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ACADEMIE DE PARIS
Université Paris VI
Année 2011
MEMOIRE pour l’obtention du DES d’Anesthésie-Réanimation
Coordonnateur : M. le Professeur Didier Journois
par
MARC GARNIER
Présenté et soutenu le 19 octobre 2011
EVALUATION DU MONITORAGE DU VOLUME PULMONAIRE TELE-EXPIRATOIRE
PAR CRF INVIEW® ET DU SCORE ECHOGRAPHIQUE DE RE-AERATION
PULMONAIRE COMME METHODES D’ESTIMATION DU RECRUTEMENT
ALVEOLAIRE APRES MODIFICATION DE LA PRESSION EXPIRATOIRE POSITIVE AU
COURS DE L’AGRESSION ALVEOLAIRE AIGUË
Travail effectué sous la direction du Dr. Christophe Quesnel et du Pr. Francis Bonnet
1
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS ............................................................................................................................. 2
ABREVIATIONS ................................................................................................................................ 3
INTRODUCTION ............................................................................................................................... 4
BUT DE L’ETUDE ............................................................................................................................ 11
MATERIEL ET METHODES ................................................................................................................ 12
Population de l'étude ........................................................................................................... 12
Définition des critères d’évaluation ..................................................................................... 13
Calcul d’effectif ..................................................................................................................... 13
Standardisation de la prise en charge des patients en ALI/SDRA ........................................ 13
Données recueillies et calculées .......................................................................................... 14
Techniques d'évaluation du recrutement alvéolaire ........................................................... 14
- Courbes Pressions-Volumes ........................................................................................... 15
- Echographie pulmonaire ................................................................................................ 15
- Mesure de la variation d’EELV (EELV) .......................................................................... 16
Données hémodynamiques et d’hématose ......................................................................... 18
Analyses statistiques ............................................................................................................ 19
PLAN EXPERIMENTAL ...................................................................................................................... 19
RESULTATS ATTENDUS – BENEFICES POUR LES PATIENTS ........................................................................ 19
RESULTATS ................................................................................................................................... 21
Données cliniques à l’inclusion ............................................................................................ 21
Evaluation du recrutement alvéolaire après modification de la PEP................................... 23
Comparaison du volume recruté après modification de la PEP mesuré sur les courbes PV et estimé par CRF INview® et échographie pulmonaire ...................................................... 24
Comparaison du volume recruté donné par les 3 techniques avec l’évolution de la PaO2 . 25
Evolution des paramètres ventilatoires et gazométriques .................................................. 28
Evolution des paramètres de tolérance hémodynamique .................................................. 29
DISCUSSION .................................................................................................................................. 30
Evaluation de la fonction CRF INview®................................................................................. 30
Evaluation de l’échographie pulmonaire ............................................................................. 36
Evaluation de la PaO2 ........................................................................................................... 39
Dualité d’effets de la PEP et intégration du recrutement alvéolaire dans la prise en charge globale du patient en ALI/SDRA ........................................................................................... 40
PERSPECTIVES ET CONCLUSION ......................................................................................................... 43
ANNEXES ..................................................................................................................................... 44
REFERENCES ................................................................................................................................. 49
2
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier en premier lieu le Dr Christophe Quesnel pour son aide précieuse dans la
conception de l’étude CECILIA, et pour ses relectures attentives de ce mémoire. C’est un
plaisir sans cesse renouvelé depuis maintenant un certain nombre d’années d’échanger avec
Christophe. Je tiens également à le remercier pour tous ses conseils avisés concernant tant
la recherche fondamentale que la recherche clinique. Au-delà du collègue et du chef que je
respecte, j’ai trouvé en Christophe une personne qui a toujours été disponible malgré ses
nombreuses sollicitations, et un véritable ami.
Je tiens également à remercier l’ensemble des médecins anesthésistes-réanimateurs de la
réanimation de l’hôpital Tenon, et au premier rang desquels le Dr Jean-Pierre Fulgencio, sans
qui je n’aurais peut être pas choisi notre magnifique spécialité. Je tiens à remercier aussi le
Pr Francis Bonnet qui m’a toujours fait confiance, au point d’avoir présidé mon jury de thèse
de médecine et de m’avoir donné la chance d’être chef de clinique dans son service.
Je voudrais également remercier tous les médecins anesthésiste-réanimateurs ou
réanimateurs médicaux qui ont marqué mon internat et m’ont appris tout ce que je sais.
Parmi eux une pensée toute particulière pour les Drs Lambert, Lasocki, Bruel, Coquet,
Benayoun, Trouiller, Pease, Paugam, Fartoukh, Parrot, ainsi que pour les Prs Mantz, Coriat et
Riou. Merci également à tous mes co-internes, compagnons d’infortune parfois, amis pour le
meilleur souvent, avec qui j’ai partagé ces années d’apprentissage de notre spécialité.
Merci à tous les miens, mes parents, ma famille, ma belle-famille et mes amis qui ont
toujours accepté mes choix et dont la présence est l’aide la plus précieuse qu’on puisse
imaginer. Merci enfin à Clémence, pour sa présence au quotidien, et à Gavroche, la plus
belle chose de ma vie, qui a déjà « deux z’ans » !
La fin de l’internat… « Ce n’est pas la fin. Ce n’est même pas le commencement de la fin.
Mais c’est peut être la fin du commencement… » Winston Churchill
3
ABREVIATIONS
ALI Acute Lung Injury
Courbe PV Courbe pressions-volumes
CRF Capacité résiduelle fonctionnelle
DC Débit cardiaque
EELV Volume pulmonaire de fin d’expiration (End Expiratory Lung Volume)
EPEi Eau pulmonaire extravasculaire indexée
FC Fréquence cardiaque
IC Index cardiaque
PaCO2 Pression artérielle en dioxyde de carbone
PAD Pression artérielle diastolique
PAM Pression artérielle moyenne
PaO2 Pression artérielle en oxygène
PAS Pression artérielle systolique
PEP Pression expiratoire positive
PetCO2 Pression de fin d’expiration en CO2 (Pend tidal CO2)
SaO2 Saturation artérielle en oxygène
SDRA Syndrome de Détresse Respiratoire Aiguë
STDVD Surface télédiastolique du ventricule droit
STDVG Surface télédiastolique du ventricule gauche
Vd Volume de l’espace mort
VILI Lésions pulmonaires induites par la ventilation (Ventilator Induced Lung Injury)
VPP Variation de pression pulsée
VR Volume résiduel
VRE Volume de réserve expiratoire
Vt Volume courant
VTDi Volume télédiastolique indexé
4
INTRODUCTION
L’agression alvéolaire aiguë (Acute Lung Injury *ALI+ ou Syndrome de Détresse Respiratoire
Aiguë [SDRA]) est une situation fréquente chez les patients ventilés hospitalisés en
réanimation. Les ALI/SDRA sont caractérisés par une hypoxémie grave [1] liée à la
destruction étendue de la structure pulmonaire normale survenant lors de diverses
pathologies primitivement pulmonaires (pneumopathie, inhalation…) ou extra-pulmonaires
(sepsis, pancréatite…). Le mécanisme essentiel de cette hypoxémie est l’inadéquation du
rapport ventilation/perfusion (effet shunt), liée au comblement des zones pathologiques du
poumon par du matériel cellulaire et de l'œdème contenant cellules inflammatoires, matrice
extracellulaire et coagulum.
La réouverture de ces zones est possible par une majoration transitoire de la pression
alvéolaire (pression de plateau) suivie de l’application d’une Pression Expiratoire Positive
(PEP) adaptée évitant leur fermeture secondaire [2]. Cette stratégie de majoration de la
surface fonctionnelle d’échange pulmonaire qui définit le recrutement alvéolaire, se traduit
par une amélioration de l’hématose. Le réglage optimal de la PEP au lit du patient reste
toutefois difficile, car les lésions pulmonaires sont hétérogènes. Ainsi, un niveau donné de
PEP appliquée à l'ensemble du poumon peut à la fois limiter le dérecrutement de certaines
zones pathologiques, mais aussi favoriser la distension de zones saines. Le clinicien doit donc
adapter individuellement le niveau de PEP afin de trouver le meilleur compromis entre effets
bénéfiques et adverses de cette élévation de PEP. Un des éléments d’information important
pour guider ce choix est de pouvoir évaluer objectivement l’impact du niveau de PEP testé
en termes de maintien du recrutement alvéolaire.
Pour cela, différentes méthodes d’évaluation du recrutement sont réalisables chez les
patients et ont été diversement évaluées en situation clinique. L’utilisation d’une de ces
techniques ne s’est pas encore imposée en pratique clinique, car chacune présente des
avantages et des inconvénients limitant son usage au lit du malade pour le clinicien.
La tomodensitométrie thoracique apparaît comme la technique de référence pour évaluer le
recrutement alvéolaire [3]. Néanmoins, elle nécessite plusieurs séquences d'acquisition pour
évaluer les effets de l’augmentation de la PEP en termes de prévention du dérecrutement ou
de surdistension. En plus d’être irradiante, cette technique a le grand inconvénient de
nécessiter un transport parfois délétère pour le patient dans le service de radiologie. De
5
plus, l’analyse des images obtenues est longue et nécessite une expertise particulière qui
rend cette méthode inutilisable en pratique courante [4]. L’apport d’acquisitions plus
courtes et moins irradiantes, par exemple l’acquisition de 10 coupes parenchymateuses au
lieu de l’acquisition millimétrique complète des poumons proposée par Reske et al. [5], est
sans doute une avancée intéressante. Mais cette stratégie n’évitera pas la répétition des
acquisitions à différents niveaux de PEP avec ses corollaires en termes d’attente au scanner,
ni le déplacement du patient dans le service de radiologie. Enfin, le recrutement et le
dérecrutement pulmonaire sont des phénomènes dynamiques influencés par les soins
procurés au patient (aspirations trachéales, posturage…) et par l’évolution de la maladie.
Ainsi, l’utilisation de méthodes réalisables au lit du patient semble à privilégier dans une
optique d’optimisation des soins, car elles sont réalisables plusieurs fois par jour et
permettent d’apporter un bénéfice immédiat au patient, à la différence de la
tomodensitométrie thoracique.
Différentes techniques d’évaluation du recrutement alvéolaire sont utilisables au lit du
patient et seront brièvement présentées.
L’évaluation de l’effet de la PEP sur l’oxygénation (i.e. la PaO2) est une méthode simple
d’évaluation du recrutement alvéolaire. Cependant, elle est sujette à caution compte-
tenu des multiples paramètres extra-pulmonaires qui peuvent la modifier [6, 7]. Ainsi,
cette méthode régulièrement utilisée en situation clinique ne reflète qu’indirectement et
que très grossièrement le recrutement pulmonaire, sans le quantifier précisément et sans
évaluer le risque de lésions pulmonaires induites par la ventilation.
