Memoire Complet S.lefèvre
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« Place et rôle du tuteur dans les dispositifs de formation hybride et à distance en FLE : état des lieux de la recherche et expérience
personnelle »
Sébastien LEFEVRE
Sous la direction de Thierry SOUBRIÉ
Université Stendhal Grenoble 3
Mémoire de Master 1
Mention sciences du langage
Spécialité FLE
1
« Place et rôle du tuteur dans les dispositifs de formation hybride et à distance en FLE : état des lieux de la recherche et expérience
personnelle »
Sébastien LEFEVRE
Sous la direction de Thierry SOUBRIÉ
Université Stendhal Grenoble 3
Mémoire de Master 1
Mention sciences du langage
Spécialité FLE
3
Année universitaire 2014-2015
"Le véritable enseignement n'est point de te parler mais de te conduire."
Antoine de Saint-Exupéry
Remerciements :
Je tiens à remercier mes nombreux
tuteurs qui sont autant de guides sans
lesquels ce travail n’aurait pas pris
4
forme. Ainsi que toutes les personnes qui
m’ont accompagnées, tout
particulièrement mes proches, mais aussi
la communauté FLE sur les réseaux
sociaux et le personnel de l’Afba qui m’a
donné tant d’opportunités.
SOMMAIREIntroduction......................................................................................................... .7
Chapitre 1. Le contexte....................................................................................10
I. Enseigner/apprendre hors de classe............................................................10
A. Du professorat au tutorat......................................................................10
B. Les formations hybrides et à distance...................................................12
II. Le tutorat dans l’enseignement/apprentissage formel................................14
A. Tutorat dans le domaine universitaire..................................................14
B. Tutorat en ligne dans les institutions...................................................17
Chapitre 2. Notions Théoriques......................................................................21
I. Didactique des langues et Internet..............................................................21
A. Technologie et méthodologie................................................................21
B. Tâche et cybertâche.............................................................................23
II. Du tutorat au tutorat en ligne.....................................................................24
A. Du tuteur au tuteur en ligne.................................................................24
B. De nouveaux rôles pour le tuteur en ligne............................................27
C. Internet et les TICE pour l’apprentissage en situation hétéroglotte....30
Chapitre 3. Cadre Méthodologique................................................................32
I. Les dispositifs de formation à distance disponibles sur Internet................32
A. Les sites compagnons associés aux méthodes......................................32
B. Les communautés d'apprentissage des langues...................................35
C. Les MOOC pour apprentissage/enseignement du FLE.........................39
D. Autres sites et blogs..............................................................................42
II. Présentation du dispositif personnel...........................................................46
A. Une expérience du tutorat en ligne.....................................................46
B. Le dispositif « Au bon fil ».....................................................................46
Chapitre 4. Analyse et bilan............................................................................51
I. Internet en classe à l’Alliance française de Buenos-Aires............................51
5
A. Objectifs du questionnaire....................................................................51
B. Une institution à Buenos Aires..............................................................52
II. Les acteurs de l’enseignement à distance...................................................54
A. La multiplicité des acteurs....................................................................54
B. Les tuteurs du web 2.0..........................................................................55
III. L’apprenant acteur dans son apprentissage..............................................58
A. Un nouvel espace pour l'apprenant......................................................58
B. Préparer à l’environnement numérique................................................59
Conclusion …………………………………………………………………………………………….61
Bibliographie .......................................................................................................63
INTRODUCTION
L’opportunité qui m’a été donnée d’intégrer l’équipe pédagogique comme
professeur de FLE à l’Alliance Française de Buenos-Aires est l’élément déclencheur
de ma réflexion sur l’enseignement/apprentissage à distance. Enseignant en
situation hétéroglotte (où la langue parlée hors classe diffère de la langue apprise)
j’ai rapidement perçu les possibilités offertes par Internet et décidé de l’intégrer
dans mon enseignement. D’abord en classe avec le tableau numérique interactif ou
en salle avec ordinateurs connectés puis hors classe (à distance). Il était donc
évident que pour mon master FLE, j’inscrive mon mémoire dans le cadre de
l’utilisation des TICE (Technologies de l’Information et de la Communication
Éducative) et que je dirige mon travail plus particulièrement vers le rôle de
l’enseignant/tuteur en formation hybride et à distance.
Grâce au DAEFLE (Diplôme d’Aptitude d’Enseignement du FLE) j’ai ainsi pu
commencer à donner des cours de français à des groupes de différents niveaux
durant cinq années consécutives en Argentine. En situation hétéroglotte le seul
moment où l’apprenant est en contact avec la langue est pendant la classe.
Conscient du potentiel que représente Internet et les instruments connectés pour
rallonger le temps de classe, j’ai tout d’abord accompagné mes élèves sur Internet
pour faire des exercices automatiques ou proposer des activités de compréhension
orales dans le but de guider à l’autonomie, d’accroitre la motivation et augmenter le
temps de pratique de la langue.
Les moyens matériel et technique à disposition dans l’institution permettent une
intégration d’Internet en classe ; la wifi dans l’établissement, la salle informatique et
les classes équipées de tableaux numériques sont autant d’options qui permettent à
l’enseignant de « connecter ses cours à la Toile». Pourtant, lors de cette période mon
6
expérience m’a permis de constater que les activités en ligne au sein de l’institution
ne représentaient qu’une faible activité ; j’ai ainsi dû m’organiser individuellement et
sans possibilité d’échange avec mes collègues, tant la démarche était peu ordinaire.
Peu ordinaire à la fois d’intégrer Internet dans la classe mais aussi d’échanger entre
professeurs des ressources ou des activités sur Internet.
Pour introduire dans la formation de mes élèves du temps de pratique hors classe
sur la Toile, il a fallu d’abord passer beaucoup de temps à faire le tri des sites
Internet utilisables; pour des exercices autocorrectifs, de compréhension orale et
écrite et de production écrite. Par la suite, j’ai saisi l’intérêt que représente la Toile
pour de possibles interactions, pour développer l’interculturalité, pour collaborer
entre apprenants ou pour créer et diffuser des productions. Dès le début de ma
démarche d’enseignement/apprentissage à distance, j’ai vu mes rôles d’enseignant
évoluer pour finalement aboutir à de nouveaux rôles nécessitant des compétences
autres que celles acquises lors de ma formation (DAEFLE). D’où la naissance de ma
problématique : quelle est la place et quels sont les rôles du tuteur dans les
formations hybrides et à distance, et les questionnements qui en découlent :
comment tirer au mieux partie de l’utilisation d’Internet pour créer ou améliorer un
accompagnement en ligne ? Quels types de tutorat sont déjà existants ?
Dans le but d’institutionnaliser ma démarche, plutôt expérimentale, mon analyse
des usages d’Internet pour l’apprentissage du FLE m’a amené à réfléchir à une
méthodologie pour intégrer l’existant à l’utilisable, intégrer le non formel au formel
avant de créer moi-même des activités sous forme de scénarios pédagogiques. J’ai
finalement abouti au développement d’une FOAD (Formation Ouverte et À Distance)
qui fut une expérience enrichissante lors de laquelle j’ai pu à la fois expérimenter
une formation hybride puis une formation 100% à distance par la suite, ayant quitté
l’Argentine, j’ai pu continuer à suivre mes élèves un an après mon départ.
Cette recherche s’inscrit dans le champ d’études qui portent sur l’apprentissage
des langues assistés par ordinateur (ALAO), dans une perspective connectiviste ; ce
mémoire concerne des notions telles que l’accompagnement tutoral, l’autonomie de
l’apprenant, la motivation, l’encadrement. Mais l’analyse de différentes FOAD nous
amène vers une réelle transversalité des disciplines, car il sera aussi question de
l’arrivée d’Internet dans l’enseignement/apprentissage, de la multiplicité des
participants à la formation ouverte et à distance et de la modification des rôles
occupés par les acteurs de l’enseignement du FLE.
7
Afin de répondre à ma problématique, ce mémoire de Master 1 conduira dans une
première partie à aborder ce que nous entendons par FOAD en revenant sur
différents types de formation à distance ayant existé. Y seront étudiés les types de
tutorat et les différentes étapes qui font de l’enseignant en classe un tuteur en ligne
dans les formations institutionnalisées (apprentissage formel), de même que les
expériences innovatrices de dispositifs d’apprentissage hybride et à distance pour
avoir une idée des possibilités déjà existantes dans le domaine universitaire en
France puis en centres de langues dans le monde, notamment à l’Alliance française
de Buenos-Aires.
La deuxième partie aborde les notions théoriques sur lesquelles nous
développerons notre analyse des dispositifs d’apprentissage à distance; l’étude des
rôles du tuteur et de l’utilisation des TICE et d’Internet dans la littérature récente.
Seront explicités les termes de perspective actionnelle, d’approche par les tâches, et
de scénario pédagogique. Tout ceci nous amènera à apprécier les rôles du tuteur
dans différents dispositifs disponibles en ligne pour tout apprenant, et y entrevoir la
place qu’un tuteur peut occuper dans une formation hybride et à distance.
Alors que la première partie de notre recherche sur la place et les rôles occupés
par le tuteur en langue s’oriente vers l’apprentissage formel, la troisième partie
étudie la part de l’apprentissage non-formel (hors établissement, avec démarche
pédagogique ayant vocation à améliorer ses compétences) et informel (pas structuré
en terme d’objectifs ni de ressources). A partir des notions théoriques évoquées en
partie deux seront étudiées ici plusieurs types de formations disponibles sur Internet
pour tout apprenant : les sites (et portails) dédiés à l’apprentissage du FLE, les
communautés d’apprentissage, les MOOC et notre dispositif expérimental hybride et
à distance mis en place lors de notre expérience de professeur en Argentine. Nous
en dégagerons par la suite une sorte d’inventaire des types de tutorat en ligne
exploitables par l’enseignant.
La dernière partie proposera un bilan, qui permettra de revenir sur les possibilités
offertes par chacun des dispositifs étudiés et tentera d’apporter une réponse aux
différents questionnements liés à la problématique en donnant des pistes sur le rôle
du tuteur engagé dans une formation à distance (en hybride ou 100% distantiel). La
réflexion porte au final sur la place qu’il conviendrait que le tuteur occupe comme
centralisateur pour aboutir à la mise en place d’un scénario pédagogique qui
regroupe les activités de manière ordonnées et progressivement assimilables.
8
Le bilan réflexif des résultats de mon analyse sera abordé tout d’abord sous
l’angle de l’enseignement ; il y sera relevé ce qui peut enrichir la fonction de tuteur
mais également sous l’angle de l’apprenant en évaluant comment l’usage de la Toile
peut participer à son apprentissage de la langue dans des conditions optimales. Au
final une réflexion sera menée autour de l’utilisation des TICE et d’Internet en classe
et de la nécessité dans tout enseignement/apprentissage assisté par ordinateur de
développer également chez l’apprenant une culture numérique nécessairement
acquise auparavant par le tuteur.
9
CHAPITRE 1 – LE CONTEXTE
I. Enseigner/apprendre hors de classe
Avec le développement d’Internet dans tous les domaines de la vie quotidienne, et
des Technologie de l’Information et de la Communication Educatives (TICE), il n’est
pas étonnant de voir l’utilisation des outils numériques se banaliser et occuper
rapidement une place prépondérante dans l’éventail des outils disponibles pour
l’enseignement. Pour étudier la place du tuteur avant d’en évaluer les rôles, nous
chercherons à analyser dans un premier temps la situation actuelle et de voir les
évolutions apportés par les nouveaux instruments et modalités qui surgissent. Un
premier état des lieux permet d’avoir une idée des types de formations existantes en
apprentissage formel avant d’en tirer les premières hypothèses sur l’utilisation des
TICE et d’Internet. Finalement, le contexte général nous amène à entrevoir les
apports du numérique du point de vue de l’apprenant puis de l’enseignant.
A. Du professorat au tutorat
1. Les TICE dans les dispositifs de formation à distance
Les formations à distance (FAD) bien antérieures à l’arrivée d’Internet,
apparaissent en Europe dès 1969 à l’Open Université (en Grande Bretagne), et dans
le monde francophone avec la Télé-Université du Québec en 1972. En France, le
Centre National d’Enseignement à Distance (CNED) fait autorité dans la formation à
distance afin de répondre aux besoins toujours plus grandissants d’adultes en
formation, en reconversion ou simplement désireux de parfaire leurs connaissances.
Ces organismes « historiques » de même que quelques autres projets éducatifs
apparus dans le domaine de la formation à distance depuis les années 2000 ont
connu de grandes évolutions grâce à l’intégration des technologies de l’information
et de la communication.
Le passage de l’audiovisuel au numérique a ainsi permis aux apprenants la mise à
disposition de nouveaux types de formation, de même que de nouvelles compétences
pour l’enseignant ont vu le jour. De nos jours on parle davantage de formation
« ouverte » à distance (FOAD) distinguant les sigles FOAD de FAD ; cette
différenciation n’est pas toujours facile à faire mais selon Marot et Darnige (1996)
cités par F.Demazière (2000), la première génération de formation à distance était
d'abord perçue comme « palliative » ; les FAD apparaissant à l’époque grâce aux
développements de la technologie surtout dans le cas où la présence n’est pas
envisageable. Dorénavant, la distance est « souvent considérée comme positive :
10
meilleure adaptation, accès plus facile, plus de flexibilité (…). « On passe d’une
distance subie à une distance choisie ».
Selon A. Jézégou (1998), les éléments déterminants d’une FOAD sont
l’accessibilité, et l’encadrement, « en considérant comme "ouverte", une formation
qui n'impose à l'entrée aucune condition préalable à ceux qui désirent s'y engager.
Accessibilité également en affranchissant l’apprenant « des contraintes de temps et
de lieux. ». Par ailleurs, une FOAD assure à l'apprenant l’encadrement d’une
infrastructure pédagogique sans pour autant toucher au « principe fondamental du
concept de formations ouvertes, à savoir : les possibilités offertes à l'apprenant dans
le choix et la négociation des différents aspects de sa formation».
Cette amplification de l’autonomie chez l’apprenant ne va pas sans une remise en
question du rôle de l’enseignant qui sera largement traité dans cette étude, mais
également une évolution du rôle de l’apprenant ; toujours selon F. Demazière (2000)
« reste-t-il un "élève" écoutant la parole du "maître" ou s'engage-t-il dans des dé-
marches qui lui donnent plus d’autonomie et d’initiative? »
Par ailleurs avec l’apport d’une nouvelle modalité d’apprentissage à distance (le
tutorat) se sont créés deux néologismes à partir du contraste entre situation de
présence en classe et à distance: le présentiel et le distantiel qui à ce jour n’existent
dans aucun dictionnaire de langue française (d’où l’orthographe fluctuante) mais
sont couramment employés dans la littérature universitaire. L’irruption des TICE a
ainsi largement modifié l’enseignement traditionnel (en situation de classe), leur
intégration dans le processus d’enseignement/apprentissage semble inévitable et
nous appellerons dans cette étude à ce qu’elle soit même indispensable pour une
formation ouverte à distance en milieu hétéroglotte (contexte où la langue apprise
diffère de la langue parlée dans ce milieu).
2. Du professeur au tuteur
Dans les grandes institutions françaises en enseignement traditionnel (en
présentiel) du FLE, ce sont les enseignants qui font office de « transmetteur » du
savoir. Avec l’apparition des TICE et de l’Apprentissage des Langues Assistés par
Ordinateur (ALAO) en formation à distance, la médiation pédagogique est assurée
par des personnes qualifiées de tuteurs. On assiste donc à une modification du rôle
du professeur qui une fois engagé dans un processus à distance doit suivre et
accompagner l’apprenant dans son apprentissage hors de la classe. Cet
accompagnement devenu « tutorat » est antérieur à l’arrivée des TICE et nous
chercherons dans un premier temps à un définir le terme.
11
Dans les dictionnaires français courants le mot « tuteur » est d’abord défini dans
le Petit Larousse illustré (édité en 1995) comme la« personne chargée de surveiller
les intérêts d’un mineur non émancipé, ou à une « tige soutenant une jeune plante » .
Pour le Nouveau Petit Robert, (de 2000) c’est l’« enseignant qui suit, conseille et
assiste particulièrement un élève ou un groupe d’élèves ». Par la suite, V.Glikman
(2002) rajoute que le « Jarvis - dictionnaire anglais des termes usités en formation
d’adultes définissait, en 1990, le « tuteur » comme « un enseignant, quelqu’un qui
instruit », ajoutant que « Le tutorat est souvent une fonction d’enseignement
beaucoup plus personnalisée, c’est-à-dire en face à face ou en petits groupes ». Nous
corroborerons plus tard dans ce travail le fait que comme le souligne V. Glikman
« les tuteurs ne sont pas toujours des enseignants au sens statutaire du terme. »
Plus récemment, on constate des évolutions dans la définition du terme selon
l’environnement éducatif ; ainsi en formation initiale, le tutorat est « une forme de
conseil méthodologique » et « peut recouvrir des composantes plus
psychopédagogiques » (dictionnaire encyclopédique de F.Cros, 2005). Le tutorat est
alors assuré par des conseillers d’éducation ou des enseignants. Élèves ou groupes
d’élèves (supervisés par un enseignant), peuvent également y endosser le rôle de
tuteur. Par ailleurs, à l’université on parle de tutorat depuis près de 15 ans, sous
forme de « tutorat d’accompagnement méthodologique et pédagogique » (Sirota,
2003). Il s’agit d’« Aider au travail personnel de l’étudiant, aider au travail
documentaire, donner son appui aux techniques d’auto-évaluation, permettre
d’établir des relations de proximité entre les étudiants et leurs professeurs »
(Bulletin Officiel du 31 octobre 1996).
De même qu’en entreprise, c’est dans le cadre des contrats en alternance, que
l’on évoque le terme : « le tuteur a pour mission d’accueillir, d’aider, d’informer, de
guider les jeunes pendant leur séjour dans l’entreprise, ainsi que de veiller au
respect de leur emploi du temps. Il assure également, dans les conditions prévues
par le contrat, la liaison entre les organismes de formation et les salariés de
l’entreprise qui participent à l’acquisition, par le jeune, de compétences
professionnelles ou l’initient à différentes activités professionnelles » (Accord
interprofessionnel du 3 juillet 1991). Ceci rejoint la définition de Barbier et al. (2009)
du tutorat comme « l’ensemble des activités mises en œuvre par des professionnels
en situation de travail, en vue de contribuer à la production ou à la transformation de
compétences professionnelles ».
12
Dans la plupart des cas, les tuteurs sont aussi enseignants, et il arrive en général
qu’ils assurent la fonction tutorale en plus de leur activité principale (en présentiel).
Exceptionnellement, « ces enseignants reçoivent une formation sommaire » mais
la plupart du temps selon C. Vaufrey (2011), ils développent les compétences
requises pour leur nouvelle fonction sur le tas.
B. Les formations hybrides et à distance
1. Les dispositifs hybrides
En apprentissage en situation hétéroglotte (la langue parlée hors classe n’est pas
le français) le temps de contact avec la langue ne s’effectue qu’en classe; le nombre
d'heures en salle de cours n’étant pas extensible, de plus en plus de cours de langues
introduisent des activités à distance. Ces activités impliquent une nouvelle modalité
(le distantiel) et demandent l’utilisation de nouveaux outils issus des technologies de
l’informatique et des communications pour l’enseignement.
Selon des études faites aux États-Unis où les TICE sont très présents C. Vaufrey
(2011) souligne le fait que « les élèves apprennent mieux lorsqu’ils doivent utiliser
des dispositifs hybrides qu’avec des dispositifs tout en présence ou tout à distance ».
Les fabricants de support de ces dispositifs affirment que « c'est l'autonomie laissée
aux étudiants pour l'accès aux ressources et la gestion de leur parcours qui permet
de meilleurs résultats ; une heure de travail en ligne donne plus de résultat qu’une
heure de cours en classe » rappelle C. Vaufrey.
Enfin deux particularités du distantiel sont les modalités synchrones et
asynchrones. Dans le MOOC Efan (2014), Elke Nissen parle d’un aspect très
apprécié des apprenants « la temporalité asynchrone permet de réécouter un
document sonore plusieurs fois, de l'arrêter si besoin, de chercher un mot dans le
dictionnaire, de commencer une activité et de la terminer plus tard, lorsqu'on a à
nouveau un laps de temps libre. Cela demande évidemment à l'apprenant de savoir
gérer son temps, et à l'enseignant, de soutenir l'apprenant dans sa gestion ».
Toujours selon les auteurs du Mooc la formation hybride repose sur l’articulation
entre les deux modes : présentiel et distantiel. Savoir « hybrider » apparait comme
« la clé de voûte des formations hybrides ». La formation hybride n’est pas
seulement une séance en présentiel suivie d’une séance à distance avec des
activités numériques. L’articulation des deux modes (présentiel/distantiel) se révèle
prépondérant pour le bon déroulement des activités. Savoir « hybrider » devient une
compétence requise par le tuteur. Les auteurs du MOOC considèrent que les deux
modes sont non seulement complémentaire « mais les deux forment des parties
13
inextricables d'un tout cohérent », de même qu’ «il n'existe pas la bonne solution,
mais des solutions adaptées qui tiennent compte à la fois des objectifs, du public et
du contexte de la formation ». (MOOC Efan, 2014).
2. De nouveaux instruments
Selon Bernatchez (2003), aussi bien pour la diffusion que pour l’encadrement « la
formation à distance à toujours dépendu d’un moyen de communication ». La poste
avant tout, puis le téléphone, les téléconférences (audio, vidéo) et enfin la
communication médiatisée par ordinateur (CMO). De nos jours nombreux sont les
instruments utilisables grâces aux nouvelles technologies, pour Bruillard lors du
MOOC efan (2014), les activités à distance ne peuvent pas se passer d’Internet, or,
de nouveaux instruments impliquent de nouvelles activités. Il est nécessaire selon
l’auteur de repenser les activités, car le contexte social et les objectifs sociaux ont
changé. Le rôle de l’enseignant se voit enrichi de nouveaux objectifs ; les
enseignants doivent petit à petit s’approprier et intégrer les TICE dans leurs
scénarios pédagogiques. C. Vaufrey (2011) parle « d’une véritable révolution qui
permet de passer de l’apprentissage des contenus à celui des compétences, cet
apprentissage nécessite la maitrise de contenus et d’outils ».
Parmi les outils disponibles pour une formation hybride nos recherches nous
mènent à observer plusieurs temporalités et plusieurs espaces. On distingue les
interactions où les participants sont dans le même lieu au même moment (en
présentiel) et les interactions dans des lieux différents au même moment
(synchrone) ou à des moments différents (asynchrone). Divers outils sont utilisables
selon chacune de ces configurations :
TABLEAU 1 : Outils utilisables selon modalités de temps et d’espace
Lieu Même moment Moment différent
Même lieu En classe équipée (tni, ordinateurs, projecteurs, outil de présentation)
En laboratoire de langue(ordinateur connectés et reliés) Gestion de
documents(GDrive, Dropbox,
Moodle)e-mailForumBlogWikis
Lieux différents
Visioconférence ou audioconférence (Skype, Voicethread)
Messagerie instantanée (Skype, Whaller, Gmail)
Outils de production écrite (Framapad, Googledocs)
Plateforme (réseaux sociaux, skype, Jabber, Moodle…)
14
Les instruments évoluent avec le développement des technologies -ceci est le cas
depuis la plume et l’encrier- et aujourd’hui avec les TICE, on assiste à l’avènement
d’Internet et des outils du web 2.0 comme moyen d’expression, de communication
aussi bien dans le quotidien de chacun (vie privée et vie publique) que dans
l’enseignement /d’apprentissage. Le web 2.0 est abordé pour de nombreux
chercheurs comme un outil pour l’apprentissage des langues à travers le « web
social ». "Dynamique, participatif et collaboratif" selon O’Reilly (2005), « les
apprenants peuvent facilement créer, diffuser, partager et manipuler différents types
de contenus ensemble, être dans l'action, l'actionnel ».
