Maqam numéro 03 Juin 2015

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Constantine Capitale de la Culture Arabe 2015 lemqam Numéro 03 - juin 2015 www.qasantina2015.org ÉPITAPHE Un rêve algérien Ouarda, la voie de l’amour Sahara blues TROUPE EL FERDA Le Tunisien Saber Errebaï chante la Diva

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Constantine Capitale de la Culture Arabe 2015 lemqam

Numéro 03 - juin 2015

www.qasantina2015.org

ÉPITAPHE

Un rêve algérien

Ouarda, la voie de l’amour

Sahara blues

TROUPE EL FERDA

Le Tunisien Saber Errebaï chante la Diva

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Maqam numéro 03 - juin 2015

L’Algérie vue de

l’intérieurL’Algérie vue du ciel a suscité plein de commentaires. Le documentaire réalisé par Yann Arthus-Bertrand, photographe et cinéaste français, a provoqué une véritable inflation de réactions inédites qui ont inondé le « souk » des réseaux sociaux. Le peuple cathodique a été unanime. Le film possède de la hauteur et le commentaire est presque aérien. Qu’importe maintenant de savoir dans quel cadre a été effectué ce travail qui a certainement demandé de gros moyens ; l’essentiel pour nous est d’en faire une bonne lecture, loin de toute polémique stérile. L’ Algérie a toujours été belle, de cette beauté ensorcelante aux mille nuances éclairées par le bleu méditerranéen et le jaune doré saharien. Ce n’est pas une découverte, pour nous qui vivons sous les toits et entre les murs de cet abri fécond et généreux depuis toujours. Ces images montrées du ciel, combien même elles sont réelles et forcément belles, ne constituent qu’un instantané d’un feuilleton dont nous sommes les héros, et un plan d’une vie intense qui se déroule sur la terre ferme. Une terre qui fourmille de millions de destins en lutte permanente contre le sous-développement sous toutes ses formes. Eh oui, ces images sont, aux yeux des illusionnistes des temps modernes, trop minuscules pour qu’elles soient montrées du ciel. Pour les saisir en plein mouvement, il faut d’abord atterrir, s’engouffrer dans les ruelles des quartiers antiques, s’imprégner de l’atmosphère des cités populaires et humer l’air pur de la planète rurale. Dans ce cas, qui mieux que nous pourrait exprimer cette lueur d’espoir nourrie par un enthousiasme juvénile étonnant et détonnant qui n’hésite pas à bousculer certaines attitudes réticentes ou figées pour se frayer un passage vers le mérite ? Vue de l’intérieur, l’Algérie de la jeunesse est grouillante d’imagination et d’espoir. Elle vit et aspire à une vie meilleure. Vue de l’intérieur, l’Algérie de la jeunesse est en train de construire ses certitudes à travers son implication directe dans l’évolution du pays. Intellectuellement et culturellement, elle a déjà atteint un degré de maturité qui l’autorise à jouer un rôle majeur et à conjurer tous les mauvais sorts.

Le ministère de la Culture compte s’investir dans une opération de sauvegarde du patrimoine national d’envergure. C’est Azzedine Mihoubi qui l’a déclaré à l’agence de presse APS, le 23 juin dernier. Elle sera menée par des experts et avec la collaboration d’agents concernés.

ÉDITORIAL

Mohamed Mebarki

DIRECTEUR DE PUBLICATIONSami Bencheikh El Hocine

RÉDACTEUR EN CHEFMohamed Mebarki

RÉDACTION Hamid Ali-BouacidaDjamel BelkadiIkram Ghioua Ranida-Yasmine MerazFarah FerielMohamed Bouhabila

DIRECTION ARTISTIQUEWalid Hamida

DESSIN / CARICATUREFerhat Ilies

PHOTOGRAPHIEMohamed Lamine Hamida

Contact : Revue Maqam

Siège : Centre International de Presse (CIP), Boulevard Zighoud Youcef Constantine

Tel/Fax : 031 87 22 [email protected]

www.qasantina2015.org

Impression ENAG

La reproduction intégrale ou partielle des articles est soumise à l’accord de la rédaction

Revue publiée par le Commissariat de la manifestation Constantine capitale de la culture arabe 2015

www.advercorp.dz

ADVERCORP119 A lot Eriad Ain SmaraConstantine - Algérie.T. 031.97.26.54E. [email protected]

lemqamLes chantiers de Mihoubi

Le ministre de la Culture a insisté sur la né-cessité de former des spécialistes dans le domaine, tout en tirant profit des expé-riences étrangères. Abordant le problème

des salles de cinéma, il annoncé la mise en place d’un groupe de travail chargé d’évaluer la situa-tion sous tous ses aspects, financier, juridique et pratique. Tout en rappelant l’importance du rôle du secteur privé, le ministre a fait état d’une étude concernant un partenariat entre l’Algérie et des pays étrangers dans le domaine de la ges-tion des salles. Une cinquantaine de salles seront concernées. Dans ce contexte, il est à rappeler que des professionnels, à l’instar de Slimane Benaïssa, ont exprimé leur intention d’exploiter la salle Afrique. « Financer un cinéma à coût ré-duit, privilégier les scénarios algériens, établir un contact permanent entre les producteurs et les auteurs et rationnaliser la gestion des festivals», ce sont les grands axes abordés par Azzedine Mihoubi. Pour rappel, le ministre avait annoncé, il y’a deux semaines, la relance prochaine du fes-tival méditerranéen du cinéma à Annaba, après 30 ans d’éclipse. Le retour de cette manifestation culturelle, avait-il estimé, sera « un premier pas vers le recouvrement par Annaba de son statut de capitale méditerranéenne du cinéma, habituée, à l’instar d’autres villes du bassin méditerranéen, au mouvement du septième art ».Il avait indiqué, dans ce contexte, que son dépar-tement allait entamer les préparatifs sur les plans matériel, technique et humain pour que l’antique Hippone puisse accueillir cette manifestation « d’ici la fin de l’année 2015 ».

« Il est des évènements importants qui se voient affecter un petit budget et d’autres bénéficient d’importantes enveloppes financières sans que leur rentabilité soit conséquente », a-t-il dit diagnostiqué en mettant l’accent sur l’urgence de soumettre ces manifestations à une étude objective. Toujours dans le même contexte, il a défini les missions du Conseil national des arts et des lettres qui est chargé de présenter « une carte des artistes algériens qui sont au centre des débats en cours, contribuer à la protection sociale des artistes et à l’organisation de rencontres pour la valorisation de l’art algérien ».

Concernant le marché du livre, Mihoubi a indiqué que « la loi sur les activités et le marché du livre a apporté des clarifications », rappelant qu’il ne restait que la relance du Centre national du livre, installé en 2010, soit une année après la promul-gation du décret de sa création en 2009.

Synthèse M. M.

PATRIMOINE, CINÉMA ET LIVRE

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Le Fond et LA Forme

Hommage

Épitaphe

HommageUne mélodie pour Deux

p.6

p.25

p. 15p.20

p.23p.14

p.10

p.24-31

p.8p.18

p.12

InvitationValeurs

Nostalgie

Enfance

Ouarda, la voie de l’amour

Où sont les ramadhans d’antan ?

La bonne cuisine est une source de bonheur

« La protection de l’enfant constitue un devoir sacré » Les toits blancs

de Ghardaïa

Un rêve algérien

ouahiba, la fille de l’Assekrem

Rythmes

TROUPE EL FERDA

Saudi Arabian troupe Al Jawhara presents captivating mosaic

Sahara blues

p.34

Meïda

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Ouarda, la voie de l’amour

Nul n’est prophète dans son pays. Un adage impitoyable; sûr ! C’est une réalité et c’est aussi ce que nous avons l’habitude d’entendre et de voir. C’est la règle générale que le destin de la Diva de la chanson arabe, Ouarda El Djazaïria, a croisée le temps d’une pause forcée, avant de la transgresser pour le grand bonheur d’une Algérie qui sentait encore l’euphorie de l’indépendance.

Par Farah Feriel

D es vies et des carrières hautes comme des mon-tagnes ont été scrupuleu-sement sculptées par l’exil avant de connaitre le suc-cès et la gloire à domicile.

Nos têtes sont remplies de ces itinéraires tracés par des solitudes poinçonnées par les flammes du désir et le feu des frustra-tions. C’est la règle générale que le destin de la Diva de la chanson arabe, Ouarda El Dja-zaïria, a croisée le temps d’une pause for-cée, avant de la transgresser pour le grand bonheur d’une Algérie qui sentait encore l’euphorie de l’indépendance. Ouarda était déjà installée au Caire, mais sa mé-lodie dessinait déjà des couleurs dans les boutiques du Vieux Alger, embaumait les chaumières du Constantinois et ra-fraichissait l’air ensoleillé des Ksours du Gourara. C’était le temps de la radio, de la K7 et des fameux disques 33 tours. Je me souviens de cette période aux nuances de septembre. Je me rappelle de ce moment où je fus happé par un plaisir foudroyant, en écoutant pour la première fois Min Baid (de loin). La voix, le rythme et les paroles se sont vite imposés comme une griffe et un label à travers lequel se sont reconnus tous les Algériens. En chantant Ad’ouka ya

Hommage

amali ( je t’appelle ô mon espoir ), Ouarda avait touché le cœur d’un peuple « habi-té » par l’espoir. Elle était ailleurs, mais sa voix vivait en nous. Elle était notre fierté, et elle le sera encore, tant par la manière avec laquelle elle s’est imposée en Egypte que par sa façon unique de donner une in-tonation algérienne aux expressions égyp-tiennes. De la personnalité, Ouarda en avait. Sa force de caractère et sa ténacité obligèrent les gardiens du temple à s’incli-ner devant une œuvre d’art aux vertus ma-giques. Ouarda venait d’ouvrir une énorme brèche dans la suprématie imposée par Oum Dounia ( la matrice de la vie ). Sa ren-contre avec Baligh Hamdi, deux destins dévorés par la même passion, lui a permis de consolider son aura devant des stars af-firmées comme Nadjet Essaghira, Sabah et Faïza Ahmed. Elle est désormais élevée au rang de princesse du Tarab au milieu d’une reconnaissance unanime de la part des artistes arabes. Un destin fabuleux auréolé d’une belle consécration interna-tionale dédiée exclusivement à l’Algérie. A l’égard de son pays, Ouarda n’a jamais lésiné sur les preuves d’amour. Elle a été une fulgurance de joie et de partage dans un ciel où toutes les étoiles étaient elle

F. F.

Dessin Luisian .A

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Une mélodie pour DeuxOuarda-Baligh Hamdi, un duo de rêve qui fut à l’origine d’une fusion parfaite entre deux tempéraments de feu. Un « engrenage » pareil ne pourrait produire que des sons magiques accompagnés par la voix sublime d’une cantatrice qui a su, grâce à son énorme talent, dépasser toutes les frontières de l’incompréhension et rassembler les nuances maghrébines et celles du Machreq.

