et plurielles. Si votre organisation prévoit l’organisation d’un événement et que vous souhaitez accueillir un ou plusieurs journalistes des pays arabes méditerranéens, veuillez contacter [email protected].

LEILA GHANDI : LAURÉATEDU PRIX DE JOURNALISME

La 7è édition des « Mediterranean Journalist Award » s’est déroulée le 23 Octobre dernier à Londres (Royaume-Uni). Ce prix de Journalisme a été lancé en 2006 par la Fondation Anna Lindh afin de soutenir le rôle positif des journalistes qui assurent une couverture éclairée et équilibrée des sujets liés à la diversité culturelle, au-delà des conflits et du trop fameux « choc des civilisations ». Cette année, cinq lauréats de divers pays représentant la presse écrite, la télévision, la radio et les nouveaux médias ont été récompensés. Dans la catégorie TV, c’est la Marocaine Leila Ghandi qui a remporté le prix pour son émission diffusée sur 2M.

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CINÉMA

CINÉMA

YOUM OU LILARéalisé par : Naoufel Berraoui Avec : Touria Alaoui, Majdouline et Drissi-Omar Lotfi

Synopsis : Le père Hussein envoie tous les mois un colis à sa famille où il met aussi les médicaments - qui coûtent très cher - pour sa fille. Ce qu’il oublie de faire lors du dernier envoi. Sa femme, Izza, qui n’a jamais quitté sa campagne natale, décide d’entreprendre le grand voyage à Casablanca, à la recherche de son mari. Elle rencontre Aziza, une prostituée qui va l’aider. Le voyage durera une journée et une nuit.

Allez le voir parce que :Après s’être illustré avec quelques bons courts métrages comme « Le Chant des sirènes », « Liberté provisoire » et « Al Kabsh », mais aussi avec quelques pièces de théâtre de bonnes factures, Naoufel Berraoui signe ici son premier long métrage. Très attendu, Youm ou Lila tient toutes ses promesses après avoir été encensé par la critique au Festival National du Film de Tanger. L’histoire touchante et drôle d’Izza, une fille de la campagne qui décide de quitter pour la première fois son village afin de rejoindre Casablanca dans le but de retrouver son mari.

PRISONERSRéalisé par : Denis VilleneuveAvec : Hugh Jackman, Jake Gyllenhaal, Viola Davis

Synopsis : Dans la banlieue de Boston, deux fillettes de 6 ans, Anna et Joy, ont disparu. Le détective Loki privilégie la thèse du kidnapping suite au témoignage de Keller, le père d’Anna. Le suspect numéro 1 est rapidement arrêté mais relâché quelques jours plus tard faute de preuves, entraînant la fureur de Keller. Aveuglé par sa douleur, le père dévasté se lance alors dans une course contre la montre pour retrouver les enfants disparus.

Allez le voir pace que :Un film procure rarement autant d’angoisse au cinéma. Dans « Prisoners », toute la mise en scène a été construite pour donner au spectateur un sentiment d’angoisse permanent, que ce soit les lieux clos où sont tournés les scènes (cuisine, cave…), la lumière insuffle un teint blafard à l’image, et même les personnages, tous aussi complexes les uns que les autres. Hugh Jackman en père meurtri qui tente de se faire justice lui-même jusqu’à Jake Gyllenhaal en flic avisé et obstiné à faire respecter la loi.

MY LANDRéalisé par : Nabil AyouchAvec : Nabil Ayouch

Synopsis : « My land » donne la parole à de vieux réfugiés palestiniens qui ont fui en 1948 sans jamais retourner sur leur terre, et qui vivent dans des camps au sud Liban depuis plus de 60 ans. Cette parole est entendue par de jeunes israéliens de 20 ans qui construisent leur pays, se sentent viscéralement attachés à leur terre, mais sans jamais vraiment savoir expliquer pourquoi. Entre ces deux mémoires, il y a une réalité ; la réalité de deux peuples qui se battent pour la même terre.

Allez le voir parce que :Magnifique et désespérant à la fois, « My land » est la vison touchante d’un cinéaste qui a grandit entre deux cultures que tout cherche à opposer. Marocain musulman par son père et juif tunisien par sa mère, Nabil Ayouch dispose donc de toute la légitimité nécessaire pour réaliser un documentaire sans être obligé de prendre parti, ou de tomber dans l’apitoiement. « My land »pose beaucoup de questions mais n’offre aucune réponse, ou plus précisément, il nous fait comprendre qu’il n’y a aucune réponse...

GRAVITYRéalisé par Alfonso Cuarón

Avec : Sandra Bullock, George Clooney, Ed Harris

Pour sa première expédition à bord d’une navette spatiale, le

docteur Ryan Stone, brillante experte en ingénierie médicale,

accompagne l’astronaute chevronné Matt Kowalsky. Mais alors qu’il s’agit apparemment

d’une banale sortie dans l’espace, une catastrophe se

produit. Lorsque la navette est pulvérisée, Stone et Kowalsky se

retrouvent totalement seuls, livrés à eux-mêmes, dans l’univers.

Le silence assourdissant autour d’eux leur indique qu’ils ont perdu

tout contact avec la Terre - et la moindre chance d’être sauvés.

Peu à peu, ils cèdent à la panique, d’autant qu’à chaque respiration,

ils consomment un peu plus les quelques réserves d’oxygène qu’il leur reste. Mais c’est peut-être en s’enfonçant plus loin encore dans l’immensité terrifiante de l’espace

qu’ils trouveront le moyen de rentrer sur Terre...

Allez le voir parce que :

Enfin un film qui justifie de porter ces horribles lunettes 3D qui vous donnent un look de rappeur West Coast. « Gravity » est une sorte de prototype de cinéma immersif ; il donne l’impression au téléspectateur de graviter confortablement dans l’espace avec une vue imprenable sur la terre, tout en restant assis dans son fauteuil. Bien plus confortablement que les héros (Sandra Bullock et Georges Clooney), qui eux, et ce dès les premières minutes du film, se retrouvent perdus dans l’espace sans aucun contact avec la terre

et avec des réserves d’oxygène limitées, et ou chaque inspiration les rapproche un peu plus de la mort inévitable. Pourtant, le film commence doucement par une opération de routine où les deux personnages travaillent en apesanteur à réparer le système informatique d’un module spatial en orbite autour de la Terre. Vingt minutes de tranquillité avec des dialogues d’astronautes :« Houston vous me recevez ? », et où l’on prend le temps de découvrir les personnalités des deux héros : Georges Clooney en vieux briscard, toujours prêt à faire de bonnes blagues, et Sandra Bullock en scientifique un peu coincée voir

rigide, personnage qui colle bien avec ce visage presque inexpressif qu’elle arbore dans tous ses films. Tout se passe dans la joie et la bonne humeur jusqu’à ce qu’un météorite les percute à toute vitesse et les envoie valdinguer dans l’espace.Gravity est certes une prouesse technologique et esthétique, mais on regrette cependant les carences de scénario au profit des effets spéciaux. Pour exemple, le personnage de Sandra Bullock vient de perdre sa fille, et le réalisateur, Alfonso Cuarón (Les Fils de l’homme), tente d’évoquer ainsi l’espace comme un lieu de communication avec les morts (un peu à la manière de Solaris de Steven Soderbergh) mais l’approfondissement du mysticisme ne reste qu’a l’état embryonnaire. Gravity est globalement un bon film qui fait ressentir des sensations aux téléspectateurs, dignent d’un parc d’attractions, mais qui laisse rêveur quand on pense à ce que Stanley Kubrick aurait pu faire de son « 2001 Odyssées de l’espace » avec la technologie 3D.

N17 METROPOLIS NOVEMBRE 2013 1918 N17 METROPOLIS NOVEMBRE 2013

Par Jalal Boukhari

EVASION Réalisé par : Mikael HafstromAvec : Sylvester Stallone, Arnold Schwarzenegger, Jim Caviezel

Synopsis : Ray Breslin est un ingénieur spécialisé dans la conception de prisons ultrasécurisées. Il teste lui-même l’efficacité de ses bâtiments en se faisant enfermer puis en s’évadant. Contacté par une société privée souhaitant tester un concept révolutionnaire de prison hi-tech, il se retrouve prisonnier. Piégé dans ce complexe ultra-moderne, harcelé par un directeur impitoyable et son gardien corrompu, Ray découvre une conspiration pour le faire disparaître à jamais.

Allez le voir pace que :Après avoir œuvré chacun de leur coté à faire baisser la démographie mondiale dans leurs films respectifs, Sylvester Stallone et Arnold Schwarzenegger ont décidé de ne plus se quitter depuis « Expendables ». Certes les gros muscles sont un peu rouillés, mais leur charisme n’a quant à lui pas pris une ride. « Evasion » ne tombe pas dans le piège de faire reposer le scénario sur ces deux stars hollywoodiennes. C’est un film bien construit, plus proche du thriller que du film d’action. Du cinéma à l’ancienne avec des acteurs à l’ancienne, mais dont la recette fonctionne toujours.