D’autres techniques plus précises évaluant et quantifiant le recrutement alvéolaire ont
été développées. L’étude de la courbe Pressions-Volumes (PV) thoraco-pulmonaires
obtenue à l’aide du respirateur, a été proposée pour évaluer le recrutement et permettre
le réglage de la PEP [8]. Plusieurs paramètres de cette courbe PV ont été validés par
différents travaux pour régler la PEP optimale, comme le point d’inflexion inférieur [9,
10], ou la forme [11] et la pente de la courbe (représentant la compliance thoraco-
pulmonaire) [12-14]. L’étude de la courbe PV a également permis de mesurer le volume
recruté par la PEP en superposant sur un même graphique les courbes obtenues à
différents niveaux de PEP [15-18]. Cette technique a été comparée avec la
tomodensitométrie thoracique, considérée comme examen de référence [19]. Dans cette
6
étude, le volume recruté par l’application d’une PEP 15 cmH2O mesuré sur les courbes PV
était étroitement corrélé au volume obtenu par tomodensitométrie (r=0,82 ; p<0,0001).
La validation de la technique des courbes PV a permis de la considérer comme un gold
standard au lit du patient, et a depuis servie de référence dans plusieurs études cliniques
comparant d’autres techniques d’évaluation du recrutement [20, 21]. Enfin, la technique
des courbes PV a été aussi utilisée pour évaluer le recrutement induit par une
modification de position du patient [22] ; ou encore pour comparer le potentiel de
recrutement induit par la PEP en fonction de l’étiologie pulmonaire ou extra-pulmonaire
de l’agression alvéolaire aiguë [23].
Les différentes données de la courbe PV permettent d’évaluer le recrutement quelle que
soit la forme du SDRA. Dans les SDRA diffus (environ 25% des SDRA) la perte d’aération
pulmonaire est répandue de façon homogène entre les lobes supérieurs et inférieurs des
poumons droit et gauche [24]. Ainsi, le potentiel de recrutement par l’application d’une
pression positive est important [2]. En revanche dans les SDRA plus localisés (forme focale
représentant environ 35% des SDRA ou patchy représentant environ 40% des SDRA), les
atteintes parenchymateuses sont le plus souvent majoritairement localisées aux zones
dépendantes inféro-postérieures. La perte d’aération est hétérogène avec une perte
d’aération des lobes supérieurs modeste voire nulle [24]. Le recrutement induit par
l’application de la même pression positive à tout le poumon est cette fois-ci moins
prévisible et s’accompagne d’une hyperinflation des zones supérieures plus saines. Une
étude récente suggère que le recrutement induit par la seule PEP (et non pas l’association
de la PEP et du volume courant insufflé) peut être mesuré par le décalage des courbes PV
enregistrées à différents niveaux de PEP, à la pression statique correspondant à la PEP la
plus élevée. Ainsi pour cette pression donnée, le décalage entre la partie linéaire de la
courbe PV à PEP inférieure et l’origine de la courbe PV à PEP supérieure correspond au
recrutement induit par la différence entre la PEP supérieure et la PEP inférieure [21]
(Cf. figure 1).
Un patient non recruteur aurait ainsi un même volume pulmonaire pour une pression
pulmonaire donnée quelle que soit la courbe PV et le niveau de PEP considéré. A
l’inverse, chez un patient recruteur, il existera un décalage entre les volumes pulmonaires
correspondant à la même pression statique sur deux courbes PV obtenues à niveaux de
PEP différents (Cf. figure 2).
7
Figure 2 : Exemple de mesure du recrutement induit par l’application d’une PEP. On constate l’absence de recrutement notable induit par l’application d’une PEP de 5 ou 10 cmH2O (ellipses noires), alors que l’application d’une PEP de 15 cmH2O entraine un recrutement, matérialisé par la double flèche (RECmes pour « Recrutement Mesuré »), d’environ 170 mL. Données personnelles.
Figure 1 : Mesure du recrutement induit par l’application d’une PEP sur les courbes PV. Le recrutement est la différence de volume mesuré entre la courbe en PEP inférieure et la courbe en PEP supérieure, à la pression statique correspondant à la PEP supérieure. Dans cet exemple, recrutement (RECmes) d’approximativement 300 mL entre PEP1 de 6 cmH20 et PEP2 de 14 cmH20. D’après Dellamonica [21].
8
Depuis quelques années, l’utilisation de l’échographie thoracique s’est répandue dans les
services de réanimation. La sémiologie de l’échographie pulmonaire s’est ainsi
développée en réanimation et l’usage de cet outil d’imagerie non irradiant au lit du
patient est devenue une pratique de soin courante [25]. Les principaux syndromes
pulmonaires ont été ainsi décrits sur le plan échographique (syndrome interstitiel,
syndrome de condensation pulmonaire, syndrome d’épanchement gazeux ou liquidien de
la plèvre). L’échographie a ainsi supplanté l’auscultation et la classique radiographie de
thorax en terme de capacité diagnostique [26, 27]. Récemment, l’échographie a été
utilisée pour mettre en évidence la ré-aération pulmonaire au cours du traitement
antibiotique des pneumopathies en réanimation, avec une excellente corrélation avec la
tomodensitométrie, tandis que la radiographie de thorax était peu performante [28].
D'autres travaux ont montré que lors de l’agression alvéolaire aiguë, l’échographie
pulmonaire peut être utilisée afin de détecter l'œdème pulmonaire interstitiel ou
alvéolaire, une consolidation pulmonaire, des foyers de pneumopathie, ou un éventuel
épanchement pleural liquidien ou gazeux [29]. Une étude a utilisé l’échographie
pulmonaire pour distinguer œdème pulmonaire cardiogénique (OAPc) et œdème
pulmonaire lésionnel du à un ALI/SDRA en se basant sur la présence de certains signes
échographiques tels que la présence d’anomalies de la ligne pleurale, l’abolition du
glissement pleural ou la présence de parenchyme pulmonaire condensé chez les patients
ALI/SDRA par rapport aux patients en OAPc [30]. Enfin, l’échographie pulmonaire a été
utilisée chez des patients en postopératoire de chirurgie cardiaque pour évaluer la gravité
d’un œdème pulmonaire, en montrant une bonne corrélation avec les mesures non
invasives fournies par méthode PiCCO® (corrélation nombre de queues de comètes – eau
pulmonaire extravasculaire, r=0,42 – p=0,001) ou avec les mesures invasives fournies par
le cathétérisme de Swan Ganz (corrélation nombre de queues de comètes – pression
pulmonaire d’occlusion, r=0,48 – p<0,0001) [31].
Peu d’études ont comparé l’échographie pulmonaire à une autre technique en termes de
ré-aération ou de recrutement au cours de l’agression alvéolaire aiguë. En 2001, une
équipe japonaise rapporte une assez bonne corrélation entre la surface de lobe inférieur
gauche condensée mesurée sur une coupe moyenne d’échographie trans-œsophagienne
(ETO) et la surface de parenchyme condensé mesurée au scanner (r=0,72 ; p<0,01) [32].
La surface condensée mesurée en ETO pendant 5 jours consécutifs diminuait avec la
9
résolution de l’ALI/SDRA. Plus récemment, une description de cas a rapporté la
sémiologie échographique d’une ré-aération pulmonaire chez une jeune patiente en
SDRA après application d’une manœuvre de recrutement (pression de 40 cmH2O pendant
30s), suggérant que l’échographie pourrait être utile pour suivre le recrutement
pulmonaire [33]. L’évaluation de l'effet de la PEP sur le recrutement alvéolaire a été
démontré et codifié dans une étude récente montrant qu’il existe une forte corrélation
entre la modification de l’aspect échographique lors de l’application d’une PEP et le
volume recruté évalué par la technique de la courbe PV (r=0,88 ; p<0,001) [20].
Malgré le développement de ces techniques d'évaluation du recrutement alvéolaire, leur
utilisation en clinique nécessite une certaine expertise et nécessite un opérateur dédié.
L'utilisation d'une technique d'évaluation du recrutement alvéolaire, automatisée et
directement intégrée dans l'interface des respirateurs pourrait simplifier cette démarche
et permettre sa généralisation. Ainsi, une autre stratégie a été développée plus
récemment, basée sur l'évaluation automatisée de la Capacité Résiduelle Fonctionnelle
(CRF), volume restant dans les poumons à la fin de l’expiration. La CRF s’obtient en
additionnant le Volume de Réserve Expiratoire (VRE), volume mobilisé lors d’une
expiration forcée, et le Volume Résiduel (VR), volume restant dans les poumons à l’issue
de cette expiration forcée (CRF = VRE + VR). Chez le malade ventilé à qui on applique une
PEP, le volume restant dans les poumons en fin d’expiration (ou EELV pour End Expiratoy
Lung Volume) est en réalité la somme de la CRF et du volume lié à la PEP. L’EELV n’est
ainsi égal à la CRF qu’en PEP nulle.
La CRF (en PEP nulle) et l’EELV (en PEP positive) sont dépendants du nombre d’alvéoles
restant ouvertes à la fin de l’expiration et reflètent en partie le volume pulmonaire
fonctionnel au cours de l’agression alvéolaire aiguë. Leur baisse reflète donc le volume
pulmonaire dérecruté au cours de l’ALI/SDRA [34]. Chez le patient ventilé, la mesure de la
CRF (ou de l’EELV chez le patient ventilé avec une PEP) peut s'effectuer en utilisant des
gaz traceurs tels que d’hélium [35-38], l’hexafluoride sulfuré [39, 40], l’azote [41-45] et
l’oxygène [46-48]. Ces différentes techniques présentent des performances tout à fait
satisfaisantes, mais sont difficilement utilisables en routine au lit du patient en
réanimation : les techniques de ré-inhalation de l’hélium [35, 38] nécessitent des
modifications du circuit de ventilation augmentant l’espace mort instrumental et/ou une
10
interruption de la ventilation mécanique du patient [37] ; l’utilisation d’hexafluoride
sulfuré nécessite l’apport d’un gaz difficilement disponible, depuis interdit par les
autorités sanitaires [39, 40] ; les techniques sans ré-inhalation de gaz traceur nécessitent
des analyseurs de gaz très performants, rapides et pouvant être synchronisés
parfaitement avec les enregistrements des volumes gazeux. De tels capteurs sont
facilement disponibles pour l’oxygène, mais les techniques utilisant les lavages d’O2
doivent intégrer dans leurs calculs la consommation d’O2 de l’organisme, ce qui peut être
une limite lors de l’emploi de FiO2 élevées (>90%). L’azote en revanche, présente la
propriété intéressante d’être un gaz inerte ne participant pas à l’hématose.
Une technique basée sur le rinçage de l’azote, ne nécessitant pas l’enrichissement gazeux
en azote, a été développée par C. Olegard et a été évaluée sur un modèle pulmonaire
unicompartimental puis chez des patients en détresse respiratoire aiguë [43]. Cette
technique ne nécessite qu’une modification de FiO2 d’environ 0,1 pour évaluer le volume
de distribution de l’azote. La mesure de la CRF sur le modèle pulmonaire a ainsi montré
que la technique de lavage de l’azote estimait le volume réel avec une précision de 103
+/- 5%. La mesure de la CRF sur les patients en agression alvéolaire aiguë a montré une
excellente reproductibilité des mesures (biais moyen de -5 [-38 ; 29] mL entre 2 mesures
en duplicate).
Cette technologie a été développée et intégrée par GE-Healthcare® au respirateur
Engström (technologie CRF INview®) [49]. L’avantage de cette technique est de ne
nécessiter aucun apport de gaz extérieur et d’être parfaitement synchronisée avec les
mesures de volumes gazeux, l’ensemble étant intégré au respirateur. La modification du
circuit de ventilation est minime consistant en l’ajout d’une pièce en T rigide d’espace
mort négligeable.
