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CETTE PUBLICATION A ÉTÉ PRODUITE AVEC L’ASSISTANCE DE L’UNION EUROPÉENNE. LE CONTENU DE CETTE PUBLICATION RELÈVE DE LA SEULE RESPONSABILITÉ DE LA RMSU ET NE REFLÈTE EN AUCUN CAS LA POSITION DE L’UNION EUROPÉENNE. MATIÈRE À PENSER Créer des synergies dans Euromed Héritage 4 et au-delà P AR CHRIStoPHE GRAz, DIRECtEUR DE PRojEt , UnIté RéGIonALE DE SUIvI Et DE SoUtIEn (RMSU) Parme, Italie - C. Graz 2006 Editorial Il s’est avéré plutôt difficile de décider du type de bullen que nous voudrions éditer pour le programme Euromed Héritage 4 (EH4). C’est toujours un choix délicat, et si une décision élimine la plupart des autres opons qui auraient pu s’avérer également intéressantes, elle établit surtout une direcon plus ou moins définie. Dans la myriade des bullens distribués par les couloirs virtuels du Cyberspace, nous avons finalement voulu une édion avec panache ! Nous avons donc développé un concept qui permet d’être arayant et facilement lisible dans une version électronique. Nous l’avons voulu riche en contenu et digne d’intérêt pour nos associés et au-delà, pour la sphère plus large des acteurs et des aficionados du patrimoine culturel. Nous espérons y être parvenus, et ferons bon accueil aux commentaires de nos lecteurs ! Pour cee première édion, nous avons choisi un thème dont nous croyons qu’il représente un bon début pour notre programme et qui illustre en outre les quesons actuelles liées au patrimoine culturel et au développement de ses mulples et divers acfs dans toute la région méditerranéenne : dans quelle mesure le programme EH4 comble-t’il la dichotomie entre le patrimoine matériel et immatériel, et comment cee dichotomie est-elle traitée dans les projets choisis ? Notre discussion nous permera de présenter les douze projets de EH4 d’une façon non linéaire et non-didacque et de nous engager dès le début à combler le fossé perçu, mais à tort, entre le patrimoine matériel et immatériel. Chrisane Dabdoub Nasser, Chef d’équipe, Unité Régionale de Suivi et de Souen (RMSU) MATIÈRE À PENSER 1 ACTUALITÉS EUROMED HERITAGE 4 2 NOTRE ARTICLE DE CHOIX 4 UNE CONVERSATION AVEC... 5 PERSPECTIVE SUR LE PATRIMOINE CULTUREL 9 LES MEILLEURS CLICHÉS 10 DIVERS 11 Une étude synopque du programme Euromed Héritage (EH), y compris parmi les projets qui ont été séleconnés dans sa quatrième phase (EH4), et d’autres programmes financés par l’Union européenne (culture, Interreg, etc.), indique que les projets tendent à suivre leur propre logique tout en ignorant les accomplissements de leurs homologues ou de leurs prédécesseurs. Cee pénurie de conscience est parellement due à l’absence d’un diagnosc de la situaon existante, mais davantage à un manque certain d’échanges transversaux. Ces dernières années, la culture et le dialogue interculturel ont gagné en importance parmi les projets mis en applicaon sous l’égide du partenariat euro-méditerranéen ; Malgré celà, force est de relever un manque de visibilité et d’arculaon pour toutes ces réalisaons, ainsi que l’absence de filtres de recherche, de champs thémaques associés, pour une analyse des croisements ou des superposions vercales des publics et des sujets abordés etc. Il s’agit là d’un constat qui semble difficile à corriger à large échelle, malgré Internet et des moteurs de recherche performants, et en dépit de quelques courageuses tentaves d’assemblage. L’évaluaon rapide de l’état de l’art par les projets EH4, chacun dans son domaine d’experse respecf, apparait ainsi indispensable, et elle devrait permere d’idenfier dès le début les liens potenels et les acons communes, puis d’acver les convergences, les complémentarités, et la coopéraon vers une efficacité et un impact accru à l’échelle du programme. L’Unité Régionale de Suivi et de Souen (RMSU) devrait aiguiller des synergies potenelles par le biais des nombreuses acvités qu’elle mera en œuvre, comme les conférences, les formaons, les ateliers, la recherche, les missions de suivi, etc. Celles-ci devraient favoriser une exploitaon plus efficace des résultats des projets et leur diffusion au-delà de la géographie de leurs partenariats. Ainsi, la RMSU espère et ancipe : une parcipaon et une implicaon acves des partenaires des projets à l’organisaon, à l’animaon et au contenu de l’une ou l’autre de ses acvités ; des croisements complémentaires autour de thémaques communes, soit dans la méthode, soit dans la maère ; une mobilisaon croisée et efficace des médias et des partenaires instuonnels impliqués dans le programme ; une associaon avec les instuons en charge du patrimoine culturel, en complément de l’acvité de renforcement du cadre instuonnel et législaf à l’échelle du programme. Alors seulement, le programme EH4 pourra porter sa marque au delà de sa durée de quatre ans et contribuer réellement à la sensibilisaon des populaons, vers une véritable appropriaon de leur extraordinaire patrimoine culturel commun n RMSU pour le programme Euromed Héritage 4 rue d'Egmont 15 B-1000 Bruxelles t. +32 (0)2.609 55 50 - f. +32 (0)2 511 63 11 [email protected] http://www.euromedheritage.net

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MATIÈRE À PENSERCréer des synergies dans EuromedHéritage 4 et au-delàPAR CHRIStoPHE GRAz, DIRECtEUR DE PRojEt, UnIté RéGIonALE DE SUIvI Et DE SoUtIEn (RMSU)

Parme, Italie - C. Graz 2006

Editorial

Il s’est avéré plutôt difficile de décider

du type de bulletin que nous voudrions

éditer pour le programme Euromed

Héritage 4 (EH4). C’est toujours un choix

délicat, et si une décision élimine

la plupart des autres options

qui auraient pu s’avérer également

intéressantes, elle établit surtout

une direction plus ou moins définie.

Dans la myriade des bulletins distribués

par les couloirs virtuels du Cyberspace,

nous avons finalement voulu une édition

avec panache ! Nous avons donc

développé un concept qui permet d’être

attrayant et facilement lisible

dans une version électronique.

Nous l’avons voulu riche en contenu et

digne d’intérêt pour nos associés et

au-delà, pour la sphère plus large des

acteurs et des aficionados du patrimoine

culturel. Nous espérons y être parvenus,

et ferons bon accueil aux commentaires

de nos lecteurs !

