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KOULCHI TAMAN Correspondance de Marcovabien, à sa fille, lors de son voyage à Marrakech dans le cadre de la construction d’un triporteur pour l’association AFD Connexion. Tout ce qui est décrit dans ces pages est vrai, mais l’inverse est faux (suivra qui pourra).

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Voyage à Marrakech dans le cadre du projet AFD Connexion pour customiser le triporteur de l'association.

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KOULCHI TAMANCorrespondance de Marcovabien, à sa fille, lors de son voyage à Marrakech dans le cadre de la construction d’un triporteur pour l’association AFD Connexion. Tout ce qui est décrit dans ces pages est vrai, mais l’inverse est faux (suivra qui pourra).

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EPISODE 1✮

Salut Nanoune,Il faut que je m’adresse à quelqu’un pour écrire. Comme je t’aime c’est plus facile et ça devrait te faire rigoler.

Je te passe l’épisode 0, je te le raconterais de vive voix, ça vaut aussi son pesant d’or : une semaine pour arriver à Marrakech, des fois je me demande vraiment si je suis normal.Notre histoire commence donc à Fès où j’arrive après 5 heures de «grand taxi», à sept dans la mercedes diesel années 80, pour ensuite prendre un autobus CTM (compagnie maro-caine de transport) surclimatisé version «Brésil/Pôle Nord». Bien sûr comme il fait 50 degrés tu penses jamais à la couver-ture et tu le regrettes pendant les 8 heures que dure le trajet. Ce serait trop facile si c’était une connexion normale, il faut donc attendre 8 heures à Fès pour prendre le «Marrakech express» de 18h30.Que faire ? D’abord une visite de l’ancienne médina : absolu-ment incroyable, ciselée au couteau, mosquées et batiments d’un autre âge, merveille de beautée et de travail.Vient ensuite l’incontournable : le bar.

Je descends quelques verres dans un endroit qui fait pen-ser au bar d’Ankara. Je sors de là et c’est la planète des tri-porteurs, j’en vois un magnifique et tout excité je vais bran-cher le propriétaire de la machine qui transporte en fait du poisson. C’est un triporteur chinois bien aménagé, couvert d’une structure métallique très bien faite, surmontée d’une bâche avec des ouvertures partout. L’inventivité maro-caine sur une base chinoise. L’ami des pauvres gens que tu connais (c’est le surnom que m’a donné Nadia en voyage) se fait tout de suite ami avec le propriétaire et son aco-lyte qui sont, comme par hasard, des alcolos notoires. Ils me proposent un tour de Fès en triporteur. C’est avec un plaisir évident que j’accepte la proposition, tu imagines…

Nous voilà partis à trois devant sur des sièges aménagés, il faut se tenir, rappelle-toi de la première sortie du triporteur chinois à Marseille où tu m’avais abandonné à l’entrée du tunnel. Après une visite de la ville il me propose de prendre le volant.Très fiers, j accepte. Je ne sais pas pourquoi il me pousse à ac-célérer... sûrement pour me prouver que sa machine est per-formante. Il m’indique un tunnel en descente pour aller en-core plus vite (80 km/h), et là bien sûr l’inévitable se produit : le guidon se met à trembler, la moto dévie et on se mange le mur de plein fouet. Premier crash-test du triporteur qui n’au-rait jamais dû dépasser les 40 km/h.

Mohamed, qui est du côté du mur, s’arrache toute la peau du bras. Je découvre alors qu’ils avaient une caisse de bière à l’ar-rière ainsi que 5 kilos de merguez qui finissent sur la chaussée. Un reste de lucidité nous fait penser au drame qui nous attend avec la police et on décide de pousser le triporteur hors du tunnel et se mettre à l’abri des regards pour constater les dé-gâts : jante, pneu éclaté, fourche tordue… un retour au cycle qui me coûtera 1000 dhirams (100 euros) pour assumer mes responsabilités. Le triporteur reprend sa route à grands éclats de rire en se disant que le passage du «françaoui» à Fès restera dans les annales.

On finit au cabaret et c’est une escorte qui me ramène à la gare des bus à grands coups d’accolades macédoniennes. J’appelle Youssef le responsable du projet à Marrakech pour le rassurer.Je m’endors dans le bus.Proxima estation Marrakech…

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EPISODE 2✮

Salut Nanoune,3h du matin, j’arrive à la gare des bus de Mar-rakech, Youssef le directeur du projet «triporteur» AFD Connexion est dans une autre gare et fait

appel à un policier pour me localiser, finalement je l’ai au téléphone, il arrive. En l’attendant je vais prendre un thé à la menthe et des brochettes de kefta à la baraque ambulante d’en face. C’est la planète des chats errants et des clochards entre Istanbul et le Brésil. Il fait 35 degrés et la chaleur est étouffante. Youssef arrive enfin avec son cousin, Momo, et Jean-Pierre, le mari de Lide, qui sont en vacances en famille depuis une semaine à Marrakech.Enfin Youssef est rassuré de voir ma tête.

Direction la résidence «Al Karia si Yahir» dans le quartier de «Chaabi» proche du centre de Marrakech en face du quar-tier populaire de «Bab al Khmis» où se situent le marché aux puces et le centre de recyclage des matériaux. La résidence est une cité marocaine moderne entourée de jardins magni-fiques et d’une très belle mosquée le tout dans une enceinte gardée. La maison, un riad, est superbe. Un couloir donne sur un immense salon entouré de canapés avec des tables basses au milieu. Ce sera mon secteur avec Youssef. Les trois étages qui le surplombent et qui desservent les chambres étant oc-cupés par le reste de l’équipe. L’ensemble est décoré de ma-gnifiques mosaïques. Je ne suis pas habitué à tant de luxe.

Dès le lendemain matin, direction la médina pour voir le triporteur que Youssef a repéré pendant mon absence. Ce sera un modèle chinois qui ressemble à celui que j’avais transformé en Chine en cinéma ambulant/karaoké pour la trienale de Canton. Le triporteur n’est pas en très bon état mais le moteur tourne bien. Il est surplombé d’une structure métallique que je peux utiliser comme base.

C’est un 110/4 temps de marque «Lifang». Il faut refaire les freins, l’électricité, le neuman, le phare et les clignotants. Le prix est intéressant, Youssef l’a négocié pour 3000 dirhams (300 euros). Avec Ahmed, l’ami de Youssef a qui appartient le «riad» où nous logeons nous commençons à faire le tour des garages motos pour demander des devis pour les réparations et les délais. C’est finalement chez un imam garagiste avec djelaba et longue barbe que nous trouverons le bon prix. Ce sera 2000 dirham (200 euros) et deux jours de travail, ce qui est super. Vive «l’islam mécanique». Le propriétaire du tri-porteur doit partir livrer des légumes. Nous prenons rendez-vous le lendemain pour discuter de l’achat. Pas si simple au Maroc de négocier, il faut du temps. Nous finissons la journée dans une sorte d’hacienda à quelques kilomètres de la ville. Nouveau complexe créé par des étrangers, pour des étran-gers, très à la mode au Maroc, avec chameaux, cheveaux, pis-cine, pétanque et rosé pour faire plaisir à Lide, Jean-Pierre et Julian. Je n’ai jamais fréquenté ce type d’établissement au Maroc, mais le rosé est bon, donc je ne me plains pas. Nous rejoignons Ahmed qui travaille dans un magasin qui vend des tongues brésiliennes dans le quartier populaire de «Che-rifia». Toujours la même hospitalitée marocaine qui fait avoir un peu honte d’être français. De retour à la maison, c’est un apéro géant qui nous attend, avec des amis basques, Ghzala et Guillaume, les voisins et toute l’équipe. Super soirée.

