MASTER THESIS 2012

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UTOPIES 2.0 , Nouvelles plateformes d’exploration Étude des mutations dans la pratique et dans la production architecturales.

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U T O P I E S 2 . 0 , N o u v e l l e s p l a t e f o r m e s d ’ e x p l o r a t i o n

Étude des mutations dans la pratique et dans la production architecturales.

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S O M M A I R E

I N T R O D U C T I O N

P R O B L É M AT I Q U E

M É T H O D O L O G I E

B I B L I O G R A P H I E

C O R P U S D E R É F É R E N C E S

C O N C L U S I O N

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0 2 - D E S P R AT I Q U E S , U N M A N I F E S T E

0 1 - E N V I R O N N E M E N T S

011 - C ’ e s t l a c r i s e .

012 - G é n é r a t i o n é p o n g e

013 - L ’ e s p a c e s e d é m o c r a t i s e .

014 - ‘ ‘ E s p è c e s d ’ a r c h i t e c t e s ’ ’

0 3 - L E S T E R R I T O I R E S D ’ A C T I O N

031 - Te r r i t o i r e s p a t i a l , t e r r i t o i r e h é r i t é

032 - Te r r i t o i r e r e l a t i o n n e l , e s p a c e v é c u

0 5 - M O D È L E S D E P E N S É E

051 - S t r a t é g i e d e l a r u m e u r

052 - U t o p i e s g é n é r i q u e s

0 4 - N O U V E L L E S P R O P R I É T É S D ’ I N T E R V E N T I O N

041- L a b o r a t o i r e s o c i a l , c o l l e c t i v i t é u t i l e

042- E s p a c e f l e x i b l e , i n d é t e r m i n a t i o n p r o g r a m m a t i q u e

043- Te m p o r a l i t é m a î t r i s é e , a c t i o n c o n t r e l ’ i n e r t i e

044- O c c u p a t i o n d u t e r r i t o i r e , p o t e n t i e l i m m é d i a t045- E s p a c e i n f o r m e , d é s i r d ’ h o s p i t a l i t é

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014 - C o n s t r u i r e c o l l e c t i v e m e n t

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I N T R O D U C T I O N

‘‘La métropole contemporaine, collage de fragments inachevés, de bribes d’utopies irréali-sées, d’idéologies sédimentées, ouvre la voie à des pratiques plus intuitives, plus sensibles, plus ouvertes, plus ancrées dans le réel, plus hybrides, plus approximatives et finalement beaucoup plus riches et tellement plus stimulantes.’’ 1

Procédant d’une interrogation précise et vaste à la fois, le travail de recherche présenté dans ce mémoire manifeste d’abord une curiosité certaine à l’égard d’un environnement -de réflexion et de production- changeant et propose de s’intéresser à la pratique architecturale d’aujourd’hui et au rôle que joue dorénavant une nouvelle génération d’architectes.

Dans un contexte de crise et de territoires hérités des grandes périodes de croissance écono-mique, là où leurs aînés jouissaient d’une situation plus favorable à leur activité, ces jeunes acteurs engagent une mutation active dans les domaines de la pratique et de la production architecturales. Leurs attitudes témoignent d’un questionnement commun face à des enjeux nouveaux, inhérents à la pratique du métier d’architecte.

Il nous paraît important d’éclaircir une des figures de la pensée architecturale contemporaine, de comprendre où et comment elle se concrétise et contribue au renouvellement urbain.

Bien qu’ils aient toujours existé de manière plus ou moins forte, il semble que l’histoire, le contexte -local et social- prennent un nouveau sens au sein des idées de ces jeunes archi-tectes. En étudiant leurs points de vue, leurs méthodes, leurs rôles dans la société, et leur conscience en tant qu’architecte, nous tentons de retrouver et de redéfinir le potentiel des ‘‘architectures’’ aujourd’hui.

Nous voulons faire l’inventaire -non exhaustif- d’un nouveau mode de penser dans un contexte urbain contemporain et interroger une fois encore les outils et les démarches actuels de la fabrication de la ville. Cet état des lieux n’est pas représentatif d’une majorité dans la pratique architecturale mais révèle toutefois une tendance dont le potentiel et la force médiatique sont de plus en plus affichés. Il illustre le penchant qu’a la société d’aujourd’hui pour de nouvelles formes d’urbanité, une nouvelle écologie urbaine et sociale, un nouveau partage du territoire.

Nous n’essayons pas ici de donner des solutions uniques à la fabrique urbaine, mais de présenter les qualités et les potentialités d’une façon possible de faire. Il s’agit de formuler une réponse possible à la question Comment faire la ville d’aujourd’hui? pour laquelle les réponses sont multiples, souvent complémentaires, et toujours évolutives.

1 L’AUC, Grand Paris Stimulé, de la métropole héritée aux situations pa-risiennes contemporaines, Belgique, SNEL, 2009, p.13

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P R O B L É M AT I Q U E

Comme nous l’avons explicité précédemment, les réponses à la question Comment faire la ville d’aujourd’hui? sont multiples, et nous n’amorçons dans ce mémoire d’étude qu’une solution possible et partielle aux enjeux inhérents à la fabrique de nos villes. Quels contextes favorisent l’émergence de nouvelles figures dans l’architecture? Quelles configurations d’ac-tion permettent d’intervenir aujourd’hui dans la ville? L’objectif étant finalement de définir les potentialités d’une nouvelle architecture dans la construction de l’environnement contem-porain et de poser un regard rafraîchissant sur la ville et le rôle de l’architecte pour demain.

Nous travaillerons d’abord à faire le portrait d’un cadre de production innovant qui reques-tionne la place de l’architecte dans la société contemporaine en se demandant qui sont ces nouveaux acteurs avant-gardistes? Comment se définissent-ils? Nous essayerons de cerner le contexte qui a vu se développer des pratiques architecturales transversales, et celui dans lequel elles s’installent actuellement.

Le travail introduira ensuite la question de l’environnement urbain comme lieu de réflexion et de production. Où semble-t-il pertinent d’intervenir aujourd’hui pour renouveler l’urbain? Quels sont les territoires d’actions de ces jeunes architectes? Quels en sont les potentialités et les enjeux? Comment conditionnent-ils le projet et la fabrication de la ville?Quelles sont les propriétés des métropoles contemporaines sur lesquelles il est légitime de s’interroger? Comment au travers de nouvelles attitudes ces architectes travaillent-ils à la production d’un nouvel environnement? Vers quelle meilleure écologie urbaine s’orientent ces pratiques? Nous définirons ainsi un territoire spatial et relationnel susceptible d’inciter de nouvelles formes d’interventions urbaines et de production architecturale.

Sur la base de cette analyse, nous nous interrogerons alors sur les propriétés de ces nouvelles interventions urbaines. À quelle échelle est-il légitime de penser et de faire la ville? Quels sont les outils possibles pour travailler l’espace? Avec quels dispositifs spatiaux, conceptuels et réflexifs, peut-on travailler à la mise en place d’un nouvel environnement? Quelles nouvelles relations coexistent entre le projet, sa localité, son environnement et ses usagers? En s’ap-puyant sur l’étude d’un corpus de projets et de démarches, nous chercherons à déterminer les critères d’une nouvelle production et la définition d’une nouvelle architecture.

Enfin, nous introduirons la question des enjeux possibles pour de telles interventions ur-baines et leur impact sur le mode de produire la ville. Est-il possible d’imaginer la généricité de tels dispositifs? Comment l’architecture peut-elle influencer les politiques urbaines? Quels modes de gouvernance pour la ville partagée?

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M É T H O D O L O G I E

A p p r o c h e g é n é r a l e

Nous souhaitons faire le constat d’une réalité que ce mémoire de master présente et in-terroge dans son contexte contemporain. Il constitue une source d’exploration d’une des pratiques possibles de faire l’Architecture, une base d’information dont l’objectif est de recher-cher les qualités de nouvelles interventions destinées à fabriquer la ville aujourd’hui. Nous ne cherchons pas cependant à les incarner dans un exemple précis de projet. Nous souhaitons d’abord explorer un contexte et tenter de comprendre comment s’est formé et a émergé un environnement de production singulier, puis examiner ce qui distinguent ces pratiques des standarts de l’Agence et du Projet en approfondissant différentes aires de réflexion.

É t u d e d e c a s

Regroupant les travaux de plusieurs équipes, le travail présente des démarches analytiques, spéculatives et projectuelles dont l’objet central est celui de l’environnement, envisagé dans un sens large et global. Les études de cas proposées présentent des dispositifs dans un contexte réel et contemporain. De l’étude de ces dispositifs, nous relevons les critères qui nous paraissent importants à intégrer dans les nouvelles fabriques de la ville. On ne cherche donc pas à faire la démonstration du dispositif unique et parfait, mais plutôt à proposer des pistes pour la conception et la projetation. Nous proposons un cadre de réflexion arpenté par une série d’acteurs innovants dont les travaux appartiennent à une même famille de projets qui transforment les modes de faire l’architecture.

L i m i t e d u s u j e t

C’est un regard curieux qui se pose sur de nouvelles pratiques possibles et un constat non exhaustif de ce qui aujourd’hui semble influencer les grands développements urbains. Nous voulons traiter ici la question de démarches projectuelles et de production, et les critères typologiques et esthétiques ne seront pas considérés comme déterminants. Nous pouvons ainsi dire -dans le cadre de cette étude- que le process prévaut sur l’objet fini.

Le travail ne souhaite pas aborder les interventions architecturales et urbaines plus conven-tionnelles mais bien les interventions relatives à l’installation d’usages, de pratiques non pro-grammées, d’interventions légères et souvent temporaires, qui sont, nous semble-t-il, plus rapidement représentatives d’un positionnement et d’une démarche face aux enjeux traités.

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Les questions des politiques et des systèmes de gouvernance ne font pas l’objet de la re-cherche principale. Elles sont toutefois abordées en dernière partie pour élargir la probléma-tique de la fabrication de la ville et réintégrer ces nouveaux dispositifs d’intervention dans les systèmes de planification traditionnels. Nous n’examinons pas précisemment le réseau, ni les rôles que jouent tous les acteurs participant à l’élaboration des actes ou processus collabora-tifs avec lesquels travaillent régulièrement les jeunes architectes étudiés.

Enfin, bien que le corpus de références intègre certaines équipes et projets extérieurs au contexte européen, nous nous focalisons sur les villes européennes dont les problématiques et les urbanités sont comparables entre elles, même si leur actualité n’est pas toujours la même.

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0 1 - E N V I R O N N E M E N T S

‘‘Quand on commence à travailler, on ne se pose qu’une seule question : sur quoi va-t-on avoir l’opportunité de réfléchir et quels outils va-t-on pouvoir solliciter? Quelle logique, quelle idéologie, quel mode de fonctionnement, quelle construction va-t-on pouvoir imaginer?’’ 2

011- C ’ e s t l a c r i s e .

Dans cette période de crise profonde en Europe, on ne peut plus continuer à penser que les grands projets d’architecture continueront à foisonner. Face à une raréfaction des grands projets publics, la conception doit poser un regard neuf et lucide sur la situation de l’architecte aujourd’hui. Encore très marquée par des modèles, préceptes et canons anciens de villes, elle peine à se renouveler et à prendre la mesure des changements qui lui font face. Pourtant c’est dans ce contexte de crise que nous tendons finalement à aborder la ville contemporaine véritable, à travailler sur l’appréhension de cette urbanité qui nous échappe, l’architecture et le rôle de l’architecte qui en découlent.