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LA REINE MARGOT

Dans un autre registre, différent du long-métrage « Tendres Passions », j’ai revu « La Reine Margot », ce drame, tout à fait récemment lors de la soirée d’hommage rendue à Patrice Chéreau, qui nous a quitté trop tôt. Un chef d’oeuvre. Une fresque sanglante où passion, trahison et violence se mêlent. Adjani, qui a atteint le panthéon des grandes actrices, y est à son sommet. A mon avis il s’agit là de l’un des meilleurs films français.D’emblée on sent que les acteurs, magnifiquement dirigés par Chéreau, sont totalement habités par leur rôles. Chaque plan est un tableau vivant haut en couleurs, un incroyable spectacle au coeur de cette période de l’histoire des plus sanglantes. Un travail d’orfèvre pour ce cinéaste au talent rare. Chapeau bas pour Jean-Hugues Anglade et son interprétation tellement attachante, que l’on peut qualifier

DVD

LE GRAND BLEU

Il a une grande valeur pour moi. C’est le premier film que j’ai vu à l’époque qui m’a fait comprendre l’harmonie qu’il ne faut pas oublier et qui s’impose naturellement entre la musique, la qualité des images, le cadre, et l’histoire. Il nous ramène à une grammaire cinématographique qui existe et qu’il faut savoir observer. Même si aujourd’hui je vois « Le Grand Bleu » sous un oeil différent parce qu’étant plus mature, c’est le premier film qui m’a fait ressentir de fortes émotions. Du coup j’ai acheté le CD, cette superbe BO composée par Eric Serra, et qui a eu un succès retentissant lors de sa sortie en France.Eric Serra signe là une des plus belles bandes originales de l’histoire du cinéma. Je vous confierai que bien souvent, c’est à partir de ce CD que je me mets à imaginer des histoires, des

situations romantiques, à avoir de l’inspiration pour mon propre cinéma, à m’en imprégner.« Le Grand Bleu » a également révélé Jean-Marc Barre et Rosanna Arquette, en couple totalement décalé, à l’opposé l’un de l’autre. Lui ne rêve que de retrouver la mer et ses tréfonds, ses entrailles insondables (finalement son unique amour), en homme libre, comme l’évoque si justement le poème de Baudelaire ; elle, une jeune femme, qui désire un enfant de lui, plus que tout. Ils ne sont pas dans la même demande, mais ils nous transportent l’un et l’autre à travers leurs univers éloignés.Quant à Jean Reno, il va devenir un fidèle, un acteur fétiche dans le cinéma de Luc Besson puisqu’il tiendra plusieurs années plus tard le haut de l’affiche dans « Léon », avec la surprenante Natalie Portman ; dans le même registre, il jouera aux côtés d’Anne Parillaud dans « Nikita », « rôle qui a sauvé la carrière de comédienne d’Anne Parillaud », confiera Besson dans son livre qui retrace l’aventure du film. Elle a été récompensée par le prix d’interprétation féminine aux Césars, alors que « Cyrano de Bergerac » avait déjà raflé tous les prix, ce qui fera dire à Besson :« Si il y avait eu le prix du balayeur pour Cyrano, il lui serait revenu ; Anne a reçu son prix à la fin de la cérémonie, on ne s’y attendait pas du tout... ».

DVD

TENDRES PASSIONS

Il s’agit d’un film dramatique américain, réalisé par James L. Brooks, sorti dans les salles obscures en 1983. Il retrace l’histoire d’une mère et de sa fille qui entretiennent des relations très tendues, sous le prisme d’une évidente densité humaine et émotionnelle.La photo du film est trompeuse ; il ne faut pas s’y arrêter car elle pourrait sous-entendre que c’est un long-métrage du genre mélodrame des années 80, finalement très proche du type de téléfilm du mardi après midi... Alors que « Tendres Passions » révèle entièrement autre chose, une force rare. Ce film m’a montré la vie telle qu’elle est, sans fioritures, l’amour tel qu’il est, un sentiment versatile... Rien d’artificiel n’est évoqué ni utilisé

dans ce film, tout sonne vrai.Même si la production est effectivement très hollywoodienne, j’ai rarement été aussi touché par un film. J’y ai vu une magnifique évocation de la vie et de la mort, sublimées par l’interprétation des acteurs en présence : Debra Winger, Shirley MacLaine, et Jack Nicholson. De fabuleux comédiens... 4 Golden Globes et 5 Oscars (dont ceux du Meilleur

Film), ont récompensé l’oeuvre et son équipe. Quant à la séquence finale tournée tout en pudeur, elle est vraiment marquante et rend difficilement possible de pouvoir quitter totalement ce film, ou même l’oublier une fois sa télévision éteinte. Finalement, il s’agit d’une fin qui nous amène à nous dire qu’il nous suffirait à tous de tendre la main pour saisir notre bonheur.

SÉLECTION D’ELIAS SFAXI

CINÉASTE FRANCO-TUNISIEN.

PRÉSENTE UNE EXPOSITION À

PARIS, SOUS LA TUTELLE DE

L’ASSOCIATION SOLIDARITÉ

ENFANCE ASIE SEA, QUI SORT

LES ENFANTS DE LA RUE EN LES

SCOLARISANT.

à la fois de racée et feutrée. Quant à Patrice Chéreau, il est sans nul doute le roi de cette oeuvre impérissable.Le souci apporté avec soin aux costumes de cette époque est également à retenir, tant il participe à nous embarquer dans l’univers du cinéaste, et surtout de ses comédiens. Épique, historique, grandiose… On y sent la patte artistique de Chéreau, metteur en scène de théâtre et d’opéra, comédien et scénariste...« La Reine Margot » a été récompensé à Cannes en 1994, avec le Prix du Jury et le Prix d’interprétation féminine pour Virna Lisi (qui tient le rôle de Catherine de Médicis). L’année suivante, le film gagne cinq trophées lors de la 20ème Cérémonie des Césars, dont ceux de la meilleure actrice pour Isabelle Adjani, et des meilleurs seconds rôles féminins et masculins pour Virna Lisi et Jean-Hugues Anglade.

SUR LES QUAIS

Véritable chef-d’oeuvre d’Elia Kazan à travers lequel Marlon Brando est tout simplement magnétique, animal, sensible et robuste à la fois. Il s’agit d’un film qui a énormément marqué les gens, leurs esprits, car nombre de personnes autour de nous ne cessent de le citer constamment tant il a été un choc cinématographique à leurs yeux.Je me souviens que lorsque mon père m’a montré ce film pour la première fois, j’ai véritablement eu le sentiment de voir en Marlon Brando un acteur complètement libre, tant il était parvenu à me saisir grâce à ce qu’il dégageait ; doté d’une grande part d’imprévisible, il me serrait le ventre à chaque fois que je le regardais. A ce titre, il improvise son jeu plusieurs fois dans le film. La scène culte qui se déroule avec son frère dans ce long-métrage mythique, le grand Rod Steiger, est indéniablement de la magie pure de cinéma, dictée et dominée par le sens innée de l’improvisation intelligente de Brando. Un tour de maître qui nous laisse complètement bouche bée. Une deuxième scène de la même intensité est également à rappeler : lorsque le

personnage campé par Marlon Brando ramasse un gant qu’Eva Marie Saint avait fait tomber maladroitement. Au lieu de couper cette scène, Elia Kazan a justement tourné sa caméra et laissé Brando (boxeur sensible dans le film), ramasser le gant et le mettre, comme pour mieux révéler son extrême sensibilité. Kazan/Brando. Ce tandem inégalable révèle définitivement qu’il est né pour ça. Marlon Brando amenait de plus une force rare dans le jeu d’acteur à l’époque. Il a marqué de nombreuses générations à travers les décennies successives. Grands-parents, parents et enfants, continuent de lui vouer un vrai culte, encore aujourd’hui...

N17 METROPOLIS NOVEMBRE 2013 2120 N17 METROPOLIS NOVEMBRE 2013

Le Cinéaste Elias Sfaxi

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DIASPORA

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promotion de l’interculturalité au Canada, et continue ses recherches sur la fusion entre la littérature et les technologies de l’information. Il est aussi membre de l’alliance des professeurs de Montréal. Il a publié son premier recueil de poèmes (les ormes diaphanes) aux éditions “Fleurs de Lys” au Québec en 2005. Ont suivi (Dans la chair du cri) aux éditions du Cygne en France en 2009, puis Culture de la masculinité et décrochage scolaire au Québec (Éditions Harmattan, France en 2010).

« Feuillets de l’aube » est une représentation de l’étincelle des chants de l’amour dans toute sa diversité. L’aube est une spécificité du commencement, il projette vers l’éveil, la prise de conscience des premières lueurs qui émergent et inspirent, par sa clarté l’âme en questionnement, comme cité sur le communiqué de presse du RACMA (Regroupement des Auteurs Canado-Marocains)Kamal Benkirane définit la simplicité dans ces textes comme étant un ingrédient essentiel qui fait aboutir la poésie à la source des cœurs, ajoute le communiqué.Le texte poétique évoque les sentiments de liberté, de solitude, d’amour, de joie, tristesse qui deviennent un fondement, une raison de vivre sur lesquels reposent le destin du bonheur et le cheminement vers l’idéal de la vie Kamal Benkirane a obtenu plusieurs prix poétiques en France, en poésie classique, néo-classique et libérée. Au Québec, il a contribué à plusieurs projets dans le cadre de la

Feuillets de l’aubede l’auteur et poète Kamal Benkirane

MENSUEL GRATUIT

La culturen’est pas à vendre

Par Amine Lagssir

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MUSIQUE

ZEPHYR

Jolie Cherie Remix

by La//KVLKD

METROPOLIS VOUS PROPOSE DE DECOUVRIR SA PLAYLIST D’AUTOMNE

MANIC BABY

by the Preatures

NIGHTCALL

LG re-edit

by London Grammar

TURN OFF THE ROBOT

by Burning House

IT’S TOO LATE

by Wild Belle

HEARTBREAKER

by CHERUB

DO YOU LIKE MY SONG

by ELEPHANZ

Playlist à retrouver en scannant ce cadre

SUNGLASSES & SHIRTS

by Parlez-vous anglais ?

