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    p. 70 Les employs municipaux enrls par lamachine lectorale des Tabarot PAR MARINE TURCHI

    A Marseille, l'alliance Gaudin-Gurini-FO tue les derniers espoirs dela gaucheLE MERCREDI 26 MARS 2014 | PAR LOUISE FESSARD

    Sur mediapart.fr, un objet graphique est disponible cet endroit.A Marseille, Jean-Claude Gaudin annonce son alliance avec deuxmaires de secteur sortants dont la guriniste Lisette Narducci. Iltable sur un quasi grand chelem le 30 mars. C'est la preuve d'unpacte de filous entre Gaudin et Gurini pour l'empcher dedbarrasser Marseille de ces rseaux qui gangrnent, dnoncele socialiste Mennucci, en difficult dans sa propre mairie. Marseille, de notre envoye spciale

    Patrick Mennucci et Jean-Marc Coppola, le 24 mars. LFIl y a encore cinq secteurs o nous pouvons gagner, voulaitcroire lundi le candidat PS-EELV Patrick Mennucci, suite ladculotte de dimanche. Dans la deuxime ville de France quela gauche esprait reconqurir aprs dix-neuf ans de mandaturede Jean-Claude Gaudin (UMP), le PS-EELV est arriv troisime(20,77 %) derrire lUMP (37,64 %) et le FN (23,16 %). Cettesanction a t entendue. Mais ce nest pas en resanctionnantle gouvernement la semaine prochaine que nous rglerons lesproblmes de la ville, a argument Patrick Mennuci, qui espreque le score lev du FN provoque un sursaut pour en finir aveclimmobilisme de la municipalit Gaudin.Devant les photographes, le candidat PS-EELV et son homologuedu Front de gauche Jean-Marc Coppola actaient lundi, dans unbistrot, laccord entre leurs deux formations pour le second tour.Quand les bls sont sous la grle, fou qui fait le dlicat,commente le patron marseillais du FDG qui expliquait dimanchequ'il aurait du mal convaincre certains de ses lecteurs sereporter sur le PS.Ce fut une simple formalit, tandis que Pape Diouf, qui a runi8,10% des voix sur ses listes citoyennes, refusait lui dans la soirela main tendue de la gauche. Lappel de la magistrate LaurenceVichnievsky (EELV), annonce comme premire adjointe de

    Mennucci en cas de victoire, naura pas suffi convaincre lancienprsident de lOM de fusionner ses listes avec celles du PS-EELV.Se rallier aujourdhui cest prendre le risque de se discrditerpour lavenir, a balay Pape Diouf. La position a provoqu ladception de certains au sein de son mouvement Changer ladonne.La srie noire pour la gauche marseillaise a continu mardimatin avec lannonce du ralliement de deux maires de secteurssortants, Robert Assante, ex adjoint de Gaudin et candidatdissident dans le 6e secteur, et surtout de Lisette Narducci,candidate dans le 2e secteur et proche de Jean-Nol Gurini,qui avait rejoint les radicaux de gauche aprs avoir quitt lePS en 2012. Ces ralliements mettent bas tout espoir pour lessocialistes de lemporter sur ces deux mairies, sauf mobilisationexceptionnelle. Nous considrons que Jean-Claude Gaudin,arriv en tte, a la responsabilit de rassembler une majorit netteau conseil municipal et la communaut urbaine de Marseille,ce qui permettrait de gouverner cette ville de faon dcrispe,nous expliquait lundi Yves Moraine, porte-parole du candidat.

    Lisette Narducci aux cts de Jean-Claude Gaudinet de ses lieutenants le25 mars 2014 LF

    Le coup est particulirement rude dans le 2e secteur, quicomprend le quartier du Panier, fief historique du PS et de Jean-Nol Gurini, patron du dpartement des Bouches-du-Rhne.Eugne Caselli, le prsident socialiste de la communaut urbainearriv troisime au premier tour et qui a refus tout contactavec la guriniste Lisette Narducci, y repart donc seul aucombat dans un triangulaire avec le FN. Comment LisetteNarducci, membre de la majorit de gauche au conseil gnralet qui sest vu promettre la mairie de secteur par Jean-ClaudeGaudin, va-t-elle grer cette schizophrnie ? Les gens ontune seule proccupation, leur quartier, ils se moquent biende ce que reprsentent les personnes en face delles ds lorsquelles rpondent leurs attentes, a lud la vice-prsidente dudpartement.De son ct le camps Gaudin justifie cette alliance avec lacandidate de cur de Gurini, mis en examen trois reprisesdans des affaires de marchs publics truqus, par la caution

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    morale de l'ex adjoint (UMP) au maire, Renaud Muselier, quiavait dnonc le systme Gurini dans un livre. Laccord at pouss et valid ds dimanche soir par Renaud Muselier.Quand on sait les affrontements normes quil a eu avec MonsieurGurini, cest un signe trs fort, justifie le snateur UMP BrunoGilles, candidat dans le 3e secteur qui ralis les premires prisesde contact.Ce rassemblement permet galement Jean-Claude Gaudin toutcomme Jean-Nol Gurini d'engranger chacun de conseillersmunicipaux grands lecteurs pour les snatoriales de septembre2014. Sinon,a aurait t un coup de jackpot, l'un ou l'autreaurait tout remport, dcrypte Bruno Gilles.Dans Le Monde, Jean-Michel Baylet, prsident du Parti radical degauch a dsavou mardi cet accord contre-nature et menacde sanctions ceux qui ont pass cet accord. Cette alliancerepose sur un partage des tches entre filous, a galement ragiPatrick Mennucci lors dune confrence de presse mardi. lun,la Mairie de Parseille, lautre la prsidence du conseil gnralet eux deux une seule volont : mempcher de dbarrasserMarseille de ces rseaux qui gangrnent, mempcher de changerle destin de notre ville. Avant de promettre, demain maire deMarseille, de s'attaquer ces forces obscures.

    Affiche satirique de lun des candidats aux lectionsMarseille 3013 organises par le off de MP2013

    Fort de ces accords et de son score au premier tour, Jean-Claude Gaudin a refus d'affronter ses deux adversaires lors dutraditionnel dbat d'entre-deux-tours organis par France TroisProvence et Public Snat jeudi. En fin d'aprs-midi, son attachde presse assurait encore que le dbat aurait lieu. Il n'y a aucunsouci, on est en train de discuter des diffrentes modalits, nousindiquait-il. Et 20 heures le communiqu de Jean-Claude Gaudintombe: Pour moi, un dbat tlvis sur France 3 Provence Alpesavec Stphane Ravier et Patrick Mennucci ne serait pas utile l'expression de cette priorit du rassemblement dans un dialogue

    constructif. Le dbat dmocratique des lections municipalesn'a pas besoin de donner en spectacle les mmes argumentsincessants et inoprants, voire les diatribes complices du FN etdu PS, contre mon bilan et mon projet, et contre le sentimentmajoritaire des Marseillais.Dsormais en position de raliser un quasi grand chelemdimanche 30 mars, en remportant sept des huit secteurs de la ville,celui qui dirige la ville depuis 1995 sait qu'il a tout risquer dansun dbat de fond, programme contre programme, bilan contreprojet. La ville figure rgulirement en queue des classementspour sa dette, ses embouteillages, sa fiscalit locale et dans lesdiffrents palmars de lExpress.A gauche, seule Samia Ghali, dans le 8e secteur, est peu prscertaine de conserver sa mairie de secteur. Dans le 3e secteur,la ministre PS Marie-Arlette Carlotti a 17 points de retard surson adversaire le maire sortant, le snateur (UMP) Bruno Gilles.Patrick Mennucci est lui mis en difficult dans sa propre mairiedu 1er et 7e arrondissement (rafle la droite en 2008) avec unretard de 12 points. Le candidat avait dailleurs choisi mardi matindaller la rencontre de ses lecteurs dans le quartier dEndoume(7me arrondissement).Il a fait le calcul des voix, avec celles du FDG et de Pape Diouf, ilpasse, assurait dimanche soir son entourage. Mais la droite pariesur la vague du premier tour. On sent que les habitants ontenvie dtre proche du camps qui est en train de gagner, affirmela conseillre gnrale (UMP) Sabine Bernasconi, colistire deDominique Tian sur ce secteur. Pour grer les questions duquotidien, il vaudra mieux un maire de secteur qui fait partie dela majorit au conseil municipal et la communaut urbaine.Maintenant cest nous qui payons laddition

    Sur mediapart.fr, un objet graphique est disponible cet endroit.La gauche se trouve galement menace sur un autre de sesbastions, les 13e et 14e arrondissements, o le FN est arriv entte au premier tour. Le maire de secteur depuis 1998, GaroHovsepian, impos par Samia Ghali et Sylvie Andrieux aprs laprimaire, ny est arriv que troisime, derrire Stphane Ravier(FN) et Richard Miron (UMP). Au grand dam de lUMP, le mairePS refuse de se retirer au deuxime tour pour faire barrage auFN. Le front rpublicain est inutile, justifie Patrick Mennucci.Nos lecteurs niront certainement pas voter Richard Miron, etquand on additionne les voix nous sommes bien en situationde gagner. Le seul qui peut gagner le secteur, cest M.Hovsepian, renchrit le dput europen EELV Karim Zribi.La gauche se raccroche aux abstentionnistes, qui ont frlles 65% dans certains bureaux de vote des cits qui lui sonttraditionnellement acquis, ainsi qu'au report des lecteurs du FDGet de Pape Diouf. Cest sur nos meilleurs bureaux de vote quelabstention est la plus forte, indique Stphane Mari, adjoint PS deGaro Hovsepian. Tandis que l o le FN fait ses meilleurs scores,le taux de participation est dj trs lev et ils nont donc plus

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    de rservoir de voix pour le second tour. Lquipe Mennucci arcupr ds lundi les listes dmargement pour reprer et appelerles gens quon connat, les amis qui ne se sont pas dplacs (...)qui ont voulu envoyer cet avertissement au gouvernement.Mais lexplication unique dun vote sanction contre lactiondu gouvernement semble bien courte. Dans les 13e et 14earrondissements, faute d'avoir fait le mnage, le rejet duclientlisme, la proximit de Garo Hovsepian avec la dputSylvie Andrieux, condamne en 2013 un an de prison pourdtournements de fonds publics (le procs en appel aura lieu enjuin 2014), a certainement jou contre le PS. Ce qu'a reconnu demi-mots Patrick Mennucci questionn lundi par le siteMarsactu. Ce week-end, c'est trs clair, a-t-il dclar. Moi, jeperds 12 % et lui (Garo Hovsepian, ndlr) il en perd 21. Il n'y apas de mystre.Laprs primaire et lpisode de la difficile composition deslistes, que certaines ttes de listes PS ont dpos elles-mmes enprfecture dans le dos de Mennucci, ont montr que les baronniessocialistes et les logiques clientlaires taient toujours luvre Marseille. Au soir de la droute du premier tour, Patrick Mennucciest apparu seul, sans ses ttes de secteurs, face aux journalistesdans son QG de campagne. Seule la gnticienne Annie Levy-Mozziconacci, tte de liste dans le 4e secteur, a daign passer unette rue Montgrand.