‘‘La crise devient support de développement et de réorganisation à travers la création de sys-tèmes alternatifs. Ces situations de désordre et d’émancipation forment des sous-systèmes qui sont parties intégrantes de l’organisation métropolitaine.’’ 3

Les moments de crises doivent être effectivement des occasions de remise à plat, de mu-tations des pratiques professionnelles et de redéfinition théorique. Les changements de la sociétés contemporaines font que les demandes ne se réduisent plus uniquement au marché de la construction de plus en plus bouché, et poussent chacun à chercher d’autres manières d’être architecte à travers sa propre personnalité. On peut douter aujourd’hui de la grande Histoire de l’architecture monopolisées par certains et découvrir, dans des contextes très variés, d’autres personnes et d’autres histoires, jusqu’à la redécouverte d’architectures plus locales voir banales. Nous sommes aujourd’hui témoins d’une période où nos points de vue sur l’architecture sont remis en question, s’émiettent, convergent et divergent sans arrêt, dans un monde de plus en plus globalisé et connecté. Ainsi, le métier d’architecte change parce que la société change.

Ce contexte a induit progressivement un nouveau regard au sein de la dernière génération d’architectes, qui est à l’origine d’une nouvelle profusion d’architectures de plus en plus dif-fusées dans les médias spécialisés. Déjà bien lancés depuis le début des années 2000, certains des renouvellements formels ou conceptuels issues de cette période d’incubation semblent avoir été accélérés par un contexte de crise, plus récent. Ainsi, de la petite architec-

2 Xavier Wroma, archi-tecte, Kenchiku Architec-ture 2011, architects inter-views, RAD, p.34

3 L’AUC, Grand Paris Stimulé, de la métropole héritée aux situations pa-risiennes contemporaines, SNEL, 2009, p.95.

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ture à toutes les formes d’architecture, il s’agit de diversifier une pratique et une production pour s’adapter à de nouvelles contraintes et de nouveaux territoires et chercher la commande là où l’on pense qu’elle se redéploie.

012- G é n é r a t i o n é p o n g e

Dans ce contexte, la construction de bâtiments comme unique objet de réflexion paraît se dé-tacher de la pensée architecturale des jeunes architectes, notamment ceux qui ont fondé leur agence autour des années 2000. Cet aspect de la pratique n’est pas nouveau, et même si les architectes ont autrefois dessiné du mobilier, fait du graphisme pour des magazines, etc, cette pluridisciplinarité apparaissait pour la plupart uniquement comme une activité annexe de la construction de bâtiments -si elle n’y était pas rattachée. En revanche, il nous semble qu’actuellement le champ des compétences de l’architecte et sa pensée architecturale s’ap-pliquent à des domaines beaucoup plus diverses, quels que soient l’échelle et les moyens, sans hiérarchie dans leur activité, de la cage à papillon jusqu’à la ville. Ainsi, souvent dû à une situation économique peu propice à l’exercice traditionnel de l’architecture, les architectes commencent leur structure d’atelier par la petite échelle et ne s’inscrivent pas forcément dans une école particulière. L’Atelier Raum dit à ce sujet qu’ils sont surtout issus d’une génération un peu éponge 4 dans laquelle ils prennent ce qui les intéresse dans la culture, la société, ou encore la musique.

Les architectes sont aujourd’hui plus sensibles à des questions de petites échelles, de fa-brication de la ville sur elle-même et d’acceptation positive du chaos apparent de certaines urbanités qui définissent la ville contemporaine. Le métier et les sujets de l’architecte ont ainsi profondemment évolués et s’attaquent à un héritage bâti et relationnel. La jeune génération européenne amorce un changement, une autre vision des faits, dans une culture qui peine à se remettre en question. Elle a la volonté de porter un nouveau regard sur un environnement de crise et d’en tirer les potentialités pour renouveler l’urbanité. C’est de cet environnement que naîssent actuellement les utopies 2.0.

Parmi ces nouvelles tendances émergentes, on distingue les espèces d’architectes qui intè-grent dans leurs pratiques la question fondamentale de la fabrication de la ville, et qui remet-tent en question les dispositifs actuels à travers des démarches singulières. Quelle que soit la forme de leurs interventions, c’est leurs attitudes en tant qu’architecte qui donne du sens à leurs réalisations. Nous nous intéresserons plus précisémment dans cette étude à mettre en lumière ces acteurs, leurs pratiques et leurs nouvelles fabriques de la ville.

4 Atelier Raum, archi-tectes, Kenchiku Archi-tecture 2011, architects interviews, RAD, p.30

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013- L ’ e s p a c e s e d é m o c r a t i s e .

Jusque dans les années 1980, on définissait l’architecture comme une discipline autonome. La théorie et la production architecturale connaîssent alors une période moins influente et d’autres acteurs se saisissent de la notion d’espace pour réfléchir, discuter et proposer une nouvelle lecture du territoire et de l’habitat. Les sociologues, géographes, artistes et philo-sophes travaillent avec et sur l’espace, deviennent plus influents dans ce domaine. Ils propo-sent alors un champ d’étude et un lexique élargi pour réfléchir au sujet qu’est l’espace. Ils en-richissent et détaillent les relations que l’usager entretien avec lui. La pratique architecturale s’en empare : qui a la légitimité de créer l’espace ? Qui doit produire aujourd’hui les nouveaux espaces publics, les espaces partagés de la métropole ? La place unique de l’architecte, in-venteur et organisateur, semble s’épuiser. Au contraire, l’espace est multiple et de nouvelles équipes de concepteurs le travaillent, en intégrant ces enjeux dans leurs interventions, dans une pratique de l’architecture plus ouverte, plus libérée.

014- ‘ ‘ E s p è c e s d ’ a r c h i t e c t e s ’ ’ 5

Cette génération révèle les contours d’une nouvelle culture architecturale. Libérée de ses certitudes, elle est plus attachée à la mise au point d’une attitude, d’une posture face à des questions contemporaines, qu’une théorie bien ficelée. Elle assume un certain flottement. La solution miracle n’existe plus et laisse place à une forme de diversité des choix, et parfois à une conception plus pragmatique des choses. La diversité des échelles d’intervention, le sens de l’expérimentation et la fonction sociale de l’architecture sont les préoccupations prin-cipales de ces jeunes architectes.

‘‘Un architecte prend toujours la parole pour être reconnu par son milieu. S’il cherche à être publié, c’est pour transmettre ses idées à ses pairs, puis accéder à la commande’’.6 Ici cepen-dant, il semble qu’il faille modérer ces propos en indiquant que ces architectes s’adressent bien sûr à leur génération, à la jeunesse qui émerge en tant que catégorie sociologique dans l’architecture, mais ils s’adressent avant tout à un mix entre habitants, usagers et politiques, un mix de générations qu’il leurs convient désormais d’inclure dans leur démarche de fabri-cation de la ville.

Cette génération d’architectes s’engage dans des pratiques urbaines et architecturales trans-versales et participatives en prennant des positions critiques. Leurs manifestes explorent le rôle de l’architecture dans l’évolution de la société. Ils prônent l’intervention comme action, produisent et même autoconstruisent parfois leurs projets. Leurs pratiques sont autant de

5 Titre emprunté à la saison culturelle de Cédric Libert, architecte enseignant et commissaire d’exposition indépendant, fondateur de l’agence ANORAK en 2004 à Bruxelles.

6 Dominique Rouillard, La crise, les architectes et la théorie, Dossier, D’ar-chitecture 182, mai 2009, p.47

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Les photos des groupes Assemble (en haut) et Practice Architecture (ci-dessus) photographiés pour l’article Young Architects in Action, Domus n°960, juillet-août 2012

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promesses qui rendent possibles des utopies oubliées. ‘‘Ils jouent avec des terrains de jeux, des terrains de ville, comme des gamins qui ont joué dans les terrains vagues. Ils ont le goût des gens, le goût des autres, et n’ont pas peur de la ville, de ses contraintes, de l’espace; ils en font au contraire des potentialités. Ces architectes sont à la fois voyeurs, voyants, voyous, et c’est ces caractéristiques réunies qui donnent le génie de l’approche des situations et des lieux.’’ 7

Groupés en collectifs ou en associations le plus souvent pluridisciplinaires, ils assument un rôle d’activistes, de producteurs et d’expérimentateurs, très éloignés des sillons de la com-mande conventionnelle et des pratiques transmises dans les écoles, en France particulière-ment.

015- C o n s t r u i r e c o l l e c t i v e m e n t

Les formes de collectifs ou d’associations sont souvent privilégiées pour transmettre l’idée du faire ensemble et travailler sur la ville partagée. Il se pourrait qu’on y décèle un conflit d’intérêt entre l’agence, régulièrement présentée comme seule source possible de production, et le collectif, qui s’affranchit d’une posture traditionnelle, et par là même, de ses commandes, de son statut et de ses contraintes. Dans un environnement où la circulation de l’information et l’échange des connaissances se résument parfois à la surface de l’écran, proposer de vraies rencontres et donner l’occasion d’un processus collaboratif constitue un enjeu autant qu’une opportunité essentielle.

‘‘(...)Sans travail collectif il y a rupture et perte de savoir, travailler collectivement est un en-richissement des savoirs. Dans le collectif, il n’y a pas que la question du nombre, il y a surtout le sens de la diversité, qu’elle soit culturelle, physique, sexuelle. Nous sommes dans un monde divers. Chaque fois qu’on dit cela, on pense que parce que le monde est divers on ne peut pas travailler collectivement. Mais c’est parce qu’il est divers qu’il faut travailler collectivement !’’ 8

Les collectifs adoptent des modes de réflexion et de production fondés sur l’idée de rencontre, qui se font échos et entrent en résonnence; l’émergence collective de ces nouvelles équipes devient matière à porter une nouvelle image, une forme de solidarité qui leurs sert d’impact et de force médiatique. Il n’est pas rare que par ce biais, elles s’associent et proposent des travaux transversaux, insistant sur l’idée que la compétition et la rivalité n’est pas l’unique voie menant vers la production. Ainsi, Raumlabor Berlin se définit comme un ‘’network’’ et ne manque pas de citer ses ‘‘amis et héros’’ en page d’accueil et de présentation de son site in-

8 Patrick Bouchain-EXYZT, Construire en habitant, Venise, Actes Sud, 2011, p.62

7 Maud Le Floc’h, in-terviewée dans le cadre de l’exposition Re.architecture, Pavillon de l’Arsenal, 2012.

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Atelier d’Architecture Autogérée, diagrammes représentant les Urban tactics Networks : global network et Berlin network.

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11 Thème de recherche pour le Détour de France, Collectif Etc, architectes.

10 Patrick Bouchain, EXYZT, Construire en ha-bitant, Venise, Actes Sud, 2011, p.62

ternet. De même que l’Atelier d’Architecture Autogéré précise que son réseau ‘‘fonctionne à la fois localement et internationalement au travers de projets communs et de relations d’amitié. Il permet diverses collaborations et échanges entre des façons de penser et d’agir différentes, à mi-chemin entre les compétences locales et les compétences de spécialistes’’ et l’illustre avec une carte interactive, également en page d’accueil de leur site web. Le processus de collaboration est vendeur; c’est une marque de fabrique qui triumphe ici sur le projet construit.

On assiste également de plus en plus au regroupement de plusieurs collectifs dans le cadre d’un même projet d’aménagement ou d’une manifestation culturelle dont l’objectif est de construire avant d’exposer, comme l’illustre l’édition 2012 de Parkdesign-Garden9 qui réunit des équipes pluridisciplinaires d’artistes, designers, architectes et paysagistes pour proposer une réflexion sur le rôle des espaces délaissés et donner surtout une occasion de tester une autre méthode de fabrication urbaine.

