Marçais William 1928 L'islamisme et la vie urbaine [homo islamicus ifadesinin ilk geçtiği...

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    Comptes rendus des sancesde l'Acadmie des Inscriptions

    et Belles-Lettres

    L'islamisme et la vie urbaineWilliam Marais

    Citer ce document Cite this document :

    Marais William. L'islamisme et la vie urbaine. In: Comptes rendus des sances de l'Acadmie des Inscriptions et Belles-

    Lettres, 72anne, N. 1, 1928. pp. 86-100.

    doi : 10.3406/crai.1928.75567

    http://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1928_num_72_1_75567

    Document gnr le 16/10/2015

    http://www.persee.fr/collection/craihttp://www.persee.fr/collection/craihttp://www.persee.fr/collection/craihttp://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1928_num_72_1_75567http://www.persee.fr/author/auteur_crai_4754http://dx.doi.org/10.3406/crai.1928.75567http://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1928_num_72_1_75567http://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1928_num_72_1_75567http://dx.doi.org/10.3406/crai.1928.75567http://www.persee.fr/author/auteur_crai_4754http://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1928_num_72_1_75567http://www.persee.fr/collection/craihttp://www.persee.fr/collection/craihttp://www.persee.fr/collection/craihttp://www.persee.fr/
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    COMPTES RENDUS DE l ACADMIE DES

    INSCRIPTIONS

    COMMUNICATION

    l'islamisme

    et

    la

    vie

    urbaine,

    par m.

    william

    marais, membre de l'acadmie.

    Dans l'ensemble, la propagation

    de l'Islam, religion des

    Arabes,

    s'est traduite, je crois, par

    une extension

    de

    la

    vie

    citadine.

    Depuis

    leur

    apparition

    sur

    la

    scne

    de l'histoire,

    les Musulmans

    ont fait figure de btisseurs

    de villes. Il

    n'y

    a gure de civilisation

    o

    se

    rencontre

    autant

    que

    dans

    la

    leur,

    la

    cration urbaine, voulue, nomme, date,

    revtant

    en un mot tous les caractres de l'acte arbitraire.

    Il

    suffira

    de

    citer

    les noms de Koufa, Bassora, Wsit, Mos-

    soul,1

    Bagdad,

    Fostat, le Caire, Chiraz

    en

    Orient, et

    dans

    le Maghreb ceux

    de

    Cairouan, Mehdiya, Alger, Oran,

    Tiaret,

    Tlemcen,

    Fez,

    Marrakech,

    la

    Qal a, Bougie

    et Rabat.

    Notons en

    passant

    que

    de

    la

    vingtaine

    de villes que

    je

    viens

    d'numrer,

    une quinzaine

    aujourd'hui

    encore

    continuent

    de

    vivre, ce

    qui constitue

    en

    somme une

    assez

    jolie

    russite.

    Or

    cette

    ardeur

    fonder

    des

    cits

    nouvelles,

    bien

    eux,

    s'affirme chez les Musulmans, qui

    cette

    poque sont uniquement les Arabes, ds les dbuts

    de

    leurs

    conqutes. Le

    spectacle de ces

    armes musulmanes

    composes

    surtout de

    Nomades

    d'Arabie, et

    qui,

    peine

    sorties

    de

    leur pninsule, s'appliquent

    vivre en

    citadins,

    a

    une

    allure de

    paradoxe. Il faut, je crois, chercher

    l'explication

    de

    cette

    apparente nigme

    dans

    les

    trois

    faits suivant

    :

    1

    un

    certain

    nombre

    des

    bdouins arabes aspirait se

    sdentariser;

    2

    ce sont

    les

    sdentaires

    de

    l'Arabie

    qui

    ont

    organis

    la vie

    des premiers Musulmans dans les pays

    conquis;

    3 pour

    raliser

    intgralement son idal social

    et

    religieux, l Islam ne

    peut

    se

    passer

    de

    la

    vie

    urbaine. C'est

    naturellement

    sur

    ce dernier point

    que

    j'insisterai dans ce

    sommaire

    expos.

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    l'islamisme

    et la

    vie

    urbaine

    87

    1

    Comme l a fortement marqu

    notre

    confrre M. Dus-

    saud,

    dans

    son

    livre

    sur les Arabes en Syrie

    avant

    l Islamisme,

    la conqute musulmane

    du

    vne sicle ne

    doit pas

    tre

    spare des

    migrations

    qui

    depuis

    le

    dbut

    de

    l'histoire

    dversent du rservoir

    de

    l'Arabie

    sur

    les pays limitrophes

    le

    flot des

    invasions smitiques.

    Ce mouvement nouveau

    s'accomplit au

    nom

    d'un credo dtermin, une religion

    nouvelle lui sert

    de

    mot d'ordre. Par

    l

    s'en expliquent,

    partiellement au moins, la violence et l'amplitude. Mais pour

    le processus mme, il demeure identique aux mouvements

    antrieurs.

    Toutes les fois que les circonstances politiques

    l'ont permis,

    des

    tribus

    bdouines ont pntr dans les

    limes

    syrien

    et

    msopotamien,

    et

    plus

    ou

    moins

    vite

    s'y

    sont sdentarises.

    Certes

    la vie pastorale

    sous

    la tente

    peut offrir

    des

    charmes, mais il n'est

    pas

    douteux que dans

    bien

    des cas,

    elle constitue pour les

    socits humaines

    un

    triste pis-aller.

