Martinique Agricole N°2

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Le Magazine bimestriel de l’actualité Agricole Agronomique et Agro-Alimentaire Martiniquaise. Martinique Bientôt le site internet Agricole “2 011 doit être l’année de la reprise…” Février-Mars 2011 - N°2 3€ LA CERCOSPORIOSE NOIRE : Où en est-on actuellement en Martinique ? Lisez notre dossier de 20 pages Actualités/Brèves Recherche & Innovation Entreprises & Produits RUBRIQUES

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Février-Mars2011-N°2 3€ L ACERCOSPORIOSENOIRE : Où en est-on actuellement en Martinique? Actualités/Brèves Recherche&Innovation Entreprises&Produits Lisez notre dossier de 20pages

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Le Magazine bimestriel de l’actualité AgricoleAgronomique et Agro-Alimentaire Martiniquaise.Martinique

Bientôt le site internetAgricole

“2011 doit être l’annéede la reprise…”

Février-Mars 2011 - N°2 3€

LA CERCOSPORIOSE NOIRE :Où en est-on actuellement

en Martinique ?Lisez notre dossier de 20 pages

Actualités/Brèves

Recherche & Innovation

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EDITORIAL

Eclairer la réalité des outre-mer français, au-delàdes clichés sur les "enfers de cyclones ou decrises sociales" : c’est l’ambition de Daniel Maxi-min, commissaire de l’année des Outre-mer, quise déroulera tout au long de 2011.

Espérons que l’Union Européenne prendra encompte de manière conséquente notre situationen temps que région ultrapériphérique, et que lePDR, largement sous-utilisé par le monde agri-cole, lui devienne beaucoup plus accessible.

Espérons que la gestion du POSEI (Programmed’Options Spécifiques à l’Eloignement et à l’Insu-larité) - qui a pour objectif d’améliorer la compé-titivité économique et technique des filièresagricoles en tenant compte de leurs handicapsgéographiques et économiques, notamment del’éloignement, de l’insularité, de la faible superfi-cie, du relief et du climat difficile, de la dépen-dance économique vis-à-vis de certains produitsd’importation et de la concurrence internationale- soit “régionalisé”, comme le dit Mr Bertome (cfpage 10).

EspéronsHque nous arriverons à éradiquer defaçon non négligeable certaines “maladies”comme la cercosporiose, et que le spectre “chlor-décone” se dissipe peu à peuHespérons.

En tout état de cause, les Agriculteurs, eux, conti-nuent à se battre afin d’assurer leur subsistance,celle de leur famille et celle des martiniquaisHHils y croît toujours malgré les “déboires”.

Dans ce magazine vous découvrirez les réalitésde deux entrepreneurs, Ronald Daclinat, produc-teur de miel et Romuald Nelson, fabricant decompost, ainsi que celles d’agriculteurs et de res-ponsables de coopératives et d’institutions agri-cole.

Dans notre prochaine édition, nous reviendronssur “l’affaire” Martinique Nutrition Animale / Médi-vial, et présenterons la filière Avicole martini-quaise.

Bonne lecture,

Philippe PIEDRédacteur en Chef

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2011 :Année des Outre-Mer, année de la repriseJ?

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SOMMAIRE

6 / Actualités� Brèves…� Conflit Madivial / MNA� Les vœux du Président de la

Chambre d’Agriculture de Martinique� Interview de Patrice Tirolien Député

Européen

12 /Recherche & Innovation� La SECI du Conseil Général� Interview de sa Directrice Mme de Lacroix� l’Unité d’Ingénierie Génétique Bovine

de la Martinique

20 / Entreprises & Produits� Ronald Daclinat : Producteur de miel� Madin’Compost : Le compost de SITA

VERDE. L’interview de Romuald Nelson

16 / Recherche

La SECI (Station d’Essais enCulture Irriguées du Conseil Gé-néral) : Une vocation de mise aupoint et de diffusion des tech-niques culturales et d'élevageutilisant l'irrigation, adaptéesaux conditions du PISE (Périmè-tre Irrigué du Sud-Est) de laMartinique.Présentation détaillée et inter-view de sa Directrice Stéphaniede Lacroix.

28 / Les vœuxdu PrésidentBertome

2011 doit être une année d’espoir.Espoir de voir la crise chlordécones’atténuer avec les nouvelles don-nées de la recherche ; espoir de voirla production redémarrer avec lessoutiens publics annoncés et le cou-rage à la tâche des agriculteurs ; es-poir de voir les mesures du PDRMplus accessible aux agriculteurs ; es-poir de voir l’agriculture reconsidéréecomme une priorité dans ce pays.

La Cercosporiose NoireDossier Spécial (ACTUALISÉ)

Nous vous proposons de faire le point sur l’arrivée de la Cercosporiose noire enMartinique. En effet, lors de notre précédent numéro, elle n’était pas encore pré-sente sur notre départementJ� Quelles seront et sont les conséquencesde cette maladie?� Que comptent faire les élus afin de réagir à cette invasion ?� Qu’en pensent les agriculteurs?� Comment faire pour protéger les exploitations et les bananiers privés?� Cette agression de nos bananiers déclenchera-t-elle, au vu de ses probablesretombées négatives sur l’export, une restructuration de notre agriculture?

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Actu/Brèves

ECOPHYTO 2018Le plan Eco-phyto 2018est en Francel’une des me-sures propo-sées par leGrenelle del’Environne-ment et re-prise par lePlan Nationalde Santé en-vironnement.Il vise à ré-duire et sécu-

riser l’utilisation des phytosanitaires (y comprisen zone non agricole) pour notamment :- réduire de 50 % l’usage des pesticides avant2018- retirer du marché certaines préparationscontenant les 53 substances actives les pluspréoccupantes.

La Chambre d’Agriculture participe à l’animationdu Plan Ecophyto en Martinique. Elle élaboredans ce cadre, le Bulletin de Santé du Végétalet met en œuvre les formations pour l’obtentiondu CERTIPHYTO.Animateur régional Plan ECOPHYTO :Hélène MARIE-NELYTél. : 0596 51 75 75Fax : 0596 51 93 42 – 0596 51 20 70Email : [email protected]

Un nouveau logo pour la Chambre d’Agriculturede Martinique

L’Assemblée Permanentedes Chambres d’Agriculture(APCA) a adopté, lors de sadernière session plénière, unnouveau logo. Cette nouvelleidentité visuelle vise à moder-niser l’image des Chambresd’Agriculture.

Le CERTIPHYTO

La Chambre d’Agriculture est l’un des centres agréés dans le cadre de l’expérimentation parle Ministère de l’Agriculture pour dispenser la formation aboutissant à la délivrance du CER-TIPHYTO. Cette formation permet aux agriculteurs de disposer d’outils leur permettant de ré-duire l’utilisation des produits phytosanitaires tout en maintenant leur niveau de production.Le certificat Certiphyto est un document national délivré à des personnes physiques qui per-met :- d’être en règle pour tout usage professionnel, dans les conditions définies par le Grenellede l’Environnement II, notamment : le conseil, la distribution et l’utilisation.- de pouvoir effectuer légalement l’achat de produits phytopharmaceutiques à usage profes-sionnel à partir de 2014.Les deux premières sessions de formation sont programmées comme suit :- 21, 24 et 25 février 2011 (réunion de préparation le 14/02)- 22, 24 et 25 mars 2011 (réunion de préparation le 14/03)Les modules de formation sont animés par des conseillers et ingénieurs de la Chambred’Agriculture, des médecins et ingénieurs de la Prévention des risques de la CGSSM-AMEXA.Nombre de places limitées - Réserver rapidement :Plus d’infos au Service Formation : 0596 51 75 75 ou 0596 51 91 69

Concours Général Agricole 2011L’organisation des phases amont duConcours Général Agricole (CGA) est désor-mais confiée aux Chambres d’Agriculture.En Martinique, plusieurs candidats se sontinscrits pour concourir dans la famille «Pro-duits du terroir» et la catégorie « Rhums etpunchs ».

Les agents préleveurs de la Chambre d’Agriculture, mandatés parle Commissaire général, ont procédé, avec la collaboration du CO-DERUM, aux prélèvements d’échantillons qui devront être présen-tés aux jurés, lors de la finale nationale, le 22 février, dans le cadredu Salon de l’Agriculture.Concours officiel du Ministère de l’Agriculture créé en 1970, le CGAest un événement de référence et un gage de qualité. Il sélectionneet prime les meilleurs produits du terroir français et les meilleursanimaux reproducteurs. Des médailles, d’or, d’argent et de bronzesont décernées chaque année aux meilleurs produits.Résultats du concours dans notre prochain numéro.

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Internet :Du nouveau !

Notre Chambre d’Agriculture dis-pose de son site internet :www.martinique.chambagri.fr

Attention :Nos adresses mails ont changé.Le mail général devient :[email protected] d’infos sur notre site :Page : «La Chambre d’Agricul-ture» rubrique «Nous contacter»

La Chambre d’Agriculture participe, avec laFREDON, les coopératives, les associations,les agriculteurs et les instituts techniques, àl’élaboration du Bulletin de Santé du Végétal(BSV).

Le BSV est un document qui contient la des-cription de la situation phytosanitaire pour dif-férentes cultures et des informationsagronomiques et réglementaires. Ces informa-tions sur les risques de dégâts aux culturesdoivent permettre aux agriculteurs de mieuxmaîtriser la protection des cultures en raison-nant leurs traitements chimiques et donc enévitant les traitements systématiques.Edité mensuellement, le BSV est gratuit et misà disposition de l’ensemble des partenaires etagriculteurs en version papier et sur les siteswww.martinique.chambagri.fr &www.fredon972.fr

La profession agricole dispose désormais dece nouvel outil, fruit de la mutualisation de l’in-formation phytosanitaire collectée par diffé-rents partenaires.Le dispositif est piloté, dans le cadre du PlanEcophyto 2018, par le Comité Régional d’Epi-démio-surveillance (CRE), présidé par laChambre d’Agriculture et la DAF.

Agriculteurs, vous pouvez vous aussi enrichirle réseau par les résultats de vos observationsponctuelles ou régulières.

Pour toutes informations complémentaires,vous rapprocher de :

- Mylène ETIENNE-ALONZEAUChambre d’Agriculture - Tél.: 0596 51 75 75- Caroline SYLVANIELOFREDON - Tél.: 0596 73 58 88

Mac Cormick optimiseson outil de productionAfin de gagner en réactivité, en délais deproduction et bien sûr en prix, Mac Cormickcontinue son plan de réorganisation de saproduction. Les transmissions des grands

tracteurs agricoles – XTX, MTX et TTX – seronttransférées du site de Saint Dizier à celui de Modène. En rapprochant ainsi lafabrication des transmissions du site de montage final, les délais seront biensûr comprimés, le poids de la logistique réduit, ainsi que l’empreinte carbone.Ces efforts industriels doivent permettre à Mac Cormick d’apporter un servicetoujours plus complet, au meilleur coût.

Mac Cormick est distribué en Martinique et en Guadeloupe par M3 Antilles.

REFORME POSEI

Les élus de la Chambre d’Agriculture,accompagnés des responsables desstructures interprofessionnelles sesont entretenus avec les députés eu-ropéens Elie HOARAU et Patrice TI-ROLIEN. Il était question de laréforme du POSEI.La Chambre d’Agriculture a présentéses observations qui se résument entrois points :- la consolidation du POSEI dans ses bases juridiques et financières ;- le renforcement des moyens du POSEI servant à encourager la production ;- la régionalisation de la gouvernance.

Salon de l’Agriculture 2011

La Chambred’Agriculture, en partenariat avecle Comité Martiniquais du Tou-risme, participera au Salon Inter-national de l’Agriculture, à Paris,du 19 au 27 février.Le stand se situera au cœur desrégions françaises d’Outre-Mer,dans le Hall 7.1, à l’allée S.Nous vous y attendons.

Le Bulletin de Santé du Végétal

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Actu/Brèves

CONTEXTEDes moyens sans précédents ont été mobili-sés par le gouvernement suite aux décisionsdu CIOM du 6 novembre 2009, afin de per-mettre le développement des filières de di-versification animales et végétales au traversd’un abondement du POSEI de 40 M€ par anpour les 4 DOM.

Les ministres de l’Agriculture et de l’Outre-Mer attendent des acteurs amont et aval desfilières des efforts d’organisation, de restruc-turation et la mise en place d’un projet globalpour le décollage de la production de viandeslocales, dans le cadre d’un développementendogène, pour tendre vers l’autosuffisancealimentaire des denrées animales et d’origineanimale.

Suite au CIOM et aux attentes de l’État, laplupart des coopératives d’élevage de la Mar-tinique se sont regroupées, en 2010, pourélaborer une stratégie commune visant à mu-tualiser les moyens, structurer l’amont et êtreinterlocuteur privilégié de l’aval.

Cette démarche collective est en effet un pre-mier pas indispensable pour la construction,avec les différents opérateurs maillons amontet aval des filières, d’un projet commun de dé-veloppement. Elle se concrétise par la créa-tion, le 08 octobre 2010 (AGC), de « Madivial».

La société MNA, seule entreprise de fabrica-tion d’aliments de la Martinique, est un parte-naire naturel, avec ses filiales SAS Bokaï –abattage et découpe de volailles – et SASKini – découpe d’animaux de boucherie(porcs et bovins) – de ce projet de dévelop-pement.

Pourtant, si tout est réuni pour mettre enœuvre un projet global de développement

des filières d’élevage, le partenariat est au-jourd’hui totalement bloqué.

Les pertes cumulées sur les outils d’abattageet de découpe filiales de MNA – même si ellessemblent endiguées aujourd’hui – et desdettes actuellement inexpliquées entre cer-taines coopératives et MNA ont amené uneaccumulation de dettes croisées, créées au fildu temps entre les coopératives adhérentesde Madivial, les éleveurs, MNA et ses filiales.

Les experts considèrent que ce système en-traîne une dépendance de l’éleveur vis-à-visde Martinique Nutrition Animale.

AUJOURD’HUI,Les Ministres en charge de l’agriculture et del’outre-mer ont demandé officiellement unemédiation dans le conflit qui oppose depuisfin 2010 les coopératives adhérentes de lanouvelle union « Madivial » et Martinique Nu-trition Animale.

Les nombreux échanges menés par le Direc-teur de l’Agriculture et de la Forêt avec lesdeux parties depuis le 10 janvier dernier avecl’appui d’un expert accepté des deux partiesn’ont pas permis d’aboutir à un projet de pro-tocole.

À ce jour, nous ne constatons aucune avan-cée significative et formalisée de la part deMNA sur le projet de protocole. Pourtant, cedocument apporte des réponses concrètesaux principaux problèmes constatés depuisplusieurs années avec les coopératives et unaccompagnement de l’État pour sortir MNA etles coopératives de Madivial de cette crise,dans l’intérêt général des filières d’élevage dela Martinique.

Alors que les présidents de coopératives sontprêts à suivre les propositions de l’État les di-

rigeants de MNA sans ignorer les pertes enanimaux d’élevage que cela entraînerait ontde façon unilatérale décidé depuis mercredidernier de ne plus délivrer d’aliments du bé-tail à un grand nombre d’éleveurs profes-sionnels concernés et ont également délivrésun aliment du bétail de qualité exécrable auxautres éleveurs.

Faisant le constat des premières pertes parmanque de nourriture dans les élevages etdes conséquences désastreuses sur les re-venus des éleveurs et sur l’approvisionne-

ment du marché dans les prochainessemaines les présidents de coopératives réu-nis dans MADIVIAL tenaient à informer la po-pulation sur l’état de crise de leur filière.

ECLAIRAGE SUR LE CONFLITQUI OPPOSE MADIVIAL

À (MNA)Au sixième jour de conflit des cas de mortalité(500 sur une exploitation de 8500 volailles) etde forts cannibalismes sont visibles à l’ex-ploitation de M. Lamic Guy au Saint-Esprit(0696 83 96 59).

Il nous semble important de faire connaître àla population, que la situation financière de lafilière n’est pas à l’origine du conflit.

La filière élevage n’a jamais été aussi près dedisparaître. C’est maintenant une questionde jours et le compte à rebours est lancé.

L’Union des coopératives MADIVIAL veut unefilière forte, tournée vers le consommateurmartiniquais, respectueuse des prix les plusbas possible. Ce que semble nier MNA.

L’Union des coopératives rassemble des éle-veurs martiniquais responsables qui sont tou-jours à la table des négociations où ilsattendent MNA pour construire le projet de fi-lière, avec l’aide de l’État que nous remer-cions.

- Dette de La SCAM (Société coopérativeavicole de la Martinique) adhérent de Ma-divial (Union de Coopératives d’élevage)chez MNA est de 1.8 M€

- Dette de MNA dans sa structure d’abat-tage et de conditionnement (SAS BOKAIL)vers la SCAM est de 3.4M€

� Conflit entre l’union des coopératives MADIVIALet Martinique Nutrition Animale, seul fabricant local d’aliment du bétail.

Communiqué de presse repris tel quel, lors de notre invitation à la confé-rence de presse donnée. Nous reviendrons dans le prochain numéro surce sujet et cette problématique, avec notamment lʼinterview de M.N.A

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Mesdames messieurs

Nous avons l’honneur de compterparmi nous les députés Elie HOARAUet Patrice TIROLIEN du Parlement eu-ropéen.

Nous savons combien notre agricultureest encadrée par la réglementation etla politique européenne et votre pré-sence est pour nous l’occasion de réaf-firmer que nous attendons de l’Unionune prise en compte éclairée de notresituation et de nos besoins de régionultra périphérique tropicale.Je vous souhaite Messieurs les dépu-tés, au nom de la profession agricole,la bienvenue à la Martinique et à laChambre d’Agriculture. Que votre pré-sence soit de bon augure pour l’annéeagricole qui s’ouvre devant nous.

