mariage franco grec

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Coll.. Revue catholique de l'Alsace. 1910. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable du titulaire des droits. *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected].

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Coll.. Revue catholique de l'Alsace. 1910.

1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numriques d'oeuvres tombes dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur rutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n78-753 du 17 juillet 1978 : *La rutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la lgislation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La rutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par rutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits labors ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accder aux tarifs et la licence

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XXIXe ANNE

REVUECATHOLIQUED'ALSACE

NOUVELLE

SRIE

F.

X.

LE ROUX 6r Imprimeurs-Editeurs STRASBOURG (Als.). 1910.

CIEE

A LA REVUE CATHOLIQUE.

Les hommes et les Revues Jamais ne devraient vieillir Avant d'avoir fait jaillir Les fleuraisons entrevues. Depuis trente ans bientt, tu nous viens chaque mois, Sous tes saines couleurs, petite sur aime D'Alsace, nous charmer, comme un rare came, Par ton discret sourire et ton maintien courtois. Les lis et leurs surs, les roses Ne devraient jamais Perdre les attraits De leurs corolles closes Je te salue, toi, charmante en tes Je t'aime, ma surette, en grces Malgr les temps si durs, oh, reste Et lutte vaillamment contre le vent atours, si fconde; nous toujours, et l'onde

La fauvette et le rossignolet, Comme deux gais troubadours harpistes, Devraient de leurs doux gosiers d'artistes Animer toujours le buissonnet De tes nombreux amis le cortge fidle Aux jours d'adversit comme en tes heureux jours, A ton charme captivant sourira toujours, Parce que toujours il te trouve douce et belle. Pourquoi donc faut-il voir finir Les plus belles choses ? Elles ne devraient pas mourir Les roses closes!

A LA

REVUE

CATHOLIQUE.

Ceux que ton gai babil, ceux que ton chroniqueur, Dont l'esprit jeune encor toujours brille et ptille, Charme, te resteront. Ils n'ont qu'un mme cur tant de la mme famille Et qu'un amour Le grand coeur et le mont lev Abritent leurs cimes Dans l'azur scintillant rserv Aux aigles sublimes Il faudra remplacer les amis que la mort A couchs dans la tombe. Enchans ton sort, D'autres viendront arms pour le jour des batailles Sans peur des horions, sans crainte des entailles Un sang gnreux bout encor Dans notre race, Et c'est le plus royal trsor De notre Alsace. D'un long pass de gloire ils resteront jaloux Les jeunes d'aujourd'hui. La forme de culture, Que ton vert gcnfanon abrite pour nous tous, Attire les esprits par son attique allure. Toute saine tude est un progrs De l'esprit avide de lumires, Un des plus dlectables attraits Inconnu seul aux mes vulgaires. Et nous verrons encor planer au firmament Ma sur au nimbe d'or, brillante de lumire, Rayonnante toujours en sa noble carrire, Avec une toile son front charmant. Sachons empcher la Revue De vieillir et de prir, Avant d'avoir fait jaillir Toute la moisson entrevue.J. PH. RIEHL.

HARO SUR.

LES TROUBLE-FTE.

La lettre de l'Episcopat franais mettant les consciences catholiques en garde contre les violations de la neutralit des pres de famille scolaire, et signalant l'attention quelques manuels employs dans les coles, a t une pierre inattendue dans la mare aux grenouilles anticlricales, d'o monta aussitt une extraordinaire cacophonie de coassements. Les cris de rage des gardiens de l'cole laque troubls dans leur quitude ont trouv un retentissant cho dans toute la presse judaco-maonnique de de l'Europe. Il ne serait donc peut-tre pas inopportun montrer, ailleurs qu'en France, combien juste et ncessaire tait la condamnation porte contre ces manuels, dont le vritable danger rside d'abord dans la tendance ou gnrale des auteurs dnigrer ce qui est catholique'

1 ,,Le des rformateurs, moine trs pieux, ne Luther, premier cesser d'tre catholique; il voulait simplement songeait nullement le retour la puret des premiers temps du christianisme." (Calvet). Sans doute en tolrant la bigamie ? naturel,,Les protestants, perscuts par les rois, se trouvrent et lement amens combattre Les catholiques l'autorit royale. les protestants furent aussi coupables les uns que les autres. Il faut reconnatre, qui, par le^mascependant, que ce sont les catholiques sacre de Vassy, ont provoqu la lutte. (Calvet.) Comme toujours, 1 c'est le lapin qui^commence

HBO SUR.

LES TROUBLE-FTE.

mme simplement chrtien, faire la conspiration du silence autour de tout ce qui est favorable l'Eglise, et chanter sur tous les tons les imperfections qu'on y dcouvre comme dans toute socit compose d'hommes ensuite dans la brutalit voulue de l'attaque et dans la et saperfidie de la phrase o le venin est subtilement les vamment dos pour ne pas rvolter de prime-abord une nourriture si frelate. estomacs non habitus De toutes faons, dit M. Gabriel Latouche, par assertions fausses ou exagres, par insinuations, par mensonges, par calomnies (on ne recule devant aucun moyen) on dtandis que nigre, on dchire l'Eglise et les catholiques, par des procds contraires, on excuse, on disculpe, on trs svres, mais jusexcite leurs adversaires. Paroles tifies, comme nos rfrences l'tabliront. Les auteurs de ces livres agissent comme les adversaires de la peine de mort, qui cherchent nous apitoyer sur les pauvres condamns. Ils nous les dpeignent tremblants de fivre, secous par les frissons de la peur, en proie la plus terrifiante angoisse, la veille de l'excuils se gardent bien de nous faire assister tion ; mais aux affres de leurs victimes. Et d'abord une observation gnrale, qui a son importance. Pour la plupart d'entre eux, l'histoire de France commence, proprement parler, la Rvolution. Avant 1792, il n'y a que des broutilles peu dignes du grand foyer moderne, des miettes indignes de figurer sur la table richement dresse de la science moderne. Comme si le progrs n'tait pas le rsultat d'une longue srie comme si chaque sicle n'apportait pas l'did'efforts fice humain des matriaux successifs; comme si le dernier anneau de la chane ne tirait pas une partie de sa force de son union avec les chanons prcdents En quelques on expdie les premiers lignes perfides et tendancieuses, sicles de notre histoire. Si Clovis s'est fait baptiser, ce1 Cf. Victor Hugo, Le dernier jour d'un condamn.

HARO SUR.

LES

EOXIBLE-FTE

n'est aucunement pour obir une conviction raisonne, c'est par intrt, pour avoir comme nous le pensons, le Pape a pos la couronne l'appui des vques . Si c'est parce qu'alors impriale sur la tte de Charlemagne, celui qui la lui avait il pouvait se croire suprieur il voudra, par suite, se faire obir des empedemande d'o des luttes.2 2 Pour les Croisades c'est la reurs, elle voyait dans une guerre papaut qui en a eu l'ide sainte en Orient le moyen de montrer sa force et de ser la domination du monde. vir ainsi ses prtentions de Quant aux barons, ils ont vu dans ces entreprises beaux coups donner, peut-tre des royaumes acqurir; dans leurs chteaux, et la guerre du reste, ils s'ennuyaient en pays lointain tait pour eux une distraction. Qu'il y ait du vrai pour certains barons, je n'y veux contredire. Mais ramener les Croisades ces proportions mesquines, et laisser ignorer le vritable but que se proposaient les c'est donner croiss, la dlivrance du Saint-Spulcre, entendre que l'impartialit n'est qu'un vain mot. Pour Calvet, Jeanne d'Arc, c'tait une paysanne douce et pieuse, qui prit pour un ordre de Dieu les appels de son cur. Oh ces appels du cur d'une pauvre bergre qui ne songeait qu' filer sa quenouille et garder son troupeau Pour Bressolette l'empereur Julien ne pouvait souffrir les premiers chrtiens qu'il trouvait ignorants. Et les chrtiens ont dit beaucoup de mal de lui. Il n'en a pas moins t un prince bienfaisant, il n'en a pas moins t l'empereur aim des Gaules. Tu parles, dirait un gavroche de Paris! Les chrtiens de son temps, des ignorants! St JSt Hilaire ? rme, St Cyrille, St Basile, St Grgoire, des ignorants Et avant eux, Lactance, Arnobe, Justin, Des ignorants, les Tertullien, Origne? des ignorants! fidles forms par de tels hommes

1 Calvet, Histoire de France. Cours prparatoire, p. 27. Cours moyen et suprieur, Calvet, Calvet, 1. c. p. 34.

p. i5.

HABO STO.

LES TBOUBLE-PXE.

Un prince bienfaisant, celui qui fit saisir Marc, vque d'Arthuse, et ordonna de battre de verges cet homme qui avait drob Julien enfant au massacre de sa famille et soustrait aux cruauts de Constance, de lui arracher la barbe, de le dpouiller de ses vtements et d'exposer son corps nu, frott de miel, la piqre des abeilles Il a t dmontr, par d'irrfutables preuves, que le pape tromp sur le vrai caractre de la Saint Barthlemy et inform que la Cour de France avait chapp un complot huguenot, flicita Charles IX de n'avoir pas t la victime des conjurs. C'est ainsi que l'empereur d'AlleEdouard d'Anadversaire, magne fliciterait son royal. Or, gleterre, d'avoir djou une tentative d'assassinat. Bressolette dnature ce fait si simple et si comprhensible, cet acte d'urbanit politique, au point de nous montrer le Souverain Pontife applaudissant ce massacre sauvage. Nul n'ignore, si peu initi qu'il soit l'histoire, que Henri IV, tromp par de faux rapports, crut rellement que les Jsuites soudoyaient des assassins et svit contre eux, mais aussi qu'aprs plus ample inform, il rappela ces religieux en France, et ordonna mme de dtruire un monument lev Paris l'occasion de leur expulsion. Voyez ce que cette vrit historique devient sous la plume Les Jsuites, qui armaient le bras des de Bressolette assassins contre Henri IV, furent expulss de France!) 1 De l'acte rparateur du roi, pas un mot. St Martin mourut trs vieux. Pendant qu'il tait vivant, les gens d'alors avaient cru navement qu'il pouvait faire des miracles. Aprs sa mort, on crut que son tombeau pouvait en faire galement. 2 La voil leur neutralit, la voil dans toute sa beaut de mritoire laque Condorcet prsenta au dbut de la Rvolution un tait emprunte rapport clbre, dont la statistique

1

Bressolette, 2 Ibid. p. 5.