    En un

    pays aussi mdiocre que

    l'Arabie

    du

    Nord

    et du Centre, le nomade

    mange

    trs mal et risque

    souvent

    de mourir

    d'inanition. Le

    fait

    est frquemment

    voqu

    dans

    la

    posie

    arabe

    antislamique. On

    y

    parle de

    s'y

    serrer

    le

    ventre,

    au

    sens

    propre du

    mot,

    en se

    pressant

    sur

    l'estomac vide une

    pierre

    qui

    doit en tromper les

    angoisses. Toute une partie d'une

    des

    plus clbres

    de

    ces

    vieilles qaedas,

    laLamyatal- arabde

    Chanfara pourrait tre

    intitule la complainte de

    l'affam.

    Quant

    a

    la faim, dit le

    pote, je sais en

    ajourner

    les

    exigences

    par

    des dlais

    successifs, et finalement en venir bout. J'en

    dtourne

    ma

    pense. J'arrive

    l'oublier.

    J'avale

    de la terre plutt

    que

    de

    donner des

    droits

    sur moi

    un

    insolent bienfaiteur.

    Je

    sais

    tordre

    et

    retordre

    ma

    faim

    dans les

    replis

    de

    mes

    entrailles,

    comme le

    fait de

    son

    fil une fleuse habile

    .

    Quand de

    tels

    famliques peuvent

    avoir

    accs aux contres

    plus favorises du Nord,

    de

    l'Est et

    de

    l'Ouest, on conoit

    que des groupes tendus d'entre eux

    quittent

    sans

    regret

    les steppes, renoncent la vie nomade, et

    de

    buveurs de

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    COMPTES

    RENDUS DE

    L'ACADMIE DES

    INSCRIPTIONS

    lait et

    de

    mangeurs de

    terre

    se fassent mangeurs

    de

    pain.

    C'est ainsi, je crois, que

    de

    gros contingents des Nomades

    d'Arabie

    migr rent vers

    les

    villes de

    la Syrie,

    de

    la

    Msopotamie

    et

    de

    l'Egypte

    nouvellement

    conquises,

    et

    s'y

    fixrent. D'abord garnisaires stipendis, ils

    y

    devinrent

    bientt propritaires,

    commerants et

    bourgeois.

    2

    Si

    les contingents des armes musulma ns

    l'poque

    hroque

    des

    grandes conqutes comptent

    une

    majorit de

    nomades, les cadres s'en recrutent dans les population

    sdentaires du

    Hidjz, agriculteurs de Mdine, commerants

    citadins de

    La Mecque et

    de Tais. Ces ngociants,

    ces

    organisateurs de caravanes,

    fourniront

    aux

    masses des

    combattants

    nomades

    leurs

    tats-majors

    et

    leur intendance.

    A

    la

    supriorit

    que

    leur

    donne la

    pratique

    des affaires, ils

    joignent le

    prestige de citoyens des

    villes saintes

    et

    de

    compatriotes du

    Prophte. Ils deviennent

    naturellement

    les

    premiers gouverneurs des provinces conquises et

    y

    organisrent

    la

    masse

    htrogne des

    envahisseurs arabes

    suivant

    le

    type

    de

    vie

    qui leur

    est personnellement

    familier,

    la vie

    urbaine.

    C'est

    ces

    bourgeois du Hidjz que

    l'histoire

    attribue

    en

    citant

    leurs

    noms,

    de

    fondation

    des

    premires

    villes

    arabes en

    dehors

    de l'Arabie,

    Koufa

    et

    Bassora

    en

    Msopotamie, Fostt en Egypte, Cairouan dans l'Afrique du Nord:

    villes composites

    au

    reste,

    o la vieille vie nomade

    dborde

    les cadres de l'urbanisme

    : ces

    amas irrguliers

    de cons^

    tractions

    lgres, de gourbis, de

    tentes mme

    et pour

    lesquelles

    la

    ncessit de se mnager de proches pturages

    commande le choix de

    l'emplacement

    : Trois

    choses

    considrer dans

    la

    fondation des villes, dit

    un

    axiome

    souvent

    rpt,

    l'eau,

    le

    bois

    brler,

    et

    la

    nourriture

    des

    btes.

    Ces

    cits nouvelles

    l'instar

    de

    la

    Mecque et de

    Mdine sont

    d'abord

    dpourvues d'enceintes. Ce sont

    des

    camps,

    des dpts, des centres d'tapes.

    Les

    vieilles

    chroniques leur

    donnent frquemment

    le nom de

    caravansrail

    qairawn.

    Et le mot a connu dans l'Afrique du Nord

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    l'islamisme

    et

    la vie

    urbaine 89

    une

    destine

    particulirement brillante puisqu'il est devenu

    le nom mme

    de

    la vieille mtropole religieuse,

    de la

    ville

    sainte de Cairouan. Mais trs vite ces caravansrails

    valueront

    en

    grands

    centres

    urbains

    ;

    on

    y

    construira

    des

    vraies maisons

    et on spculera

    sur

    les

    terrains.

    Certaines

    informations donnent

    Koufa et Bosra,

    30

    ans

    aprs leur

    fondation, respectivement 140.000 et 200.000

    habitants

    :

    chiffres, naturellement,

    suspects,

    comme tous les chiffres.

    3 L Islam, et c'est

    sur

    ce point

    que

    je veux

    aujourd hui insister., s'affirme ds

    son apparition

    comme une

    religion

    essentiellement

    citadine. Son

    fondateur et le

    petit

    nombre

    de ses premiers

    adeptes,

    appartiennent

    la

    bourgeoisie

    des

    cits du

    Hidjz. C'est

    pour une telle

    socit

    que le Coran

    lgifre

    ;

    c'est

    au

    sein

    d'un tel milieu qu'il

    organise

    la

    primitive

    communaut

    des croyants.

