Mardis de l'AIGx - Bruno SCHIFFERS
Transcript of Mardis de l'AIGx - Bruno SCHIFFERS
1
B.SCHIFFERS (Prix AIGx 1981) – Gembloux Agro-BioTech
Les Pesticides: Stop ou encore ?
Petit débat entre tracteurs et détracteurs
Les Pesticides: Stop ou encore?
Une polémique qui enfle
Pesticide : Combinaison de deux mots
très forts !
Peste
Biocide (qui tue la vie)
5
2%
3%
3%
3%
4%
5%
5%
5%
6%
7%
9%
9%
9%
12%
19%
0% 5% 10% 15% 20%
Faim dans le monde
Prix
Environnement
Nouveaux virus
Allergies
Manque d'hygiène
Faible qualité
Cancer
Qualité industrielle, artificielle
Teneur en matières grasses
Obésité, diabète
Manque de fraîcheur
Additifs, colorants
Pathogènes (Salmonelles)
Pesticides
Qu’est-ce qui vous
préoccupe le plus ?
Eurobarometer ‘Risk issues’
2010
2
7
Emergence des groupes de pression
Exigences des associations de
consommateurs
Prise de conscience, questionnement :
Impact des technologies (santé, environnement,
société)
Impact des contaminants chimiques et des OGM
Impact du changement climatique
Durabilité des pratiques (agricoles)
Erosion de la biodiversité
Finitude des énergies fossiles (place des intrants?)
Gestion des déchets toxiques
Risques liés aux pesticides :
sondages d’opinion
70% à 80% des personnes inquiètes
Un débat serein sur les pesticides
est-il encore possible?
Nous allons essayer de revenir
sur quelques arguments
emblématiques de la complexité
et qui nourrissent la polémique
Les Pesticides: Stop ou encore?
Une « Success Story » qui dure
Partie 1 12
3
Développement des neurotoxiques
Le célèbre DDT
Apparition de grandes sociétés
La recherche par screening tests Les molécules de synthèse: > 1000 !
Toujours plus !
4
Lutte contre les rongeurs, vecteurs
et nuisibles (transmission de zoonoses)
21
Des produits phytopharmaceutiques
sont épandus dans la majorité des
cultures des pays développés
22
Cependant la grande majorité des
petits paysans n’a pas ou peu accès
aux produits phytopharmaceutiques
23
Quelques chiffres:
Monde : 1000 euros de pesticides consommés
chaque seconde
Un marché mondial stable de 35.000.000.000 €
(1): Etats-Unis – (2) Inde - (3) France (premier
marché en Europe), puis l'Allemagne
Marchés en (forte) croissance: Chine, Brésil, Asie
du Sud Est, Afrique du Nord et de l’Est
Europe: plans de réduction (ex: PRPB)
Belgique: environ 7500 tonnes/an (décroissance)
5
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
50
2008 2009 2014
Pesticides
Biopesticides
$ billions
Projection de croissance du marché
mondial: pesticides & bio-pesticides
26
Belgique: évolution du marché
26
0
2.000
4.000
6.000
8.000
10.000
12.000
1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
years
Pesti
cid
e s
ale
s (
t/year)
Total
Agriculture
Belgique: caractéristiques filière
991 produits commerciaux agréés en Belgique (source : Fytoweb, juin 2012)
28
Activités réalisées en Belgique
(Juin 2012, database AFSCA)
Nombre de
sociétés
Fabricants de produits phytos 21
Conditionneurs de produits phytos 24
Etablissement faisant fabriquer ou
conditionner par un tiers 25
Exportateurs de produits phytos 277
Importateurs de produits phytos 257
Commerces de gros produits phytos 480
Belgique: fabricants et commerçants
29
Activités réalisées en Belgique
(Juin 2012, database AFSCA)
Nombre de
sociétés
Entrepreneur agricole avec stockage 371
Entrepreneur agricole sans stockage 180
Entrepreneurs de parcs et jardins 476
Agriculteurs (chiffre approximatif) 43.000