Pour cette première édition, nous avons

choisi un thème dont nous croyons

qu’il représente un bon début pour notre

programme et qui illustre en outre les

questions actuelles liées au patrimoine

culturel et au développement de ses

multiples et divers actifs dans toute la

région méditerranéenne : dans quelle

mesure le programme EH4 comble-t’il la

dichotomie entre le patrimoine matériel

et immatériel, et comment cette

dichotomie est-elle traitée dans les

projets choisis ? Notre discussion nous

permettra de présenter les douze projets

de EH4 d’une façon non linéaire et

non-didactique et de nous engager

dès le début à combler le fossé perçu,

mais à tort, entre le patrimoine matériel

et immatériel.

Christiane Dabdoub Nasser,

Chef d’équipe, Unité Régionale de Suivi

et de Soutien (RMSU)

MATIÈRE À PENSER 1

ACTUALITÉS EUROMED HERITAGE 4 2

NOTRE ARTICLE DE CHOIX 4

UNE CONVERSATION AVEC... 5

PERSPECTIVE SUR LE PATRIMOINE CULTUREL 9

LES MEILLEURS CLICHÉS 10

DIVERS 11

Une étude synoptique du programme Euromed Héritage (EH), y compris parmi les projets qui ontété sélectionnés dans sa quatrième phase (EH4), et d’autres programmes financés par l’Unioneuropéenne (culture, Interreg, etc.), indique que les projets tendent à suivre leur propre logiquetout en ignorant les accomplissements de leurs homologues ou de leurs prédécesseurs. Cettepénurie de conscience est partiellement due à l’absence d’un diagnostic de la situation existante,mais davantage à un manque certain d’échanges transversaux.

Ces dernières années, la culture et le dialogue interculturel ont gagné en importance parmi les projetsmis en application sous l’égide du partenariat euro-méditerranéen ; Malgré celà, force est de releverun manque de visibilité et d’articulation pour toutes ces réalisations, ainsi que l’absence de filtres derecherche, de champs thématiques associés, pour une analyse des croisements ou des superpositionsverticales des publics et des sujets abordés etc. Il s’agit là d’un constat qui semble difficile à corrigerà large échelle, malgré Internet et des moteurs de recherche performants, et en dépit de quelquescourageuses tentatives d’assemblage.L’évaluation rapide de l’état de l’art par les projets EH4, chacun dans son domaine d’expertise respectif,apparait ainsi indispensable, et elle devrait permettre d’identifier dès le début les liens potentiels etles actions communes, puis d’activer les convergences, les complémentarités, et la coopération versune efficacité et un impact accru à l’échelle du programme. L’Unité Régionale de Suivi et de Soutien(RMSU) devrait aiguiller des synergies potentielles par le biais des nombreuses activités qu’elle mettraen œuvre, comme les conférences, les formations, les ateliers, la recherche, les missions de suivi, etc.Celles-ci devraient favoriser une exploitation plus efficace des résultats des projets et leur diffusionau-delà de la géographie de leurs partenariats. Ainsi, la RMSU espère et anticipe : une participation etune implication actives des partenaires des projets à l’organisation, à l’animation et au contenu del’une ou l’autre de ses activités ; des croisements complémentaires autour de thématiques communes,soit dans la méthode, soit dans la matière ; une mobilisation croisée et efficace des médias et despartenaires institutionnels impliqués dans le programme ; une association avec les institutions encharge du patrimoine culturel, en complément de l’activité de renforcement du cadre institutionnelet législatif à l’échelle du programme. Alors seulement, le programme EH4 pourra porter sa marqueau delà de sa durée de quatre ans et contribuer réellement à la sensibilisation des populations, versune véritable appropriation de leur extraordinaire patrimoine culturel commun n

RMSU pour le programme Euromed Héritage 4rue d'Egmont 15 B-1000 Bruxellest. +32 (0)2.609 55 50 - f. +32 (0)2 511 63 [email protected]://www.euromedheritage.net

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ACTUALITÉS EUROMED HÉRITAGE 4

MARSEILLE, FRANCE - C. GRAZ 2009 MOLTIFAO, FRANCE - C. GRAZ 2009MOLTIFAO, FRANCE - C. GRAZ 2009

Euromed Héritage 4, un réseau pour la

valorisation du patrimoine

méditerranéen

Depuis le début de ses activités en février2008, la RMSU a accompli plusieurs tâchesaptes à renforcer la visibilité duprogramme Euromed Héritage 4 et àétendre son réseau. Le programme a étéprésenté à l’occasion d’importantsévénements internationaux tels que la16ème Assemblée générale et ColloqueScientifique International de l’ICoMoS àl’automne 2008 au Québec et la 5èmeConférence sur le “tourisme et laCoopération au Développement”

organisée à Barcelone par l’InstitutEuropeu de la Mediterrània (IEMed) enfévrier 2009.

En mars 2009, la RMSU a été invitée àl’inauguration de la chaire UnESCo pour laConservation préventive, la Maintenanceet le Suivi de Monuments et Sites auprèsdu Centre International pour laConservation Raymond Lemaire (RLICC) del’Université Catholique de Leuven, enBelgique. Une collaboration avec le RLICCest prévue pour l’organisation d’un atelierthématique Euromed Héritage 4 sur laconservation préventive (voire ci-après) n

Liens utiles :ICoMoS http://www.international.icomos.org/

IEMed http://www.iemed.org/

RLICC http://www.sprecomah.eu/rlicc/

Les projets EH4 démarrent leurs activités :

un formidable travail engagé pour les trois

prochaines années

Depuis janvier dernier et l’annonceofficielle de la Commission Européennedes noms des douze projets financés dansle cadre du programme EH4, plusieursprojets ont organisé des réunionspréparatoires et de lancement.L’occasion de réunir tous les partenairesimpliqués et d’aborder les questionsconcrètes relatives à la mise en place desactivités ainsi que les divers aspectsfinanciers et administratifs des projets.

Des membres de la RMSU, et notammentle Chef d’équipe et les Directeurs de projet,ont participé à plusieurs de cesévénements, dégageant une impressiontrès positive quant au niveau d’implicationgénéral : “Je suis plutôt impressionné par

la vitalité de la majorité des projets, leur

niveau d’engagement aussi bien que leur

capacité à impliquer l’ensemble des

partenaires dans les discussions. Cela nous

confirme la grande valeur potentielle des

projets sélectionnés en termes de contenu,

des thèmes et des activités qui seront

développées. Un travail important doit

maintenant être effectué pour assurer une

bonne articulation des activités et

l’intégration des projets dans le cadre

général du programme, mais également

pour faire ressortir les points et les

thématiques communs et stimuler la mise

un place d’activités inter-projets, qui vont

permettre d’assurer une meilleure

exploitation des résultats. Le défi qui nous

attend dans les mois à venir est grand,

mais le démarrage est très encourageant.