    Les

    principes lmentaires de

    droit

    civil dicts par

    le

    Livre Saint

    ne

    valent

    en

    principe que

    pour

    des commerants sdentaires.

    Et notamment les restrictions

    la spculation

    et

    l'usure

    d'o les jurisconsultes tireront dans

    la

    suite

    la

    subtile-

    thorie du

    gain

    illicite, du

    rib, impliquent

    l'existence

    d'institutions urbaines

    :

    des

    entrepts pour

    les

    marchandises, un

    systme

    bancaire, la

    pratique des

    contrats crits.

    Un orientaliste

    amricain,

    M.

    Torrey,

    a pu crire un

    mmoire sur la terminologie commercialo-thologique du

    Coran.

    C'est sous l'aspect

    d'un ngociant scrupuleux,

    d'un

    crancier

    svre

    que Dieu

    apparat

    dans

    beaucoup de

    passages

    du Livre

    Saint

    :

    ses

    balances sont exactes, et son

    grand-livre tient pour chacun

    des

    hommes un

    compte

    rigoureux du doit et de l'avoir.

    D'autre

    part,

    la

    demi-claustration

    des

    femmes,

    prescrite par le Coran, et

    qui

    se

    dveloppera

    plus tard dans

    les milieux rigoristes en rclusion quasi totale, ne se

    conoit que d'une socit urbaine. On

    peut

    enfermer les femmes

    dans

    une

    maison

    de pierre

    ou

    de terre

    ;

    on

    ne

    les claustre

    pas

    entre

    les

    parois

    mobiles

    d'une maison

    de poil.

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    COMPTES RKNDUS DE

    LACADM1E

    DES

    INSCRIPTIONS

    Le

    port

    du voile qui relve de la

    mme

    conception

    demeure jusqu

    nos jours

    incompatible

    avec les rudes

    travaux de plein air

    imposs

    la femme par la

    vie nomade.

    Nul

    voyageur

    qui

    n'ait

    t frapp

    du

    contraste

    que

    fait,

    en

    terre

    d'Islam,

    avec

    la

    citadine,

    masque, fantomatique et

    emptre dans les housses qui

    la

    dissimulent,

    la

    femme

    rurale ou bdouine,

    souple,

    hardie

    et

    circulant

    visage

    dcouvert. Au

    xue

    sicle,

    les princesses almora

    vides

    n'avaient pu renoncer

    cette

    libert

    d'allures

    de la

    vie

    nomade et provoqurent

    en

    se montrant sans voiles les

    critiques enflammes des rigoristes.

    Dans le domaine

    proprement

    religieux

    d'autre

    part,

    on

    constate

    que

    l'Islam

    triomphant

    a

    poursuivi la destruction

    des petits sanctuaires

    bdouins

    o autour d'un rocher,

    d'un arbre ou

    d'une

    source

    se

    cristallisait

    le paganisme

    lmentaire diffus et

    mdiocrement imaginatif

    des

    Nomades

    d'Arabie;

    et

    que

    par

    contre,

    il

    a

    incorpor

    dans son

    plerinage

    La Mecque

    tout un

    bloc

    de

    c6 mme paganisme.

    Le plerinage, le hajj

    antislamique

    avait pour

    thtre

    certaines localits, valles ou collines, situes quelque

    distance

    de

    La

    Mecque.

    La

    fameuse

    Ka ba

    n'y

    jouait aucun

    rle. Le paganisme antislamique rservait

    cet difice

    un autre

    culte,

    clbr

    une

    autre poque de l anne.

    L Islam a

    fondu

    le tout,

    rattach,

    subordonn les cultes du

    dehors

    au culte mecquois, et

    fait

    du temple citadin le

    point

    central de

    tout le

    plerinage.

    En

    islamisant ce

    vieux

    hajj

    primitif, le prophte l'a aussi citadinis.

    Enfin,

    le rite

    essentiel

    et le plus hautement significatif

    du

    culte musulman, la prire en commun du

    vendredi,

    apparat

    ds

    l'poque

    ancienne

    comme

    le

    privilge exclusif

    des

    groupements sdentaires. On discute dans les diffrentes

    coles

    sur l'importance

    des

    localits o se peut et se doit

    clbrer ce service solennel.

    Les

    uns en limitent

    l obligation aux villes,

    d'autres

    l'tendent aux bourgs et aux gros

    villages. Mais tous s'accordent

    exiger

    que

    les

    habitations

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    l'islamisme

    et

    la vie urbaine

    91

    soient non transportmes, agglomres,

    et

    la population

    fixe

    demeure

    permanente,

    la doctrine postrieure ajoute

    encore que

    la

    mosque

    doit tre entirement btie

    et mme

    certains

    auteurs

    rigoristes

    tiennent

    pour

    nulle

    et

    invalide

    la

    prire du

    vendredi

    faite

    dans un oratoire qu'un

    croulement de plafond

    laisse

    momentanment ciel ouvert. Au

    dbut

    de

    l'Islam, on parat,

    cet gard, s'tre montr plus-

    accommodant. Mais, dans tous les cas, un groupe

    nomader

    un cercle

    de

    tentes, un douar,

    si important qu'il soit, ne

    peut prtendre

    au droit

    de clbrer la prire

    en commun du

    vendredi. Et c'est ainsi que la vie islamique intgrale,,

    rythme tout le long

    de l'anne, par la liturgie d'un culte

    public hebdomadaire, demeure rserve

    aux

    gens

    desbourgs

    et des

    villes.