Cette technique a été testée chez l’animal dans un modèle d’agression alvéolaire aiguë
induit par l’acide oléique [50]. La CRF, la compliance pulmonaire et le rapport PaO2/FiO2
diminuaient après induction du SDRA, et la CRF s’améliorait comme les autres paramètres
lors de l’application d’une PEP. Il existait une corrélation entre variation de CRF mesurée
par la technique de rinçage de l’azote et variation de compliance ou variation du rapport
Pa02/FiO2 (respectivement r²=0,26 et r²=0,53).
Une équipe italienne a comparé l’évaluation de la CRF/EELV par la technique de rinçage
de l’azote à la technique de dilution de l’hélium et au scanner considéré comme
11
technique de référence à niveau de PEP constante (5 cmH2O) chez des patients de
réanimation dont 66% étaient en SDRA et 23% en ALI [51]. La technique de rinçage de
l’azote était fortement corrélée aux volumes obtenus par le scanner (r²=0,89) et était
reproductible (différence entre les mesures en duplicate 48 +/- 165 mL). La corrélation
était similaire à celle obtenue entre la méthode de dilution de l’hélium et le scanner
(r²=0,91). Enfin, la méthode par rinçage de l’azote était également fortement corrélée à la
méthode par dilution de l’hélium (r²=0,82).
A notre connaissance, il n’existe qu’une étude publiée très récemment (publication en
ligne le 25 août 2011 en attente d’impression) comparant la technique automatisée
d'évaluation de la CRF/EELV par rinçage de l’azote aux données de la courbe PV, dans
l’évaluation du recrutement induit par la variation de PEP [21]. Dans cette étude les
auteurs trouvent une assez bonne corrélation entre le recrutement estimé par la
technologie CRF INview® et le recrutement mesuré entre les courbes PV réalisées à deux
niveaux de PEP (r=0,68 ; p=0,0002).
Les différentes techniques récemment décrites pour apprécier le recrutement alvéolaire
(CRF INview®, score de ré-aération pulmonaire échographique) restent peu évaluées en
situation clinique et leur corrélation non étudiée.
BUT DE L’ETUDE
Le but de notre travail est d’évaluer en situation clinique chez des patients en ALI/SDRA, la
corrélation entre les nouvelles méthodes d’estimation du recrutement alvéolaire induit par
la modification de PEP (CRF INview® et score de ré-aération pulmonaire échographique) et la
technique de référence de mesure du recrutement alvéolaire par superposition des courbes
PV.
Pour ce faire nous avons conçu une étude prospective observationnelle prévue pour inclure
40 patients, intitulée « étude CECILIA » (Comparison between Echography and CRF Inview®
for Lung recruitment Induced by PEEP in ALI/ARDS patients). Les résultats préliminaires de
cette étude débutée en mars 2011 sont présentés dans ce mémoire.
12
MATERIEL ET METHODES
Population de l'étude
Cette étude bicentrique est conduite au sein des services de réanimation chirurgicale de
l’hôpital Tenon et de l’hôpital de la Pitié Salpêtrière (AP-HP, GHU Est, Paris, France).
Après obtention d’un avis positif du Comité de Protection des Personnes IDF VI (avis du CPP
n°107-10 du 19 janvier 2011 ; enregistrement Recherche et Collections Biologique AFSSAPS
n°2010-A01116-33 ; Cf. annexes 1 et 2), nous avons débuté l’inclusion prospective des
patients en mars 2011. Il est prévu d’inclure 40 patients, sur une durée approximative de 24
mois.
Ce protocole étant considéré comme une évaluation des pratiques de soin courant, une
information écrite et orale est délivrée pour chaque patient inclus à la personne de
confiance désignée par le patient ou à sa famille au moment de l’inclusion, puis au patient lui
même au moment de sa sortie de réanimation.
Les critères d’inclusion sont la présence d’une agression alvéolaire aiguë, ALI ou SDRA tels
que définis par la conférence de consensus américano-européenne de 1994 [52]. Nous
incluons les patients intubés et ventilés, dans les 48 heures suivant le diagnostic de leur
atteinte alvéolaire bilatérale, non liée à une origine cardiaque, présentant une hypoxémie
sévère avec rapport PaO2/FiO2 <300 mmHg (patients ALI) ou <200 mmHg (patients SDRA). La
non imputabilité d’une cause cardiaque est affirmée sur les données de l’échographie
cardiaque et sur les données hémodynamiques du monitoring par cathéter PiCCO®. La
morphologie pulmonaire de l’agression alvéolaire aiguë (i.e. le caractère focalisé ou diffus de
l’atteinte) est déterminée sur la radiographie de thorax initiale ou sur le scanner thoracique
initial lorsque celui-ci est réalisé, selon les critères publiés dans la littérature [24].
Les critères de non-inclusion sont l’âge <18 ans, la grossesse, la limitation ou l’arrêt des
thérapeutiques actives de soins, les antécédents de pneumothorax à répétition, la présence
d’une fistule broncho-pleurale ou d’une chirurgie thoracique avec sutures bronchiques
récentes, la présence d’une hypertension intracrânienne, une hypoxémie sévère avec
rapport PaO2/FiO2 <100 mmHg sans PEP ou plus généralement toute situation d’instabilité
ne permettant pas l’application d’une PEP nulle, une défaillance ventriculaire droite sévère
définie par une STDVD/STDVG >1 ou plus généralement toute situation d’instabilité
13
hémodynamique définie par une variabilité tensionnelle liée à la ventilation significative
(PP>13%) ne permettant pas l’application d’une PEP de 15 cmH2O, l’allergie aux curares et
l’impossibilité technique d’assurer le monitorage hémodynamique ou respiratoire.
Définition des critères d’évaluation
Le critère principal de jugement est l’évaluation de la corrélation entre volume pulmonaire
recruté estimé par les nouvelles techniques (CRF INview® et score de ré-aération pulmonaire
échographique) et celui mesuré sur les courbes PV, après application d’une PEP.
Les critères secondaires de jugement sont :
- L’évaluation de la corrélation entre volume pulmonaire estimé par la technique de
CRF INview® et le score échographique de ré-aération pulmonaire après application
d’une PEP.
- L’évaluation de la corrélation entre recrutement alvéolaire estimé par les 3
techniques (courbes PV, CRF INview®, score échographique) et l’évolution de la PaO2.
- Les autres critères secondaires portent sur la tolérance respiratoire de l’application
de la PEP : évolution de l’eau libre extra-pulmonaire mesurée par la technique
PiCCO® et évolution de l’espace mort alvéolaire estimé par l’équation de Bohr, et sur
la tolérance hémodynamique et cardiaque lors de l’application de la PEP croissante.
Calcul d’effectif
L’effectif à inclure a été calculé pour satisfaire au critère principal de jugement, en se basant
sur l’hypothèse d’une corrélation positive cliniquement significative entre le volume recruté
donné par la courbe PV et par la nouvelle technique testée (CRF INview® ou score de ré-
aération pulmonaire échographique). Le risque de première espèce alpha a été fixé à 5%.
L’inclusion de 40 patients nous permettrait alors de mettre en évidence avec une puissance
de 90% une corrélation entre technique de référence et technique étudiée, avec un
coefficient de corrélation d’au minimum 0,45 [53].
Standardisation de la prise en charge des patients en ALI/SDRA
Les patients bénéficient d’un monitorage hémodynamique par dispositif PiCCO® (Pulsion
Medical Systems®, Rungis, France) par l’intermédiaire d’un cathéter artériel fémoral
spécifique fourni par le constructeur et d’un cathéter veineux central posé en territoire cave
14
supérieur équipé d’une thermistance pour mesure du débit cardiaque par thermodilution
transpulmonaire. Ce monitoring est justifié par la fréquence de l’atteinte ventriculaire droite
(dans environ 30% des SDRA [54]), par la fréquence du sepsis associé (dans environ 50% des
SDRA à l’admission et dans 75% des SDRA sur la durée d’hospitalisation en réanimation [55])
avec la possibilité d’une atteinte ventriculaire gauche liée au sepsis ou d’une atteinte
vasculaire dans le cadre d’un sepsis sévère ou d’un choc septique (40% des SDRA au cours de
l’évolution), et par la possibilité de monitorer l’eau libre extravasculaire pulmonaire [31, 56,
57].
En dehors du niveau de PEP, les autres paramètres du ventilateur ne sont pas modifiés
pendant les enregistrements. Le volume courant est fixé à 6 ± 1 ml/kg de poids théorique,
selon les recommandations internationales [58], et la fréquence respiratoire est laissée à la
discrétion du clinicien pour limiter l’hypercapnie sans générer d’hyperinflation dynamique
[59].
L’ensemble des procédures de soins reste conforme aux pratiques déjà en vigueur au sein de
nos unités.
Données recueillies et calculées
Les données démographiques usuelles et les caractéristiques cliniques sont recueillies
prospectivement après anonymisation des patients, afin de calculer les scores de gravités
suivant : Indice de Gravité Simplifié (IGSII), Sequential Organ Failure Assessment (SOFA)
score [60] et Lung Injury Score (LIS) [61]. Sont également recueillis le motif d’admission en
réanimation, l’étiologie de l’agression alvéolaire aiguë, et les paramètres de ventilation
(Cf. feuille de recueil présentée en annexe 3).
La CRF théorique est calculée pour chaque patient en utilisant la formule de la société
européenne de pneumologie pour les patients assis [62], modifiée par Bikker et al. pour les
patients de réanimation intubé-ventilé en décubitus dorsal [63]. La CRF donnée par la CRF
INview® en PEP 0 cmH2O, est rapportée à la CRF théorique.
Techniques d'évaluation du recrutement alvéolaire
Le recrutement alvéolaire, apprécié après une manœuvre de recrutement standardisée
(application d’une pression positive de 40 cmH2O pendant 2x20s séparée par une expiration
15
d’une seconde [64, 65]), est évaluée à PEP 5, 10 et 15 cmH2O par comparaison à la valeur
donnée à PEP nulle. La séquence de PEP croissante (0>5>10>15 cmH2O) ou décroissante
(15>10>5>0 cmH2O) est randomisée, à l’aide d’une table de randomisation centralisée pour
les deux sites d’investigation.
- Courbes Pressions-Volumes
Les courbes PV sont enregistrées à l’aide d’un ventilateur équipé d’un logiciel spécifique
(respirateur Engström – GE Healthcare®). Chez les patients sédatés et curarisés, une pause
expiratoire de 6s est effectuée avant chaque mesure à chaque niveau de PEP. Les pressions,
les volumes et les débits sont simultanément enregistrés par l’intermédiaire d’un fin
cathéter intra-trachéal placé 1 cm en aval de l’extrémité distale de la sonde d’intubation, et
glissé via un raccord en T dédié à l’espace mort négligeable. Cette technique, intégrée au
respirateur Engström sous le nom SpiroDynamics®, présente l’avantage de s’affranchir des
problèmes de résistance liés au raccord annelé et à la sonde d’intubation dans
l’enregistrement de la courbe PV, l’enregistrement étant effectué en sus-carénaire. Cette
technique permet de générer des courbes PV dynostatiques sans modification des
paramètres de ventilation [66].
