Manuel Belge Almbulanciers

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MANUEL POUR LE SECOURISTE - AMBULANCIER MANUEL POUR LE SECOURISTE - AMBULANCIER

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Manual Belga de Tripulante de Ambulancia

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MANUEL POUR LE

SECOURISTE-AMBULANCIER

MANUEL POUR LE

SECOURISTE-AMBULANCIER

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Manuel pour le SECOURISTE-AMBULANCIER

SPF Santé publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et EnvironnementDG2 - Soins de Santé primaires et Gestion de crise

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Colophon

Service public féÙ»dÙéral de la Sant»Ùé publique, S»é™curit™é» de la chaine alimentaire et Environnement, Direction g™é»né»™rale des Soins de Sant»é primaires et Gestion de crise.

Prof. Dr. Walter Buylaert, U.Z. GentProf. Dr. Jean Micheels, C.H.U. de Liège

Dr. Stefaan Suykens, U.Z. Gent

Geerdt Magiels

Frank Croes

952815

90-802914-2-0

Service public fÙ»édéÙral de la Sant»Ùé publique, S»écurit™é» de la chaine alimentaire et Environnement, Direction g™é»né™rale des Soins de Santé™» primaires et Gestion de crise.

Aucune partie de cette édition ne peut être reproduite par des moyensélectroniques ou autres, y compris les systèmes informatiques, sans auto-risation écrite préalable de l’éditeur.

©

ISBN

D»épôŸt l»égal

Photographie

Révision des textes

Coordinateur

Secrétaires de rédaction

Editeur responsable

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Colophon de la première mise à jour

Service public fÙ»édéÙral de la Sant»éÙ publique, Sécurit»™é de la chaine alimentaire et Environnement, Direction gÙé»™n»™éÙrale des Soins de Santé™» primaires et Gestion de crise.

Prof. Dr. Walter Buylaert, U.Z. GentProf. Dr. Jean Micheels, C.H.U. de LiègeMrs Marc Jonckers et Didier Stuckens, infirmiers détenteurs du titre SISU

Dr. Stephan Suykens, U.Z. Gent

Marc Deganck

952815

90-802914-2-0

Service public fÙ»édéÙral de la Sant»Ùé publique, Sécurit»™é de la chaine alimentaire et Environnement, Direction gÙé»n»érale des Soins de Santé™» primaires et Gestion de crise.

Aucune partie de cette édition ne peut être reproduite par des moyensélectroniques ou autres, y compris les systèmes informatiques, sans auto-risation écrite préalable de l’éditeur.

©

ISBN

DȎpٙt lȎgal

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Secrétariat de rédaction

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Colophon de la deuxième mise à jour

Service public fÙé»dÙéral de la Sant»Ùé publique, Sé»™curit»™é de la chaine alimentaire et Environnement, Direction géÙ»né»™Ùrale des Soins de Sant™»é primaires et Gestion de crise.

Dr. Koen Monieurs, U.Z. GentProf. Dr. Jean Micheels, C.H.U. de LiègeLieve Smeesters et Didier Stuckens, infirmiers détenteurs du titre SISU

Marc Deganck et Dé»partement Anesth»ésie Ò R»éanimation C.H.U. de LiÀège.

952815

90-802914-2-0

Service public fÙ»édÙéral de la Santé»Ù publique, Sécurit™»é de la chaine alimentaire et Environnement, Direction gÙé»né»™Ùrale des Soins de Santé™» primaires et Gestion de crise.

Aucune partie de cette édition ne peut être reproduite par des moyensélectroniques ou autres, y compris les systèmes informatiques, sans auto-risation écrite préalable de l’éditeur.

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Secrétariat de rédaction

Editeur responsable

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Préface

L’ambulancier joue un rôle essentiel dans le fonctionnement de l’Aidemédicale urgente.

Une organisation adéquate de l’Aide médicale urgente et un haut niveau deformation des ambulanciers sont plus que jamais nécessaires pour faire faceà l’évolution rapide qu’ont connu tant l’Aide médicale urgente que lamédecine d’urgence en général, et aux exigences, à juste titre élevées,qu’a la population vis-à-vis des soins dispensés en cas d’urgence.

