"Marolles: Trajectoires, identités, territoire" Livret 10

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Michel no.10 Nous voici ici Rue Notre Seigneur. Jusque fin du XVIIème siècle, au moment de la passion du Christ, on proposait à un condamné à mort de jouer la passion du Christ. Il devait faire le chemin de croix et il était crucifié. S’il réchappait, il avait la vie sauve. Les gens avaient la vie dure à l’époque. Il y a un garçon qui habitait ici dans la rue. Qui avait été condamné à mort et sa sœur l’a persuadé de tenter sa chance : « Joue le rôle du Christ et si tu survis tu auras la vie sauve ». Ce brave garçon a fini par accepter, il a joué la passion du Christ. Il a été Carnet

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Durant près de deux mois, 25 habitants des Marolles ont participé à des ateliers artistiques basés essentiellement sur la marche, la photographie et l’écriture. Des mots ont émergé comme pompiers de la lune, chaleur humaine, Los Marolles, Limace Mystique, promiscuité, luttes pour le logement, opération matelas, propreté, territoire confisquée, privatisé, dépendance, action sociale, émancipation, associations, esprit bruxellois, commémorations latinistes, Vieux-Marché, le promoteur et sa fidèle épouse la bureaucratie, le complot, l’accueil, la tolérance, l’ascenseur, le paradis et une corde pour la nuit… Cette richesse vécue est ici présentée composé de photos, de morceaux d’âmes choisis, de chair, de sang, de matière poétique et singulière… d’esprits tapageurs.

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Nous voici ici Rue Notre Seigneur. Jusque fin du XVIIème siècle, au moment de la passion du Christ, on proposait à un condamné à mort de jouer la passion du Christ. Il devait faire le chemin de croix et il était crucifié. S’il réchappait, il avait la vie sauve.

Les gens avaient la vie dure à l’époque. Il y a un garçon qui habitait ici dans la rue. Qui avait été condamné à mort et sa sœur l’a persuadé de tenter sa chance : « Joue le rôle du Christ et si tu survis tu auras la vie sauve ». Ce brave garçon a fini par accepter, il a joué la passion du Christ. Il a été

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crucifié et a survécu.

Ces copains de truanderies prétendent qu’il a juré le nom de Dieu jusqu’à la fin de ses jours.

Mais où est-ce qu’on est ici ?

Michel : Et bien nous sommes devant ma galerie la Girafe qui est ici au fond de l’allée.

Elle existe depuis 20 ans. Elle a été créée par une dame qui s’appelle Stefania Unwin

Nowak qui est allemande originaire de Pologne. Quand elle a pris sa pension en 1989, elle a monté une galerie ici à Bruxelles et à Berlin pour permettre à de jeunes artistes d’avoir une expérience à l’étranger. Et la particularité des deux galeries, c’est qu’elles sont mécènes et qu’elles ne demandent pas d’argent aux artistes. Elles paient tous les frais.

Il y a 3 restaurants dans la Rue Notre Seigneur, donc

« La Grande Porte » très vieux restaurant où on mange la soupe à l’oignon, des ballekes, du poulet à la Kriek, Stoemp saucisses, saucisses-lard.

« La grande porte » c’est un endroit important parce que la personne pour j’ai repeint l’appartement rue Notre-Seigneur adore la Grande Porte et tous les 3 mois on vient manger un steak frites.

C’est une sorte de rituel ?

Oui un rituel important. Parce que pour mon collègue, qui est français, pour lui un vrai repas au restaurant c’est un steak frites.

Vous avez beaucoup d’amis belges maintenant ou vous êtes toujours en contact avec la diaspora française ?

J’ai plusieurs amis mais je suis en contacts avec des belges et des gens de toutes

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les nationalités, puisqu’ici dans le quartier il y a toutes les nationalités. En plus à la galerie la Girafe, on accueille régulièrement des artistes étrangers. Donc je suis souvent entouré d’étrangers.

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Ici ce sont les Brigittines, un centre culturel dédié au mouvement et au son. Elles ont été réhabilitées. Ils ont construit une partie contemporaine avec exactement le même volume. Certains n’aiment pas mais moi j’adore.

Recyclart c’est un projet

culturel mais c’est également un projet de réinsertion sociale puisqu’il y des ateliers bois et acier.

Josée : Est-ce que ce sont eux qui ont fait ces bancs ?

Michel: oui et juste en face il y a le petit terrain de pétanque et le mobilier urbain du terrain de pétanque a été conçu par un designer de la Drôme, Léopoldine Roux. Et le premier concours de pétanque réalisé par Recyclart, je faisais parti d’une équipe française, Léopoldine, son père de passage à Bruxelles et un marseillais.