Nous considérons cependant que les processus collectifs n’incluent pas l’idée d’oeuvre col-lective. Patrick Bouchain précise à ce sujet qu’‘‘il n’y pas d’oeuvre sans auteur. Il y a des oeuvres issues du collectif, mais dont le ou les auteurs sont repérables. Nous vivons en-semble, nous produisons ensemble, et cette production collective permet de révéler des in-dividualités’’.10 Ils créent donc collectivement des oeuvres individuelles, où chaque membre du collectif est responsable d’une partie du projet et doit en assurer toutes les phases, de la conception à la responsabilité de la réalisation, en passant par les demandes de devis, la gestion d’un budget, la commande et le suivi de matériel, etc... Interviewée dans le cadre de l’exposition Re-architecture au Pavillon de l’Arsenal, Maud Le Floc’h -urbaniste, scénariste, directrice du Pôle des arts urbains- explique que l’on observe presque systèmatiquement la présence de rôles récurrents dans ces communautés (l’individu qui s’occupe du matériel, celui de la représentation, des relations politiques ou encore de la médiation) qui font le génie de ces collectifs. Dans cette architecture de la brêche à l’élaboration commune, les clés de répartition, dit-elle, permettent à tous ‘‘d’être présents à la fin pour décharger le camion’’. La répartition des tâches et des territoires d’intervention doit se faire en amont pour que chacun y trouve sa place.

Ces pratiques collaboratives promeuvent une nouvelle fabrique de l’urbanité, ‘‘une fabrique citoyenne de la ville’’. 11

9 Parkdesign est un bien-nale dédiée à l’aménage-ment des espaces publics initiée par la Ministre bruxelloise de l’Environne-ment, de l’Energie et de la Rénovation urbaine

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0 2 - D E S P R AT I Q U E S , U N M A N I F E S T E

Les pratiques de ces groupes et de ces collectifs ont en commun la façon de faire la ville, non pas dans ses styles, son agencement ou ses fonctions, mais dans ses conditions de pro-duction et leurs conséquences. Ce n’est pas le résultat et la forme architecturale qui prévaut, mais le process de faire l’urbain, de mettre en place des conditions qui n’existent pas encore ou pas assez, à travers une démarche qui s’appuie sur l’implication des acteurs de la ville.

Peu théoriques et résolument expérimentales, ces nouvelles pratiques architecturales ins-tallent sur le terrain, au cas par cas, ce qu’on peut appeler des alterdynamiques urbaines, qui contournent sans complexe les processus de décision classiques, non sans quelques pieds de nez aux logiques financières qui les sous-tendent et aux prétendues fatalités ré-glementaires qui les brident. Émancipées de ces pesanteurs par des montages inventés sur mesure et des actes temporaires, elles mettent en oeuvre des événements paysagers, bâtis ou simplement humains, qui ne pourraient pas voir le jour dans le cadre de logiques établies.

PENSER la ville autrement, collectivement, localement, stratégiquement,DÉjOUER implicitement -même à la marge- l’hypertechnocratisation de la planification ur-baine actuelle et l’inertie des programmes qui mettront vingt ans à naître,DÉNONCER la lâcheté devant les normes qui réduisent les usages,TRAVAILLER à l’occupation digne du territoire et détourner l’image des espaces refoulés,RÉÉQUILIBRER les pouvoirs en offrant des outils participatifs pour prendre en main les situa-tions ou au moins prendre place dans le débat,INITIER une discussion éthique, sociale et politique,RENOUVELER les dispositifs qui font l’urbanité, RÉACTIVER la ville partagée comme condition métropolitaine.

Nous considérons ces pratiques comme le manifeste commun qui remet en question des doctrines et des systèmes et qui engage un autre discours sur l’Architecture. Thierry Paquot parle de redécouverte, parce qu’il ‘‘évoque du déjà vu, ce qui (le) réjouit, parce que nous sommes dans une période où il faut faire avec, avec ce qui est déjà là, en minimisant le coût et en maximisant les satisfactions, les attentes et la parole habitante.’’ 12 Un déjà vu aussi, parce que ce manifeste nous rappelle ceux qui sont nés des avant-gardes, critiques de la modernité dans les années soixante-dix. Ici pourtant, loin des utopies critiques des groupes radicaux qui finiront par renoncer à toute production architecturale, la portée critique se fait par l’acte de construire ensemble l’idée même d’un environnement pour l’homme.

Ces architectes expérimentent de nouveaux actes urbains qui tendent à montrer que l’ap-pauvrissement de l’espace public, le repli sur soi et l’exclusion ne sont pas des tendances

12 Thierry Paquot, in-terviewé dans le cadre de l’exposition Re.architecture, Pavillon de l’Arsenal, 2012.

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inéluctables dont la ville est captive. Ils installent les conditions d’une masse critique qui peut permettre, nous semble-t-il, des changements profonds grâce à beaucoup de petits gestes.

‘‘Une approche moins normative et plus empirique a plus de chance de succès, car il semble évident aujourd’hui, pour le moment, qu’il est plus facile et très probablement plus réaliste d’expérimenter par fragments, de manière partielle, que de viser la totalité.

C’est aussi pour nous, architectes, urbanistes, urban designers, planners du monde entier... et sans doute pour le politique au niveau local, et sans doute aussi pour les habitants, une façon d’agir plus appropriée, dont les résultats sont susceptibles de s’inscrire dans des hori-zons temporels plus lisibles et plus partagés.

(...) La confiance que nous avons eu dans le Progrès, il faut la réinvestir dans de nouvelles at-titudes. Porter un regard, poser une question, c’est déjà agir et proposer un projet : une vision. Et à partir de là, ce qui est le plus important n’est pas d’enfermer la ville dans des normes, mais bien de la libérer et d’en stimuler toutes les substances, toutes les possibilités.’’ 13

13 L’AUC, Grand Paris Stimulé, de la métropole héritée aux situations pa-risiennes contemporaines, SNEL, 2009, p.14.

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0 3 - T E R R I T O I R E S D ’ A C T I O N

Les attitudes de cette nouvelle génération d’architectes se matérialisent au sein de territoires particuliers qui conditionnent le projet et l’intervention urbaine. Ils investissent un territoire choisi, une urbanité propre à l’aire de la ville contemporaine, envisagée comme un lieu d’ex-périmentation. L’environnement urbain leurs sert de lieu de réflexion et de production. Quels sont donc ces territoires d’actions ? Quels en sont les propriétés, les potentialités et les enjeux ? Comment conditionnent-ils la fabrication du projet et de la ville? Il ne s’agit pas de faire la description détaillée de ses territoires, mais plutôt de relever des caractéristiques qui induisent une démarche, un mode d’intervention.

Afin de cerner les enjeux relatifs aux interventions urbaines à venir, il convient d’abord de faire état de l’urbain sur lequel travaillent aujourd’hui les architectes présentés. La métropole contemporaine est la matière à projet dans un environnement où il ne s’agit pas d’envisager d’écrire encore la ville, mais plutôt de faire avec ce qui a déjà été fait.

031- Te r r i t o i r e s p a t i a l , t e r r i t o i r e h é r i t é

Encore très marqués par des modèles, préceptes et canons anciens de villes, les sujets mêmes des projets d’architecture en France et en Europe se concentrent sur des secteurs bien délimités, contraints par une quantité considérable de règlementations, au point qu’ils ne permettent pas d’aborder la ville contemporaine véritable, celle qui se trouve en dehors; une vaste constellation d’objets plus ou moins distants, gravitant autour d’anciens noyaux urbains.

En partant du principe que tout site est un gisement, un possible lieu d’intervention, et que la ville est une dynamique aux besoins insatiables, alors tout territoire mérite d’être offert à la société démocratique et vivante. C’est le leitmotiv qui conduit aujourd’hui ces architectes à s’intéresser aux lieux oubliés de l’urbanité contemporaine, à affirmer volontairement la ville comme toujours imparfaite.

‘‘Lorsque j’observe les endroits un peu chaotiques dans la ville en tant que professionnel, il faut pouvoir y associer des mots. Dire : « c’est bien ici, j’aime beaucoup » sont des paroles de gens ordinaires. J’observe l’architecture et la ville et lorsque cela a de l’intérêt, il faut pouvoir l’exprimer, apprécier l’architecture, comprendre comment assurer la continuité et la relation avec la ville.’’ 14 14 jo Nagasaka, archi-

tecte, Kenchiku Architec-ture 2011, architects inter-views, RAD, p.32

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Allusion au travail d’Ugo La Pietra, Récupération et réinvention, 1969-1975, qui, déjà dans les années soixante-dix, envisage la ville comme un environnement que l’homme doit reconquérir à travers sa propre expérience. La Pietra revendique l’intervention urbaine comme la manifestation de cette vie dans la ville, comme l’expression d’un mouvement vital et libérateur.

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En s’appuyant ainsi sur l’acceptation positive du chaos apparent et sur la volonté de porter un nouveau regard sur cette urbanité, le manichéisme que la chose urbaine a pu subir (sous entendu les autoroutes = le mal, la verdure = le bien) est révisé. Désormais plus sensibles aux questions de densification, de fabrication de la ville sur elle-même, d’échelle d’interven-tion réduite, de recyclage, etc, cette génération opte pour un travail sur les territoires situés au croisement de l’ensemble des thèmes de recherche évoqués.

Elle dénonce implicitement l’hypertechnocratisation de la planification actuelle et son man-quement à l’occupation digne du territoire par la production de délaissés urbains innom-brables, ‘‘friches, sous-faces autoroutières, ronds-points surdimensionnés, grands ensembles à l’abandon, lieux déchirés par des idéologies de planifications inadaptées aux besoins, gelés ou simplement oubliés’’.15 Ce sont ces lieux refoulés que ces nouveaux architectes saisissent en priorité comme territoires d’action et étendarts de l’enjeu démocratique que représente la ville pour nos sociétés.

L’apport prioritaire de ces collectifs nous semble être leur façon de transformer des territoires inoccupés en opportunité; ils mettent en place des stratégies pour activer l’espace et le relier au tissu existant et relèvent les défis urbains et sociaux lancés par la mutation de l’urbanité contemporaine, dans laquelle les fonctions urbaines cherchent et trouvent le principe de leur plein exercice dans l’écart et non dans le rapprochement. Ces lieux refoulés semblent pour-tant contenir plusieurs propriétés déterminantes et favorables au renouvellement urbain de nos métropoles, notamment à travers les démarches d’épaississement du territoire. Ils inci-tent tout particulièrement à considérer l’architecture et l’urbanisme comme des activités de superposition plutôt que d’extension, puisque tous ces territoires ont déjà été projetés et char-gés d’intentions. Ils peuvent être lus comme des palimpsestes, comme une superposition de temps et de programmes, que ces architectes s’attachent à compléter. Le goupe Raumlabor considère ainsi l’architecture comme ‘‘une histoire, une couche supplémentaire dans l’histoire d’un lieu’’, capable d’enrichir son devenir. C’est un sujet récurrent, très incarné dans l’image de ces territoires marginalisés.