    Mennucci, Coppola et Ghali, le 24 mars 2014 LFFinaliste la primaire, Samia Ghali a fait le service minimumdurant la campagne : pas de runion publique, peu dapparitionsaux cts du candidat PS-EELV, ni de mention de son nomsur ses tracts distribus dans les 15e et 16e arrondissements.Lundi, aux ct des ttes-de liste PS et du Front de gauche, ellentait prsente que pour limage et a refus de rpondre auxquestions des journalistes, lorsque Patrick Mennucci lui a tendule micro. Le matin mme, pousse dans ses retranchements parun journaliste dEurope 1, Samia Ghali pariait - assez lucidement- sur la dfaite de son camps : Je ne vois pas comment onpeut gagner aujourdhui, cest clair. Par contre nous pouvons aumoins sauver les meubles et tout le monde doit comprendre quonne peut pas laisser la ville 100% Gaudin. Je pense aujourdhuique Jean-Claude Gaudin restera maire.Comme le remarquait le blogueur marseillais Lagachon (undoctorant qui prpare une thse sur le marketing territorialde Marseille), Patrick Mennucci ptit dune rnovation du PS

    marseillais reste mi-chemin qui ne lui permet ni de bnficierdes rseaux (de Jean-Nol Gurini, ndlr), ni de crdibiliser undiscours de changement. Il faut quon solde lpoque Gurini et on nen a peut tre pasfini, estimait dimanche soir la magistrate Laurence Vichnievsky.Malgr ses trois mises en examen -la premire date de septembre2011- et son soutien des listes dissidentes Marseille aussibien qu' Aix-en-Provence, lex patron de la fdration PS desBouches-du-Rhne, Jean-Nol Gurini, n'a toujours pas t exclupar Solfrino. Le bureau national du PS a t bien plus prompt radier le 12 mars 2014 Jean-Claude Boscher, qui fut l'un despremiers militants PS dnoncer publiquement les pratique desJean-Nol Gurini et qui a eu le tort de rejoindre une des listescitoyennes de Pape Diouf.Jespre que Monsieur Gurini et autres parlementairesdes Bouches du Rhne mis en examen ou condamnspour des babioles ne men voudront pas de les avoirprcds dans lexclusion, a-t-il ironiquement rpondu HarlemDsir. Ils comprendront quau trbuchet du PS daujourdhuile dtournement de fonds publics, le trafic dinfluence etlassociation de malfaiteurs ne peuvent pas tre compars uneviolation grave des statuts qui consiste se prsenter sur une listese rclamant de la majorit prsidentielle.Avec Renouveau PS, nous nous sommes battus pour une prisede conscience sur les mfaits du clientlisme et maintenant cestnous qui payons laddition. Et Mennucci la paie trs cher,constatait dimanche soir Pierre Orsatelli, lun des fondateurs ducollectif antiguriniste, qui a rejoint lquipe Mennucci.Un tract assassin de FOSon programme est porteur de positions courageuses, comme lavente du Stade-Vlodrome ou la fin de la cogestion avec FO, il apeut-tre un peu trop drang, remarquait galement LaurenceVichnievsky dimanche soir. Les propositions du candidat pourdonner un nouveau cap la ville et revitaliser un servicepublic dfaillant heurtent en effet bien des intrts en place Marseille. Comme ceux de Force ouvrire Territoriaux (6 500adhrents chez les quelque 16 000 agents de la ville et dela communaut urbaine). Le puissant syndicat majoritaire adistribu mardi matin devant la mairie et la communaut urbaine

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    un tract de quatre pages contre le candidat de la gauche et dugouvernement . Une expression trs proche de celle utilise parJean-Claude Gaudin pour dsigner son adversaire.

    Tract de FO Territoriaux diffus le25 marsIntitul Ce que cachent les attaques contre FO, le documentaccuse Patrick Mennucci daccuser de tous les maux Forceouvrire et donc les agents territoriaux (...) au lieu de seconcentrer sur les vrais problmes de la population marseillaise.Le syndicat sy lve ple-mle contre la volont de lquipe PS-EELV de revenir au temps de travail lgal pour les employsmunicipaux (la ville applique une dure annuelle de travail de1567 heures au lieu de 1607 selon la chambre rgionale descomptes), de supprimer le fini- parti (qui permet aux boueursde quitter leur poste ds la tourne finie, souvent pour travaillerensuite au noir), douvrir les coles de 7h30 18h30 ouencore de prolonger les horaires de la bibliothque de LAlcazar(l'amplitude douverture annuelle des bibliothques marseillaisesest infrieure d'un mois celles de Lyon et Paris).Est galement dnonc le projet du candidat de vendre le stadeVlodrome, dont le partenariat public priv de rnovation signavec Bouygues par Jean-Claude Gaudin, creuse les finances duneville dj lourdement endette (plus de 1,8 milliard d'euros).Mais on naffaiblit pas Force Ouvrire, conclut de faonmenaante le tract. En janvier 2014, les Territoriaux de Forceouvrire avaient remis la carte de membre d'honneur dusyndicat Jean-Claude Gaudin, ce qui avait provoqu quelquesremous au sein des instances nationales du syndicat.Patrick Mennucci a dnonc plusieurs reprises ces rseauxsouterrains, parlant mme dbut fvrier 2014 d'une interventiondu Milieu pour m'empcher de tourner la page des multiplessystmes qui gangrnent certains secteurs de la cit. Despropos analogues lui avaient valu peu avant une plainte pour

    diffamation de Marc Fratani, ancien bras droit de Bernard Tapiepatron de la Provence, qui fait ouvertement campagne pourGaudin.

    La famille est runi Gaudin et lenfant prodiqueMuselier runi pour un meeting en fvrier 2014 LF

    A droite, les attaques internes ont t tout aussi vives contrela gestion de Jean-Claude Gaudin cloue au pilori par RenaudMuselier, Robert Assante et le dput UMP Guy Teissier.Petit florilge. Tout dysfonctionne dans cette ville, attaquait cedenrier, maire du 5e secteur lors d'un conseil municipal en avril2013. On assiste malheureusement la fin du rgne de Jean-Claude Gaudin qui n'a jamais t un homme d'entreprise. (...)Il est assis dans son fauteuil et ne veut pas en bouger. La seuleforce qui le meut, c'est sa volont de se maintenir au pouvoir, ilest temps qu'il passe la main. Cette ville s'enfonce, son maire neprend plus de dcisions, tout est renvoy plus tard. En fvrier2013, dans les colonnes du Parisien magazine, Renaud Muselier,ex dauphin de Gaudin, n'tait pas en reste avec son Marseilleest une ville qui sombre, son maire sortant est vieillissant et sesinstitutions inefficaces.Quant Robert Assante, maire sans tiquette du 6e secteur etex adjoint de Gaudin, il trillait avec constance le bilan dumaire chaque journaliste qui voulait bien lui tendre un micro :btonnage, non-respect des obligations pour l'accueil des gensdu voyage, lourdes annuits de l'agrandissement du Vlodrome,problmes de circulation, policiers muncipaux cantonns dansle centre-ville, etc. Gaudin veut faire le Marseille du 21mesicle selon un schma de pense hrit du sicle dernier, nousdclarait-il par exemple dans son bureau fin novembre 2013. Ila simplement un peu modernis le defferrisme. (...) Quand lesopposants disent qu'on est dans l'immobilisme, je ne dirai pas lecontraire, part Marseille Provence 2013.Mais, en bons petits soldats, chacun a su ranger ses couteauxdans la dernire ligne droite : Guy Teissier contre la promesse deprsider la Communaut urbaine de Marseille en cas de victoirele 30 mars; Renaud Muselier contre la tte de liste UMP dansle Grand Sud Est aux lections europennes de juin 2014 ; etRobert Assante contre la certitude de garder sa mairie de secteur.Le maire sortant de Marseille a donc dsormais beau jeu, aprsavoir russi durant la campagne esquiver tout dbat avec sesadversaires, de se poser comme celui qui unit, qui rassembleface au Marseille bashing. Il ny a pas de projet UMP, il y

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    a un projet pragmatique pour Marseille, a dclar Jean-ClaudeGaudin mardi matin, dans un aveu surprenant. Cest pour cela queles Marseillais maiment.

    Boite noireContactmardi aprs-midi, Patrick Ru et Jean-Claude Maillynenous ont pas rpondu.

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    Accord transatlantique:Obama se heurte uneforte oppositionPAR IRIS DEROEUXLE MERCREDI 26 MARS 2014

    Barack Obama est Bruxelles, mercredi,pour un sommet USA-UE. Au menu : lesngociations sur l'accord transatlantique,cens aboutir la cration de la plusgrande zone de libre-change du monde.Pour cet accord, l'administration Obamase heurte toutefois aux tats-Unis lopposition de nombreux lus du Congrset aux organisations d'une partie de lasocit civile. New York, correspondanceBarack Obama rencontre, mercredi 26mars Bruxelles, le prsident de lacommission europenne Jos ManuelBarroso. Il sera question d'Ukraine maisaussi d'un autre sujet brlant : le T-TIP,acronyme dsignant le Transatlantic Tradeand Investment Partnership, un accordcommercial entre lUnion europenne(UE) et les tats-Unis cens aboutir dici2015 la plus grande zone de libre-change du monde (retrouvez ici ledossier de la rdaction).Barack Obama arrive en effet quelquesjours aprs une nouvelle session dediscussions entre les dlgus amricainset les experts de la commissioneuropenne ( qui les 28 ont donn mandatpour ngocier). Depuis juin 2013, ceux-ci se sont dj rencontrs quatre fois etun cinquime round est prvu cet t Washington. Un tel rythme indique unevolont davancer vite sur ce sujet des pluspolmiques, suscitant craintes et critiquesde part et dautre de lAtlantique. Nous avons tout gagner aller vite.Sinon, nous savons bien quil y aura uneaccumulation de peurs, de menaces, decrispations , lchait Franois Hollandelors dune confrence de presse aux ctsde son homologue amricain, en fvrierdernier (lire notre article). Le week-end dernier, le reprsentant amricainau Commerce, Michael Froman, appelait,

    lui, les Europens ne pas laisser lesprochaines lections europennes freinerle rythme des ngociations.Mais Michael Froman a beau vouloiracclrer la manuvre, il sembleoublier quaux tats-Unis, les obstacles la signature dun accord aveclUE sont nombreux. Pour commencer,ladministration Obama va devoirconvaincre le Congrs de lintrt dece grand accord commercial. Dautantplus que ce nest pas le seul :l'administration est dj engage dansdautres ngociations, entreprises ds2009 et bien plus avances, sur un accordde libre-change avec onze pays dAsie. Ilsagit du Trans-Pacific Partnership (TPP),qui occupe actuellement beaucoup pluslespace mdiatique amricain.Ces accords de libre-change suscitentla mfiance de nombreux lus etgroupes reprsentant la socit civile. Ilsdnoncent la manire dont sont menesces diffrentes ngociations commercialeset sinterrogent sur les gains conomiquesque les Amricains sont censs en tirer.Au point que, pour le moment, le Congrsna pas accord ladministration Obamale mandat officiel lui permettant dengocier !De ces discussions huis clos, dontne filtre quasiment aucun documentofficiel, on ne sait pas grand-chose, sice nest quelles sont dj extrmementcomplexes voire confuses. Le T-TIP estun projet daccord des plus ambitieux.Il a la spcificit de porter la foissur labaissement des barrires tarifaires(dj faibles entre lUE et les tats-Unis)et sur une harmonisation des normes etdes rglements. Autrement dit, il sagitdaligner les rglementations amricaineet europenne dans un ensemblede secteurs allant de lagriculture lindustrie, en passant par lnergie,la sant ou encore les procduresdattribution des marchs publics. Le butest de crer une sorte de grand marchintrieur.Un tel objectif est souvent vu commedmesur voire insens, notammentparce quil sagirait pour latteindre

    dharmoniser les fonctionnements propres chaque tat voire leurs modlesde socit. Les diffrentes sessions dengociations lillustrent assez bien : chaque fois, des dlgus arrivent avecde nouvelles requtes soulignant lesparticularits de leur tat, et devant faireexception.Du ct amricain, le secteur desservices financiers est ainsi un sujetde discorde. Les Amricains ne veulentpas que ceux-ci figurent au menu dela ngociation. Ils ont en mmoireles dbats houleux et interminablesprovoqus par linitiative de rforme dusecteur bancaire au Congrs, connue sousle nom de Dodd-Frank. Sy atteler denouveau leur parat trop difficile, ils neveulent pas y toucher , analyse EdwardAlden, expert des politiques commercialesamricaines pour le think tank Councilon Foreign Relations. Mme chose duct des Europens, qui ont rcemmentdemand l'instauration de quotas sur lesimportations de buf et de poulet.Au bout du compte, la ngociationparat si dlicate quon a du mal comprendre pourquoi les deux partenairescommerciaux se sont fixs un tel objectif.Largument est celui de la croissanceconomique, rpte-t-on des deux ctsde lAtlantique. Le T-TIP a pour butde promouvoir la croissance aux tats-Unis et en Union europenne et d'ajouterde nouveaux emplois aux 13 millionsexistant dj grce aux investissementset au commerce transatlantique , lit-onsur la page du reprsentant amricain auCommerce. Lintention de ladministrationamricaine est double, prcise EdwardAlden. Il sagit dune part de continuer delibraliser les changes, en estimant quecela a des effets positifs sur la croissance,et en privilgiant les accords bilatrauxcar les ngociations multilatrales souslgide de lOMC navancent plus depuisune dizaine dannes. Il sagit dautre partde mettre en place un ensemble de rglespermettant de restreindre linfluence de