Quel lien tu as avec les Tanneurs?

Je suis arrivé sur le quartier au moment du montage du spectacle du Grand Bal des Marolles. Une de mes collègues de la galerie de la Girafe jouait dans le spectacle. Donc on a décidé de monter une exposition autour du spectacle à la Girafe. Comme dans le bal des Marolles, ce n’était que des gens qui vivaient dans le quartier et bien j’ai fait la connaissance de tout le monde.

Cela a permis une intégration?

Oui à ça m’a permis de connaître à travers ce spectacle, l’histoire du

quartier. Puisque les gens racontaient leur histoire et celle du quartier.

Cela fait 09 ans que je vis ici et 14 ans que je connais le quartier puisqu’ ‘il y a 14 ans j’étais artiste à la Girafe. Donc je venais régulièrement. Là Maintenant je suis vraiment un Maro … un habitant des Marolles.

Comment on devient Marollien ? Il y a des rites ?

Mais on devient marollien le jour où on se dit, Chez nous c’est ici !

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6Tu t’es réveillé un matin et pouf ?

Mais non c’est pas un matin, c’est petit à petit que tout cela arrive. On lie connaissance avec des gens : son épicier, avec les tenanciers de ses magasins. Et puis il y a un moment où l’on se dit ben non je n’ai plus envi de déménager. Ici j’ai envi d’y rester.

Parce qu’au début quand on arrive, on se dit bof ça manque de verdure ici !

Qu’est-ce qui te lie le plus au quartier ?

En fait ce sont les gens. J’en connais qui vendent au Vieux Marché, les caissières du Delaize, j’ai des amis qui habitent le quartier comme Guy qui vit ici depuis pas mal d’années. C’est surtout les gens qui font qu’on est bien dans un quartier.

Il y a un côté village ici. Par exemple je peux pas allez faire les courses dans le quartier sans rencontrer deux ou trois personnes que je connais. Voilà les gens se connaissent encore.

Et pourtant dans ma rue qui n’est pas grande, la rue Notre-Seigneur, il y a quand même une dizaine de nationalités représentées : anglais, allemands, français, irlandais, des italiens ou espagnoles. On se voit rarement mais on se dit bonjour.

Quand ils ont lancé la fête des voisins, j’avais organisé un apéro à la girafe et envoyer l’invitation aux voisins pour mieux apprendre à se connaître et j’ai eu une douzaine personnes de la rue qui sont venues. Et c’était sympathique. Certains je ne les avais jamais vu. Mais ils

avaient envi de rencontrer leur voisin de rue. Et depuis chaque année on fait un p’tit apéritif et c’est chaque fois une personne différente qui invite.

Est-ce que le quartier a changé pour toi ?

Ah oui je trouve que le quartier a fort changé. En 1989 quand je suis venu dans le quartier je suis venu avec des gens qui connaissaient bien Bruxelles et le quartier était beaucoup plus pauvre qu’il ne l’est maintenant. Au milieu des années 90, beaucoup de

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8maisons ont été rachetées parfois par des promoteurs étrangers. Apparemment des promoteurs suédois venaient ici achetés des appartements pour les retaper. Deux types de populations vivent dans le quartier, il ya beaucoup de logement sociaux et des immeubles assez grand standing.

Dans le quartier nous avons trois restaurants sociaux, Nativitas, Poverello et le Comité de la Samaritaine. En fait il y a énormément de structures qui viennent en

aide aux plus démunis. Il y a une très forte demande ici. Nous sommes dans une des zones de Bruxelles les plus denses aux niveaux structures sociales.

Josée : Et finalement qu’est-ce que tu aimes dans le quartier

Michel : Le côté village. Par exemple je peux pas allez faire les courses dans le quartier sans rencontrer deux ou trois personnes que je connais. Voilà les gens se connaissent encore.

Dans ma rue qui n’est pas grande, la rue Notre-Seigneur, il y a quand même une dizaine de nationalités représentées : anglais, allemands, français, irlandais, des italiens ou espagnoles. On se voit rarement mais on se dit bonjour.

Quand ils ont lancé la fête des voisins, j’avais organisé un apéro à la girafe et envoyer l’invitation aux voisins pour mieux apprendre à les connaître et j’ai eu une douzaine personnes de la rue qui sont venues. C’était

sympathique. Certains je ne les avais jamais vu. Mais ils avaient envi de rencontrer leur voisin de rue. Et depuis chaque année on fait un p’tit apéritif et c’est chaque fois une personne différente qui invite.

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