‘‘Ce qui m’intéresse dans le projet de réaménagement, c’est la superposition d’une nouvelle histoire à des contextes déjà existants. L’enjeu n’est pas d’effacer ni de préserver un passé mais de réfléchir sur le caractère de l’espace qui a accueilli son histoire. C’est cette stratifica-tion complexe qui a terme donne une ambiance particulièrement agréable.(...)Pour la ville il en va de même. Par rapport à celle qui a pu se bâtir très vite, une ville qui a son histoire posée sur une autre me semble plus agréable à vivre.’’ 1616 Yuko Nagayama, ar-

chitecte, Kenchiku Archi-tecture 2011, architects interviews, RAD, p.28

15 Pascale joffroy, Solu-tions locales pour un pro-blème global, Magazine, D’architecture 208, mai 2012, p.23

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Les photos des projets Eichbaumoper du collectif Raumlabor (en haut) et le Passage 56 de l’Atelier d’Architecture Autogérée (ci-dessus).

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‘‘Nous sommes très intéressés par les évolutions des éléments dans la ville. Par exemple, en se promenant dans une ville, on a vu les fondations d’un bâtiment réutilisées en assises. Ces petits phénomènes nous semblent importants et j’aime beaucoup avoir la chance de trouver des endroits comme cela. Ce serait idéal de pouvoir retrouver cette capacité de renouvelle-ment constant dans l’architecture.’’ 17

Il semble que l’idée selon laquelle la ville incarne le milieu dans lequel l’architecture peut se régénérer et trouver son sens soit particulièrement d’actualité; il faut éviter l’extension illimitée des villes et privilégier ‘‘l’approfondissement, la mise en valeur des territoires’’.18 Ce réinves-tissement de l’espace existant est l’un des défis de la ville européenne contemporaine qui doit plus sûrement reconstruire que s’étendre.

À l’échelle des interventions étudiées, cette démarche s’ingénie à inventer le programme à partir du site, à épaissir le déjà-là et à investir les strates accumulées en faisant circuler entre elles des ascenseurs virtuels. Elle est particulièrement remarquable dans le projet Eichbau-moper, situé entre les villes d’Essen et de Mülheim : la station de métro Eichbaum reflétait l’échec des politiques de transports non abouties des années soixante-dix, et était devenue synonyme de vandalisme et de peur: Le groupe Raumalbor l’a considérée comme emblé-matique de la situation de la Ruhr. La station sinistrée a été transformée temporairement en opéra; une utopie urbaine en a donc replacé une autre. La dynamique engagée se poursuit aujourd’hui, la station est devenue un espace de possibilités encore en devenir. Cette poé-tique contemporaine remet en question les routines de l’urbanisme de composition.

Ces territoires présentent également l’opportunité de travailler à la transformation de l’urba-nité par la petite échelle, en partant de l’échelon local. Très fortement inspirée du contexte, ces interventions visent à rendre une certaine intelligibilité aux lieux, en s’efforçant, autant que possible, de raccourcir les cycles, les chaînes inutilement distendues. On pourrait parler d’un recyclage global, des matériaux, de l’économie, de la construction. Elles militent pour une certaine relocalisation ou reterritorialisation du projet, décisive pour l’attention que nous portons à nos milieux. Il s’agit par la même de proposer une solution locale pour une dé-marche globale, une stratégie de transformation par l’intérieur qui s’appuie sur des forces en présence et des ressources existantes.

Ainsi, le projet de l’Atelier d’Architecture Autogérée, le 56/Eco Interstice à Paris, s’inscrit dans cette démarche. Le « Passage 56 » a été conçu dès le départ avec l’implication active des habitants du quartier St. Blaise qui étaient concernés par l’amélioration de leur cadre de vie. Le projet a été imaginé comme un espace où chaque citoyen peut agir à l’échelle locale

17 TNA, architectes, Ken-chiku Architecture 2011, architects interviews, RAD, p.16

18 Sébastien Marot, La crise, les architectes et la théorie, Dossier, D’ar-chitecture 182, mai 2009, p.51

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pour l’amélioration sociale et écologique de son voisinage. Le « Passage 56 » a été réalisé lors d’un chantier d’insertion de jeunes, avec la participation des habitants, en utilisant des techniques constructives écologiques (recyclage, énergie verte, transport local), créant des circuits courts écologiques locaux (autosuffisance énergétique, recyclage des déchets) et permettant l’accueil de la biodiversité.

Enfin, il faut bien constater que les friches et les territoires en désuétude sont en profonde contradiction avec l’image qu’ils renvoient. Ils font depuis longtemps l’objet du désir dans une urbanité européenne solennelle, formelle et esthétique, encore très teintée d’hygiénisme. Ces morceaux de ville à l’abandon attisent la curiosité à travers leur différence, leur tempora-lité et souvant, leur inaccessibilité. En travaillant ces territoires, les architectes ouvrent l’accès à une cité interdite où les gouvernances traditionnelles sont bousculées. C’est dans ces lieux singuliers qu’un rapport à l’autre peut évoluer, et que l’idée d’une conscience collective de l’environnement se dessine.

032- Te r r i t o i r e r e l a t i o n n e l , e s p a c e v é c u

‘‘Division du travail, métropolisation et croissance des mobilités quotidiennes participent à l’affaiblissement du rôle des formes urbaines dans la constitution et l’entretien des “liens so-ciaux organiques”. Le quartier devient de moins en moins le territoire commun des pratiques sociales; des liens sociaux autrefois forts parce que polyvalents perdent peu à peu de leur épaisseur.’’ 19

L’urbanité contemporaine à produit ‘‘un monde urbain en réduction, où se croisent des popu-lations très diverses qui souvent s’ignorent, évitent tout frottement.’’ 20 Si Michel Lussault et François Ascher parlent ici de la suburbanité, de l’urbanité de la ville étendue, il faut préciser que l’appauvrissement du rapport à l’autre et des relations de proximité s’introduit également dans l’urbanité de la ville traditionnelle dont le substrat est pourtant constitué d’un grand nombre d’espaces partagés, qu’ils soient sous forme de rues, de places, de placettes... L’hygiénisme, dans un effort de perfection, a poussé la ville à s’intériorisée, à se défendre contre tout, et bientôt, contre les actes même qui font l’urbanité. Elle a provoqué une forme d’exclusion généralisée, qui touche aussi bien les formes bâties que les comportements so-ciaux. Nous sommes à l’aire d’une société individualisée, craintive, anxieuse.

‘‘(...) Mais quelles sont les origines refoulées de la peur urbaine moderne ? Quel est le subs-trat psycho-social ultime sur lequel la politique (sinon, de quoi pourrait-il bien s’agir?) a dé-posé l’une après l’autre des couches de dangers spectraux : la peur des pauvres, la peur du

20 Michel Lussault, L’homme spatial, Editions du Seuil, 2002

19 François Ascher, L’âge des métapoles, Odile ja-cob, 1995.

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21 Mike Davis, Dead Cities, Les prairies ordinaires, 2009, p.50

crime, la peur des Noirs, et maintenant celle de Ben Laden ? 21

(...) le maire Guiliani a refaçonné la ville en «un parc d’attractions urbain aussi sûr et, selon d’aucuns, aussi stérile qu’un mall de banlieue». 22

(...) Dans tout les cas, comme l’illustre déjà les discrètes technologies de surveillance, le contrôle public, le traitement des données, (...) et même le divertissement vont se fondre en un seul et même système intégré. Pour le dire autrement, «la sécurité» devient un produit ur-bain de première nécessité, au même titre que l’eau, l’électricité et les télécommunications.’’23

Nul doute que la peur est un sentiment incarné dans l’objet même de la ville. La peur de la ville se matérialise aussi en peur de l’autre et accélère encore le processus d’individualisa-tion de notre société. Arbitrée par une crispation sécuritaire, régie par de trop nombreuses réglementations, elle devient désinfectée mais stérile, ordonnée mais ennuyeuse. Plutôt que l’utopie noire que décrit Mike Davis dans son ouvrage Dead Cities, lorsqu’il évoque la fun-attitude affichée mais trompeuse de la ville de New-York, il faut faire de la ville une utopie franche, dans laquelle certaines actions et certains éléments sont laissés au hasard, à l’aléa-toire, à l’exploration, à l’expérimentation. Il faut pouvoir lâcher la bride, et rendre la métropole accessible, ré-appropriable.

C’est l’objectif, nous semble-t-il, que se sont donné les groupes et les collectifs d’architectes présentés précédemment. Pédagogues et pragmatiques, ils travaillent avec ceux qui sont déjà là et pour ceux qui habiteront demain. En développant de nouvelles pratiques spatiales, ils ré-inventent la norme, le quotidien, et sont capables de réaliser les plaisirs potentiels qui existent à l’intersection entre le vécu et le bâti. Ces démarche poussent à l’audace, une qua-lité déterminante pour ré-apprendre à utiliser sa ville et limiter les craintes qui la figent.

‘‘(...) Il y a un désir d’habitabilité commun (...), partir des attentes des gens et faire avec eux. C’est important qu’il y ait une équipe de ces jeunes architectes, paysagistes, constructeurs, urbanistes, qui ont une manière d’appréhender le territoire en essayant de comprendre ce qui est repérable, à partir duquel il essaye d’édifier quelque chose qui va ré-enchanter la ville, et peut-être même l’Architecture.’’ 24

Ils travaillent à une nouvelle écologie urbaine -écologie comme complex de personnes, comme flux constant de choses, d’éléments de l’environnement et du temps- qui, en obser-vant et en relevant les qualités potentielles de l’urbanité contemporaine, utilise tous les élé-ments possibles de son environnement pour faire co-présence. Il faut pouvoir transformer la

24 Thierry Paquot, in-terviewé dans le cadre de l’exposition Re.architecture, Pavillon de l’Arsenal, 2012.

22 Mike Davis citant Wayne Barrett, Dead Cities, Les prairies ordinaires, 2009, p.56

23 Ibid, p.61

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ville segmentarisée en ville partagée. On doit pouvoir réinventer les conditions de durabilité, et les mettre en partage.

La métropole n’est pas une machine à habiter, elle n’est pas seulement une forme spatiale héritée et stable. Elle est une matière vivante, capable d’évolution et de mouvement. En même temps qu’elle est le lieu de l’anonymat et de formes d’intimité, elle doit être le lieu de la découverte et de l’ouverture. Il semble qu’il faille s’interroger sur les moyens et les espaces qu’a l’usager pour habiter sa ville, habiter l’espace public.

‘‘Through walking around the reality of everyday life, we can start to see an urban micro-eco-system, or theatre of urban dwellers. (...) This stage of connected action is brought into being by utilising every possible element from the surrounding environment. (...) we can see positive examples of micro ecosystems, directly reflecting the values, interests and social systems of various urban dwellers. They can be recognised as small urban episodes including jokes, humour, pathos.’’ 25

Ainsi, nous pouvons penser qu’en proposant davantage de lieux et d’interventions qui pro-voquent la surprise, l’ouverture, le jeux ou encore l’expérimentation, l’urbanité inciterait à la réappropriation de l’espace public. C’est l’idée qu’à l’échelle globale, un ensemble d’épisodes urbains tend à guérir la ville, à faire co-présence, à mélanger les réseaux, et à participer au renouvellement de la ville et à l’enrichissement de notre paysage métropolitain.

25 Momoyo Kaijima, junzo Kuroda, Yoshiharu Tsu-kamoto, Made in Tokyo, Kajima Institute Publishing Co., 2006, p.36

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0 4 - N O U V E L L E S P R O P R I É T É S D ’ I N T E R V E N T I O N

Dans cet environnement de production, dont les nouveaux acteurs et les territoires d’action ont été identifiés précédemment, nous nous interrogeons désormais sur l’établissement pos-sible de l’écologie urbaine qui conduit les démarches de ces jeunes architectes. Comment peut-elle être mise en place dans la ville contemporaine ? Quelles sont les propriétés d’inter-vention urbaine favorables à son développement ? Qu’est ce qui fait le climat métropolitain contemporain, comment peut-on se le représenter, et rendre compte de sa diversité, de sa complexité et de ses multiples possibilités ? Nous questionnons ici les méthodes, les outils et les modes de faire avec lesquels nous produisons la métropole.