Il est maintenant de tradition pour laChambre d’Agriculture de rassemblerla profession et ses partenaires à l’oc-casion du nouvel an.Cette tradition prend cette année unsens particulier puisque nous rentronsdans la cinquantième année de laChambre d’Agriculture de la Marti-niqueH

H2011 marque donc le cinquantenairede la Chambre d’Agriculture.Pendant cinquante ans la chambre aactivement participé dans le cadre deses missions de proposition, d’orienta-tion et d’intervention technique, au dé-veloppement de notre agriculture,malgré le fait que son rôle soit mal ap-préhendé par beaucoup.

Il faut rappelerque la Chambrea été confrontéedès sa création à lagestion de la crisede la canne et du sucre qu’elle a en-suite mobilisé une grande partie de sesmoyens d’encadrement à l’organisa-tion de la production de banane en par-ticulier des petits planteurs. Et quequand il s’est agi de développer lesproductions animales et végétales dediversification, la Chambre d’Agricul-ture a une fois de plus été là, aux côtésde ceux qui voulaient se lancer danscette voie.

À l’heure où tous parlent de produc-tions endogènes, il n’est pas vain derappeler que ce sont d’abord des agri-culteurs qui, avec l’appui de leur com-pagnie consulaire et des coopérativesqu’ils ont monté, ont lancé une agricul-ture tournée vers le marché interne.Et cela depuis une trentaine d’années.

L’histoire de notre agri-culture est faite decet engagementde femmes etd’hommes de cepays pour une ac-tivité que parfois lasociété martini-quaise margina-lise.

A ce titre, je doissaluer le travailréalisé par mesprédécesseurs ;

les Présidents Joseph MAURICE, Gé-rard DESPORTES, Marcel FABRE etGuy OVIDE-ETIENNE qui, avec leurséquipes, ont su mettre en place, déve-lopper et stabiliser cette Chambred’Agriculture que l’on nous envie dansles Dom et dans le réseau des Cham-bres d’Agriculture pour sa capacitéd’action et de proposition malgré sesfaibles moyens.

Que les élus du Bureau, de l’Assem-blée et les salariés qui m’aident dansma tâche aujourd’hui soient associés àce résultat qui, trop souvent, est passésous silence ou même ignoré.

Fort de cela, je ne doute pas que laChambre d’Agriculture saura rester lacheville ouvrière de l’agriculture quenous sommes entrain de construirepour l’avenir.

10 - Martinique Agricole N°2 - Fév/Mars 2011

ActualitéLouis Daniel Bertome, Président de la Chambre d’Agriculture de Martinique

Vœux 2011 du Président

“La Chambre d’Agriculture saura rester la cheville ouvrière del’agriculture que nous sommes entrain de construire pour l’avenir.”

“L’histoire de notre agriculture estfaite de cet engagement de femmeset d’hommes de ce pays pour uneactivité que parfois la société marti-niquaise marginalise.”

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Martinique Agricole N°2 - Fév./Mars 2011 - 11

Cette agriculture que nous voulonsavec les agriculteurs dans la diversitéde leur système et de leur mode d’or-ganisation :- en préférant la diversité à la concen-tration et à l’uniformisation qui finis-sent toujours par tout appauvrir auprofit d’un petit nombre,- en respectant le milieu et les équili-bres écologiques afin de sauvegarderles ressources naturelles nécessaireà la production agricole- en visant l’équilibre alimentaire de lapopulation

- en s’appuyant sur les solidarités etles organisations locales- en stabilisant les débouchés par lacontractualisation et la transparencedes marchésH

H Une agriculture qui permet auxagriculteurs et à leur famille de vivrede leur activité.

Messieurs les Députés c’est cetteagriculture que nous souhaitons voirl’Europe soutenir.

La Commission européenne a publiésa communication sur la PolitiqueAgricole Commune 2013. Cette com-munication avance un certain nombrede principes qui nous interpellent.Comme par exemple une productionalimentaire viable, la production dura-ble d’une alimentation diversifiée etde qualité ; un développement territo-rial équilibré.

Nous sommes at-tentifs au déve-loppement de cesprincipes et auxmoyens qui se-ront mis à leurmise en œuvreconcrète.

Mais nous pensons que pour ce quiest des régions ultra périphériques etde la Martinique en particulier que leprincipe de subsidiarité, que nouscomprenons comme la complémen-tarité entre la politique agricole del’Europe et la politique agricole régio-nale, doit être renforcée dans le cadred’une approche stratégique communequi permet de se fixer des objectifs etd’en assurer le financement.

C’est pour cela que nous plaidonspour la régionalisation de la gestion

du POSEI, en particulier des mesurestouchant la production dite endogène.

La réforme de la PAC doit nous ame-ner à l’horizon 2020. Cet horizon quenous avons déjà en ligne de mireavec les propositions que nous avonsprésentées à l’Etat dans le cadre desEtats généraux de l’Outre-mer.

Certaines de nos préconisations, re-prises par le CIOM, sont en phase demise en œuvre. Je veux parler en par-ticulier de l’abondement du POSEI oudes mesures de préservation du fon-cier agricole.

Nous voulons croire à l’engagementde l’Etat pour les productions de di-versification.

Au niveau territorial, le Conseil Ré-gional a fait connaître sa volonté desoutenir un plan de relance de la pro-duction agricole.Nos propositions visent à en permet-tre un bénéfice immédiat pour lesagriculteurs dès 2011.Nous le voyons, nos partenaires pu-blics affichent une certaine ambitionpour notre agriculture. Cependant,nous savons que l’agriculture estd’abord l’affaire d’engagement defemmes et d’hommes qui font le sec-teur au quotidien : agriculteurs, tech-niciens, formateurs etc.C’est d’abord de leur capacité à agirensemble que dépend le destin denotre secteur d’activité.

La Chambre d’Agriculture a en-gagé dans cet esprit un certainnombre d’actions structurantes.

La mise en place de l’Union desCoopératives d’élevage l’UDC estintervenue en 2010. Quand nous

“JNous plaidons pour la régionalisation de la gestion du POSEI, enparticulier des mesures touchant la production dite endogène.”

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avons proposé cette orientation auxcoopératives d’élevage, il s’agissaitpour nous de conforter les filièresd’élevage afin qu’elles puissentmieux affronter les défis qui sont lesnôtres aujourd’hui. Une majorité decoopératives s’est engagée danscette voie. Ce n’est pas pour autantque l’avenir est assuré, mais nousavons l’espoir que nos structures se-ront plus armées pour s’attaquer aumarché.

Parallèlement, les partenaires desfilières végétales ont mis en placeen 2010 l’IMAFLHOR.L’interprofession végétale pourraainsi compléter l’AMIV pour améliorerl’action de promotion et la valorisationde nos productions agricoles

Dans le domaine de l’installation,nous avons établi un partenariatavec les organismes de formation,l’AER, le CGSR et les JA afin deproposer aux jeunes candidats à l’ins-tallation un service complet et coor-donné pour les accompagner dansleur projet.

Ce même souci de complémenta-rité et de cohérence nous aconduit a nous regrouper avecl’AER et le CGSR afin de constituer

un pool d’intervention pour le mon-tage et l’accompagnement des pro-jets de modernisation faisant appelau PDRM.L’Assemblée de la Chambre s’estprononcée sur lamise en place d’unComité de promotion regroupantl’ensemble des filières. La seuleamélioration de l’image de notre pro-duction et une meilleure valorisationdes produits agricoles pourraient eneffet permettre des gains apprécia-bles de parts de marché.

De l’avis de tous, les moyens d’ac-compagnement des agriculteurs sontinsuffisants . Nous savons que la pro-duction pourrait s’améliorer rapide-ment, à la fois en qualité et enquantité, avec un encadrement plusétoffé des agriculteurs et des éle-veurs. Il y a donc dans ce domaineégalement à rechercher les complé-mentarités entre les structures agri-coles afin de mieux accompagner lesagriculteurs dans le respect du rôle etdes attributions de chacun.

Je voudrais aussi aborder la créationde l’Institut technique pour les pro-ductions de diversification. Ce pro-jet figure dans le rapport d’orientationvoté par la Chambre d’Agriculture en2007. Il a été proposé dans le cadredes Etats généraux pour enfin figurerparmi les mesures du CIOM.Cette proposition que nous avonsfaite au nom de la profession doitpouvoir s’appuyer dans sa mise enœuvre sur les expériences acquisesde longue date et surtout sur l’enga-gement conjoint et complémentairedes pouvoirs publics et de la profes-sion. C’est pour cela que la Chambred’Agriculture préconise d’une partque la recherche expérimentale soitpilotée par un comité en charge de laprogrammation et du financementdes actions au sein duquel se retrou-veront les organismes professionnelsfédératifs et les partenaires publics.Et que, d’autre part les actions etopérations d’expérimentation soientconfiées par ce comité, aux centreset structures d’expérimentation.Ce schéma d’organisation est denotre point de vue, celui qui permettra

de garantir à la fois une cohérence dela politique d’expérimentation et unemobilisation rationnelle des moyensnouveaux sur les opérations d’expé-rimentation et de démonstration dontont besoin les agriculteurs

Chers amis je viens de vous tracer enquelque sorte la feuille de route de laChambre pour 2011.

2010 aurait dû être l’année du re-dressement de l’agriculture après lesévénements de 2009 et les effets deDEAN. Cela n’a pas été. 2010 a, del’avis unanime, plutôt été une annéede doute et de crise de confiancepour les agriculteurs. On le voit bien àtravers la panne de l’investissementagricole. Le PDRM est largementsous utilisé. Certaines parcelles sontlaissées en friche. Et pour coiffer letout, les difficultés financières descoopératives se sont aggravées.

2011 doit être une année d’espoir.Espoir de voir la crise chlordécones’atténuer avec les nouvelles don-nées de la recherche ; espoir de voirla production redémarrer avec lessoutiens publics annoncés et le cou-rage à la tâche des agriculteurs ; es-poir de voir les mesures du PDRMplus accessibles aux agriculteurs ;espoir de voir l’agriculture reconsidé-rée comme une priorité dans ce pays.

Cet espoir dépend beaucoup de l’en-gagement complémentaire de cha-cun d’entre nous pour regarderrésolument vers l’avant en rassem-blant nos forces.

Bonne et heureuse annéeà toutes et à tous.

12 - Martinique Agricole N°2 - Fév/Mars 2011

Actualité Vœux 2011 du Président

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Martinique Agricole N°2 - Fév./Mars 2011 - 13

Monsieur le député européen,vous êtes en Martinique dans uncadre particulier… Pouvez-vousnous préciser lequel ?P.Tirolien : Je suis député européende la 8e circonscription. C’est-à-direde toutes les RUP* de l’Atlantique,Saint-Pierre-et-Miquelon (qui est unPTOM*), et aussi de l’Océan Indien etdu Pacifique.Je suis en Martinique après un dé-placement en Guadeloupe, puis enGuyane, pour parler du POSEI quiest un outil extrêmement importantpour l’agriculture.

Le POSEI* est l’outil qui favorise ledéveloppement de l’agriculture.Ce programme est mis en place pouraider l’agriculture dans les RUP.Parce que, sinon, on serait concur-rencé par l’agriculture qui vient d’ail-leurs. Le POSEI nous permet, avecles fonds qui sont mis à notre dispo-sition, de constituer des filières.Et d’aller dans le sens d’un dévelop-pement endogène.Les sommes qui interviennent à son

niveau sont assez importantes (prati-quement 300 millions d’euros pourl’ensemble des régions ultra-périphé-riques). De plus, ces fonds peuventêtre abondés de fonds nationaux.Il va y avoir une réforme du POSEI en2011. Cette réforme est nécessaire.Parce que, depuis 2006, il y a euquelques modifications ; donc il fautclarifier complètement le texte.Deuxièmement, il y a aussi une adap-tation à faire du POSEI par rapport autraité de Lisbonne. Et on va profiterjustement, c’est mon troisièmement,de cette réforme, pour faire remonter

toutes les doléances des acteurs del’agriculture. Afin que le texte soit auplus près des réalités des agricul-teurs de ces régions ultra-périphé-riques.

Vous avez parlé de doléances. EnMartinique, quels étaient lestypes de doléances ?P.Tirolien : C’est vrai que les prin-cipes sont les mêmes pour l’en-semble des régions

ultra-périphériques, mais chaque île,chaque région a sa spécificité. LaGuadeloupe, la Martinique, laGuyane n’ont pas forcément lesmêmes problèmes. La Guadeloupe etla Martinique se ressemblent davan-tage. Avoir sillonné les trois DFA, lestrois départements français d’Amé-rique, on peut dire de façon unanime,que tout le monde souhaite une ges-tion au niveau local. Qu’on ne nousbalance pas des circulaires venant deParis, et qui ne traduisent pas la réa-lité du terrain. Donc on souhaiteraitqu’on ait un organe dans nos régions,où bien entendu les élus et les so-ciaux professionnels seraient repré-“Il va y avoir une réforme du POSEI en 2011. Cette réforme est

nécessaire. Parce que, depuis 2006, il y a eu quelques modi-fications ; donc il faut clarifier complètement le texte”.

� Patrice Tirolien,Député Européen

« Nous avons beaucoup dechoses à faire remonter... »

Originaire de la Guadeloupe (Marie-Galante),Patrice Tirolien est maire de la commune deGrand-Bourg, mais également député euro-péen. Il était dernièrement de passage dansnotre île. Il nous explique pourquoiJ

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sentés. Mais cet organe ne serait paslà pour donner simplement un avis,mais serait un organe de co-décision.Pour que les acteurs du développe-ment soient, quand même, très près dela réalité du terrain.

Vous pensez que ça peut aller dansce sens ? Que cet organe, on l’auraun jour… ?P.Tirolien : Disons que nous avonsbeaucoup de choses à faire remonter.Mais vous savez, ce problème est unproblème franco-français, si je peuxm’exprimer ainsi… Puisqu’il ne se posepas dans les mêmes termes au niveaudu Portugal ou de l’Espagne. À savoirqu’ils ont une tradition décentralisatricequi est beaucoup plus forte qu’enFrance. Les décisions doivent êtreprises au plus près de la réalité. Maisl’Etat français bloque ses décisions àson niveau. Donc, nous demandons àce qu’on soit véritablement plus queconsultés ; qu’on puisse décider en-semble de ce qui doit être fait, des ac-tions qui doivent être menées, de laprogrammation de ces actions, et de lagestion en quelque sorte des fonds quisont destinés à mener à bien ces ac-tions.La fabrication de lait UHT en Marti-niqueAutrement, pour chaque profession,pour chaque filière, il y a des mesuresspécifiques qui sont demandées. En cequi me concerne, j’ai fait la propositionde mettre en place un projet de fabri-cation de lait UHT en Martinique. Vousallez me dire pourquoi pas aussi enGuadeloupe?

En Guadeloupe on n’estpas suffisammentavancé dans la mesureoù il n’y a pas de filièrelait en Guadeloupe. EnMartinique il y a une vé-ritable filière lait. Je vou-drais comme à laRéunion, comme à Ma-dère, créer cette filièrede fabrication de laitUHT à partir du lait pro-duit ici ; et à partir du laiten poudre importé. Celava créer des emplois,cela va développer da-

vantage la filière lait ; éga-lement, être un complément derevenus pour les agriculteurs. Et bienentendu, cela facilitera l’élevage et laproduction de viande concernant toutela filière.J’avais déjà introduit cette propositionau niveau d’une des modifications duPOSEI, mais malheureusement je n’aipas été appuyé par l’Etat français. Maproposition a donc été rejetée. Maismaintenant, j’ai l’aval des socioprofes-sionnels… Et je vais rencontrer trèsbientôt la ministre des DOM-TOM, leministre de l’Agriculture. J’espèrequ’avec le concours de tous, la Marti-nique pourrait être la première des îlesde cette région à bénéficier de cettestructure porteuse d’emplois, et de va-leur ajoutée.

Propos recueillispar Annick de Vassoigne

*RUP : Régions UltraPériphériquesL’Union Européennecomporte sept régionsultra périphériques : l’ar-chipel des Canaries quifait partie de l’Espagne,les archipels des Açoreset de Madère qui font par-tie du Portugal, et les dé-partements françaisd’Outre- Mer (Martinique,Guadeloupe, Guyane,Réunion). Les RUP fontpartie intégrante del’Union, et par consé-quent le droit communau-

taire leur est pleinement applicable,mais avec des dérogations au cas parcas en fonction de leurs handicapsstructurels (par exemple en matièred’aides d’Etat, d’agriculture, de pêche,de fiscalité).

*PTOM : Pays et Territoires d’OutreMerIls sont au nombre de 21. Il s’agit depays et territoires qui ne sont pas indé-pendants et qui sont liés à un Etatmembre (France, Royaume-Uni, Pays-Bas ou Danemark).

*POSEI : Programme d’Option Spé-cifique à l’éloignement et à l’insula-rité

Actualité

LE PROGRAMMEPOSEI FRANCE

L’objectif global du Programmed’Options Spécifiques à l’éloi-gnement et à l’Insularité estd’améliorer la compétitivitééconomique et technique desfilières agricoles en tenantcompte de leurs handicapsgéographiques et écono-miques, notamment de l’éloi-gnement, de l’insularité, de lafaible superficie, du relief et duclimat difficile, de la dépen-dance économique vis-à-vis decertains produits d’importationet de la concurrence internatio-nale.

