Mémorial de l'Internement et de La Déportation - Camp de Royallieu

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LIVRET D’ACCOMPAGNEMENT AU DOSSIER PÉDAGOGIQUE A destination des enseignants

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History - WWII - France

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LIVRET D’ACCOMPAGNEMENT AU DOSSIER PÉDAGOGIQUE

A destination des enseignants

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CHRONOLOGIE DU CAMP DE ROYALLIEU

1913 Construction des casernes

Mars 1914 Installation du 54ème régiment d’infanterie

Août 1914- juin 1918 Hôpital militaire temporaire n° 16

1919-1939 Caserne militaire

Octobre 1939 Hôpital militaire (HOE2 n° 7)

Mai 1940 Evacuation de l’hôpital militaire. Le camp accueille des réfugiés civils

Juin 1940 Les Allemands réquisitionnent une partie de camp pour y rassembler des prisonniers de guerre français et anglais (Frontstalag 170 KN 654)

Décembre 1940 Le Frontstalag 170 KN 654 cesse ses activités. Les prisonniers de guerre sont transférés en Allemagne

22 juin 1941 27 mars 1942 - 17 Août 1944

Le camp de Royallieu devient le Frontstalag 122 destiné à l’internement des « ennemis actifs du Reich ». Royallieu est alors le seul camp en France sous contrôle direct de l’armée allemande. 28 convois, soit plus de 40000 personnes sont déportées de Royallieu vers les camps nazis

Septembre 1944 Libération de Compiègne et du camp de Royallieu

1945 - 1997 Caserne militaire

23 février 2008 Ouverture du Mémorial de l’Internement et de la Déportation

RENSEIGNEMENTS PRATIQUES

Mémorial De l’internement Et de la déportation Camp de Royallieu 2 bis avenue des Martyrs de la liberté 60200 Compiègne Service éducatif : Pascal PETEL – Anne LEHODEY tél : +33(0)3 44 96 37 07 fax : + 33(0)3 44 96 37 09 [email protected] www.memorial-compiegne.fr

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LE FRONTSTALAG 122

Vue aérienne de la caserne, 1938.

Le camp de Royallieu est à l’origine une caserne militaire construite en 1913 dans ce qui était alors un faubourg situé au sud de Compiègne.

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, il fut utilisé par l’occupant allemand d’abord comme camp de prisonniers de guerre entre juin et décembre 1940, puis, à partir de juin 1941, comme camp d’internement destiné aux « ennemis actifs du Reich » et comme camp de rassemblement et de transit pour les personnes en attente de déportation vers les camps de concentration nazis.

En France, le camp de Royallieu est, entre 1941 et 1944, le deuxième en importance après le camp de Drancy. Dès son origine, le camp de Royallieu est placé sous l’administration directe de la Wehrmacht et il est le seul dans ce cas en France jusqu’en juillet 1943, date à laquelle les Allemands se chargent également de la direction du camp de Drancy initialement géré par les autorités et la police françaises.

L’histoire du camp de Royallieu s’inscrit au cœur de la politique allemande de répression et de persécution. Essentiellement des politiques et des résistants, les internés ont d’abord été arrêtés comme otages. Puis, quand la politique de répression conduite par les Allemands en France se radicalise au début de

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l’année 1942, les déportations à l’Est commencent. Ce sont des Juifs, désignés par les Allemands comme « Judéo-bolcheviks » et déportés en tant qu’otages, qui forment les deux premiers convois partis de France depuis la gare de Compiègne en mars et juin 1942.

Mais au moment où ces derniers quittent Compiègne, la mise en œuvre de la « Solution finale » commence en Europe. C’est donc également aux prémices de l’extermination des Juifs de France que participe le camp de Royallieu.

En 1943, et plus encore en 1944, le rythme des départs en déportation s’accélère. La déportation se substitue aux exécutions massives d’otages comme principale mesure de répression. Ce ne sont plus des Juifs qui partent de Compiègne (ceux-ci sont désormais transférés vers les camps d’extermination, essentiellement depuis Drancy), mais des politiques et surtout des résistants destinés aux travaux forcés dans les camps de concentration du Reich.