Hist. de France,

p. 66.

HARO SUE.

LES

TROUBLE-FTE.

Romme, l'adversaire le plus acharn de l'ancien rgime, dans lequel il value la dpense faite pour les coles, soit au plus de 20 millions, la fin de la monarchie, et remarquez qu'amoins 60 millions de notre monnaie de la France tait bien infrieure lors la population celle d'aujourd'hui. Cela n'empche pas Bressolette d'crire Au XVIIe du peuple tait nglige. sicle, l'instruction J'en passe et des meilleures de cet. historien (?) qui nous prsente la Convention comme librale et humaine MM. Roger et Despiques ne craignent pas d'crire cette phrase monumentale a Sous l'Ancien rgime, il y avait quelques collges fonds par des legs et dons de et o l'on apprenait les belles-lettres, riches particuliers, mais ils taient rservs aux nobles et aux bourgeois. Les coles populaires taient rares, surtout la campagne, et 1 coles quelles Or, voici une statistique qui prouve bien que les coles primaires taient rares Ouvrons le livre de M. R. de Beaurepaire (L'instruction publique dans le diocse de Roimi), nous y trouvons pour tout l'ancien diocse de Rouen (beaucoup plus grand cette curieuse statistique dresse par les proaujourd'hui) cs-verbaux des visites .pastorales en de Mgr d'Aubign 1718: 1 159 paroisses visites; 855 coles de garons, 3o6 coles de filles. Dans le diocse d'Autun, on compte 295 coles sur 383 paroisses. Dans celui de Chlons-sur-Marne, on trouve

( A la mauvaise propos du rle, du clerg sous la Rvolution, foi de l'auteur de ce Manuel est aussi perfide que rvoltante. Il commence par soutenir (p. 136) que ,,seuls, les vques, la nuit du de s'associer au mouvement 4 aot, refusrent pour la renonciation alors que la vrit est que, prcisment, ils furent ,,aux privilges", les premiers, et l'vque de Mgr de la Fare, vque de Nancy, proposer la suppression de leurs droits. Chartres, L'archevque de Paris fit mme chanter un Te Deum Notre-Dame en souvenir de cette nuit mmorable.

HARO

STJB.

LES

TBOUBLE-FTE.

235 coles sur 3 19 paroisses. Dans celui de Sens, autant d'coles que de communes. Dans celui de Coutances, taient pourvues d'coles. presque toutes les paroisses Sur les 446 communes du dpartement de l'Aube, 405 avaient des coles. Dans la Haute-Marne, sur 55o paroisses, il y avait 473 coles. Sous l'ancien rgime, le du Doubs possdait une universit, cinq coldpartement lges et des coles primaires dans toutes les paroisses. Ajoutons que, dans la plupart des cas, les instituteurs taient tenus de recevoir gratuitement un certain nombre d'lves. Dans les coles tenues par des congrganistes et il y en avait beaucoup n'tait peraucune rtribution ue (V. L'instruction publique et la Rvolution, par Albert Duruy). De tout cela pas un mot Mais alors que devient, je ne dis pas seulement la neutralit, mais l'impartialit ? Certes, il n'y avait pas alors des palais scolaires comme Pourtant les coles devaient tre bonnes, car aujourd'hui. enfin les hommes de la Rvolution, que les manuels prsentent comme des gants de la pense, en sont sorties. les Montagnards n'ont pas t Mirabeau, les Girondins, forms par nos Aliborons modernes! Et Racine, et et Molire, et La Corneille, et Pascal, et La Fontaine, Sans compter Bruyre, et Bossuet et Fnlon non plus de la Rvolution le Petit Caporal et tous les gnraux Et je ne parle pas des savants Devinat rdite sans broncher le mot du Lgat du Tuez-les tous, Dieu saura Pape au sige de Bzierj il faut tre ignorant comme reconnatre les siens. Or, un primaire pour ignorer que le fait est controuv. ses parents puis Un enfant pouvait tre arrach lev leurs frais dans le mpris de leurs plus chres croyances. Soit, cela a d parfois se passer aussi, et il Mais demandez faut condamner cette pratique tyrannique. de la Rpublique donc aux fonctionnaires Franaise, surtout ceux qui sont pauvres, s'ils ont la libert de faire

HARO

SUR.

LES

TEOTTBLE-FTE.

lever leurs enfants

par des matres

qui respectent

leurs

croyances catholiques Monsieur Devinat, vous parlez de corde dans la maison d'un pendu. Cela est bien imprudent! Lorsque les auteurs de ces manuels touchent au domaine religieux et moral, ils ont la main particulirement. laque. Au fils temps de l'empereur Auguste, l'Hbreu Jsus-Christ, il s'and'un pauvre charpentier, parcourut la Palestine, ce juste Nouveau nonce comme fils de Dieu. Socrate, est condamn mort. Il expire sur la croix Pardon, ce blasphme Pardon, mon divin Matre, de reproduire de vous servir ces monstruosits! cher lecteur catholique, notre bien-aim Dieu, compar Socrate, Jsus-Christ, Mais il faut bien montrer ce que ces faquins l'hypocrite qui font la roue cachent sous leurs plumes caudales. La Bible renferme des rcits plus ou moins lgendaires. Jsus est reprsent par Aulard et Dbidour, comme un sage qui se disait lui-mme Dieu. Aprs sa mort, ses disciples racontrent qu'il tait ressuscit, et le comme n d'une vierge et non seulement reprsentrent comme fils de Dieu, mais comme Dieu lui-mme. 2 Lorsqu'il s'agit de religion, chacun de nous est libre de croire ce qu'il veut. Cela revient dire que lorsqu'il circule des pices fausses avec les pices vraies, chaque citoyen est libre de donc un prendre- et d'couler celles qu'il veut. Essayez peu et demandez l'Etat mme laque, ce qu'il en pense Chacun de nous a le droit d'avoir une religion ou de n'en pas avoir. Chacun de nous a le droit d'honorer Dieu ou de croire que Dieu n'existe pas. 3 3 On sait que les religions ont eu une origine commune dans la peur des forces hostiles et dans une interToutes au dbut se valent. prtation nave de la mort.

1 J. Gust et Fr. Masse, Hist. de France. C. sup., p. 56. 1 Aulard et Dbidour, Notions d'hist. gnrale, pp. 19, 21, 23. 8 Albert Bayet, Leons de morale, p. i55, 6 et 7.

HARO STJB.

IiEB

TBOTJBI.E-'TE.

Jhovah a bien des traits d'un despote cruel et vin1 dicatif, m1 Le christianisme semble avoir, non en thorie, mais en pratique, limit son effort la lutte contre l'orgueil et la sensualit. Il n'a condamn ni la guerre, ni l'esclavage. (- Vraiment M. Payot !) Il a rpandu des flots de atroces et dans des guerres sang dans des perscutions Ses livres saints, crits par un peuple religieuses. grosD'autre sier, ont familiaris les fidles avec la violence. ternels, cette repart, par sa conception des chtiments l'horreur ligion n'a pu inspirer pour la cruaut. A ce est infrieur au le christianisme point de vue particulier, et il n'a accompli qu'une partie de la misbouddhisme, sion qui incombe aux ducateurs. 2 Que chacun soit libre de croire ou de ne pas 3 croire. Comment les vques, gardiens du dpt sacr de la laisser enseigner des principes doctrine, pourraient-ils de toute foi et de toute aussi manifestement destructeurs morale. Et il y a des gens qui osent dire: Mais de quoi se mlent les vques? De ce qui les regarde, parbleu! Et ce n'est que le premier acte du drame religieux qui se Nos chefs scelleront de leur sang, s'il passe en France. le faut, leur inbranlable La parole de Non possumus Montalembert est plus vraie que jamais. Les fils des croiss ne reculeront pas devant les fils de Voltaire. J. PH. Riehl.1 J. Payet, Cours de morale, p. 191. 2 Ibid. p. 192. S J. Payot, La morale l'cole, p. 23o.

LES TRIBULATIONS D'UN MARIAGE FRANCO-GREC.