Par Mohamed Mebarki

L’hommage rendu à Ouarda, le 8 juin dernier à Constan-tine a boosté l’actualité locale pendant plusieurs jours. Bien avant le jour J, la rue s’est emparée du

sujet et la population s’en ai saisi dans de longues palabres à propos des artistes in-vités à participer au gala, qui sera abrité par la grande salle de spectacles Ahmed Bey. En phase de négociations avancées avec des chanteurs du Machreq et du Maghreb, l’Office nationale de la culture et de l’information ne laissait rien filtrer. Des noms sont cités par la presse. Pour le reste, c’est la rumeur qui s’est chargée d’animer les débats. Et comme par hasard, la majorité des noms colportés par l’opi-nion publique ont été présents à la fête. On a évoqué Mohamed Assaf le palestinien et il était là. On a parlé du libanais Ouaïl Djas-sar et il était là. Le marocain Abdelouahab Doukali, la jordanienne Diana Karazoun, le tunisien Saber Errebai, l’irakien Redha Abdallah et la syrienne Rouaida Atiyah étaient donc tous conviés à partager des moments de communion avec un public qui n’a pas été toujours gâté avec ce genre

Hommage

OUARDA-BALIGH HAMDI

de spectacle. Sabah Fakhri le syrien, et un des ténors des mouachahate, était aussi de la fête, sans oublier, bien sûr, de citer les artistes algériens, Khaled, Zakia Moha-med, Fergani et Hamdi Benani. Tout, enfin presque, était prêt pour faire revivre un ré-pertoire de délices lors d’une soirée que l’on prévoyait mémorable. L’occasion était idéale pour Azzedine Mihoubi, le ministre de la Culture. Et il était bien là, en train de superviser une manifestation à laquelle il a contribué, des mois durant avant sa no-mination au poste de ministre. Bencheikh-El Hocine Sami, le commissaire de l’évé-nement, Lakhdar Bentorki, le directeur de l’ONCI, étaient aux premières loges. Il y’avait aussi les walis de Constantine, Mila, M’sila, Sétif et B.B.A, et des person-nalités civiles et militaires. Plus l’heure du gala approchait et plus la pression montait d’un cran. A l’entrée de la grande salle, l’in-compréhension s’est déjà installée entre la foule et les agents de sécurité. Une rude épreuve ! A l’intérieur, l’ambiance était co-loriée. Des moments de grande émotion crées par une pléiade d’artistes venus de différents pays arabes, et ayant repris du-rant leur carrière des chansons de Ouar-

da. Le Tarab était à l’honneur en souvenir d’une voix « élancée » vers le ciel ; une voix qui dessinait des étoiles. Les chan-teurs arabes qui avaient interprété Ouarda ont accompli des prouesses. Ils ont été flamboyants de talent. Même en dehors de la scène, tout ce beau monde s’est illustré par une grande disponibilité à l’égard de la presse.

Le lyrisme à l’état purL’hommage rendu à Ouarda n’a pas man-qué aussi d’engendrer des rencontres improvisées entre artistes, responsables, intellectuels et journalistes. Des contacts ont été noués ; et forcément des idées sont nées, quelque part à Constantine. Ouarda a été honorée et son souvenir a occupé les esprits à travers un vibrant hommage qui lui a été rendu officiellement, artistiquement et le tout dans une ambiance populaire, même si au niveau de l’organisation, il y’ énormément de choses à dire. Aujourd’hui encore, sa voix continue d’enchanter et ses mélodies nées d’une rencontre avec le luth de Baligh Hamdi, le célèbre composi-teur égyptien, fertilisent toujours les rêves

d’une adolescence contemporaine. Ouar-da-Baligh Hamdi, un duo de rêve qui fut à l’origine d’une fusion parfaite entre deux tempéraments de feu. Un « engrenage » pareil ne pourrait pro-duire que des sons magiques accompa-gnés par la voix sublime d’une cantatrice qui a su, grâce à son énorme talent, dé-passer toutes les frontières de l’incom-préhension et rassembler les nuances maghrébines et celles du Machreq. Ses cultures orientales et occidentales, en plus de son ancrage algérien, lui ont per-mis de transcender tous les clivages et les conflits sordides pour atteindre une di-mension supérieure de maitrise artistique et musicale. En réécoutant ses chansons composées par Baligh Hamdi, on sent combien son influence était grande sur le maestro égyptien.

Ouarda s’est envolée gracieusement sur des airs oranais et chaouis et a emporté avec elle des âmes suspendus par l’amour et des têtes grimpant vers les étoiles. Que ce soit à Beyrouth, au Caire, à Damas, à Tunis ou à Casablanca, son lyrisme a réus-si à adoucir les passions et à caresser la mélancolie d’un public à fort potentiel sen-timental. Ad’ouka ya amali , ( je t’appelle ô mon espoir ), chantait la Diva, assoiffée de son pays et de la terre qu’elle a vénérée avec une grandeur suprême. Ce cri qui l’a accompagnée tout au long de sa carrière, est aujourd’hui repris par des millions d’ad-mirateurs à travers le monde arabe, dans sa dimension culturelle bien entendu. La Diva est encore vivante. La terre n’a eu que son corps ; car son âme est demeurée parmi nous

M. M.

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Où sont les ramadhans d’antan ?

Les derniers ramadhans que j’ai passés à Constantine se sont déroulés en plein hiver, ce qui leur conférait un immense charme. Les jeuneurs surpris par le crachin de décembre s’emmitouflaient dans leurs kachabias et vaquaient à leurs occupations dès potron-minet dans une ville qui elle-même ne se réveillait que dans le brouhaha des marchés.

Par Alioua Bouchoua

L es fonctionnaires allaient alors au bureau comme on va à l’échafaud, la mine grise, l’air renfrogné et le cerveau comme congelé. En tant que journa-liste, j’avais le privilège de dor-

mir jusqu’au midi quand il fallut s’armer de courage pour aller décrypter les dépêches sportives de l’APS dans le mythique heb-domadaire El Hadef disparu dans le li-béralisme de ces années annonciatrices de bien sombres lendemains. Nous n’en avions cure et en cette fin des années 80 et après le boulot, nous partions à l’as-saut des senteurs typiques du Ramadhan en prenant soin de n’emprunter que les vieux quartiers qui ont quand même gar-dé intacts quelques pans de pavés. Alors commençait la ballade du jeûneur dans l’étroitesse des venelles de Souika où on s’arrêtait longuement devant chaque étal, prétextant de passer le temps, mais en ré-alité complètement subjugués par la geste

Nostalgie

auguste du marchand de zlabia…Nous avions, l’ami Boubakeur Hamidechi, les défunts Salim Mesbah et Aziz Rahmani, le regard braqué sur l’immense poêle où la douceur prenait sa couleur avant d’être plongée dans son bain de miel. Un spec-tacle féérique qui nous imposait le silence et on ne repartait qu’avec chacun son sachet dégoulinant. Un soupir et quelques pas plus loin, nous marquions une pause obligatoire devant la devanture submergée de l’échoppe du vendeur de « harissa» que d’aucuns appelaient « Kalb ellouz», sans doute pour mieux adhérer à la folie qui s’emparait des Algérois. Nous autres, compagnons de virée ramadhanesque restions « autochtones» jusqu’au bout de l’envie. On continuait alors notre tournée par «Erssif» où nous nous frayions diffici-lement le passage dans la foule agglutinée devant le marchand de zlabia au miel pur. On remontait la voûte et on débouchait sur Rahbet Essouf où nous attendait le clou du

Photo Archives familiales spectacle: on jouait alors des coudes pour

suivre avec une attention soutenue la ges-tuelle du faiseur de « bourek». Tout un art dans l’étalage des ingrédients, la patate, la viande et l’oignon haché, la cervelle ou les crevettes en option, le jaune d’œuf qui doit rester coulant, le fromage…avant de glis-ser la merveille dans l’huile que l’assistant laissait dorer avant de la retirer sous le re-gard globuleux des jeuneurs. On repartait l’âme rassérénée mais le supplice à l’esto-mac, avant de se séparer devant la mon-tagne de djouzia que le marchand coupe avec dextérité…Déjà le jour s’empourpre et il va falloir presse le pas pour arriver à l’heure. Rendez-vous est pris pour la soi-rée et l’interminable partie de scrabble et les vaines tentatives de battre le virtuose des mots, le bien nommé Aziz. Paix à son âme, à celle de Salim. Ainsi qu’à celle de ce Ramadhan si quiet et si lointain…

A. B.

L’écriture est un cirque où Hamid Ali-Bouacida adore accomplir le rôle de dompteur de mots.

Il aurait pu s’appeler Amar pour la circonstance. Qu’à cela ne tienne « comme il a dit lui », ses lec-teurs et ses lectrices de jadis continueront à le dessiner en trois lettres : A-B. A. Une griffe et une marque déposée par un des journalistes-écrivains les plus talentueux de sa génération. Une signature accréditée par la magistrature suprême du verbe. Et une histoire constantinoise riche en péripéties jusqu’au délire. La facilité avec laquelle il tresse les mots est hallucinante. Il y’a quelque chose en lui qui les fascine. Et ça donne souvent des séquences de vie rythmées par les éclats de rire, les humeurs les plus extravagantes et les mines crispées par la dou-leur. Il connait sûrement le langage des mots, non pas celui qu’ils partagent avec les êtres humains, mais celui qu’ils entretiennent entre eux, loin de la curiosité intellectuelle des hommes. Cette éton-nante connectivité qui le lie à l’alphabet et à ses tentations suprêmes propulse ses expressions à la vitesse de la lumière vers des horizons insoupçon-nables. Quand il parle de l’Algérie, et ça lui arrive fré-quemment, c›est-à-dire dans la poussée de chaque souffle, il n’écrit pas ; il fait l’écriture. Mais lorsqu’il évoque son petit monde à lui, c’est l’écriture qui le fait à sa place, car vu l’humilité qui le couvre de la tête aux pieds, il n’osera jamais « commettre » une «infraction » pareille. S’il avait été footballeur, il aurait sûrement ressemblé comme deux gouttes d’eau à Roberto Baggio l’italien, un des meilleurs joueurs de foot de tous les temps. Mais A-B. A. est un Algérien de pure souche qui s’amuse à railler les parvenus «en encaissant toutes leurs brimades avec philoso-phie, et qui rêve de les rassembler dans les parkings de ces bouis-bouis pompeusement appelés boîtes de nuit et de les haranguer sévèrement, en leur réci-tant une longue tirade d’Epicure, en prenant soin de leur préciser qu’il n’a pas renouvelé son contrat avec la Juventus de Turin juste pour les laisser dans leur ignorance crasse.. ».

M. M.

A-B. A. et le désordre alphabétique

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Mme Mme Facih Nassira est native de Constantine, mère de 3 enfants, elle est dotée de diverses qualités artistiques,

dont entre autres, la maîtrise parfaite de l’art culinaire traditionnel de sa ville na-tale, Constantine. Mme Facih a été félicitée par le président de la République algérienne Abdelaziz Bouteflika en 2006, date à laquelle elle a été installée à la tête de la formation professionnelle en formant 120 cuisi-niers en hôtellerie et tourisme. Dans son parcours professionnel, l’on compte de nombreuses participations aux foires nationales et internationales. Elle pré-sente l’histoire culinaire lors de commu-nications, conférences et à travers de grandes chaines de télévisions. En plus de la recherche en cuisine, Mme Facih Nassira écrit et publie des livres sur la cuisine et sur l’art culinaire. Elle est aussi chef costumière et confec-tionneuse de costumes traditionnels hommes et femmes, dans le milieu artis-tique (cinéma). Sa conception des dé-cors traditionnels, sublime et émouvante, reflète l’histoire du patrimoine Constan-tinois. Elève du conservatoire, peinture sur tableaux et tissus, ses préférences vont toujours à la musique, la cuisine, la confection de costumes, les voyages, la culture, et le patinage artistique.