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La SECI (la Station d’Essais en Cul-tures Irriguées) du Conseil Général,a pour vocation la mise au point etla diffusion des techniques cultu-rales et d'élevage viables et compa-tibles avec la préservation del’environnement.Implantée depuis sa création en1972 au quartier Val d'Or à Sainte-Anne, la S.E.C.I. avait pour premièrevocation d’élaborer des pratiquesculturales adaptées au Sud-Est del’île.Forte de son expérience et sousl’impulsion de l’Agenda 21 duConseil Général, la SECI s’orienterésolument vers la promotion du dé-veloppement agricole durable, ceciau bénéfice de toute la Martinique.Ce qui fait d’elle un outil phare de lapolitique agricole du Conseil géné-ral.Il faut rappeler également que laSECI travaille en étroite collabora-tion avec des partenaires du mondeagricole tels les coopératives, les or-ganismes de recherches (INRA, CE-MAGREF, IRD, CIRAD…), elle estassociée à la publication de résul-tats scientifiques de part la contri-bution qu’elle y apporte.La SECI s’inscrit donc dans une dé-marche d’appui aux filières de diver-sification par la recherched’alternatives aux problématiquesgénérées par l’agriculture conven-tionnelle.

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Recherche & Innovation

En marche vers le développementagricole durable et solidaire

La S.E.C.I. (Station d’Essais en Cultures Irriguées)

LE CONSEIL GÉNÉRAL DE LA MARTINIQUE :Encore et toujours une longueur dʼavance en

termes de recherche et dʼinnovation

� L’élaboration de référentielstechnico-économiques de tech-niques agro-écologiques- Alternative à l’utilisation detraitement chimique- Capitalisation des observa-tions du jardin créole- Techniques de compostage- Utilisation de l’agrométéorolo-gie pour l’optimisation de l’utili-sation de l’eau

� La gestion de projets dedéveloppement pour la filièreviande : Unité Expérimentaled’Ingénierie Génétique, etCentre d’élevage UIG

� L’appui au Pôle d’ExellenceRural « Horticulture en aide auterritoire »

ACTIONS MENÉES ACTUELLEMENT PAR LA SECI :

Visite guidée de la contention à moutons lors du Festival du Mouton

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L’AGROMÉTÉOROLOGIEPOUR UNE OPTIMISATION

DE LA RESSOURCE EN EAU

Depuis le 27 mars 2008, le Conseil Gé-néral a doté la SECI d’un nouvel outildestiné à optimiser l’irrigation : l’agrométéorologie.Ce système récompensé au prix Terri-toria 2007, consiste à observer encontinu l’hydrométéorologie des par-celles agricoles.La mise en place de ce système agro-météorologique a nécessité en amontl’implantation de matériels télégérés :capteurs climatologiques (pluviomètre,thermomètre, girouette, anémomètre,pyranomètre et baromètre) et sondestensiométriques (mesure de la tempé-rature et de l’humidité du sol ainsi quel’évaluation de l’humectation du feuil-lage).Le traitement des relevés, l’interpréta-tion et l’exploitation des données agrométéorologiques permettent un suiviminutieux de l’état hydrique du sol pourune meilleure adaptation l’irrigation dela culture et par conséquent l’économiede la ressource en eau.

Objectif à terme : Fournir aux utilisa-teurs potentiels (agriculteurs, institu-

tionnels et organisateurs économiquesou privés) des données fiables pouvantconcourir à une irrigation raisonnée etéconome, synonyme d’une agriculturedurable.

APPUI DE LA SECI AU POLED’EXCELLENCE HORTICOLE

DE LA MARTINIQUE

En addition de sa contribution finan-cière au Pôle d’Excellence Rural(PER), le Conseil Général soutien cettedémarche en y apportant également unappui technique via la Station d’Essaisen Cultures Irriguées.

Le PER, a pour ambition de dévelop-per l’horticulture, filière de diversifica-tion dont l’un des atouts est la qualitéexclusive de ses Alpinias.L’objectif affiché étant de produire uneculture non comestible, à forte valeurajoutée, et la valorisation agricole deterrains impropres à la production dedenrées alimentaires.En dépit de ses atouts, la productionflorale en Martinique souffre d’un coûtde production élevé comparativementà la concurrence internationale notam-ment en provenance du continent afri-cain.

Face à cette situation, la probléma-tique à laquelle doit répondre laSECI est la suivante :

Quelles sont les possibilités d’amélio-ration du rapport qualité/productivitédes cultures ornementales en Marti-nique ?Pour résoudre cette problématique laSECI a choisi 2 grandes thématiquesde travail : l’une axée sur la remise àjour des itinéraires techniques des cul-tures florales et l’autre concernantl’amélioration du système de produc-tion. Cette initiative trouve son origina-lité par l’introduction de pratiquescompatibles avec la préservation desressources naturelles (associationsculturales, plantes de service, paillage,recyclage des déchets de cultures).

La SECI cʼest aussi lʼéducation à lʼenvironnementà destination des plus jeunes

Veau issu du transfert embryonnaire

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UTILISATION DES PLANTESDE SERVICE

De nombreuses parcelles maraîchèresde plein champ sont abandonnéespour cause de «fatigue du sol» résul-tant d’une baisse de leur fertilité, d’unaccroissement de la pression des nui-sibles.L’utilisation massive d’engrais et deproduits de phytosanitaires de syn-thèse contribue en partie à cette situa-tion. Conscient de cet état de fait, leConseil Général accompagne les pro-ducteurs dans la recherche d’alterna-tives à l’utilisation d’intrants chimiques.Parmi ces alternatives figurent l’utilisa-

tion des plantes de service. Comptetenu de leurs propriétés naturelles, cesplantes ont la capacité d’aider l’agricul-teur à maintenir la fertilité des sols, àlutter contre certains ennemis des cul-tures et à gérer l’enherbement des par-celles.Cet essai, mené en collaboration avecle CIRAD, a pour objectif d’observer lescaractéristiques agronomiques desplantes de services en termes d’adap-tation à différents milieux, ainsi queleur comportement (la sensibilité auxravageurs et aux maladies, les vitessesde croissance, la compétitivité vis à visdes adventices, la biomasse produiteet l’architecture de la plante).

L’UNITE D’INGENIERIEGENETIQUE BOVINEDE LA MARTINIQUE

Voir la présentation de cette unitéen page 20 et 21

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Recherche & Innovation

Visite de lʼACDOM (220 elus)

Les produits des récoltes sont offerts aux associationsdédiées à la cause des personnes défavorisées

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Martinique Agricole N°2 - Fév./Mars 2011 - 19

D’où proviennent vos ressources ?Vendez-vous vos produits ou vosconseils ?S. de LACROIX : Dépendant duConseil Général, l’essentiel de notrebudget provient de lui… Il faut tout demême savoir que notre production ma-raîchère est donnée à des œuvres cari-tatives et/ou aux nécessiteux(associations diverses). La productionanimale est vendue d’une part pourl’élevage aux professionnels et d’autrepart à la boucherie (pour les animauxnon sélectionnés) par le biais des coo-pératives. Nos conseils quant à euxsont totalement gratuit.

Quels sont vos principaux domainesd’activités ?S. de LACROIX : Nous faisons énor-mément de choses à la SECI ! La listeest longue, mais nous citerons tout demême :

� Le système Agro-météorologique,qui permet de prendre en compte les

données météorologiques afin de les in-tégrer au mieux à l’agriculture de façonà optimiser la gestion de la ressourceen eau. Schématiquement, plus noussommes prêt de la réalité des besoinsde la plante, moins nous gaspilleronsd’eau et meilleure sera la gestion decelle-ci.

� Les systèmes intégrés : très pro-metteurs, car économiquement viables.Parmi les systèmes intégrés notonsl ’ e s s a i A n n o n e s / M o u t o nMartinik/Plantes de couvertures, quis’intègre au projet DEVAG. Ce dernierest financé en partie par les fonds IN-TERREG, et fait intervenir différentspartenaires d’ici (PRAM/CIRAD) et dela Caraïbe (Cuba, Dominique, Guade-loupe, Haïti). Il a pour but de dévelop-per des techniques et systèmesd’agricultures durable afin de construiredes liens permanents entre la re-cherche et les filières de production hor-ticoles biologiques, agro-écologiques,notamment pour les cultures fruitièreset légumières.

� Le centre USOM (Unité de Sélectionde l’Ovin Martinik’) qui compte 10 adhé-rents pour environ 1000 mères en pro-duction. C’est la station d’élevage del’unité de sélection des ovins de Marti-nique installé à la SECI, reconnue poursa qualité de gestion du cheptel. Ce

centre est composé de béliers des meil-leures exploitations.

� Il est aussi à noter que nous tra-vaillons sur bien d’autres domainesd’activités et que nous possédons leplus grand arboretum de poirierspays (Tabebuia ssp.) de la caraïbecomportant 99 variétés, représentéespar plus de 300 arbres plantés.

Quelle est la différence entre insémi-nation artificielle et transfert em-bryonnaire ? Et en quoi votreexpérimentation dans le domaine dutransfert embryonnaire sur génissesbrahman est-il unique ?S. de LACROIX : L’insémination artifi-cielle, c’est l’implantation de « pail-lettes » (spermatozoïdes males) dansl’utérus de la femelle. Cela donne nais-sance à des petits ayants 50% de sangneuf. Génétiquement parlant, le veauqui naîtra sera à 50% du père et 50%de la mère.Le transfert embryonnaire, lui, consisteà implanter dans la femelle un embryon(donc une ovule déjà fécondée) de 8jours. Le veau qui naîtra alors n’auraaucun lien de parenté avec la génisse.Il pourra donc sans consanguinité êtreutilisé comme reproducteur. Le sang est« neuf ». Ce transfert est unique carseulement réalisé sur des Brahman,considérées comme « sauvage ».

� Interview de Stéphanie de Lacroix,directrice de la SECI« Notre priorité première est de produire pourles générations futures de façon innovante et écologiques... »

La SECI (Station d’Essais en Cul-tures Irriguées) du Conseil Généralde la Martinique, est une structurequi a pour vocation de mettre enœuvre la politique du Conseil Géné-ral en matière d’Agriculture durablequi s’intègre à l’Agenda 21.Ce service du Conseil Général crééen 1972 et dirigé par sa directriceStéphanie de LACROIX depuis2006, s’étend sur 25 ha et compteune vingtaine d’agents de la collec-tivité. Elle s’oriente résolument versla promotion du développementagricole durable, ceci au bénéficede toute la Martinique. Cela faitd’elle un outil phare de la politiqueagricole du Conseil général.Rencontre…

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Celà implique qu’il a fallu passer parune phase d’adaptation des génissesd’environ 8 mois afin de les préparerà ce transfert. Le stress est en effetun facteur majeur d’échec.Nous avons choisi la race Brahmancar elle est totalement adaptée à nosconditions de milieux.C’est un travail d’équipe remarquablequi a été et qui est toujours réalisépar la SECI en étroite collaborationavec l’UEBB, la Chambre d’Agricul-ture de la Martinique et par laCODEM.

Une fois l’expérimentation réussie,que faites-vous des connais-sances acquises et qu’advient-ildes veaux issus de ce transfertembryonnaire ?S. de LACROIX : Nous sommes tou-jours en phase d’expérimentationmême si les transferts T1* et T2* ontréussi (* T1, T2 et T3 correspondentaux différents Transfert embryon-naires). Il faut attendre les résultatsdu T3* qui débutera bientôt. Lesveaux sevrés, destinés à la repro-duction, sont redonnés à la profes-sion, via nos partenaires, qui en sontpropriétaires : les femelles sont li-vrées au sevrage, les mâles brahmansont redirigés vers la station d’éle-vage.Le but de cette expérimentation estde proposer aux professionnels lesméthodes employées.

Quelle sont vos prévisions pour2011 et suivantes ?S. de LACROIX : Nous comptonstout d’abord continuer nos investiga-tions et montrer tout ce que fait et meten œuvre le Conseil Général pour

l’agriculture durable (compost, jar-dins créoles, référentiel technico-économique…), tout en gardantd’excellentes relations avec nospartenaires, puis :

- Mettre en place des techniquesagro-biologiques sur différentescultures,- Promouvoir les techniques cultu-rales des plantes médicinales,- Terminer la phase finale du trans-fert embryonnaire qui valideracette expérimentation,- Mettre en place de la station

d’élevage bovins Brahman;- Créer sur notre site de Saint-Annedes serres high-tech dotées destoutes dernières technologies, dansle but de tester et de montrer aux pro-fessionnels de ce secteur, les der-nières innovations susceptiblesd’apporter un plus à l’agriculture mar-tiniquaise en terme de qualité et derentabilité, tout en réduisant de façonconsidérable l’usage de produits chi-miques…et pourquoi pas l’aquapo-nie* !

* L’aquaponie est la culture de végétaux en« symbiose » avec l’élevage de poissons.D’après ses partisans, ce mode de culture fututilisé depuis la nuit des temps puis oubliéjusqu’à nos jours. Ce sont les déjections despoissons qui servent d’engrais pour le végétalcultivé. L’enjeu principal est de trouver le justeéquilibre entre la population de poissons, lanourriture apportée, la population bactérienneet la végétation cultivée. Source Wikipédia

…Le mot de la fin ?S. de LACROIX : La SECI est vrai-ment un outil merveilleux du ConseilGénéral au service des martiniquais,et devrait être un lieu de référenceaussi bien pour les professionnelsque pour tous (écoliers, lycéens, lo-caux, touristes, professionnels…).Nos spécialistes sont présent…venez nombreux en prenant rendez-vous individuellement ou en groupepour des conseils ou des visites ennous contactant au 0596 76 73 36.

Philippe PIED

Conseil Général de la Martinique(SECI)

Val d’Or - 97 227 SAINTE-ANNETél: 0596 76 73 36

www.cg972.fr

20 - Martinique Agricole N°2 - Fév/Mars 2011

Recherche & Innovation

LE PROGRAMME D’AMÉLIORATION GÉ-NÉTIQUE DE LA RACE OVIN MARTINIK’

Le programme d´amélioration génétiquede la race ovine Martinik a été approuvépar la Commission nationale d´amélio-ration génétique du ministère de l´Agri-culture en 1993. C´est le premierprogramme d´amélioration génétique of-ficiellement agréé et reconnu dans lesCaraïbes, et le seul en ce qui concerneles moutons. La sélection repose surune base de sélection de neuf élevagesregroupant 900 brebis contrôlées. Lebut est d´assurer le maintien de cettepopulation adaptée à l´élevage en mi-lieu tropical, à climat contrasté, tout enaméliorant ses aptitudes de production.Les objectifs des schémas de sélectionsont de maintenir de bonnes aptitudesde reproduction (prolificité et dé-saison-nement), et l´adaptation à l´élevage aupâturage. C’est aussi d´augmenter lesperformances laitières des mères et laconformation bouchères des produits,notamment le développement de lamasse musculaire.

Pour répondre à ces objectifs, il est faitappel à des méthodes éprouvées, afinde fournir aux éleveurs de la région desreproducteurs présentant des aptitudesreconnues. Les moyens mis en œuvresont :- Le contrôle de performance en ferme,- l´indexation des brebis suivant leurprolificité et leur valeur laitière, estimépar la croissance des agneaux entre 10et 30 jours,- l´évaluation des jeunes béliers, aprèsleur passage dans un centre d´élevage,- la qualification des reproducteurs sui-vant leur conformité au standard de larace et les performances enregistrées.

Utilité de ce programmepour les éleveurs

Ce programme de sélection du MoutonMartinik permet d´assurer aux éleveursl´obtention de reproducteurs associantdes qualités d´adaptation à l´élevage enmilieu tropical avec des aptitudes deproductivité numérique et de productionbouchère. Le tatouage (logo OMK) ap-posé à l´oreille est la garantie de l´ori-gine des reproducteurs sélectionnés.

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Formation

1/ Le CACES engins agricoles de laRecommandation Régionale de laCGSS Martinique.

Cette recommandation classe les en-gins agricoles en 3 catégories :

� Catégorie 1 : Tracteurs agricoles

� Catégorie 2 : Les remorques (àberceau, traditionnel, hangiban, àbenne.)

� Catégorie 3 : Les engins spéci-fiques à la canne à sucre (canne loa-der, le coupe canne…)

Ce CACES valide l’aptitude des ou-vriers agricoles à effectuer les ma-nœuvres et les déplacements surl’exploitation en sécurité.

L’objectif étant :- De diminuer le nombre d’accidentssur les exploitations agricoles,- Sensibiliser a la sécurité sur le lieude travail notamment par le port deséquipements de protection individuel.

Ce CACES® est valable 5 ans etne concerne que le secteur agri-cole de la Martinique

2/ Le CACES® engins de chantierde la Recommandation Nationale(CNAMTS) R372m

Catégorie 8 qui concerne les trac-teurs agricoles et ses équipementsde travail à savoir l’épareuse,fourche, godet, benne, remorque,herse…

Les exploitations se positionnentaussi sur les autres catégories decette recommandation nationale à sa-voir :

� la catégorie 2 : Pelle hydraulique :utilisée pour refaire les traces, lestranchées et curage des fossés…

� la catégorie 7 : Compacteur pourcompacter les traces…

� la catégorie 3 : Bulldozer pour la-bourer les champs et faire du terras-sement.

� la catégorie 4 : Chargeuse pourévacuer les déblais autour des han-gars.

Ces CACES® sont valables 10 ans.

