Mehdi Jomâa, mission accomplie

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lesafriques.com SPÉCIAL BOURSES & FONDS D’INVESTISSEMENT, LA MOBILISATION À PORTÉE DE MAIN DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : ABDERRAZZAK SITAIL N° 303 - 27 novembre au 3 décembre 2014 ÉDITION INTERNATIONALE : Afrique Zone CFA 1700 F CFA • France 3,50 • France DOM 4 • Maroc 23 DH • Algérie 170 DA • Tunisie 3,30 DT Mauritanie 1100 MRO • Belgique 3,50 • Italie 4 Canada 5,95 $ CAN • Luxembourg 3,50 • Suisse CHF 5,9 Parce que l’information a de la valeur Hebdomadaire international MEHDI JOMÂA, LE PRAGMATIQUE TUNISIE ENTRETIEN EXCLUSIF AVEC MEHDI JOMÂA, PREMIER MINISTRE

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SPÉCIAL BOURSES & FONDS D’INVESTISSEMENT, LA MOBILISATION À PORTÉE DE MAIN

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MEHDI JOMÂA,LE PRAGMATIQUE

TUNISIE

ENTRETIEN EXCLUSIFAVEC MEHDI JOMÂA,PREMIER MINISTRE

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27 novembre 2014 Les Afriques . 3

EDITORIALL’Afrique n’a pas encore atteint l’âge de raison 04BAROMÈTREVérone Mankou créa VMK il y a cinq ans pour lapremière tablette tactile conçue en Afrique 06BRUITS DE MARCHÉLa Tanzanie cherche des investissements dans lesecteur énergétique 08ARRÊT SUR IMAGEJacques Chirac, ex-président français en grande conversationavec le président français François Hollande 12VERBATIM 14BANQUES & ASSURANCESLa Boad a financé 700 projets dans la zone Uemoa 16BOURSES & FONDSUne efficiente contribution 18INTERVIEW AMADOU HOTT Accompagner le développement 21BOURSES AFRICAINES A la recherche de liquidités 23INTERVIEW PIERRE CARPENTIER «Les PME africainesfont de plus en plus appel aux fonds d’investissementpour financer leur croissance» 25PME Des instruments ad hoc pour des besoins spécifiques 27TUNISIE La BVMT, un marché financier fortementinfluencé par la vie politique 28La Douala Stock Exchange en quête de vitalité 30LIBREVILLE Le décollage en pointillés de la Bourse régionale 32TUNISIE Création d’un fonds d’investissement destinéaux secteurs hôtelier et touristique 34ENTREPRISES & MARCHÉSMARRAKECH Joe Biden, Alpha Condé et Ali Bongo au GES Maroc 35DOING BUSINESS Le climat des affaires s’améliore en Afrique 36INTERVIEW PAUL DERREUMAUX Doing Business 2015, mi-figue mi-raisin 38INTERVIEW PATRICK SEVAISTRE «Le rapport DoingBusiness est un outil de benchmark» 39CAMEROUN Des entreprises en course pour la notation financière 41EGYPTAIR Un chiffre d’affaires en augmenta-tion de21% durant le premier trimestre 2014 42L’Égypte ambitionne d’attirer 12 millions de touristes,d’ici à fin 2014 43POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE TUNISIE Une croissance du PIB en deçà de 2,5% 44OMD Les Pays d’Afrique centrale en ballottage défavorable 46TUNISIE Le taux d’inflation à 5,4% (INS) 49EGYPTE La BERD lance une ligne de crédit de 30millions de dollars pour l’appui des PME 50MARZOUKI «Ne pas voter pour le retour de l’ancien régime» 51RÉVOLTE AU BURKINA FASO Vers un Printemps africain ? 52ARRÊT SUR IMAGE Poignée de mains entre MohammadJavad Zarif, ministre iranien des Affaires étrangères etle secrétaire d'Etat américain John Kerry 54

DOSSIERINTERVIEW MEHDI JOMÂA, CHEF DU GOUVERNEMENT TUNISIENMehdi Jomâa, le pragmatique 56FOCUSBURKINA FASO Le diplomate Michel Kafando désignénouveau président intérimaire 64PIED DE LETTRE Préalables au libre-échange 74

N° 303 - 27 novembre au 3 décembre 2014

Depuis bientôt dix ans, les fondsd’investissement sont de plus enplus actifs en Afrique, l’industrie duprivate equity (ou capital-investissement) ne cesse detransformer le continent. 18-34

Une efficiente contribution

Le coup d’envoi officiel du Sommetglobal de l’entrepreneuriat (GES) aété donné le 20 novembre, avec laprésence d’un panel très riche dechefs d’État et de gouvernement etdes personnalités influentes. JoeBiden, Alpha Condé et Ali Bongoont marqué cette 5ème édition duGES par leur présence et leurdiscours aux entrepreneursafricains. 35

MarrakechJoe Biden, Alpha Condé etAli Bongo au GES Maroc

Le rapport 2015 du fameuxclassement Doing Business vientd’être publié, en octobre offshorepar la Banque mondiale. Il enressort une nette amélioration duclimat des affaires sur le continentafricain, avec quelques disparités.Analyse. 36-37

Doing BusinessLe climat des affairess’améliore en Afrique

Chef du gouvernement tunisien,Mehdi Jomâa dit tenir sonengagement de quitter son posteaprès avoir assuré la transition.Portrait d’un homme politique quiveut donner l’exemple.

56-63

Interview chef du gouver-nement tunisien MehdiJomâa, le pragmatique

SOMMAIRE

LES AFRIQUESParce que l’information a de la valeur

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4 Les Afriques . 27 novembre 2014

ÉDITORIAL

L’Afrique n’a pas encoreatteint l’âge de raison

n parcourant les événements de ces troisdernières années, avec les troubles tant enCentrafrique, au Sénégal, au Mali, en Libye, enTunisie, qu’en Algérie, quelle lecture peut-onfaire ? On a l’impression d’être encore dans lesannées 70, avec des dirigeants autoritaires qui ne

veulent pas céder le pouvoir. Des opposants en exil depuis desdécennies et ça continue. Une jeunesse à l’abandon, desrichesses qui ne profitent qu’à une minorité, sans compter leniveau élevé de la corruption. Et pour terminer, une Unionafricaine qu’on ne peut même pas créditer d’un seul fait d’arme.Voilà notre situation en 2014. A qui revient le tort ?Quand nous analysons tout ce qui se passe, nous pouvonsaffirmer que les mouvements de la société civile comme «Y en amarre» ou le «Balai citoyen» ont bien raison.Dans tous les forums, nous ne pouvons que remarquer lavolonté de débat sur l’Afrique. Les solutions, tout le monde lesconnaît. Seule l’émergence d’une classe politique de dirigeantscourageux, prêts au sacrifice, ayant compris quel’individualisme n’est pas une bonne solution, pourra propulserl’Afrique dans la modernité au profit des populations.

L’espoir viendra peut-être du côté de Carthage où, après ledépart du clan Ben Ali, les Tunisiens ont retroussé leursmanches. Les islamistes ont su tirer les conclusions etreconnaître leur défaite aux dernières élections.De jeunes dirigeants, comme Ali Bongo, Macky Sall et biend’autres, ont une occasion historique pour initier un projetde changement radical à même de créer les fondementsd’une démocratie moderne. L’Afrique compte sur eux pourgrandir un peu plus.

E

Groupe Les Afriques Edition & CommunicationSA au capital de 2’657’600.- CHFSiège Social : Rue du Cendrier 24 - 1201 Genève Suisse

Président Administrateur DéléguéAbderrazzak Sitaïl

Les Afriques Edition & Communication EuropeSARL au capital de 160.000 €75, avenue Parmentier, 75544 Paris Cedex 11

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Directeur de la PublicationAbderrazzak Sitaïl

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RédactionOlivier Tovor, Lomé, Sanae Taleb, Casablanca, FrançoisBambou, Yaoundé, Mohamed Masmoudi, Casablanca,Carlos Laye, Bordeaux, Abdel Malik (AEM), Dakar, Moha-medou Ndiaye, Dakar, Daouda MBaye, Casablanca, Ibra-him Souleymane, Casablanca, Anas Amin, Tunis.

Comité ScientifiqueAbdelaziz Enasri, Paris. Finance etPartenariats Internationaux.Guy Gweth, Paris. Intelligence économique. François Konan, New York. Politiques économiques.Philippe Bourgeois, Paris. Matières premières et coton.

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Crédit photos AFP, DR© Reproduction interdite sans l’accord écrit de l’éditeur

LES AFRIQUESParce que l’information a de la valeur

Abderrazzak Sitaïl,Directeur de Publication

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6 Les Afriques . 27 novembre 2014

91,1MILLIARDS DE

DOLLARSRichesse cumulée desLibanais à fin juin 2014

(Crédit Suisse)

53,1MILLIARDS DE

DOLLARSApport du secteur

aéronautique au PIB deDubaï

66MILLIARDS DE

DOLLARSFusion acquisition

d’Allergan (créateur duBotox) par Actavis

Chiffres

11,1MILLIARDS

D’EUROSEstimations des achats de

Noël 2014 des Français

30,5MILLIONSD’EUROS

Investissements DHL enAfrique du Sud

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BAROMÈTRE

Le roi du Maroc, Mohammed VI, a présidé levendredi 14 novembre au Palais Royal deRabat, la cérémonie de «Berza» au cours de la-quelle le Prince Moulay Rachid et son épouseLalla Oum Keltoum se montraient officielle-ment en couple, selon le rituel le plus authen-tique de la tradition marocaine, devant leursfamilles et leurs invités de marque.

François HollandeLa cote de popularité du président françaisFrançois Hollande gagne un point à 19%, tan-dis que celle de son Premier ministre ManuelValls perd un point à 31%, a révélé un sondageréalisé par l’institut OpinionWay. FrançoisHollande gagne un point de popularité à 19%,dont 3% de sondés très satisfaits et 16% d’assezsatisfaits, contre 80% de mécontents, dont 31%de sondés assez mécontents et 49% de très mé-contents, a indiqué le sondage.

Vérone MankouOn l’appelle le «Steve Jobs africain», VéroneMankou créa VMK il y a cinq ans pour la pre-mière tablette tactile conçue en Afrique (et as-semblée en Chine). «On voulait en vendre 1 000en trois mois et ce fut en une seule semaine». Ilfut ensuite le premier à concevoir le premiersmartphone africain en 2012, quatre fois moinscher que ses concurrents. «Je veux battre le lea-der Samsung en Afrique et voir des publicitésVMK dans tous les aéroports africains avant dixans !» Il a les mêmes fournisseurs que Samsung,Nokia, LG…

Considérée comme la principale pourvoyeusedu Trésor public en argent frais, la douane ma-lienne n’est plus que l’ombre d’elle-même. Lesdéficits dans le recouvrement des droits et taxesse rétrécissent. D’ici la fin de l’année, ils avoisi-neront 60 milliards f CFA. «S’il est animé d’unevolonté de nettoyer les écuries d’Augias qu’estdevenu le Mali, le président Ibrahim AboubacarKeita ne doit pas s’empêcher d’expurger le gou-vernement des ministres compromis dans cesdossiers encombrants», écrit la presse malienne.

Abdelaziz BouteflikaLe président algérien Abdelaziz Bouteflika, 77ans, affaibli par la maladie depuis un AVC en2013, a été reçu, récemment, à la clinique deGrenoble, où il était hospitalisé pendant troisjours. Les raisons, qui ont motivé son hospitali-sation, demeurent inconnues, Alger étant restémuet sur le sujet. Depuis le début de son 4ème

mandat fin avril, Bouteflika n’a fait que de raresapparitions publiques, en fauteuil roulant, ali-mentant les rumeurs sur son réel état de santé.

Mohamed Ould Abdel AzizLe leader anti-esclavagiste Biram Dah Abeïd etsix autres membres de «l’Initiative pour la ré-surgence abolitionniste» (IRA, anti-esclavagiste)qu’il dirige ont été placés sous mandat de dépôtà la prison civile de Rosso, dans le sud de laMauritanie. Des organisations des droits hu-mains et des partis politiques d’opposition, dontles islamistes modérés, ont appelé à la remise enliberté de ces «militants anti-esclavagistes» qu’ilsestiment être victimes du régime arbitraire duprésident Mohamed Ould Abdel Aziz.

Le Prince Moulay Rachid Ibrahim Boubacar Keita

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27 novembre 2014 Les Afriques . 7

Cotonou : Séminaire sur leblanchiment de capitaux du 8au 12 décembre 2014

Un séminaire sur la lutte contre le blan-chiment de capitaux sera organisé à Co-tonou, du 8 au 12 décembre. Ceséminaire est consacré à la mise en placede dispositifs de lutte contre le blanchi-ment. Il a pour objectif de permettre auxbanques d’acquérir la méthodologie pourla mise en place d’un dispositif de luttecontre le blanchiment conformément auxrecommandations du Comité de Bâle, duGafi, du Giaba et des Cenfif, du Gabac etdes ANIF…

Abidjan : Le Sara de retouren avril 2015Le Salon international de l’agriculture etdes ressources animales d’Abidjan (Sara)se tiendra du 3 au 12 avril 2015 sur lethème «Promotion de l’investissementagricole». Le Sara 2015 attend 600 à 800exposants et près de 500 000 visiteursavec un budget institutionnel estimé à500 millions de f CFA.

Yaoundé : Le Salon internationaldu mécanisme agricoleen juin 2015La capitale camerounaise Yaoundé vaabriter en juin prochain le Salon interna-tional du machinisme agricole. Plus d’unmillier de participants issus de plusieurspays et organisations participeront àcette première édition, promotrice del’événement, selon les dirigeants de laChambre d’agriculture, des pêches, del’élevage et des forêts du Cameroun.

Casablanca : Le SIB dessinela ville de demainLe Salon international du bâtiment (SIB)sera organisé du 26 au 30 novembre à Casa-blanca, au Maroc, sur le thème «Construirela ville de demain». Il s’agit de la quinzièmeédition qui se tiendra à l’Office des Foires etdes expositions de Casablanca.

100 dinars Algérie (DZD) = 1,1948 $100 Rand Af. Du Sud (ZAR) = 9,0777 $100 kwanzas Angola (AOA) = 1,0103 $100 livres Égypte (EGP) = 13,9474 $100 birrs Éthiopie (ETB) = 4,9475 $100 cedis Ghana (GHS) = 29,8313 $100 shillings Kenya (KES) = 1,104 $100 dollars Libéria (LRD) = 1,0869 $100 dirhams Maroc (MAD) = 11,4887 $100 ariarys Madag (MGA) = 0,0109 $100 ouguiyas Maurit (MRO) = 0,3384 $100 roupies Maurice (MUR) = 3,0795 $100 kwachas Malawi (MWK) = 0,2276 $100 kwachas Zambie (ZMK) = 0,0187 $100 dinars Libye (LYD) = 79, 832 $100 dollars Namibie (NAD) = 9,0777 $

100 nairas Nigéria (NGN) = 0,5992 $100 shillings Somalie (SOS) = 0,1196 $100 leones S. Leone (SLL) = 0,0227 $100 dinars Tunisie (TND) = 55,6013 $100 shillings Tanzanie (TZS) = 0,0577 $100 shillings Ougan (UGX) = 0,0368 $100 francs Zone CFA = 0,1947 $

Agenda

Le projet de l’oléoduc Keystone XL, que compte développer la so-ciété TransCanada entre le Canada et les États-Unis, pour achemi-ner du brut depuis les sables bitumineux de l’Alberta au Canadajusqu’au Golfe du Mexique, a de nouveau été bloqué, mardi der-nier, par le Sénat américain. Pour rappel, la société TransCanada adéposé sa première demande en septembre 2008, et soumis unnouveau tracé en avril 2012, long de 1 900 km, dont 1 400 km auxÉtats-Unis. Si les démocrates sont contre le projet, les républicainsle soutiennent. Ces derniers ont d’ailleurs donné rendez-vous aumois de janvier, aux différentes parties… à ce moment-là, ils au-ront la majorité dans les 2 chambres du Congrès.

Le projet d’oléoduc Keystone XL,toujours bloqué par le Sénat

Poursuite des cours du brutFace aux effets conjugués de l’annonce de la récession au Japonet de divergences entre deux des principaux membres del’Opep, à savoir l’Iran et l’Arabie saoudite, les cours du baril debrut ont encore fléchi. Les anxiétés de la demande mondiale sesont traduites, en début de semaine dernière, par un WTI à75,08 $, en baisse de 1,09%, tandis que le baril de Brent ne fai-sait guère plus que 78,47 $, cédant 1,42%, par rapport à la pré-cédente cotation.

Chute vertigineuse du fer

Cours des monnaies et devises

Des calculs, faits à partir de données officielles en Chine, font état d’unrecul du prix moyen des maisons neuves dans les 70 villes les plus im-portantes de Chine de 2,6% sur un an, au mois d’octobre. Un constat quia impacté la baisse des cours du minerai de fer, qui se poursuit. Eneffet, la semaine dernière, ils ont affiché un plus bas depuis 5 ans. Pourrappel, la Chine consomme près de 70% des exportations mondiales defer, notamment dans l’industrie sidérurgique. D’après Metal Bulletin, latonne de minerai importée et livrée sur le port de Qingdao, en Chine,considérée comme la référence, a reculé de 4,4%. Il a alors annoncé71,10 $, un prix en chute de 47%, depuis le début de l’année.

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8 Les Afriques . 27 novembre 2014

BRUITS DE MARCHÉ

Les exportations de gaz naturel et de ses dérivés ont régresséde 81%, en septembre 2014, par rapport à la même période del’année écoulée, passant de 97 millions de dollars à 18 millionsde dollars, a annoncé le centre d’information relevant duConseil des ministres. Une baisse record est en fait enregistrée,ce qui affectera lourdement la balance commerciale. Le Centred’information a fait état, aussi, d’un fléchissement de la valeurdes exportations et pétrole brut et les produits pétroliers de20% durant la même période, à 321 millions de dollars enseptembre 2014, contre 401 millions de dollars en septembre2013. Il est à noter que la consommation locale en gaz naturela augmenté considérablement durant les dernières années.

Anas Amine

Égypte : Fléchissement des exportationsde gaz naturel de 81%

Algérie : Tassili Airlines adhèreà l’Association des compagniesaériennes africaines

La Tanzanie a déclaré qu’elle souhaite voir davantaged’investissements dans le secteur énergétique afin de luipermettre d’alimenter 75% de sa population en électri-cité d’ici à 2025. Seulement 36% des 48 millions Tanza-niens sont connectés avec les services de l’électricité, 7%étant dans les zones rurales. La demande d’électricités’accroît de 10% à 15% par an. Sospeter Muhongo, mi-nistre tanzanien de l’Énergie et des mines, a déclaré quele pays avait l’intention d’accroître la participation dusecteur privé dans le développement du secteur del’énergie. Les investissements dans le secteur de l’énergies’élèvent à 4 milliards de dollars.

La Tanzanie cherche des investissementsdans le secteur énergétique

La compagnie aérienne nationale Tassili Airlines (TAL) a ob-tenu son certificat d’adhésion à l’Association des compagniesaériennes africaines (AFRA). Tassili Airlines est une compa-gnie aérienne algérienne filiale de lacompagnie pétrolière Sonatrach. Elleassure historiquement des vols régu-liers domestiques et le transport desouvriers vers les gisements de pé-trole et de gaz du Sahara algérien.

Les chefs de la diplomatie russe et américaine, Ser-gueï Lavrov et John Kerry, ont appelé à trouver auplus vite un accord sur le nucléaire iranien, lors d’unentretien téléphonique, a indiqué le ministère russedes Affaires étrangères. Les deux ministres ont «dis-cuté des questions liées au programme nucléaireiranien... et constaté qu’il était indispensable detrouver un accord global le plus rapidement possibleafin de pouvoir ensuite normaliser entièrement lasituation», a déclaré le ministère russe dans uncommuniqué. La vice-ministre russe des Affairesétrangères Sergueï Riabkov a déclaré qu'elle est«raisonnablement optimiste» à l’issue de ces pour-parlers à Mascate, la capitale omanaise, tout en pré-cisant que la Russie n’était pas «au point d’être sûrequ’un accord puisse être conclu».

Nucléaire iranien : Moscou et Wash-ington veulent un accord au plus vite

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Niger : Inauguration du grandmarché de MaradiLe président nigérien Mahamadou Issoufoua procédé à l’inauguration du plus grandmarché moderne du pays à Maradi au cen-tre, la capitale économique du Niger. Entiè-rement reconstruit sur le site de l’ancienmarché central, démoli en 2010, s’étendsur une superficie de 7,5 km2, en plein cen-tre-ville. Il a été financé à hauteur de 7 mil-liards de f CFA, environ 14 millions dedollars par l’Etat nigérien et les parte-naires financiers, notamment la Banquemondiale. Il comprend près de 2 000 bou-tiques, un bloc administratif, 8 halls devente au sol, 4 aires de prières, 8 blocs sa-nitaires ainsi que des aménagements devoirie et 1 parking de stationnement. Del’avis de nombreux observateurs, c’est l’undes marchés les plus modernes del’Afrique de l’Ouest. Sa mise en activitépermettra sans doute le développementdes échanges commerciaux notamment,avec le grand voisin du sud, le Nigéria.

27 novembre 2014 Les Afriques . 9

La filiale nigériane du groupe cimentier français Lafarge a annoncéqu’elle allait racheter les 30% qu’elle ne détient pas encore dans le ca-pital d’United Cement Company of Nigeria. La transaction devraitpermettre à Lafarge Nigeria de prendre entièrement le contrôle dutroisième plus grand fabricant de ciment du pays. «Conformément àl’accord, une première tranche de 15% sera acquise au premier trimes-tre 2015, tandis que la seconde tranche de 15% sera rachetée, au plustard, en février 2016», a déclaré Lafarge Nigeria dans son communi-qué. Le groupe français Lafarge est confronté à une rude concurrenceen Afrique, en particulier de la part de son rival Dangote Cement, dé-tenu par le Nigérian Aliko Dangote. Première capitalisation boursièrede la place de Lagos, Dangote Cement s’est engagé dans une stratégied’expansion dans 13 autres pays africains, afin de porter sa productionglobale à 60 millions de tonnes en 2016, contre 20,3 millions detonnes en 2013.

Le Rwanda vient de lancer officiel-lement le réseau 4G. L’infrastruc-ture qui était en phase test depuisaoût dernier est le fruit d’un parte-nariat entre le gouvernement et legroupe sud-coréen des télécommu-nications KT Corp. Le réseau 4G,qui doit couvrir 95% de la popula-tion d’ici à 2015, permettra auRwanda d’accroître la contributiondu secteur des TIC au produit inté-rieur brut. De nouveaux segments,comme l’e-commerce, verront lejour et joueront un rôle écono-mique prépondérant.

Rwanda : Lancementdu réseau 4G

Afrique du Sud : Moody’s dégradela note des 5 plus grandes banquesLe service des investissements de l’agencede notation Moody’s a dégradé la note descinq plus grandes banques d’Afrique duSud. L’agence a expliqué cet abaissementde la note par la détérioration du profil decrédit du gouvernement sud-africain. Lesbanques visées sont Investec, FirstRand,Nedbank, ABSA et Standard Bank. Leurnote a été dégradée d’un cran, passant à

Baa2. Les risques souverains des cinqbanques s’élèvent en tout à près de 135%de leurs bases de capitaux. L’agence de no-tation prévoit une hausse du PIB de 1,4% en2014 contre 1,9% en 2013, un chiffre nette-ment inférieur à sa moyenne historique de4,9% de 2004 à 2008. Selon des analystes,les difficultés économiques de l’Afrique duSud, les taux d’intérêt croissants et le ni-veau élevé de l’endettement des ménagesexpliquent cette dégradation. Ces condi-tions forcent toujours les consommateurs àemprunter, ce qui entraîne une augmenta-tion des risques de crédit.

Maroc : La troisième édition duSIMC à Casablanca La troisième édition du Salon interna-tional des mines et des carrières (SIMC)sera organisée du 3 au 6 décembre àCasablanca. Le SIMC se tient cetteannée sur le thème «Approches pour unpartenariat africain public-privé». Ils’agit d’ouvrir encore une fois le débatsur les passerelles possibles et les me-sures les plus concrètes pour boosterce genre de partenariat. Une centainede fournisseurs de matériel et de der-nières nouveautés d’engins spécialisésdans les domaines des mines et descarrières marocains et étrangers ontrépondu présent et seront à l’exposi-tion SIMC 2014.

Nigéria : La filiale de Lafarge monte à 100%dans le capital de United Cement Company

Mahamadou Issoufou

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10 Les Afriques . 27 novembre 2014

La croissance de la demande énergétique mondiale avoisinerales 40% à l’horizon de 2040 et sera marquée par un bouleverse-ment de la cartographe de la consommation avec l’essor éco-nomique des pays émergents, et une montée de plus de 50% dela demande en gaz naturel. C’est ce que laisse voir l’Agence in-ternationale de l’énergie (AIE), dans son étude prospective an-nuelle, en annonçant une «augmentation de 37% d’ici à 2040de la demande mondiale de l’énergie», pendant que la crois-sance démographique et économique sera moins consomma-trice d’énergie qu’auparavant. L’Agence internationale del’énergie fait ressortir un bouleversement en perspective de lagéographie de la demande qui sera impulsée par l’essor écono-mique des pays émergents très demandeurs en énergie.

AIE : La demande mondiale d’énergieaugmentera de 37%

Maroc : Après Maroc Telecom,Inwi teste la 4G

La Banque ouest-africaine de développement (BOAD)vient d’accorder un prêt de 25 milliards de f CFA auMali pour la réhabilitation de deux barrages hydro-électriques. Il s’agit pour la BOAD «d’apporter une ré-ponse à l’état de dégradation avancée que connaissentles deux aménagements hydroélectriques de Sélinguéet de Sotuba», a déclaré un responsable BOAD. Uncommuniqué de la primature malienne fait état d’un«bilan fort bien reluisant, riche de 40 années de coopé-ration entre le Mali et la BOAD», caractérisé par plusde 3 120 milliards de f CFA d’investissements.

Mali : Prêt de la BOAD pourla réhabilitation de deux barrageshydroélectriques

Le troisième opérateur de téléphoniemobile du Maroc, Wana Corporation,opérant sous la marque Inwi, a procédéau lancement de la phase test de sa 4G.La société rejoint ainsi l’opérateur his-torique Maroc Telecom, dans la courseà cette technologie. L’acquisition de lalicence 4G par l’entreprise dépendra deplusieurs paramètres, dont son prix etl’effectivité du partage d’infrastruc-tures qui est toujours attendue.

BRUITS DE MARCHÉ

Le roi Mohammed VI a été invité pour prendre part au5ème Congrès de chefs de religions mondiales et tradi-tionnelles, prévu en juin 2015 au Kazakhstan. L’an-nonce a été faite à Rabat par le président du Sénat dela République du Kazakhstan, Kassym-Jomart To-kayev, à l’issue de ses entretiens avec son homologuemarocain Mohamed Cheikh Biadillah. Le secrétariatdu Congrès des chefs des religions mondiales et tradi-tionnelles avait tenu en septembre dernier à Astanaune réunion afin de préparer le 5ème Congrès et pourmarquer le dixième anniversaire de cette instance. Larencontre a défini comme une des futures priorités duCongrès sa coopération avec des organisations inter-nationales réunies par le but commun qui est la pro-motion du dialogue entre les religions et lescivilisations. Le 5ème Congrès aura ainsi pour thème«La religion et le développement durable».

