MEMBRE DE LA FÉDÉRATION NATIONALE DES … · Mauritanien : Ordre Royal du Cambodge ; Mérite...
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MEMBRE DE LA FÉDÉRATION NATIONALE DES ASSOCIATIONS PARACHUTISTES
BULLETIN N°117 • DÉCEMBRE 2016
PROCHAINE RÉUNION LE VENDREDI 20 JANVIER 2017APÉRITIF A MIDI, SUIVI DU DÉJEUNER AU CERCLE NATIONAL DES ARMÉES, PLACE SAINT AUGUSTIN
INSCRIPTION IMPÉRATIVE AU PLUS TARD LE 13 JANVIER 2017
Président: Jacques Hogard c/o EPEE – 9 rue Beaujon- 75008 Paris. Tel 01 58 05 25 00. E-mail:[email protected]étaire Général : Bernard Gruet - [email protected] - 01.47.51.15.50A
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2
SOMMAIRE
Éditorial...........................................................p 3
In Memoriam....................................................p 4
Réunion du 14 octobre 2016.............................p 5
o Messe de la Saint-Michel...........................p 5
o Remise des insignes de GCLH ...................p 8
o Laïus du Président.....................................p 10
o Présents sur les rangs................................p 12
o Absents .....................................................p 13
o Parcours du Général Fleutiaux...................p 14
Port Saïd 1956 : Souvenirs.................................p 17
La Bataille d’Alger, Vigipirate avant l’heure.........p 20
50 ans d’OPEX...................................................p 24
Livres.................................................................p 29
Prochaine réunion, coupon-réponse....................p 30
Un mot de votre secrétaire
- Bulletin trimestriel : nous vous invitons à y participer en nous proposant
des souvenirs de campagnes, récentes ou anciennes ; des éléments
historiques ; des recensions de livres ayant, de préférence, un lien avec les
paras.
- Comme vous le savez, nous avons la chance d’avoir à nos côtés Rémy
Camous (ancien du 13 et fils de l’un de nos grands anciens). Il nous apporte
son dévouement et sa compétence journalistique pour la conception du
bulletin. Vos contributions éventuelles au bulletin peuvent être adressées à
l’un ou à l’autre, de préférence par mail :
o Rémy Camous : [email protected]
o Bernard Gruet : [email protected]
- Par ailleurs, merci de bien vouloir nous aider à identifier ceux et celles qui ne
peuvent ou ne souhaitent plus recevoir notre bulletin. Outre l’occasion d’avoir
des nouvelles de nos amis ou de comprendre leur silence, cela nous
permettrait de rafraîchir la mémoire de notre fichier. De plus, nous ferions
ainsi des économies.
Meilleurs vœux à toutes et tous, d’abord pour un Joyeux Noël et pour que
l’année qui s’annonce agitée soit aussi heureuse que possible.
Bernard Gruet
3
ÉDITORIAL
Mes chers Anciens, mes chers Camarades, Mesdames,
2016 touche à sa fin et 2017 approche à grands pas. Cette année aura été marquée par de douloureuses épreuves en France et dans le
monde. Point n'est besoin de revenir sur les événements qui ont tragiquement
endeuillé notre patrie cet été. En même temps, demeurent des raisons de ne pas désespérer, des événements
plus heureux qui nous incitent à croire que tant qu'il y a une volonté, il y a un
chemin. Alors que le 5 décembre, une marée de Drapeaux tricolores s’est mobilisée "sous
l'Arche immense" pour honorer la mémoire des 100 000 Soldats ayant donné leur
vie pour la France en Algérie et en Afrique du nord il y a plus d'un demi siècle,
nous savons que l'année qui vient sera une année difficile probablement, avec son cortège de difficultés et d'épreuves. Mais la connaissance de notre Histoire, la
défense de notre identité, la culture de nos valeurs peuvent légitimement nous
donner l'Espérance. L'Espérance, je la résumerai personnellement en souhaitant ardemment que notre pays trouve enfin l'homme d'Etat dont il a besoin pour le
redresser, restaurer la fierté d'être Français, restaurer l'Etat et son autorité, et
conduire à nouveau la France sur le chemin de la grandeur, de la souveraineté, du rayonnement.
C'est en tout cas le vœu que je forme !
J'y joins mes vœux chaleureux de joyeux Noël et de belle, bonne et heureuse année pour chacun et chacune d'entre vous, en y associant bien sûr vos familles,
et ceux qui vous sont chers.
Que Saint Michel patron de la France et des Parachutistes veille sur nous tous!
Jacques Hogard
4
IN MEMORIAM
Philippe de Longeaux du Guillier
nous a brutalement quittés. Ces derniers temps, il était resté discret à notre
égard. Mais, comme les généraux Cann, Thomann et Hamel dont il se
recommandait, nous gardons le souvenir d’un joyeux camarade.
Saint Cyrien de la promotion Franchet d’Espèrey, « para-colo », il a combattu en
Algérie, au Tchad ; a servi en Mauritanie, au Liban, au Cambodge. Avec 8
citations (2 en Algérie ; 4 au Tchad ; 1 en Mauritanie ; et une au Liban), il était
commandeur LH de juin 2001 (avec les encouragements du général Cann). Il
avait par ailleurs reçu plusieurs décorations étrangères : Mérite National
Mauritanien : Ordre Royal du Cambodge ; Mérite Militaire Tchadien.
Moniteur para (N° 237, de 1963)) il avait initié au saut en commandé notre
président Jacques Hogard, quand celui-ci était en corniche à Aix.
Nous nous inclinons devant lui.
Louis Le Rudulier
Nous regrettions de l’avoir perdu de vue. Ses enfants nous ont appris qu’il était
malade depuis longtemps et qu’il était décédé le 1er décembre.
Les anciens qui l’ont connu se souviennent du chef de section des Commandos
Parachutistes Laotiens, parmi lesquels il fut grièvement blessé, et du brillant
capitaine du 14ème RCP ayant servi en Tunisie, puis en Algérie de 1955 à 1962. Il
eut la chance de partir en permission en juin 1961, la veille du putsch, ce qui lui
évita d’accompagner en taule son colonel Lecomte…Au-delà, nous perdions de
vue son parcours militaire, pour le retrouver bien plus tard à la PM para de
Nantes.
Nous gardons le souvenir d’un authentique soldat, aussi valeureux que discret.
Que Saint Michel lui ouvre ses bras.
5
RÉUNION DU 14 OCTOBRE 2016
MESSE DE LA SAINT-MICHEL
Avant les agapes qui allaient nous réunir dans les salons du Gouverneur Militaire
de Paris, nombreux étions-nous à nous recueillir à Saint Louis des Invalides, la
cathédrale des soldats.
Un premier temps fort a été la tonique homélie de notre aumônier.
Le Père Kalka : un temps pour la compassion, un temps pour le combat.
C’est à notre camarade Patrice Boissy que nous devons ce compte-rendu
Le Père Richard Kalka, rappelle d’emblée qu’il a vécu, jusqu’à l’âge de 27 ans, sous
le régime communiste en Pologne, « où la bien-pensance avait la couleur rouge » où
l’on ne pouvait s’exprimer que selon les critères de la « clique » au pouvoir, mais
qu’à cette époque, « les chrétiens, en leur qualité de chrétiens n’ont jamais été
persécutés. »
Or il considère « déconcertante » l’indifférence sur la situation de ces derniers dans
le monde. En effet, « rares sont les voix qui s’élèvent pour dénoncer le martyre des
hommes et des femmes qui refusent l’apostasie dans les pays constituant autrefois
le berceau du christianisme. » Il affirme même que « le redoublement de la
persécution ainsi que la multiplication des agressions et des attentats en Europe font
qu’il n’y a plus, au 21ème siècle, plus de martyrs chrétiens qu’au temps de Néron,
Dèce, Valérien et Dioclétien. »
Il évoque cette peur dans laquelle nous vivons : Nous avons peur, ne serait-ce que
d’émettre une simple critique à l’adresse de l’Islam. « Vous pouvez insulter les
Chrétiens, les Bouddhistes les Juifs, les Hindous... Vous pouvez cracher sur la
Madone et Jésus, mais malheur à celui qui critique l’Islam.
Il cite le Pape François qui parle du « fil satanique de la persécution » et en appelle
à toutes les confessions religieuses pour qu’elles rappellent que « tuer au nom de
Dieu est satanique. »
Et s’il prend acte de l’exhortation des Evêques de France à « prier pour la France »,
il ajoute, n’étant pas para pour rien, que « l’action est l’indispensable complément
de la prière » et que « la piété dans l’inaction s’apparente à une bigoterie de fiotte
*(expression péjorative franc-comtoise)
C’est pourquoi, il en appelle à un professionnel du combat contre le mal, l’Archange
Saint Michel descendant du ciel, dans l’Apocalypse, à la tête de tous les anges,
pour combattre l’incarnation du mal, le Dragon et précise à l’usage des tièdes, des
non-croyants et des gémissants qu’il y a un temps pour la compassion et qu’il y a
un temps pour le combat…
6
« Il est urgent, ces temps-ci, de remplacer le « peace and love, les bougies et les
marches blanches par un combat digne de ce nom » … celui du Christianisme « qui
est beaucoup plus que nos « racines ; il est nos artères et nos veines ».