3/ D’autres types d’engins sontaussi utilisés sur les exploitationsagricoles et réclament une valida-tion de leur manipulation par unCACES®, à savoir :

� les chariots élévateurs à conduc-teur porté ou accompagnant de laR e c o m m a n d a t i o n N a t i o n a l e(CNAMTS) R389

� les transpalettes,

� les chariots à conducteur porté ca-tégorie 1 de levée inférieure à 1m,

� la catégorie 3 (chariots en porte afaux de capacité inférieure à 6 T) quiservent à soulever, transporter et ar-rimer les palettes de bananes dansles containers.

Les ouvriers des exploitations agricoles de la Martinique peuvent se positionner pour certifierleur aptitude à conduire en sécurité les engins agricoles sur deux recommandations de CACES®validés par le GRETA BTP Organisme Testeur CACES® depuis 2000 pour toutes les familles d’engins.

Le CACES du GRETA BTP :Le Certificat d’Aptitude à la Conduite

des Engins en Sécurité (CACES)sur les exploitations agricoles

DEMANDEZ NOTRE NOUVEAU CATALOGUE 2011 POUR CONNAÎTRE LES DATES DES SESSIONSCONTACT : Marie-Line BRAY – Conseillère en Formation Continue au GRETA BTP

Téléphone : 0596.57.08.70 - Fax 0596.51.92.00 – Mail : [email protected]

Joël LANGERONtesteur CACES®GRETA BTP

Bruno LAPOINTEtesteur CACES®

GRETA BTP

Page 22: Martinique Agricole N°2

L’élevage bovin martiniquais compte 25 000 bo-vins avec un taux d’approvisionnement dumarché global de 19% et du marché en frais de

45%. Les conditions climatiques (carême marqué), sa-nitaires (parasitisme interne et externe) et le coût élevédes intrants, ajoutés à la diminution de la Surface Agri-cole Utile, sont autant de contraintes qui ont orienté lesprofessionnels vers l’amélioration qualitative de leurssystèmes de production.En 2006, ils mettent en place un programme d’amélio-ration génétique du cheptel bovin viande martiniquaisdans le but de garantir le bon développement de la pro-duction bovine à la Martinique. Ce programme se basealors sur trois éléments : le développement du cheptelsouche Brahman, l’encadrement de jeunes bovins deboucherie issus du croisement Brahman/ Européen etla diffusion du progrès génétique à l’ensemble du Dé-partement.Cependant la mise en pratique de ce programme a misen lumière deux contraintes majeures : la consangui-nité de la souche Brahman et le manque de bovins deraces européennes (Charolais, Limousin, etc.) nés lo-calement. Afin de répondre à ces problématiques, leConseil Général, la Chambre d’Agriculture, la CODEM(Coopératives des Eleveurs de Bovins de la Martinique)et l’UEBB (l’Union des Eleveurs Bovins Brahman), ontmis en place le projet d’Unité Expérimentale d’Ingénie-rie Génétique. Il a pour objectif de favoriser la mise enplace d’outils d’amélioration génétique bovine au ser-vice de la filière élevage, notamment du programme gé-nétique.Compte tenu de son expérience et ses compétencestechniques, la SECI a été proposée comme site d’expé-rimentation.

22 - Martinique Agricole N°2 - Fév/Mars 2011

Recherche & InnovationL’UNITE D’INGENIERIE GENETIQUE BOVINE DE LA MARTINIQUE

LE PROGRAMMEGENETIQUE BOVIN

Le programme d’amélioration génétique du cheptelbovin viande de la Martinique a été agréé par laCNAG (Commission Nationale pour l’AméliorationGénétique) en février 2006.Son objectif général est l’amélioration de la produc-tivité de la filière “bovin viande”. Le schéma d’amé-lioration retenu consiste au croisement desFemelles Brahman (sélection sur aptitudes mater-nelle et rusticité) avec des mâles Européens (Cha-rolais, Blond d’Aquitaine, etc.) (sélection suraptitudes bouchères et nés localement), afin d’ob-tenir un produit de croisement amélioré en rende-ment carcasse avec des coûts de productionréduits.

LE PROJET D’UNITE D’INGENIERIE

L’Unité Expérimentale d’Ingénierie Génétique crééeen réponse aux problématiques posées par l’amé-lioration génétique bovine en Martinique, celle-cipermet la mise en place d’outils performants au ser-vice de la filière élevage.Le projet repose sur deux axes :♦ Le transfert embryonnaire♦ La station d’élevage de reproducteurs Brahman.

LE TRANSFERT EMBRYONNAIRE

L’objectif est la production de reproducteurs bo-vins de race pure acclimatés, par la mise enplace d’un troupeau de femelles rustiques etperformantes « aptes » à mener à terme des ges-tations d’embryons sélectionnés selon les be-soins de la filière.

Descriptif :- Un lot de jeunes femelles Brahman de la base desélection de l’UEBB est retenu sur des critères deproductivité propre et sur ascendance. Un protocoled’élevage est mis en place à la SECI afin d’obtenirun lot de femelles receveuses dociles et prêtes pourle transfert embryonnaire.- Les reproducteurs issus de transfert embryonnairesont évalués par les différents outils du programmegénétique avant d’être placés dans la filière.

Perspectives :♦ Tester sur des femelles Brahman une techniqueperformante d’amélioration génétique : le transfertembryonnaire♦ Répondre aux besoins du programme génétiquebovin viande : lutte contre la consanguinité et aug-mentation des effectifs acclimatés en races euro-

ZOOM SUR :

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Martinique Agricole N°2 - Fév./Mars 2011 - 23

péennes.♦ À terme, proposer à la filière un outilrapide d’amélioration génétique ducheptel bovin.

LA STATION D’ELEVAGE

L’objectif est d’évaluer la valeur gé-nétique des meilleurs reproducteursBrahman issus de la base de sélec-tion de l’UEBB (Organisme de Sé-lection Brahman), soumis auxmêmes conditions d’élevage (sanseffet milieu).

Descriptif :Un lot de jeunes taurillons Brahman estretenu dans la base de sélection surdes critères de performances et derace.Ces animaux sont placés, au sevrage,pour une période d’élevage d’environ12 mois.Un protocole d’évaluation est mis enplace afin de quantifier les perfor-mances de croissance de chaque indi-vidu au cours de cette périoded’élevage.L’alimentation est exclusivement àl’herbe afin de conserver et de favori-ser les qualités de rusticité de la raceBrahman.

Perspectives :♦ Mettre en place un outil permettant lamaîtrise génétique de la diffusion destaureaux Brahman (outil classique desélection pour les organismes de sé-

lection)♦ Apporter aux éleveurs de la base desélection un outil leur permettant deconnaître la valeur génétique réelle deleurs reproducteurs.

LES GRANDES ETAPESDEPUIS 2007

1. Septembre 2007 : Adhésion duprojet par l’ensemble des parte-naires,2. Sélection et acquisition des Gé-nisses Brahman,3. Acclimatation des génisses, sé-lectionnées dans les meilleurs chep-tels, à la conduite exclusivementextensive de la SECI,4. Echange de savoir-faire (profes-sionnels/ agents de la SECI) etphase de docilité des génisses, pourdiminuer les stress liés à la posed’embryon,5. Début avril 2009 : Première cam-pagne de transferts embryonnairessur génisses Brahman.6. Décembre 2009 : 2eme campagnede transfert embryonnaire sur gé-nisses brahman.7. Janvier 2010 : Naissance des pre-miers veaux de l’Unité Expérimen-tale d’Ingénierie Génétique.8. Octobre 2010 naissance de veauxdu 2ième transfert embryonnaire9. Décembre 2010 : Sevrage des pre-miers veaux du 1er transfert em-bryonnaire.

LES PARTENAIRES IMPLIQUESDANS L’UNITE EXPERIMENTALE

D’INGENIERIE GENETIQUE :

Conseil Général de la Martinique(SECI)

Val d’Or - 97 227 SAINTE-ANNETél: 0596 76 73 36

Chambre d’Agriculturede la Martinique

Place d’Armes B.P. 31297 286 - Le LAMENTIN Cedex 2

Tél: 0596 51 75 75

Coopérative des Eleveurs de laMartinique (CODEM)

Place d’Armes97 232 Le LAMENTIN

Tél: 0596 30 02 02

Union des Eleveurs de BovinsBrahman (UEBB)

Exploitation Agricole du Galion97 220 TRINITE

Tél: 0596 58 22 53

LES AUTRES PARTENAIRES :EUROPE – ODEADOM - AMIV

Page 24: Martinique Agricole N°2

Quand et comment avez-vous créévotre entreprise apicole ?La miellerie Maniba a été créée en2007, j’ai bénéficié de PIJ, d’installationjeune agriculteur, et ensuite du montaged’un dossier Docup, avec les aides dela Région et des fonds européens.

Pour une somme de combien ?Une somme qui s’élève à 200.000 € àpeu près.

Est-ce que c’est un métier que fai-saient vos parents ?Comment l’avez-vous choisi ?J’ai d’abord connu l’apiculture tout sim-plement avec mon père, qui avait, dansun lotissement, 5 ou 6 ruches. Après, ona été s’installer à Case-Pilote. La su-perficie était plus grande et on a pu sedévelopper un peu plus. Donc j’ai tou-jours été avec lui. Et ensuite j’ai bénéfi-cié des techniques déjà utilisées parMiel Madinina, et Mr Pierre Perroni ;ainsi que celles de Mr Lecurieux-Bel-fond Alex de Chamonix Miel. C’est cedernier qui m’a appris l’élevage dereines que je maîtrise maintenant.

Donc en fait vous n’avez passuivi ce qu’on appelle les filièresclassiques ? On peut dire que vousêtes autodidacte ?Exactement, puisqu’on était inscrit àl’AMEXA (Assurance maladie, maternitéet invalidité des exploitants agricoles)en tant qu’éleveur agriculteur. Bénéfi-ciant justement de cette ancienneté, j’aipu procéder à une validation d’acquis.Cela m’a permis de m’installer en tantque jeune agriculteur, tout simplementpar VAE.

À quel âge s’est faite votre premièrerencontre avec les abeilles ?J’ai commencé l’apiculture avec monpère à 13 ans.

C’est un coup de foudre?Absolument. C’est quelque chose depassionnant, une organisation formida-ble. Et puis, de toute façon, si j’ai arrêtétoute autre activité pour me consacrer àl’apiculture, c’est parce que tout simple-ment on peut en survivre.

Certaines personnes disent quevous seriez le plus gros producteurde miel de la Martinique. C’est vrai ?Non, je ne pense pas être le plus grosproducteur de miel en Martinique. Parcontre j’approvisionne effectivement (enmiellerie Maniba production de miellocal) de grosses plate-formes tellesque, par exemple, Leader Price, et ef-fectivement certains 8 à 8. Je fais trèspeu de distribution sur place, puisque jesuis rarement à la miellerie. Mais mescommandes sont surtout focalisées surtout ce qui est grandes surfaces, etc.

Quelle quantité distribuez vous paran, approximativement ?La miellerie Maniba distribue entre 8000et 15.000 litres selon la floraison, la pro-

duction de miel par an. Puisque la miel-lerie Maniba compte actuellement plusde 500 ruches, installées entre le Prê-cheur et le Marin. C’est-à-dire, plusexactement, au Prêcheur, à Case-Pi-lote, à Schœlcher, à Rivière-Salée, àSaint-Esprit, à Ducos, au Lamentin, auFrançois, aux Anses d’Arlet, et auMarin.Je suis également en étroite collabora-tion (au niveau des conseils, du maté-riel, de l’installation de leurs ruchers)avec des apiculteurs qui s’installent.puisque je suis leur collaborateur avecToma Apiculture (qui est le plus grosfournisseur de matériel apicole enFrance), et avec Madinina Apiculture quile représente. Nous avons un magasinà Case-Pilote. Madinina Apiculture vadonc pouvoir approvisionner tous lesapiculteurs dans leur installation ( petitmatériel, installation de miellerie enMartinique).

Est-ce que c’est un métier d’avenir ?Est-ce qu’un jeune peut se dire :je vais me lancer dans l’élevage desabeilles ; nourrir ma famille, faire desprojets d’avenir avec ce métier» ?Le gros problème en Martinique, c’estqu’il faut de plus en plus reculer, se re-tirer. Car les abeilles restent plus oumoins des bêtes agressives… Les ha-bitations sont de plus en plus nom-breuses et cela devient difficile des’installer à proximité d’elles…

C’est compliqué pour un jeune des’installer maintenant ?Il faut déjà avoir pas mal de contacts.De personnes qui voudraient accepterde permettre d’installer des ruchers(des ensembles de ruches) sur leur pro-priété.

« On ne pourra jamais produire assez de mielen Martinique pour pouvoir approvisionnertoute la population... »

24 - Martinique Agricole N°2 - Fév/Mars 2011

Entreprises & Produits

� Ronald Daclinat, producteur de miel (Miellerie Maniba)

Rencontre avec Ronald Daclinat de la miellerie Maniba, un jeuneproducteur de miel passionné par son métier.

Page 25: Martinique Agricole N°2

SOCOPMAZ.I. PLACE D’ARMES97232 LAMENTIN - MARTINIQUETél. : 0596 51 84 25 / 0596 57 16 59E-Mail : [email protected]

PRINCIPAUXPARTENAIRES� Conseil Général� Conseil Régional� Union Européenne� D.A.A.F.� Chambre d’Agriculture� COOP de Martinique� FREDON / S.P.V.� CIRAD� France-AgrimerR� CTIFL� CEGER� Enseignement Agricole� CRÉDIT AGRICOLE� Fournisseurs d’intrants� Fournisseurs de matériels

Le Groupe SOCOPMALe Groupe SOCOPMACoopérative créée en 1981 par une dizaine de producteurs, laSOCOPMA assure la commercialisation des produits de sesadhérents. Au service de ces derniers, la SOCOPMA permetaussi de maîtriser leur production par :� Les prévisions annuelles de livraison,� Le respect des normes de qualité des produits

Pour être adhérent, une procédure simple mais rigoureuseexiste :� L’observation d’une période « d’essai »,� La validation de l’adhésion par un « collège » d’agricul-teurs administrateurs.

Cette distinction récompense le producteur leplus méritant, nominé maraîcher de l’année, àtravers différents critères (tonnage, chiffre d’af-faire, progression…)

LE PRIXDU MARAÎCHER

DE L’ANNÉE

DistributionSOCOPMA, le respect deshommes, de la terre, des saveurs…

Page 26: Martinique Agricole N°2

Donc, concrètement, si on a un ter-rain à sa disposition, c’est moinscompliqué de s’installer.À condition que ce terrain soit situé surune zone mellifère. Une zone mellifère,c’est une zone qui pourra apporter unecertaine qualité florale et une produc-tion au niveau fleur. Parce que lesabeilles ont besoin de pollen, ont be-soin de nectar. De ce fait, s’il n’y a pasde fleurs, s’il n’y a pas de nectar, on nepourra pas avoir de production.Donc il faut être dans des zones qui nesoient pas trop humides. Et qui soientriches en terme de végétation.

Quelles sont les zones en Martiniqueles plus mellifères ?Au niveau du Prêcheur, tout ce qui estSaint-Sacrement. Egalement d’autresmiels du Nord comme l’Acoma, la Sa-vonnette des Bois, la Savonnette desRivières qui sont des miels qui vontdonner beaucoup de quantité.Vous avez dans le Sud, le Centre, toutce qui est campêche, ti baume, les pa-létuviers au niveau des mangroves.Ainsi que les floraisons de plantes devergers, des agrumes, des quénettiers.

Et ça va donner quel miel ?Selon la période, par exemple pour lemiel de campêche (c’est l’une des pre-mières floraisons), on pourra avoir unmiel assez mono floral. Tandis que, laplupart du temps, on se retrouve avecde multiples floraisons ; donc un mielsurtout mille fleurs.Le miel de Martinique est pour moi l’undes miels les plus aromatisés.Puisque nous avons une richesse flo-rale très diversifiée ; qui nous permet deressortir des miels d’excellente qualité.

On va rentrerdans le vif dusujet. Concrète-ment, qu’est-cequ’une ruche, etqu’est-ce qu’unessaim ?Alors l’essaim estconstitué de l’en-semble des abeillesavec leur reine.C’est-à-dire leurpopulation. Tandisque ce qu’on va ap-

peler la ruche, ce sera la boîte, lecontenant + l’essaim, le contenu. Pourtout ce qui est essaim sauvage, sur unebranche, tout ce qui est abeilles posi-tionnées dans un tronc ; on va parlerd’essaim sauvage. Et tout ce qui estinstallé, dans des boîtes, dans desconstructions faites par l’homme, on vaparler de ruches.

Nous sommes actuellement sur unsite à Ducos, sur lequel vous avezcombien de ruches ?Sur ce site nous avons plus de 150ruches à l’heure actuelle, dont les sitesd’élevage de reines.Ces derniers vont me permettre de dis-tribuer des reines sur la plupart de mesruchers.Ce que je vais pratiquer àDucos, c’est surtout la sé-lection des reines. Le butn’étant pas d’avoir un nom-bre exponentiel de ruches,mais d’avoir surtout desruches de production.Car le miel est de plus enplus demandé. C’est pourcela que je pratique avecsoin sur ce site la sélectionde reines qui produisent enquantité le miel.Ensuite, cette année, onmettra en place la sélectiondes mâles. On travailleégalement sur une sélec-tion des abeilles qui résis-tent aux maladies.En Martinique c’est surtoutla varoise qui nous préoc-cupe. C’est une pathologievenant des Etats-Unis, quisévit en France ; et un peupartout. Nous avons lachance pour l’instant de ne

pas avoir la lotte américaine.Ou cette espèce de frelon qui vientd’Asie ; qui décime les ruches en mé-tropole.Par contre, le gros problème, ce n’estpas tellement la pollution, les véhicules,etc. Mais surtout… l’agriculture.