Nous allons présenter l’étude de trois interventions, qui ne relèvent pas vraiment d’un type ou d’une forme urbaine, mais plutôt d’une démarche de fabrication de la ville à partir d’une architecture légère, à partir de la petite échelle. Les interventions étudiées ne font pas l’objet de situations transposables telles qu’elles, dans leur dimension, leur forme ou leur program-mation. Elles se situent dans des contextes urbains, sociaux et économiques qui ont néces-sairement influencé leur développement et desquels elles tirent leur spécificité et leur force. Nous poserons néanmoins la question de leur éventuelle généricité dans la suite du travail. Les champs d’analyse des diverses caractéristiques de ces dispositifs spatiaux sont étudiés successivement bien qu’interdépendants. Enfin, ce sont leurs qualités organisationnelles, so-ciales et spatiales qui sont avant tout considérées; l’art de l’architecture n’intervient que sur un plan esthétique de requalification du lieu d’intervention.

L’étude de cas fait naître ‘‘des associations d’idées, provoque des recompositions en chaîne (...) c’est un outil pour le renouvellement des catégories et des concepts à partir desquels pourrait se penser, d’une manière contemporaine, la métropole contemporaine.’’ 26

Suivant cette idée de recomposition, la constitution d’un corpus, dont l’ensemble des action-projets tendent à initier et féconder une écologie urbaine, nous a permis, dans un premier temps, de repérer, puis de lister certaines caractéristiques récurrentes qui semblent régir la plupart de ces projets. Dans un second temps, l’étude plus précise de trois projets sélection-nés, nous permet d’approfondir et de préciser ces caractéristiques, puis de les inclure dans une démarche plus globale, qui est celle de définir certaines des propriétés d’intervention déterminantes à la fabrication de la ville d’aujourd’hui.

Il ne s’agit pas de trouver des réponses parfaites aux problématiques inhérentes à la question de faire la ville. Les projets retenus dans cette étude ne prétendent pas illustrer la recette mi-racle, si tant est qu’elle existe, mais contiennent des caractéristiques et des potentialités qui peuvent la conditionner, en tout cas l’amorcer. Ils ouvrent sur des modes de faire en phase

26 L’AUC, Grand Paris Stimulé, de la métropole héritée aux situations pa-risiennes contemporaines, SNEL, 2009, p.19

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avec la réalité culturelle et opérationnelle du fait métropolitain contemporain. Ces situations spatialisent concrètement des possibilités plus que des projets. Elles sont un moyen de parler de la micro-échelle locale, du détail, et de la métropole comme condition, comme climat.

La constitution du corpus s’est effectuée à partir des critères suivant : des interventions réa-lisées récemment dans un contexte de grande ville contemporaine, à l’image des villes euro-péennes; des projets ancrés dans un contexte qui ont pour ambition d’en donner une nouvelle lecture; des actions innovantes dans l’organisation qu’elles instaurent; l’illustration d’une dé-marche singulière; l’installation d’usages, de pratiques non programmées.

Les projets sélectionnés ensuite plus précisémment dans ce corpus ont été choisi pour quelques propriétés individuelles. Ils incarnent en outre, et de façon exemplaire, au moins l’un des critères cités ci-dessus. Ainsi, Metavilla propose une nouvelle manière d’exposer et de vivre l’architecture; Place au changement, un chantier générateur d’usages, illustre une réalisation collective et ‘‘participative’’; Folly for a flyover est un projet autogéré qui tend à transformer la perception d’un lieu en s’inscrivant dans le paysage urbain. Chacune des références est décryptée successivement pour appuyer la recherche.

‘‘Ces travaux reflètent chacun la qualité de l’espace urbain en question. Ce qui est important, c’est leur capacité à redécouvrir comment établir un second rôle à chaque élément de l’envi-ronnement. C’est une question de qualités, d’inventivité, de réactivité et de climats métropo-litains.(...)C’est la somme, l’accumulation, le brouhaha de toutes ces situations et de toutes ces expériences qui nous parle de ce qu’est la métropole à laquelle nous sommes plus que jamais collectivement et individuellement liés’’. 27

041- L a b o r a t o i r e s o c i a l , c o l l e c t i v i t é u t i l e

Le collectif Assemble, qui réunit aujourd’hui une vingtaine de membres, artistes, designers et architectes, a andossé tous les rôles pour rendre cette intervention possible : montage, programmation, conception, construction et gestion. La construction du projet Folly For a Flyover, pensé comme un kit géant de ‘‘briques’’ en bois récupéré, a été parallèlement as-surée par 205 volontaires, offrant quelques heures à quatre semaines de leur temps, soit la totalité du chantier. Des entreprises locales ont contribué aux financements et des jeunes du quartier à l’encadrement des projections et activités gratuites proposées le jour aux enfants et aux familles.

27 Ibid, p.19

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Pour son projet Place au changement, le collectif Etc met en place un chantier ouvert, en appellant à participer habitants, locaux, amis, confrères. Il leurs semblent important de ‘‘construire avec les habitants pour que cette place devienne la leur.’’ 28 Pendant un mois, chacun peut participer à la construction de cette future place publique temporaire, échanger et apprendre. Le collectif fournit outils, protection de sécurité et conseils; il organise égale-ment trois types de workshops ouverts à tous pendant la durée du chantier : des ateliers de menuiserie pour construire le mobilier urbain, de graphisme pour représenter l’imaginaire autour du projet, de paysage et de jardinage pour travailler à l’établissement progressif de l’espace vert et du jardin partagé sur le site. L’entretien de l’espace s’est poursuivit naturelle-ment grâce aux initiatives locales à la fin du chantier.

La démarche de Patrick Bouchain et du collectif EXYZT pour leur projet de Metavilla est un peu différente. L’idée de construction collective est affirmée, mais restreinte à l’équipe du col-lectif principalement; quelques amis sont invités aussi à participer à la réalisation. Le contexte est foncièrement à l’encontre de cette initiative puisqu’il s’agit de construire le pavillon fran-çais de la biennale d’Architecture de Venise. Cependant, le chantier est partagée, ouvert au public, qui peut observer comment les choses se font, se créent, ‘‘le principe étant que l’on ne peut pas faire, c’est notre point de vue, un chantier sans inviter’’ 29.

En introduisant le concept de chantier ouvert, les équipes et les projets étudiés intègrent de manière active le public tant comme participant que comme complice dans la réalisation des travaux en cours. Ces pratiques spatiales de fabrication partagée de l’espace introdui-sent l’idée de constructions identitaires, à travers lesquelles l’usager se reconnaît et éprouve le sentiment de solidarité collective dans la transformation de son environnement. Dans l’exemple de ces gestions du projet, les tâches sont réparties, les relations de proximités sont polyvalentes, la co-présence est soulignée. Il semble que l’investissement de volontaires, d’habitants et d’entreprises locales favorise l’appropriation du milieu, son entretien et le res-pect du lieu en partage. C’est ce que nous définissons ici comme collectivité utile.

042- E s p a c e f l e x i b l e , i n d é t e r m i n a t i o n p r o g r a m m a t i q u e

Les interventions étudiées font l’objet de plateformes d’exploration qui expérimentent la ville pour induire des transformations à plus long terme. Loin de vouloir imposer des recettes toutes faites, elles testent un champ des possibles, et s’attachent à repérer ce à partir de quoi il est possible d’édifier quelque chose. Pour ce faire, l’intervention doit être légère, flexible, et doit accepter un degré d’aléatoire, d’incertitude, d’adaptabilité. Ainsi, l’indétermination pro-grammatique ouvre la voie vers une urbanité à l’écoute; c’est une urbanité déréglée mais

29 EXYZT, Construire en habitant, Venise, Actes Sud, 2011, p.30

28 Collectif Etc, Re.architecture, revue de Presse d’exposition, Pa-villon de l’Arsenal, 2012

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capable par là même d’absorder et d’initier plus de démarches. Ce processus doit pouvoir laisser davantage de place à la surprise et l’imprévu, comme facteur d’enrichissement et de renouvellement urbain. ‘‘La stratégie s’oppose au programme, elle établit comme lui des ob-jectifs et des scénarios d’action mais, contrairement à lui, elle modifie son action en fonction des informations et des hasards rencontrés. Elle porte en elle la conscience de l’incertitude qu’elle va affronter et comporte par là même un pari.’’ 30

Dans cette étude de cas, Metavilla use de cette indétermination pour proposer une diversité programmatique étonnante. Il ne faut pas oublier que le contexte et l’insertion du projet dans une démarche créative globale, celle de la biennale, ainsi que le flux d’acteurs engendrés, influent énormément sur la mise en place possible de cette indérmination. Cependant, elle reste un pari. En choisissant de ne programmer qu’une semaine sur deux les activités du pa-villon, les concepteurs, constructeurs et habitants de la villa se confrontent à des rencontres inattendues, des croisements de gens, des pratiques spontanées qui imitent et s’imiscent, avec toujours le désir de participer. Patrick Bouchain parle ainsi de Coline Serreau, qui a projeté dans le pavillon Chaos, un de ses films, en organisant un ciné-club et un débat im-provisés : ‘‘Si je l’avais officiellement programmée, elle n’aurait peut-être pas dit oui, ou nous n’aurions jamais trouvé la date !’’ 31

Dans le même esprit, Place au changement propose une programmation ouverte, qui s’or-ganise collectivement, semaine par semaine. Des associations locales, des artistes et des musiciens sont invités pour organiser différentes activités : peinture murale, concerts, ateliers de cirque, projections en plein air, tournois de sport, leçons de tango, repas partagés, débats, etc. Un blog est tenu en parallèle pour retranscrire le quotidien du site en construction et annoncer les programmations successives.

Tout en restant guidée, la programmation se fait toute seule, par la création d’un public acteur. Il semble qu’il faille initier les démarches créatives en proposant des espaces de liberté, des espaces partagés, appropriés aux usages collectifs.

L’exemple de Folly for a Flyover ne présente pas cette même qualité d’intermination program-matique. Il reste toutefois intéressante puisqu’il propose une diversité programmatique riche, et par la même, une mixité d’usages et de populations. Le projet inclut en effet un lieu d’ani-mation et de spectacle, un café, un atelier, la possibilité de louer des vélos et des bateaux pour circuler sur la canal adjacent.

31 Ibid, p.39

30 Edgar Morin, Comment vivre en temps de crise, Bayard jeunesse, 2010.

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043- Te m p o r a l i t é m a î t r i s é e , a c t i o n c o n t r e l ’ i n e r t i e

La fabrication de la ville naît d’un processus très long. Il semble légitime, donc, de s’interroger sur les possibilités d’accélérer ce processus, d’intervenir plus rapidement et de manière plus pragmatique. Les dispositifs mis en place dans les exemples choisis ont en commun la pré-occupation de faire action contre l’inertie des démarches d’aménagements urbains tradition-nelles, de sortir de la vision purement administrative de la ville. Comment un projet planifié sur plusieurs années peut-il commencer à se réaliser à travers l’établissement d’espaces publics qui donnent le ton, de stratégies d’interventions légères et économes ?