En igo5, je passai quelques jours de l't sous le merveilleux ciel de la Grce, au pied de l'Acropole. Dans les cercles grco-franais, il n'tait question que de la du jeune duc Marc de la Salle de fugue matrimoniale Rochemaure. Fils d'une des personnalits les plus connues du Cantal, il voyageait en Grce, accompagn de son prcepteur, M. Guiffard. Un jour, il rencontra une jeune Grecque d'une merveilleuse beaut, Marika Karou une famille trs honorable, mais peu sos, appartenant fortune du Nouveau-Phalre. Ce fut le coup de foudre. Marc de la Salle se fit prsenter la famille de la jeune fille et la demanda en mariage. Le pre du jeune duc fut prvenu, et le jour mme o taient clbres les fianailles, Marc de la Salle tait enlev par son prcepteur, bord du Roiembarqu Georges et emmen ensuite Vienne. Marika ne se laissa pas dsesprer elle partit pour Vienne, et son tour enleva son fianc. Les deux jeunes en Grce, et quelques gens retournrent jours aprs, le devant un prtre grec mariage tait clbr Eleusis, au milieu de grandes rjouissances. schismatique, M. de

LES

TRIBULATIONS

D'UN

MARIAGE

FRANCO-GREC.

la Salle pre ne fut pas content il envoya Athnes un avocat, Me Barbier Saint-Hilaire, qui parvint ramener en France le jeune Marc de la Salle. Telle est cette affaire retentissante. Le tribunal de Grenoble (France) juge en ce moment ce procs, la requte de M. le duc de la Salle, pre. Le mariage grec, positis ponendis, tait-il valable ? Le pre, ancien camrier du Pape, introduisit, devant le tribunal de Rome, un procs tendant la nullit du mariage de son fils avec Marika Karousos. Un prlat romain fut dlgu Athnes pour faire l'enqute matrimoniale. Marika, qui venait d'tre mre, alla se jeter aux des rites, aprs avis du pieds du Pape, et le tribunal prlat romain, concluant la validit du mariage, repoussait la demande et dclarait valide le mariage. M. le duc de la Salle, pre, saisit alors les tribunaux ce qui lui valut l'excommunication. franais Dans l'espoir de faire rapporter cette mesure, il s'est retir du procs, et son fils seul, le poursuit aujourd'hui. assiste aux dbats elle La belle Marika Karousos a pour avocat Me de Saint-Auban. Le duc de la Salle, mari de Marika, s'est abstenu de paratre dans la salle il a pour avocat Me Grolle. Celui-ci s'est efforc d'tablir que le mariage Eleusis, la moderne Lepsina, a t un acte de folie de la part du jeune duc de la Salle et un acte de bas calcul de la part de Marika Karousos. Le mariage est nul, dit-il, parce qu'il n'a pas t public et aussi parce que les parents de l'un des contractants n'y ont pas consenti. Il fallait d'abord, pour que le d'une attestation fournie mariage fut public, prsentation Athnes, tablissant de France, que par le Consulat n'a pas M. de la Salle n'tait pas mari. Ce document t fourni, et M. Karousos, pre, ne l'a pas demand, parce qu'il savait qu'il lui serait refus. Le cur greca procd, nanmoins, du Nouveau-Phalre schismatique ce au mariage, et cependant, peu de jours auparavant, mme prtre avait procd au mariage d'un autre Fran-

LES

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MARIAGE

1!'RANCO-GREC.

ais, M. Wolff, et avait exig de lui tous les documents en outre, dclarer ncessaires. Deux tmoins vinrent, les familles des deux fiancs. ce prtre qu'ils connaissaient en aucune faon Or, il est tabli qu'ils ne connaissaient Ne croit-on pas la famille de la Salle de Rochemaure. en tout cela, des procds frauduleux? Et le reconnatre, la descente mariage, dans cette petite localit d'Eleusis, du train, sans que les futurs poux aient pu, comme on leurs bottines, l'a dit, changer de faux-col, ni pousseter n'tait-il pas fait pour dpister les recherches de la famille et public? pour viter toute publicit cet acte obligatoirement il est dmontr l'avocat, Ainsi, poursuit que le mariage n'a pas t public et qu'il n'a pas runi le consentement de tous les parents. Marika Karousos, il est vrai, veut se prvaloir d'un mariage putatif. L'argument si les irrgularits serait valable, peut-tre qui l'ont d'une ignorance ou d'un oubli. accompagn provenaient Mais ce n'est pas le cas Marika Karousos est une habile calculatrice. C'est le 6 fvrier igob qu'elle rencontre par hasard M. de la Salle, et, le 10, elle est dj avec lui chez le notaire pour dclarer que les enfants qui natraient de leur union seraient levs dans la religion grecque En quatre jours, tout avait t rgl. (dite orthodoxe). Nous ne sommes pas en prsence d'un mariage de Corfou nafs; la jeune Marika avait dja accompagn le baryton Nicolaou, qu'elle avait connu au Conservatoire Ce n'tait d'Athnes, et, Paris, l'tudiant Anastadosos. pas une dbutante se lve et proteste contre l'articulation de tels 'faits. Marika Me Grolle continue. Il raconte que son client dut s'enfuir du Phalre, o son beau-pre le squestrait sous menace. Un enfant est-il n de son union avec Marika Karousos? L'avocat met ce sujet les doutes les plus rengraves. Il ajoute que la jeune dame de Rochemaure dit visite plusieurs cardinaux, avec un personnage qui se faisait passer pour son mari. Marika de Rochemaure se lve comme mue par un ressort et s'crie

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MARIAGE

FRANCO-GREC.

Mme un avocat, s'il est honnte, ne doit pas articuler de tels faits sans preuves et je vous dfie d'en produire. Le tribunal la prie d'approcher. Elle va la barre et sans embarras, elle dclare qu'elle a vu en effet Rome les cardinaux Rampolla, et enfin Satolli, Ferratta, le Saint-Pre lui-mme, mais elle tait accompagne d'un prtre grec, Madalena. Quant ce que l'avocat du duc de Rochemaure, mon mari, a os dire au sujet de mon enfant, c'est abominable. La salle accueille ces paroles par des marques de Le duc a bien fait de ne pas paratre, on le sympathie. huerait. Le prsident du tribunal prie Me Grolle de continuer sa plaidoirie. J'ai termin, dit l'avocat; quelques mots seulement me restent dire. J'ai montr que Marika Karousos n'est dans la vie lorsqu'elle pas une personne qui dbutait connut mon client. Je dois ajouter que son pre aussi tait un habile homme. Nous nous trouvons donc au mitrs ingnieusement lieu d'une machination organise, trs audacieusement excute, et qui avait pour unique objectif la fortune de la famille de la Salle de Rochemaure. Me de Saint-Auban rpond Me Grolle. Il constate d'abord que M. de la Salle de Rochemaure pre et son au procs, se pouse, qui, au dbut, taient intervenus sont retirs. Il y a, cela, dit-il, deux raisons; d'abord, du Saint-Sige se sont retires parce que les sympathies de l'ancien camrier de Lon XIII, qui refusait de s'inet ensuite, parce cliner devant une dcision de l'Eglise, que, aux termes de la loi, aucune action en nullit ne s'est coul peut tre intente par des parents, lorsqu'il une anne sans rclamation de leur part, depuis qu'ils ont eu connaissance du mariage. M. Marc de la Salle, dit-il, est-il oublieux de son rcent, qu'il ait perdu la pass? D'un pass relativement

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FRANCO-GREC

mmoire de ce qui s'est pass au Nouveau-Phalre ? Ne se souvient-il pas qu'il a dissip la modeste fortune de Marika Karousos, et aprs avoir affam sa femme et sa fille, il voudrait encore les dpouiller du nom et du titre qu'il leur a donns. Il veut briser un lien que la foi qu'il dclare ternel, et il emploie pour cela des professe demoyens que sa tendresse de jadis, vraie ou simule, vrait rendre plus humains. Si c'est lui qui a fourni son avocat les arguments articuls ici contre sa femme, il a montr bien peu de de la famille cur. On a mis en doute l'honorabilit Karousos, laquelle le fils de l'ancien camrier du Pape s'tait alli. Voici un document qui mettra fin cette lgende Madame Marika, femme de M. Marc de la Salle de Rochemaure est, par mariage lgitime, la fille de M. Ni notre commune et colas-Georges Karousos, appartenant du Pire, domicili gnrales agent des Expditions n d'une famille trs .NouYeau-Pbalre, sujet hellne, honorable et trs estime, et de Mme Despina Karousos, de la grande famille de Nicolas-Lazare Orloff, de l'le de Spetza, un des champions de la guerre de l'Indpendance, et frre de l'hroque Boubouhna, qui s'est distingu pendant la lutte sacre de 1821. Le Pire, 17mars 1 gog. Le maire, P. Damalas. Mc de Saint-Auban ensuite l'enthousiasme rappelle du jeune Marc de la Salle pour sa jeune pouse. Des lettres enflammes sont lues que le jeune homme adressait sa fiance, alors que son ami M. Guiffard l'enlevait ainsi sa nouvelle famille. Puis, il raconte le retour Phalre et le mariage accept, voulu, impos par Marc lui-mme. A mi-voix, dans un silence de temple. Me de SaintAuban nous initie des secrets d'alcve, nous confie la visite que Mme de la Salle de Rochemaure, jeune, dut faire au lendemain de ses noces, l'Institut gyncoloRevue. Janvier 1910. 2

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TRIBULATIONS

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MABIAGE

FRANCO-GREC.

gique d'Athnes. C'est ensuite la grande colre de Mm0de la Salle de Rochemaure, mre, que l'avocat nous prsente et A sa table, dit-il, elle a reu des archevques des cardinaux, et la voil qui se rvolte contre une dcision de l'Eglise comme valable et laquelle reconnait dclare indissoluble le mariage d'Eleusis. Comment cette noble dame mettra-t-elle d'accord les conseils, les ordres de rupture qu'elle donna son fils, avec les principes de religion et d'honneur qu'elle affirme tre les siens ? Le la mariage d'Eleusis est-il valable ? C'est non seulement loi religieuse qui le dit, mais aussi la loi civile. Le mariage a t clbr Eleusis devant les tmoins qu'exige la loi grecque. Il a eu la publicit voulue. de la famille, Marc de la Quant au consentement Salle a dclar lui-mme qu'il pouvait s'en passer, qu'il tait en droit de se marier sans l'assentiment de ses parents, et, d'autre part, de nombreux membres de la famille de la Salle ont souvent crit Marika Karousos qu'ils la recevraient volontiers dans leur famille. N'est-ce pas l un consentement? conclut la pleine validit du Me de Saint-Auban mariage. Le ministre public annonce qu'il dposera ses conclusions une date ultrieure qui n'est pas fixe. LONARDFiSCHER.