Ce plat constantinois par excellence, marque son histoire dans l’espace cu-linaire par une identité remarquable. Ce met se prépare par les hadriyèttes avec, uniquement des produits du ter-roir, de la viande d’agneau fraiche de ferme, des herbes aux saveurs du pays cueillis dans les petits vergers aux alen-tours de la maison et le blé vert moulu et passé dans les tamis par nos grands mères ou les plus âgées de la maison.

Cette chorba blanche est un plat constantinois cérémonial, destiné au repas d’honneur de la mariée, sa pré-paration se fait soigneusement avec le suprême de poulet, de la viande d’agneau, la viande hachée et méticu-leusement assaisonnée, saupoudrée de vermicelle ou cheveux d’anges. Ce plat se prépare le deuxième jour des noces suivant les vœux de la mariée.

Biographie

Facih Nassira Jari au frik(SAUCE ROUGE)

Jari aux vermicelles(SAUCE BLANCHE)

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La bonne cuisine est une source de bonheur

L’art culinaire traditionnel constantinois se décline sous une carte de raffine-ment et de délicatesse. Certains plats, dont la sa-

veur légendaire a transcendé les fron-tières pour aller ravir les palais et la re-connaissance des plus fins gourmets de tout le bassin méditerranéen, gardent fièrement le secret de leurs épices et de leur fragrance.Ce qui caractérise ce style de cuisine si raffinée, c’est cette possibilité de pouvoir sublimer le goût. Les épices, les produits du terroir, le fait de limiter l’utilisation des matières grasses et du sucre, donne une cuisine rustique et absolument exquise.Ce patrimoine constantinois qui à long-temps été étouffé par l’apparition des fast-foods et la culture des médias, nous autres, Maîtres-cuisiniers, appartenant à cet art gastronomique qui n’existe que par le fait d’une transmission orale intergénérationnelle, restons jaloux de

cette richesse patrimoniale dont nous sommes les gardiens fidèles. Les savoirs culinaires que nous avons glanés auprès de nos grands-mères et mères, nous imposent de les retrans-mettre à notre tour aux générations fu-tures.Les spécialités traditionnelles constanti-noises sont très riches et variées. Dans la cuisine constantinoise il n’y a pas que les plats pour garnir le Ç’ni (plateau en cuivre) et le présenter avec de fortes et alléchantes odeurs. Il ya aussi des mets sucrés, d’autres avec sauces blanches ou en sauce tomate, avec un accompa-gnement de salades variées ou hors-d’œuvre savoureux. Tous ces plats qui prétendent, à juste titre d’ailleurs, à la magie d’un art traditionnel des plus raffiné, font que le Ç’ni constantinois garde une place de choix sur la carte qui identifie les empruntes culinaires algé-riennes.

Meïda

SAVOIRS CULINAIRES TRADITIONNELS

Photos Walid Hamida

Facih N.

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L’Algérie compte le plus faible taux de déperdi-tion scolaire dans toute la région MENA, selon M. Thomas Davin représen-tant du Fonds des Nations

unies pour l’enfance (UNICEF) à Alger. Près de 500 000 enfants âgés entre 6 et 16 ans ne sont pas à l’école en Algérie, mais ce chiffre représente le plus faible taux par rapport à celui enregistré des pays de la région MENA. Une enquête sur les enfants hors système scolaire a été réalisée der-nièrement par le ministère de l’Education nationale et l’UNICEF et dont les résultats seront prochainement rendus publics, ré-vèle que 497 000 enfants âgés entre 6 et 16 ans ne sont pas admis à l’école (cycles primaire et moyen) en Algérie, avec un

taux de 4,5 % du nombre total des enfants en âge légal de scolarité. L’enquête a dé-montré que cette déperdition concerne en majorité les enfants âgés entre 11 et 15 ans, dont la plus grande partie sont des enfants du sexe masculin issus des couches sociales les plus défavorisées. Cette enquête sur les enfants hors sys-tème scolaire a été effectuée par l’UNICEF dans plusieurs pays du monde, dont les pays de la région MENA, qui a démontré que les taux en matière d’enfants non sco-larisés dans cette région sont beaucoup plus élevés. Une autre enquête nationale à indicateurs multiples, dont les résultats ne sont pas encore rendus publics, a démon-tré que 86% d’enfants âgés de 2 à 14 ans estiment avoir été victimes d’une méthode disciplinaire violente.

MESSAGE DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE À L’OCCASION

DE LA JOURNÉE INTERNATIONALE DE L’ENFANT

« La protection de l’enfant constitue un devoir sacré »

Le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a adressé un message à l’occasion de la Journée internationale de l’enfant, célébrée le 1er juin de chaque année. En voici quelques extraits :

L’UNICEF Algérie coopère avec le gouvernement Algérien à travers plusieurs programmes dans les domaines de la santé de la mère et de l’enfant, de l’éducation de qualité, de la protection de l’enfant conformément à la Convention des droits de l’en-fant, ratifiée depuis plus de deux décennies par l’Algérie.A l’occasion de la Journée Internationale de l’en-fant, le Ministère de la Solidarité nationale de la Fa-mille et de la Condition de la femme et l’UNICEF ont présenté Le Guide des Droits de l’Enfant.Ce guide comporte plusieurs modules relatifs aux différents droits de l’enfant. Chacun de ces mo-dules énonce les textes de la Convention relative aux Droits de l’Enfant et les textes législatifs natio-naux en matière de droits de l’enfant.

CONÇU PAR LE MINISTÈRE DE LA SOLIDARITÉ ET L’UNICEFDÉPERDITION SCOLAIRE

« L’Algérie qui célèbre, aujourd’hui, la journée internationale de l’Enfant à l’instar des autres pays

de par le monde, est résolument engagée dans la mise en œuvre de la législation dont elle s’est dotée, en conformité avec les dispositions de la

Convention relative aux droits de l’enfant ».

« Comme chaque année, je veux réaffirmer la ferme volonté de notre pays d’œuvrer en faveur de la

promotion des droits de chacun de ses enfants, et plus particulièrement, de ceux, vulnérables, qui se

trouvent en situation de précarité et qui, donc, ont autant besoin de la communauté nationale et de

la sollicitude des pouvoirs publics ».

« … j’invite l’ensemble des autorités concernées, ainsi que notre société à veiller à assurer la

protection de nos enfants, quelle que soit leur situation sociale, des affres de leur exploitation

dans le travail, la mendicité, de la privation de scolarité, ou encore de la violation de leur intégrité

physique ou morale ».

Guide des Droits de l’EnfantL’Algérie compte

le plus faible taux dans la région Mena

Le réquisitoire d’un juste

Militant acharné et dévoué à la cause des enfants, il porte la voix de ces êtres fragilisés, laissés en souffrance, maltraités, ou tout comme lui, nés sous X ou de parents inconnus, pupilles de l’Etat, abandonnés et/ou ballottés de famille en famille.

EnfanceEnfance

MOHAMED-CHÉRIF ZERGUINE

Mohamed-Chérif Zerguine porte sa militance pour une cause aussi noble, pendante et en ban-doulière. Armé d’une conviction

inébranlable, il tire à bout portant sur tous ce qui ne tourne pas rond dans ce monde d’adultes qui ne laisse aucune place aux sourires des enfants.Contre vents et marées de tabous, son plaidoyer pour une protection fondamen-tale des enfants, se barde de la verve du réquisitoire le plus incisif contre la bêtise humaine.Dans son dernier ouvrage, « Cendres de larmes », un récit autobiographique émou-vant, paru tout récemment (2015) aux édi-tions Celi (Tunisie), il assène de manière magistrale cette sentence lourde de sens et qui de son écho strident, pourfend, jusqu’à ses derniers retranchement, la bêtise hu-maine : « Qui peut prétendre descendre d’une lignée sans faille ? ».

Si la poudre d’intelligence à amener Kateb Yacine à conclure que « Quand l’ignorance devient la norme, la vérité quant à elle de-vient un péché », Mohamed-Chérif Zer-guine a, pour sa part, consacré sa quête de la vérité au démantèlement de ces normes

sustentées aux péchés et à la désacralisa-tion de tabous et autres interdits dus à la poudre de l’ignorance.

Son parcours atypique, celui d’un écorché ivre d’une rage innée, la rage de vouloir coûte que coûte remonter la pente abrupte de ses origines en bataillant souvent contre l’absurdité des hommes, des lois et des institutions, fait de lui un électron suffisam-ment libre, capable de remonter jusqu’à la matrice du mal, la cause d’un ignominieux infanticidium, un crime lèse-société.

Chevauchant sur un parcours ou des mou-lins à vent ont décidés de peupler son che-min de disgrâces et d’infortunes, il prend le pas cavalier, mais tout autant résolu, pour braver l’ordre injuste et aller à la conquête des droits légitimes d’une frange qui in-carne la vie à son aube et résume toute notre humanité.C’est ainsi que son combat acharné pour les droits de l’enfance abandonnée, l’amène, dès l’année 2009, à publier « Pu-pilles de l’Etat. La peur de l’inconnu », un livre qui va ébranler nombre de certitudes établies sur l’enfance abandonnée et sa prise en charge institutionnelle.

Deux années plus tard et quelques dé-boires plus loin, Mohamed-Chérif Zerguine, loin d’être découragé, récidive pour livrer une bataille monumentale qui, cette fois-ci, secoue les fondements mêmes du dogme et provoque un débat des plus houleux au sein de l’institution religieuse. En effet, dès sa publication en 2011« Né sous X dans le monde arabo-musulman »

déclenche dans les médias lourds et sur la place publique, une controverse à propos du recours à l’ADN dans l’établissement de la filiation de l’enfant né hors mariage quand le géniteur est identifié. Le 1er juin de la même année, lors d’une conférence rassemblant les plus grands spécialistes de la Chari’a et du Hadith, organisée au niveau de l’Université des sciences islamiques Emir Abdelkader de Constantine, cette problématique délicate et incommode est abordée pour la première fois avec acuité. Dix sept jours plus tard exactement, le Doc-teur Mohamed-Chérif Kaher, président en exercice de la Commission Nationale des Fatwas du Haut Conseil Islamique (HCI), se prononce sur la question. Effectivement, il reconnaitra de manière officielle que « Vu l’ampleur que prend le phénomène des naissances hors mariage, j’insiste pour dire que l’Ijtihad sur la ques-tion de la filiation est inéluctable ».Dès lors, la mécanique du tabou sur la question est définitivement levée, Moha-med-Chérif Zerguine, en réussissant à convaincre les spécialistes du droit reli-gieux et à gagner le soutien de leur institu-tion, venait de réussir un coup magistral en gagnant de manière lumineuse une bataille importante dans son combat pour la dé-fense des droits des enfants. Et même si ce n’est qu’une bataille, il n’est ni dupe, encore moins un enfant de cœur, il sait qu’il lui reste beaucoup de mécaniques déglinguées à démanteler et à mettre au rebut !

Dj. Belkadi

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Enfance

MOHAMED-CHÉRIF ZERGUINE

Entretien réalisé par Dj. Belkadi

• Mohamed-Chérif Zerguine, pensez-vous que ce texte va renforcer l’arsenal juridique national en matière de protection de l’enfant et consolider cet édifice juridique ?