Maroc : le Roi Mohammed VIinvité au Kazakhstan

Roi Mohammed VI

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Dans le nord du Burkina Faso, des oiseaux en nombre impressionnant, nichésle long des fleuves, prennent d’assaut les périmètres irrigués et les champs dehaute terre pour s’alimenter en riz, en petit mil et en sorgho au stade pâteux oulaiteux, causant des pertes de rendement de 80 à 100%, a annoncé le ministèreburkinabé de l’Agriculture. Selon le comité de surveillance et de la lutte anti-aviaire, dans la province du Soum, les oiseaux de l’espèce «Quélia Quélia» ontfait leur apparition, courant septembre 2014. Les attaques de ces ravageurs ontconcerné toutes les communes rurales du Soum avec des pertes de rendementde 80 à 100% sur près de 20 000 hectares. Dans la vallée du Sourou (ouest), lesdégâts causés par les oiseaux granivores sont estimés à plus de 1 000 hectaresavec des pertes comprises entre 25 et 60%. La campagne agricole 2014-2015s’annonce excédentaire, selon le ministère de l’Agriculture, mais la menace desoiseaux ravageurs demeure la préoccupation majeure des agriculteurs. Au Burkina Faso où près de 90% de la po-pulation tirent leurs revenus dans le secteur de l’agriculture, les agriculteurs sont constamment confrontés à lanon-maîtrise de l’eau, le manque de moyens de production adéquats et de financement.

Washington s’alarme de l’écono-mie européenne au ralenti Les États-Unis redoutent une «décen-nie perdue» pour l’économie en Eu-rope et appellent les dirigeants de larégion à des «actions déterminées»pour enrayer le déclin de l’activité, aaffirmé le secrétaire américain auTrésor, Jacob Lew. «Le monde nepeut pas se permettre une décennieperdue en Europe... Des actions dé-terminées des autorités nationaleset d'autres institutions européennessont nécessaires pour réduire lerisque que la région ne s’enfoncedans un déclin plus profond», a dé-claré le responsable dans un dis-cours. Alors que l’Europe montre denouveaux signes de ralentissement,le secrétaire au Trésor américain es-time que la Banque centrale euro-péenne (BCE) ne peut «à elle seule»garantir le retour à une croissancerobuste. «Ainsi que le suggèrent lesrécentes données économiques, l’ac-tion de la BCE, à elle seule, a montréqu’elle ne suffisait pas à assurer leretour à une croissance saine», a dé-claré le responsable américain. Dansla zone euro, la demande intérieuredemeure inférieure de 4% à son ni-veau d’avant la crise financière de2008-2009.

Tanzanie : Vodacom introduit lepaiement de salaires par M-Pesa Après l’avoir testé en République démo-cratique du Congo, l’opérateur de télé-phonie mobile Vodacom veut désormaisétendre le paiement de salaires par M-Pesa en Tanzanie. Avec cette solution, Vo-dacom estime que les employeursn’auront plus de souci à se faire pour ré-gler leur dû mensuel à leurs employés quin’ont pas de compte bancaire. La solutionde l’opérateur télécom a déjà retenu l’at-tention de Future Force Fields Solutions,une branche du groupe TCC Group. Malgrétous les éloges adressés au paiement desalaires par M-Pesa de Vodacom, il fautnoter que la solution a suscité de nom-breuses critiques de fonctionnaires en RDCongo. Déplorant des retards et descoupes dans les montants, des ensei-gnants et des militaires avaient appelél’État à ne plus utiliser ce procédé pourleur verser leurs émoluments mensuels.

Burkina Faso : Des milliers d’hectaresde culture ravagés par des oiseaux

Didier Drogba discute un parte-nariat avec la BAD pour luttercontre l’EbolaDonald Kaberuka, président du Groupe dela Banque africaine de développement,s’est entretenu à Abidjan avec l’internatio-nal ivoirien, Didier Drogba, sur les moyensd’affronter la crise de l’Ebola en Afriquede l’Ouest. Lors de leur entretien privé, lesdeux hommes ont discuté de la créationd’un partenariat entre la BAD et la Fonda-tion Didier Drogba comme moyen decontribuer à la réponse à l’épidémie del’Ebola, une crise sanitaire qui, selon l’Or-ganisation mondiale de la santé, a touché14 098 personnes depuis mars 2014, dont5 160 en ont péri. «Nous recevons Drogbaet sa Fondation à la Banque, comme unsymbole fort. Nous allons rentrer en par-tenariat avec une voix et une personnalitéaussi importante, pour mobiliser des res-sources en vue d’éradiquer l’Ebola. Uneéquipe technique y travaillera pour bâtirce partenariat,» a dit Kaberuka aux jour-nalistes lors d’une conférence de presse.

Didier Drogba

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France

ARRÊT SUR IMAGE

Le 21 novembre 2014. Jacques Chirac,ex-président français (gauche) engrande conversation avec le présidentfrançais François Hollande, lors de lacérémonie de remise des Prix de laFondation Jacques Chirac, au muséedu Quai Branly à Paris.

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Préjudice «Nous allons appliquer le rè-glement, c’est-à-dire une éli-mination (du Maroc) desdeux prochaines éditions dela CAN. Il y aura ensuite lepréjudice financier et moralà calculer»

Issa Hayatou, président de la Confédération africainede football (CAF).

Fierté«Je suis arrivée seule en Italieà l’âge de 18 ans et je ne croispas qu’on doive céder devantles obstacles… Je ne suis pasune femme de couleur, je suisnoire et je le dis avec fierté…

l’Italie a une tradition d’ac-cueil et d’hospitalité. Il nous faut reconnaître ces tra-ditions et les mettre quotidiennement en application»Cécile Kyengé, ministre de l’Intégration, premièrefemme noire ministre en Italie.

Emploi«Avec les ressources qui y sontconsacrées, le projet “Emploides Jeunes” du Bénin permet-tra d’atteindre environ 17 500bénéficiaires directs dans les77 communes du Bénin. Ceprojet permettra de renforcer

les compétences en micro-entrepreneuriat des jeunesissus des cursus d’apprentissage ou des formationsqualifiantes de courte durée»Boni Yayi, président du Bénin.

Réformes «Les réformes sont au pointmort… Le gouvernementaméricain s’est montré tropoptimiste sur le processus deréformes, alors qu’il n’a pasbougé depuis le début de2013»

Aung San Suu Kyi, leader de l’opposition birmane

Erreur«Aujourd’hui, la situation enUkraine a de bonnes chancesde se résoudre, même si celapeut paraître étrange... Ladécision de Kiev d’imposerun blocus économique del’Est de l’Ukraine était une

grande erreur»Vladimir Poutine, président russe.

Peuple «La santé du peuple passe avanttout… Le gouvernement a très bienfait. Aujourd’hui, on n’a pas la pos-sibilité de s’opposer à ce virus, on aété très honnêtes, c’est très bien»Mustapha Hadji, sélectionneur ad-

joint de l’équipe marocaine de football.

VERBATIM

Profil «Les candidats ont toujours été nom-breux lorsqu’il s’agit d’en élire. L’es-sentiel, c’est que Maccky Sall est entrain de travailler sur un consensusavec ses pairs, pour qu’émerge parmiles nombreux candidats qui veulent

diriger la Francophonie un profil quiréponde aux attentes des jeunesses, des intellectuels, des ca-dres, des hommes de culture francophones»Hamidou Kassé, coordonnateur du comité scientifique du15ème sommet de la Francophonie.

Relance«Les signes de la relance économique(au Sénégal) sont bien visibles, avecune croissance attendue à 4,5% à lafin de l’année, une plus grande maî-trise du déficit budgétaire, des per-formances accrues dans l’agriculture

avec plus de 82 000 tonnes de produitshorticoles exportés en 2014, niveau jamais atteint, une pro-duction record de 230 000 tonnes d’oignons et des progrès no-tables dans la riziculture»Mahammed Dione, Premier ministre sénégalais.

L’Amérique«Les contacts entre l’Amérique latineet l’islam remontent au XIIe siècle.Les musulmans ont découvert l’Amé-rique en 1178, par Christophe Co-lomb. Des marins musulmans sontarrivés en Amérique dès 1178. C. Co-

lomb mentionne l’existence d’unemosquée sur une colline le long de la côte cubaine»Recep Tayyip Erdogan, président turc.

Isolement «S’il continue... à violer le droit in-ternational, à violer un accord surlequel il s’est engagé il y a quelquessemaines, l’isolement que la Russieconnaît actuellement se poursui-vra… L’un de ces principes est qu’on

ne peut pas envahir d’autres pays oufinancer des mandataires et les soutenir d’une manière quidésintègre un pays ayant des élections démocratiques»Barack Obama, président américain

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16 Les Afriques . 27 novembre 2014

La Boad a financé 700 projetsdans la zone UemoaLa Banque ouest-africaine de développement (Boad) estparvenue à financer plus de 700 projets publics et privésde développement dans la zone de l’Uemoa durant sapériode d’existence de 41 ans, c’est ce qu’a annoncé lesecrétaire général de la banque, Sékou Sylla.

L’ensemble des 700 projetsfinancés par la Union éco-nomique et monétaire

ouest-africaine (BOAD) ont mobi-lisé un investissement global àhauteur de 3 110 milliards de fCFA, et ont visé des domaines stra-tégiques dont notamment le déve-loppement agricole et rural, lestélécommunications, les infra-structures routières et portuaires,l’électricité et l’industrie.Pour son deuxième plan stratégiquequi couvrira la période 2015-2018,Sylla a fait savoir que la banquecompte renforcer son positionne-ment comme partenaire privilégié

des États et du secteur privé.Créée le 14 novembre 1973 avec sonsiège à Lomé (Togo), la Boad se pré-sente comme un établissement pu-blic à caractère international qui apour but de «promouvoir le dévelop-pement équilibré des États membreset de réaliser l’intégration écono-mique de l’Afrique de l’Ouest» par lefinancement des «projets prioritairesde développement», rappelle-t-on.Rappelons que les 8 pays membresde l’Uemoa sont les suivants :Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire,Mali, Niger, Guinée-Bissau, Séné-gal et Togo.

Anas Amine, Tunis

ChristianAdovelande, PDGde la BOAD

Afin de renforcer son dispositif de fi-nancements dédié aux très petites etmoyennes entreprises (TPME), laBanque centrale populaire (BCP)vient de contracter une ligne de fi-nancement de 100 millions d’eurosauprès de la Banque européennepour la reconstruction et le dévelop-pement (BERD). Elle est destinée auxBanques populaires régionales afinde leur permettre de soutenir dura-blement la croissance des TPME surleurs différents marchés, aussi bienau Maroc qu’à l’étranger. Il s’agitd’un nouvel emprunt pour diversi-fier les sources de financement dugroupe BCP, mais qui constitue uneétape majeure dans sa stratégie dedéveloppement sur la scène finan-cière internationale. En effet, par ceprêt, qui fait suite à l’octroi en 2013d’une ligne de 50 millions de $ pourencourager les échanges internatio-naux, la BERD renouvelle sa pleineconfiance dans la BCP.

Prêt de la BERDà la BCP

BSA Bank a procédé à la réouver-ture de sa succursale de Newcastledans le KwaZulu-Natal, suite aux ré-aménagements et à la remise en étatde cette agence. Lindiwe Rakharebe,exécutif régional Absa pour Kwa-Zulu-Natal, a déclaré que le liftingde l’agence principale de Newcastleétait une priorité pour respecterleur engagement vis-à-vis de laclientèle. Saluant la patience desclients de cette agence dans New-castle Mall, il a exprimé un souci demieux se positionner dans la régionet servir le maximum d’utilisateurs.

Réouverture de lasuccursale AbsaNewcastle enAfrique du Sud

BANQUES & ASSURANCES

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18 Les Afriques . 27 novembre 2014

Une efficiente contributionDepuis bientôt dix ans, les fonds d’investissement sont de plus en plus actifsen Afrique, l’industrie du private equity (ou capital-investissement) ne cessede transformer le continent.

L es Fonds d’investissement enAfrique s’orientent vers une in-dustrie au service de la crois-

sance africaine. Infrastructures,télécommunications, agriculture, as-surance, etc., les fonds d’investisse-ment sont désormais présents danstous les secteurs. Longtemps délais-sées par les investisseurs privés, les en-treprises africaines bénéficient depuisle début des années 2000 d’un regaind’attention de la part de ces derniers.La contribution des fonds d’investis-sement aux économies africaines estaujourd’hui indéniable. En apportantaux entrepreneurs africains des finan-cements, une expertise ainsi que leursréseaux internationaux, ces fondscontribuent à l’expansion et à lastructuration des entreprises. Le mo-dèle du private equity est particuliè-rement pertinent, dans le contexteafricain où les solutions de finance-ment sont limitées alors que les prêtsdes banques commerciales restenttrop chers pour permettre de suppor-ter le développement du secteur privé.Par ailleurs, les fonds d’investissementpermettent aux entreprises de répon-dre aux exigences croissantes de laclasse moyenne africaine, qui repré-

sente près de 300 millions de per-sonnes. Comme le souligne WilliamNkontchou, directeur Emerging Ca-pital Partners (ECP) : «Le développe-ment de la classe moyenne en Afrique,combiné à l’urbanisation et à la fortecroissance démographique du continentrévolutionne les modes de consomma-tion et entraîne une hausse des attentesdes populations en termes d’infrastruc-tures et de cadre de vie. C’est par consé-quent le facteur principal de l’intérêtdes fonds de private equity pourl’Afrique». En effet, ces évolutionssupportent le caractère endogène dela croissance africaine et sa soutena-bilité. Elles expliquent aussi la préfé-rence des fonds pour les secteursportés par la consommation de laclasse moyenne (services financiers,distribution, biens de consomma-tion…) et pour les grandes écono-mies en croissance, telles que leNigéria, le Kenya, le Maroc et de plusen plus l’Éthiopie.

Private equity en Afriqueet tendances 2013-2014Les années 2013 et 2014 ont repré-senté un tournant majeur pour lesecteur du private equity en Afrique.

En effet, plusieurs évolutions fonda-mentales ont eu lieu et présagentdes tendances à venir. On a assistétout d’abord à l’arrivée de grandsacteurs internationaux du privateequity, tels que Blackstone, Carlyleou KKR, qui ont créé des équipes oudes fonds dédiés au continent afri-cain, soulignant une volonté réelled’investir sur le long terme. Aumême moment, certains acteurs fi-nanciers majeurs effectuaient leurpremier investissement en Afrique,tels que Wendel, accompagné parECP ou La Compagnie Edmond deRothschild, accompagné par Amé-this Finance. Ces investissementsconjoints soulignent le rôle clé quepeut jouer le private equity pourinitier de nouveaux investisseurs àl’investissement en Afrique.Alors que les secteurs de prédilec-tion des investisseurs restent relati-vement stables, avec 62% destransactions entre 2006 et 2012 sesituant dans l’industrie, les biens deconsommation et les matières pre-mières, les régions ciblées par les in-vestisseurs évoluent rapidement. Eneffet, alors que le private equity étaithistoriquement plus développé en

Investissements enAfrique au Sud duSahara en nombreet en volume

Le modèle duprivate equityest particuliè-rementpertinent,dans lecontexteafricain.

BOURSES & FONDS SPÉCIAL

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Afrique du Sud, la tendance s’est ré-cemment inversée, et les investisse-ments en Afrique subsaharienneont dépassé en volume ceux enAfrique du Sud pour la période2011-2013.Du côté des fonds d’investissement,on assiste à une spécialisation crois-sante des stratégies, avec une ap-

proche sectorielle comme pour leFonds Moringa, spécialisé dansl’agroforesterie, ou une stratégiepays, comme Schulze Global Invest-ments qui investit uniquement enÉthiopie. En effet, il y a selon desanalystes près de 160 fonds de pri-vate equity en Afrique, dont la taillepeut aller de 20 millions de dollars à

1 milliard de dollars. S’adressanttous aux mêmes investisseurs insti-tutionnels, ces fonds doivent se dif-férencier pour développer unavantage comparatif et convaincreles investisseurs. Certains fonds gé-néralistes comme Actis ont d’ail-leurs opté pour le recrutementd’équipes de spécialistes sectorielsafin d’augmenter la qualité de l’ac-compagnement qu’ils peuvent ap-porter aux entreprises. Il est donc possible de distinguerplusieurs catégories de fonds :- Il y a tout d’abord les fonds ditsgénéralistes panafricains : ceux-ciont souvent plus de 500 millions dedollars d’actifs sous gestion et in-vestissent entre 25 millions et 100millions de dollars. On retrouvedans cette catégorie ECP, Helios,DPI, Actis et Carlyle.- Les fonds de taille moyenne (200M$ - 500 M$) sont souvent spécialiséssur une région ou un secteur et inves-tissent entre 5 millions et 20 millionsde dollars. On retrouve notammentdans cette catégorie Ethos, Satya Ca-pital, Catalyst Principal et Africinvest.- Finalement, les fonds destinés auxPME et aux start-up (fonds de capi-

Projets par secteurentre 2006 et 2012

Fonds à suivreDevelopment Partners InternationalFondé en 2007 et basé à Londres, DPIinvestit principalement dans les sec-teurs portés par la croissance de laclasse moyenne et les ressources natu-relles. DPI gère près de 400 M de $ etest actuellement en processus de levéede fonds.Investissements notables : Université Pri-vée de Marrakech, Letshego, Eaton To-wers, Food Concepts.

Emerging Capital PartnersFondé à la fin des années 2000 et avecdes bureaux à Paris, Washington etdans 7 pays africains, ECP investit demanière généraliste. Le fonds a la par-ticularité d’investir dans les zonesfrancophones et anglophones. ECP gèreprès de 2 Mrds de $ à travers 6 fonds etserait actuellement en processus de le-vée de fonds.Investissements notables : Celtel, IHS,

Nairobi Java House, Finagestion, NotoreChemical industries.

Helios Investment PartnersFondé en 2004 et basé à Londres, Heliosinvestit de manière généraliste. Helios apour particularité d’avoir co-fondé l’en-treprise Helios Towers. Helios gère prèsde 2,7 Mrds de $.Investissements notables : Equity Bank,Vivo Energy, Continental Outdoor Media,Helios Towers.

Améthis FinanceFondé en 2011 et basé à Paris, Améthis estun fonds panafricain qui a la particularitéd’investir à la fois en dette et en capital.Améthis investit principalement dans lesservices financiers, les infrastructures,l’industrie, les services et l’agriculture.Améthis gère près de 530 M de $.Investissements notables : Fidelity, Velo-gicm Petroivoire, Chase Bank, UT Bank.

AFIG FundsFondé en 2005 et basé à Dakar et Johan-nesburg, AFIG investit en Afrique Cen-trale et en Afrique de l’Ouest dans desPME qui ont vocation à devenir des lea-ders régionaux. Le fonds gère 122 M de $.Investissements notables : Elton, Senbusindustries, Ecobank (Rwanda, Tchad, Li-beria), Drillcorp.

AfricinvestFondé en 1994, basé à Tunis avec desbureaux dans 6 pays, Africinvest est unfonds généraliste. Originellement cen-tre sur la Tunisie, le fonds a élargi sonaire géographique et couvre désormaistoute l’Afrique. Africinvest est un mem-bre fondateur de l’Africa Private Equityand Venture Capital Association. Afric-invest gère près de 1 Mrd de $ à travers14 fonds.Investissements notables : Mansard In-surance, Snax, Rouiba, Exat, Medis.

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cile la sortie de l’investissement,comme dans le cas d’Helios pourEquity Bank, achetée en 2007 et dontl’investisseur a du mal à se défaire.Le sujet des sorties d’investissementest majeur pour les fonds d’investis-sement, car si un fonds n’arrive pas àrevendre les entreprises acquisesquelques années auparavant, ilrisque de faire perdre de l’argent auxinvestisseurs qui ont mis de l’argentdedans. Alors que le secteur se déve-loppe, il est essentiel de favoriser ledéveloppement des bourses et desmarchés financiers afin de faciliterles sorties d’investissement par voied’introduction en bourse. Les fonds d’investissement adressentencore très peu les problématiquesdes PME qui représentent pourtantune part substantielle des économiesafricaines. Pour favoriser de tels in-vestissements, qui peuvent aider à laconstitution d’économies localesplus fortes, il sera donc nécessairequ’un dialogue s’installe avec lesgouvernements afin de favoriser enplace un cadre réglementaire et fiscalincitant des fonds d’investissementciblant les PME à s’implanter sur lecontinent et à adopter une approchede long terme.

Babacar Pierre SECK,analyste à l'OCDE

tal-risque) sont de plus petite tailleet beaucoup moins nombreux. Ilsinvestissent des montants allant de50,000 dollars à 2 millions de dol-lars et accompagnent les entrepre-neurs sur une durée plus longuepouvant aller jusqu’à 10 ans,comme par exemple Investisseurs &Partenaires.

Challenges du privateequity en AfriqueLa montée en puissance des fondsd’investissement en Afrique contri-bue au développement du secteurprivé et à la formation du tissu in-dustriel. Néanmoins, le secteur doitencore mieux se structurer. «Il y a unécart entre ce que les fonds d’inves-tissement proposent et les besoinsdes entrepreneurs. L’investissementen Afrique nécessite d’accompagnerles entreprises sur le long terme etappelle donc à adapter les méthodesdu private equity au contexte afri-cain», explique Laureen Kouassi-Olsson, directrice d’investissementchez Améthis Finance. De plus,«l’idéal serait que l'industrie se struc-ture autour de plusieurs catégoriesde fonds qui puissent accompagnerles entreprises et entrepreneurs toutau long de leur croissance en fonc-tion de leur stade de développement

et de leurs besoins. Par exemple, lamultiplication de fonds de capital-risque “early stage” répondant auxbesoins de ressources à long termedes projets de petite taille, des TPEou PME serait une véritable aubainepour l'industrie. De même, les fondsde type “evergreen” ayant une duréed'investissement illimitée seraientdes partenaires de choix pour desgroupes familiaux ayant atteint uncertain stade de maturité et à la re-cherche de partenaires institution-nels pouvant les accompagner dansla seconde étape de leur croissance». Mais ce n’est pas tout, car les fondsd’investissement sont aujourd’huitrès axés sur des entreprises degrande taille, laissant de côté les pe-tites et moyennes entreprises (PME).Seuls quelques fonds, tels que CaurisManagement, ou investisseurs etpartenaires s’adressent à ces entre-prises de petite et moyenne taille, quiconstituent la base du tissu écono-mique. Par conséquent, beaucoup defonds ciblent les mêmes opportuni-tés d’investissements, qui restent li-mitées en Afrique, ce qui pousse lesvalorisations à la hausse. Dans le sec-teur bancaire, certaines acquisitionsse font sur la base de trois fois le prixdes fonds propres ! Cette surchauffedes prix risque de rendre plus diffi-

Pourquoi cet intérêt pour l’AfriqueRien qu’en 2013, les fonds dédiés au continent africain ont levéplus de 3,3 milliards de dollars (voir graphique), confirmant l’in-térêt des investisseurs internationaux pour la région. D’aprèsune enquête menée en 2013 par Emerging Markets Private EquityAssociation auprès des investisseurs institutionnels (footnote :fonds de pension, fonds souverains, compagnies d’assurance,gestionnaire d’actifs, family offices représentent les principauxinvestisseurs institutionnels) internationaux, l’Afrique est désor-mais la plus attractive des régions «émergentes». Cet appétit desinstitutionnels pour l’Afrique est confirmé par l’évolution du to-tal de fonds levés dans la région. En effet, sur la période 2010-2013, l’Afrique est la seule région pour laquelle les montantslevés par les fonds d’investissement ont augmenté, alors que l’onconstate une baisse importante pour la Chine, l’Inde ou encorel’Amérique latine.Cet intérêt nouveau pour des investisseurs financiers pourl’Afrique est le résultat des profondes transformations écono-miques et politiques sur le continent. En effet, les années 2000ont représenté une période de stabilisation générale descontextes politiques, avec notamment la fin de plusieurs conflits

armés. Au même moment, l’Afrique a bénéficié d’une croissanceéconomique forte et de moins en moins dépendante des coursdes matières premières, avec 7 des 10 économies avec la crois-sance la plus forte sur la période 2000-2009 se trouvant enAfrique (source FMI). L’Afrique des années 2000, contrairementà celle des années 1990, représente donc une opportunité d’in-vestissement de plus en plus intéressante. En 2013, la croissanceréelle du PIB africain étant de 4,6%, contre 3% au niveau mon-dial et -0.4% en Europe. Simultanément, les rendements en Eu-rope et aux États-Unis sont au plus bas, à cause des politiquesmonétaires de quantitative easing de la FED et de la Banque cen-trale européenne qui font baisser les taux d’intérêt depuis 2008.En effet, les investisseurs institutionnels, tels que les caisses deretraites ou les compagnies d’assurances, doivent assurer unrendement minimum de leurs investissements pour être renta-bles, ils se sont donc tournés de plus en plus vers les marchésémergents offrant des rendements plus attractifs. Les Boursesafricaines offrant peu d’opportunités d’investissement, ces insti-tutionnels se sont donc tournés vers les fonds de private equity,qui leur permettent d’investir dans les entreprises non cotées.

Adapter lesméthodes dePrivate equityau contexteafricain

BOURSES & FONDS SPÉCIAL

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Amadou Hott,DG du Fonsisdu Sénégal

INTERVIEW AMADOU HOTTAccompagner le développementLe DG du Fonds souverain d'investissement stratégique (Fonsis) du Sénégalnous parle de financements de 2 projets, dans l’agriculture et la pharmacie,la configuration d’un fonds souverain sur la base des actifs de l’Etat,l’absence de contraintes de sortie par rapport aux private equity, ...

L es Afriques : M. Hott, leconseil d’administration duFonsis a approuvé, en octo-

bre dernier, deux de vos projets.Comment ces projets sont-ilsstructurés? Amadou Hott : En effet, le conseild’administration (CA) du Fondssouverain d’investissements straté-giques (Fonsis), qui s’est réuni le 27octobre 2014, a approuvé deux denos projets d’investissement. Il s’agitd’une exploitation agricole et d’uneunité industrielle pharmaceutique,d’un coût global de douze (12) mil-liards de francs CFA. Le Fonsis vainvestir un montant de 1,2 milliardde f CFA répartis en fonds propreset en quasi-fonds propres, aux côtés

d’autres investisseurs nationaux etinternationaux, et en complémentdu financement bancaire.

LA : Quel sera l’impact de ces pro-jets dans le développement socio-économique du Sénégal ? A.H. : Ces projets cadrent bien avecnotre mission de créer des emploiset de la richesse et auront un impactsocial important. L’exploitationagricole qui sera implantée dans larégion de Louga permettra de dyna-miser l’économie locale grâce à lacréation de 200 emplois directs et lamise en place d’une ligne électriquemoyenne tension d’environ 20 km.Ce projet aura un impact non négli-geable au niveau national, avec une

contribution au PIB de 3 milliardsde f CFA par an. L’unité industriellepharmaceutique sera localisée dansla région de Thiès et permettra unemeilleure accessibilité financière etgéographique de produits pharma-ceutiques hospitaliers stratégiquesmassivement importés. Elle cou-vrira le marché du Sénégal et celuide la sous-région avec une contri-bution attendue au PIB de 1,5 mil-liard de f CFA par an et la créationde 70 emplois directs. Le démarrage des projets est prévuen début de 2015.