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MENSUEL GRATUIT

La culturen’est pas à vendre

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DOSSIER

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FESTIVALINTERNATIONALDU FILMDE MARRAKECH

DOSSIER

INVITÉ SUR PRISE DU 13E FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM DE MARRAKECH QUI SE TIENT DU 28 NOVEMBRE AU 8 DÉCEMBRE, MARTIN SCORSESE, SURNOMMÉ MARTY, SERA LE PRÉSIDENT DU JURY LONG-MÉTRAGE. LE 8 DÉCEMBRE, AU LENDEMAIN DU FIFM, ON CÉLÉBRERA LA 151E ANNIVERSAIRE DE GEORGES MÉLIÈS, PIONNIER DU CINÉMATOGRAPHE, AUTEUR DU « VOYAGE DANS LA LUNE ». COUP DE CHAPEAU FAVORI DU MAGICIEN MARTY, « HUGO CABRET », SON RÉCENT FILM EN 3D REND HOMMAGE À MÉLIÈS, USANT DE L’ART ILLUSIONNISTE. MÉTROPOLIS RETRACE LES VISAGES DE MARTIN SCORSESE, AMOUREUX DE 7E ART, DE ROCK, DU MAROC.RETOUR SUR L’AURA DE HICHAM AYOUCH, QUI PRÉSENTE « FIÈVRES », SON NOUVEAU LONG-MÉTRAGE EN COMPÉTITION OFFICIELLE SOUS LES COULEURS DU MAROC, AUTOUR D’UNE INTERVIEW EXCLUSIVE OÙ LE RÉALISATEUR NOUS DIT SA FIÈVRE DU CINÉMA. DEUXIÈME PRISE, POUR HICHAM LASRI, QUI A SIGNÉ « C’EST EUX LES CHIENS », SON SECOND LONG-MÉTRAGE QUI FIGURE DANS LA SECTION « COUP DE COEUR » DE CE 13E FIFM ET A ÉTÉ PRÉSENTÉ À CANNES À L’ACID (ASSOCIATION DU CINÉMA INDÉPENDANT POUR SA DIFFUSION).TOUR D’HORIZON DE TOUTES LES ÂMES QUI TAMBOUR BATTANT, ONT VÉCU CE FESTIVAL ÉVÉNEMENT DE F. F. COPPOLA À EMIR KUSTURIKA, D’ABBAS KIAROSTAMI À JOHN MALKOVITCH, PLACE AU MAESTRO MARTY, ET À TOUX CEUX QUI PARTICIPERONTAU BAPTÊME DE CE 13E FIFM. Dossier réalisé par Fouzia Marouf.

26 N17 METROPOLIS NOVEMBRE 2013

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13è FIFM Suprise Marty !UN HOMMAGE LUI A ÉTÉ RENDU LORS DE LA 10ÈME ÉDITION DU FIFM. C’EST UN GRAND

AMOUREUX DU MAROC. IL A ÉCRIT UNE LETTRE AU CINÉASTE MAROCAIN FAOUZI BENSAÏDI

LORS DE LA SORTIE EN FRANCE, EN SEPTEMBRE DERNIER, DE SON LONG-MÉTRAGE « MORT

À VENDRE », LE QUALIFIANT DE « FORT, DUR ET LYRIQUE ». SCORSESE, POINTURE DU 7ÈME

ART, EST AUSSI UN PASSIONNÉ DE ROCK. ÉCLAIRAGE.

DOSSIER

en couleurs de son « Voyage dans la Lune ». L’hommage le plus émouvant est celui de Scorsese, « Hogo Cabret », retrace l’histoire d’un jeune orphelin qui trouve en Méliès un père de substitution. Ces trois dernières fictions, « Les Infiltrés », « Shutter Island » et « Hugo Cabret », questionnent la nature trompeuse des images.

AU SECOURS DU SUD

La générosité et l’appétence culturelle de Scorsese, surnommé Marty, le révèle aussi, en cinéaste attaché au royaume chérifien, où il réalise les tournages de « La Dernière Tentation du Christ » (1988), « Kundun » (1995), aux Studios de Film d’Atlas à Ouarzazate. Ce qui lui vaut en 2005, d’être décoré par Sa Majesté le Roi Mohammed VI du Wissam « Al Kafaa al Fikrya », récompensant le mérite intellectuel. Déjà, sa fascination pour le Maroc, s’enclenche, suite à sa rencontre avec le film « Transes » d’Ahmed el-Maanouni (1981), consacré au groupe Nass El Ghiwane et dont la veine musicale reste une source d’inspiration accrue pour lui. « Les Nass El Ghiwane sont les Rollings Stones du Maroc », confiera Scorsese au sujet du mythique groupe de Hay Mohammedi. Il restaure et édite le film en DVD avec le concours de la World Cinema Foundation, association qu’il fonde en 2007, œuvrant activement à la préservation du patrimoine cinématographique mondial. Dirigée par Kent Jones, elle a pour but de préserver des films rares, issus pour la majeure partie du sud. Sortie en avril 2012, le coffret édité par Carlotta, contient avec « Transe », deux autres titres restaurés par la Cinémathèque de Boulogne : « Les Révoltés d’Alvarado » (1934) d’Emilio Gomez Muriel et Fred Zinneman, tourné à la demande du gouvernement mexicain afin de vaincre l’illettrisme d’une partie de la population. Le second film « La Flûte du roseau » (1989), réalisé par Ernek Shinarbeav, cinéaste kazakh, se passe en Corée et la langue de film est le russe. Enfin, « Transe », entremêle fragments de concerts, tranches de vie du mythique groupe Nass El Ghiwane au rythme du pouls battant de Casablanca, impulsée par la transe marocaine.

Si Faye Dunaway incarne le nouveau sex-symbole dans l’Amérique des sixties, suite à « Bonny & Clyde », d’Arthur Penn en 1967, l’histoire d’un nouveau cinéma américain est en passe de se jouer à Hollywood, baptisé « Le Nouvel Hollywood » alors qu’une nouvelle vague déferle dans le même temps sur le septième art français. Un cinéma qui s’affranchit des codes de classification, porté par une contre-culture, une contestation au plus fort d’une Amérique dont l’histoire récente est troublée par d’importants bouleversements. Le violent assassinat de JFK en temps réel a traumatisé la population, qui découvre de surcroît les images des corps mutilés des soldats envoyés au Vietnam, alors que se

joue l’opposition à la guerre et la lutte pour les droits civiques des Noirs. Ainsi, Tom Wolfe s’interrogeait dans l’édition de juillet 1967 du magazine Esquire : « Pourquoi sommes-nous soudainement obsédés par la violence ? »Captation, portée par Scorsese, dès « Mean Streets ». Suivent « Taxi Driver » et « Raging Bull » : à thèmes uniques, films unqiues.Son goût du 7e art ne s’arrête pas là. A près de 70 ans, il s’est essayé à la 3D et au film pour enfants avec « Hugo Cabret » (2011), truffé de références aux pères du cinéma : Méliès, les Lumière, Harold Lloyd, Chralie Chaplin, Fritz Lang. Le film sort au moment du 150e anniversaire de la naissance de Georges Meliès, pionnier du cinématographe et de la ressortie

MISTER PRESIDENT. MARRAKECH. EXT/JOUR

Alors que les organisateurs de festivals de cinéma s’échinent à courir constamment après l’idée détonante, le 13e Festival International du Film de Marrakech, capitalise sur l’aura d’un poids lourd du 7e art : Martine Scorsese. Cinéaste culte, président du jury long-métrage, lors de cette nouvelle édition, Scorsese, né en 1942 à New-York a construit un véritable édifice à coups de vingt-six longs-métrages signés entre 1968 et 2010. Ses films participent dès lors, à la mouvance du Nouvel Hollywood, un cinéma issu de la contre-culture américaine, qui met en scène des personnages pétris de violence, approchants de « Bonny & Clyde ».

N17 METROPOLIS NOVEMBRE 2013 2928 N17 METROPOLIS NOVEMBRE 2013

DOSSIER

Martine Scorsese lors du 10ème FIFM.

Ph: D

R

Page 16: Metropolis Maroc n°17 nov2013

DE PALERME À NEW-YORK

De son père, immigré italien de la première vague au lendemain de la Grande Dépression aux États-Unis, qui sublime « l’american dream », (« il sogno americano ») Marty, gardera un intérêt jamais démenti pour la communauté américano-italienne au fil de ses films. « Mon père croyait au rêve américain et nous disait que c’était le pays des Droits de l’homme, avec une terre faite de pavés propres mais ce qu’il ignorait, c’est que c’est lui qui a posé de ses propres mains ses pavés... », assène-t-il sans ambages. Gageons que les avis de cet enfant de Sicile, fer de lance d’un cinéma engagé, largement consacrée à la zone d’ombre de l’épopée catholico-mafieuse, seront porteurs de justice et de bien lors de sa présidence au 13e FIFM :“Nous avons besoin aujourd’hui de renouveler notre vision l’un envers l’autre, et le cinéma demeure le meilleur moyen pour atteindre cet objectif . Le cinéma a ouvert mes yeux sur le monde extérieur et je suis persuadé qu’elle a fait de même avec tant d’autres”,a-t-il déclaré dans un entretien exclusif accordée à la MAP.

DOSSIER

30 N17 METROPOLIS NOVEMBRE 2013

Martine Scorsese aux côtés de Leornado Di Caprio

M. Scorsese aux côtés F. F. Coppola et W. Allen

M. Scorsese au plus fort de ses nombreux tournages

Page 17: Metropolis Maroc n°17 nov2013

MASTERCLASS

Temps fort du FIFM. Les plus grands cinéastes,

les comédiens et réalisateurs marocains, ainsi

que tous les journalistes s’y pressent, pour

suivre une leçon de cinéma animée par leurs

homologues. Le prince Moulay Rachid insiste

pour que ces leçons soient suivies par les

étudiants des écoles de cinéma du royaume ;

ils sont ainsi assis au premier rang ! Jean-

Jacques Annaud, Marco Bellochio, Jim

Jarmusch, Christopher Doyle, Emir Kusturica,

les frères Dardenne, F. Ford Coppola, ont animé

ces classes.