Le lieu choisi pour le projet Folly for a Flyover avait été identifié comme un trait d’union pos-sible entre le futur parc olympique et un secteur déconsidéré de Hackney Marshes. Prévu comme un équipement temporaire pour une durée de neuf semaines dans le cadre du Create Festival, l’objectif était de s’appuyer sur le succès de la saison estivale -qui a attiré plus de 20 000 personnes- pour obtenir la transformation de l’occupation temporaire en installation permanente. Un objectif atteint par son inscription dans la politique d’amélioration du do-maine public de Hackney Wick et son financement par la Olympic Park Legacy Company. Aujourd’hui, le lieu accueille des programmations culturelles soutenues par plusieurs festivals locaux. Ainsi, un dispositif expérimental accélère la politique d’amélioration en s’appuyant sur la démarche ‘‘essayer avant d’acheter’’ . Le projet test peut par la suite évolué, se transfor-mer, pour répondre à un nouveau contexte.

Dans le cadre du projet Place au changement, les nouveaux usages imaginés préfigurent des usages à venir. L’aménagement temporaire se veut être une étape priliminaire dans le processus de création du bâtiment. L’idée est de dessiner au sol un plan fictif des futurs logements, et de le représenter en coupe sur les murs pignons qui encadrent la friche. Cet ensemble veut permettre aux usagers de se projeter dans le volume virtuel d’un immeuble dont les études sont prévues dans quelques années. La conception de cet espace public s’inscrit dans une stratégie d’anticipation pour éveiller la conscience locale et collective aux transformations de leur environnement. Il s’agit là de phaser le processus de fabrication de la ville et d’identifier une première partie réalisable dans un délai concret et abordable par tous.

Metavilla, quant à elle, n’engage pas de projet à venir, mais cette intervention de type événe-mentielle et culturelle, propose une stratégie innovante pour exposer l’architecture, montrer les transformations in situ, en train de se faire. Il s’agit de questionner les notions de trans-mission et d’introduction à l’architecture. Dans ce cas là, l’action dans sa durée et la perma-nence artistique des concepteurs développent de nouvelles modalités d’accompagnement,

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de discussion, de partage du projet.

Ici, la réflexion spatiale est intégrée dans le temps, qui constitue un des éléments clés des questions de composition. C’est une ‘‘architecture du bâtiment des durées’’ plutôt qu’une ‘‘ar-chitecture du monument pour l’éternité’’ 32. Éphémères ou pérennes, le temps de ces projets semble d’inscrire dans celui d’une époque, d’un présent, pour ne pas créer des contraintes supplémentaires qui rétréciraient les choix futurs. Ils engagent néanmoins un processus de réfléxion et une dynamique de transformation quant au devenir d’un espace. Il faut prendre le temps de mettre en place des dispositifs et des outils innovants, adaptés à un contexte, à un territoire et aux populations qui y habitent, pour engager la fabrique de la ville contemporaine. La notion d’urbanisme temporaire voire flexible est avancée. La temporalité longue du projet urbain s’alimenterait ainsi des temporalités plus réactives des installations provisoires.

Nous retenons aussi de l’étude que l’initiation d’un projet ne se fait pas toujours par le des-sin; une action, très évènementielle, très spécifique, ou des interventions artistiques peuvent mettre en valeur un site et donner envie d’y faire un projet.

044- O c c u p a t i o n d u t e r r i t o i r e , p o t e n t i e l i m m é d i a t

En investissant l’espace, les projets étudiés s’attachent à révéler les potentiels intrinsèques du lieu, à faire émerger de nouvelles possibilités, à donner une relecture du territoire. Sans ef-facer ni préserver les traces du passé, le site est ré-inventé à partir de ressources existantes. Ce processus d’occupation et de valorisation du territoire passe par la construction d’une nou-velle histoire qui déclenche l’imagination, et par l’esthétisation d’une situation. Comme nous l’avons noté précédemment 33, Thierry Paquot, invité témoin à l’exposition Re.architecture au Pavillon de l’Arsenal, indique qu’il s’agit de ré-enchanter la ville. Déploier un territoire de liberté dans lequel il est possible d’intervenir.

En donnant à voir dans un même lieu des situations passées, présentes et potentielles des sites urbains, Place au changement et Folly for a Fyover mettent en valeur les mouvements perpétuels de la ville contemporaine. Ils proposent un cadre imaginaire et temporaire qui pré-cède les transformations et les histoires de demain. D’une part, l’image de la Folly s’inspire des constructions en briques rouge de l’environnement de Hackney Wick, en installant une pièce imaginaire appartenant au passé, une maison coincée sous la bretelle d’autoroute. La Place, d’autre part, reconstitue les prémices d’une construction future à partir des friches de la dernière.

32 Michel Onfray, texte affi-chés à l’entrée du pavillon, Construire en habitant, Venise, Actes Sud, 2011, p.5

33 Voir note n°24 p.27

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Il s’agit avant tout de travailler pour l’occupation digne du territoire en donnant envie de s’y intéresser, et en modifiant dans la durée le regard sur un site. Dans cet objectif, il sem-blerait que ces démarches privilégient l’hypercontextualité, en s’appuyant sur les potentiels existants (spatiaux, humains et matériels) qu’elles intègrent dans les différentes phases du projet: matériaux locaux, donnés ou recyclés, chantier ouvert, financements et soutien des entreprises locales, partenariats, etc.

Metavilla a pour ambition de transformer le pavillon, un temple à l’image de la France du XVIIIe siècle, un espace trop académique, vide et creux -constitué d’un péristyle à colonnade, d’une pièce centrale éclairée par une verrière, et de trois pièces aveugles qui l’entourent- en un espace habitable et accueillant. L’équipe imagine la création d’un parasite habité, pour voir au-delà, sortir du carcan institutionnel, et déjouer une architecture qui sonne faux. Pour retrouver une idée de liberté, le projet se construit autour d’une structure en échaffaudages qui traverse le pavillon vers le haut, sort par la verrière pour se reconnecter avec l’extérieur, et retrouver une relation avec un contexte élargi : Venise, la lagune, le parc. Nous nous inté-ressons ici davantage à la démarche engagée, puisque dans cet exemple, l’espace du projet n’est pas considéré comme un délaissé.

045- E s p a c e i n f o r m e , d é s i r d ’ h o s p i t a l i t é

En observant les références, il nous semble que la masse, la forme et le volume ont été relégués au second plan et que tout paraît être misé sur le relationnel. Aucun d’entre eux ne relève d’une forme géométrique pure, aux façades équivalentes; l’enveloppe externe ne fait plus acte de séparation. Le processus, ainsi que le dispositif spatial et organisationnel, prend le pas sur la forme. Les projets illustrent un mode d’urbanité bien différent de la ville tradition-nelle, qui tend vers une pratique de l’espace urbain qui n’est plus hiérarchisée, qui proposent des relations spatiales plus diverses et des structures urbaines plus ouvertes.

Folly for a Flyover et Place au changement sont tous deux accessibles directement depuis le milieu environnement; il n’y a pas d’entrée située en un point, mais une multitude pos-sible. En outre la circulation est libre, sans contraintes. Les aménagements s’étendent sur quelques éléments environnants, supprimant ainsi une séparation franche entre le dispositif et son contexte. Ainsi, le projet Place au changement prévoit plusieurs interventions sur les bâtiments qui entourent la friche : des textes, du graphisme, des enseignes signalétiques.

Dans le projet Metavilla, la limite entre espace public et espace privé n’est indiquée qu’au sol, à l’aide d’une bande de scotch jaune. L’espace est lisible, la structure construite n’inclut

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aucune barrière physique opaque. Les espaces et les usages sont donnés à lire directement depuis la pièce centrale qui sert de desserte générale. La salle de travail est aussi un support d’exposition, dans laquelle sont affichées les photos de toutes les interventions qui ont eu lieu dans la villa. La circulation n’est pas libre, mais guidée par les habitants du projet. C’est dont davantage la contiguité visuelle et physique qui est intéressante.

La fluidité visuelle de l’espace est recherchée pour faire co-présence, à la fois vers l’environ-nement et à l’intérieur de l’intervention elle-même. Les dispositifs ambitionnent d’établir une relation avec le milieu en s’ouvrant sur l’extérieur, en invitant au partage de l’espace. La non-hiérarchisation fonctionnelle doit pouvoir, dans une certaine mesure, rendre l’espace plus accessible, moins conventionnel, et, en le démystifiant, le rendre plus public. Les projets font figures d’architecture de réseaux, de relations. Les espaces ouverts, qui incitent ou suggèrent des pratiques spontannées, peuvent servir de générateurs d’usages. L’espace informe, ou-vert, extraverti, devient le lieu informel dans lequel l’usager se détend et ose l’appropriation. C’est un espace fait de désir et de curiosité.

On est loin de l’architecture superstar à laquelle le culte et la vénération sont attachés, mais plutôt dans l’établissement d’une architecture plus diffuse, plus discrète, mais incisive, qui a elle aussi sa place dans l’urbanité contemporaine. Les éléments qui offrent la nécessité de communication et de représentation changent et évoluent. Les caractéristiques évoquées dans cette partie du travail peuvent être intégrées à la recherche et à la matérialisation d’autres dispositifs innovants qui participent à la fabrication et au renouvelement de la ville.

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37

Nous introduisons brièvement dans cette partie la question des enjeux possibles pour de telles interventions urbaines et leur impact sur le mode de produire la ville. Par essence lo-cales et non reproductibles, ces stratégies de terrain peuvent-elles interférer avec les formes classiques de programmation et d’action sur la ville ? Est-il possible d’imaginer la généricité de tels dispositifs ? Comment l’architecture peut-elle influencer les politiques urbaines ?

051- S t r a t é g i e d e l a r u m e u r

La rumeur est par nature ce qui ne se maîtrise pas, qui échappe donc à toute raison stra-tégique et au contrôle qui l’accompagne. Mais la stratégie d’une intervention urbanistique peut faire partie commune avec la dynamique de la rumeur, en la stimulant et en cherchant à l’orienter dans un sens voulu, quitte à se laisser déborder ou emporter.

En faisant jouer l’effet de l’innatendu, de l’originalité, de la surprise, certaines équipes d’archi-tectes participent à cette stratégie de la rumeur du ‘‘on dit que des jeunes architectes...’’ pour faire évoluer d’anciennes réputations. Dans leur Détour de France, le collectif Etc initie suc-cessivement plusieurs évolutions aux échelles et aux échéances différentes : pendant un an, les membres du groupe ont parcouru le territoire français en vélo, en organisant sur plusieurs étapes des projets d’aménagement ouverts, en partenariat avec les associations et les insti-tutions locales. Le bruit allant de bouche à oreille et d’antenne à antenne : bruit d’une forme de vie urbaine nouvelle, inattendue non seulement au début, mais dans la durée, toujours imprévisible, créant idéalement une effervescence stimulante entre les différents acteurs, et transformant peu à peu la perception qu’ont les habitants de leur espace.

Ce n’est pas un but en soi de retenir l’attention en faisant du bruit. Lorsque la rumeur aura fait son œuvre, lorsqu’elle aura fait apparaître une image nouvelle du territoire dans toute sa diversité, elle pourra se calmer pour laisser parler les faits.

Elle apparaît comme un moyen privilégier pour informer, présenter, intéresser. Les habitants ou les exposants -à l’image du Pavillon de l’Arsenal qui propose l’exposition Re.architecture- peuvent en être les protagonistes et les investigateurs; ils manifestent alors une implication personnelle qui n’est jamais neutre, qui oscille entre attraction et répulsion. Mais la rumeur a l’avantage d’exposer. Elle peut même prendre la forme d’un object d’architecture construit; nous pensons notamment au BWM Guggenheim Lab, laboratoire urbain et nomade qui dif-fuse une série de questions et de thèmes communs aux villes du monde, en se déplacement successivement à New-York, Berlin, et bientôt Bombai.