C’est-à-dire ?Parce qu’il y a des doses prescritespour des insecticides, pour protéger lesfruits. Le problème c’est que générale-ment cela n’est pas respecté.Et les abeilles sont des insectes quivont subir l’influence de ces produitschimiques. C’est surtout cela qui va dé-cimer les essaims.À la miellerie Maniba, on va s’occuperpendant la mauvaise période d’entrete-nir les ruches. Parce que c’est à cettepériode qu’on va perdre une partie deson cheptel. Et qu’on le veuille ou non,il n’y a pas de fleurs en ce moment (dé-cembre). Les ruches s’affaiblissent etvont être attaquées par cette recrudes-cence de maladies.

Cette saison va de quand à quand ?C’est une période de septembre à dé-cembre-janvier. Si pendant cette pé-

26 - Martinique Agricole N°2 - Fév/Mars 2011

Entreprises & Produits

Page 27: Martinique Agricole N°2

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Avec votre MLT vous regardez toujours l’accessoireplacé devant, et n’avez plus besoin de vous retournerpour pailler ou distribuer l’ensilage. Vous travaillezainsi avec une plus grande précision et avec un confortphysique optimum.

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Page 28: Martinique Agricole N°2

riode on a réussi à sauver son essaim,à le maintenir en quantitatif abeilles (auniveau du début de saison qui va com-mencer en décembre, janvier, févrierselon le temps qui actuellement estcomplètement déréglé), nous auronsla floraison. Et les ruches qui étaientdéjà prêtes (qui avaient été nourries,donc qui sont fortes) vont produire trèsrapidement du miel. C’est-à-dire quesur une floraison de campêche, vousaurez des ruches qui vont produire enmoins d’un mois 60 kilos de miel.Sur les floraisons de Saint-Sacrementou de palétuviers vous aurez de trèsgrosses rentrées de miel. Mais à condi-tion que le climat soit clément. S’il y a,à cette période, de la pluie ; vous per-drez évidemment en quantité de miel.

Un essaim, c’est combien de mem-bres ?Ça peut aller de 200 grammes à 2kilos, 3 kilos d’abeilles ; donc ce sontdes millions d’abeilles. Il faut savoirqu’une reine peut pondre jusqu’à 4000œufs par jour. Ce qui en période de flo-raison (il y a de la nourriture) va per-mettre de développer un essai trèsrapidement. Puisqu’en moins de 20jours, vous aurez des populations quivont doubler rapidement ; avec la nais-sance des jeunes abeilles.

Vous avez combien de ruches glo-balement ? Pour quel investisse-ment ?Il faut compter au minimum par ruche,450 € ; uniquement pour le matériel.Et j’estime que ce qu’il y a de plus cher,ce n’est même pas le matériel, mais laqualité de ce que vous allez mettre àl’intérieur, c’est-à-dire l’essaim. Ce quien fait cause problème, parce qu’au ni-veau des prises en charge notammentpar la DAF (Direction de l’Agriculture et

de la Forêt), on tient compte unique-ment du matériel, des cadres, desboîtes, de la cire. Mais on ne tient pascompte de ce qui a pour moi le plus devaleur encore : l’essaim. Car quand ona un essaim avec une reine sélection-née de production, qui peut avoir desprix…

Quel est aujourd’hui, selon vous,l’état des lieux de l’apiculture enMartinique ? Comment se porte-t-elle ?Depuis Dean, il y a eu pas mal depertes de ruches, mais on va direqu’aujourd’hui les cheptels ont étécomplètement reconstitués.Thomas par contre… Sur des zonescomme le Prêcheur, j’ai perdu 38ruches. Thomas a bousculé complète-ment la végétation. Un exemple : lessaints-sacrements sont carrément de-venus inexistants sur le Prêcheur ;alors que c’était l’une des premièresfloraisons, et l’une des floraisons lesplus importantes et les plus mellifèresdans cette commune.Sinon, au niveau du quantitatif ruchessur la Martinique, je pense qu’il n’a ja-mais été aussi élevé.La demande est importante, et je nepense pas pouvoir (quel que soit l’api-culteur d’ailleurs) arriver aujourd’hui àproduire assez de miel pour fournirtoute la Martinique ; sans qu’on puisseutiliser du miel importé. Pourquoi ?Parce que la population en Martiniqueaugmente, donc les terrains sont défri-chés, les zones constructibles sont deplus en plus importantes ; d’où le replides ruches de plus en plus loin….Il y a même des saturations de zones,par ruche… Et si la végétation diminueet le nombre de ruches augmente, cenectar et ce pollen vont être divisésdans toutes les ruches ; et ne vont paspermettre de très grosses quantités parruche.C’est en raison de tous ces facteursque je pense qu’on ne pourra jamaisproduire assez de miel pour pouvoirapprovisionner toute la population.D’autant plus qu’aujourd’hui les gens

connaissent toutes les vertus du miel.Qui peut être même consommé par lesdiabétiques…

Dans l’idéal, qu’est-ce qu’il faudraitpour que l’apiculture se porte en-core mieux dans notre départe-ment ?Il faudrait tout simplement qu’il y ait unrespect de l’environnement, et un res-pect des agriculteurs face aux produitsqu’ils utilisent. Que chacun puissecomprendre qu’il est tout à fait normalque pendant le Carême, par exemple,une abeille puisse venir chez vousboire un peu d’eau… Puisque c’est auniveau des habitations qu’elles vont ré-cupérer l’eau, les sources naturellesétant de plus en plus rares…Donc elles vont s’approcher du robinetqui est en train de suinter, etc.Il faudrait également que tout un cha-cun puisse se dire qu’on a besoin d’ar-bres mellifères, que l’on a besoin defruits. Qui dit fruits dit survie desabeilles, donc floraison… Si chacunpouvait planter chez lui un arbre frui-tier, et ne s’amusait pas à détruire toutela végétation autour de sa maison pourmettre de la pelouse ; on pourrait main-tenir cette population à un quantitatifflore-miel qui serait intéressant.

L’apiculture tient donc de la respon-sabilité collective ?Absolument. La responsabilité de toutun chacun sur tous les gestes du quo-tidien.

28 - Martinique Agricole N°2 - Fév/Mars 2011

“Il faudrait qu’il y ait un respect de l’environnement, etun respect des agriculteurs face aux produits qu’ils uti-lisent.”

Entreprises & Produits

Page 29: Martinique Agricole N°2
Page 30: Martinique Agricole N°2

30 - Martinique Agricole N°2 - Fév/Mars 2011

Où se place Sita Verde dans l’orga-nigramme du Smitom (SMITOM**,CVO, SITA VERDE etc.) ?Que réalise cette entité à l’intérieurde cette « chaîne » ?SITA VERDE est un sous-traitantd’IDEX Environnement qui a à chargel’exploitation du CVO (Centre de Valo-risation Organique).Notre mission est d’effectuer l’écoule-ment du compost produit. Sont concer-nés par l’utilisation de ce produit lesagriculteurs (maraîchers, producteursde banane, de canne à sucre, defleurs, etc.), mais également les amou-reux du jardinage (amateurs de jardin).Pour le SMITOM, nous représentonsl’expérience d’un savoir faire en ma-tière de fabrication d’amendement or-ganique, mais surtout nous sommesconsidérés comme étant un outil depromotion et de vulgarisation de la ma-tière organique : Madin’compost.Nous assurons la commercialisation duMadin’Compost et servons d’appuitechnique sur l’utilisation de cette ma-tière.

À quel groupe appartenez-vous ?Sita Verde est une filiale dugroupe Suez Environnement.

Quel est l’intérêt du produit queSITA VERDE distribue ; et pour lesprofessionnels, et pour les particu-liers ? Quelle est votre cible princi-pale ?Le Compost du CVO est un amende-ment organique par excellence, sonrôle est avant tout de restituer au solde la matière organique, élément es-sentiel de sa constitution. Il permet lemaintien de l’activité biologique du sol.Il n’y a aucune restriction d’usage. Ceproduit est destiné à tous types de cul-tures. Et sans danger à l’utilisation. Ilest indemne de chlordécone.Une batterie d’analyses est réaliséepar un laboratoire accrédité COFRAC*avant toute mise sur le marché, assu-rant ainsi aux utilisateurs l’emploi d’unproduit de qualité.

Comment se procurer ce produit età quel prix ?Il existe deux modes de conditionne-ment :- Les sacs de 50 l vendus à 8,90€ auCVO du Robert ou dans toutes les jar-dineries de l’île et chez certains pépi-niéristes,- Le vrac sur le site du CVO à 35€ partonneLes ventes au CVO se font le vendredimatin de 8h00 à 12h00 ou sur rendez-vous (contact Romuald NELSON 0696748 748).

Quels sont les objectifs de SITAVERDE à court et moyen terme (enterme de distribution, de résultats fi-nanciers, etc.)?Nos objectifs sont les suivants :- Faire connaître le Madin’Compost etdémocratiser l’usage- Montrer l’intérêt de l’utilisation de lamatière organique (protection de sol,maintien de la fertilité des sols, limita-tion des effets de l’érosion, améliore lepouvoir de rétention, améliore la poro-sité du sol, améliore la structure et tex-ture de sol, réduit le lessivage,empêche le tassement, favorise le dé-veloppement des racines, stimule l’ac-tivité biologique des sols, a un impactpositif sur le développement desplantes et accroît le rendement).

Entreprises & Produits

� Romuald Nelson, Responsable Commercial Sita Verde

Romuald Nelson, responsable commercial enMartinique de SITA VERDE nous parle de son en-treprise et de son produit phare :MADIN’ Compost.

« Restituer au sol de la matière organique,élément essentiel de sa constitution. »

Récupération des déchets verts (stockage des déchets)

Page 31: Martinique Agricole N°2

SITA VERDE espère montrer aux Mar-tiniquais, et plus singulièrement à laprofession agricole, l’intérêt de proté-ger les sols exploités. Par l’utilisationdu Madin’Compost.Et, par la même occasion, de maintenirl’activité agricole par le maintien et/oula croissance du rendement hectare.

Comment à ce jour les profession-nels, ou personnes privées concer-nées, accueillent ce produit ?Le compost est un produit nouveau enMartinique. Cependant, confronté auproblème de fatigue des sols lié à uneexploitation intensive de ceux-ci, on as-siste aujourd’hui à une carence de cesupport de culture en matière orga-nique.Si bien qu’afin de maintenir l’activitéagricole il paraît impératif de protégerles sols afin de leur permettre de re-trouver leur pouvoir fertilisant. Les agri-culteurs sont de plus en plus obligés deprendre en compte cet élément.De plus SITA VERDE leur permet desolutionner ce problème pour l’acquisi-tion d’un produit de qualité, normé(NFU 44-051) à très bon prix. Les pro-ducteurs en sont pleinement satisfaits.

*COFRAC : Comité Français d’Accrédi-tation. Association chargée de l’accrédi-tation des laboratoires, organismescertificateurs et d’inspection.

** PRÉCISIONS SUR LE SMITOMLe SMITOM (Syndicat Mixte pour leTraitement des Ordures Ménagères)est une collectivité créée le 17 août1998 qui regroupe la CCNM (Commu-nauté des Communes du Nord de laMartinique) et la CAESM (Commu-nauté d’Agglomération de l’EspaceSud Martinique). Son siège est situé auRobert.Sa mission : construire une usine (leCVO) qui traitera les bio-déchets dansnotre île.30 communes forment son périmètre(18 au Nord et 12 au Sud).Les communes du centre regroupéesau sein de la CACEM (Fort-de-France,Lamentin, Saint-Joseph et Schoelcher)ne sont pas concernées par les travauxde cette entité.

Depuis maintenant trois ans, SITA VERDE promotionne et commercialise leMadin’ Compost sur le territoire martiniquais. Cet amendement organique, issude la transformation des déchets verts et des bio déchets collectés par le CVO,répond en tous points aux exigences du concept du développement durable.Reconnu aujourd’hui pour ses potentialités agronomiques, il permet à ses uti-lisateurs de répondre aux carences en matière organique de leur sol à moyenet long terme. Principalement composé de cellulose et de lignine, le Ma-din’Compost, produit à décomposition rapide, a un effet fugace sur les struc-tures du sol. Et, par conséquent, contribue au développement des végétaux.Le compost est un stock de matière organique qui s’accumule dans le sol.Sa dégradation, par l’effet de micro-organismes saprophytes, permet une pro-duction progressive d’azote.Environ 10 à 15% de cet azote produit est libéré rapidement.Le reste s’accumule puis se minéralise avec la matière organique du sol ;constituant ainsi une réserve disponible pour les futures plantations.Afin de mieux répondre aux besoins des plantes, l’utilisation de ce compostpeut-être combiné à l’emploi de produits fertilisants autres.Du fait de sa composition, il n’existe, à ce jour, aucune restriction concernantl’utilisation de ce produit.

Le jus de presse (liquide obtenu après la compression des déchets lorsdu broyage et réutilisé pour lʼarrosage, le jus de presse est riche en élé-ments fertilisants et active le processus de compostage grâce à sa ri-chesse en décomposeur.)

Les déchets verts broyés

31 - Martinique Agricole N°2 - Fév/Mars 2011

Page 32: Martinique Agricole N°2

Nous vous proposons de faire le point sur l’arrivée de la Cercosporiose noire en Martinique.En effet, lors de notre précédent numéro, elle n’était pas encore présente sur notre départe-mentJ

� Quelles seront et sont les conséquencesde cette maladie?� Que comptent faire les élus afin de réagir à cette invasion ?� Qu’en pensent les agriculteurs?� Comment faire pour protéger les exploitations et les bananiers privés?� Cette agression de nos bananiers déclenchera-t-elle, au vu de ses probables retombées né-gatives, une restructuration de notre agriculture?

Des éléments de réponse avec : Florent Grabin (Président de l’association écologique Puma),David Dural (Directeur de l’IT2), Charles-André Mencé (Maire du Ducos la première ville tou-chée, et président de la commission agriculture du Conseil Général), José Maurice (Ex-

ploitant agricole au François, et président de la commission agriculture du ConseilRégional), Francis Emonide (Jeune exploitant agricole à Ducos, et membre des

commissions commerce et technique de BANAMART), et enfin avecPierre Monteux, Directeur Général de Banamart.

DOSSIER

La cercosporiose noirevit maintenant parmi nousJ

Dossier réalisé par ADV

cercosporiose noire

Page 33: Martinique Agricole N°2

L’épée de Damoclès a fini par serompre et nous tomber brutalementsur la tête. Depuis le temps qu’onen parlait… La cercosporiose noireest finalement parvenue, via Sainte-Lucie infectée depuis le début del’année (voir encadré), à se frayerun passage jusqu’à nous ; mi-août(officiellement début septembre).Nous sommes, apparemment,désormais, son hôte forcé.Et pour un bon bout de temps.Alors que la filière et les services del’Etat ont tout fait pour empêcherl’arrivée par les hommes de cetteréelle menace pour notre agriculture(en intensifiant notamment la com-

munication sur l’interdiction detransporter vers notre île des maté-riels végétaux - et donc l’introduc-tion de plants infectés ramenés parle quidam à la suite de sesvoyages) ; c’est finalement le ventqui semble nous avoir trahis…Maintenant il faut faire face.La filière et les services de l’Etatpréparés depuis le début de l’annéeà l’inéluctable égrènent sur le terrainles détails de la riposte : multiplesanalyses des champs et feuillessuspects, coupe et destruction desfeuilles infectées, élimination desbananiers privés et sauvages ausein des zones focus (zones consti-tuées des parcelles et jardins où lesbananiers contaminés sont détectéset confirmés par une analyse dansun laboratoire agréé), etc.Une grande campagne de commu-nication a débuté fin octobre, afind’informer la population non spécia-liste.Étape importante au vu du nombrede bananiers implantés dans nos

jardins privés… Et qui risquent d’en-core contribuer à alourdir l’infectionsi leurs propriétaires ne s’en préoc-

cupent pas.Rappelons à ce stade que la cer-cosporiose noire s’implante par lebiais de plants ou de feuilles (vertesou sèches) infectés. Et par le ventqui peut transporter les spores (cel-lules reproductrices microsco-piques) sur des dizaines dekilomètres. Nous sommes à environ40 km de Sainte-Lucie…Les conséquences de la cercospo-riose noire sont en effet probléma-tiques : baisse du rendement,mûrissement accéléré des fruits(problématique pour l’exportation),intensification des traitements.Et disparition de la plantation qui de-vient noire et sèche ; si on ne faitrien.Heureusement cette maladie n’estpas dangereuse pour l’hommemême si Florent Grabin présidentde l’association Puma ne souhaitepas confirmer cette idée véhiculéepar de nombreux spécialistes avantde plus amples études (voir inter-view). Car pour l’instant, aucun pays

- à part l’Australie - n’a pu l’éradi-quer. Il faudra donc vivre à sescôtés, comme on le fait depuis desannées avec la cercosporiosejaune.En réfléchissant aux moyens defaire évoluer notre agriculture.Puisque son socle, la production ba-nanière, risque tout de même d’êtredurablement un peu plus branlantqu’à l’accoutumée (voir différentesinterviews). �

Avancée de lacercosporiose noire

(près de chez nous)

1972 : Honduras1975 : Belize1977 : Guatemala1979 : Nicaragua, Costa Rica1981 : Panama, Colombie,Mexique1987 : Equateur1991 : Venezuela1992 : Cuba1994 : Pérou, Jamaïque1996 : République Dominicaine1997 : Bolivie1998 : Brésil, Etats-Unis (Floride)2000 : Haïti2004 : Bahamas, Porto-Rico, Tri-nidad et Tobago2006 : Grenade2009 : St-Vincent2010 (janvier) : Ste-Lucie2010 (septembre) : Martinique.