HOMMAGES

Ils participent à asseoir la renommée du FIFM et

sont consacrés aux comédiens et cinéastes les

plus talentueux : Harvey Keitel, Forest Whitaker,

James Caan, Kiyoshi Kurosawa, Abderahmane

Tazi, Sir Ben Kingsley, Saïd Taghmaoui, Roshdy

Zem ; trophées remis par Leïla Bekhti (qui a parlé

en arabe pour le plus grand plaisir de la presse

arabophone), Jim Jarmush, Christopher Walken,

Terry Gilliam (qui a présenté son nouveau court-

métrage l’an dernier au Festival du court-métrage

méditerranéen de Tanger), et le plus phénoménal,

l’acteur vedette indien Shah Rukh Khan.

DOSSIER

DOSSIER

N17 METROPOLIS NOVEMBRE 2013 33

John Malkovtich, John Boorman, Jonathan

Demme, Sigourney Weaver, Abbas Kiarostami,

Emir Kusturica, Francis Ford Coppola, Benoît

Jacquot (Prix Louis Delluc 2012 pour « Les

Adieux à la reine »)… Tous ont tour à tour été

présidents entre 2009 et 2012. Idem pour les

membres du jury concours Cinécoles, qui réunit

grands comédiens et cinéastes à l’international :

Elia Suleiman, Jessica Chastain, Leïla Hatami,

Radu Mihaileanu, Fanny Ardant, Marisa Paredes,

Gael Garcia Bernal, Eva Mendes, Yousra...

Pour de jeunes auteurs issus des quatre coins

de la planète, recevoir un prix récompensant

leurs premiers longs-métrages des mains d’un

cinéaste qu’ils admirent depuis longtemps est

le plus beau des trophées. Témoin, le mexicain

Rigoberto Perezcano a remporté l’Étoile d’or

en 2009 pour « Northless », des mains de

Kiarostami, son modèle.

Présidence des jurys long-métrageset courts-métrages, hommages

et masterclass attirent chaque annéeles plus grands cinéastes de la planète

Les films présentés en compétition officielle ont souvent été primés dans leur pays d’origine (Mexique, Etats-Unis, Bosnie-Herzégovine, Espagne, Suisse, Danemark, Allemagne, France), ou ont eu un succès critique. C’est Bruno Barde (qui travaille également pour le Festival de Cannes), qui est chargé de la programmation.

Atiq Rahimi, écrivain et cinéasteJames Gray, écrivain américano-russe

Le cinéaste Costa-Gavras reçevant un trophet d’hommage des mains de Scorsese, 10è FIFM. Emir Kusturica, cinéaste.

L’actrice Eva Mendes

Le comédien John Malkovitch. Le cinéaste Fatih Akin

Le cinéaste Abbas Kiarostami

Le cinéaste Radu Mihaileanu

L’actrice Golshifteh Farahani

Page 18: Metropolis Maroc n°17 nov2013

IL S’AGIT D’UNE SECTION QUI FAIT LA PART

BELLE À LA PRODUCTION MAROCAINE DE

L’ANNÉE EN COURS. LE NOMBRE DE LONGS-

MÉTRAGES VARIE SELON LES ANNÉES, EN

FONCTION DU VOLUME ET DE LA QUALITÉ DES

ŒUVRES. LES CINÉASTES MAROCAINS QUI

Y ONT PRÉSENTÉ LEURS LONGS-MÉTRAGES

CES QUATRE DERNIÈRES ANNÉES, ONT TOUS

EU UN SUCCÈS D’ESTIME AU MAROC, EN

FRANCE ET À L’INTERNATIONAL.

Coup de cœur, place au cinéma marocain Lakhmari, signe « Zéro », présenté l’an dernier au 12e FIFM. Le casting y réunit Youness Bouab, frère aîné de l’acteur Assaad Bouab, et feu Mohamed Majd.

Faouzi BensaïdiAuteur de « Mort à vendre », présenté en 2011 et récompensé par le prix Art et Essai à la Berlinale, ce qui lui vaut d’être projeté dans plus de 3000 salles dans le monde. Tourné à Tétouan, il y révèle l’errance et la violence de la jeunesse, et fait écho au printemps arabe.

Nabil AyouchA présenté l’an dernier au 12e FIFM, « Les Cheveux de Dieu », en compétition officielle. Long-métrage adapté du roman de Mahi Binebine, « Les Etoiles de Sidi Moumen », le scénario a été écrit par Jamal Belmahi, qui a vécu durant un an, à Sidi Moumen.

Hicham LasriAuteur de « The End », très controversé au Maroc mais dénotant un talent indépendant du pays. Le cinéaste marque l’éclosion de voix nouvelles et signe cette année « C’est eux les chiens », sélectionné dans la section du « Coup de coeur »du 13e FIFM, grand prix du Festival du Film Africain de Cordoue.

Hicham AyouchIl y a présenté « Fissures » en 2009. Succès d’estime en France et parmi la critique marocaine.Il vient de signer un nouveau film, « Fièvres », représentant le Maroc en compétition officielle au 13ème FIFM.

Les Frères NouryVéritables frères de cinéma, Imad et Swel Noury, ont réalisé « The man who sold the world », avec Saîd Bey et Audrey Marney. Ce long-métrage a concouru en compétition officielle au 9e FIFM, y représentant les couleurs du Maroc.

Talal SelhamiAuteur de « Mirages », film fantastique présenté en compétition officielle lors de la 10ème édition du FIFM. Il vient de finir un nouveau long-métrage tourné entre la France et le Maroc, toujours dans le film de genre.

Narjiss Néjjarcinéaste révélée par « Les Yeux secs ». Elle signe « L’amante du Rif », adapté du roman de Noufissa Sbahi. Narjiss Néjjar, fait partie du jury long-métrage du 13e FIFM, présidé par Martin Scorsese. « L’amante du Rif », avait concouru en compétition officielle lors du 11e FIFM.

Leïla KilaniElle a signé « Sur la planche », présenté en 2011 dans cette section. Son thriller a été présenté à Cannes il y a deux ans lors de la Quinzaine des réalisateurs. Un polar sur quatre jeunes femmes qui vivent à coups de combines et de débrouilles.

Nour-Eddine LakhmariAuteur de « Casanegra ». Film à l’effet coup de poing, qui crève les écrans en 2008 et révèle les comédiens Omar Lotfi et Anas Elbaz. Interprété par feu le grand Mohamed Bebrahim et Raouia.

DOSSIER

N17 METROPOLIS NOVEMBRE 2013 35

DOSSIER

Le cinéaste Faouzi BensaïdiLe cinéaste Nour-Eddine Lakhmari

Les cinéastes Swel et Imad NouryLe jeune cinéasteTalal Selhami La cinéaste Leila Kilani

La cinéaste Narjiss Néjjar Le cinéaste Hicham Lasri Le cinéaste Nabil Ayouch

Extraits des films : 1 - L’amante du Rif / 2 - Zero / 3 - C’est eux les chiens / 4 - Mort à vendre / 5 - Sur la planche / 6 - Les chevaux de Dieu / 7 - The man who sold the world / 8 - Mirages.

1 2

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Page 19: Metropolis Maroc n°17 nov2013

Le FIFM met un point d’honneur à présenterla cinématographie mondiale.DOSSIER

36 N17 METROPOLIS NOVEMBRE 2013

LE FIFM MET UN POINT D’HONNEUR À SUIVRE LA CINÉMATOGRAPHIE MONDIALE. IL PRÉSENTE DES GÉNÉRATIONS DE CINÉASTES JEUNES, NOUVEAUX FERS DE LANCE DANS LEURS PAYS ET INVITE DES DÉLÉGATIONS REPRÉSENTÉES PAR CES NOMBREUX TALENTS.

DOSSIER

La Corée du Sud (tous des génies de moins de 30 ans, très impressionnants), la Thaïlande, la France, ont figuré au panthéon du cinéma invité au fil de ces treize années. Le Mexique, l’un des cinéma les plus innovants actuellement, avec Inarritu, Amat Escalante - membre du jury long-métrage cette année -, Diego Luna (acteur et cinéaste “Abel”), Guillermo Del Toro, participent à cette mouvance qui fait de ce pays, un des foyers les plus dynamiques. L’an dernier, l’Inde fut le cinéma invité, fort de cinq sélections à Cannes en 2012. L’acteur vedette, Shah Rukh Kan a été quasi-déifiée par la foule marrakchie. Pour ce 13e FIFM, c’est le 7e art issu de Scandinavie, qui est mis à l’honneur, à travers les regards croisés de 15 pays scandinaves, allant de Carl Dreyer à Ingmar Bergman.

CONCOURS CINÉCOLES, DÉDIÉ À LA FORME BRÈVE

Cette année la gagnante du concours de 2011, Mahassine el Hachadi, lauréate du 11e FIFM avec « Apnée », va présenter son nouveau film, réalisée grâce à la dotation Cinécoles. Issue de l’ESAV, (Écoles des Arts Visuels de Marrakech), Mahassine est la première étudiante dont le court-métrage a été récompensé, car présenté la première année de ce concours. Elle a obtenue une dotation de 200 000 dirhams, destinée à financer son nouveau projet.

Quant au lauréat du concours Cinécoles de l’an dernier, Tarek Leihemdi, “Mejor une vie meilleure”, il a présenté un film touchant et réaliste sur les envies d’ailleurs, d’une jeunesse en mal de vie, dans le nord marocain. Ce court-métrage a participé à nombre de festivals, et a notamment été récompensé par plusieurs prix.