Pour mesurer le recrutement, les différentes courbes PV sont placées sur un même
graphique Volumes = f(Pressions), selon la technique publiée dans la littérature [10, 16]. La
variation du volume pulmonaire lié à la PEP (ReleasePEPn>PEP0) est mesurée au cours d’une
pause expiratoire de 6s suivant la diminution de la PEP du niveau étudié à une PEP nulle. Ce
ReleasePEPn>PEP0 permet de placer sur l’axe des ordonnées le début de la courbe PV
enregistrée au niveau de PEP considéré. La pause expiratoire de 6s avant l’enregistrement
de la courbe PV à un niveau de PEP donné permet de s’affranchir d’une éventuelle autoPEP,
et permet ainsi de placer la courbe PV sur l’axe des abscisses au niveau de PEP considéré.
Le volume recruté (RECmes) après modification de la PEP est mesuré entre l’origine de la
courbe PV enregistrée au niveau de PEP étudié et la courbe PV sous-jacente enregistrée au
niveau de PEP inférieur, comme publié par Dellamonica et al. (Cf. figure 1) [21].
- Echographie pulmonaire
L’échographie pulmonaire est réalisée en utilisant une sonde de 4-6 MHz. L’examen
intéresse tous les espaces intercostaux des 6 quadrants de chaque hémithorax, définis
16
comme suit [25, 28, 29] : antéro-supérieur et antéro-inférieur sur la ligne médio-claviculaire,
latéro-supérieur et latéro-inférieur sur la ligne axillaire moyenne, et postéro-supérieur et
postéro-inférieur sur la ligne axillaire postérieure. La cotation de chaque quadrant est
effectuée en considérant le plus mauvais critère d’aération présent dans ce quadrant. Les
enregistrements vidéos sont stockés afin d’effectuer une relecture par un autre
investigateur, aveugle de la première cotation et du niveau de PEP auquel les images ont été
enregistrées.
Les quatre profils d’aération décrit dans la littérature sont utilisés [20] : 1) Aération normale
(N) définie par un glissement pleural avec la présence de lignes A ou la présence de moins de
2 lignes B isolées [26, 67] ; 2) Perte modérée d’aération définie par la présence de multiples
lignes B bien définies et individualisable (lignes B1) ; 3) Perte d’aération sévère définie par la
présence de lignes B multiples et confluentes (lignes B2) ; et 4) Consolidation pulmonaire (C)
définie par la présence d’une image tissulaire avec bronchogramme aérique [68]
(Cf. figure 3). Le score de ré-aération pulmonaire utilisé et publié par Bouhemad et al. est
calculé à partir des profils d’aération obtenus dans chaque région (Cf. tableau 1 et figure 3)
[20, 28].
Tableau 1 : Score échographique de ré-aération pulmonaire. D’après Bouhemad [20].
Quantification de la ré-aération Quantification de la perte d’aération
1 point 3 points 5 points -1 point -3 points -5 points
B1 > N B2 > N C > N N > B1 N > B2 N > C
B2 > B1 C > B1 B1 > B2 B1 > C
C > B2 B2 > C
- Mesure de la variation d’EELV (EELV)
La mesure d’EELV est effectuée de façon automatisée par l’application CRF INview® intégrée
au respirateur Engström de GE Healthcare® (Vélizy, France). La procédure de mesure de
l’EELV inclut deux mesures d’environ 20 cycles respiratoires chacune. L’EELV retenu est alors
la moyenne des deux mesures. Au cours des mesures, la FiO2 est automatiquement majorée
de 10% par le logiciel, puis ramenée à sa valeur d’origine en fin de mesure. La mesure
nécessite un capteur spécifique dédié et une ligne d’échantillonnage des gaz raccordée aux
17
Figure 3 : Exemples de résultats échographiques et de calculs du score de ré-aération pulmonaire. D’après Bouhemad [20].
Ligne du haut (Fig. 4A), image de gauche : consolidation du lobe inférieur, visible sous la forme d’une structure tissulaire (C) avec bronchogramme aérien dynamique (*). Image de droite : après application d’une PEP 15 cmH20, normalisation de l’aspect échographique avec ligne pleurale (flèche blanche) et lignes A horizontales multiples. Score de ré-aération : +5 points.
Ligne du milieu (Fig. 4B), image de gauche : consolidation du lobe inférieur, visible sous la forme d’une structure tissulaire (C). Image de droite : après application d’une PEP 15 cmH20, la même zone présente de multiples lignes B confluentes (lignes B2) traduisant la ré-aération partielle. Score de ré-aération : +1 point.
Ligne du bas (Fig. 4D), image de gauche : Multiples lignes B2 partant de la plèvre (*). Image de droite : après application d’une PEP 15 cmH20, la même zone présente des lignes B bien définies et irrégulièrement espacées (lignes B1). Score de ré-aération : +1 point.
18
voies aériennes du patient dont l’espace mort est négligeable. Les paramètres ventilatoires
(hormis la PEP) sont maintenus fixes au cours des mesures à chaque niveau de PEP étudié.
L’augmentation minimale théorique de volume induite par l’augmentation de 5 cmH2O de la
PEP (augmentation entre 2 niveaux) est le produit de la compliance thoraco-pulmonaire par
ces 5 cmH2O. Ce produit donne « l’augmentation minimale prédite du volume pulmonaire ».
Chez un patient non recruteur, il n’y aura pas de différence entre le EELV entre les 2
niveaux de PEP et l’augmentation minimale prédite du volume pulmonaire. A l’inverse chez
un patient recruteur, le EELV entre les 2 niveaux de PEP sera supérieur à l’augmentation
minimale prédite du volume pulmonaire. La différence entre ces deux volumes est une
estimation du recrutement (RECestim) [21]. Numériquement, le recrutement estimé par la
technique CRF INview® est :
RECestimn>n+5 = Variation d’EELVn>n+5 – Augmentation minimale prédite du volume pulmonaire
Soit : RECestimn>n+5 = EELVn>n+5 – (compliance x 5)
Soit : RECestimn>n+5 = (EELVn+5 – EELVn) – [Vt/(Pplat-PEPn) x 5]
Données hémodynamiques et d’hématose
Les données hémodynamiques suivantes sont colligées à chaque niveau de PEP : fréquence
cardiaque (FC), pression artérielle systolique (PAS), diastolique (PAD), et moyenne (PaM),
débit (DC) et index cardiaques (IC), précharge volémique approximée par le volume
télédiastolique global indexé (VTDI), eau pulmonaire extravasculaire indexée (EPEI),
surcharge diastolique ventriculaire droite approximée par le rapport surface télédiastolique
ventriculaire droite (STDVD)/surface télédiastolique ventriculaire gauche (STDVG) [54],
surcharge systolique ventriculaire droite approximée par l’indice d’excentricité (diamètre
antéro-postérieur VG/diamète septo-latéral VG) [69], existence d’un septum paradoxal.
Le DC, l’IC, le VTDI, et l’EPEI sont mesurés grâce au monitoring PiCCO®, calibré par 5 bolus de
sérum salé isotonique juste avant le début du protocole de recrutement.
Le rapport STDVD/STDVG, l’indice d’excentricité et l’existence d’un septum paradoxal sont
mesurés à l’aide d’une échocardiographie trans-thoracique en coupe 4 cavités pour le
rapport STDVD/STDVG et parasternal petit axe pour l’indice d’excentricité et le septum
19
paradoxal, ou à l’aide d’une échographie trans-œsophagienne en coupe 4 cavités pour le
rapport STDVD/STDVG et transgastrique pour l’indice d’excentricité et le septum paradoxal.
Le pH, la PaO2, la PaCO2, la SaO2, la réserve alcaline et le lactate sont mesurés pour chaque
niveau de PEP sur un prélèvement sanguin de 0,5 mL sur la ligne artérielle, comme cela est
déjà réalisé dans nos services lors de l’évaluation de la PEP optimale au cours de l’agression
alvéolaire aiguë.
Enfin, l’espace mort alvéolaire (Vd/Vt) est calculé à partir de la PaCO2 obtenue sur le gaz du
sang et la pression partielle en CO2 en fin d’expiration (PetCO2) mesuré par capnographie
selon l’équation de Bohr [70, 71] : Vd/Vt = (PaCO2 - PetCO2)/ PaCO2 .
Analyses statistiques
Les données qualitatives sont présentées sous forme d'effectif et de pourcentage et les
données quantitatives sous forme de médiane [25-75e percentiles], adaptés aux petits
effectifs. Les variables quantitatives sont comparées aux différents temps de l’étude (i.e. PEP
0, 5, 10 et 15 cmH2O) par tests non paramétriques d’analyse de variance de Friedman avec
correction de Dunn et les variables qualitatives par test Q de Cochran. Les corrélations entre
les valeurs de recrutement mesurées par les différentes techniques sont évaluées par test
des rangs de Spearman. p<0,05 est nécessaire pour rejeter l’hypothèse nulle.
PLAN EXPERIMENTAL
Le protocole expérimental est résumé figure 4 ci-après.
RESULTATS ATTENDUS – BENEFICES POUR LES PATIENTS
Nous espérons trouver une corrélation cliniquement significative (Rho>0,6) entre les
nouvelles techniques d’évaluation du recrutement alvéolaire induit par l’élévation de la PEP
(CRF INview® et score de ré-aération pulmonaire échographique) et la méthode de
référence. La corrélation des nouvelles techniques entre elles et l’éventuelle supériorité
d’une des deux techniques seront également appréciées. Ces résultats pourraient contribuer
à la validation future d’une stratégie simple de réglage de la PEP optimale, utilisable au lit du
patient, et facilement répétable pour un ajustement dynamique de la PEP à l’évolution
clinique parfois rapide des patients en ALI/SDRA.
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RESULTATS
Données cliniques à l’inclusion
L’étude CECILIA a débuté sur le premier centre (Tenon) le 20/03/2011. Entre le début de
l’étude et le 01/09/2011, 28 patients ont présenté des opacités alvéolaires bilatérales
associées à une hypoxémie avec rapport PaO2/FiO2 <300 mmHg. La figure 5 ci-dessous
montre le diagramme de flux ayant conduit à l’inclusion de 8 patients. Chez un de ces
patients, le EELV5>10 et le EELV10>15 étaient inférieurs de plus de 10% à l’augmentation
minimale prédite du volume pulmonaire entre ces niveaux de PEP. Ceci, traduit
vraisemblablement la présence de fuites faussant les mesures de CRF INview®. Ce patient
avait été opéré récemment d’une chirurgie de l’œsophage avec tubulisation gastrique par
thoracotomie avec la persistance d’un drainage thoracique. Ceci pouvant en partie expliquer
la présence de fuites et pouvant gêner l’interprétation de l’échographie pulmonaire, nous
avons donc exclu ce patient de l’analyse des résultats.
Figure 5 : Diagramme de flux de l’étude CECILIA au 01/09/2011.
22
Les caractéristiques de notre cohorte à l’inclusion sont présentées dans le tableau 2.
A l’inclusion, l’âge médian des patients était de 60,3 [53-62,7] ans. Nous avons inclus
3 hommes et 4 femmes. Leur poids médian était de 65 [64-83] kg, pour une taille médiane
de 1,62 [1,62-1,70] m, soit un IMC médian de 24,8 [24,3-30,6] kg/m².
Les patients ont été ventilés en médiane 2 [2-3,5] jours avant l’inclusion dans le protocole.