LA : Quelle sera la prochaineétape ? A.H. : Nous allons présenter au pro-

Notre capitalest plus patientmême si nousessayeronstoujours desortir au mo-ment opportunpour pouvoirréinvestir dansde nouveauxprojets.

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chain Conseil d’administration,prévu en début de décembre, d’au-tres projets aussi structurants pourapprobation. Nous allons certaine-ment communiquer dessus dès quele CA les aura approuvés.

LA : Le Sénégal n’a pas d’excé-dents pétroliers, encore moinsd’excédents budgétaires, commeles autres pays qui ont des Fondssouverains. Comment le Fonsiscompte-t-il faire pour mener àbien sa mission ? A.H. : Le Sénégal est, en effet, l’undes premiers pays au monde à sedoter d’un fonds souverain alorsqu’il n’a ni rente issue de matièrespremières ou d’hydrocarbure nirente commerciale. Le gouverne-ment a autorisé la création de cefonds souverain sur la base des ac-tifs que l’État va nous transférer. Cesactifs peuvent être revalorisés et per-mettre de lever des fonds sur lesmarchés financiers locaux et étran-gers, qui seront ensuite «réinjectés»dans de nouveaux projets ou dansdes projets ou sociétés en difficulté,avec l’objectif de contribuer à la re-lance de l’économie via cet investis-sement productif. Il faut donc retenir que le Fonsis estun modèle de fonds souverain quirepose sur le développement des ac-tifs transférés par l’État et les levées

de fonds en dette et en co-investis-sement. Mais avec les récentes dé-couvertes de pétrole au Sénégal, lesressources du Fonsis seront renfor-cées dans le moyen et long terme,pour plus d’investissements pro-ductifs et d’épargnes pour les géné-rations futures.

LA : A combien s’élève le capitaldu Fonsis ? A.H. : Le Fonds souverain d’inves-tissements stratégiques est une ini-tiative du président Macky Sall. Il a

été créé par la loi 2012-34 fixant soncapital minimal à 500 milliards defrancs CFA, majoritairement consti-tué en actifs de l’État. C’est ce qui luipermet d’intervenir en prise de par-ticipations en fonds propres ouquasi-fonds propres pour des socié-tés en création, développement ourestructuration.

LA : Quel est l’horizon de vos in-vestissements ? A.H. : Contrairement aux fonds«private equity» classiques, nousn’avons pas de contraintes de sortieau bout de 5-7ans par exemple.Notre capital est plus patient mêmesi nous essayerons toujours de sortirau moment opportun pour pouvoirréinvestir dans de nouveaux projetsafin de générer plus de croissance etd’emplois. Le Fonsis, en ligne avecles intérêts de l’entreprise, organi-sera ses désinvestissements par ces-sion aux promoteurs du projet,cession à un tiers, dette de finance-ment de sortie et distribution de di-videndes spéciaux ou parintroduction en bourse, une voieque nous privilégions pour plus deliquidité à la BRVM. La Bourse per-met aussi de partager les fruits de lacréation de richesse avec un maxi-mum d’épargnants sénégalais.

Propos recueillis par Ismaïl Aidara

BOURSES & FONDS SPÉCIAL

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façon générale, l’Afrique australeconstitue la zone la plus dynamique.Les produits financiers y sont égale-ment les plus structurés. La Johan-nesburg Stock Exchange (JSE) et laSwaziland Stock Exchange sont lesprincipales places financières de larégion. À part l’Afrique du Sud, au-cune place boursière africaine nes’approche des niveaux de dévelop-pement des places financières despays développés.En Afrique de l’Est également, laplace boursière du Kenya reste dy-namique. Avec un niveau de capita-lisation estimée à 23,525 millions dedollars, la place de Nairobi est labourse la plus aminée de sa sous-ré-gion, à l’image de l’économie floris-sante du pays.

Manque de liquiditésSelon Jean-Jacques Essombè, asso-cié du cabinet Orrick RambaudMartel qui livrait son analyse augroupe médias belge RTBF, lemanque de liquidité est l’un desproblèmes majeurs sur les placesafricaines. Car il n’y a pas assez d’ac-teurs. En plus, il y a peu de fondsétrangers intervenant sur les mar-chés boursiers africains. Selon lui,les fonds d’investissement actifssont essentiellement locaux et leurnombre est réduit. En dehors del’Afrique du Sud qui brasse plus de300 milliards de dollars, les niveauxde capitalisation boursière sont fai-bles, de même que les volumes detransactions. Ce qui constitueraitun frein pour les gros investisseursétrangers qui sont en général inté-ressés par de gros volumes.De même, en termes de liquidité,sur la période 2005-2010, seulsquelques pays comme l’Égypte et

BOURSES AFRICAINESA la recherche de liquiditésAvec une capitalisation boursière globale estimée à 1 300 milliards de $,l’Afrique compte 23 places financières. Malgré l’engouement que suscite ledynamisme économique du continent depuis quelques années, le nombre desociétés cotées n’augmente que timidement, de même que les liquidités.

L Les marchés boursiers ducontinent réunis représente-raient la 12ème place financière

du monde, avec une capitalisationglobale estimée à 1300 milliards de $.Les places boursières se sont déve-loppées significativement depuis lesannées 90, passant d’une dizaine à 23aujourd’hui. D’après les analystes,cette évolution a été assez rapide. Lacapitalisation boursière est passée de257 milliards de dollars en 2000 à1260 milliards en 2010. Mais il existe de réelles disparitésentre les pays. L’essentiel du volumedes transactions profite surtout àquelques places financières commecelles de l’Afrique du Sud, de

l’Égypte, du Nigéria, du Maroc oudu Kenya. L’Afrique du Sud attire lamajorité des capitaux échangés surle continent, soit plus de 70% du vo-lume total. En termes de nombre desociétés cotées, l’Afrique du Sud ar-rive également en tête avec environ400 valeurs, suivie par l’Égypte(214) et le Nigéria (187).

Dynamisme sur les placesfinancières d’Afriqueaustrale et de l’EstJohannesburg Stock Exchange(Afrique du Sud), qui est la pre-mière place financière du continent,a une capitalisation boursière deplus de 330 milliards de dollars. De

Il y a peu defondsétrangersintervenantsur lesmarchésboursiersafricains.

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BOURSES & FONDS SPÉCIAL

l’Afrique du Sud ont enregistré desratios assez élevés, avec respective-ment 51,4% et 50,1%, selon lesdonnées de la Banque mondiale.

Fonds d’investissement,animateurs des marchésboursiersL’essor économique du continentattire de plus en plus de fonds d’in-vestissement qui s’intéressent dés-ormais aux places financières,malgré le faible niveau de transac-tions qui y existe actuellement.Selon les chiffres de MorningStar,on dénombre plus de 800 fondsd’investissement actifs sur le conti-nent. En termes de ventilation, 48fonds investissent sur l’ensembledes places boursières africaines, 37sur l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, deux se concentrent sur leMaroc, deux sur l’Égypte, un fondssur le Cameroun (dans le secteurminier notamment), 35 fonds ci-blent la zone Namibie-Afrique duSud, et tous les autres, soit plus de650 fonds, vont à l’Afrique du Sud.La majorité de ces fonds sont domi-ciliés en Afrique du Sud et auLuxembourg qui abrite 38 fonds ac-tifs en Afrique, devenant ainsi une

place de plus en plus importantepour la finance africaine.En dépit des mesures initiées parcertains pays, un certain nombred’obstacles freinent la croissance desflux de capitaux sur les places bour-sières africaines : insuffisance de li-quidités, insuffisance de produitsfinanciers adaptés, manque d’auto-matisation des systèmes d’échanges,etc. Peut-être l’engouement pro-gressif des acteurs étrangers quis’intéressent à l’Afrique permettrad’accélérer le rythme des réformes,en même temps qu’il rehausse

considérablement les flux des capi-taux échangés.Notons qu’en termes de réformespour changer les choses, des payscomme le Nigéria prennent les de-vants... En effet, un projet de loilancé récemment au Nigéria veutobliger les entreprises ayant plus de80 milliards de nairas nigérians (en-viron 500 millions de dollars) d’ac-tifs à se coter en Bourse. Si le projetaboutit, la Bourse de Lagos devraitainsi voir son niveau d’activités’améliorer considérablement.

Ibrahim Souleymane

Tableaucomparatifdes marchés

Top 10 africain des plus grandes Boursesen termes de capitalisation Selon le classement réalisé par laBanque d’investissement, African Al-liance en 2014 1- Johannesburg Stock Exchange (Afriquedu Sud), 330,287 MM de $2- Nigerian Stock Exchange (Nigéria),82,813 MM de $.3- Egyptian Exchange (Egypt), 63,716 MM$.4- Bourse des Valeurs de Casablanca (Ma-roc), 55,446 MM de $.5- Nairobi Stock Exchange (Kenya), 22,675MM de $.

6- BRVM : Bourse régionale des valeursmobilières (Bénin, Burkina Faso, Guinée-Bissao, Côte d’Ivoire, Mali, Niger, Sénégalet Togo), 11,203 MM de $. 7- Bourse des valeurs mobilières de Tunis(Tunisie), 7,770 MM de $.8- Stock Exchange of Mauritius (île Mau-rice), 7,248 MM de $.9- Ghana Stock Exchange (Ghana), 6,085MM de $.10- Zimbabwe Stock Exchange (Zimbabwe),5,214 MM de $.

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Pierre Carpentier,directeurd'Investissement,en charge desportefeuilles PMEet microfinance enAfrique Centraleet dans l’OcéanIndien chez lefonds Investisseurs& Partenaires(I&P)

INTERVIEW PIERRE CARPENTIER«Les PME africaines font de plus en plus appel aux fondsd’investissement pour financer leur croissance»Pierre Carpentier est directeur d’investissement, en charge des portefeuillesPME et microfinance en Afrique centrale et dans l’océan Indien chez le fondsInvestisseurs & Partenaires (I&P). Selon lui, la nouvelle générationd’entrepreneurs africains n’est plus dans une logique d’entreprises familiales.Ils font recours au private equity pour financer leur développement.

L es Afriques : Comment expli-quez-vous la percée des fondsd’investissement sur le conti-

nent africain ? Pierre Carpentier : Nous étionsquelques fonds précurseurs lorsquenous avons démarré nos activités en2000. Les gens ont souvent une per-ception exagérée de l’environnementéconomique africain qui est pourtantune région formidable. L’Afrique en-registre des taux de croissance parmiles plus forts. La croissance est certestirée par les activités extractives ex-portatrices, mais on commence àavoir de la croissance induite par ledéveloppement du marché intérieur,la progression démographique, etc.Le dynamisme du secteur privé aconnu une trajectoire assez éton-nante au profit de pas mal de facteurs,comme l’émergence d’une généra-tion d’entrepreneurs plus structurés,

qui sont moins dans une logique dedéveloppement d’entreprises fami-liales, sur fonds propres, et qui sontprêts à s’ouvrir à des financements encapital pour se développer. Ce quipermet aux fonds d’investissement depouvoir travailler avec eux. C’estassez récent, mais cette dynamiqueest bien là aujourd’hui. La qualité desentrepreneurs qu’on voit arriver avecdes projets est vraiment impression-nante. Ensuite, l’environnement desaffaires s’est aussi amélioré, notam-ment grâce à des instruments commel’Ohada, qui uniformise le cadre ju-ridique des affaires dans la plupartdes pays francophones. Enfin, onpeut dire qu’il y a eu aussi un effetboule de neige, dans le sens où lespremières réussites qu’on a vu appa-raître, souvent relayées dans les jour-naux, ont eu un effet d’entraînementet ont contribué à attirer d’autres in-

vestisseurs. Par exemple, nous en tantque fonds d’investissement, la levéede notre second fonds a été relative-ment plus facile que le premier. Onarrive à lever des fonds beaucoupplus facilement aujourd’hui sur lethème du financement du secteurprivé en Afrique.

LA : Quelles sont les principalesréalisations d’Investisseurs& Parte-naires en termes de projets ou d’in-vestissement en Afrique cetteannée ? P.C. : Nous sommes un fonds géné-raliste. Aujourd’hui, nous tra-vaillons sur notre deuxième fondsqui a été lancé en 2012, qui s’appelleI&P Afrique Entrepreneurs (IPAE)et qui est un fonds de 54 millionsd’euros positionné sur les PME. Cequi nous caractérise, c’est la tailledes opérations que nous faisons,avec des investissements qui démar-rent à 300 000 euros jusqu’à 1,5 mil-lion. Les entreprises que nousfinançons font généralement entre500 000 euros jusqu’à 5 millionsd’euros de chiffres d’affaires.Ce sont des opérations relativementpetites comparées à d’autres fondsprésents en Afrique. Avec le fondsIPAE, nous avons déjà une vingtained’investissements dans 10 pays dif-férents. Nous faisons entre 5 et 8 in-vestissements par an. Tout en étantgénéraliste, nous avons investi dansles secteurs de la microfinance, de laconstruction, du bâtiment, de lasanté, avec une notamment mater-nité au Sénégal, dans les métiers del’aquaculture à Madagascar, etc. Il ya un spectre assez large de ce que

L’environne-ment desaffaires s’estaussiamélioré,notammentgrâce à desinstrumentscommel’Ohada, quiuniformise lecadre juridiquedes affaires.

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BOURSES & FONDS SPÉCIAL

nous pouvons faire.

LA : Quels types de projets oud’entreprises vous intéressent enpriorité ?P.C. : Nous sommes un fonds qui faitde l’«impact investment». C'est-à-dire que nous allons chercher dans lesprojets en priorité un impact sociétalfort. Nous sommes intéressés pasuniquement par les enjeux de renta-bilité, mais aussi par les éléments deperformance extrafinancière. Noussommes ainsi particulièrement inté-ressés par des secteurs comme lasanté, les activés d’agriculture nonexportatrices, la formation, etc. Surles types de projets, nous privilégionsles sociétés en croissance, les sociétésqui ont un fort potentiel de dévelop-pement, les sociétés qui ont déjà uneexistence et qui veulent renforcer leurcapacité afin de passer un cap dans ledéveloppement de leurs activités,mais nous pouvons également ac-compagner des start-up.

LA : Qu’est-ce que vous apportezaux projets en plus du finance-ment ?P.C. : Notre équipe s’appelle Investis-seurs & Partenaires. Le «P» corres-pond à notre engagement àaccompagner les entrepreneurs.Nous investissons dans des PME enprenant une participation minori-taire. Nous ne prenons pas lecontrôle. Ensuite, nous apportonsaux entrepreneurs de l’accompagne-ment, de l’assistance, du support, gé-néralement pas sur leur cœur demétier, puisque nous sommes unfonds généraliste. D’ailleurs, en géné-ral, les entrepreneurs que nous ac-compagnons connaissent très bienleur métier et leur secteur d’activité.L’accompagnement se fait à plusieursniveaux. D’abord au niveau de lagouvernance pour aider les entre-prises à mettre en place des instancesde gestion qui fonctionnent bien,avec tout le nécessaire pour donnerdu rythme à la vie de la société. Parexemple, nous travaillons sur desbudgets en fin d’année pour les vali-der, les approuver, etc. Au-delà, nousapportons de l’appui essentiellement

sur les questions de management, degestion, de stratégie. Ensuite, on peuttravailler dans les actions au quoti-dien. Dans ce cas, soit on intervienten direct par des actions réduites, soiton fait appel à des ressources ex-ternes, des consultants ou des per-sonnes ressources qui peuventintervenir. Par exemple, si on identi-fie un problème au niveau du sys-tème d’information qu’il faudraaméliorer (puisqu’on travaille beau-coup là-dessus et les fonds d’investis-sement sont très demandeurs dereporting), on va demander à l’entre-prise de se mettre à niveau. Une par-tie de ces interventions peut êtrefinancée par des fonds d’assistancetechnique.

LA : Est-ce que vous recevez assezde candidatures lorsque vous sélec-tionnez des projets ? P.C. : Nous avons un flux d’opportu-nités important. Nous recevons envi-ron 200 dossiers par an. Nous avonsdes critères et nous sommes relative-ment exigeants. Il y a parfois des pro-jets trop grands pour nous, dans cecas nous les orientons vers des fondsd’investissement plus grands qui sontplus adaptés. Il peut y avoir des pro-jets qui sont dans des secteurs quin’entrent pas dans notre champ d’in-tervention. Il y a aussi des projets quiont des dossiers assez fragiles, etc.Petit à petit, nous filtrons jusqu’à ar-river à un nombre de 10 projetsmaximum par an pour des finance-ments allant de 300 000 euros à 1,5million d’euros.

LA : Quel est le niveau de rentabi-lité moyen des projets financés, etqu’en est-il de votre retour sur in-vestissement ?P.C. : C’est très difficile à dire. Nousavons une rentabilité globale de por-

tefeuilles, mais avec des écarts quipeuvent être importants. La rentabi-lité dépend notamment des condi-tions de sortie du fondsd’investissement. Étant donné quenous sommes sur des prises de parti-cipations minoritaires, si on sortd’un projet qui a pris de la valeur,pour céder notre participation à uninvestisseur extérieur, on peut valo-riser souvent mieux que si nous re-vendons au promoteur. Notre sortiese fait au bout de 5 à 7ans. Nousavons généralement des accords derachats avec les promoteurs.

LA : Avec l’afflux des fonds d’inves-tissement sur le continent,l’Afrique s’expose-t-elle à la me-nace des «fonds vautour», commece fût le cas il y a quelques annéespour l’Argentine ? P.C. : Les fonds que vous qualifiez defonds vautour sont surtout des fondsspéculatifs sur des secteurs particu-liers. Pour le moment, on ne voit pasce genre de problème, mais il n’estpas exclu que ça arrive aussi enAfrique, comme c’est déjà arrivé ail-leurs. Par contre, ce qu’on commenceà voir, ce sont plutôt des regroupe-ments, des consolidations. Il com-mence à y avoir des transactions derachats d’entreprises : pour intégrerun concurrent, pour prendre desparts de marché, etc. On voit aussides entreprises européennes ou nord-africaines qui arrivent, qui passent ausud du Sahara, et qui font des rachatspour s’implanter dans des pays.Jusqu’ici, ce n’est pas la dimensionprédatrice des fonds qu’on voit sur leterrain, mais plutôt des fonds d’in-vestissement qui peuvent accompa-gner une boîte qui souhaites’implanter dans un autre pays.

Propos recueillis parIbrahim Souleymane

Bio-expressPierre Carpentier est directeur d’investis-sement en charge des portefeuilles PME etmicro-finance en Afrique centrale et dansl’océan Indien, chez le fonds d’investisse-ment Investisseurs & Partenaires (I&P). Ila été directeur associé d'un cabinet de

conseil entre 2003 et 2006 et chargé d’in-vestissement dans une société d'investis-sement dédiée aux PME en Afrique(1999-2003). Pierre Carpentier est di-plômé d’une école d’ingénieur et d’unDESS de management des entreprises.

Si on sort d’unprojet qui apris de lavaleur, pourcéder notreparticipation àun investisseurextérieur, onpeut valorisersouvent mieuxque si nousrevendons aupromoteur.

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PME Des instruments ad hoc pour des besoins spécifiquesEn mal de financement, les entreprises africaines, les plus nombreuses etles plus sensibles, approchent en nombre ces nouveaux venus en Afriqueque sont les Bourses de valeurs et les Fonds d’investissement. Reste àfranchir le pas…

L a mondialisation et surtout laforce rapide de propagation del’information font que les Pe-

tites et moyennes entreprises (PME)africaines se félicitent de l’actualitériche des Bourses de valeurs et desFonds d’investissement du conti-nent. Cependant, et au risque dedoucher les espoirs, il convient desouligner que la grande majorité desPME africaines ne sont ni prêtes niadaptées à ce jour pour ce type de fi-nancements. Les problèmes de fi-nancement des entreprises sont detrois ordres principaux, à savoir le fi-nancement de l’écart de trésorerie nédu décalage entre les encaissementset décaissements, le financement del’outil de production et, enfin, le fi-nancement de l’expansion. À l’analyse des rencontres et deséchanges avec les dirigeants de PMEafricaines, celles-ci approchent les in-termédiaires boursiers et les fondsd’investissement à la recherche de so-lutions à des problèmes de finance-ment issus d’un écart temporaire oustructurel de trésorerie ou liés au fi-nancement de l’acquisition ou de la

mise en place d’un outil de produc-tion. Il existe ça et là des demandesde financement liées à l’expansion del’entreprise, mais il s’agit souventd’une expansion opportuniste etpour laquelle le besoin est le finance-ment de l’outil de production devantpermettre cette expansion.

Quels préalables ?Dans ce dossier dédié aux Bourses devaleurs et aux Fonds d’investisse-ment en Afrique, il semble essentielde rappeler la place et le rôle de cesinstruments et de conduire l’exercicenécessaire de pédagogie de nos en-trepreneurs, afin de les préparer à entirer le plus grand bénéfice.Bourses et fonds d’investissementservent essentiellement au finance-ment de l’expansion de l’entreprisegrâce à l’apport de capitaux longs quiest fait. Dans les deux cas, l’entrepre-neur accueille dans son entreprisedes acteurs externes, actifs ou non,qui souhaiteront plus ou moins ré-gulièrement, avoir un droit de regardsur la gestion qui y est conduite, surl’adéquation des actions avec le pro-

jet sur lequel les financements ont étéobtenus et, le cas échéant, des expli-cations sur les inflexions et les chan-gements.Aussi, et afin d’avoir toutes les meil-leures chances de succès, lors de lamobilisation de financements parvoie de Bourses de valeurs ou deFonds d’investissement, l’entrepre-neur devra avoir accompli quelquestravaux préalables, au premier rangdesquels une structuration de l’orga-nisation et de la gouvernance de sonentreprise. Pour ce faire, il va falloirs’interroger sur la nature profondedu besoin de financement et de la so-lution la plus adaptée. Par exemple,des revues des termes de paiementavec les fournisseurs, l’améliorationdu processus de recouvrement descréances ou encore le recours à l’af-facturage peuvent nettement amélio-rer la situation de trésorerie etd’autofinancement, tout comme parexemple le recours au leasing pour lefinancement de l’équipement deproduction.Réfléchir à la vision à 5/7 ans desmissions et des objectifs de la sociétéet formaliser dans un plan les projetsd’expansion ainsi que les modalitésde leur réalisation, tout en prévoyantune certaine part d’aléas devant per-mettre de saisir ces opportunitésnouvelles et insoupçonnées au mo-ment de la confection du plan. L’op-tion Bourses de valeurs et/ou Fondsd’investissement apparaîtra commeune modalité du financement et del’exécution du plan ainsi défini. Les Bourses de valeurs mobilières enAfrique, ainsi que les Fonds d’inves-tissement qui s’y développent sontune réelle chance et une opportunitépour les PME africaines. Il ne tientdonc qu’à ces PME de créer lesconditions d’un succès mutuel.

Jean-Luc Koffi Vovor, présidentdu think-tank Kusuntu le Club

Jean-Luc KoffiVovor

Les Bourses devaleursmobilières enAfrique, ainsique les Fondsd’investisse-ment qui s’ydéveloppentsont une réellechance et uneopportunitépour les PMEafricaines.

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BOURSES & FONDS SPÉCIAL

TUNISIE La BVMT, un marché financier fortement influencépar la vie politique76 entreprises cotées en Bourse et une valeur de capitalisation estimée àprès de 17 milliards de dinars (7,41 milliards d’euros), dont la participationétrangère avoisine les 22%, telles sont les principales caractéristiques dumarché financier tunisien, lequel est fortement influencé par la vie politique,surtout durant cette conjoncture d’après-révolution.

L e marché financier tunisienrepose sur une trilogie d’ins-titutions, à savoir un orga-

nisme de régulation, le Conseil dumarché financier (CMF), un orga-nisme chargé de la gestion du mar-ché, la Bourse des valeurs mobilièresde Tunis (BVMT), et un organismechargé du dépôt et de la compensa-tion, la Société tunisienne interpro-fessionnelle pour la compensationet le dépôt de valeurs mobilières(Sticodevam).Dans cette structure, la chaîne d’in-vestissement en Bourse prend nais-sance avec la transmission d’unordre de bourse par le biais d’un in-termédiaire en Bourse et se clôturepar le dénouement de la transactionavec la livraison d’un titre ou l’en-caissement de sa contre-valeur. Lesdifférentes étapes sont assurées en

réseau électronique entre les troisinstitutions.Créée en février 1969, la Bourse desvaleurs mobilières de Tunis(BVMT) se présente comme une so-ciété anonyme de droit privé avecun capital exclusivement et égalitai-rement détenu par les intermé-diaires en Bourse. Elle a pourmission de gérer le marché des va-leurs mobilières, ce qui inclut lesopérations de négociation et d’enre-gistrement. Ce choix vise avant toutà permettre au marché d’être gérépar des professionnels.

La Bourse ne participequ’à hauteur de 5% aufinancement de l’économieLa Bourse tunisienne regroupe unmarché principal et un marché al-ternatif.

Bourse des valeursmobilières de Tunis

Le manqued’investisseursinstitutionnels.

Le marché principal est destiné auxgrandes entreprises performantes(banques, groupes industriels pri-vés de renom...) et il compte 65 so-ciétés cotées.Afin de s’introduire dans ce marché,une société doit disposer d’un capi-tal minimum de 3 millions de di-nars (1,307 millions d’euros) etavoir un bilan bénéficiaire pendantles deux derniers exercices, saufdans le cas d’une augmentation decapital.Pour ce qui est du marché alterna-tif, il est destiné à promouvoir le dé-veloppement des PME-PMI. Crééen 2007, ce marché compte au-jourd’hui 11 sociétés.Toutefois, il est à noter que bien quela BVMT soit un marché bien orga-nisé, régie par une réglementaireperformante et qui dispose d’uneinfrastructure technique à la pointe,elle joue un rôle marginal dans le fi-nancement de l’économie.En fait, le marché financier ne par-ticipe qu’à hauteur de 5% au finan-cement de l’économie tunisienne,contre 95% pour le secteur bancaireet le leasing, et ce, en raison de l’ab-sence des secteurs clés de l’économie(tourisme, télécoms...) et le manqued’investisseurs institutionnels,puisque la demande est essentielle-ment animée par des petits por-teurs. A cela s’ajoute le manqued’une culture boursière chez les in-vestisseurs tunisiens.N’empêche que la BVMT a enregis-tré durant ces deux dernières années(2013 et 2014) un record en termesd’introductions, passant de 56 so-ciétés cotées en 2010 à 57 en 2011,59 en 2012, pour grimper à 71 en2013, et nous estimons atteindre 80

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sociétés cotées d’ici à la fin de l’an-née en cours.Ceci a été conforté par un certainresserrement du crédit, d’où l’af-fluence de nouvelles sociétés sur lemarché financier pour accéder à desinvestissements.Selon les observateurs et les expertséconomiques, la Bourse jouera unrôle plus important dans le finance-ment de l’économie tunisienne, du-rant les prochaines années, surtoutaprès la publication, récemment,d’un décret permettant aux étran-gers d’acheter des actions en Boursedans la limite de 66,66% sans auto-risation préalable.Par ailleurs, une stratégie de pro-motion a été mise en place, en vued’améliorer l’image de la Bourse etde sensibiliser les différents opéra-teurs économiques quant à l’impor-tance de cet outil alternatif definancement.Dans ce cadre, des cycles de forma-tion et des rencontres de sensibilisa-tion ont été organisés, au profit deschefs d’entreprise et des jeunes en-trepreneurs, mais aussi d’autres cor-porations, tels que des comptables,des avocats et des journalistes.