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Il y a des lgendes qui sont vraiment bien et mordent sur les esprits les mieux tremps.

tenaces

Sans en chercher la preuve En tout cet univers et l'aller parcourant, ,,Dans l'An Mille" je la treuve. a Cette lgende, crit M. Pfister dans ses belles Etudes sur le rgne de Robert le Pieux, est entirement contraire la vrit; tout ce livre la rfute d'une manire indirecte. N'tait la clbrit de la lgende, nous aurions pu raconter l'histoire de Robert sans nous en soucier. Toujours, aprs comme avant l'an 1000, le roi a agi comme si le monde devait durer encore longtemps; il a jet en terre les semences d'une moisson que ses successeurs devaient cueillir. Ouvrez cependant nos principaux manuels d'histoire, vous y verrez, comme dans les livres de plus longue haleine, non sans un secret plaisir de n'avoir pas vcu cette poque-l, une peinture plus ou moins pousse, suivant la palette de l'auteur, des terreurs folles les poitrines les mieux bardes de fer, qui oppressrent et firent craquer l'es triplex des plus rsolus, aux approches de l'an Mille La menace, longtemps flottante comme un nuage sinistre, s'tait arrte sur un point du temps et toute

LA LtGKXI; DE LAS .MILLE

la terreur accumule depuis des sicles se concentre sur la dernire anne du dixime. A mesure que l'heure fatale approche, l'effroi redouble. Brr! tous les Tous les misrables, tous les opprims, famliques qui nagure invoquaient la mort, tremblrent de la voir si prochaine. L'effroi fut prodigieux d'intensit il fut universel. Les pauvres s'en allrent pieds et prilleux nus, tte nue, aux lointains plerinages. au loin de Les chteaux, les cabanes, tout retentissait ce cri sinistre le soir du monde approche. De longues files de pnitents, la nuit, vtus de sacs informes, traversaient les carrefours la sombre clart des torches funbres et l'on aurait dit que toutes les oreilles en2 tendaient passer dans les airs un formidable Dies ira?. 2 Brr! Brr! L'an mille s'ouvrit. Le saint temps du Carme se et dans la prire. Il n'y eut passa dans le recueillement si faible qui enfant si tendre, femme ou vieillard Des pros'exemptt du jene command par l'Eglise. cessions se formrent et le peuple les suivit pieds nus et la hart au cou. On s'arrtait devant chaque Vierge et on se prosternait au pied de chaque calvaire, et les clercs et les laques entonnaient le Mitous ensemble serere et le De profundis. 8 Le dernier jour de l'an mille, les Romains virent avec effroi le ple soleil d'hiver descendre sur la basitout lique de Saint-Pierre, pour s'abmer et s'teindre, au fond des collines, des campaniles et des tours ils dirent adieu la lumire, l'esprance, la vie, et, persuads que le monde touchait son heure suprme, de tous les points de la ville sainte, ils s'acheminrent en pleurant vers la sombre forteresse, o, dans une

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Ampre, Hist. littr. de la France avant le XIIe sicle. Fr. Morin, Origine de la Dmocratie. 8 M. l'abb Lausser, Etude historique sur le X" sicle.

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froide cellule, veillaient et priaient les deux vicaires de Dieu, ces deux rois de la terre, le Pape et l'Empereur, Silvestre II et Othon III.Mais l-bas, dans la brume, au del du Forum et du Palatum, la cloche du Capiau premicr tintement du glas de mort, tole a grond folle d'pouvante, se jette genoux, les la multitude, la terrible mains jointes, sous une larme voix de bronze se prcipite, roule de ruine en ruine, de colline en colline, et semble une clameur humaine imprieuse s'lve vers et plaintive, et voila que de cent bouches, le Latran, vers ce port cleste, un cri unique, le chant du Miserere. Sur la plate-forme de la tour deux ombres le Pape et l'Empereur. 1 apparaissent, Ne dirait-on pas que l'auteur portait la tiare du pape tant il met de prcision dans ou le sceptre de l'empereur, les dtails de cette scne ? M. Gebhart, Nous aurions pu demander qui a bross ce joli tableau, comment il explique que ce pape, en compagnie de l'empequ'il nous montre si tragiquement reur, affol comme lui, n'ait pas fait allusion ces terreurs au Concile de Rome qu'il prsidait en 998 et o le roi Robert fut condamn une pnitence de 7 annes. Vous entendez bien de 7 annes, et nous tions en 998 Bien Rome en plus, dans un autre concile tenu galement de tout discijuridiction, 999, les prlats s'occuprent etc. excommunications, except de pline ecclsiastique, l'an mille! dont on croyait dj La trompette du jugement, entendre dans le lointain les formidables accents, glale genre humain, et l'artiste tremblant ait d'pouvante sentait le ciseau vaciller dans sa main. 2 dans la dernire anne Au dire de Henri Martin, du Xe sicle, tout tait interrompu, plaisirs, affaires, indes campagnes. tout quasi jusqu'aux travaux trts, .On lguait ses terres, ses chteaux aux glises et auxGebhart,*La^Saint-Sylvestre s M. l'abb,Pardiac. de l'An mille.

LA LfiGENTOS DE L'AN MILLE.

monastres pour s'acqurir des protecteurs dans ce royaume des cieux o l'on allait entrer, A lire tous ces Nous en passons et des meilleurs. avec l'assurance auteurs, qui parlent de ces vnements de tmoins oculaires, on est fond croire que rellement en l'an iooo les hommes taient convaincus que le batement le grand camonde allait finir, et attendaient Et pourtant rien n'est plus faux, comme l'a taclysme. le savant archiviste tabli irrfragablement palographe M. Fr. Duval, dans une tude trs documente qu'il publie chez Bloud et Cie. 1 P. Orsi, qui a compuls avec le soin et la minutie d'un travailleur consciencieux les chroniques italiennes et germaniques, assure qu'il n'y a pas trouv trace des proccupations et des terreurs de l'an mille. Et il faut que l'inanit des preuves l'appui de ce fait prtendu historique soit bien grande pour que Jules Roy, professeur l'Ecole des Chartes, qui, en 1 885, entreprit de dcrire les fameuses terreurs de l'an mille, dut, aprs avoir tudi les documents, comme tout chartiste srieusement, qui se respecte, le doit faire, conclure sa profonde surprise, dans les livres. qu'elles n'ont jamais exist ailleurs que. Vu distance, cet vnement donc pas de n'aurait le ranquoi nous effrayer, et nous pourrions simplement des erreurs histoger au nombre dj si considrable cette causerie, riques. Si cependant nous lui consacrons c'est parce qu'il y a, comme on dit, anguille sous roche. En effet, les ennemis de l'Eglise catholique se sont empars du fait et l'ont exploit contre elle, en lui reprochant d'avoir spcul sur l'ignorance et la crdulit humaine pour s'enrichir aux dpens des nafs trembleurs, des gogos, disons le mot On lguait ses terres, ses biens aux monastres. l'Eglise qui les acceptait tout en prchant la fin prochaine 2 des choses d'ici-bas. 1 Les Terreurs de l'an mille. Frd. Duval. Flammarion, La fin du monde.

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dsolation universelle, fonde sur des prdictions rpandues et interprtes par des moines avait en queld'opulentes donations, qui en retiraient 1 que sorte teint toute esprance. L'effroi populaire se dissipa enfin, mais avec lui ne furent point anantis les dons immenses prodigus aux communauts reliau clerg et principalement 2 gieuses. L'horreur d'une veut tudier l'histoire d'une poque, il faut Lorsqu'on se reporter aux documents naturellement contemporains, les historiens, et dans l'esconsulter les chroniqueurs, un fait relipce, puisqu'on a voulu faire de l'vnement Or, gieux, les Conciles, les bulles, les lettres du temps. tous ceux qui l'ont tent, ont, avec Forti 1840, l'abb Auber 1861, Rozire 1878, Jules Roy 1 885, Nol Valois, Pfister, Orsi et Frdric Duval, fait buissons creux. Et ces derniers travaux sont ce point probants que le Grand Dictionnaire de Larousse, la qui avait d'abord soutenu thse du terrorisme avec Charton, n'y croit plus et la rfute dans sa nouvelle dition illustre Si nous consultons la Collection des Conciles de Mansi, ou simplement Y Histoire des Conciles de Hefl, nous sans peine, que de toutes ces assembles constaterons, tenues soit avant, soit aprs l'an mille, et elles furent nombreuses cette poque, aucune ne fait mention de l'attente ni celles d'avant, angoissante o aurait vcu l'humanit, pour prmunir les hommes contre les dangers venir, ni celles d'aprs pour remercier le ciel d'y avoir chapp. Mme silence significatif dans les bulles et les lettres particulires. Le roi Robert inquiet d'une pluie de sang phnomne alors inexpliqu qui tomba en Aquitaine, demanda Fulbert, vque de Chartres, et Gauzlin, archevque de Bourges, ce qu'ils en pensaient. Le piemier rpondit que pareils prodiges ne sont pas rares et qu'ils1 Guinguen, Histoire littraire d'Italie. 2 Henri Martin, Hist. de France.