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Salut Nanoune,Après un réveil difficile (à trois dans les canapés du salon avec Ahmed et Youssef) cap sur la mé-dina pour retrouver le propriétaire du triporteur.

Youssef verse une avance de 500 dirhams (50 euros), les pa-piers se feront lundi chez un avocat, le temps pour le pro-prio de trouver un autre moyen de transport pour livrer ses légumes. L’après-midi se termine dans un restaurant avec piscine hallucinante en plein-air, videurs et set de DJ pour la fête de la musique marocaine. On dirait que tous les dealers des banlieux françaises se sont donnés rendez-vous pour la parade avec defilé de mannequins. Miami / Marrakech.

Un autre Maroc que je n’avais jamais vu et qui contraste vul-gairement avec la réalité sociale du pays.

Le soir nous sommes invités à prendre l’apéro chez un instit’ français, Rodolphe, et son ami Olivier qui seront les respon-sables pour l’association du projet Maroc une fois le triporteur livré. Ils sont super. Nous discutons du cahier des charges et des prioritées pour l’exploitation de la machine. Ce sera une bibliothèque ambulante d’un coté et des rangements pour jeux de ballons et jeux de sociétés de l’autre. L’un pouvant être utilisé sans l’autre. Je décide que le triporteur sera tolé par sécurité et s’ouvrira de chaque côté comme un oiseau en hommage à Youssef dont le nom de famille est «Berdi». J’en-visage pour le toit une mini-scène en bois avec sono décorée à la manière des camions de marchandises locaux. Un repos s’impose après la fête d’hier.

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Salut Nanoune,Aujourd’hui nous partons pour Casablanca en voiture. Youssef est invité à un mariage et nous l’accompagnons avec l’équipe. Trois heures de

route à travers la campagne marocaine par la nouvelle au-toroute. Une autre vision du pays qui renforce le contraste entre les villes et les zones rurales, qui semblent tout droit sorties du Moyen-Age. Je n’étais pas revenu à Casa depuis le projet «2001 tout va bien» où j’avais fabriqué le village des «carrossa» (baraques ambulantes) au marché «kréa» (mar-ché du recyclage des matériaux). Je n’aurais pas reconnue la ville, elle a littéralement explosée. Casablanca est devenue le poumon économique de l’Afrique sub-sahariene, et avec ses 7 millions d’habitants elle est de loin la plus grande ville du Maroc. Une petite visite de la «courniche» qui est deve-nue un parc d’attraction géant genre «aquacity». Direction «dar bouaza» une petite ville en pleine expansion à 20 km de Casa. Les champs qui faisaient face à l’atlantique ont eté remplacés par des lotissements pour les classes moyenne et supérieure. Le mariage où est invité Youssef se passe dans l’une de ces résidences.

Il nous présente son ami Erouane, breton né au Maroc, sur-feur de son état et ancien patron du mythique restaurant «le vignau» à Casa. Un super mec. Il nous propose de pas-ser la nuit chez lui, on arrive à six quand même! Je détecte tout de suite le punk qui sommeil en lui. Il habite une petite maison traditionelle au milieu des champs encore épargnés par l’urbanisation sauvage, avec un toit terrasse et une vue imprenable sur l’océan. Le climat contraste avec Marrakech, il fait presque froid. On a droit à un bon apéro et un super repas car il fabrique des plats cuisinés qu’il livre aux alen-tours. Erouane et Youssef partent au mariage et je reste là pour écrire.

A cinq heures du matin ils sont dix à me réveiller au retour du mariage, complétement bourrés. Ca part de là, eux conti-nuent et moi je commence. Il y a le meilleur pote de Youssef, Amin, sociologue de formation et producteur de la première émission de télé politique pour les jeunes dans le monde arabe. Un super mec très brillant. S’en suis une super fiesta qui nous emmènera vers 8 heures du matin.

Là, une nouvelle mission m’attend. C’est toujours pour moi ce genre de plan. Le proprio marocain d’Erouane qui nous a rejoint et qui fait du busines en Suisse (?) me propose une course de quad à travers les champs. Motivé par mes nou-veaux amis, j’accepte le challenge. Deux quads 125 cm3 sur la ligne et top départ.

Le proprio prend vite de l’avance, je ne connais pas le terrain et surtout je n’ai jamais fait de quad, et là comme d’habitude, tout s’emballe. A fond, je rate le virage, saute le talus, saut pé-rilleux, le quad me passe par dessus, je roule dans le champ, mais grâce à dieu je m’en sort indemne, et miracle le quad n’a rien…Pas fini l’opération : ce putain de quad ne redémarre pas. Obligé de le pousser jusqu’à la grande route à deux kilo-mètres. Je ne m’aperçois pas du temps qui est passé et tout le monde est à ma recherche. C’est finalement Youssef qui me récupère avec le camion d’Erouane, le proprio arrive très inquiet, mais rien de grave il suffisait de reconnecter un fil et ça repart, l’honneur est sauf…Il est temps de regagner Marrakech, je suis épuisé, je m’en-dors à l’arrière de la voiture.

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Salut Nanoune,Nous sommes dimanche l’équipe se sépare, Lide, Jean-Pierre et Julian rentrent à Marseille.Notre ami Rocco voudrait aller voir un imam car il

vit une séparation difficile en France, comme je suis curieux je me propose de l’accompagner avec Ahmed, notre logeur et ami. Nous voilà remontés dans un «grand taxi» mercedes (ce sont ceux qui font les liaisons de villes à villes) direction «la agrab», petite ville à 40 km de Marrakech en pleine cam-pagne. La chaleur est terrible, quasiment 50 degrés, ça me rappelle l’Irak lors de «Marseille/Bakou». Le taxi nous pose au village et nous marchons sur deux kilomètres pour arri-ver jusqu’à une maison assez modeste à l’écart du village. L’imam prévenu de notre visite nous attend en bas. Etant le seul non musulman je m’attends à patienter dans le jardin, mais il me fait signe de monter. Il nous indique le salon, nous retirons nos chaussures et nous nous asseyons dans les cana-pés qui entourent la pièce. Il nous offre un thé à la menthe et des gâteaux, et commence à questionner notre ami Rocco sur la nature de ses problèmes.Son analyse est sans appel : les problèmes de l’homme sont liés à l’argent et aux femmes qu’il assimile au «chetan» (le diable). Il cite même Adam et Eve qui fait manger le fruit défendu à ce dernier.Seul le Coran peut indiquer le bon chemin….

Après citation de quelques versets, il nous propose de parta-ger son repas. Il nous offre de l’eau pour se laver les mains dans un récipient traditionel, et amène salade et tajine de mouton que nous partageons dans le même plat avec du pain maison en guise de couverts. Super repas qui fini par le duo melon-pastèque cher à ma belle-mère au resto à Marseille.Le travail sur notre ami peut commencer.Je reste à l’écart.