Deux patients présentaient les critères d’ALI au moment de l’inclusion (2/7 soit 29%), tandis
que 5 patients présentaient les critères de SDRA (71%). Les causes d’agression alvéolaire
aiguë étaient une pneumopathie bactérienne dans 3 cas (44%), une pneumopathie
d’inhalation dans un cas (14%), une pancréatite aiguë dans un cas (14%), une péritonite dans
un cas (14%), et un SDRA sans étiologie retrouvée dans un cas (14%). Le rapport PaO2/FiO2
médian à l’inclusion était de 178 [138-198] mmHg. L’atteinte alvéolaire était diffuse dans
3 cas (43%) et focale dans les 4 autres cas (57%). En médiane 3 [2,5-3,5] quadrants étaient
atteints sur la radiographie de thorax. La compliance des patients à l’inclusion était basse, en
médiane 30 [24-30,5] ml/cmH2O. Le score Lung Injury Statement (LIS) traduisait des
atteintes sévères avec un score médian à 2,5 [2,4-3]. Enfin, les autres scores de gravité
médians étaient 39 [37-49+ pour l’Indice de Gravité Simplifié II (IGSII), et 8 [6-12] pour le
Sequential Organ Failure Assessment (SOFA).
Les patients étaient tous ventilés en Ventilation Assistée Contrôlée (VAC) en volume. Le
volume courant médian insufflé par le respirateur était 400 [318-413] mL, soit un volume
courant de 6 [5,7-6,6] mL/kg de poids théorique. La fréquence respiratoire médiane était de
22 [21-24] cycles/min. La FiO2 médiane était 0,6 [0,5-0,6], tandis que la PEP médiane était de
10 [7-12] cmH2O. La pression de plateau à l’inclusion était en médiane de 24 *20,5-
26] cmH2O.
Les données gazométriques à l’inclusion étaient les suivantes : pH médian 7,42 [7,38-7,44] ;
PaO2 107 [87-108] mmHg ; PaCO2 42 [40-44] mmHg ; SaO2 98 [96-98] % ; TCO2 26 [25-
28] mmol/L ; et lactatémie 1,6 [1,1-1,8] mmol/L.
23
Tableau 2 : Caractéristiques des patients à l’inclusion
Evaluation du recrutement alvéolaire induit par la PEP
La manœuvre de recrutement suivie de l’application d’une PEP a entrainé un recrutement
médian mesuré sur les courbes PV de 81 [51-91] mL à PEP 5 cmH2O, de 113 [83-164] mL à
PEP 10 cmH2O et de 99 [51-106] mL à PEP 15 cmH2O, sans différence significative entre les
niveaux de PEP appliqués (p=0,43) (Cf. figure 6).
Le recrutement estimé à partir des valeurs de CRF INview® était quant à lui de 77 [31-
225] mL à PEP 5 cmH2O, de 268 [128-434] mL à PEP 10 cmH2O, et de 339 [201-418] mL à PEP
24
15 cmH2O. Il n’existait pas de différence significative entre les volumes recrutés aux 3
niveaux de PEP (p=0,11) (Cf. figure 6).
Enfin, le score de ré-aération pulmonaire estimant le recrutement aux 3 niveaux de PEP était
de 0 [0-1] à PEP 5 cmH2O, de 2 [0-4] à PEP 10 cmH2O, et de 5 [2-7] à PEP 15 cmH2O. Il
n’existait pas de différence significative de ré-aération échographique aux 3 niveaux de PEP
considérés (p=0,24) (Cf. Figure 6).
Figure 6 : Evolution du recrutement pulmonaire induit par la PEP en fonction des 3 techniques étudiées. Figure de droite : courbes PV ; figure du milieu : CRF INview® ; figure de gauche : score échographique.
Comparaison du volume recruté par la PEP mesuré sur les courbes PV et estimé par CRF
INview® et échographie pulmonaire
Les premiers résultats concernant le critère principal de jugement montrent que le volume
de recrutement estimé par la technique CRF INview® est non corrélé au volume de
recrutement mesuré sur les courbes PV sur l’ensemble de la population (r=0,11 ; p=0,67).
Nous avons alors considéré cette population d’étude selon le caractère localisé ou diffus de
leurs lésions, compte tenu d’un potentiel de recrutement alvéolaire habituellement
différents. Chez les patients porteurs d’un SDRA diffus, le recrutement mesuré sur les
courbes PV et estimé par la CRF INview® semble mieux corrélé (r=0,71 ; p=0,09) ; alors que
chez les patients porteurs d’un SDRA focal, les deux techniques semblent non corrélées
(r=-0,36 ; p=0,26) (Cf. figure 7).
Les premiers résultats concernant le recrutement alvéolaire estimé par le score de ré-
aération pulmonaire, montrent également une absence de corrélation significative avec le
recrutement mesuré sur les courbes PV sur l’ensemble de la population (r=0,18 ; p=0,47).
Toutefois, comme pour le recrutement estimé par la technique CRF INview®, il semble
25
exister une différence de corrélation entre les patients porteurs d’un SDRA diffus (r=0,5 ;
p=0,25) et les patients porteurs d’un SDRA focal (r=-0,03 ; p=0,94), même si le faible effectif
inclus pour le moment dans cette analyse ne permet pas de retrouver de différence
significative entre ces sous-groupes (Cf. figure 7).
Il existe des résultats similaires entre le volume recruté estimé par la technique CRF INview®
et le score de ré-aération échographique avec une absence de corrélation significative sur
l’ensemble de la cohorte (r=0,37 ; p=0,10), et une tendance à une différence entre les
patients porteurs d’un SDRA diffus (r=0,62 ; p=0,08) et les patients porteurs d’un SDRA focal
(r=0,19 ; p=0,55) (Cf. figure 7).
Comparaison du volume recruté donné par les 3 techniques avec l’évolution de la PaO2
Nous avons évalué la corrélation entre le volume pulmonaire recruté estimé par les 3
techniques et la PaO2.
Il n’existe pas de corrélation significative entre le volume recruté mesuré sur les courbes PV
et la PaO2, tant sur l’ensemble de la cohorte (r=0,11 ; p=0,66), que chez les patients porteurs
d’un SDRA diffus (r=0,32 ; p=0,48), ou que chez les patients porteurs d’un SDRA focal
(r=-0,02 ; p=0,96) (Cf. figure 8).
Il n’existe également pas de corrélation significative entre le volume recruté estimé par CRF
INview® et la PaO2, tant sur l’ensemble de la cohorte (r=0,18 ; p=0,45), que chez les patients
porteurs d’un SDRA diffus (r=0,46 ; p=0,29), ou que chez les patients porteurs d’un SDRA
focal (r=0,08 ; p=0,81) (Cf. figure 8).
Enfin, il n’existe pas de corrélation significative entre le volume recruté estimé par le score
de ré-aération pulmonaire échographique et la PaO2, tant sur l’ensemble de la cohorte
(r=-0,05 ; p=0,82), que chez les patients porteurs d’un SDRA diffus (r=0,06 ; p=0,88), ou que
chez les patients porteurs d’un SDRA focal (r=-0,19 ; p=0,55) (Cf. figure 8).
26
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28
Evolution des paramètres ventilatoires et gazométriques
L’évolution des paramètres gazométriques et ventilatoires est présentée figure 9.
La pression de plateau augmente significativement entre les 4 niveaux de PEP (p=0,0001). Le
niveau de pression de plateau est significativement augmenté entre PEP 15 cmH2O et PEP 5
cmH2O (28 [26,5-29] cmH2O vs 18 [15-20,5] cmH2O ; p=0,002), et entre PEP 15 cmH2O et PEP
0 cmH2O (28 [26,5-29] cmH2O vs 17 [13,5-19] cmH2O ; p=0,002) ; ainsi qu’entre PEP
10 cmH2O et PEP 0 cmH2O (24 [19,5-25] cmH2O vs 17 [13,5-19] cmH2O ; p=0,02).
Il n’existe en revanche pas de différence significative de compliance entre les niveaux de PEP
(p=0,17). L’espace mort médian est également non différent entre les 4 niveaux de PEP
(p=0,77).
Les valeurs médianes de PaO2 augmentent significativement avec les niveaux de PEP
(p=0,001), avec une différence significative entre les valeurs en PEP 15 cmH2O et en
PEP 0 cmH2O (134 [116-159] mmHg vs 68 [61-78] mmHg ; p=0,002), et entre les valeurs en
PEP 10 cmH2O et en PEP 0 cmH2O (110 [102-131] mmHg vs 68 [61-78] mmHg ; p=0,02). De
même, la SaO2 augmente significativement avec les niveaux de PEP (p=0,001), avec une
différence significative entre les valeurs en PEP 15 cmH2O et en PEP 0 cmH2O (98,9 [98,2-
99,2]% vs 94 [90,8-94,3]% ; p=0,004), et entre les valeurs en PEP 10 cmH2O et en PEP
0 cmH2O (98 [97,4-98,6]% vs 94 [90,8-94,3]% ; p=0,02). En revanche, il n’existe pas de
différence significative d’évolution des valeurs de pH (p=0,97), de PaCO2 (p=0,92), de TCO2
(p=0,47) ou de lactate (p=0,55) entre les différents niveaux de PEP (Cf. figure 9).
Figure 9 : Evolution des paramètres gazométriques et ventilatoires en fonction des niveaux de PEP. &
: p<0,05 pour l’évolution globale de la variable. * : p<0,05 en comparaison à PEP0. ** : p<0,05 en comparaison à PEP0 et PEP5.
29
Evolution des paramètres de tolérance hémodynamique
L’évolution des paramètres hémodynamiques est présentée figure 10.
Il n’y a pas de différence de FC (p=0,51), de VTDi (p=0,61) ou d’EPEi (p=0,62) entre les 4
niveaux de PEP. Il existe une diminution significative de l’IC avec l’augmentation de la PEP
(p=0,05), avec une différence significative entre les valeurs en PEP 15 cmH2O et en PEP
0 cmH2O (3,62 [2,52-4,25] L/min/m² vs 3,83 [3-4,88] L/min/m² ; p=0,03). Il existe une
augmentation de VPP avec l’augmentation de la PEP (p=0,01), avec une différence
significative entre les valeurs en PEP 15 cmH2O et en PEP 5 cmH2O (9 [5-9,5]% vs 6 [2-6]% ;
p=0,02). Il existe enfin une diminution significative de PAM avec l’augmentation de la PEP
(p=0,05), avec une différence significative entre les valeurs en PEP 10 cmH2O et en PEP
0 cmH2O (79 [72-95] mmHg vs 83 [81-103] mmHg ; p=0,02).
Il existe également une augmentation significative des marqueurs de surcharge systolo-
diastolique du ventricule droit : indice d’excentricité (p<0,001) (PEP 15 cmH2O : 1,19 [1,12-
1,34] vs PEP 0 cmH2O : 1 [0,98-1,02] ; p=0,004 – et PEP 15 cmH2O vs PEP 5 cmH2O : 1,02
[0,99-1,05] ; p=0,03), et rapport STDVD/STDVG (p=0,002), avec des valeurs médianes à PEP
15 cmH2O supérieures à celles à PEP 0 cmH2O (0,71 [0,68-0,75] vs 0,55 [0,52-0,6] ; p=0,006).
Aucun patient n’a présenté de septum paradoxal lors de l’augmentation de la PEP.