Une certaine jeunesse en prend pour son grade : « ils se disent non-croyants, mais,
en réalité, ils sont ignorants, incultes et fainéants. Ce sont ceux-là qui constituent le
talon d’Achille de notre combat... »
Et pour faire bonne mesure il rappelle que Lucifer a le visage de la séduction
(seducere en latin : tirer à l’écart, détourner du droit chemin) et qu’en suivant
l’Archange, personnification de la droiture et de la vérité, il convient de combattre
sans relâche « le mensonge », « dénoncer la désinformation, lutter contre la
duplicité, montrer le vrai visage des « bobos », ces expatriés du réel, dévoiler
l’imbécillité des gogos et des zozos… »
Quand il évoque « ce petit détail, en réalité cette grande vertu, presque disparue de
nos jours : le courage », c’est à Saint Michel qu’il s’adresse pour « qu’il nous
soutienne et nous donne cette lumière pure du regard et cette vigueur nette du geste
qui ne tolèrent aucun compromis bâtard ou lâche, source, pour demain, de problèmes
plus graves encore que ceux devant lesquels on capitule aujourd’hui »
On le voit, notre Padre, tout Polonais d’origine qu’il soit, s’il maîtrise à la perfection
la langue française, n’est pas encore familiarisé avec ce mode de communication
en usage sous nos latitudes qu’est la langue de bois !
Appel au Memento des morts
« A nos morts, à nos chefs, nos camarades, aux hommes que nous avons
commandés, en particulier aujourd’hui à ceux qui nous ont quittés depuis
la dernière Saint Michel »
Fred Bernard
Désiré Cottebrune
Jean Herraud
Georges Longeret
Pierre Pédoussaut
Jean-Claude Mignotte
Jean Cornuault
Guy Branca
René Yannou
Dominique Bonelli
Bernard Truc
Jean-Claude Bourguin
« Clairon ! Aux Morts »
7
Et nos pensées accompagnent aussi fidèlement tous les camarades
du Club qui nous ont précédés : Georges Marce, Jean Moutin, Lucien Béal, Maurice Viard, Pierre Poinsignon, Michel
Glasser, Olivier d’Assignies, Erwan Bergot, André Botella, Fredy Bauer, Bernard
Blouin, Michel Cossart, Gaston Coudurier, Maurice Grillet-Paysan, Daniel Loth,
Philippe Dangerfield, Pierre Sergent, Bernard Cabiro, Jacques Jeannerot, Gabriel
Bailly, Henry Hubert, Maurice Hautechaud, Julien Lamiaux, Lavaud, Jacques
Morin, Hervé Trapp, Pierre de Haynin de Brye, Robert Caillaud, Jacques Pelé, Jean
Claude Ogé, Guy Rubin de Cervens, François Perron, Pierre Albert Thébault, Aimé
Brouin, Creté, René Hébert, Jacques Ferrari, Jean Mélet, Père Delarue, Robert Gozé,
Pierre Ducassou, Charles-Henry de Clermont Tonnerre, Fernand Dié, Yvan Tommasi,
Roger Vailly, Paul Alain Léger, Hervé Louis-Callixte, Alain de Gaigneron de
Marolles, Jean Pierre Chabert, Pierre Gorce, Régis Privat de Garilhes, Antoine
Ysquerdo, Jean René Souêtre, Alain Guyot, Guy Desrousseaux, Philippe Marbot,
Jean-Jacques Engels, Bernard Dubois, Bernard Mertz, Pierre Guillaume, Coustaux,
Bernard Clémentin, Jean Léopold Martin, François Cartalade, Henri Jean Simon,
Raymond Toce, Charles Paoli, Gonzague du Cheyron du Pavillon, Dominique Piétri,
Andernos Mosconi, Jean Margueron, Roger Decours, André Leguerré, Jacques
Planet, André Besamat, Michel Rousseau, Maurice Desgruelles, Amédée de la Forest
Divonne, Bernard Bole du Chaumont, Michel Vautrin, Jean-Marie Madelaine, Jean
Flamand, Raymond Gardes, Yves Gauvin, Jacques Marcout, Louis Bonnel, Jean-
Pierre Valdant, François Rioual, Pierre Decorse, Auffret, Georges Armstrong, Louis
Martin, Michel Brandon, Robert Devouges, François Hitter, Albert Meyer, Marie-
Louise Decorse, Jacques Gardel, Florent Ostermann, Michel Brassens, Bernard
Magnillat Rapp, Jacques Abadie, Michel Leblond, Michel Datin, Jean-Pierre Liron,
Michel Ducret, Roger Ceccaldi, Georges Robin, Jean Perronne, Robert Fontani,
Victor Chaudrut, Olivier Martin-Deheurles, Michel Desmond, Diego Santa, Jean
Sassi, Lucien Nectoux, Philippe Tripier, Pierre Lassalle, Pierre Bardon, Jacques Le
Cour Grandmaison, Pierre Lecomte, Bertrand de Castelbajac, Henri Desmaizières,
Serge de Saint Blanquat, Jean Chaumier, Marcel Chevrot, Alain Bizard, Jean-Alain
Truc, Patrice de Carfort, Philippe Bizot, Michel Boisson, Robert Thomassin, Guy
Vergnaud, Yves de la Bourdonnaye, Pierre Le Coq, Donatien Gouraud, Bernard
Cazaumayou, Louison de Fossarieu, Daniel Godot, Joseph Onimus, Louis Stien,
Maurice Genty, Jean de Quillacq, Père François Casta, Pierre Rouault, Claude
Frileux, Marcel Guilleminot, Roger Faulques, Numa Fourès, Roger Tortot, Max
Mesnier, Jean-Jacques Le Pezennec, Armand Bénézis de Rotrou, Anthony Hunter-
Choat, Michel Bézineau, Jean Kessler, Claude Calès, Jean-Paul Dorr, Jacques
Garnier, André Chanel, Jacques Lemaire, Jean-Michel Saüt, Georges Oudinot, Jean
Desjeux, Jacques Guichard, Henri Duteil, Paul Armand, Lucien Le Boudec, Hélie
Denoix de Saint Marc, Jacques-Henry de Talhouët., Raymond Muelle, Bruno
Duffard, Benoît Dekeister, Pierre Hovette, Michel Leclerc de Hauteclocque, Roger
Camous, Jacques Nault, Guy Tocqueville, Jean Bernard, Louis d'Harcourt, Michel
Bailly, Roger Jamin, René de Biré, Jean-Paul Pietri, Louis de Chastenet, Fred
Bernard, Désiré Cottebrune, Jean Herraud, Guy Branca, Jean Cornuault, Jean-
Claude Mignotte, Georges Longeret, Pierre Pédoussaut, René Yannou, Dominique
Bonelli, Bernard Truc, Jean-Claude Bourguin, Philippe de Longeaux.
Saluons aussi les Généraux Marcel Bigeard et Jean Compagnon.
8
Allocution du général (2S) Maurice Schmitt
à l’occasion de la remise des insignes de Grand-croix de la Légion d’honneur
au général (2S) Michel Fleutiaux, le 14 octobre 2016 aux Invalides
Mon cher Fleutiaux,
Le club des chefs de section para au feu a maintenant plus de trente ans
d’existence. Mais en ce jour ce n’est que la seconde fois que l’un des nôtres va être,
lors d’une de nos réunions, élevé à la dignité de Grand-croix de la Légion d’honneur.
La première fois, c’était madame de Heaulme, Geneviève de Galard, que je salue
respectueusement et amicalement, que décorait le général Maurin.
Dans quelques minutes, c’est en présence du général d’armée Puga, Grand
chancelier de l’Ordre et membre de notre club, du général Ract-Madoux,
gouverneur des Invalides et de l’étendard de l’Institution, porté par l’un des nôtres,
que je vais avoir l’honneur de t’élever à la dignité de Grand-croix de la Légion
d’honneur.
Je dis bien, avoir l’honneur, car ta carrière est plus qu’exceptionnelle. Tes titres de
guerre ont été gagnés en Indochine et en Algérie mais tu seras aussi cité à l’ordre
de l’armée, des années plus tard, à Beyrouth, à la tête des Casques bleus.
En Indochine, durant les deux dernières années du conflit, tu as servi au 23ème
groupe d’observation d’artillerie basé à Hanoï. Plusieurs fois, dans les zones de Phu
Ly, Nam Dinh ou Nin Binh, j’ai dialogué avec toi alors que j’étais DLO au sol auprès
des forces engagées dans la zone. Je ne t’ai pourtant jamais rencontré. Tu seras
quatre fois cité. En avril 1954 tu seras sérieusement blessé dans le secteur de Phu
Ly. Il me faut faire court, mais je tiens à lire un extrait de la citation méritée à cette
occasion « Le 19 avril 1954 a été gravement blessé par balle au cours d’une mission
de reconnaissance alors qu’il évoluait à basse altitude. A su trouver l’énergie
nécessaire pour fournir au commandement, dès l’atterrissage et pendant qu’il
recevait les premiers soins des renseignements importants et précis des rebelles ».
Après plus de deux mois d’hôpital, tu reprends du service dans ton unité et recevra
une quatrième citation lors des combats dans le delta quelques semaines avant le
cessez-le-feu. En mars 1956 tu recevras la Croix.
9
Après l’Indochine, ce sera l’Algérie où, dès 1956, tu sers à la compagnie d’appui du
3ème RPC de Bigeard, commandée par le capitaine Chabanne. Je t’y retrouve
quelques mois plus tard. Ton sens de la manœuvre et ton courage au combat sont
soulignés dans chacune des trois citations obtenues dans le Constantinois, à Alger
et dans l’Algérois, en particulier au combat d’Agoumenda devenu célèbre, aux
Etats-Unis et même en Russie, j’en témoigne.
En octobre 1957, le 3ème RPC est envoyé dans la zone de Colomb Bechar où les
rebelles tentent d’ouvrir un front saharien. C’est lors de la recherche d’un groupe
rebelle que ton véhicule saute sur mine le 8 novembre. Tu es grièvement blessé,
amputé, cité à l’ordre de l’armée. Bigeard t’écrira : « cette épreuve terrible, ajoutée à
celles déjà vécues vous rendra plus fort et plus grand. Accrochez-vous ».
Et c’est bien ainsi que tu vas réagir. Durant les années qui suivent où l’on te
raccommode aussi bien que possible, tu suis l’enseignement de l’école des langues
orientales, passe le brevet technique et devient un spécialiste du Moyen Orient.