Je souhaite que cette même énergie

perdure jusqu’à la fin du programme et

préférablement après” (C. Graz, RMSUDirecteur de Projet) n

Un appui aux projets EH4 : formation

en « Communication interne et gestion

de projet »

La première formation organisée par laRMSU dans le cadre de son activité d’appuiaux projets s’est tenue les 21-22 avril àBruxelles. Cet événement était importantnon seulement pour aborder les aspectsadministratifs, financiers et techniques envue de l’amélioration de la mise en placedes activités, mais aussi pour réunir lesprincipaux acteurs et activer le réseauinterne au programme. ont participé à laformation les coordinateurs etadministrateurs des projets EH 4, lesreprésentants de l’office de CoopérationEuropeAid et des Délégations de l’UE auMaroc et en Syrie, ainsi que les membresde la RMSU. Les deux journées se sontconcentrées notamment sur lesprocédures administratives et financièresen conformité avec les directives de l’UE,et sur la présentation d’outils de travailconçus pour faciliter la communication etle suivi des projets dans leur déroulement.La formation a aussi permis d’identifier dessynergies potentielles et de dégager despistes de travail entre projets n

Pour plus d’information :http://www.euromedheritage.net/intern.cfm?lng=fr&menuID=16&submenuID=21&subsubmenuID=10

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BRUXELLES, BELGIQUE - G. SALIS 2009 BRUXELLES, BELGIQUE - C. GRAZ 2009 BRUXELLES, BELGIQUE - G. SALIS 2009

Le trafic illicite :

un défi pour la conservation

“Le vol, le pillage, l’importation, l’ex-

portation ou toutes autres formes de

transfert illicite de biens culturels sont des

pratiques malheureusement bien connues.

Le monde des Manuscrits souffre

terriblement de ces pratiques, rendues

possible par l’absence de catalogage des

collections, principalement sur la rive Sud

de la méditerranée, ainsi que par le

manque d’harmonisation des lois et normes

en matière de lutte. Bibliothécaires,

philologues, juristes et techniciens doivent

pouvoir travailler ensemble pour lutter

efficacement contre le trafic de biens

culturels. C’est l’objectif que nous nous

fixons” (S. Ipert, coordinateur du projetManumed II - Des manuscrits et deshommes).

Cette importante question qui affecte laconservation des biens culturels a faitl’objet d’une conférence internationaleorganisée par le projet “ManuMed II - Desmanuscrits et des hommes”, parti-culièrement axée sur les manuscrits et lespublications. Une vingtaine de juristes ontété réunis à la Bibliothèque d’Alexandrieles 8 et 9 avril, sous la coordination du Prof.norman Palmer (avocat, Président duComité d’évaluation du trésor nationald’Angleterre et du Pays de Galles),spécialiste dans les questions de restitutionde biens illicitement déplacés. Cetteréunion a permis de traiter des cas concretsde conflits de propriété et d’examiner dansquelle mesure les normes internationaleset les législations nationales permettent deles surmonter.

L’optimisation de la lutte contre le trafic desbiens culturels en Europe et dans le mondeexige l’uniformisation des législations et

des réglementations. L’objectif de cetteconférence était également d’être force deproposition, de constituer un réseaud’experts pour dresser un mémorandum desuggestions potentiellement transmissiblesà des institutions telles que la CommissionEuropéenne, l’ICoM, l’UnESCo, etc. Laquestion du trafic illicite fera aussi l’objetd’un atelier spécialisé de la RMSU,programmé au Liban durant le secondsemestre 2009 dans le cadre de l’activité derenfort du cadre institutionnel et légal n

Bibliographie de référence : Convention UnESCo de 1970Convention UnIDRoIt de 1995

Pour plus d’information :http://www.euromedheritage.net/intern.cfm?lng=fr&menuID=9&submenuID=7&idnews=171

Atelier thématique

sur la “Conservation préventive

et l’entretien”

L’atelier thématique sur la “Conservationpréventive et l’entretien” est programmépour le mois d’octobre prochain à Ghardaïa,en Algérie. Il se concentrera notamment surla question de la perméabilité et del’adaptabilité des outils, méthodes etpratiques en œuvre sur les deux rives de laMéditerranée. Pour l’organisation de cetévènement, la RMSU s’associe avec laChaire UnESCo sur la conservationpréventive inaugurée récemment à Leuven,ainsi qu’avec le projet Montada et sonpartenaire Algérien, l’o.P.v.M. (office pourla Protection de le vallée du M’zab) àGhardaïa, qui devrait accueillir l’atelier.

Le défi posé dans le champ de laconservation aujourd’hui consiste àassurer la préservation du patrimoine avecdes stratégies basées sur la conservation

préventive, l’entretien et le suivi desouvrages. L’identification et la correctiondes défauts et des problèmes en temps eten heure doit permettre de prévenir desdommages bien plus importants, qui sontle plus souvent générateurs de dépenseslourdes pour remettre en état le bâtimentclassé ou de valeur. Les systèmes de suivipermettent aux pouvoirs publics,propriétaires et gestionnaires des sites devérifier qu’un entretien régulier esteffectué, qui garantit une dépenseplanifiée et efficace sur le long terme, ycompris dans la continuité d’une restau-ration. Dans les discussions, il s’agira dedistinguer deux aspects de l’entretien :d’une part, l’entretien courant, qui vise àgarantir le fonctionnement du bâtiment etun état satisfaisant ; d’autre part, lestravaux de modernisation qui visent àadapter le bâtiment aux standardscontemporains, en constante évolution.

Une ambition de cet atelier consiste àfournir des recommandations pour lesautorités en charge du patrimoine, maiségalement pour les populations locales,“usagers et propriétaires” de ce patrimoinedans les pays méditerranéens partenairesn

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NOTRE ARTICLEDE CHOIX

Valoriser l’immatériel

PAR jULIE SCott, SEnIoR RESEARCH FELLow, LonDon

MEtRoPoLItAn UnIvERSIty

Dans une émission radiophonique diffuséerécemment au Royaume- Uni, uncorrespondant de la B.B.C évoquait une histoirepoignante sur les arbres de la ville de Prague.Dans une partie de la ville située à l’extérieurdu centre historique, des arbres centenairesétaient coupés pour faire place à des arbustes,des bancs et d’autres mobiliers urbains, dans lecadre d’un réaménagement de la zone pour laconstruction de résidences de luxe.

Les protestations et pétitions des habitants duquartier n’avaient pas eu gain de cause ; lesarbres étaient abattus comme prévu, quandune résidente a demandé aux entrepreneurs lapermission d’emporter avec elle le tronçond’un arbre, pour le garder. Sa requête lui a étéaccordée par les promoteurs, assortie ducommentaire “ça n’a de toute façon aucunevaleur”. La femme a alors présenté le tronçonau journaliste de la B.B.C et, montrant du doigtles cernes, elle fit remarquer : “Ce cernemarque la chute de l’Empire Austro -Hongrois ;celui-ci le soulèvement de Prague ; celui-là lePrintemps de Prague” ; puis elle ajouta :“Comment est-il possible qu’un tel lien matérielvivant avec les grands évènements de la citéhistorique soit jugé sans valeur, sans avenir ?”