Martinique Agricole N°2 - Fév./Mars 2011 - 33

Maladie de la bananeT

Les conséquences de la cercosporiose noire sont en effetproblématiques : baisse du rendement, mûrissement accé-léré des fruits (problématique pour l’exportation), intensifi-cation des traitements. Et disparition de la plantation quidevient noire et sèche ; si on ne fait rien.

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Pourquoi cette conférence de presse?Florent Grabin: À cause de l’arrivée enMartinique, début septembre, de la cer-cosporiose noire. On a identifié sa pré-sence dans la commune de Ducos etdans la baie de Fort-de-France, chez desparticuliers ; et singulièrement sur de labanane jaune. C’est une maladie quitouche toutes les variétés de banane. Etde ce fait, les producteurs de banane, leparticulier qui possède quelques bana-niers dans son jardin. Également les ba-naniers sauvages que l’on peut trouver,par exemple, en bordure de route surtoute l’île ; et qui n’appartiennent à per-sonne. Par conséquent tous les bana-niers doivent être traités. Il y a pour celadeux méthodes : la méthode chimique etla méthode d’effeuillage. L’ITBAN, aveclequel nous sommes en pourparler, nousa communiqué son mode opératoire chi-mique. Nous l’avons transmis en exper-tise, afin de savoir : si les produits utiliséssont compatibles avec la nature, et éga-lement avec la santé de l’homme.Ainsi, nous sommes dans une phase oùnous ne faisons plus l’erreur que l’on a pufaire avec le chlordécone. En effet, àl’époque, personne n’avait communiqué,ni échangé sur cette question. Et on a vuce que cela a donné…Aujourd’hui nous constatons qu’il y a enMartinique une conscience écologiquetrès forte. Profitons de cette conscience,pour que l’on puisse, collectivement, ré-gler ce problème.

C’est-à-dire?Florent Grabin : Il faut le Conseil géné-ral, le Conseil régional, les 34 mairies,l’Etat, la société civile… Pour que l’onpuisse, ensemble, avec le monde del’agriculture, dans une grande réunion,prendre les dispositions, collectivement,afin de traiter le problème.

On savait que la cercosporiose noireétait à nos portes depuis sa détectionà Sainte-Lucie en janvier dernier…Sait-on de quelle façon elle est parve-nue jusqu’à nous?Florent Grabin : On pense que lesspores sont arrivées par le vent. Il y a euen effet beaucoup de mouvement de ventces derniers temps avec la période cy-clonique. Alors qu’à l’origine, on craignaitque cela puisse arriver par l’homme. Onaura les précisions en temps utile. Ce quiest certain : c’est que maintenant elle estlà. Nous sommes devant une réalité : saprésence. Et elle commence à s’étalerdans l’île… Donc il faut traiter. D’impor-tantes réunions ont déjà été réaliséesavec les producteurs de banane afin deles renseigner sur la meilleure façon deréagir à ce fait. Les 34 mairies ont égale-

ment été informées. Mais nous ne savonspas ce qu’elles ont pris comme disposi-tion pour que, dans leur commune, les ci-toyens soient informés des modesopératoires à mettre en place pour traiterle problème…La première chose à faire c’est de couperla feuille. Mais pour couper la feuille, ilfaut déjà savoir de quoi on parle…

À quoi reconnaît-on, quand on estnéophyte en la matière, une feuille in-fectée précisément par la cercospo-riose noire? Car il existe d’autresmaladies de la banane telle la cercos-poriose jaune par exemple…Florent Grabin: Il faudra justement édu-quer la population afin qu’elle la recon-naisse cette feuille infectée… Ellecomporte des traces jaunes quand ils’agit de cercosporiose jaune et destraces noires quand il s’agit de cercospo-riose noire. De grosses tâches qui finis-sent par atteindre toute la surface de lafeuille… Donc il faut couper la feuille. Leplus près possible du tronc. Puis la ren-verser, et l’écarter de tout ce qui est ba-nane. Un plan de communication seramis en place pour informer plus précisé-ment. Mais il faut que nos maires, les par-

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DOSSIER

« Il faudra justement éduquerla population, afin qu’elle reconnaisse,cette feuille infectéeJ »

cercosporiose noire

«Il faudra justement éduquer la population afin qu’elle la re-connaisse cette feuille infectée… Elle comporte des tracesjaunes quand il s’agit de cercosporiose jaune et des traces

noires quand il s’agit de cercosporiose noire.»

� Interview du Président de l’Associationécologique PUMA

L’association Puma tenait, le 13 octobre dernier, une conférence de presse. Afin que la population soitau courant de l’arrivée en Martinique de la cercosporiose noire, maladie touchant les bananiers.Et qu’elle soit vigilante face aux solutions à adopter afin de contenir sa prolifération. Éclaircissements.

Florent Grabin

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ticuliers, jouent le jeu. Il faut que tout lemonde ait la même partition en jeu. Pourque, finalement, la musique soit belle.Nous demandons également que la re-cherche puisse nous dire s’il y a unrisque de voir cette maladie rentrer dansnotre biotope.*

Attendez… Quel risque?D’après un certain nombre de témoi-gnages de spécialistes du monde dela banane,* il semble ressortir que lacercosporiose noire sévit depuislongtemps dans le monde entier ; etque si elle peut être destructrice pourla banane, si on ne réagit pas à

temps, elle n’est, par contre, pas dan-gereuse pour l’homme… Vous réfutezcela?

Florent Grabin: Tant que nous n’avonspas un document scientifique nous indi-quant que telle chose est possible oùque telle chose est impossible… Nousappliquons le principe de précaution.Nous demandons que l’on puisse fairede la recherche scientifique sur cettequestion. C’est une maladie qui infecteune plante. On ne sait pas si elle peuts’établir sur d’autres plantes. Et com-ment…Donc il est urgent, pour nous, que l’onpuisse mettre ces études en place. Celanous permettra non seulement d’avoirune production à haute qualité environ-nementale, mais aussi de faire de laMartinique un pôle d’excellence en ma-tière de recherche. Car on a tout surplace…Ici nous avons une île, toute la vie ma-rine, terrestre, toutes les pollutions tellu-riques…

Nous sommes la plus grande universitéde France, et même d’Europe… Doncon peut savoir quelles sont les consé-quences de tel produit chimique sur tellepartie du milieu. Preuve en est : à partirdu chlordécone on n’a qu’à voir tout ceque l’on a « sorti » ; les recherches semettent en place, etc. Donc le momentest venu pour que l’on puisse faire de laMartinique un véritable pôle d’excel-lence. Que l’on voit arriver ici, 2000 tou-ristes scientifiques qui viennent ytravailler. D’autant que l’on a un réel sa-voir faire en la matière : faisons le savoirà l’international. Nous avons, par exem-ple, aujourd’hui une banane durableavec un recul pesticide de plus de 70 %.Ce savoir faire est local.L’agriculture fait partie de l’aménage-ment du territoire, et fait partie des déci-sions politiques. L’intérêt d’une granderéunion comme celle dont nous avonsparlé précédemment est que la Marti-nique puisse enfin dire collectivement :voilà le mode d’agriculture que nousvoulons.

Pour finir un mot sur l’associationPuma, et ses objectifs?Florent Grabin : Nous défendons toutce qui est intérêt économique et écolo-gique de la Martinique. Nous nesommes pas un parti politique. Nousœuvrons particulièrement sur tout ce quiest environnement. Notre champ de pré-dilection c’est l’eau. Et tout ce qui estscientifique ; tout ce qui est santé. Parceque, par exemple, il n’est pas admissi-ble qu’aujourd’hui on puisse nous direque l’on peut manger tel ou tel produit.Et ne pas nous donner les protocoles quiont permis de trouver ces résultats posi-tifs… Nos membres sont issus de tousles milieux.

Nous ne sommes ni scientifiques, ni ju-ristes : donc nous nous faisons accom-pagner. Et quand nous avons l’avis denos scientifiques (qui ont une réputationinternationale), nous alertons les gens.Nous existons depuis une dizaine d’an-nées. Et comptons 300 membres, à jourde leurs cotisations. �

* Milieu biologique déterminé offrant desconditions d’habitat stable à un ensem-ble d’espèces animales ou végétales.*Voir le dossier sur la CercosporioseNoire dans le précédent numéro de« Martinique Agricole » (octobre/novem-bre 2010)

Martinique Agricole N°2 - Fév./Mars 2011 - 35

Donc le moment est venu pour que l’on puisse faire de la Martiniqueun véritable pôle d’excellence. Que l’on voit arriver ici, 2000 touristesscientifiques qui viennent y travailler. D’autant que l’on a un réel savoirfaire en la matière : faisons le savoir à l’international.

Page 36: Martinique Agricole N°2

Quel est aujourd'hui l'état deslieux de l'avancée de la cercos-poriose noire dans notre dé-partement? Quelles sont lescommunes concernées? L'as-sociation Puma a parlé deDucos et de bananiers sau-vages infectés à Fort-de-France; des rumeurs parlentégalement du FrançoisT Est-ce une réalité? Y a-t-il d'autrescommunes dans lesquelles ona détecté cette maladie depuisle 1er septembre? Si ouiquelles sont-elles? Et combiend'exploitations sont, à ce jour,concernées?David Dural : (Voir carte Bilandes prospections au 15 octo-bre). Comme vous pouvez leconstater sur la carte et avec lalégende, des communes dunord au sud de l’île sontconcernées ; essentiellementdes bananiers de jardins pri-vés, des bananiers spontanésen bord de route et des par-celles de plantain. Les par-celles de banane export(Cavendish) sont pour le mo-ment encore peu touchées dufait de la lutte collective contre

la cercosporiose jaune qui estégalement efficace contre la cer-cosporiose noire, ces 2 champi-gnons appartenant au mêmegenre: Mycosphaerella.Mycosphaerella fijensis pour lacercosporiose noire.Mycosphaerella musicola pour lacercosporiose jaune.

Savez-vous comment la cer-cosporiose noire est arrivéedans notre île? L'associationPuma a parlé du ventT Com-

ment l'a-t-on détecté la pre-mière fois et à quelle date?David Dural : Ce sont effective-ment les épisodes de vent deSud/Sud-Ouest des mois de juil-let et août 2010 qui ont amené lesspores du champignon de Sainte-Lucie.

Quelle est la procédure adop-tée depuis sa "découverte" enMartinique? Que fait-on au ni-veau des bananeraies afin deremédier à cette attaque?

« Pour les particuliers, la solutionest la même que pour les professionnels :l’effeuillage sanitaire dès qu’il y a desnécroses sur une feuille. »

36 - Martinique Agricole N°2 - Fév/Mars 2011

DOSSIER cercosporiose noire� Interview du Directeur de l’InstitutTechnique de la Banane (IT2)

David Dural

Retour avec David Dural directeur de l’ITBAN (Institut Technique de la banane, de-puis mai 2010, IT2) sur l’avancée de la cercosporiose noire en Martinique. Et sur lesquestions que l’arrivée de cette maladie ne manque pas de poserT

Suite page 38…

Page 37: Martinique Agricole N°2
Page 38: Martinique Agricole N°2

38 - Martinique Agricole N°2 - Fév/Mars 2011

David Dural : Très rapidement,du fait de la dispersion despoints de détection, la phased’éradication enclenchée lors de

la première détection a ététransformée en une phase decontrôle. Cette phase decontrôle passe par un effeuillagesévère des parcelles afin d’évi-ter la dissémination des spores.

À quoi reconnaît-on (pour lesnéophytes) un bananier in-fecté par la cercosporiosenoire? Si un privé détecte lacercosporiose noire sur undes bananiers de son jardin,que doit-il faire exactementafin que l'infection ne se pro-page pas?David Dural : Impossible pourun néophyte de faire la distinc-

tion entre jaune et noire, voireentre cercosporiose et autrestypes de champignons ou im-pact d’insectes. La solution est

la même que pour les profes-sionnels : l’effeuillage sanitairedès qu’il y a des nécroses surune feuille. (Voir flyer).

Que fera-t-on à court et moyenterme pour essayer de contrerl'arrivée de la cercosporiosenoire au sein de notre terri-toire?David Dural : La cercosporiosenoire est maintenant présentesur notre île ; ce qui en soit estun non-événement. L’événe-ment était qu’elle en soit absentepuisqu’au niveau mondial, nousétions les derniers à ne pas

l’avoir avec l’Australie, laDominique et la Guade-loupe (qui en sont en-core indemnes).

Y a-t-il un plan médiaprévu afin d'informerplus largement la po-pulation? Car finale-ment, bien peu de gensaujourd'hui semblentau courant?David Dural : Oui, Avecla parution du flyer ; etdes spots Radio.

Y a-t-il un plan d'actionprévu afin de réperto-

rier les bananiers sauvagesinfectés? Qui devrait se char-ger de les traiter (où de les dé-truire)?David Dural: Les bananiers iso-lés ont déjà été pour une grandepart recensés par le Service dela Protection des Végétaux de laDAF. Il y en a, en fait, assez peu,par rapport à l’ensemble des jar-dins. Et bien que sur le domainepublic, il n’est pas rare qu’ilssoient entretenus.

Pouvez-vous rappeler cequ'est l'ITBAN? Et quels sontses champs d'actions et pré-rogatives?David Dural : L’ITBAN n’existeplus depuis mai 2010. Suite àson ouverture aux Organisationsde Producteurs de Diversifica-tion végétale de Martinique et deGuadeloupe, il a été transforméen IT² (Institut Technique Tropi-cal). �

L’ITBAN(aujourd’hui IT2)

en quelques mots :

Association loi 1901 comme lagrande majorité des instituts techniquesagricoles, l’IT2 (ex-ITBAN) a été créé le16 décembre 2008

L’IT2 regroupe maintenant des or-

ganisations de producteurs de diversifi-cation végétale avec les OP banane deGuadeloupe et Martinique. Il est officiel-lement adossé au Réseau des institutsdes filières animales et végétales(ACTA) depuis le 09 juin 2010.

Son objectif principal est de pro-mouvoir et de coordonner toute re-cherche et expérimentation tendant àl’amélioration et à la valorisation de la

production agricole de Guadeloupe etde Martinique.

L’IT2 a donc pour vocation d’être l’ar-ticulation entre les organismes de re-cherche et les producteurs afin :

- d’orienter et de démultiplier les ef-forts de recherche appliquée ;

- de diffuser les résultats obtenus àl’ensemble des agriculteurs, rapidementet efficacement.. �

Les bananiers isolés ont déjà été pour une grande partrecensés par le Service de la Protection des Végétaux dela DAF. Il y en a, en fait, assez peu, par rapport à l’en-semble des jardins.

Page 39: Martinique Agricole N°2

Votre exploitation est-elle touchéepar la cercosporiose noire? Si oui,quelles sont les procédures quevous avez adoptées pour faire face àcette arrivée malencontreuse? Sinon, que faites-vous pour prévenirl'arrivée de cette infection?José Maurice : Pour l’instant, non.Mais sachant que la menace existe jefais comme beaucoup de producteursde la prévention qui consiste à couperles feuilles chaque semaine élaguer leshaies et surtout surveiller attentivementles feuilles.

Le François semble être touché parcette maladie (info de particuliers),est-ce réellement le cas au-jourd'hui? Autour de vous, avez-vous des "collègues" qui font face àcette problématique? Comment réa-gissent-ils?José Maurice : Nous sommes dansune phase de contamination, il est trèsdifficile de connaître les zones infes-tées, la maladie évolue de semaine ensemaine. Les collègues agriculteursappliquent les préconisations du grou-pement : Coupe de feuilles et traite-ment avec un fongicide.

Quelle est la taille de votre exploita-tion? Que produisez-vous en sonsein? Depuis quand êtes-vous ex-ploitant agricole? Pourquoi avez-

vous choisi ce métier?José Maurice: J’ai une exploitation de13 hectares au François : 7 hectares debananes, 60 brebis en stabulation, 15vaches pour la viande. Je suis exploi-tant depuis 1989, date de mon installa-tion comme jeune Agriculteur. Produirepour mon pays m’a toujours fasciné. Jesuis originaire de la campagne et àcette époque nos parents étaient à lafois salariés et agriculteurs. On les ai-dait le mercredi et le samedi et jepense que ma passion pour ce métiervient de là. J’ai étudié au lycée agricoleà Croix-Rivail et une spécialisation envolailles/lapins en métropole, j’ai tra-vaillé à la Chambre d’Agriculture et en-suite je me suis installé.

L'association Puma a tenu uneconférence de presse mercredi13 octobre. Elle disait vouloir aver-tir la population de l'arrivée de lacercosporiose noire sur notre terri-toire. Appeler toutes les institutions(CG, GR, Mairies, etc.) à s'asseoirautour d'une table afin de poser lesproblématiques dues à cette arrivéedans notre département (et région).Définir la riposte scientifique àadapter afin que la Martinique de-vienne un pôle d'excellence re-connu dans le monde face à la luttecontre cette maladie? Et poser leproblème dû à une probable re-

structuration de notre agricultureface à cette infection sur notre ba-nane. Qu'en pensez-vous?José Maurice: Il faut dire avant que lamaladie était attendue en Martinique ;sachant sa présence à Sainte-Lucie,nos jours étaient comptés… Un réseaud’alerte était opérationnel composé dela Fredon (Fédération Régionale deDéfense contre les organismes nuisi-bles de la Martinique), les groupe-ments bananiers et des services del’Etat , le SPV (Service de Protectiondes végétaux). C’est ce dispositif qui apermis l’identification rapide de la ma-ladie. Il faut ajouter qu’il y a eu unecampagne d’information auprès desmairies des loueurs de bateaux et destransporteurs. Maintenant la maladieest présente et il convient d’informerles agriculteurs et le grand public de laconduite à tenir.Il n’y a pas lieu aujourd’hui de parler derestructuration de l’agriculture à causeseulement de la maladie. Cependant,le président Serge Letchimy m’a de-mandé de travailler sur un plan de re-lance de l’agriculture. Et, là, trèscertainement, le problème de restruc-turation se posera.