C’est ainsi que comme colonel, servant au Centre d’exploitation du renseignement
militaire, tu vas être détaché à Beyrouth d’avril à octobre 1984 pour y implanter et
commander le détachement des observateurs français. Tu es à nouveau cité à
l’ordre de l’armée. J’extrais de ta citation le dernier paragraphe : « Par son action,
son courage, la finesse de ses analyses, l’adresse déployée pour conserver un
équilibre rigoureux entre les forces en présence, s’est attiré une renommée des plus
flatteuses. Auxiliaire précieux de notre politique, a contribué au plus haut niveau au
prestige de notre armée ».
Promu général et Grand officier de la Légion d’honneur en 1985, tu passeras
ensuite dans la deuxième section du cadre des officiers généraux.
Depuis tu continues à lutter contre les séquelles des graves blessures subies en
Algérie. Nous sommes régulièrement en contact. J’admire ton courage. Aussi je le
répète, c’est un grand honneur pour moi de te remettre maintenant la Grand-croix
de la Légion d’honneur.
A l’initiative de ses anciens proches camarades du 3ème RPIMa, un excellent DVD a
été produit, couvrant en partie la messe de la Saint Michel, aux Invalides, et la
réunion qui a suivi dans les salons du Gouverneur Militaire de Paris. Beaucoup s’y
reconnaîtront.
Si vous voulez vous procurer ce DVD, adressez un chèque de 40 € (franco de port) à
Roman Lewkowicz
16 rue Moulin Joly 75011 Paris - 06 23 48 47 92
10
Laïus du Président, le vendredi 14 octobre 2016
Mesdames, messieurs les Officiers Généraux, mes chers Anciens et chers
Camarades,
Chers invités,
Cette Saint Michel - qui nous voit regroupés nombreux dans le cadre prestigieux
des Invalides, grâce à la bienveillance du Général Le Ray, Gouverneur Militaire de Paris, qui a bien voulu mettre ses salons à notre disposition et que je remercie très
sincèrement pour les facilités accordées - revêt une dimension particulière.
Nous allons en effet assister dans quelques instants à la remise des insignes de Grand’croix de la Légion d’Honneur à l’un de mos membres, le Général Fleutiaux,
par un autre de nos membres, le Général Schmitt. Moment évidemment
exceptionnel qui illustre bien le caractère exceptionnel du Club créé par le Maréchal et ses trois comparses Raymond Muelle, François Rioual et Paul-Alain Léger.
Mais auparavant, je voudrais accueillir parmi nous :
Parrainé par Georges Lebel et Guillaume Capois, Philippe de La Chapelle :
Né le 12 septembre 1956, à Saumur Avril 1975, engagé volontaire au titre de l’EAABC Octobre 1975, Nommé dans la foulée au grade de maréchal des logis,
affecté en septembre 1979 au 1° régiment de hussards parachutistes, promu
Maréchal des Logis-Chef en Juillet 1980, puis pas mal d’OPEX ou de séjours extérieurs : RCA en 81 ; Beyrouth en 82, 1° citation, Arada au Tchad en 84, de
nouveau la RCA en 85, promu Adjudant, réussit au concours des OAEA en 87,
Sous-lieutenant en 88, affecté la même année au 13ème RDP, promu Lieutenant en 89, nouveaux séjours à Bouar (RCA), puis en 92, séjour en Krajina, 2ème citation,
séjour en 93 en Bosnie, promu Capitaine, puis de nouveau séjour en RCA (Bangui)
comme chef de Détachement RH, Cameroun en 94, puis Rwanda la même année, 3ème citation ;
Nouveau séjour en ex-Yougoslavie en 95, nommé à la tête du 5ème Escadron de
recherche aéroporté en juillet 96, Chevalier de la LH en juillet 98,
Après une affectation à l’école de cavalerie à Saumur 98, en 2000 quitte le service actif et attaque une seconde vie dans le monde de l’entreprise.
Après un passage dans des filiales de La Lyonnaise des Eaux et de VEOLIA, quitte
Veolia, pour suivre une formation de tailleur de pierre à l’AFPA, puis se lance dans la création de sa 1ère entreprise La Chapelle Service puis crée la société de taille de
pierre Hadet La Chapelle (fourniture et pose de cheminée d’art dans la France
entière et à l’export), il reçoit quelques prix dont le 1°prix de la reprise d’entreprise de la chambre de commerce du Maine et Loire et en 2016 il reçoit le prix
d’excellence décerné par les chefs d’entreprises d’Anjou Initiative.
Que dire de plus sinon que Philippe de La Chapelle est le fils du colonel Charles de
La Chapelle, commandant le 1er REC lors du Putsch d’Alger en 1961. Votre admission aujourd’hui, cher Philippe, outre la reconnaissance de vos mérites
personnels comme chef parachutiste de contact, aura aussi pour certains de nos
grands Anciens ici présents valeur de symbole !
Parrainé par le Père Richard Kalka et moi-même, Christophe Assémat :
Né le 24 septembre 1951 à Auch, dans le Gers, c’est au 1er RHP que Christophe Assémat a débuté son parcours militaire en 1976 comme aspirant, chef de peloton
en escadron de combat. Après une affectation au 13ème RDP, puis à l’état-major de
11
la 11ème DP et au Centre d’Exploitation du Renseignement militaire, il poursuit sa
carrière au sein d’une direction spécialisée du Ministère de la Défense.
Malgré ses missions sur le terrain, principalement au Moyen-Orient et en Afrique, Christophe Assémat a eu le mérite de préparer et de soutenir une thèse de doctorat
d’état intitulée « La guerre révolutionnaire ». Auditeur de la 54ème session de
l’IHEDN interrompue suite à un accident de parachute, il termine sa scolarité avec la 55ème session (2002-2003). Colonel honoraire, Christophe Assémat est chevalier
de la Légion d’Honneur et officier de l’ordre du mérite.
Depuis 2010, il est chef du contrôle des exportations du groupe Eurocopter, devenu en 2014 Airbus Helicopters.
Enfin, il faut préciser bien sûr que Christophe est le fils de son père, Jean Assémat,
alias Jacques Bauer alias Ulm, fondateur avec les colonels Buchoud et Trinquier
de l’UNP, dans l’équipe fondatrice dans laquelle se trouvait également notre cher Bernard Gruet. Le Père Kalka avait eu le privilège de célébrer ses obsèques en 2003
à Gaillac-Toulza, en présence de nombreuses délégations, notamment du 1er RCP
et du 1er RHP.
Nous leur souhaitons fraternellement, chaleureusement la bienvenue parmi nous.
Je voudrais aussi citer la présence aujourd’hui parmi nous du Général Benoît Puga, grand chancelier de la Légion d’Honneur, qui est l’un des nôtres, chef de
section para au feu à Kolwezi, ancien CDC du 2ème REP et titulaire de 8 citations,
ainsi que du Général Bertrand Ract-Madoux, gouverneur des Invalides, qui nous font l’honneur de passer quelques instants avec nous et que je salue en notre nom
à tous.
Je tiens également à saluer et remercier pour leur présence nos grands Anciens
Marcel Clédic et Jean Jacques Vallauri, le Général Rolin, qui sont venus pour cette grande occasion de la Saint Michel malgré leurs soucis de santé ; je voudrais
remercier aussi le Général Raymond Humeau – dont les tribulations « Humeau-
ristiques » dans notre dernier bulletin ont été très appréciées. Certains sont malheureusement absents :
- Pour raisons de santé et je veux citer en particulier Guy Perrier, les Généraux Hamel, Lafourcade et Morel, nos camarades Gilles Queyrat,
Jean-François Schmitt et Jean Rives-Niessel. Nous avons une pensée très
fidèle pour eux. - En raison d’autres engagements : notre ancien président le Général Jean-
Claude Thomann, actuellement à Castres, avec notre camarade Pierre
Jourdain et quelques autres pour le grand rassemblement des Eléphants Noirs de la CPIMa au Tchad…
Nous pensons particulièrement à eux tous qui auraient aimé être des nôtres
aujourd’hui.
Cette Saint Michel 2016 nous réunit à un moment particulier, après un été
dramatique qui a vu se dérouler les attentats spectaculaires de Nice et de Saint Etienne du Rouvray, et au tout début du processus d’une campagne précédent
l’élection présidentielle de mai 2017.
Je ne reviendrai pas sur ces évènements dont je vous ai entretenu dans l’éditorial
de notre dernier bulletin. Mais avant de céder la parole au Général Schmitt pour qu’il puisse à présent
procéder à la cérémonie de remise de ses insignes de Grand-Croix de la Légion
d’Honneur au Général Fleutiaux, je voudrais simplement invoquer avec ferveur Saint Michel, l’Archange chef des Légions angéliques, Protecteur de la France et
12
Patron des Parachutistes, dont la puissance nous disent les textes sacrés n’a
d’égale que la bonté, en citant ces paroles du Pape Pie XII prononcées le 8 mai 1940
mais qui n’ont rien perdu de leur actualité : « Rarement le recours à l’Archange Michel est apparu plus urgent
qu’aujourd’hui. Le monde intoxiqué par le mensonge et la déloyauté, blessé
par les excès de la violence, a perdu la santé morale et la joie ». Que Saint Michel protège la France et nos Soldats.
Qu’il veille sur nos familles et notre Patrie.
Un mot enfin, le tout dernier, avant de céder la parole au Général Schmitt : je
voudrais adresser nos remerciements chaleureux aux trois principaux artisans de
l’organisation de cette journée : le Père Richard Kalka, notre secrétaire général
Bernard Gruet, toujours fidèle au poste, et mon ami Philippe Rideau qui a généreusement accepté de l’aider dans cette tâche ! Merci à vous trois.
Bonne et belle fête de la Saint Michel à tous.
Et par Saint Michel, vive les Paras !