Une rédaction scientifique regroupant des représentants de toutes lesorganisations qui participent à l’Aide médicale urgente a mis au point unManuel à votre intention. Ce Manuel a comme objectif de promouvoirl’uniformité dans les procédures et les interventions. De plus, une con-cordance maximale entre votre intervention et celle d’autres interve-nants médicaux et paramédicaux avec lesquels vous collaborez est de laplus grande importance.

Ces différents volumes, richement illustrés, vous seront sans aucun dou-te utiles dans votre formation de base, certes, mais également en perspec-tive des cours de formation continue que vous suivrez de toute évidence.

Je suis tout aussi convaincu que ce manuel contribuera, en outre, à uneorganisation encore plus performante de l’Aide médicale urgente. Soyez enfin convaincus de l’admiration que m’inspire votre dévouementincessant envers vos concitoyens à des moments où leur santé, voire leurvie elle-même, sont menacées.

MARCEL COLLAMinistre de la Santé Publique et des Pensions

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Préface de la première mise à jour

L’évolution constante de la médecine d’urgence impose à ses acteurs unecompétence de plus en plus pointue et adaptée à ses pratiques et sestechniques d’intervention.

Le Manuel pour le Secouriste-Ambulancier, édité en 1995, ne peut échapperà cette évolution au risque de perdre l’intérêt de son caractère innovateur.En le consultant, les secouristes-ambulanciers pourront retirer le meilleurprofit des cours qu’ils auront suivi et y trouver l’aide-mémoire de tous lesjours.

Cette première mise à jour propose de nouveaux textes concernant lecode de la route adapté au véhicule prioritaire, la pratique de l’oxymétriede pouls et l’approche du patient incarcéré. Une traduction comparée des termes usuels en quatre langues (alle-mand, anglais, français et néerlandais) est ajoutée. Cette dernière doitaméliorer les contacts avec les patients que nous prenons en charge.Cette traduction sera aussi utile pour favoriser les rapports entre les dif-férents services de secours belges et pour faciliter les relations avec desservices d’urgence d’autres pays à l’occasion d’éventuelles interventionsinternationales.

Nous osons espérer que cette première actualisation sera accueillie avecla même sympathie que l’ouvrage. Les remarques et suggestions pourd’autres mises à jour sont les bienvenues.

La Cellule d’exécution et de coordination octobre 1999

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Préface de la deuxième mise à jour

La formation des secouristes-ambulanciers s’adapte de mieux en mieuxà la pratique et aux besoins d’une des professions de l’urgence en pleineévolution. Les personnes qui font appel au service 100 attendent uneintervention compétente et efficace.

Cette seconde mise à jour aborde quatre sujets.

Un petit chapitre décrit la réglementation à propos de la formation initialeet permanente du secouriste-ambulancier.

Le thème des plaies et de leurs pansements permettra de faire face auxprincipales lésions et blessures observées dans l’aide médicale urgentequotidienne.

Les situations stressantes rencontrées par le secouriste-ambulancier et lesservices de secours sont nombreuses et variées. A court ou à long terme,elles peuvent laisser des traces importantes. Quelques mesures deprévention et des explications claires aideront à mieux comprendre etappréhender le stress psychologique.

Finalement, le chapitre sur la catastrophe ou les urgences collectives a étéréécrit et actualisé pour permettre aux secouristes-ambulanciers des’insérer dans l’organisation générale qui répond à une situation impli-quant de nombreuses victimes.

Avec l’aide précieuse des centres de formation et de perfectionnement,nous espérons que ces compléments du manuel trouveront leur pleineutilité au profit de la personne en détresse.

Demain, le Manuel du Secouriste-Ambulancier trouvera certainemant unavenir dans une version électronique complémentaire, enrichie et adaptéeà l’évolution des techniques de la communication ainsi que de l’appren-tissage.