Nous citerons la définition de Zourou (2012) pour définir précisément le « web
2.0 » pour qui ce terme « doit être compris comme renvoyant (uniquement) à la
plateforme technologique permettant aux applications des réseaux sociaux de se
mettre en œuvre grâce aux possibilités qu’ont les utilisateurs de créer, distribuer,
partager et manipuler différents types de contenus, la plupart accessibles à tous
librement ». En ce qui concerne les actions entreprises par le biais d’Internet,
Mangenot et Perilla (2009) ne considèrent celles-ci pas moins réelles que les actions
dans le mode physique : ils parlent alors de cyberréalité (plutôt que de monde
virtuel).
II. Le tutorat dans l’enseignement/apprentissage formel
A. Tutorat dans le domaine universitaire
La première partie de notre recherche sur la place et les rôles occupés par le
tuteur en langue s’oriente vers l’apprentissage formel. Nous nous référons ici aux
types de formations d’apprentissage du FLE qui se déroulent dans un établissement
d’enseignement ou un organisme de formation. L’enseignement formel (ou
institutionnel) ne sera pas l’unique domaine de recherche abordé dans cette étude
car pour tout apprentissage avec l’utilisation d’Internet il s’agit de prendre en
compte les part s de l’apprentissage non-formel (hors établissement, avec démarche
pédagogique ayant vocation à améliorer ses compétences) et de l’apprentissage
informel (peu structuré en terme d’objectifs ni de ressources) disponibles pour
l’acquisition d’une langue cible (voir Chapitre 3).
1. Formations hybrides en université
Dans le monde francophone, c’est au Canada que l’enseignement du français
langue étrangère à distance a commencé à se développer. Les canadiens sont
innovateurs depuis de nombreuses années dans le domaine de l’enseignement à
distance. Au Canada historiquement les formations à distance se sont développées
15
sur de solides fondamentaux très tôt étudiés dans de nombreux projets éducatifs
généraux (hors apprentissage des langues). La formation en ligne outre-Atlantique
est aussi très développée au Massachusetts Institute of Technology (MIT), mais
aussi à l’Open Université en Angleterre.
Les universités françaises sont également innovantes dans le domaine des
formations en langue hybrides et à distance. Les projets universitaires d’échanges
entre apprenant et enseignant/tuteur en formation sont nombreux et divers dans
leurs modes d’organisation. Pour certaines universités on constate l’ouverture de
son offre et l’accès à des cours de langue à des publics non étudiants et en formation
continue.
2. Recherches et expertises au Lansad de Grenoble
Une structure universitaire dans le domaine de l’enseignement / apprentissage en
ligne est à l’origine depuis 1995 de nombreux projets utilisant les environnements
numériques en formation à distance et formations hybride : le Lansad (LANgues
Etrangères pour Spécialiste d’Autre Discipline). Diverses formations dans 20 langues
différentes ont été proposées aux étudiants de l’université de Grenoble (plus de 2000
inscrits en 2012).
Le LANSAD propose des cours de langues à visée communicative, échelonnés par
niveau (de A1 à C2, suivant le CECRL). A hauteur de 24h ou 48h/semestre. Ces cours
sont destinés à un public de toutes disciplines universitaires, tous niveaux d’études
(étudiants en formation initiale puis ouverture à des publics de formation continue).
Cette approche respecte l'équilibre en trois dimensions : la formation linguistique, la
formation culturelle, la formation aux stratégies de communication et
d'apprentissage et permet de développer toutes les compétences: production et
compréhension orales et écrites, interaction. Le Lansad développe des projets de
télécollaboration inter-universités dans le monde francophone et international pour
l’apprentissage des langues et propose un catalogue de formation d’enseignants.
Récemment la structure a participé à la création du MOOC « Éduquer et former au
numérique (efan) langues » pour la formation des tuteurs.
3. Trois projets de formation hybride en FLE
Notre attention s’est particulièrement portée sur certains de ces projets
universitaires. Nous nous intéresserons par la suite dans le cadre de notre étude aux
recherches faites par Bernatchez « vers une nouvelle typologie des activités
d’encadrement », (2000) et l’analyse de deux dispositifs mis en place au Lansad de
16
Grenoble. Des projets proposant l’apprentissage du FLE et une répartition des rôles
attribués aux tuteurs sont les critères qui ont retenu notre attention.
a) Le français en (première) ligne mis en place en 2002 par C. Develotte et F.
Mangenot. 1
Le projet consiste à faire réaliser, par des étudiants en master FLE (des futurs
enseignants), des tâches multimédias par des apprenants distants qui apprennent le
français dans leurs universités à l’étranger2. L’idée est de susciter des échanges en
ligne entre les deux publics autour de tâches réalisées par les étudiants en master
(tuteurs).
La démarche contient un double objectif : pour les futurs enseignants être en
situation avec de vrais apprenants pour expérimenter des tâches multimédias (en
relation à des cours portant sur la formation aux TICE) et la communication en ligne;
pour les apprenants de FLE : apprendre le français et progresser dans chacune des
compétences (CE CO PE PO, interaction) mais aussi indirectement être en contact
avec la culture française par leurs échanges et communication avec un français natif
(le tuteur). Il faut noter que les deux publics (apprenants FLE et futurs
enseignants/tuteurs) participent au projet dans le cadre de cours universitaires,
qu’ils sont encadrés et évalués et que les enseignants respectifs en suivent le
déroulement et sont en contact permanent.
Les données récoltées sont nombreuses, les types de tâches, leurs formes et leur
traitement divers et variés ont été maintes fois étudiés par des spécialistes. Ce qui a
retenu notre attention dans ce projet est double : tout d’abord l’idée que le tuteur
peut occuper une place distincte de l’enseignant, il participe à la vérification des
acquis (activités d’encadrement selon Bernatchez) et le « seconder » ou du moins
occuper une place distincte de l’enseignant, complémentaire. Egalement l’intérêt
que suscite cette prise de contact pour les apprenants de la langue française hors
France (situation hétéroglotte) qui sont en contact avec un enseignant / tuteurs
vivant et résidant en France. C’est ce rapprochement entre langue et culture cible
que permet Internet qui nous semble pertinent permettant aux tuteurs /
accompagnateurs une nouvelle approche pédagogique : ouvrir une fenêtre sur la
France d’aujourd’hui à travers les yeux de jeunes français. Le projet à pu « rendre
1 http://fle-1-ligne.u-grenoble3.fr/index.html2 Universités qui ont participé aux projets : l'université de Sydney, l'École normale supérieure lettres et sciences humaines (ENS LSH) de Lyon, l'université de Franche-Comté, l'université Monash de Melbourne, l'université Stendhal Grenoble 3, l'université de León en Espagne, Northern Virginia Community College aux États-Unis, l'université Lyon 2, l'université Sophia de Tokyo, University of California, Berkeley aux États-Unis.
17
ainsi la France plus proche pour ce public » pour certains d’entre eux qui
incorporaient dans leur scénario l’actualité (culturelle, informations…).
Aujourd’hui le site « le français en première ligne » ne semble plus approvisionné
mais contient en très grand nombre des ressources d’activités et de tâches
réutilisables pédagogiquement (10 ans de projets).
b) Le projet León – Grenoble créé en 2005 issu d’un partenariat entre l'université
Stendhal Grenoble 3 (F. Mangenot, laboratoire Lidilem, Français en première ligne)
et l'université de León en Espagne (M. Tomé, Campus Virtuel FLE - Projet Flenet).3
Cette fois-ci des étudiants en master de français langue étrangère (université de
Grenoble) proposent des tâches multimédias à réaliser pour des étudiants distants
(université de León), ainsi que des échanges en ligne entre les deux publics autour
de ces tâches.
Les apprenants FLE sont en Espagne et suivent des cours de français en présentiel à
Léon parallèlement à l’apprentissage à distance avec les tuteurs (étudiants FLE) à
Grenoble. Une approche proactive permet l’interaction entre apprenant et tuteur, le
service d’encadrement est assuré par le tuteur tout le temps de la formation :
l’année universitaire. Sur un modèle théorique collaboratif : l’objectif étant de
réaliser des tâches en groupe, chaque activité suit le cheminement d’un scénario
pédagogique.
Les activités sont basées sur l’interactivité avec le contenu : matériel et ressources
didactiques mais également activités basées sur l’interaction. Des échanges ont lieu
régulièrement entre tuteurs et apprenants. Occasionnellement par petits groupes
d’apprenants entre eux. Le dispositif comprend l’utilisation d’une méthode de
français : Taxi, une plateforme Moodle et un site Internet qui répertorie les travaux
des apprenants, des liens sur la Toile pour mener les activités.
La réalisation de tâches assure la perspective actionnelle : poser des questions, se
présenter, écouter une chanson, décrire des personne ou des objets. On s'adresse
davantage à des apprenants plus qu’à des acteurs sociaux ; ces finalités ne sont pas
vraiment insérées dans une réalité sociale. On remarque également une faible portée
de la tâche ; diffusion très restreinte aux étudiants visitant ce site.
c) M-tourisme : Proposé à des étudiants sud-africains de l’université du Kwazulu-
Natal sur deux campus à un niveau A2/B1. Le cours M-tourisme a duré 3 ans, et
3 http://flenet.rediris.es/projetLG/webProjetLG05.htm18
privilégie une approche par tâche: réaliser des audio guides par petits groupes. Ces
audio guides ont pour vocation d’être mis à disposition de supporters francophones
venus visité le pays lors de la coupe du monde de foot.4
Une partie des participants sont en Afrique du sud, sur deux campus distants avec
deux enseignants. Depuis Grenoble les tuteurs distants mettent en ligne des
activités tout du long de l'avancée du projet. On assiste à nouveau dans ce projet à
une multiplicité des acteurs d’enseignement avec un enseignant (en présentiel) et un
tuteur (à distance) qui travaillent de concert sur un scénario pédagogique qui dure
13 semaines. La plateforme Moodle sert de support au scénario.
Les rôles attitrés à chacun des acteurs diffère : « en présentiel, il s’agit de
reformuler les consignes, donner des feedback immédiats et proposer des activités
linguistiques complémentaires, offrir un soutien psychoaffectif aux apprenants, les
encadrer sur les plans méthodologique et cognitif. Les tuteurs à distance de leur
côté ont pour rôle d’animer les échanges sur les forums, et évaluer les productions
intermédiaires et finales. Ils gèrent les aspects langagiers au niveau pragmatique,
engagent de vraies discussions ainsi que des activités d'analyse, d'écriture et
d'enregistrement des audioguides ». (T. Soubrié et E. Nissen). Dans ce projet sont
proposées des activités basées sur l’interactivité avec le contenu : matériel et
ressources didactiques disponibles en ligne, l’apprenant est de plus amené à la
création et diffusion de matériel informatif. De même que des activités basées sur
l’interaction permettant des échanges réguliers entre tuteurs et apprenants.
Les supports créés par les étudiants ont une réelle portée
informationnelle : « informer sur les spécificités d’un lieu dans un cadre réel pour
des visiteurs identifiés. La réalisation de ces « audio guides » ont permis de
travailler un grand nombre de compétences, en plus de l’expression orale, et
surtout ils relèvent d’une pratiques sociale avérée ; on s'adresse à des acteurs
sociaux (perspective actionnelle). La confection d’audio guides représentent une
pratique courante dans le milieu du tourisme électronique. Ils sont encore
disponibles et téléchargeables sur Internet et concernent aussi bien des monuments,
des villes ou encore des chemins de randonnée ».
B. Tutorat en ligne dans les institutions
1. En Europe hors Alliance Française
4 Document d’analyse de M tousime : http://www.atilf.fr/IMG/pdf/101-118_nissen.pdf
19
En Europe c’est en Espagne que l’enseignement / apprentissage du FLE se
développe rapidement en Formation Ouverte à Distance, d’abord dans « le campus
Virtuel » à Léon et à Madrid dès 2001. La formation à distance en français langue
étrangère en est à ses prémices en Europe quand en 2002 un autre dispositif à
distance se développe à Madrid à l’Institut Français. Aujourd’hui ce sont huit niveaux
(de A1 à B2) alternant « cours en groupe et travail sur la plateforme» qui sont
proposés en formation hybride (présentiel/distantiel). L’apprentissage à distance en
autonomie dirigée se fait avec l’aide d’un tuteur en ligne. Un cours entièrement en
distantiel (« 100% à distance») à partir d’une plateforme d’apprentissage est
également tout récemment divulgué et propose sur quatorze semaines une
soixantaine d’heures de cours et l’accompagnement d’un tuteur proposant un
entretien oral hebdomadaire de 45 minutes. Les cours sont composés de six unités
qui représentent de 8 à 10h par unité. Chaque unité est divisée en cinq étapes
comprenant des vidéos à visionner, des fiches de travail portant sur la grammaire ou
le lexique.
Cet organisme novateur dans le domaine de l’enseignement à distance à
également été initiateur d’un projet Internet sur la découverte de la France :
« Voyages en Français ». Faisant suite à « Vivre en Aquitaine ». Ce site recompile
des fiches pédagogiques utilisables par les enseignants qui sont également appelés à
y participer en y déposant chacun des fiches. L’équipe de l’Institut Français de
Madrid a aussi fait partie de l’organisation du premier MOOC « Travailler en
français»5 .
2. Les Alliances françaises
a) Situation générale
La Fondation Alliance Française « coordonne, dynamise et professionnalise le
réseau mondial des alliances françaises 919 alliances françaises dans 136 pays6 et
accueillent plus de 500 000 étudiants sur les 5 continents ». Selon Isabelle Morieux7
« Pour le réseau des Alliances françaises, l’arrivée du numérique dans
l’enseignement représente un moyen de répondre au mieux à la diversité des besoins
des apprenants: le numérique permet en effet d’apporter une réponse aux demandes
d’enseignement à distance ainsi qu’aux demandes d’autoformation ; il est
parallèlement intégré dans l’apprentissage en face à face». Selon la déléguée du
comité de direction, 60% des Alliances françaises sont dotées d’un ou plusieurs TNI
(tableau numérique interactif), près d’une sur deux possède une salle multimédia. En
5 http://cursus.edu/article/21244/travailler-francais-premier-mooc-fle/#.VSP_zuGYXKg6 http://www.lecafedufle.fr/2011/04/alliance-francaise-jean-claude-jacq/7 http://www.lecafedufle.fr/2011/06/les-alliances-francaises-et-le-numerique-isabelle-morieux/
20
2010, une vingtaine d’Alliances françaises dans le monde se sont dotées d’un
dispositif d’enseignement à distance. Il existe même une Alliance française virtuelle
« en 3D pour apprendre en simulation la langue française ». Un monde géré par
l’association francophone Francogrid8
b) L’Alliance Française de Paris Ile de France
En janvier 2014 l’Alliance française de Paris (AFPIF) ouvre un cours en ligne
nommé Cl@asse+ pour le niveau B19puis A2 (dès janvier 2015). C’est un dispositif
hybride qui associe apprentissage en présentiel et en ligne pour un public vivant et
travaillant en Ile-de-France10. Le volume horaire prévu est de deux heures de travail
en autonomie avec la possibilité d’interagir et collaborer avec pairs et
enseignant/tuteur par le biais d’une plateforme en ligne et de quatre heures de cours
en présentiel deux fois par semaine.
Plus précisément, ces deux séances en présentiel se déroulent en classe, d’une
durée de 2h mardi et jeudi soir. Les contenus de cours proposent une scénarisation
qui articule travail en ligne et présentiel ; une première séance en classe est ainsi
suivie d’une séance à distance (en autonomie guidée) d’une durée de trente minutes
le mercredi ou jeudi puis une seconde séance d’une heure trente entre jeudi et le
mardi suivant. L’utilisation du manuel d’apprentissage utilisé à l’Alliance Française
(AFPIF) « Version Originale » est une spécificité de ce dispositif qui prévoit
également d’intégrer l’usage d’Internet dans l’apprentissage et la possibilité
d’enregistrer et de partager des productions orales, de pratiquer l’écrit sur les
espaces du web 2.0, de participer aux travaux collaboratifs entre apprenants et de
profiter de rétroactions personnalisées du tuteur.
Ce dispositif utilise une plateforme dite LMS (Learning Management System),
c'est-à-dire un système logiciel web servant à accompagner l’apprenant dans sa
gestion de parcours pédagogiques particulièrement ergonomiques. Le cours est
présenté comme novateur dans ses manières d’apprendre et d’enseigner, il permet
un apprentissage ludique et social qui selon les premiers retours semble être très
apprécié par les étudiants. Parmi les avantages exprimés par les apprenants11 on
peut citer : « La continuité de l'apprentissage sans pour autant venir en classe tous
les jours, les interactions entre pairs et le lien social enrichis par les échanges en
8 http://alliancefrancaisebis.tumblr.com/9 http://www.alliancefr.org/sites/default/files/Flyer_Classeplus_2015_B1.pdf10 http://www.emdl.fr/fle/articles/detail/la-clsse-un-dispositif-de-cours-hybride-fle-cree-et-mis-en-place-a-lalliance-francaise-paris-ile-de-france/11 http://www.emdl.fr/fle/articles/detail/la-clsse-un-dispositif-de-cours-hybride-fle-cree-et-mis-en-place-a-lalliance-francaise-paris-ile-de-france/
21
ligne, les exercices autocorrectifs pour travailler grammaire, lexique ou
compréhension, le suivi individualisé de l'enseignant grâce aux outils en ligne,
l'augmentation du travail de l'écrit et une certaine tendance vers le ludique de ces
activités, la possibilité d'avancer plus vite, la facilité d'utilisation des outils en ligne,
même pour les utilisateurs plus "novices" en informatique ».
3. Apprentissage en situation hétéroglotte à l’Alliance Française de Buenos
Aires.
a) Si loin et si proche
De nombreux ponts existent entre la France et l’Argentine ; en effet, « la France
dispose historiquement en Argentine d’une image positive de référence dans les
domaines culturels et des idées »12 Le réseau culturel et éducatif en Argentine, met
en avant depuis de nombreuses années la promotion du plurilinguisme et de la
diversité culturelle ; le large public francophile et francophone attend beaucoup des
nombreuses manifestations culturelles organisées par la coopération des institutions
françaises et argentines ; des programmes communs de manifestations et
d'échanges culturels entre les deux capitales ont eu lieu à plusieurs reprises (en
2011 : « Tandem, Paris-Buenos Aires »)
Cet enthousiasme spontané pour la France n’est donc pas récent ceci expliquant
certainement l’important réseau de centres d’Alliance Française développés à
travers le pays, mais également l’offre étendue de centres de langues proposant
l’apprentissage du Français langue étrangère dans la capitale Buenos-Aires. Il faut
noter que cet intérêt semble en plus étendu au continent puisque les Alliances
françaises en Amérique latine rassemblent un tiers des apprenants de ce réseau
mondial.13
b) Moyens mis en œuvre à l’Alliance Française de Buenos-Aires
Après plus de 100 ans d’activité, L’Alliance Française de Buenos Aires (AFBA)
reste à la pointe de la modernité aussi bien en matière d’équipement des salles de
classe que de l’offre pédagogique. L’Alliance Française en Argentine c’est
aujourd’hui 53 centres ouverts dans tout le pays comptant plus de 14 000 étudiants,
le siège principal de Buenos-Aires (en plus des 3 autres centres dans la ville) qui a
ouvert en 1893 possède un laboratoire de langue et de salles équipées de Tableaux
Numérique Interactifs (TNI).
Au niveau de l’apprentissage à distance, ce centre n’est pas en reste puisque dès
2007, les équipes pédagogiques de l’époque se sont lancées dans un programme de
12 http://www.senat.fr/rap/r10-761/r10-761_mono.html13 http://www.lecafedufle.fr/2012/11/alliances-francaises-amerique-latine/
22
formation à distance. Un dispositif de formation en ligne a ainsi vu le jour de 2007 à
2011 pour un niveau A1, un module débutant « online ».
Pour l’apprentissage d’une langue en milieu hétéroglotte (lorsque la langue
apprise et enseignée en classe est différente du milieu environnant), il semble
évident que l’apparition des TICE offre un grand avantage.
Ce cours 100% en ligne, à été conçu à la demande de la direction générale qui
voulait proposer un cours pour professionnels de l’hôtellerie et du tourisme. Ce choix
s’explique par la nécessité de ce public d’apprendre le français mais aussi par leur
difficulté de pouvoir trouver des créneaux horaires disponibles pour cet
apprentissage.
L’organisation du cours se divise en cinq modules de trois mois d’un volume
horaire de 70 heures d’apprentissage, ce qui permettait d’atteindre en fin de
parcours (350 heures de français) le niveau du « Diplôme de français professionnel
tourisme et hôtellerie B1 ».
Rétroaction avec le tuteur mais aussi échange entre apprenants sont rendus
possible par le biais de la plateforme Amauta. La plateforme propose un menu
contenant des activités (exercices autocorrectifs et devoirs), un forum (pour publier
les travaux pratiques), un calendrier (dates limites de présentation des travaux
pratiques), un espace d’expression orale bilingue (par clavardage). L’espagnol y est
autorisé mais aussi le français pour mener des « jeux de rôles » entre tuteur et
élèves, trouver des liens (vers des sites qui l’aideront à compléter son
apprentissage), une liste de mail (pour communiquer avec tuteur et pairs).
Dans ce module sont traités aussi bien les aspects pragmatiques, cognitifs et
langagiers, différents outils favorisent la communication orale (compréhension et
expression) car les apprenants dans cette branche professionnelle sont
principalement amenés à s’exprimer oralement, c’est pourquoi une place
prépondérante est laissée à l’interaction. Considérées comme une aide potentielle
pour l’apprenant, des activités conjointes entre pairs, mais également la réalisation
de tâches et l’organisation de groupes tutorés permettent l’interaction sociale dans
les situations d’apprentissage. Par ailleurs, l’expression et la compréhension écrites
traitent principalement des tâches professionnelles spécifiques (répondre à une
plainte, proposer une offre préférentielle, confirmer une réservation, etc…). En 2012
cette formation a été interrompue pour des raisons d’organisation. Les nouvelles
équipes pédagogiques qui croient en la pertinence de la formation à distance t au
sein de l’organisme prévoit dans un futur proche de renouveler l’offre pédagogique.
23
CHAPITRE 2 – NOTIONS THEORIQUES
I. Didactique des langues et Internet
A. Technologie et méthodologie
1. De l’audio oral à l’approche communicative:
Une étude récente de Dejean-Thircuir et Nissen (2013), fait un lien entre
l’évolution des technologies et les évolutions didactiques ; selon les recherches
menées, il est tentant « de considérer que les évolutions technologiques sont
relativement en phase avec l’état de la didactique des langues » : l’enseignement
assisté par ordinateur dès les années 1970 mais surtout durant les années 1980.
Selon V. Glikman (2002), l’ALAO proposait surtout à l’époque des tutoriels et
exerciseurs14, qui correspondaient à la vision béhavioriste de l’apprentissage propre
aux méthodes audio orales. L’ordinateur-machine propose alors à l’apprenant des
exercices structuraux et l’imitation de modèle sonore répété de manière intensive
ainsi que mémorisation des aspects grammaticaux. Automatisation également très
présente dans la méthodologie audio-visuelle qui donne également une place
prépondérante aux méthodes imitatives et répétitives.