0 5 - M O D È L E S D E P E N S É E

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65

INTR

OD

UC

TIO

N

INTR

OD

UC

TION

1. Le ProJet : Le détour de france

1. Itinéraire2. Objectifs3. Modes d’intervention & bénéficiaires4. étapes5. Budget prévisionnel6. Soutiens7. Les acteurs de la fabrique citoyenne de la ville

2. Le coLLectIf etc

1. Vers une fabrique citoyenne de la ville2. Réalisations3. Dossiers de presse4. L’équipe

7

9-10

11-14

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65-66

67-72

SommaIre

D E F R A N C E

L’illustration graphique du Détour de France, dossier de présentation du projet, disponible sur le site du Collectif Etc.

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052- U t o p i e s g é n é r i q u e s

En observant les interventions étudiées précédemment hors de leur contexte originel, nous nous interrogeons sur leurs capacités intrinsèques et leur potentielle généricité à produire l’urbain. C’est leur enjeu à l’intérieur d’une vision globale qui est évalué. Nous pensons que la chorégraphie réussie d’une multitude de projets exemplaires, leur mise en réseaux et une médiatisation commune peut assurer la transformation diffuse de l’ensemble du territoire. Leurs propriétés particulières ne sont plus considérées; ce sont plutôt les démarches qui ont conduit à de telles interventions, qui semblent se répéter.

Pour ces architectes, le site d’action devient un territoire virtuel, un territoire de pensée, dans lequel ils cherchent à installer des valeurs communes et des démarches qui privilégient le process à la production. Plus qu’une production générique, il s’agit d’une pensée générique sur les façons d’investir la ville. En s’appuyant sur les caractères ascendant des process tirés du terrain et descendant de cette pensée générique, les nouvelles utopies développent l’apti-tude d’allier la grande échelle à l’hypercontextualité, et s’attaquent aux échelles augmentées du projet. Raumlabor est ainsi mandaté pour préfigurer le devenir de l’ancien aéroport de Tempelhof à Berlin (400 hectares) et l’Atelier d’Architecture Autogérée est l’inventeur et le coordinateur d’un quartier autogéré à Colombes.

L’objectif est aussi d’insuffler ces modèles de pensée au sein des gouvernances qui regrou-pent les différents acteurs et penseurs de la ville. Il faut que la maîtrise d’ouvrage apprenne à être plus créative, que les élus lui fasse confiance; que les maîtres d’ouvrage et les acteurs publics étendent leur mission à des choses qu’ils n’ont pas l’habitude de faire, en engageant d’autres dynamiques pour enrichir les logiques existantes. Ce renouvelement passe, bien en-tendu, par la transmission et l’expérimentation de cette idée de pensée générique. La forma-lisation de vraies commandes institutionnalisées montrent cependant que ce processus est déjà engagé, et que les réflexions sur les modalités d’action urbaines sont en train de s’ouvrir.

Ces utopies génériques sont autant de plateformes collectives d’exploration qui complètent la palette des choix possibles et des modes opératoires. Plus qu’un héritage architectural bâti, elles s’efforcent de construire un héritage de la pensée et de modèles d’intervention.

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C O N C L U S I O N

Les formes d’intervention sur la ville, la fabrication de l’urbain, l’architecture comme lien so-cial, la superposition de la ville sur la ville, sont autant de thèmes qui doivent être croisés et confondus lorsque nous réfléchissons au renouvellement de nos métropoles. De manière générale, il est difficile d’envisager les futurs et les possibles de notre urbanité tant elle se transforme et se diversifie. Il est donc également difficile, de se pencher sur les penseurs des villes, d’évaluer des méthodes et des outils qui sont souvent très technocratisés.

Pourtant, certains ont saisi l’opportunité de mixer les rôles, d’effacer les barrières entre concepteurs, clients, constructeurs et usagers. En raccourssissant la chaîne des acteurs po-tentiels, il luttent contre l’inertie des planifications urbaines actuelles et accelèrent les proces-sus qui rendent l’espace public aux usagers.

En redoublant d’inventivité, en re-découvrant ce qui a déjà pu être amorcé, ils donnent des outils à un mode de produire, à un mode d’actionner, qui semble faire une entrée incisive dans la pratique architecturale d’aujourd’hui, où chacun est en droit de se faire une place pour offrir de nouveaux espaces de vie, construire collectivement, en toute légitimité. Le projet s’établit effectivement à ces échelles de vie, où citoyens et concepteurs se retrouvent, dans une pratique moins figée, plus ouverte, source d’expérimentations et de principes, dont plu-sieurs seront ensuite intégrés aux démarches plus conventionnelles du projet urbain. Ainsi, les potentiels, les qualités et les propriétés de ce dernier sont ré-évalués.

Ce travail amorce la recherche de nouvelles qualités et propriétés d’intervention à intégrer dans le processus de fabrication de la ville pour initer à une production différente, plus acces-sible, redistribuée. Une architecture populaire pour oser pratiquer la ville, s’en amuser, s’en étonner et s’en réjouir. En faisant état de ces groupes, de ces collectifs et de leurs travaux, cette étude constitue un petit répertoire qui pointe quelques stratégies innovantes pour fabri-quer l’espace. Elles ne s’extraient pas cependant des productions architecturales à grandes échelles ou des réflexions sur les planifications à long termes; ces dispositifs doivent être complémentaires pour s’emboîter ensuite dans une logique cohérente.

La dissémination de ces démarches a déjà commencé; on ne peut plus les considérer comme marginales aujourd’hui, si l’on considère à la fois leur diffusion dans les villes européennes, la régénération permanente de leurs réseaux et les notoriétés acquises. Peut-on y voir donc une pensée générique sur les façons d’investir la ville ? Si oui, cette pensée nous concerne tous, c’est l’émergence d’une conscience collective du territoire.

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B I B L I O G R A P H I E

O u v r a g e s s u r l ’ u r b a n i t é c o n t e m p o r a i n e

- Momoyo Kaijima, junzo Kuroda, Yoshiharu Tsukamoto, Made in Tokyo, Kaijima InstitutePublishing Co., japan, 2006.- L’AUC, Grand Paris Stimulé, de la métropole héritée aux situations parisiennes contempo-raines, SNEL, 2009.- Michel Lussaut, L’homme spatial, Éditions du Seuil, 2002.

O u v r a g e s u r l a n o t i o n d ’ e n v i r o n n e m e n t

- Kazuyo Sejima, Ryue Nishizawa, Yuko Hasegawa, Architectural Environments for Tomor-row, new spatial practices in architecture and art, Museum of Contemporary Art Tokyo, 2011.

O u v r a g e s u r l a n o t i o n d ’ é c o l o g i e u r b a i n e

- Mike Davis, Dead Cities, Les prairies ordinaires, 2009.

O u v r a g e , a r t i c l e s e t s i t e s s u r l e s f i g u r e s d e l ’ a r c h i t e c t u r e

- Patrick Bouchain, EXYZT, Construire en habitant, Venise, Actes Sud, 2011.- Kenchiku Architecture 2011, architects interviews, RAD-ESA, 2011.- Beatrice Galilee, Young Architects in action, Domus n°960, juillet-août 2012.- Re.architecture, Re.cycler, Ré.utiliser, Ré.investir, Re.construire, revue de presse d’exposi-tion, Pavillon de l’Arsenal, 2012.- Interviews des six témoins invités dans le cadre de l’exposition Re.architecte (jean Blaise, Michel Cantal-Dupart, Didier Fusillier, Guillaume Hébert, Maud Le Floc’h, Thierry Paquot) disponibles sur le site du Pavillon de l’Arsena, www.pavillon-arsenal.com- Pascale joffroy, Solutions locales pour un problème global, Magazine, D’architecture n°208, SEA, mai 2012.- L’ensemble des sites web des groupes et des collectifs présentés dans le corpus de réfé-rences.

A r t i c l e s u r l ’ h i s t o i r e e t l ’ a r c h i t e c t u r e

- Soline Nivet, La crise, les architectes et la théorie, Dossier, D’architecture n°182, SEA, mai 2009.

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O u v r a g e s d e r é f é r e n c e a n a l y t i q u e

- Données de LIA, Laboratory for Integrative Architecture de l’agence LIN de Finn Geipel,TU-Berlin.- Aurora Fernandez Per, D Book-Density, Data, Diagramms, Dwellings, éditions a+t,2007.

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C O R P U S D E R É F É R E N C E S

L e s p r o j e t s :

- Folly for a Flyover, Assemble- Metavilla, Exyzt, Patrick Bouchain- Place au changement, Collectif Etc- BMW Guggenheim Lab, Atelier Bow-Wow- White Limousine Yatai, Atelier Bow-Wow- Les Grandes Tables, 1024 Architecture- The Cineroleum, Assemble- 1Up Mushroom, 1024 Architecture- Éco Interstice, l’Atelier d’Architecture Autogérée- Nomad, 1/100- Studio East, Carmody Goarke studio- Détour de France, Collectif Etc- Southwark Lido, Exyzt- Un kiosque aux Chaux, Exyzt- MoMA PS1, Interboro Partners- Lieux du possible, Le bruit du frigo- Tilbury, Muf- HWFI, Muf- The cook, the breeder, his wife and their neighbour, Overtreders- The roof that goes up in the smoke, Overtreders- Le Kiosque Veduta, Gauthier, Pierron, Pointet- Frank’s Café, Practice Architecture- Chinoiserie, Encore Heureux- Eichbaumoper, Raumlabor- Spacebuster, Raumlabor

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Axonométrie du projet Folly for a Flyover : contexte proche et programmes.

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Folly for a Flyover

Architectes : AssembleDate : 2011Localisation : Hackney Wick, Londres, Grande-BretagneContexte urbain : sous-face auto-routièreContexte de l’intervention : plan de revalorisation Commande : autorités localesCoût : 20 000 £type : équipement temporaireDurée programmée : neuf semainesDurée du chantier : quatre semainesType de chantier : auto-constructionProgrammes : lieu de spectacle, café, atelier, location de vélos, location de bateaux

F a b u l e u x

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Axonométrie du projet Metavilla : imbrication des espaces et percée verticale.

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Metavilla

Architectes : Exyzt, Patrick BouchainDate : 2006Localisation : Venise, ItalieContexte urbain : jardinContexte de l’intervention : biennale d’architectureCommande : ministères des Affaires étrangères et de la CultureCoût : xType : installation événementielle et culturelleDurée programmée : trois moisDurée du chantier : trois semainesType de chantier : auto-constructionProgrammes : salle d’exposition, atelier de travail, cuisine, bar, salle à manger, hotel dortoir, sauna, belvédère

U t o p i a

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Axonométrie du projet Place au changement : répartition des pièces à ‘‘habiter’’.