La Cellule d’exécution et de coordination février 2002

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Remerciements

L’écriture d’un manuel pour secouriste-ambulancier était un projet quin’aurait pu aboutir sans la collaboration de nombreuses personnes.

Ce manuel est le fruit d’échanges multiples qui ont dépassé les clivageslinguistiques et philosophiques. Un large échange scientifique a été orga-nisé. Un consensus a été recherché et nous voulons remercier tous ceuxqui ont collaboré à la réalisation de ce consensus final.Nos remerciements vont aussi à l’équipe qui a vérifié les concordanceslinguistiques et la forme des textes: Pierre Bruggeman, Geerdt Magiels,Agnes Peeters, Michel Terwagne, Jean-Jacques van Lochem, et EricVan Den Heuvel.

Le lay-out et la réalisation technique de ce manuel sont dus à tous les col-laborateurs de Gramma s.a., particulièrement à Jan Dries et HannekeLommers.

La photographie a été réalisée par Frank Croes.

Pour le travail de secrétariat, nous avons toujours pu compter sur l’appuide Madame C. Sior et de Madame R. Vanlangendonck.

Nous tenons aussi à remercier ceux qui ont été les initiateurs de ce pro-jet: plus particulièrement Monsieur le Directeur Général C. Decoster,Madame le Docteur B. Toussaint, le Docteur A. Verhoeven et le DocteurB. Winnen. Un mot de remerciement sincère s’adresse au Docteur L. Blondeel, qui a initié ce projet et n’a cessé de l’appuyer.

La rédaction veut continuer à compléter et à améliorer la présente édi-tion. Vous nous aideriez de vos critiques constructives.

Le Comité de Rédaction

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Collaborateurs

R. ASKENASI, J. BAUDEWIJN, C. BELLANGER, P. CALLE,

P. COLSON, L. CORNE, C. DEJARDIN, J. EVEN, F. GIJSENBERGH,

P. GUERISSE, B. JADOUL, R. JAVAUX, M. JONCKERS, J. KESSEL,

J.-P. LABRUYERE, D. LAUWAERT, J. MAGOTTEAUX, A. MANIET,

P. MEERT, A. MULLIE, M. ROMMES, L. RYDANT, M. SABBE,

V. SCHWAGTEN, D. STUCKENS, S. SUYKENS, C. THYSE,

J. VAN BRANTEGEM, K. VAN DE VELDE, J.-J. VAN LOCHEM,

L. VAN ROMPAY, H. VERBRUGGEN, M. VERGNION,

G. VUNDELINCKX et L. WAMPACH

W. BUYLAERT, J. MICHEELS,

S. SUYKENS, M. JONCKERS, D. STUCKENS

Cellule d’exécution et de coordination

Ont contribué à la rédaction dece manuel

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INTRODUCTION

Guide d’emploi de ce manuelIntroduction

C h a p i t r e 1 LE CORPS HUMAIN

1.1 Où se trouve quoi?1.2 Les différents “systèmes” du corps humain et leurs fonctions

C h a p i t r e 2 LES PREMIÈRES MINUTES

2.1 Evaluation de la situation2.2 Evaluation primaire du patient

2.2.1 Evaluation primaire rapide du patient 2.2.2 Evaluation primaire plus détaillée

2.3 Evaluation secondaire du patient2.4 Transport vers l’hôpital

C h a p i t r e 3 LES AFFECTIONS À RISQUE VITAL

3.1 Quand la respiration est insuffisante3.2 Quand le cœur s’arrête3.3 Le choc3.4 Les hémorragies

C h a p i t r e 4 LE PATIENT TRAUMATISÉ

4.1 Accidents et lésions4.2 Les premières minutes après l’accident4.3 Les lésions thoraciques4.4 Les lésions abdominales4.5 Les lésions du crâne et des vertèbres4.6 Contusions et plaies4.7 Les lésions du squelette des membres