Créé il y a trois ans à la demande du Prince Moulay Rachid, ce concours, présidé par de grands cinéastes et comédiens, présente en compétition les courts-métrages réalisés par les étudiants des écoles de cinéma au Maroc. Les crus sont honorables : l’ESAV (école des arts visuels de Marrakech), l’école Polydisciplinaire de Ouarzazate, et l’école de cinéma de Tétouan. Le lauréat obtient 200 000 dirhams pour signer un autre film. Cette année, la gagnante du concours de 2011, Mahassine El Hachadi pour « Apnée », va y présenter son nouveau film, réalisé grâce à la dotation Cinécoles.

« j’en garde un beau souvenir. C’était une expérience très enrichissante. Je ne me suis pas placé comme membre du jury mais comme spectateur prêt à être ému, surpris, transporté par les courts-métrages en compétition » déclare-t-il à Métropolis. « Ces jeunes ont un regard sur la société différent des adultes, c’est cela qui m’a le plus marqué », se souvient-t-il, ravie d’avoir rencontré Hiam Abbas, actrice palestienne.

Aujourd’hui, Adil El Fadili, bien connu du grand public pour ses réalisations diffusées sur le petit écran, comme « La brigade », « Ould Hamria », retourne au grand. « Mon expérience à la télévision, a été un laboratoire expérimental, où je pensais toujours au cinéma. J’y ai introduit un cadrage en scope, des travellings. » Cet amoureux du cinéma, laissera parler sa créativité, sa sensibilité, sa veine artistique à travers son premier long-métrage.

ADIL FADILILA RELÈVE EN MARCHE

Réalisateur de séries destinées à la petite lucarne, au succès reconnu, Adil El Fadili, se tourne à présent vers le grand écran. Il a signé « Courte vie », court-métrage multi-primé aux quatre coins du monde, qui dit le destin d’un personnage parfois, sur le fil du rasoir, mais traversée par une belle note d’espoir. Présenté lors du 8ème Festival du Court Métrage Méditerranéen de Tanger, sous les couleurs du Maroc, il remporte alors le grand prix.« Je souhaitais raconter l’histoire du Maroc, de 1970 à nos jours, entre images et archives, à travers le regard naïf, parfois enfantin d’un personnage aux prises avec des événements, indépendant de sa volonté. C’est un monologue, très universel», confiait le cinéaste.

Membre du jury concours Cinécoles, lors du 10e FIFM,

Éclairage néo-cinéma : jeune école,

la relève en résistance

Le cinéaste Adil FadiliTarek LeihemdiMahacine El Hachadi

L’acteur Shah Rukh Kan

Le cinéaste Amat Escalante

L’acteur Roshdy ZemLe cinéaste Elia Suleiman

Le cinéaste Kiyoshi Kurosawa

L’actrice Yousra

Page 20: Metropolis Maroc n°17 nov2013

N17 METROPOLIS NOVEMBRE 2013 39

DOSSIER

partie des personnalités qui sont très prises par leur art, comme Milos Formann ou Emir Kusturica. Nous tenons à nous donner les moyens d’offrir un jury de très haut niveau , bien qu’il soit difficile que ces grands cinéastes soient disponibles. Martin Scorsese, termine actuellement son nouveau film et il nous a fait l’honneur d’accepter notre invitation car il a très bien accueilli cette idée à présider le jury et de surcroît, c’est un ami du festival.

Emir Kusturica ancien président de jury, qui a reçu un hommage l’an dernier, va tourner son prochain film à Tanger avec Leila Bekhti et Tahar Rahim...

Il nous en a effectivement parlé l’an dernier durant le festival, c’est à présent très louable qu’il passe à l’action car le Maroc appartient au continent du cinéma, et depuis treize ans ce festival a acquis un vrai capital, et il veille à

cinématographique pour le Maroc. Grâce à ce festival, de nombreux cinéastes étrangers souhaitent visiter le pays, y travailler, au-delà d’un grand rendez qui fête le 7e art, cet événement participe à l’embellie de la production nationale.

Parlez nous de la section coup de cœur entièrement dévolue au cinéma marocain qui a connu un succès critique et public en Europe avec « Mort à vendre » de Faouzi Bensaïdi et « Sur la planche » de Leïla Kilani, programmation très attendue par le public marocain, chaque année, plus nombreux et fidèle...

C’est une façon bien sentie de donnerà voir nos films, dans toute la dimension de leur diversité et leuractualité, et cette section, a pour butde susciter l’intérêt des producteurssouhaitant tourner au Maroc.

Êtes vous satisfait de votre récente visite en Corée Sud ?

J’en suis revenu content, grâce à des contacts féconds. J’y ai rencontré en peu de jours, les responsables des chaînes de télévision et je n’exclue pas le fait que des productions sud-coréennes puissent se faire au Maroc, ou encore que des chaînes de télévision Sud-Coréennes présentent leurs séries sous-titrées en anglais.

Quel seront les temps forts de cette 13ème édition ?

A l’image des jalons importants qui ont marqué les éditions passées, c’est le pays invité chaque année que l’on retient. L’an dernier le cinéma indien, a été très apprécié comme le cinéma mexicain il y a deux ans, et français, auparavant. Cette 13ème édition met à l’honneur le cinéma scandinave à travers le prisme cinématographique de 15 pays. Il faut souligner notamment, le fait qu’on y présente un panorama du cinéma de ces pays : il s’agit d’une première dans un pays arabo- africain. De plus, deux films scandinaves devraient concourir en compétition officielle, cela est le fruit d’un travail soutenu mené en amont par ceux qui ont vu plus de 40 films, constituant dès lors, cette présentation qui va de Ingmar Bergman à Carl Dreyer.

Martin Scorsese, président du jury long-métrage, incarne un invité de prestige pour cette nouvelle édition…

Depuis quelques années, Martin Scorsese entretient des liens suivis avec le Maroc. Il fait évidemment

l’enrichir au fil des années et des rencontres.

Quels cinéastes animeront les master class ?

Abbas Kiarostami, James Gray, Bruno Dumont, Régis Debray, Nicolas Winding Refn. Comment définiriez- vous l’identité de ce festival au fil de ces treize années et qui va vers le cap des quinze ans...

Nous avons la préoccupation de présenter des films en avant première mondiale, ce sera le cas lors de cette édition, trois ou quatre films y seront présentés pour la première fois. Nous tentons d’y réunir des exclusivités même s’il n’est pas aisé pour ce festival qui se tient avant la Berlinale de les montrer à Marrakech, n’oublions pas que d’autres festivals comptent comme Toronto, marché du cinéma, Cannes, consécration des films, Venise, avec des circuits financiers dédiés au cinéma. La force de Marrakech et Ouarzazate, tient aussi au fait que les cinéastes des quatre coins du monde viennent y tourner aux cotés de la production nationale car ils considèrent le Maroc comme une terre de cinéma. Aujourd’hui le FIFM est plus que jamais un portail

A J- 20 DU 13E FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM

DE MARRAKECH, NOUREDDINE SAÏL, DIRECTEUR

DU CENTRE CINÉMATOGRAPHIQUE MAROCAIN

ET VICE-PRÉSIDENT DE CET ÉVÉNEMENT NOUS A

ACCORDÉ UN ENTRETIEN DANS SON BUREAU À

RABAT. LES MURS Y SONT TAPISSÉS DES AFFICHES

DE FILMS « LE MÉPRIS », « CET OBSCUR OBJET DU

DÉSIR », ET LES NOMBREUX TROPHÉES ARABES ET

INTERNATIONAUX RAPPELLENT SON INCLINATION

POUR LE 7E ART. Propos recueillIs par Fouzia Marouf.

La Corée du Sud pourrai tourner

au Maroc

“ “

DOSSIER

L’actrice Isabelle Huppert lors de sa cérémonie d’hommage

Équipe Du Film Zero

L’actrice Gemma Arterton

Etoile d’or pour le film “L’attentat”de Zied Doueiri Le cinéaste John Boorman Les cinéastes Zhang Yimou et Emir Kusturica

L’actrice Monica Belluci

S.A.R. le Prince Moulay Rachidet l’acteur indien Shah Rukh Kan lors du 12è FIFM

Noureddine Saïl, directeur du CCM

et Vice-président du FIFM (Ph: Yassine Toumi)

Page 21: Metropolis Maroc n°17 nov2013

40 N17 METROPOLIS NOVEMBRE 2013 N17 METROPOLIS NOVEMBRE 2013 41

Parlez-nous de ce nouveau film, que vous qualifiez de dur, a-t-il été tourné en noir et blanc, forme pour laquelle vous avez une fascination...

Il se situe à Casablanca, et a essentiellement été réalisé en extérieur de jour, à 95 %, en lumière naturel. Il évoque certains fragments occulté de l’histoire du Maroc, non pas de façon militante ou par le biais de l’engagement, mais selon l’observation. C’est un film qui se nourrit tour à tour, de souvenirs, de moments de séquences rêvées autour de plusieurs associations d’idées, que j’ai souhaité alimenter à partir des traces de mon enfance. J’ai voulu raconter une période de mon pays, à savoir celle des émeutes du pain, survenue en 1981, en la dédramatisant, car le personnage principal est en profonde souffrance mais ce film est au plus proche de la réalité, de la perception des gens lors de cette période : bulletin d’infos à la radio, images et sensations dans les rues. Je le considère davantage comme tune comédie, tel que « The End », a pu être traversé par des séquences comiques.

Quels comédiens tiennent le haut de l’affiche ?