Paris 1811, t. I, p. m.

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ne prsagent absolument le second risqua quelques rien mais aucun des deux n'et mme l'ide d'y hypothses, voir un indice de la fin du monde. Les lettres de ces deux personnages auraient pourtant d rflter, ce semble, les craintes et les proccupations si relledu moment ment elles avaient exist. Quant aux annalistes: ils se plaisent raconter par le menu les dmls des grands, les querelles des vques et des moines, les phnomnes les batailles, les famines, les faits et les merveilleux, gestes des rois, les fondations de monastres, les miracles des saints. et lorsqu'ils arrivent l'an mille, aucun ne fait mention des terreurs du monde. Comment se fait-il les que tant de chroniqueurs, qui se plaisent raconter aient nglig de nous prodiges et les calamits publiques, du peuple effray, de la veille parler des supplications suprme sous les votes basses des sombres glises la lueur des cierges, etc. 1 Il y a sans doute la chronique On croyait de Glaber o l'on peut lire cette phrase que l'ordre des saisons et les lois des lments qui jusque-l avaient gouvern le monde, taient retombs dans un ternel chaos et l'on craignit la fin du genre humain. Mais Glaber rapporte cette constatation l'an io33, et pour l'an mille il ne trouve signaler que l'apparition d'un d'un comte, dans laquelle il ne vit que l'annonce incendie qui ruina le mont Saint-Michel. Sans doute aussi, de donations faites aux on cite au Xe sicle nombre Mais en cela les chrtiens du glises et aux monastres. Xe sicle n'ont fait que suivre l'exemple de ceux des ces donations dans le On retrouve poques antrieures. cours des VIe, VIIe, VIIIe et IXe sicle avec la mme conclusion Mundo in finem currente. Appropinquante mundi senio, et autres variantes. Et nous ajouterons avec On en devra conun auteur nullement ami des moines clure qu'il n'y a rien autre chose que Vexpressiott banale de la doctrine catholique sur la proximit de la fin du monde

1 F. Duval, 1. c., p. 5i.

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trs propre tre invoque par les moines pour dterminer les laques se dpouiller de leurs biens. Mais tous les sicles cela n'est pas particulier l'an mille Dans il y a eu des hommes qui, se basant sur une fausse indu chapitre X de l'Apocalypse, ont cru terprtation du cataclysme final. Qui de nous n'a souvel'imminence nance de certaines prophties (?) rcentes qui d'aprs des ont prdit leurs naturellement calculs infaillibles la fin prochaine du monde, et ont trouv contemporains des alouettes qui se sont laisses prendre ce miroir. Et En bonne logique pourra-t-on le monde existe toujours. de ces chroniqueurs des ig sicles plus tard s'autoriser de notre globe, et de qui ont annonc la fin prochaine l'anxit qu'ils ont seme dans des mes crdules, pour conclure que les terreurs de l'an 1900 ont rempli le cur des contemporains ? C'est pourtant ce qu'ont fait quelques savants du XVIe, car la lgende de l'an mille naquit cette date relativement rcente, qui ont gnralis gratuitement certains faits particuliers. Je dis bien, particuliers; ce ne sont en effet que des cas erratiques, semblables celui que signale Abbon, moine de Fleur}'. Il rapporte que vers l'an 970 il entendit, dans une glise de Paris, un sermon sur la fin prochaine du monde, mais qu'il sance tenante. rfuta le prdicateur Comment se fait-il qu'Abbon relatant ce fait en 998, se soit tu sur les pouvantes d'alors C'est bien simple il ne pouvait parler d'une chose qui n'existait pas. Et puis, voil toujours bien un moine. peu accapareur, puisque loin de profiter de l'motion lgitime souleve par le prdicateur tmdes fortunes, il rfute la thse. raire, .pour escroquer et sans parti-pris, le travail Aprs avoir lu attentivement de F. Duval, on peut conclure hardiment avec M. Nol Valois dans une de ses communications l'Institut Mme au Xe sicle, aux approches de cet an 1000 que la lgende reprsente comme un terme fatal attendu

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Gry,

Manuel

de diplomatie.

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dans l'angoisse par les populations, on ne trouve aucune trace d'un abattement gnral, 1 d'une torpeur rsigne ou d'un accablement fbrile, comme il se manifesterait assurment chez un peuple persuad qu'il arrive aux termes de son existence. Et cela prouve que les historiens de la lgende Amet autres, Henri Martin pre, Flammarion, Michelet,, n'ont travaill que sur des documents de seconde main, sans s'tre donn la peine de vrifier les rfrences, se transmettant une lgende toute faite, ce qui est bien comen maumode, mais aussi met leur probit d'historiens vaise posture. Il est un peu de ces terreurs fameuses, comme de la fameuse parole qu'on attribue un lgat du pape: Tue, tue, Dieu reconnatra les siens, et que Des six jamais Arnauld, abb de Citeaux, ne pronona. narrateurs contemporains, un seul, Csaire d'Heisterbach, Et encore il n'avait personnellement rien y fait allusion. vu. L'abb, crit-il, aurait dit-on. Des cinq rpondu, autres tmoignages, venant de tmoins, on ne tient nul compte. II est vrai qu'il y a toujours des gens qui l'on fait prendre facilement des vers luisants pour des astres radieux. J. DE WESCH.1 ,,A aucune on ne fonda tant de mocroyons-nous, poque, nastres. Ce n'taient des hommes qui emplispoint les lamentations les chansons des ouvriers saient ce vieux monde, mais plutt qui les pierres et les aiguisaient vers le ciel". F. Duval, p. 64. martelaient

LA LGENDE D'OBERLIN Pasteur auBan-de-la-Roche.

AVANT-PROPOS.Il est des mmoires et diverses qui, grce aux circonstances s'en vont travers le temps entoures d'un prestige influences, qui leur fait comme une aurole. Telle a t la destine de J. Fritz au Ban-de-la-Roche en Alsace-Lorraine. Des panOberlin, pasteur et ils sont lgion et l'ont prl'ont combl d'eloges gyristes comme un grand homme, mais encore comme sent, non seulement de nombreux en un saint protestant t publis ouvrages' ont l'envi les mrites extraordinaires diverses langues, clbrant de ce pasteur et l'oeuvre prodigieuse qu'il avait accomplie en transformant un misrable vallon des Vosges en une sorte d'Eden, et ses sauvages et civiliss. habitants en gens instruits Mais il faut en rabattre de cette dans les Elsassische justement consigne Sagen" lgende Stceber. En effet, si l'on consulte les traditions locales et d'Adolphe les documents on est frapp de l'exagration de ces contemporains, Vue de prs et juge sans prvention la personnalit de jugements. notre hros perd de l'clat que lui ont prt ses admirateurs. le dessein d'abaisser Loin de nous cependant au-dessous de sa valeur le pasteur Oberlin nous ne lui marchanderons pas des loges au contraire, mrits. Nous l'estimons, lgitimement pour ses belles auet nous le plaons infiniment qualits et ses bonnes intentions, dessus de ces religieux dfroqus du XVIe sicle qui, levs dans

1 Edmond Parisot les numre dans l'appendice bibliographique de son livre Un ducateur moderne au XVIII. sicle.

LA LGENDE D OBEKMN. le giron de l'Eglise, se sont tourns contre elle et ont gar tant de sans avoir l'excuse de la bonne foi. chrtiens, Nous n'avons d'autre but en publiant cette tude que de mettre les choses au point, et de ramener et de les rputations d'Oberlin sa fidle servante, 1 ouise Scheppler, en les de justes proportions, l'un et l'autre des contemporains de cette mme rgion comparant aussi mritants qu'eux. Parmi les auteurs consults, nous nous sommes surtout attachs D. E. Stber,1 l'an, qui, lev au presbytre de Waldbach (Wala bien connu les particularits et qui de la vie d'Oberlin, dersbach), a eu entre les mains de nombreux Son livre in-8 de documents. 616 pages intitul: Vie de J. Frdric Oberlin, pasteur de Waldbach a t imprim en iS3i, cinq ans aprs le dcs de celui-ci. Avocat de profession, Ehienfried en Stber a plutt fait un plaidoyer faveur de son hros. Cependant son livre est de beaucoup le mieux document de tous ceux qui ont t crits sur Oberlin. Ensuite nous avons mis largement contribution un ouvrage le prcdent. publi rcemment (en 1907), qui complte heureusement Il est intitul Un ducateur moderne au XVIIIe sicle, Jean Frdric s-lettres de Oberlin, 1740 1826, par Edmond Parisot, 5 docteur l'Universit de Nancy. Cet crivain ayant pu, grce l'obligeance de Madame Andreae Witz, prendre connaissance des papiers intimes laisss par le clbre prdicant a soulev sans malice le luthrien, vo,le qui jusqu'alors d'esavait cache au public ses hallucinations il n'est pas oiseux de prit. Mais avant de parler de Bpapa Oberhn", et d'en dcrire le milieu dans lequel il exera son long ministre donner un court aperu historique, d'autant plus qu'il s'est identifi avec sa paroisse, et qu'elle a bnfici de sa gloire, de sorte qu'on ne peut plus gure parler de l'un sans l'autre. C'est ce que n'ont la comme c'est pour honorer pas manqu de faire ses biographes mmoire du ministre a comde Waldbach, Stber que Ehrenfried 3 sa posie Das Stber, pos ses ^Steinthler-Gedichte" Auguste im Wasgenet son chapitre Steinthal" Scheube, ,Der Pfarrer walde". 5

E. St. C'est la premire 1 Nous le designerons par l'abrviation edition que nous citons. J Nous le dsignerons Ed. P. par l'abrviation S Ehr. Stoeber: Steinthler-Gedichte (Strassb. i83o). 4 A. Stceber: Elsassisches 1842). P. 149. (Strassb. Sagenbuch 5 Scheube Art im Elsass (Berlin Geist und deutsche Deutscher 1872), p. 3o2, 33.