Au total, 28 grands convois sont partis de Compiègne emportant près de 40 000 personnes vers les camps nazis. La moitié d’entre elles n’en sont pas revenues.

David Brainin, « départ massif, Compiègne», 1942

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LE PARCOURS HISTORIQUE

Le parcours historique conçu par Christian Delage se présente sous la forme de frises historiées disposées sur les murs des 10 salles et des deux couloirs des deux bâtiments proposés à la visite. Ces frises mêlent le récit historique et les documents reproduits. A côté des lettres, des photos, des dessins et des documents officiels émanant des autorités allemandes ou françaises, une large part est accordée aux documents visuels et sonores constitués principalement de films d’archives et de récits de témoins.

Evoquant celui d’un interné, le parcours historique se développe en trois temps :

- Avant Royallieu qui replace le camp dans son contexte historique : la défaite, l’Armistice, l’occupation, les débuts de la résistance et la politique de répression allemande. (Salles 1 à 5)

- Royallieu : l’internement, l’organisation du camp et la vie quotidienne des internés (Salles 6 à 8)

- Après Royallieu : la déportation vers les camps nazis depuis la gare de Compiègne. (Salles 9 et 10)

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Salle 1 : d’un armistice à l’autre

Le parcours historique débute par la confrontation des deux armistices de 1918 et 1940 avec pour fil conducteur le wagon de Foch, devenu le symbole de la revanche pour les Allemands en 1940. Les deux films projetés de part et d’autre des murs latéraux de la salle permettent une lecture croisée des deux armistices dont Compiègne a été à chaque fois le témoin privilégié.

Cette salle évoque également les origines des casernes de Royallieu et leurs fonctions successives depuis leur construction en 1913 jusqu’en juin 1940, date à laquelle les troupes allemandes arrivent à Compiègne.

Hitler et la délégation allemande devant le wagon de l’armistice, 22 juin 1940

Salle 2 : « Terre de France »

Cette salle oppose le mythe de la « Terre de France » et de l’unité nationale exaltés par Pétain, aux réalités des premières mesures d’exclusion et de répression que le régime de Vichy met en place dès l’automne 1940. D’un côté, les voyages de Pétain filmés par les actualités de Vichy sont diffusés sur huit écrans de télévision. Les villes visitées apparaissent par des projections lumineuses sur une carte physique de la France, projetée au sol. Destinés à la propagande du régime et à la valorisation de la Révolution nationale, ces déplacements sont limités à la zone sud et ils tentent de faire oublier la ligne de démarcation et l’occupation de la zone nord.

De l’autre côté, sur une frise murale, figurent les victimes des premières mesures d’exclusion et de répression du régime de Vichy : les francs-maçons et surtout les Juifs qu’une bande dessinée représente en « agents infectieux » de la « dingaullite ».

Sur une autre frise sont évoquées les premières manifestations de résistance à l’occupation et au régime de Vichy, à Paris et à Compiègne, à l’occasion de la commémoration de l’armistice de 1918.

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Salle 3 : les droits de l’occupant

Défilé de l’armée

allemande sur le parvis du château de Compiègne

(1942).

La carte de France présentée dans cette salle rend compte de la situation réelle de la France après l’armistice du 22 juin 1940 : une France découpée en plusieurs zones de statut différent, bien loin de la vision idéalisée qu’entend promouvoir la propagande de Vichy.

L’article 3 de la convention d’armistice définit les droits de la puissance occupante en même temps qu’elle préfigure la collaboration d’Etat entre Vichy et le Reich. Souhaitée par Pétain, la collaboration est officialisée le 24 octobre 1940 lors de la rencontre du chef de l’Etat français avec Hitler dans la gare de Montoire (Loir-et-Cher). Deux écrans évoquent l’histoire de cette rencontre vue à la fois du côté français et du côté allemand. Dans les salles suivantes, plusieurs écrans reviennent sur ce sujet entre 1941 et 1944.