Présents sur les rangs
En présence de l’étendard des Invalides,
des Généraux Puga, Grand Chancelier, et Ract-Madoux, Gouverneur des
Invalides
Le champagne est offert par le général Michel Fleutiaux Alix et sa famille Allaire et Madame Assémat et Madame Madame d’Assignies Balaÿ et Madame Balazuc Bauer Général Baulain
Boissy Général Caille Camous Capois Carbonnier et Madame de la Chapelle du Chaxel
Clédic Général Collignan Cortès Général de Courrèges de Crevoisier Général Dary Douchet
Général Faivre Fessard-Raffalli et Madame Flamen
Gl Fleutiaux et sa famille Fourrière Madame Gardes Général Gausserès Grenon Gruet et Madame Gusic
Guyader et Madame de Hauteclocque Général de Haynin Haÿs de Heaulme et Geneviève Madame Heux
Hogard Général Humeau Général Jean Père Kalka Labbé de Montais Lajoux Général Lebel
Madame Léger Leguellec et Madame Lelarge Lhopitallier Jacques Michel Madame Hilda Muelle
Madame Cath. Muelle
Nicard Orsini et Madame, Madame Oudinot Pinchon Madame Planet Portail Prévost Provent
Racouchot Général Raymond Rideau Général Rolin et Madame Amiral Rolin Docteur Rondy
Madame Rouault Roux Saboureau Général Schmitt Général Simonet Général Susini Torrecillas
Truchy et Madame Turpin Général Urwald Vallauri Walter-
13
Absents à la dernière Saint Michel
Nous n’avons jamais été aussi nombreux depuis une dizaine d’années. Il faut dire
qu’une belle remise de Grand-Croix a contribué à grossir nos rangs. Et des
« jeunes » nous rejoignent heureusement, car les plus anciens ont parfois du mal
à se déplacer, malgré le désir qu’ils en manifestent.
Pour une fois, commençons par les « exotiques » : chaleureux message de Terzian
(récemment élevé au rang de GO-ONM). « Au nom de tous les camarades de
l’hémisphère sud », en fait, il s’agit de la Nouvelle Calédonie. Exotique aussi
Frédéric Pince, en Arabie. Plus proche : Henry, Lobel, en Espagne. Nous allions
classer la Corse dans cette catégorie en citant le général Franceschi…Laporte, à
La Réunion. Les généraux E. Beth et Tramond, en mission à l’étranger.
Quelques grandes figures du club ont été « victimes » d’autres obligations, comme
le général Thomann qui, avec Jourdain, était mobilisé à Castres (notre président
les cite dans son laïus) et dont nous avons reçu un très chaleureux message. Par
ailleurs, à la dernière minute, notre ami Frédéric Pons, toujours sur la brèche, a
été désolé de renoncer à nous rejoindre.
Sont aussi cités de trop nombreux camarades, parmi lesquels certains sont
durement frappés par la maladie et parfois simplement le grand âge : le général
Chabanne, dit « le chat-tigre », fortement complimenté par son camarade
Fleutiaux ; Guy Perrier ; Gilles Queyrat ; Jean Rives-Niessel (réanimation à
Percy) ; Jean-François Schmitt ; les généraux Hamel, Lafourcade, Morel ;
Gautier ; Graff, qui a dû se décommander in extremis. Jean Luciani relève d’une
douloureuse opération ; Wirtz-Risse, Thiébaud, Fydrych, Hubert Gros. Nous
devons, hélas, considérer que François Boisnier est déjà parti…alors qu’il vit
toujours dans une résidence spécialisée, à Barbezieux : notre ami Barbion en est
témoin. Par ailleurs, de grands fidèles « historiques » restent silencieux, parmi
lesquels le Dr Gindrey, Jacques Bouillot…Quelles nouvelles de Fesselet ? Le
Beurrier ?
Parmi nos amies les dames aussi, certains problèmes nous sont signalés :
Madame Caillaud, Micheline Guilleminot (message très chaleureux à tous),
Chouky Sergent ; Marie-José Cartalade ; Brigitte de la Bourdonnaye…
Mais l’énumération des épreuves ne doit pas faire de l’ombre à tous les
témoignages de sympathie que nous recevons par exemple de Juliette Bernard,
Marie-Ange Duffard, Simone Martin, Nicole Longeret, Jeanne Tommasi (« unie par
la pensée à vous tous »), Marie-José Magnillat…Madame J de Quillacq, très fière
de nous dire que son petit-fils a sauté en commandé sur le Mont St Michel.
Mireille Cabiro nous a même envoyé un télégramme (rarissime aujourd’hui):
« avec vous tous avec cœur, pensées et prières à St Michel ».
Sur le même ton positif, beaucoup donnent de leurs nouvelles et des
encouragements : les généraux Cann et Guignon ; Gérard Bordes, Banssillon,
Beaupré, Pierre Coiquaud, JJ Doucet, Dr Escousse, les généraux Fayette, de
Lambert ; Georges Labriffe, Dr Moreau, Jacques Peyrat, J.L. Reinlé. Dominique
Savary (de sa lointaine Dordogne, il évoque chaleureusement le GCP, Commando
14
Jaune). Expriment aussi leurs regrets et leurs amitiés Pierre Sévénier, Simon
Sassard, le général Valentin, ainsi que le P. Jean Vampouille, l’ancien caporal et
grand admirateur du maréchal, qui ne désespère pas de revenir nous voir.
Nous avons conscience de ne traduire ici qu’une petite partie des sentiments
échangés entre nous tous (et toutes). Il n’est pas indispensable d’écrire pour faire
circuler « les forces de l’esprit » (expression d’un homme célèbre), même si c’est le
plus souvent agréable…
A bientôt, avec les meilleurs vœux de votre secrétaire
BG
Lors de la cérémonie au cours de laquelle notre ami, le général Michel
FLEUTIAUX fut décoré de la Grand-Croix par le général Maurice Schmitt, ce
dernier dit en quelques mots l’essentiel des remarquables mérites du
récipiendaire. La carrière atypique de celui-ci vaut bien un plus long
développement. L’intéressé nous la raconte…
Une carrière atypique
Appelé le 18/10/1950 dans un régiment parachutiste à ma demande (le 35ème
RALP), elle s’est achevée sans interruption comme général de brigade chef du
Centre d’Exploitation du Renseignement Militaire à l’EMA (Etat-major des
Armées) commandé successivement par le général Lacaze puis par le général
Saulnier.
Séjour comme ORSA en Indochine
Ayant pleinement vécu mon service militaire, j’ai accepté de souscrire un contrat
de 2 années pour servir en Indochine dans la spécialité que j’avais acquise
d’observateur aérien.
De janvier 1952 à Noël 1954, j’ai servi au 23ème groupe aérien d’observation
d’artillerie à Hanoï/Bachmaï. Mon affectation au 23ème GAOA se situait dans la
perspective de création de l’ALAT. Le 23ème GAOA exerçait son activité dans la
région où le Vietminh était le plus actif, le Tonkin, le Laos et le Nord Annam. Les
missions longues, de plus en plus exposées. Au début de 1954, 2 équipages du
23ème GAOA étaient abattus (Lt La Choue de La Mettrie sur Dien Bien Phu, Lt
Breynes au Nord Tonkin), j’étais moi-même grièvement blessé par balle au cours
d’une mission de reconnaissance à basse altitude dans le secteur de Phu Ly (Sud
Tonkin). Au total j’ai été touché une bonne dizaine de fois au cours des missions
effectuées sur les camps retranchés de Nasan, Sam Neua et Dien Bien Phu. Après
plus de 350 heures de vol de guerre, j’ai terminé mon contrat d’ORSA à Noël
1954, en instance d’intégration dans l’armée d’active, avec 4 titres de guerre
importants et une proposition pour le grade de chevalier de la Légion d’honneur.
Séjour en Algérie
Activé comme Lieutenant à titre temporaire, j’ai ensuite été affecté à la Base Ecole
des TAP à Pau/Astra comme instructeur à la section « instruction combat »
15
pendant quelques mois avant d’être muté avec changement d’arme (de l’artillerie
métropolitaine à l’artillerie coloniale) à la Brigade de parachutistes coloniaux à
Bayonne pour constituer la première section « parachutable » de mortiers lourds
(120mm). J’ai alors rejoint la CA du 3ème RPC. Formé en urgence pour intervenir
au Cameroun, il venait finalement d’être dirigé sur l’Algérie (dans le
Constantinois).
Séjour très dense comme chef de section, à bonne école sous les ordres du « chat
tigre » (Chabanne) et de son adjoint le lieutenant Schmitt. Mon séjour a été
malheureusement interrompu au mois de novembre 1957, ayant été blessé très
gravement par mine au cours d’une reconnaissance opérationnelle dans « les
territoires du sud », à l’ouest de Beni Lonie, à proximité de la frontière marocaine.
La remise en condition
La remise en condition pour rester en activité impliquait un changement total
d’orientation, avant tout pour acquérir les connaissances militaires qui m’ont fait
défaut au départ, d’où de nombreux stages sanctionnés par des diplômes :stage
de spécialisation pour l’outremer (CMIDOM), certificat technique, Ecole d’état-
major, Brevet technique avec des acquits collatéraux importants : diplôme de
l’école nationale des langues orientales (major de la décennie), certificats d’études
supérieures à La Sorbonne, degrés militaires de langues étrangères (dont 2ème
d’allemand et 3ème d’arabe)…
Très pénalisé du fait de mes invalidités, je possédais alors des acquits majeurs
pour des emplois en grands états-majors, sans me couper pour autant des
services extérieurs.
Services en grands états-majors
Plusieurs emplois dans la branche Renseignement : j’ai d’abord été rédacteur
puis chef de la section Afrique – Monde Arabe, puis principal animateur du GPES
(groupe permanent d’évaluation de situation) dirigé par le colonel puis général
(Air) Leroy. En même temps je fus chargé de participer à la création de cellules
interministérielles actualisant des dossiers de crises menaçant les intérêts
français et de les actualiser jusqu’à l’élaboration des scénarios correspondants,
long travail de 2 années.