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    la Chine, puisque tant les tats-Unisque lEurope sinquitent des pratiquescommerciales chinoises. Mais largument de la croissanceconomique ne convainc pas grand-mondepour le moment. En outre, il ne suffitpas justifier le secret qui entoure lesngociations. Le sujet est donc devenupolitiquement explosif aux tats-Unis. Lescritiques dlus et de groupes issus de lasocit civile sont de plus en plus vives.

    Le lobbying des grandesentreprisesLa critique porte sur plusieurs points.De nombreux groupes de protection delenvironnement, de consommateurs ouencore de dfense de la justice socialednoncent le systme de ngociation huisclos mais aussi la surreprsentation desintrts des grandes entreprises dans lesinstances de ngociations. Sur les 556experts ayant voix au chapitre, prs de 90% sont issus du milieu priv et industriel ,note Ilana Solomon, du Sierra Club, lunedes plus grandes associations cologistesamricaines.Elle fait ainsi rfrence aux vingt-huit comits de conseil qui existent demanire prenne Washington et qui sontconsults lors de la mise en place de toutenouvelle politique commerciale. Cetteinfographie du Washington Post permetde comprendre qui composent ces comits(cliquer ici). On y retrouve les donnescites par le Sierra Club. 85 % desexperts sont issus des grandes entrepriseset du priv tandis que les milieux dela recherche, les ONG ou encore lessyndicats de travailleurs se partagent lessiges restants.Sans droit de regard, les associationssinquitent donc de voir disparatredes droits sociaux et des normes descurit, par exemple dans les domainesenvironnementaux ou alimentaires. Letout, pour des bnfices conomiquesminimes voire inexistants , juge MelindaSt Louis, de la grande associationde dfense des consommateurs PublicCitizen. Elle prcise que ctait galementlargument lors de la ngociation de

    laccord NAFTA (accord de libre changenord-amricain sign en 1994), et quendix ans, on a toujours pas vu les fameusesretombes conomiques promises .Cette longue liste de dolances napas chapp aux lus du Congrs,par ailleurs vexs dtre ce pointtenus lcart des ngociations. Ils semontrent par consquent trs rticents soutenir ladministration Obama dans sadmarche.En janvier, le prsident amricaindemandait en effet au Congrs, lors deson discours sur ltat de lUnion, de luiaccorder certains pouvoirs spciaux luipermettant de ngocier plus rapidement lesgrands accords commerciaux bilatrauxen cours avec lAsie et lEurope. Uneprocdure dite fast track authority ,qui quivaut une forme de blanc-seingaccord par les lus au prsident, si ceux-ci estiment que cest le meilleur moyendavancer.Cette procdure a permis de ngocier lesderniers grands traits de libre-changetel que NAFTA. Quand elle sapplique,le Congrs nest consult quune fois letexte de laccord finalis, avec un simplevote oui ou non , sans possibilit delamender.Sauf que, la surprise gnrale, leslus dmocrates sy opposent. Ils sontune majorit dans le propre camp deBarack Obama dire qu'ils refusent untel privilge au prsident, estimant quilsdoivent avoir un droit de regard surces ngociations. Du ct rpublicain,lide de libraliser les changes rencontreplus de succs, mais la forme desngociations en drange aussi certains :une cinquantaine dlus de la mouvanceTea Party exige de ladministration quellerende les ngociations plus transparentes.[[lire_aussi]]Ladministration Obama se retrouve doncbloque, prfrant patienter plutt que dese soumettre un vote du Congrs et sevoir refuser la fast-track authority . Enattendant, elle se voit contrainte de menerune opration sduction auprs de sonpropre camp, en esprant qu'il change

    rapidement d'avis a ne risque pasdarriver dans les prochaines semaines :les lections amricaines de mi-mandatse tiennent en novembre prochain. Lacampagne va bientt commencer et, avecelle, une priode trs peu propice la prisede risque politique.Les ngociations ont donc beause poursuivre avec lUnioneuropenne, l'accord transatlantique n'estdfinitivement pas pour demain.

    Le PS patauge dansle marigot du frontrpublicainPAR STPHANE ALLISLE MERCREDI 26 MARS 2014

    Aprs deux jours de pressions du sigede Solfrino et de tergiversations locales,une dizaine de listes socialistes seretirent du second tour dans des villesmenaces par le FN, afin de favoriserune lection de lUMP. Mais le principesouffre d'exceptions. Lattitude de lUMPcomme lhypothse dun FN durablementimplant branlent la direction socialiste.Dlitement du dsistement, nimepisode. Encore une fois, dans un entre-deux tours lectoral, le parti socialistese retrouve embourb dans le marigotdu front rpublicain. La notion estvague depuis ses origines, fluctue dansses traductions selon les poques et lescontextes, et renvoie le PS de ces derniresannes ses errances stratgiques et sesimpenss idologiques.Dimanche soir, Jean-Marc Ayrault, suivide tous les hirarques socialistes, ademble plac le dbat sur ce terrain, enrappelant le principe dans une allocutionsolennelle : L o le Front nationalest en situation de l'emporter au secondtour, l'ensemble des forces dmocratiqueset rpublicaines ont la responsabilit decrer les conditions pour l'empcher . Enclair : en cas de risque FN et darrivederrire la droite en troisime position,ne pas hsiter retirer ses candidats et appeler ses lecteurs voter droite.

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    Quimporte si, localement, les militantsPS rechignent, pour des raisons lgitimes,ou que lUMP martle de son ct son ni-ni , ou mme naffirme dsormais nepas faire de grandes diffrences entre lePS et le FN. Comme lors des prcdentsscrutins, par exemple lors de diversscrutins partiels en 2013 (dans lOise, ou Villeneuve-sur-Lot), aux lgislatives de2012 Carpentras, ou lors des cantonalesde 2011.A chaque fois, des sections socialistes necomprennent pas pourquoi elles doiventrecommencer zro, alors quelles ontmis des annes simplanter. Et ce dansdes collectivits souvent tenues par unlu UMP, dont les ides sont peu prsles mmes que celles du FN, Marine LePen en moins. Mais chaque fois, lpede Damocls tombe depuis Solfrino, lesige national du PS. Au nom des valeursrpublicaines, les candidats ou les listes PSdoivent se retirer. Quitte disparatre duconseil municipal.Lundi et mardi, le travail de convictiona t entam par Solfrino auprsde militants dun coup suspectsdinconscience, selon lide quils seraienttrop plongs dans la bataille politiquemunicipale pour saisir le danger demairies tombant aux mains du FN. Localement, ils ont raison, concdele ministre hollandais Thierry Repentin.Mais nationalement, sur tous les plateauxde tlvision, on reviendra au global, et lediscours sera qu'on n'a pas fait barrage auFN . Nous avons une position de principe, etnous raffirmons sans cesse ce principe, appuie Laurence Rossignol, porte-parole du PS. On peut encore moinsse maintenir dans un contexte lectoraldifficile, assume de son ct AlainFontanel, responsable des fdrations duPS. Si on transige, on nous accuserad'hypocrisie. On est dans un pige, maison a choisi de ne pas faire d'exception.Mme si le choix n'est pas compltementassum par tout le monde dans le parti,cela permet d'empcher l'UMP de secompromettre dans des alliances avec leFN. Notre clart s'impose eux .

    A Saint-Gilles, Perpignan, Cogolin,Brignoles, Valras ou au Pontet, lescandidats PS ont accept la demandede clart de la direction nationale. AFrjus, Elsa Di Mo a finalement cd auxinjonctions de Paris. Mais, en pleurs, ellea refus de donner de consignes de votepour un second tour qui verra malgr toutune triangulaire trs favorable au FN, avecla division de deux candidats de droiteayant choisi de se maintenir (aprs avoirfait 20% chacun). Un temps, lide defaire liste commune a mme t envisage.Comme a Bziers, o le socialiste Jean-Michel Du Plaa a finalement refus laproposition de fusion de lUMP ElieAboud (membre de la droite populaire). Si on fait a, on offre un boulevardau Front national, a-t-il expliqu sesmilitants. Un certain nombre de cadres duFN diront que l'UMPS en danger cherche sauver sa place. a ne marchera pas Et dajouter, toujours selon Le Monde : Nous n'aurons pas l'investiture, mais jene crois pas que la direction du PS exclurades militants. Et au pire, a pourra nousaider face aux lecteurs . Aprs avoirfusionn sa liste avec le Front de gauche,Du Plaa a lui fait le choix de maintenir sacandidature. Comme deux autres ttes delistes de la gauche unie : un cologiste Cavaillon et un divers gauche Beaucaire.