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Place au changement

Architectes : Collectif EtcDate : 2011Localisation : Saint Étienne, France-Contexte urbain : périphérie de centre villeContexte de l’intervention : plan de réaménagement urbainCommande : établissement public d’aménagement de St EtienneCoût : xtype : aménagement temporaireDurée programmée : trois ans Durée du chantier : quatre semainesType de chantier : ouvert, autocon-structionProgrammes : place publique, café en plein air, terrains de jeux

Q u o t i d i e n

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White Limousine Yatai

Architectes : Atelier Bow-WowDate : 2003Localisation : Niigata, japonContexte urbain : xContexte de l’intervention : Echigo Tsumaari Art TriennaleCommande : xCoût : xType : mobilier urbainDurée programmée : xDurée du chantier : xType de chantier : xProgrammes : cuisine ambulante

m o b i l i t é

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BMW Guggenheim Lab

Architectes : Atelier Bow-WowDate : 2011-2012Localisation : New-York, E.U., Berlin, Allemagne, Bombai, IndeContexte urbain : interstice urbainContexte de l’intervention : exposition au musée Guggenheim de NYCommande : Fondation GuggenheimCoût : xtype : Laboratoire mobileDurée programmée : x Durée du chantier : xType de chantier : xProgrammes : ateliers, discussions, centre communautaire, espace de rencontre, espace public

G é n é r i c i t é

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É d u c a t i o n

1UP - Mushroom

Architectes : 1024 ArchitectureDate : 2011Localisation : St Denis, FranceContexte urbain : patrimoine historique, site archéologiqueContexte de l’intervention : xCommande : Le service archéologique de la ville de St Denis Coût : xType : équipementDurée programmée : xDurée du chantier : xType de chantier : xProgrammes : centre de formation, d’éducation et de sensibilisation au métier d’archéologue

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Les Grandes Tables

Architectes : 1024 ArchitectureDate : 2011Localisation : Paris,FranceContexte urbain : jardin temporaire, Ile SeguinContexte de l’intervention : projet d’accompagnementCommande : Les Grandes Tables (Paris/Ile Seguin)Coût : xType : équipement temporaireDurée programmée : xDurée du chantier : xType de chantier : xProgrammes : restaurant, bar, café en plein air, espace de rencontre

P h a s a g e

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The Cineroleum

Architectes : AssembleDate : 2010Localisation : Londres, U.K.Contexte urbain : station service désaf-fectéeContexte de l’intervention : projet d’initiative propreCommande : xCoût : £6 500Type : équipementDurée programmée : xDurée du chantier : trois semainesType de chantier : autoconstruitProgrammes : cinéma

E s t h é t i s a t i o n

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Éco Interstice, le passage 56

Architectes : Atelier d’Architecture AutogéréeDate : 2005Localisation : Paris,FranceContexte urbain : ville historique denseContexte de l’intervention : projet d’aménagmentCommande : Mairie de ParisCoût : xType :équipement partagéDurée programmée : xDurée du chantier : six moisType de chantier : chantier-écoleProgrammes :restaurant, jardinage, distributions de légumes bio, lieu d’expositions, débats, fêtes, ateliers, projections, concerts, séminaires

É c o l o g i e

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Nomad

Architectes : 1/100Date : 2011Localisation : Paris, FranceContexte urbain : jardin du Musée du Quai BranlyContexte de l’intervention : intervention socioculturelleCommande : xCoût : xtype : équipement temporaireDurée programmée : trois moisDurée du chantier : xType de chantier : xProgrammes : point d’information, vente de glace, système de son, jardin pour enfants, scène

D i f f u s i o n

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M o n d a n i t é

Studio East

Architectes : Carmody Goarke studioDate : 2010Localisation : Londres, U.K.Contexte urbain : dessus parking en constructionContexte de l’intervention : x Commande : xCoût : xtype : pavillon temporaireDurée programmée : trois semainesDurée du chantier : dix semaineType de chantier : mixte, matériaux issus du site en constructionProgrammes : restaurant, observatoire

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10

9

LE P

RO

JETLE P

RO

JET

ItInéraIre

Le Détour de France commence en octobre 2011 et s’étend sur presque une année. Le départ et l’arrivée se font à Strasbourg, ville de création et d’émancipation du collectif.

D ans p lus ieur s v i l l e s en F rance émergent de plus en plus d’initiatives d’implication des usagers dans la gestion et l’aménagement de leur cadre de vie. Ce phénomène participe à une nouvelle lecture et fabrication de la ville en général. Selon les cas, ces initiatives viennent de la part d’acteurs très différents : habitants, associations, comités, artistes, professionnels, institutions, élus, …Nous partons à la rencontre de ces différents acteurs afin de participer avec eux à la fabrique citoyenne de la ville.

L’itinéraire a été fixé en fonction des contacts déjà établis. Il garde tout de même une certaine flexibilité pour laisser place aux rencontres et aux opportunités qui naîtront au cours de la préparation et du voyage.

CHALON-SUR-SAONE

TOULOUSEMONTPELLIER

GRENOBLEJANVIER 2012

SAINT-ETIENNEDECEMBRE 2011

BUSSEOL

BALENOVEMBRE 2011

REIMS

METZ

ROUENLE HAVRE

RENNESJUIN 2012

NANTESMAI 2012

BREST

BORDEAUXAVRIL 2012

LYON

STRASBOURGOCTOBRE 2011 DEPARTSEPTEMBRE 2012 ARRIVEE

PARISJUIN 2012

LILLEJUILLET 2012

BRUXELLESAOUT 2012

MARSEILLEFEVRIER 2012

1.

Détour de France

Architectes : Atelier Bow-WowDate : 2003Localisation : Echigo Tsumari, japonContexte urbain : Ile SeguinContexte de l’intervention : projet d’accompagnementCommande : Les Grandes Tables (Paris/Ile Seguin)Coût : xType :équipement temporaireDurée programmée : xDurée du chantier : xType de chantier : xProgrammes :restaurant, bar, café en plein air, open space, sauna, paddling pool

M o t e u r

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SouthWark Lido

Architectes : ExyztDate : 2009Localisation : Londres, U.K.Contexte urbain : ville denseContexte de l’intervention : the London Festival of ArchitectureCommande : The Architecture Founda-tionCoût : xType :équipement temporaireDurée programmée : saison estivaleDurée du chantier : xType de chantier : autoconstruitProgrammes : bar, sauna, pataugeoire, plateforme arrosée, belvédère et vestiaires

C l i m a t m é t r o p o l i t a i n

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Un kiosque aux Chaux

Architectes : ExyztDate : 2011Localisation : St jean en Royans, FranceContexte urbain : grands ensemblesContexte de l’intervention : réaménage-ment de quartier, étude/action sur les espaces publicsCommande : De l’aire, pilotage et médiation localeCoût : xType : lieu de proximitéDurée programmée : xDurée du chantier : xType de chantier : participatifProgrammes : ateliers d’urbanisme par-ticipatifs, centralité de quartier

A n t i c i p a t i o n

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Holding Pattern at MoMA PS1

Architectes : Interboro PartnersDate : 2011Localisation : Brooklyn, New-York, E.U.Contexte urbain : Musée d’Art ModerneContexte de l’intervention : the 2011 Young Architects Program, compétitionCommande : MoMA PS1Coût : xType : équipement temporaire, projet d’investigationDurée programmée : saison estivaleDurée du chantier : xType de chantier : xProgrammes : espace public, collection d’objets

R e d i s t r i b u t i o n

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Lieux possibles n°1

Architectes : Le Bruit du FrigoDate : 2008Localisation : quartier Mériadeck et quais de Queyries à Bordeaux, FranceContexte urbain : xContexte de l’intervention : manifesta-tion culturelleCommande : Bruit du FrigoCoût : xType : aménagement temporaire et programmation artistiqueDurée programmée : dix joursDurée du chantier : xType de chantier : xProgrammes : salon de coiffure, de massages et de bain en plein air

S u r p r i s e

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Tilbury

Architectes : MufDate : 2003-2005Localisation : Tilbury, Londres, U.K.Contexte urbain : grands ensemblesContexte de l’intervention : définition et requalification paysagèreCommande : Thurrock CouncilCoût : £330,000Type : aménagement paysagerDurée programmée : xDurée du chantier : xType de chantier : xProgrammes : jardin communautaire, espace d’équitation

M o d e s t i e

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Hackney Wick & Fish Island Architectes : Muf Date : 2010Localisation : Hackney Wick, Londres, U.K.Contexte urbain : Contexte de l’intervention : Commande : the London Development AgencyCoût : £2.5mType : stratégie de requalification urbaineDurée programmée : xDurée du chantier : xType de chantier : xProgrammes : espaces publics, infra-structure, mobilités

P l a n i f i c a t i o n f l e x i b l e

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The cook, the breeder, his wife and their neighbour

Architectes : OvertredersDate : 2010Localisation : Amsterdam Nieuw West, HollandeContexte urbain : xContexte de l’intervention : compétitionCommande : Stedelijk Museum Amster-damCoût : xType : équipement publicDurée programmée : xDurée du chantier : xType de chantier : en partie autocon-struitProgrammes : jardin public, cuisine

C o n v i v i a l i t é

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The roof that goes up in the smoke

Architectes : OvertredersDate : 2010Localisation : Roosendaal, Biezenmor-tel, Breda, HollandeContexte urbain : xContexte de l’intervention : festival of All Souls DayCommande : xCoût : xType : pavillon mobileDurée programmée : xDurée du chantier : xType de chantier : xProgrammes : lieu de picnic et de rencontre

I n t i m i t é

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Le Kiosque Veduta

Architectes : Amélie Gauthier, Thibaut Pierron, Vanessa PointetDate : 2011Localisation : Vaulx-en-Velin, FranceContexte urbain : territoire suburbainContexte de l’intervention : biennale d’art contemporain de LyonCommande : biennale d’art contempo-rain de LyonCoût : 50 000 €Type : pavillon temporaireDurée programmée : quatre moisDurée du chantier : trois moisType de chantier : chantier d’insertionProgrammes : jardin, lieu de spectacle en plein air, pavillon d’accueil

E r r a n c e

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Frank’s Café

Architectes : Practice ArchitectureDate : 2009Localisation : Peckham, London, U.K. Contexte urbain : toit d’un parkingContexte de l’intervention : compétitionCommande : the Hannah Barry GalleryCoût : xType :équipement saisonnierDurée programmée : xDurée du chantier : vingt-cinq joursType de chantier : autoconstruitProgrammes : bar, café, support com-plémentaire d’exposition

H o s p i t a l i t é

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Chinoiserie

Architectes : Encore HeureuxDate : 2007Localisation : Bordeaux, FranceContexte urbain : jardin botaniqueContexte de l’intervention : xCommande : Arc en rêveCoût : 25 000 €Type : petite folie temporaireDurée programmée : xDurée du chantier : xType de chantier : support d’ateliers pédagogiques, jeux, repos collectif

D é t e n t e

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Eichbaumoper

Architectes : RaumlaborDate : 2009Localisation : Essen, AllemagneContexte urbain : station de métro sinistréeContexte de l’intervention : réaménage-ment urbainCommande : xCoût : 700 000 € (depuis 2006)Type : équipementDurée programmée : deux moisDurée du chantier : xType de chantier : chantier d’insertionProgrammes : opéra temporaire, atel-iers, bar, cinéma

O c c u p a t i o n

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A c t i o n

Spacebuster

Architectes : RaumlaborDate : 2008Localisation : New-York, E.U. (Europe, 2006)Contexte urbain : ville denseContexte de l’intervention : événement socioculturelCommande : Storefront for Art and ArchitectureCoût : xType : structure gonflable mobileDurée programmée : dix joursDurée du chantier : xType de chantier : xProgrammes : lieu de débats, présen-tations, fêtes, diners, degénérateur d’usages

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L A U R E V E Y R E D E S O R A S - M É M O I R E D E M A S T E RSPAA STRATÉGIES ET PRATIQUES ARCHITECTURALES AVANCÉESSOUS LA DIRECTION DE CHRISTOPHE WIDERSKI, ARCHITECTE ENSEIGNANT ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D’ARCHITECTURE DE LYON 2012.