Les emplois extérieurs (Djibouti – Cameroun/Tchad – Liban)
En relation directe avec l’orientation renseignement, j’ai occupé le poste d’adjoint
au chef du Bureau Etudes du TFAI (Haut-Commissaire Dominique
PONCHARDIER) pour animer la recherche au profit des différents organismes
représentés à Djibouti (B2-CRA-7, Recherche – Gendarmerie – Police Nationale –
DST et SDECE) et de faire la synthèse des menaces concernant le territoire.
Mission réussie collectivement par l’éradication du seul mouvement de résistance
local réfugié en Somalie.
J’ai ensuite occupé le poste d’Attaché de Défense à Yaoundé (Cameroun),
affectation très classique, plutôt creuse, qui a cependant pris très vite de
l’importance du fait du départ au Tchad voisin de l’Ambassade et des troupes
françaises. C’est dire que tous les problèmes restés en suspens dans un tel
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contexte ne pouvaient trouver de solutions que depuis Yaoundé (notamment
l’installation d’un hôpital à Kousseri), situation qui donnait un peu d’ampleur au
poste. Avec l’accord de l’ambassadeur, j’avais ouvert une antenne de coopération
en Guinée Equatoriale.
Au retour du Cameroun, j’ai été affecté comme adjoint au général inspecteur des
troupes de marine et des forces extérieures, le poste venant d’être réactivé. J’ai pu
alors me porter volontaire pour prendre le commandement d’un détachement
d’une cinquantaine d’officiers et sous-officiers français amis à la disposition du
président Amine Gemayel, chargé de vérifier l’application d’un ambitieux
programme de « cessez-le-feu » au départ de la Force Multinationale de Beyrouth.
J’en ai assuré l’installation et le commandement pendant les six premiers mois.
Cette mission a produit un choc très favorablement apprécié dans tous les
médias et a permis de rétablir les contacts entre les différents antagonistes. Le
détachement est resté en place pendant deux ans et demi, mobilisant quelques
400 officiers et sous-officiers supérieurs.
Nommé au retour de Beyrouth chef du Centre d’exploitation du renseignement
militaire (CERM), chargé d’orienter et d’établir la « menace ».
Tel fut, humblement, le déroulement d’une carrière qui aurait pu être la vôtre si,
comme moi, vous aviez eu 14 ans en 1944 et si vous aviez été bouleversé pour la
vie par un évènement choc hasardeux : le déclenchement, sur mon chemin, d’une
violente embuscade opposant un commando parachutiste (probablement
britannique) à un convoi de soldats allemands qui, ayant perdu de sa superbe,
s’est piteusement débandé. Evènement qui m’a permis, malgré les interdits, de
prendre attache en secret, par curiosité, avec différents maquis de la région, en
particulier du groupe de Grand-Rupt (vers Epinal – Bains-Les-Bains), que l’un de
mes anciens, venu de Bretagne où il avait été parachuté, essayait de discipliner,
dans tous les dangers (réussissant même à s’exfiltrer à l’attaque du camp par les
SS), je veux parler de Paul Alain Léger, l’un des fondateurs de notre Club. Ta
légende, Paul Alain, n’est pas oubliée. Je te dois ma carrière.
L’Ambassadeur de France au Liban, Beyrouth le 23 novembre 1984
Appréciations concernant le colonel Michel Fleutiaux commandant le Détachement
des Observateurs français (Extraits) :
« Possédant au plus haut point des qualités de courage dans l’action, de détermination et
d’intelligence dans la réalisation de sa tâche, cet officier a su s’imposer dans un domaine
délicat, celui du rapprochement de factions ennemies ».…
« Il a conquis la sympathie des Libanais de tous bords, civils et militaires. Travailleur
infatigable, toujours sur la brèche, malgré les épreuves physiques subies au cours d’une
prestigieuse carrière, il a donné l’exemple d’un dévouement sans borne soulevant admiration
et respect de la part de ses partenaires ».
Signé : Fernand WIBAUX
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PORT SAID 1956
En ce 60ème anniversaire de « l'expédition d'Egypte », et de la bataille de Port Saïd, notre ami le général (2S)
Jacques de Lambert se souvient…
Je mesure la chance que j'ai eue, comme sous-lieutenant, donc en début de carrière, de pouvoir prendre part à cette opération, en sautant avec la première
vague d'assaut aéroportée du 2ème RPC de Chateau-Jobert, dit « Conan »),
dont nous ne sommes plus très nombreux à être encore en vie. Pourquoi moi, artilleur parachutiste du 20ème GAP, ai-je sauté avec le 2ème
RPC ? Parce que, à la différence des « aviateurs » qui en cas d'opérations
interarmées mettent avec les troupes au sol un « officier de liaison des Forces Aériennes » (OLFA) et un officier (ou plusieurs) au « poste de guidage avancé »
(PGA), la Marine demande à l'Armée de Terre de lui fournir un (ou plusieurs)
DLO. C'est donc moi, de la 1ère batterie du 20ème GAP, « adapté » au 2ème RPC, qui ai eu l'honneur d'être « DLO marine », disposant, si besoin était, des feux de
toute l'armada française, et en particulier de ceux des tourelles de 380mn du
Jean Bart. Ceci précisé, j'exposerai d'abord les faits, puis les conséquences.
1/ Les faits 1.1 En juillet 1956, le colonel Nasser, dont les forces viennent d'être notablement
renforcées, « nationalise » le canal de Suez.
Les gouvernements, anglais d’Anthony Eden, et français de Guy Mollet, décident « d'intervenir » pour défendre « leurs intérêts » stratégiques et économiques, bien
sûr. Les Français, qui ont alors à faire face à la rébellion algérienne, dont les
principaux cadres sont au Caire, pensent du même coup, priver le FLN de son soutien égyptien.
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Les alliés persuadent le gouvernement israélien, toujours confronté aux
Égyptiens, de participer à une expédition militaire commune, à partir de leur
territoire, en passant par le Sinaï. 1.2 En Novembre 1956, après 3 mois d'attente, de tergiversations et de
préparation intensive, les alliés déclenchent l’Opération « Mousquetaire », à la
suite de l'attaque israélienne à travers le Sinaï, montée de toute pièce et « en douce » et soutenue par les escadres aériennes françaises dont les appareils
avaient été repeints aux couleurs d'Israël.
Les parachutistes français et britanniques, qui ont décollé de Chypre, sautent le
5 novembre à 5h30, respectivement sur Port Saïd et l'aérodrome de Gamil, pour « ouvrir le chemin » au gros du corps expéditionnaire qui va débarquer à partir du
6, en vue de conquérir toute la partie utile de l’Égypte, c'est à dire le canal de
Suez, jusqu'à la mer Rouge. 1.3 Mais, après 2 jours de combats victorieux, un « cessez le feu » est imposé par
l'ONU, à compter du 8 novembre à 0 heure. Le cessez-le-feu a été obtenu par le
général Eisenhower, qui vient d'être réélu président des Etats-Unis, sans se soucier du fait que l'URSS du Maréchal Boulganine, vient en 4 jours d'écraser
une insurrection à Budapest le 4 novembre à 4 heures du matin. Dès le 8,
l'insurrection était matée avec au moins 3000 victimes. Il est prouvé que le gouvernement français ne voulait pas obtempérer aux conditions de l’ultimatum,
mais que la position britannique les y a contraints.
L'une des clauses du cessez-le-feu prévoyait le remplacement des alliés
occidentaux après leur départ, par des « casques bleus » de l'ONU. Nous les avons vus arriver, la mort dans l'âme, à partir du 15 novembre. Les
premiers à arriver furent des Suédois, rejoints par des Colombiens et des
Boliviens.
Finalement en dehors des détachements postcurseurs, en décembre
1956, toutes les troupes alliées avaient quitté le sol égyptien.
Personnellement, je suis resté là-bas jusqu'au 10 janvier avant de rejoindre
Chypre d'abord, puis l'Algérois, pour participer à « la bataille d'Alger » dont la mission venait d'être confiée au général Massu. En ce qui concerne
Israël, c'est en mars 1957 qu'il abandonna définitivement les territoires
qu'il occupait, et l'on put assister à l'échange des prisonniers : 15000 Égyptiens contre une vingtaine du côté israélien.
En définitive, puisqu'il faut bien parler de « pertes », les chiffres officiels
furent :
-chez les Britanniques : 22 tués et 97 blessés ; 8 avions détruits, dont 5 abattus ;
-et du côté français : 11 tués dont 5 du 2ème RPC, 46 blessés, et 2
avions : l'un abattu et l'autre perdu en mer, celui de l’aéronavale du lieutenant de vaisseau Lancrenon.
Ces chiffres sont quasiment insignifiants, si l'on considère l'envergure de
l’expédition1.
1 90000 soldats (50% français et 50% britanniques), 500 avions (300 britanniques et 200 français), 130 navires (100
anglais dont 5 porte-avions et 30 français avec les porte-avions Arromanches et Lafayette et le cuirassé Jean Bart)
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2/ Les conséquences. Elles ont été très graves dans les décennies suivantes, et beaucoup plus importantes qu'on ne l'avait imaginé initialement. J'en proposerai six :
2.1- La France et la Grande-Bretagne vont perdre, pour la première fois,
mais surtout pour toujours leur position dans le monde. L'affaire de Suez consacre la suprématie planétaire des USA et de l'URSS, qui accèdent au statut
de superpuissances. Les deux alliés durent admettre qu'ils n'étaient plus que des
nations de moyenne puissance, plus ou moins vassales des E.U.
2..2- Pour la France, la crise va accélérer l'internationalisation du conflit algérien ; ceci va accentuer le malaise entre le régime de la 4ème République et
son Armée. Les régiments parachutistes, en particulier, après l'échec indochinois,
ont eu la désagréable sensation qu'on leur avait volé leur victoire, et d'avoir été bernés une fois de plus.