    Front rpublicain ou dsarmement unilatral Dautres listes municipales nont enrevanche pas fait lobjet de la mmeattention. A Hayange, le maintien dela liste PS de Philippe David (aprsfusion avec une liste divers gauche)pourrait favoriser llection du FN FabienEngelmann. Dans le 7e secteur deMarseille, le socialiste Garo Hovsepian semaintient face au FN Stphane Ravier,arriv en tte. Dans ces deux cas, lesexplications de Solfrino sont les mmes:il sagit dun maire sortant et la gauchetait divise au premier tour. De toute faon, larsenal des sanctionsdevrait tre limit pour les rebelles,en dehors du retrait de linvestituresocialiste au second tour. Les

    mesures disciplinaires ne sont pas lesujet, tempre ainsi Laurence Rossignol.Aucun nest un mauvais socialistepour autant Dans les statuts duparti, le dclenchement dune procduredexclusion pour non-dsistement estbeaucoup moins automatique quen casde dissidence lectorale. Et beaucoupmoins rapide que les procdurespour manquement thique. Mme siaujourdhui, il est encore impossible desavoir si Jean-Nol Gurini est encoreofficiellement au PS

    Harlem Dsir Reuters

    Depuis larrive des socialistes au pouvoir,et de Harlem Dsir la tte du PS,la (relative) rnovation entame sousl're Aubry a laiss place une culture SOS-Racisme , qui influence lesmobilisations et laction du parti, faoncombat symbolique et moral et miseen avant des valeurs. Ambiance meetingcontre les extrmismes, ou contre lespopulismes, ou les deux, et diffusion debadges anti-racistes. Bien que prvenueet ayant annonc une rflexion en cesens en 2013, la direction du PS nafinalement pas tenu anticiper le dbatstratgique sur lattitude adopter entre-deux tours. La raison invoque par undirigeant socialiste, en septembre dernier,tait que la situation ne se produira pas .Raison plus crdible avance aujourdhui :le dbat serait trop compliqu trancher.[[lire_aussi]] C'est un dbat difficile car il n'y apas de rels dbouchs, explique AlainFontanel. Si on se met nous aussi fairedu ni-ni, cela reviendrait mettre galit FN et UMP, et donc acheverde normaliser l'extrme droite, ce quenous refusons . L'histoire du frontrpublicain est contre-temps, regrette unconseiller ministriel hollandais. Il y a unvrai dcalage avec le terrain. La direction

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    socialiste n'a toujours pas compris que ladiabolisation du FN, c'est fini. Marie-Nolle Lienemann, laile gauche duparti, voque aussi un doute stratgique : Le front rpublicain suppose la rciprocitavec la droite. Si on est seul l'appliquer,a sappelle du dsarmement unilatral .Lundi, un bureau national runi en urgencea permis dchanger sur le sujet, entrecadres socialistes. Mais pas de faire taireles scepticismes. Le seul argumentimplacable qui a t dvelopp, cestcelui de la cohrence avec les proposde la veille, se dsole Lienemann. Maispourquoi avoir fait du FN le centre desdiscussions et des analyses le soir duvote ?! On aurait pu parler de labstentiondes classes populaires, dire quon avaitcompris la claque En mme temps, a-t-on envie de comprendre le message denotre lectorat ? Comme laile gauche du PS, et aucontraire dEELV qui retire galement sesinvestitures aux candidats rcalcitrants,Jean-Luc Mlenchon ne cache pas sescritiques envers lobsession du frontrpublicain de ses anciens camaradessocialistes. Il faut arrter! Comment fait-on quand la droite dit la mme chose, voirepire, que le FN ?, a-t-il dit lundi, lors duneconfrence de presse. Cest une mise enscne qui devient fatigante : on en parleavant le vote pour faire monter le FN, ilmonte, puis on cherche des responsables,et on vite tout dbat de fond .Quid du maintien de cette doctrine,alors que s'annoncent ds lan prochainlections cantonales et rgionales ? Notre position se tient tant que leslections o le FN arrive en tte sontdes scrutins marginaux, dit LaurenceRossignol. Si jamais le tripartismedont parle Le Pen sinstallait de faondfinitive et durable, cela voudra dire quenotre stratgie aura chou, et il faudra enchanger .

    La Seine-Saint-Denis,symbole de l'chec dessocialistesPAR MATHIEU MAGNAUDEIX ET JADELINDGAARDLE MERCREDI 26 MARS 2014

    Razzy Hammadi (PS) en droute MontreuilAvec Claude Bartolone et le ministre BenotHamon, lors dun meeting en dcembre 2013

    Participation en chute libre, bons scoresde la droite qui pourrait ravir les fiefscommunistes de Bobigny et du Blanc-Mesnil : les rsultats en Seine-Saint-Denis, bastion du PS et du PCF, illustrentla dsaffection des lecteurs de gauche.Des listes citoyennes crent la surprise.Les poulains de lhomme fort dudpartement, Claude Bartolone, subissentdes revers cinglants.Dimanche prochain, la ville prfecturede la Seine-Saint-Denis, Bobigny, devraitbasculer droite. Ce serait un sismepolitique : la ville de 50 000 habitantstait tenue par le parti communiste depuisprs dun sicle. Avec 43,95 % des voix,lUDI Stphane Di Paoli a largementdevanc au premier tour des municipalesla maire communiste soutenue par le PS.Aulnay-sous-Bois, prise par le PS en2008, devrait elle aussi basculer. Toutcomme Le Blanc-Mesnil, tenue par lePCF depuis les annes 1930. Quant auxpoulains de Claude Bartolone, lhommefort du dpartement, ils ont subi desdconvenues Montreuil, Saint-Denis,Saint-Ouen ou Villetaneuse. En Seine-

    Saint-Denis, dpartement populaire de 1million et demi dhabitants, fief du PS etdu PC, la gauche a pris une racle.

    Razzy Hammadi (PS) en droute MontreuilAvec Claude Bartolone et le ministre BenotHamon, lors dun meeting en dcembre 2013

    En 2012, llectorat trs populaire dusixime dpartement le plus peupl deFrance avait massivement vot FranoisHollande contre Nicolas Sarkozy.Hollande, en tte dans 36 des 40 villesdu dpartement, avait obtenu 39 % desvoix, avec une participation record de74 %. Cette fois, les mmes lecteursont ignor les urnes. La Seine-Saint-Denis compte six des quinze villes lesplus abstentionnistes de France : 61 %des inscrits Stains nont pas vot(+16,5 % par rapport au premier tourdes municipales 2008), 60 % Bobigny(+15 %), 53,7 % Pantin (+11), 58 % Aubervilliers (+8,8), 58 % Saint-Denis(+8,5), etc. Le pacte de responsabilitquand tu as 20 ans et que tu es tudiant,a ne te parle pas , soupire un cadresocialiste, en colre depuis dimanche soir. Je ne mattendais pas une telledmobilisation gauche , avoue GrardSgura. Le maire sortant socialistedAulnay-sous-Bois, lu en 2008 200voix prs, est largement distanc par letrs droitier UMP Bruno Beschizza, quipourra compter au second tour sur les 14 %de lUDI. Segura a fait ses comptes : Les bureaux de vote du nord de la villequi nous sont favorables nont pas dpass40 %. Mais ceux qui votent droite sonttrs mobiliss : 54,58 %, etc. Aulnay,la participation est dailleurs en hausse de5 points depuis 2008, indice de cette fortemobilisation de droite. Idem au Raincy,ville trs droite dirige par lUMP ricRaoult (en tte au premier tour avec33 % des voix).

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    Dans une semaine, la droite, qui tientpour linstant treize communes (10 UMP,3 Nouveau Centre, mais peu de grandesmunicipalits), parat en mesure dengagner quatre, voire cinq autres : Aulnay,la troisime ville du dpartement (82 000habitants), touche par la fermeturercente de son usine PSA ; Bobigny, laprfecture (48 000 habitants) ; Le Blanc-Mesnil, 52 000 habitants, fief de la dputeFront de gauche Marie-George Buffet ; Villepinte (36 000 habitants), MartineValleton, maire UMP battue en 2008par la communiste Nelly Rolland, frlel'lection au premier tour. Livry-Gargan(42 000 habitants), ville socialiste depuisdes lustres, le second tour sannonce aussitrs serr. Au Blanc-Mesnil et Bobigny,le PC est us jusqu la corde. Aulnay,Sgura paie un systme clientliste qui luirevient en boomerang. Mais le PS paiesurtout la politique du gouvernement. Il sefait galement bcher dans les quartierspopulaires qui nont pas apprci sespositions sur certains sujets de socit ,assure Philippe Dallier. Le maire UMP desPavillons-sous-Bois a t rlu 82 %, unscore qu'il juge sovitique .Prsident de lAssemble nationale etancien prsident du Conseil gnral,Claude Bartolone est lhomme fort dela Seine-Saint-Denis. Un parrain selon Dominique Voynet, maire EELVsortante de Montreuil. De fait, Bartoa bti sa stature politique en croquantdepuis les annes 1980 une grandepartie des municipalits un PCF jadishgmonique dans le dpartement. Leprsident de lAssemble nationale limitela casse dans sa circonscription en dpitdune forte abstention : le Pr-Saint-Gervais (il tait 3e sur la liste lue au1er tour), Pantin et Les Lilas passent aupremier tour.Mais pour ce scrutin, le PS avait desambitions autres : prendre plusieursgrandes villes au PC. Dans le viseurfiguraient Saint-Denis, Montreuil, Saint-Ouen, Bagnolet ou Villetaneuse. Pourloccasion, Barto avait adoub plusieursjeunes poulains : Mathieu Hanotin (Saint-Denis), Razzy Hammadi (Montreuil),

    Tony di Martino (Bagnolet), KarimBouamrane (Saint-Ouen) ou KarimBouamar Villetaneuse. La stratgie esten passe dchouer dans les grandeslargeurs. Montreuil (100 000 habitants),le dput Razzy Hammadi, en de des10 %, ne se hisse mme pas au second tour,distanc (notamment) par lancien maireJean-Pierre Brard et le Front de gauchePatrice Bessac. Une droute...Karim Bouamrane, arriv derrire lacommuniste Jacqueline Rouillon Saint-Ouen, ne sera pas maire. Sur saliste figurait le patron des dputs PS,Bruno Le Roux, un proche de FranoisHollande. Villetaneuse, Karim Bouamar(12,1 %) est trs loin derrire le Frontde gauche (34,8 %). Bagnolet, Tonydi Martino, est lui aussi devanc par leFront de gauche Laurent Jamet maisdune seule petite voix. Autre BartoBoy dfait : Abdelhak Kachouri, quichoue prendre Neuilly-sur-Marne l'ex-PS Jacques Mahas, condamn en2009 pour agression sexuelle. Saint-Denis, le maire sortant, le communisteDidier Paillard (40,21 %), devance ledput Mathieu Hanotin (34,30 %). Lesdeux saffronteront au second tour. a va se finir 51/49 , prdit uncadre socialiste. En tout cas, le pari dedloger les communistes de la puissanteagglomration de Plaine Commune (LaCourneuve, Saint-Ouen, Pierrefitte-sur-Seine, Villetaneuse, etc.) est perdu. Votre lecture est l'envers, assure-t-on dans l'entourage de Claude Bartolone,qui nous a contact aprs la parutionde cet article. Ces rsultats montrent aucontraire la ncessit de la confrontationdmocratique entre le PCF et le PS.Quand elle n'existe pas, c'est la droite quien profite. gauche, certains sinquitent dune vague bleue francilienne dimancheprochain. Si ces mauvais rsultatsen Seine-Saint-Denis mais aussi dansdautres dpartements franciliens (Val-de-Marne, Hauts-de-Seine, etc.) seconfirment, le PS pourrait alors, contretoute attente, voir lui chapper la future

    Mtropole de Paris. Ce fameux GrandParis que Claude Bartolone rve depuisdes annes de prsider...En attendant, il y a au moins certainscandidats qui se frottent les mains aprs cepremier tour : ceux des listes citoyennesde Seine-Saint-Denis, dont plusieurs sontmme en position darbitre des lgancesentre le PS et le PCF. Par exemple Bagnolet (liste citoyenne ObjectifBagnolet 2014, 10 %) ou Sevran,ville de lcologiste Stphane Gatignon,o le Mouvement citoyen (8 %), men parun ancien dlgu du prfet, se rclamede Barack Obama et de son travailde community organizing dans lesquartiers de Chicago.