Une frise de cette salle est consacrée aux débuts du camp de Royallieu. En zone occupée, pour rassembler les soldats français et britanniques capturés lors de l’offensive de mai-juin 1940, la Wehrmacht réquisitionne la caserne de Royallieu qui devint le Frontstalag 170 KN 654 placé sous l’autorité du commandement militaire allemand. Le 22 juin 1941, après l’invasion de l’Union Soviétique, des militants communistes y sont internés. C’est à cette date que le camp de Royallieu prend l’appellation de Frontstalag 122 et qu’il devient un « camp de concentration permanent pour éléments ennemis actifs », puis un « camp de détention de police ». Les internés sont désormais des civils de toutes nationalités, en majorité des politiques, dont certains seront désignés comme otages dans le cadre des mesures de représailles.

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Salle 4 : La politique des otages

Cette salle est consacrée aux débuts et à l’essor de la résistance et aux mesures de répression qu’elle provoque. A partir de l’été 1941 les « attentats terroristes » visant des officiers allemands se multiplient aussi bien à Paris qu’en province. En représailles à ces attentats la politique allemande de répression se radicalise et des otages sont fusillés. Hitler exige 100 otages fusillés pour chaque officier allemand abattu. A plusieurs reprises, des internés sont extraits du camp de Royallieu pour être fusillés dans la forêt de Compiègne. Au camp, les internés s’efforcent d’informer les familles par des petits mots qu’ils font passer clandestinement à l’extérieur grâce à la complicité d’une déléguée de la Croix-Rouge, Germaine Pourvoyeur.

Toutefois, le Commandant militaire en France, Otto von Stülpnagel est soucieux de limiter le nombre des exécutions d’otages par crainte d’une hostilité croissante de la population française à l’occupation allemande. En décembre 1941, il propose de substituer les déportations à l’Est, comme mesure de représailles, aux exécutions massives d’otages, proposition que reprendra à son compte le Maréchal Keitel, chef du haut-commandemant des forces armées allemandes en signant le décret « Nacht und Nebel » (Nuit et Brouillard), le 7 décembre 1941. A partir de 1942 la déportation massive tend à se substituer aux exécutions d’otages comme principale mesure de

représailles.

La Résistance se renforce après la décision de Pierre Laval d’instaurer la Relève (envoi de travailleurs volontaires français en France contre la libération de prisonniers de guerre) et surtout le service du Travail Obligatoire (STO) le 16 février 1943. Près de 300 000 jeunes réfractaires au STO entrent dans la clandestinité, beaucoup d’entre eux rejoignant les maquis. Sur un écran est diffusé un film d’archives montrant l’arrivée en gare de Compiègne du premier train de la Relève en présence de Pierre Laval et d’officiers allemands.

« Pensez à nous »

Salle 5 : la radicalisation de la répression et de la persécution

Ici est montré le rôle central que joue le Frontstalag 122 dans la politique allemande de répression – mais aussi de persécution – menée avec la complicité des autorités de Vichy. Pour l’occupant allemand, il existe un lien entre les attentats et l’activité supposée de Juifs au sein des « groupes communistes terroristes ». A partir de l’été 1941 commencent à Paris les rafles massives de Juifs, justifiées par cette « constatation ».

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Le 7 décembre 1941, 743 « notables juifs » sont arrêtés à Paris par la Feldgendarmerie et la police française et transférés dans la nuit à Royallieu dans un « camp Juif » créé pour la circonstance. 300 internés en provenance de Drancy sont également transférés à Royallieu pour constituer un contingent de 1000 personnes « déportables ».

Hitler continuant à exiger des exécutions d’otages, Otto von Stülpnagel démissionne et son cousin, Karl-Heinrich von Stülpnagel le remplace le 17 février 1942. Mais surtout, en mai 1942, le S.S Karl Oberg est nommé chef supérieur des SS et de la police en France. C’est désormais à la Sipo-SD1 qu’incombe l’essentiel des tâches policières en France. Oberg donne la priorité aux déportations de masse des « éléments judéo-bolchéviques » alors que commence à se mettre en place en France la « Solution finale » dont les modalités, pour l’ensemble de l’Europe, viennent d’être définies à Berlin lors de la conférence de Wannsee le 20 janvier 1942.