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I. Ban-de-la-Roche.1 lde la valle de la Situ dans la partie suprieure Bruche, l'ouest du Champ du feu, sur les confins de le Ban-de-la-Roche, en allel'Alsace et de la Lorraine, mand Steinthal, comprend huit villages, savoir Rothau, ou Waldersbach, Waldbach Belmont, Bellefosse, Fouday, dont Rothau tait le chef-lieu Solbach et Neuwiller, et quelques hameaux;, fermes et scieries. Il doit son nom un chteau bti sur un roc, et dont les ruines dominent Bellefosse. C'tait un fief imprial qui passa au XIIIe aux Girsperg et, au XIVe sicle, sicle des Rappolstein une branche de la famille de Rathsamhausen, laquelle en demeura investie de i3o8 1584. Ce chteau fut pris et dtruit par le comte de Salm, dont les terres confinaient a cette seigneurie, parce que trois soudards commis la garde du chteau infestaient les pays voisins. En 1584, les Rathsamhausen zum Stein alinrent au comte palatin du Rhin, Georges le Ban-de-la-Roche Jean de Veldentz. Celui-ci introduisit bientt aprs le luthranisme de connivence avec le cur Papellier, homme de murs lgres. Le culte ancien fut dsormais interdit. Nanmoins certaines pratiques catholiques s'y conservrent longtemps encore. Survint la Guerre de Trente-Ans et une peste horrible qui rduisit la population une centaine de familles.1 E. sur l'histoire du Ban-de-laSt Tablettes chronologiques Annales Dictionnaire de Roche, 608-610. d'Oberlin, 84-107. M. Schickel, Etat de l'Eglise Baquol. d'Alsace, p. 143-145. Ind. V, 281. II, t6g. Schoepflin, Alsatia illustrata, Grandidier, Mme E. Roehrich, Le Ban-de-la-Roche. Geschichte und Beschreibung des Elsass (Basel 1782), p. 229-230. Massenet, Description du Ban-de-la-Roche an VI). (Strasbourg, Histoire d'Alsace, Dom Calmet, Histoire Laguille, I, 353. de Lorraine.

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Deux hommes seuls auraient t pargns Fouday.l 1 Ajoutez ces maux une closion inoue de sorcires, dont plusieurs furent excutes. La sorcellerie, en effet, ne fut jamais plus en vogue qu'au XVIIe sicle, suite de l'incertitude en matire de foi. Enfin livrs des pasteurs inMarmet, Nigrin, Royat, les rares habidignes, Papellier, tants du Ban-de-la-Roche taient retombs peu peu dans la barbarie et dans l'indigence. Leur ignorance galait leur misre.2 Ils ne savaient plus mme quel jour de la semaine on tait; ils n'entendaient que leur patois lorrain entreml de mots allemands et de sons gutturaux. Hommes et femmes vivaient surtout de rapines et d'aumnes.3 Quant aux enfants, ils taient vous un abandon moral complet. Les Ban-de-la-Rochais n'eurent pas se fliciter d'avoir t soumis aux seigneurs de Veldentz, puisque ceux-ci n'avaient cure que de leurs droits fodaux. Cette malheureuse situation ne s'amliora qu'au XVIIIe sicle. En 1723, M. d'Angervilliers4 fut investi de ce fief par Louis XV, la suite du dcs de la fille du dernier comte de Veldentz, en qui s'tait teinte la ligne masculine. Celui-ci avait bien eu deux fils; mais l'an ayant Strasbourg, fut emprisonn, abjur le protestantisme (Palatinat) puis tu, le 24 aot 1679 Lauterecken par son gardien, dans une lutte corps corps, comme il tentait de s'vader 6 selon une autre version, il aurait t assassin sur l'ordre de son pre, et ce crime aurait tellement exaspr la mre que, dans un accs de fureur, elle maudit le nom des Veldentz. Cette se maldiction

1 H. Scheube. 2 Portraits et histoire des hommes utiles, 1833-1834, Oberlin. Ed. Parisot. P. ia3. Intendant de la province d'Alsace de 1716 1724. Tradition locale consigne dans un manuscrit du professeu Rheinwald de Wissembourg. 6 V. Protocole des registres presbytraux de Lauterecken.

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du second fils, et le fief, ralisa par la mort prmature tomba en quenouille jadis imprial du Ban-de-la-Roche, et chut la couronne de France. L'administration apporta quelque adoud'Angervilliers des gens du pays. Une forge cissement la situation considrable fut tablie Rothau par ses soins, et les habitants purent y gagner de quoi soulager leur misrable existence. Par contre, ce nouveau seigneur tant catholique ne les ministres d'autant protestants, pouvait qu'inquiter missionnaire plus que dj, en 1725, un pre jsuite, royal, vint sous ses auspices prendre possession du chur avaient t de l'glise de Rothau,1 d'o les catholiques bannis depuis plus d'un sicle.

II.Stuber, prdcesseur d'Oberlin.

Le Consistoire de Strasbourg craignant, et non sans raison, la propagande catholique, sentit la ncessit d'installer des prdicants capables et zls dans ce coin isol des Vosges, considr jusqu'alors comme un poste de disgrce. En 1750, il pourvut de la cure de Waldbach un Ce fut Stuber, jeune homme plein d'ardeur et d'entrain. le prdcesseur d'Oberlin. La paroisse de Waldbach ne comprenait que la moiti du Ban-de-la-Roche, savoir cinq villages Belmont, Belle1 V. Note manuscrite dans un ancien registre de baptme la mairie de Rothau. Rhrich der Reformation in T., Geschichte Elsass. 2 E. St. 22. ss. Der Vorgnger Braun, Joh. W. J. G. Stuber, Oberlin's im Steinthal und Vorkampfer einer neuen Zeit in Strasshurg (Strassb. 1896, in- 12).

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la paroisse de Rofosse, Solbach, Fouday et Waldbach thau tait forme des trois villages situs dans la valle de la Rothaine. A peine install, le ministre visite sa de la pauvre paroisse; il est dsagrablement impressionn chaumire et de la basse et malpropre salle d'cole ou tandis qu'un vieux bongrouillent des coliers turbulents, homme est couch dans un coin sur un misrable grabat. Vous tes le matre d'cole, lui demande-t-il, qu'enseiRien, fut la rponse, puisque je ne sais gnez-vous ? moi-mme rien. J'ai longtemps gard les porcs de la commune mais, devenu caduc, j'ai t congdi et je les enfants. 1 maintenant garde ds lors la ncessit d'une rforme scoComprenant lair, Stuber forma tout d'abord des Rgents ou matres les fonctions de matre d'cole d'cole, car jusqu'alors taient moins estimes que celles de ptre et adjuges au rabais. Un secours de 2000 livres lui vint fort proPour exciter l'mulation des matres pos de Strasbourg. et des lves, il organisa des concours l'glise mme et donna des rcompenses aux laurats. Quand on sut lire, il distribua des bibles, et tous les dimanches il expliquait le texte sacr comme il l'entendait Il composa lui-mme. entrav dans son mimme un catchisme.2 Nullement nistre pastoral par le seigneur catholique qui n'opprimait pas les consciences la faon des Veldentz, il construisit en 1744 le temple actuel de Waldbach, agrandit en 1762 celui de Belmont. On lui attribue a tort d'avoir fond une association de Rveills dans le genre de celles Elle remontait que le pitiste Spener cra en Allemagne. Pelletier,3 pasteur de 1708 1726. de son zle, Stuber fut transfr a En rcompense la cure de Saint-Thomas et c'est lui qui ; Strasbourg, engagea Oberlin postuler sa cure.1 Friedr. Pfarrer im Steinthal

Johann Bodemann, i855. Stuttg. a Edm. Parisot, 128. 3 E. St. i5.

Oberlin,

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III.

Jeunesse

d'Oberlin.