    Avec

    son admirable intuition, Renan r

    sans avoir, je crois, du dtail des faits une

    complte

    connaissance, a

    pu justement

    crire

    dans son Marc Aurle

    :

    La

    mosque, comme la synagogue

    et l'glise,

    est

    une

    chose

    essentiellement citadine. L'Islamisme

    est une

    religion

    des

    villes.

    La contre-partie est

    que l'Islam se

    montre

    trs

    svre

    pour

    la

    vie

    nomade.

    Le

    Prophte

    Mohammed n'aimait

    certes

    pas

    les Bdouins.

    Il

    professait pour eux un

    mpris

    de

    vieux citadin. Il leur gardait sans doute aussi

    une rancune

    d'ancien

    entrepreneur

    de

    transports,

    d organisateur de caravanes qui

    a d lutter contre

    les caprices-

    des

    chameliers, subir les exigences

    des

    guides,

    et

    payer

    le

    prix

    fort pour la scurit

    de la

    route. Il voyait et

    dnonait en

    eux les reprsentants ttus d'un

    vieil

    idal hostile

    Sa

    haine

    serait

    surtout alle aux grands nomades

    chameliers,

    les

    braillards,

    les

    brutaux,

    les

    insolents,

    car

    pour

    les pasteurs de

    petit

    btail, le hadt lui attribue plus

    d'indulgence. A frquenter

    les moutons et les chvres,

    animaux du

    Paradis,

    ils sont

    devenus plus doux

    et

    plus

    humbles;

    et

    au reste

    tout

    Prophte dans sa jeunesse fut

    pasteur de brebis (Jacob,

    Aaron,

    David).

    Enfin

    et surtout r

  • 7/24/2019 Marais William 1928 L'islamisme et la vie urbaine [homo islamicus ifadesinin ilk getii belge]

    8/16

    92 COMPTES RENDUS DE ^ACADMIE DES

    INSCRIPTIONS

    Mohammed

    connaissait le

    manque

    de

    ferveur des Nomades,

    leur indiffrence religieuse foncire qui se

    perptue

    jusqu

    nos

    jours chez certains de leurs descendants

    de la

    pninsule

    arabique

    et

    a

    frapp

    tous

    les voyageurs.

    Le

    Coran ne mentionne gure

    al-a'

    rb,

    c'est--dire les

    Bdouins, que pour les couvrir d'injures. Ils se

    distinguent

    par leur impit, par leur hypocrisie, par leur inaptitude

    comprendre

    les

    prescriptions

    divines

    (Coran,

    9, 98).

    Pour

    ne

    pas

    rpondre au ban, ils invoquent leurs devoirs de

    famille, le

    soin

    qu'ils doivent prendre de leurs troupeaux.

    Mais

    leurs

    langues

    ne

    disent

    pas ce qu il y a dans leurs

    curs (id. 48,

    11). L'avenir devait montrer le

    bien

    fond de

    ce

    jugement

    svre.

    La

    mort

    du

    Prophte

    fut

    le

    signal

    d'une

    apostasie gnrale des Bdouins, ou du moins, d'un

    refus

    collectif

    de

    payer

    l'impt.

    Aussi bien, dans l'thique sociale

    de

    l'Islam, renoncer au

    nomadisme et

    se

    faire citadin est-il un acte

    particulirement recommandable.

    Il

    porte le nom de

    hijra

    hgire, qui,

    comme

    chacun sait, dsigne galement

    l'migration

    Mdine du

    Prophte

    Mohammed et

    de

    ses adeptes mecquois.

    Et

    on

    laisse

    entendre que cette

    hgire

    secondaire

    participe,

    dans une certaine mesure, aux mrites de

    l'autre,

    l'exode insigne des premiers musulmans. Par

    contre

    le

    retour

    au dsert d'un habitant des

    villes

    constitue une

    faute

    grave,

    un pch mortel suivant les uns,

    une

    demi-apos-

    lasie suivant les autres. Cette manire d'anathme

    prononce

    contre la

    vie nomade s'tend

    mme

    au

    lait,

    habituel

    aliment des

    pasteurs :

    Ce

    que

    je redoute pour mon

    peuple,

    fait-on dire au Prophte,

    c'est

    le lait, o le diable

    se

    tapit

    entre

    l'cume

    et

    la

    crme.

    Ils

    aimeront

    en

    boire

    et retourneront au dsert,

    dlaissant

    les centres o l'on

    prie en

    commun. Et le hadt proscrit encore certaines

    formules de salutations

    parce qu elles sentent

    le

    Bdouin.

    Diverses

    incapacits

    juridiques

    ou politiques frappent le

    nomade.

    Son tmoignage

    n'est

    pas admis

    en

    justice contre

  • 7/24/2019 Marais William 1928 L'islamisme et la vie urbaine [homo islamicus ifadesinin ilk getii belge]

    9/16

    l'islamisme et

    la vie

    urbaine 93

    un sdentaire.

    Il

    ne peut ni commander des habitants

    des villes,

    ni

    mme

    diriger

    comme imm leur

    prire. On

    nous montre le

    calife Omar protestant avec

    indignation

    contre

    une

    infraction

    ce

    principe

    :

    Gomment a-t-on

    pu

    donner l'homme de la maison de poil l'autorit sur des

    gens

    de

    la maison de briques?

    . Et enfin, certains

    gouvernants ont

    entendu rserver

    le bnfice

    de la

    solde aux

    combattants citadins et en exclure les

    contingents

    nomades.