Au travers de ces nouvelles orientations, apparaît clairement le tournant qui se produit au premier semestre 1942 où la politique de répression allemande devient le prétexte au prélude de la mise en œuvre de la « Solution finale » en France. Dans cette évolution, le camp de Royallieu a joué un rôle crucial. C’est de Compiègne que partent le 27 mars et le 5 juin 1942 les deux premiers convois de déportation depuis la France, emmenant l’un et l’autre un millier de Juifs à destination d’Auschwitz.

Dans le même temps, la collaboration policière se renforce entre les services allemands et Français. A l’été 1942, René Bousquet, secrétaire général à la police du gouvernement de Vichy, signe un accord avec Oberg qui se traduit par une participation active de la police française à la politique de répression allemande et à la persécution des Juifs.

Sur toute la longueur d’un des murs de la salle, un reportage photographique est consacré à la rafle du Vieux-Port à Marseille, du 22 au 25 janvier 1943 au cours de laquelle 1642 personnes dont 786 Juifs sont arrêtés avant d’être envoyés au camp de Royallieu. Le premier cliché qui montre René Bousquet en compagnie du SS Bernhard Griese, chef de la police allemande dans la région, de Marcel Lemoine, préfet régional et de

1 La Sipo-SD est une abréviation de Sicherheitpolizei-Sicherheitdienst (police de sécurité et service de

renseignement). Elle est composée de deux branches : le SD, service de renseignement de la SS et la SiPo incluant la Kripo (police criminelle d’Etat) et la Geheime Staatpolizei (Gestapo) qui est la police secrète d’Etat. (Le terme « Gestapo » est souvent utilisé de façon impropre pour désigner la Sipo-SD dans son ensemble alors qu’elle n’en constitue qu’un département). La direction de la Sipo-SD à Paris installée avenue Foch. Ces services dépendent directement de Himmler, chef du RHSA (Reichssicherheitshauptant ou Office central de sécurité du Reich), également chef suprême de la SS et de son adjoint Heydrich, remplacé après son assassinat à Prague en juin 1942 par Kaltenbrunner.

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Pierre Barraud, préfet délégué à l’administration préfectorale de Marseille, témoigne du renforcement de la coopération entre les allemands et les autorités de Vichy, encore accentuée après l’invasion de la zone sud par la Wehrmacht le 11 novembre 1942.

Salle 6 : l’internement à Royallieu

La carte au sol de cette salle montre que c’est de toutes les régions et de toutes les prisons de France que proviennent les personnes internées à Compiègne. Pour la plupart d’entre elles, le camp de Royallieu n’est « qu’une étape entre la prison d’où l’on vient et le camp où l’on va » selon la formule de Christian Bernadac.2

Si l’administration et la surveillance du camp incombent à l’armée allemande, les internés ont peu de contact avec le commandement du Frontstalag qui réside à l’extérieur. A l’organisation allemande du camp s’ajoute, en particulier dans le camp A, celle mise en place par les internés eux-mêmes : doyen (chef de camp), chefs de blocs, chefs de chambrées …

Photographie du Frontstalag 122 prise depuis l’extérieur du camp pendant l’hiver 1941- 1942.

La première préoccupation des internés, une fois arrivés à Royallieu, est de faire savoir à leurs familles où ils se trouvent. Sur la frise sont reproduits quelques exemplaires de ces petits mots ou de ces cartes postales permettant aux détenus de maintenir un contact ténu avec l’extérieur. Quelques détenus ont rédigé quotidiennement des carnets dont certains ont été édités par la suite. Quelques uns de ces précieux témoignages sont présentés sur la frise historiée.

2 Christian Bernadac, Le Train de la mort, Editions France-Empire, 1970.

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Salle 7 : l’empreinte des internés

Cette salle est entièrement consacrée à des documents iconographiques réalisés par des artistes, professionnels ou amateurs, internés à Royallieu.

David Brainin,

« Conférence dans les

baraques », juin 1942.