L’imam sort des feuilles de papier qu’il déchire consciencieu-sement en mouillant la tranche avec sa langue. Il se met à écrire des chiffres qu’il additionne et soustrait de façon éton-nante. Ensuite il sort un pot d’encre naturelle, genre broue de noix, et un stylet en bois avec lequel il trace des dessins géométriques en récitant des prières. Il emballe les premières feuilles dans d’autres pour en faire des amulettes toujours en récitant des prières de façon mécanique.Rocco, qui pense être envoûté par son ex, devra garder les amulettes sur lui et réciter 15 fois les prières tous les matins pendant une semaine pour contrer le mal qui le ronge. Il lui remet 100 dirhams (10 euros) et nous rentrons à Marrakech.Je reste dubitatif mais notre ami semble confiant…

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EPISODE 6✮

Salut Nanoune,Le jour J est enfin arrivé nous devons finaliser l’achat du triporteur pour que je puisse commen-cer à travailler. Nous arrivons au rendez-vous et

le propriétaire semble un peu embêté, il reste loin de nous. Notre ami Ahmed va lui parler et de loin nous sentons la patate. Ahmed revient avec la carte grise en nous disant qu’il est associé avec une autre personne sur le triporteur et qu’elle refuse de le vendre. Nous comprenons qu’il a tenté de vendre le triporteur en traitre de son associé et qu’il s’est fait griller, les deux propriétaires devaient être présents pour la cession du véhicule. Il rend les 500 dirhams d’avance. Je me prends un fou rire nerveux et on se dit avec Youssef que cela fait par-tie de l’aventure marocaine.Trois jours de perdus et on repart à zéro, il faut trouver un nouveau triporteur.

Nous apprenons l’existence du «souk del moteur», sorte de marché de l’occasion à ciel ouvert spécialisé dans les deux et trois roues. Il s’agit en fait d’un parking destroy où sont alignés des milliers de mobylettes des années 50 aux derniers modèles chinois. On nous propose quelques triporteurs. Il y en a un superbe que j’essaye pendant que Youssef me filme en me suppliant d’aller doucement suite au «crash test» de Fès, mais le proprio et ses amis passent de 14000 dirhams (1400 euros) à 17000 dirhams (1700 euros) en l’espace de quelques minutes. En tout cas trop cher pour l’asso. J’en essaye deux autres moins cher mais ce sont des épaves super dangereuses et trop coûteuses en réparation.

Ca y est, toute la ville semble être au courant de notre re-cherche de triporteur. Youssef donne son numéro et prend ceux des éventuels vendeurs. C’est le vrai «téléphone arabe». Tout le monde semble soudain connaitre quelqu’un qui en vend un. Youssef m’apprend qu’ici on les appelle des «sam-sar», des apporteurs d’affaires qui bien sûr si l’on conclut prennent leurs parts au passage. Rendez-vous est pris pour demain.

Nous rejoignons notre ami Rocco, dit Momo, dit le cousin sur la place «jaama el fna», le plus grand restaurant ambu-lant du monde, avec dresseurs de serpents, sorciers en tout genre, vendeurs d’eau traditionnels, montreurs de singes, musiciens gnawas…C’est également la place où circulent quotidiennement le plus grand nombre de personnes sur la planète. Mitoyenne du grand souk de Marrakech et inscrite au patrimoine mon-diale de l’Unesco ce qui en fait le lieu le plus touristique de la ville.

Rocco semble débarrassé de ses démons. L’imam aurait-il trouvé la bonne amulette ? A voir…

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Salut Nanoune,Réveil horrible, plié, 10 minutes pour sortir du lit. On dirait David Niven dans le film «le cerveau» tellement je suis tordu comme un S. J’arrive même

pas à marcher, comme à la fin du Balkan happy tour avec Manu Chao et Login. Je passe donc la journée couché sur le dos à inventer un système pour pouvoir taper nos aventures sur l’ordi. Lettre par lettre j’y passe l’aprés-midi. Youssef me ramène du voltarene et la voisine de l’huile de camphre pour me masser. La famille d’en face est super gentille.

Je ne comprends toujours pas qui est l’enfant de qui, le mari de qui et qui est la femme de qui. Youssef m’explique qu’Ha-lima est la deuxième femme d’un cuisinier français qui vit au Maroc depuis 8 ans, avec qui elle a la petite Sarah (1 an), sa soeur Zineb qui a deux autres enfants de deux mariages différents est veuve maintenant à l’âge de 23 ans. Il y a aus-si la maman, deux autres soeurs, la femme de ménage et sa fille : la «smala». Ca me fait vraiment penser à la favelas au Brésil version classe moyenne. Ils sont tous super gentils et on rigole bien avec eux. On a inventé un nouveau dialecte, mélange de marocain et françaoui.

Nos amis basques rentrent d’Essaouira du festival des mu-siques gnawa. Petite soirée tranquille et sans alcool. Je m’écroule dans mon canapé, pas de clim, le thermomètre af-fiche 53 degrés.Bonne nuit les petits, le marchand de sable tempête dans toute la ville, ils l’appellent le vent du Sahara, ou comme dit Rocco le «sirico».

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Salut Nanoune,Je t’aime, tu me manques.Levé huit heure direction «El manar» l’aéroport, pour aller récupérer Blandine, notre coordinatrice

de projet Maroc qui arrive de Marseille. Comme d’habitude après une heure de retard, on la récupère, je sais pas comment elle nous supporte, c’est une amie de Youssef, trop brillante. Le truc que j’aime chez elle sans la connaitre c’est le tattoo qui part de sa nuque et qui descend en bas du dos, la classe !

C’est elle qui gère une partie du graphisme et surtout l’écri-ture du projet pour le compte de Youssef. Direction «Jaama el Fna» pour la visite de la ville. Grillade, tajine de poulet, dans un petit resto pour faire le point sur l’avancement du projet. Nous avons rendez-vous ce soir pour voir deux tri-porteurs. Aujourd’hui je le sens bien. J’accompagne le cou-sin, dit Momo, dit Rocco au hamam/ massage, pendant que Youssef ramène Blandine au quartier général. J’en profite pour tourner dans la médina à la recherche de déco pour le triporteur. Je rigole, ils m’ont trouvé un nouveau surnom, « Prison Break» sûrement à cause des tattoos.

Rendez-vous à 19 heure au magasin d’Ahmed, direction «Syba» un quartier de la banlieue de Marrakech. A six dans la voiture, le cousin nous sert de chauffeur. Il sort du hamam et il est survolté, l’imam aurait-il trouvé la bonne amulette, le gars n’est plus le même, j’adore.Il est en folie et ne semble plus faire cas de sa déception amoureuse, je pense moi-même consulter dans un bref délai.Le cousin a très vite intégré le mode de conduite locale, il

nous fait mourir de rire, entre accélérations, insultes, coups de frein, à rendre jaloux les marseillais. Pas le poids d’après Rocco.

Nous voilà arrivés dans un quartier qui ressemblerait presque à un décor de western spaghetti de Sergio Leone : vaches, chèvres, moutons, chiens, chats, entre chantiers pas finis et banlieues en devenir.Des mobylettes, des carrioles tirées par des ânes ou des che-vaux, des triporteurs, des camions et des voitures se dispu-tent le bitume version «fou du volant « avec Diabolos et Sa-tanas en djelaba.J’en profite pour faire des photos pendant l’heure de retard habituelle. Une carriole s’en va avec un mouton attaché par les pattes à l’arrière, 10 mètres plus loin le mouton se fracasse par terre, le gars descend de la charrette pour le récupérer et l’âne en profite pour se barrer, mort de rire !Les conditions de vie du mouton semblent difficiles dans le pays…

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EPISODE 8✮

Salut Nanoune,A l’attaque. Le triporteur arrive enfin, au volant le propriétaire, surmonté d’un casque intégral sans visière à l’ancienne bordeaux, sûrement pour nous

faire croire qu’il joue la sécurité. Pas une première main l’en-gin. J’essaye quand même. C’est un 110 cm cube, un modèle simple sans marche arrière, un chinois, sûrement des pre-miers imports, il a déjà cinq ans et en parait cinquante. La fourche me paraît tordue, ça sent le danger à conduire. Il faut refaire l’électricité, plus de frein avant, très peu à l’arrière. Le seul avantage c’est qu’il est déjà surmonté d’une structure genre camionnette que je peux facilement transformer. Il est couvert d’une bâche rongée que je vais virer avec marqué dessus «al mishkat boulangerie pâtisserie». L’engin semble avoir plusieurs vies à son compteur.