Figure 10 : Evolution des paramètres hémodynamiques en fonction des niveaux de PEP. &
: p<0,05 pour l’évolution globale de la variable. * : p<0,05 en comparaison à PEP0 ; ** : en comparaison à PEP5 ; *** : en comparaison à PEP0 et à PEP5.
30
DISCUSSION
Dans ce mémoire, nous exposons les résultats préliminaires de l’étude CECILIA suivants :
1) Le volume pulmonaire recruté estimé par la technique CRF INview® semble mal
corrélée au volume mesuré par la technique de référence d’analyse des courbes PV
sur une population mixte incluant à la fois des patients atteints de SDRA diffus et de
SDRA focaux (r=0,11 ; p=0,67).
2) Le volume recruté estimé par la technique CRF INview® tend à être corrélé à la
technique de référence d’analyse des courbes PV dans la population de SDRA diffus
(r=0,71 ; p=0,09), tandis qu’il ne semble pas corrélé dans la population de SDRA
focaux (r=-0,36 ; p=0,26).
3) Des résultats similaires sont observés avec le score de ré-aération pulmonaire
échographique et l’analyse des courbes PV : r=0,18 (p=0,47) pour l’ensemble de la
cohorte, r=0,5 (p=0,25) pour les SDRA diffus et r=-0,03 (p=0,94) pour les SDRA focaux.
4) Des résultats similaires sont également observés avec le score de ré-aération
pulmonaire échographique et la technique CRF INview® : r=0,37 (p=0,10) pour
l’ensemble de la cohorte, r=0,62 (p=0,08) pour les SDRA diffus et r=0,19 (p=0,55)
pour les SDRA focaux.
5) L’évolution de la PaO2 n’est pas corrélée au volume pulmonaire recruté, tant mesuré
par l’analyse des courbes PV, qu’estimé par CRF INview® ou par le score de ré-
aération pulmonaire échographique.
6) L’espace mort estimé par l’équation de Bohr n’augmente pas, et la compliance
thoraco-pulmonaire ne diminue pas, avec l’application de PEP croissantes, suggérant
l’absence de distension pulmonaire détectable par ces méthodes de mesure.
7) L’application d’une PEP croissante entraine en revanche une augmentation
significative de la surcharge systolo-diastolique du ventricule droit, avec un
retentissement sur l’hémodynamique systémique (chute de l’IC et chute de la PAM).
Evaluation de la fonction CRF INview®
L’évaluation du volume pulmonaire de fin d’expiration revêt un intérêt croissant chez les
réanimateurs, du fait de la théorie du « poumon de bébé » développé dans les années 1980
[72]. Ce concept avance qu’au cours du SDRA, le volume pulmonaire restant fonctionnel est
31
diminué et que la ventilation utilisant un volume courant standard pourrait provoquer des
lésions due à une hyperinflation de ce volume réduit par un volume courant « normal ». Ces
lésions, nommées Ventilator Induced Lung Injury (VILI), peuvent entrainer une pérennisation
du SDRA et aggravent le pronostic. L’étude de l’ARDSnetwork américain démontrant une
réduction de mortalité en utilisant un volume courant de 6 mL/kg de poids théorique au lieu
de 12 mL/kg, confirme cette constatation physiologique [73]. Cependant, la grande
hétérogénéité des lésions présentées par les patients impliquent que 6 mL/kg de poids
théorique peuvent être encore excessifs chez certains patients avec des atteintes très
sévères, tandis que 8 ou 10 mL/kg pourraient être insufflés chez les patients ayant
davantage de parenchyme pulmonaire fonctionnel. Le volume pulmonaire ventilable et le
volume pulmonaire potentiellement recrutable deviennent donc des éléments importants à
connaitre dans la stratégie ventilatoire de ces patients.
De fait, une technique évaluant de façon fiable le volume pulmonaire de fin d’expiration et le
volume pulmonaire recruté par l’application d’une PEP présenterait une avancée pour la
prise en charge des patients atteints d’agression alvéolaire aiguë. Si un certain nombre
d’études ont évalué la technologie CRF INview® dans l’indication de la mesure de CRF et de
la mesure du volume recruté par la PEP [43, 50, 51, 63], une seule étude à notre
connaissance a comparé le recrutement induit par la PEP évalué par la technique CRF
INview® à une technique de référence [21]. Dans cette étude très récente, Dellamonica et al.
rapportent une corrélation significative entre le volume recruté estimé par la technique de
rinçage de l’azote CRF INview® et le volume recruté mesuré sur les courbes PV, avec un
coefficient de corrélation r=0,68 (p=0,0002).
Nous ne retrouvons pas une telle corrélation dans notre cohorte. Une des limites manifeste
dans l’interprétation des résultats préliminaires présentés dans ce mémoire, est la taille de
l’effectif ne permettant pas d’avoir pour le moment une puissance nécessaire pour mettre
en évidence une telle corrélation.
Toutefois, une autre explication peut être avancée. Il existe plusieurs présentations
morphologiques au cours du SDRA. Les SDRA diffus, représentant environ 25% des SDRA,
sont caractérisés par des lésions pulmonaires relativement homogènes. Chez ces patients,
l’augmentation de la PEP est transmise à l’ensemble du poumon, exerçant un recrutement
maximum. A l’inverse, dans les SDRA focaux ou avec des lésions en plages (patchy), les
condensations postéro-inférieures sont très difficilement recrutables, tandis que
32
l’augmentation de PEP se distribue préférentiellement dans les zones les plus compliantes et
ayant les constantes de temps respiratoire les plus faibles, soit dans les zones antéro-
supérieures plus saines [24]. Dès lors, nous avons voulu vérifier si la corrélation entre
volume recruté estimé par CRF INview® et mesuré par les courbes PV était identique chez les
patients atteints de SDRA diffus et chez les patients atteints de SDRA focaux.
Dans notre cohorte, nous retrouvons une corrélation bien meilleure entre les deux
techniques chez les patients atteints de SDRA diffus, très proche des résultats de
Dellamonica, avec un r=0,71, tendant vers la significativité malgré le faible échantillon
(p=0,09). En revanche, dans le sous-groupe de patients atteints de SDRA focal, le volume
estimé par CRF INview® apparait mal corrélé à celui mesuré par les courbes PV (r=-0,36 ;
p=0,26). On peut noter que la cohorte de Dellamonica et al. est constituée à 90% de patients
porteurs d’un SDRA diffus (27 patients sur 30), ce qui pourrait expliquer la différence de
résultats entre les deux cohortes entières, et les résultats approchants entre notre sous-
groupe de patients diffus et la cohorte entière de Dellamonica.
Cette différence de performance de la technique CRF INview® en fonction du type de SDRA
peut potentiellement s’expliquer par la différence de recrutabilité des SDRA diffus et focaux.
L’augmentation d’EELV lors de l’augmentation de la PEP peut correspondre à du
recrutement, à de la surdistension ou à une association des deux [50]. La courbe PV en
superposant les courbes effectuées à différents niveaux de PEP puis en considérant le
recrutement comme une différence de volume pour un même niveau de pression,
s’affranchit davantage de la confusion possible entre volume recruté et volume de
surdistension. Les études scannographiques de l’équipe de Rouby ont montré que
l’application d’une PEP provoquait à la fois recrutement et surdistension, avec une
répartition entre ces deux effets différente en fonction du type d’atteinte. Dans une de ces
études [3], l’application d’une PEP 15 cmH2O provoquait une augmentation d’EELV égale à
119% de la CRF mesurée au scanner en PEP 0 cmH2O, partagée quasiment pour moitié entre
recrutement et surdistension en considérant l’ensemble de la cohorte. Toutefois, le ratio
recrutement/augmentation d’EELV, encore appelé « efficacité du recrutement induit par la
PEP », était fortement corrélé au pourcentage de zones peu ou non aérées en PEP nulle
(r=0,92 ; p<0,001), par définition supérieur en cas d’atteinte diffuse pulmonaire. Ainsi, le
volume RECestim chez les patients focaux doit surestimer le volume recruté en
comptabilisant de la surdistension, tandis que chez les patients diffus la meilleure corrélation
33
entre RECestim et RECmes pourrait s’expliquer par un effet de la PEP, majoritairement de
recrutement et moins de surdistension.
Pour confirmer cette hypothèse, nous avons calculé, à partir l’équation de Bohr, l’espace
mort alvéolaire (Vd/Vt). Chez un patient bénéficiant de la PEP et recrutant des zones
pulmonaires préalablement non fonctionnelles, ce ratio diminue, tandis que chez un patient
augmentant la distension de zones déjà aérées ce ratio augmente. Nous ne retrouvons pas
de différence significative de l’évolution du ratio Vd/Vt, tant dans l’ensemble de notre
cohorte que dans les sous-groupes diffus ou focaux. Toutefois, le faible effectif analysé dans
ce mémoire est la source d’un manque de puissance important. En effet, chaque patient
bénéficie d’un niveau de PEP optimal qui lui est propre, en moyenne plus élevé chez les
patients atteints de SDRA diffus que chez les patients atteints de SDRA focaux. L’évolution de
ce rapport présente alors un aspect biphasique : une diminution tant que l’effet de la PEP est
majoritairement du recrutement, puis une augmentation quand la surdistension devient
majoritaire. Le nadir de cette évolution est variable en fonction du type de SDRA : les SDRA
diffus, ayant un potentiel de recrutabilité supérieur aux SDRA focaux, auront un rapport
Vd/Vt en moyenne plus bas pour un niveau de PEP considéré que les SDRA focaux.
Cependant, même au sein d’un sous groupe, chaque patient aura un niveau de PEP différent
pour lequel le rapport Vd/Vt sera le plus bas. Cette double évolution (différente entre les
sous-groupes et différente entre les patients d’un même sous-groupe) nécessite un effectif
important pour pouvoir mettre en évidence une différence significative. Nous pouvons pour
le moment uniquement constater que chez nos 3 patients atteints de SDRA diffus, le rapport
Vd/Vt diminue de PEP 0 à PEP 10 cmH2O, avant de remonter chez 2 patients sur les 3 de PEP
10 à PEP 15 cmH2O ; alors que chez 3 des 4 patients focaux, le rapport Vd/Vt augmente dès
le passage de PEP 0 à PEP 5 cmH2O (Cf. figure 11).
Enfin, il convient de garder à l’esprit que le calcul de ce rapport est basé sur la PaC02 et la
PetCO2. Or, l’augmentation de PEP fait à la fois varier les volumes pulmonaires recrutés ou
surdistendus, et donc potentiellement la PetCO2, mais ce paramètre est également
dépendant de l’index cardiaque, qui, nous l’avons vu, est diminué lors de l’augmentation de
la PEP. Ainsi, il existe potentiellement un facteur de confusion dans l’interprétation du
rapport Vd/Vt, car l’IC n’est pas constant entre les mesures aux 4 niveaux de PEP. De fait, la
34
confirmation de ces premiers résultats concernant le Vd/Vt nécessite une puissance
supérieure et la poursuite des inclusions.