Dans tous les bâtiments du camp, des conférences, des lectures, des spectacles, des concours de poésie (Robert Desnos), des compétitions sportives et parfois des activités religieuses sont organisés. Dans le camp A, le doyen communiste Georges Cogniot met en place une véritable politique culturelle avant de réussir à s’évader le 22 juin 1942 avec 18 autres détenus.

Les gravures et les dessins réalisés par les internés et reproduits sur la frise témoignent des conditions d’internement souvent différentes et singulières vécues par les uns et les autres, les Américains, les Russes, les Juifs… Si les dessins laissés par les Américains et les Russes laissent entrevoir des conditions d’internement plutôt « acceptables », le peintre Gotko a laissé des œuvres très sombres traduisant les conditions d’internement beaucoup plus dures auxquelles étaient soumis les internés juifs.

A noter dans cette salle, le poème de Robert Desnos « Sol de Compiègne » en fond sonore, qui envahit toute la salle.

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Salle 8 : une chambrée

A la différence des salles précédentes, cette salle ne comporte pas de frise historique. Elle se limite à une évocation suggestive de la vie quotidienne des internés.

Au sol, un simple trait marque le contour des châlits et il se prolonge le long des murs pour suggérer leur superposition. L’entassement des internés était la règle – bien que variable selon les parties du camp – et les conditions matérielles étaient rudes, surtout en hiver.

Des photographies d’identité d’internés, prise à leur arrivée au Frontstalag 122 sont projetés. Les femmes ont été photographiées au fort de Romainville qui dépendait du Frontstalag 122. Le fort de Romainville a joué, à partir de 1943, un rôle central dans l’internement et la déportation des femmes. Beaucoup de femmes, déportées depuis Compiègne venaient de Romainville où elles avaient passé l’essentiel de leur détention.

Sur deux tables holographiques sont projetées des lettres rédigées par les internés. Leur contenu, lu par des comédiens, peut également être écouté. Elles évoquent l’arrivée et la vie de tous les jours au camp, l’angoisse du départ, les départs vers la gare de Compiègne et le trajet vers les camps de concentration.

Salle 9 : les déportations

La frise historiée évoque le départ des internés vers la gare de Compiègne et les camps nazis. Quelques très rares photographies montrent le trajet des déportés du camp à la gare tandis qu’un extrait du roman de François Leterrier, Rue Charlot, est donné à l’écoute.

Départ d’un convoi quittant le Frontstalag 122 vers la gare de Compiègne.

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28 grands convois ont emmené près de 40 000 personnes du camp de Royallieu vers les camps de concentration nazis. Parmi ces convois, trois d’entre eux sont plus particulièrement évoqués :

- Le convoi du 22 mars 1942, premier convoi de déportation parti de France emmenant un millier de juifs à Auschwitz avec les témoignages d’Edouard Laemlé, Georges Kohn et Georges Wellers.

- Le convoi du 24 janvier 1943, dit « convoi des 31 000 » en raison des numéros de matricules reçus à l’arrivée à Auschwitz par les 230 femmes déportées. Pour la plupart résistantes communistes, ces femmes ont été transférées à Ravensbrück entre janvier et l’été 1944. Sur les 230 femmes du convoi, seulement 49 ont survécu.

Un extrait du récit de Charlotte Delbo est proposé à l’écoute ainsi que la déposition de Marie-Claude Vaillant-Couturier filmée en Janvier 1946 au procès de Nuremberg.

- Le convoi du 27 avril 1944 dit des « tatoués » qui à emporté près de 1700 hommes, essentiellement des résistants. Bien que n’étant pas Juifs, ils sont pourtant dirigés vers Auschwitz-Birkenau où ils sont tatoués à leur arrivée. La plupart sont ensuite repartis vers d’autres camps (Buchenwald, Flössenburg et divers kommandos)

Parmi eux se trouvait le poète Robert Desnos qui est mort à Terezin (Theresienstadt) en juin 1945. Un écran présente quelques documents liés à son arrestation, à son internement à Compiègne et à sa déportation.

Une carte montre les sept camps nazis où sont arrivés les déportés en provenance de Compiègne. Plus de 17 000 n’en sont pas revenus, soit 43,6% d’entre eux.