La notion même de “patrimoine” s’est élargieavec la naissance du concept de “patrimoineimmatériel” - de plus en plus reconnu. Maisl’anecdote sur les arbres de la ville de Praguefait ressortir le caractère complexe et généraldu patrimoine immatériel et ses difficultésinhérentes, tant en termes d’identification,qu’en matière de gestion. Comment le mettreen valeur et par qui ? En premier lieu, lesarbres représentent-ils un patrimoine matérielou immatériel ? Il y a manifestement des zonesde chevauchement entre le matériel etl’immatériel ; la mémoire, les récits, lesperformances et connaissances culturelles detoutes sortes sont ancrés invariablement dansdes espaces concrets au sein desquelss’inscrivent des objectifs tangibles et autourdesquels se tissent du sens, des associations etdes pratiques culturelles.

De même, la construction et le maintien dupatrimoine matériel proviennent de laconnaissance, des techniques et des savoir-fairedéveloppés au fil des ans et transmis par lesinstitutions culturelles traditionnelles à traversl’apprentissage, en véhiculant leur part depatrimoine immatériel. Comme certains auteursl’ont débattu, le concept même de patrimoine

est ancré dans un contexte culturel fait de signi-fications, de pratiques et de hiérarchies devaleur, et dans une certaine mesure toUtpatrimoine peut être considéré commeimmatériel.

Par ailleurs, on peut se demander dans quellemesure les idées et les approches développéesdans le processus de conservation et derestauration d’objets et de bâtiments sonttransmissibles au domaine du savoir, des idéeset des pratiques liées au patrimoineimmatériel. Les conventions standard enmatière d’authentification et d’inventaire sontissues des pratiques en cours pour laclassification et l’évaluation des objets ; ellessont étroitement liées au processus destandardisation, dont les effets ont tendance àdénigrer et déshumaniser toutes formesculturelles vivantes. En d’autres termes, lesmanifestations culturelles qui sont davantagesusceptibles d’être inventoriées commepatrimoine immatériel sont sans doute cellesqui se prêtent le mieux à une objectification, ens’éloignant alors d’une approche plus“anthropologique” de la culture - censée nousrenseigner sur le concept de patrimoineimmatériel. Implicitement, ces mêmesmanifestations déterminent également lescritères pour distinguer ce qui pourra êtreconsidéré - ou non - comme du patrimoine.

L’inventaire culturel est alors à double-tranchant, identifiant non seulement ce quidevrait être sauvegardé et préservé mais aussi,par son absence, ce dont on peut se dispenseret qui manque de valeur. Les arbres del’exemple sur Prague font doublement les fraisde l’inventaire culturel. Situés dans un espaceintermédiaire entre le patrimoine matériel etimmatériel, leur localisation périphérique lesplace également dans un espace non marquéculturellement et historiquement, parcontraste avec le centre-ville qui est, lui, saturéde sens historique et culturel. En effet de telsquartiers sont des candidats privilégiés pour ledéveloppement et le renouvellement urbain,car les sites culturels sont de plus en plusassociés aux stratégies de markéting urbaines,avec un prix des propriétés croissant à mesurede leur proximité au cœur du patrimoine.Pour chaque cas similaire à celui de la placejema’el-Fna – sauvée des plans d’assainisse-ment et de modernisation commandités par lesautorités municipales après avoir été classéecomme espace culturel, suite à lareconnaissance internationale de sa valeurpatrimoniale immatérielle - il existed’innombrables exemples, dans toutes les villesdu bassin méditerranéen, de l’échec destentatives de sauvegarde des communautés dequartiers, détentrices de traditions urbainesvivantes et de formes sociales qui ne collent

plus à la vision autorisée de l’avenir de la ville,les espaces socio-culturels qui les supportaientayant été assainis et “modernisés”.

Un exemple évocateur est celui de la polémiqueautour des projets de la municipalité de Fatih àIstanbul, qui prévoyait de démolir les habi-tations de la communauté gitane de Sulukule,afin d’y établir “une communauté close dequelques 620 maisons de ville haut de gamme,de style néo-ottoman”, et ceci dans le cadre dela préparation à Istanbul capitale européennede la culture en 2010. Les gitans et leursdéfenseurs ont argumenté qu’un tel projet allaitdétruire non seulement un lien vivant avecl’héritage byzantin de la ville, mais qu’ilmenaçait également la viabilité de la commu-nauté à terme, puisqu’ils ne pourraient plusvivre de leurs performances dans les mariageset les lieux de divertissement de la ville.

Les valeurs du patrimoine sont indissociablesdes valeurs économiques, culturelles et socialesdans lesquelles elles sont ancrées et dont ellesstimulent la création. La tendance des villeshistoriques du bassin méditerranéen –autrefois centres de production, d’habitation etde commerce – à se reconvertir en centres detourisme et de consommation de loisirs, atransformé la signification et la valeur dupatrimoine et fourni les moyens économiquespour l’entretenir. Dans le même temps, celaentraîne le risque de polarisation entre lesespaces dits “historiques” et ceux “nonhistoriques”, “culturellement marqués” et“non culturellement marqués”, et de faire ledistinguo entre le patrimoine dit “de valeur” etcelui jugé “sans valeur”, d’une façon qui peuts’avérer nuisible envers les types de patrimoineimmatériel qui sont la force vitale des villes etqui animent l’espace entre les sites historiques.Pour toutes ces raisons, je recommanderais,plutôt que de chercher à adapter des pratiquespropres au patrimoine matériel au patrimoineimmatériel, d’appliquer les méthodes utiliséespour le patrimoine immatériel dans notreapproche du patrimoine matériel.Dans ce contexte, l’équilibre entre les projetstraitant le patrimoine matériel et immatériel ausein du programme Euromed Héritage 4 doitêtre favorablement accueilli n

DAMAS, SYRIE - C. GRAZ 2004

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UNE CONVERSATION AVEC… Entre tradition et modernité :les hammams

traditions et modernité, mémoire et actualité, matériel et immatériel se rencontrent dans unlieu suggestif, qui mérite d’être redécouvert et davantage connu : le hammam. nonobstant deschangements sociaux et politiques qui en affectent parfois assez profondément la significationet la fonction, le hammam garde toute sa vitalité et peut s’avérer un outil formidable d’intégrationsociale et de requalification des médinas et des centres historiques des villes méditerranéennes,dont il a été pendant longtemps un élément social et architectural essentiel.Heidi Dumreicher, fondatrice de l’oikodrom-Institut et coordonnatrice du projet “HammaMed -Sensibilisation au patrimoine culturel des hammams dans le bassin méditerranéen et au-delà”,nous en raconte davantage…