Par contre j’adore le pare-brise en plexiglas qui lui donne un air «mad max». Nous voilà prêts pour l’essai tant attendu.

Blandine fait des photos, Youssef me demande de conduire prudemment, Momo semble étonné de l’intérêt que je porte à cette «merde», pendant qu’Ahmed et sa copine Naima com-mencent les négociations.

Je fais un tour du quartier, il tourne bien, vibre quand même beaucoup et ne me paraît pas très stable. Pour moi ça le fait !Le retour vers l’équipe est plus périlleux, au moment de frei-ner, la moto tire sur la droite, je frôle une voiture, le cousin se met les mains sur la tête, persuadé que je vais encore me manger l’obstacle.

C’est clairement la fourche qui est tordue, mais tout est ré-parable… Le propriétaire en possède deux et nous propose d’essayer l’autre, plus vieux, mais moins cher.

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✮✮✮ On monte à trois sur le triporteur avec Ahmed, ça me rap-pelle la configuration de Fès, il faut se tenir. 20 minutes plus loin et toujours vivant nous voilà dans un no man’s land. Des maisons pas finies d’un côté et de l’autre un immense terrain vague.Des gosses jouent partout et très vite j’en repère un qui sort du lot, il se mange la gueule trois fois en l’espace de cinq minutes et se relève aussitôt, genre «même pas mal», il me plaît celui-là.Le second triporteur arrive enfin, même cylindré, chinois aussi, une caisse en bois derrière. Bien attaquée la machine, plus d’électricité, pas de contact, plus de freins, en gros une épave…J’essaye quand même, il faut pas longtemps pour s’aperce-voir que ce serait une tentative d’homicide avec prémédita-tion pour l’éducateur de l’association qui devra le conduire. On lâche l’affaire. Les négociations pour le premier commen-cent… Le proprio commence a 9000 dirhams (900 euros), hors de question, le moteur est bon mais il y a quand même pas mal de réparations.

Ahmed, sa copine Naima, Youssef, le cousin Momo, luttent tous ensemble pour faire tomber le prix. 8000 dirhams (800 euros), 7000 dirhams (700 euros), on s’approche de notre budget…Blandine et moi nous nous tenons à l’écart, trop mauvais les françaouis pour négocier : mort d’avance.Le propriétaire du triporteur dit à Ahmed qu’il est comme son frère, et là Naïma sa copine assène le coup fatal : elle lui dit que si c’est sont frère il n’a qu’à lui vendre le triporteur 5000 dirhams (500 euros) et on en parle plus. L’affaire se clô-ture à 6000 dirhams (600 euros). Ca vaut pas plus cher mais les véhicules au Maroc coûtent très chers.

Le propriétaire nous livre lundi la machine au quartier gé-néral pour faire les documents, il sera au nom d’Ahmed, car les étrangers ne peuvent pas acquérir un véhicule de plus de 50 cm3.On vérifie au passage qu’il n’y a qu’un nom sur la carte grise, on nous a déjà fait le coup.Après quelques poignées de mains nous repartons vers le centre de Marrakech, heureux d’avoir enfin trouvé le tripor-teur. Seul le cousin ne semble pas comprendre l’engouement pour l’achat de cette épave.

Pour fêter ça Youssef nous invite à boire une bière au «pub» un bar à l’ami du cousin qui vient lui aussi d’Alès. Alle-magne/Italie, l’autre demi-finale de l’Euro 2012, j’ai beau penser à toi à Berlin, je me range du coté du Maroc. On est tous pour l’Italie.Match plié, 2-1 tout le monde est content «forza italia». Direc-tion l’Institut Français, pour le «Sun festival», 5 ème édition, au programme hip-hop marocain, les jeunes devant la scène se lancent dans un concours de danse à l’ancienne avec la ronde autour, c’est de loin ce que je préfère, et Hindi Zara en Guest Star.

Public très jeune, pas de bar, la misère…C’est toujours une drôle d’ambiance ces soirées…No comment…

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EPISODE 10✮

Salut Nanoune,Debout à 10 h pour une dernière réunion de tra-vail avec Blandine et Youssef qui doit rentrer en France à 15 h. Nous devons créer des tampons au

label du projet, pour le merchandising (tee shirt, badge, pla-quette, autocollant, briquet clipper….) à vendre pour finan-cer l’opération.

Top départ, le cousin Momo nous conduit, c’est de plus loin le plus diplômé en conduite marocaine. Un dernier tajine de boeuf et cap sur l’aéroport pour déposer le patron. Accolades macédoniennes de rigueur et remerciement pour sa gen-tillesse. Retour vers Marrakech. C’est bien connu quand «le chat n’est pas là les souris dan-sent», direction «Marjane». Les hypermarchés marocains sont les seuls à vendre de l’alcool bon marché. J’en profite pour faire des photos des emballages et des étiquettes de produits locaux pour que Blandine les utilise pour le graphisme. Bien sûr comme je n’ai pas d’autorisation je me fais chopper par la sécu du magasin qui m’avait déjà averti deux fois, et je m’en sort en faisant semblant de tout effacer pour ne pas me faire embarquer. Ca passe et on file sans traîner. Le cousin Momo nous invite à manger une glace à «Gueliz», le quartier huppé de Marrakech, qui est aussi son terrain de chasse à la «gazelle», entre Mac Do et deux grandes brasseries super chics. Le cousin nous explique que c’est là que ça se passe. Sa technique est bien rodée à l’animal : il note son numéro de téléphone sur des bouts de papier, et quand il tend la main à une fille pour lui dire bonjour, il lui glisse le papier.

Malheureusement, peu de résultat avec sa technique à l’an-cienne, ou seulement des prestations tarifées. Mais le cousin ne veut pas monnayer le plaisir, donc il rentre bredouille, et nous mort de rire. Un dernier tour en ville ou le cousin a acheté une montre de contrefaçon chinoise qui ne marchait plus le deuxième jour, j’en profite pour m’acheter la tradi-tionnelle paire de Converse également chinoise, d’ailleurs les pires que j’ai jamais vu, 100 dirhams (10 euros), ça va. On rejoint notre amie basque/marocaine, Ghzala, et notre logeur Ahmed au quartier général pour la dernière soirée du cousin qui nous quitte demain à 5 h du matin. Comment ne pas ra-ter l’avion… on s’oriente naturellement vers un apéro géant avec les voisins, voisines qui ont adorés Momo qui parle arabe et qui fait rire tout le monde avec ses insultes tout les deux mots. On danse toute la nuit, pour ne pas qu’il rate une nouvelle fois l’avion. 4h30 du mat, le gang au complet direc-tion l’aéroport musique brésilienne à fond.

Arrivé, le cousin remarque déjà toutes les jolies filles qui vont prendre l’avion. Il se focalise sur un mini-short rose fluo, nous apprendrons le lendemain qu’elle n’a pas pris le même avion. Il est fort le cousin…

Retour à la base pour s’écrouler un court moment avant d’al-ler rendre la voiture de location à 9h. Avec Ahmed et Blan-dine. A l’ouest complet, on se prend un fou rire nerveux à l’endroit où l’on doit rendre le véhicule : rue de Yougoslavie. Skopje/Marrakech, pas mal…

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Salut Nanoune,Ahmed va bosser et avec Blandine on décide de rentrer à la maison à pied. Plus courageux que pré-vu, on marche pendant des heures, et on découvre

un quartier hallucinant : une ville dans la ville, entièrement dédié aux ratissants et au recyclage des matériaux. Le paradis pour transformer le triporteur. On fait plein de photos et on prend des contacts. La décision est prise, je vais m’installer ici pour travailler. Tout les corps de métier sont représentés, fondeur, chaudronnier, soudeur, menuisier, mécanicien, tau-lier, couturier sur bâche, peintre carrossier, le tout organisé dans une anarchie totale mais qui semble bien fonctionner. C’est le quartier populaire de «kachich», entouré de remparts d’une dizaine de mètres de hauteur avec des portes voutées comme entrées. Celle que l’on empreinte s’appelle la porte du commissariat. J’y voie un signe qui me fait penser à celles du pénitencier… attention…

Nous rentrons à la maison épuisés, pour décharger les photos et faire l’inventaire des «trésors» que je ramasse dans la rue pour les éléments graphiques de la plaquette que Blandine doit produire.