    Dans l'histoire, dans

    la

    littrature, le Bdouin apparat

    sous les dehors

    les

    moins

    sympathiques. G est un barbare

    un tre farouche

    (djf),

    un pilleur de caravanes, un

    dtrousseur

    de

    plerins

    et

    un

    mangeur de

    choses

    immondes.

    Dialogue

    du

    citadin et

    du

    bdouin

    :

    Manges-tu

    le

    lzard de

    sable? oui et le lzard varan? oui et le hrisson?

    oui et la gerboise ? oui

    et

    le camlon ? non

    Flicitons

    le

    camlon: il l'chappe

    belle.

    Le jugement du grand I. Khal-

    don sur

    les Nomades est particulirement

    instructif.

    Il faut

    noter qu'il s'applique les

    considrer

    trs

    objectivement, avec

    les yeux d'un philosophe pour

    qui

    le nomadisme reprsente

    un

    stade

    primitif et ncessaire dans le dveloppement des

    socits

    humaines.

    Il

    rend justice

    leurs vertus

    guerrires.

    Il

    montre

    qu'une

    existence perptuellement dangereuse les

    rend dangereux pour autrui;

    que

    le groupe nomade

    est

    uni

    par les liens

    d'une

    solidarit

    inconnue

    aux habitauts

    des

    villes;

    qu'en consquence

    la tribu

    bdouine constitue

    un

    corps

    d'arme en tat

    de mobilisation permanente. Mais

    son

    tude ne s'en achve

    pas

    moins sur un terrible

    rquisitoire. Autant, dit-il, la

    vie sdentaire

    est favorable

    aux

    progrs

    de

    la

    culture,

    autant la

    vie

    nomade

    y

    est

    contraire.

    Si

    les Bdouins

    ont besoin

    de

    pierres pour

    servir

    d'appui

    leurs marmites, ils dgradent, les

    btiments

    afin

    de

    se les procurer. S il

    leur

    faut du bois pour en faire

    des piquets

    ou

    des poteaux de

    tente, ils

    dtruisent

    les

    toits

    des

    maisons pour en

    avoir.

    Par

    la

    nature

    mme de

  • 7/24/2019 Marais William 1928 L'islamisme et la vie urbaine [homo islamicus ifadesinin ilk getii belge]

    10/16

    Di COMPTES RENDUS DE

    L'ACADMIE

    DES INSCRIPTIONS

    leur vie,

    ils sont nostiles tout ce

    qui est

    difice.

    Or

    construire

    des

    difices, c'est

    faire

    le premier pas dans

    la

    civilisation. Aussi bien, conclut-il dans une

    phrase

    souvent

    cite,

    tout

    pays o svissent les Arabes nomades est un

    pays

    ruin id 'uribat haribat).

    A vrai dire, en

    dehors des

    qualits

    militaires

    auxquelles

    I.

    Khaldon

    rend un impartiel hommage, l'opinion

    musulmane

    reconnat

    encore

    aux nomades

    quelques

    mrites

    accessoires. Tout d'abord, leur vie aventureuse,

    et

    leur contact

    de tous les instants avec la nature a

    dvelopp

    chez eux une

    relle aptitude la posie. En second

    lieu,

    l'isolement o

    ils sont confins,

    la

    simplicit

    de

    leur

    vie

    ont

    maintenu sous

    la

    tente

    l usage

    d'une

    belle langue archaque,

    beaucoup

    plus

    pure

    que celle

    des

    villes.

    C'est

    au

    dsert que

    les

    philologues vont le plus

    volontiers

    chercher leur testi di

    lingua.

    En

    rsum,

    un dangereux

    barbare,

    un

    bandit sans

    foi

    ni loi, aux

    yeux des

    plus svres ; une sorte de canaille

    artiste, un

    Fra

    Diavolo

    beau

    parleur, aux yeux des plus

    indulgents ; dans tous

    les

    cas un

    fort mauvais homme,

    et

    un musulman

    de

    deuxime zone : tel

    est

    le nomade dans

    l'opinion

    moyenne de

    l Islam

    depuis

    l'origine

    jusqu

    nos

    jours.

    Les considrations

    qui prcdent

    permettront,

    je crois,

    d'interprter

    exactement et

    sous

    tous lesr

    aspects,

    un

    fait

    bien

    connu de

    l'histoire des peuples

    musulmans. Dans

    l'Islam

    mdival,

    tout

    avnement de dynastie

    se traduit

    par un dveloppement de la

    vie

    urbaine,

    et

    notamment

    par

    l'dification

    d'une

    nouvelle cit.

    A coup sr, il n'est pas

    difficile

    de dcouvrir

    ces crations rptes des raisons

    d'intrt politique particulier ou d'humaine vanit.

    A

    coup

    sr, elles

    n'offrent, dans

    une

    large

    mesure, que des

    applications particulires du

    principe gnral,

    formul par notre

    I. Khaldon ds

    le xive sicle : savoir

    que la

    formation

    d'tats n'est possible que par d'importantes fondations

  • 7/24/2019 Marais William 1928 L'islamisme et la vie urbaine [homo islamicus ifadesinin ilk getii belge]

    11/16

    l'islamisme et la

    vie

    urbaine

    95

    urbaines; qu au flottement

    des

    relations

    l'tat

    de

    nature,

    la cit

    substitue

    un

    principe de stabilit et de continuit

    ;

    et que comme on l'a dit

    :

    la

    ville

    donne

    en

    quelque

    sorte

    la communaut

    politique la solidit de

    la

    pierre avec

    laquelle elle difie ses

    monuments .