    La liste 100% Aubervilliers DR

    Aubervilliers, 100 % Aubervilliersde Samir Maizat ralise 7,12 % desvoix. Cest un coup de pression, unebonne leon pour que les lus prennenten compte tous les habitants , expliquelenseignant, qui a runi autour de luianimateurs, ducateurs, associatifs, maisaussi un mdecin et un slameur (HocineBen). Leur slogan : Votez pour vous .Dclic de cette mobilisation : labsencede rponse de la mairie, lorsque Maizat etun mdecin urgentiste ont voulu crer uncentre mdical ouvert jusqu minuit, danscette ville qui manque de mdecins. Quoi quon essaie, on a du mal voir les rsultats. Nous sommes desgens dans laction. On sest dit queles lections, ctait un bon momentpour tre couts. Jacques Salvator,le maire sortant, sen est flicit dansLe Parisien : Cette expression desjeunes est extraordinaire. Nous leur avonsdonn l'envie de faire de la politique. Toujours cette condescendance ! rtorque Khir-Din Grid, 26 ans, co-

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    producteur du film Rue des cits, candidatsur la liste citoyenne. Jai bac +5 ensciences politiques, je nai pas attenduSalvator et Beaudet (tte de liste Front degauche, ndlr) pour faire de la politique !Sil y a une chose que lon combat, cestce mpris. Il y a des gens de plus de40 ans, quand on leur dit quils ne sontplus jeunes, cest peut-tre pas facile, maisnous ne sommes pas une liste de jeunes. la Maladrerie, un quartier dfavorisdu nord de la ville, leur liste a recueilli14 % des suffrages. Nous ne sommes pasun parti, poursuit Maizat, quand vous ditesa, les gens dans la rue vous coutent,sinon, ils ne veulent pas de vos tracts. Onleur dit : on nest ni PS, ni PC, ni la droite,on est comme vous.

    Sans tiquette politique mais de sensibilitproche de la gauche et dsormais trscourtiss , ils ont dcid de ne souteniraucune liste au second tour, aprs avoiraussi rencontr des reprsentants du PS etdu Front de gauche, pour prserver leur indpendance .Les rsultats de la Seine-Saint-Denis surle site du ministre de l'intrieur

    Boite noireAjout: une raction de l'entourage deClaude Bartolone, aprs la parution del'article.

    Non, ce ne sont pas lesaffaires qui font le votedextrme droitePAR MICHEL DELANLE MERCREDI 26 MARS 2014

    Sur mediapart.fr, un objet graphiqueest disponible cet endroit.

    Serin chaque lection, le climatnausabond des affaires n'expliquepas le score lev du FN. Ce sontles faibles moyens attribus la luttecontre la corruption, comme la modestevolont politique de l'radiquer, qui posentquestion.Le postulat est rpt en boucle, commeune vidence, aprs chaque lection oupresque. Le score important de lextrme

    droite en France serait, aux yeux decertains responsables politiques, sondeurset autres ditorialistes, provoqu par les affaires et le climat nausabond qui les entoure. Comme si le FN ne senourrissait que de la corruption, et quilfallait cesser de rvler les turpitudesde responsables publics (lus, hautsfonctionnaires ou chefs dentreprise), celaau nom dune curieuse union sacre. Alorsquil sagit en fait de la politique delautruche.Est-ce lexistence mme de la corruption,ou simplement sa dnonciation publique,qui motivent les suppliques rcurrentesadresses aux mdias, sur le thme Ne faites pas le jeu de lextrmedroite ? Ce refrain pleurnichard tait djentonn lorsque les premires affaires definancement occulte ont clabouss le PCFet le PS, la fin des annes 1980. Il a trepris avec vigueur par le RPR de JacquesChirac et le Parti rpublicain de FranoisLotard et Grard Longuet, la dcenniesuivante, au cours de laquelle les dossierspolitico-financiers ont fait flors droite.Il tait encore fredonn lors du passage deLionel Jospin Matignon (1997-2002), aumotif trs cohabitationniste quil ne fallaitpas sabaisser utiliser les affaires contreladversaire politique.

    Le Pen pre et fille Reuters

    Puis, le choc du 21 avril 2002 estarriv. Et Nicolas Sarkozy a recyclune partie des thmes qui appartenaientau corpus de lextrme droite, commelidentit nationale ou la tolrancezro. Et couter certains, aujourdhuiencore, le discours rflexe du touspourris et son corollaire lectoral, lelepnisme contagieux, seraient imputablesaux mdias. Est-ce le fait de parler des affaires qui est sale, ou ne serait-ce pasplutt les affaires elles-mmes ?

    Cet argument des dossiers politico-financiers qui profitent lextrme droiteest discutable plus dun titre. Certes,historiquement, lextrme droite adoreinstrumentaliser les affaires (scandalede Panama, affaires Dreyfus et Stavisky),mais ses racines culturelles et politiquesplongent bien plus loin, dans lhistoiredun vieux pays ayant t unemonarchie, une terre catholique, unempire, une puissance coloniale, uneRpublique autoritaire et mme un tat franais pendant quelquesannes sombres. Pour parler vite,les sentiments et pulsions populistes,scuritaires, ractionnaires, nationalistes,xnophobes, racistes, islamophobes ouantismites qui sentremlent aujourdhui, des degrs divers, dans le vote dextrmedroite nont pas besoin de la corruptionpour exister.La crise est passe par l. La banalisationdes ides et du vote FN au delde lextrme droite traditionnelle estune ralit. Mais qui peut affirmersrieusement que ce ne sont pasla crise conomique, le chmage, larelgation, sociale ou gographique,le dclassement ou lexclusion quiexpliquent cette adhsion rampante plusque les affaires ? (Lire ici notrereportage en Seine-et-Marne pendant laprsidentielle.)Il est dailleurs troublant dobserver, lorsde ces municipales, que nombre dlustant ou ayant t aux prises avec la justicesont rlus ou en passe de ltre. Cestle cas de Patrick Balkany (Levallois),ric Woerth (Chantilly), Andr Santini(Issy-les-Moulineaux) ou Georges Tron(Draveil), tous rlus au premier tour,voire de Jean-Pierre Bechter (Corbeil-Essonnes) ou Jacques Mellick (Bthune),en tte aprs le premier tour. Tout sepasse, dans ces communes, comme si l'onprfrait un maire casseroles fortementmdiatis un candidat honnte . Cettedconnexion, qui peut se produire entrethique et comportements lectoraux, estconnue et documente (notamment grceaux travaux de Pierre Lascoumes).

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    Dans un autre ordre dides, Bordeauxla bourgeoise ne rlit-elle pastriomphalement un martyr des juges ,en la personne dAlain Jupp, qui a pay pour Jacques Chirac danslaffaire des emplois fictifs du RPR ?Quant Patrick Mennucci, lchec de sacampagne sur le thme dune oprationmains propres Marseille pose aussiquestion. Bien sr, il existe des contre-exemples locaux, comme Frjus ouHnin-Beaumont, o le FN a prospr surles dcombres dun systme municipal endcomposition. Mais il faut relativiser cespiphnomnes en rappelant que le partidextrme droite fait aussi de bons scoresdans les scrutins nationaux.En fait, ce ne sont pas les affaires quirenforcent lextrme droite, mais pluttlincapacit de notre justice les traiteravec suffisamment de force et de clrit,faute de volont politique. Ces derniresannes, une longue liste de dossiers lourdsont trouv un pilogue dcevant, desprocs Pasqua au procs Chirac, parexemple. Les causes en sont connues :manque de moyens pour la justice,juges dbords, rgles de procdure deplus en plus complexes, dossiers tropvieux, procs anachroniques, rquisitionsclmentes. Et pour finir : des relaxes ou despeines de prison avec sursis.Chez nos voisins allemands, le trs clbreUli Hoeness (ancien footballeur, prsidentdu club Bayern Munich et patron duneusine de saucisses) vient d'coper dunepeine de trois ans et demi de prison pourfraude fiscale. En France, la fraude fiscalefait le plus souvent lobjet dun simpleredressement avec pnalits, voire dunepeine de prison avec sursis si daventure ledossier est transmis la justice par Bercy.La justice, en France, nest forte quavecles faibles. Ce sont donc le sentimentdimpunit de certains et lexasprationsymtrique des autres face aux passe-droits, autrement dit lexistence dunejustice plusieurs vitesses, qui sontdangereux pour la dmocratie. linversedune partie des nos lites arc-boute surles immunits et autres privilges, on peutpenser quune rpression plus forte et plus

    visible de la dlinquance en col blanc estune vraie ncessit dmocratique. Il sagitde faire respecter le principe d'galitdes citoyens devant la loi et de replacerlexemplarit des lites au cur du pactesocial.Les deux rponses du gouvernementAyrault la dsastreuse affaire Cahuzac cration dune haute autorit de latransparence de la vie publique dunepart, et dun procureur financier dautrepart , suffiront-elles gurir la crise deconfiance ? La monte en puissance de cesdeux institutions nouvelles est en cours etil faudra observer leurs rsultats futurs.Les autres remdes sont connus. Ils senomment fin du cumul des mandats,suppression de la Cour de justice de laRpublique (CJR), parquet indpendant,renforcement des moyens de la justice etde la police judiciaire, peines plus svres,et inligibilit. La potion n'est amre quepour ceux qui la redoutent, mais elle estncessaire.

    L'universit de VersaillesSaint-Quentin a sombrdans l'affairismePAR LUCIE DELAPORTELE MARDI 25 MARS 2014

    L'universit de Versailles Saint-Quentin,aujourd'hui sous tutelle du rectorat et quiattend d'tre fixe mardi 25 mars sur sonbudget, est en proie une crise financiresans prcdent. Les affaires personnellesde certains de ses dirigeants, dont lagestion a t svrement dnonce par laCour des comptes, ont, elles, prospr.Lancienne prsidente de lUniversit deVersailles Saint-Quentin est une femmedynamique. Tous les gens qui lontctoye et mme ceux qui ont eu souffrir des mthodes autoritaires decelle qui dirigea ltablissement pendantdix ans saccordent au moins sur cepoint. Mais le rapport trs svre dela Cour des comptes sur la gestionde luniversit aujourdhui sous tutellerectorale, et qui attend d'tre fixe mardi

    25 mars sur son budget, na sansdoute pas suffisamment examin lespritentrepreneurial de Sylvie Faucheux.Sylvie Faucheux ne faisait pas queprsider la fondation Fondaterra. Cre etfinance par GDF Suez, Vinci et EDF,cette fondation a fortement appuy lepartenariat public-priv (PPP) nergtiquepass par luniversit en 2011 avec GDFSuez. Sylvie Faucheux animait aussi lethink-tank ddi aux partenariats publics-privs universitaires, au sein du ClubPPP un lobby pro-PPP comme nousle rvlions rcemment. Celle qui futcandidate aux lgislatives en 2007 pour lePS est une femme pleine de ressources.

    Sylvie Faucheux, lors duneprsentation la chaire PPP de la Sorbonne

    Manifestement, mener toutes ces activitstout en prsidant une universit de plusde 15 000 tudiants ne lui suffisait pas.Mediapart a ainsi dcouvert que SylvieFaucheux et certains membres de ladirection de l'universit staient aussilancs, en toute discrtion, dans l'activitde conseil.Dans un document sigl confidentiel de septembre 2009, que sest procurMediapart ( lire en intgralit ici),lentreprise encore ltat de projetsappelle alors Cabinet Faucheux de Ligonds et Associs . Il sagitdun cabinet de conseil pens pourfaire linterface entre les tablissementsdu suprieur (universit, coles), lescollectivits locales et les entreprises,notamment dans le cadre de la signaturede PPP. La chronologie nest pas anodinepuisque ce document est dat de septembre2009, soit trs exactement un mois avant

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    la signature dfinitive du PPP avec lasocit Origo, filiale de Bouygues, pourun montant final de prs de 113 millionsdeuros, et alors que le projet dun PPPnergtique commence lui aussi faire sonchemin.Quune prsidente dune universitpublique prodigue ses conseils desentreprises prives dans le cadre de PPPuniversitaires pose a minima la questiondu conflit dintrts. Dautant que, commenous lont rapport certains salaris misdans la confidence, la prsidente prparaitla cration de son cabinet de conseilpriv au sein mme de ltablissement.Hormis ces quelques initis, tout le mondeignorait ces activits parallles au seinde luniversit. Dailleurs, le rectorat deVersailles contact par Mediapart a assurnavoir t aucunement inform alors mme quune autorisation expressedoit tre demande par tout enseignant-chercheur qui souhaite exercer desactivits dans le priv, le tout tant bienentendu trs strictement encadr.