LE CAIRE, EGYPTE, HAMMAM TANBALI - RICHARD S. LEVINE ANKARA, TURQUIE, HAMMAM SENGÜL - RICHARD S. LEVINE FÉZ, MAROC, HAMMAM SAFFARIN - RICHARD S. LEVINE

Quelles sont les problématiques qui vous ont amené à concevoir

HammaMed, et à quels besoins le projet compte-t’il répondre ?

nous sommes partis du constat que, bien que la notion dehammam soit assez répandue dans les sociétés méditerranéennes,elle s’arrête à une connaissance plutôt superficielle qui, surtout, neprend pas en compte l’importante fonction sociale que le hammama eue et continue d’avoir encore aujourd’hui. on s’est interrogé surles réponses à fournir pour préserver ce patrimoine et en éviter laperte ou la détérioration, aussi bien qu’on s’est attaché à vérifier s’iln’y avait pas d’exemples actuels où le hammam en tantqu’institution est toujours vivant, des exemples d’où nous pourrionstirer des leçons ou des exemples valables pour d’autres cas.

Quelle est la situation générale du hammam

qui ressort du diagnostique que vous avez effectué

dans les différents pays méditerranéens ?

Il y a parfois des différences assez importantes d’un pays à l’autre

en fonction du système politique et social, et notammentconcernant la façon de se rapporter à des phénomènes comme lefondamentalisme et la modernité. Le hammam, tradi-tionnellement un lieu féminin, est dans certains pays déconseilléou interdit aux femmes pour des raisons d’opportunité sociale, ouconsidéré dans d’autres comme quelque chose de démodé,appartenant au passé et qui ne mérite pas d’être préservé. Il y aune vingtaine d’années, on pouvait trouver au Caire des centainesde hammams, tandis qu’actuellement il n’en reste même pas six.Au Maroc, en revanche, nous avons constaté que le hammam estune institution toujours actuelle et vivante, et que, même dansdes quartiers de construction récente ou qui sont en train d’êtrebâtis, il est bien présent. Une situation similaire se retrouve àConstantine en Algérie où, si les vieux hammams de la médinasont laissés à l’abandon malgré leur valeur patrimoniale, ils sontconstruits dans les nouveaux quartiers comme une partieintégrante du projet de développement urbain. Bien qu’il s’agissede bâtiments modernes qui n’ont pas beaucoup d’intérêt d’unpoint de vue strictement architectural, ils sont toujours actuels dupoint de vue social et rituel. C’est ici que nous avons rencontré

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des femmes qui, en suivant un certain rituel, venaient ici pourremettre le corps en santé et bon état, 40 jours aprèsl’accouchement.

Le hammam est un lieu fortement évocateur des traditions,

mais aussi une présence tangible qui participe de l’actualité :

comment ces dimensions se fondent-elles ?

Les dimensions matérielles et immatérielles sont indissociablesdans le hammam, car il fait partie de la mémoire collective. Lesgens se souviennent d’y être allés pour la première fois avec leurgrand-mère, ou d’y avoir approché la nudité pour la premièrefois : on peut y retrouver son propre passé d’une façon vivante.on a vu le cas en turquie de gens qui faisaient plus d’une heurede trajet en bus pour se rendre au hammam en nous disant quec’est la tradition, c’est l’histoire. En même temps, le hammam estun élément qu’on ne peut pas dissocier de son contexte, lequartier ou la ville. Souvent, les gens nous disent avoir changé dehammam pour suivre la personne qui leur offrait le service ; ils nes’intéressent pas à la valeur architecturale du lieu mais auxpersonnes qui font les massages et aux relations qui s’instaurent.A Damas, un hammam féminin en très mauvais état et qui avaitété transformé dans le temps en hammam pour hommes pourdes raisons religieuses, a été l’objet d’un débat sur l’opportunitépour les femmes de fréquenter les hammams. nous avonsconsulté les habitants du quartier et les représentants religieux et,suite à cette consultation et au vu de l’intérêt de la population, lepropriétaire d’un autre hammam a décidé de le racheter, de lerestaurer et de le rouvrir aux femmes.

Quels sont les hammams sur lesquels vous allez travailler

et comment ?

En premier lieu, le hammam Ammuna à Damas, sur lequel nousavons déjà travaillé et d’où nous comptons tirer des exemples debonnes pratiques à diffuser et à appliquer aux autres hammams dela ville. on va y ajouter une composante environnementale liée ausystème de chauffage, qui se fera via des ressources renouvelableset pour lequel le propriétaire a déjà donné sa disponibilité. Ensuite,le hammam Saffarin à Fez, dont nous sommes en train d’identifierle propriétaire, ce qui n’est pas toujours facile : parfois la ville,parfois les habitants du quartier ou un gérant… nous allons travailleravec le gérant à la conception d’un plan de gestion qui luipermettrait de maintenir des tarifs qui soient à la fois accessiblespour les habitants du quartier et suffisamment rentables pourcontinuer d’exister et d’investir dans la restauration du bâtiment.nous allons ensuite identifier et prendre contact avec d’autresgérants de hammam à Fez, en utilisant l’expérience et les bonnespratiques développées. nous avons en outre un projet d’expositiondans les quartiers auquel nous voulons que les habitants participentpar l’apport d’objets et d’effets personnels liés aux pratiques duhammam. nous devons arriver à faire parvenir aux gens le messageque le hammam est un lieu de détente et de rencontre dont la villea besoin, pour en changer l’image, négative, d’un endroit sale etvétuste. Finalement, nous allons travailler sur le hammam tambaliau Caire, qui est actuellement fermé et que nous espéronssauvegarder.

Quel est votre souhait pour la fin du projet ?

Que le hammam et d’autres institutions qui font tradi-tionnellement partie des villes méditerranéennes du sud commeles fontaines publiques, mais aussi les boulangeries ou d’autrescommerces par exemples, contribuent à rendre la vie dans lamédina possible et de meilleure qualité, et surtout incitent leshabitants à retourner s’y installer et y vivre. Souvent , j’entendspar des collègues et des gens du milieu intellectuel qu’ils adorenttravailler et passer leur temps dans la médina, mais qu’y vivreserait trop compliqué en terme de mobilité, pour les enfants ouen cas de besoin de soins urgents par exemple. Le risque est queles médinas ne se réduisent qu’à des endroits touristiques ouhabités par des personnes venant exclusivement d’un milieu rural,avec une perte de la richesse et la variété de population, qui rendces espaces véritablement vivants n

Propos recueillis par Giuliano Salis

Pour plus d’information : http://www.euromedheritage.net/intern.cfm?menuID=12&submenuID=13

