Melun, ville royale - Numilog

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Il a été tiré de cet ouvrage 1 .000 exemplaires sur Velin d'Arches

numérotés de 1 à 1000 qui constituent l'édition originale.

Tous droits de reproduction et de traduction réservés pour tous pays.

Copyright by « Syndicat d'Initiative de Melun et ses environs »

1957 Hôtel de Ville, Melun (S.-et-M.).

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MELUN VILLE ROYALE

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DU MEME AUTEUR

LA FIN DU LYS (l'Abbaye royale du Lys pendant la Révolution). 1946.

HISTOIRE RELIGIEUSE DU DÉPARTEMENT DE SEINE- ET-MARNE PENDANT LA RÉVOLUTION. (Prix d'Histoire Simon Henri-Martin 1955, de l'Académie Fran- çaise). Deux volumes grand in-8° de 300 et 350 pages.

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Fernand BRIDOUX

MELUN VILLE ROYALE

Avant-Propos de Marcel HOUDET Président du Syndicat d'Initiative de Melun

Préface d'André BILLY de l'Académie Goncourt

MELUN, SYNDICAT D'INITIATIVE

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P h o t o Buar t .

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Pho to Buar t .

P L A N C H E I . — L E C H A T E AU DE M E L U N .

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AVANT-PROPOS

Le patrimoine d'une ville n'est pas seulement constitué par ses édifices, ses industries, son commerce ; il est aussi dans ses vieilles pierres, ses traditions, son Histoire.

« La Cité idéale », celle de Montesquieu ou de Fustel de Coulanges, est à l'image de la nôtre : riche et puissante en son présent, mais fidèle à son passé, un passé dont elle est fière.

MELUN, devenue un grand centre moderne, se tourne résolument vers l'avenir, un avenir plein de promesses, qu'elle a d'ailleurs bien mérité.

Seulement, les souvenirs s'effacent, les derniers vestiges disparaissent chaque jour davantage, dans les brumes qui montent de son fleuve, cette Seine qui, certes, a fait sa richesse, mais pour laquelle elle a tant combattu et tant souffert.

Le moment n'est-il pas venu de faire revivre la longue histoire de la Cité que nous habitons et que nous aimons, les ouvrages de Gabriel Leroy étant maintenant pratiquement introuvables ?

Le Syndicat d'Initiative l'a pensé quand il s'est assigné pour tâche « la Défense et l'Illustration » de MELUN, capitale de la Brie, qui fut aussi, autrefois, la capitale de la France. (1)

(1) « Il n'y en avait pour lors aucune plus célèbre, d'autant que le Roi Louis VII le Jeune y tenait en pompe sa cour ordinaire, que là demeuraient à sa suite les princes et seigneurs les premiers du

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Ayant la chance de compter parmi ses membres Monsieur le Chanoine Fernand BRIDOUX, Curé- doyen de Notre-Dame, historien scrupuleux au tan t qu'excellent conteur, il lui a demandé de réaliser son projet.

Ainsi est né « Melun Ville Royale ».

Que l ' au teur de « La Fin du Lys » trouve ici l 'expression de notre gra t i tude pour avoir su écrire une œuvre aussi passionnante.

Dans la préface qui suit ces lignes, not re éminent voisin et ami, Monsieur André BILL Y, de l 'Académie G o n c o u r t , veut bien nous dire tout l ' intérêt qu'il a t rouvé à la lecture de cet ouvrage.

Quel destin, en effet, que celui de MELUN ! Il fu t comme le de s t i n des hommes, tour à tour sombre et bril lant, terrible et magnifique, jamais définitif.

Mais, comme certains hommes, il est des villes qui s ' abandonnent ; d 'autres au contraire se reprennent, su rmonten t leur ma lheur et repar ten t pour un nouvel avenir. Melun est de celles-là.

Quel exemple elle nous donne, notre vieille Cité, à travers les vingt siècles de s a longue histoire.