Plus tard un changement de perspective s’opère en méthodologie de
l’enseignement / apprentissage des langues, quand la centration ne se fait plus sur la
grammaire, l’activité de l’apprenant et ses besoins mais sur la communication
comme moyen d’apprentissage et comme but ; c’est l’apparition de l’approche
communicative : selon Bange (1992 : 54) cité par Dejean-Thircuir et Nissen (2013)
« c’est en communiquant qu’on apprend à utiliser peu à peu la langue ». Les actes de
parole et les situations de communication en apprentissage devaient alors
14 Tutoriel : séquence pédagogique complète et linéaire Exerciseurs : logiciel d’entrainement qui contient des exercices répétitifs
24
s’approcher de la réalité et la communication pratiquée en classe être la plus
authentique possible. Des cd-roms interactifs à l’époque tentent de privilégier les
mises en situation qui se veulent les plus proches possible de la vie réelle.
Laperrousaz et Teutsch (2003) évoquent dans un article, le dispositif « Croisières »
qualifié de « logiciel interactif » sous la direction du CNED (Beacco et al. 2000) qui
propose déjà en plus d’activités de compréhension et de production, une assistance
asynchrone (tutorat en ligne). Ces différents parcours permettent une approche
communicative et la découverte des différentes cultures francophones.
2. La perspective actionnelle
Dès les années 1980, alors que partout en Europe pour
l’enseignement/apprentissage des langues domine l’approche communicative, dans
les pays anglo-saxons apparait une déclinaison : l’approche par les tâches. L’accent
est alors davantage « mis sur le sens (faire réaliser des activités réellement
significatives) plutôt que sur la forme (grammaire, lexique, etc.) ». En évoluant,
l’accent a été mis sur le fait que la tâche devait avoir un résultat bien défini qui doit
permettre d’en évaluer sa réussite (Mangenot & Soubrié 2010). La perspective
actionnelle (PA) appelée « approche par les tâches : Task-based language learning
and teaching » est alors considérée comme une déclinaison de l’approche
communicative (AC). « Alors que l’AC mettait les apprenants dans une situation de
communication définie à l’avance en vue de développer leurs compétences
communicatives, la PA attend des apprenants qu’ils réalisent des actions »(…)
« Finalement on cherche à ce que les apprenants soient capables de réaliser ce que
l’on veut qu’ils fassent plus tard dans la société » (Puren 2006).
Préconisée par le Conseil de l’Europe (2001) on ne parle pas de perspective
actionnelle sans l’accomplissement de tâches par l’apprenant, tâches qui doivent
être liées à des pratiques sociales avérées. Trois actions forment les bases de la
perspective actionnelle: « faire faire, communiquer, travailler plusieurs compétences
en même temps ». Dejean-Thircuir & Nissen (2013) dans leur étude des évolutions
technologiques à la vue des évolutions didactiques, remarquent que la PA
commence à se généraliser au milieu des années 2000 ce qui correspond à
l’avènement du web 2.0 (vers 2004). Selon leurs recherches il est entre autre
reconnu que « PA et réseaux sociaux basés sur la technologie du web 2.0 sont en
parfaite harmonie » (Dejean-Thircuir et Nissen, 2013), la perspective actionnelle
permettant alors l’apprentissage de la langue en contexte.
3. La tâche
25
Une caractéristique des méthodes issues de la perspective actionnelle est
d’aborder la réalisation d’une tâche comme n’étant pas seulement langagière mais
également de permettre la réalisation d’une tâche qui peut sortir des murs de la
classe. A l’instar de F. Mangenot (2011) nous différencieront les tâches dites
« ouvertes »: celles qui visent une production langagière non prévisible à l’avance et
donc non évaluable par l’ordinateur des tâches fermées (auto correctives) que nous
ne considérerons plus que comme des exercices (et non des tâches).
La tâche est composée de deux paramètres essentiels selon Mangenot &
Louveau, (2006) ; « le(s) document(s) support(s) et la production verbale (soit le
résultat attendu) ». Pour les documents supports ils « considèrent que le lien entre le
document support et la production attendue constitue l’un des éléments cruciaux de
la tâche : dans l’idéal, la ressource doit contribuer à la mise en situation, fournir du
matériau langagier sur la thématique abordée par la tâche ». Quant au résultat
attendu (la production), d’après le Conseil de l’Europe, il doit être clairement
identifiable.
Ellis (2003) s’attache à la notion centrale d’authenticité de la situation dans
laquelle se trouve l’apprenant pour la réalisation de la tâche. Le chercheur aborde
l’importance de différentes notions :
l’authenticité situationnelle (tâche crédible)
l’authenticité interactionnelle (échanges ayant du sens)
le besoin d’échange d’information (ou information gap )
la divergence d’opinion (opinion gap ).
Tous les éléments fondamentaux de la communication authentique sont présents
dans la tâche; les apprenants doivent maîtriser les éléments (linguistiques,
communicationnels et de production qu’on leur demande pour réaliser la tâche.
Cette tâche doit être planifiée pour créer un produit final et être délimitée dans le
temps. Elle est souvent précédée de micro-tâches pour faciliter la production. Enfin
elle doit être évaluable.
Réaliser des tâches aide donc à donner du sens à l’apprentissage, Dejean &
Nissen (2013) rappellent que « Freinet avait déjà constaté que la réalisation de la
tâche fait d’autant plus sens que son produit s’adresse à un public élargi, et non
seulement dans l’objectif d’être vu par l’enseignant ». Voilà pourquoi la tâche
proposée aux élèves doit avant tout être significative à leurs yeux : mais surtout
26
grâce à l’utilisation du web 2.0, il devient possible de produire et de publier des
contenus accessibles à tous bien au-delà des murs de la classe.
B. Tâche et cybertâche
1. Internet et la perspective actionnelle
Il est largement admis « qu’Internet se prête bien à la perspective actionnelle, car
dans le quotidien la toile permet la réalisation de nombreuses tâches » (Mangenot
1998). F. Mangenot et al. (2006) parlent de « deux types principaux d’usages
d’Internet que sont la recherche d’informations d’une part et les outils de
communication d’autre part ». Il existe d’ailleurs sur la Toile un grand nombre de
sites qui permettent aux internautes de rechercher de l’information, d’en diffuser et
d’interagir en acteurs sociaux et en usagers de la langue. Ce nouvel instrument
montre bien évidemment de nombreux avantages pour les apprenants en situation
hétéroglotte qui y trouvent un moyen d’être davantage en contact avec la langue et
la culture cible.
Certains auteurs comme Mangenot et Soubrié (2010) parlent même de
cybertâches ; terme réservé à la dénomination de « tâches qui, soit font appel à des
documents supports disponibles uniquement en ligne, soit font appel de manière
obligatoire à une communication en ligne ». L’utilisation des outils d’Internet
demande une organisation de travail de groupes à distance (tuteur/apprenant et
entre apprenants); les outils de communication employés vont d’une part dépendre
de la modalité (synchrone ou asynchrone) mais également de la forme (orale ou
écrite) ; les outils de clavardage, systèmes de visioconférence, forums, plateformes
d’apprentissage, sont autant d’exemples qui attestent des nombreuses options
proposées par l’Internet. L’apprenant est amené à réaliser une tâche valorisée par sa
diffusion et sa portée, donnant ainsi davantage de sens à l’apprentissage « faire
entrer la vie dans la classe » selon Freinet.
2. Les ressources
Il est souvent fait référence dans la perspective actionnelle à la nécessité d’utiliser
des documents authentiques pour permettre à l’apprenant d’effectuer des tâches qui
donnent du sens à l’apprentissage et en lien avec la vie hors classes. Or les enquêtes
montrent que les enseignants utilisent surtout les TICE pour préparer les cours et
peu avec les élèves.
Les ressources ont longtemps été produites et diffusées par le secteur privé
(éditeurs de méthode de langue) grâce aux nombreux outils et logiciels qui facilitent
27
la production de contenus (sonores, écrit, multimédias) de plus en plus d’enseignants
contribuent à leur conception. Cette diversité de nouvelles ressources et leurs
échanges sur Internet enrichit le travail de l’enseignant, toutefois selon Bruillard
(2013), « les ressources disponibles sur Internet ne permettent pas nécessairement
un gain de temps ; les enseignants deviennent plus exigeants sur le choix des
document-supports. Ils passent beaucoup de temps à chercher, ce qui augmente le
temps de préparation ». Internet et ses applications suscitent ainsi beaucoup
d’intérêt pour faciliter la création, la diffusion et l’échange des ressources. Des
études envisagent « un répertoire national des ressources », mais selon l’auteur
(Bruillard 2013) cela « ne va pas sans la mise en place d’une animation suffisante
autour de celles-ci ».
3. Le scénario pédagogique
Mangenot (2011) cite également une autre dimension de la tâche: le scénario de
communication qui s’articule selon l’auteur autour de cinq paramètres.
la disponibilité du tuteur durant la réalisation de la tâche
la temporalité de la formation
les propriétés des outils
le paramètre social et communicationnel
le mode de travail collectif
Scénario de communication et tâche sont associés selon l’auteur (Mangenot
2008) considérés comme un scénario pédagogique. Le tuteur doit scénariser un
ensemble d’activités pédagogiques qui répondent aux besoins de l’apprenant ; il
effectue une recherche de ressources et les « pédagogise». Les ressources brutes
(absence de consignes) deviennent pédagogisées lorsqu’elles sont conçues à des fins
d’apprentissage. On reconnait la ressource devenue matériel pédagogique à sa
consigne (ensemble de stratégies qui mène à une production langagière avec ce
contenu pédagogique) d’après F. Demaizière (2000).
Bruillard (2013) rappelle qu’une activité centrale des enseignants est de
« concevoir, chercher et sélectionner, transformer, améliorer les ressources
présentées à leurs élèves comme support à leurs activités » L’agencement de ces
ressources pédagogiques participe au scénario pédagogique. Avec Internet et
l’approche actionnelle, l’enseignant / tuteur se voit attribuer un nouveau rôle : il
construit une session de formation en sélectionnant les ressources et propose un
scénario pédagogique qui mène à une production.
28
II. Du tutorat au tutorat en ligne
La fonction de tuteur à distance est en émergence, selon V. Glikman (2011), le
perfectionnement des instruments et les avancées des recherches poussent à cette
dynamique ; pourtant « on peut constater qu’il n’existe actuellement en France,
aucun recensement, ni aucune statistique permettant d’avoir une vue globale de
l’ensemble des tuteurs à distance ».
A. Du tuteur au tuteur en ligne
1. Tuteur et rôles du tuteur formation à distance
Les activités et la marge d’initiative des tuteurs varient selon le type de dispositif,
mais pour V.Glikman (2011) leur rôle « consiste à suivre les étudiants dans leurs
apprentissages, leur permettre de s’approprier les connaissances, les guider dans
l’usage des matériels et des logiciels et dans l’organisation de leur travail ». Les
tuteurs participent également à l’évaluation des acquis.
Bernatchez (2003) propose à partir des travaux de Carrier et Shofield (1991) ,
Lebel (1995), Keating (2000) et Forgues (2000), « de définir le rôle du tuteur en
retenant quatre catégories de rôles utilisées pour médiatiser ses interactions avec
les apprenants ».
TABLEAU 2 : 4 catégories de rôles du tuteur selon Bernatchez
rôle de soutien pédagogico-intellectuel
Lié à l’expertise du contenu cette catégorie comprend le plan cognitif (aspect méthodologique et conceptuels) et métacognitif (organisation des processus cognitifs) mais aussi administratif (procédure institutionnelle).
rôle de soutien socio-affectif
Assure la création d’un environnement social valorisant l’apprentissage, sur le plan psychologique, émotif, social et motivationnel
role de soutien technique et logistique
Conduit à la maitrise technique et des procédures, afin de rendre la technologie accessible pour que les apprenants puissent se concentrer pleinement sur la tâche à réaliser.
rôle de gestion des communications
Pour assurer la gestion des interactions et la bonne marche des discussions.
Ces rôles sont définis à l’origine d’après l’étude de diverses formations à distance
traditionnelle (hors ligne) mais peuvent également s’avérer pertinents pour du
tutorat en ligne.
2. Fonctions et rôles du tuteur en ligne
L'apparition des outils numériques suscite des modifications dans l’apprentissage,
de même que le rôle de l'enseignant s’en trouve modifié. Pour l’étude des dispositifs
à distance il sera fait référence dans ce travail aux « fonctions tutoriales » de
l’enseignant qui en mode distantiel sera considéré comme un « tuteur » en ligne.
29
Selon Glikman (2011), c’est à partir de l'année 2005 que dans les publications sur
les métiers qu’apparaît l'intitulé « tuteur virtuel » (Dictionnaire encyclopédique de
l'éducation et de la formation : 3ème édition). De nos jours dans la littérature
universitaire le terme varie de l'enseignant à distance au tuteur en passant par le
médiateur ou animateur. La chercheuse (Glikman, 2002, p. 225) soutient par
ailleurs qu’ « en formation d’adulte, le tuteur est chargé d’intervenir pour faciliter la
démarche d’apprentissage et assurer un suivi pédagogique. Il a un rôle
d’accompagnateur, de guide, de personne-ressource. Il doit à la fois faciliter le
transfert des connaissances et aider l’apprenant dans son processus personnel
d’apprentissage et d’assimilation de ces connaissances »
Pour V. Glikman (2011) la fonction tutorale à distance ne prévoit pas la conception
du dispositif de formation, la fonction tutorale s’exerce après la conception du
cours, pendant le processus d’apprentissage. « Le tuteur a en charge un groupe
d’apprenants (d’une dizaine à plusieurs dizaines) selon l’institution, la nature de la
formation et le temps qui est consacré à ce travail ». Selon la même auteure
(Glikman 1999) la réussite de la formation FOAD dépend de nombreux facteurs :
« motivation, capacité à transposer des expériences d’apprentissage antérieures,
maîtrise de l’outil informatique, attitude réflexive par rapport à l’ensemble du
dispositif ».
M. Linard (2001) cité par Philippe Teutsch et al. (2004) aborde l’apprentissage
comme une activité à part entière et rappelle que : « La cascade de conditions à
remplir (dans la quête de l’apprentissage) requiert tant de dispositions favorables à
la fois que l’on comprend pourquoi les apprenants ont si souvent besoin d’un soutien
extérieur pour réussir. Il est dans ces conditions, critique d'accorder une grande
attention à la mise en œuvre de moyens permettant d'entretenir la motivation de
l'apprenant et d’apporter le soutien nécessaire à son activité d’apprentissage ».
C’est pourquoi nous considérons le tuteur comme un acteur indispensable au bon
déroulement de la FOAD. Par ailleurs, Garrot-Lavoué, E., George, S. & Prévôt, P.
(2009) attestent de la diversité des rôles attendus par le tuteur en ligne, dans leur
étude des différents « rôles du tuteur », ils relèvent que le tutorat est distinct d’un
type de formation à l’autre. Les auteurs s’attachent à définir « l’acteur
d’apprentissage que l’on nomme tuteur » en étudiant ces rôles en fonction de trois
facteurs :
la médiatisation des communications : la formation est médiatisée ou pas.
la nature de la tâche : elle peut être collaborative ou individuelle.
la temporalité : en formation ponctuelle ou durable.
30
Dans cette étude les chercheurs relèvent seize rôles du tuteur à partir de ces trois
facteurs ; les données recueillies sont issues de données récoltées suite à l’étude de
diverses formations15 de tutorat à distance.
TABLEAUX 3, 4 & 5 : les rôles des tuteurs en fonction des trois facteurs
Rôles liés à la médiation des communicationsLa formation est médiatisée1 Organisateur
de session Tuteur en ligne qui assure l’organisation de la formation : objectifs, contenu, discussions, agenda, emploi du temps
2 Catalyseur social
Le tuteur participe à la création d’un environnement propice à l’apprentissage : retour sur intervention, aide pour l’interaction entre étudiants
3 Catalyseur intellectuel
Il pousse à la production de commentaires, de discussions, redirige les apprenants
4 Accompagnateur technique
Le tuteur aide les étudiants à être familier avec les TICE et les logiciels. Il en assure le bon usage.
Rôles dépendants de la nature de la tâchePour les situations d’apprentissage individuelles et collaboratives5 Pédagogue Pour assurer les interventions pédagogiques :le tuteur
fournit les ressources, rend les contenus assimilables, sollicite communication et partage entre apprenants
6 Expert du contenu
Le tuteur adapte le contenu aux apprenants, il détaille le cours
7 Architecte pédagogue
Il construit une session de formation en sélectionnant les ressources : il propose un scénario pédagogique répondant aux besoins.
8 Qualimétreur :
Le tuteur assure un contrôle de qualité général pour améliorer le processus de rétroaction (démarche qualité)
9 Evaluateur formatif et/ou sommatif
Il évalue, certifie (sommatif) mais aussi rappelle les critères d’évaluation, incite à l’autoévaluation et propose des retours –feedbacks - sur les activités (formatif).
Pour l’intégration de l’apprenant au sein du groupe. Assurer le bon fonctionnement de la communauté d’apprentissage : faire le lien entre l’individu et le groupe.10 Coordinateur
du groupe de travail
Accompagne le groupe pour un projet commun (recherche de ressources, organiser et réguler échanges)
11 Coach relationnel
Le tuteur soutient pour assurer à l’apprenant son intégration au groupe (il stimule, motive
12 Meta-catalyseur
Il permet à l’apprenant d’articuler un projet personnel à celui du groupe et d’assurer une collaboration à distance
Rôles qui dépendent de la temporalité de la formationen FOAD (dispositif hybride) 13 Personnalisat
eurLe tuteur est à l’écoute des apprenants, évalue les besoins en particulier
14 Autonomisateur
Il facilite la maitrise des compétences métacognitives
La formation est en suivi pédagogique synchrone :le tuteur intervient auprès des apprenants et suit le déroulement de leurs activités 15 Superviseur Le tuteur s’occupe du déroulement des activités pendant 15
31
les sessions synchrones16 Intervenant Il répond aux demandes, aide en cas de difficulté
Il est intéressant de constater que pour les auteurs il y a contradiction avec V.
Glikman (2011) qui considère que la fonction tutorale à distance ne prévoit pas la
conception du dispositif de formation, et que la fonction tutorale ne s’exerce
qu’après la conception du cours. Pour Garrot-Lavoué, E. , George, S. & Prévôt, P.
(2009) le tuteur fournit les ressources (pédagogue), adapte le contenu à l’apprenant
(expert du contenu), ou construit une session de formation (architecte pédagogue).
Les tuteurs sont toutefois considérés par V. Glikman (2013) comme les « pivots
des dispositifs de formation à distance, dont ils incarnent la dimension humaine et
relationnelle ». Les tuteurs à distance ou télé-tuteurs pour Jacquinot (2008) ou
encore e-tuteurs selon Edutechwiki16« ont pour mission de gérer les interactions
entre les apprenants et les savoirs, l’institution, les enseignants concepteurs des
cours et de provoquer des échanges entre apprenants. Ils sont des médiateurs, des
intermédiaires, des passeurs, qui doivent être proches des apprenants tout en
conservant la dissymétrie nécessaire à la relation pédagogique ».
Selon l’auteur, le terme « accompagnateur » est de plus en plus employé pour
marquer une proximité. Pour Paul (2009) « accompagner comporte une dimension
relationnelle (se joindre à quelqu’un) renvoyant à tout ce qui se réfère à la présence
attentive à autrui, à la sollicitude et au respect de sa personne, à son écoute et au
dialogue, et une visée de parité, tandis que le tutorat est toujours porté par un
modèle traditionnel basé sur la transmission des savoirs » Paul (2009) .
B. De nouveaux rôles pour le tuteur en ligne
Lors d’une formation hybride l’enseignant devient enseignant/tuteur, les
instruments et ressources à disposition permettent de développer de nouveaux rôles
qui vont permettre de : développer l’interculturalité, guider l’autonomie en
entrainant une évolution du statut de tuteur.
1615 L’étude des rôles du tuteur s’est basée sur des Travaux de recherche des FOAD : Campus Learn-Nett http://tecfa.unige.ch/guides/methodo/edu-tech/thesis-examples/design-ict-environments-qualitative/joye-learnnett.pdfDESS UTICEF: http://cursus.edu/article/9036/dess-uticef-technologies-pour-enseignement-formation/#.VTVgnpOYXKgOpen University http://www.openuniversity.edu/ Projet e-tutor: http://isdm.univ-tln.fr/PDF/isdm18/30-georges-prevot-amgar-pierson.pdfCroisières: http://mfi.univ-lille1.fr/reunions/20050429/teutsch.pdfPegasus: http://oten.fr/?La-formation-a-distance-au-DAUE-enFormid : https://edutice.archives-ouvertes.fr/edutice-00000725/document? http://edutechwiki.unige.ch/fr/E-tutorat
32
1. Développer l’interculturalité
Depuis l’approche communicative, les méthodologies intègrent à l’apprentissage
des langues l’intérêt socioculturel dans les activités de compréhension et de
production. Il est alors avéré que l'apprentissage d'une langue étrangère peut
difficilement séparer les trois composantes essentielles que sont la langue, la
communication et la culture. Dejean-Thircuir et Nissen (2013), parlent de
communication médiatisée par ordinateur (CMO) pour leur recherche sur les
échanges en ligne à distance. Selon cette étude, les échanges en ligne favorisent la
rencontre avec l’autre et ouvrent de nombreuses perspectives concernant la
rencontre interculturelle.
Développer l’interculturel dans un dispositif répond ainsi à une préconisation du
CECR qui rappelle que « l’apprentissage d’une langue favorise le respect de
l’altérité ». Par ailleurs, le CECR fait référence aux compétences socioculturelles
comme à « un ensemble de savoirs, savoir-être, savoir-faire et savoir-apprendre liés à
la transformation des attitudes et des représentations initiales de l'étranger ».
2. Guider l’autonomie
Dans une formation hybride en langue, l’apprenant travaille en partie à distance,
ceci lui donne une certaine autonomie ; il est question ici de proposer à l’apprenant
de soutenir son autonomie. Nissen (2007) cite Barbot (2001) pour qui l’'autonomie
dans l'apprentissage peut être définie comme : « une valorisation de la capacité de
chaque sujet de s'autoréguler, d'autocentrer avec des normes les conditions de son
apprentissage, de la calibrer selon le mode d'être qui lui est propre et ses nécessités
(…) il ne s'agit donc pas d'anarchie, de rejet des normes, mais de se connaître, de
décider en connaissance de cause et de se prendre en charge». Le tuteur collabore
aux apprentissages, il n’est plus le seul garant de l’enseignement. Plutôt que
d’enseigner des connaissances, il s’agit d’accompagner l’apprentissage.
Par la suite B. Albero (2003) reconnaît dans les FOAD différents types
d'autonomie qui peuvent être sollicités et distingue pour un dispositif de formation
en langues, « huit domaines d'application de l'autonomie dans les activités de
l'apprenant :
technique (maîtriser les technologies ; s'adapter, savoir où trouver de l'aide) ;
informationnel (maîtriser les outils de la recherche documentaire ; savoir cher-
cher, stocker et restituer l'information) ;
méthodologique (savoir organiser son travail et s'autoévaluer) ;
psycho-affectif (réguler ses émotions, savoir prendre une initiative, assumer sa
part de responsabilité dans la formation, tolérer une relative incertitude) ;
33
cognitif (analyser les éléments observés, recouper avec les éléments déjà
connus, anticiper par formulation d'hypothèses) ;
métacognitif (activité réflexive sur l'action, sur la démarche d'apprentissage
choisie, régulation) ;
social (communiquer pour apprendre ; demander et obtenir de l'aide).
langagière (agir, éventuellement avec d'autres, en langue étrangère dans un
contexte personnel, professionnel ou d'études) ».
On voit que certaines formes d’autonomie sont abordées dans l’enseignement tra-
ditionnel (autonomie langagière, psychoaffectif, méthodologique) mais pour per-
mettre à l’apprenant de développer de telles capacités dans ces domaines respectifs,
certaines applications s’avèrent des applications autres que celles communément
traitées par l’enseignant (par exemple : technique, informationnel…). Le tuteur se
voit alors pourvu de nouvelles fonctions pour préparer l’apprenant à développer de
nouveaux domaines de compétence.