    Et enfin,

    ces

    fondations

    solennelles

    procdentrelles de ce vieux

    sentiment

    oriental

    qu une situation

    nouvelle,

    il faut un

    cadre

    nouveau; et

    que

    pour

    les

    dynasties et

    les princes, il

    ne fait pas

    bon vivre

    l

    o ont vcu leurs devanciers. Dj les

    Pharaons

    vitaient de s'installer dans

    les

    lieux o

    leur

    prdcesseur

    avait

    habit et tait mort. Chacun d'eux se

    construisait

    son avnement

    un

    palais

    nouveau

    entour

    d'une

    petite

    ville.

    Et

    aujourd'hui

    encore,

    une pratique

    constante

    de la

    dynastie

    tunisienne impose

    tout

    nouveau bey

    d'lire domicile dans une autre rsidence princire que son

    prdcesseur immdiat. Mais ce que je crois devoir

    souligner, c'est qu au Maghreb, trois reprises au moins,

    des

    nomades, ayant fond des empires, ont renonc, ds le

    premier jour, aux transhumances et se sont installs dans

    des villes par

    eux

    fondes, ou

    recres,

    ou

    transformes et

    agrandies : les

    Almoravides

    Marrekech

    ; les Mrinides

    Fez;

    les

    'Abdelwdites

    Tlemcen. C'est,

    je

    crois,

    que

    ces

    chefs nomades parvenus ne peuvent faire figure de monarques

    pontifes que

    -dans

    des

    centres agglomrs, seuls adapts la

    vie

    intgrale de

    l'homo

    islamicus; et

    que pour

    se guinder

    au rle de souverains musulmans, ces grands seigneurs de

    la tente doivent

    tout

    d'abord s'embourgeoiser.

    On ne

    saurait

    naturellement demander aux crivains

    arabes

    du moyen ge, juristes, gographes ou chroniqueurs,

    une

    dfinition

    thorique

    et

    rflchie

    du

    groupement urbain.

    Et, cependant, lire certains d'entre

    eux,

    il

    semblerait

    qu ils

    aient eu des

    caractres

    spcifiques

    de

    la cit musulmane

    une ide sommaire, mais directe et assez arrte. Sous la

    plume, par exemple, du gographe ndalou Abou- Obad

    el-Bakri, qui vcut au xic sicle, une

    formule

    revient avec

  • 7/24/2019 Marais William 1928 L'islamisme et la vie urbaine [homo islamicus ifadesinin ilk getii belge]

    12/16

    96

    COMPTES

    RENDUS DE

    l'CADMIE DES

    INSCRIPTIONS

    une

    telle

    insistance

    qu'elle

    prend pour l'esprit

    l

    valeur

    d'une

    dfinition :

    telle

    localit, dit-il,

    est une

    grande

    ville,

    ou une ville, ou un gros bourg agglomr semblable une

    ville

    :

    on

    y

    trouve une

    mosque-cathdrale

    (c.--d. une

    mosque o

    se clbre

    la

    prire

    du

    vendredi) et

    un bazar

    [djm ousouq). Les juristes

    canoniques, eux aussi,

    ne

    manquent pas de

    mettre* en

    rapport le bazar et

    la

    mosque.

    Dj

    on attribue

    au

    calife Omar

    le propos suivant :

    En

    toutr

    le

    bazar

    marche

    d'accord

    avec la mosque. L'imnn

    Mlek, de son ct, aurait limit

    l'obligation de

    clbrer

    la prire

    du vendredi

    dans

    une mosque-cathdrale

    aux

    villes pourvues

    de

    bazars. Enfin un autre chef

    d'cole,

    l'imam

    ChfTi

    crit

    dans

    son

    trait intitul

    Kitb

    eCUmmi

    Lorsque tout autour

    d'une localit importante, il

    existe des

    agglomrations

    secondaires

    dont

    les hritages sont avec

    ceux de

    la dite

    localit d'un seul et

    mme

    tenant,

    que

    d'autre

    part

    la

    dite

    localit

    renferme un

    bazar o

    s approvisionnent de prfrence les gens des agglomrations

    secondaires,

    je

    ne saurais

    admettre qu'un

    seul habitant

    de

    ces agglomrations se dispense d'assister

    la prire du

    vendredi dans

    la

    mosque-cathdrale de

    la

    localit

    principale.

    Et

    d'autre

    part,

    un

    voyageur

    contemporain

    au

    Maroc, le regrett E. Doutt, dans son livre En tribu,

    rapporte qu'il a

    recueilli

    presque textuellement des lvres

    d'un fellah

    marocain

    la

    formule

    du gographe El Bakri

    cite tout l'heure. Comme en

    s'enqurant du non d'une

    localit entrevue de loin, il la

    qualifiait

    de

    village, son

    guide

    lui rpondit

    ;

    Ce n'est

    pas

    un village

    ;

    c'est une

    ville qui possde une mosque-cathdrale et un petit bazar .

    Ainsi

    dix

    sicles

    de

    distance,

    un

    savant

    andalou

    et

    un

    illettr berbre

    se rencontrent pour

    exprimer

    dans

    les

    mmes

    termes une mme

    conception

    de l'urbanisme.

    Un tel

    accord

    a quelque chose d'impressionnant et porterait

    admettre

    l'objectivit du

    fait

    de morphologie sociale

    sur

    lequel il

    se

    ralise.