Nous sommes super contents de notre journée de travail, on a bien avancé. Ce soir on mange dans le resto du mari d’Hali-ma notre voisine. Menu à thème tous les soirs, nous tombons sur «la mer», super, avec Blandine on a rien mangé de la jour-née, on à la rage. C’est un truc de fou, ils font 750 couverts par service, d’immenses buffets remplis de salades de la mer de tous les styles, d’autres remplis de desserts, des buffets chauds avec toute sorte de poissons, grillés, en sauce… tout est trop bon. Rosé à volonté, eh oui ça arrive encore…Je me gave jusqu’à ne plus pouvoir bouger. Je m’écroule en rentrant au quartier général.

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Salut Nanoune,Levé 9h, direction «jaama el fna» avec Blandine pour imprimer son billet d’avion et retirer de l’ar-gent. Elle reprend l’avion pour Marseille à 15h.

C’était court comme visite et elle m’explique qu’elle a dit à son mec qu’elle venait au Maroc faire une visite surprise pour contrôler que l’on ne dorme pas avec une bouteille de rosé et que le projet avance bien. Petit taxi direction «épicerie» ou «boulangerie», dans le code local, comprendre débit de boisson alcoolique, hors supermarché. Devanture grillagée, que des hommes, le patron m’emballe les bières une par une pour éviter la musique des bouteilles qui s’entrechoquent dans le sac plastique opaque. J’aperçois une vodka inconnue qui semble tout droit sortie d’une distillerie clandestine en Pologne, «Nikita», 90 dirhams (9 euros), je tente l’aventure polonaise. C’est la moins chère, mon budget quotidien pour finir le projet est désormais de 100 dirhams (10 euros), donc il faut calculer.

Retour au quartier général pour poser la marchandise au fri-go. Comme prévu, c’est dimanche on fonce aux puces avec Ahmed et Ghzala. Affluence record, on tente de trouver des éléments de déco pour le triporteur et faire des photos. On arrive à peine à marcher, tous les objets se mélangent, impos-sible de distinguer quelque chose dans tout ce bordel, plus les 50 degrés on dirait un mirage. Je trouve quand même deux petits panneaux ronds 80 km/h vitesse maximum, qui iront très bien à l’arrière du triporteur. C’est la vitesse qui m’avait coûté le crash-test de Fès. Le temps passe trop vite,

on rentre à la base remplir la valise de Blandine des «trésors» ramassés dans la ville pour les éléments graphiques. Direc-tion «el manar» (l’aéroport), où je vais quotidiennement ces derniers temps.

Ghzala et Ahmed nous accompagnent en voiture, c’est cool. Accolades macédoniennes de rigueur et come back au QG pour écrire les épisodes de retard.Le téléphone sonne. C’est Blandine en crise, la police ne veut pas la laisser quitter le Maroc. Nous apprenons qu’elle a ha-bité au Maroc, un an à Meknès où elle bossait pour l’Institut Français et qu’elle a abandonné son véhicule sans le «dédoua-ner». La police la soupçonne de faire du trafic de voiture. De-mi-tour case aéroport pour tenter d’y voir plus clair. J’arrive en courant pour pas qu’elle rate l’avion, mais elle s’en est sortie toute seule. La crise de larmes a eu raison de l’autorité policière. Trop forte notre Blandine et nous qui l’imaginions sérieuse et tranquille. Là j’avoue qu’elle nous a étonné. Fina-lement elle embarque. «Koulchi tamam» (tout va bien).

Le reste de la journée me permet de récupérer mon retard sur les épisodes de la saga marrakchi de l’été en savourant la vodka polonaise.ALLAH WALK BAR…

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Ca c’est mon épisode, et il commence mal.C’est lundi, le jour J pour récupérer le triporteur et Youssef m’appelle de France, il ne peut pas m’en-voyer l’argent, sa banque est fermée. J’ai plus d’ar-

gent. Je passe donc la journée à écrire à la maison, ce qui me permet de régler mes comptes avec l’espace-temps, en fin de journée je suis raccord. Ma technique de taper les textes à un doigt me prend des plombes. J’écris d’abord sur mon cahier pour les gosses, ensuite je me frappe l’ordi, mais c’est la seule solution comme je sais pas écrire. Fin de soirée à «Mama Afri-ca», café bobo de Marrakech, avec Ahmed, Ghzala, Halima et leurs collègues, et bien sûr sans alcool, la misère…

Comme j’ai trop écrit toute la journée, je suis pas «open», on reste pas longtemps et je songe toujours à mon épisode 13, soit c’est la cata, soit je nique le bénéfice…

Je change de partenaire, je prend la voisine Halima comme «samsar» (apporteur d’affaire). Ahmed a trop de travail et je ne connais qu’elle qui parle bien français. Rendez-vous 10 h : j’envoie Ghzala la réveiller, je comprends pas ce qu’ils fou-tent, ils ne dorment pas de la nuit, qu’ils passent à discuter devant la porte. C’est vraiment la favela. Nous avons rendez-vous avec «western union» à 11h, bien sûr c’est à 13h que l’on conclura l’affaire. Je lui propose un tour de la médina et la je tombe sur une «quinte floch» à coeur dans le caniveau, je récupère les cartes et Halima me traite presque de pouilleux car je fais les poubelles. Je tente de lui expliquer que quand on trouve du coeur ou de l’argent de bon matin, c’est une bonne journée qui commence. J’ai l’impression qu’elle ne s’y fera pas, elle s’est mariée avec un français pour ne plus être une marocaine du Maroc. Elle me dit que tout ce que je fait c’est «hram», comprendre interdit par dieu. Surtout la pou-belle... je n’essaye même pas de parler de mes racines rom, ce serait cause perdue.

On passe par une place avec des puces, tout par terre, je regarde et là encore, elle me demande ce que je cherche. Je tente une nouvelle fois de lui expliquer qu’il ne suffit pas de chercher pour trouver, mais à l’inverse, sans chercher on peut tomber sur des perles. Bingo ! Je trouve un catalogue de l’artiste marocain Hassan Hajjaj, que Youssef nous a présenté avec Blandine, 10 dirhams (1 euro), pour une édition épuisée, je suis trop content et elle n’a pas l’air vraiment convaincue.

Le téléphone sonne enfin, c’est Youssef et le fameux code magique. Bingo ! On appelle le propriétaire du triporteur qui doit nous rejoindre devant le commissariat de la place «jaama el fna» pour régulariser l’achat du véhicule. Il nous donne rendez-vous dans 30 mn/1h, ce sera finalement dans 3h. Normal… Je sais plus qui a inventé l’horloge mais ce qui est sûr c’est que le mec n’a pas dû traîner en Afrique. Fina-lement le proprio qui s’appelle Icham se pointe. Il a enlevé la bâche «boulangerie pâtisserie» que j’aurais bien gardé et il a nettoyé la machine. On rentre dans le commissariat. J’ai toujours une appréhension dans ce genre de lieu et en plus super compliqué de faire des photos en traître. Ce n’est pas le bon endroit pour les triporteurs, un représentant de l’ordre nous en indique un autre à l’autre bout de la ville. «Ca part de là» dixit mon beau-frère «et tu le sais» turn arround in Marrakech à trois sur le triporteur c’est super…J’en profite pour faire pleins de photos. Icham est habillé «jdid» (neuf) avec un survêtement aux couleurs du tripor-teur, la classe...