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Oberlin succda de fait Stuber en 1767, et suivit la voie qu'il lui avait trace, avec la mme tnacit et une persvrance plus grande encore. Certes, il faut adans une paroisse mirer cette fidlit de cinquante-neuf sans alors qu'il et pu briguer des plus deshrites, des postes plus enviables. C'est l sa gloire, prsomption mrite rserv son principal mrite, peu recherch, d'ailleurs aux seuls vieillards, car il n'est donn qu' un son ge. Il y a eu cependant, petit nombre d'atteindre dans la valle, plus d'un vieux cur fidle sa premire ainsi nous pouvons citer son voisin, Gabriel paroisse Mourot, 2 n Saint-Di d'une famille de magistrats, qui desservit Colroy-la-Roche, Saint-Blaise et BlanRanrupt, cherupt pendant prs d'un demi-sicle, 1692 1740, et l'abb Prcheur, vicaire, puis cur de Labroque, prs Rothau, de 1821 1877. Nous sommes bien renseigns sur les faits et gestes de la longue carrire d'Oberlin, puisqu'il a consign par dcrit, en quelque sorte jour par jour, les moindres tails de sa vie. J. Fritz Oberlin naquit Strasbourg en 1740. Il ne fut pas lev mollement par son pre, charg de l'entretien de nombreux enfants, sept garons et deux filles. Lui et son frre Jrme-Jacques taient appels de brillantes le premier comme pasteur philandestines, thrope, le second comme savant, professeur et bibliothcaire l'Universit de Strasbourg. Ses premires tudes, Fritz les fit au Gymnase o son pre professait; il en

1 IX ann., p. gS ss. Magasin pittoresque, 2 V. Archives de l'glise de Colroy. Jolet, de Mourot fut cur de 1612 i656. Revue. Janvier 1910..

un des prdcesseui 33

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L,A LGEKDE

D'OBKKLIN.

en 1755 pour entrer l'Universit o il reut, ainsi que dans sa famille, une culture plutt allemande que frande son style, a aise, ce qu'on remarque l'incorrection ses murs, ses ides, ses relations, sinon ses sympathies. En 1763, il commena son cours de thologie. L'tude de la Bible tait son pain quotidien, comme il s'exprime dans une lettre, mais un pain qu'il digrait imparfaitement. Il eut pour professeur un nomm Lorenz, rput rigide orthodoxe, probablement parce qu'il s'en tenait la lettre. On raconte qu'ayant rencontr Oberlin peu de temps aprs la mort de son pre, il l'aborda dans la rue Votre ses condolances et ajouta pour lui prsenter mais il n'est pas sauv pre tait un honnte homme, conjecturer parce qu'il n'est pas rgnr. On pourrait de ces paroles que le pre d'Oberlin n'avait pas reu le baptme chrtien comme les Quakers et les nouveaux Frrcs-Moraves. ses tudes, Oberlin accepta, pour Sans discontinuer soulager ses parents, la charge de prcepteur des enfants du chirurgien Ziegenhagen, lequel l'initia l'art de la mdecine et l'usage de quelques instruments chirurgiil quitta cet emcaux. Mais jaloux de son indpendance, ploi et, sans retourner la maison paternelle, il vcut des tout en continuant de suivre ses leons qu'il donnait tudes thologiques. vers le ministre Cependant ses gots le portaient pastoral. D'aucuns ont insinu que sa jeunesse avait t orageuse, et qu'en embrassant cette carrire, il n'avait fait Il est plus vraique cder aux instances de ses parents. semblable de croire que son naturel l'y avait prdispos. Aussi, encore tudiant, dans un beau mouvement de zle, au service de Jsus-Christ se consacra-t-il par un acte renouvela au dbut de son ministre. solennel,2 qu'il

sortit

1 E. Si., p. 45. s E. S: 5o-55.

Lutteroth,

Notice

sur J. F. Oberlin.

LA

LGENDE

D'OBERLIN.

D'aprs le portrait esquiss par ses biographes, il tait dvou, bienfaisant, simple de murs, austre, entreprede nant, innovateur, vif, emport mme, indpendant caractre, entier dans ses ides, quoique souple au besoin dans sa conduite, enfin tolrant, religieux et mme trs Un trait fort louable de son jeune ge, superstitieux. relat par Stoeber, p. 41, le caractrise et rvle la bont un jour que des gamins de son cur. Ayant remarqu poussaient une paysanne jusqu' lui faire tomber la corbeille d'ufs, pose sur sa tte, il leur reprocha leur et en mchancet, puis courut chez lui, vida sa tirelire versa le contenu dans la main de la pauvre femme. il ne fit aucune Quand il eut termin sa thologie, difficult d'accepter le poste peu envi de Waldbach que Stuber venait de rsigner et de lui proposer. Aussi, par ordonnance de Voyer d'Argenson, alors seigneur et collateur de cette paroisse, il fut pourvu en 176*7 de la susdite cure, dont les revenus en espce et en nature, tout compt, ne s'levaient (en 1779) qu'a 320 florins, ce qui 1200 fr. ou 960 rak. La reprsente aujourd'hui population tait alors de cinq cents mes. Il prit possession de son poste le 3o mars, alors que ce pays montagneux tait encore couvert de neige et n'offrait rien d'attrayant ses yeux, pas mme un presbytre convenable. Il ne se laissa cependant pas dcourager. Se mettant aussitt l'uvre, il fit valoir ses qualits et continua la tche de son prdcesseur, mais avec plus de ce repli persvrance et plus d'clat. Il devait illustrer des Vosges et s'y illustrer lui-mme, jusqu' tre honor comme un bienfaiteur de l'humanit, comme un saint de l'Eglise protestante.21 Cf. Guide montaire de l'abb Hanauer. 3 H. Scheube, Dans le Lexikon fur Theologie loc. cit., p. 212. und Kirchenwesen et Zoeppfel (Leipzig de Holtzmann 1882) il est dit d'Oberlin: a appel un saint protestant." K "Celui qu'on

^a

L.c.LNiiE

do'bkrlin

IV. Oberlin ducateur.

Fils et frre de professeurs, Oberlin se proccupe tout d'abord de la question scolaire, par got autant que par sinon par ncessit absolue pour l'enseignebienfaisance, ment religieux, car les illettrs peuvent tre aussi instruits de la religion, seulement avec plus de peine pour le matre. Il dote les villages de Waldersbach, Belmont et Bellefosse d'coles convenables, grce des dons gnreux et des collectes de Strasbourg. Une dame de cette ville fait au profit des coles du Ban-de-la-Roche un legs de tooo florins.2 Aprs la Rvolution, Fouday et Solbach sont aussi pourvus d'coles mais ils en sont redevables, l'un au prfet du Bas-Rhin, le marquis de Lezay-Mar3 nsia, l'autre son maire, Martin Bernard. Notre pasteur meuble les salles de classe et les orne de cartes aux vives couleurs pour intresser les lves et les instruire par des leons de choses. Les autorits civiles ne s'occupant gure des coles, Oberlin trace un scolaire depuis d'tudes, dcrte l'obligation programme il refuse entre et, pour sanction, cinq ans jusqu' seize autres peines toute assistance aux pauvres, dont les enfants ne frquentent l'cole.4 Il inaugure un pas rgulirement en Pansot, systme assez hardi pour l'poque, remarque mettant contribution5 pour les frais d'cole les clibataires et les parents sans enfants.

1 V. aux Archives y

de Waldersbach

le registre

Ecoles

et ce qui

a rapport. Edm. P. 137-8. 3 Edm. P. i4o. Mss. Andre Witz, cits 5 Registre des Rglements, de Waldersbach.

par Ed. Parisot. p. 47, aux Archives

de la

paroisse

IiA. LGENDE

D'OBERLIN.

Il ordonne encore que les enfants soient spars selon il ne la proclame de l'instruction, le sexe.1t L'obligation pas seulement pour les garons, mais aussi pour les filles, et c'est l encore, selon la rflexion de Parisot, une nouSeulement son ambition n'est pas veaut trs importante. assez de faire des femmes savantes, mais des paysannes instruites pour leur condition.2 A l'encontre des utopistes les rcommodernes qui, en fait d'ducation, proscrivent stimuler les enfants penses et les punitions et entendent par le pur amour du vrai et du bien, il donne de l'aiselon son expression, par des guillon aux paresseux, et promesses et des menaces, il organise des concours des solennits scolaires. Son grand moyen d'action, c'est code dcerner des distinctions panaches, paulettes, des primes d'encouragement, cardes, etc., de distribuer tant aux grands qu'aux petits, et d'infliger des amendes dlits ou autres.' 8 pour scolaire, c'est l le grand titre de gloire L'obligation aux yeux de l'Etat qui, lent du pasteur de Waldbach se proccuper de l'enseignement primaire, ose maintenant les pdareprocher l'Eglise son incurie. Aujourd'hui gogues laques de l'Etat louent plus Oberlin d'avoir im tous que l'Eglise de l'avoir donne pos l'instruction aux pauvres.4 gratuitement1 Ibidem, p. 8. 3 Edm. P. 200-201. des Lois et Rglements, p. 4. Registre nous permettra Notre collaborateur d'ajouter qu' la mme dans ses Monita ad parochos poque, notre Saettler (1779) insistait le cur, dit-il p. 306, confortement sur l'obligation scolaire. Que trle les listes d'absence et emploie tous ses efforts pour faire frquenter l'cole assidment. L'exprience enseigne que les enfants qui ne sont l'cole qu'en hiver oublient en t ce qu'ils ont appris. Si donc dans un village l'autorit prescrit la frquentation de l'cole en de cette loi; l o il n'y svrement l'observation t, le cur exigera a pas de loi pareille, le cur insistera muniauprs des magistrats cipaux et des parents pour que l'cole reste ouverte mme en t." Tout ce chapitre de Ludimoreratore et cura scolarum est lire il dmontre avec sollicitude le clerg alsacien quelle catholique de l'cole. (N. d. 1. R) s'occupait

LA

LGENDE

D'OBEELI.