Dans la forme d’emblé, je vous dirais que oui, ce texte renforcera la législation natio-nale relative à la protection de l’enfance. Cette avancée, infime soit-elle, s’inscrira dans l’histoire de l’édifice protecteur de l’enfance algérienne.Cependant, le fond du texte me laisse dubitatif quant à une amélioration signifi-cative de la réalité de la population vulné-rable, le législateur aurait pu faire mieux.

Novembre 2012, j’ai adressé au premier magistrat et à l’ensemble des membres des deux chambres, un manifeste à l’en-droit de l’enfance privée de famille (re-commandations ci-dessous) qui exposé en détail les lacunes rencontrées et dans le même élan, venait contribuer par une batterie de recommandations. Mon amer-tume, réside dans le mépris de la commis-sion parlementaire qui n’a pas convié les militants humanistes et désintéressés.

• L’Algérie a bien connu un retard de près de 20 ans par rapport aux conventions internationales de protection de l’enfant. Les lois algériennes qui protègent cette catégorie datent de 1972 (ordonnance n°72-3 du 10 février 1972 relative à la protection de l’enfance et de l’adolescence, sont devenues surannés, ne croyez-vous pas que cette loi constitue une véritable avancée et une mise à niveau juridique salutaire ?

Sans me répéter, j’insiste à redire que oui, c’est une avancée. Elle aurait été salutaire si le projet de loi avait inclus la création d’un tribunal pour enfant, doté de magis-trats spécialisés. Les uns afin d’édifier une réelle proximité avec l’enfance pour une protection significative et les autres se seront chargés de la délinquance juvénile pour mieux les réinsérer dans la société. Le texte adopté aujourd’hui, laisse le juge des mineurs désarmé quant à des fléaux qui ne cessent de prendre de l’ampleur et la réalité du terrain le démontre incontes-tablement.

Manifeste pour les droits de l’enfant

Le projet de loi relatif à la protection de l’enfance, adopté le 25 mai dernier, à la majorité à l’APN, prévoit la mise en place de nouveaux mécanismes: médiateur, délégué des droits de l’enfance, assistance juridique, présence d’un avocat...A propos du contenu de ce projet de loi, nous avons demandé l’avis d’un militant connu pour sa constance et sa résolution dans le combat pour les droits de l’enfant.

• Le texte a mis en place des mécanismes tels que le médiateur, le délégué des droits de l’enfant. Il mentionne également l’obligation de la présence d’un avocat durant les procédures, depuis l’arrestation par la police jusqu’au tribunal, est-ce suffisant comme mesures pour assurer une véritable protection à l’enfant ?

Non ! A la place et au lieu d’un délégué des droits de l’enfant rattaché à la cheffe-rie, j’aurais souhaité une institution à part entière, un secrétariat d’Etat aurait pu être érigé. Il ne s’agit pas uniquement de protection de l’enfance, j’aurais souhaité une réelle politique de l’enfance afin de préparer les générations futures à relever les défis dans un monde qui, on le sait, devient de plus en plus exigeant.

L’Algérie de demain doit impérativement se doter d’une génération assainie des maux d’un passé récent pour ne pas dire présent.

• Malgré ce texte de loi, fortement salué par les associations et les juristes impliqués dans la protection de

QUELQUES RECOMMANDATIONS CONTENUES DANS LE MANIFESTE POUR L’ENFANCE PRIVÉE DE FAMILLE

• Renforcement et rassemblement des textes dans un code de l’enfance et mise en place d’un tribunal pour enfant. • Introduction de la Convention des droits de l’enfant dans les programmes scolaires et universitaires.• Réorganisation des services sociaux des collectivités locales en les dotant de bri-gades spécialisées, pour une proximité et une intervention rapide à l’endroit des en-fants privés de famille.• Séparation des enfants privés de famille des enfants délinquants très souvent placés dans les mêmes centres en créant plus de structures d’accueils spécialisées.

• Mise en place des mécanismes d’inser-tions appropriés pour chaque catégorie de la population.• nstitution d’un Office National de la Kafala.• L’Office National de la Kafala, un orga-nisme public, qui serait pourvu d’une per-sonnalité morale et d’une autonomie finan-cière pour accomplir cette tâche, et celle de tuteur délégué par l’Etat de l’enfance privée de famille.• Insertion d’une nouvelle page dans le livret de famille, intitulé « Kafil-Mekfoul », afin d’y transcrire les noms concordants des en-fants en Kafala. • L’institution de la Kafala ne doit pas être provisoire, elle doit être définitive.• Abolition du concept des naissances sous X, prohibé par l’Islam, héritage de l’empire colonial et le remplacer par l’organisation de l’abandon en tenant compte de l’état psy-chologique de la mère biologique et l’inciter humainement à garder son bébé.

VIOLENCE À L’ÉGARD DES ENFANTS

Mise en place d’un dispositif de signalementUn dispositif de signalement des actes de violence à l›égard des enfants sera mis en place avant la fin de l›année en cours, a-t-on appris auprès du ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme.« Un projet de dispositif de signa-lement des actes de violence à l›égard des enfants est en cours d›élaboration par le ministère et sera mis en place avant la fin 2015 », a indiqué la directrice générale de la Famille, de la Condition de la Femme et de la Cohésion sociale au ministère, Khadija Laâdjel.Ce dispositif, qui impliquera les secteurs et les associations concernés, a pour objectif de promouvoir la communication et la coordination entre ces parties et de dénoncer le mauvais trai-tement à l›égard des enfants vic-times de violence.

l’enfant, des catégories d’enfants fragilisées, comme ceux nés sous X ou les enfants mendiants, ne sont pas encore prises en charge, selon vous quels autres mécanismes juridiques faudrait-il mettre en place ?

Là est ma réelle préoccupation et lors-qu’au début de cet entretien je vous disais que j’étais dubitatif, j’attendais avec impa-tience cette question. Le texte promulgué, n’évoque que succinctement l’enfance nés sous x, d’où mon profond désarroi. Encore au nom du tabou sexuel, il ne contient au-cun mécanisme de prévention des nais-sances sous x et encore moins de mesures d’accompagnement des mères célibataires lorsque la situation l’exige.

Une Nation n’est humaine que par la recon-naissance à part entière de ses populations sans aucunes distinctions. Comment peut-ont ignoré ses enfants et de surcroît réinstaller l’omerta sur des milliers de victimes qui n’ont pas demandé à venir au monde! J’aurais souhaité plus de consi-dération à l’endroit de ces futurs citoyens

Dj. B.

Photo Lamine Hamida

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Un rêve algérien

Dans ce coup de cœur fulgurant, Raja Alloula, dans une atmosphère délavée par le déni et les ingratitudes, fait « exploser » les mot et provoque le vertige !

« Sur le chemin de ma vie, j’ai croisé Alloula alors qu’il était déjà célèbre. Il était grand et solide comme un cèdre, c’était un géant au cœur fragile, tendre, à la larme palpitante au coin de l’œil, les poches vides mais la main toujours tendue pleine d’amour et de sollicitude ; ses mains étaient larges mais il pouvait nouer un cheveu avec l’autre ».

épitaphe

UNE HALQA À LA MÉMOIRE DE ABDELKADER ALLOULA

Par Mohamed Mebarki Ahmed Cheniki est un journaliste « bourré » de talent. Quand il écrit ; il provoque toujours un feu d’artifice. Quand il en-tame l’habillage des sens avec des expressions

taillées sur mesure, c’est à un véritable défilé de mots aux multiples couleurs qu’il invite son lecteur. Le choix de ses thèmes est judicieux. Et son style, sobre et tran-quille, scintille de mille feux pour illuminer le regard et l’esprit en même temps. Il est aujourd’hui, un des rares intellectuels al-gériens à s’intéresser sérieusement à la «haute couture» des mots et des images dans un monde envahi par le prêt-à-porter.

matique qui va s’avérer juste tout au long d’une carrière et d’une vie entièrement dé-diées à l’autre. Alloula, l’homme de théâtre était conforme à Alloula, l’homme de la rue. Il n’y avait aucune frontière entre les deux. Il était une sorte de fusion à fort potentiel in-tuitif entre l’inspiration d’école et l’apparte-nance « corporelle » à un espace populaire.

Le porte-parole du souffle populaire et le conteur de ses mauxDans sa vie privée comme dans les cou-lisses du théâtre, il était toujours à l’écoute de l’autre ; il était toujours disponible. Dans son inlassable quête du bien, il était l’autre et rien que l’autre. Toutes ses œuvres reflètent cet état d’esprit que l’on retrouve chez Allal l’éboueur, Habib le métallo, Akli le squelette du collège ou Djelloul Lefhaïmi auquel le généreux Sid Ahmed Agoumi avait réservé un accueil des plus chaleureux au Théâtre d’Avignon en 1995. Il était le traducteur de cet Oran qui passait son temps à recoller les mots brisés. Il était le porte-parole du souffle populaire et le conteur de ses maux. Il était la conscience vivante du rêve algé-rien. A l’inverse de nombreux intellectuels algériens qui avaient succombé au charme irrésistible de la vie en hauteur, Alloula n’avait jamais quitté son milieu naturel.

Il est demeuré une des expressions les plus fidèles des humeurs locales, jusqu’à ce soir du 10 mars 1994, où un revolver bourré de haine l’arrêta dans son élan émancipateur. « La vie avec lui était des ambiances pleines d’affectivité, d’émotions, de surprises, d’amour. Tout était possible puisqu’il m’a fait vivre l’utopie d’un monde meilleur où l’homme serait supérieur à l’ani-mal débarrassé à jamais de sa bestialité, de sa violence, de sa haine envers les autres, envers la vie, envers l’humain ». Ces pro-pos de Raja Alloula « ramassent » avec une douceur inouïe des milliers de «tentations» chassées par le renoncement et l’oubli, mais Alloula n’est plus là pour faire parler les rêves. Ses personnages, de Sakina El Meskina à Errebouhi, sont encore parmi nous. Ils attendent patiemment qu’un autre troubadour fou amoureux de l’Algérie re-prenne l’étendard de la halqa

M. M.

Ses multiples interventions dans le champ des arts de spectacles sont solidement ancrées à des convictions apparentes. Lorsque Cheniki parle de théâtre et passe en revue les moments forts d’une scène tourmentée par l’absence prolongée de Mustapha Kateb, Sirat Boumediene, Azze-dine Medjoubi, Kateb Yacine, M’hamed Benguettaf, Haïmour et Abdelkader Alloula, on a l’impression qu’il le fait sous serment, tant il est méticuleux sur le choix du sup-port linguistique et ses métaphores. Lors-qu’il éprouve le besoin lancinant d’évoquer Si Mohamed El Hayti, l’ombre furtive d’El Khobza ou Djelloul Lefhaïmi, son épouse Zahra, Badra et Cherifa, les personnages de Lajouad, ( Les généreux ), il sollicite l’en-semble de ses ressources intellectuelles afin de mieux guider la nouvelle génération dans la découverte de l’un des plus grands dramaturges du Maghreb.