Belgique: utilisateurs de pesticides
30
AF
SC
A
SP
W
DG
4
DG
5
Agréation – autorisation des produits - - X -
Agréation des utilisateurs et vendeurs de produits - - - X
Sécurité alimentaire (résidus, inspections) X - X -
Environnement - X - X
Agréation et autorisation des activités des
entreprises X - - -
Permis d’exploitation - X - -
Traitement emballages vides et restes de produits - X - -
Belgique: acteurs du public
6
31
Fab
ricati
on
Co
mm
erc
e Utilisation
En
tre
pre
ne
urs
Pro
du
ctio
ns
vé
gé
tale
s
Pro
du
ctio
ns
an
ima
les
G-010 G-038 G-033 G-012 G-037 Total SAC
certifiés/an
2009 0 0 7 846 501 1.354
2010 0 33 96 7.563 1.481 9.173
2011 11 72 224 11.124 2.265 13.696
2012 11 82 312 13.463 2.803 16.671
Belgique: autocontrôle filière (SAC)
32
Apports reconnus de la lutte chimique
Augmentation de la production mondiale et de la
productivité à l’hectare (préservation zones forestières)
Amélioration de la qualité commerciale et technologique
des produits
Meilleure qualité sanitaire des produits récoltés
Meilleure conservation des récoltes (moins gaspillage)
Meilleure santé des populations (lutte contre vecteurs)
Les Pesticides: Stop ou encore?
Le cauchemar de Buffon
35
Les pesticides, employés à large échelle,
laissent des “traces”
L’effet de ces traces est :
• Soit ignoré (“effet seuil”)
• Soit sous-estimé
• Le plus souvent, non ou mal connu
Résidus de pesticides
80% des fruits et plus de 50% des légumes
97-98% conformes…mais nombre de s.a. retrouvées augmente
Analysés Sans
résidus
Avec
résidus
> LMR
Fruits et
légumes 1854 31,2% 64,0% 4,8%
Tous végétaux 2188 37,3% 58,4% 4,3%
Results of the official controls in accordance to Regulation (CE) N°396/2005
and Commission Regulation (EC) N° 901/2009 (AFSCA, 2010)
7
Contamination des eaux
Etat des eaux de surface
Carte des pesticides à usage agricole dans les eaux
de surface de Wallonie
(Source : SPW-DGO3-DEE-DESU)
2004-2009 = Pas bon
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Introductions :
Intentionnelle
(ex: résidus)
Non
intentionnelle
(ex:
acrylamide,
mycotoxines,
dioxines, PCB)
Effet « cocktail » ?
Additifs, arômes
Produits de transformation
Résidus
Polluants
(HAP, PCB, dioxines)
Mycotoxines
Impuretés
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L’emploi des pesticides expose les
humains, mais aussi la faune, la flore,
les sols et les eaux :
• A une contamination permanente
• Par de nombreux produits toxiques
différents
• Par diverses voies (cutanée, orale,
ou inhalatoire)
40
Balbuzard : 25 ppm
Brochet: 2 ppm
Vairon: 0,23 ppm
Plancton: 0,04 ppm
Eau : 0,00005 ppm
Bioaccumulation & Bioconcentration
Concentration
42
Contamination de la chaîne alimentaire (nombreux
résidus, présents dans de nombreuses denrées)
Contamination environnementale (eaux, sols, air) :
écotoxicité, dégradation/altération de la fertilité des sols,
réduction de la biodiversité
Pollution des eaux (surface et souterraine)
Atteinte à la santé des agriculteurs et autres
Modifications des pratiques culturales (monocultures)
Perte d’image de l’agriculture (difficultés croissantes)
Critiques faites à la lutte chimique
8
43
Clandon Park,
Surrey (UK)
XVIIIème siècle
Peinture de
Leendert Knyff
(1650-1722)
44
Impact sur les pratiques culturales:
75% de la diversité génétique a disparu en 100 ans
75% des aliments < 12 espèces végétales et 5 animales
Les Pesticides: Stop ou encore?