2.3- Ceci conduira indirectement à l’origine de l'insurrection d’Alger en
1958, et donc au retour au pouvoir du général de Gaulle, ainsi qu'à la naissance de la Vème République.
2.4- Mais surtout, le fait que les E.U., sous la pression soviétique, avaient
« lâché » leurs alliés de l'OTAN, a apporté la démonstration de la nécessité de disposer d'une force d'intervention indépendante de l'Alliance Atlantique et des
E.U. : ceci veut dire à la fois se dégager de l'OTAN, et accélérer l'effort nucléaire
national, ce qui signifie se lancer dans la stratégie de dissuasion, sous laquelle
nous vivons encore en 2016. C'est exactement ce qu'a fait le général de Gaulle dès son arrivée au pouvoir (explosion de la 1ère bombe A française en 1960 à
Reggane).
2.5- Grâce à une propagande savamment orchestrée, Nasser sut très habilement transformer une cuisante défaite militaire en victoire, annonçant
même-et sans preuve- au monde entier que l’Égypte avait « coulé » le Jean Bart. Il put prendre ainsi la direction du « monde arabe ». Simultanément, il était devenu totalement dépendant de l'URSS, qui financera la construction du barrage
d’Assouan.
2.6 – C'est à partir de cette expérience que l'ONU généralisera l'emploi des
« casques bleus » dans le cadre du maintien de la paix, ou de son rétablissement, dans tous les conflits, internes ou entre nations.
J.L. Novembre 2016
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La Bataille d'Alger ''Vigipirate'' ou ''Sentinelle'' avant l'heure.
En août 1956, pour l'anniversaire des massacres du 20 août 1955 à Philippeville et à St-Charles, les dirigeants du FLN se réunissent discrètement dans un groupe
de mechtas de la vallée de la Soummam entre Maillot et Bougie. C'est le ''Congrès
de la Soummam'' ; sous la direction de Krim Belkacem. Le FLN décide de changer sa stratégie, constatant l'échec des maquis dans le bled face à l'Armée française, il
décide de passer au terrorisme urbain en particulier à Alger.
Dès le mois de septembre, les attentats commencent, sous la direction de chefs tels
que Ben M'hidi, Yacef Saadi et Ali la Pointe, ceux-ci font appel à des volontaires présentant bien, en particulier à des jeunes femmes susceptibles de pénétrer plus
facilement dans des lieux publics fréquentés surtout par les pied-noir.
30 septembre : bombe au Milkbar et à la Cafétéria, une grenade dans
un cinéma font plusieurs tués et blessés.
12 novembre : bombe au Monoprix de Maison-Carrée et à la gare
d'Hussein Dey, encore des morts et des blessés
14 novembre un poseur de bombe à l'usine à gaz est arrêté à temps
27 décembre M. Froger, maire de Boufarik et président de l'association
des maires d'Algérie, est abattu d'un coup de pistolet rue Michelet.
Depuis le mois de septembre, le 1er RCP comme tous les autres régiments de la 10ème DP, est occupé par la préparation à l'expédition de Suez, part fin octobre à
Chypre, y restera tout le mois de novembre et décembre.
Les autorités civiles et la police sont incapables de mettre fin à ces attentats. Grandes sont l'émotion, l'inquiétude et la colère dans la population algéroise, en
particulier les pied-noir. Le Gouvernement Général, « le GéGé » et le Premier Ministre décident de faire appel à la 10ème DP, disponible depuis son retour de Chypre et de Port-Saïd. Le 6 janvier
le Général Massu reçoit les pouvoirs de préfet et la mission d'arrêter les attentats
et de rétablir la sécurité dans le Grand-Alger. La division rappelle les permissionnaires et implante quatre de ses régiments d'infanterie dans Alger,
Hussein- Dey, Kouba et Maison-Carrée, 1er REP, le 2, le 3 et le 1er RCP. Le 6ème
RPC, le 20ème GAP, le GT 507 et la 57ème Cie de Génie para restent en opération
dans le bled.
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Le 5 février, 1er RCP du Colonel Mayer reçoit comme zone de responsabilité la ville
de Maison Carrée, environ 50.000 h. Environ, car dans certains bidonvilles, aucun
recensement n'a été fait depuis longtemps. Le PC du régiment s'installe en ville dans la caserne du 45ème Régiment des Transmissions qui tient le Secteur. Les
compagnies sont dispersées. Nous la 3, nous avons la chance d'être installés dans
une ancienne coopérative vinicole, les Trois Caves, à la sortie sud de Maison Carrée, sur la route de L'Arba… Un grand bâtiment abrite le PC de la compagnie, la popote,
la section de commandement et les chambres des officiers. Les sections sont sous
tentes collectives dans des champs autour. Dans un autre bâtiment qui dispose de chambres barreaudées, s'installe l'équipe de l'officier de renseignement du
régiment, le capitaine Assémat, qui dispose d'une dizaine de sous-officiers et
gradés, tous parlant l'arabe et engagés. A noter : à l'époque le RCP est un régiment
d'appelés, mais depuis l'état d'urgence ils sont maintenus sous les drapeaux jusqu'à plus de deux ans -
Si le 1er REP du Colonel Brothier et le 3ème RPC du Colonel Bigeard prennent très
au sérieux leurs missions de police dans Alger avec la Casbah, au 2ème RPC du Colonel Château-Jobert et au 1er RCP du Colonel Mayer on est plus décontracté.
En particulier à la 3, le Capitaine Paoli répugne à jouer les commissaires ou
inspecteurs de police, moi aussi. En revanche nous étudions sérieusement notre mission de protection. Paoli fait la connaissance d'un capitaine du 45ème RT, corse
comme lui, qui est en garnison à Maison-Carrée depuis plusieurs années, il connaît
bien la ville ; nous allons faire une visite au Maire, vieux et sympathique colonel en retraite, qui a fait les deux guerres dans les tirailleurs, il nous renseigne ; pour ma
part je prends contact avec le commissaire de police et un escadron de gendarmerie
mobile qui cantonne pas loin de chez nous.
Le secteur de la 3ème Cie, les quartiers sud de la ville, comprend trois points chauds : le bidonville ''Vidal'', la Cité d'Urgence construite dans les années 40 et le
quartier PLM (héritage de l'époque où les chemins de fer d'Algérie appartenaient au
réseau Paris-Lyon-Méditerranée). Chaque matin réunion dans le bureau du capitaine avec les chefs de section, les lieutenants Delafon, Guiollot, les sous-
lieutenants Briand et Debuire et Blondeau l'adjudant de compagnie. Nous mettons
au point le travail de la journée et de la nuit suivante, c'est à dire les gardes, les patrouilles, les points de contrôle et des embuscades. De jour, dans les rues, tenue
de parade… cela impressionne beaucoup la population, en particulier les
musulmans. Bien sûr, tenue de combat pour les embuscades nocturnes. A ces missions vient s'en ajouter une, pas facile et de longue haleine : en liaison
avec la mairie de Maison-Carrée et la SAS récemment créée : participer au
recensement du bidonville et à l'attribution de cartes d'identité pour ses habitants
qui n'en ont pas. C'est le caporal-chef Berthault – surnommé ''inspecteur Du Blair'' – qui est chargé de ça. On lui adjoint le caporal Boudia et deux paras de Noir 3
parlant arabe, une équipe de GV les protège en cas de besoin. Aucun policier ne se
joint à eux. Mi-avril, la mission de maintien de l'ordre dans le Grand-Alger pour le 1er RCP se
termine, il va être rendu aux opérations dans les djebels et le Capitaine Paoli part
en perm en France pour un mois, je prends le commandement de la compagnie. Pendant nos deux mois de police, notre bilan est maigre : 3 suspects avec des tracts
du FLN arrêtés et remis à l'OR du régiment, 2 fusils de chasse récupérés dans une
embuscade…, mais les fells se sont enfuis.
Pendant cette même période le FLN d'Alger n'a pas été inactif : le 26 janvier des
bombes sont posées dans des brasseries du centre-ville, l'Otomatic, la Cafétéria et
22
le Coq Hardi et font de nombreux morts et blessés, le 10 février les gradins des
stades d'El Biar et du Ruisseau subissent le même sort.
Le 14 avril… le 1er RCP rejoint sa base arrière à Chebli, se remet en condition puis part pour un mois en opérations dans le sud-algérois…De retour
à Maison-Carrée le 19 mai : même mission et même zone d'action où nous avait
remplacé le 2ème RPC de Kouba à Hussein-Dey. Mais pour la 3ème Cie, changement de décor : les Trois Caves sont occupées par la
gendarmerie et une maison d'arrêt. Les sections sont dispersées…, les chefs de
section logent avec leurs hommes. Le PC de la compagnie hérite de la ''Maison PLM'', villa de fonction du directeur des chemins de fer d'Algérie, abandonnée par
celui-ci du fait des événements…grande maison entourée d'un jardin qui domine
les voies de la gare de Maison-Carrée, dont un bel appartement aux fenêtres toutes
barreaudées… Le PC, la section de commandement et la section d'accompagnement sont au large dans la villa, Paoli et moi avons chacun notre
chambre, mais le capitaine l'utilise peu car la garnison d'Alger lui a lui attribué un
appartement en ville. Sur le plan opérationnel : mêmes quartiers sud avec les mêmes cités et bidonvilles.
''L'inspecteur Du Blair'' reprend son travail de recensement qui semble avoir été un
peu négligé par nos camarades du 2. Chaque jour trois sections se partagent les patrouilles, les gardes et les points de contrôle, une quatrième reste au repos et en
alerte.
Un soir, un vieux commandant en retraite musulman vient nous trouver – il a fait les deux guerres dans les tirailleurs – il habite en lisière de la Cité d'Urgence et a
reçu des menaces du FLN en ce qui concerne sa fille, une gamine de 12 ans qui va
au lycée. Nous ne faisons aucune difficulté pour lui accorder une protection de
deux paras, qui accompagneront au lycée sa fille et la ramèneront... Pour nous remercier, le commandant et sa femme nous invitent à déjeuner Paoli, sa femme et
moi avec le Colonel Mayer et sa femme.