Homme de théâtre, homme de la rue Tout son travail consacré au théâtre en gé-néral et à Alloula en particulier constitue au-jourd’hui un précieux témoignage sur des monuments comme M’hamed Benguettaf, Sirat Boumediene et Azzedine Medjoubi qui ont réussi à immortaliser des rôles puisés par Alloula des quartiers populaires. Doté d’une intuition affinée, le pionnier de la mise en scène de la halqa avait aperçu la pro-fondeur des problèmes et leur impact sur la masse. C’est d’ailleurs à partir de ce terreau qu’il entama le montage de son théâtre so-cial avec des perspectives mobilisatrices. «C’est dans ces couches sociales les plus déshéritées que la société se reflète le mieux dans ses préoccupations, ses luttes, ses contradictions, ses valeurs et ses es-poirs. C’est dans ces couches et par elle que notre société se saisit le mieux, qu’elle est la plus apparente, la plus présente et la plus dense ». Débarrassé de tout ce qui pourrait fausser le jugement, en tant qu’in-dividu et en tant qu’artiste, Alloula a été vite imprégné de la réalité, tant sur le plan hu-main que politique. Son enracinement dans la société et sa proximité des préoccupa-tions vitales des masses ont grandement conditionné son engagement politique et ses orientations artistiques, mais avaient auparavant « aiguisé » sa démarche thé-

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Les toits blancs de Ghardaïa

Ghardaïa étale son collier d’émeraudes en ce mois de mai finissant. Un air de paix règne dans cette ville qui ne croit pas aux larmes. Les troubles qui la secouent cycliquement ne perturbent guère sa raison de vivre. Cela nous rassure en quelque sorte de voir une population active, fière et accueillante, qui travaille, qui se marie, qui chante et qui joue au foot.

Par Ikram Ghioua

Il est de bonne augure que les habitants de cette cité millénaire réagissent avec assurance et pensent que les bourrasques qui soufflent de temps en temps sur la région vont s’éteindre. Toute l’histoire de cette ville est liée au

pacifisme et à la cohabitation ethnique intelligente. Les quelques débris jonchant des espaces publics ne pourront pas l’obliger à se renier. Ghardaïa qui reste fière, en dépit du mal qu’on lui a infligé, a toujours su maintenir ses rivalités à un seuil tolérable et aller à la rencontre de l’Algérie sans aucun complexe. Invitée dans le cadre de la manifestation Constantine capitale de la culture arabe 2015, elle a merveilleusement décliné son identité. Son histoire, sa culture et ses traditions sont à même de dire que c’est le reflet typique de l’Algérie profonde. Elle se gardera de porter des armes contre ses ennemis, pour sauvegarder son patrimoine, sa noblesse et la grandeur de son âme. On a bien

INVITATION

souhaité la « fouetter », mais d’un geste elle fit face à l’envahisseur. Aujourd’hui, c’est depuis Constantine qu’elle transmet son message aux prédateurs qui la veulent morte. Elle a été reçue dans la ville de Massinissa avec toute sa composante identitaire. Chaâmbi et Mozabites ont d’un trait effacé le mensonge qu’on veut à tout prix faire croire aux Algériens, pour bien représenter leur ville avec une exposition fabuleuse. De l’artisanat avec tapisserie, poterie, bijoux, art plastique et habit traditionnel au patrimoine « Ksar Tafilelt Tajdit ». Sur cette ville récemment bâtie, un journaliste soulignera « elle respecte parfaitement le tissu urbain du Mzab. Bâtie sur les hauteurs d’Aamoud, proche de la ville de Béni-Isguen, sur une surface de 22 ha, avec vue panoramique sur le ksar et la palmeraie, son promoteur a voulu ainsi préserver l’ancienne oasis et le vieux ksar, tout en proposant des voies de circulation automobiles et des espaces verts. Ce ksar accueille, aujourd’hui, plus

Photos Lamine Hamida

de 1 000 familles, et est considéré comme une réussite sur tous les plans ». On peut parler de Ghardaïa à ne pas en finir, de son patrimoine matériel et immatériel, de ses oulémas et de ses poètes. On peut évoquer longuement le charme envoutant de Dhaïa, Mélika, El Atteuf et Bounoura, les autres joyaux du collier d’émeraudes. Mais cette fois, l’occasion nous été donnée de visiter El Ménéa anciennement El Goléa, une des plus anciennes villes d’Algérie située à 270 km de Ghardaïa. Et là, nous avons vite été enchantés par la verdure et l’enchevêtrement des palmeraies. El Ménéa, son eau mais aussi son Vieux Ksar construit au Xème siècle. Cette forteresse bâtie sur une colline fut dirigée par une reine Zénète du nom de M’barka Bent El Khas, une guerrière qui soutint plusieurs sièges. Conçu dans la forme d’un pain de sucre, le Vieux ksar offrait davantage de commodités pour sa défense. Il est triste de voir qu’il est aujourd’hui dans un état lamentable. El Ménéa c’est aussi quelques

miracles de la nature comme ce rocher qui épouse la forme d’un chameau Barraqué sur la colline de Tin Bouzid ou le lac aux flamands roses. El Ménéa c’est aussi cette imposante église et son cimetière réduit où trône le tombeau du missionnaire Charles de Foucauld. L’on raconte que le père Foucauld a été pourchassé par les Touareg depuis la Libye pour prosélytisme chrétien. Il est tué à Tamanrasset, le 1er décembre 1916. A-t-on transporté son corps jusqu’à El Ménéa ? Le tombeau ne contient-il en fin de compte que le cœur du père blanc comme cela est raconté ? A défaut de répondre à ces questions, nous avons été invités à prolonger notre voyage jusqu’à Tamanrasset, et visiter l’ermitage du père de Foucauld dans l’Assekrem. Ce fut tout simplement féérique ! Du Vieux Rocher de Constantine à l’Assekrem en passant par Ghardaïa et ses ruelles mystérieuses, El Ménéa, son Vieux Ksar et ses jardins embaumés de menthe et de jasmin, l’Algérie plurielle vit plus que jamais

I. G.

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PhotosLamine Hamida

fondouk

Elle est née sous un ciel béni. Elle vient d’une terre noble. Elle a grandi dans une ville où l’on peut admirer le plus beau ca-deau du soleil à la terre : un lever

de soleil éclatant et un coucher de soleil beau comme un rêve. Elle a une allure majestueuse qui se nourrit de la beauté de l’Assekrem. Elle, c’est Ouahiba Baâli, une jeune femme de 28 ans, à la beauté radieuse et au sourire épanoui d’une âme sensible. C’est une artiste qui a offert son cœur et son esprit au théâtre. La relation passionnelle qu’elle entretient avec la scène vient d’être primée à Constantine, à l’occasion de la Journée nationale de l’ar-tiste. Et c’est le ministre de la Culture qui lui a remis le 3ème prix Ali Maâchi qu’elle a décroché sous les applaudissements nourris d’un public acquis et conquis. Arbo-rant une tenue traditionnelle remarquable, la jeune femme a capté l’attention de tout le monde. D’ailleurs, c’est avec beaucoup d’émotion qu’elle a parlé de cet accueil et de cet élan de sympathie qui lui a été réservé par le public constantinois. Des moments qui resteront gravés dans sa mé-moire. Des moments exceptionnels qu’elle

Valeurs

n’est pas prête d’oublier ! Elle qui vit sur scène et rêve de théâtre depuis son jeune âge. Elle qui s’est donnée à fond, en accu-mulant des formations à travers le territoire national. Elle qui a eu la chance de comp-ter sur le soutien et les encouragements de M’hamed Benguettaf, sent qu’elle n’a nullement le droit de baisser les bras. Surtout que sa famille lui a apporté tout le réconfort possible. Cette femme douée et passionnée a la ferme intention de parta-ger son don dans un univers conçu pour la création artistique. A Constantine, elle avait saisi l’occasion de la remise des prix pour demander au ministre de la Culture d’aider Tamanrasset en la dotant d’un Théâtre régional. Pour Ouahiba, le théâtre est une école où les enseignements de la vie sont les mieux étudiés. « Le théâtre représente certainement la meilleure voie de communication pour transmettre les mes-sages les plus tabous », affirme-t-elle avant d’assumer « j’ai assez d’énergie autant que tous ces jeunes qui viennent de se distinguer. Je dois poursuivre mon chemin et construire une carrière honorable ».

Ikram Ghioua

ouahiba, la fille de l’Assekrem

Totalement consacrée à la musique andalouse, l’exposition « Min El Aswat à la Nouba », propose, à travers plusieurs espaces-stands, un cheminement interactif des plus instructifs et des plus attrayants.Au moyen d’un guide audio interactif et un casque, le visiteur est invité à choisir son propre parcours entre une quarantaine de bandes sonores et de vidéos inte-ractives. Histoire de la musique arabe, biographies d’artistes tels que Ouarda El Djazaïria, Faïrouz, Mounir Bachir.., des documentaires vidéos sur les pratiques musicales à Constantine, à Alger et sur les musiques du Grand Maghreb.Pour la compréhension des spécificités du malouf, de sa pratique, des stands ont été consacrés à la citadinité, avec le rappel des figures emblématiques de la ville, les origines de la pratique de la musique malouf, les lieux, les fondouks, les cafés… Des photographies, des affiches, ainsi que des hommages ponctués par des soi-rées musicales malouf sont prévues chaque mois jusqu’à novembre prochain.

Les voix de la Nouba

Photo Walid Hamida

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Intégrée exceptionnellement dans le cadre de la manifestation Constan-tine, capitale de la culture arabe 2015, la 7ème édition du Festival in-ternational de la calligraphie arabe a

élu domicile à cette occasion à la maison de la culture Malek Haddad. Plus de 100 artistes étrangers venus de 22 pays dont l’Iran, la Turquie, l’Azerbaïdjan, le Pakistan et la Syrie ont participé à ce concours de très haut niveau. Plus de 200 œuvres de calligraphes algériens et étrangers ont été exposées lors de cette manifestation qui constitue une première pour les Constan-tinois. Ainsi, des œuvres inspirées des diffé-rentes écoles d’écriture ont été présentées à l’appréciation du jury et du public. Inau-gurée par le ministre de la Culture, cette 7ème édition internationale du festival de la calligraphie a été mise à profit par Azze-dine Mihoubi pour appeler à la contribu-tion de l’ensemble des artistes afin qu’ils offrent des perspectives de rayonnement à

L’affiche

la culture algérienne. La manifestation a été clôturée par l’at-tribution des prix aux artistes qui se sont distingués. Aussi, le premier prix est revenu au pales-tinien, Ahmed Nafel Hamdane; le second prix a été attribué à l’iranien, Rahbaran Mohamed ; quant au troisième prix, il a été décerné à l’égyptien, Mohamed Abou Al Issaâd Ferhat. Les trois lauréats ont em-porté des chèques d’une valeur respective de 6 000, 4 000 et 2 000 dollars, remis par le ministre de la Culture qui a présidé la cé-rémonie au Palais de la culture Mohamed Laïd Al Khalifa. Un prix d’encouragement de 50 000 dinars a également été attribué, dans catégorie de la calligraphie classique, à l’Algérien Mohamed Athmani.Dans la discipline de la calligraphie contemporaine, les trois prix ont été décro-chés par des Algériens.

M. M.

Des lettres en fil doré

FESTIVAL INTERNATIONAL DE LA CALLIGRAHIE ARABE

La troupe Gaâda Diwane Béchar sera en représentation à Alger le 2 juillet prochain, à la faveur des « Live » de Broshing Events.Tout comme l’an passé, le Théâtre de Verdure (El Aurassi) accueillera le concert de Gaâda Diwane Béchar le 2 juillet à 22h.Cette soirée entre dans le cadre de 3 concerts exceptionnels organisés par Broshing Events et qui se dérouleront lors du mois sacré de Ramadhan.