Les limites de l’évaluation
46
La règlementation a progressé et semble
avoir couvert tous les “cas de figure”…
Avec pour conséquence de laisser
penser qu’on peut ainsi passer
d’une “évaluation du risque”
à une “assurance de sécurité”
47
Mais il apparaît que, faute moyens et de
connaissances, les modèles
d’évaluation sont incapables de donner
une image réaliste du “risque”…
Or, plus les moyens d’investigation
progressent, plus cette image se trouble
Exemple : principe de gestion risque
lié à l’emploi des pesticides
Substance active Situation de travail
Toxicité potentielle Limite d’exposition
acceptable
Risque potentiel Estimation de l’exposition
probable
Effet potentiel sur la santé de
l’opérateur Symptômes observables
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Aucune des deux conditions de base
pour ce « principe » ne sont réunies:
1. Pouvoir caractériser valablement le danger et
fixer une limite d’exposition acceptable: notion
d’AOEL est discutable …et discutée !
2. Connaître les conditions d’emploi et pouvoir
évaluer l’exposition des opérateurs: les
« modèles » de calcul sont non réalistes,
obsolètes et rudimentaires
50
Les modèles n’intègrent pas la pratique
Caroline Cox & Michael Surgan, Unidentified Inert Ingredients in
Pesticides: Implications for Human and Environmental Health,
Env. Health Perspectives (online Aug. 18, 2006)
51
Brown T.P. et al. (2006). Pesticides and Parkinson’s Disease-Is
There a Link? Environmental Health Perspectives, Vol.114, 2: 156-
164
Kamel et al. (2006). Pesticide Exposure and Self-reported
Parkinson’s Disease in the Agricultural Health Study. American
Journal of Epidemiology, Vol. 165, 4 : 364–374
Betarbet R. (2000). Chronic systemic pesticide exposure
reproduces feature of Parkinson’s disease. Nature neuroscience ,
Vol. 3,12: 1301-1306
Gorell J.M. et al. (1998). The risk of Parkinson’s disease with
exposure to pesticides, farming, well water, and rural living.
American Academy of Neurology, Neurology, 50:1346-1350
Pas d’évidence sur le Parkinson?
Le lien entre la maladie de Parkinson et les pesticides officiellement reconnu
Le Monde.fr | 09.05.2012
Pas d’études sur le cancer ?
Etude CEREPHY (de 1999-2001)
Etude PHYTONER (de 1997 à 2003)
Etude CERENAT (2004)
Etude PHYTOPARK (2006 – 125.000 personnes)
Etude AGRICAN (en cours- 185.000 personnes)
Publications nombreuses: GODON, D. et al. (1989). Pesticides et cancers en milieu rural agricole au Quebec:
Interpretation geographique. Social Science & Medicine, Vol. 29, 7:819-833
BALDI I. et al. (1998). Long-term effects of pesticides on health: review of current
epidemiologic knowledge. Revue d'épidémiologie et de santé publique, vol. 46, 2:134-142
Cancers chez les agriculteurs
Perception
du risque
par le public
Conclusions
scientifiques
de
l’évaluation
du risque
10
Il est urgent de comprendre l’origine
de cette inquiétude…
et comment se construit la
perception du risque
chez les citoyens
Seule issue pour réconcilier
« risque réel » et « risque perçu »
L’acceptabilité du risque en question
Acceptabilité :
Notion purement arbitraire et évolutive
Balance bénéfices-risques:
Notion relative
Avantages supérieurs aux inconvénients ?
Nourrir la planète : un argument crédible ?
« Les produits phytopharmaceutiques sont
indispensables à la production d’une nourriture saine
et abondante pour une population mondiale en
croissance continuelle » (Phytofar, Rapport 2012, p 6.)
Postulat : Croissance démographique Malnutrition
Produire plus grâce aux pesticides
En réalité, ce postulat est faux et cet argument ne
tient pas !
58
1990 5,3 milliards Malnutrition : 15,4%
815 millions
2000 6,4 milliards Malnutrition : 13,5%
825 millions
2015 7,3 milliards Malnutrition : 9,1%
665 millions
2030 8,3 milliards Malnutrition : 6,7%
557 millions
59
La malnutrition s’explique par des problèmes politiques et
économiques ...et non par la croissance démographique
L’utilisation intensive des pesticides est au Nord, la
croissance démographique est au Sud
Exporter nos produits agricoles détruit les marchés locaux,
empêche le développement du secteur agricole au Sud
Le gaspillage de nos ressources atteint 30% ou plus
Produire plus au Nord et exporter au Sud alourdirait
encore fortement l’empreinte écologique sur la planète
Nourrir la planète : un argument crédible ?