L’originalité de notre étude par rapport à celle de Dellamonica, est d’évaluer, sur la même
population, le recrutement alvéolaire par le score de ré-aération pulmonaire échographique
en complément de l’estimation par CRF INview®. La technique échographique d’évaluation
du recrutement induit par la PEP est une technique récente validée dans une étude
prospective en 2010 par Bouhemad et al. en comparaison à la courbe PV [20]. Un de ses
avantages est de procurer une étude morphologique du poumon, se rapprochant en cela de
la référence qu’est le scanner thoracique, même si à notre connaissance aucune étude n’a
directement comparé échographie pulmonaire et scanner thoracique en termes de
recrutement alvéolaire. Elle n’en a cependant pas les principaux inconvénients que sont le
déplacement du patient hors du service de réanimation, l’irradiation du patient et la
longueur d’interprétation des images obtenues. Cette technique est toutefois moins précise
morphologiquement que le scanner, mais présente l’avantage par rapport aux techniques de
mesures de volume que sont la CRF INview® et les courbes PV, d’apporter des
renseignements supplémentaires comme la mise en évidence et la quantification d’un
épanchement pleural, d’un pneumothorax, ou d’un foyer de pneumopathie [25, 26, 28, 29,
68].
Dans notre étude nous ne trouvons pas de corrélation entre le score échographique de ré-
aération pulmonaire et les valeurs de RECestim par CRF INview® (r=0,37 ; p=0,10).
Cependant, cette corrélation tend vers la significativité chez les patients atteints de SDRA
Figure 11 : Evolution du rapport Vd/Vt chez les patients atteints de SDRA diffus et chez les patients atteints de SDRA focaux.
35
diffus (r=0,62 ; p=0,08), mais pas chez les patients atteints de SDRA focal (r=0,19 ; p=0,55).
Cette différence peut potentiellement s’expliquer par les mêmes raisons que celles avancées
pour la comparaison avec les courbes PV. En effet, l’échographie pulmonaire, à la différence
de la CRF INview®, ne peut surévaluer le recrutement alvéolaire en quantifiant par excès de
la surdistension, car l’amélioration des images échographiques liée au recrutement et à la
ré-aération pulmonaire n’évolue plus lors du passage d’une normo-aération à de la
surdistension. Ainsi, dans les SDRA diffus, l’amélioration des images est donc relativement
bien corrélée à l’EELV donné par CRF INview®, car nous avons vu que le ratio
recrutement/EELV décrit sur les données scannographique par Malbouisson est élevé [3]. En
revanche dans les SDRA focaux où ce rapport est plus faible et où une partie plus importante
de l’EELV semble liée à de la surdistension, le score échographique est moins corrélé à la CRF
INview® car l’analyse des images échographiques ne permet pas de faire la différence entre
zones normo-aérées et zones distendues.
Par ailleurs, quelques limites peuvent être portées concernant l’utilisation et les
performances de la technologie CRF INview®. Chiumello et al. ont rapporté une
reproductibilité acceptable entre des mesures d’EELV effectuées en duplicate à PEP 5 cmH2O
chez des patients en ALI/SDRA (delta moyen de 48 ± 165 mL entre les deux mesures) [51].
On constate toutefois que l’écart type dans cette étude était relativement important. Dans
une autre étude, Bikker et al. ont effectué des mesures d’EELV en quadriplicate chez 5
patients ventilés de réanimation en PEP 5, 10 et 15 cmH2O, et rapportent une
reproductibilité également correcte avec des deltas moyens entre les 4 mesures de 61 ± 41
mL à PEP 5, de 64 ± 42 mL à PEP 10 et 40 ± 26 mL à PEP 15 cmH2O [74].
Dans notre étude, nous avons effectuées 28 mesures d’EELV avec la technologie CRF
INview® chez les 7 patients analysés dans ce mémoire. La différence médiane entre les deux
valeurs d’EELV données par la fonction CRF INview® en FiO2 croissante (FiO2 n>n+0,1) et en FiO2
décroissante (retour de FiO2 n+0,1>n) est de 149 [74-235] mL. Sur ces 28 mesures, 13
présentaient une différence de plus de 10% entre l’EELV donné en FiO2 croissante et FiO2
décroissante. Pour ces 13 mesures nous avons effectué une seconde mesure dans les
mêmes conditions que la première, une minute après la fin de la première mesure. La
différence médiane entre ces mesures en duplicate est de 138 [53-288] mL, avec 5 mesures
sur les 13 présentant une différence supérieure à 10% de l’EELV estimé. Nous retrouvons
36
donc une moins bonne reproductibilité des mesures que dans le travail de Chiumello et de
Bikker et un certain nombre de valeurs au-delà des limites d’agrément données par le
constructeur (reproductibilité dans la limite de 10% pour des mesures en duplicate) [49].
De plus, l’utilisation de la fonction CRF INview® pose quelques problèmes pratiques. En effet,
dans approximativement 20% des cas, la première mesure d’EELV a échoué. Les raisons en
ont été multiples : condensation de buée dans la ligne de capnographie, coudure dans la
ligne de prélèvement de gaz s’étant assouplie après plusieurs heures de branchement au
circuit de ventilation sous l’effet de la chaleur des gaz expirés, mobilisation involontaire du
patient pendant la mesure… Ces échecs semblent être survenus majoritairement chez les
patients ventilés avec les plus hautes FiO2, constatation en accord avec les données
rapportant de moins bonnes performances des techniques de calorimétrie indirecte
analysant les gaz inspirés et expirés lors de l’augmentation de la FiO2 [75-77]. Dans tous les
cas, après intervention de l’investigateur, la mesure d’EELV a pu être effectuée, quitte
parfois à remplacer la ligne de capnographie ou à sécher tubulures et piège à eau de
l’analyseur de gaz. Néanmoins, la nécessité de telles interventions, rend difficile la
réalisation automatisée de mesures d’EELV, proposées comme un monitoring programmable
de l’EELV sur le respirateur Engström (fonction PEEP INview®) [49].
Evaluation de l’échographie pulmonaire
Nous avons précédemment évoqué la corrélation entre le volume recruté estimé par la CRF
INview® et par l’échographie pulmonaire. Nous avons aussi comparé les résultats du score
de ré-aération pulmonaire à la technique de référence de notre étude, les courbes PV. A
notre connaissance, seule une étude a préalablement validé cette technique à l’aide de la
même comparaison [20]. Celle-ci a retrouvé une bonne corrélation entre le score de ré-
aération pulmonaire échographique et le volume recruté mesuré sur les courbes PV (r=0,88 ;
p<0,0001). Nous ne retrouvons pas de tels résultats sur l’ensemble de notre cohorte
(r=0,18 ; p=0,47). Toutefois, comme pour l’estimation du volume recruté par la technique
CRF INview®, les patients atteints d’un SDRA diffus, semblent présenter une meilleure
corrélation entre le score de ré-aération pulmonaire et le volume recruté mesuré sur les
courbes PV que les patients atteints d’un SDRA focal (r=0,5 ; p=0,25 vs r=0,03 ; p=0,94), sans
que cette différence soit significative du fait du faible échantillon.
37
Dans l’étude de Bouhemad et al. portant sur 40 patients atteints d’ALI/SDRA, 27 avaient une
atteinte focale et 13 une atteinte diffuse [20]. Les auteurs n’ont pas présenté de différence
de résultats en fonction de la morphologie du SDRA. Il semble toutefois qu’il y ait une légère
différence de corrélation entre les SDRA diffus et les SDRA focaux, sans savoir si cette
différence atteint la significativité (Cf. figure 12).
La première raison pouvant expliquer la différence de résultats entre l’étude de Bouhemad
et la nôtre, est la taille encore trop modeste de notre échantillon entraînant un manque de
puissance. Toutefois, une autre explication peut aussi être avancée. Dans le travail de
Bouhemad, seul deux niveaux de PEP ont été étudiés : PEP 0 et PEP 15 cmH2O. Appliquer ces
deux PEP « extrêmes », revient à se placer dans les meilleures conditions pour objectiver une
différence échographique. Or, dans notre étude, le pas d’incrément de la PEP n’est pas de
15 cmH2O comme dans l’étude de Bouhemad, mais de 5 cmH2O. De fait, les modifications de
l’aspect échographique entre deux paliers de PEP sont probablement plus modestes et plus
difficile à quantifier dans notre étude. De plus, la cotation en 4 anomalies (N, B1, B2 et C),
Figure 12 : Corrélation entre le score de ré-aération pulmonaire échographique et le volume recruté par la PEP sur les courbes PV dans l’étude de Bouhemad (à gauche) [20] et extrapolation des corrélations dans les sous groupes diffus et focaux de la cohorte de Bouhemad (à droite). Cercles grisés : patients diffus ; cercles blancs : patients focaux.
38
nécessaire pour pouvoir calculer un score, peut manquer de sensibilité pour des
augmentations de PEP modérées. En effet, pour une même cotation à deux niveaux de PEP,
il peut pourtant exister une amélioration manifeste des images échographiques, toutefois
insuffisante pour gagner un palier, et à l’extrême inverse, une détérioration manifeste,
insuffisante pour perdre un palier. La figure 13 ci-après montre l’exemple de 2 patients ne
modifiant pas la cotation de l’atteinte du quadrant considéré, malgré une modification nette
des images échographiques.
Figure 13 : Exemples de modifications de l’aspect échographique pulmonaire sans modification de la cotation des anomalies constatées.
Ligne du haut, à gauche : profil d’aération B2, avec lignes B totalement confluentes occupant tout le parenchyme du quadrant étudié ; à droite : profil d’aération B2, avec lignes B confluentes en 4 lignes B larges entrecoupées de parenchyme sain.
Ligne du bas, à gauche : profil d’aération C, avec consolidation de la partie périphérique du lobe inférieur et présence d’un épanchement pleural ; à droite : profil d’aération C, avec petite consolidation hyperéchogène (étoile blanche) accompagnée de lignes B confluentes, au sein d’un parenchyme ré-aéré présentant des lignes A (petites flèches blanches), et disparition de l’épanchement pleural.
*
+ 5 cmH20
+ 5 cmH20
39
Dans ce contexte, une cotation comportant davantage de paliers, et un score de ré-aération
pulmonaire comportant un barème avec plus de points seraient peut être davantage
adaptés pour mettre en évidence une ré-aération pulmonaire en réponse à une
augmentation modérée de la PEP comme dans notre étude.
Evaluation de la PaO2
Plusieurs études ont démontré qu’évaluer le recrutement après l’application d’une PEP par
la mesure de la PaO2 est insuffisant. Certes, les alvéoles recrutées par la PEP participent à
l’hématose, pouvant ainsi améliorer la PaO2. Mais, d’autres mécanismes peuvent concourir à
l’augmentation de la PaO2 lors de l’augmentation de la PEP, au premier rang desquels
l’augmentation de la surcharge systolo-diastolique ventriculaire droite, la diminution du
débit cardiaque et ainsi la diminution du débit de shunt [6, 7]. Ainsi, la PaO2 est tout à fait
insuffisante pour distinguer le recrutement alvéolaire de la surdistension, puisque dans les
deux cas elle peut augmenter, par des mécanismes différents de pronostics totalement
opposés. La PaO2 seule ne permet donc pas le réglage optimal de la PEP au lit du patient, ne
permettant pas d’éviter la survenue de lésions induites par la ventilation mécanique
(Ventilator Induced Lung Injury ou « VILI ») [78].