Quelles sont les prérogatives del'institution régionale et ses champsd'action dans le cadre d'une tellemenace pour notre agriculture?

« L’arrivée d’une telle maladie enMartinique risque de poser de grosproblèmes pour la bananeJ »

DOSSIER

Martinique Agricole N°2 - Fév./Mars 2011 - 39

cercosporiose noire� Interview du Président de la CommissionAgriculture du Conseil Régional, et exploitantagricole

José Maurice

José Maurice a une double casquette: il est à la fois ex-ploitant agricole au François et Président de la commis-sion Agriculture du Conseil Régional. Deux raisons deconnaître son avis sur l’arrivée de la cercosporiose noireen MartiniqueT

Page 40: Martinique Agricole N°2

Que signifie pour notre Région l'ar-rivée d'une telle maladie infectant labanane? Quelles en seront, selonvous, les conséquences pour l'agri-culture de la Martinique?José Maurice: La Région n’a pas deprérogative particulière ; c’est d’abordl’Etat et la profession qui sont concer-nés. L’arrivée d’une telle maladie enMartinique risque de poser de grosproblèmes pour la banane toutes va-

riétés confondues : baisse de rende-ment, augmentation du coût de pro-duction, intensification du traitement.Pour l’instant il est très difficile d’éva-luer les conséquences.On ne peut qu’émettre des hypo-thèses.Je rappelle que la Région n’a pas decompétence dans ce domaine particu-lier. Nous suivons avec beaucoup d’at-tention l’évolution des choses.

Nous n’avons pas, à ce jour, de de-mande précise à ce sujet. La Régionaccompagnera les producteurs s’il fautrestructurer.

On parle également d'une probabledisparition d'un certain nombred'exploitationsT Cela pourrait-ilêtre le cas? Et si oui, quel pourcen-tage peut ne pas se remettre?José Maurice : Aujourd’hui il est troptôt pour parler de disparition même sielle est à craindre. Il y a actuellementen Martinique environ 500 planteurspour 7000 hectares de bananes…Les agriculteurs sont très inquiets.Ils craignent de ne pas pouvoir faireface à la maladie et ne pas pouvoirfaire face à l’augmentation des coûtsde main-d’œuvre générés par la mala-die. Ils attendent beaucoup de la Ré-gion. �

40 - Martinique Agricole N°2 - Fév/Mars 2011

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L’association Puma a, lorsd’une conférence de pressetenue le mercredi 13 octobre,voulu informer la populationquant à l’arrivée sur notre îlede la cercosporiose noire.D’après les informations ré-coltées Ducos serait la pre-mière commune à avoir« hébergé » cette maladieparticulièrement préoccu-pante de la banane. Quecomptez-vous faire, en tantque Maire, pour réagir facecette question?Charles-André Mencé: Il nefaut pas dire : que comptez-vous faire? Dites : ce que vousavez déjà fait, ce que vousfaites, et ce que vous ferez…Parce que l’on a déjà visité lesparcelles concernées avec lereprésentant de la DAF (Direc-tion de l’Agriculture et des Fo-rêts). Je suis allé sur le terrain.Il y a eu des procès-verbauxqui ont été constatés, avecl’adjoint chargé de l’agriculture.Ces procès-verbaux ont été

enregistrés. Et, si vous allezdans le coin, vous verrez quel’on a déjà commencé à effeuil-ler, à couper, etc. Nous sommesdans cette démarche. Nous vou-lons également vérifier s’il y ad’autres parcelles concernées,que celles déjà identifiées.Nous avons également prévu defaire une réunion avec l’ensem-ble des agriculteurs, dans lazone. Et ensuite, élargir augrand public.

Vous avez déjà posé des datespour ces réunions d’informa-tion? L’association Pumasemblait dire qu’il y avait ur-gence en la matière pour legrand public. Car la cercospo-riose noire semblait, depuisson arrivée, s’étendre commeune traînée de poudreTCharles-André Mencé: Voussavez… Nous sommes dans unpays où on parle beaucoup…Et puis après on regrette. Nousavons déjà des éléments, nousavons prévu de faire des réu-

« Nous sommes dans un pays oùon parle beaucoupJ Et puis aprèson regrette. »

Ducos est la première commune de l’île où l’on aidentifié la cercosporiose noire. Son maire Charles-André Mencé fait le point avec nous des actionsdéjà menées et de celles qui seront mises en placeface à cette menace.Et, en tant que président de la commission Agri-culture du Conseil général, il répond notamment àla proposition de l’association PumaT

42 - Martinique Agricole N°2 - Fév/Mars 2011

DOSSIER cercosporiose noire

Charles-André Mencé� Maire de Ducos, Président de laCommission Agriculture du Conseil Général

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Martinique Agricole N°2 - Fév./Mars 2011 - 43

nions ; selon les disponibilitésdes services DAF, etc.

Quand? Dans environ unmois? Plus? Moins?Charles-André Mencé:Avant un mois quand même…Vu la situation… puisque noussommes l’une des premièrescommunes où on l’a identifié.On a commencé à agir. Parcequ’il faut éviter de dire deschoses trop rapidement dans lepays… Pour ne pas notammentternir l’image…, nous allonscommuniquer, c’est déjà prévu.Et je continue à aller sur le ter-rain avec l’adjoint, afin de voiroù il y a des risques. Non seu-lement auprès des grandes ex-ploitations, mais aussi auprèsdes particuliers. On est déjà au

courant. On fait déjà. On préfèrecette méthode plutôt que cellequi consiste à faire du tapage.

Vous êtes également prési-dent de la commission Agri-culture du Conseil général.Quels sont vos plans d’actiondans ce cadre face à la cer-cosporiose noire? Le prési-dent de l’association Pumaappelait à un grand rassem-blement de toutes les institu-tions et personnesconcernées afin de sauver,voire de restructurer notreagricultureT Que répond leprésident de la commissionAgriculture face à cela?

Charles-André Mencé: Et bienle président de la commissionAgriculture est quelqu’un quin’aime pas parler pour parler…Nous sommes en train de ras-sembler les données afin de sa-voir précisément quellesparcelles sont (ou pas) précisé-ment touchées… Nous sommesen train de nous organiser, afinde parler d’une même voix.On sait ce qu’il y a lieu de faire.

Nous allons rencontrer les syn-dicats pour leur dire : qu’au mo-ment où l’on parle de protectionde l’agriculture, où tout lemonde se mobilise pour l’agri-culture ; on ne parle pas souventdes agriculteurs… Savoir exac-tement comment les accompa-gner. Pour leur permettre deprendre les dispositions adé-quates concernant, directe-ment, leurs parcelles. D’abordagir avec les agriculteurs.Et ensuite décider des actions àprendre concernant les particu-liers.

La question des « bananierssauvages » ceux qui sont aubord des routes, près des ri-vières, (etc) peut-elle, selonvous, être préoccupante dansle cadre de cette épidémie?Certains le laissent entendreen tout casTCharles-André Mencé: Bana-niers sauvages?… Il ne peutpas avoir de bananiers sau-vages. Les bananiers poussentsur une parcelle : elle est soitprivée ; soit publique. Simple-ment une fois que l’on détecte(où qu’il soit) un bananier sus-pect, il faut le signaler.

On a beaucoup parlé deDucos comme première villeoù a été « découverte » la cer-cosporiose noireT Beaucoupd’autres communes sont à cejour « infectées »?Charles-André Mencé: Biensûr. Beaucoup de communes…Mais comme nous prenons nosresponsabilités et que nousn’aimons pas cacher leschoses… Et bien nous les di-sons. D’autant que cette situa-tion n’est pas de notre fait.Nous assumons notre politiquede proximité. �

«…on ne parle pas souvent des agriculteurs… Savoirexactement comment les accompagner. Pour leur per-mettre de prendre les dispositions adéquates concer-

nant, directement, leurs parcelles. D’abord agir avec lesagriculteurs. Et ensuite décider des actions à prendreconcernant les particuliers. »

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La cercosporiose noire affectemaintenant les bananiers de notredépartement. Quand avez-vous ap-pris son arrivée ? Quand et com-ment avez-vous constaté qu’elleavait atteint certains de vos bana-niers ?Francis Emonide : J’ai appris, parl’administration de Banamart, qu’elleétait arrivée en Martinique vers la mi-août. Et on a détecté un foyer prochede mon exploitation vers la mi-sep-tembre. Visuellement, il n’était paspossible de l’identifier. Le Service deProtection des Végétaux (SPV) allaitrégulièrement faire des prélèvementssur toutes les parcelles concernéesdans la zone focus à Ducos. Et aprèsavoir effectué des tests, ils m’ont ré-vélé que j’étais positif à la cercospo-riose noire. Mais ce n’était vraimentpas visible à l’œil nu. On nous a en-voyé des photos par Internet nouspermettant de voir ce qu’était la cer-cosporiose noire. Puis des arrêtéspréfectoraux nous ont ordonné decouper les feuilles malades, nécrosés.Ensuite il fallait détruire nos champspour essayer d’éradiquer la mala-die…

Il semblerait que la cercosporiosenoire au début de son implantationdans les champs de banane soitdifficile à détecter à l’œil nu mêmepar des professionnels commevous, comme votre expérience ré-cente le démontre. Ceci dit si à unstade plus avancé le particulier dé-tecte cette maladie sur ses bana-

niers privés (jardin), comment doit-il concrètement réagir ?Francis Emonide : La marche à sui-vre est de couper les feuilles détec-tées malades. Mais, après, leproblème va rester entier, car aprèsavoir coupé les feuilles ce particulierlambda devra traiter son bananier. Etje ne sais pas comment le particulier« lambda » pourra traiter son bana-nier… Car non seulement il lui faudracouper les feuilles infectées, mais il luifaudra aussi traiter les feuilles qui nesont pas encore malades. Afin de lesempêcher d’être infectées à leurtour…

Quel est le produit utilisé pour trai-ter les bananiers atteints par la cer-cosporiose noire ?Francis Emonide : C’est de l’huilevégétale nommée Banol. Et on yajoute deux autres produits. Le trai-tement est le même que dans lecadre de la cercosporiose jaune.

La cercosporiose noire semblaitfaire très peur à la communautéagricole bananière. Quand on aappris en janvier 2010 qu’elleavait été détectée à Sainte-Lucie ; on a assisté à une espècede branle-bas de combat de la fi-lière, et même des autorités del’Etat installées en Martinique,qui ont mis beaucoup de moyensen place afin d’essayer de faireen sorte qu’elle n’arrive pasjusqu’à nousT (voir le bi-men-suel « Martinique Agricole »).

Que ressentez-vous maintenantqu’elle estT là ?Francis Emonide : Il fallait s’y atten-dre… À vrai dire, je m’y attendais.Quand le directeur de Banamart m’aappris la nouvelle, je me suis remé-moré une discussion que nous avionseue lui et moi deux mois auparavant.Et dans laquelle il me disait en subs-tance : qu’il ne fallait pas se leurrer,que cette maladie risquait fort de sepropager également en Martinique.Donc moi, comme beaucoup de plan-teurs, je m’y étais déjà préparé dansma tête. Maintenant je ne pensais pasqu’il y aurait des mesures aussi radi-cales à mettre en place… Comme dé-truire certaines plantations deMartinique afin de tâcher d’éradiquer

44 - Martinique Agricole N°2 - Fév/Mars 2011

DOSSIER cercosporiose noire

� Interview d’un exploitant agricole àDucos, membre des commissions com-merce & techniques de BANAMART

Francis Emonide

« Notre chiffre d’affairesdiminuera d’au moins 10 %J »

Page 45: Martinique Agricole N°2

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la maladie. Sachant qu’elle risquaitde revenir l’année prochaine… Dé-truire les champs de banane pouréradiquer la maladie… Je pensequ’il est déjà trop tard pour cette so-lution. Car la maladie s’est déjà tropétendue sur notre territoire. Elle sepropage par les spores (cellules re-productrices microscopiques de lacercosporiose), et par le vent… Onn’aurait jamais eu assez de tempspour éradiquer la maladie avantqu’elle ne se propage sur les autresparcelles de la Martinique.

Quelles seront pour vous lesconséquences directes de l’arri-vée de la cercosporiose noire surnotre île ? Vivre avec la cercospo-riose noire implique quoi pourvous ?Francis Emonide : Cela impliqueune augmentation des charges. Ilfaudra mobiliser plus de main-d’œu-vre, pour effeuiller plus souvent. Ilfaudra également investir sur du ma-tériel supplémentaire : le canon pourceux qui doivent traiter de grandessurfaces de banane.

Cela coûte combien ?Francis Emonide : Le canon coûteentre 15 000 et 22 000 euros. Lecoût de l’appareil à dos varie quant àlui de 200 à 450 euros. Ce second

outil est plus utilisé dans le cadre depetites exploitations. Mais l’arrivéede cette maladie génère de touteévidence des coûts supplémen-taires. Ceux qui n’auront pas lesmoyens financiers de payerquelqu’un chaque semaine pour ef-feuiller et traiter plus souvent… ris-quent de perdre leurs champs.

Et pour ceux qui vont garder leurchamp, ça fera un manque à ga-gner de combien par an ?Francis Emonide : Je n’ai pas en-

core tout à fait précisément réfléchi àla question… Mais je pense quenotre chiffre d’affaires diminuera, aumoins, de 10%.

Dans ce cadre comment voyez-vous l’avenir de votre profes-sion ?Francis Emonide : Déjà, en réu-nion nous avions parlé d’éliminer lesparcelles qui sont susceptibles d’êtrecontaminées (en bordure de forêt,en bordure de rivière, etc). Toutesles parcelles qui sont dans deszones très humides et que l’on nepeut pas traiter. Toutes les parcellessur lesquelles ni l’hélicoptère, lecanon ou le traitement à dos ne peu-vent ou n’ont le droit de passer.Il vaut mieux perdre un hectare oudeux que de perdre tout son champ.

Est-ce que cette crise actuelle (etla persévérance de cette maladiequi s’installe, apparemment, par-tout où elle passe) serait suscep-tible, d’après vous, de « changerla donne » de notre agriculture ?Et par là même, finalement, denotre économie, supportée enpartie par cette industrie bana-nière ?Francis Emonide : … Cela dépen-dra des élus. Et de la politique.Nous, producteurs de bananes,nous produisons de la banane afinde la faire parvenir en métropole.Maintenant les décisions les plus im-portantes sont prises à Bruxelles…La banane des Antilles c’est à peine15% du marché européen… �

Francis Emonidea 34 ans.

Bon sang ne ment pas : Il adécouvert l’amour du métier etde la terre en accompagnant sonpère (exploitant lui aussi) dansles champs dès l’âge de 7 ans. Il

paraît que c’était la seule façonde faire tenir un peu tranquille lepetit garçon turbulent… Il rentre,après le collège, au lycée agri-cole de Croix-Rivail. Après sesétudes il reprend l’exploitation deson père, qui, à l’origine, était de3 hectares. Il est exploitant agri-

cole depuis 2003. Il possède 18hectares de terres agricole, 14hectares de banane, à Ducos.Ce jeune chef d’entreprise, dy-namique et cultivé, emploie 7 sa-lariés à temps plein et 4 salariésà temps partiel. �

«Détruire les champs de banane pour éradiquer la ma-ladie… Je pense qu’il est déjà trop tard pour cette so-lution. Car la maladie s’est déjà trop étendue sur notre

territoire. »

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Où en sommes-nous au niveau de lacercosporiose ?P. Monteux : La cercosporiose noireest quasiment présente partout surnotre département; un grand nombrede communes sont infestées avec uneprésence plus forte sur la côte caraïbe,ce qui est logique puisque c’est cellequi a été touchée par le vent qui nousa apporté la cercosporiose noire ve-nant de Sainte-Lucie.Par rapport aux prélèvements qui ontété réalisés par la FREDON ou par laProtection des Végétaux, nous trou-vons effectivement une présenceassez forte de la cercosporiose noire,sur les communes de Ducos, du La-mentin, de Fort-de-France, de Schœl-cher ou de Case-Pilote.Sur les zones bananières comme leCarbet, Saint-Pierre, Morne-Rouge,elle est également présente. La situa-tion est identique sur la presqu’île desTrois-Ilets et du Diamant (toujours cephénomène de toucher du vent) mêmes’il n’existe pas sur ces communes deplantations de bananes établies.Pour l’instant, les autres zones qui sui-vent sont moins touchées : le sud-estde notre île, c’est-à-dire Sainte-Anne,Marin, Vauclin et la remontée de lacôte atlantique où nous avonsquelques points : très peu au Robert,un peu au Marigot et à Basse-Pointe,mais c’est encore relativement faible.

Aujourd’hui, nous estimons qu’elle estprésente sur à peu près un millierd’hectares de plantations de bananesétablies sur les 6.000 hectares quecompte notre filière. Ces 1000 hectaressont principalement des zones excluesdu traitement aérien et dont le traite-ment des cercosporioses noire et jaunerelève de la responsabilité des plan-teurs. C’est principalement sur ceszones, exclues du traitement aérienpar respect de la bande des 50 mètrespar rapport aux habitations ou auxcours d’eau, qu’elle a été recensée et

identifiée leplus fréquem-ment. Sur cer-taines zonestraitées parvoie aérienne, nous pouvons égale-ment la retrouver, mais c’est plus rare.