  • 7/24/2019 Marais William 1928 L'islamisme et la vie urbaine [homo islamicus ifadesinin ilk getii belge]

    13/16

    l'islamisme et

    la vie

    urbaine 97

    Et il faut reconnatre

    que cette

    dfinition sommaire

    rsume avec une

    suffisante

    prcision les

    deux

    ordres d'utilit

    qui,

    pour une socit musulmane, constituent le propre de

    la

    cit

    :

    utilit matrielle

    d'abord

    :

    institution

    d'un march

    permanent o, en

    dehors des

    foires

    rurales

    priodiques, les

    habitants de

    la

    ville et

    aussi

    ceux

    des

    campagnes voisines

    trouvent en

    tout

    temps

    les denres et les

    produits

    fabriqus

    ncessaires

    l'existence

    journalire ; utilit spirituelle

    ensuite

    :

    possibilit

    de

    clbrer

    dans un difice appropri

    le service

    hebdomadaire

    solennel

    qui

    runit obligatoirement

    la communaut locale

    des croyants,

    image

    rduite de

    la

    vaste

    communaut du

    peuple islamique.

    Il

    est

    un

    autre

    difice

    encore

    que

    les

    auteurs

    arabes

    mentionnent frquemment

    ct

    de

    la mosque et du bazar.

    C'est

    le

    bain public,

    le

    hammam. Possder un ou

    plusieurs

    bains semble bien, pour

    eux,

    et bon

    droit,

    un des traits

    caractristiques

    des

    villes. Dans sa

    description

    gnrale de

    l'Egypte, I. Duqmz

    consacre

    tout un chapitre

    l'tat des

    bains du Caire, et le

    vieil

    historien

    Baldori

    nous

    numre

    par ordre

    chronologique

    tous

    ceux

    qui furent

    fonds Bas-

    sora

    pendant

    les

    deux

    premiers

    sicles

    de l'hgire.

    Un

    bain tait, nous apprend-il, d'un excellent

    rapport,

    et ne

    se

    pouvait

    ouvrir

    qu'avec

    une

    autorisation spciale du

    gouverneur.

    De

    ces

    organes

    essentiels

    de la

    cit musulmane, l'tude,

    en

    somme,

    reste faire. La bibliographie

    de

    la

    mosque

    est

    dj

    imposante;

    mais les ouvrages

    qui

    la

    composent

    n'puisent

    assurment pas

    le sujet.

    La mosque, comme

    chacun sait,

    est

    essentiellement maison

    de

    prire; mais

    elle

    ne

    l'est

    pas

    exclusivement.

    Elle

    a t

    et

    est

    encore

    parfois maison

    de justice,

    maison

    d'arrt,

    maison

    d enseignement, maison des htes

    et maison du

    peuple. Dans une

    socit qui connat

    le

    croyant

    et le

    sujet,

    peine

    l administr,

    assurment

    pas

    le citoyen, on chercherait vainement

    quelque

    chose comme une agora

    marchande,

    un forum, une

    1928

    7

  • 7/24/2019 Marais William 1928 L'islamisme et la vie urbaine [homo islamicus ifadesinin ilk getii belge]

    14/16

    98

    COMPTES RENDUS

    DE

    l'aCADMIE DES

    INSCfttPTONS

    curie, un

    champ de

    mars, une

    mairie,

    un htel de ville.

    Dans les moments

    de

    crise,

    quand

    le peuple musulman se

    cherche une

    me

    collective, il est naturel qu'il prenne

    le

    chemin de

    l'difice

    o

    s'accomplit

    priodiquement

    le

    grand

    acte

    collectif

    de

    sa

    vie religieuse,

    la

    prire en commun du

    vendredi ;

    et c'est la mosque qui abrite alors

    ces

    comices

    improviss. Je ne

    connais pas d'ouvrage

    d'ensemble

    o

    soient tudis et le rle complexe, et l'volution

    architecturale

    des

    temples musulmans.

    Le bazar aussi

    fournirait

    la matire d'une intressante

    monographie. Il

    serait

    souhaitable qu'on

    entreprt

    une

    fois

    de nous en montrer les origines, le dveloppement, d'en

    dcrire

    la

    structure

    conomique

    et

    sociale,

    d'en

    examiner

    les rglements

    corporatifs et le droit

    coutumier.

    Un tel

    travail

    comporterait

    ainsi

    la description des

    difices

    particuliers ces

    quartiers

    industriels et commerants

    des

    villes

    d'Islam et pourrait se conclure par

    de prudentes indications

    sur l'avenir que

    prpare

    ces petits ngoces et ces

    petits

    mtiers

    la

    concurrence des

    pays grands

    magasins

    et

    fabriques travaillant en

    srie.

    Le

    hammam

    enfin

    n'a

    pas encore

    trouv son historien.

    Qu'il soit un tranger dans l'Islam, le

    fait

    parat certain.

    Les auteurs

    arabes eux-mmes

    en

    ont parfaitement

    conscience.

    L'Islam,

    comme avant

    lui la

    Perse sassanide, a sans

    doute emprunt

    l'usage

    des

    bains publics

    aux

    civilisations

    mditerranennes.

    Tous

    les mots qui le dsignent

    sont

    en

    cercle

    d'origine

    trangre

    :

    dms reporte

    Sj;j.i

  • 7/24/2019 Marais William 1928 L'islamisme et la vie urbaine [homo islamicus ifadesinin ilk getii belge]

    15/16

    l'islamisme et la vie urbaine

    99

    pos du

    prophte

    et

    s'en faire une

    arme dans les polmiques

    a

    t

    une pratique courante des partis et des sectes,

    pendant

    tout le

    Ier

    sicle

    de l Islam. Il

    y a donc

    des traditions

    favorables

    et

    des

    traditions

    dfavorables au

    bain

    public.