Salle 10 : les camps nazis

Dans cette salle, qui clôt le parcours historique, sont évoqués les sept camps nazis vers lesquelles ont été déportés la quasi-totalité des personnes internées à Royallieu. Ces camps sont classés par ordre d’importance numérique en fonction du nombre de déportés en provenance de Compiègne.

Sept écrans doubles sont disposés sur les colonnes centrales :

- D’un côté, sur de petits écrans, sont diffusés de l’ouverture et de la libération de ces sept camps. Il s’agit d’images brutes, muettes et non montées, telles qu’elles ont été tournées en 1945 par les opérateurs américains et soviétiques.

Buchenwald, printemps 1945.

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- De l’autre côté, sept grands écrans figurent des entretiens avec des survivants de ces camps filmés entre 1945 et nos jours.

LE PARCOURS DE MEMOIRE

Tout au long des dix salles qui constituent le parcours historique, la mémoire des hommes et des femmes qui furent internés à Royallieu est en permanence confrontée au récit historique qu’elle éclaire, qu’elle conforte ou qu’elle complète. C’est à ces deux approches croisées et complémentaires, celle de l’histoire et celle de la mémoire, que le mémorial invite en permanence. Des lettres, des photos, des récits sonores témoignent de la vie au camp de Royallieu, de la diversité des origines, de la pluralité des itinéraires et des destins personnels.

Selon le souhait des concepteurs du Mémorial, plus particulièrement de l’architecte et scénographe Jean-Jacques Reynaud, c’est l’ensemble du site qui est lui même lieu de Mémoire.

Entretien avec Maurice Choquet, 3/5 mai 1999

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Le mur des noms

Situé face à l’entrée, ce mur est constitué de stèles de verre sur lesquelles sont mentionnés les noms des personnes qui ont été internées au camp de Royallieu.

Les bâtiments

Le Mémorial est implanté sur le lieu même de l’ancien site du camp de Royallieu dont trois baraques, les trois premières du camp A (celui des « politiques ») ont été préservées. Les bâtiments conservés sont à la fois lieux d’exposition et eux-mêmes objets d’exposition. Le bâtiment d’accueil, imaginé par l’architecte Jean-Jacques Raynaud, constitue la façade du Mémorial vers la ville.

Le jardin de la mémoire

Le jardin est également lieu d’exposition. Le mémorial n’étant aménagé que sur une petite partie du camp de Royallieu, des plans de l’époque permettent de se situer par rapport au camp initial. Des photographies des gardiens, des témoignages écrits et sonores disséminés dans le jardin rappellent la mémoire des lieux.

Le tunnel d’évasion

Deux tunnels d’évasion ont été découverts sur le site de l’ancien camp. L’un d’entre eux, protégé par un abri, se trouve intégré dans le Mémorial. Les tentatives d’évasion ont été

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nombreuses à Royallieu, mais rares sont celles qui ont réussi. A côté du tunnel, des témoignages sonores et vidéo racontent ces évasions notamment celle qui dans la nuit du 22 au 23 juin 1942 a vu s’évader 19 internés communistes parmi lesquels le doyen du camp Georges Cogniot.

Les monuments commémoratifs

Aux deux extrémités du Mémorial, un Monument à la mémoire des victimes du nazisme édifié dans les années 1970 et un monument à la mémoire des soldats du camp morts pendant la Grande Guerre permettent de témoigner, en un même lieu, du lourd tribut payé par Compiègne aux tragédies du XXème siècle.

Monument aux déportés

Monument aux morts de 1914- 1918

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LES GRANDS CONVOIS DE DEPORTATION AU DÉPART DE COMPIEGNE

Dates

Destinations

Déportés

Survivants

en 1945

Caractéristiques Particulières

de certains convois

1942 27 mars Auschwitz 1112 19 Déportés juifs à destination d’Auschwitz. Premier convoi

de déportation parti de France. 5 juin Auschwitz 1000 32 Convoi composé également uniquement de déportés juifs. 6 juillet Auschwitz-Birkenau 1158 119 Convoi dit des « 45000 ». Premier convoi de déportés

politiques, en grande majorité communistes 1943 24 janvier Sachsenhausen 1526 890

Auschwitz-Birkenau 230 49 230 femmes, en majorité résistantes dont de nombreuses communistes. Parmi elles quelques personnalités de la Résistance communistes (Marie-Paule Vaillant-Couturier, Danielle Casanova). Bien que non-juives, elles sont déportées à Auschwitz. Ce convoi nous est bien connu grâce à l’ouvrage écrit par Charlotte Delbo qui en faisait partie.