Vaincus, rançonnés, pillés, bombardés, ses habitants n ' o n t jamais ;désespéré pas p lus pendant l ' invasion des Barbares ou la Guerre de Cent Ans, que

Royaume, grande affluence de prélats et autres ecclésiastiques de toutes qualités. Pour ces considérations, il avait fai t choix de cet te ville, et de fai t par son épître, il appelle Melun « Sedem Regiam », siège royal ». (Sébastien ROUILLARD, Histoire de Melun.)

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lors des dures épreuves de l'occupation et de la destruction, en Août 1944, de leurs rues et de leurs demeures.

Lorsqu'ils relevèrent leurs ruines, les Melunais d'alors se doutaient-ils qu'ils ne faisaient que renouveler le geste accompli par leurs ancêtres dix siècles auparavant, après l'invasion des Normands ?

Il est vrai, disait le « bon Roy » qui aimait vivre chez nous, que : « bon sang ne ment jamais ».

Oui, quel exemple ! Marcel HOUDET

M E L U N VILLE ROYALE est illustré de 20 planches inédites en hors-texte.

Afin de ne pas altérer l'aspect de leur présentation, nous avons reporté en fin de volume les commentaires les concernant.

Ceux-ci précisent leur origine et leur donnent toute leur valeur.

Le Syndicat d'Initiative prie la Ville de Melun, M. Jean Queguiner et M Paulette Cavailler, de la Direction des Archives Départementales, et M. Jack Chambrin, de trouver ici l'expression de ses vifs remerciements pour leur précieux concours et lui avoir permis de reproduire des documents aussi remarquables.

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PRÉFACE

Est-ce que je me trompe ? A lire, à travers "MELUN VILLE ROYALE ", l'histoire de cette cité qui vit naître Philippe Auguste, j'ai l'impres- sion qu'il s'en est fallu de fort peu que l'actuel chef-lieu du département de Seine-et-Marne ne devint la capitale de la France. L'analogie de sa destinée et de celle de Paris est assez frappante, de leur configuration géographique aussi. Ah ! si les Capétiens l'avaient voulu ! On a expliqué le développement de Paris par la proximité de ce magnifique grenier à blé qu 'est la Brie ; mais la Brie est encore plus près de Melun...

Le château de Robert le Pieux, de saint Louis et de Charles V, qu'est-il devenu ? Louis XIV aurait pu le sauver, Il ne lui en aurait coûté que 4.000 livres. Il préféra le laisser tomber en ruine. Il ne prévoyait pas le tourisme archéologique.

Cette histoire de Melun, que le Syndicat d'Initiative a eu la bonne idée de faire résumer

et imprimer d'après celle de Gabriel Leroy aura, espérons-le, pour bon effet de rendre les Melunais fiers de leur ville. Peu de villes de la même impor-

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tance ont un passé plus riche. Peu ont pour vocation de se développer et de s'embellir davantage. En la traversant, il m'arrive souvent de rêver à ce

qu'elle sera au siècle prochain quand la Maison que vous savez, reléguée en quelque désert, ne méritera plus d'être appelée centrale. Ces deux bras d'un beau fleuve, ces ponts, ces quais, cette île verdoyante où, à côté de l'église Notre-Dame, s'élèveront de superbes édifices publics et de riantes habitations...

Voilà comment j 'imagine Melun : la plus belle ville des environs de Paris. Que dis-je ?

Paris éclatera, il éclate déjà : que seront quarante kilomètres dans quarante ans ! Melun est appelé à être un quartier de Paris. Qu'on le fasse digne de ce qu'il était à l'époque où la destinée semblait se demander si ce ne serait pas de Paris qu'elle ferait un quartier de Melun !

André BILL Y, de l'Académie Goncourt.

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L ' I L E DE M E L U N

VUE PAR L ' A R T I S T E JACK CHAMBRIN EN 1 9 5 7 .