3. Évolution du statut de tuteurs
Selon V. Glickman (2011) contrairement à ce qui existe dans d’autres contextes «
la fréquente absence de scénario d’encadrement dans la formation à distance laisse
peu de place à la formalisation » et donc à la reconnaissance de statut du tuteur.
Dans quelques dispositifs de formation à distance, Jacquinot (2008) évoque une
« charte tutorale », ou un contrat précis fixe un cahier des charges, définissant la
nature des rôles impartis aux tuteurs et leurs conditions de travail, mais une telle
formalisation est assez rare et peu aisée à établir.
Dans leur ouvrage, Depover et al (2011) citent A. Baudrit (1999), qui s’interroge
sur l’utilisation du terme « métier » à propos des tuteurs en général. Il justifie
l’emploi du terme « métier » car « les tuteurs ne sont pas des maîtres », bien qu’il
n’existe ni corporation, ni diplôme de tuteur, « leur travail est reconnu puisqu’il peut
être rémunéré ou faire l’objet de compensations » ; des études faites aux États-Unis
où les TICE sont très présents (en formations à distance diplômantes) attestent de la
possibilité pour les tuteurs de se former dans certains États, à la conception de cours
en ligne. A. Baudrit indique par la suite que « la notion de métier de tuteur se profile
donc plus ou moins et ce métier est associé à l’exercice d’activités et de fonctions
particulières, même si elles émanent de non professionnels » et que « même si,
officiellement, ce n’est pas un métier, nous pouvons considérer qu’il y a peut-être là
les bases pour la définition d’un nouveau métier ». V. Glikman (2011) retient « huit
critères permettant à une activité d’être considérée comme un métier :
34
l’existence de savoirs et de compétences spécifiques ;
une rémunération liée à l’exercice de l’activité concernée ;
une offre correspondante de formation institutionnalisée et diplômante ;
un contrôle de l’accès à l’exercice de l’activité ;
l’inscription dans la durée (carrière) ;
un code déontologique ;
des accords professionnels, de type convention collective ;
l’existence d’une organisation corporative ou syndicale. »
Selon Ceron (2003), « la reconnaissance du métier de tuteur à distance
permettrait d’augmenter l’efficacité du tuteur grâce à une formation adaptée, à un
temps adéquat consacré au tutorat, à un salaire plus motivant… » (Ceron, 2003).
Quant à Bourdet (2007) il écrit au sujet des tuteurs en ligne que « C’est l’usage de
ces outils [technologiques]… qui va caractériser l’exercice de la fonction tutorale et
donc le métier de tuteur en ligne ». Or le statut ne va pas sans la formation ; en ce
qui concerne la formation des tuteurs : En 1998, G. Pineau à crée le premier DESS
Fonction d'accompagnement à l'université de Tours, par la suite, cette formation est
devenue un master. L’AFPA (Association de Formation Professionnelle des Adultes)
propose aussi une formation de tuteurs. Par la suite les MOOC « Enseigner et
Former Avec le Numériques » (Efan langue et Efan 2) continuent dans ce sens en
proposant par le biais de France Université Numérique de former les enseignants au
tutorat et d’en obtenir des attestations de suivi.
C. Les TICE pour l’apprentissage en situation hétéroglotte
1. Accroître la motivation grâce à l’interaction
Raby (2008) définit la motivation d’apprentissage de la façon suivante :
« La motivation pour apprendre une langue étrangère en situation académique peut
être définie comme un mécanisme psychologique qui génère le désir d’apprendre la
langue seconde, qui déclenche des comportements d’apprentissage, notamment la
prise de parole en classe de langue, qui permet à l’élève de maintenir son
engagement à réaliser les tâches proposées quel que soit le degré de réussite
immédiate dans son interaction avec les autres élèves ou le professeur, qui le
conduit à faire usage des instruments d’apprentissage mis à sa disposition (manuel,
dictionnaire, tableau, CD-ROM) et qui, une fois la tâche terminée, le pousse à
renouveler son engagement dans le travail linguistique et culturel. (2008, p. 10) ».
En 2008 Raby cite le CD-Rom comme instrument d’apprentissage mis à disposition
de l’apprenant comme outil numérique capable de stocker des informations.
35
Aujourd’hui les instruments numériques disponibles sont nombreux et variés,
l'Internet occupe une place prépondérante dans la gamme des outils disponibles
pour l’apprenant. La construction des savoirs ne se fait plus uniquement en classe
mais également par l’interaction avec ses pairs dans un environnement virtuel, social
et culturel, à travers l’usage d’un écran.
Plusieurs écrits scientifiques témoignent quant à eux, d’un taux d’abandon élevé
en FOAD, bien plus important qu’en cours en présentiel. Or il est avéré que les
interactions avec les tuteurs peuvent constituer une source de motivation pour les
étudiants tout comme les interactions avec les pairs. A. Jézégou (2007) cite Moore et
Kearsley (2005) qui proposent trois types d’interactions avec les apprenants à
distance : les interactions apprenants-contenu, les interactions tuteur-apprenant, les
interactions entre apprenants. Les chercheurs observent que le renforcement des
interactions aussi bien, entre tuteur et apprenant, qu’interaction entre apprenants
constituent un élément déterminant dans la motivation et dans la persévérance des
apprenants.
Il est ainsi avéré que la motivation reste une condition nécessaire mais n’est pas
suffisante pour acquérir la langue. Selon Klein (1989), c’est la réunion de trois
facteurs –compétence langagière, motivation, exposition - qui permet l’acquisition de
la langue. Or, comme tout apprentissage en situation hétéroglotte (contexte où la
langue apprise diffère de la langue parlée dans ce milieu) les pratiques et contacts
(exposition) avec cette langue cible sont exclusivement limités au temps de classe.
2. Rallonger le temps de classe
L’apparition des TICE et d’Internet permet ainsi aux apprenants en langue
étrangère d’être d’avantage en contact avec la langue cible grâce à toutes les
activités disponibles en ligne (pour parler, écouter, écrire, lire et interagir en mode
synchrone ou asynchrone). Des apprenants en milieu hétéroglotte bénéficient
également, grâce à un dispositif hybride, d’une sorte de « proximité » nouvelle avec
la langue et la culture cible grâce à l’accès aux nombreuses ressources et scénarios
pour pratiquer le français. Des apports didactiques et de réels échanges sont alors
disponibles hors temps de classe avec des pairs apprenants, tuteur ou personne
ressource (natifs ou non). Le développement de formations hybrides pour
enseignement/apprentissage des langues permet à l’apprenant d’être exposé
davantage à la culture et de participer à des échanges interculturels grâce à
l’Internet et aux outils du web 2.0.
36
3. Collaborer et télécollaborer
Selon Bruillard (Mooc efan2 2015), l’apprentissage n’est autre qu’ « un mode de
travail en groupe qui s’apprend : savoir et apprendre à travailler de manière
collaborative est une nécessité éducative (...) Il s’agit alors de collaborer pour
apprendre mais aussi d’apprendre à collaborer ». La langue permet l’acte social et
mène à collaborer avec d’autres apprenants pour la réalisation de tâches. On parle
alors de projet collaboratif ; à la fois technique et social, savoir comprendre et
accepter le point de vue de l’autre.
Dans la littérature, nous pouvons observer que la collaboration est une notion qui
évolue, on parle alors d’ « apprentissage coopératif » : Mangenot et Dejean (2008)
citent également Bullen (1997), Henri & Lundgen-Cayrol (2001), Karsenti & Fortin
(2003), qui précisent que « collaborer » ou plus justement « coopérer » regroupe les
activités « qui décrivent des situations d’échange d’informations ou de débat par le
biais de forums de discussion ». Nissen (2003), quant à elle, s’approche de
« l’apprentissage collectif » quand elle estime « que la coopération et la
collaboration relèvent de la manière dont les étudiants s’organisent pour réaliser la
tâche ».
De nos jours ne cessent de se développer de nouveaux projets de
télécollaboration : ce terme « désigne l’utilisation d’outils de communication en ligne
pour faire travailler ensemble des classes géographiquement distantes afin de
développer leurs compétences langagières et interculturelles » (O’Dowd, 2011). Ces
expériences qui permettent d’échanger avec un « vrai » interlocuteur souvent natif
de la langue cible, permettent selon F. Mangenot (1998) « le travail de
compétences langagière, numérique, interculturelle et disciplinaire ». Cet
interlocuteur peut faire partie d'un corps enseignant ou non, l’utilisation d’Internet
facilite l’accès entre interlocuteurs. La télécollaboration souvent non-formelle (E-
Tandem, Galanet, Cultura, Babelweb), mène l’apprenant à se retrouver dans des
situations où il joue son propre rôle social d’internaute qui s’exprime en français sur
Internet.
37
CHAPITRE 3 – CADRE METHODOLOGIQUE
Dans cette partie nous observons le matériel pédagogique en ligne à disposition
de l’apprenant. Il s’agit également d’étudier les options disponibles pour
l’enseignant afin de poursuivre le temps de pratique de la langue en dehors de la
classe. La part de l’apprentissage non-formel (avec démarche pédagogique hors
établissement et avec vocation à améliorer ses compétences) et informel (activités de
la vie quotidienne) doit être prise en compte dès qu’Internet intègre le projet
pédagogique. Selon Coombs (1973), est désignée éducation non formelle, « toute
activité éducative organisée et systématique, menée en dehors du cadre du système
formel d'éducation, pour dispenser des types déterminés d'apprentissage à des sous-
groupes spécifiques d'une population, à la fois d'adultes et d'enfants ». Nous
privilégions les ressources disponibles gratuitement car plus à même d’être utilisées
par les apprenants dans un souci de formation en autonomie (Voir annexe 1).
I. Les dispositifs de formation à distance disponibles sur Internet
Paquienseguy F. (2006) propose la définition d’un dispositif comme une
« plateforme haut-débit raccordant des terminaux hétérogènes à des services de
contenus diversifiés ». « Ce dispositif est bien une construction mais socialement il
matérialise également selon l’auteur les ambitions, les volontés et les stratégies des
acteurs qui l’ont conçu » (Lequeux-Rallet, 2004). Par la suite Peraya est cité,
définissant le « dispositif se constituant d’un ensemble de moyens mis au service
d’une stratégie, d’une action finalisée, planifiée visant à l’obtention d’un résultat
(…). Le dispositif est alors défini comme une instance, un lieu social d’interaction et
de coopération possédant ses intentions, son fonctionnement matériel et symbolique,
enfin, ses modes d’interactions propres » (Perraya, 1999, p153).
A. Les sites Internet associés aux méthodes
Des organismes de formation de langue comme l’Alliance française, utilisent un
manuel unique par niveau. A l’Alliance française de Buenos-Aires une collection
spécifique sert de support d’apprentissage. Le même manuel est utilisé pendant
plusieurs années à tous les niveaux (ex : Forum de 2003 à 2004, Tout va bien de
2004 à 2007, Edito ensuite). Quelle place occupe le numérique dans les manuels,
quels types d’activités sont proposées pour la formation à distance et quelle rôle y
occupe le tuteur sont des questions relevées dans cette partie.
38
Les sites compagnons étudiés ici sont liés aux éditions récentes de manuels de
trois maisons d’édition majeures: Clé International, Hachette, Edition Maison Des
Langues. Plusieurs sites compagnons associés à des manuels ont fait objet
d’analyse : Echo 2 (des éditions Clé International -2013), Totem 2 et Alter ego +
(Hachette – 2014 et 2013), Version Originale 3 et Nouveau Rond-point 3 (Edition
Maison Des Langues - 2011 et 2012). Le choix de ces manuels se justifie par leur
date de parution (dernièrement) et par la part accordée à l’utilisation du numérique
et du web 2.0 dans leurs activités. Ces activités en ligne sont disponibles à partir du
livre de l’élève, du cahier d’activités et du guide pédagogique, à effectuer à distance
individuellement et/ou collaborative avec d’autres apprenants.
1. Contenus numérique et types d’activités
Le matériel pédagogique mis à disposition diffère d’une méthode à l’autre mais
chacune intègre dorénavant plusieurs types de support : des activités pour TNI, un
site Internet compagnon ainsi qu’un manuel numérique qui reproduit à l’identique le
manuel papier quelques contenus complémentaires. Ces contenus mènent
l’apprenant vers des activités fermées (avec ou sans intervention de l’enseignant) ou
des activités ouvertes (destinées aux étudiants de la classe ou hors de classe). Totem
2 renvoie vers le site de TV5 monde pour des exercices d’écoute tandis que Nouveau
Rond-point 3 propose l’accès à un blog riche en activités en lien avec les thèmes des
unités.
T. Soubrié et C. Dejean (2014) distinguent trois types de contenus pour étudier la
place du numérique dans les manuels de FLE :
TABLEAU 7 : Les types de contenus dans les sites compagnons de 4 manuels de FLE
Les contenus
Type Nom du site
Compa-gnon
Exemples de contenus
les contenus métalin-guistique
s
des compléments tels que des lexiques multilingues
Echo et Totem
-Les fiches de lexique (en 6 langues)
les contenus documen
-taires
des documents authentiques ou d’informati
Echo - propose des activités complémentaires au manuel à faire en ligne : des podcasts, vidéos, karaokés proposent des activités plus ludiques.- « Les échos d’Echo » : en lien avec l’actualité (évènement sportif ou culturel) ces documents d’information non didactisés. Ces fiches datés et paraissant périodiquement
39
on non didactisés sur la langue/culture cible
ont régulièrement été créés et publiés d’avril 2011 à mai 2014.
Totem 2 - format vidéo : propose dans le livre de l’élève de suivre les péripéties de deux familles nantaises. Chaque unité commence par une vidéo ; élément déclencheur, son scénario repose sur la comédie de situation tout comme les sitcoms de télévision. En ce sens les concepteurs de la méthode considèrent dans le guide pédagogique ces vidéos comme « des documents authentiques ».
les contenus pédagogi
-ques
destinés à l’enseignant ou à l’apprenant
Alter ego - le parcours digital, une sorte de cahier d’exercice (téléchargeable) en relation avec le manuel qui permet d’accéder en ligne à un autre type de navigation permettant de choisir l’objectif d’apprentissage ou les thèmes d’activités.
Totem -le site de TV5 Monde contient l’ensemble des vidéos ainsi que des exercices automatiques (Qcm, association, à remettre dans l’ordre) ou écrits (textes à trou, mots fléchés) à faire en autonomie. En tout 14 vidéos sont en ligne (7 par niveau : Totem 1 & Totem2) proposant jusqu’à huit exercices chacune.
Le Nouveau Rond-point
- propose du matériel disponible en ligne pour l’enseignant : dans « l’espace virtuel » : une banque de ressources pédagogiques pour tout enseignant après l’ouverture d’un compte personnel. De même pour l’apprenant : des « exercices interactifs » de grammaire ou de lexique ou de compréhension orale, en lien avec le sujet abordé dans le livre de l’élève- mise à disposition d’un blog avec des compléments d’activités en relation avec les notions apprises dans le manuel.
2. Le tutorat en ligne sur les sites compagnons
Les concepteurs de manuel d’apprentissage exercent indirectement un rôle de
tutorat en formation à distance : ils mettent à disposition de l’enseignant/tuteur des
contenus en ligne qui permettent d’assurer à la fois le rôle d’expert en contenu et
d’évaluateur selon Garrot-Lavoué, E. , George, S. & Prévôt, P. (2009). Il s’agit de
compléments pédagogiques sur les sites compagnons (et du guide pédagogique)
pour enrichir les connaissances de l’apprenant sur le sujet traité dans l’Unit et
permet à l’enseignant de disposer de documents supplémentaires au cours.
L’enseignant/tuteur qui exploite ces ressources (exercices autocorrectifs)
s’engage alors dans une formation à distance en proposant des pistes de correction
(révision de point de grammaire, enrichissement de vocabulaire…).
Les exercices autocorrectifs sont adaptés aux capacités de l’apprenant, ils suivent
une progression, et lui permettent d’améliorer ses connaissances en lexique,
grammaire, phonétique et compréhension orale et production écrite. Une évaluation
40
sommative permise par ces exercices automatiques permet de certifier les
connaissances acquises et les compétences développées.
Dans certains cas, l’évaluation est également formative. Par exemple, un dispositif
comme Alter ego propose le « parcours digital »17 Cette « classe virtuelle » permet
de suivre la progression de l’apprenant et lui proposer des pistes d’amélioration
(d’autres exercices) de manière plus individuelle. L’enseignant/tuteur donne des
retours sur la performance, sollicite l’autoévaluation, assure l’accès à
l’apprentissage des apprenants sous forme de score (pourcentage de réussite aux
exercices ou nombre de points). Pour ces « classes » à distance, il ne s’agit toutefois
que de relance vers des exercices, fiches lexicales, ou règle grammaticale, il n’y a
pas de réel échange individualisé et encore moins d’échanges entre pairs ni de
travail collaboratif entre apprenants.
Le site compagnon d’Echo2 du Clé international est davantage destiné aux
enseignants, qui communiquent par la suite aux apprenants le lien vers les activités
à distance. Cette étape de l’organisation du cours hors classe relève du tutorat, de la
médiatisation des supports et des communications, et demande à l’enseignant de
développer de nouveaux temps de préparation. Il assure alors de nouveaux rôles
comme organisateur de sessions (le tuteur organise l’envoi des exercices à faire),
catalyseur et accompagnateur technique. Selon les auteurs Garrot-Lavoué, E. ,
George, S. & Prévôt, P. (2009) pour les rôles liés à la médiatisation des
communications, il est nécessaire à ce niveau de développer pour l’apprenant un
« environnement convivial » d’échange (un environnement informatique) en ligne :
« il établit les objectifs (…), envoie des messages, (…) intervient pour rediriger les
étudiants, (…) aide les étudiants à résoudre les problèmes » (2009).
3. Présence de la perspectives actionnelle dans les sites compagnons
A l’Alliance française de Paris, la formation hybride « Cl@sse + » utilise en 2014
Version originale 3 comme support papier pour les classes en présentiel. Le blog de
Version Originale -aujourd’hui inaccessible- permettait la diffusion des productions
des élèves : documents créés pour la tâche ou autres productions personnelles. Par
ailleurs par le biais de la méthode il était aussi possible de participer au projet
européen « Babelweb» avec la même idée d’échanger entre membres d’une
communauté « vivante » en ligne.18
17 www.parcoursdigital.fr18 Babelweb : « Babelweb est un site créé pour partager des opinions et des contributions sur plusieurs thèmes (voyages, recettes, films, etc) où chacun peut écrire dans la langue romane qu’il préfère (italien, français, espagnol, etc), donnant vie à la grande communauté plurilingue de Babelweb ! » « Babelweb permet d’utiliser la langue dans un but de
41
Selon C. Puren dans l’avant-propos de Version originale 3 qui rappelle le Cadre
commun de référence pour les langues (2001), ces options permettent aux usagers
et apprenants d’occuper la place d’ « acteurs sociaux ayant à accomplir des tâches
(qui ne sont pas seulement langagières) dans des circonstances et un environnement
donné, à l’intérieur d’un domaine d’action particulier. Si les actes de parole se
réalisent dans des activités langagières, celles-ci s’inscrivent elles-mêmes à
l’intérieur d’actions en contexte social qui seules leur donnent leur pleine
signification » : C. Puren : avant propos du livre de l’élève Version Originale 3.
(Version Originale 3 -2012 Édition de la Maison des Langues)
Sur « l’espace virtuel » du site des Editions Maison Des Langues (EMDL) les
pages blogs du Nouveau Rond Point19 proposent à enseignants et élèves des
compléments d’activités sous forme de fiches ; « Il ne s’agit pas d’une fiche
pédagogique mais plutôt d’une sélection de sites pour vous aider à approfondir les
thèmes abordés dans l’unité. Ces sites sont classés selon leur intérêt par rapport à
l’activité proposée. Cet espace veut aussi être collaboratif : si vous connaissez des
sites d’intérêt en lien avec le thème, n’hésitez pas à compléter cette liste…». Toute
collaboration entre apprenant peut participer à l’approche actionnelle et reste une
piste trop peu exploitée sur l’ensemble des sites compagnons que nous avons
observés.
Après analyse dédiée aux échanges entre internautes, sur les pages de blogs du
Nouveau Rond-point (dans la continuité de Version Originale, on constate que la
majorité des intervenants sont des enseignants de FLE (non francophones et
francophones) qui échangent sur leurs expériences et ressentis, le peu de
commentaires d’apprenants permet aussi de constater qu’il n’y a pas vraiment
d’échanges sinon des séries de commentaires épars sur un même sujet.
B. Les communautés d'apprentissage des langues
« Le potentiel collaboratif issu des technologies du web 2.0 est un atout pour
l'apprentissage en général ; les nouveaux types de tâches, les outils à disposition,
les nouveaux modes d'interaction disponibles semblent incontournables pour faire
naître et maintenir la motivation chez l'apprenant en langue à distance. »
Loiseau & al. (2011)
communication et dans un contexte social bien réel : écrire sur des sites fréquentés par d’autres internautes (apprenants et locuteurs natifs) donne sens aux publications des apprenants. La langue d’apprentissage devient ainsi vraiment une langue de communication qui sort du cadre de la classe. » http://www.babel-web.eu/19 Extrait du blog du NRP sur le site de l’EMDL : http://20.rond-point.emdl.fr/rp3-1/
42
Depuis les années quatre-vingt Internet a permis le développement de différents
projets d'apprentissage des langues par ordinateur (ALAO) et nous en avons cité déjà
quelques uns mis en place dans le domaine universitaire et en centre de langue
(apprentissage formel). Nous avons vu que la littérature en ALAO est abondante,
néanmoins peu de travaux ont étudié une autre forme d'ALAO issu du web 2.0 ; les
espaces d'apprentissage collaboratif de langues. Bien que les communautés fassent
généralement partie d’un apprentissage non formel nous les intégrons dans notre
étude considérant qu’elles peuvent aussi être intégrées dans un apprentissage
formel.
Katerina Zourou (2012) propose une catégorisation des communautés
d'apprentissage des langues en trois types: les « communautés d'apprentissage des
langues structurées, marketplaces et sites d'échange ». Dans la première catégorie,
se trouvent des communautés comme LiveMocha20, Busuu21 et Babbel22, objets de
notre étude, ces sites proposent des matériaux pédagogiques intégrés dans des
parcours d'apprentissage ce qui permet aux auteurs de parler de « communautés
d'apprentissage des langues structurées ». Dans la seconde catégorie, dites
« marketplaces » : les apprenants recherchent des tuteurs de langue en ligne. Ces
tuteurs peuvent offrir leurs services contre paiement (par exemple, Itaki23 ou
autrefois Palabea). La troisième catégorie, rassemble les sites d'échanges en
langues, ici les usagers se rencontrent (en présentiel ou en ligne) pour une
socialisation linguistique sans recherche précise de progression pédagogique
(Lingofriends24 et Polyglot Club) c’est pourquoi ils ne font pas partie de notre
recherche.
Pour notre analyse de « ces communautés des langues structurées » (Babbel,
Livemocha et Busuu), nous retiendrons les trois critères proposés par Loiseau & al.
(2011) et en rappellerons dans l’ensemble: le rôle de l’utilisateur, la modélisation
pédagogique et le type de contenu présent (et leur horizontalité). Nous en définirons
le rôle du tuteur et la place de la perspective actionnelle dans ce type de dispositif en
ligne.
20 Livemocha(2011). http://fr-fr.livemocha.com/21 Busuu (2011). http://www.busuu.com/fr22 Babbel (2011). http://www.babbel.com/23 Italki . http://www.italki.com/24 Lingofriends http://www.lingofriends.com/
43
1. Les communautés d’apprentissage des langues structurées : étude de cas
de Babbel, Livemocha et Busuu.