Gaâda Diwane Béchar en concert le 2 juillet à Alger

Sahara blues

E l Ferda est devenue un réel am-bassadeur culturel d’une variété musicale unique en son genre, mais qui s’inscrit plus ou moins dans la dimension soufie. Le 11

juin dernier, elle était à Constantine où elle a animé une soirée au complexe Ahmed Bey, un gala entrant dans le cadre de la manifestation Constantine, capitale de la culture arabe 2015. Toujours égale à elle-même, mais aussi fidèle à la tradition, El Ferda a emballé le public constantinois pourtant réputé pour être plus ou moins ré-calcitrant sur les bords. Le verbe fort dans son interprétation qui appelle à la sagesse, la foi et le respect porté par des sonorités afro-amazigh. Je vous laisse imaginer le tempo. Il est grave ! Une musique qui pé-nètre le corps et l’invite de l’intérieur à une danse régénératrice. Le public constan-tinois n’a pas résisté à l’appel. Il a dansé ; il s’est éclaté comme il ne l’a jamais fait auparavant dans une atmosphère chauf-fée à blanc. Avec cette troupe qui réus-sit à mettre en mélodie des textes d’une grande profondeur spirituelle, on s’y plait forcément. L’on ressent du plaisir, la joie et la satisfaction en écoutant ces chants et cette poésie morale et consciencieuse.

Rythmes

TROUPE EL FERDA

Kenadsa est la ville du saint patron des lieux Sidi Ben Bouziane dont l’influence spirituelle résiste encore. Elle est aussi le lieu qui inspira Alla, le magicien du luth et l’inspirateur unique du Foundou, ce son aux mille fusions. Le terme Foundou vient de l’expression fond deux de la mine de charbon où avait travaillé le père de l’artiste durant l’époque coloniale. Ses improvisations ont un effet adoucissant sur l’esprit. Sa virtuosité a ébahi Séville l’éternelle andalouse. Que pourrait-on dire de plus d’un luthiste qui a reçu l’éloge du grand Bachir Mounir ? Ke-nadsa a donné au monde Yasmina Khadra et Malika Mokadem, deux écrivains de re-nommée mondiale. A côté de ces figures, la troupe El Ferda n’est nullement dépay-sée. Elle s’est déjà produite à l’étranger ; au Canada, en France, l’Espagne et la Chine. « Nous jouons une musique qui unit les enfants du Maghreb ». Cette dimension artistique ne s’est jamais démentie. Il est plutôt très réconfortant de constater que la plupart des jeunes acceptent cette mu-sique sans faire de grimace. L’influence de cette musique et les liens qu’elle crée ont été ressentis par le public constantinois.

Ikram Ghioua

El Ferda est un genre musical, une fusion rythmique éblouissante entre la Gnawa et le Melhoun née à Kenadsa dans la wilaya de Béchar. En 1991, est apparue dans ce ksar réputé pour son riche patrimoine immatériel, une troupe qui porte le même nom. Depuis cette date, son rayonnement a dépassé les frontières de l’Algérie.

Photo Walid Hamida

Photo Lamine Hamida

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MUSÉE NATIONAL DE SÉTIF

Gnawa Diffusion ne déçoit pas ses fans et sera, comme à l’accoutumée, au programme du mois de Ramadhan, avec un concert prévu le 6 juillet à Alger.C’est dans le cadre de la Kheïma WellSound, qui se tiendra au niveau du chapiteau du Hilton Hôtel aux Pins Maritimes, que le groupe d’Amazigh Ka-teb se produira.

La Zaouia des Aïssaoua, une des confré-ries à la Tarîqa admise et pratiquée depuis toujours à Constantine, a célébré mardi 16 juin, au Palais de la culture Mohamed-Laïd Al Khalifa, le rituel cultuel annuel dit la Chaâbania, dans une ambiance festive et en présence d’une foule venue nom-breuse.Pour l’association El Bahaa pour les arts, les cultures populaires et la jeunesse, l’on insiste sur la valeur symbolique et l’intérêt patrimonial de ce rituel célébré chaque année à la fin du mois de Chaâbane, soit quelques jours avant l’avènement du mois

sacré du Ramadhan.Zineddine Benabdallah, adepte de la confrérie d’El Aïssaoua de Constantine, estime que : « la Chaâbania est tout d’abord un acte de piété et de solidari-té dont l’objectif et d’aider ceux qui sont dans le besoin en prévision du mois sacré de Ramadhan ».

Le but essentiel de cette action pratiquée à Constantine par la confrérie des Aïssaoua est de collecter des dons, des fonds et des produits alimentaires pour les distribuer ensuite aux nécessiteux de la ville.

L’entreprise Smash Events et le Musée Na-tional de Sétif s’associent pour organiser le CinéFou, des soirées de projections cinéma-tographiques qui dureront tout le mois sacré du Ramadhan.

Du « CinéFou » pour vos soirées de Ramadhan

LES AÏSSAOUA CÉLÈBRENT LA CHAÂBANIA

La mystique d’un rituel pour la solidarité

L’Office National des Droits d’auteur et Droits Voisins, organise les 16, 17, et 22 juillet pro-chains, Les After ftours de l’ONDA à la salle Ibn Zeydoune de l’OREF, à partir de 22h.

Les After Ftours consistent en des spectacles animés par la jeune scéne musicale algérienne soutenue par l’ONDA, particuliérement les groupes et chanteurs qui n’ont pas eu la chance d’être programmés pour le mois de Ramadhan.Les After Ftours de l’ONDA, c’est une ambiance conviviale pour les jeunes, les moins jeunes et les autres, une entrée gratuite pour tous, dans la prestigieuse salle Ibn Zeydoune du Monu-ment, sans kheima, mais avec l’eau minérale et le thé… gratuits.

Les After Ftours de l’ONDA c’est aussi: Abdi l’Bandi, Ayoub Medjahed, Woued Stock, Sido la Dose, C4RYS, Gusto Prod, Smoke, l’artiste Ha-kim Salhi et surtout pour la soirée du 22, notre grand Abdelkader secteur.Alors soyons nombreux pour Les After Ftours de l’ONDA.

Les After ftours de l’ONDA à la salle Ibn ZeydouneGnawa

Diffusion

La troupe Le Petit Théâtre de Blida a remporté, mardi 17 juin, le premier prix du Festival cultu-rel national de théâtre de ma-rionnettes (FCNTM) d’Aïn Te-mouchent, pour sa pièce Arais Ami Hassane.Dotée d’un prix de 600 000 DA, cette distinction relève que l’œuvre en question met l’ac-cent sur l’aspect de recherche engagée par cette troupe née de la CNAC (Caisse nationale d’allocation chômage) et qui ne cesse de progresser, grâce au travail de fond mené par son premier responsable, Châalane Abdelhakim. Cette troupe a déjà remporté le grand prix en 2010, rappelle-t-on.Le jury présidé par Djerourou Rachid a décerné le prix de la meilleure mise en scène, doté de 350 000 DA, à Yacine Toun-si de la troupe Mesrah Ellil de Constantine pour la pièce El Khiat (Le couturier).Enfin, le prix du jury est allé à la plus jeune troupe du festival, celle d’Aïn Temouchent qui a reçu un montant de 100 000 DA.Cette 9éme édition du festival a été marquée par un hommage à titre posthume rendu à feu Ha-midi Said, un spécialiste de la marionnette décédé fin mai der-nier en France.

Le Petit Théâtre de Blida remporte le 1er prix

FESTIVAL DE THÉÂTRE DE MARIONNETTES

Tous les chemins mènent au théâtre, même celui qui part des toilettes publiques. Qui, à part Alloula, aurait osé ouvrir autant de voies entre la réa-

lité et la scène ? Son œuvre Ettefah, les pommes, écrite en 1992, répond de façon magistrale à cette question. C’est un fait incontestable. Alloula est unique, et sa perception sociale est historique. Il n’y a que lui qui peut raconter trois histoires en filigrane ; trois destins croisés dans des toilettes publiques. Dans le jargon algé-rien, les toilettes publiques accèdent à un rôle social exprimé sous l’appellation de salles de repos ou Beit Erraha. C’est par rapport à cette interprétation populaire qu’il avait opté pour cet espace humain au sens propre du terme. Un espace où trois

Scènes

PhotoLamine Hamida

sorts jetés n’importe comment ont trouvé l’apaisement. Un travailleur qui vient de perdre son emploi, un lycéen avec sa mère hébergés par le préposé aux toilettes pu-bliques et un artiste en mal d’expression. C’est le peuple qui souffre et qui résiste. Ce sont les démunis quand ils se prennent en charge sur le plan émotionnel. Un im-mense bravo aux jeunes comédiens du Théâtre régional d’Oran qui ont su respec-ter l’esprit et la lettre d’une pièce écrite il y’a 23 ans. Ils ont réussi à restituer le climat instauré par Abdelkader Alloula avec brio et talent. Face à un public peu nombreux mais averti, ils ont joué comme des grands ! Et ils ont séduit. Mais quel est le rapport entre Ettefah et les toilettes publiques ? Il existe certes un rapport direct et biolo-gique entre les pommes en tant que fruit inaccessible aux petites bourses et ces lieux visités par tout le monde, du plus puissant au moins gâté par la vie. Mais ce n’est nullement cet aspect matériel qui constitue l’élément-clé du texte théâtral. La valeur artistique recherchée par Alloula se situe au dessus de cette perception. Elle est purement symbolique dans la mesure où elle se saisit d’un fruit entrainant une charge émotionnelle pour en faire un sujet d’actualité.

Massi Nissa

Un immense bravo aux jeunes comédiens du Théâtre régional d’Oran qui ont su réussir à restituer le climat instauré par Abdelkader Alloula avec brio et talent.

ETTEFAH, ou la pomme de discorde

Rythmes

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Une initiative à perpétuer

A près une courte période d’accalmie, le centre-ville de Constantine renoue avec l’activité sociale et l’échange commercial. La météo est assez capri-

cieuse, mais elle ne contrarie nullement une foule cosmopolite aux allures plurielles toujours à la recherche d’animation. Des mamans avec leurs bébés, des familles, des groupes de jeunes et des couples, en-fin toutes les catégories sociales et d’âge, en attente de la moindre initiative, ont trouvé dans le salon de la dinanderie et le salon du livre, installés face au jardin Be-nacer et sur l’esplanade jouxtant les hôtels Ibis et Novotel, une occasion pour occuper des espaces soigneusement aménagés. On ne pourrait trouver meilleur accès au salon du livre où une vingtaine d’éditeurs

sont venus proposer au public des titres et des publications plus ou moins intéres-sants. En termes de choix, ce ne fut pas le top, il faut le reconnaitre. De nombreux jeunes ont été déçus du fait qu’ils n’avaient pas trouvé ce qu’ils sont venus chercher: de la littérature moderne, des essais et des témoignages très contemporains. Leur déception a sa raison d’être. Mais elle ne doit pas constituer une condamnation pure et simple d’une initiative que l’on sou-haite durable et une manifestation appelée à évoluer. Il n’y a rien à dire, Constantine devrait s’accrocher à cette opportunité et l’entretenir à l’intérieur de ses prunelles. Il faut pousser dans ce sens et contri-buer à l’installation du livre dans l’univers constantinois.