Le 26 mai le lieutenant Delafon accompagne une de ses patrouilles, il est intrigué par le comportement d'un FSNA (Français de souche nord-africaine, ndla) dans la
rue, il l'arrête et l'amène au PC. Là, l'individu saute par-dessus la haie et s'enfuit
vers la gare, le sergent Auer bondit derrière lui, le rattrape sur les voies, le maîtrise et le ramène. Pas la conscience tranquille le mec … tout de suite, direction l'OR du
régiment. On apprendra quelques jours plus tard que c'était un pourvoyeur de
fonds du FLN. Un de nos points de contrôle identifie le 14 juin un individu recherché comme
membre du FLN ; lui aussi va rendre visite au Capitaine Assémat.
Le 26 juin, le colonel Mayer nous demande au téléphone d'aller au bidonville pour
aider les gendarmes qui ont échangé des coups de feu avec des fells. Paoli et moi sautons dans la jeep et suivis de la section de réserve nous fonçons sur place.
L'affaire est terminée, les gendarmes ont récupéré un HLL et un revolver mais deux
ou trois autres ont disparu également armés. Par contre ils nous refilent deux jeunes musulmanes qui étaient avec eux et dont ils ne savent pas quoi faire. De
retour à la compagnie, on installe les deux jeunes filles - elles sont jeunes, 16 et 18
ans, donc mineures - dans nos deux chambres avec deux caporaux de confiance devant la porte. Le capitaine et moi interrogeons seuls les deux filles. D'abord
réticentes, elles craquent et nous racontent ce qu’elles savent. Aussi dès le matin,
j'emmène avec un groupe de combat une des deux filles bien emballée dans son haïk pour qu'on ne la reconnaisse pas, près du bidonville, là dans un fossé qu'elle
m'indique je trouve un beau revolver d'ordonnance Mle 1892 avec encore trois
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cartouches dans le barillet. Trois noms et adresses donnés par les filles sont
transmis à l'OR.
Après les cérémonies du 14 juillet…le 1er RCP rentre à Chebli pour se préparer à retourner dans les djebels…mieux que jouer les flics dans les rues.
Hélas, pendant cette période, le FLN de la zone d'Alger n'a pas été inactif : le 4 juin,
des bombes sont posées à des arrêts de bus du centre-ville et font de nombreuses victimes. Le 9 juin, une bombe explose sous l'estrade de l'orchestre du casino de
la Corniche en plein bal, un vrai carnage …
Heureusement les équipes de renseignement de la 10ème DP avec le commandant Aussaresses, du 1er REP et du 3ème RPC des colonels Jeanpierre et Bigeard, ainsi
que le 9ème Zouaves font du bon travail. En septembre et octobre Ben M'hidi, Yacef
Saadi et Ali la Pointe sont arrêtés ou abattus, les poseurs et poseuses de bombes
capturés, les dépôts de bombes récupérés ou détruits. Tout se passait dans la Casbah. La cathédrale, le dernier dimanche de novembre, près de la basse Casbah,
rouvre ses portes fermées depuis quelques mois du fait de l'insécurité. Depuis le
mois de septembre : aucun attentat. La population respire, « le GéGé » aussi. A Paris, le gouvernement couvre le Général
Massu et la 10ème DP de lauriers. Les paras sont devenus les enfants chéris des
Algérois, des pied-noir en particulier.
Jacques Priot, alias Mac Arthur
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LES « OPEX » ou 50 ANS D’OPERATIONS EXTERIEURES
Conférence de Jacques Hogard, le 29 novembre,
à l’invitation d’un collectif d’anciens combattants du 17ème arrondissement de Paris.
Pour mémoire, Jacques Hogard, notre président, qui a volontairement quitté
l’Armée en l’an 2000 au grade de colonel, au Commandement des Opérations
Spéciales, a lui-même un impressionnant palmarès d’OPEX dans sa besace :
Tchad, RCA, Djibouti, Somalie, Aden, Macédoine, Kosovo. Il est aussi
particulièrement marqué par sa participation à Turquoise, au Rwanda.
Cette conférence, qui était un peu plus longue que cette version, aurait mérité
une audience beaucoup plus importante.
Nos remerciements à Frédéric Pons, qui a su nous en tirer ici l’essentiel ...
1964-2016 : un demi-siècle au cours duquel les OPEX ont changé de visage, de
l’intervention au Gabon (février 1964) à Barkhane, en cette fin 2016. Au Gabon,
la mission avait mobilisé trois compagnies d’infanterie de marine et une
compagnie parachutiste. Avec Barkhane, on a changé de dimension. La force est
déployée dans 5 pays (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad), sur une
superficie égale à environ 5 ou 6 fois la France. Elle regroupe un volume de 3 500
hommes, 20 hélicoptères, 200 VHL blindés, 200 VHL logistiques, 10 avions de
transport tactique, 4 avions de chasse, des drones (Reaper et Harfang) !
Depuis la fin des années 90, la France s’est engagée dans des OPEX souvent
simultanées, parfois longues, dispersées géographiquement, alors que se
maintenaient des missions anciennes (Sud Liban depuis 1978, Tchad depuis
1986). Depuis 2012, la France a ouvert de nouveaux théâtres : Serval (Mali,
2013-2014), Barkhane (Sahel, août 2014-2016), Sangaris (Centrafrique,
décembre 2013- octobre 2016), Chammal (Irak, septembre 2014). Les théâtres
antérieurs n’ont été réduits qu’à partir de 2013 : désengagement quasi complet
du Kosovo et de l’Afghanistan ; fin de Licorne (Côte d’Ivoire) ; allègement de
l’opération humanitaire Tamour (Jordanie) et de la lutte contre la piraterie dans
l’Océan Indien (Atalante).
Entre 2012 et 2015, la France a mené 25 OPEX sur 9 théâtres principaux -
bande sahélo-sahélienne (BSS), Afghanistan, RCA, Levant - ou secondaires -
Liban, Kosovo, Océan Indien, Côte d’Ivoire, Guinée, sur une gamme très vaste de
missions : contre-insurrection, reconstruction, formation de l’armée
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(Afghanistan), manœuvres aériennes et aéroterrestres de grande ampleur (Irak,
Mali), restructuration des forces locales (Irak), sécurisation et interposition
(République centrafricaine), forces spéciales (Afghanistan, Mali, Irak).
L’EVOLUTION RECENTE DES OPERATIONS
Selon la LPM 2014-2019, « l’OPEX a pour objectif d’assurer par la projection de nos
capacités militaires à distance du territoire national, la projection de nos
ressortissants à l’étranger, et la défense de nos intérêts stratégiques et de sécurité,
comme ceux de nos partenaires et alliés ; elle doit nous permettre d’exercer nos
responsabilités internationales. » Un tel engagement résulte d’une décision du
Président de la République, chef des armées. La prolongation d’une OPEX au-delà
de 4 mois fait l’objet d’une autorisation parlementaire.
Les principales OPEX se déroulent sur des théâtres où il s’agit de combattre des
ennemis aux modes d’action asymétriques. Ils contournent la supériorité
technologique occidentale et représentent une menace diffuse sur de très vastes
territoires. Il n’existe pas de front constitué mais des cibles multiples à atteindre.
Ces opérations nécessitent des matériels qui permettent de conserver la
supériorité opérationnelle et d’offrir le maximum de protection, d’acquisition du
renseignement, d’aisance tactique et de puissance de feu. De nouveaux fronts se
sont aussi ouverts comme le cyberespace.
Professionnalisée depuis la suspension de la conscription en 1997, l’armée a vu
son image se transformer profondément, au rythme des opérations. Au début des
années 2000, le soldat est avant tout, dans l’opinion, un spécialiste qui part en
opération humanitaire. A partir de 2008, il est perçu comme un combattant
exposé, ce qu’a révélé le durcissement de l’engagement en Afghanistan.
Les OPEX soumettent nos armées à de fortes tensions. Les opérations coûtent
cher. Au cours des quatre dernières années, leur surcoût a été de 1,1 milliard
d’€. Leur dispersion et leur élongation fragilisent les capacités de transport et les
moyens de commandement et de renseignement. Le rythme élevé des
engagements réduit la capacité à faire face à de nouvelles urgences, à mettre en
œuvre de nouvelles opérations. Le manque crucial de certains équipements rend
aussi notre pays en partie dépendant de ses alliés.
Les taux de projection des personnels sont très élevés. De nombreuses spécialités
sont particulièrement sollicitées au regard de la ressource disponible. Outre la
fatigue physique et morale et l’impact sur la vie familiale, ce haut niveau
d’engagement atteint la préparation opérationnelle. Le potentiel s’use. Le
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vieillissement des matériels impose de gros efforts de maintenance pour assurer
une disponibilité opérationnelle maximale : sont particulièrement concernés les
VAB – 40 ans de service ! -, les hélicos (les Gazelle et les Puma sont à bout de
souffle), les avions Hercules et Transall. Les matériels récents font preuve d’une
efficacité bien supérieure mais ils ne sont pas assez nombreux. De nombreuses
insuffisances capacitaires sont constatées, contraignant à des palliatifs permis
par les trésors de débrouillardise de nos hommes. L’absence de capacités en
matière de transport aérien stratégique reste une lacune importante. Ce poste
coûte cher à cause de l’affrètement d’avions gros porteurs à des sociétés
étrangères.
LA JUDICIARISATION CROISSANTE DES OPEX
Les opérations ont fait apparaître des questions complexes : leur cadre juridique,
l’usage de la force, l’articulation entre la réponse militaire et la réponse judiciaire,
la conciliation entre le droit international, le droit humanitaire et les droits de
l’homme, la qualification du terroriste. Le colloque « Droit et OPEX » tenu à Paris
en novembre 2015, a bien montré toute l’importance de la dimension judiciaire
dans la réussite des opérations : en amont et en conduite, pour se prémunir face
à un risque contentieux croissant ; en aval pour s’assurer que l’ennemi capturé
pourra être effectivement jugé.