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I

LE PREMIER MELUNAIS

PRÉHISTOIRE

Cela se passait en je ne sais quel siècle. Dans notre jeunesse, il suffisait de chanter

Depuis plus de quatre mille ans...

pour donner à nos esprits l 'impression d 'une durée illi- mitée.

Maintenant — et peut-être aidés en cela par les cascades de chiffres d 'un ministre des Finances —, nous parlons de millions d'années, de milliards d'années, si bien que, sur la foi des méthodes nouvelles d'étude des minéraux

radioactifs, on affirme aisément que la terre serait vieille de deux ou trois milliards d'années.

Et il a fallu presque tout ce temps pour que la Terre prenne sa physionomie d 'aujourd 'hui . Car, en compa- raison de son temps de refroidissement, c'est presque d'hier que se trace le cours d 'un fleuve impétueux, s'échappant des étroitures du Pet au Diable (1) et épou- sant toute l 'étendue d 'une large courbe bordée au nord par de légères collines, là où, plus tard, s'édifiera Melun. De Melun, il n'était pas question quand le fleuve n'était qu 'un torrent pressé de se jeter dans la mer.

(1) Selon une tradition, Pet au Diable, de Pé au Diable, pierre au Diable, lieu de culte païen. Cf. G. Leroy, « Histoire de Melun », p. 36.

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Mais, en je ne sais quel siècle, le fleuve impétueux se sentit fatigué. Il ralentit sa course et se disciplina. Son lit devint plus profond. Le fleuve avait, dans les élans de sa prime jeunesse, charrié tant de cailloux et tant de sable, qu'il s'était constitué comme une digue qui l'éloi- gnait des collines du sud, où s'édifieront un jour Dam- marie et Farcy. On eut dit que le fleuve avait honte de ces pauvres apports et qu'il pensait déjà au nom que les hommes donneraient à ce terrain de tristes alluvions :

Les Misères. Aussi, même aux époques des crues prove- nant de la fonte des neiges, refusait-il d'y étendre à nou- veau son flot boueux et trouvait-il assez d'espaces à com- bler dans les marécages du voisinage. Vraiment la Seine, c'est le nom qu'on donnera à ce fleuve, était désormais marquée au coin de la sagesse. Quand le printemps reve- nait, elle s'écoulait avec une douce majesté. Elle était fière de ses rives verdoyantes. Elle acceptait la caresse des branches qui s'incurvaient jusqu'à elle et irisaient ses flots. Elle était devenue si sage qu'elle comptait désor- mais avec les obstacles contre lesquels elle butait jadis avec rage. Des îlots, des îles plus ou moins grandes témoignaient de ses hésitations. Passerait-elle à droite ou à gauche ? Elle creusait son lit de chaque côté. Main- tenant, elle entourait ces îles d'une ceinture mouvante qui leur donnait un charme, les mettait en valeur, les présentait comme un sûr refuge.

Et c'est en je ne sais quel siècle que des humains s'aventurèrent ou s'égarèrent jusqu'à cette courbe de la Seine.

Furent-ils séduits par sa beauté ? Estimèrent-ils la richesse et la sécurité de l'île ? Un fait est certain : un

jour, des hommes, des familles en firent leur domaine.

Fut-ce à l'âge moustérien ? L'Homme de Fontéche-

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vade, que le docteur Vallois a baptisé « le plus vieux des Français » (2) envoya-t-il un compagnon de la Charente sur les rives de la Seine ? C'est bien peu probable, les voisins de l'Homo sapiens étaient si peu nombreux.

Mais la fin de la période néolitique se présente diffé- remment (3). Les savants vont jusqu'à affirmer que sur le sol de France il n 'y avait pas moins de 5 millions d'êtres humains. Et l 'on discerne des lois auxquelles ces êtres obéissent. Parmi ces lois, on constate la perma- nence de l'habitat, et, c'en est une conséquence normale, la permanence des voies ou des sentiers de communi- cation.