La BVMT enregistre desniveaux record suite à laréussite des électionsEn ce qui concerne la performancedes valeurs cotées à la Bourse, la ten-

dance du marché a été globalementbaissière, depuis le début de l’année2014.Toutefois, la Bourse de Tunis nes’est réveillée qu’au lendemain del’annonce des résultats des électionslégislatives (le 26 octobre 2014).Elle a repris des couleurs et notam-ment la couleur verte. Le volumemoyen quotidien a atteint, durant laquinzaine du 24 octobre au 7 no-vembre 2014, environ 8,743 MD(3,811 millions d’euros), contre unemoyenne de 4,369 MD (1,904 mil-

lions d’euros) pour toute l’année2014. Les deux indices phares Tu-nindex et Tunindex 20 ont accrurespectivement de 8,52% à 4 999,91points et de 11,15% à 2123,56points.La SFBT a affiché la meilleure per-formance de la quinzaine gagnant33,16% à 22,530 dinars et boostantpar la même occasion l’indice dusecteur agroalimentaire dont lahausse s’est établie à 31,81%.Siphat et Elbene Industrie ont clô-turé la quinzaine sur des remontéesrespectives de 22,38% à 10,500 di-nars et de 21,01% à 2,880 dinars.Attijari Bank a augmenté de 20,38%à 22,270 dinars. Cette performancea permis à l’indice du secteur ban-caire de terminer la quinzaine surune plus-value de 7,98%.Du côté des baisses, Servicom a affi-ché la plus importante régressionperdant 8,51% à 16,010 dinars.Le titre Ciments de Bizerte a reculéde 6,03% à 6,390 dinars limitantl’évolution de l’indice du secteur desmatériaux de construction à seule-ment 1%.La SFBT a été aussi le titre le pluséchangé avec un flux transactionnelde 20,908 MD, suivi d’Attijari Banktraité pour un volume de 8,277 MD.

Anas Amine, Tunis

Un marchéimpacté parle politique

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BOURSES & FONDS SPÉCIAL

La Douala Stock Exchange en quêtede vitalité Le rythme des activités à la Bourse nationale duCameroun n’a pas encore atteint la vitesse de croisière,au regard des potentialités. Après une décennie defonctionnement, il faudrait sans doute revoir le cadregénéral du fonctionnement de cette institution.

L a Bourse nationale des valeursmobilières du Cameroun, laDouala Stock Exchange (DSX)

est pour le moment la principaleplace boursière de l’Afrique centrale.Un espace économique qui comptedeux marchés financiers, indépen-damment de l’étroitesse du marché.Toutefois, l’animation du marché n’apas encore atteint la vitesse de croi-sière, au regard des potentialités éco-nomiques du Cameroun qui nonseulement représente quelque 30%du PIB de la Communauté écono-mique de l’Afrique centrale (Cemac),et engloutit environ 45% des créditsoctroyés par les banques, mais égale-ment concentre près de 50% du tissuindustriel de la sous-région. Princi-pale locomotive économique del’Afrique centrale, le Cameroun peut,de ce point de vue, faire prévaloir desarguments pour faire de la placeboursière de Douala l’une des plusimportantes de l’Afrique, à la suite deJohannesburg, Casablanca, Tunis,

Lagos ou encore Abidjan. C’est au re-gard des réalités du marché que desobservateurs avertis à l’instar de laBanque africaine de développement(BAD) ont préconisé l’existence d’unseul marché financier en Afrique cen-trale, conseillant justement de ren-forcer la place boursière de Douala. Une douzaine d’années après la créa-tion de la DSX et huit ans après l’en-registrement des premières cotations,la cadence des opérations boursièresest loin d’être satisfaisante. Et pourcause, l’on compte seulement troisentreprises cotées en Bourse dans lecompartiment des actions, en l’oc-currence la Société des eaux miné-rales du Cameroun (Semc), la Sociétéafricaine forestière et agricole du Ca-meroun (Safacam) et la Société ca-merounaise de palmeraies(Socapalm), toutes des filiales desmultinationales françaises, notam-ment le groupe Castel pour la pre-mière, et le groupe Bolloré pour lesdeux dernières. L’ensemble des en-

Des IPO, aucompte-gouttes

Faire de laplaceboursière deDouala l’unedes plusimportantes del’Afrique.

Le groupe de la Banque mondiale et legouvernement libérien ont paraphé 2accords de financement. Pour aider cepays à combattre l’épidémie d’Ebola,une nouvelle ligne de 30 millions de $est octroyée au programme de redres-sement du budget. Un financementdevant aussi servir à soutenir la stra-tégie à moyen terme du Libéria pourrenforcer ses mécanismes de transpa-rence et de responsabilisation, déve-lopper l’économie, améliorer l’accès àune éducation de qualité et améliorerles services de santé qui sont essentielsà la lutte contre l’épidémie actuelled’Ebola. Dans le détail, le finance-ment, qui doit soutenir la deuxièmeopération Appui à la réduction de lapauvreté (Prsdpo II), comprend uneassistance de 20 millions de $ de l'As-sociation internationale de dévelop-pement (IDA) et un don sous formede subventions de 10 millions de $.

Nouvelle rallonge dela Banque mondialeau Libéria

La Banque africaine de développe-ment de l’Est (BDAE) vient de rem-porter le Prix de la Meilleureinstitution de financement du dé-veloppement de l’Afrique, pour ladeuxième année consécutive, avecune notation AA. Confirmation del’Association des institutions afri-caines de développement des fi-nances (Aiafd), qui a précisé que laBDAE a surclassé 33 autres établis-sements concurrents à la 4ème Com-pétition organisée par les pairs desinstitutions membres de l’Aiafd.Les résultats ont été annoncés lorsde la 81ème réunion du comité exé-cutif de l’Aiafd à Kuala Lumpur, enMalaisie. J. A. Amihere, secrétairegénéral de l’Aiafd, a alors soutenuque la BDAE a fait des progrès ex-ceptionnels dans l’enracinementdes meilleures pratiques dans sesopérations.

EADB, Meilleureinstitution de finan-cement du dévelop-pement de l’Afrique

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treprises sont cotées dont la capitali-sation boursière se chiffre à 156 mil-liards de f CFA. Tenant compte dufait que le Cameroun représente aumoins 60% des activités écono-miques de la sous-région Cémac, l’onpeut s’interroger sur le désintérêt desentreprises camerounaises à se coteren Bourse. Une telle situation pour-rait s’expliquer d’après certains ana-lystes par l’insuffisance des mesuresincitatives en direction des entre-prises, mais aussi par la méconnais-sance du rôle et de l’importanced’une Bourse dans une économie enquête d’émergence comme celle duCameroun. En outre, la sourde riva-lité entre la DSX et la Bourse des va-leurs mobilières de l’Afrique centrale(Bvmac) est loin d’être avantageusepour l’ensemble de l’économie sous-régionale.

Peut mieux faireLongtemps en état de veille, le mar-ché des obligations semble le plusdynamique, avec plus d’une demi-douzaine de titres, entre autres«Moabi Ifc 4.25% 2009 - 2014»,«Ecmr1 5.6% net 2010 - 2015»,«Bdeac 5.5% net 2010 - 2017»,«Ecmr2 5.9% net 2013 - 2018» et«État du Tchad 6% 2013 - 2018»pour une capitalisation du marchéobligataire de 254 milliards de f

CFA. L’on s’attend à voir le marchés’animer davantage, avec l’arrivéedes nouvelles sociétés dans le com-partiment des actions. Depuisquelque temps, l’engouement estplutôt noté envers les bons et lesobligations de Trésor. Après 10 mil-liards de f CFA mobilisés sur le mar-ché des titres publics de la Banquedes États de l’Afrique centrale(BEAC) au troisième trimestre et les150 milliards de f CFA que le Trésorpublic s’apprête à lever à la DSX, legouvernement camerounais disposeencore d’une marge de manœuvrepour mobiliser d’autres fondsconformément à la loi. Pour des observateurs, le peu d’en-gouement observé pour des cota-tions boursières préconise derevisiter le cadre général du fonc-tionnement de la Bourse de Doualaafin que cet instrument de finance-ment puisse véritablement jouer unrôle de catalyseur du développementdu pays. Surtout en ce moment oùdes projets structurants sont encours de réalisation, dans la pers-pective d’une émergence écono-mique au cours des deux prochainesdécennies. Le potentiel est là, il fautl’exploiter. Pour l’instant, sur la basedes activités, la DSX s’en tire avec lamention «peut mieux faire».

Achille Mbog Pibasso, Douala

La sourderivalité entre laDSX et laBvmac est loind’être avanta-geuse pourl’ensemble del’économiesous-régionale.

Libreville, capitaledu Gabon

LeapFrog Investments vient d’an-noncer son intention d’acquérir uneparticipation majoritaire dans le ca-pital de Resolution Health EastAfrica, au coût de 1,6 milliard deshillings kenyans. Les négociationssont toujours en cours. Si elles abou-tissent, alors elles marqueront ladeuxième opération majeure deLeapFrog au Kenya. En effet, au moisd’octobre, le capital-risqueur an-nonçait la vente de sa participationdans Apollo Investments Ltd, l’undes trois premiers assureurs enAfrique de l’Est, à Swiss Re. DominicLiber, partenaire LeapFrog, déclare :Nos positions d’investissement nouspermettent de profiter du prochainbond de la croissance, et noussommes impatients de travailleravec eux pour étendre la couverturede l’assurance santé et au-delà. Aussi,Peter Nduati, PDG de ResolutionHealth East Africa, holding leaderdans la région dans le domaine del’assurance, avec des opérations auKenya et en Tanzanie, et en partena-riat avec AAI Resolution en Ou-ganda, a exprimé sa satisfaction decollaborer avec LeapFrog.

OPA de LeapFrogsur ResolutionHealth East Africa

United Bank of Africa (UBA) Libé-ria honore la promesse faite au gou-vernement et reste conforme à sadémarche de RSE dans le pays. Ellevient de faire un don de 300 000 de $pour le Groupe de travail nationalEbola, dirigé par la présidente EllenJohnson Sirleaf. Chioma Mang, pré-sident-directeur général de labanque, a indiqué que ce fonds vacontribuer à l’éradication du virusEbola au Libéria. Elle a aussi rassuréla présidente Sirleaf et les Libériensque UBA est là pour rester, peu im-porte ce que le pays traverse, etqu’elle s’engage aux côtés des auto-rités dans la reconstruction et le re-positionnement du Libéria.

Nouvelle aide UBALibéria contre Ebola

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BOURSES & FONDS SPÉCIAL

LIBREVILLE Le décollage en pointillésde la Bourse régionale La Bourse sous-régionale, faisant face aux réalités dumarché, pourrait disparaître à défaut de faire de lasimple figuration, d’autant que des remarques trèsavisées ne plaident pas forcément en sa faveur.

L a Bourse des valeurs mobi-lières de l’Afrique centrale(Bvmac) voit le jour le 27

juin 2003 suite à la signature del’acte constitutif des chefs d’État dela Communauté économique etmonétaire de l’Afrique centrale(Cemac). Il faudra attendre 2008pour le début des activités de cota-tion boursière. Douze ans après lacréation du marché financier sous-régional, force est de constater lesdifficultés d’allumage. Une situa-tion qui perdure, indépendam-ment de l’adoption d’un plan dedéveloppement «Perspective 2012-2014» visant la promotion du mar-ché financier et boursier d’Afriquecentrale dénommé «CaravaneBvmac» dont les résultats obtenus,

à quelques jours de la fin de ceprogramme, sont loin d’être satis-faisants. Si le compartiment obli-gataire reste assez actif avec lesobligations État Gabonais, «em-prunt État Tchadien 6% net 2011-2016», Alios finance Gabon 6,25%brut 2014-2021», «Fagace 5,25%net 2013-2018», tel n’est pas le casdu marché des actions qui restestationnaire, avec une seule entre-prise cotée en Bourse, Siat-Gabon.Avec une capitalisation boursièreautour de 219 milliards de f CFA,le compartiment des obligationsvient de recevoir un coup d’arrêt,avec le retrait de la Banque de dé-veloppement des États de l’Afriquecentrale (Bdeac).En effet, la Commission de surveil-

Le marché desactions restestationnaire,avec une seuleentreprisecotée enBourse, Siat-Gabon.

Le gouvernement a salué CovenantBank pour son engagement à sou-tenir les exploitants agricoles et lesproducteurs tanzaniens de lait. Pre-nant la parole à Dar es-Salaam, leministre de l’Élevage et de dévelop-pement des pêches, le Dr Titus Ka-mani, a noté que le mouvement dela banque pour soutenir les pro-ducteurs laitiers a jusqu’ici donnédes fruits. Profitant d’une entrevueavec les représentants de la banque,il a abordé les divers moyens dontpeut disposer la banque pour aiderles agriculteurs. Saluant la ruptured’une certaine frilosité envers cesexploitants qui ont désormais accèsau crédit, le ministre a salué l’ac-tion de Covenant Bank.

Tanzanie : Du sou-tien de CovenantBank aux fermiers

La Banque centrale du Nigeria(CBN) vient d’octroyer la licence àMicrofinance Bank Maritime(MMB) pour entamer ses activitésdès le mois de décembre. Décritecomme la première institution fi-nancière entièrement dédiée au ser-vice de l’industrie maritime dans lepays, MMB devrait ouvrir officielle-ment ses portes au public le 1er dé-cembre 2014. Bolaji Akinola, un despromoteurs de la nouvelle banque,a défendu que la nouvelle entitévient combler une lacune dans lesecteur des services financiers.MMB ambitionne d’offrir de petitsprêts ou microcrédits, aux opéra-teurs de l’industrie maritime et lestravailleurs qui sont incapablesd’accéder aux services de prêtconventionnel. Selon Akinola, quiest aussi l’un des directeurs de laMMB, il s’agit de s’engager sur unerévolution dans la prestation de so-lutions financières pour l’industriemaritime. La vision est de devenirune banque commerciale, entière-ment dédiée à l’industrie maritime.

Microfinance BankMaritime obtientson agrément

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lance du marché financier del’Afrique centrale (Cosumaf) a dé-cidé de retirer le visa à la Bdeac,pour n’avoir pas matérialisé unedemande d’introduction boursièreà la date impartie. Des situationsqui peuvent, indépendamment dela raison officiellement invoquée,jeter un discrédit sur la Boursesous-régionale d’autant qu’elle nefait pas particulièrement courir lesentreprises. Dans l’optique de don-ner plus de vie à cette institution,les chefs d’État de la Cemac ont réi-téré leur volonté de faire fonction-ner véritablement la Bvmac, saufque cette décision politique peutdifficilement influer sur les réalitéséconomiques, des investisseurs neplaçant leur argent que dans là oùils peuvent engranger des béné-fices. Conséquence, des résolutionspolitiques ont jusque-là été lettresmortes, et rien n’indique que leschoses changeront d’ici peu. Etpour cause, des avis des spécialistesne sont pas particulièrement favo-rables à l’institution sous-régio-nale, à l’instar de la Banqueafricaine de développement

(BAD), qui, bien que plaidant pourla fusion des places boursières deLibreville et de Douala au regardde l’étroitesse du marché, n’enmarque pas moins sa préférencepour la Douala Stock Exchange(DSX), où l’activité boursière sansêtre véritablement en appoint, n’enest pas moins plus importante parrapport à Libreville, aussi bienpour le compartiment des actionsque celui des obligations.Face aux réalités de terrain, deslangues se délient de plus en plusdans les salons feutrés des dirigeantsde la Cemac, pour que véritable-ment Douala puisse émergercomme siège du marché financiersous-régional, avec des représenta-tions dans les autres États del’Afrique centrale. Un pas que lespolitiques ne franchiront peut-êtrepas allègrement, mais dont les réali-tés du marché en imposeront, tantil est vrai que des investisseurs re-gardent d’abord là où ils peuventfructifier leurs revenus, avant detenir compte des considérations po-litiques, voire politiciennes.

Achille Mbog Pibasso

AB Bank Zambia vient d’inaugurerune nouvelle succursale dans lazone de Chelston à Lusaka. Il s’agitd’un investissement de 1,4 millionde kwachas. Confirmation d’Ar-mando Sirolla, directeur générald’AB Bank, qui a plaidé la promo-tion du développement social etéconomique et l’accroissement dela sensibilisation des services fi-nanciers dans le pays par la pro-motion d’une culture de l’épargneforte. Le DG de la banque a assuréque depuis sa création, elle a enre-gistré plus de 35 000 comptes dedépôt de 542 kwachas en moyenne,et 6 500 emprunteurs, soit desconcours conséquents à l’écono-mie et une contribution précieuseà l’inclusion financière, dans une sicourte période.

Ouverture de nou-velles agences ABBank en Zambie

Ecobank Nigeria vient de passerun partenariat avec WesternUnion pour offrir un service detransfert d’argent sortant dans lepays. Le nouveau service permetd’envoyer de l’argent à l’étrangervia l’une des 500 agences d’Eco-bank Nigeria. Les montants serontreçus dans la monnaie du paysd’accueil. A noter que cette initia-tive fait suite à l’introduction ré-cente des lignes directricesrévisées pour les services interna-tionaux de transfert d’argent parla Banque centrale du Nigéria(CBN). Confirmation d’AnthonyOkpanachi, directeur général ad-joint d’Ecobank Nigeria, qui a fé-licité l’institut d’émission pourl’introduction de telles lignes di-rectrices révisées sur les servicesde transfert d’argent dans le pays.Un service pour améliorer l’inclu-sion financière pour les Nigérians,en particulier ceux non encorebancarisés.

Nouveau partena-riat Ecobank-Wes-tern Union

Une place en mald’introductions

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BOURSES & FONDS SPÉCIAL

TUNISIE Création d’un fonds d’investissementdestiné aux secteurs hôtelier et touristiqueUn fonds d’investissement destiné aux secteurs hôtelier et touristique,baptisé Syaha Capital, vient d’être créé en Tunisie par la Caisse des dépôtset consignations tunisienne (CDC) en collaboration avec la banqued’affaires Swicorp.

L e tourisme, un des moteursde l’économie tunisienne,peine toujours à retrouver

son rythme d’avant la révolution,surtout avec la montée des attaquesterroristes et la violence dans la ré-gion, notamment en provenancede la Libye.Mobilisant un investissement del’ordre de 44 millions d’euros, cefonds se penchera, dans le cadre desa première action, sur la transfor-mation d’un hôtel dans la régionde Gammarth (au nord-est deTunis) en un complexe hôtelier deluxe, qui devra accueillir une clien-tèle très aisée. Syaha Capital étudie, actuellement,la possibilité d’investir dans la ré-novation d’une quinzaine d’hôtelstunisiens, ciblant ainsi une clien-

tèle de luxe.De son côté, la ministre du Tou-risme, Amel Karboul, vient d’an-noncer qu’elle prévoit de lancer uneaction auprès des pays du Golfe, du-rant la dernière semaine de novem-bre ou la première semaine dedécembre pour la collecte des inves-tissements à hauteur de 500 millionsde dollars qui serviront pour finan-cer la CDC au titre de la Caisse dutourisme.D’après les dernières statistiquespubliées par le ministère du Tou-risme, 5 402 682 touristes ont ac-cédé au territoire tunisien, du 1erjanvier au 31 octobre 2014, soitpresque le même nombre enregistrédurant la même période de l’annéeécoulée (-1,1%). En se référant aux résultats enregis-

Tourisme, unsecteur toujourssoutenu

5 402 682touristes ontaccédé auterritoiretunisien, du 1erjanvier au 31octobre 2014.

trés en 2010 (année de référence,juste avant la révolution), on re-marque que la baisse s’avère plusgrave (-11,7%).Selon les derniers chiffres publiés parla Direction des études du ministèredu Tourisme, le nombre total de nui-tées passées en Tunisie au cours desdix premiers mois de l’année 2014s’élève à 26 746 489 nuits, ce qui cor-respond à une baisse de -2,7%, parrapport à fin octobre 2013 et de -17,7%, en comparaison avec 2010.S’agissant des recettes, le secteur apermis de renflouer les caisses del’État d’une enveloppe d’environ 3039 millions de dinars (1 321 mil-lions d’euros), ce qui représente unehausse de 10,6% par rapport à 2013et de 1,2%, par rapport à 2010.

Anas Amine, Tunis

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MARRAKECHJoe Biden, Alpha Condé et Ali Bongo au GES MarocLe coup d’envoi officiel du Sommet global de l’entrepreneuriat (GES) a étédonné le 20 novembre, avec la présence d’un panel très riche de chefsd’État et de gouvernement et des personnalités influentes. Joe Biden,Alpha Condé et Ali Bongo ont marqué cette 5ème édition du GES par leurprésence et leur discours aux entrepreneurs africains.

D ans son message adressé auxparticipants au GES, lu par lechef du gouvernement maro-

cain, Abdelilah Benkirane, le Roi duMaroc Mohammed VI a soulignél’importance d’entreprendre pourl’individu et pour la société : «On nenaît pas entrepreneur, on le devient ens’engageant sur la voie du succès dansun rapport interactif entre l’effort, l’ap-prentissage et la maîtrise des difficul-tés». En effet, pour le souverainmarocain «l’entrepreneur est celui quibouscule les circuits établis et défie lestatu quo, en n’hésitant pas à prendrel’initiative de répondre, à son échelle, àdes besoins encore non identifiés, insa-tisfaits ou nouveaux». Lors de l’ouverture de la cérémonieofficielle du Sommet global de l’en-trepreneuriat, qui s'est tenu du 19 au21 novembre à Marrakech, le Roi duMaroc a souligné dans son messageadressé aux participants que «la jeu-nesse dispose aujourd’hui d’une fenê-

tre sur le monde, à travers les nou-velles technologies de l’information,qui font de la connaissance univer-selle, théorique et appliquée, un biencommun de l’humanité».De son côté, le vice-président amé-

ricain, Joe Biden, a appelé les pays del’Afrique à investir dans la formationet l’éducation. Il a annoncé égale-ment que le Maroc bénéficiera d’en-viron 50 millions de dollars de plus àtravers le MCC (Millennium Chal-lenge Corporation). Ce programmeconçu par le Congrès américain enjanvier 2004 et qui vise à réduire lapauvreté à travers la croissance éco-nomique durable dans les paysémergents va octroyer une enve-loppe additionnelle destinée à la for-mation. Dans ce sens, une académieaméricaine, en partenariat avec lepublic et le privé, va être lancée auMaroc. Elle accueillera 150 étudiantsdu Maroc et de la Côte d’Ivoire pourles former dans le domaine de la

maintenance industrielle.Le président gabonais, Ali Bongo, aassuré quant à lui que le défi duGabon est de faire en sorte que l’en-trepreneuriat soit un des moteursde croissance. Pour lui, de nom-breux Gabonais commencent àprendre ce chemin plus difficile,mais intéressant.Le président de la Guinée, AlphaCondé, a remercié, lui, le Maroc pourle soutien qu’il apporte à son pays,qui combat l’épidémie Ebola, notam-ment à travers la Royale Air Marocqui continue de desservir le pays.Pour rappel, sur les 1 971 cas enregis-trés depuis le début de l’épidémie enmars, 1 192 malades sont morts enGuinée à cause d’Ebola.Au chapitre des encouragements,Othman Benjelloun, PDG du groupeBMCE Bank, a annoncé un Prix de 1million de $ pour récompenser l’en-treprise africaine.

S.T., Marrakech

L’entrepreneurest celui quibouscule lescircuits établiset défie lestatu quo.

Intervention duprésident guinéenAlpha Condé

ENTREPRISES ET MARCHÉS

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DOING BUSINESSLe climat des affaires s’améliore en AfriqueLe rapport 2015 du fameux classement Doing Business vient d’être publié,en octobre offshore par la Banque mondiale. Il en ressort une netteamélioration du climat des affaires sur le continent africain, avec quelquesdisparités. Analyse.

L es réformes engagées parbeaucoup de pays africainsafin d’assainir leur environne-

ment des affaires semblent com-mencer à porter leurs fruits. C’est entout cas ce qu’on pourrait déduirede ce rapport Doing Business 2015,rendu public le 29 octobre 2014 parle groupe de la Banque mondiale,qui relève des avancées significativesdans plusieurs pays de la région. C’est donc une bonne nouvelle pource continent. Rappelons que l’Afriqueaffiche un taux de croissance annuelmoyen de 5% avec une classemoyenne qui émerge et qui comptedéjà quelque 350 millions de consom-mateurs selon les dernières estima-tions de la BAD (banque africaine dedéveloppement). Autant de facteursqui devraient attirer de plus en plusd’investisseurs étrangers, pourvu quel’environnement des affaires soit fa-vorable et garantisse la transparence,la simplicité des procédures et la sé-curité des investissements.Le Doing Business sert de référenceet d’outils d’aide à la décision pourles investisseurs. «C’est un outil de

benchmark», assure Patrick Sevais-tre, responsable au CIAN (Conseilfrançais des investisseurs enAfrique) pour la région Afrique cen-trale et membre du bureau de laCommission Afrique des CCEF.Le rapport, qui repose sur l’analysede 10 principaux indicateurs liés à lafacilité des affaires, examine les ré-gulations qui affectent la vie des en-treprises, depuis la créationd’entreprise, jusqu’au commercetransfrontalier, en passant par lepaiement des taxes ou la résolutionde l’insolvabilité.

AméliorationsPour l’année écoulée, 74% des écono-mies des pays de la région subsaha-rienne ont été améliorées au niveaude la réglementation de l’environne-ment des affaires pour les entrepre-neurs locaux.«Les économies d’Afrique subsaha-rienne ont fait des progrès notables ces10 dernières années en réduisant lescontraintes réglementaires relatives àl’environnement des affaires», a déclaréMelissa Johns, conseillère, Group des

indicateurs mondiaux, Économie dudéveloppement, groupe de la Banquemondiale. «Nos données montrentque l’Afrique subsaharienne a enre-gistré le plus grand nombre de ré-formes sur 2013/14 ayant facilité leclimat des affaires, avec 75 réformessur les 230 recensées à travers lemonde. Pourtant, malgré ces ré-formes, des défis persistent dans la ré-gion. Par exemple, l’incorporationd’entreprises continue d’être pluscoûteuse et complexe en moyenneque dans toute autre région».À l’échelle du continent, c’est l’îleMaurice qui domine la tête du classe-ment 2015 (28ème sur 189 pays classés)et au niveau mondial c’est Singapourqui constitue le meilleur terrain pourles affaires, selon Doing Business.Notons qu’au cours des 5 dernièresannées, au moins 11 pays différentsafricains sont apparus sur la short listdes 10 économies qui ont fait le plusde progrès, selon les indicateurs deDoing Business. Des pays comme leBurundi, le Cap-Vert, la Côte d’Ivoireou le Rwanda. La Côte d’Ivoire a parexemple beaucoup facilité la créationd’entreprises en réduisant les fondspropres requis, en baissant les frais denotaires et en mettant en place unguichet unique pour la constitutionde sociétés.

Disparités régionalesDans cette 12ème édition du fameuxrapport de la Banque mondiale, lespays de l’Afrique de l’Ouest ont pro-gressé dans le classement. Ainsi, laCôte d’Ivoire a gagné 10 places et leMali 9 places, passant de la 155èmeposition à la 146ème. Pour le Mali quioccupe aussi la tête du classementdans la zone Uemoa, des progrès si-gnificatifs ont été réalisés par le paysnotamment dans l’octroi de permis

Des avancéesnotables

Malgré cesréformes, desdéfis persis-tent dans larégion.