M. M.

Feuilles Le chiffre

SALON DU LIVRE

La wilaya de Constantine a bénéficié, début juin, d’opérations portant sur la réalisation de dix nouvelles structures culturelles, 5 bibliothèques et autant de salles de lectures, afin de susciter l’amour du livre.Les nouvelles bibliothèques et salles de lecture sont prévues dans plusieurs localités de la wilaya de Constantine, dont Beni H’midene, Messaoud Boud-jeriou, El Khroub et les nouvelles-villes Massinissa et Ali Mendjeli.Les travaux de réalisation de ces nou-velles infrastructures culturelles seront lancés avant la fin de l’année en cours. Ce programme permettra, une fois achevé, de combler le déficit enregistré en matière de bibliothèques dans les communes de la wilaya de Constan-tine.Par ailleurs, la bibliothèque itinérante (bibliobus de 1100 ouvrages) qui pour-suit son périple à travers différentes zones de la wilaya, a reçu, depuis son lancement en 2012, la visite de plus de 20 000 lecteurs, tant en zones urbaines que rurales.

Dix nouvelles bibliothèques et salles de lecturepour les localités de Constantine

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Le chanteur de Malouf constan-tinois Mohamed Abderrachid Segueni et la troupe El Ferda de Béchar ont créé jeudi soir (25 juin), à la salle Ahmed Bey de Constantine, une ambiance

toute joyeuse qui a permis d’inaugurer de fort belle manière les veillées ramadha-nesques prévues cette année à Constan-tine.Rachid Segheni a donné le « la » en gratifiant le public durant une heure, des morceaux les plus connus du ré-pertoire musical constantinois.Avec sa voix puissante et suave à la fois, le ténor a exécuté avec la maes-tria qu’on lui connaît une série des chansons douces telles que « Ya habibi aâlach jafit » et des airs anthologiques de « Mazmoum » avec « Nalet ala ya-diha mahboubati » et « Khataret bilhalli walhoulali ».L’ambiance atteint son summum avec le « Khlas » intitulé « Barg Ellil, qui arracha à la nombreuse assistance des applau-dissements nourris et des youyous qui redoublèrent avec « Ya Bahi El Jamal », « Gharamek » et « Ya habibi Farrajni ».Rachid Segueni continue de faire voyager les mélomanes au cœur de la musique ancestrale du patrimoine constantinois en interprétant « Man Jat Forgatek Fi Bali » et « Natlob Esrah ».

Ce fut ensuite au tour de la troupe El Ferda, venue de Kenadsa (Béchar) d’of-frir un spectacle tout en spiritualité et riche en émotions. Sur des airs Soufis, les sept musiciens du groupe ont en-voûté le public présent à la salle Ahmed Bey.Une heure durant, les artistes, tirant la quintessence de leurs Bendirs, leurs banjos, leur Soussane (un petit gou-mbri), et leur jatte en bois dénommée El Ferda, instrument séculaire de la ré-gion de Kenadsa, ont plongé le public constantinois dans cette atmosphère mystique que seule l’évocation des Noms du Créateur et de Son Prophète savent créer avec autant de force.La troupe, fondée en 1990, a interprété plusieurs chansons de son répertoire, notamment « Ya Karim El Kourama » qui a fait sa célébrité, « Yalli matarak lmahi », « Nefsi fi nefsi », « Ben Bou-ziane » et autres morceaux choisis.Dans les coulisses, le leader du groupe El Ferda, Larbi Bastam, et le chanteur Abderrachid Segueni ont fait part de leur immense joie d’avoir eu l’honneur d’ouvrir les soirées ramadhanesques dans le cadre de la manifestation Constantine, capitale de la culture arabe 2015, saluant le public constan-tinois.

VEILLÉES RAMADHANESQUES À CONSTANTINE

Segueni et El Ferda en ouverture

Le 10e Festival national de la chanson chaâbi, mettant en compétition vingt-quatre interprètes de différentes régions du pays, s’est ouvert jeudi 25 juin, à Alger, avec les prestations des premiers can-didats aux quatre prix de la manifestation.Organisé jusqu’au 30 juin à l’espace Agora du Complexe culturel de Riad El Feth, le festival a été inauguré par le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, qui a honoré les familles de Kamel Mes-saoudi (1961-1998) et de Rachid Nouni (1943-1999), deux figures de la musique populaire al-géroise auxquels les organisateurs ont choisi de rendre hommage.Le Festival national de la chanson chaâbi, institué en 2006, vise à préserver le patrimoine de ce genre de musique populaire et à assurer une animation artistique durant le mois de Ramadhan.

10éme ÉDITION DU FESTIVAL NATIONALDE LA CHANSON CHAÂBI

À la mémoire de Kamel Messaoudiet de Rachid Nouni

Ce mois de Ramadan 2015 consacre le grand re-tour sur scène du poète et chanteur algérien Lounis Aït Menguellet.L’artiste ira à la rencontre de son public lors d’une mini-tournée, qui s’étalera jusqu’au mois de juillet et ce, à travers quelques villes algériennes.Il sera de passage à Tizi Ouzou le 23 et 24 juin, à la Maison de la Culture Mouloud Mammeri. Le 26 juin, sera le tour de la ville d’El Taref de le recevoir. La capitale, Alger, quant à elle, l’accueillera le 28 juin au niveau du chapiteau de l’hôtel Hilton et le 29 et 30 du même mois, à la salle Atlas.Le 6 juillet, c’est la ville de Tipaza qui le verra se pro-duire, alors que le 8 juillet, c’est le public de la ville de Saïda qui pourra l’applaudir.La tournée par ailleurs prendra fin à Boumerdès le 11 juillet.

Le retour du poète

Photo Lamine Hamida

Photo Walid Hamida

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Le roman L’âne mort de l’écrivain et chroniqueur de presse algérien Chawki Amari est sélectionné pour le Prix de la littérature arabe de la Fondation Jean-Luc Lagardère et l’Institut du monde arabe (IMA), selon la liste des titres re-tenus, publiée sur le site internet de la fondation.

Auteure discrète de deux livres parus à vingt ans d’intervalle, romancière au souffle poétique célébrée par le grand Kateb Yacine, Yamina Mechakra reste un mystère pour nombre de ses lecteurs. Deux ans après sa disparition, le critique littéraire Rachid Mokhtari lève le voile sur son oeuvre et son parcours dans un essai récent.Dans « Yamina Mechakra, entretiens et lectures » (170 p, éd. Chihab), l’universi-taire publie pour la première fois des in-terviews que lui avait accordées l’auteure entre 1999 et 2000, des rencontres en-registrées sur trois cassettes retrouvées chez elle à Alger après sa mort.En plus de ces entretiens, Mokhtari ana-lyse les deux seuls livres édités de l’écri-vaine disparue, « La grotte éclatée » (1979) et « Arris » (1999), en s’attachant à y démontrer l’influence du métier de psy-chiatre de Mechakra et la modernité de son écriture.

Avec cette plongée vertigineuse dans la tête d’un tyran sanguinaire et mégalo-mane, Yasmina Khadra dresse le portrait universel de tous les dictateurs déchus et dévoile les ressorts les plus secrets de la barbarie humaine.

SALLE AHMED BEY CONSTANTINE Journées Culturelles du Sud et soirées artistiques Du 25 juin au 13 Juillet à partir de 22h 30

Jeudi 25/06/2015 :Groupe El FerdaSeghni Rachid

Vendredi 26/06/2015 :Dounia Hakim BouazizSamir Toumi

Samedi 27/06/2015 :Taïb BrahimSalim Fergani

Mercredi 01/07/2015 :Dib LayachiNaïma D’Ziria Toufik Touati

Sélection de L’âne mort de Chawki Amari

Yamina Mechakra, entretiens et lectures

La dernière nuit du raïs

PRIX DE LA LITTÉRATURE ARABE DE LA FONDATION JEAN-LUC LAGARDÈRE ET L’IMA

YASMINA KHADRA

Feuilles

Six autres titres ont été retenus par le comité de lecture et seront soumis au Jury de cette 3éme édition du Prix de la littérature arabe, créé en 2013 par la Fondation Jean-Luc Lagardère et l’Insti-tut du monde arabe, et présidé par Pierre Leroy.Ce prix littéraire qui sera remis le 14 oc-tobre 2015, à l’occasion d’une cérémo-nie à l’Institut du monde arabe, récom-pense un(e) lauréat(e), ressortissant(e) d’un pays membre de la Ligue arabe, auteur d’un ouvrage publié - roman, re-cueil de nouvelles ou de poèmes -, écrit en français ou traduit de l’arabe vers le français. Construit en 11 chapitres répartis sur 180 pages, le roman « L’âne mort » de Chawki Amari, est un récit d’aventures à la troisième personne, il porte également de nombreuses références à « L’âne d’or », roman initiatique écrit au IIe siècle par Apulée de Madaure dans l’Algérie numi-do-romaine.

Plusieurs figures du 7é art national et arabe ont été honorées à titre posthume, dans la soirée du mercredi 4 juin, à Oran, à l’ouver-ture de la 8éme édition du Festival internatio-nal du film arabe (FIOFA).Le défunt militant cinéaste Amar Laskri, les comédiens Sid Ali Kouiret, Fatiha Berber, Faten Hamama (Egypte), l’auteure cinéaste Assia Djebar et le journaliste critique syrien Qusseï Salah Derwich ont été honorés. Leur apport et contribution inestimable au cinéma

arabe ont été salués par les organisateurs et les festivaliers.Le ministre de la Culture, Azzeddine Mihoubi, a salué le parcours du réalisateur Benamar Bakhti, décédé à l’âge de 74 ans, estimant que « le défunt était parmi les réalisateurs les plus distingués dans le monde du 7e art ». « Les travaux de Benamar Bakhti, un réalisa-teur à la présence remarquable, ont enrichi le cinéma algérien », a souligné M. Mihoubi dans un message de condoléances.

L’artiste amateur Azzedine Mahboub a remporté le Ardjoune d’or au festival lo-cal de musique et de chanson du Souf, clôturé le 13 juin dernier à El Oued dans une ambiance festive. Le deuxième prix, le Ardjoune d’argent, est revenu au jeune Souhaïb Zoghdi, tandis que le nouveau talent de la chanson soufie, Abou Soufiane Rezzig, a remporté le troisième prix, le Ardjoune de bronze de cette compétition artistique, selon les résultats annoncés par le jury de ce festival qui a duré cinq jours. Le com-positeur de l’opérette Ghouroud Alia (hautes dunes de sables), Ali Laâbidi, a obtenu le premier prix de la meilleure composition musicale, parmi cinq parti-cipants au concours de la composition d’une mélodie pour le texte Mouch-tak-lek (tu me manques). La première place du concours du meilleur texte, pour lequel six poètes-chanteurs étaient en lice, a été remportée par le poète Hassan Chayaâ pour les paroles de la chanson Djarhi létaf ma brachiu Souf.