C o n t e n u

Contenu

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C o n t e n u

C h a p i t r e 5 MALADIES ET INTOXICATIONS

5.1 Les maladies5.2 Les intoxications5.3 Alcool et drogue

C h a p i t r e 6 GROSSESSE ET ACCOUCHEMENT INOPINÉ

6.1 Notions générales6.2 Accouchement inopiné6.3 Problèmes en cours de grossesse

C h a p i t r e 7 L’ENFANT EN DÉTRESSE

7.1 Introduction7.2 Les premières minutes chez l’enfant en détresse7.3 Cas particuliers

C h a p i t r e 8 URGENCES PROVOQUÉES PAR AGENTS PHYSIQUES

8.1 Brûlures8.2 Noyade8.3 Froid et chaleur8.4 Irradiations

C h a p i t r e 9 URGENCES PSYCHIATRIQUES

9.1 L’ambulancier et les problèmes psychiques9.2 Suicide, tentative de suicide ou menace de suicide9.3 Crise d’agitation aiguë9.4 Cas particuliers

C h a p i t r e 1 0 LE TRANSPORT DU PATIENT

10.1 Techniques10.2 Les minerves10.3 Le casque10.4 Le transport en ambulance

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C h a p i t r e 1 1 LES CATASTROPHES

11.1 Evolution de la législation belge11.2 Les urgences collectives11.3 L’assistance aux victimes

C h a p i t r e 1 2 ORGANISATION DE L’AIDE MÉDICALE URGENTE

12.1 Législation12.2 Le centre 10012.3 Le transport vers l’hôpital12.4 Les relations secouriste-ambulancier et SMUR12.5 Le secouriste-ambulancier et le médecin généraliste12.6 Déontologie - secret professionel12.7 Le Fonds d’Aide Médicale Urgente12.8 La formation du secouriste-ambulancier

C h a p i t r e 1 3 TECHNIQUES

13.1 Les liaisons radio13.2 La lecture de cartes13.3 La sécurité sur les lieux d’intervention13.4 Les produits dangereux

C h a p i t r e 1 4 SUPPLÉMENTS

14.1 Le formulaire d’enregistrement du transport ambulancier14.2 Le code de la route pour les véhicules prioritaires 14.3 L’oxymétrie de pouls14.4 La désincarcération d’une victime14.5 Les soins de plaies et pansements14.6 Le stress psychologique14.7 L’hygiène

C h a p i t r e 1 5 VOCABULAIRE

15.1 Vocabulaire15.2 Traduction comparée des termes usuels

C o n t e n u

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Errata

Premières corrections de la version française du Manuel pour le Secouriste-Ambulancier - octobre 1999.

A la ligne 21; lire “moelle osseuse” et non “moelle épinière.”

A la ligne 21; lire “La compression abdominale chez un adulte.” et non“La compression thoracique chez un adulte.”

La figure 3.14 représente la compression abdominale chez un patientcouché comme la figure 3.12. La position du secouriste-ambulancierpour la compression thoracique chez l’adulte inconscient couché est lamême que pour le massage cardiaque.

Les figures 3.15 et 3.18 (4) présentent une position erronée de la mainpour réaliser les cinq tapes légères dans le dos. Ces tapes se donnent entreles omoplates de l’enfant.

Le diagramme 3.5 est imprécis. Les premières cinq tapes dans le dos(sixième rectangle blanc) doivent bien évidemment être réalisées si vousconstatez l’impossibilité de ventiler l’enfant et pas d’emblée commeindiqué dans le diagramme.

A la ligne 22; “Ch” signifie “Charrière” et représente le diamètre externede certaines sondes à usage médical (aspiration, gastrique, intubation, ...).

Le point 4 de la figure 3.27 renvoie au tuyau d'admission de l'oxygène etnon à une soupape.

En bas de page; lire “L’oxygène médical est signalé par les lettres “M” et“O2” en rouge.

A la ligne 34; lire “le débit doit parfois être augmenté au maximum pourconserver le réservoir gonflé.”

La légende de la deuxième photo de la figure 3.39 doit être lue commesuit: “Ouvrez la bonbonne et contrôlez la pression sur le manomètre dudétendeur.”