Une heure plus tard on arrive dans une autre antenne de la «royale gendarmia» (gendarmerie royale). Ils font peur. Le bureau des légalisations est plein. Halima n’a pas vraiment envie d’y passer l’après-midi. Icham qui semble connaitre tout le monde décide d’une autre stratégie. Nous remontons

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EPISODE 13✮

✮✮✮ sur le triporteur direction «je ne sais pas». Le pilote a une maîtrise totale de la machine.

On arrive devant une échoppe qui ne ressemble à rien, bu-reau de 2 m carré ou deux barbus se disputent la propriété d’une mobylette, modèle 861 MBK, très prisée dans le pays. Un ancien militaire à la retraite leur sert de médiateur. Nous apprendrons plus tard qu’il s’est pris deux balles durant la guerre du Sahara, une dans le pied, l’autre dans le ventre. Vive le front polisario ! On attend : quelques photos et la visite du magasin de chaussures d’occasion mitoyen où je rate au passage une paire de basket Fred Perry cause poin-ture 45. C’est notre tour. L’ancien militaire remet un dossier à Halima qui sera finalement la propriétaire du triporteur, Ahmed n’ayant pas récupéré sa carte d’identité en attente de renouvellement au commissariat. Pour Icham c’est une façon de faire avancer les démarches administratives moyennant finance sur mon compte bien entendu.

Re-direction un autre commissariat. Trois dans la journée ça fait beaucoup pour moi. Mais bon j’arrive à faire quand même quelques photos en traitre, je suis content à chaque fois que j’arrive à leur faire à l’envers. 300 dirhams plus tard (30 euros) les documents sont enfin en régle. Je demande à Halima si je paye le mec de suite ou plus tard, elle me dit en rigolant : «On le paye pas. Maintenant que la moto m’appar-tient, on se casse avec les sous et on partage !». Je sors la liasse de billets de 100 dirhams (10 euros), et la donne à Halima. J’immortalise l’instant, échange caillasse contre carte grise. Pas de temps à perdre, le compte à re-bours a déjà commencé pour moi, 15 jours que j’attends ce putain de triporteur pour commencer à bosser. J’emboucane Icham pour qu’il nous conduise chez un mécano pour répa-rer «l’avion». Le camarade est OK. Il a pas le choix. C’est à

coté de la maison et du quartier de «kachich» que j’appelle «hachich» ce qui ne plait pas du tout à Halima. Icham est pote avec le mécano. Etat des lieux : freins, électricité, phare, clignotants, klaxon, obligatoire pour la conduite en zone sen-sible (Marrakech).

Halima négocie dur et finalement j’avance 400 dirhams (40 euros) pour les pièces et le triporteur sera prêt dans deux jours. On abandonne l’idée de changer la fourche, trop chère. Le futur conducteur va me maudir… Halima fait une photo de groupe et nous prenons congés de l’équipe. Retour prévu au garage demain matin pour s’assurer qu’il respecte bien les délais. Retour en petit taxi au QG.

Super journée de travail. A fêter!!!!!!!!!!!!!Rendez-vous avec Halima après la douche pour aller à la «boulangerie» prendre une bouteille de vodka frelatée. Re-tour à la base, les comptes avec Ahmed et Ghzala, à la ma-rocaine, opération raquette. Youssef est pas là alors pour ne pas m’énerver je paye tout le monde. Je vais me chercher un sandwich à l’épicerie (celle-la la vraie), je croise Ahmed, on rentre ensemble à la maison. C’est pas fini, la porte ne veut plus s’ouvrir, impossible, la putain de serrure est blo-quée. Ahmed s’est ramené avec des collègues à lui, tout le monde s’acharne, mais rien. Je tape chez Halima qui me prête un tournevis et je leur fais une démonstration de «ouvre et prend» à la marseillaise… «Sésame ouvre-toi «Mort de rire on rentre à la maison.

J’ai droit à un nouveau «harem» de Halima et pour faire plai-sir à Nadia «ALLAH WALK BAR «.

Salut NanouneRendez-vous 10h avec Alima que j’entends crier «Marcoooo» à 12h, genre la fleur qui se lève. J’ai pris l’habitude, je profite de ces moments pour

écrire et faire les plans de la moto donc je ne lui dit rien. 13h mon associée est enfin prête, on appelle le garage qui nous annonce qu’il y a pour 900 dirhams (90 euros) de pièces détachées. Je flippe un peu c’était pas prévu. Petit taxi, 10 dirhams (1 euro) et on arrive à l’atelier. Ils ont désossé mon jouet. Icham qui nous a vendu le triporteur est là aussi. Il est super gentil et comme il a compris que la moto restait au Maroc pour une association qui s’occupe des enfants, il veut lui aussi participer à l’opération. Il s’est auto-procla-mé maître d’œuvre des réparations. Il me montre les pièces neuves et la facture pour être réglo. En fait ils ont décidé de le refaire «jdid» (neuf). Je m’inquiète du prix que ça va me couter. J’en parle à Alima pour savoir combien? Elle m’an-nonce qu’en plus des pièces il y aura 300 dirhams (30 eu-ros) de main d’œuvre pour tout refaire. J’hallucine, elle me demande si je négocie le prix. Pour deux jours de travail à trois sur le triporteur et vu le boulot déjà réalisé, c’est rien du tout. J’ai quand même un respect pour la valeur du travail. Je dit à Alima que c’est ok. Tout le monde est content. Ils vont refaire l’électricité de A a Z, changer le compteur, le dé-marreur, le neuman, les freins, ressouder les pattes qui tien-nent le réservoir, les clignotants avant et arrière, le phare, mettre une nouvelle batterie, faire la vidange, nettoyer et régler le carburateur, changer les poignées. C’est incroyable, ils vont redonner vie à une moto chinoise. Ils sont fort ces marocains! Yeah!

Alima me fait rigoler, c’est la seule femme dans le garage qui fait 3 métres carrés et elle les rend fous : «Et ça, et ça, et ça». Elle veut tout pour le même prix. Je l’appelle désormais

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✮✮✮ «Alima Mikanik» et bien sûr j’ai droit à mon «haram» (contre dieu ) toutes les trois phrases. Je fait plein de photos, ils sont vraiment super gentils, tout le monde se prête au jeu. «Le dragster» sera prêt demain soir. Icham qui est maintenant aux ordres d’Alima me demande quelle est la suite des aménage-ments du triporteur. Je lui dit que je veux le tôler pour qu’il s’ouvre sur les côtés comme un oiseau (birdy), et par l’arrière d’un côté, avec une échelle de l’autre pour monter sur le toit scène. J’utilise le livre de la chine pour leur expliquer exacte-ment ce que je veux, merci maman pour ce prêt de la biblio-thèque familiale. Icham me dit que le métal est très cher et surtout trop lourd. Il me conseille plutôt de la bâche plastique comme ça se fait beaucoup ici. Nous avons déjà écarté cette solution avec Youssef pour des raisons de durabilité et de fra-gilité en cas de vol.