BIBLIoGRAPHIE

Dumreicher H., Kolb B. (2008) : the Hammam - A Living Cultural Heritage,in Sibley, Magda (ed). Archnet-IjAR : International journal of ArchitecturalResearch, vol. 2, issue 3http://www.archnet.org/library/documents/one-document.jsp?document_id=10484

Dumreicher, H. (2008) : the Hammam: Scenarios for a sustainable future,In: Cultural Heritage and Sustainable Development in the Arab world,Fekri, Hassan (ed.), the Bibliotheca Alexandrina, Alexandriahttp://www.bibalex.org/arf/en/GRA1106_DF_20081102_book.pdf

Dumreicher H., Kolb B. (2008) : the Hammam – a Socio Spatial Microcosmand its Potential for the Future of the Mediterranean City, ARUP 2008,Ain Shams University, Faculty of Engineering, Dep. of Architecture, Egypt

Ivanceanu I. (2007): Mikrokosmos Hammam, In : Südwind Magazin12/2007, welt - Reportagen & Analysen http://www.suedwind-magazin.at/start.asp?artid=4900&ausg=200712&b=0&artart

MARRAKECH, MAROC, HAMMAM EL BADII - ANDREAS OBERENZER

CONNECTING - ISSUE N°1 - JUIN 2009

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UNE CONVERSATION AVEC… Des Manuscrits et des Hommes…

ANNABA, ALGERIE - HERVÉ HÔTE/AGENCE CAMALEON 2009 ANNABA, ALGERIE - HERVÉ HÔTE/AGENCE CAMALEON 2009 ALEXANDRIE, EGYPTE - CAROL GIORDANO 2009

Saviez-vous que l’arabe a servi à écrire la langue hébraïque et vice versa ? Que l’écriture ottomanea retranscrit nombre de manuscrits grecs ? Que le berbère peut s’écrire en caractères arabes ethébreux ? Et que le syriaque s’écrit aussi bien en alphabets arabes et syriaques ?Une diversité linguistique exceptionnelle et un savoir-faire ancestral toujours vivant témoignentde la richesse culturelle méditerranéenne et des ses multiples croisement à travers les siècles.Cela nous est transmit par un patrimoine extraordinaire, où les dimensions matérielles etimmatérielles se fondent harmonieusement : le manuscrit. En dépit des millions d’exemplairesconservés dans les bibliothèques et les archives méditerranéennes, ce patrimoine est aujourd’huien danger, de même que les artisans et les techniques traditionnelles de fabrication et deconservation, qui risquent de disparaitre en entrainant sa perte. Stéphane Ipert, Directeur du CCL et coordonnateur du projet “ManuMed II - Des Manuscrits etdes Hommes”, nous introduit sur cet univers et sur la façon de le préserver et valoriser.

Quels sont les problématiques

qui vous ont amené à concevoir ManuMed II

et à quels besoins le projet compte-t’il répondre ?

nous avons constaté que, parmi plusieurs millions de manuscritsconservés dans les bibliothèques et les archives des paysméditerranéens, la plupart versent dans un état de conservationproblématique, de par la détérioration des matériaux et dumanque de soins ou de stratégies de conservation préventive. Cesobjets d’art font, en outre, l’objet d’un trafic illégal très prospère,qui ne cesse d’augmenter au fil des années. nous voulonsrépondre aux nécessités des professionnels à la fois en termes deformation sur ces thèmes spécifiques, et sur le plan technologiqueavec la mise en place d’une bibliothèque virtuelle qui leurpermette de disposer et d’utiliser ces collections documentaires.Parallèlement, nous voulons donner accès aux documents au

grand public, notamment aux chercheurs qui s’intéressentbeaucoup aux manuscrits comme une partie importante de latradition écrite et un véhicule privilégié des langues traditionnellesméditerranéennes.

Quelle est la typologie des collections

que ManuMed II veut valoriser ?

Il s’agit de manuscrits en langues vernaculaires ou anciennes,d’une grande richesse et variété : on y trouve l’arabe, le syriaque,le berbère, l’arménien, l’araméen, le copte... Il s’agit d’unediversité linguistique extraordinaire, qui est aujourd’hui menacéepar l’omniprésence des langues des médias occidentaux, souventen conflit avec les langues vernaculaires - majoritairement l’arabe,mais pas seulement -, elles-mêmes parfois déjà en rapport difficile

CONNECTING - ISSUE N°1 - JUIN 2009

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avec des langues minoritaires. on assiste à une double fracture,numérique et linguistique, qui met en péril les unes et les autres,exclut l’arabe et met en danger les langues minoritaires menacéesde disparition à court terme.

La dimension à la fois matérielle et immatérielle

du patrimoine visé par ManuMed II,

via l’existence d’un medium physique tel que le manuscrit

qui véhicule un patrimoine intangible, est assez claire :

pourriez-vous en dire davantage ?

Les gens, et les jeunes en particulier, méconnaissent souventl’histoire de leur langue, de leur alphabet et des chiffres qu’ilsmanipulent… Dans une zone de conflits récurrents, il est importantd’expliquer aux gens que la langue et l’écrit constituent unpatrimoine intangible et inaliénable de leur culture qui est, etsouvent a été, partagé avec les “autres”. Savent-ils que l’arabe aservi à écrire la langue hébraïque et vice versa, que l’écritureottomane a retranscrit nombre de manuscrits grecs, que leberbère peut s’écrire en caractères arabes et hébreux, que lesyriaque s’écrit aussi bien en alphabets arabes et syriaques ?

Une telle richesse de croisement entre langues et écritures a étédans le passé une source de richesse dont les manuscritsméditerranéens sont aujourd’hui porteurs. La régionméditerranéenne est aussi exceptionnelle car on y trouve encoredes artisans qui fabriquent des manuscrits et des matériaux selondes techniques ancestrales, dont l’étude peut grandement aiderles historiens du livre. Malheureusement, certains aspects de lamodernisation et de la mondialisation font que ces artisans quifabriquent les papiers, cuirs, parchemins ou les artisans relieurs,marbreurs, calligraphes et enlumineurs, disparaissent et cessentleurs activités sans être remplacés, et cela a aussi desconséquences négatives sur la microéconomie locale.

Vous avez déjà une expérience

dans une phase précédente d’EH :

quelle(s) nouveauté(s) caractérise(nt)

cette nouvelle phase de travail ?

En tant qu’Institut pour la Conservation du Livre nous avionsparticipé, il y a presque une dizaine d’années, à EH I. A l’époque,notre action était orientée davantage vers les professionnels,l’enjeu étant de les sensibiliser, de les former, de les aider, de lesmettre en réseau. Grâce à ce travail, des réseaux ont été structuréset des méthodologies mises en place. on va encore insister surces points-là, mais aujourd’hui, notre action s’axe plutôt sur lasensibilisation et l’accès du grand public et des jeunes enparticulier au patrimoine représenté par les manuscrits.

nous envisageons à cet effet de mettre en place des activités deformation et de mise en valeur des manuscrits et des pratiquesartisanales traditionnelles liées à la fabrication et à laconservation, et de développer des activités dans lesbibliothèques et les archives de la Méditerranée, qui accusentdans leur majorité un certain retard, aussi bien en termes deconservation que de lecture publique.