Les mêmes comédiens, déjà apparus dans mes précédents long-métrages. Les fidèles, ceux à qui je peux tout demander et qui

J’aimerai que ce film suscite l’empathie, par rapport à un drame qui appartient aux années de plomb mais montré de façon visuelle, sensorielle, émotionnelle.

Que retenez-vous de ce nouveau film ?

Toute la sincérité que j’ai transmise à cette œuvre. Le soin particulier à veiller à travailler en totale harmonie le son et les dialogues avec la volonté de traduire un cinéma plus intimiste. Cela a vraiment été une expérience où j’ai donné beaucoup de sincérité et de moi-même. Je suis convaincu que les spectateurs vont le sentir et y être sensible, ce film a été fait avec coeur, et une part de mes entrailles.

Êtes-vous en projet ?

Je suis actuellement en tournage, pour mon prochain long-métrage, à Casablanca. C’est un film tourné en noir et blanc, qui met en scène le personnage de Lh’dia, cet homme qui se grimait et s’habillait en femmes dans les années 80, lors des offrandes pour la mariée. C’est une profession, qui n’existe plus aujourd’hui, uniquement dans des zone rurales, aucun homme ne se risque plus à danser et s’habiller ainsi : le temps avancent et les mentalités régressent.

scène est dessinée autour de motifs paramétriques qui créent une profondeur inédite à la cérémonie, et génèrent un lien avec le tapis rouge et la nouvelle structure qui vient le surplomber. Ce motif s’appuie sur le savoir-faire traditionnel marocain, sur la qualité des ateliers et des ouvriers du festival, tout en relevant le défi de la fabrication assistée par ordinateur de la découpe numérique, de la qualité d’exécution nécessaire à une exploitation de plusieurs jours, et de montages successifs sur plusieurs éditions.

Que vous inspire le cinéma invité, la Scandinavie, pour les futures festivités ?

Si la Scandinavie et sa cinématographie, qui sont mises à l’honneur lors de cette 13ème édition, constituent un des moments forts, il s’agit alors pour la scénographie d’une tonalité pour la mise en scène de la cérémonie, à travers une lumière, une sonorité, une touche spécifique ; au même titre que chaque soir est mise à l’honneur une personnalité du cinéma international. Cette cérémonie est une des multiples soirées réalisées et dessinées pour le festivalier et le téléspectateur.

« C’est eux les chiens » a été présenté à la section ACID au 66e Festival de Cannes, comment a-t-il été accueilli par le public cannois et la critique ?

Ce nouveau long-métrage, un peu dur, y a reçu un très bon accueil. Il s’agit du deuxième film que je présente dans la cadre de la section ACID, puisque l’année précédente, le film « The End », y a également, été projeté. Grâce à ce passage au Festival de Cannes, « C’est eux les chiens », a suscité l’intérêt d’un distributeur français, il va être présenté aux festival de Dubaï et de Belfort.

Une sortie française et marocainesont-elles prévues puisque vous avez trouvé un distributeur...

« C’est eux les chiens » sortira en France le 5 février et au Maroc quelques jours plus tard.

C’est important pour vous, de le présenter au « Coup de coeur », du 13e Festival International du Film de Marrakech, section exclusivement dévolue au cinéma marocain, où la production nationale est très attendue chaque année ?

Oui, aller à la rencontre du public marocain me tient à cœur, c’est un public, qui me garde de plus, son intérêt et sa fidélité depuis de nombreuses années.

Il fallait s’y attendre, la couleur de ce jury long-métrage est franche, ample, bien dosée. Comme une sélection qui s’affirme sur les noms et les images qu’elles suscitent. Un concentré de pointures du 7e art de Mexico, à Téhéran, en passant par Kaboul... Cinéastes émergents, acteurs vedettes, auteur à succès sont réunis pour former un jury de rare qualité. Les étoiles persane Golshifteh Farahani, mexicaine, Amat Esacalante, turque, Fatih Akin comptent en points forts.

Amat Esacalante, cinéaste mexicain détonnant, qui a signé l’abrasif « Los Bastardos », Fatih Akin, auteur germano-turc de « Head on », qui révélait la comédienne turco-allemande Sybel Kekilli, récompensée par le prix d’interprétation féminine pour « L’Etrangère », de Féos Aladag lors du 10e FIFM, Paolo Sorrentino, Narjiss Néjjar, portant haut les couleurs du Maroc, Marion Cotillard, Patricia Clarkson, Anurag Kashiap et Park Chan-Wook.

Côté court, la sélection des membres du jury de la compétition Cinécoles est tout aussi, louable. Atiq Rahimi, écrivain et cinéaste afghan, qui a signé le film « Syngué Sabour. Pierre de patience », adapté de son roman au titre éponyme, prix Goncourt en 2008, où la magnétique comédienne iranienne Golshifteh Farahani, porte la narration : d’un bout à l’autre grâce à ses talents de conteuse en femme esseulée, sensuelle et libre, au chevet d’un mari sans vie. Autres personnalités phares, Christina Comencini, Nour-Eddine Lakhmari, Sylvie Testud.

se mettent totalement à nu, qui n’ont pas de mal à être dans un été d’abandon face à la caméra. Je ne suis pas facile, il y a des moments où je n’ai pas forcément envie de parler mais uniquement de tourner. Ce sont des acteurs qui me comprennent d’instinct. J’aime cet esprit de troupe théâtrale, qui existe entre nous.

« C’est eux les chiens » reflète -t-il le film que vous souhaitiez faire finalement ?

Je ne suis jamais entièrement satisfait de ce que je fais car je me dis que je pourrai toujours faire mieux. Ce long-métrage, est une belle surprise, il nous a embarqué avec toute l’équipe avec de bonnes énergies. Chaque film est une nouvelle aventure, on y gagne quelque chose, on y laisse des cicatrices, « C’est eux les chiens », est à mes yeux une grande aventure humaine. Ensuite, il va appartenir eux différents festivals, qui vont se l’approprier mais notamment, le public. La finalité, est évidemment, de le présenter au plus grand nombre, de multiplier les festivals, les pays. J’espère que partout, les spectateurs vont être sensible à cette période qui appartenir à l’histoire marocaine, mais qui peut toucher tout le monde, car c’est un événement qui aurait pu se dérouler en Argentine, au Chili, en Algérie.

Comment pensez-vous chaque année une nouvelle scénographie ? Thématique, habillage, lumières, sons, etc...

La scénographie du FIFM est pensée pour que l’expérience vécue par le festivalier et les images réalisées par les photographes et les télévisions, soient cohérentes et renvoient une image générale à la hauteur du prestige du festival. Ce qui est mis en place d’année en année, c’est un vocabulaire esthétique et plastique autour de signes et de symboles forts, qui construisent un univers de modernité, de lumière, de ciselures, et qui est un pont entre les cultures et les savoir-faire.Si l’ensemble de la scénographie se construit de manière cohérente autour de ce vocabulaire, la création est au rendez-vous sur la scène des cérémonies, sur le tapis rouge, pour identifier la notion d’édition. Ainsi, lorsque le téléspectateur ou le festivalier assiste à la cérémonie d’ouverture, il découvre la singularité et la nouveauté de l’édition.

Quelle sera la nouveauté de cette édition 2013 ?

Pour cette 13ème édition, la

GRAND PRIX DE CORDOUE AU FESTIVAL DU FILM AFRICAIN ,

SÉLECTIONNÉ AU 66E FESTIVAL DE CANNES « C’EST EUX LES

CHIENS » CONTINUE DE FAIRE RAGE DANS LES FESTIVALS.

ENTOURÉ DE SA FIDÈLE MEUTE D’ACTEURS, HICHAM LASRI,

EN CHIEN FOU DE LA PELLICULE, NOURRI AU BIBERON DU

CINÉMA DE BRESSON, RAVIVE L’HISTOIRE ET CONVOQUE LA

MÉMOIRE. SON NOUVEAU LONG-MÉTRAGE FIGURE AU « COUP

DE COEUR » DU 13ÈME FIFM. Propos recueillis par Fouzia Marouf.

DOSSIER Interviewdu scénographedu FIFM 2013 :Bruno Grazziani

FIFM 2013Les affranchis.Jury. Int/Nuit

DOSSIER

Le cinéaste Hicham Lasri

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DESIGN

42 N17 METROPOLIS NOVEMBRE 2013

CULT

Par Yachar Bouhaya

N17 METROPOLIS NOVEMBRE 2013 43

Suspensions The Big Bubble

Design : Alex de WitteDark

Pendule AtmosDesign : Jony Ive+ Marc NewsonJaeger Lecoultre

Table LinkDesign : Jakob WagnerB&B Italia

Shell Chair CH07design : Hans Wegner

Carl Hansen & Son

Table basse KATDesign : Karim RashidTonelli

Enceinte LennyDesign Pierre Favresse

Epsilon + Habitat

Service à théDesign :Tom Dixon / Tom Dixon

Lampe FlorensisDesign : Ross LovegroveArtemide

Page 23: Metropolis Maroc n°17 nov2013

Honda ne disposait jusqu’à présent que d’un seul crossover dans sa gamme, le désormais célèbre CR-V relooké récemment. Comme ses concurrents dont Peugeot avec le 2008, ou Nissan avec le Juke, Honda a décidé de s’attaquer lui aussi au marché des crossovers urbain. Ce nouveau modèle nommé « Urban » et qui reprend les traits du CR-V, devrait être présenté officiellement lors du salon de Tokyo le 22 novembre prochain. Honda commercialisera son crossover urbain au Japon juste après le salon de Tokyo et le lancera en Europe un peu plus tard courant 2014. Il reprendra très certainement le dernier moteur diesel i-DTEC de 120 ch et devra faire face à une foule de concurrents, avec, entre autres, les Captur, Juke, 2008 ou encore Mokka.