ENTREPRISES ET MARCHÉS

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de construire et la protection des in-vestisseurs. Par contre, le pays doitencore faire des efforts afin d’amélio-rer des indicateurs liés à la créationd’entreprises, le transfert de propriétéou le règlement de l’insolvabilité. En Afrique centrale, le Camerounprogresse bien en gagnant 10 places,puisqu’il figurait au 168ème rang dansle classement 2014. Le Gabon resteen tête dans la Cemac, classé 144ème

sur 189. Au niveau de la Cemac, leTchad, classé 185ème sur 189, et la Ré-publique centrafricaine (187ème) dé-chirée et par l’instabilité politiquedepuis mars 2013, restent tous lesdeux mal classés dans la sous-régionet dans le classement global. Notons toutefois que les pays anglo-phones sont les mieux classés dansla zone Afrique, notamment dans letop 10, avec au moins 6 pays sur 10.

Il convient toutefois de nuancer laportée de ce rapport. «Doing Busi-ness qui s’appuie sur 10 indicateursstandards ne prend pas en comptel’évolution macro-économique despays pas plus qu’il ne prend en comptel’avis des investisseurs installés dans lepays, ce qui explique que, encore en2015, l’Afghanistan soit mieux placéque la RDC ou le Tchad, que la Syriesoit mieux placée que le Congo ou en-core l’Irak mieux placé que le Came-roun ou le Sénégal !», précise PatrickSevaistre, responsable au CIAN(Conseil français des investisseurs enAfrique) pour la région Afrique cen-trale et membre du bureau de laCommission Afrique des CCEF.

Faire plus de réformesSi les choses évoluent dans le bonsens, il faut tout de même soulignerque beaucoup reste à faire en termesde formes afin de faciliter et simpli-fier la vie aux investisseurs. Au ni-veau de la création d’entreprises parexemple, certains pays comme leMaroc ont mis en place un guichetunique CRI (centres régionauxd’investissement) pour centraliserles démarches pour les investisseurs,ainsi que des exonérations fiscalessur les premières années d’exercice.Des avantages qui sont d’ailleursrenforcés pour les entreprises quis’implantent dans certaines zonesencouragées par l’Etat et dans deszones offshore comme Tanger FreeZone. D’ailleurs, c’est dans cettezone offshore que de grandes entre-prises comme le constructeur Re-nault ont installé leurs usines.Si certains pays sont bien avancés,d’autres restent encore à la traîne.Par exemple, pour l’indicateur por-tant sur le délai de création d’uneentreprise, selon Doing Business, ilfaut seulement 10 jours pour créerune entreprise au Cap-Vert contre60 jours au Tchad. De façon plusgénérale, la moyenne pour l’Afriquesubsaharienne est 27,3 jours contre9,2 jours pour l’OCDE.Il y a donc encore du chemin à fairepour faciliter la vie aux investisseursen Afrique.

Ibrahim Souleymane

Faciliter l’acted’investir

?????Top 10 des pays dans le monde, selon le cli-mat des affaires1) Singapour. Note : 88,272)Nouvelle-Zélande Note : 86,913)Hong-Kong Note : 84,974)Danemark Note : 84,205)République de Corée Note : 83,406)Norvège Note : 82,407)États-Unis Note : 81,988)Royaume-Uni Note : 80,969)Finlande Note : 80,8310)Australie Note : 80,66

Top 10 des pays africains dans le Doing Bu-siness 201528) Île Maurice Note : 74,8143) Afrique du Sud Note : 71,0846) Rwanda Note : 70,4760) Tunisie Note : 67,3570) Ghana Note : 65,2471) Maroc Note : 65,0674) Botswana Note : 64,8785) Seychelles Note : 63,1688) Namibie Note : 62,81110) Swaziland Note : 59,77

Les pays de la Cemac (Afrique centrale)dans le Doing Business 2015144) Gabon Note : 53,43158) Cameroun Note : 49,85165) Guinée équatoriale Note : 49,01178) République du Congo Note : 43,29185) Tchad Note : 37,25187) République centrafricaine Note :34,47

Les pays de la Cedeao (Afrique de l’Ouest)dans le Doing Business 2015-Gambie (138ème) -Sierra Leone (140ème)-Mali (146ème)-Côte d’Ivoire (147ème)-Togo (149ème)-Bénin (151ème)-Sénégal (161ème)-Burkina Faso (167ème)-Niger (168ème)-Guinée (169ème)-Nigeria (170ème)-Liberia (174ème)-Guinée-Bissau (179ème)

Doing Business 2015

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objectives. Cette analyse montrebien que les scores africains sont engénéral meilleurs que fin 2013. Enrevanche, les changements sontsouvent faibles et le classement peutmalgré tout se dégrader en raisond’améliorations plus sensibles end’autres parties du monde.

LA : Quelles sont les raisons de cesprogrès, notamment en Afrique del’Ouest, la zone que vous connais-sez le mieux ? P.D. : La principale cause tient biensûr dans les actions de l’État pour lacréation d’un environnement légal,administratif, juridique, fiscal, fon-cier, financier qui facilite la création,le fonctionnement, le développementet le financement des entreprises. Ils’agit par exemple de diminuer lesdélais requis pour des actes adminis-tratifs, de réduire le nombre de pro-cédures et de formalités nécessairespour atteindre un objectif donné,d’accélérer les décisions de justice. EnAfrique francophone, où le poids del’État est plus lourd dans l’économie,ces évolutions sont déterminantes.

Propos recueillis parIbrahim Souleymane

INTERVIEW PAUL DERREUMAUXDoing Business 2015, mi-figue mi-raisinPaul Derreumaux, président d’honneur du groupe Bank of Africa (BOA),revient sur le Doing Business 2015 et relate entre autres quelquesavancées, appelle à la poursuite des actions de l’Etat pour la création d’unclimat des affaires plus favorable, mais déplore les médiocresaméliorations en Afrique au Sud du Sahara.

L es Afriques : Quelle est votrelecture du rapport DoingBusiness qui vient d’être

publié ?Paul Derreumaux : On peut en faireune lecture positive puisque le classe-ment des pays africains s’améliore defaçon générale et que certains commele Sénégal ou la République démo-cratique du Congo figurent parmi les10 meilleurs réformateurs. Mais onpeut aussi en tirer une impressionplus mitigée, car la position del’Afrique, notamment subsaharienne,reste médiocre, voire souvent mau-vaise. Une très large majorité de nospays - 44 sur les 52 pris en compte -figure encore dans la seconde partiedu tableau ; l’Afrique du Sud reculede la 37 à la 43ème place et le Nigéria seplace au 170ème rang sur 189. L’effortactuel doit donc se poursuivre et s’ac-célérer rapidement pour que l’évolu-tion soit probante.

LA : Le climat des affaires en Afriqueest-il en train de s’améliorer ?

P.D. : Cela me paraît incontestable,même si c’est encore trop lent ettrop partiel. Le classement de laBanque mondiale prend, en effet, encompte une dizaine de domaines ety mesure les progrès réalisés sur labase de critères essentiellementquantitatifs. La mesure des avancéesobtenues et l’écart qui séparechaque pays de ceux qui présententles meilleures performances sontdonc faciles à établir sur des bases

Paul Derreumaux,économiste etconsultantindépendant,présidentd’honneur dugroupe Bank ofAfrica (BOA)

ENTREPRISES ET MARCHÉS

Paul Derreumaux est président d’honneurdu groupe Bank of Africa (BOA) et est égale-ment économiste et consultant indépen-dant. Il est diplômé de l’Institut d’étudespolitiques de Paris et titulaire d’un DESS desciences économiques. Il a commencé sa car-rière à l’Université de Lille, avant de rejoin-dre la Côte d’Ivoire en 1976 où il serapendant trois ans conseiller au ministère duPlan, puis conseiller au cabinet du ministrede l’Économie, des finances et du plan. Deretour en France, il travaille à la Caisse cen-

trale de coopération économique, puis dansune société parisienne, où il est chargé dumontage d’investissements en Afrique et duconseil économique auprès de gouverne-ments africains. À partir de 1982, il déve-loppe le réseau de la BOA dont il fut le PDGdepuis la création, jusqu’en janvier 2011. Àcette date, le groupe était déjà implantédans 14 pays en Afrique subsaharienne et enFrance. Paul Derreumaux reste néanmoinsau sein du holding en tant qu’administra-teur et président d’honneur du groupe BOA.

Bio-express

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INTERVIEW PATRICK SEVAISTRE«Le rapport Doing Business est un outil de benchmark»Patrick Sevaistre est responsable au CIAN (Conseil français desinvestisseurs en Afrique) pour la région Afrique centrale et membre dubureau de la Commission Afrique des CCEF. Il nous livre son point de vue surl’évolution du climat des affaires en Afrique, suite à la publication dudernier rapport Doing Business.

L es Afriques : Quelle est votreréaction suite à la sortie durapport Doing Business 2015 ?

Patrick Sevaistre : On constate, et leCIAN en est heureux, que des paysd’Afrique de l’Ouest, comme leBénin, le Togo, la RDC, la Côted’Ivoire, ou le Sénégal, progressent demanière significative dans l’édition2015 du Doing Business. Le Sénégalavance de 10 places, une avancée dueà un bond de 43 places dans l’indica-teur «création d’entreprises». Idempour la Côte d’Ivoire qui avance de 11places, avec un bond de 80 placespour le même indicateur.En revanche, les pays d’Afrique cen-trale ne progressent pas et conti-nuent d’occuper la queue dupeloton, à l’exception notable duRwanda (3ème pays d’Afrique, aprèsMaurice et l’Afrique du Sud) qui oc-cupe maintenant la 46° place mon-diale, devant l’Italie, le Luxembourg

ou la Grèce… et ce, malgré un reculde 40 places pour l’indicateur «créa-tion d’entreprise» !Tout cela montre qu’il faut se garderd’une utilisation exclusive de ceclassement et le considérer dansl’absolu. C’est un outil de bench-mark dont le grand intérêt est desusciter la controverse. Mais il n’estpas toujours utilisé correctementpar les pays concernés...

LA : Pourquoi les pays anglo-phones sont mieux placés dansce classement ?P.S. : Généralement, ces pays ontune conception holistique à longterme du développement, sur labase d’une relation gagnant-ga-gnant avec le secteur privé. Contrai-rement à beaucoup de paysfrancophones, l’interface secteurpublic-secteur privé est mise au ser-vice de la croissance et pour libérer

l’initiative privée en créant une cul-ture de la compétitivité.En Afrique francophone, le dia-logue public privé est encore undialogue sporadique et non systé-matique. Chacun, public et privé, serejette la responsabilité de l’immo-bilisme et des mauvaises notes don-nées par les indicateurs deperception du climat des affaires.Le secteur privé, quant à lui, soup-çonne l’État de davantage chercher àl’encadrer qu’à l’appuyer et de vou-loir le diviser. Il reproche à l’Etat unmanque de volonté politique et untrop grand nombre de structures mi-nistérielles en charge des entreprisesqui, n’ayant pas la flexibilité néces-saire pour répondre aux nombreusessollicitations des entreprises, sont sy-nonymes à ses yeux de bureaucratieet de «mal gouvernance»De leur côté, les responsables du sec-teur public et des administrationsqualifient généralement le secteurprivé de secteur atomisé, pauvrementdoté en capacités analytiques et mûpar des préoccupations à courte vueet des comportements rentiers. Les propositions du secteur privésont encore peu appliquées sur leterrain (cf. inertie, lenteur, immobi-lisme, absence d’arbitrage et de dé-cision)… Mais les choses évoluentet on commence à pouvoir identi-fier au sein des gouvernements etdes administrations africaines despersonnalités réformatrices favora-bles aux réformes et au dialogueavec le secteur privé et qui consti-tuent autant de «poches d’efficacité»au sein des pouvoirs publics.

LA : Quelles sont les réformes quirestent à faire pour améliorer da-

En Afriquefrancophone,le dialoguepublic privéest encore undialogue spo-radique et nonsystématique.

Patrick Sevaistre

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fiable et stable permettant d’allon-ger leur horizon temporel et d’anti-ciper leurs gains futurs ; unesécurité juridique et judiciaire ainsiqu’un environnement fiscal attrac-tif, adapté à l’importance des inves-tissements effectués et au risquepris; la capacité des États à accueil-lir de grands projets dans la durée.Les investisseurs internationauxsont à la recherche d’un dialogueavec un appareil d’État organisépour être un partenaire fiable etcrédible dans de grands projets, enprivilégiant dans le pays les effetsinduits et les externalités sur ladurée, par rapport aux recettes im-médiates qu’ils peuvent en tirer.

Propos recueillis par Ibrahim Souleymane

Le partenariatfiable d’un appreild’Etat organisé

Un environne-ment fiscalattractif,adapté àl’importancedes investis-sementseffectués et aurisque pris.

Les producteurs de canne à sucre ontexhorté Felix Koskei, directeur de ca-binet au département kenyan del’Agriculture, afin de les aider à éta-blir le Comité des prix de la canne, telque stipulé par la loi. Justement, EzraOlodi, président de l’Union natio-nale des exploitants de canne à sucredu Kenya, a soutenu dans la ville deMigori que les lois protègent l’agri-culteur. Cette sortie s’explique par lefait que, de leur avis, les industrielsdu sucre et autres intermédiaires ex-ploitent l’agriculteur en définissantleurs propres prix, car il n’y a pas delois strictes, régissant la productionet le prix de la canne à sucre.

De l’établissementd’un Comité desprix de la canne

L’IFA (International Fertilizer In-dustry Association - 525 membres)a tenu son 1er Forum stratégique,les 19 et 20 novembre à Marrakech.Cet organe, qui regroupe les grandsacteurs internationaux de l’indus-trie des fertilisants et de l’agrobusi-ness, est parvenu à réunir dans laville ocre quelque 158 profession-nels et experts du secteur, venantd’une quarantaine de pays. Outreles perspectives de développementdu secteur des fertilisants, ainsi queses enjeux futurs liés à la sécurité ali-mentaire, aux carences des sols ennutriments et aux mécanismes d’ac-cès des agriculteurs aux fertilisants,le groupe OCP (Office chérifien desphosphates- Maroc), acteur majeurde dimension internationale agis-sant pour l’agriculture durable, y aprésenté son plan de développementdestiné à répondre à l’augmentationde la demande mondiale, et à celledu continent africain en particulier.

Les pro de l’engraisen conclaveà Marrakech

vantage le climat des affaires etainsi attirer encore plus d’investis-seurs sur le continent ?P.S. : Pour nous, CIAN (Conseilfrançais des investisseurs enAfrique), les critères d’évolution del’environnement des affaires vontbien au-delà du classement DoingBusiness. Ils peuvent se résumercomme suit : l’existence de règlesdu jeu dans la durée appliquées partous et pour tous dans la durée(concurrence déloyale du secteurinformel, et dans certains cas de lapart de nos concurrents chinois…).L’absence de ces règles est sourced’appréhension et donc d’insécu-rité pour les investisseurs qui sontdes gestionnaires de risques ayantbesoin d’un cadre institutionnel

ENTREPRISES ET MARCHÉS

Bio-expressPatrick Sevaistre est membre ducomité de direction du CIAN res-ponsable pour la région AfriqueCentrale. Il est également mem-bre du bureau de la CommissionAfrique des conseillers du com-merce extérieur de la France(CCEF). Il est diplômé de l’Insti-tut des Hautes Études de dé-fense nationale (Ihedn) et del’Institut supérieur de gestion

(ISG Paris). Il a été notammentadministrateur principal àl’OCDE, en charge du Pro-gramme d’appui au développe-ment du secteur privé enAfrique de l’OCDE, mais aussi di-recteur général d’Afrique Initia-tives SA, une sociétéd’investissement et d’appui àl’entrepreneuriat africain crééepar Michel Rocard.

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rounaise à se soumettre à ce pro-cédé de gouvernance. Une opéra-tion qui constitue une boufféed’oxygène pour Camtel qui a be-soin d’énormes financements pourle développement de ses infra-structures. D’autant que cette en-treprise qui gère le secteur de latéléphonie fixe au Cameroun ainsique la fibre optique du pays a ré-cemment obtenu la licence pourl’exploitation du secteur de la télé-phonie mobile, devenant ainsi lequatrième opérateur dans ce sec-teur en plein boom, où l’on dé-nombre plus de 15 millionsd’abonnés sur une population de22 millions d’habitants. Selon des sources proches du dos-sier, les négociations en cours du-reront trois mois maximum, avantde connaître des entreprises éligi-bles à cette notation financière quileur ouvrirait la porte du marchédes capitaux. La quête d’une nota-tion financière découle de la déci-sion du gouvernementcamerounais de voir des sociétésnationales aller sur le marché descapitaux, pour pouvoir financerelles-mêmes leurs projets de déve-loppement. Une démarche qui al’avantage de soustraire des entre-prises publiques à un assistanat del’État en cette période de conjonc-ture difficile, et leur permettre demieux se vendre sur le marché in-ternational. En outre, cette optionpermettra à l’État de mettre pro-gressivement un terme à sa poli-tique d’assistanat vis-à-vis dessociétés étatiques dont la plupartenregistrent des «résultats miti-gés», selon une récente note deconjoncture du FMI (Fonds mo-nétaire international) sur l’écono-mie camerounaise.

Achille Mbog Pibasso, Douala

CAMEROUNDes entreprises en course pour la notation financière La note positive, enregistrée par la Cameroon telecommunications,l’opérateur historique des télécoms, ouvre la voie à d’autres entreprisescamerounaises qui entendent mieux se vendre sur le marché des capitaux.

L a nouvelle gouvernance quivoudrait que des économiesen quête d’émergence s’arri-

ment aux méthodes modernes definancement n’épargne pas le Ca-meroun. Ce pays qui s’affranchitde plus en plus des moyens clas-siques de financement à travers desbanques commerciales transposeégalement ce mode de gouver-nance aux entreprises publiques.Dans cette perspective, les dossiersde trois entreprises sont actuelle-ment en étude à l’agence de nota-tion financière panafricaineBloomfield Investment, basée àAbidjan, en Côte d’Ivoire, en vued’évaluer leur risque de crédit surle marché des capitaux. Il s’agit en

l’occurrence de la CameroonWater Utilities Corporation (Cam-water), l’entreprise publique dusecteur de l’eau, le Port autonomede Douala (PAD) qui concentreplus de 95% du trafic des mar-chandises du pays et plus de 80%du volume des exportations et desimportations de la Centrafrique etdu Tchad, et la Société camerou-naise des dépôts pétroliers (Scpd). Les trois entreprises prennent ainsile relais de la Cameroon Telecom-munications (Camtel), l’opérateurhistorique des télécoms qui a ré-cemment obtenu une notation enmonnaie locale à BBB sur le longterme, chez Boomfield, devenantainsi la première entreprise came-

Antennes relais

Une démarchequi a l’avan-tage desoustraire desentreprisespubliques à unassistanat del’État.

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EGYPTAIR Un chiffre d’affaires en augmenta-tion de 21% durant le premier trimestre 2014 Hisham Nahas, président de la compagnie aérienneégyptienne EgyptAir, a déclaré que la société a réaliséun chiffre d’affaires considérable, durant le 1er trimes-tre de l’exercice 2014, faisant état d’une évolution de21% par rapport à la même période l’an dernier.

Depuis les événements de2011, le secteur du transportaérien, fortement lié à l’acti-

vité touristique, a enregistré un flé-chissement au niveau de sesindicateurs.D’après le responsable, le trafic depassagers a connu une reprise signi-ficative au cours de la période ac-tuelle, puisque l’entreprise a assuréle transport d’environ 2,2 millionsde passagers au cours du premiertrimestre de cette année, ce qui cor-respond à une hausse de 12% parrapport à la même période l’annéedernière, et ce, moyennant uneflotte composée de 56 avions.

H. Nahas a fait savoir que la compa-gnie a mis en place une stratégie vi-sant à réduire les pertes subies, aucours des dernières années.«Plusieurs mécanismes seront ainsimobilisés, dont notamment la réduc-tion mensuelle des frais de carburantde 300 000 dollars et la réduction dunombre de bureaux EgyptAir im-plantés dans les aéroports internatio-naux d’environ 11%, sur un total de50 bureaux, et ce, en mobilisant encontrepartie des agents qui seront auservice des clients de la compagniedans les aéroports internationaux», a-t-il précisé.

Anas Amine

Un appreil de laflotte EgyptAir

Réduire lespertes subies,au cours desdernièresannées.

La compagnie minière de titane debase dans Maumba, Kwale, a payé109,565 de $, soit 9,9 millions de shil-lings kenyans des redevances au gou-vernement du Kenya. Confirmationdu versement au titre de l’exercicequi s’est achevé le 30 juin, par JoeSchwarz, directeur chargé des Af-faires extérieures. À noter que cesprécisions ont été apportées, suiteaux interrogations de sénateurs auprésident Uhuru Kenyatta, quant àla signature du projet de loi sur l’ex-ploitation minière. Ces membres dela Chambre haute soutiennent que leprésident de l’Assemblée nationalen’a pas consulté son homologue duSénat et que le projet de loi devraitassurer les comtés et les communau-tés, abritant des régions riches enminerais, une part du produit del’exploitation minière.

Les maigres royal-ties de Maumba auKenya

Le Sommet africain de l’énergie ou Po-wering Africa Summit vient de se tenirle 20 novembre dernier à Addis-Abeba,capitale de l’Éthiopie et siège del’union africaine. Plateforme annuellepour les développeurs d’infrastruc-tures, partisans, leaders de l’industrie,mais aussi des représentants de gou-vernement, des partenaires interna-tionaux de l’énergie, le Sommet leur apermis de se pencher sur l’améliora-tion du secteur de l’énergie et partagerdes expériences sur les meilleures pra-tiques. Confirmation d’Alemayehu Te-genu, ministre éthiopien de l’Eau,d’irrigation et de l’énergie, et son ho-mologue des Affaires étrangères, Da-wano Kedir, ont honoré de leurprésence l’ouverture du symposium,aux côtés du PDG de Black Rhino,Brian Herlihy, et d’autres entrepriseset organismes, notamment les repré-sentants Reykjavik géothermique,l’OPIC, la Banque de développementde l’Afrique australe, Goldwind Inter-national Holdings et de l’Usaid.

Sommet africainsur l’énergie àAddis-Abeba

ENTREPRISES ET MARCHÉS

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L’Égypte ambitionne d’attirer 12 millionsde touristes, d’ici à fin 2014EN dépit des problèmes sécuritaires récurrentsdans certaines régions égyptiennes, legouvernement continue de miser sur le secteurtouristique. D’ici la fin de l’année, l’objectif etd’atteindre 12 millions de touristes.

Majdi Salim, directeur deplanification au ministèredu Tourisme égyptien, a

annoncé que le nombre de touristesqui accéderont au territoire égyp-tien atteindra, d’ici à la fin de l’an-née en cours, 12 millions depersonnes. Rappelant que le conseilministériel vient d’approuver la ré-servation d’une enveloppe de 40millions de dollars pour la promo-tion de la destination Égypte.En parallèle, ajoute-t-il, l’Égyptetable sur l’accroissement du nombrede touristes locaux, afin qu’il at-teigne 40% du nombre total de tou-ristes dans les prochaines années.Partant, le département du tou-risme a mis en place une stratégiepour l’impulsion du tourisme inté-rieur, en lançant la campagne«l’Égypte dans nos cœurs», qui

consiste à présenter des offres pro-motionnelles aux citoyens durantles périodes de vacances. «Le nombre de touristes égyptiens,qui ont afflué sur les stations du suddu Sinaï et la mer Rouge, durant lapériode allant de juillet au début dumois de novembre courant, repré-sente près de 38% des arrivées surces sites touristiques», a encore notéM. Salim.Le secteur du tourisme en Égypte,qui compte environ 210 000 cham-bres d’hôtel, a enregistré des chiffresrecord en 2010 avec l’entrée de 14,7millions de touristes, drainant desrecettes dépassant plus de 12,5 mil-liards de dollars. Durant les années2000, le tourisme avait enregistré untaux de croissance annuel avoisi-nant les 15%.

Anas Amine

Ramener desvisiteurs autourdes Pyramides

La campagne«l’Égypte dansnos cœurs».

Dr Akinwumi Adesina, ministre del’Agriculture et du développementrural, a réitéré l’engagement dugouvernement fédéral de révolu-tionner l’agriculture. Profitant del’ouverture d’une foire agricole, or-ganisée par Agrainnovate à Lagos,il a énuméré les stratégies que leministère avait adoptées pour re-lancer l’agriculture. Le ministre detutelle a notamment insisté surl’engagement du gouvernement fé-déral pour développer un secteuren charge de l’alimentation enAfrique, où les femmes ont un im-portant rôle à jouer.

Le Nigéria veutrévolutionner sonagriculture

International Coal Ventures Ltd(ICVL), compagnie étatique del’Inde, a récemment annoncé que lapremière cargaison de charbon, pro-venant de sa concession dans le cen-tre du Mozambique, est en route versl’Inde. Confirmation de CS Verma,président d’ICVL, qui a soutenu, aumoment où nous mettions souspresse, que la cargaison de charbonarrivera à bon port dans 4 ou 5 jours.Il a ajouté que ce charbon devra êtreutilisé par la Steel Authority of India.Pour rappel, ICVL a acquis au moisd’octobre 3 concessions au Mozam-bique de la société anglo-austra-lienne Rio Tinto, notamment via uneparticipation de 65% de Benga dansla mine de charbon à ciel ouvert, etles projets du Zambèze et de Tete-Orient, tous dans la province de Tete.Parmi ceux-ci, seule Benga est enproduction. Il s’agit d’une exploita-tion minière d’une capacité de pro-duction de 5 millions de tonnes decharbon par an. Toutefois, la sociétéenvisage d’accroître la productionpour la porter à 12 millions detonnes par an. À noter, un importantpotentiel pour l’extraction de mé-thane de houille sur les sites.

Première expéditionde charbon mozam-bicain vers l’Inde

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TUNISIEUne croissance du PIB en deçà de 2,5%Le conseil d’administration de la Banque centrale deTunisie (BCT) a estimé que la croissance attendue en2014 en Tunisie sera «moins de 2,5%», et il est prévuqu’elle s’établira à 3% pour l’année 2015.

T ous les observateurs sont ano-nymes à dire que la réussite dela transition démocratique de

la Tunisie ne peut être accomplie endehors d’une véritable relance éco-nomique. Ainsi, la BCT a dressé unbilan de la situation, afin d’éclaircir lasituation économique, au prochaingouvernement.La BCT a fait savoir que ces prévi-sions préliminaires de la croissanceéconomique ont été établies sur labase principalement de la haussede la valeur ajoutée du secteur agri-cole (8%) et des industries manu-facturières (3,8%), ainsi que lareprise prévue dans les industriesnon manufacturières (2,3%) suitesurtout à l’amélioration de la pro-duction des hydrocarbures (1,5%)après le repli enregistré durant lesdernières années. Par ailleurs, le conseil a exprimé soninquiétude quant à la persistance dela vulnérabilité de la situation du sec-teur extérieur, surtout avec la pour-suite de l’élargissement du déficitcourant, dont le financement est de-

venu tributaire, principalement del’endettement extérieur face au replides investissements directs étrangers.En fait, le conseil a relevé la poursuitede l’élargissement du déficit courantpour atteindre 5,843 millions de di-nars (MD), soit 7,1% du PIB, aucours des neuf premiers mois de2014, contre 5,6% pour la même pé-riode de l’an passé, et ce, sous l’effetdu creusement continu du déficitcommercial (+20,6%) qui a dépassé10 milliards de dinars, en rapportavec la quasi-stagnation des exporta-tions (+0,1%) contre une accéléra-tion du rythme des importations(+6,2%). En outre, le conseil a signalé que l’ag-gravation du déficit commercial de-meure imputable à l’élargissementdes déficits de la balance énergétiqueet alimentaire (2,8 et 1,2 milliards dedinars respectivement) qui constitueplus de 82% de l’aggravation du défi-cit commercial total. «Globalement, le financement de cedéficit a été assuré grâce à l’accrois-sement des entrées nettes de capi-

Quand le touristese fait rareà Hammamet

Repli desinvestisse-ments directsétrangers.