A la ligne 3; lire “Laissez échapper l’oxygène restant dans le détendeur enouvrant le débitmètre à fond.”

A la ligne 8; il s’agit de “l’appendice xiphoïde” et non de “l’apophysexiphoïde.” Le numéro du tableau est “3.2” et non “3.3”.

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La légende de la figure 3.63 doit être lue comme suit : 2. Tubulures et robinet à trois voies stériles.3. Compresse stérile imbibée d’antiseptique alcoolique.5. Sparadrap.

La figure 3.61 indique une position de garrot incorrecte. Si un garrot estnécessaire, il sera placé sur un os long et unique; bras ou cuisse.

A la huitième ligne du paragraphe sur le pneumothorax; lire “Dans lepneumothorax fermé, cela n’est pas le cas car la paroi thoracique estindemne d’orifice.”

Vous pouvez appeler également le SMUR pour les problèmes d’expecto-ration de sang et de congestion des vaisseaux du cou.

A la ligne 22; remplacez la phrase “Utilisez la technique de la subluxationde la mandibule” par la phrase “Utilisez la technique de la rotation latérale“en bloc”, en respectant l’axe tête-cou-tronc par un maintien rigoureux dela tête.”

Comment poser une minerve ? Ajouter “Une traction légère et continue de la tête peut être réalisée parce même ambulancier.” après la première phrase du paragraphe.

L’objet n° 5 de la figure 4.29 qui représente une couverture de survie doitêtre remplacé sur la photo par un flacon d’antiseptique.

A la ligne 22; lire “De plus, cette attelle fonctionne comme un pansementcompressif dans le cas de plaies à caractère hémorragique. La légende de la photo n°3 de la figure 4.36 doit être lue comme suit :“Contrôlez le pouls après l’installation d’une attelle gonflable qui n’est pasune attelle à dépression.”

La légende de la deuxième photo de la figure 4.38 doit être lue commesuit : “Exercez le maintien longitudinal de la hanche luxée puis immo-bilisez à l'aide du matelas à dépression.”

A la ligne 3; lire “Les serpents venimeux provoquent des empoisonne-ments par morsure.”

En bas de la page; remplacer “les contractures” par “les contractions”.

A la ligne 10 du texte sur la procidence du cordon; lire “Couchez lamaman sur le flanc gauche avec le bassin surélevé par rapport à la tête.”

A la ligne 6; lire “La tête est, par rapport au reste du corps, relativementplus volumineuse et plus lourde chez l’enfant que chez l’adulte.”

Certaines données inscrites à titre d’exemples d’encodage de formulairesambulanciers ne correspondent pas aux scénarios présentés. Ce chapitredevrait être entièrement revu en fonction de l’évolution du formulaire etde l’expérience acquise.

Chapitre 14

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1G u i d e d ’ e m p l o i d e c e m a n u e l

Guide d’emploi de ce manuel

Ce manuel est composé d’un système de feuilles libres. Il y a plusieursraisons à cela. Tout d’abord, la médecine est une science en pleine évo-lution. Les techniques médicales s’adaptent continuellement aux der-niers développements de la science médicale. Nous savons déjà que lesméthodes que nous vous enseignons ne resteront pas éternellementimmuables. Des améliorations de ces techniques seront proposées con-tinuellement et vous devrez vous adapter à ces changements. Dans unclasseur comme celui-ci, les feuilles peuvent facilement être remplacéesou ajoutées. En outre, il vous est possible d’y ajouter vos propres notes.

La médecine utilise un vocabulaire et une terminologie propres. Elle uti-lise des termes venant du latin et du grec. Cette terminologie précise per-met aux médecins et aux intervenants de l’Aide Médicale urgente de secomprendre en toutes circonstances.Certains de ces termes sont passés dans le langage courant : “appendicite“qui veut dire inflammation de l’appendice, “sinusite” qui veut dire uneinflammation des sinus; les sinus sont des cavités de la face.Dans la mesure du possible, nous utiliserons des termes courants de lalangue française. La première fois qu’un terme médical sera utilisé dansle texte, il sera mentionné entre guillemets. Vous constaterez que vousallez acquérir progressivement ce vocabulaire médical et que vous com-mencerez à l’utiliser spontanément.