Stuber avait inaugur des cours d'adultes, comme il en existait dj ailleurs par les soins de Jean-Baptiste de La Salle et de l'abb de la Chtardie. Oberlin n'tait pas homme laisser pricliter ces cours. Il runit mme les parents avec leurs enfants, soit l'cole, soit au presbytre, soit au temple pour leur donner des leons d'hygine, de droit usuel, d'agriculture, de botanique. Il reste de lui un dictionnaire manuscrit des herbes, en allemand, des arts franais, patois et latin. Il fait mme apprendre le dessin, la peinture, le chant, et organise d'agrment une socit philharmonique. Que n'a-t-il pas fait et entreIl mettait pris, si l'on s'en rapporte ses biographes! de ses paroissiens la disposition son cabinet de physique, ses collections de plantes, de pierres, d'insectes, d'images; enfin une bibliothque paroissiale de 5oo volumes, qu'il faisait encore circuler prtait certaines conditions. Il des journaux, lisait lui-mme du haut de la chaire des et instructifs articles intressants bref, il ne ngligeait aucun moyen d'tendre le cercle de leurs connaissances. il rtablit les coles bien Aprs la grande Rvolution, dchues pendant cette tourmente. Il y a dans les papiers lgus par Oberlin (Mss. Andrese Witz) une feuille volante de nos intitule par lui Projet pour le rtablissement coles dgnres, et date du 7 sept. 1798. 2 Dix ans des instituteurs n'tait encore gure aprs, la situation amliore, preuve une lettre adresse, en 180g, au priet dans laquelle il se plaint de ce que le sadu Bas-Rhin, cause laire de l'instituteur se paie trs irrgulirement de la pauvret des montagnards.3 Heureusement pour le adOberlin avait l'oreille des autorits Ban-de-la-Roche,

1 V. aux Archives de la le Manuscrit paroisse de Waldersbach sous le titre: Bibliotheque o sont enregistrs, par villages et sexes, des livres et tout ce qui a rapport au tous ceux qui empruntent trafic charitable des livres. 8 Ed. P. 157. S Mss. Andrex Witz, cits par Ed. P., p. 220.

LA

Ij15gknbi

D oishbllm.

de l'Empire et de la Restauration, ministratives il remd'coles, dont la plissait mme les fonctions d'inspecteur cration ne date que de i833. Il fut bien second encore par Daniel Legrand, ande l'instruction cien directeur Ble, ancien publique membre du Directoire de la Rpublique helvtique, qui tait venu s'tablir avec toute sa famille dans sa paroisse. Il comptait parmi ses amis deux chefs d'institution, les Basedow 2 et Pestalozzi. Aussi n'est-il pas philanthropes tonnant qu'Oberlin lt assidment les uvres de ce dernier et possdt dans sa bibliothque le Manuel lmentaire de l'autre, ainsi que l'excellent ouvrage de Fnelon des filles, et l'Emile sur l'Education de Jean-Jacques s'il eut connaissance des ouRousseau. Nous ignorons de deux prtres allemands vrages pdagogiques de son temps, Sailer et Oversberg, de l'abb Rollin, de Lhomond et de la mthode de l'abb Gautier. Mais la meilleure qu'il pouvait adopter vis-a-vis de ces petits pdagogie villageois, c'tait celle que lui dictait l'exprience parce Pour s'assurer de leurs qu'elle leur tait plus approprie. il runissait les chaque semaine Waldbach progrs, coliers des cinq villages de la paroisse et donnait d'utiles directions leurs maitres. En un mot, il tait ducateur. Dans son presbytre, il avait ouvert un pensionnat pour les jeunes gens aiss d'Alsace, dsireux d'apprendre le franais c'tait un moyen d'augmenter ses modestes ses revenus et de faire plus de bien.4 Ses pensionnaires, enfants et jusqu'aux servantes mangeaient la mme table, et lui-mme vnr comme un patriarche, comme un

1 E. St. 508-9. 2 V. Stber, son Institut de chap. VII, au sujet de Basedow, Dessau et son Elementarweik. 3 Ed. P., chap. III, m, Louis Grgoire, Dictionnaire 112. et histoire des hommes Palis Portraits encyclopdique. 1876. utiles. Ed. P.. chap. 111. Oberlin.

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LEGENDE

D'OBERLIN.

ministre de Dieu, s'estimait heureux d'tre assis au milieu d'eux. Ils se trompent bien ou ils nous trompent ceux qui nous prsentent Oberlin comme un modle de nos ducateurs contemporains dont le systme consiste ignorer moral, Dieu, se passer de Lui dans l'enseignement ne donner d'autre base la vertu qu'un idal imaginaire, d'autre sanction que le remords de la conscience, d'autre obligation que le sentiment de l'ordre, sous prtexte que tout mobile extrinsque est contraire la dignit humaine, prtexte dont ils se couvrent pour bannir la religion de l'cole neutre. Jamais ne conut une pareille Oberlin utopie. C'tait un croyant. Il croyait en Dieu, sa parole, sa loi, ses rcompenses et ses chtiments; il croyait plusieurs vrits de la doctrine chrtienne. Dans un disil cours adress en 1769 aux Rgents et Conductrices, Qu'il est heureux le matre pronona ces belles paroles d'cole qui s'efforce d'inspirer ses lves un amour ardent pour Dieu, leur pre cleste, et pour Jsus-Christ leur Sauveur. Un matre d'cole qui craint et aime Dieu de tout son cur et qui est rempli de zle pour l'avancement de son rgne, apprendra peu peu profiter de toutes les circonstances pour remplir la jeunesse de tendresse pour Dieu et de zle pour le bien. Nonobstant ses sentiments on voudrait le faire passer pour le premier religieux, de l'enseignement On le promoteur laque obligatoire. propose comme un prcurseur des pdagogues modernes,2 et pourtant, dans sa mthode d'enseignement, il ne diffre gure de ceux de son temps. La Rpublique, et la Royaut rivalisrent l'Empire an II, la Le 16 fructidor pour le combler d'honneurs. vu le rapport qui lui avait t prsent sur Convention, les services rendus du Ban-de-la-Roche, par le pasteur

1 Leenhardt, ms. cit par Ed. P. 102. 3 Carlos Fischer, Alsace champtre, p. 71 (Paris, 1907).

E. Sauvot

et Cie

LE

LGENDE

D'OBEBMN.

lui dcerna une l'instruction en y propageant primaire, Il fut tenu en trs haute estime par mention honorable. En 1819, lui, qui les prfets Laumond et Lezay-Marnsia. fut cr avait prt le serment de haine la Royaut, attendu que, dit le chevalier de la Lgion d'honneur, on ministre du roi Louis XVIII, dans son compte-rendu, d'insdoit son zle et ses lumires les tablissements sa truction publique forms dans cette commune. Aprs mort, ce fut bien mieux. Ses traits ont t immortaliss par les arts, sa mmoire par les muses. (A suivre.) R. C. B.

LE KULTURKAMPFALSACIEN-LORRAIN.

Le conflit qui a surgi rcemment entre les vques et de Metz et entre le gouvernement de Strasbourg mrite-t-il le nom de Kulturkampf? d'Alsace-Lorraine, Bien certainement, et au mme titre que le conflit qui clata jadis aprs la guerre de 1870 entre le gouvernement et l'piscopat prussien. En effet, ce ne sont pas de traitement, des les suspensions l'emprisonnement vques et des prtres fidles, la fermeture des sminaires le Kulturkampf en lui-mme cette qui constituaient matrielle, brutale, violente n'en tait que la perscution L'essence du Kulturkampf consistait dans consquence. de l'Etat de contrler, la prtention de surveiller, de limiter l'autorit doctrinale de l'Eglise, de l'piscopat. Bismark et son lieutenant Falk n'admettaient pas que l'pissans le placet de l'Etat, le dogme de copat promulgut, de cette foi l'infaillibilit, qu'il obliget la profession les fonctionles sujets du roi de Prusse, et notamment les naires plus spcialement tenus cette profession, les aumniers de de lyce, les professeurs instituteurs, thologie et les curs, que pour la circonstance on affublait plus troitement que jamais de la qualit de fonctionnaires de l'Etat. Bismark entendait maintenir tous les citoyens,

LE

KULTURKAMPF

ALSACIEN-LORRAIN.

tous les prtres tous les membres de l'enseignement, le titre de catholiques rebelles l'Eglise, ses yeux, du catholicisme, tandis que eux taient les reprsentants en communion le troupeau fidle l'piscopat avec le Pape tait, lui, novateur et schismatique. N'est-ce pas exactement si parva licet componere magnis baron de Bulach, et ce qu'ont fait le secrtaire d'Etat, comte de Wedel ? En effet, si les vques le Statthalter, de Strasbourg et de Metz se sont adresss aux instituils ne l'ont pas fait pour leur donner teurs catholiques, des instructions techniques ou professionnelles, pour rmais gler leurs rapports avec leurs chefs hirarchiques, uniquement pour les rendre attentifs l'enseignement moral de l'Eglise, dans une question qui n'est aucun d'ordre point de vue du ressort de l'Etat, une question priv, quoique par ricochet elle tienne aux intrts communs de la population catholique. M. de Bulach et le comte de Wedel ne prtendent rien moins qu' interdire l'Eglise, dont les vques sont les organes de droit divin, d'enseigner leurs devoirs d'tat aux catholiques, pour peu que ces devoirs regardent, mme de loin, un fonctionnaire. C'est donc bien, voulu ou non, le Kulturkampf. Mais il sera bon de remonter un peu plus haut, aux origines mmes de ce conflit. Il existe en Allemagne une Association des institudisons teurs, syndicat gnral de toutes les associations, nationales, si malsonnant que le mot soit certaines oreilles, puisqu'il n'y en a pas d'autre en franais pour dsigner les Etats confdrs de l'Empire. Cette association est et cela seul il n'y aurait rien interconfessionnelle, d'intrts redire, puisqu'il existe des questions purement o l'on peut faire matriels, des questions pdagogiques, abstraction de la religion. L'Eglise n'a pas compltement la prtention de rgler les traitements, une d'exprimer sur l'criture droite ou penche, de donner prfrence une dcision pour la rforme de l'orthographe elle ne

LE

KULTURKAMPF

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