16 avril Mauthausen 994 482 20 avril Mauthausen 997 517 28 avril Sachsenhausen 918 610 Nombreux déportés en provenance de la rafle du Vieux-

Port à Marseille. Ravensbrück 219 171

8 mai Sachsenhausen 944 556 25 juin Buchenwald 999 435 2 septembre Buchenwald 944 415 16 septembre Buchenwald 937 448 28 octobre Buchenwald 934 409 14 décembre Buchenwald 933 498 1944 17 janvier Buchenwald 1944 935 22 janvier Buchenwald 2006 990 27 janvier Buchenwald 1584 867 31 janvier Ravensbrück 959 711 22 mars Mauthausen 1218 534 6 avril Mauthausen 1489 667 27 avril Auschwitz-Birkenau 1652 800 Convois de « tatoués » dont faisait partie Robert Desnos.

Troisième convoi de non-juifs dirigé vers Auschwitz. 12 mai Buchenwald 2073 1139 21 mai Neuengamme 2004 788 4 juin Neuengamme 2064 958 18 juin Dachau 2143 1541 2 juillet Dachau 2152 947 « Train de la mort ». Plus de 500 déportés meurent au

cours du trajet vers Dachau 15 juillet Neuengamme 1522 352 28 juillet Neuengamme 1651 545 17 août Buchenwald 1255 653 Dernier convoi parvenu en France depuis Compiègne. Le

train est parti de la Forêt de Compiègne non loin de la clairière de l’armistice.

25 août Dernier train parti de Compiègne mais arrêté par le Résistance dans la région de Péronne. Les déportés sont libérés par les troupes anglaises.

Les chiffres proviennent des recherches menées par Serge Klarsfeld en ce qui concerne la déportation des Juifs de France et de celles menées sous l’égide de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation pour la déportation de répression. Les convois mentionnés en caractère gras sont ceux qui sont plus particulièrement évoqués dans le parcours historique du Mémorial.

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Orientations bibliographiques

Amicale des Déportés tatoués du 27 avril 1944, Le Convoi des Tatoués, Auschwitz, Buchenwald,Flossenbürg et Kommandos, 1997.

Bernadac Christian, Le train de la mort, Editions France-Empire, 1977.

Bernard Jean-Jacques, Le Camp de la mort lente, Compiègne 1941-1942, Collection Témoignages de la Shoah, Fondation pour le Mémoire de la Shoah, Le Manuscrit 2006.

Bessière André, Destination Auschwitz avec Robert Desnos, L’Harmattan, 2001

Bessière André, Revivre après. L’impossible oubli de la déportation, Le Felin Kiron, 2006.

Besse, Jean-Pierre et Pouty Thomas, Les Fusillés, répression et exécutions pendant l’Occupation, Editions de l’Atelier, 2006

Cardon-Hamet Claudine, Triangles rouges à Auschwitz : le convoi politique du 6 juillet 1942, Editions Autrement, 2005.

De Gaulle-Anthonioz Geneviève, La Traversée de la nuit, Seuil, 1998.

Delbo Charlotte, Le Convoi du 24 janvier, Editions de Minuit, 1965.

Desseaux Christian, Dora, Le tunnel de la mort, 1940-1945, Editions Lapeyronie, 2005.

Fondation pour la Mémoire de la Déportation, Livre-Mémorial des déportés de France arrêtés par mesure de répression et dans certains cas par mesure de persécution, 1940-1945, 2 tomes, Editions Tirésias, 2004

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Mémorial de l’internement et de la déportation- camp de Royallieu : http://memorial.compiegne.fr

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