    La prsentation gnrale du projet rappellele contexte politique favorable : Enfvrier 2008, lopration Campus enfaveur de limmobilier universitaire engnralisant la possibilit de recouriraux partenariats publics-privs (PPP)acclre encore les possibilits desynergie territoriale entre universits,collectivits et entreprises. Cedocument prparatoire affirme ainsi que luniversit du XXIe sicle est bienen cours de construction. Cest de sarussite et des partenariats entre secteur

    public et priv quelle permet, dont dpendla comptitivit des entreprises et desterritoires de demain .Face cela, est-il crit, les universitsvont avoir des besoins de comptencesnouvelles comme la promotion delesprit de cration dentreprise etdentrepreneuriat , l intgration dudveloppement durable dans les stratgiesuniversitaires ou le montage de PPP .On ne saurait tre plus clair.Sylvie Faucheux, qui sapprtait signerun colossal PPP avec Bouygues, avaitdonc dcid de tirer le maximum deprofit de son expertise sur le sujet.Dans le document que publie Mediapart,lancienne prsidente qui a quitt sesfonctions en 2012, pour tre nommerectrice de Dijon, affirme qu ilexiste donc une fentre dopportunitstratgique pour construire un projetentrepreneurial viable et profitable .Le "business model", tout comme la formejuridique du cabinet, sont soigneusementdtaills. Cible de client du cabinet :les prsidents et SG (secrtaires gnraux,ndlr) des universits , les dirigeantsde groupes industriels de PME et deTPE, les responsables PPP des grandesentreprises , est-il prcis. Le cabineten cours dlaboration serait une SASau capital de 8000 euros . Pour lesmodalits de rmunration, tout est prvu : Rmunration de SF (Sylvie Faucheux,ndlr) par facturation dhonoraires etdividendes pour FdeL (Frdric deLigonds, ndlr). Pour proposer cette offre trs complte,le cabinet entend sappuyer sur une quipe dexperts spcialiss . Celapermettra, affirme le document, derecruter, rmunrer, impliquer et motiverles meilleurs experts actuellement enposte . Suit une liste de huit personnalitsprsentes comme ayant donn leuraccord pour ce mcanisme , parmilesquels Nicolas Mignan, le directeurgnral des services de luniversit,qui occupe aujourdhui cette fonction luniversit Paris-Descartes, mais

    aussi de faon assez surprenante lactuelprsident Jean-Luc Vayssire, spcialistede biologie cellulaire.

    Jean-Luc Vayssire, que Mediapart alonguement rencontr, assure que sil abien t contact pour participer cecabinet, il na finalement pas donnsuite . Peu disert sur la question, lactuelprsident assure quil prfre parler delavenir de luniversit que du pass .

    Socits de conseilBrivement joint par tlphone, Frdricde Ligonds, prsent dans ce documentcomme lassoci de Sylvie Faucheuxet qui exerait aussi comme professeurassoci en marketing au sein de lafacult, nous a rpondu que pour desraisons personnelles touchant sa sant,il ne souhaitait pas sexprimer sur lesujet. Tout cela est termin, cestdu pass , nous a-t-il simplementrpondu. Ni Sylvie Faucheux, ni NicolasMignan, en poste l'universit Paris-Descartes nont accept de rpondre nosnombreuses sollicitations.Une personne figurant sur la liste, et quisouhaite rester anonyme, nous a affirmque ce cabinet navait finalement pas vule jour sous cette forme. Ayant senti lesrisques potentiels de cette opration, ellea prfr se retirer. De fait, aucun cabinet Faucheux de Ligonds et associs na t cr. En revanche, Sylvie Faucheuxa bien cr un cabinet de conseil pourles affaires baptis Aeracura et dont lesstatuts ont t dposs en novembre 2010.Cette structure discrte ne possde aucunsite internet et est domicilie chez elle, Dampierre.De son ct, le directeur gnral desservices de luniversit, Nicolas Mignan,a lui aussi cr sa socit de conseil pourles affaires en juillet 2010. Ladresse decration, l aussi, est celle du domicilede Sylvie Faucheux... Le cumul duneactivit de conseil de cette nature avecson poste stratgique ne laisse pourtantpas dtonner parmi ses anciens collgues. Je ne vois pas comment le directeur

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    financier dune universit publique, quidoit contrler les comptes et passerdes contrats, pourrait en mme tempsconseiller des entreprises prives surtoutsi elles sont amenes contracter avecluniversit , affirme un juriste deluniversit qui assure galement navoirjamais entendu parler de ces activits.Plus tonnant encore, le DGS NicolasMignan changeait parfois dans unabsolu mlanges de genres des e-mail avec le personnel de luniversiten utilisant ladresse professionnelle dunautre cabinet de conseil en affaires, baptislui Antheos partners (voir notredocument).

    Ce cabinet, trs discret lui aussi, a tcr en avril 2010 par Franois Guichot-Prre, ancien de chez Lazard et recrutla mme anne par la nouvelle structurede Jean-Marie Messier selon Le Monde, eta t liquid en 2013. Parmi les membresfondateurs, on trouve une certaine NourEl Houda Ben Jannet, qui prside aussile think-tank sur l'nergie au Maghreb,l'observatoire mditerranen de l'nergie.Une vieille connaissance de Samir Allal,le prsident de l'IUT de Mantes au sein del'UVSQ avec qui elle cosignait un articleen 1991 et qu'elle retrouvait rcemmentlors des petits-djeuners de l'nergieen Mditerrane. Or Samir Allal, quilui non plus n'a pas donn suite nosappels, figurait parmi les personnalitsayant accept de faire partie des experts ducabinet de Sylvie Faucheux.Et que penser, au mme moment, alorsque le cabinet Faucheux de Ligondset Associs commence se monter l'automne 2009 de lembauche dePierre Bdier ? Lancien prsident UMPdu conseil gnral des Yvelines vient alorsdtre condamn pour faits de corruptionquand la prsidence de luniversit luipropose un opportun contrat de chargde mission pour dvelopper unefondation mditerranenne sur l'nergieet le dveloppement durable au Maroc !Pierre Bdier n'aura gure le temps dedmontrer ses talents puisqu' la suite

    d'une fuite dans L'Express sur cetteembauche pour le moins controverse,l'ancien secrtaire d'tat a t contraint dedmissionner.

    Pierre Bdier

    Le document prparatoire la crationdu cabinet Faucheux de Ligondset Associs prcisait justement queles rformes en cours luniversit, quipermettaient lessor de projets de PPP,tait galement en cours au Maghreb etoffrait donc de prometteuses perspectivesde conseil . Dimportants PPPuniversitaires ont en effet t signs cesdernires annes au Maroc et luniversitVersailles Saint-Quentin a multipli lespartenariats dans ce pays.[[lire_aussi]]Face tous ces lments, il estvidemment dommage que les dirigeantsde lpoque aient refus de rpondre nos interrogations, alors que ceuxactuellement en poste semblent bienpresss de tourner la page.Pourquoi le cabinet Faucheux deLigonds et Associs na-t-il pas vu lejour ? Tout ntait-il pas boucl ? laligne Nos valeurs/nos motivations , ledocument prparatoire, si prolixe sur les

    aspects juridiques et financiers, rpondaitainsi par un perplexe ??? . La rponsen'tait sans doute pas trs avouable.

    Boite noireCette enqute a t mene au coursdes dernires semaines. Sylvie Faucheux,contacte plusieurs reprises sur son mail,son portable et mme son domicilen'a jamais rpondu. Nicolas Mignan,aujourd'hui secrtaire gnral des services l'universit Paris-Descartes, que nousavons cherch joindre plusieursreprises, nous a fait rpondre par le servicede presse de l'universit qu'il ne souhaitaitpas s'exprimer sur le sujet.

    Turquie: malgr lesscandales, le systmeErdogan tient bonPAR PIERRE PUCHOTLE MARDI 25 MARS 2014

    En dpit de la succession de scandaleset d'checs politiques touchant le pouvoirturc, peu de signes montrent, quelquesjours des lections municipales dedimanche, que llectorat de lAKP etson principal soutien, la petite bourgeoisieurbaine, soient prts lcher le premierministre. La perte dIstanbul pourraitcependant tre une rupture.Il y a eu dabord les vnements du parcGezi et la rpression qui sensuivit, lafin du printemps 2013, qui branlrentle gouvernement turc dirig par le partimusulman conservateur AKP. Puis le17 dcembre 2013, les Turcs prirentconnaissance, stupfaits, de rvlationsen cascade mettant en lumire l'immensescandale de corruption qui allait pousserplusieurs ministres et membres de lAKP dmissionner avant dtre mis enexamen. Depuis, le gouvernement et le

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    premier ministre Erdogan font face uneimportante contestation. Ils senfermentdans une thorie du complot deltranger ou de l tat parallle ,deux expressions qui reviennent sans cessedans les rassemblements de campagne delAKP.Mi-mars, alors que les manifestationscontre le gouvernement se multipliaientaprs la mort de Berkin Elvan unadolescent de 15 ans, dans le coma depuisqu'il avait t bless par la police lorsdes mouvements de juin 2013 , Erdogana profondment choqu une partie delopinion turque en qualifiant le dfunt decasseur au service d'une organisationterroriste .Ultime provocation, jeudi 20 mars : ensappuyant sur la nouvelle lgislationquil a fait promulguer en urgence la mi-fvrier, le gouvernement a interditlusage de Twitter. Invoquant la menaced'un complot lectronique contre laTurquie, le premier ministre Recep TayyipErdogan avait promis la veille, dans unrassemblement Bursa (nord-ouest del'Anatolie), de fermer le rseau social. Ilmenace dsormais de s'en prendre au sitede vido en ligne You tube.

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    Cern par les affaires dans un contexteconomique et montaire difficile,engag dans une surenchre nationaliste etcomplotiste, contest par une large partiede la population turque, Erdogan a finipar convaincre une partie de la presseinternationale que sa chute tait proche. Sifin dcembre 2013, le magazine amricainForeign Policy sinterrogeait sur lafin dErdogan ? , la revue Americaninterest nhsitait pas trois mois plus tard affirmer que le premier ministre avaitdfinitivement compromis son avenirpolitique. 60 ans, aprs douze annesde rgne sans partage, Erdogan est-ilvraiment sur le point de passer la main,

    au lendemain des lections municipalesqui doivent avoir lieu dimanche 30 mars ?Rien n'est moins sr.

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    Le premier ministre turc a construit sonascension et celle de son parti sur troispiliers : Le soutien de la puissante confrrie

    Glen. Ladhsion dune petite bourgeoisie

    urbaine. La fidlit lectorale dune population

    conservatrice et socialement dclasse,voire marginalise sous lancienpouvoir kmaliste.