60
Croissance population Empreinte écologique
(1961 2005)
Pays hauts revenus
Pays à revenus intermédiaires
Pays pauvres (du Sud)
+44% +156%
+104% +150%
+172% +110%
Croissance démographique = problème de mode de production, pas un problème de malnutrition
Source:
V.RAISSON, 2010
2033 - Atlas des
Futurs du Monde
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Produire avec moins de pesticides ?
Une réduction des quantités est possible, sans perte
significative de production (-5 à -6%):
1. Selon INRA : - 30%
2. Cas du Danemark : - 40%
Réductions obtenues sans changement radical
des modes de production
Les Pesticides: Stop ou encore?
Changer de paradigme
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Selon Kuhn (La structure des révolutions scientifiques), il faut
un changement de paradigme en sciences quand existent :
Un ensemble d'observations et de faits avérés
Un ensemble de questions qui doivent être (re)pensées
et résolues autrement
Des indices que les méthodologies employées (comment
ces questions doivent être posées) ont atteint leurs limites
Des indications que l’interprétation des résultats de la
recherche scientifique n’est pas cohérente/consistante
Changement de paradigme
T.S. KUHN, 1962
64
Le modèle agricole actuel n’est pas viable à long terme
Les « effets secondaires » ne sont plus acceptables
La sécurité sanitaire des aliments est au centre des
préoccupations (résidus !)
Exigences de plus en plus élevées des distributeurs : des
millions de producteurs seulement quelques
distributeurs !
Certifications privées sont en croissance (« zéro pesticide »)
Ce changement est rendu nécessaire:
65
Inquiétude du consommateur
Effet sur les décisions d’achat ? « Substitution » de standards commerciaux aux normes
réglementaires (ex: LMR)
Exigences « marketing » sans fondements scientifiques
Renforcement des certifications privées (ex: Global-GAP,
ISO 22000, ISO 14001, ETI, BIO-EQUITABLE)
Restrictions accès aux marchés et coûts
Evolution de la grande distribution ?
12
67
Max. 80% MRL (sum)
Max. 80% ARfD (sum)
Max. 3-5 AI subject to product
Max. 33,3% MRL
Max. 33,3% ARfD
Max. 70% MRL
Max. 70% ARfD
Max. 70% MRL
Max. 70% ARfD
Max. 3-5 AI subject to product
Max. 80% MRL (sum)
Max. 80% ARfD (sum)
Max. 5 AI
Max. 50% MRL
Max. 100% ARfD
Max. AI subject to product
Exigences sur les résidus:
Respect d’un niveau de résidus fixés à
80% de la LMR
Avec maximum 3 « résidus »
détectables / produit
Exemple-type : Hypermarket C1000
69
Distributeurs qui exigent Global-GAP
70
Nécessaire évolution des pratiques
Produire de façon « durable »:
Sensibilisation et formation des opérateurs
Modes de production plus durables
Modes de protection: lutte intégrée, lutte biologique
Vulgarisation des « Bonnes Pratiques Phytosanitaires »
Amélioration des techniques de traitement
Produire de façon « éthique »:
Respecter santé de opérateur et du consommateur
Respecter environnement
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Dimensions
agronomiques
Dimensions
écologiques
Système
traditionnel
Système
traditionnel, lutte
intégrée
Protection intégrée Production intégrée
Systèmes basés sur agro-écologie
Agriculture plus « durable »
Objectif : méthodes de production basées sur une meilleure
gestion des agrosystèmes pour réduire pollutions :
agro-écologie (systèmes écologiquement intensifs)
De l’IPM à l’ICM & Agro-écologie
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Prof. Bruno Schiffers
Gembloux Agro-Bio Tech/ ULg
Laboratoire de Phytopharmacie
Tel. + 32.81.62.22.15
Fax + 32.81.62.22.16