Comment envisagez-vous

la participation de ManuMed II dans EH 4,

quelles sont les attentes par rapport au programme

et la contribution que le projet peut y apporter ?

EH est un cadre fonctionnel et financier très important pour notretravail, et je ne cache pas que le support financier fourni par l’Unioneuropéenne est fondamental pour pouvoir mener à bien nosactions. Le programme offre en outre la possibilité de travailler enexploitant un plus vaste réseau, y compris les autres projets EH4, etcela devrait nous permettre de mieux pérenniser nos actions.

Quel est votre souhait pour la fin du projet ?

nous voudrions parvenir à sensibiliser le plus grand nombrepossible de personnes à nos actions et, bien que cela soit bienévidemment irréaliste, qu’il n’y ait pas besoin de réaliser une phaseManuMed III… A travers la conservation et la valorisation desmanuscrits, nous voulons contribuer à la préservation de la diversitédu patrimoine écrit et de celui des langues, inscrivant ainsi notreaction dans la prolongation de la convention de l’UnESCo sur lapromotion de la diversité des expressions culturelles n

Propos recueillis par Giuliano Salis

Pour plus d’information : http://www.euromedheritage.net/intern.cfm?menuID=12&submenuID=13

BIBLIoGRAPHIE

Collectif (2007) : Les manuscrits berbères au Maghreb et dans lescollections européennes. Atelier Perrousseaux

Abdelhamid A. (2006) : Manuscrits et bibliothèques musulmanes enAlgérie. Atelier Perrousseaux

Bouterfa S. (2005) : Les manuscrits du touat. Atelier Perrousseaux

Ipert. S, Marty. B (2005) : Les trésors manuscrits de la Méditerranée. Faton(produit par ManuMed I dans le cadre du programme EH I)

ANNABA, ALGERIE - HERVÉ HÔTE/AGENCE CAMALEON 2009

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vers une meilleure gestiondu patrimoine méditerranéen,une tâche réaliste PAR jEAn-LoUIS LUxEn,ExPERt LéGAL SEnIoR DE LA RMSU

La RMSU consacre une action spécifique aurenfort législatif et à l’appui institutionnel,grâce à un travail mené avec les organesofficiels des pays méditerranéens et, plusparticulièrement, avec les ministères, lesdirections du patrimoine, les grands musées,les services d’archéologie, etc. L’objectif est degarantir la pérennisation et la prolongationdans le temps des résultats obtenus afin de lesintégrer dans les législations nationales etdans la pratique des institutions. Cela se fait àtravers la comparaison des situationsexistantes dans les différents pays et parrapport aux standards internationaux(conventions, chartes, etc.), en vue de dégagerdes propositions d’améliorations à court etmoyen terme. nous voulons aussi renforcerles liens entre les administrations nationaleset les institutions internationales qui puissentêtre maintenus au-delà de la durée duprogramme Euromed Héritage 4.

Les activités à réaliser consistent dansl’organisation de six ateliers spécialisésservant de base à des études comparatives,un service de consultation technique proposéaux gouvernements des pays partenaires, et laconstitution d’un réseau d’officiels et deprofessionnels du patrimoine.

Un premier atelier sur les inventaires a eu lieuau siège de l’UnESCo, à Paris, en décembre2008 ;un 2ème atelier portera sur lesquestions juridiques relatives à la gestion descollections de bien meubles, à la lutte et laprévention du trafic illicite d’œuvres d’art (cetatelier est prévu au second semestre 2009 àBeyrouth) ; un 3ème atelier aura pour objetl’étude du cadre législative et institutionnel leplus favorable à la réhabilitationurbaine (prévu durant le second semestre2009). Il s’agira ensuite de réunir les directeursdu patrimoine des pays partenaires pour uneréflexion commune sur le développement despolitiques en matière de conservation, etnotamment dans le champ de d’archéologie(en principe au cours du 1er semestre 2010).

Au 2ème semestre 2010 on devrait aborderles aspects économiques de la conservation,notamment les mécanismes de financement,pour terminer avec un dernier atelier (Rome,au siège de l’ICCRoM) portant sur lesstructures à mettre en place dans chaque payspour promouvoir l’éducation et la formationdans le domaine de la conservation, de larestauration et de la gestion du patrimoine.

Chaque fois que possible, on établira uneliaison et une coopération avec les activitésprévues dans le cadre des 12 projetssélectionnés par EH4. Mutual Heritage a ainsiparticipé à l’atelier de Paris sur les inventaires,en décembre, et l’expert RMSU, jean-LouisLuxen, a participé au séminaire sur le traficillicite des manuscrits organisée par ManumedII - Des manuscrits, des hommes dont unreprésentant, à son tour, sera invité à l’atelierde Beyrouth. Des synergies sont ainsirecherchées.

Parallèlement à ces activités, plusieurs outils

de consultation seront créés : un “Répertoire”de documents sur les aspects législatifs,normatifs et institutionnels du patrimoineméditerranéen a été dressé, comprenant unchoix de publications et de textes de référenceinternationaux directement accessibles via le

site Euromed Héritage 4. Ce “Répertoire” seramis à jour au fur et à mesure et il est aussiouvert à une documentation complémentaireque vous voudriez bien nous signaler.

nous allons aussi préparer des documents desynthèse faisant le point et indiquant dansquelle mesure les différents pays suivent lesstandards internationaux et adhérent auxnormes internationales, quelles leçonspeuvent être tirées des ateliers, en diffuser lesrésultats et, si possible, les intégrer dans desbases de données législatives comme celles del’UnESCo et du Conseil de l’Europe- réseauHEREIn, voire de l’ALECSo.nous fournissons en outre un service deconsultation technique aux pays partenairesqui, par la voie officielle de leurgouvernement, peuvent nous soumettre desquestions spécifiques propres à un ouplusieurs pays sur des aspects qui posentproblème : l’organisation des musées, lefinancement d’un projet immobilier,l’introduction de nouvelles techniques, etc. LaRMSU peux proposer une mission techniquede court terme apte à aider dans l’analyse dela situation et la formulation de propositionsconcrètes. Un rapport sera ensuite publié,d’où pourraient être tirées des leçonsapplicables à des situations analogues dans

d’autres pays. La RMSU encourage aussi ledialogue entre les autorités des pays et lesprojets EH 4 pour que, après identificationd’une problématique particulière dans lecadre de leurs activités, la demande puisseremonter vers les institutions des paysconcernés et entraîner le recours à uneconsultation technique de la RMSU.