Avec plus de 400 exposants et plusde 15 000 visiteurs professionnels,l’Afrique du Sud, qui disposed’une industrie aéronautique degrande qualité, a réussi son Saloninternational. Cette édition a,comme à l’accoutumée, permis àla manifestation qui se dérouletous les deux ans de réunir legotha du secteur et de présenterles dernières innovations en lamatière. Parmi les participants lo-caux, South African Airways Tech-nical, plus grand centre demaintenance du continent, avecun effectif de 1 300 agents et uneclientèle de 40 compagnies, ainsique deux autres acteurs majeursdu secteur en Afrique du Sud, à sa-voir Denel, plus grand fabricantd’équipements de défense dans lepays et Aerosud, impliqué dans lesprojets d’ingénierie de l’aviationcivile et militaire.

Franc succès duSalon de l’aéronau-tique et de la défensed’Afrique du Sud

À l’occasion de sa présentation decondoléances, suite au décès dunationaliste angolais Afonso Van-Dunem, alias «Mbinda», à l’âgede 73 ans, ex-secrétaire du Bu-reau politique du Comité centraldu MPLA, parti au pouvoir enAngola, Rosa Cruz e Silva, minis-tre angolaise de la Culture, a sou-ligné samedi, à Luanda, son rôledans la préservation et la diffu-sion de l’identité culturelle ango-laise. Elle a lors magnifié lesactions menées par la FondationSagrada Esperança, dont il étaitle président du conseil d’admi-nistration. La ministre de la Cul-ture, qui n’a pas tari d’éloges surlui, a ajouté que le nationaliste«Mbinda» était un homme re-connu d’une valeur politique na-tionale et internationale.

De la préservationde la cultureangolaise

POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE

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taux extérieurs sous forme de cré-dits, ce qui a permis de maintenir lesavoirs nets en devises à un niveau sa-tisfaisant, soit 13 089 MD ou l’équi-valent de 114 jours d’importation,au 28 octobre 2014, contre 103 joursà la même date de 2013», a expliquéla BCT.

Bonne tenue du secteurindustrielToutefois, l’institution financière afait état d’une évolution positive del’activité du secteur industriel, aucours des mois d’août et septembrede l’année 2014, ce qui pourrait au-gurer d’une reprise dans ce secteur aucours des prochains mois, et d’unemeilleure maîtrise de l’inflation, la-quelle a enregistré la baisse de sonrythme pour le deuxième moisconsécutif, avec un taux de 5,6% englissement annuel au mois de sep-tembre 2014 contre 5,8% le moisprécédent. Concernant l’activité du secteurbancaire, le conseil a enregistré l’af-fermissement de l’encours des dé-pôts, durant les neuf premiers moisde l’année en cours (augmentationde 6,5% contre 5,1% un an plus tôt)ayant touché en particulier les dé-pôts à vue et les comptes à terme.Les concours à l’économie ont éga-lement progressé, au cours de lamême période, de 7,6% contre

5,2% en 2013, en relation avec la re-prise des crédits à court terme et laconsolidation du rythme des créditsà moyen et long termes.Au niveau prudentiel, la Banque cen-trale compte procéder, prochaine-ment, à la refonte du ratio deliquidité conformément aux normesinternationales en la matière.Sur le plan monétaire, le conseil aconstaté de nouveau l’accroisse-ment des besoins des banques enliquidité, en octobre après la baisseenregistrée durant trois moisconsécutifs, ce qui a engendré uneaugmentation du volume de refi-nancement qui s’est établi à 5 166MDT en moyenne quotidienne,jusqu’au 28 du mois, contre 4 626MDT en septembre dernier. Parconséquent, le taux d’intérêtmoyen sur le marché monétaire aenregistré une certaine hausse pouratteindre 4,94%, au cours de lamême période, contre 4,92% lemois précédent.Au niveau des taux de change, leconseil a enregistré la stabilité de lavaleur du dinar par rapport au dollar(+0,1%) durant le mois d’octobrecourant, pour se situer à 1,8035 dinar,à la date du 27 du mois, ainsi que vis-à-vis de l’euro (-0,5%) qui a clôturéau niveau de 2,2886 dinars, à lamême date.

Anas Amine, Tunis

Au niveauprudentiel, laBanquecentralecompteprocéder,prochaine-ment, à larefonte duratio deliquidité.

Banque centralede Tunisie

Le premier Workshop sur la «Ges-tion coordonnée des frontières» aété organisé par le Service nationaldes Douanes (SNA), mercredi 19novembre à Luanda. Un Atelier quivisait à transmettre les objectifs dela gestion coordonnée, le rôle et laresponsabilité des différentes ins-titutions qui s’occupent des fron-tières, les méthodes d’actionsconjointes, ainsi que les opérationsréalisées avec les pays voisins, ontnoté des responsables du ministèreangolais des Finances. Ces derniersont soutenu qu’en dépit des diversservices dans les frontières commeservices de police, de migration, dedouanes… les institutions encharge de la gestion des frontièrespossèdent des bases de travail dif-férentes, pouvant constituer unedispersion d’efforts et devenir desbarrières pour le commerce, d’oùla nécessité d’une coordination desactivités frontalières...

Organisation du 1er

Colloque sur la ges-tion des frontières parla douane angolaise

Selon des sources sécuritaires et mé-dicales, au moins 10 personnes, dontdes femmes et des enfants, ont ététuées mardi dernier, près de la villefrontalière égyptienne de Rafah, dansle Sinaï. Si des témoins ont fait étatd’un tir de roquette, sur une maison,d’autres ont nuancé cette hypothèse,évoquant le tir d’un missile tiré par undes hélicoptères de l’armée, qui mènede façon répétée des frappes aériennescontre les insurgés islamistes dans lapéninsule. Pour rappel, le nord de lapéninsule désertique du Sinaï, fronta-lière avec Israël et la bande de Gaza, estle théâtre d’attentats meurtriers quasiquotidiens, visant la police et l’armée,laquelle réplique depuis un an par unevaste offensive, assurant tuer et captu-rer chaque jour des dizaines de «ter-roristes».

Égypte : Attentatmeurtrier dans leSinaï

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46 Les Afriques . 27 novembre 2014

OMD Les Pays d’Afrique centraleen ballottage défavorable L’évaluation des Objectifs du millénaire pour le déve-loppement (OMD), qui sera faite en 2015, présage d’unbilan mitigé, pour ne pas dire d’un échec des politiquesde développement au sein de la Communauté écono-mique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac).

Dans moins de deux mois,l’on sera en 2015, l’année re-tenue par les Nations unies

pour faire le point sur les Objectifsdu millénaire pour le développe-ment (OMD) adoptés par 189 paysle 8 septembre 2000. Malgréd’énormes potentialités naturelles,dont disposent les Etats de la sous-région, quasiment tous producteursde pétrole, et en dépit de quelquesavancées dans les secteurs de l’édu-cation, de la santé et de la préserva-tion de l’environnement, c’est àpeine que chaque pays atteint l’undes huit OMD déclamés. Consé-quence, la réduction de l’extrêmepauvreté reste un leurre, tant on a lesentiment que la pauvreté est plutôtrampante. En tout état de cause, lerapport des Nations unies, publié en2014, relève quelques avancées danscertaines régions du monde. Toute-fois, il se montre pessimiste pour les

pays africains en général, et notam-ment ceux de la zone Cemac quicontinuent de figurer en bas del’échelle.

CamerounA quelques semaines de l’échéance,le Cameroun ne fait pas partie desbons élèves et ce ne sont pas les dixpoints glanés, lors du dernier classe-ment du Doing Business, le baro-mètre de la Banque mondiale quiévalue annuellement l’environne-ment des affaires, passant de168ème place en 2014 à 158ème en2015, qui changerait la donne. Lesrésultats attendus pourraient dureste être plus décevants qu’on ne lepense, car ce pays qui représenteplus de 40% du PIB de la Cemac de-vrait se contenter de valider à peineun seul OMD sur les huit en lice. Enattendant ce qu’il convient d’appe-ler la publication des résultats, «le

Des améliorationsattendues

Encore desefforts àréaliser dansles pays de lazone Cemac.

Les coupeurs de route ont de nou-veau frappé. Dans la région du Ham-bole, plus précisément sur le tronçonKatiola-Niakara (Côte d’Ivoire), unedizaine de malfrats armés de mitrail-leuses Kalachnikov et autres armes demain ont récemment lancé une séried’attaques sur plusieurs véhiculesentre Niakara et la localité de Wéré-guekaha. Un phénomène récurrentsur cette voie menant au BurkinaFaso, ont déploré plusieurs témoins.Généralement cagoulés, ces banditsde grand chemin s’évanouissent dansla nature, tirant en l’air et sur les vé-hicules de leurs victimes, une fois leurforfait réalisé. Des sources sûresavancent même que la voiture d’unhaut fonctionnaire, en l’occurrenceun préfet, a été attaquée sur ce mêmeaxe dernièrement.

Des coupeurs deroute dépouillentdes gendarmes surl’axe Katiola-Niakara

Depuis son retour à Madagascar,après plusieurs années d’exil enAfrique du Sud, Marc Ravaloma-nana, ex-président malgache, rentréclandestinement à la mi-octobre, esttoujours en résidence surveillée,dans le nord du pays, plus précisé-ment à Diégo-Suarez. Les autoritésactuelles ne pipent mot sur lesconditions de sa détention. Au coursd’une récente mission de la SADC(Communauté des États d’Afriqueaustrale), David Mahlobo, ministresud-africain de la Sécurité d’État,qui a dirigé la déclaration, a précisé: «Nous ne sommes venus ici pourdemander la libération de per-sonne». Ce qui est sûr, c’est que lamission de 3 jours dans la GrandeIle a permis à ses membres de ren-contrer l’ex-chef de l’État et le prési-dent Hery Rajaonarimampianina etque tous les deux ont manifesté l’en-gagement d’aller vers la réconcilia-tion et de travailler ensemble.

Ravalomanana, tou-jours en résidence sur-veillée à Madagascar

POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE

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Berceau de nos ancêtres» n’aurait dechance que sur le deuxième objec-tif, celui d’assurer l’éducation pri-maire pour tous. Encore même à ceniveau, les résultats engrangés, bienqu’encourageants, sont loin de met-tre tout le monde d’accord. Sur labase des chiffres disponibles, le tauxde scolarisation au primaire tourne-rait autour de 83%. En dehors de ça,le pays aligne une série de sous-moyennes dans les autres OMD, àl’instar de la pauvreté de plus enplus rampante, avec un taux qui sesitue à 40% contre 25% attendu il ya quinze ans. Et c’est tout naturelle-ment que lors de la 60ème Confé-rence de l’association desparlementaires du Commonwealth,le 6 octobre 2014 à Yaoundé, que lechef de l’État camerounais Paul Biyarelevait fort opportunément que«quinze ans après l’adoption de cesobjectifs, force est de reconnaîtremalheureusement qu’ils ne serontpas atteints en 2015 commeconvenu».

CentrafriqueS’il est vrai que la situation du paysn’était guère reluisante, avec uneéconomie balbutiante, il convientde relever que la crise sociopolitiqueet institutionnelle que connaît laCentrafrique, depuis trois ans, a

complètement plombé tout espoirde voir ce pays atteindre l’un desOMD. Le conflit fratricide qui a en-traîné la dégénérescence de l’Étatfait en sorte que la République cen-trafricaine figure au rang des paysles plus pauvres au monde. Dans cecontexte d’instabilité et de conflitoù les enfants ne vont pas à l’école,où l’accès aux soins de santé pri-maires reste un luxe pour la plupartdes habitants, où ce que le payscompte comme infrastructures a étévandalisé, peut-on dans ces condi-tions venir à bout de la pauvreté etde la faim alors que des études si-tuent l’insécurité alimentaire à plusde 70% des ménages, dont 30% eninsécurité alimentaire sévère? C’estdonc fort logiquement qu’il ne fau-dra pas s’attendre à ce que les choseschangent d’ici à 2015, même si le re-tour progressif à la paix avec le dé-ploiement des Casques bleusautorise qu’on garde espoir.

CongoCe pays fait certainement partie desgrosses déceptions dans la sous-ré-gion qui auront du mal à atteindreles OMD. Pourtant, les indicateursétaient plutôt favorables pour que leCongo atteigne au moins deux ob-jectifs. Entre autres, le second ob-jectif qui est d’assurer une

Force est dereconnaîtremalheureuse-ment qu’ils neseront pasatteints en2015 commeconvenu.

Equipements de lasanté, le maillonfaible

Les partis politiques du Nigériaont entamé la campagne électo-rale officielle, dimanche 15 no-vembre 2015, pour affronter leséchéances électorales de février2015. Le président en exercice,Goodluck Jonathan, candidat à sapropre succession, aura face à luiune opposition atomisée. Il resteque l’insécurité, notamment dansle nord du pays, avec une séried’attentats pour lesquels BokoHaram, secte islamiste, est pointédu doigt, fait partie des enjeuxmajeurs du scrutin. Pas plus tardque la semaine dernière, unefemme kamikaze s’est fait explo-ser dans un marché de téléphonesportables et produits électro-niques de la ville d’Azare.

Nigéria : Début de lacampagne électorale

Guy Scott, Zambien d’origine écos-saise, président par intérim de laZambie, a dévoilé lundi dernier,que la date du scrutin présidentielest fixée au 20 janvier 2015. Aprèsle décès du président Michael Sata,le 28 octobre à Londres, l’électionprésidentielle va donc se dérouler,conformément aux exigences de laConstitution, à savoir dans les 90jours suivant la vacance. À noteraussi qu’en raison d’une clause dela Constitution, exigeant que lescandidats aient leurs parents nésen Zambie, le président intéri-maire n’est pas éligible. Néan-moins, il a exprimé son espoir quela paix domine les élections debout en bout. Dans le camp de l’opposition, Ne-vers Mumba, dirigeant du princi-pal parti d’opposition, leMouvement pour une démocratiemultipartite (MMD), et HakaindeHichilema, dirigeant du secondplus grand parti d’opposition, leParti uni pour le développementnational (UPND), sortent du lot.

La présidentielleen Zambie pourle 20 janvier

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Les Objectifs du millénaire pour le développement 1) Réduire l’extrême pauvreté et la faim2) Assurer l’éducation primaire pour tous3) Promouvoir l’égalité des sexes4) Réduire la mortalité infantile 5) Améliorer la santé maternelle

6) Combattre le VIH/sida, le paludisme etd’autres maladies, et7) préserver l’environnement 8) Mettre en place un partenariat mondial.

Nations unies, la Guinée équatorialepourrait atteindre un seul objectif,celui d’assurer l’éducation pourtous au cycle primaire. Pendant quele pays enregistre un développe-ment prodigieux des infrastruc-tures, la population serait de plus enplus pauvre, créant une situationcontrastée que beaucoup auraientdu mal à accepter. Aussi curieux quecela puisse paraître, le premier ob-jectif sur cette échelle de huit se rap-portant à la réduction de l’extrêmepauvreté et de la faim serait le plusdifficile à atteindre. Un résultat, s’ilest confirmé, devrait sans interrogerle système de gouvernance, car on seserait attendu que le boom des in-frastructures ait une incidence surl’amélioration des conditions de viedes citoyens.

TchadA l’instar de la plupart des pays del’espace Cemac, il ne faudrait pass’attendre à un miracle pour voir leTchad atteindre les OMD, alors quel’année 2015 pointe déjà à l’horizon.Sur la base du rapport des Nationsunies, ce pays pourrait satisfaire lesconditions générales pour être éligi-ble au second objectif, assurer l’édu-cation primaire à ses concitoyens. Etpour cause, au cours des cinq der-nières années, le taux de scolarisa-tion au primaire est passé de 32% àplus de 90%. Toutes les choses dé-montrent des efforts faits dans cesens, alors que l’on note toujours untaux de mortalité élevé, et qu’onéprouve de réelles difficultés pourréduire l’extrême pauvreté et lafaim. Ici, également, la constructiondes infrastructures n’a pas encoreproduit un effet d’entraînement at-tendu.

Achille Mbog Pibasso, Douala

éducation pour tous à l’école pri-maire. Les chances du Congo se-raient plus grandes pour le sixièmeobjectif, celui de combattre leVIH/Sida, le paludisme et d’autresmaladies. Pour ce qui est du sida, letaux de prévalence à 2%, notam-ment chez les jeunes de 15 24 ans,pourrait être atteint. Tout comme leseptième objectif lié à la préserva-tion de l’environnement, en l’occur-rence, assurer 70% de l’espaceforestier national. Comme c’est lecas dans les autres pays d’Afriquecentrale, la réduction de l’extrêmepauvreté et de la faim est loin d’êtreassurée, la hausse du chômage en-traînant forcément l’augmentationde la pauvreté.

GabonDans une sous-région visiblementmal lotie, le Gabon fait office demeilleur élève dans la course pourl’atteinte des OMD en 2015. Selonde fiables informations, ce payspourrait d’ailleurs être le seuld’Afrique centrale à valider deuxobjectifs sur les huit. Il s’agit no-tamment du deuxième objectif quiconsiste à assurer une éducationprimaire à tous, avec un taux de sco-larisation de plus de 80%. En plus

de l’éducation, le Gabon se posi-tionne également pour le septièmeOMD se rapportant à la préserva-tion de l’environnement. Toutefois,la pauvreté continue de toucherplus de 30% de la population, ce quiest énorme pour un pays aux im-menses potentialités dont la rigueurdans la gestion aurait permis d’as-surer le bien-être commun à tousses habitants. Et c’est tout naturelle-ment que pour le Programme desNations unies pour le développe-ment (Pnud) «l’atteinte des OMDpar le Gabon reste globalement in-certaine à l’horizon 2015».

Guinée équatorialeC’est indubitablement la grosse dé-ception des pays d’Afrique centralequi n’attendront pas les OMD, in-dépendamment des ressources dis-ponibles. Selon le rapport 2014 des

Du soucide préserverl’environnement

POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE

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TUNISIELe taux d’inflation à 5,4% (INS)Le taux d’inflation a atteint 5,4%, durant le moisd’octobre 2014, en baisse pour le troisième moisconsécutif de 0,2 point, contre 5,6% en septembre,5,8% en août et 6% en juillet.

L’Institut national de la statis-tique (INS) a expliqué cettebaisse par la régression des

prix des groupes «alimentation etboissons» de 6,3% à 5,5% entre lesmois de septembre et d’octobre 2014.Toutefois, ce groupe a enregistré lahausse des prix des viandes de5,6%, des huiles alimentaires, de5,7%, des fruits et fruits secs de11,4%, des légumes de 4,7% et despoissons de 8,1%.L’inflation a touché également legroupe «habitat et énergie domes-tique» (+ 6,4%), et ce, en raison de lahausse des prix de l’électricité, du gazet de l’essence (+10,1%), des prix del’eau potable et de l’assainissement(+7,5%) et du renchérissement desprix de maintenance des logements(+ 5,2%) et des loyers (+4,7%).Les prix du groupe «meuble, équipe-ments et services domestiques» ontenregistré, de leur côté, une hausse de4,8% à cause de l’enchérissement desprix des ustensiles de 7,0%, des ri-deaux et tapis de 4,5% et de l’électro-ménager de 4,7%.En hausse également, le groupe «vê-tements et chaussures» (+7,1%), àcause de l’augmentation des prix des

chaussures (+7,7%), des vêtements(+6,8%) et ceux des tissus (+3,3%).Pour ce qui est de l’indice des prix à laconsommation familiale, il a pro-gressé de 0,6%, en octobre 2014 parrapport au mois de septembre de lamême année.Cette hausse est expliquée, selonl’INS, par l’accroissement de l’in-dice du groupe «produits alimen-taires et boissons» de 0,2%, encomparaison avec septembre 2014,en raison de la hausse des prix decertains produits alimentaires, no-tamment les fruits (+2,3%) et lesfruits secs (+0,6%) et la baisse desprix d’autres produits (œufs -9,8%et viandes blanches -3,4%).Idem pour l’indice du prix du groupe«restauration et hôtellerie» qui apoursuivi son évolution (+1,1%), enraison de la hausse des prix des res-taurants et cafés de 1,2% et des ser-vices de 0,5%.L’indice des prix du groupe «vête-ments et chaussures» a égalementaugmenté de 4,3%, étant donné la findes soldes. En fait, les prix des chaus-sures ont augmenté de 7,8% et les vê-tements, de 3,2%.

Anas Amine, Tunis

Allégementdu panierde la ménagère

L’indice desprix à laconsommationfamiliale aprogressé de0,6%, enoctobre 2014,par rapport aumois deseptembre.

L’Union européenne (UE) va re-prendre l’aide au développementversé au gouvernement du Zim-babwe, avec la levée de la plupartdes sanctions imposées depuis2002. D’après un document quinous est parvenu, l’UE va pouvoirs’engager dans un programmed’aide pluriannuel de 234 mil-lions d’euros pour soutenir lessecteurs de la santé, de l’agricul-ture, de la gouvernance, ainsi queles institutions. Le texte préciseaussi que les modalités de mise enœuvre du programme, qui couvrela période allant de 2014 à 2020,seront discutées à Harare. Pourmémoire, Bruxelles avait levél’embargo pesant sur le Zim-babwe. La plupart des sanctionsimposées en 2002 à ce pays étaientpour protester contre la violencepolitique et les atteintes auxdroits de l’homme dans ce pays…Déjà au mois de février, l’UE avaitmis fin à l’interdiction de visa etau gel des actifs visant huit per-sonnalités et une entreprise et dé-cidé de reprendre l’aide audéveloppement au 1er novembre.

Zimbabwe : Vers lalevée du blocus del’aide de l’UE

Il ressort d’un communiqué del’armée chinoise que 100 militaireset du personnel médical se sontrendus, la semaine dernière, auSoudan du Sud, pour une missionde maintien de la paix. Deux autrescontingents de Casques bleus de-vront les rejoindre les 23 et 27 no-vembre, précise le document. Entout, ils seront 331 Casques bleusdans ce pays pour une mission de 8mois. Entre autres tâches, ils vonts’activer dans la construction etl’entretien de routes, de ponts,d’aéroports et d’installations d’ap-provisionnement en eau et en élec-tricité, et la destruction d’armes etde munitions dans la ville de Wau,indique-t-on.

Casques bleus chi-nois au Sud-Soudan

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50 Les Afriques . 27 novembre 2014

EGYPTE La BERD lance une ligne de créditde 30 millions de dollars pour l’appui des PMELa Banque européenne pour la reconstruction et ledéveloppement a annoncé, mardi 4 novembre, lelancement d’une ligne de crédit de 30 millions dedollars, pour l’appui des petites entreprises et desmicroprojets en Égypte.

L a Banque européenne pour lareconstruction et le développe-ment (BERD) à la rescousse de

l’Egypte. Une rallonge financière de30 millions de dollars, pour l’appuides petites entreprises et des micro-projets vient d’y être annoncée.Accessible via la banque égyptienneAl Ahly, cette ligne de crédit se veutcomme une prolongation du pre-mier crédit, conclu entre la BERDet Al Ahly, en décembre 2013, d’unevaleur de 50 millions de dollars, etdont la finalité était de garantir lefinancement des projets privés.Le premier vice-président de laBERD, Phil Bennett, a estimé quecette action permettra de consoli-der les PME et d’impulser le sec-teur privé en Égypte, lequel se

présente comme l’un des piliers in-dispensables pour le développe-ment économique et la créationd’emplois.Faut-il noter que la BERD a inau-guré, mardi 4 novembre, son siègeen Égypte.A cette occasion, Bennet a indiquéque l’implantation d’un bureauBERD en Égypte assurera «l’accélé-ration des actions entreprises dansce pays et lui apporte le soutien né-cessaire afin de parvenir à mener àbien les réformes engagées».Toujours dans le cadre du finance-ment du secteur privé, la BERDœuvrera à renforcer les secteurs del’agroalimentaire, de l’énergie re-nouvelable...

Anas Amine

Le Caire, capitalede l’Egypte

Consolider lesPME etimpulser lesecteur privéen Égypte.

Afin de stimuler la croissance éco-nomique dans la province de Ouar-gla, de nouvelles lignes de cheminde fer seront construites incessam-ment. C’est du moins ce que vientde dévoiler Amar Ghoul, ministrealgérien des Transports. Au coursd’une visite de travail dans cettezone du Sud algérien, il a soutenuque les lignes de chemin de fer entreOuargla et Laghouat via Ghardaïa,qui reliera la région de Hassi Mes-saoud en Algérie, Touggourt etOuargla vers El Oued, Tébessa etSouk Arras avant d’atteindre lesports de Annaba, Skikda et Jijel, etune 3ème ligne entre Touggourt etOuargla vers Constantine, donne-ront une impulsion à la dynamiquedu développement économiquedans la région. Aussi, a-t-il défendu,un tel réseau ferroviaire va allégerla pression sur le réseau routier.

Le rail, pour lapromotion de laprovince de Ouarglaen Algérie

Interrogée par des députés au Parle-ment, Dzifa Attivor, ministre gha-néenne des Transports, vient dedévoiler que le gouvernement de sonpays a la volonté de nouer des parte-nariats dans le secteur privé, d’ici à lafin de l’année 2015, pour l’exécutionde la ligne de chemin de fer pour des-servir le port intérieur de Boankra,dans le cadre de l’Eastern RailwayProject. Pour ce responsable, il s’agitde fournir un système de transport etde logistique plus rapide et plus sûr,plus intégré et efficace pour le trans-port de marchandises, depuis le portde Tema qui se trouve dans la partienord du pays ainsi que les pays encla-vés limitrophes. La ministre desTransports s’est aussi exprimée rela-tivement à l’interférence du projet dela centrale nucléaire Nsawam-Adoa-gyiri, sur la ligne de chemin de ferAccra-Nsawam.

Ghana : Un PPPpour la relancedu rail

POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE

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Selon les résultats du dernier son-dage publié par le célèbre institutGallup sur la popularité des chefsd’État africains au sein des citoyensdes pays qu’ils dirigent, 64% despersonnes sondées ont déclaré ap-prouver l’action du président de laRépublique du Niger. Dans ce clas-sement, le président Issoufou Ma-hamadou arrive à la 7ème place sur26 chefs d’État classés en Afrique. Leprésident malien IBK reste le chefd’État le plus populaire, avec unecote de popularité de 86%, alors quele président congolais Joseph Kabilaest le moins populaire de la liste,avec 24%. L’Institut Gallup est uncabinet américain spécialisé dans letraitement et l’analyse des donnéespolitiques et le sondage d’opinion.