Chaque communauté a sa propre conception pédagogique, une vision spécifique
du parcours pédagogique, leurs modalités d’interaction et leurs types d’activités
diffèrent mais elles montrent surtout de nombreux points communs :
présentation à l’utilisateur de la leçon : notions à acquérir
des exercices structuraux (à correction automatique)
des exercices de production (PE essentiellement)
des interactions (synchrones et asynchrones) avec d’autres utilisateurs
des options payantes pour enrichir les savoirs acquis gratuitement
a) Le rôle de l’utilisateur : dans chacun de ces sites l’utilisateur a la possibilité
d’être à la fois apprenant ou tuteur ou les deux, mais n’est pas tenu d’endosser ce
rôle, l’apprentissage en tandem y est proposé mais pas obligatoire.
L’utilisateur récolte des points quand il participe à des activités en rendant service à
la communauté (comme par exemple la correction des productions des autres
membres). Ces sites cherchent à construire des « cercles vertueux », valorisant
l’action communautaire; dans Busuu par l’acquisition de « berries » ; de même que
dans Livemocha, l’utilisateur récolte des « mochapoints ». Ces points peuvent être
utilisés comme monnaie pour les options payantes ou ouvrent des droits d’accès à
des cours payants. Présents sur le profil d’utilisateur, les points participent à la
qualification des utilisateurs. Dans chaque communauté, l’utilisateur est maître de
son apprentissage. Il doit être capable de construire son parcours d’apprentissage,
de savoir évaluer ses lacunes et définir ses propres besoins.
b) La modélisation pédagogique : dans cette partie, nous cherchons à évaluer la
qualité des ressources pédagogiques ; leur degré de structuration des contenus en
parcours d'apprentissage et scénarios.
D’une manière générale –chacune de ces communautés- propose des exercices
autocorrectifs « de type structuraux globaux à caractères répétitif, contraint et
métalinguistique » (Besse & Porquier, 1984). Pour l’ensemble des sites étudiés, la
représentation de l’apprentissage de la langue ressemble à une liste de mots et de
structure à mémoriser.
Babbel ne propose pas de piste de progression. L’utilisateur suit des exercices et
construit son propre parcours d’apprentissage. Busuu et Livemocha proposent une
progression pédagogique permettant à l’usager d’être guidé dans son apprentissage
mais certains contenus sont payants. On y trouve une suite d’organisation
44
d’exercices selon un ordre bien structuré. Busuu est le seul des trois sites qui fait
référence au Cadre Européen Commun de Référence en proposant un classement
des contenus de A1 à B2.
Les images (très pauvres en marqueurs culturels chez Bussu et Livemocha) mettent
en scène la réalité, la forme linguistique y est privilégiée. D’une manière générale
pour chaque communauté, on s’intéresse plus à la parole qu’à la langue et le
schéma d’apprentissage reste sensiblement le même d’un site à l’autre et d’un
niveau à l’autre enchaînant différentes phases dans l’apprentissage : 1) présentation
2) explication 3) répétition 4) mémorisation 5) exploitation 6) réutilisation. Les
types d’exercices varient dans chacun des sites de la Compréhension Écrite, à la
Compréhension Orale à la Production Écrite. Babbel est le seul site qui permet
d’exploiter la Production Orale enregistrée qui peut être commentée (option
payante).
c) Les contenus et leur « horizontalité »
Pour Loiseau & al. (2011) qui dans leur recherche proposent trois critères d’analyse
des communautés, l’horizontalité est considérée par les auteurs comme une
caractéristique centrale de la notion du web 2.0. Nous évaluons dans ce paragraphe
les possibilités données aux usagers des sites de communauté d’apprentissage, de
modifier les contenus voire d’en ajouter de nouveaux ; la part des CGU (Contenus
Générés par l’Utilisateur) présents sur ces sites.
L’étude des communautés de langue séparent les contenus du site en trois
catégories :
Contenu principal : au cœur de la plateforme. ; c’est le matériel pédagogique
proposé pour la progression des utilisateurs. Seul Livemocha propose aux
utilisateurs de créer des contenus mais il ne s‘agit que de traduction (après avoir
acquis un certain statut). Pour les autres sites seuls les concepteurs créent le
matériel pédagogique.
Contenu annexe : il n’est pas intégré au contenu principal. Il n’a pas vocation à
permettre la progression. Les sites de Busuu et Babbel contiennent des données
créées par les utilisateurs (provenant de forum) qui traitent d’échanges culturels,
linguistiques ou pratiques mais elles ne sont pas intégrées aux séquences
d’enseignement et sont difficiles à localiser.
Les traces : ce sont des données persistantes qui peuvent être accessibles à tous :
comme des corrections d’exercices de production sur Busuu. Les traces ne font
pas partie du contenu car elles ne sont pas conçues pour être une source
45
d’information pour la communauté.
Les Contenus Générés pas les Utilisateurs (CGU) ne sont pas prédéterminés ;
l’utilisateur décide des contenus informationnel et structurel qu’il produit : des
contributions disponibles et modifiables pour la communauté. Zourou (2012) cite
Kaplan & Haenlein- (2010) qui attestent de la position pivot des CGU dans la
définition du média social : « un groupe d’applications Internet qui se fonde sur les
fondations idéologiques et technologiques du web 2.0 et qui permet la création et
l’échange de CGU ».
2. Le rôle du tuteur
Les concepteurs des sites de communauté d’apprentissage mettent à disposition
de l’apprenant un tutorat qui permet de progresser dans la pratique de la langue
ciblée. Selon les rôles du tuteur de Garrot-Lavoué, E. George, S. & Prévôt, P. (2009)
ces rôles dépendent essentiellement de la nature de la tâche. Les concepteurs
agissent comme experts du contenu dans Busuu car les contenus sont adaptés selon
le niveau des apprenants et suit une progression par paliers, architecte pédagogue
dans chacun des sites, ils proposent des ressources pédagogiques sélectionnées et
ordonnées pour répondre au mieux aux besoins de l’apprenant. Un rôle d’évaluateur
sommatif également par l’évaluation et la certification des connaissances acquises
et compétences développées. Par ailleurs, d’autres rôles de tuteur peuvent aussi être
adoptés par l’utilisateur qui choisit de corriger dans sa langue première les
productions de ses pairs.
Une des grandes caractéristiques de ces sites d’apprentissage est de laisser le
rôle de tuteur non plus à un enseignant mais à l’apprenant lui-même qui dans sa
langue source est amené à occuper de nouveaux rôles. Livemocha et Busuu permet à
celui-ci d’être évaluateur formatif; il peut fournir des feedbacks sur les productions
écrites, ce qui permet à l’utilisateur/tuteur de gagner des points (mochapoints ou des
berries) mais aussi personnalisateur car il peut être à l’écoute des apprenants,
évaluer leurs trajets, les besoins, le rythme.
3. La perspective actionnelle dans les communautés d’apprentissage
L’apparition d’Internet permet à de nouvelles communautés de se créer, dans le
cas de l’apprentissage des langues, ce type de dispositif ignore les problèmes
d’effectifs de classe et les frontières. Mais au niveau de la pratique de la langue, les
sites de communauté d’apprentissage dans leurs usages sont très comparables aux
manuels papiers, proposant une pratique de la langue réduite à la production écrite
et compréhension orale et à la répétition d’exercices structuro globaux.
46
Dans les faits, Loiseau et al (2011) , reconnaissent que les démarches
pédagogiques d’apprentissage des langues ne reposent pas sur les réseaux sociaux.
Les contenus d’apprentissage sont mis en ligne par les responsables de la
plateforme, les exercices et parcours d’exercices fournissent la majeure partie des
contenus utilisés par les usagers sur les sites. Une véritable exploitation des CGU
rendrait l’usager actif et participerait à la perspective actionnelle mais nous avons
vu que les utilisateurs n’ont pas vraiment la possibilité dans les sites d’apprentissage
des langues de créer du contenu et de le voir utiliser comme matériel pédagogique.
Seul l’apprentissage en tandem semble réellement relever de la perspective
actionnelle ; Babbel propose à ces utilisateurs de s’organiser en sous-communautés
par couple d’apprenants ; en tandem (L1 – L2) et ainsi permettre de pratiquer en
contexte avec un natif et de socialiser leur apprentissage ou s’entraider, trouver des
solutions aux difficultés rencontrées. Livemocha et Busuu ont une option similaire
attestant bien de la dénomination de « communauté d’apprentissage ».
C. Les MOOC pour apprentissage/enseignement du FLE
Les Massive Open Online Courses dits MOOC ou Cours en Ligne Ouverts et
Massif (CLOM) sont des cours ouverts à tous et gratuitement. Certains pré-requis
peuvent toutefois en limiter l’accès à certains comme par exemple un niveau de
maîtrise pour les MOOC de langue (niveau B1 pour le MOOC « travailler en
français ») mais leur spécificité tient au fait qu’ils sont ouverts à tous ; public
cherchant à obtenir un nouveau certificat, pour s’améliorer dans un domaine ou par
simple curiosité. Considérés dans un premier temps comme de l’apprentissage
informel, les MOOC semblent se convertir en s’institutionnalisant avec en France
l’apparition du « FUN » (France Université Numérique). Une plateforme nationale
qui assure le développement du numérique dans l’enseignement supérieur et ouvre
des possibilités considérables pour la formation tout au long de la vie inscrite dans
les missions de l’enseignement supérieur dans la loi du 22 juillet 2013.
1. Les différents MOOC
Selon M. Cisel et E. Bruillard (2012) « le sigle MOOC apparaît en 2008 pour
désigner un cours nommé Connectivism and Connective Knowledge (ou CCK08),
organisé par Georges Siemens de l’Université d’Athabasca » mais c’est en 2011 que
le premier vrai Mooc, (initiation à l'intelligence artificielle), a été proposé aux États-
Unis par l'université Stanford, rassemblant plus de 150 000 personnes.
En France, en 2012 le premier MOOC français « ITyPA » (Internet, Tout y est Pour
apprendre) est de type connectiviste (cMOOC) ; il n’est pas « conduit » par un
47
enseignant mail il cherche à provoquer l’interaction entre les participants. La
formation se construit avec les participants, ce sont eux qui créent le contenu publié
par la suite. Une communauté se tisse autour du thème de la formation. En 2013,
Remi Bachelet a créé le MOOC de Gestion de projet (de type transmissif : xMOOC)
pour l’Ecole centrale de Lilles, premier MOOC français à offrir une certification.
Le format généralement utilisé pour les MOOC est la vidéo assistée par le texte.
Coursera, entreprise pionnière aux Etats-Unis dans le domaine des MOOC (avec
Udacity), propose des cours filmés en studio ou des présentations animées (type
Powerpoint commenté par l’enseignant) tandis que edX diffuse davantage des cours
filmés en amphi. Les cours sont généralement divisés en plusieurs parties durant 5 à
20 minutes et diffusés selon un rythme hebdomadaire avec un début de formation et
une fin. Contrairement à un simple cours filmé, les MOOC proposent conjointement
aux vidéos des activités à réaliser individuellement, en interaction avec des
participants ou collectivement (monter des projets, résoudre des problèmes) et un
grand nombre de ressources. En général plusieurs tuteurs interviennent selon les
ressources : d’apprentissage, d’accompagnement ou d’animation.
Selon « le livre blanc » d’Unow25
les ressources d’apprentissage regroupent les vidéos du cours, les supports
(format présentation ou documents écrits) et les ressources externes (documents
de référence écrits ou audios).
Les ressources d’accompagnement comportent également des vidéos :
présentation des objectifs du cours, liens vers d’autres ressources ainsi que des
documents : pages de cours qui présentent la structure et objectif du cours, une
liste des ressources. Parmi ces ressources se trouvent les tutoriels d’aide pour
l’utilisation de la plate-forme et de logiciels utiles.
Les ressources d’animation peuvent être des vidéos (en mode synchrone), des
textes ou messages : annonces diverses sur la plateforme, rappels,
encouragement.
Une autre spécificité des MOOC est l’évaluation par les pairs ; du fait du grand
nombre d’apprenants, les devoirs ne sont pas corrigés par les enseignants. Certains
MOOC peuvent attester de la participation de l’apprenant ; là aussi ce genre de
dispositif est novateur en proposant différents niveaux de participation donnant
25 Unow : start-up spécialisée dans la conception de MOOC. Les deux fondateurs s’appellent Yannick Petit et Jérémie Sicsic http://www.unow.fr/images/Unow/files/livre_blanc_MOOC_Design_UNOW.pdf
48
accès à plusieurs niveaux de certification (voir annexe 2) : certification basique (en
ne faisant que les quizz) ou avancée en réalisant une majorité des devoirs proposés.
Selon M. Cisel (2014)26, les MOOC de langues sont longtemps restés rares et peu
développés bien que l’apprentissage des langues représente le principal marché de
la formation en ligne. Il semblerait toutefois que dernièrement quelques entreprises
et organismes de formation aient réagit à la demande ; on assiste dorénavant à une
offre grandissante de MOOC de langue. L’anglais est certainement la langue la plus
fournie dans les MOOC langue, proposé par des organismes variés allant de
l’entreprise comme Coursera, ou des institutions comme le British Concil, FranceTV
éducation, les universités : par le biais du Massive Open Online English Course
(Mooec), l’université de Nantes ou des plateformes d’apprentissage comme EdX
(issus du MIT et de Harvard) ou de FUN (France Université Numérique : portail
d’universités françaises). Depuis 2014 les langues comme le chinois, et l’espagnol
(université de Salamanque) sont également bien représentées parmi l’offre. Plus
spécifiquement des langues comme l’arabe, les langues romanes (de l’OIF), ou le
breton (Edubreizh) font également partie de l’offre de formation en MOOC de
langue selon analyse effectuée sur le blog d’Anna Vetter (2015).27
Pour le français, c’est tout récemment que le FLE fait son apparition avec en
2014 le MOOC « Travailler en français »28. La même année le « MOOC FOFLE » du
Consortium Claroline propose une formation en FLE pour « l’Afrique francophone et
ailleurs » à travers le LMS (Learning Management System) « Claroline Connect ».
Selon nos sources les autres MOOC en FLE sont prévus pour un futur proche : juillet
2015 pour le « Réussir ses études en français » (Connexion Francophone), ainsi que
sur FUN : en octobre 2015 un « cours de FLE » (Alliance Française de Paris Ile de
France), et « Paroles de FLE » (université de Nantes) en novembre 2015.
2. Rôle du tuteur dans le MOOC « Travailler en français »
La thématique choisie par l’équipe conceptrice du premier MOOC de FLE
(professeurs des Instituts français d’Espagne, d’Italie, du Royaume-Uni, d’Allemagne
et de l’Open University) répondait aux attentes de grand nombre d’apprenants
inscrits aux cours traditionnels (en Institut Français de centres basés en Europe).
D’une durée de 7 semaines début 2014, environ 1200 inscrits (en majorité des
espagnols) ont suivi la formation en ligne composée chaque semaine autour de deux
visioconférences (une vidéo thématique : conseils à faire / à ne pas faire, étude de
26 )http://blog.educpros.fr/matthieu-cisel/2013/06/30/une-typologie-des-mooc/27 https://annavetter.wordpress.com/category/veille-mooc-et-langues/ 28 http://cursus.edu/article/21244/travailler-francais-premier-mooc-fle/#.VdTS2ZeYXKg
49
cas, et une vidéo linguistique : expressions pour nuancer un propos, les formules de
politesse etc…). Les concepteurs proposent un scénario pédagogique qui mène
l’apprenant à consulter (des ressources), agir (réaliser la tâche) en collaborant,
échangeant (écrit et oral), à participer (aux visio-conférences) et à s’évaluer ainsi
que répondre à un questionnaire.
Dans ce MOOC comme dans nombre d’autres, le tutorat est multiple : plusieurs
tuteurs interviennent selon les ressources : d’apprentissage, d’accompagnement ou
d’animation. Les rôles des tuteurs de Cours de Langue Ouvert et Massif varient
selon le type de pédagogie propre au MOOC : connectiviste (cMOOC) ou transmitive
(xMOOC). Les c MOOC laissent d’avantage de place à la production des participants,
tandis que les rôles qui dépendent de la nature de la tâche y sont moins présents que
pour les xMOOC .
Les tuteurs sont donc présents sur des temps synchrones (visioconférence : cours
magistral) et asynchrones (sur forum). Leurs rôles sont liés en premier lieu à la
médiatisation des communications : organisateur de session (online tutor : procède à
l’accueil et à la mise en route de formation), catalyseur social (les concepteurs de
MOOC créent un environnement convivial permettant l’apprentissage), catalyseur
intellectuel (incitant les apprenants à discuter, il attire l’attention sur des points
importants), accompagnateur technique (le cas échéant, il résout les problèmes
techniques, conseille dans les choix d’outils de communication ou de production).
Les tuteurs occupent également des rôles qui dépendent de la nature de la
tâche (davantage dans les xMOOCS): comme pédagogue (fournit des ressources),
architecte pédagogue (propose des scénarios pédagogiques), et évaluateur (rappelle
les critères d’évaluation des activités, sollicite l’autoévaluation, fournit des
feedbacks).
3. La place de la perspective actionnelle dans les MOOC
L’intitulé du premier MOOC FLE prépare clairement à une véritable tâche
« Travailler en français ». Le scénario amène à réaliser des micro-tâches (rédiger un
cv, une lettre de motivation, préparer un entretien d’embauche…) et favoriser les
échanges entre apprenants, en permettant de dépasser le simple rôle d’étudiant, et
de pratiquer pleinement la perspective actionnelle.
Ce MOOC considéré de type connectiviste intégrant échanges synchrones ouverts
à tous les participants et échanges divers, a laissé une certaine place à la créativité
pour permettre à une communauté d’apprentissage de naître. Cette construction
collaborative permet de vrais échanges et le développement de véritables
50
communications entre participants de nationalités différentes ayant en commun la
langue française pour communiquer.
Les MOOC de langues de type connectiviste (cMOOC) sont davantage propices à
la présence de la perspective. Le tuteur amène les apprenants vers une implication
plus poussée et surtout des échanges approfondis entre participants qui créent du
contenu disponible pour tout utilisateur (CGU). Selon M. Cisel (2013) dans les
cMOOC « l’enseignant en charge n’a pas le rôle de transmettre du savoir mais de
faciliter les interactions entre participants. Il n’y a pas création de ressources
pédagogiques à proprement parler, les ressources sont trouvées sur la Toile ».
L’apprentissage est ici décentralisé, la créativité de l’apprenant a sa place et sa
capacité à agir en tant qu’utilisateur de la langue plutôt que comme apprenant est
davantage sollicitée.
D. Autres sites et blogs d’enseignement / apprentissage du FLE
De nombreux sites proposent sur la Toile grand nombre d’activités pour
l’apprentissage du français. Les portails de FLE regroupent les sites Internet qui
recensent d’autres sites (curation de contenu). Plutôt dirigés vers les
enseignants/tuteurs, « le point du FLE »29 ou « TICs en FLE » puise dans la très riche
médiathèque internationale liée à l’enseignement / apprentissage du FLE. Ils
répertorient des ressources classées regroupant les TICE , des exercices auto-
correctifs , des sites de grammaire interactifs, des simulations sur des sites associés
aux méthodes (« Parcours » ou « Connexion » des éditions Didier,
« estudiofrances.com » du Clé International, …), des activités en ligne d’origines
diverses (« languages online » - Australie-, « dynamots » -Italie, « Bonjour de
France ») , et de différents types (enregistrements audio, vidéos, fiches,
présentations). Autant de documents pédagogiques disponibles en ligne classés par
thèmes, par niveaux et types d’activités pour l’apprenant qui étudie en autonomie.
1. Les sites & les blogs FLE
Les enseignants qui s’engagent dans une formation à distance trouvent à
disposition une quantité phénoménale de ressources exploitables pour guider le
travail personnel de leurs élèves. La diversité des sources n’a d’égal que la diversité
des concepteurs qui médiatisent ces contenus. Pour l’étude des types de tutorat
présents sur la Toile, les sites choisis dans cette partie correspondent aux premiers
résultats sur différents moteurs de recherche (Google France et Qwant) à la
saisie des mots: « parler français » et « apprendre le français ». Nous en dégageons
29 http://www.lepointdufle.net/51
deux grandes familles de pages Internet: les sites officiels (déjà étudiés en partie
dans les sites compagnons (en I.A de ce chapitre) et les blogs éducatifs.
a) Les sites Internet que nous qualifions d’officiels et qui proposent en accès libre
des activités pédagogiques utilisables gratuitement par les apprenants, sont mis en
ligne par :
des institutions : CIEP, Institut Français & Alliance française avec le site de
« Parlons français c’est facile »30
des centres de langue ou des équipes de concepteurs: le cyber magazine « Bon-
jour de France »31(Azur Lingua) ou « Français facile.com »32
des médias généraux comme Rfi33, TV5 Monde34
les sites compagnons ayant déjà été traités
Le choix de ces sites pour notre étude est porté par le nombre d’utilisateurs, le club
de langue (français facile.com) revendique 3 millions de membres, la richesse des
contenus disponibles en libre accès et le statut du site Internet « officiel » (Parlons
français c’est facile) pour la promotion de la francophonie mise en place par le
Ministère des Affaires Étrangères.
La plupart de ces ressources sont mises à disposition selon les termes de la
« Licence Creative Commons Attribution – (Pas d'Utilisation Commerciale) »:
►« Parlons français c’est facile » est un site commandé par le ministère des affaires
étrangères, ce projet est le fruit d’un travail collectif entre tous les plus importants
instituts d’apprentissage du FLE (Alliances française, Institut Français) mais aussi
des centre de recherche (le CIEP et le CLA : Centre international d’études
pédagogiques et Centre de Linguistique Appliqué). Il a été mis en ligne en 2013
pour accompagner à l’apprentissage du français à travers des web documentaires ; il
contient aussi des ateliers et des jeux. Chaque vidéo (« webdoc ») présente un
personnage et des exercices de compréhension qui lui sont associés. Chaque webdoc
propose des exercices différents par niveaux (4 niveaux de débutants à avancé).
►Le centre de langue Azur Lingua met en ligne le cybermagazine « Bonjour de
France ». Cyber parce que sur Internet et magazine parce que la parution reste
30 http://parlons-francais.tv5monde.com/webdocumentaires-pour-apprendre-le-francais/p-1-lg0-Accueil.htm31 http://www.francaisfacile.com/32 http://www.bonjourdefrance.com/33 http://www1.rfi.fr/lffr/statiques/accueil_apprendre.asp34 http://apprendre.tv5monde.com/fr/
52
périodique. Ainsi des contenus sont rajoutés et de nouveaux thèmes proposés
régulièrement. Des « leçons » contiennent un grand nombre d’activités
pédagogiques classées par catégories (grammaire, vocabulaire, des fiches
pédagogiques, jeux…) et par niveau (A1 à C2). Un document déclencheur (texte,
photo, vidéo) précède des exercices automatiques de compréhension (écrite ou
orale). Par exemple : une recette en vidéo, un thème de grammaire : une fiche sur
les partitifs avec un exercice, puis un QCM lexical avec un menu déroulant de
verbes pour cuisiner.
►A l’origine du site « Français facile » : un professeur d’anglais qui crée des
exercices en ligne pour ses élèves en anglais. Le site rassemble aujourd’hui de
nombreux contributeurs dans un « club gratuit» qui, pour plusieurs langues
proposent des exercices automatiques en ligne. Les concepteurs du site font même
appel aux utilisateurs pour construire des exercices interactifs. Sur « français
facile.com » il est possible pour tout internaute de faire des exercices automatiques
« tests interactifs » ; il s’agit de documents écrits ou oraux sur un grand nombre de
thèmes (grammaire, vocabulaire, conjugaison, communication). Après création d’un
compte, l’utilisateur entre dans « le club », il peut poser des questions dans un
forum, disposer d’un système de traduction, trouver un correspondant, faire des
jeux et créer des tests. Sur le forum, des modérateurs répondent régulièrement aux
internautes qui utilisent le site pour demander des corrections ou des réponses à des
doutes. Les modérateurs sont souvent d’autres utilisateurs bénéficiant d’un statut
particulier.