En fin de manuel, vous trouverez un dictionnaire de tous les termesmédicaux. Ce sont ces termes médicaux que vous entendrez employerrégulièrement dans votre pratique d’ambulancier.

Au début de chaque chapitre se trouve une table de matière succincte, àla fin du chapitre vous trouverez un résumé des choses très importantesà retenir : ce que vous devez connaître et apprendre à réaliser.En marge du texte, vous rencontrerez des symboles. Ils sont au nombrede cinq. Ils sont là comme des signaux routiers pour vous permettre deretrouver plus facilement votre chemin dans ce manuel.

Guide d’emploi

Les termes médicaux

Le système de feuilles libres

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renvoie à une autre page, plus loin dans le texte; cette page apportera uneinformation complémentaire sur le sujet.

renvoie à une autre page, déjà rencontrée dans le texte; cette page rap-pellera une information complémentaire sur le sujet.

ABC indique que le texte décrit une situation dans laquelle la procédurede prise en charge des fonctions vitales ABC doit être suivie.

RCP indique que le texte décrit une situation dans laquelle la réanimationcardio-pulmonaire doit être réalisée.

indique un point qui demande une attention particulière : il faut veiller àsa propre sécurité et à celle du patient en appliquant cette technique.

A certains endroits vous rencontrerez du texte en petits caractères. Ces tex-tes donnent des informations complémentaires utiles à connaître, maisqui ne sont pas indispensables pour pouvoir accomplir les missions d’unambulancier.

!

x.x

x.x

2G u i d e d ’ e m p l o i d e c e m a n u e l

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3I n t r o d u c t i o n

Introduction

L ’ H I S T O I R E D E S A M B U L A N C I E R S

Il y a un siècle, on ne parlait pas d’ambulanciers. Les blessés ou malades,tout comme les morts, étaient transportés par le corbillard.

Les guerres sont à l’origine de la fonction de l’ambulancier. A défaut desoins, le soldat blessé mourait trop souvent sur le champ de bataille. Audébut du dix-neuvième siècle, Napoléon fut le premier à organiser letransport des blessés hors du champ de bataille pour être soignés par desmédecins. Le corps des brancardiers ne s’occupait pas d’aide médicalesur place; sa tâche se limitait au simple transport d’un blessé vers l’arrière.

Au début du vingtième siècle, quelques grandes villes ont organisé desservices civils de transports sanitaires. Ces services ne se souciaient pasde soins médicaux ni sur place, ni pendant le transport.

Durant la première guerre mondiale, les premiers ambulanciers appa-raissent sur les champs de bataille. Ce sont des volontaires qui, outre lessoins médicaux sur place, assurent le transport des blessés vers les pos-tes sanitaires. L’expérience militaire des premiers ambulanciers fut ensui-te appliquée dans des communautés civiles, d’abord dans les grandesagglomérations, ensuite à la campagne.

L E S M A I L L O N S F O R M E N T U N E C H A I N E

L’aide médicale n’est rendue possible que par la collaboration de nombrede personnes et de services. Ces personnes forment les maillons de lachaîne de l’aide médicale d’urgence. La cascade de communications et dedéplacements est déclenchée par une personne en détresse. Le but finalest d’atteindre la structure hospitalière adéquate.

La chaîne de l’aide médicale urgente est déclenchée par la victime ou lepatient. Il s’agit d’une personne en détresse, qui peut être d’ordre physi-que ou psychique ou les deux simultanément.

En cas d’accident ou de maladie grave, la victime ne sera pas en étatd’appeler à l’aide; des témoins le feront.

1. La chaîne de l’aide médicale urgente

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Les personnes qui signalent cette détresse sont les “premiers témoins”.Celles-ci appellent à l’aide, inquiètes pour la santé d’un être humain.Leur analyse peut vous apparaître exagérée dans l’optique d’un ambu-lancier; néanmoins elle mérite toujours votre respect.En Belgique, l’appel de détresse se fait par un numéro de téléphone uni-que: le N° “100”. Il s’agit du “système d’appel unifié 100”.