La période 2012-2015 a vu des changements du cadre institutionnel des OPEX.
Au cours de la période précédente, la France était intervenue majoritairement
sous la bannière multilatérale de l’OTAN, de l’UE ou de l’ONU. Aujourd’hui, si
l’intervention repose toujours sur une résolution des Nations Unies ou sur une
demande d’aide bilatérale, elle s’insère préférentiellement dans des coalitions
internationales ad hoc, ou elle intervient seule, en accompagnement des forces
locales. Ce fut le cas de SERVAL, déclenchée en janvier 2013 à la demande de
l’Etat malien, sous couvert de la résolution 2100 du conseil de sécurité de l’ONU
adoptée en… avril 2013. La place de la France sous commandement international
s’est ainsi fortement réduite depuis 2012. Enfin, avec le retour d’une menace sur
le sol français même, les armées ont entamé une nouvelle adaptation, à partir de
2015, liée à la montée en puissance de la mission intérieure Sentinelle.
LA QUALITE DES HOMMES (ET DES FEMMES !)
La qualité des professionnels français est reconnue dans le monde. Forte de ses
valeurs, l’armée française reste exemplaire. Ses traditions d’humanisme font
autant sa réputation que son efficacité sur le terrain. Mon ami le général d’armée
Hervé Charpentier, qui termina sa carrière comme Commandant des forces
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terrestres puis Gouverneur militaire de Paris, après toute une carrière vouée aux
OPEX, a livré ce témoignage très instructif à Hubert Le Roux et Antoine Sabbagh,
les auteurs de « Paroles de Soldats (La France en guerre 1983-2015) » : « Si les
conflits de ces trente dernières années, pudiquement appelées « opérations
extérieures » ne peuvent se comparer en ampleur et en intensité aux conflits de la
première moitié du XXème siècle, il faut pourtant être conscient que nos soldats les
ont vécus avec le désagréable sentiment d’un oubli passif, à défaut d’une aversion
déclarée. C’est pourquoi il est légitime de se demander pour quelles raisons de
jeunes Français quittent le doux cocon d’une société du confort et de la sécurité
pour, comme les volontaires de l’An II dont ils sont les vrais descendants, s’engager
au sens propre pour le service des armes de la France. Ils savent ce qu’ils risquent,
ils savent qu’ils ne seront plus maîtres de leur destin. Mais surtout ils apprennent
et ils acceptent les rites de la cohésion et de la fraternité d’armes qui est le ciment
de la force de nos armées, en décalage absolu avec l’individualisme et le
communautarisme qui rongent notre société. Quel beau pays qui dispose d’enfants
si ordinaires, capables pour son service et en son nom, d’actions extraordinaires,
souvent dans la plus grande humilité, l’anonymat, voire l’indifférence. »
Je vous incite vivement à lire ce beau livre qui recueille les paroles des soldats
des OPEX, mais aussi les témoignages de leurs proches. Le dernier chapitre est
ainsi consacré à Alice, mère de 5 enfants, jeune veuve de Matthieu, pilote d’hélico
tombé en Afghanistan. Il est réellement bouleversant. On ne peut que s’incliner
devant une telle somme d’épreuves, de courage, de dignité.
L’HOMMAGE LEGITIME A NOS SOLDATS
Oui, il faut rendre hommage à nos soldats, à leurs familles, à leurs femmes, leurs
mères, leurs fiancées. Rendre hommage à nos morts, à nos blessés. Depuis 1964,
645 soldats français ont donné leur vie en OPEX : 158 au Tchad, 158 au Liban
(dont les 58 du Drakkar, en octobre 1983), 116 en Yougoslavie, 89 en
Afghanistan, 27 en Côte d’Ivoire, 12 à Daguet, 11 à Kolwezi.
En 2006, le Parlement approuvait la création d’un hommage particulier aux
soldats morts pour la France en OPEX, comportant notamment une cérémonie au
cours de laquelle les honneurs militaires leur sont rendus dans la cour d’honneur
des Invalides à Paris. Depuis quelques années, sur une initiative du général Dary,
il est aussi demandé aux Franciliens de se rassembler en silence sur le Pont
Alexandre III pour saluer le passage du convoi mortuaire. Un mémorial dédié aux
militaires morts en OPEX va enfin voir le jour, dans le parc André-Citroën, à
Paris.
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C’est à cette pratique de traditions fortes, à ce respect du sang versé pour la
Patrie, que se manifestent la grandeur et la pérennité de la Nation. Citons Victor
Hugo : « Ceux qui pieusement sont morts pour la Patrie ont droit qu’à leur cercueil
la foule vienne et prie. Entre les plus beaux noms, leurs noms est le plus beau.
Toute gloire près d’eux passe et tombe éphémère. Et comme ferait une mère, la voix
d’un peuple entier, les berce en leur tombeau. »
LE POISON DE LA DESINFORMATION
Officier de Légion puis du Commandement des Opérations Spéciales, j’ai participé
à quelques-unes des OPEX évoquées ici. Deux m’ont particulièrement marqué,
pour le restant de mes jours : « Turquoise » (Rwanda, 1994), comme commandant
du Groupement Sud de l’opération, « Trident » (Macédoine- Kosovo, 1999), comme
chef du groupement interarmées des Forces spéciales françaises. Ces opérations
m’ont amené à rencontrer une arme redoutable des conflits modernes : la
désinformation.
Magistrale désinformation que celle qui a été organisée autour du drame
rwandais pour placer la France – et son armée ! – en position d’accusés, en les
rendant co-responsables d’un génocide monstrueux dont seuls sont responsables
l’ONU et son incurie, ainsi que les grandes puissances dont le but stratégique
était l’affaiblissement voire l’éviction de la France et de la francophonie dans la
région des Grands Lacs africains. C’est chose faite !
Magistrale désinformation également autour du drame du Kosovo, afin de
démanteler la Yougoslavie et la Serbie en accusant cette dernière d’un génocide
qui n’avait pas existé ! Je me rappelle d’un certain Bill Clinton invoquant plus de
100 000 morts au Kosovo au printemps 1999 pour légitimer l’intervention de
l’OTAN. Deux ans plus tard, les chiffres officiels seront d’un peu plus de 4 000
morts… Dans un cas comme dans l’autre, ce sont les intérêts français qui ont
pâti de ces opérations.
On a vu récemment l’engagement exemplaire de l’armée française au Mali
(opération SERVAL). Mais on a constaté une fois encore que toute opération
militaire, aussi réussie soit elle sur le plan opérationnel, n’a aucun intérêt sans
un objectif politique fort. Au Mali, nous avons manqué une occasion unique de
faire naître un « nouveau Mali », débarrassé des faiblesses congénitales ayant
produit les rebellions qui le déchirent.
Les OPEX doivent être un instrument de rayonnement de la France et de son
influence. Il ne sert à rien d’en multiplier le nombre et le coût, élevé, notamment
en vies humaines, si elles ne servent un but politique supérieur, en adéquation
avec une politique étrangère digne de ce nom, indépendante et souveraine, fidèle
à nos amitiés et à nos alliances, avant tout soucieuse de nos propres intérêts.
Relisons Alfred de Vigny, dans « Servitude et grandeur militaire » : « La parole qui
trop souvent n’est qu’un mot pour l’homme de haute politique devient un fait terrible
pour l’homme d’armes. Ce que l’un dit légèrement, voire avec perfidie, l’autre l’écrit
sur la poussière, avec son sang. »
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LIVRES
Qui es-tu ? Où vas-tu ? Jean Luciani, entretiens avec Philippe de Maleyssie,
Indo-Éditions, 25€ + 6€ de port : Le colonel Luciani, vétéran de la guerre
d'Indochine a confié les souvenirs de ses deux séjours passés en Annam (2ème REI)
et au Tonkin (1er BEP) à Philippe de Maleissye. Résultat : un dialogue très vivant
entre eux d'où émerge l'histoire passionnante, émouvante et glorieuse de l'un de
nos illustres anciens. À découvrir.
Histoire cachée du Parti communiste algérien, de l’Étoile nord-
africaine à la Bataille d’Alger*, Jean Monneret, Via Romana Éditeur,
176 pages, 18€.
Un regard sur la guerre d’Algérie*, Roger Vétillard, Riveneuve
2016. 324 pages dont 6 de photos, Index, éphéméride, bibliographie.
22 euros.
Les larmes de l’Honneur, 60 jours dans la tourmente du Rwanda,
Jacques Hogard, Hugo Éditions, 127 pages, 8,99€ en version
numérique. https://www.iveris.eu/list/notes_de_lecture/212-
les_larmes_de_lhonneur_jacques_hogard
*Recension disponible sur demande
Et aussi :
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Mobilisés par la FNAP, officiellement représentés par le général Lebel, nous
étions nombreux le 5 décembre.
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A VOS AGENDAS !
Après la réunion du 20 janvier, la suivante est programmée pour le
vendredi 19 mai, au CNA St Augustin
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Déjeuner du vendredi 20 janvier 2017 au CNA Saint-Augustin
A retourner pour réception au plus tard
le vendredi 13 janvier
À Bernard Gruet. Le Cézanne, 1 rue du Port. - 92 500 Rueil-Malmaison
01 47 51 15 50 - [email protected]
Nom et prénom………………………….…………………………………………….
Participera au déjeuner du 20 janvier de Paris, au CNA
Accompagné de ………………………….………… (Nom et qualité ci-dessous)
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Ci-joint chèque de 34 € par personne à l’ordre de « MCA-Paras » NB : Attention ! Certains annoncent clairement leur inscription, sans envoyer de chèque, et renoncent finalement à venir. Or nous sommes tenus de payer en fonction de l'effectif déclaré dans le délai imposé. Merci de bien vouloir le garder en mémoire.