►Les sites de « Rfi langue française » « apprendre TV5 monde » proposent des
reportages audio ou vidéo généralement en liens avec actualité (ex : les 60 ans des
Beattles, le tour de France ou des festivals culturels) et des exercices de
compréhension orale. Ce sont aussi des sites qui proposent des activités
pédagogiques dans le but de progresser dans son apprentissage de la langue,
essentiellement de la compréhension orale et écrite.
b) Les blogs éducatifs « indépendants » sont dans la majorité des cas des pages
éditées par des enseignants / tuteurs voire tuteurs exclusivement en ligne.
« Gabfle », «Je dis, tu dis, il dit, nous disons… – France Bienvenue 1 et 2 », ou « la
Boîte à FLE » proposent des contenus métalinguistiques et documentaires, des
parcours et scénarios pédagogiques disponibles sur le web 2.0. Le choix de ces
blogs pour notre recherche s’est effectué pour l’intérêt porté à leur structure
53
(classement par thèmes par niveau), leur riche contenu et leur continuité dans le
temps (de 2008 et toujours actifs à ce jour : juin 2015)
► Sur le blog Gablfe35 les contenus documentaires et pédagogiques ne sont pas
uniquement classés par thèmes (voyage, tourisme cuisine, cinéma..) ou par niveaux
(A1 à B2) mais également par savoir-faire (raconter une histoire, un souvenir…).
Sont postées des activités pédagogiques de compréhension orale, des exercices sous
forme de « quizz », des interviews avec leurs transcriptions et des remarques de
prononciation ainsi que des fiches de grammaire, de vocabulaire. L’audio y est
privilégié, il ne contient que peu de documents écrits (hors contenu pédagogique).
►Dans FranceBienvenue2 l’auteur36 « poste » régulièrement de nouveaux « billets »
qui présentent en général un thème culturel souvent en relation avec l’actualité
(extrait de Télérama, sortie littéraire récente. Régulièrement se poste une nouvelle
vidéo avec sa transcription et des notes explicatives (vocabulaire, culturel ou
grammaire).
Ces exercices de compréhension orale ne sont pas classés par niveaux, mais plutôt
adressés à des étudiants d’un niveau A2 au minimum.
►La Boîte à FLE37 propose des billets postés à intervalles réguliers (de 1 à 3 fois par
mois) sur des thèmes divers allant de la présentation d’un chanteur à celle d’un film.
Classés par niveaux (A2 à B2), ces contenus documentaires se présentent en vidéo,
en présentation Prezi ou par écrit. Des exercices automatiques développent de
nombreux autres thèmes culturels comme les séries TV, la gastronomie française, la
francophonie mais aussi des thèmes grammaticaux (la conjugaison, les pronoms).
Ces blogs qui mettent à disposition du matériel didactique ne proposent pas
uniquement des activités et scénarios pédagogiques « clefs en main » mais aussi un
lien régulier avec la langue sur ces pages du web 2.0 (renouvellement constant des
billets).
Chaque usager peut participer : possibilité de laisser des messages et
commentaires ; les concepteurs font preuve de régularité dans les échanges avec les
usages du blog.
2. Les rôles du tuteur dans les sites et blogs
35 Gabrielle Chort : http://gabfle.blogspot.fr/ et http://eurocentresamboise.ning.com/36 Anne : https://francebienvenue2.wordpress.com/37 Pascale Duvigneau: http://laboiteafle.blogspot.fr/
54
Dans la majorité des cas étudiés, portails FLE, sites et blogs ne font que mettre à
disposition des ressources (documents audios, écrits, fiches de grammaire, de
lexique ou de phonétique).
Mais certains concepteurs vont plus loin et effectuent un rôle de pédagogue,
architecte pédagogue et expert du contenu selon Garrot-Lavoué, E. , George, S. &
Prévôt, P. (2009). Les concepteurs des sites comme « Parlons français c’est facile »
et « Bonjour de France » permettent à l’enseignant d’assurer le rôle de tuteur qui
« clarifie des points de méthodologie, fournit des ressources liées aux contenus,
sollicite la mise en relation entre différents contenus mais aussi construit des
sessions de formation en sélectionnant des ressources pédagogiques organisées ».
La tutrice sur le blog Gabfle et la même conceptrice sur « Eurocentre Amboise »
mais aussi les modérateurs du club (français facile.com) assurent un rôle
d’évaluateur plus personnalisé ; elle permet une évaluation formative en assurant
une correction individuelle des commentaires émis sur les pages des blogs et
redirige directement les apprenants vers des éléments pour l’amélioration de la
langue.
La qualité esthétique des blogs étudiés et leur bon fonctionnement (gestion des
liens) est un atout rendant la navigation sur ces pages plus motivante, c’est pourquoi
on peut également citer parmi les rôles de tuteur celui de qualimétreur : « le tuteur
se dote de dispositifs de contrôle des produits, des environnements et de son
animation afin de capitaliser et améliorer en permanence le processus par
rétroaction ».
Par ailleurs, les concepteurs du site de TV5 monde et « Parlons français c’est
facile « assurent un rôle d’autonomisateur dans certains exercices, qui facilitent la
maitrise des compétences métacognitives en donnant des astuces pour comprendre
une interview ; il s’agit de conseils pour mieux comprendre (s’interroger sur les
objectifs de l’interview, observer le lieu du tournage…) que l’enseignant peut
réutiliser par la suite en classe dans le cas d’un apprentissage hybride.
3. La place de la perspective actionnelle
Sur les sites étudiés aucune activité ne vient relever de la perspective actionnelle
(les exercices automatiques : textes à trou, quizz) tandis que certains blogs
contiennent des activités avec une démarche réellement actionnelle. Dans le club du
« français facile.com » comme les blogs « Gabfle » et « France bienvenue2 » est
proposé aux usagers de participer et de rédiger des commentaires sur un forum ou
dans les commentaires du blog. Cette initiative permet un échange entre le
concepteur et les apprenants ainsi qu’entre apprenants. L’échange naturel et
55
régulier qui se crée entre l’apprenant et le concepteur (ou modérateur) modifie le
rôle de chacun. L’apprenant devient usager qui découvre des contenus
documentaires, le tuteur devient un guide qui propose de faire connaître les
spécificités de la langue qu’il utilise et de la culture qui est la sienne.
II. Présentation du dispositif « Au bon fil »
A. Une expérience du tutorat en ligne
1. De l’apprenant au tuteur
Ma formation au tutorat résulte de mon expérience en formation en ligne, de
l’échange avec différents tuteurs (MOOC, CNED, chinois, clarinette) mais aussi de
mes expériences d’enseignant en FLE. Mon rôle de tuteur/guide sur la Toile s’est dé-
veloppé à partir du déroulement de ces trois années consécutives à suivre entre une
quinzaine puis une dizaine d’élèves en formation hybride et à distance. Cette expé-
rience professionnelle a permis pendant trente mois de donner vie à une expérience
enrichissante de formation FLE en ligne durant trois années scolaires consécutives
(de mars à décembre 2010 à 2013). Les deux premières années en formation hy-
bride, la dernière en formation 100% à distance.
Le suivi pédagogique prend dans un premier temps la forme d’un accompagne-
ment « en guidant (mise à disposition des principes et principaux outils d’aide à l’or-
ganisation) en facilitant (recours méthodologique en cas de difficulté, fourniture
d’outils d’analyse des situations, remise sur le bon chemin) » le travail du groupe
d’apprenant. C’est le rôle de l’autonomatiseur selon Garrot-Lavoué, E. , George, S. &
Prévôt, P. (2009), le tuteur accompagne l'autonomisation de l'apprenant à distance.
Il devient « un guide en ligne » et permet l’exploitation du potentiel que recèle le
web 2.0 dans une perspective actionnelle pour l’apprentissage d’une langue en situa-
tion hétéroglotte. C’est dans un deuxième temps que ce suivi s’est développé gar-
dant l’objectif de permettre à l’utilisateur de progresser dans sa pratique de la
langue cible grâce à l’Internet, pour aboutir à un véritable dispositif de formation ou-
verte et à distance (supports et scénarios pédagogiques et suivi d’un tuteur) : « le
FIL ».
2. Marier « perspective actionnelle et web 2.0 »
A partir de notre statut d’étudiant en master FLE mais aussi en MOOC, nous
avons analysé les besoins et difficultés rencontrés par un apprenant à distance. De
notre point de vue, de l’étudiant à celui de formateur à distance, nous intégrons
pleinement la nécessité d’agir dans un cadre clairement identifié avec une intention
bien déterminée.
56
C’est pourquoi l’approche actionnelle est privilégiée dans la pédagogie mise en
place dans le dispositif. Dans un souci d’efficacité didactique mais aussi pour attiser
la motivation de l’apprenant. La tâche à accomplir incite à participer à des activités
groupales et/ou individuelles pour pratiquer les compétences langagières (CO CE
PO PE), les connaissances linguistiques (grammaire, lexique, vocabulaire) et socio-
culturelles (coutumes, francophonie, actualités…).
B. Le dispositif « Au bon fil »
1. Présentation générale du projet
Développé entre mars 2011 et décembre 2013 « Au bon FIL » (Français Interac-
tif en Ligne) met à disposition des étudiants une formation ouverte à distance et un
Espace Numérique de Travail pour l’apprentissage / enseignement du FLE : des acti-
vités et scénarios pédagogiques « tutorisés » dans un dispositif d’apprentissage hy-
bride. « Au bon fil » se présente comme un cyber magazine : un blog qui propose
trois scénarios pédagogiques par quinzaine à partir de l'actualité informationnelle,
culturelle et médiatique. Démarche qui se veut pleinement actionnelle car chaque
activité proposée s’accomplit par une tâche concrète et identifiable.
Cet outil de formation à distance principalement développé sur Internet permet à
l’apprenant d’accéder à un large éventail de ressources et de bénéficier du suivi et
de l’expertise d’un tuteur/guide en proposant de deux à quatre heures
hebdomadaires de pratique de la langue et de proximité avec la culture française.
En mode hybride, cela s’additionne à deux heures de classe :
►Le public: grands adolescents et jeunes adultes étudiants argentins en cursus
universitaire ou travaillant. Ils sont inscrits à l’Alliance française (Afba) ou autres
organismes de formation en FLE à Buenos-Aires. D’un niveau A2 avec une bonne
maitrise de l’outil informatique et l’accès à une connexion Internet stable à domicile.
Leur niveau de langue vers le niveau seuil ,leur permet d’envisager d’étudier à
l’avenir en université en France, ce qui est entrevu par quelques uns des étudiants
les plus motivés.
►L’objectif est de développer les compétences linguistiques pragmatiques et
socioculturelles des apprenants en développant un lien quotidien avec la langue
authentique et en favorisant l’interculturalité.
►Les moyens mis en œuvre consistent en la réalisation de tâches, développer le
travail en autonomie et en collaboratif, diffuser des productions. Les tâches
57
réalisées par les apprenants amènent à communiquer et échanger, ce qui entraine
la création, la production et le traitement de données diffusables. Les productions
sont destinées à être mises en valeur sur Internet.
Le dispositif assure un espace de pratique de la langue, régulier et multimodal. Des
activités, des scénarios, des parcours pédagogiques classés par niveau, par type
d’activité, par thème sont proposés régulièrement avec les outils du web 2.0
(réseaux sociaux, blogs, sites). La périodicité dans l’apparition de nouveaux contenus
mais aussi l’utilisation d’outils participatifs pour un échange interculturel et
collaboratif, sont des caractéristiques qui permettent au dispositif d’être en
évolution permanente.
► Les outils nécessaires sont disponibles gratuitement sur Internet et chacun
occupe une place prépondérante pour le bon fonctionnement de l’ensemble du
dispositif:
Une plateforme d’échange : Le réseau social Whaller : utilisé entre apprenants et
tuteur et comme espace d’apprentissage collaboratif. Il permet des échanges
synchrone et asynchrone pour l’organisation des sessions (déroulement des
activités, agenda, encouragements) ou échanges informels.
Pour les productions et diffusion des tâches : des outils de création multimedia :
Wordpress, Slideshare, Prezi ou Audacity, Audioboom et Youtube et des sites de
partage de documents : Scribd, Framapad, Wikis.
Pour la communication : des blogs, une boîte mail (Gmail), un compte Skype
Pour guider l’apprenant, les blogs et sites (la « blogositosphère ») associés au dis-
positif « Au bon fil » : rassemblent les pages sur Internet qui fournissent les acti-
vités et documents pédagogiques. Certains blogs sont participatifs : les appre-
nants peuvent y rajouter leur contenu après aval du tuteur. (Voir annexe 3).
► Déroulement : le projet de développement du dispositif se divise en deux parties
distinctes : année 2011 et 2012 en formation hybride et l’année 2013 exclusivement
à distance. Les classes en présentiel suivent la progression du livre de l’élève. Selon
les groupes de niveaux, les thèmes abordés lors des activités à faire à distance sont
en lien avec le thème général de l’Unité du livre (document déclencheur) et les
points lexicaux et grammaticaux abordés suivent la progression pédagogique de la
méthode papier utilisée en classe. L’hybridation représente une proportion de 50/50
pour la majorité des étudiants engagés dans le dispositif. Certains apprenants,
disposant de plus de temps, s’engageaient sur plus de distantiel que de présentiel
(80/20).
58
Tous les quinze jours, une sorte de cybermagazine (sur le blog « Le Fil ») propose
des scénarios pédagogiques (des Unités) composés de textes à lire, de fiches de
lexique et de grammaire, d’audios à écouter, d’images à commenter ou de vidéos
pour la production d’une tâche finale. La tâche finale s’évalue par la réalisation d’un
texte, d’un enregistrement ou autre document audiovisuel mis en ligne (par
exemple : commentaires sur web 2.0, présentation d’un sujet d’un lieu d’une
personne (écrit et/ou oral) , Cv vidéo …). Les scénarios pédagogiques se déroulent
sur sept séquences : voir exemple de scénario pédagogique : « Francophonons »
(Voir nnexe 4).
Le scénario et l’ensemble de ces activités à effectuer (lecture de document, écoute
audio, enregistrement, visioconférences : CE, CO, PE, PO) se déroulent donc sur
deux semaines.
2. Les rôles du tuteur dans le dispositif présenté
Tout apprenant en FLE (Universitaire, d’Institutions, en auto formation) bénéficie
de l’expertise d’un tuteur/ coach ; « le tuteur est un soutien à l’apprenant » selon
Garrot-Lavoué, E. , George, S. & Prévôt, P. (2009). Le
projet vise à se développer en apprentissage collaboratif mais durant la période
donnée (trois années scolaires) il s’agissait plus exactement d’un tutorat en
apprentissage individuel ; il n’y eut que trop peu d’échanges entre participants au
projet pour le qualifier d’apprentissage collectif. Ces échanges étaient réduits aux
interactions « apprenants- tuteur » plutôt que « apprenants-apprenants ». Toutefois
la structure du dispositif permet un apprentissage collaboratif pour la formation à
distance. Dans un premier temps le « FIL » à proposé un
enseignement/apprentissage en collaboration entre l’apprenant et le tuteur en ligne ;
par la suite, il pourrait s’étendre aux apprenants (entre pairs). Ainsi , en plus des
rôles liés à la médiation (organisateur, catalyseur, accompagnateur), sont assurés les
rôles liés à la tâche (pédagogue, d’évaluateur, et expert du contenu), selon Garrot-
Lavoué, E. , George, S. & Prévôt, P. (2009) l’enseignant / tuteur devient
« modérateur en ligne », mais pour les rôles organisationnel et social d’un tel
dispositif « il ne s’agit pas uniquement des interactions en ligne mais du processus
d’apprentissage des apprenants tout au long de la formation, de l’intégration de
l’apprenant au sein du groupe d’apprentissage et de la création de la communauté
d’apprentissage globale ».
En apprentissage collaboratif, le processus d’apprentissage tout au long de la
formation demande également au tuteur de développer des compétences pour
assurer de nouveaux rôles de coordinateur de groupe (il aide à préciser un projet
59
commun, organiser les échanges synchrones ou asynchrones), ou de méta-catalyseur
(aide l’apprenant à exposer son projet personnel, à l’articuler à celui du groupe.
Certains rôles finalement dépendent de la temporalité de la formation : sur trois
sessions de formation de 10 mois (de mars à décembre selon l’année scolaire
argentine), sur le long terme : le tuteur est personnalisateur (à l’écoute des
apprenants pour parer aux difficultés de la langue). Pour suivre le déroulement des
activités par les apprenants, dans le dispositif présenté, les sessions synchrones
contiennent des activités pendant lesquelles le tuteur devient aussi superviseur (il
suit le déroulement du scénario) et intervenant (le tuteur répond aux appels des
apprenants et s’adapte à leurs besoins).
3. Le dispositif et la perspective actionnelle
Les activités proposées dans les scénarios pédagogiques du dispositif aboutissent
systématiquement à une tâche à réaliser en autonomie. Elles relèvent d’une véritable
perspective actionnelle car l’apprenant n’est plus considéré comme tel car après
évaluation et correction de sa production (orale ou écrite voir multimodale) celle-ci
est diffusée. L’apprenant devient un véritable usager de la langue, qu’il utilise pour
communiquer dans un contexte hors de la classe comme un véritable acteur social.
Les tâches réalisées aboutissent à de réelles productions qui se retrouvent sur
Internet, véritable espace de production. Les auteurs du Mooc Efan (2014) parlent
de quatre formes de participation sur Internet, toutes exploitées dans le dispositif du
FIL :
rédactions de commentaires sur les biens et services pour des niveaux A2 et B1
pour présenter un lieu (Tripadvisor, Yelp), un restaurant (Oleo -équvalent de la
Fourchette en Argentine), un film (Allociné), ou un livre (Babélio), se présenter
en vidéo (7 miliards d’autres) ou B2 en réagissant à un article de presse. Sur ces
sites le contenu éditorial est généré entièrement ou en partie par les internautes
(crowdsourcing). Pour les commentaires c’est aussi la participation à des blogs
(écriture de commentaires brefs sur des billets de blogs).
des échanges en ligne (forums de discussion) sur des sujets divers (Doctissimo,
Avygéo, le Routard)
l’élaboration de contenus collectifs (blogs, Mindmeister, Wikipedia ou autres
wikis)
Diffusion d’œuvres personnelles : des vidéos sur Youtube, de la musique sur
SoundCloud, des enregistrements sur Audioboom, des cartes postales sonores sur
Mixavenue, des articles de presse dans Agoravox, des dessins humoristiques
60
dans BirdDessinés, des critiques de cinéma dans AlloCiné, des textes et images
dans les blogs (Wordpress)
De plus, nombreux sont les étudiants dans le groupe qui utilisent régulièrement
les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Tweeter…). Ces internautes ont
développé des habiletés inédites qui peuvent être exploitées même pour un
apprentissage formel. Des savoirs-faires qui conduisent à de nouvelles capacités
d’échange, de mutualisation, de débat, d’organisation autonome qui restent propices
aux apprentissages. Ces échanges créés entre tuteur et apprenant ou entre
utilisateurs dépassent le temps de classe et d’apprentissage. On est dans un usage
de la langue en tant qu’acteur social dans une démarche pleinement actionnelle.
L’évolution dans le temps avec le renouvellement périodique de nouveaux sujets
en relation avec actualité culturelle, permet le développement de la participation
des apprenants qui créent une communauté. Le dispositif cherche à permettre la
création et l’échange de CGU : à travers le réseau social (Whaller), du forum, de wiki
ou de pad pour des sujets bien précis mais aussi sur les blogs associés au dispositif.
Certains blogs sont participatifs : les apprenants peuvent y rajouter leur contenu
après aval du tuteur. (Voir annexe 3).
Le dispositif prévoit donc d’utiliser un réseau social comme support
d’apprentissage : Whaller. Afin d’utiliser des outils bien connus par les plus jeunes
participants, l’intégration des réseaux sociaux à des fins d’apprentissage est un
moyen de profiter des habilités acquises de l’usage des outils numériques, de
diversifier les outils éducatifs et d’ accroître la motivation des plus jeunes
apprenants. Comme tout autre réseau grand public, Whaller permet le
développement de conversations et de tâches collaboratives. Le choix de Whaller
plutôt que de Facebook est sa plus grande neutralité : pour éviter de mélanger les
genres avec des éléments de vie privée, mais aussi éliminer la présence de publicité
ou autres sollicitations peu compatibles avec les nécessités de concentration propre
à la démarche de l’apprenant. Notre dispositif propose par ailleurs la participation
aux communautés d’apprentissage en ligne (Livemocha, Busuu ou Babbel) dans
l’objectif d’une part, d’avoir accès à des exercices autocorrectifs mais surtout de
rentrer en communication avec des natifs. Des activités sont proposées pour guider
les apprenants en tandem au sein de ces communautés, pour enrichir les échanges.
61
CHAPITRE 4 – ANALYSE ET BILAN
I. Internet en classe à l’Alliance française de Buenos-Aires
Véritable institution centenaire, lieu de culture franco-argentin, l’Alliance
française de Buenos aires rassemble plus de cent enseignants dont un grand
nombre sont titulaires et y enseignent depuis plus de vingt ans. L’institution reste
toutefois bien connectée avec le « laboratoire de langue » et les classes équipées de
Tni de même qu’une offre pédagogique qui dès 2007 propose une formation 100% à
distance, malheureusement interrompue depuis lors. A partir de notre expérience au
sein de l’Alliance Française de Buenos-Aires et après constatation du manque d’offre
de formation à distance, nous avons cherché plus largement à connaitre l’implication
des enseignants dans une démarche pédagogique intégrant Internet et les TICE.
Nous avons mis en place un questionnaire sous deux formes : imprimé sur papier à
distribuer dans les casiers en salle des professeurs et un questionnaire en ligne.
A. Objectifs du questionnaire
1. Présentation du questionnaire
Il s’agit d’un questionnaire à choix multiple qui propose des questions fermées et
mixtes (certaines questions contiennent la modalité « Autre »). Nous avons choisi
62
d’utiliser l’échelle de Likert et permettre à la personne interrogée de soumettre un
certain degré d’utilisation des TICE dans son enseignement ; ex : beaucoup
d’utilisation du Tni, peu d’envoi de mail hors classe, et aucune participation à un
forum (voir annexes 5).
Le questionnaire tout d’abord soumis à la direction du service pédagogique se
compose de deux parties essentielles avec deux questions pour chacune qui se
rapportent à:
la situation actuelle : 1- Quelle est la place des TICE dans votre enseignement ?
la situation future : 2- Quelles disponibilités pour quels engagements à utiliser les
TICE ? Une question supplémentaire vient compléter les deux premières :
analyse des difficultés : 3- Quels sont vos freins au développement des Tices dans
votre pratique ?
La première question se pose pour deux contextes différents de classe que
rencontrent la plupart des enseignants: a)en classe à l’institut (en interne) ou b) en
classe externe (en entreprise ou à domicile) individuelle ou en groupale. Cette série
de questions portent à la fois sur le déroulement des classes en présentiel mais aussi
à distance.
La question suivante porte sur la disponibilité de l’enseignant. En partant du
présupposé que l’enseignant n’intègre pas les TICE et les outils numériques par
manque de disponibilité. Ce sont ses disponibilités temporelles ou matérielles que
nous soumettons à évaluation. Les types de question utilisent un système de
notation par étoile (de 0 à 4), ce qui permet aux questionnés de nuancer leurs
réponses (avec l’échelle de Likert).