Finalement, nous allons constituer un réseaud’officiels et de professionnels du patrimoineafin de stimuler les échanges et les contactsentre les pays et les institutionsinternationales (Commission européenne,UnESCo, Conseil de l’Europe, ALECSo,Interpol, organisation Mondiale du tourisme,UnIDRoIt) indispensables à la conduite d’unepolitique du patrimoine moderne et efficace.tout particulièrement, il s’agit d’encouragerles professionnels du patrimoine à constituerdes sections nationales des grandesorganisations non-gouvernementales commel’ICoMoS et l’ICoM, l’organisation des villesdu patrimoine mondial, l’organisation desvilles arabes.La tâche est immense, mais nous pouvonscontribuer à la réaliser n

Pour plus d’information :http://www.euromedheritage.net/intern.cfm?lng=fr&menuID=8

PERSPECTIVE SURLE PATRIMOINE CULTUREL

Renforcer le cadrelégislatifet institutionnel

BINT JBEIL, LIBAN - C. GRAZ 2003

DAMAS, SYRIE - C. GRAZ 2003

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LES MEILLEURS CLICHÉS

CORTE, FRANCE - C. GRAZ 2009 MONREALE, ITALIE - G. SALIS 2009

FEZ, MAROC - G. BERTELLETTI 2007 CASABLANCA, MAROC - C. GRAZ 2009

DAMAS, SYRIE - C. GRAZ 2003 BARCELONE, ESPAGNE - C. GRAZ 2008

vous trouvez ici une sélection des plus belles photos collectées dans le cadre du programme Euromed Héritage 4 pour illustrer toute la richesse du patrimoineculturel méditerranéen. Dans le mois à venir, la RMSU lancera un Prix de Photographie pour accroître la sensibilisation du public envers le patrimoine cultureldans la région. Les photos primées seront ensuite publiées dans cette section ainsi que sur le diaporama EH 4 : http://www.euromedheritage.net/intern.cfm?lng=fr&menuID=88

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La citation

“Une approche universelle du patrimoine devrait prévaloir, quiprendrait en considération le lien dynamique entre lespatrimoines matériel et immatériel et leur interaction étroite”

Déclaration d’Istanbul, UnESCo, Istanbul, Septembre 2002.

La première Foire pour l’art et la restauration de Florence : 29-31 octobre 2009

Les Romains appelaient Florence “Florentia” pour sa cultureartistique florissante, et la ville, renommée pour ses maîtres etrestaurateurs, a été admirée partout dans le monde. Maintenant,elle émerge avec un événement qui vise à rassembler toutes lesprincipales associations, fondations, écoles, entreprises et individustravaillant dans le domaine de la conservation et de la restauration.La première “Foire internationale pour l’Art et la Restauration” aucentre d’exposition “Stazione Leopolda” fournira un forum pour lapublication et l’échange d’informations. La foire est organisée parl’association sans but lucratif Istur CHt (tourisme Culturel etPatrimoine) afin d’attirer l’attention sur tous les aspects de laconservation et de la restauration, avec un accent particulier missur l’expertise des différents restaurateurs, souvent négligés lorsd’événements de ce genre. En tant que membre fondateur du

réseau italien de la Fondation Anna Lindh, Istur CHt veut également porter l’attentionsur la situation et les besoins du secteur patrimonial dans le bassin méditerranéen.Pour plus d’information: http://www.salonerestaurofirenze.org

Le coin du lecteur

Averroès, d’Ernest Renan – Editions Koutoubia

Pour Renan, la formule fuse, sans appel : “Je suis le premier à

reconnaitre que nous n’avons rien ou presque rien à apprendre ni

d’Averroès, ni des Arabes, ni du Moyen Age”. Alors, pourquoi relireRenan aujourd’hui ? Selon lui, Averroès aurait perdu son combatcontre les théologiens. Cette interprétation semble opposer leCoran à son message philosophique. Elle ne fait pas justice à l’effortconstant du philosophe cordouan de justifier la pratiquephilosophique à partir du Coran lui-même. Dans sa préface, lephilosophe Ali Benmakhlouf nous invite à revisiter le grand texte

renanien, à en voir les ombres et les lumières, et à mesurer l’importance toute nouvelleet bienvenue qu’Averroès prend aujourd’hui.

DIVERS

Notre agenda

l 15-16 juillet 2009 - Alexandrie, égypteForum mondial de l’UnESCo Clubs, Centreset Associations : “Patrimoine Mondial et Paix”http://www.euromedheritage.net/euroshared/doc/forum_Mondial_Clubs_programme_fr.12.05.09.pdf

l 30 septembre/29 octobre 2009 - Sharjah,émirats arabes unisProgramme AtHAR – Cours sur la conservationde la pierre et des structures en terre :liants traditionnels utilisés en maçonnerieet conservation des bâtiments humideset des siteshttp://www.iccrom.org/eng/01train_en/announce_en/2009_09AtharUAE_en.shtml

l Conférence Internationale “EuropeanArchitectural History network” :appel à contributions(date limite : 30 octobre 2009)http://www.eahn2010.org

l 8-9 octobre 2009 - Leuven, Belgique1st wtA-International PhD Symposium :Building Materials and Building technologyto preserve the Built Heritagehttp://wta-conferences.org/

l 30-31 octobre 2009 - Como, ItaliePlanned Conservation of xxth CenturyArchitectural Heritage :A Review of Policies and Practiceshttp://www.plannedconservationcomo2009.com

l 9-11 novembre 2009, Beirut, LibanSéminaire EH 4: Protection des collections- trafic illicite

l 28-30 avril 2010, Madrid, EspagneConférence Internationale:“Sustainable Building – revitalizationand rehabilitation of neighborhoods”http://www.sb10mad.com/en

l 22-24 septembre 2010 - Prague, Républiquetchèque2ème Conférence : Mortiers et enduitshistoriques http://www.itam.cas.cz/hmc2010/

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RMSU pour le programme Euromed Héritage 4rue d'Egmont 15 B-1000 Bruxellest. +32 (0)2.609 55 50 - f. +32 (0)2 511 63 [email protected]://www.euromedheritage.net

n

Euromed Heritage 4 Connecting - une publication trimestrielle de la RMSU pour le programme Euromed Héritage 4L’équipe de la RMSU : Christiane Dabdoub Nasser, Chef d’équipe - Christophe Graz, Directeur de projet - George Zouain, Directeur de projetJean-Louis Luxen, Expert légal senior - Giuliano Salis, Expert en communication - Giulia Bertelletti, Event manager - Dario Berardi, Expert NTIC

Pour recevoir les prochains“Euromed Héritage 4 Connecting”, inscrivez-vous à notre liste de diffusion sur http://www.euromedheritage.netn