En Belgique, lorsqu’un patient ou le témoin d’une situation de détressecompose le numéro de téléphone ‘100’, on parle d’un appel de détresseau centre du secours 100 le plus proche. Il est toujours reçu par une per-sonne, qui est officiellement désignée comme “le préposé du systèmed’appel unifié”. Chaque appel sera immédiatement pris en charge par lepréposé. Si nécessaire, il détachera une équipe d’ambulanciers, pré-viendra l’hôpital, les sapeurs-pompiers ou les forces de l’ordre.Le préposé doit poser quelques questions afin d’organiser l’aide médica-le urgente. Trois de ces questions sont d’une importance capitale:

1. Où est situé le patient? La réponse à cette question est indispensable. Uneadresse exacte est l’idéal, mais parfois le préposé doit se contenter d’indi-cations approximatives. Le numéro de téléphone du correspondant appa-raît automatiquement sur l’écran du standard; ceci permet le dépistage del’adresse correspondante.

2. Qui est concerné par le problème? Le préposé doit connaître le nombrede patients et/ou de victimes; en outre, il est d’importance de savoir s’ils’agit d’un enfant ou d’un adulte afin que l’équipe d’ambulanciers puissese préparer pendant le trajet vers le patient.

3. Quel est le problème? S’agit-il d’une maladie ou d’un accident? Le pré-posé entraîné et expérimenté saura estimer la gravité de la situation surplace. Se basant sur une présomption, le préposé peut décider de faireappel à une aide supplémentaire. Cette aide peut être technique (p.e. lecorps des sapeurs-pompiers) ou médicale (p.e. plusieurs ambulances oul’aide d’un médecin).

Le préposé fera toujours appel à une équipe de deux ambulanciers capa-bles de dispenser une aide adéquate sur place et de transporter le patientvers l’hôpital. Un ambulancier est entraîné à aider d’autres personnes. Il doit être entraîné à se trouver confronté à des situations très diverses.Il peut s’agir de maladies commes des difficultés respiratoires ou une per-te de conscience. Parfois il doit porter secours à une victime d’un acci-dent routier. L’ambulancier est souvent confronté à la panique de la vic-time ou des témoins mais aussi à ses propres sentiments.

3. Les ambulanciers

2. Lorsqu’on fait appel au ‘100’... le préposé

4I n t r o d u c t i o n

Page 20: Manuel Belge Almbulanciers

5I n t r o d u c t i o n

Dans certaines circonstances, vous ne serez pas en mesure de résoudrele problème par vous-même. Dans ce cas, vous devrez en avertir le cent-re de secours 100. Le préposé fera appel à un Service Mobile d’Urgence(SMUR). Cette équipe est détachée d’un service des urgences d’un hôpi-tal ‘100’. Un SMUR est constitué d’au moins un médecin et un infirmier,tous deux spécialisés dans l’aide médicale d’urgence. En collaborationavec les ambulanciers, ils seront responsables du patient, aussi bien surplace que pendant le transport.

Le point final de la chaîne de l’aide médicale urgente est le service desurgences d’un hôpital. Finalement, le patient pourra être examiné ettraité par les médecins et infirmiers d’un hôpital ‘100’.

L’ambulancier est un maillon important de la chaîne de l’aide médicaleurgente. Comme ambulancier, vous serez souvent la seule personne enmesure de juger sur place ou pendant le transport du patient. Non seu-lement vous transportez une victime mais vous devrez aussi transmettreà l’hôpital les informations collectées sur le terrain.