Ibrahim Souleymane

Le président Issou-fou dans le top 10 deschefs d’État africainsles plus populaires

Recep Tayyip Erdogan a réservé sapremière visite bilatérale officielle àl’étranger, en tant que président de laRépublique de Turquie, à l’Algérie. Àl’invitation du président algérien Ab-delaziz Bouteflika, il y a effectué unevisite les 19 et 20 novembre. Une vi-site qui s’inscrit dans le cadre du ren-forcement d’une coopérationcontinue dans tous les secteurs d’ac-tivité. Un communiqué de la prési-dence algérienne faisait effectivementétat de relations entre deux pays, liéspar un Traité d’amitié et de coopéra-tion signé en 2006. Au programme dela visite de travail du président turc,des réunions avec Bouteflika, chef del’État algérien, mais aussi des entre-tiens avec de hauts responsables algé-riens. À noter qu’un Foruméconomique d’hommes d’affaires al-géro-turcs s’est tenu en marge de lavisite et en présence du président Er-dogan et du Premier ministre algé-rien, Abdelmalek Sellal.

Algérie : Visite detravail du présidentErdogan

MARZOUKI «Ne pas voter pour le retourde l’ancien régime»«Ne pas voter pour le retour de l’ancien régime contrelequel la Révolution s’était faite» et «afin que le sangdes martyrs ne soit pas vain». Appel, lancé par leprésident provisoire de la République et candidat àl’élection présidentielle, Moncef Marzouki.

Face à des élections législativesremportées par le parti laïcNidaa Tounes, les candidats in-

dépendants pour les présidentiellesse sentent menacés par la concur-rence féroce présentée par Beji CaiedEssebsi, leader du parti vainqueur.Marzouki a rassuré les citoyens quesa présence au Palais de Carthagesera le garant des libertés et des va-leurs pour le triomphe desquels lesmartyrs s’étaient sacrifiés.Il a, par ailleurs, imputé la «margina-lisation» de la région aux politiquesdes gouvernements successifs sousl’ancien régime.Le candidat a saisi cette occasionpour multiplier les contacts avec leshabitants des différentes régions dugouvernorat, à savoir Mejez El Bab,Testour et Téboursouk, s’enquérantde leurs préoccupations et de leurcondition sociale.

La campagne électorale pour l’élec-tion présidentielle a démarré samedi1er novembre. 27 candidats ont étéretenus pour ce rendez-vous histo-rique, sur un total de 70 candidaturesavancées au départ.D’après l’Instance supérieure indé-pendante pour les élections (ISIE), lacampagne électorale devra se pour-suivre, en Tunisie, jusqu’au 21 no-vembre, puisque le silence électoralest prévu pour le 22 novembre et sepoursuivra toute la journée de vote(le 23 novembre), jusqu’à la ferme-ture du dernier bureau.Pour ce qui est de la campagne à lan-cer à l’étranger, elle devra se pour-suivre jusqu’au 19 novembre. Le 20du mois sera réservé au silence élec-toral, et les opérations de vote se dé-rouleront les 21, 22 et 23 novembrecourant.

A.A., Tunis

Moncef Marzouki,président tunisiende la transition etcandidat

Marzouki arassuré lescitoyens quesa présence auPalais deCarthage serale garant deslibertés et desvaleurs.

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RÉVOLTE AU BURKINA FASOVers un Printemps africain ?Au Burkina Faso, à part le premier président civil, Maurice Yaméogo, de l’ethnieMossi, qui représente 50% du peuple, tous les autres présidents qui lui ontsuccédé sont des militaires suite à des coups d’État. A la date du 30 octobre2014, tout bascule. Se dirige-t-on vers le retour du premier régime civil ?

Rappelons tout d’abord que leBurkina Faso «Pays deshommes intègres» est un

petit pays de l’Afrique de l’Ouestavec une superficie du 274 000 km2et une population de 17 millionsd’habitants, dont 50% ont moins de25 ans. C’est un pays enclavé en-touré du Mali, Niger, Bénin, Togo,Ghana et Côte d’Ivoire. C’est aussiun pays assez pauvre avec un re-venu par habitant de 670 $ et un in-dice de développement humain de0,343. Il a obtenu son indépen-dance de la France le 5 août 1960 àlaquelle il est resté très lié avec no-tamment le franc CFA commemonnaie. À part le premier prési-

dent civil, Maurice Yaméogo, del’ethnie Mossi, qui représente 50%du peuple, tous les autres présidentsqui lui ont succédé sont des mili-taires suite à des coups d’État. Ànoter que c’est le président Sankaraqui, le 4 août 1984, a débaptisé sonpays la Haute Volta pour le nom-mer Burkina Faso. Le capitaineBlaise Compaoré, lui-même del’ethnie Mossi, prend le pouvoir le15 octobre 1987 à la faveur d’uncoup d’État inaugurant une périodeappelée «Rectification». Les décennies 1990 et 2000 sous laprésidence de Blaise Compaoré ontconnu des violences policières, desmeurtres d’opposants, des émeutes

Soulèvements encascade pour direnon à Compaoré

Le projetd’amendementde la Cons-titution aentraîné larévolte.

POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE

et des grèves massives. La révoltequi a secoué le monde arabe en2011 a eu également une répercus-sion sur le Burkina Faso. Un amendement de la Constitutiondu Burkina Faso, voté pendant l’an-née 2000, a limité le nombre demandats présidentiels à deux man-dats quinquennaux. La loi n’étantpas rétroactive, Blaise Compaoré apu se représenter aux élections de2005 et 2010 qui lui ont permisd’accaparer le pouvoir pendant 27ans. En 2014, avec comme perspec-tive les élections présidentielles de2015, Blaise Compaoré tente defaire amender la Constitution pourpouvoir se représenter à nouveau.Dans un contexte d’économie,certes en croissance, mais non in-clusive, et une situation faisant faceà des troubles politiques et sociaux,l’initiative du président BlaiseCompaoré a entraîné la révolte.Alors que le projet d’amendementde la Constitution avait été an-noncé le 21 octobre 2014, le 28 oc-tobre à l’appel de l’opposition, unmillion de manifestants défilentplace de la Nation dans la capitaleOuagadougou. Les jours qui sui-vent sont ponctués de manifesta-tions et d’affrontements avec lesforces de l’ordre. Les syndicats ap-pellent à une grève générale le 29octobre. Le 30 octobre, les manifes-tants débordent les forces de l’ordreet incendient plusieurs édifices pu-blics, dont l’Hôtel de Ville, le siègedu parti au pouvoir, et une partiede l’Assemblée nationale. Ils enva-hissent également les bâtiments dela Radiodiffusion-Télévision, tandisque plusieurs maisons, voitures etun grand hôtel sont incendiés ousaccagés. Des manifestations ont

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également éclaté dans d’autresvilles, telles que Bobo Dioulasso etOuahigouya. Le chef de l’arméeburkinabé, le général HonoréTraoré, annonce l’instauration ducouvre-feu, l’état de siège et la dis-solution du gouvernement et del’Assemblée nationale.Le 31 octobre, Blaise Compaoré dé-missionne et est remplacé par le gé-néral Honoré Traoré quis’autoproclame chef d’Etat par in-térim. Dans la nuit du vendredi ausamedi 1er novembre, le lieutenant-colonel Isaac Zida, numéro 2 de lagarde présidentielle, s’autopro-clame lui aussi chef d’État et obtintle soutien du reste de l’armée. Lamédiation internationale tripartite,composée de l’ONU, l’Union afri-caine et la Cedeao, a évoqué la me-nace de sanctions si l’ordreconstitutionnel qui prévoit l’inté-rim du président du Parlementn’était pas respecté.Cette révolution du Burkina Fasoqui a fait une trentaine de morts etplus de 100 blessés n’est pas sansrappeler le Printemps arabe. Lesmotifs sont les mêmes : régimes au-toritaires, non-respect des libertés etdes droits de l’homme, accapare-ment des richesses par les diri-geants, répression des opposants,misère d’une grande partie de la po-

pulation et chômage élevé desjeunes. Comme pour le Printempsarabe, ce sont surtout les jeunes etla société civile qui ont réclamé àOuagadougou le changement de ré-gime. Certes l’opposition burkinabèa joué un rôle, mais elle est divisée etaucun leader n’émerge pour le mo-ment. Comme Ben Ali de Tunisie,Blaise Compaoré a fui en Côted’Ivoire pour préserver son intégritéphysique et celle de sa famille.Comme en Égypte, c’est l’arméeburkinabé qui a pris le pouvoir enpromettant de le rendre aux civilsdès que la situation sera plus calme. La révolte du Burkina Faso indiqueclairement que les peuplesd’Afrique, comme ceux du mondearabe, n’acceptent plus les dicta-tures et les régimes autoritaires quidurent trop longtemps. Ils récla-ment la démocratie, le respect deslibertés et des droits de l’homme,une meilleure répartition des ri-chesses et un développement éco-nomique inclusif. Peut-être que larévolution du Burkina Faso feratache d’huile dans d’autres pays enAfrique subsaharienne, comme larévolte de Tunisie en a fait de mêmedans le monde arabe.Jawad Kerdoudi, président de l’IMRI

(Institut marocain des relationsinternationales)

La révolte duBurkina Fasoindique que lespeuplesd’Afriquen’acceptentplus lesdictatures etles régimesautoritaires.

L’armée,en pompier

Pour la première fois, Djibouti a reçule secrétaire général des Nationsunies, Ban Ki-moon, mardi 28 octo-bre 2014. Pendant son séjour, le se-crétaire général a eu des entretiensavec le président Ismaïl Omar Guel-leh, le Premier ministre MohamedKamil Abdoulkader, et le présidentde l’Assemblée nationale, Idriss Ar-naoud Ali. À noter qu’au cours decette visite, qualifiée d’historique parles autorités djiboutiennes, le SG del’ONU comptait dans sa délégationde hauts fonctionnaires et des res-ponsables de l’Organisation des Na-tions unies, de la Banque africaine dedéveloppement, de Union africaine,de l’Union européenne et de l’IGAD.

Djibouti : Visitehistorique du SGde l’ONU

L’Organisation des Nations uniesentend intensifier ses efforts pourmaintenir l’épidémie Ebola et l’em-pêcher de se propager au Mali. Pource faire, l’ONU a décidé de travaillerà identifier toutes les chaînes detransmission et l’intensification descampagnes de mobilisation socialepour inclure un éventail d’acteurs,allant des chefs religieux auxconducteurs de camions, en passantpar les chauffeurs d’autobus… AuMali, le virus a été réintroduit lemois dernier. Mais après le décès dela jeune fille atteinte, le virus a été ju-gulé un temps. Mais l’Organisationmondiale de la santé (OMS) y a en-suite officiellement signalé un totalde 6 cas de fièvre Ebola, avec 5 décès.Au moment où nous mettions souspresse, quelque 554 contacts ont étéidentifiés et presque tous ont été pla-cés sous surveillance. Pour identifieret surveiller les contacts, et prévenirl’apparition de plus de cas, l’OMSaide actuellement le gouvernementdu Mali. Tarik Jasarevic, porte-pa-role de l’OMS, a justement soulignéque tous les cas contacts seront sur-veillés pendant 21 jours...

Mali : Efforts conju-gués pour luttercontre Ebola

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54 Les Afriques . 27 novembre 2014

Autriche

ARRÊT SUR IMAGE

Le 20 novembre 2014. Poignée de mainsentre Mohammad Javad Zarif, ministreiranien des Affaires étrangères (gauche)et le secrétaire d'Etat américain JohnKerry (droite) et Catherine Ashton(centre), ex-haute représentante de l'UEpour les affaires étrangères, en margedes négociations sur le nucléaire auPalais Coburg à Vienne...

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27 novembre 2014 Les Afriques . 55

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DOSSIER

56 Les Afriques . 27 novembre 2014

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«J’ étais très sincère, dès ledépart, mon but n’est pasde monter les escaliers,mais d’arrêter de s’engouf-frer davantage. Si j’arrive à

vous faire monter une marche, cela sera un mi-racle», avoue Mehdi Jomâa en marge de l’inter-view qu’il nous a accordée. Véritable homme deterrain, tel un entraîneur qui veille inlassable-ment sur ses joueurs, Mehdi Jomâa n’hésite pas àdire des vérités quand elles sont négatives et neménage aucun effort pour louer les positives. Op-timiste malgré son grand attachement au langagedes chiffres, il a assuré que la révolution du Jas-min n’était pas pour rien puisqu’elle commenceà porter ses fruits et offre aux Tunisiens la possi-bilité de servir la patrie. D’ailleurs, sur ce point,Jomâa est un exemple à suivre pas uniquementdans tout le continent africain. Égal à lui-même,il nous confie qu’il va tenir son engagement et seretirer de la scène politique tunisienne dès la no-mination d’un nouveau chef de gouvernement.

Pour lui, quel que soit le candidat gagnant desprésidentielles, son choix est catégorique, il vapasser le flambeau à quelqu’un d’autre. Il a hâtede retrouver sa vie de citoyen après avoir servi sapatrie et assuré «dans les meilleures conditionspossible la transition».Lui qui s’est volontairement éloigné des milieuxpolitiques est revenu pour répondre à l’appelde la nation. Après 20 ans de carrière dans unemultinationale à l’étranger, l’ingénieur re-trouve Carthage. À cheval entre l’économie etla politique, Mehdi Jomâa a établi un diagnos-tic de l’économie de son pays quelques se-maines seulement après sa nomination. Il n’apas hésité à décrire la situation économique dela Tunisie qui a consommé plus qu’elle n’a in-vesti les trois dernières années. Pour lui, la re-lance ne tardera pas à venir et les signes de lacrise ne sont pas trop inquiétants puisque la Tu-nisie réalise une croissance de 2 à 3% malgréune conjoncture défavorable.

Sanae Taleb

Mehdi Jomâa,le pragmatiqueChef du gouvernement tunisien, Mehdi Jomâa dittenir son engagement de quitter son poste aprèsavoir assuré la transition. Portrait d’un hommepolitique qui veut donner l’exemple.

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L es Afriques : Vous êtes au Maroc pour une vi-site de travail au cours de laquelle vous avezrencontré, entre autres, le chef du gouverne-

ment Abdelilah Benkirane et le président du parle-ment Rachid Talbi Alami. Quels ont été les sujetsdiscutés avec les responsables marocains ?Mehdi Jomâa : L’objectif de ma visite au Maroc estd’entretenir des relations qui sont historiques et quisont très importantes pour nos deux pays. Faut-ilrappeler qu’une semaine après mon investiture,j’étais au Maroc, car je sais le poids des liens entreRabat et Tunis. En effet, cette visite s’inscrit dans lecadre du suivi des accords qu’on avait lancés et pourplus de concertation sur différents volets de la coo-pération entre le Maroc et la Tunisie. Entre autres, levolet politique, sécuritaire et économique. Par ail-leurs, ma visite au Maroc est une occasion d’échan-ger avec mes homologues marocains sur la situationdans la région et les défis auxquels nous faisons face.Parallèlement, il s’agit pour moi d’une occasionpour effectuer des visites de terrain, puisque j’étaisà la zone Tanger Med, qui est une très belle réalisa-tion de mon point de vue et dont on peut être fier.

LA : Pouvez-vous nous donner plus de détails surles sujets politiques et sécuritaires discutés avec lesresponsables marocains ?M.J. : Nous travaillons de concert avec le Maroc surdes sujets sécuritaires comme la question des com-battants maghrébins qui vont à l’étranger et lespropositions disponibles pour gérer cette problé-matique. Il existe pour le moment plusieurs me-naces qui pèsent sur notre sécurité, telles quel’insécurité en Libye qui risque de devenir un réelpéril pour la région. Ainsi, on a discuté d’éventuelsmoyens pour aider nos frères libyens et les pousservers le dialogue pour faire valoir le langage de laraison plutôt que celui des armes.

LA : Est-ce que vous sous-entendez, quelque part,le déploiement de forces pour aider au retour de lastabilité en Libye ?

M.J. : Absolument pas. Ce n’est pas notre position.

LA : Mais, finalement, l’insécurité en Libye menacela sécurité en Tunisie et le dossier sécuritaire estimportant pour vous d’autant plus que le Maroc aune expérience en matière de maintien de paixdans plusieurs zones de conflit en Afrique ?M.J. : Non, il n’est pas question de permettre uneintervention étrangère en Libye. Nous ne sommespas pour une intervention militaire qui ne peut ja-mais donner de résultats. Nous sommes pour l’in-tégrité territoriale de la Libye, et non pourl’interférence et l’ingérence dans les affaires li-byennes. Nous encourageons avec l’ensemble despays amis qui ont de l’expérience et qui sont concer-nés en plus des Nations unies et son envoyé spécialpour essayer d’établir un cessez-le-feu assez rapide-ment et de convaincre tous les protagonistes à s’as-seoir autour de la table des négociations. Dans cesens, l’expérience tunisienne peut être inspiratrice.Quand on passe par une crise, il n’y a que les négo-ciations qui l’emportent. Donc, chacun agit de samanière, pas pour intervenir directement, maispour pousser à plus de dialogue et à trouver unconsensus et sauver ce pays. Il faut garder à l’espritque dans l’équation, c’est les citoyens libyens, deshommes et des femmes, qui souffrent.

LA : Il faut dire qu’avec l’instabilité en Libye et leconflit Maroc-Algérie, le vieux rêve de l’Union duMaghreb arabe devient de plus en plus chimé-rique. Quelles sont vos initiatives pour enlever lesbarrières qui entravent cette union ?M.J. : Les unions, partout dans le monde, ne se sontpas faites du jour au lendemain. Le parcours pourparvenir à une union n’est pas semé de fleurs. Noussommes conscients de la proximité des peuples de larégion. En ce qui concerne la Tunisie, nous avonsd’excellents rapports avec tous les pays du Maghreb.J’estime que les actions qu’on est en train de menerquand il s’agit de menace extérieure ou de menacecommune, mais aussi nos négociations pour le déve-

J’étais à la zoneTanger Med, quiest une très belleréalisation demon point de vue.

DOSSIER

Mehdi Jomâa, mission accomplieInterview Mehdi Jomâa, chef du gouvernement tunisien

Chose dite chose faite. Mehdi Jomâa a tenu son engagement dedébut de mandat. Il refuse de se présenter aux électionsprésidentielles alors qu’il est grand favori. Le chef dugouvernement tunisien nous livre, en exclusivité, sa décision deretourner à la vie normale après un service rendu à sa patrie.

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loppement des affaires entre nos pays font partie decette construction. Nous sommes en train de créerune dynamique qui va nous faire avancer. Avant, unchef d’État tunisien ne venait pas en deux/trois foisen 10 mois au Maroc, par exemple. Les choses pro-gressent. Au fait, il faut sortir de cette conception.Une union ne se fait pas par des accords, cela seconstruit dans le temps. Nous avons un héritage quinous permet d’être confiants dans l’avenir.

LA : Fort d’une bonne confiance des Tunisiens etd’une crédibilité incomparable auprès de la com-munauté internationale, vous avez refusé devous porter candidat aux présidentielles du 23novembre. Quelles sont les raisons derrière cettedécision ?M.J. : Tout simplement, quand je suis arrivé, j’ai prisl’engagement de mener le pays, dans sa dernièrephase de transition, à des élections libres et transpa-rentes, et de garder une position de neutralité. Cecid’un côté, d’un autre, je me suis engagé – un engage-ment moral – à ne pas me présenter aux électionsprésidentielles.

LA : Vous avez tranché dès le départ ? M.J. : Dès le départ. Nous sommes en train deconstruire une démocratie, disant un nouveau sys-

tème politique. Nous sommes en train de l’accomplirà un moment post-révolution et suite à une profu-sion de promesses non tenues de la classe politiquetunisienne. Dans un contexte de vastes déceptions etau milieu d’une crise de confiance. Nous ne pouvonspas créer une démocratie sans la placer sur un soclemoral. C’est important de donner à la politique unecertaine moralité pour continuer à mobiliser le peu-ple. Je pense que j’aurai gagné la présidentielle, maisles fondements de l’État vont perdre.

LA : Est-ce un sacrifice de votre part ?M.J. : Il faut savoir s’arrêter. Il faut être clair avec soi.Je ne suis pas venu pour faire une carrière politique,je suis venu pour réussir une mission et mettre lepays sur les rails. Je tiens mes engagements et je restefidèle aux Tunisiens qui me font confiance.

LA : L’histoire de la Tunisie retiendra, certes, queMehdi Jomâa a été un chef de gouvernement tech-nocrate qui a su apaiser les esprits dans une pé-riode d’instabilité post-révolution. Quel bilanfaites-vous de cette année aux commandes ?M.J. : Pour partir du cliché du départ, il faut direque la Tunisie avait passé trois années très dures detiraillements et d’instabilité. On était au bord, àchaque fois, du basculement de la situation. VousMehdi Jomâa

Nous ne pouvonspas créer unedémocratie sansla placer sur unsocle moral.

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savez qu’il y a eu des assassinats politiques, un arrêtcomplet du pouvoir exécutif, la montée en puis-sance du terrorisme, un débordement social. Enplus, la communauté internationale ne regardaitplus avec autant d’attention le printemps arabe et laTunisie qui était à l’origine de ce mouvement. Il fal-lait apaiser, sécuriser, chose que nous avons essayéde faire. Politiquement, avec les élections législa-tives du 26 octobre, nous avons réussi à calmer lestensions pour mener le scrutin avec autant d’orga-nisation, d’objectivité et de transparence. Nousavons choisi le dialogue et l’inclusion de l’ensembledes partis politiques tout en gardant une grandeneutralité. Sur ce point, je peux dire que nous avonsréussi à assurer la neutralité de l’État vis-à-vis desdifférents courants politiques. Nous avons, en pa-rallèle, cherché à bannir toutes les formes de vio-lence et nous avons surtout travaillé sur la questionsécuritaire. Nous avons rendu au peuple sa sécu-rité. On a réconcilié l’ensemble du dispositif sécu-ritaire avec la société civile alors qu’il était perçuavant comme un outil de pression. On a redonnéconfiance. Nous avons remis entre les mains dupeuple ce pouvoir. Désormais, l’armée est perçuecomme un outil de protection et non de pression.Par ailleurs, nous avons attaqué d’une manière trèsfrontale le terrorisme. Nous avons réussi à gagnerface à cette menace et protéger nos frontières et,puis, on a choisi de s’attaquer aux problèmes éco-nomiques. Nous avons décidé de commencer lesréformes, même si on a une courte période pouragir. Ces quelques réformes entamées donneront

leurs fruits dans les quelques années à venir. Noussommes, et pour la première fois, transparents avecl’ensemble des acteurs politiques, sociaux et éco-nomiques sur le réel état de leur pays. Nous avonsjoué la franchise, le partage et la transparence, avecune grande mobilisation. On n’a pas donné de pro-messes, on a demandé aux gens de se remettre autravail. Il s’agit d’une rupture avec le passé, unchoix que j’ai fait.

LA : Il semble que l’économie est moinsimportante ?M.J. : Je ne dis pas que ce n’est pas important, maisvous ne pouvez pas investir, vous ne pouvez pasconstruire une économie quand vous avez un pro-blème sécuritaire. Donc, il existe un ordre à l’action.Nous avons fait dès le départ un diagnostic et on apriorisé le dossier sécuritaire. Tous les problèmessont importants, mais il faut savoir par lequel ondoit commencer. L’économie tunisienne a souffertde l’instabilité et du manque de croissance en Eu-rope et de ce qui se passe en Libye. Malgré cela,notre économie est restée debout. On fait 2 à 3% decroissance et c’est une performance par rapport aucontexte. Or, cela ne suffit pas pour régler les pro-blèmes pour lesquels les jeunes Tunisiens ont faitleur révolution. Si j’essaye de résumer l’état des lieuxavant mon mandat, je dirai qu’il y avait une absencetotale de planification. On a pris à notre compted’avoir une vision claire et un plan d’action. Lorsdu forum «Investir en Tunisie : start-up démocra-tie», on a présenté la vision de la Tunisie sur 20 ans,

Au cours d’une entrevue avecle Roi Mohammed VI du Maroc

Nous avons remisentre les mainsdu peuple cepouvoir.

DOSSIER

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les secteurs prioritaires, comment on va s’y prendre,un projet de société après l’économie, il faut deuxou trois années pour la relancer.

LA : Effectivement, vous avez reçu le 8 septembredernier une trentaine de hauts dirigeants et chefsd’État qui sont venus participer au forum interna-tional «Investir en Tunisie : start-up démocratie»,et vous avez déclaré, à l’époque, qu’il ne s’agit pasd’un rassemblement pour les donateurs, mais uneopportunité pour exposer les possibilités d’inves-tir en Tunisie. Quelles sont les mesures concrètesentreprises dans ce cadre ?M.J. : Les accords, les partenariats, c’est pour lescaméras. On a reçu 14 000 projets. Je suis pragma-tique, je viens d’un milieu où il faut être concret.Cette conférence était un retour de la Tunisie sur lascène internationale sur le plan économique.Donc, le but était de dire que nous disposonsd’une vision et qu’il faut restituer la confiance ennotre pays. Le 8 septembre, je ne voulais pas qu’onsigne des accords. Nous avons présenté les secteursprioritaires avec des projets pour illustrer. On adonné à tous nos interlocuteurs une image claire.D’ailleurs, même ceux qui sont venus avec des ac-cords à signer, j’ai refusé de les signer, car, au préa-lable, il y a des étapes par lesquelles il faut passer.L’enthousiasme ne suffit pas. Quand vousconstruisez une maison, vous ne commencez paspar le plafond.

LA : Justement, par quoi faut-il commencer ?M.J. : Restituer la confiance, donner un projet au pays,clarifier les détails et par la suite construire. Pour unprojet avant les maquettes, il faut une planification.

LA : Mais là, vous allez confier votre projet à unsuccesseur dont vous n’êtes pas sûr qu’il fasse leschoses comme il faut. Vous n’avez pas peur pourla Tunisie ?M.J. : Vous connaissez la course de relais, c’est la règlepour moi pour gagner. Chacun court le plus vite pos-sible et doit faire confiance à celui qui le succède.

LA : Mis à part la confiance, il faut être sûr que l’au-tre va assurer. N’est-ce pas ?M.J. : Moi, j’espère qu’il fera mieux pour quel’équipe gagne. Il faut casser cette logique et d’ail-leurs, je ne veux pas rester pour casser cette lo-gique. Aujourd’hui, on a choisi notre systèmepolitique qu’est la démocratie, et la démocratiec’est l’alternance des gouvernements et la conti-nuité de l’État. Moi, je ne travaille pas pour le gou-vernement, mais pour l’État.

LA : L’organisation des présidentielles est un mes-sage économique de la plus haute importance pourles investisseurs, qu’ils soient locaux ou étrangers.Mais n’est-il pas illusoire de croire que la relanceéconomique est garantie ?M.J. : L’économie est cyclique, on ne peut pas resterau creux de la vague tout le temps. On a commencéles réformes et on a relancé certains projets. On tra-vaille sur la simplification de l’administration, onest en train de travailler sur un système d’informa-tisation des secteurs de l’État. Ce sont des choses defond. L’équipe qui va succéder sera de différents ho-rizons et elle peut avoir des difficultés. Ce sont fi-nalement des femmes et des hommes. Mais je penseque la nature des défis et la prise de conscience quia été prise les trois dernières années sont capables

Avec Angela Merkel,Chancelière allemande

La démocratiec’est l’alternancedes gouverne-ments et lacontinuité del’État.