2. Type de résultat recherché
Les réponses fermées permettent un résultat plus quantitatif et donnera les profils
d’enseignant selon le degré d’intégration des TICE et d’Internet dans leur
apprentissage. On cherche à connaitre en question 1 le nombre d‘enseignants qui
ont intégré l’usage des TICE en classe et à distance, et quels types d’outils
numériques sont utilisés en présentiel et à distance. Egalement de savoir quelle est
leur expérience de tutorat. La question 2 évalue les engagements pris par
l’enseignant, ses disponibilités pour développer davantage l’utilisation d’Internet et
des TICE dans son enseignement. La question 3 est subsidiaire ; si l’évaluation des
disponibilités est faible. On cherche à évaluer les freins qui empêchent le
63
développement des TICE en classe. Les questions mixtes sont partiellement ouvertes
et permettent aux interrogés de préciser sa réponse en créant également un lieu
d’expression pour les enseignants et permettre une réflexion et des échanges sur les
difficultés rencontrées.
B. Une institution à Buenos Aires
1. L’équipe pédagogique de l’Alliance Française de Buenos Aires
Elle est composée de l’équipe du service pédagogique et de son directeur ainsi
que de l’ensemble des professeurs : plus d’une centaine autour des quatre centres de
Buenos Aires (Palermo, Belgrano, Centrale et Flores).
Pendant notre expérience professionnelle, ayant constaté un manque de
dynamisme dans le domaine de l’intégration des TICE et de l’usage d’Internet en
classe, nous avons créé et soumis un questionnaire à la direction générale et aux
services pédagogiques. L’objectif principal étant de connaitre les raisons à l’origine
de cette offre très partielle en enseignement à distance, malgré les moyens mis en
œuvre et les potentialités offertes en moyen matériel et technique en évolution
constante.
Ce questionnaire cherchait d’une part à mieux connaître les profils des
enseignants -bien que soumis de manière anonyme- puis de soulever des manques et
les obstacles rencontrés par les professeurs de FLE.
Conversations téléphoniques et rencontre au centre de Buenos Aires avec
plusieurs membres de l’équipe de la direction pédagogique ne nous ont pas permis
de convaincre nos interlocuteurs qui n’ont pas souhaité soumettre le questionnaires
aux enseignants. Une recherche interne sur ce même thème semble déjà être en
cours à l’Alliance Française. Les membres de la direction craignant de voir notre
questionnaire interférer dans leurs résultats nous ont remercié pour notre travail et
pour notre intérêt porté à l’institution mais sans donner de suite à notre demande.
Une tension au sein de l’équipe pédagogique est perceptible au sujet de
l’utilisation des outils numériques. Du côté des enseignants cette tension vient en
partie d’un allongement du temps de travail dû aux nécessités de temps de
préparation supplémentaire pour la mise en place de nouvelles activités (en classe
sur Tni, scénarios pédagogiques en ligne). Auquel s’ajoute la non-reconnaissance
d’un nouveau statut : tuteur ou enseignant spécialisé en numérique. D’autre part une
certaine crainte est également suscitée par l’utilisation de ces nouveaux outils pour
64
certains profils d’enseignant (titulaire de longue date surtout). Conscient de cette
problématique l’équipe de direction organise régulièrement des rencontres et
ateliers lors de ces « journées pédagogiques » annuelles. Des journées de formation
ponctuelles sont organisées également sur ces thématiques (ex : formation pour Tni,
formation à l’usage du laboratoire de langue).
Puisque ce questionnaire ne fut pas soumis aux intéressés, nous ne disposons pas
comme prévu de chiffres permettant de mieux connaître les emplois d’Internet et des
TICE dans les classes au sein de l’institution ni d’avoir une idée précise des
différents profils de professeurs de l’Afba. Cependant à partir de notre expérience
d’enseignant et de notre travail d’observation sur le terrain durant ces cinq années
de postes occupés dans divers centres du réseau des Alliances françaises de Buenos-
Aires, nous pouvons en dégager plusieurs profils d’enseignants :
TABLEAU 8 : Profils d’enseignants à l’Afba
Dénomination
Description Statut Part approximativ
e* L’enseignant « digital natif »
jeune professeur (- de 30 ans) né avec les nouvelles technologies et les utilisant régulièrement.
Enseignant en formation ou récemment diplômé en FLE envoyé de France avec un contrat à durée déterminé (2 ans) et payé en devise locale.
10
L’enseignant « digital migrant »
professeur de 35 ans et plus. Curieux de découvrir de nouveaux outils pour ses classes.
Enseignant titulaire ou vacataire de profil argentin ou plus rarement vacataires français natifs expatriés
60
L’enseignant non migrant
professeur de 35 ans et plus dans l’impossibilité d’intégrer les TICE dans son apprentissage
Enseignants titulaires de profil argentin. 30
*au sein de l’ensemble des professeurs de l’Afba
Nos estimations permettent d’observer une répartition : de 10- 60-30 entre les
différents profils. D’après ces chiffres, plus de la moitié de l’ensemble des
professeurs de l’Afba est apte et disponible pour développer les TICE et l’usage
d’Internet en classe. Les équipements en salle (salle informatisée, avec Tni)
permettent cette dynamique pour un certain nombre de groupes. Un organigramme
est à prévoir pour la gestion des salles de manière à permettre à plusieurs classes
d’avoir accès à Internet pendant les horaires de classe.
65
2. Perspectives
Dans le cas où le dialogue permet à l’équipe pédagogique et la direction de
repartir sur de nouvelles bases, la possibilité de soumettre le questionnaire sans
mise en tension des acteurs, permettrait de détecter des profils d’enseignants plus
désireux et compétents à accomplir certaines tâches avec les outils numériques
(intervention en Tni et tutorat à distance). Avec une organisation optimale, les
« enseignants plus numériques » pourraient assurer des séances connectées
ponctuellement et ainsi créer une nouvelle émulsion de travail en équipe avec les
compétences de chacun mises en valeur.
Par ailleurs, es élèves de l’Afba étant très souvent équipés numériquement (de
tous âges), une autre piste d’amélioration serait l’utilisation des appareils mobiles
personnels (smartphone, tablettes). Envisager l’intégration du m-learning en classe
pour permettre de palier aux difficultés liées aux manques de disponibilité d’une
salle (avec Tni ou salle informatique) ou pour créer une nouvelle dynamique de
classe. Connaitre les possibilités existantes et développer de nouvelles formations
(pour certaines classes) et envisageable après un minimum de recherche et de
préparation venant des professeurs intéressés dans cette démarche.
Puis, finalement selon le souhait et la motivation des enseignants, une
spécialisation ayant pour objectif le développement de compétences pour
l’utilisation des outils numériques pourrait consister à suivre la formation C2i2e.
Avec un intérêt particulier pour la partie B : « Compétences nécessaires à
l’intégration des TICE dans sa pratique d’enseignement » ou « B31. Conduire des
situations d’apprentissage diversifiées en tirant parti du potentiel des TIC (travail
collectif, individualisé, en petits groupes) »38 -(Voir annexe 6).
II. Les acteurs de l’enseignement à distance
A. La multiplicité des acteurs
1. Au sein de l’institution
Suite à notre expérience à l’Alliance française, nous avons vu que de nombreux
enseignants sont disponibles et désireux de s’engager dans ce genre de processus
d’enseignement à distance mais qu’un certain nombre d’attentes naissent de leur
part en occupant ces nouveaux rôles de tuteurs.
L’apprentissage hybride et à distance implique de l’enseignant de nouveaux rôles
puis de nouveaux temps de préparation pour les sessions à distance (corrections,
38 https://c2i.education.fr/spip.php?article8766
consignes, organisation des sessions…). Ces nouveaux rôles mettent parfois en
tension les enseignants qui font le passage de l’enseignement classique (uniquement
présentiel) à un enseignement à distance (ou hybride).
L’Afba est un exemple de centre qui travaille à impliquer ses enseignants à
diversifier leurs ressources pédagogiques, homogénéiser les pratiques de classes,
mutualiser les ressources et moderniser leur enseignement. Cependant à ce jour
(juin 2015) en Argentine aucune formation à distance n’est dispensée et peu
d’activités se développent en ligne bien que dans le monde plusieurs centres
d’Alliance française intègrent Internet dans leur classe et proposent une offre
grandissante en formation à distance: comme, en Equateur à Quito (plateforme
EIFFEL), à Cuba39 et en Afrique du sud (projet d’hybridation des cours) et l’Alliance
française de Paris40 (la Cl@asse+).
Après étude de quelques unes de ces formation, nous constatons une diversité des
types de projets et d’instruments de médiatisation, dans certains projets le tuteur
s’ajoute à l’enseignant dans le sens où les fonctions de tutorat (en distantiel) sont
assurés par une personne autre que l’enseignant (en présentiel). De même que dans
plusieurs projets universitaires (« Le français en première ligne »41 et M-Tourisme42.
Il faut noter que les deux publics (apprenants FLE et tuteurs) participent au projet
dans le cadre de cours universitaires, qu’ils sont encadrés et évalués chacun par
leurs enseignants respectifs. Dans ces projets, les tuteurs (futurs enseignants FLE en
France) « secondent » le professeur de français de l’université d’origine (en
présentiel en Afrique), on a donc à faire à une pluralité des acteurs de
l’enseignement de la langue.
2. Complémentarité des rôles
Après analyse des dispositifs présents sur la Toile, nous constatons à partir de nos
recherches la pluralité des acteurs qui s’étend aux:
concepteurs de matériaux pédagogiques en ligne
éditeurs de méthodes papier
enseignants « numériques »
tuteurs en ligne indépendants
apprenants eux-mêmes
39 Cuba : http://www.institut-numerique.org/1-lancrage-theorique-51a6259ec60ab40 Paris http://www.emdl.fr/fle/articles/detail/la-clsse-un-dispositif-de-cours-hybride-fle-cree-et-mis-en-place-a-lalliance-francaise-paris-ile-de-france/41 FPL :http://fle-1-ligne.u-grenoble3.fr/index.html42 M-Thttp://www.atilf.fr/IMG/pdf/101-118_nissen.pdf
67
Chaque acteur occupe différents rôles de tuteur selon la spécificité de chaque
type de formation (MOOC, communauté d’apprentissage, club de langue,
cybermagazines, sites ou blogs). En conclusion de leur recherche E. Garrot-Lavoué,
S. George, & P. Prévôt, (2009) qui ont relevé les seize rôles de tuteur reconnaissent
que « le tuteur ne réalise pas simultanément tous ces rôles et n’en a pas forcément
conscience ».
Plusieurs acteurs assurent des rôles disponibles en ligne qui permettent de
participer à la fonction (ensemble des tâches) de tutorat qu’occupe l’enseignant
engagé dans un processus d’apprentissage à distance ou hybride. De cette pluralité
des acteurs et de leurs rôles mis en résonnance dans un scénario pédagogique
résulte une formation plus efficace si on part du présupposé que plus de rôles de
tuteurs sont présents dans une formation, plus l’enseignement/apprentissage est
efficace.
B. Les tuteurs du web 2.0
1. Sur les sites
A propos des sites compagnons associés aux méthodes, selon N. Guichon & T.
Soubrié (2013) il s’agirait d’une dénomination abusive, ils soulignent que « le terme
de site compagnon est trompeur car il suppose une médiation humaine qui
accompagne le travail individuel de l’apprenant en dehors de la classe alors que dans
les faits, il s’agit essentiellement d’une médiatisation des contenus des activités ».
L’enseignant qui dirige les élèves vers ces ressources les engage dans une démarche
en autonomie; bien que la part du tutorat soit faible, les exercices proposés sur ces
sites peuvent servir à évaluer les connaissances acquises en classe par l’apprenant.
Cependant le Nouveau Rond-point (suite à Version Originale) permet l’accès à un
blog avec des compléments d’activités en relation avec les notions apprises dans le
manuel. Certaines de ces activités permettent une communication entre apprenants
qui permet d’accéder alors à la plus aboutie des propositions d’utilisation des
propriétés du web 2.0 : la production et l’échange entre pairs. Bien qu’il n’y ait pas
en général de création de Contenu Généré par l’Utilisateur (CGU) sur les sites
compagnons, les nouvelles parutions semblent commencer à faire des propositions
dans ce sens et profiter des potentialités du web 2.0.
Les sites Internet en dehors des sites compagnons recèlent d’un grand nombre de
ressources utilisables par l’enseignant pour « guider » ses apprenants dans leur
apprentissage à distance. Nous reviendrons d’abord sur les études citées par
Bruillard (2013) envisagées pour «un répertoire national des ressources ». Selon
l’auteur, cela « ne va pas sans la mise en place d’une animation suffisante autour de
68
celles-ci ». L’auteur rajoute que « renouveler sans cesse des préparations conduit à
repenser la dimension collective du métier ». L’utilisation d’Internet participe à
échanger, utiliser, créer et modifier les ressources, il permet la conception
collaborative ; « ce qui importe c’est que les ressources soient vivantes : utilisées,
discutées, modifiées ».
Bien que l’offre sur les sites dits « officiels » dans notre étude (dans « Parlons
français, Bonjour de France, Rfi apprendre») se renouvelle, que la majorité des
activités pédagogiques soient conçues à partir de documents authentiques, les
contenus en ligne ne sont que des exercices d’évaluations automatiques sans réelle
utilisation de l’approche actionnelle par le biais du web 2.0. Trop peu de tâches
collaboratives sont proposées pour le moment.
Dans les blogs observés on constate une plus grande participation des
concepteurs qui arrivent à individualiser davantage l’enseignement en proposant des
suivis et des corrections plus individuelles de même que dans le « club de langue »
(Français facile.com) où la participation à des forums permet aussi à l’usager de
dépasser sa place d’apprenant et de devenir acteur social utilisant le français pour
communiquer.
2. Dans les communautés d’apprentissage
Les communautés d’apprentissage que nous avons choisies d’étudier suite aux
recherches de M.Loiseau et al. (2011), K.Zourou (2012) et C. Pélissier & H.Qotb
(2012) affichent un objectif explicite d’apprentissage des langues, « suivant une
progression plus ou moins élaborée ». On y trouve des parcours pédagogiques et des
activités mais selon M. Loiseau, A. Potolia et K. Zourou la professionnalisation des
tuteurs est nécessaire. Le système d’évaluation par point n’est pas optimal pour
l’acquisition des compétences. Les auteurs relèvent la nécessité d’améliorer la
qualité des corrections et des contributions. Pour les corrections faites par les
utilisateurs / tuteurs se posent des questions légitimes : « être natif est-ce une
qualité suffisante pour assurer la qualité des retours? Le nombre compense t-il
l’absence d’expertise ? (…) Dans les espaces d'apprentissage collaboratif quelles
sont les affordances communicatives ? » (Loiseau, M. et al).
La qualité des retours est une nécessité que les concepteurs de ces communautés
devront se tenter d’améliorer (pour une forme de professionnalisation de la partie
enseignement). Cela revient à se poser la question : comment les acteurs conçoivent
l’accès au savoir linguistique ? Une piste de réponse serait d’inclure davantage les
69
contenus générés par les utilisateurs dans le dispositif en sortant des « contenus
annexes » les contributions des utilisateurs et faire entrer les productions
d’apprenants dans le « contenu principal ». Par ailleurs dès lors qu’il y a création de
contenu le tuteur doit aussi être en mesure de gérer de nouvelles problématiques et
adopter une attitude responsable en termes de représentation légale : respect des
droits d'auteur, modification et diffusion des contenus et identité numérique.
C. Vaufrey (2011) parle plus précisément de Facebook et mentionne le cas de
« certains enseignants qui ont franchi le pas en remettant parfois leur position
initiale ». Il est alors reconnu que convivialité et échange sont favorisés mais « on ne
peut pas nier la propension des responsables de ce site à collecter les données
personnelles ». C’est pourquoi institutionnaliser l’usage des réseaux sociaux doit
également faire partie des rôles du tuteur, « les institutions pour leur part utilisent
Facebook avec précaution car elles sont tenues à des règles strictes en matière de
respect de la vie privée ».
3. Le format MOOC
Une bonne option pour intégrer l’approche actionnelle dans l’enseignement des
langues est le format proposé dans les MOOC et parmi ceux-ci les cMOOC -dits
connectivistes-comme « Travailler en français ». Le thème du cours est une tâche en
elle-même, ce cours conduit à la réalisation de la tâche et permet de dépasser le
rôle d’apprenant pour devenir un usager de la langue.
Dans le projet de dispositif du « FIL (Français Interactif en Ligne) », le tuteur fait
le lien entre l’apprenant et un ensemble de ressources pédagogiques structuré en
parcours et scénarios. Les scénarios pédagogiques présentés en « Unités »
fonctionnent comme des mini-MOOC d’une durée de deux semaines sur sept
séquences (dont trois en présentiel pour la version hybride). Chaque unité propose
des activités par niveaux. Elles se présentent comme des MOOC qui se succèdent
avec chacun une tâche à réaliser et des objectifs (langagiers, communicationnels et
socioculturels) à atteindre pour progresser dans la langue. Le ou (les) thèmes de
l’unité sont généralement liés à l’actualité (culturelle ou informationnelle). La
réussite d’un tel projet nécessite l’implication de l’enseignant hors classe sur de
nouveaux temps au même titre que le travail de préparation du cours ou de temps de
correction de copies fait déjà partie des rôles de l’enseignant. La régularité de la
participation du tuteur dans les échanges avec l’apprenant est primordiale ; un
maximum de trois jours ouvrés n’a pas été dépassé pendant le déroulement des
sessions.
70
Un atout de ce dispositif expérimental est de renouveler sans cesse ses contenus,
ce qui conduit comme le rappelle Bruillard (2013) « à repenser la dimension
collective du métier ». Cette dimension collective nous l’avons entièrement intégrée
en choisissant d’occuper particulièrement certains rôles en complément aux rôles
déjà joués par les acteurs du web 2.0 (rôles liés à la tâche et à la médiatisation). Ces
rôles qui nous semblent indispensables pour le bon développement d’une FOAD sont
les rôles liés à la temporalité ; les rôles d’ autonomisateur (guide de langue),
personnalisateur (à l’écoute des apprenants) superviseur (du bon déroulement des
activités) , intervenant (disponible sous 48 heures ouvrables suite à un appel
d’apprenant ou tout blocage dans le déroulement des activités) Le dispositif cherche
à mettre en place une animation suffisante autour des ressources (sites, blogs,
communautés d’apprentissage) pour qu’elles soient utilisées, modifiées, améliorer.
En conclusion nous insisterons sur la spécificité de chacun des acteurs qui
gagnent à se compléter dans leur participation à la formation des apprenants. La
connaissance de l’ensemble des possibilités offertes par Internet en termes
d’activités et de rôles de tuteurs disponibles en ligne appelle à une nouvelle
collaboration entre acteurs de l’enseignement à distance. Activer chacun de ces rôles
dans des activités ordonnées en scenarios pédagogique permet à l’apprenant
d’optimiser son apprentissage en formation ouverte à distance.
III. L’apprenant acteur dans son apprentissage
A. Un nouvel espace pour l'apprenant
1. Accomplir des tâches guidées sur le web 2.0
Notre étude s’est portée essentiellement sur les apports d’Internet pour
l’apprentissage à distance dans un cadre institutionnel (ou formel) et non-formel.
Dejean & Nissen (2013) parlent « d’apprentissage non-formel, c'est-à-dire non
institutionnel mais intentionnel ». Au sujet de l’utilisation du web 2.0 et de l’usage
des réseaux sociaux, elles citent également Lloyd (2012) qui envisage d’exploiter
l’offre proposée par les communautés d’apprentissage pour « faire un pont entre
apprentissage formel (institutionnel, soumis à évaluation et intentionnel) et un
apprentissage informel qui se distingue du non formel par le fait que l’apprentissage
y devient une incidence, mais non plus un effet recherché ». Pour intégrer de
l’informel dans du formel, « il s’agirait de faire oublier à l’apprenant qu’il apprend ».
Dans notre recherche sur les dispositifs mis à disposition sur Internet, la
présence de perspective actionnelle est un critère primordial pour l’évaluation de
l’intérêt pédagogique d’un site, elle assure à l’apprenant une efficacité pédagogique.
2. L’apprenant acteur dans le web social 71
Les MOOC de type connectivistes permettent aux participants d’interagir afin
d'assurer une production continuelle de contenu pour la réalisation d’une tâche
concrète. Une démarche pleinement actionnelle mais le format actuel des MOOC
(en général 4 à 5 semaines) ne présente qu’une période trop courte pour pleinement
profiter des qualités admises par ce format de cours. Une autre spécificité des
MOOC est la possibilité pour l’apprenant de s’impliquer à différents niveaux
(plusieurs niveaux de certification) dans le cours. La recherche d’apprentissage est
toujours présente mais à différents degré d’implication (degré de contraintes selon le
livre blanc d’Unow43. Selon le type de MOOC une réelle implication nécessite un réel
engagement et des contraintes de temps et d’investissement intellectuel.
Les communautés d’apprentissage proposent toutes la possibilité d’échanger avec
un natif, de créer des échanges en Tandem ou d’entrer en contact avec des
communautés d’apprentissage. Les recherches menées par M. Loiseau (2011), K.
Zourou (2012) et Pélissier et Qotb (2012) laissent entendre que les usages
majoritaires de ces sites ne sont pas les espaces d’échange entre pairs (en Tandem
ou en communauté) mais plutôt les ressources pédagogiques (exercice automatiques
et Production Ecrite). Un grand nombre d’apprenants a encore trop tendance à se
représenter l’apprentissage d’une langue comme une liste de mots et de structures à
mémoriser.
L’étude sur l’utilisation des sites de communauté d’apprentissage de Loiseau et al
(2011) permet d’observer que le contenu « principal » contient le matériel
pédagogique et que les interactions entre apprenants font partie du « contenu
annexe ». Or, permettre l’intégration au dispositif de contenus créés par
l’utilisateur met l’apprenant dans une démarche active qui valorise sa production et
sert davantage à son apprentissage.
Les utilisateurs ne sont pas assez participatifs en général, davantage
consommateurs. Il en est de même pour les sites Internet (officiels et compagnons de
méthodes) tandis que sur les blogs et sur certaines options (après inscription) des
sites permettent l’accès à un forum. Blog et forum donnent accès à un espace de
production écrite qui permet les interactions en mettant l’apprenant actif dans son
apprentissage ; il crée du contenu. Il en est de même pour les sites et les blogs qui
permettent la rédaction de commentaires (dans les forums et sur les billets de blog)
43 Unow : start-up spécialisée dans la conception de MOOC. Les deux fondateurs s’appellent Yannick Petit et Jérémie Sicsic. http://www.unow.fr/images/Unow/files/livre_blanc_MOOC_Design_UNOW.pdf
72
et assurent à l’apprenant de se trouver dans cette posture active qui fait de lui un
usager de la langue en contexte.
Dans notre projet de dispositif les commentaires sur les blogs, sur le réseau
social, les fiches réalisables et diffusables, le blog des apprenants sont autant
d’outils qui permettent l’interaction et la création de contenus générés par
l’utilisateur. La pratique régulière et multimodale du français permet aussi à
l’apprenant un lien continu avec la langue et la culture par le biais d’ « un tuteur
qui ouvre une fenêtre sur la France ». Par ailleurs, nous sommes pleinement
conscients que pour l’ensemble des dispositifs de FOAD, il ne sera que plus efficace
si la connaissance des outils numériques est bonne chez l’apprenant. Une bonne
maîtrise des logiciels (traitement de texte, audio, vidéo et des réseaux sociaux) est
un pré-requis nécessaire, mais également l’acquisition d’une certaine culture du
numérique.
B. Préparer à l’environnement numérique
1. L’identité numérique
L’utilisation de l’ensemble des outils mis à disposition sur Internet participe au
développement d’une identité numérique. Selon F. Georges (2009), cette identité
numérique occupe une place importante dans les débats sur les réseaux sociaux. Les
messages, les productions, tous les contenus créés, sont autant de traces qui se
définissent comme « une transposition graphique, sonore et visuelle d'une
représentation en pensée façonnée par le Sujet dans le matériau de l'interface »
(Georges F. 2009).