Le X-Trail de Nissan a profité du salon de Francfort pour se refaire une beauté. Le constructeur japonais vient en effet de dévoiler la troisième génération de son X-Trail, aussi appelé Rogue en Amérique. Et c’est sans grande surprise que celui-ci reprend les lignes dynamiques et arrondies du Hi-Cross Concept, présenté en mars à Genève. Le X-Trail version 2013 est un condensé de la nouvelle orientation stylistique de la marque à savoir des feux étirés, une calandre massive, qui n’est pas sans rappeler la Juke. Disponible en version 7 places, le X-Trail ensemble est destiné à pousser vers la sortie le Qashqai+2.La commercialisation devrait débuteren juillet 2014.

C’est devenu une tradition chez les constructeur à l’étoile : à chaque

nouvelle auto, sa version de lancement et logiquement baptisée Edition 1. Le dernier

GLA ne déroge pas à la règle en vigueur et s’annonce également à travers une

déclinaison de ce genre.Comme les CLA ou Classe A en leur

temps, le crossover Mercedes GLA a donc aussi droit à sa version de lancement

Edition 1. Uniquement disponible à travers différentes livrées de carrosserie comme blanc Cirrus, cette version repose sur la

finition Urban, proposée en Allemagne, et gagne des attributs de look : bas de caisse

obscurcis ou rails de toit chromés. Le client pourra choisir entre deux versions essence

(GLA 200 de 156 ch et GLA 250 de 211 ch) et deux versions diesel (GLA 200 CDI

de 136 ch et GLA 220 CDI de 170 ch). Cette version débarquera en concessions en mars prochain. Elle est d’ores et déjà

disponible à la commande.

HONDA S’ATTAQUE AU MARCHÉ DES CROSSOVER COMPACT

LE NOUVEAU NISSAN X-TRAIL BIENTÔT SUR LE MARCHÉ

MERCEDES RESTYLE SON GLA

AUTO

AUTO

N17 METROPOLIS NOVEMBRE 2013 4544 N17 METROPOLIS NOVEMBRE 2013

Après le relooking réussi de sa Logan, Dacia vient récemment de donner un coup

de jeune à son SUV Duster. L’opération consiste essentiellement en une

modification subtile de la face avant, mais qui suffit amplement à donner une allure différente au Duster. Bon timing puisque

l’arrivée prochaine de concurrents indirects mais néanmoins gênant dans les mois à venir, comme le C4-Cactus par exemple,

devraient un peu perturber le quasi monopole du Duster.

LOGAN RESTYLE SON DUSTER

FORDLE RETOUR EN FORCE

Poussé notamment par le marché chinois, la Ford Focus a vu ses

ventes augmenter de 20% sur les premiers mois de 2013. Sur 9 mois, l’augmentation en Chine évolué de

53%. Au total, la Focus s’est écoulé en 6 mois à 589 709 exemplaires, ce qui permet à Ford d’affirmer que ma Focus est le modèle le plus vendu au

monde. Toutefois, rien n’est acquis pour l’année car le constructeur va

fermer ses usines nord-américaines durant 2 semaines afin de vider les

stocks.Ford a également indiqué qu’avec 356

434 exemplaires vendus, la Fiesta était la citadine la plus vendue sur la

planète sur les 6 premiers mois de l’année.

PORSCHEPANAMERA TURBO SBIENTÔT DISPONIBLE

Décoiffante la nouvelle Panamera Turbo S ! Ses 570 chevaux l’ont récemment propulsés à plus de 310 km/h sur circuit avant sa présentation officielle au salon de Tokyo qui aura lieu le 22 novembre. Particulièrement riche en équipement, la Panamera Turbo S sera doté de série de tous les systèmes de régulation de conduite disponible pour cette gamme. Avec notamment le système antiroulis de régulation active du châssis, le système différentiel à vecteur de couple ainsi que le système avec disque de frein céramique…En France, la Porsche PanameraTurbo S est proposée au prix de182 885 euros TTC, la Panamera Turbo S executive sera quant à elle au prix de 200 045 Euros. Ces deux modèles sont dès à présent disponibles à la commande et seront livrés à partirdu 31 janvier 2014.

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46 N17 METROPOLIS NOVEMBRE 2013

EVASION

La Grande petite histoire : Berlin est l’une des villes les plus jeunes d’Europe. Sa date de naissance officielle est 1237. Elle a été successivement capitale du Royaume de Prusse (1701-1871), de l’Empire Allemand (1871-1918), de la République de Weimar (1919-1933), et du Troisième Reich (1933-1945). Après 1945 et jusqu’à la chute du Mur de Berlin en 1989, la ville est partagée en quatre secteurs d’occupation : américain, anglais, français et soviétique. Les secteurs américain, britannique et français sont regroupés et forment Berlin-Ouest (RFA), tandis que le secteur soviétique devient Berlin-Est (RDA). Après la chute du Mur, Berlin redevint en 1990 la capitale de l’Allemagne réunifiée.

CEUX QUI Y SONT ALLÉ ONT ADORÉ, ET LES AUTRES EN RÊVENT.

MÉTROPOLE EUROPÉENNE DES PLUS PASSIONNANTES, VILLE DE

CONTRASTES, ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, HISTOIRE ET ART

CONTEMPORAIN, TECHNOCRATES ET TECHNO MINIMALE, BERLIN SÉDUIT

PAR SA DIVERSITÉ ET SA RICHESSE CULTURELLE. LES BÂTIMENTS ET

ÉDIFICES RAPPELLENT LE POIDS DE L’HISTOIRE, TANDIS QUE LES ESPACES

INCITENT À LA CRÉATION. C’EST UNE VILLE QUI A UNE IDENTITÉ URBAINE

POUR LE MOINS SOLIDE. RÉFÉRENCE EN MATIÈRE DE MUSIQUE, DE MODE,

D’ART, DE DESIGN, ELLE EXPLOSE ARTISTIQUEMENT, POUR LE PLUS GRAND

BONHEUR DES CRÉATIFS. AVEC UN STYLE DE VIE À LA FOIS DYNAMIQUE ET

DÉCONTRACTÉ, DES LOYERS ABORDABLES, DES NOTES DE RESTAURANT

RAISONNABLES, UNE CIRCULATION FLUIDE, DE NOMBREUX ESPACES

VERTS, BERLIN EST TRÈS AGRÉABLE À VIVRE, D’AUTANT QUE C’EST UN

ENDROIT DU MONDE OÙ LA NOTION DE FÊTE PREND TOUT SON SENS.

BREF ! CAPITALE ALLEMANDE, HISTORIQUE, ARTISTIQUE, LITTÉRAIRE, DE

CINÉMA, DE LA MODE, À LA MODE, CAPITALE DU CURRYWURST, CAPITALE

DE LA TECHNO… BERLIN EST UNE VILLE POUR LE MOINS COMPLÈTE,

ET TOUT A FAIT TENDANCE. ALLONS Y FAIRE UN TOUR, LE TEMPS D’UNE

LECTURE. Par Mounia Bennis

EVASION

UN RICHE PATRIMOINE

• Le Reichstag, dont le nom

rappelle que l’Allemagne était un

empire, est le siège du parlement,

le Bundestag. C’est le Parlement

le plus visité au monde avec

environ 3 millions de visiteurs

chaque année.

• La Tour de la Télévision représente

l’unité et la force ouvrière du peuple

de la RDA. Haute de 368 mètres,

elle offre une vue impressionnante

sur tout Berlin.

• Le Mur de Berlin, construit le

13 août 1961, avec comme point

chaud le Check Point Charlie et la

Porte de Brandebourg.

• La Colonne de la Victoire, qui

symbolise les victoires prussiennes.

• Le Gropius-Bau, aujourd’hui

un espace d’expositions et

événements internationaux.

A l’origine un musée des Arts

appliqués.

UNE ARTISTE CONTEMPORAINE

Berlin est une réelle source d’inspiration pour les artistes du monde entier. Beaucoup moins chère que Tokyo, Londres ou Paris, elle offre un espace de liberté unique pour les artistes, qui y trouvent leur compte. Les ateliers sont gigantesques et souvent subventionnés. Parmi la multitude de galeries à Berlin on peut citer La Berlinische, dédiée à l’art moderne, à la photographie et à l’architecture. On y trouve une collection permanente, qui offre un tour d’horizon de la création à Berlin depuis la fin du 19ème siècle. La ville a son salon d’art contemporain, Art Forum, qui a lieu chaque année en septembre. Un projet de création d’un musée d’art contemporain du 21ème siècle est en cours.

QUELQUES CHIFFRES

- Environ 4 millions d’habitants - 2ème plus grande ville de l’Union Européenne (après Londres)- Une superficie de 2284 Km2- 165 musées- 146 bibliothèques- 60 théâtres- Plus de 5000 artistes professionnels- 400 galleries d’expositions- Plus de 100 marques de mode indépendantes- Environ 2500 espaces verts publics

LE NOVEMBRE BERLINOIS

Berlin Music Days (BerMuDa)Festival de musique électronique, rendez-vous dans les principaux clubs de la ville. Du 06 au 10 Novembre.

29ème Festival du court métragede Berlin. Du 12 au 17 Novembre.

Winter WorldFestivités hivernales au Potsdamer Platz (centre ville). Du 02 Novembre 2013 au 05 Janvier 2014.