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de guider la classe politique pour trouver une cohé-rence. Autrement, la pression populaire est là. Nousavons mis le train sur la voie, c’est à elle de conduire.

LA : Parmi les scénarios possibles pour les électionsprésidentielles du 23 novembre, la réélection del’actuel chef d’État, Moncef Marzouki. Accepteriez-vous de recommencer l’expérience au cas où ce der-nier renouvelle sa confiance en vous ?M.J. : Quel que soit le président qui sera élu etquelle que soit la configuration politique, je ne seraipas le futur Premier ministre. Ma mission se ter-mine là et je dois passer le relais.

LA : Vous passez le relais le 15 janvier, c’est vrai ?M.J. : Non, je pense que c’est plus tard, peut-être finfévrier ou même jusqu’à mars.

LA : Quels sont alors vos projets de carrière,d’autant plus que vous êtes largement sollicité àl’international ?M.J. : Je reviendrai à une vie normale. Honnêtement,il y a des propositions.

LA : L’international vous tente ?M.J. : L’international me tente, je ne resterai pas enTunisie. Je vais travailler à l’international, en Europeou ailleurs, probablement, dans le groupe où j’ai faitma carrière avant. Maintenant, j’ai une expérienceadditionnelle.

LA : Si on vous demande de nous décrire MoncefMarzouki en quelques phrases, le chef d’État avecqui vous avez travaillé une année...M.J. : Je suis de nature à répondre directement àtoutes les questions et à dire non aussi. On est enpleine campagne électorale, le moindre commen-taire en faveur ou en défaveur d’un candidat seramal pris. J’ai un engagement de neutralité. Que lemeilleur pour la Tunisie gagne.

LA : De l’économie à la politique, vous incarnezavec délicatesse l’image d’un leader consensuel.Quel est le secret de cette sagesse du chef de gouver-nement Mehdi Jomâa ?M.J. : La politique, je l’ai connue dès mon jeune âge.Et j’ai décidé aussi de ne pas l’exercer, je comprendsle jeu, mais je ne voulais pas en faire mon métier.Cela ne m’empêche pas d’être passionné de poli-tique. J’ai opté pour un métier où l’on apprend às’améliorer tout le temps. Je suis dans la prépara-tion des stratégies dans le leadership tout en pré-servant mon héritage politique très fort et enrestant à l’écart, parce que je n’aime pas l’exercicepolitique politicien. La politique c’est un moyend’analyse et pas un outil pour arriver à ses ambi-tions. Je reste fidèle à moi-même et j’ai hâte de re-trouver ma vie de citoyen. Je ne suis pas frappé parle virus de la chaise du pouvoir.

Propos recueillis par Sanae Taleb, Rabat

En pleine discussionavec le président américain

Barack Obama

J’ai opté pour unmétier où l’onapprend às’améliorer toutle temps.

DOSSIER

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L es tractations sont allées très vite. Entresamedi et dimanche derniers, les Burki-nabés retenaient leur souffle et étaientdans l’attente de la délivrance de l’iden-tité de la personnalité civile devant sortir

de la short list des candidatures. Dans l’après-midide dimanche dernier, les différentes parties enga-gées dans les discussions de sortie de crise ont co-signé, au Palais du Peuple, la charte de la transition.Trois grosses pointures étaient en lice pour occu-per le fauteuil de président intérimaire de la tran-sition : le juriste Joséphine Ouedraogo, l’homme demédias, Chérif Moumina Sy et le diplomate MichelKafando. La journée fut longue pour les Burkinabéspressés de connaître le nom du successeur de l’an-cien président Blaise Compaoré. Le nouveau président désigné, Michel Kafando, di-plomate chevronné, réputé homme de principe, a

l’avantage d’être toujours distant de la sphère poli-tique du pays, de l’oligarchie et des sirènes du pou-voir. Ancien ambassadeur du Burkina aux Nationsunies, l’homme a été proposé par l’armée et unefrange importante de la société civile. Le lieute-nant-colonel Isaac Zida sort ainsi par la grandeporte, lui qui avait promis de transmettre le pou-voir aux civils dès dimanche après juste la signa-ture par les différentes parties de la charte detransition. L’Union africaine a salué le choix dunouveau président civil et s’est félicitée du respectdu chronogramme de sortie de crise politiquequ’elle avait proposée aux autorités militaires. Lesconsultations devraient être entamées lundi à Oua-gadougou pour choisir le Premier ministre et les 25membres du gouvernement.

Ismael Aidara,Envoyé Spécial à Ouagadougou

Burkina Faso Le diplomateMichel Kafando désignénouveau président intérimaireAprès 3 jours d’intenses tractations et 15 jours du départ forcé deBlaise Compaoré, les principales forces composantes du pays ontdésigné dimanche tard dans la nuit le nouveau président civil de latransition, Michel Kafando, diplomate chevronné et ancienambassadeur du Burkina aux Nations unies. La course était serrée.

FOCUS

Ancien ambas-sadeur duBurkina auxNations unies,l’homme a étéproposé parl’armée et unefrange impor-tante de lasociété civile.

Michel Kafando, nouveauprésident intérimaire

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FOCUS

Les choses sont allées très vite. Alors que lesBurkinabés spéculaient sur le profil despersonnalités civiles et militaires du gou-vernement post-régime Compaoré, leprésident de la transition, Michel Ka-

fando, a jeté son dévolu sur l’homme fort du pays,Yacouba Isaac Zida. L’annonce a été faite mercredi19 novembre à midi, heure locale. Le tout nouveausherpa du gouvernement de transition, qui a en-tamé les consultations, devait faire une déclarationà la presse. Cette nomination du lieutenant-colonelZida confirme de plus en plus les conjectures sur lasupposée forte proximité du haut commandementmilitaire au pouvoir, depuis la chute de l’ancien pré-

sident Blaise Compaoré d’avec le nouveau prési-dent intérimaire. «L’armée continue à garder lahaute main sur la gestion du pouvoir post- Com-paoré. Certains officiers veulent aussi participer à lagestion du pouvoir de transition», a commenté unesource pour Les Afriques. À Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, ici et là,on estime que l’armée était pressentie à occuper desmaroquins stratégiques, à savoir Primature, Dé-fense, Sécurité, Grands Travaux. En quelque sorte,c’est le deal souterrain, scellé entre l’establishmentmilitaire et le président de la transition. Du moins,c’est ce qu’on ergote dans les milieux bien informés.

I.A., envoyé spécial à Ouagadougou

Lieutenant-colonelIsaac Zida

Occuper desmaroquinsstratégiques.

Burkina Faso Le lieutenant-colonel Isaac Zida, nouveausherpa de la primatureLe président intérimaire nouvellement investi, Michel Kafando, anommé, mercredi 19 novembre à Ouagadougou, le lieutenant-colonel, Yacouba Isaac Zida, au poste de chef du gouvernement.Ce dernier devait entamer les consultations à la Primature pour laformation de 25 membres de l’attelage gouvernemental.

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L es Afriques : Au terme de dix jours de discus-sions en votre qualité de représentant spécialde l’Union africaine au Burkina avec les par-

ties composantes du processus de sortie de crise,peut-on qualifier votre mission de positive?

Edem Kodjo : C’est un bilan positif à plus d’un titre.Tout est allé très vite. En arrivant au Burkina, au len-demain de la crise, on ne savait pas que les choses ren-treraient dans l’ordre à cette vitesse, mais surtout avecun timing jouant à notre faveur. On ne connaissaitpas les autorités qui étaient arrivées au pouvoir aprèsl’insurrection populaire les 30 et 31 octobre 2014. Àl’issue de dix jours de travail intensif, méthodiqueavec des interlocuteurs crédibles (organisations de lasociété civile, opposition et autorités militaires), desprogrès s’accomplissaient au fur et à mesure et onsentait une volonté manifeste pour toutes les partiesd’aller de l’avant pour une sortie de crise consensuelle.En dépit des profils distincts de nos interlocuteursavec lesquels nous discutions, l’intention de faire sau-ter le verrou était plus que forte.

LA : Pour vous, c’était un pari difficile. Commentavez-vous trouvé le lieutenant-colonel YacoubaIsaac Zida ? E.K. : Une bonne question. Au début, on se disait quela mission serait tout sauf une promenade. C’était uneprouesse d’abord en tant que médiateur désigné avecles autres collègues mandatés par d’autres institutionsrespectives de pouvoir dialoguer, négocier dans lecalme, la sérénité, en s’accordant tous sur cette volontéde bien mener les choses pour l’intérêt du Burkina.J’avoue que j’ai eu beaucoup d’espoir quand les obs-tacles ont été levés, notamment sur les contours de lacharte de transition et du chronogramme de mise enplace des organes de transition. Maintenant, pour cequi est de l’homme, Isaac Zida, je l’ai trouvé pondéré,conciliant et même très connecté aux enjeux de la si-tuation. Cet homme a une capacité d’écoute et unelecture fine du contexte politique qui forcent l’estime.Il sait ce qu’il veut et où il va. Le lieutenant-colonel

Interview exclusive Edem Kodjo

«Le Zidagaten’a pas eu lieu...»En marge de la prestation de serment du nouveau président civil,Michel Kafando, le représentant spécial de l’Union africaine nous aaccordé cette interview. Edem Kodjo livre sa part de vérité sur lacrise au Burkina Faso. Sans langue de bois.

Edem Kodjo,représentant spécialde l’UA

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FOCUS

Zida sait écouter ses interlocuteurs et prend bonnenote des diverses réflexions, propositions et positionsqui lui sont faites. Le tout dans une humilité.

LA : Donc, le Zidagate n’a pas eu lieu comme leprédisaient certains ?

E.K. : Vous savez, à ce stade de crise après l’effondre-ment d’un système, les gesticulations ne manquentpas. Chacun peut spéculer sur les motivations des unset des autres. Mais ces autorités militaires qui ont géréle pouvoir afin d’éviter le pire lié au vide sécuritaireont respecté leur parole. Tout est allé vite. Le syn-drome Zida pour s’accrocher au pouvoir n’est pas unethèse qui tenait la route, compte tenu de l’évolutionrapide et volontariste de nos discussions.

LA : Un nouveau président civil, Michel Kafando, aété désigné le 17 novembre tard dans la nuit. Y a-t-il un deal en coulisses entre l’armée et des compo-santes de la table des discussions ? E.K. : Les discussions et les propositions de candidatsau poste de président intérimaire ont évolué toujoursdans le bon sens. 3 candidatures ont émergé du lot etétaient en compétition (Chérif Moumina Sy, José-phine Ouedraogo et Michel Kafando). Le choix a étéporté sur Michel Kafando. On ne peut pas parler dedeal. Nous n’avons pas eu d’échos sur ce point précis.

LA : Selon vous, le président intérimaire MichelKafando a-t-il le profil de l’emploi dans ce contextede crise ? E.K. : Oui ! Non seulement il a beaucoup travaillé àl’international en tant que diplomate chevronné,mais il a une forte et respectable carrière dans l’État.Il s’agit pour nous de cela, dans ce contexte précis decrise qui sévit au Burkina. C’est exactement le pro-fil de l’emploi que nous -instances régionales demédiation- souhaitions et voulions, surtout pour cetype de transition.

LA : L’armée vise des portefeuilles stratégiquesdans le futur gouvernement de transition (prima-ture, sécurité, défense, grands travaux), n’est-cepas une forte mainmise des militaires dans le pro-cessus de transition ? E.K. : Je n’ai pas eu connaissance de ces exigences. Àmon avis, si les ministères de la Défense et de la Sécu-rité intérieure leur échoient, cela est compréhensible.Pour le reste, j’attends de voir. Je crois que les mili-taires ont envie d’être présents, de superviser. Le paysa besoin des compétences des militaires. Ils ont descadres sérieux avec une expertise pointue dans desdomaines vitaux pour la marche du pays. Déjà, ils ontun quota de 25 membres au Parlement (CNT), inscritdans la charte de transition.

LA : Peut-on dire que l’Union africaine a atteintl’objectif de sa mission au Burkina ? E.K. : Notre objectif est d’arriver à organiser des élec-tions couplées (présidentielle et législative) transpa-rentes, démocratiques et libres dans un délaimaximum de 12 mois. Nous voulons un plein et strictrespect de la charte de transition. Notre mission seraatteinte une fois que toutes ces étapes se réaliserontvers fin 2015.

LA : Allez-vous contribuer au dégel des finance-ments bilatéraux et multilatéraux en faveur duBurkina ? E.K. : Le dossier est dans de bonnes dispositions.L’Union africaine n’a pas la vocation de mobiliser desfinancements comme les bailleurs de fonds classiques.Nous aviserons et contribuerons efficacement à ce queles aides budgétaires et autres sources de financementimportantes se rétablissent pour la reprise des activi-tés du pays. Tout dépendra de l’évolution progressivede la gestion de la transition jusqu’aux prochaineséchéances électorales de 2015.

Propos recueillis par I.A.,envoyé spécial à Ouagadougou

Edem Kodjo, représentantspécial de l'UA (gauche),Michel Kafando (centre),Pr Ibrahima Fall envoyé

spécial de la Cedeao(droite)

Arriver àorganiser desélectionscouplées(présidentielle etlégislative)transparentes,démocratiques etlibres dans undélai maximumde 12 mois.

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Christophe Ilboudo,DG Sonabel limoge

L e jeu des chaises musicales qui touche dehauts fonctionnaires de l’État burkinabéest-il dû à des relents de malversations fi-nancières ? À peine la prestation de ser-ment terminée devant investir le nouveau

président intérimaire, le lieutenant-colonel IsaacZida a sorti le sabre pour sévir. Suite au limogeageau premier degré du directeur général de Sonabel(société publique d’électricité du Burkina) Jean-Christophe Ilboudo, un autre patron est prié deplier bagage. Il s’agit du directeur général de So-nabhy (Société nationale burkinabè des hydrocar-bures), Boukary Jean-Baptiste de la Salle. Cedernier était à la tête d’un portefeuille réputé à lafois stratégique et juteux. Si beaucoup voient der-rière le renvoi du DG de Sonabel les récentes cou-pures intempestives d’électricité, au moment où lelieutenant-colonel lisait son discours d’approbationde la charte de transition devant l’assistance, il n’endemeure pas moins que les deux grosses cylindrées

étaient très proches de l’establishment Compaoré.Leur limogeage serait lié à des malversations finan-cières sous l’ancien régime, ergote-t-on à Ouaga-dougou, même si leur culpabilité n’a pas été établiepar les nouvelles autorités. Certaines sources par-lent de plus de 50 milliards de f CFA qui se sont vo-latilisés. Le lieutenant-colonel n’a pas jugé utiled’attendre trop longtemps pour sévir. Il a décidé desortir le sabre et promis que d’autres têtes tombe-ront les jours à venir. C’est le début de la descenteaux enfers qui commence pour la kyrielle des di-recteurs à la tête des maroquins juteux qui devrontpasser à la trappe des nouvelles autorités. Une sorted’opération à grande lessive s’annonce et ne devrapas tarder, nous a commenté une source autorisée.À qui le tour ? À Ouagadougou, on ne doute pointque les autorités de la transition vont frapper fortdans le cadre de l’opération traque des biens illicitesou mal acquis.

I.A., envoyé spécial à Ouagadougou

Une sorted’opération àgrande lessives’annonce et nedevra pas tarder.

Valse de limogeages des DG deSonabel, Sonabhy, à qui le tour ? Les autorités militaires de la transition, qui ont passé la main auprésident civil intérimaire nouvellement investi, Michel Kafando,ont sorti le sabre. Après le limogeage express du DG de Sonabel, le16 novembre dernier, ce fut au tour du patron de Sonabhy,Boukary Jean-Baptiste, d’être éjecté de son fauteuil.

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FOCUS

Blaise Compaoré,ex-président du

Burkina Faso

L e bilan des morts, on en parle peu. Of-ficiellement, on fait état de 6 victimeslors de l’insurrection populaire du 30octobre dernier. Peu ! Vu la tonalité dela riposte, disent des interlocuteurs avi-

sés. Ils évoquent l’évasion des centaines de geô-liers de la Maison d’arrêt de Ouagadougou et desmonstrueuses bousculades. Comme si on se refu-sait d’exceller à ce rituel de réserve. Une sorte desujet tabou et de résignation après avoir pris lerisque de déloger l’ancien président et ses proches.Partout, l’épreuve de force populaire imposée au

régime de l’ancien locataire de Kosyam, menéeavec méthode et intelligence, est une combinaisonde toutes les forces vives du pays. Mais, surtout,avec la jeunesse qui a donné de la voix et des mus-cles, plus que déterminée à chasser Blaise Com-paoré. C’est d’abord avant tout sa révolution, puiscelle des autres. Des icônes sont nées. Elles ont faitirruption dans l’espace du jeu politique et veulentdésormais compter. Bambara Augustin, ce colossequ’une radio internationale avait confondu au gé-néral Kouamé Loungué le jour de la marche du30 octobre vers le palais Kosyam, Kam Siégé Ar-

L’épreuve ultimede l’après-CompaoréLa page Blaise Compaoré est définitivement tournée. L’envie dechanger la donne est forte. De Ouaga à Bobo Dioulasso enpassant par Fada Gourma, Tenkodego, Kaya et Dori, les Burkinabéss’efforcent bien d’entamer le nouveau contrat de bail au prix de larévolution sanglante.

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sène, Daouda Diallo, Kabore Harouna et d’autrescompagnons ont mené la bataille au front. Le to-nitruant Hervé Ouattara a voulu s’approprier laprouesse d’avoir été en face du président Com-paoré assisté de son cabinet shadow, tonnent lesrévolutionnaires du 30 octobre dernier. Pour iro-niser, certains n’hésitent pas à dire que ce prin-temps burkinabé était perceptible, maisimprévisible de par sa tonalité et sa vitesse. Danstout le pays, particulièrement dans les «fadas» ouséances de thé de quartiers, on estime que l’anciena été sanctionné par son bilan politique et nonéconomique. «Il a réalisé de grands chantiers.Nous sommes conscients de cela».Ce qui a désagrégé le système Blaise qui s’est ef-fondré subitement, c’est bien l’arrogance et le luxeostentatoire exhibitionniste de son frère FrançoisCompaoré et sa belle-mère, l’égérie politico-affai-riste Alizeta Ouedraogo. Le tandem a administréle poison à Blaise Compaoré. «Ils ont creusé latombe de Blaise», ironise un groupe de jeunes. Onles appelle ici et là, Monsieur et Madame 10%pour les prélèvements de commissions de marchésattribués, Monsieur et Madame ascenseur. Ils lor-gnaient le douillet palais Kosyam pour y passer lereste de leur vie. On plaisante ici à évoquer la gifleinfligée à la Première Dame, Chantal, par FrançoisCompaoré sous les regards impuissants de sonfrère. Ce bout de phrases de Chantal à Francois,au cours d’une discussion familiale restreinte estsur toutes les lèvres des Ouagalais : «C’est vous quiinduisiez mon mari dans ces histoires. Vous avezdétruit tout ce qu’il a construit». En réalité, toutjouait en défaveur de l’ancien homme fort deOuagadougou : le temps, l’usure du pouvoir etune oligarchie au banc des accusés. Le big-bangqui a emporté le système Compaoré est très sym-bolique. On évoque cette procession funèbre desGourounssi (ethnie au centre dans les rues de

Ouaga, juste après la mort tragique du juge Nebié,issu de cette communauté, lequel s’opposait à unecandidature de Blaise Compaoré). En vérité, ce ri-tuel est perçu comme un signe annonciateur demalédictions. Les Gourounssi ont- ils jeté un sortà Blaise après le supplice du juge Nebié ? Le sys-tème a pris eau et à grande vitesse. Plusieurs ex-hauts dignitaires de la République ont dû seréfugier à Cotonou, dont entre autres les minis-tres des Finances et des mines, le frère du chef del’État, François Compaoré, son épouse et sa belle-mère Alizeta Ouedraogo. L’ex-président Com-paoré, lui, a pris ses quartiers sur la Laguned’Ébrié en compagnie de son épouse, Chantal, etune cour de ses fidèles proches.La résidence du petit prince François Compaoréqui défraie les fantasmes les plus insoupçonnés estdevenue un lieu de pèlerinage, où défilent desfoules de curieux à longueur de journée. Une ré-sidence huppée, réduite aujourd’hui en débris.Hommes, femmes, enfants continuent de contem-pler la galerie de fétiches mis en lambeaux par lesmanifestants qui ont saccagé la résidence le jourde l’insurrection. La folle rumeur, qui s’est répan-due comme une traînée de poudre dans le paysévoque entre autres la découverte macabre d’os-sements humains (crânes d’albinos), calebasses desang, une pile de pots de tomates vides semblablesà ceux utilisés par les mendiants des artères deOuagadougou. Les premières vagues de manifes-tants ergotent que l’odeur qui se dégageait des sa-lons secondaires était pestilentielle. On a puconstater sur place que la résidence du puissantFrançois Compaoré, sans vigile et surveillance po-licière, fait l’objet d’un business juteux avec cesmilliers de photos de l’empire Francois Compaorévampirisé qui sont vendues à 500 f CFA (1 dollar)l’unité, comme de petits pains.

I.A., envoyé spécial à Ouagadougou

Pillage du domicile d’Alizeta OuedraogoAu domicile de l’égérie (Madame à la cuillèred’or), Alizeta Ouedraogo, il ne reste plus rien.Saccagée par les manifestants, la colère dans lagorge, la résidence ressemble à un fantôme pa-lace. On ergote çà et là que la belle-mère a prisle soin d’évacuer ses coffres à bijoux et d’autresaccessoires de valeur quelques heures avant lefeu des révolutionnaires. Comme un rituel, lespassants ont pris plaisir les matins de jeter desregards furtifs sur les décombres de la rési-dence de Mme «Sait tout faire», celle à qui l’onprête d’avoir piétiné et propulsé des carrières.Son domicile renvoie dans l’imaginaire des Bur-

kinabés cette image de haut lieu du bling-blingde l’establishment oligarchique d’alors. Tout lemonde jurait d’avoir sa tête un jour. Ses abusrécurrents et sa forte mainmise dans les af-faires de la République ont été la goutte detrop. La révolution du 30 octobre dernier a dé-versé sa bourrasque sur elle. Beaucoup évo-quent son nom avec mépris et se réjouissentd’avoir débarrassé le plancher. Ses magasins etbureaux disséminés dans la capitale ont étéaussi pillés. Dans sa cavale à Cotonou, AlizetaOuedraogo a laissé derrière elle un empire fi-nancier et industriel effondré.

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FOCUS

Residence saccage e deFrancois Compaore

Depuis la chute de l’ancien locatairedu palais Kosyam, Blaise Compaoré,l’ex-chef d’état-major particulier duprésident est tombé en disgrâce, lepuissant Gilbert Djendéré est resté

aphone. Il est un des derniers Mohicans du dis-positif de sécurité du système Blaise Compaoré àlui parler avant son départ forcé vers l’exil. GilbertDjendéré, parrain du puzzle, a préféré garder le si-lence, même au fort de la tempête insurrection-nelle du 30 octobre dernier. Presque l’homme aabdiqué, renseignent des sources militaires en lais-sant jouer la musique à l’équipe de Yacouba IsaacZida. C’est le mentor du lieutenant-colonel Zida,nouveau sherpa du gouvernement formé le 19 no-vembre dernier dans son parcours du combattantet son chef direct au RSP (Régiment de sécuritéprésidentiel). Le sécurocrate Gilbert Djendéré a-t-il conseillé à Blaise de quitter le pouvoir pour évi-ter un bain de sang ou l’a-t-il mis devant le faitaccompli par l’aile Zida et compagnie pour inver-ser les plans ? Rien n’a filtré de leurs discussionsau palais Kosyam depuis le départ de l’ancien pré-sident Blaise Compaoré. Tout a été scellé dans la

discrétion. Une sorte de pacte de serment lie lesdeux hommes. Il se murmure dans les milieuxbien informés qu’il a fait allégeance au Premierministre Zida et béni la célérité avec laquelle cedernier a pris les choses en main, au moment oùle pays vacillait. La dernière apparition - très feu-trée et à la limite que beaucoup qualifient d’ano-nymes - de l’ex-patron du renseignement militaireprésidentiel, Gilbert Djendéré, remonte à la pres-tation de serment du nouveau président civil, Mi-chel Kafando. Que mijote Gilbert Djendéré,l’homme présenté comme un rescapé du naufragequi sait tout, qui a tenu son univers depuis plus dedeux décennies et qui s’est effacé subitement? Est-il devenu un affranchi du nouveau dispositif à lasolde du lieutenant-colonel Zida Isaac? À queltitre va-t-il se conformer désormais? Surtout quel’armée entend jouer les premiers rôles dans legouvernement de transition. Ce qui est sûr, c’estqu’il a pris goût de s’éloigner des lambris dorés etdes plateaux de télévision. Il a été mis devant lefait accompli.

I.A.,envoyé spécial à Ouagadougou

Burkina Faso L’énigme Gilbert DjendéréAprès Blaise Compaoré, l’ex-chef d’état-major particulier duprésident est tombé en disgrâce. Gilbert Djendéré est restéaphone. Un des derniers Mohicans du dispositif de sécurité del’ancien système, il a préféré garder le silence, même au fort de latempête insurrectionnelle du 30 octobre dernier. A-t-il abdiqué ?

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PIED DE LETTRE

n marché élargi par la multiplicitédes acteurs et la diversité desdébouchés est sans communemesure avec une zone decommerce restreinte. Dans ce sens,des ALE (Accords de libre-

échange), devant aboutir à des ZLE (Zones delibre-échange), sont ratifiés et encouragés.L’Afrique, avec ses 2 600 milliards de revenus etson milliard de consommateurs, tape dans l’œildes libéraux qui piaffent d’impatience pourl’établissement d’un marché commun. Desurcroît, la croissance y est au rendez-vous,grâce à l’exploitation des richesses et l’affluxd’investissements. Les revenus augmententnaturellement. Cependant, il faut davantage d’investissementspour relier les localités, au-delà des savanes,forêts et déserts par air, mer et terre, pouraccentuer les échanges. Les voies decommunication, qui peuvent être routières,ferroviaires, aériennes, maritimes ou fluviales, yjoueront un rôle primordial.L’accroissement des revenus ne pourra sepoursuivre dans des espaces économiques trèsconcurrentiels. Cela dicte, en amont, dans une

franche concertation, une complémentarité dansles sous-régions de la Communauté économiquedes États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), duCommon Market for Eastern and South Africa(Comesa). Des zones qui aspirent, et à juste titre,à un marché commun. Il y a urgence, vu qu’enAfrique de l’Ouest, le Tarif extérieur commun(TEC) doit entrer en vigueur au début del’année prochaine.Entre autres préalables, il sera nécessaire derenverser les rapports entre les secteurs formel etinformel, pour des fondamentaux solides. Uneéconomie qui repose sur l’informel peutprospérer, mais son rythme de croissance serabeaucoup plus lent. Aussi, les niveaux de développement desdifférents pays n’étant pas homogènes, il serautile de mettre en place des mesuresd’accompagnement ou de mise à niveau. Desmesures qui ont pour bénéfice de tirer vers lehaut notre tissu industriel, nos labels et par delàla qualité de nos produits et services. Il s’agit endéfinitive de co-développement, à condition quel’expertise locale soit impliquée, quitte à envoyerdes stagiaires, agents de maîtrise et autresprofessionnels à l’étranger sur des séjours courts.

UDaouda MBaye,rédacteur en chef exécutifPréalables au libre-échange

Oui au renforcementdes échanges enAfrique

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