Après discutions nous décidons d’utiliser du bois, plus adapté à notre cahier des charges, solide, moins cher et moins lourd.Je pense que la partie cycle en fer tranchera avec le bois de la bibliothèque, l’espace rangement pour jeux de ballon, jeux de sociétés et la scène du toit. A Marrakech ils ont tout un arse-nal de décoration pour le bois et l’ameublement. Un contraste entre la chine industrielle et le Maroc artisanal. Je décide de valider l’option «houd» (bois). Icham insiste pour nous ac-compagner chez les artisants qu’il connait dans le quartier de «kachich», dixit «hachich», dixit «haram» pour Alima. C’est super comme ça c’est lui qui continuera à conduire le tripor-teur par mesure de sécurité, j’ai promis à Youssef d’être sé-rieux...

Nous quittons le garage, il fait faim. On s’arrête manger au bord de la route dans un «boui-boui»: côtelettes, salade, loubia et deux coca pour 45 dirhams (4,50 euros). Alima lâche rien.

Retour au QG, trop chaud, je décide d’aller à la piscine de la résidence. Alima m’envoie sa petite sœur qui a l’âge de ma fille Luana, des fois que je me noie. Je l’adore, très fière elle me présente toutes ses copines dont la moitié voilées kiffent le tattoo de Nadia au Yémen dans mon dos. Je fini entouré de filles voilées, personne ne m’approche. Allah aurait-il décidé de sponsoriser l’opération triporteur.

J’abandone la colonie de vacances pour retourner à l’écriture. Alima me dit que ce soir c’est tajine d’agneau avec des fèves fraîches. De toute façon j’ai pas vraiment le choix, c’est de-venu ma nouvelle famille depuis le départ de tout le monde. Je leur fait presque de la peine. Tout seul au Maroc.Ahmed rentre du boulot et les plats arrivent sur la table. Le ta-jine c’est une tuerie, jamais mangé d’aussi bon, à part le cous-cous de ma belle-mère. Tout le monde est là des petits enfants à la grand-mère. Favelas, c’est cool.

Je tente d’aider à débarrasser la table, et là de nouveau « ha-ram», Alima me demande de rester assis et de laisser les filles faire leur travail. La maison est neuve sans bouger un doigt. Top classe.Pas d’Allah walk bar ce soir...

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Salut Nanoune,J’essaye d’appeler Icham toute la journée pour visiter les ateliers bois comme prévu, mais pas de réponse. Le conducteur des travaux aurait renoncé

à l’âme charitable.Plan B, l’artiste Hassan Hajjaj m’avait présenté son menuisier ébéniste personnel lors de notre rencontre. Je le croise dans son fief de la place Jaama el Fna, le «Café de France». Je lui soumet le projet du triporteur en lui expliquant que c’est pour les enfants pauvres de Marrakech et ses environs. Il faut pen-ser «mad max», football, culture et éducation pour en faire un objet attrayant pour les gosses. Je lui explique que j’aime l’idée de mélanger l’esprit moto chinoise et travail tradition-nel marocain, comme un lien entre deux mondes. Les artisants sont très fort au Maroc. Ma proposition lui plait beaucoup. Je lui montre mes dessins et le livre de la Chine «Nanling I love you». Il me propose un rendez-vous le lendemain après la prière du vendredi pour venir prendre les cotes sur la moto à la maison. Je suis content, il a l’air sérieux. Je récupère «Alima Mikanik», et direction le garage. Icham n’est pas ré-apparut mais la moto est prête. Par contre le mécano me réclame 900 dirhams (90 euros) au lieu des 300 dirhams (30 euros) conve-nus précédemment. Le ton monte, il fait chaud. Il a dû chan-ger d’autres pièces, il nous montre les factures. Nous sommes au Maroc, le commerce berce le quotidien de la vie et tout se paye même les remords de n’avoir pas demandé assez cher à la première négociation.

On fini à 600 dirhams pour ne pas se fâcher. Une poignée de mains, quelques photos et c’est parti. Pas d’Icham, désolé Yous-sef, c’est donc moi qui prend le guidon. Alima n’est pas très rassurée, elle a appris à mes dépends l’histoire du crash-test de Fés. Je conduis prudemment, et lui dit que je ne veux pas lais-ser sa fille Sarah orpheline. Surtout que j’ai appris que le deu-xième mari de sa sœur était mort d’un accident de mobylette

l’année dernière. Un petit tour dans Marrakech pour prendre confiance et direction mon «épicerie» préférée à Guéliz. Quelques kilomètres suffisent pour s’apercevoir que la conduite est un sport municipal. Les mobylettes coupent la route aux charrettes tirées par des ânes qui elles-mêmes blo-quent les voitures. Les camions nous frôlent dangereusement pour tenter une percée. Tout le monde klaxonne. C’est chaud.Seul le policier caché au rond-point tente d’améliorer son quotidien en «bakchichant» (sorte de libre échange local, que nous pourrions assimiler à du raket) d’hypothétiques infrac-tions au code de la route. Un vague souvenir d’Azerbaïdjan me revient, Nadia avait adoré. J’aime ce style de conduite volontaire en zone à risque. C’est d’ailleurs au cousin Momo que vont mes pensées à ce moment précis. Alima s’est mise à insulter les gens qui se rapprochent dangereusement de nous. La conduite transformerait-t-elle les humains… Retour sain et sauf au QG. La sécurité à l’entrée de la résidence commence à se poser des questions sur mes intentions dans le pays. Le français qui se balade en triporteur dans Marrakech est une première pour eux. Ils me demandent si je compte me lan-cer dans le transport de marchandise. Ce type de véhicule n’est pas du tout «tendance» mais au contraire destinés aux pauvres pour la livraison des marchandises (ciment, briques, bois, fruits, légumes, meubles, matelas, animaux…), voire des personnes.Aziz, l’ébéniste est au rendez-vous. Le seul qui est à l’heure depuis le début du projet. On prend les cotes et les mesures, discutons longuement des ouvertures et aménagements du toit/scène qui sera rehaussé pour accueillir sono et DJ et des décorations. Il est très brillant dans sa spécialité, il me propose plein d’astuces pour rendre l’ensemble plus fonctionnel. Je lui demande plusieurs devis pour le lendemain.Le budget du projet ne cesse de s allonger et je pense à Youssef qui va craquer si ça continue.

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Salut Nanoune,Dès le lendemain, sans attendre Alima, je sillonne Marrakech en triporteur à la recherche d’endroits où je pourrais trouver de la déco ou d’autres idées.

Je fais des photos des véhicules hybrides et des mobylettes que je croise. Je me régale de découvrir Marrakech comme ça. Je rigole, les autres conducteurs de triporteurs étonés de me voir là-dessus me saluent, me klaxonnent, comme appar-tenant désormais à la même communauté des trois roues. Avant mon rendez-vous avec Aziz, j’en profite pour acheter des petits drapeaux marocains genre ambassade que je fixe sur les cotés du pare-brise «mad max», pour faire plus officiel et un grand drapeau sur le toit qui fait lui plus supporter de football. Je pense que c’est bien pour la police un peu de chau-vinisme, je n’ai pas le droit de conduire une moto de plus de 50 cm cube normalement, ça passe, pas de problème.