Hommage à des figures disparues du 7éme art arabe

Azzedine Mahboubremporte le Ardjoune d’or

FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM ARABE (FIOFA)

FESTIVAL DE MUSIQUE ET DE CHANSON DU SOUF

Le Festival de la littérature et du cinéma fémi-nins qui est aujourd’hui à sa 2éme édition, à connu au début du mois de juin, la projection de nombreux films et documentaires algériens au niveau du théâtre Sirat Boumediene de Saïda, dont : « Femme taxi à Sidi Bel Abbés» de Hadjadj Belkacem, « Si Idir, fils d’amazigh» (ad ydir mmi-sn umaziy) de Sidi El Hachemi Assad, « C’était la guerre » de Ahmed Rache-di, « Feuilles de ma vie » de Malika Yousef, « Le voyage à Alger » et « Le thé à la men-the» de Abdelkrim Bahloul, « Douar Echoul » de Djamila Arras et enfin « Chikha Titmi » de Mina Kessar. A l’occasion de cette manifesta-tion, pas moins de 48 artistes dont 29 femmes, ont été conviés à être, le temps du festival, les formateurs et animateurs des ateliers écriture, comédie et cinéma. Des lectures littéraires ont été données par la non moins célèbre Maïssa Bey, Licir Khadidja et Baghdad Boureldja. No-tons aussi la présence de l’éminent cinéaste

algérien Ahmed Bedjaoui qui a donné une conférence avec pour intitulé « L’image de la femme algérienne dans les films d’avant la ré-volution ».L’écrivain Aoued Djilali a, pour sa part, rendu un vibrant hommage àAssia Djebbar. Selon l’auteur, Djebbar est une écrivaine d’envergure internationale mécon-nue et marginalisée dans son propre pays. Ses romans édités par les grandes maisons d’édition sont traduits en 23 langues. Aoued Djillali a rajouté que Assia Djebbar s’est par-ticulièrement distinguée comme cinéaste et a vu ses œuvres récompensés dans des mani-festations prodigieuses. Maïssa Bey, l’écrivaine, a également rendu hommage à Assia Djebbar la qualifiant de grande battante des droits de la femme d’ « une grande voix de l’émancipation qui s’est éteinte ».

FESTIVAL DE LA LITTÉRATURE ET DU CINÉMA FÉMININS

Hommage à la grande écrivaine Assia Djebbar à Saïda

RACHID MOKHTARI

Célébrations

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An Algerian dream

“Somewhere, on the journey of my life, I came across Alloula who was already famous at that time. He was tall, strong and solid as a cedar tree.He was a giant with a tender and fragile heart so much so that oftentimes tears well up in his eyes. Although his pockets were empty his smile on his face showed love and concern for others. His hands were large but he could tie two hairs together.” Raja Alloula seemed overwhelmingly wistful for the denial and ungratefulness in that atmosphere that was like a coiling miasma that causes to get vertigo and become dizzy.

epitaphA HALQA ( a round up ) TO THE MEMORY OF ABDELKADER ALLOULA

Written in French by Mohamed Mebarki Translated by Mohamed Bouhabila A

Ahmed Cheniki is a talented reporter. Every article he writes always goes out like a firework. When he starts clo-thing the meanings of words with tailored expressions he always comes up with a

flying colors stream of words for his readership to enjoy reading. He chooses commonsensical themes and writes about them with a sober style that is witty enough to enlighten the sight and the spirit same time.Nowadays, he is one of the rare Algerian intellec-tuals who still care really a lot about the « Haute Couture » of writing wittily and being distingui-shed in a business sector invaded with ready-

Spokesperson of the people inspiration and the story-teller of their sufferingIn his private life as well as behind the theater scenes, Alloula used to listen to others and was always available.He was a tireless good-doer and indefatigable searcher for high quality in everything he happe-ned to engage in. All his works reflect this mind-set we can find in’ Allal the garbage man ‘ , ‘ Ha-bib the metallo ‘ , ‘ Akli the college skeleton ‘ , or ‘ Djelloul the coalman ‘ which got a heartwarming welcome by the generous Sid Ahmed Agoumi at Avignon theater in 1995.He was the people’s inspiration representative and the story-teller of their pitiful life and suffe-ring. He was the living consciousness of the Algerian dream.

Unlike many other Algerian intellectuals who chose to live large on high sphere unduly though , Alloula never quit his natural setting and stayed put as he always had been : the truest local popu-lar expression until that dreadful day of March the tenth 1994 when a revolver gun , full of criminal hatred, stopped him from going any further on his emancipating élan ; forever .« Life next to him was full of fondness, emotions, sweet surprises and lots of love. Everything was possible in the world of utopia he made me be-lieve I was living in.Humans are now educated and civilized. They live in peace and harmony with their natural environment and they are superior to animals because they are now bestiality-free, violence –free and hatred-free towards other creatures, towards life and towards themselves. But I woke up to a real dystopia. »This Raja’s statement ‘picks up ‘ hundreds of temptations in an unheard of mildness manner but are quickly chased away by renunciation and oblivion.

Very sadly indeed, Alloula is no longer here to make dreams speak out.The theater characters, from Sakina el meskina to Errebouhi , are still alive and waiting patient-ly for another troubadour who must be mad enough of Algeria’s love and fit enough to take up the HALQA’s banner again and carries the ball.

Mohamed Bouhabila

made stuff of low value that tend to lead the field to the detriment of High Style.

When Cheniki speaks about theater and inspects the highlighted moments of a scene of any thea-trical production , in the long absence of Mus-tapha Kateb , Sirat Boumedienne , Azzedine Medjoubi , Kateb Yacine , M’hamed Benguettaf , Haimor and Abdelkader Allaloula , we all get the impression he does it as if under oath so much he is painstaking and meticulous about choosing the linguistic support and its metaphors.When he feels the need to call to mind Si Mo-hamed Al Hayti , a furtive shadow appears of Al Khobza or that of Djelloul Lefhaimi , his wife Zahra , Badra and Chérifa , the Ladjouad ‘s cha-racters or that of the generous and he then mus-ters his mental resources and uses his brains and intellectual abilities in order to help the new gene-ration get to know one of the greatest playwrights in the Maghreb region .

A theater performer, a man in the streetCheniki’s work is devoted to theater in general and to Alloula in particular and is a powerful testimony for great characters such as M’hamed benguettaf and Azzedine Medjoubi who both succeeded in immortalizing scenes and plays drawn from slums by Alloula.Gifted with a refined intuition, the pioneer of Halqa’s mise en scene quickly perceived the profoundness of the problems and their negative impact on the people. Besides, he started from there putting up his societal theater with inspiring prospects.In all societies, the underprivileged and the most deprived are the ones who reflect better the preoccupations, class struggles, contradictions, values and hopes.

Alloula got rid of all that things that may distort his comprehension and judgment and discernment including the negative thinking. He was deter-mined not to let anything faze him anymore or de-rive him from his devotion to work for the benefit of society, for his people and for his career too.He was deep-rooted in the society and lived close to the everyday realities and that was what condi-tioned his engagement in politics and shaped his artistic orientations as well.Alloula stayed true to himself all along his life: theater performer and man in the street devoted to serve others. There was no barrier between the two.In short, he was sort of a merger of school inspi-ration and bodily belonging to a popular space.

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Organized as part of the event “Constantine, Capital of Arab Culture 2015,”

the artists of this troupe allowed Constantine’s inhabitants to dis-cover the Saudi Arabian authen-tic folklore.Performing in front of a large au-dience, in the presence of the ambassador of Saudia Arabia to Algiers Mahmoud Ben Hocine Qatan and Kuwaiti ambassador

to Algiers Saâd Fayçal Eddoui-che, the members of Al Jawhara, all in traditional clothes, started their evening with the popular dance ‘‘El Khoutouat.’’In a brief speech preceding the opening of the cultural week of Saudi Arabia in Constantine, the representative of Culture Ministry Noureddine Athamnia, highlighted the contribution of culture to strengthen the ranks of the Arab peoples.

In a packed room, where there was an atmosphere full of emotions, thirteen sin-gers revisited, for more than four hours, the repertoire,

as dense and rich as diverse of the Arab song’s Princess, singing Algeria, love and life, transpor-ting the audience into the magic world of “tarab,” full of beautiful songs.One of the most admired stars of the Arab song, Tunisian Saber Rebai, with a powerful voice and imposing presence on stage, captivated the audience with a song dedicated to Warda, written by Hani Abdelkrim and music by Sami Maatouki, before interpre-ting a “cocktail” of the diva’s most known songs such as ‘‘Andah Al-lik’’, ‘‘Ala Aini’’, ‘‘Haramt Ahibek,’’ leading to a standing ovation from the audience, including the minister of culture, Azzedine Mi-

houbi, and the guests of honour including Sabah Fakhri, Ilham Chahine, Walid Taoufik, Rabah Driassa and Mohamed-Tahar Fergani.In the footsteps of nearly sixty years of Warda’s brilliant artis-tic career, Iraki singer Redha Al Abdallah, with his warm voice shook the auditorium, in which was present Warda’s son, Riad Kesri, moved to tears, with “Akdib Allik,” before performing a se-cond song dedicated to Algeria and its history, long applauded by the audience.Organized by the National Of-fice of Culture and information (ONCI) and registered as part of the festivities of “Constantine, capital of the Arab culture 2015?” the evening was also marked by the presence of many Arab coun-tries ambassadors.

Saudi Arabian troupe Al Jawhara presents captivating mosaic

Constantine

Unforgettable tribute to late Warda Al Jazairia

Malouf singer Mohamed Abderrachid Segueni of Constantine has created Thursday night at Ahmed Bey Theater of Constan-tine, a festive and spiritual atmosphere, brilliantly opening the evenings of Ramadan programmed in the Old Rock city.Rachid Segheni graced the audience for an hour with the most famous pieces of the Constantine repertoire.With his powerful and sweet voice at the same time, the tenor has performed with mastery a series of sweet songs like «Ya habibi Aalach jafit» and anthological tunes of «Mazmoum» with «Nalet ala yadiha mahboubati» and «Khataret bilhalli walhou-lali».The atmosphere reached its pinnacle as the large audience gave long applause and ululation which redoubled with famous songs like «Ya bahi el jamal», «Gharamek» and «Ya habibi far-rajni».

Ramadan evening mixing festive sounds and spirituality in Constantine

A captivating mosaic of folk songs and dances drawn from the culture and heritage of Saudi Arabia was presented Saturday evening at Ahmed Bey auditorium of Constantine, by the folk arts troupe Al Djawhara, at the opening of the Saudi Arabian cultural week.

Stars of the Algerian and Arab song celebrated, sang and revived for one evening on Monday, at the Ahmed Bey theatre of Constantine, the diva of the Arab song, the late Warda Al Jazairia, paying her an unforgettable tribute in an evening that lasted until early morning.

In a press conference, held Wednesday at the headquarters of TRC in the presence of the officials of the theatres of Constan-tine and Sidi Bel Abbes, Ghouti said that this play is a new crea-tion after that performed by an association of amateurs from Oran in 1994.Written by Abdelkader Alloula, this 90-minute play is about the story of a worker who dreams to give to his child a good edu-cation, and about his pregnant wife, who wants to eat apples, fruit often too expensive, also associated with the temptation to defy taboos.About ten actors from TRO will act in the play for three days on the stage of Constantine’s theatre, newly renovated.Director Samir Bouannani and his assistant Abdelkader Belkaid are impatient to see the reactions of the audience of Constan-tine, capital of the Arab culture in 2015.

Play “Ettafah,” tribute to late Alloula, to be previewed at Regional Theatre of Constantine

The play “Ettafah” (Apples) by Abdelkader Alloula will be previewed Thursday at the Regional Theatre of Constantine (TRC), said the Director of the Regional Theatre of Oran (TRO) Azri Ghouti.

Photos Lamine Hamida

Photo Walid Hamida

Photo Lamine Hamida

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www.qasantina2015.org

lemqamConstantine Capitale de la Culture Arabe 2015

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