C'est donc de nombreux siècles avant l 'invasion

romaine que l'île reçut ses premiers habitants. Les tout premiers installés connurent le désagrément, aux jours de crues, de voir s'en aller au fil de l'eau leur méchante hutte de bois et de terre. Le centre de l'île était alors

moins élevé, n 'ayant pas bénéficié des remblais accumu- lés durant les deux derniers millénaires. Heureux encore

furent ces premiers habitants s'ils prirent le temps de se réfugier en quelques grottes naturelles ou creusées à flanc de côteau, sur la rive nord. S'ils ont passé les loi- sirs, auxquels les contraignait le mauvais temps, à illus- trer les parois de leurs abris, les générations à venir signaleront peut-être de sensationnelles découvertes pré- historiques. Qui sait ?

Nous ne saurons jamais quelle contrée du nord ou de l'ouest envoya la première migration qui prit pied en

(2) « Revue des Deux-Mondes », avril 1951. (3) R.T.F., émission 2 octobre 1956, « La Connaissance du

Monde ».

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l'île. Il n 'y eut peut-être, à l'arrivée des premiers élé- ments, qu 'une cause fortuite : des navigateurs lancés sur le fleuve et faisant naufrage à cet endroit. Qu'ils fussent terriens ou marchands, peu importe. Pour sub- sister, il leur faut s'accommoder à une vie nouvelle, tirer parti de leur situation, en somme vivre de l'île (4).

L'île présente certaines particularités. Elle est un pas- sage. Placée sur le chemin qui relie la vallée de la Marne et le pays des Meldes, d 'une part, et le sentier qui s'aven- ture en Bourgogne, d'autre part, elle facilite la traversée du fleuve et offre même un abri sûr. Qu'une barque gros- sière ou un radeau accueille le voyageur sur une rive ou l'autre, la circulation deviendra plus fréquente. Ce sera une source d'avantages et de revenus.

Sous un autre aspect, l'île, située en pleine courbe du fleuve, est un obstacle dangereux pour la navigation. Par la force des choses, les habitants de l'île deviennent de hardis bateliers. Pour porter secours aux barques des marchands, pour les guider dans les passes difficiles, des bras robustes ont de quoi s'occuper.

Passage et batellerie s'organisent avec le temps. Bien avant César des ponts furent construits et les bateliers de Melun ne sont pas des pilotes ou des sauveteurs d'oc- casion. Ils ont leur propre flottille.

Toutefois, on peut se demander s'ils n'abusaient pas de leur situation privilégiée. Les péages n'étaient-ils pas trop onéreux ? Les échouages étaient-ils toujours invo- lontaires ? Il semble que les Sénons eurent des doutes à ce sujet et quand ils réalisent dans le bout de l'île un

(4) G. Leroy, « Histoire de Melun », p. 34.

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oppidum, leur initiative ne paraît pas tout à fait désinté- ressée. Ils trouvent un bon prétexte pour s'installer : celui de défendre la population contre les invasions du Nord. En fait, ils veulent protéger leurs marchands, assu- rer leur commerce.

La décision des Senons donne à l'île de Melun une

physionomie qu'elle conservera de nombreux siècles. On trouve, en aval, l 'oppidum; en amont, au contraire, sont placées les divinités gauloises, protectrices de l'île. Au centre de l'île, de chaque côté de la voie passagère, les huttes du peuple. C'est l'île de tous les temps, que l'op- pidum des Senons devienne le camp romain ou le châ- teau des reines blanches et que les divinités gauloises laissent la place aux dieux de Rome ou à la collégiale Notre-Dame.

Bien avant que les Romains entreprennent la con- quête de la Gaule, l'île a sa topographie de toujours, elle a aussi son nom, un nom qu'elle tient d 'un celte influent, sans doute ami des Senons, qui reconnaissent que l'île est son domaine, le domaine de Metlos, ou Metelus, d'où le nom primitif : Metlosedum (5).

(5) G. Leroy, « Histoire de Melun », loc. cit., p. 40 et 41.

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