Aziz est à l’heure au «Café de France», le travail qu’il me propose est superbe, une «hallu», entre un vaisseau spatial à la Jules Verne et le carrosse de la reine d’Angleterre. Le cais-son en bois est entièrement recouvert de décors traditionnels d’ameublement marrakchi. Exactement ce dont je rêvais. Il y a même l’échelle pour monter sur le toit/scène. Il a également pensé à des supports lumière rabatables en fer forgé, tout y est. C’est le devis qui est dur à encaisser, 20 000 dirhams (2000 euros), je sens que Youssef va vraiment très mal le prendre. Je lui explique que c’est vraiment trop cher pour l’association. On discute, on discute, on discute. La qualité du bois est faite

pour résister au soleil et à la pluie, le travail va prendre beau-coup de temps, c’est la première fois qu’il fait ce genre d’objet, il veut que ce soit parfait. J’insiste lourdement de mon coté pour réduire la «fracture sociale».C’est finalement à 15 000 dirhams (1500 euros) que stoppent les pourparlers.Je sais pas comment je vais annoncer ça à Youssef…

C’est le module pilote d’une série de cinq triporteurs que l’on voudrait fabriquer dans le même cadre associatif, tous dédiés à une ville différente. C’est donc très important que le pro-totype soit parfait pour essayer de trouver des financements pour les autres, et j’ai un minimum d’exigence dans le tra-vail. Je décide donc en très très mauvais gestionnaire de mes propres affaires d’en financer une partie. Youssef encaissera plus facilement. Je rigole.

J’espère que le merchandising que l’on doit créer avec Blan-dine couvrira les frais du projet. Je donne une partie de l’ar-gent à Aziz qui m’explique qu’il y a énormément de travail, donc un mois de délai de fabrication. Le ramadan va com-mencer donc pas ou peu de travail pendant le mois de jeûne.Le triporteur sera prêt pour la première semaine de sep-tembre à notre retour au Maroc. Aziz me tiendra au courant de l’avancement des travaux par mail, je payerais le solde à la livraison du triporteur.Marché conclut…

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Salut Nanoune,De bon matin le triporteur ne veut plus démarrer. J’ai la haine. J’appelle le garagiste il me rejoint à la résidence. Je gare la moto devant notre porte pour

l’avoir à l’oeil. Vingt minutes plus tard c’est réparé. La bougie «claque», surement dû à la qualité du produit chinois. Je me rappelle qu’en Chine après avoir acheté le triporteur neuf, il avait commencé à rouiller dès le lendemain «made in China». Je passe le reste de la journée à sillonner Marrakech pour les dernières choses à régler. Ghazla notre amie basque-maro-caine revient à la maison, j’en profite pour charger les photos dans l’ordo avec son appareil et lui raconter la semaine de tra-vail. Son mari Guillaume qui est stewards à Air France arrive ce soir de Casa à la gare. Je lui propose d’aller le chercher en triporteur. «Ca part de là» pour un «run» endiablé dans Mar-rakech by night. On se fait passer pour un véhicule officiel avec nos drapeaux marocains, on demande la direction du pa-lais présidentiel (ils ont un roi). Tout le monde est mort de rire.

Nous arrivons à la gare, Guillaume vient d’arriver avec deux heures de retard, au cri de «vive le Maroc». Guillaume est mort de rire, il rentre de Bueno Aires et crois en nous voyant être resté en Amérique du Sud, super balade de nuit pour la dernière soirée à Marrakech. De retour au QG Ghzala me dit que si je continue à rouler avec le triporteur je vais lancer une

mode à Marrakech. Elle songe déjà en acheter un avec son mari. Dernier «Allah walk bar» avec la compagnie et Ahmed qui commence à travailler de nuit à partir demain pendant le mois de ramadan.

Le mari d’Alima joue au Poker avec des amis à lui, genre ils ont transformé la maison en tripot. Les portes sont ouvertes la musique à fond, Alima qui n’aime pas un des joueurs de poker met du sucre dans le réservoir de son scooter. Je lui ex-plique que le scooter est foutu mais elle rigole. C’est vraiment la favelas.

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Salut Nanoune,Pour my last day in Marrakech, je m’étais promis de traverser le souk géant de la médina (vieille ville) en triporteur. Les ruelles font 2 m de larges

avec les échoppes qui débordent sur la voie.Il s’y croise de façon indécente badauds, touristes, mobylettes, triporteurs, vélo, charrettes tirées par des ânes. Une véritable épreuve du permis local. En fin de matinée j’entreprends la traversée : l’entrée sud à partir de Jama el Fna est la plus large, c’est la partie souk des babouches. Les réactions des gens sont mitigées. Sur mon passage certains hallucinent, d’autres ri-golent mais rien d’antipathique. Plus je m’enfonce, plus ça devient compliqué. Je n’ai pas de marche arrière et certains virages sont quasiment impossible à négocier. Je m’en sors. Me vient une nouvelle idée, récupérer un petit triporteur comme on en a fait fabriquer avec Blandine et Youssef avant leur départ. Va te retrouver la micro-échoppe dans ce laby-rinthe. Je commence par me perdre puis me retrouver dans des endroits où je suis déjà passé. A gauche, à droite, je de-mande mon chemin «La terrasse des épices» «Choukrane Sidi (Merci Monsieur)», les gens rigolent trop de moi mais ils sont sympa. Le souk étant sectorisé par type d’artisanat «vendeur, soudeur, tanneur, ébéniste, menuisier, peintre», finalement je m’y retrouve.

Chez le vieil artisan chez qui on avait fait des photos avec Youssef et Blandine car son carré est un vrai décor de cinéma avec une affiche de concert de The Mighty Diamond et Sista Carol au milieu d’une genre de caverne d’Ali Baba avec dra-peaux du Maroc, photos du roi, publicité Guess bouillante et toutes sortes d’objets en fer forgés au mur. Le vieux monsieur a enfin fini le triporteur, je suis déjà venu six fois le chercher et il me disait «demain, demain, demain». 100 dh (10 euros) plus tard et je repars content. L’idée du triporteur miniature était qu’il serve de mascotte au projet pour le photographier

partout comme nous avions fait pour notre «fils» (un ours en peluche que nous avions customs en punk, trouver à Ourense lors de notre voyage en Galice avec Sev, Joanne, Mouss, et Vicky pour le festival Repercutions où jouait Manu Chao et le gang des Balkans de Logim, (dubioza collectif et kiril dzajkov-ski). J’avais fait chanter à notre «fils» ivre Clandestino avec un musicien de rue. On n’a pas mis la vidéo sur Youtube c’est promis.

Je reprends ma route au travers du souk. J’en profite au pas-sage pour acheter une étoffe de faux Louis Vuitton que je des-tine à la selle du triporteur ainsi qu’à nos motos à Marseille. Youssef me l’avait demandé. Difficile à trouver, les marocains ont eux aussi maintenant un problème avec la contrefaçon. Direction l’une des sorties nord du souk pour rejoindre la maison. Les gens sont cool ils me saluent amicalement. Me laissent passer sans agressivité alors que je casse quand même les couilles à prendre toute la place dans les allées. J’arrive à m’en sortir sain et sauf et surtout sans dommages collaté-raux… une belle performance. De retour au QG, je raconte l’histoire à Alima qui morte de rire me dit que maintenant je suis un vrai Marrakchi.

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EPISODE 19✮

Conclusion de cette belle aventure humaine en terre marocaine : - le triporteur c’est génial mais pas au dessus de 40 km/h,- on dit également que certains peuples ont la bosse du commerce alors il faut rajouter le Maroc dans le Top 3 de la discipline, tout s’achète, tout se négocie, mais surtout tout se paye.Merci à Youssef Berdy pour le projet, merci à Blandine pour ses compétences et sa gentillesse, merci au cousin Momo, dit Rocco.Merci de tout mon cœur aux protagonistes volontaires ou non de cette expédition suite au prochain épisode en septembre «Inch Allah, si Dieu veut».Bien à vous, votre envoyé spécial de Marrakech pour AFD connexion.Marcovabien. Allah walk bar!

MA

ROC

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CH

EPISODE 19✮

MAROC - MARRAKECH✮

MAROC - MARRAKECH✮

MARRAKECH JUIN 2012 ✮✮✮