Beaucoup de points sur Fort-de-France et Schoelcher, bien qu’il n’y aitpas sur ces communes de plantations.Cela est dû simplement aux bananiersprivés dans les jardins et publics sur lebord des routes.

Au niveau de la banane plantain, il fautrappeler qu’à la différence de la cer-cosporiose jaune, la cercosporiosenoire atteint tous les bananiers, passimplement la banane Cavendish ex-port mais aussi la banane plantain oulégume. Tous les bananiers sont tou-chés.

L’état des lieux, c’est qu’effectivement,elle s’installe doucement, mais sûre-ment. Quand sera-t-elle présente surl’ensemble du département, c’estassez difficile de le prévoir, parce qu’ily a les conditions climatiques quijouent. C’est vrai que le cyclone Tomasa très certainement accéléré le pro-cessus de diffusion de la cercosporiosenoire avec les vents très forts qui ontsoulevé des spores et qui les ont trans-portées un peu partout sur le territoire.

Quand va-t-elle coloniser tout notredépartement, cela prendra-t-il 6mois, 12 mois ou plus ? On est in-capable de le dire. Je pense que çava aller assez vite. D’ici à la fin 2011ou au début 2012, on ne parlera plusque de la cercosporiose noire.

Les deux cercosporioses ne peu-vent pas cohabiter, la noire tue lajaune ?P. Monteux : Ce n’est pas qu’elles nepeuvent pas cohabiter, mais comme ily en a une plus virulente que l’autre,enfin c’est comme les microbes, vousn’avez jamais deux grippes à la fois,l’une domine l’autre.

En tout cas, vous faites tout votrepossible pour accélérer les traite-ments, alors quelle est la fréquencedes traitements ?P. Monteux : Comme pour la cercos-poriose jaune, la cercosporiose noireest traitée de la même manière. Ce nesont pas de nouveaux produits, denouvelles choses qui seront mises enplace, ce sont des choses qu’onconnaît, mais simplement ça va répon-dre à un monitoring différent, lequelmonitoring va déterminer la fréquencedes traitements nécessaires. Je rap-pelle que pour la lutte contre la cercos-poriose il n’y a pas d’applicationpréventive, ce ne sont que des appli-cations curatives et nous resterons surcette thématique. Ça ne sert à rien defaire du préventif. Nous sommes entrain de mettre en place un monitoringqui était jusqu’à présent calqué sur lacercosporiose jaune et sur son déve-loppement.Depuis le début de l’année 2011, unmonitoring a été mis en place pour lacercosporiose noire et c’est lui qui vadéterminer, démontrer et en tout casconfirmer s’il y a une augmentation ounon du traitement.

� Interview du Directeur Généralde BANAMART

Pierre Monteux

DOSSIER cercosporiose noire

Aujourd’hui, nous estimons qu’elle est présente sur à peu prèsun millier d’hectares de plantations de bananes établies sur les6.000 hectares que compte notre filière.

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Qu’entendez-vous par monitoring ?Le monitoring c’est une surveillance del’évolution de la maladie.

Le traitement est fonction de lagrandeur du champ… ?De l’état d’avancement de la maladie.Globalement on regarde le stade de lamaladie et par rapport à cela on déter-mine si un traitement est nécessaire.En dépit du fait que la cercosporiosenoire évolue plus rapidement et qu’ellea un cycle de développement accéléré,il n’y a pas eu, pour l’heure, une aug-mentation de nombre d’applications.On n’a pas encore cette visibilité et,pour l’instant, ce que nous avons en-trepris pour maîtriser ce champignon,ça a été de donner un mot d’ordre trèsstrict à nos planteurs de procéder auxcoupes feuilles puisque l’on sait trèsbien que la première démarche à faireest de couper les feuilles qui sont né-crosées, qui sont touchées par la ma-ladie ; et une fois coupées, on les metface contre terre pour éviter que leschampignons ne se répandent. Celadoit être fait régulièrement, toutes lessemaines.C’est déjà le premier moyen de luttecontre la cercosporiose noire.Après il faut assurer un traitement.C’est un travail de communication qui aété fait auprès des planteurs entre oc-tobre et novembre et de nouveau au-jourd’hui.

Après il y a le traitement aérien et letraitement terrestre par canon ou paratomiseur pour les zones qui sont ex-

clues du traitement aérien. Dans laplupart des cas, c’est fait, mais il y aquand même quelques planteurs quine le font pas. Nous sommes dansune phase d’avertissement et nousleur adressons des courriers recom-mandés leur demandant instammentde mettre cela en place sur leur ex-ploitation. Je vous rappelle que lalutte contre les cercosporioses estune lutte collective obligatoire. Elles’inscrit dans un arrêté préfectoral quirend obligatoire la lutte contre les cer-cosporioses noire et jaune et qui im-

pose à tout le monde de lutter contreces champignons ; et si on ne parti-cipe pas à cette lutte collective obli-gatoire, on est passible de prisonavec sursis et/ou d’une amende pé-cuniaire. Au cours du mois d’octobre,les équipes de la FREDON ont beau-coup travaillé avec les planteurs de ba-nanes plantain pour leur apprendrenotamment la technique de l’effeuil-lage, puisque jusqu’à présent, dans lecontexte de la cercosporiose jaune, ilsne le faisaient pas beaucoup. Là, dansle cas de la cercosporiose noire, ils se-ront obligés de le faire. Des équipes dela FREDON ont donc accompagné cesplanteurs sur ces techniques d’effeuil-lage. Afin de poursuivre cette action,j’ai adressé récemment au nom de laSICA TG un courrier de proposition decollaboration à la SOCOPMA.

La SOCOPMA, c’est une coopéra-tive de banane ?P. Monteux : Ils font de la bananeplantain. Nous leur avons indiqué,dans notre courrier précité, que nousétions à leur disposition pour leur four-nir le produit nécessaire aux traite-ments, c’est-à-dire l’huile et lefongicide, et qu’on offrait une aide fi-nancière à l’acquisition des atomi-seurs, à hauteur de 50 % du prix, aubénéfice des producteurs de bananesplantain adhérents de la SOCOPMA.

Vous ne vous occupez pas unique-ment de vos planteurs ? Vous êteslà pour la banane.P. Monteux : Pour toute l’agriculture.

Je verrai prochainement le Présidentde la SOCOPMA, Monsieur CharlesCYRIL, pour la mise en place opéra-tionnelle de cette coopération.

La cercosporiose noire accélère lemûrissement, il y a-t-il déjà desconséquences ?P. Monteux : C’est très compliqué dele dire. Il y a toujours des bananes quiarrivent mûres ; on n’a pas encore me-suré une augmentation considérablede ce taux mûr. Il est peut-être certainque du mûr que l’on a constaté est uneconséquence de la cercosporiosenoire, mais il est très difficile de trouverune corrélation au jour d’aujourd’hui.

Pour rassurer un peu la population,la cercosporiose noire n’a aucuneconséquence sur l’homme ni sur legoût des bananes ?P. Monteux : La bananeraie dans lemonde entier vit avec la cercosporiosenoire. Ça ne rend pas la banane im-propre à la consommation du fruit ; lacercosporiose noire est présente surtoutes les bananeraies d’Amériquecentrale, d’Amérique du Sud, d’Afriqueou de Saint-Domingue et jusqu’à pré-sent il n’y avait que deux zones quiétaient exemptes de ce champignon :l’Australie et les Petites Antilles maisces dernières sont touchées l’uneaprès l’autre puisqu’il y a eu, par ordrechronologique, Saint-Vincent, Sainte-Lucie et, depuis Septembre 2010, laMartinique ; aujourd’hui il ne reste quela Dominique et la Guadeloupe. Celan’empêche pas de faire de très bellesbananes ; nos compétiteurs y arrivent.Cela n’empêche pas la commercialisa-tion et la consommation des bananes.Par contre, si, au niveau des procé-dures agro techniques, on rate uneétape, c’est-à-dire si l’on coupe, parexemple, le fruit à un stade trop tardif,le mûrissage va se trouver accéléré àcause de la cercosporiose noire.

Lors de notre dernier entretien,nous avions parlé d’indemnisationsi la maladie arrivait. Est-elle là,comment fonctionne le système

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DOSSIER cercosporiose noire“La lutte contre la cercosporiose est une lutte obligatoireJsi on n’y participe pas il y a risque de prison avec sursisou d’une amende pécunièreJ”

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d’indemnisation ? Quelles sont lesconditions pour obtenir les aides ?P. Monteux : Nous avions effective-ment mis en place un mécanisme desolidarité prévu par les textes régle-mentaires qui n’a pas pu jouer du faitde notre mode de contamination.Il avait tout son intérêt par rapport àl’arrêté préfectoral qui avait été prisen juillet 2010 qui définissait des zonesfocus, des zones tampon et des zonesde sécurité.Par rapport aux foyers qu’on détectait,on définissait une zone focus puis unezone tampon et, enfin, une zone de sé-curité. À l’intérieur de la zone focus, tantque nous étions dans une démarched’éradication ou de tentative d’éradica-tion de la maladie, toutes les banane-raies devaient être arrachées oudétruites. Ce système-là était tout à faitviable à partir du moment où nousavions un point stable de contaminationautour duquel nous pouvions définir unezone focus que nous éradiquions. Mal-heureusement, il s’est avéré très vitequ’elle était présente sur de nombreuxpoints de notre île.

Si on couvre des cercles de 3 km par-tout, ça couvre toute la Martinique ?P. Monteux : Nous avons essayé de tra-vailler sur la définition de la zone focus ;nous avons construit une zone focus quis’étendait sur Bois Rouge à Ducos et quicouvrait une vingtaine d’hectares de ba-nanes établis que nous devions détruire.Mais, le matin où on avait ordonné ladestruction, on me l’a signalé à Schœl-cher et à Fort-de-France. À partir de cemoment, bien évidemment, nousn’avions plus aucune raison de détruirevingt-cinq ou trente hectares de ba-nanes à Ducos alors qu’elle allait pros-pérer parallèlement à Schœlcher, àFort-de-France, au Lamentin ou à Saint-Joseph et j’en passe.

Donc vous avez laissé tomber.P. Monteux : Ce mécanisme de solida-rité a été dissous du fait qu’il n’avait plusde raison d’être. Cependant, bien quenon adhérent d’un groupement de pro-ducteurs de bananes, il nous a permisd’indemniser un producteur de bananesplantain, qui, malheureusement, fut laseule personne à avoir vu ses parcellesdétruites. Il s’agissait des parcelles surlesquelles, en premier, la cercosporiose

noire avait été découverte. Nous espé-rons aujourd’hui que l’indemnisation quenous lui avons versée lui permettra derelancer son exploitation.

Aujourd’hui, le planteur qui a unchamp de bananes doit, semaineaprès semaine, payer certainementde la main-d’œuvre supplémentairepour l’effeuillage, il n’a pas d’indem-nisation ?P. Monteux : L’effeuillage est quelquechose qui était déjà préconisé dans lecadre de la lutte contre la cercosporiosejaune. Bien sûr, une des conséquencesde la lutte contre la cercosporiose noiresera une augmentation du coût de re-vient. On n’a pas encore mesuré ou chif-fré cette augmentation, mais c’estquelque chose de probable. Mais c’estvital et lorsque c’est fait régulièrement,cela s’absorbera naturellement.

Cette maladie a-t-elle eu des consé-quences sur la confiance que l’onavait dans la banane martiniquaisedans l’hexagone chez vos principauxclients ?P. Monteux : Non, en aucune manière.Elle est de partout. Elle est arrivée enMartinique tout simplement.

Qu’en est-il de la problématique desbananiers particuliers ?P. Monteux : Une campagne de com-munication a été faite au niveau de laFREDON et de la Protection des Végé-taux avec des affiches dans les jour-naux, des spots radio, des affiches dansles jardineries, pépinières etc., la distri-bution de flyers… C’est extrêmementcompliqué d’en mesurer la retombée.C’est un travail de longue haleine. Noussommes convaincus qu’il faudra la re-nouveler régulièrement mais cela a uncoût.

Vous travaillez en collaboration avecle programme JAFA ?P. Monteux : Ils font leur travail et nous

sommes proches de gens qui aiment lejardinage ; après c’est le grand public.Vous prenez votre voiture, il y a des ba-naniers qui sont complètement envahispar la cercosporiose, comment les dé-truire ? C’est un peu compliqué.Ce sera long, c’est vrai que l’accueil aété plutôt favorable, est-ce que ça amarqué, est-ce que c’est resté dans l’es-prit des gens, oui mais pas à 100%. Jerappelle que la cercosporiose ne pré-sente aucun danger pour l’homme ; re-gardez les campagnes faites pour luttercontre la dengue qui, elle, a une consé-quence directe sur la vie. Est-ce qu’ellesont eu un effet ? Pas vraiment. Malheu-reusement, nous pouvons constaterque, dans de trop nombreuses maisons,il perdure des nids de reproduction demoustiques. Il faut avoir de la relativité,ce n’est pas pour autant qu’il ne faut pascontinuer, c’est un combat de longue ha-leine. Ce n’est pas la protection de mesbananiers, c’est la protection des bana-niers de tous les Martiniquais. Je penseque les gens réagiront naturellementquand ils verront leurs bananiers ne plusporter de bananes, parce que leursfeuilles sont nécrosées, et d’eux-mêmesils couperont les feuilles. Tout cela ren-trera dans les habitudes. Notre pro-chaine opération par rapport au grandpublic sera de proposer et de distribuerà la population des plants de banane ré-sistant aux cercosporioses.

Ça existe, vous avez finalementtrouvé un remède miracle pour lesplanteurs ?P. Monteux : Pas pour les plan-teurs…Ces plants sont issus d’une re-cherche faite par le CIRAD, et donnentdes bananiers résistants ou tolérants àla cercosporiose, par exemple la 920.Mais, malheureusement, ces bananiersne sont pas adaptés à une productionagricole : bananier très haut, fruit avecune peau très fine peu propice à sontransport …. Par contre, ils donnent unebanane excellente proche de la pomme

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figue. Toutes ces contraintes qui exis-tent pour le planteur n’existent paspour le particulier puisque c’est de laconsommation personnelle.

Suite à la visite de M. Sarkozy, est-il prévu une enveloppe budgétairespécifique à la lutte contre la cer-cosporiose noire, ou pour résoudreles problèmes des agriculteurs ?P. Monteux : Nous ne sommes passur les mêmes thématiques. Au-jourd’hui, les aides nous proviennentde l’Union Européenne et elles nousservent à maintenir notre productionde bananes et ses milliers d’emplois.C’est sur ce schéma-là qu’il faut tra-vailler, notamment au regard desconcessions qui ont été ou qui serontfaites par l’Union Européenne sur ledroit de douanes applicable aux ba-nanes Dollar ; ainsi, avec l’accord deGenève de Décembre 2009, le droitde douanes a baissé de 176 à 148euros la tonne ; cette baisse sera en-core amplifiée avec les accords bila-téraux qui sont en passe d’être signéspar l’Union européenne avec les Paysdu Pacte Andin et du Marché Com-mun des Etats d’Amérique Centrale etqui programment un droit de douanesà l’horizon 2020 à 75 Euros la tonne.C’est par rapport à ces décisions quisont prises par l’Union Européenneque nous nous devons d’agir. Il est né-cessaire que l’Union Européenneprenne ses responsabilités par rap-port à sa propre production commu-nautaire de bananes. D’autant qu’ellea pris, dans le cadre de la baisse dudroit de douanes applicable aux ba-nanes dollar, des engagements decompensation financière à l’égard despays ACP producteurs de bananesdans le cadre des APE. Ainsi, elle aaccepté de mettre en place en leur fa-veur un programme d’aides à l’inves-

tissement de l’ordre de 200.000.000d’euros. Par conséquent, si l’UnionEuropéenne prend des engagementsfinanciers à l’égard des pays ACP, na-turellement elle doit en prendre àl’égard de sa propre production cana-rienne, madérienne ou antillaise. Desdiscussions sont en cours et nous es-pérons qu’elles aboutiront favorable-ment.

Les instituts techniques travaillent-ils sur la prévention ?P. Monteux : La seule préventionc’est de trou-ver une plantequi soit résis-tante à la ma-ladie. Il n’y apas de médi-cament. Lar e c h e r c h econtinue. Trèsc la i r emen t ,des bananiersrépondant àtous les cri-tères peuventexister maisils ne sont pasu t i l i s a b l e schez nous,car OGM.

Il y a deschiffres, uni-q u e m e n tpour la Marti-nique oupour les An-tilles fran-çaises, surles coûts dela recherche,pour la ba-nane ?P. Monteux :

Nous avons un institut technique au-jourd’hui qui fonctionne parfaitement.Ça représente un budget annuel, surcette thématique de recherche fonda-mentale sur l’aspect variétal et sur lathématique de mise en place d’itiné-raires culturaux innovants, d’environ1.200.000 euros par an.

Combien y a-t-il de chercheurs ?P. Monteux : L’institut technique estprincipalement un trait d’union entreles organismes de recherche, biensouvent d’Etat, le CIRAD, le CEMA-GREF, l’INRA… et la production, lesproducteurs et les groupements deproducteurs. Les équipes de l’instituttechnique, ce ne sont pas des cher-cheurs avec des éprouvettes dans unlaboratoire. Ce sont plutôt des chefsd’orchestres qui vont initier ou ré-orienter la recherche des véritableschercheurs.

P. PIED

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