Escapade berlinoise

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48 N17 METROPOLIS NOVEMBRE 2013

EVASION

EVASION

ELLE FAIT SON CINÉMA

A Berlin, le cinéma commence le 1er Novembre 1895 avec les frères Skladanowsky, pionniers du cinéma et inventeurs du bioscope, qui ont projeté leurs premières images vivantes représentant des scènes des rues de Berlin. En 1995, le réalisateur Wim Wenders leur rend hommage avec son film « Les Lumières de Berlin », dont le titre fait référence aux frères Lumière. Aujourd’hui, Berlin est un lieu de tournage très prisé par les réalisateurs du monde entier. Devenue très tendance dans le monde du cinéma, on y réalise environ 300 films chaque année. Les studios de Babelsberg, créés en 1912, ont produit des films mondialement connus : « Metropolis » (1927), de Fritz Lang, « L’Ange bleu » (1929), de Josef von Sternberg, avec

ELLE EST « À LA MODE » !

En 1835, Berlin était la première ville du monde à proposer des habits fabriqués en série. Plus tard dans les années 30, toutes les boutiques de confection, tenues le plus souvent par des familles juives, ont été fermées. Aujourd’hui, la capitale vit un incroyable renouveau dans le domaine de la mode. Beaucoup moins chère que Londres ou New York, elle attire des petits créateurs de mode, qui viennent y tenter leur chance. 6 salons de prêt à porter par an, dont le biannuel Panorama Fashion Fair, et le Premium International Fashion Trade Show, qui a lieu une fois tous les 2 ans.

BERLIN AIME LIRE ET ÉCRIRE

Parmi les auteurs célèbres du 19ème siècle, liés à la capitale : Theodor Fontane, Kurt Tucholsky, et Bertolt Brecht figure emblématique du théâtre berlinois. Parmi les romans les plus célèbres sur la ville de Berlin : « Berlin Alexanderplatz », d’Alfred Döblin, paru en 1929, qui ferait partie des 100 meilleurs livres de l’histoire (selon un sondage effectué en 2002 auprès de 100 écrivains du monde entier), « Bas fonds de Berlin », de Joseph Kessel, paru en 1932, et « Seul dans Berlin », paru en 1947, d’Hans Fallada, auteur allemand des plus connus de la première moitié du 20ème siècle.Berlin organise tous les ans au mois de Septembre son Festival Internationale de la Littérature (la 13ème édition cette année). Et pour les amateurs de lecture, un lieu de rencontre idéal : la maison de la littérature.

usine délaissée en plein milieu de Berlin, décida d’en faire une boîte de nuit, le Tresor, pour y faire jouer les grands Djs de Détroit, encore méconnus en Europe mais qui jouaient leur Techno depuis plus de 10 ans aux Etats-Unis : Juan Atkins, Derrick May, Kevin Saunderson, Blake Blaxter, Jeff Mills, Robert Hood, Drexciya, Carl Craig… et beaucoup d’autres grands noms de Détroit. Le Tresor devient alors promoteur de techno pour le public allemand, qui s’en réjouit. En 1995, le Dj résident du club n’est autre que la célèbre berlinoise Ellen Allien. Tresor deviendra par la suite un label et travaillera avec plusieurs grands noms de la techno, dont Jeff Mills notamment. Au début des années 2000, et grâce à la techno de Détroit, Berlin développera sa propre techno, plus minimaliste, qui s’étendra dans toute l’Europe. La techno berlinoise devient alors une référence dans le monde de la musique électronique. Parmi les artistes de techno minimale berlinoise on citera Steve Bug, Ben Klock (Dj résident du Berghain), ou Guido Schneider…

MAIS ADORE DANSER !

La techno est une spécificité de la ville. On ne peut pas parler de Berlin sans parler de techno. Le Berghain, le Watergate, le Tresor… Des noms de discothèques qui font rêver les adeptes de techno, qui se pressent dans des files d’attentes interminables pour assister à des djs aux performances qui relèvent parfois du génie… Tout a commencé en 1989, année de la première Love Parade. Elle réunissait à l’époque environ 150 personnes autour d’une camionnette sonorisée, qui s’est transformée plus tard en camions poids lourds, lorsque la manifestation a commencé à rassembler en moyenne un million de personnes par an, qui dansaient sur les rythmes de Sven Vath, parrain de la techno en Allemagne. En 2010, la Love Parade disparaît, suite à une bousculade qui a tué 21 personnes. En parallèle, en 1991, deux ans après la chute du Mur, Dimitri Hegemann, un monsieur qui avait trouvé une

Marlene Dietrich (qui a tourné l’année suivante en Californie avec le même réalisateur le film « Morocco »), « Cours, Lola, cours » (1998), de Tom Tykwer, « Stalingrad » (2001), de Jean Jacques Annaud, « Le pianiste »(2002), de Roman Polanski, « Good Bye Lenin ! » (2003), de Wolfgang Becker, « La Vie des autres » (2006), de Florian Henckel von Donnersmarck,« Inglourious Basterds » (2009), de Quentin Tarantino, …La Berlinale, le Festival international du film de Berlin, existe depuis 1951, et a lieu tous les ans au début du mois de février. Il décerne l’Ours d’or pour le meilleur film de la compétition. Ce festival transforme la ville en une véritable cinémathèque ;pendant 10 jours, Berlin est en ébullition ; d’un côté les professionnels, qui se retrouvent au Gropius-Bau pour acheter et vendre leurs productions, d’un autre les amateurs, qui profitent des films projetés dans la ville (plus de 180 000 tickets sont vendus lors de ce festival).

ELLE N’EST PAS TRÈS GOURMANDE…

Berlin n’est pas vraiment une ville gastronomique ; on l’aurait su ! Les deux plats traditionnels de la capitale sont le Currywurst et le Doner Kebab. Le Currywurst date de 1949, et consiste en une saucisse coupée en morceaux, saupoudrée de poudre de curry et servie avec du ketchup dans une petite barquette en carton. Elle s’accompagne d’un petit pain

(le Brotschen) ou de frites, et se mange debout dans un Imbiss (snack). En 2009, un musée du Currywurst a ouvert au centre de Berlin, pour raconter l’histoire de cet encas dont les Allemands raffolent. 30 ans plus tard, à la fin des années 70, le Currywurst doit faire face à un concurrent, le sandwich turc, ou doner kebab, qui aurait vu le jour à Kreuzberg (quartier populaire de Berlin). Certains prétendent même qu’il a été inventé là !

N17 METROPOLIS NOVEMBRE 2013 49

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Cultures métisses

CHRONIQUE

Dire et redire que la culture est l’âme d’un pays, l’âme d’un peuple, qu’elle

participe au rayonnement international d’une Nation, qu’elle constitue une

pépinière d’emplois...n’est plus suffisant, la culture est ‘’en état d’urgence’’ dans

tous les pays du printemps arabe ! Les dangers qui la guettent ont pour nom,

repli identitaire, fermeture des esprits, diabolisation de tout ce qui est ‘’autre’’...C’est tout particulièrement

la diversité culturelle qui est visée : or le métissage, le brassage des cultures sont sûrement le meilleur outil

contre la xénophobie, contre le rejet de l’autre, contre la peur ...Peu à peu on cherche à remplacer cette

diversité par un modèle unique, sclérosé et sclérosant, comme s’il fallait passer par un tamis toute création

afin de voir si elle correspond au ‘’modèle’’ que l’on cherche à imposer et si tel n’est pas le cas la déclarer

‘’impropre’’ ! La culture est de fait le meilleur engrais du ‘’vivre ensemble’’, et une société n’est jamais aussi

forte que lorsqu’elle s’ouvre ! Ce n’est pas l’ouverture qui représente un danger mais bel et bien le repli qui

est suicidaire car il coupe une société de tout apport, de tout sang neuf, de tout affluent et conduit peu à peu

une nation à s’appauvrir un peu comme ces mariages consanguins qui empêchent tout renouvellement et

conduit à la dégénérescence.

Au Maroc la diversité culturelle fait à ce point partie de nos gènes qu’elle perdure et croît malgré les aléas,

tels le désintérêt total des élus pour ce domaine. La jeunesse dans notre pays ne peut compter ni sur des

ateliers de création, ni sur des studios de répétition ni sur des espaces d’exposition et nos télévisions ne

remplissent aucunement le vide culturel… Cette absence criante d’une politique culturelle de proximité

trouve un exutoire sur les réseaux sociaux, c’est là que le talent de nos jeunes, de nos artistes se fraye les

voies de son public. Allez donc visionner la vidéo de l’un de nos jeunes créateurs Anass El Gad, ‘’Schkoun

Ana’’ sur Youtube et vous constaterez que ce ne sont pas les talents qui nous manquent mais bel et bien les

moyens de leur émergence... La culture est le sang qui irrigue un peuple, un pays, privez ce sang de son

oxygène que sont la création, la diversité, la libre expression...et vous le verrez très vite dépérir et entrainer la

mort lente de la société elle même ! Dieu Merci les espaces d’expression culturelle, d’expression artistique,

de métissage des cultures, qui doivent tout à l’engagement d’acteurs culturels fervents et volontaires, sont

multiples, pluriels et attirent un public sans cesse plus nombreux, le dernier exemple en date en est le Festival

des Andalousies Atlantiques d’Essaouira. Durant 4 jours Essaouira a été le cœur battant du Maroc Pluriel,

tous ceux qui étaient dans cette ville pour assister au Festival des Andalousies Atlantiques, organisé par

l’Association Essaouira-Mogador, étaient là pour célébrer, par delà les frontières, une véritable communion

des âmes, par la musique bien sûr mais également par la culture et le dialogue. Le Maroc multiculturel

s’était donné rendez-vous et avait donné rendez-vous à tous ceux qui partagent ses valeurs : l’ouverture sur

l’Autre, le respect, l’enrichissement mutuel…

Les cultures métisses sont réellement le meilleur antidote à la xénophobie et à la haine !

DROIT DE CITÉ

AHMED GHAYET

50 N17 METROPOLIS NOVEMBRE 2013

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