    Si le divorce avec la confrrie paratconsomm, rien ne permet de dire que lesdeux autres catgories ont lch lepremier ministre. Le pouvoir turc estdans une vraie impasse, tous les niveaux,juge Bayram Balci, spcialiste de laTurquie et chercheur invit la CarnegieEndowment for International Peace, Washington DC. Le meilleur servicequErdogan pourrait rendre son pays et son parti, ce serait de partir. Mme dupoint de vue de la postrit. Mais il naque 60 ans, et il reste persuad que tout cequi se passe est en partie une conspirationcontre sa personne. En Occident, cela faitsourire, mais en Turquie, cest crdible,car le principal ennemi dErdogan, cestson frre dhier, le confrriste FethullahGlen, qui rside aux tats-Unis. Or ily a une vraie convergence aujourdhuientre ce que font Glen et ladministrationamricaine, et une vraie divergence entrela politique d'Erdogan et ce que veulent lestats-Unis. Principal soutien dErdogan depuis sonarrive au pouvoir en 2002, la confrrieGlen revendique plusieurs millions desympathisants travers le monde. Fondepar Fethullah Glen, un imam g de73 ans et exil aux tats-Unis depuis1999, elle contrle plusieurs chanes detlvision ainsi que le principal quotidienturc, Zaman, et demeure solidementimplante au sein de la police et delappareil judiciaire turc. Pour Erdogan,laide de Glen fut dcisive, y compris lors

    de sa dernire rlection en 2011. Dansce contexte, la confrrie a vcu le projetde suppression des dershane lescentres privs de prparation au concoursdentre dans les universits turques dontla confrrie tire une part substantiellede ses revenus comme une vritabletrahison de la part du premier ministre. Le divorce tait prvisible, car ily a toujours eu des tensions, expliqueBayram Balci. En 2010, au moment dela flottille envoye Gaza, la confrrietait en totale opposition Erdogan. Ily a eu ensuite une telle accumulation dedivergences sur la question kurde, surIsral, sur la Syrie Au bout du compte,le divorce entre Glen et Erdogan est enquelque sorte le rsultat de la divergenceentre Ankara et Washington. Les tats-Unis sont mcontents de la politiqueturque envers Isral, et nont jamais faitconfiance Erdogan sur lIran. Sur laSyrie, lenlisement a conduit la Turquie discuter avec des lments radicauxde la rsistance, ce qui a galementdplu ladministration amricaine. Sivous ajoutez cela la rpression pendantGezi Park, contre laquelle la confrriea vivement protest, cela fait beaucoupdlments dfavorables. Les tats-Unisont t contraints de prendre leursdistances. Et Glen, qui vit et veut resteraux tats-Unis, a d faire de mme. En politique trangre, laccumulationdchecs montre lessoufflement dunestratgie qui avait port sur le devant de lascne internationale la Turquie et AhmetDavutoglu, son ministre des affairestrangres promoteur de la politique de zro problme avec les voisins . Ence printemps 2014, tous les dossiers sontenliss. Les ngociations en vue duneadhsion lUnion europenne navancentpas. Les dclarations l'emporte-piced'Erdogan fin octobre 2013 laTurquie est le Kosovo et le Kosovo estla Turquie ont considrablementrefroidi les rapports avec la Serbie, quiconstituaient pourtant un vritable levierpour la Turquie dans la rgion des Balkans.Soutien du prsident gyptien Morsi, issudes Frres musulmans, la Turquie a vu

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    son ambassadeur expuls du Caire par lenouveau pouvoir militaire en novembredernier.Mais le dossier le plus problmatique restela gestion par le gouvernement turc de sonimplication dans le conflit syrien. Alorsquil accueille 700 000 rfugis sur sonsol, le gouvernement a tout mis sur lachute du rgime de Bachar al-Assad ettent de convaincre lalli amricain desinvestir directement dans le conflit. Envain. La politique turque de clmence lgard des composantes radicales delopposition syrienne a fini par exasprerlalli amricain, et donc la confrrieGlen. Sur le plan international, Erdogana conduit la Turquie dans une impasse.Moins sensible ces argumentsgopolitiques que la confrrie, mme sielle craint quun isolement relatif de laTurquie nuise ses activits conomiques,la bourgeoisie turque sinquite autant delloignement de l'AKP et de Glen quedes affaires de corruption qui entachent leparti et le premier ministre.

    Plus personne ne contesteouvertement Le dclenchement, le 17 dcembre 2013,d'un vaste coup de filet anticorruptiondiligent par le procureur d'Istanbul,Zekeriya z (proche de la confrrieGlen), a profondment branl lAKP.Cinquante-six personnes ont t placesen garde vue, parmi lesquelles lesfils de trois ministres proches d'Erdogan,le maire (AKP) du quartier Fatih Istanbul, des fonctionnaires de premierplan et des hommes d'affaires lisau secteur de la construction et dela promotion immobilire. Vingt-troispersonnes (hommes daffaires, cadres delAKP) ont t inculpes et places endtention prventive.Ces enqutes concernent les ventesillgales d'or de Turquie vers l'Iran,sous embargo international, ainsi quedes malversations commises lors d'appelsd'offres publics immobiliers. Le 25dcembre, plusieurs ministres ontdmissionn, ce qui a contraint Erdogan procder un remaniement ministriel.

    Ces investigations pourraient-elles ternirde manire irrversible l'image du partiet entraner une dsolidarisation dela bourgeoisie pro-AKP ? Auteurede louvrage La Nouvelle Bourgeoisieislamique, la chercheuse Dilek Yanka estsceptique. Plus personne ne parle ni neconteste ouvertement, explique-t-elle. Cequi est sr, cest que mes contacts dans lepatronat pro-AKP ne sont pas contents dutout de ce conflit entre Glen et lAKP, toutsimplement parce que ce sont les mmespersonnes qui font des dons la confrrieet assistent aux runions de lAKP !Ils vont aux mmes ftes religieuses,participent aux mmes associations. Le 24 fvrier, un enregistrement rendupublic d'une conversation supposeentre Recep Tayyip Erdogan et son fils,Bilal, fit sensation : lors de cet appel,prsent comme ayant t pass le 17dcembre 2013, le premier ministre auraitdemand son fils de faire disparatreplusieurs millions d'euros et de dollarsdissimuls chez des proches. Le premierministre a dnonc un montage immoralet totalement faux . Mais la petitebourgeoisie tremble. Le prsident de Tucson, associationcommerciale proche de Glen, a confessavoir reu des coups de tlphone deproches dErdogan pour lui dire dtreprudent, explique Dilek Yankaya. Toutle monde hsite choisir un camp,car ils sont impliqus dans les mmesrseaux clientlistes. Ils sont coincs,et nenvisagent pas de mettre fin auxrapports commerciaux qu'ils entretiennentavec un patron qui serait plus proche delautre bord, gleniste ou AKP. Et puis, ily a ce systme dcoute, dont la menaceest si large quelle pse sur tout le monde.Quant rompre avec le systme Glen/AKP pour sopposer frontalement et votercontre le parti lors des lections, je penseque nous nen sommes pas encore l. Outre les affaires de corruption suppose,plusieurs extraits de conversationstlphoniques dont l'authenticit estconteste par le pouvoir voquent despressions exerces sur les mdias par lepremier ministre. Un an aprs l'assassinat

    de trois militantes kurdes, le 9 janvier2013, Paris, un enregistrement sonore agalement renforc la thse impliquant unagent infiltr, en service command pourl'tat turc.La bourgeoisie et les cadres du partiseront-ils effrays par cette srie dervlations, qui ont notamment mis encause le premier promoteur de Turquie,Ali Aoglu ? Pas sr, dautant quele premier ministre, par une srie derformes, est parvenu reprendre lamain et faire librer lensemble dessuspects proches du gouvernement. Le plus inquitant, cest quErdogan arussi une sorte de retour la casedpart, en enrayant compltement leprocessus amorc le 17 dcembre, affirmeJean Marcou, spcialiste de la Turquieet professeur des universits linstitutdtudes politiques de Grenoble. Toutesles personnes qui avaient t arrtes ontt libres, Erdogan sest dot doutilspour encadrer Internet, et le parti napas mouft ! Il y a eu certes quelquesdfections, mais marginales. Et les cadresdu parti catalogus comme pouvant tredissidents, notamment Blent Arinc ouAbdullah Gl, se sont compltementcrass. On a donc le sentiment que leparti serre les rangs. Vice-premier ministre, Arinc avaitexprim publiquement des dsaccordsimportants avec Erdogan lautomneaprs la gestion dsastreuse dumouvement Gezi, et les analystes turcssattendaient ce quil soppose lanouvelle ligne du premier ministre. Ilest au contraire lun des premiers se faire lavocat des rformes entamesaprs Gezi. De mme, le prsident Gla symboliquement protest, vendredi 22mars, contre l'interdiction de Twitter,estimant notamment que la fermeturecomplte des plateformes des mdiassociaux ne peut tre tolre :

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    Cest pourtant lui qui a promulgu enfvrier la loi sur lInternet, alors qu'il avaitsoulev une srie d'inconstitutionnalitspotentielles. Le texte de la loi sur Internet

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    a t, au bout du compte, lgrementmodifi, supprimant notamment ladisposition qui permettait de bloquerun site sans que le juge saisi ait puse prononcer, et celle qui autorisaitla divulgation des donnes personnellesdinternautes sans contrle judiciaire.Mais cette modification n'a pas empchle gouvernement d'agir contre Twitter,puis le service de Google que les Turcsutilisaient pour contourner la censure. EtGl demeure l'un des rouages cls dusystme AKP. Washington, dans les think-tankamricains, la question que lon se poseest toujours la mme : quelquun va-t-il sortir de lAKP pour sauver leparti ? rapporte Bayram Balci. Mais ilfaut tre honnte : pour linstant, a nebouge pas beaucoup, et ce pour plusieursraisons : Erdogan est charismatique,contrle bien son parti et maintient lapression sur ses proches collaborateurs,qui le craignent autant quils ladmirent. Aprs une premire dcennie portepar un dveloppement conomique et lamarginalisation de larme, lAKP et lepremier ministre se dirigent-ils vers unedviance autoritariste ?

    Un pouvoir qui sest arrogdes privilges et les dfend Longtemps, lAKP a t peru comme unparti capable de bousculer lordre tablien Turquie, et une dmocratie circonscriteaux intrts de la bourgeoisie kmaliste.Est-ce encore le cas aujourdhui ? LAKPa permis de faire bouger le cadredu systme constitutionnel et scuritaire,quand la Turquie tait finalement unedmocratie limite encadre par larmeavec un certain nombre de tabousdogmatiques historiques, sur la questionkurde notamment, explique le chercheurJean Marcou, qui coordonne le site del'Observatoire de la vie politique turque.Le problme, cest que depuis trois ans,et en particulier depuis Gezi, on estdans une phase caractrise par desatteintes rgulires ltat de droit, uneremise en cause de la sparation despouvoirs, et un gouvernement dont on sentquil est prt tout pour conserver le

    pouvoir. On a limpression que lAKP esten train de retomber dans une culturede dmocratie limite, soit prcisment,ce schma quelle a voulu remettre encause. Sa raction le 17 dcembre, celaa t : "Je bloque la police judiciaire,jinterdis la police de rpondre aux jugeset dobir aux procureurs".