    Ce

    sont

    ces

    dernires

    qui

    l'emportent

    en

    nombre.

    Vous

    conquerrez

    des contres, aurait

    dit le prophte,

    o

    se

    trouvent

    des

    difices nomms hammam.

    C'est

    un pch pour mon

    peuple que d'y

    entrer.

    Mais prophte, lui objecta-t-on,

    on

    s'y

    dbarrasse de sa

    crasse et

    on

    y

    dtend ses

    membres

    fatigus.

    Eh

    bien,

    reprit-il,

    les hommes de

    mon

    peuple

    pourront y

    entrer,

    vtus

    de

    pagnes. Mais

    quant aux femmes

    il leur sera

    interdit

    .

    Ceci

    est une condamnation modre.

    Il

    en est

    d'autres

    plus virulentes o

    le

    bain est

    dnonc

    comme un lieu d'abomination, parce

    qu'on

    s'y dnude, et

    qu aussi on

    y

    voit des peintures et des statues. Le

    judasme

    a

    connu je crois une semblable

    condamnation

    des thermes,

    avec

    un mme expos des

    motifs. Je remarque ce

    propos

    que

    depuis le chteau Omeyyade de Qusaq

    amou

    jusqu

    la

    Tunisie moderne,

    en

    passant par la Syrie, l'Egypte

    et

    l'Andalousie mdivale, l'usage d'orner

    de

    peinture

    certaines

    parties des bains,

    s'est

    maintenu

    dans

    tout

    le

    monde

    musulman,

    malgr

    les

    protestations

    ritres

    des

    puritains.

    Et

    d'autre

    part, le bain

    public

    s'est

    trouv

    tre l'endroit

    le plus commode pour

    procder

    l'ablution majeure,

    la

    lotion

    gnrale

    qui

    fait

    effacer

    la

    souillure

    de

    l'acte sexuel.

    Et par

    l, il est

    devenu

    peu

    peu

    une manire

    d'annex

    de

    la mosque.

    C'est la

    faveur

    de cette

    utilisation rituelle

    qu'il

    a

    dfinitivement vaincu les rsistances, obtenu ses

    lettres

    de grande

    islamisation

    et

    mrit mme

    de

    figurer en

    bonne

    place

    parmi

    les organes

    essentiels

    de

    la

    cit

    musulmane.

    Marquer les tapes de cette volution ne serait pas

    sans intrt.

    Il faut souhaiter que

    de jeunes

    confrres nous

    donnent

    le plus tt possible l'tude de

    la

    mosque, du bazar, du bain

    public et aussi de

    la

    cit

    musulmane.

    Personnellement

  • 7/24/2019 Marais William 1928 L'islamisme et la vie urbaine [homo islamicus ifadesinin ilk getii belge]

    16/16

    100

    COMPTES RENDUS DE L 'ACADMIE DES INSCRIPTIONS

    je serais peu prpar cette entreprise ; et j ai d'autres

    tches.

    Je

    me rsume

    : Les villes

    sont pour l Islam les seuls

    lieux

    o

    ses

    adeptes

    puissent

    satisfaire

    toutes les

    obligations

    de la

    loi, tre intgralement, spcifiquement

    musulmans.

    Il

    a

    donc

    favoris, et en fait,

    dvelopp la

    vie

    urbaine. Par

    contre

    il a marqu au

    nomadisme de

    la

    mfiance

    et

    de l'antipathie, et en

    fait

    il

    l'a

    rduit.

    S'il

    ne l a

    pas

    fait

    disparatrej c'est que sans doute,

    en

    beaucoup

    de

    pays musulmans,

    la transhumance

    pastorale demeure pour

    l'homme

    le seul genre possible d'existence, et

    c'est

    aussi

    qu'il

    ne

    suffit pas aux religions de

    condamner

    ou mme

    d'anathmatiser pour abolir.

    LIVRES OFFERTS

    M. Thodore Reinach

    fait

    hommage

    de

    la

    part

    de

    M. E. Oikono-

    mos,

    d'un

    mmoire

    intitul : Sur la signification des

    contremarques

    montaires

    grecques propos d'une

    nouvelle drachme de Vile de

    Naxos.

    Extrait des Praktika de l'Acadmie

    d'Athnes, 1928,

    n 3,

    Sance

    du

    19

    janvier

    1928.

    Le

    R. P.

    Scheil dpose sur le bureau, titre d'hommage, le

    XVIIIe tome des

    Mmoires

    de la Mission archologique de Perse,

    intitul Autres textes Sumriens et Aceadiens (dessin par Georges

    Dossin).

    M. E. Pottier offre l'Acadmie,

    de

    la part

    de l'auteur,

    un

    ouvrage intitul : Vases Grecs

    (Du

    style gomtrique au style

    figures

    noires), par Alfred Merlin,

    Conservateur adjoint du

    muse

    du

    Louvre.

    C'est un beau

    volume

    qui contient 48 planches

    en

    hliotypie

    avec une

    Introduction.

    Conformment aux

    intentions

    de

    l diteur,

    M.

    Merlin

    ne s'est occup que des

    vases de

    la

    de

    priode hellnique

    proprement

    dite.

    lia

    runi dans cet album les produits des fabriques insulaires et

    continentales qui

    permettent

    d'tudier

    le dcor peint

    depuis

    les

    origines

    jusqu' la

    cration de

    la

    figure rouge;

    celle-ci doit

    faire

    la

    matire d'un second volume. Cet

    ensemble

    comprend une dure

    d environ quatre sicles

    et

    touche aux

    questions les

    plus

    complexes