Cette identité productrice de contenu relève des problématiques liées au respect
de la vie privée et à la diffusion des productions qui peuvent provoquer des
réticences chez certains apprenants. Par exemple dans le cadre du projet de
télécollaboration Forttice (cité dans le MOOC Efan 2014) certains étudiants ont
refusé de diffuser leur production. Il est donc important de rester bien à l’écoute des
apprenants avant la finalisation de la tâche et de sa diffusion sur Internet. Être
responsable dans ses usages des contenus utilisés sur Internet (par exemple le
respect des droits d’auteurs), rester maître de ses données, savoir trouver
l’information, sont autant de compétences qui relève de la littératie numérique
2. Culture numérique
Dans leur recherche sur l’introduction du numérique dans les manuels de FLE, C.
Dejean et T. Soubrié (2014) estiment la présence du numérique dans différents
73
ouvrages papiers. Ils relèvent dans Alter Ego les références faites au numérique
dans les documents de la leçon (écrire un mail) mais aussi les outils que l’on
demande parfois d’utiliser dans les activités du livre (faire un reportage, ou utiliser
Internet en classe). Les auteurs vont plus loin et cherchent à savoir si ces ouvrages
préparent l’apprenant à l’usage des outils numériques (ex : trouver une bonne
information sur Internet). Or selon eux dans les manuels étudiés ne se trouve
« aucune activité spécifique en matière de littératie numérique, c’est à dire visant à
développer les capacités des apprenants à « évoluer de façon critique et créative,
autonome et socialisée dans l’environnement médiatique contemporain » (Fastrez &
De Smedt, 2012)
Notre recherche sur les dispositifs en ligne existants pour l’apprentissage du FLE
nous amène à nous poser la même question sur la présence « d’activité spécifique
en matière de littératie numérique ». Nous reprendrons également la définition
traditionnelle de B. Combes ( 2010) qui définit la littératie comme « des aptitudes
liées à l’écoute, l’éloquence verbale, à la lecture et à la pensée critique pour former
des penseurs et des apprenants actifs, aptes à s’engager socialement ». A l’ère du
numérique ces compétences restent indispensables à tout citoyen souhaitant
participer pleinement à la vie en société. Dans le cadre de l’apprentissage d’une
langue les relations entre les compétences en littératie numérique et l’utilisation des
TICE sont évidentes.
Dans plusieurs dispositifs (Communauté d’apprentissage, les blogs, les MOOC, le
projet du Fil) a été observé un manque de socialisation dans l’apprentissage à
distance. Une certaine individualisation se crée par la distance dans certains cas. Le
développement d’une culture numérique dans l’apprentissage des langues gagne à
être développé dans les projets pédagogiques pour accroître l’autonomie de
l’apprenant, sa créativité et sa socialisation : participer à des échanges, à des tâches
collaboratives et diffuser des contenus.
La formation en ligne doit également permettre d’acquérir les compétences
nécessaires en matière de littératie numérique : former les apprenants à vivre dans
le monde médiatique pour l’apprentissage d’une langue (formel et non-formel) mais
également pour les usages hors apprentissage (et informel). D’une manière générale,
elle devrait permettre d’amplifier leurs connaissances et développer des aptitudes
adaptées au numérique (gestion des informations et des communications, pensée
critique).
74
Éric Bruillard (2012) rappelle que pour l’Unesco, « Alphabétiser ne consiste plus
seulement à apprendre à lire, écrire, compter. On parle de développement humain,
communautaire et national », insiste Shigeru Aoyagi, chargé de l’alphabétisation à
l’Unesco. « Les programmes, ajoute-t-il, doivent aller au-delà de la transmission des
savoirs de base. » Un lien s’opère avec la culture informationnelle (information
literacy), dans les compétences à chercher, à évaluer et à utiliser l’information… «
La capacité à donner du sens à l’information pléthorique, éparse et hétérogène qui
compose notre environnement à la fois personnel, culturel, social et professionnel
représente un enjeu majeur pour réaliser la transition nécessaire de la société de
l’information vers les sociétés du savoir » (Endrizzi,2006).
CONCLUSION
Dans notre recherche sur la place et les rôles du tuteur en formation hybride ou à
distance, il a de nombreuses fois été question de courants didactiques et une place
prépondérante a été laissée à la perspective actionnelle précisant le lien étroit
qu’entretient la réalisation de la tâche avec le web social et l’Internet en général.
L’analyse de la présence de l’actionnel dans les dispositifs étudiés permet d’observer
les formes de tutorat les plus pertinentes pour assurer un enseignement /
apprentissage en ligne optimal en accord avec les courants didactiques actuels.
Au terme de ce travail, nous pouvons constater que l’enseignant engagé dans une
formation à distance (hybride ou entièrement en distantiel) devenu tuteur se voit
attribué de nombreux rôles qui diffèrent des rôles de l’enseignant en présentiel.
Nous avons vu que ces rôles ne sont pas toujours assurés consciemment par le
tuteur lui-même mais également que différents acteurs peuvent intervenir lors de la
formation de l’apprenant (concepteur de sites ou blogs, éditeurs de méthodes, autres
enseignants, autres apprenants). Comme nous avons pu l’observer, les rôles de ces
acteurs peuvent se complémenter et sous l’égide du tuteur, les ressources
nécessaires peuvent être présentées de manière raisonnée et agencée grâce à la
mise en place d’un scénario pédagogique avec des objectifs langagiers,
communicationnels et socioculturels bien précis.
75
A partir de l’étude sur les rôles du tuteur de Garrot, E. , Lavoué, S. & Prévôt, P.
(2009) il a également été vu que les rôles liés à la temporalité sont en général les
moins occupés par les acteurs de l’enseignement / apprentissage à distance. Nous
avons alors présenté un projet de dispositif (le FIL) qui intègre ces rôles mais cette
proposition ne va pas sans l’intégration d’autres acteurs qui complètent cette
formation en ligne. Suite au recensement de l’ensemble de ces acteurs nous en
avons défini les rôles de chacun. De ce fait nous considérons que la multiplicité des
acteurs et leur interaction est souhaitable pour permettre à l’apprenant de profiter
d’une FOAD de qualité, que l’utilisation d’Internet est un atout en situation
hétéroglotte mais qu’un rôle d’animation doit être joué pour mettre à disposition de
l’apprenant les ressources nécessaires et la dynamique qui assureront le bon
déroulement de sa formation à distance. Suite à ces recherches et forts des résultats
obtenus, ce mémoire cherche à participer modestement à la réflexion sur
l’enseignement / apprentissage à distance et propose un type de dispositif assurant
les plus de chacun des dispositifs étudiés :
La présence de la perspective actionnelle au sein du scénario pédagogique, les
ressources sont ordonnées
La collaboration : les apprenants participent au contenu principal, les tuteurs
sont multiples, les ressources s’échangent
La continuité : le dispositif se développe dans le temps, les ressources évoluent,
elles se modifient
Les différents degrés d’engagement, l’utilisateur a le choix du type de contrainte,
les ressources sont accessibles
Il reste que, bien que les conditions soient disponibles au niveau technique et
organisationnel pour offrir une formation de qualité, l’enseignant / tuteur engagé
dans une formation à distance se voit contraint d’assurer de nouvelles compétences.
Nous avons déjà cité Bourdet (2007) qui écrit que « C’est l’usage de ces outils
[technologiques]… qui va caractériser l’exercice de la fonction tutorale et donc le
métier de tuteur en ligne ».
Or, le développement de ces compétences nécessite la reconnaissance d’un vrai
statut de tuteur qui pourrait être formalisé par une certification de l’utilisation des
outils numériques propres aux TICE grâce au C2i2E pour « certificat informatique et
internet de l’enseignement supérieur de niveau 2 enseignant ».
Par ailleurs, nous avons vu l’intérêt de développer une culture numérique chez le
tuteur comme chez l’apprenant, qui seront de plus en plus amenés à expérimenter
76
l’usage des outils numériques en classe de langue. De plus, avec l’avènement des
nouvelles technologies et la croissance de leurs usages dans tous les domaines de la
vie (personnel, social, professionnel, éducatif) il devient urgent pour les institutions
et centres de langue, d’avoir des enseignants aptes à développer des activités
intégrant Internet à leur apprentissage afin de proposer une offre pédagogique la
plus large possible.
Il faudra également s’attendre au développement d’une nouvelle application des
outils numériques et d’Internet avec l’usage des appareils portables et connectés qui
intégreront rapidement les temps d’apprentissage : le m-Learning. Ce nouveau défi
s’avère encore une bonne occasion pour innover pédagogiquement, concevoir de
nouveaux scénarios, tout en permettant à l’enseignant comme à l’apprenant de
développer un enseignement et un apprentissage novateur en cherchant autant que
possible maitre de ses données numériques.
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Mooc Efan Langues (2014) Enseigner et Former Avec le Numérique en Langues .
Suivi de novembre à décembre 2014
Mooc Efan (2015) Enseigner et former Avec le Numérique. Suivi de mars à avril
2015
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d’Autrans 2011 à partir des articles publiés sur Thot Cursus pour le Laboratoire
d’Informatique de Grenoble, équipe MeTAH. http://www.liglab.fr/IMG/pdf/meilleures-
pratiques-Autrans2011.pdf
Vetter, A. Rubrique : Veille MOOC et langue sur son blog consulté en juin 2015 :
https://annavetter.wordpress.com/category/veille-mooc-et-langues/
Table des matières
Introduction................................................................7Erreur ! Signet non défini.
Chapitre 1. Le contexte.......................10
I. Enseigner / Apprendre hors de classe ........................................................10
A. Du professorat au tutorat.........................................................................10 1. Les TICE dans les dispositifs de Formation Ouverte et à Distance....10
2. Du professeur au tuteur.......................................................................11
B. Les formations hybrides et à distance......................................................12 1. Les dispositifs hybrides......................................................................12
2. De nouveaux instruments.....................................................................13
II. Le tutorat dans l’enseignement/apprentissage formel.................................14
A. Tutorat dans le domaine universitaire....................................................141. Formation hybride en université...........................................................142. Recherches et expertises au Lansad de Grenoble................................143. Trois projets de formation hybride en FLE...........................................15
a) le Français en première ligne..........................................................16 b) Le projet Léon / Grenoble................................................................16 c) M-Tourisme......................................................................................16
B. Tutorat en ligne dans les institutions.........................................................17 1. En Europe hors Alliance Française....................................................17 2. Les Alliances françaises.....................................................................18
85
a) situation générale........................................................................18 b) Alliance française de Paris Ile de France....................................18
3. Apprentissage en situation hétéroglotte à l’Alliance Française de Buenos-Aires...............................................................................................................................19
Chapitre 2. Notions théoriques..........21
I. Didactique des langues et internet...............................................................21
A. Technologie et méthodologie...................................................................21 1. De l’audio oral à l’approche communicative.........................................21
2. La perspective actionnelle....................................................................213. La tâche................................................................................................22
B. Tâche et cybertâche.................................................................................23 1. Internet et la perspective actionnelle................................................23
2. Les ressources............................................Erreur ! Signet non défini.3. Le scénario pédagogique......................................................................24
II. Du tutorat au tutorat en ligne.....................................................................24A. Du tuteur au tuteur en ligne.....................................................................24
1. Tuteur et rôles du tuteur en formation à distance................................242. Fonctions du tuteur en ligne.................................................................25
B. De nouveaux rôles pour le tuteur en ligne...............................................271. Développer l’interculturalité.................................................................282. Guider l’autonomie...............................................................................283. Évolution du statut de tuteur................................................................29
C. Internet et les TICE pour l’apprentissage en situation hétéroglotte .......301. Accroître la motivation grâce à l’interaction.......................................302. Rallonger le temps de classe................................................................303. Collaborer et télécollaborer.................................................................31
Chapitre 3. Cadre méthodologique ..........................................................32
I. Les dispositifs de formation à distance disponibles sur Internet .................32
A. Les sites compagnons associés aux méthodes........................................321. Contenus numérique et types d’activités ............................................33
2. Le tutorat en ligne sur les sites compagnons...................................... 343. Présence de la perspectives actionnelle dans les sites compagnons....34
B. Les communautés d'apprentissage des langues ......................................35 1. Les communautés d’apprentissage des langues structurées...........36
2. Le rôle du tuteur...................................................................................383. La perspective actionnelle dans les communautés d’apprentissage.....38
C. Les MOOC pour apprentissage/enseignement du FLE............................391. Les différents MOOC ...........................................................................392. Les rôles du tuteur dans le MOOC « Travailler en français »..............413. La place de la perspective actionnelle dans les MOOC........................41
D. Autres sites et blogs d'apprentissage/enseignement du fle ...................421. Les sites & les blogs FLE......................................................................422. Les rôles du tuteur dans les sites et blogs............................................453. La place de la perspective actionnelle ................................................45
II. Présentation du dispositif personnel ........................................................46
A. Une expérience du tutorat en ligne........................................................461. De l’apprenant au tuteur.......................................................................462. Marier perspective actionnelle et web 2.0............................................46
86
B. Le dispositif « Au bon fil »........................................................................461. Présentation générale du projet...........................................................462. Les rôles du tuteur dans le dispositif présenté.....................................48
3. Le dispositif et la perspective actionnelle .....................................49
Chapitre 4. Analyse & bilan.........................................................................51
I. L’enseignement à distance à l’Alliance française de Buenos-Aires...............51
A. Objectifs du questionnaire.......................................................................511. Présentation du questionnaire................51Erreur ! Signet non défini.2. Type de résultat recherché..................................................................52
B. Une institution à Buenos-Aires.................................................................521. L’équipe pédagogique de l’Alliance Française de Buenos-Aires...........522. Perspectives..........................................................................................53
II. Les acteurs de l’enseignement à distance..................................................54A. La multiplicité des acteurs.......................................................................54
1. Au sein de l’institution..........................................................................542. Complémentarité des rôles...................................................................55
B. Les tuteurs du web 2.0 ............................................................................551. Sur les sites...........................................................................................552. Dans les communautés d'apprentissage...............................................563. Le format MOOC...................................................................................57
III. L’apprenant acteur dans son apprentissage...............................................58
A. Un nouvel espace pour l'apprenant..........................................................581. Accomplir des tâches guidées sur le web 2.0.......................................582. L’apprenant acteur dans le web social ................................................58
B. Préparer à l’environnement numérique...................................................591. L’identité numérique............................................................................592. Culture numérique................................................................................59
Conclusion...................................................................................................................61Bibliographie...............................................................................................................63Table des annexes.......................................................................................................71
Table des Annexes:
ANNEXES 1 : Récapitulatif des rôles du tuteur dans les dispositifs …………………………….72
ANNEXES 2 : Exemple de certification : « attestation de suivi de MOOC »………………………73
ANNEXES 3 : Vue d’ensemble des blogs associés au dispositif « Au bon FIL »……………….......74
ANNEXES 4 : Exemple de scénario pédagogique « Au bon FIL » en 7 séquences ……………….76
ANNEXES 5 : Questionnaire en ligne pour professeur de l’Alliance Française de Buenos-Aires….82
87
ANNEXES 6 : Référentiel national du C2I2E ……………………………………………………88
Apprentissage : FORMEL NON FORMEL
ROLE DE
TUTEUR Cam
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88
ANNEXE 1 : Récapitulatif des rôles du tuteur dans
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Organisateur de session ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘Catalyseur social ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘Catalyseur intellectuel ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘Accompagnateur technique
◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘la
natu
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a t
âch
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coll
ab
ora
tive
Pédagogue ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ Expert du contenu ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘Architecte pédagogue ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘Qualimétreur ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘Evaluateur sommatif ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘Evaluateur formatif ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘
ind
ivid
uell
e
Coordinateur du groupe de travail
◘ ◘ ◘ ◘ ◘Coach relationnel ◘ ◘ ◘ ◘Meta-catalyseur ◘ ◘ ◘
la
tem
pora
lité
p
on
ctu
el
Personnalisateur ◘ ◘ ◘ ◘Autonomisateur ◘ ◘
Du
rab
le Superviseur ◘ ◘ ◘Intervenant ◘ ◘
Pesp
ect
ive
act
ion
nell
e
◘ : Possible◘ ◘ : Présente◘ ◘ ◘ :Inhérente
◘◘◘
◘◘◘
◘ ◘◘
◘ ◘◘◘
◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘◘◘
ANNEXES 2 : Exemple de certification : « attestation de suivi de MOOC »
89
ANNEXES 3 : Vue d’ensemble des blogs associés au dispositif « Au bon FIL »
La « blogosphère » associé au dispositif 90
- Le magazine: « Le FIL » lien - Les activités : « La Pédagothèque » lien- Des fiches et exercices La grammaire : « un peu de Grammaire » lien - Des fiches et exercices sur les expressions lexicales : « le Coin des expres-
sions » lien- De définitions de mots « le Précisionneur » lien- La presse française : « la Gazette didactique » lien- Des pistes et conseils pour les fiches : « Eléments de réponses » lien- Des enregistrements audio : « Des sons didactiques » lien- L’actualité culturelle : « de l’Austral au Boréal » lien- Le blog des étudiants : « Francophonons » lien
https://sebaselprofe.wordpress.com/
Le cybermaga-zine : « Le FIL »
c’est le cybermagazine. Il pré-sente les scénarios en ligne. Chaque quinzaine trois scé-narios en lien avec l’actualité sont mis en ligne par le tu-teur. Il renvoie à d’autres pages des blogs du dispositif ou sur des sites internet.
http://methodeprismao.blogspot.fr/
Les activités : « La Pédagothèque »
répertorie tous les scénarios pédagogiques présentés au préalable. Ils sont classés par thème et par niveau de langue.
https://grammairisation.wordpress.com/
Des fiches et exer-cices: « un peu de Grammaire »
catalogue les fiches gramma-ticales crées par le tuteur et les apprenants. Il propose des liens vers d’autres sites péda-gogiques en FLE (portails, sites officiels, blog pédago-giques). Il est participatif : les apprenants peuvent y rajou-ter leur contenu après aval du tuteur.
https://lecoindesexpressions.wordpress.com/
Des fiches et exer-cices sur les ex-pressions lexi-cales : « le Coin des expressions » :
regroupe les fiches créées par le tuteur en relation avec les expressions françaises com-munément utilisées. Cer-taines de ces fiches se pré-sentent comme des exercices à remplir par l’apprenant suite à une activité (compré-hension orale ou écrite). Ces exercices sont corrigés par des fiches présentes sur le
91
blog « Eléments de réponse ».
http://precisons.eklablog.com/
Des définitions de mots « le Préci-sionneur »
propose une définition rédi-gée par le tuteur de certains mots qui méritent précision.
https://lagazettedidactique.wordpress.com/
La presse fran-çaise : « la Gazette didactique »
propose des articles pédago-gisés pour revenir sur un évè-nement traité dans la presse dernièrement.
https://elementsdereponse.wordpress.com/
Des pistes et conseils pour les fiches : « Eléments de réponses » :
propose des fiches de correc-tion pour les exercices (ar-ticles de presse, lexique, grammaire, compréhension orale) présents dans la « blo-gosphère associée ».
http://dessons.hautetfort.com/
Des enregistre-ments audio : « Des sons didac-tiques » :
des fiches sur la phonétique, des exercices d’écoute créés par le tuteur sont mis en ligne. Ils peuvent être liés avec des exercices de lexique, de phonétique ou culturel)
https://delaustralauboreal.wordpress.com/
L’actualité cultu-relle : « de l’Austral au Boréal »
des billets non didactisés re-lèvent l’actualité culturelle du moment. Ce blog est partici-patif : les apprenants peuvent y rajouter leur contenu après aval du tuteur.
http://francophonons.unblog.fr/
Le blog des étu-diants : « Francopho-nons
ce blog bien que soumis à modération par le tuteur per-met aux apprenants d’avoir un espace leur appartenant sur la Toile. Un blog qui per-met sous forme de billets (classés par niveaux et par thèmes) de diffuser des docu-ments qu’ils créent.
ANNEXES 4 : Exemple de scénario pédagogique « Au bon FIL » en 7 séquences : « Francophonons »
92
En ligne : https://fr.scribd.com/doc/242845496/sequences-pour-dispositif-ppt ou Dossier TIC complet : https://fr.scribd.com/doc/256061605/Le-Dossier-TIC
93
Questionnaire polycopié : Questionnaire aux professeurs de l’Afba1. Quelle est la place des TICE dans votre enseignement ? COCHEZ LA CASE
En classe avec les groupes en interne (1) ou en cours avec groupes et individuels en externe (2).A►En interne : GROUPE CLASSE EVALUATION de la place des Tice dans votre enseignement :En classe : présentiel à l’Alliance Française de Buenos Aires Évaluation :
0 * ** *** ****Rien Très
peuPeu Assez Beauco
up
Utilisation du Tbi
Activités en laboratoire de langue
Utilisation support multimédiaVIDEO PODCAST INTERNETAutre:
Hors classe : à distance Évaluation :
0 * ** *** ****Rien Très
peuPeu Assez Beauco
up
Envoi de documents
de liens sur internetcorrections de devoirsAUTRES :
Participation à un blog
un forumun wikides activités pédagogiquesAUTRE :
Développement de scénario pédagogique
Cours online
2► COURS (en externe) EVALUATION De la place des Tice dans votre enseignement
102
Pour questionnaire en ligne : http://fr.ze-questionnaire.com/repondre.php?s=51902&d=SP7fhIF4HSUq
Merci de renvoyer format .doc ou pdf ou .ods à : [email protected]
B►en externe : GROUPE CLASSE EVALUATION De la place des Tice dans votre enseignement
□ INDIVIDUEL □GROUPALEn classe : en présentiel INDIVIDUEL ou GROUPE (en entreprise, à domicile, autre…) Évaluation :
0 * *** **** *****Rien Très
peuPeu Assez Beauco
up
Utilisation support multimédiaVIDEO AUDIO INTERNET
Aucun
Autre:
Hors classe : à distance Évaluation :
0 * *** **** *****Rien Très
peuPeu Assez Beauco
up
Echange de mails avec étudiants
Envoi de documents
de liens sur internetcorrections de devoirsAutre :
Participation à un blog
un forumun wikides activités pédagogiquesun « cours online »Autre :
Développement de scénario pédagogiqueet dispositif en ligne
Autre :
103
2. .À l’avenir
► Quelles disponibilités pour quels engagements?DISPONIBILITES TEMPORELLES Évaluation :
0 * *** **** *****Rien Très
peuPeu Assez Beauc
oup J’ai de la disponibilité dans mon emploi du temps pour développer des activités intégrant les TICE en classe
J’ai de la disponibilité dans mon emploi du temps pour développer l’apprentissage à distance dans mon enseignement J’ai de la disponibilité dans mon emploi du temps pour développer des activités intégrant les TICE et l’apprentissage à distance en mode hybride (présentiel & distanciel)AUTRE :
DISPONIBILITES MATERIELLES Évaluation :
0 * *** **** *****Rien Très
peuPeu Assez Beauco
up
J’ai le matériel informatique et connecté disponible pour développer des activités intégrant les TICE et l’apprentissage à distanceAUTRE :
Si une majorité de 0 et * dans votre évaluation :
3. À ce jour► Quels sont vos freins au développement des Tices dans votre pratique ?
FREINS Évaluation :
0 * *** **** *****non un
peuOui en
En grand
Exactement
104
partie e partie
Disponibilité dans l’emploi du temps
Disponibilité matérielleReconnaissance de mon statut de tuteurFormation en utilisation des outils informatique
Formation en tutorat à distanceAUTRE :
ANNEXES 6 : Référentiel national du C2I2E
105