    Depuis cette date, 6 000 policiers ontt muts, dont les directions des policesdIstanbul, de la plupart des grandes villes.La majorit des procureurs qui nont past favorables au gouvernement ont tcarts. Plus inquitant encore, la rformedu HSYK (Haut conseil des procureurset des juges, lquivalent de notre conseilde la magistrature) permet dsormais deraffecter les procureurs selon le bonvouloir du parquet, donc du ministre dela justice. La loi promulgue en mars 2014par le prsident Gl place ce conseil sousla dpendance directe du ministre, quien devient le prsident, et lui donne unpouvoir de nomination des membres de ceconseil bien plus important. On est dans une nouvelle phase, etErdogan justifie tout cela en ayant recours la rhtorique de la thorie du complot,commente Jean Marcou. Laffaire Glenest tombe pic pour justifier cettethorie du complot de lintrieur. Cestune stratgie de campagne nouvelle,puisque les prcdentes taient davantage

    articules sur le concret, et les avantagesconomiques que le gouvernement avaitpu fournir. Le paradoxe, cest que ltat profond, quidsignait jadis larme turque, a t peu peu rintgr dans le jeu au cours desdernires annes. Les grands procs contreles cadres de larme, Ergenekon en tte,ont t peu peu remis en cause, vidsde leur substance et sont dnoncs dans larhtorique AKP comme des coups montspar ltat parallle , savoir la confrrieGlen. Ces dernires semaines, plusieurslibrations trs symboliques ont eu lieu,comme celle de lancien chef dtat-majorde 2008 2010, Ilker Basbug, incarcr en2012 et condamn la prison vie. Plusspectaculaire encore, la libration de VeiKucuk, ancien chef des services secretset archtype mme de la personnalitincarnant cet tat profond. Avant, on avait dun ct ltat delestablishment kmaliste et, de l'autre, legouvernement civil tenu par lAKP, avecdes critiques svres de part et dautre,explique Jean Marcou. Depuis trois ans,lAKP est davantage assis sur lappareildtat, le parti a dailleurs "nettoy" ladiplomatie et est entr dans la justice, o ila rduit considrablement lestablishmentkmaliste qui, jusqu 2010, tenait toutesles grandes cours, constitutionnelle, decassation, le conseil dtat. Aprs larforme de 2010, les kmalistes ont perdudes positions. LAKP est devenu unpouvoir qui sest arrog des privilges etles dfend. Cette drive autocratique nuira-t-elle pourautant au rsultat de lAKP dimanche dansles urnes ? Rien ne permet aujourd'hui dele dire.Aucun lment tangible ne permetdaffirmer que la population qui a portlAKP au pouvoir certains continuantde voir en Erdogan leur Atatrc (lire notre reportage) se dtourne duparti musulman conservateur. Erdogana perdu en prestige et en crdibilit,juge Bayram Balci, chercheur invit laCarnegie Endowment for InternationalPeace. Mais sur le plan lectoral, peut-ilvraiment perdre ? Nous avons en Europe

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    lexemple de Berlusconi, revenu un grandnombre de fois malgr toutes les affairesde corruption. Peu dtudes dopinion fiables ontt publies, et la plupart demeurentcontradictoires. Le sondage le plusdfavorable Erdogan met lAKP 36 % de voix. Selon un sondage ralisdbut mars par lObjective ResearchCenter (ORC), lAKP comptabiliseraitdans toute la Turquie 45 % des voix contreenviron 28 % pour le Parti rpublicaindu peuple (CHP, centre-gauche) et16 % pour le Parti du mouvementnationaliste (MHP). Lopposition nedcolle pas par rapport ses scoresprcdents, et le CHP ne passe jamais labarre des 30 % au niveau national.Aux dernires municipales de 2009,lAKP avait tent de ravir sans succs auBDP, le parti kurde, les principales villesdu sud-est. Cette anne, lenjeu principalsera de conserver la ville dIstanbul. La perdre, mme en ralisant un scoreimportant au plan national, aurait uneallure de dfaite, affirme Jean Marcou.Car cest la ville dErdogan, il y a grandi,et y passe le plus clair de son temps. Levritable maire dIstanbul, cest lui. Istanbul, lopposition dispose duncandidat crdible la mairie, en lapersonne de Mustapha Sarigul. Maire deSisli, lun des arrondissements les plusimportants du centre dIstanbul, Sarigul(CHP) est crdit de 38 % en moyenne,contre 43 % au candidat AKP, le maireactuel, Kadir Tobkas.[[lire_aussi]] Les municipales conditionnent lesprsidentielles, estime Bayram Balci.L'AKP vainqueur, Erdogan pourrait sefaire lire la prsidence, et le systmemuterait dun systme parlementaire enune formule semi-prsidentielle lafranaise. En revanche, si le rsultatest moins bon, Erdogan peut avoircomme tentation de neutraliser le scrutinprsidentiel (qui doit se drouler en2015), et de poursuivre avec le systmeactuel. Erdogan est condamn combattrejusquau bout, et vaincre. Car une

    dfaite lectorale et un dpart peuvent toutaussi bien lamener en prison, du fait desderniers dveloppements dans les affairesde corruption. Thoriquement, les statuts de lAKPinterdisent d'effectuer plus de troismandats de dput. Mais Erdogan a djvoqu cette question dans ses discours,glissant en substance : "Si le peuple turca besoin de moi, je suis sr que lAKPmodifiera ses statuts pour me permettredeffectuer un nouveau mandat." Quandon l'coute, on voit quil s'imagine aupouvoir encore pour dix ans , affirmeJean Marcou. Sil perd Istanbul etAnkara, lopposition va tre galvanise,et il finira par partir, estime BayramBalci. Dans le cas contraire, il se feralire prsident, et nous serons partispour un nouveau cycle. Inquiets de latournure prise par la dernire semaine de lacampagne, le CHP a de son ct annoncquil dploiera 500 000 observateurs surtout le territoire dimanche, pour contrlerle bon droulement du scrutin.

    La CFE-CGC plantele patronat et FranoisHollandePAR RACHIDA EL AZZOUZI ET MATHIEUMAGNAUDEIXLE MERCREDI 26 MARS 2014

    La CFE-CGC ne digre pas les nouvellesrgles dindemnisation des chmeurs. Enreprsailles et parce que la confiance estrompue avec le patronat, le syndicat descadres a dcid de ne plus signer le pactede responsabilit de Franois Hollande. Dequoi fragiliser un peu plus un prsident enpleine tourmente lectorale.Grande premire. Ce mardi 25 mars, loccasion dune confrence de presse exceptionnelle , Carole Couvert, laprsidente de la CFE-CGC, a annoncen plein entre-deux tours que sonorganisation changeait davis. Finalement,le syndicat des cadres, qui revendique160 000 adhrents (et n'est pas vraimentdu genre faire des vagues), ne signeplus le relev de conclusions sur le pactede responsabilit. Le syndicat avait t

    pourtant lun des premiers parapher le10 mars dernier avec les autres syndicatsrformistes, la CFDT et la CFTC.Sur le fond, cela ne change pas grand-chose. Le pacte de responsabilit, quipasse par le lgislateur, ne devient pascaduc. La CFE-CGC participera malgrtout aux ngociations de branche qui endcouleront. Les syndicats nont en effetparaph quun relev de conclusions. Celan'a pas le mme statut juridique qu'unengociation sociale, un accord nationalinterprofessionnel, comme laccord surlemploi de janvier 2013 ou la rcentengociation de lassurance-chmage, quincessitent la signature d'au moins troissyndicats sur cinq. Cest une dconvenuesymbolique pour le gouvernement quia fait du dialogue social la pierreangulaire de ses rformes, et compte surla concertation pour mettre en place sonpacte dcri.

    Manifestation contre le pacte de responsabilit,mardi 18 mars, Paris Rachida El Azzouzi

    Or l'excutif est dj en trs grandedifficult aprs le premier tour desmunicipales. De nombreux lus, mis mal dans leurs fiefs ou battus dimancheprochain lors du second tour, pourraientrevenir ulcrs de la trve parlementaire,qui s'interrompt le 7 avril. Certains rventd'ailleurs d'en dcoudre ds la semaineprochaine. Si on perd une centaine devilles, plus Strasbourg et Toulouse, lesdputs verront se profiler un 21 avril2017 et demanderont des comptes , parieun cadre socialiste. Certains pourraientalors contester ce fameux "pacte", surlequel le gouvernement veut engager saconfiance devant le Parlement, mais quisymbolise dans une partie de la majoritles renoncements de la gauche au pouvoir(lire ici notre analyse). Ils auraient alorsbeau jeu de se justifier en mettant en avant

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    le fait que l'accord nest plus valid que pardeux des cinq syndicats reprsentatifs, quine reprsentent pas la majorit des salaris.La CFE-CGC ne rougit pas de cette volte-face qui peut paratre illisible et cre lasignature rversible, un nouveau conceptdes relations sociales. Ce nest ni uncoup de bluff, ni un coup de poker,ni un problme de gouvernance, ni lafoldingue Carole Couvert qui a pris ladcision toute seule ! explique MediapartCarole Couvert, la prsidente du syndicat.C'est une dcision prise lunanimitdes fdrations ce lundi, lors dun comitdirecteur que javais runi en urgence. Elle insiste encore : Cela na rien voir avec la politique, les municipales. Elle appuie toutefois sur le ras-le-bolfiscal des classes moyennes qui remontedu terrain .La confdration des cadres entre en grvedu stylo car la confiance avec le patronatest rompue , dit-elle. Car ce que la CFE-CGC ne digre pas, c'est laccord concluentre trois syndicats (CFDT, CFTC, FO) etle patronat dans la nuit du 21 au 22 marssur la nouvelle convention dassurance-chmage (lire ici notre article). SelonCouvert, il se fait sur le dos des classesmoyennes et des cadres . La conventionprvoit en effet que les cadres qui onttouch un gros chque d'indemnits dedpart devront l'avenir attendre jusqu'180 jours pour toucher leurs allocationschmage, au lieu de 75 jours aujourd'hui. On se moque de nous. Cest un pacte detrahison qui va trangler les cadres maisaussi les chmeurs puisque le patronatne refuse quasiment aucune hausse decotisation. Nous avons donc dcid derevenir sur notre dcision de signerl'accord sur le pacte de responsabilit.On nous fait un enfant dans le dos.Il faut que le patronat arrte de nousconsidrer comme des suppltifs. Quant ses promesses, elles sont fausses , assneCarole Couvert, nomme en avril 2013 latte de la centrale de lencadrement aprsune guerre de succession. Elle cloue aupilori au passage le Medef et la CFDT,les syndicats officiels du gouvernement

    avec lesquels tout se joue. Nous, les autres,nous nexistons pas . Une vhmencedont la CFE-CGC est trs peu coutumire.Au ministre du travail, chez MichelSapin, on refuse de commenter cerevirement. Cest un peu bizarre commeattitude et cest surtout contraire auxrgles du dialogue social , pointe unconseiller social du gouvernement souscouvert danonymat. Il relativise ce coupde gueule, qui n'a selon lui aucuneconsquence pour la mise en place dupacte et rvle surtout un problme degouvernance de la CFE-CGC, qui saitquelle ne pse pas grand-chose .Du ct des syndicats contestataires, onsourit de voir la petite CFE-CGC rejoindrele camp des nonistes aprs avoirt cocufie par le Medef qui a prfrtroubler le jeu en sduisant FO , lors dela ngociation sur lassurance-chmage. Le plus grave, cest quon nous bassinetous les matins avec le dialogue socialmais nous nen faisons pas en ralit.Lassurance-chmage a t une ngo decouloir o le patronat a jou je te donneun poste, tu signes dans des conciliabulesferms , fulmine un cadre de la CGT.

    Carole Couvert, prsidente de la CFE-CGC reuters

    Pour plusieurs acteurs et observateurs dumicrocosme social, ce changement de piedfragilise aussi le gouvernement socialistecar il renforce l'ide d'une alliance, troiteet exclusive, avec la CFDT dont denombreux anciens sont conseillers dans lesministres. Dans les tages de la centralerformiste, on en est bien conscients.Des mois que ltiquette courroie detransmission du gouvernement colle la peau de lorganisation de LaurentBerger, mme si la CFDT na pas appel voter Hollande lors de la prsidentielle, aucontraire de la CGT.

    Cest bien malgr nous que cesoupon circule , rtorque un responsableconfdral de la CFDT en off, qui estimeque la CGC est surtout une organisation la drive . Il rappelle que son syndicat,qui ne participe aucun conseil desministres , est souvent en dsaccord avec le gouvernement. Pour lui, leproblme, ce nest pas la CFDT mais lechamp de ruines