Lambermont et al. dans une étude expérimentale chez le cochon utilisant la technologie CRF
INview® retrouve une corrélation significative entre CRF et PaO2 (r²=0,5 ; p<0,05) [50], mais
nous avons vu que la CRF INview® mesurait un EELV sans faire la part entre recrutement et
surdistension. Ainsi, dans les études utilisant des techniques évaluant davantage le
recrutement que la surdistension, les corrélations entre recrutement induit par la PEP et
évolution de la PaO2 sont plus faibles. Dans l’étude de Bouhemad et al. utilisant
l’échographie pulmonaire, la corrélation du score de ré-aération pulmonaire avec la PaO2 est
significative, mais de coefficient inférieur à la corrélation score de ré-aération/recrutement
mesuré sur les courbes PV (r=0,63 vs r=0,88). Cette corrélation entre PaO2 et score
échographique est encore moins bonne chez les patients atteints de SDRA focal, tandis que
chez les patients diffus présentant un potentiel de recrutabilité plus élevé, la corrélation
reste acceptable [20]. Dans l’étude de Malbouisson et al. utilisant le scanner thoracique [3],
la meilleure corrélation pour la PaO2 est obtenue entre la PaO2 et le volume de tissu
pulmonaire total. Cette corrélation négative (PaO2 = 271 – (0,1 x VTISSU) ; r=-0,8 ; p=0,02)
démontre que lorsque la PEP recrute des zones préalablement condensées, le volume total
+ 10 cmH20
40
de tissu pulmonaire diminue et la PaO2 augmente. Une nouvelle fois, la PEP diminuera
davantage le volume total de tissu pulmonaire chez les patients atteints de SDRA diffus que
chez les patients atteints de SDRA focaux, chez lesquels les blocs postéro-basaux resteront
condensés.
Dans notre étude, nous ne retrouvons pas de corrélation significative entre PaO2 et volume
recruté mesuré sur les courbes PV, ni entre PaO2 et volume recruté estimé par CRF INview®,
pas plus qu’entre PaO2 et score échographique de ré-aération pulmonaire. Comme suggéré
par les études physiologiques et les résultats mentionnés ci-dessus, il semble exister dans
notre étude une meilleure corrélation entre PaO2 et volume recruté mesuré sur les courbes
PV ou estimé par CRF INview® chez les patients atteints de SDRA diffus. Cette tendance
n’existe pour le moment pas avec le score échographique, le faible effectif ne nous
permettant pas de conclure avec certitude pour l’instant.
Dualité d’effets de la PEP et intégration du recrutement alvéolaire dans la prise en charge globale du patient en ALI/SDRA
Peu après la description des lésions de SDRA par Bachofen et Weibel à la fin des années
1970 [79], les études physiologiques se sont intéressées aux effets de la ventilation
mécanique et de l’application d’une pression expiratoire positive. Il a été montré que la PEP
exerce un effet bénéfique en recrutant les alvéoles collabées ou remplies d’exsudat et de
matériel cellulaire. Associée à une limitation du volume courant pour éviter les effets
négatifs des pressions transpulmonaires élevées [73], cette stratégie a montré un effet
bénéfique tant sur les lésions histologiques pulmonaire [80-83], que sur la production
pulmonaire de cytokines pro-inflammatoires [84, 85], et que sur la durée de ventilation
mécanique ou sur la persistance d’hypoxémie réfractaire [86]. Toutefois, les différentes
études cliniques randomisées de grands effectifs n’ont pas montré d’amélioration de la
mortalité chez les patients en ALI/SDRA randomisés dans les groupes hautes PEP [87-89].
Plusieurs explications peuvent être avancées pour expliquer cet échec clinique. Le premier
est le risque de surdistension préalablement développé dans cette discussion, avec son
corollaire en termes de lésions pulmonaires induites par la ventilation mécanique (VILI). La
seconde explication possible est l’existence d’effets secondaires néfastes sur le cœur droit.
Une PEP élevée entraîne une surcharge systolo-diastolique du cœur droit et une
hypertension artérielle pulmonaire [90, 91]. Ainsi, l’application d’une PEP élevée peut
41
conduire à une dilatation ventriculaire droite, à l’apparition d’un septum paradoxal et à la
diminution du débit cardiaque [92-94]. Dès lors, les effets hémodynamiques d’une PEP
élevée, en se surajoutant à ceux induits par l’hypoxémie et les lésions micro-vasculaires du
SDRA, peuvent induire une défaillance ventriculaire droite, une hypoperfusion périphérique
et l’apparition ou la pérennisation d’un état de choc [95].
Nous retrouvons un tel effet de l’augmentation de la PEP dans notre étude avec une
augmentation significative de la surcharge systolique du ventricule droit approximée par
l’indice d’excentricité, et avec une augmentation significative de la surcharge diastolique du
ventricule droit approximée par le rapport des surfaces télédiastoliques VD/VG. Nous avons
également mis en évidence dans notre étude des conséquences systémiques du
retentissement cardiaque droit, avec une diminution de l’index cardiaque et de la pression
artérielle moyenne parallèlement à l’augmentation de la PEP. La lactatémie n’augmentait
pas significativement avec l’augmentation de la PEP, probablement du fait d’un maintien des
niveaux de PEP pendant une durée trop courte pour impacter significativement la perfusion
tissulaire. On peut imaginer que la lactatémie augmenterait après quelques heures chez les
patients chez qui on aurait appliqué ces réglages de PEP élevées pour leur ventilation
conventionnelle.
Dès lors, il convient de considérer le recrutement alvéolaire comme un élément important
de la prise en charge globale du patient en ALI/SDRA, mais pas comme un objectif
thérapeutique isolé de son contexte. Chercher à obtenir un recrutement alvéolaire maximal
n’est pas la stratégie à appliquer si dans le même temps apparait une défaillance cardiaque
droite et une chute du débit cardiaque. Un compromis doit donc être trouvé pour chaque
patient entre recrutement alvéolaire et préservation des fonctions cardiaques droites. En
considérant que l’objectif du recrutement alvéolaire est d’améliorer la surface alvéolaire
fonctionnelle et d’améliorer l’hématose, et que la finalité de l’hémodynamique est d’assurer
une perfusion tissulaire satisfaisante, il est alors possible que la meilleure stratégie à adopter
pour régler la PEP, soit de considérer l’association d’un paramètre d’évaluation du
recrutement alvéolaire « vrai » (permettant de faire la part entre recrutement et
surdistension), à un paramètre de retentissement hémodynamique simple.
La poursuite de l’étude CECILIA pourra peut-être apporter quelques arguments renforçant
cette hypothèse. Il conviendrait alors ensuite d’explorer dans une démarche prospective
42
l’impact pronostique d’une stratégie visant au recrutement alvéolaire maximal évitant la
surdistension pulmonaire et assurant la meilleure tolérance hémodynamique.
43
CONCLUSION
Après l’application d’une PEP chez des patients atteints de SDRA diffus et focaux, le volume
pulmonaire recruté estimé par la technologie CRF INview® ou le score de ré-aération
pulmonaire échographique semble mal corrélé à celui mesuré par la technique de référence
des courbes PV. Cependant lorsque les SDRA diffus sont analysés séparément, la corrélation
entre le recrutement évalué par les nouvelles techniques et celui mesuré par les courbes PV
semble améliorée (r 0,5) alors qu’elle reste mauvaise pour les SDRA focaux. Le potentiel de
recrutabilité des SDRA focaux et diffus et la possible sensibilité différente des techniques de
mesure au phénomène de surdistension peuvent expliquer ces discordances de résultats
entre les techniques, notamment dans les formes focales. L’augmentation de la PEP est par
ailleurs significativement associée dans notre cohorte à une majoration de la surcharge
systolo-diastolique du ventricule droit, et à une chute de l’index cardiaque et de la PAM. Il
est dès lors probable que la stratégie de réglage optimal de la PEP au lit du patient doive
tenir compte de ses conséquences hémodynamiques en plus de l’effet sur le recrutement
alvéolaire quel que soit le type de SDRA.
Ces données préliminaires obtenues sur un effectif encore limité nécessitent d’être
confirmées et validées sur le reste de la population de l’étude CECILIA qui est en cours de
réalisation. Cependant, ces tendances suggèrent que l’étude du volume pulmonaire de fin
d’expiration mesurée par CRF INview® associé à une technique évaluant plus spécifiquement
le recrutement alvéolaire mais moins influencée par la surdistension, comme le score de ré-
aération pulmonaire échographique ou la superposition des courbes PV, pourrait permettre
d’évaluer objectivement et de façon répétable le recrutement alvéolaire au lit du patient.
44
ANNEXE 1
45
46
ANNEXE 2
47
ANNEXE 3
48
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56
RESUME
Introduction : Le niveau de PEP optimal au cours de l’ALI/SDRA reste controversé du fait de ses effets
bénéfiques et adverses. L’évaluation précise du recrutement alvéolaire induit par la majoration de la
PEP est un pré-requis indispensable à son réglage. Aucune technique actuellement validée n’est
aisément réalisable au lit du patient. Le but de cette étude est de comparer le volume pulmonaire
recruté par la PEP mesuré sur les courbes Pressions-Volumes (RECmes) à celui estimé par deux
techniques récentes : l’estimation du volume pulmonaire recruté par la technologie CRF INview®
(RECestim) et le score de ré-aération pulmonaire échographique.
Matériel et méthodes : Nous conduisons une étude prospective observationnelle sur 40 patients de
réanimation atteints d’ALI/SDRA (étude CECILIA). Le critère principal de jugement est l’étude de la
corrélation entre RECmes et recrutement estimé par les nouvelles techniques (CRF INview® et
échographie pulmonaire). Les critères de tolérance respiratoire et hémodynamique de
l’augmentation de la PEP sont également analysés. Les données ont été recueillies à PEP 0, 5, 10 et
15 cmH2O, après randomisation de l’ordre croissant ou décroissant du changement de PEP.
Résultats : L’analyse des 7 patients inclus à ce jour ne retrouve pas de corrélation significative entre
le RECmes et le RECestim sur cette population (r=0,11 ; p=0,67), avec toutefois une tendance à une
corrélation significative chez les patients atteints de SDRA diffus (r=0,71 ; p=0,09). Il n’existe pas de
corrélation significative entre le score de ré-aération pulmonaire et le RECmes (r=0,18 ; p=0,47) ou le
RECestim (r=0,37 ; p=0,10) sur l’ensemble de la population, avec toutefois une tendance à une
corrélation significative chez les patients diffus (respectivement r=0,5 ; p=0,25 et r=0,62 ; p=0,08). Le
recrutement évalué par les 3 techniques n’est pas corrélé à la PaO2. Il existe parallèlement à
l’augmentation de la PEP une augmentation significative de la surcharge systolo-diastolique du cœur
droit, et une diminution significative de l’index cardiaque et de la PAM.
Conclusion : Les résultats préliminaires de l’étude CECILIA suggèrent que le RECestim obtenu par CRF
INview® et le score échographique de ré-aération semblent corrélés au RECmes déterminé par
l’analyse des courbes PV uniquement chez les patients atteints de SDRA diffus et non dans les formes
focales. Le potentiel de recrutabilité des SDRA diffus et focaux et la sensibilité des différentes
techniques au phénomène de surdistension peuvent expliquer ce résultat. Le retentissement
hémodynamique observé lors de la majoration de la PEP doit également être considéré afin de
proposer une stratégie de réglage optimal de la PEP cliniquement pertinente. Ces résultats restent à
être confirmés sur l’ensemble de la population d’étude et permettraient de contribuer à la validation
de moyens de monitorage du recrutement alvéolaire facilement utilisables au lit du patient.