5. Le service des urgences

4. Le Service Mobile d’Urgence

100CENTRE DE SECOURS

préposé

appel de détresse

envir

on

nement

HOPITAL 100

SERVICE DESURGENCES

SMURmédecin

+ infirmier

AMBULANCE2 ambulanciers

TRANSPORT

PATIENT

tém

oins

100

FI G.1

LA C H A ÎN E D E L’A I D E

M É D I C A L E U R G E N T E

Page 21: Manuel Belge Almbulanciers

1 LE C O R P S H U M A I N

2 LE S P R E M I È R E S M I N U T E S

3 LE S A F F E C T I O N S À R I S Q U E V I TA L

4 LE PAT I E N T T R AU M AT I S É

5 MA L A D I E S E T I N TOX I C AT I O N S

6 GR O S S E S S E E T AC C O U C H E M E N T I N O P I N É

7 L’E N FA N T E N D É T R E S S E

8 UR G E N C E S P R OV O Q U É E S PA R AG E N T S P H YS I Q U E S

9 UR G E N C E S P S YC H I AT R I Q U E S

10 LE T R A N S P O R T D U PAT I E N T

11 LE S C ATA S T R O P H E S

12 OR G A N I S AT I O N D E L’A I D E M É D I C A L E U R G E N T E

13 TE C H N I Q U E S

14 SU P P L É M E N T S

15 VO C A B U L A I R E

Page 22: Manuel Belge Almbulanciers

1 LE C O R P S H U M A I N

2 LE S P R E M I È R E S M I N U T E S

3 LE S A F F E C T I O N S À R I S Q U E V I TA L

4 LE PAT I E N T T R AU M AT I S É

5 MA L A D I E S E T I N TOX I C AT I O N S

6 GR O S S E S S E E T AC C O U C H E M E N T I N O P I N É

7 L’E N FA N T E N D É T R E S S E

8 UR G E N C E S P R OV O Q U É E S PA R AG E N T S P H YS I Q U E S

9 UR G E N C E S P S YC H I AT R I Q U E S

10 LE T R A N S P O R T D U PAT I E N T

11 LE S C ATA S T R O P H E S

12 OR G A N I S AT I O N D E L’A I D E M É D I C A L E U R G E N T E

13 TE C H N I Q U E S

14 SU P P L É M E N T S

15 VO C A B U L A I R E

Page 23: Manuel Belge Almbulanciers

CONTENU

1.1 Où se trouve quoi?

1.2 Les différents “systèmes” du corps humainet leurs fonctions

1LE

CORPSHUMAIN

Page 24: Manuel Belge Almbulanciers

1.2C h a p i t r e 1 L e c o r p s h u m a i n

Le corps humain est un ensemble d’organes, de tissus et de cellules.Plusieurs parties peuvent être atteintes par une maladie ou un accident.Parfois la santé peut être tellement atteinte que le patient est en dangerde mort.

Comme ambulancier, il vous faudra estimer la gravité de la situation etsecourir le patient d’une manière adéquate. Pour cela vous devrez con-naître la composition (l’anatomie) et le fonctionnement (la physiologie) ducorps humain. Ce chapitre décrit quels organes et structures composentle corps humain, leurs localisations, leurs fonctions et leurs interactions.

Page 25: Manuel Belge Almbulanciers

1.1 Où se trouve quoi ?

Souvent le patient habillé se prête mal à l’examen visuel. Cependant, il estimportant de savoir où les organes se situent dans le corps humain, afinde pouvoir déduire les lésions des plaintes et des signes extérieurs. Il vousfaudra connaître les termes que la médecine utilise pour désigner desrégions et des positions du corps. Si les ambulanciers, infirmiers et méde-cins emploient le même langage, des malentendus seront évités ce quipeut prévenir des conséquences très graves.

La médecine décrit toujours le corps humain en “position anatomique”.Ceci est une convention acceptée dans le monde entier: vous regardez deface le patient debout, les bras ballants et les paumes de la main tournéesvers vous.

Comment orienter le corps humain?

1.3C h a p i t r e 1 L e c o r p s h u m a i n

FIG. 1.1

LA POSITION ANATOMIQUE

droit gauche

antérieur

postérieur

médial

latéral

proximal

tête

distal

Légende: • les axes• les directions

Le côté gauche de la page correspond au côté droit du patient.

Page 26: Manuel Belge Almbulanciers

1.4C h a p i t r e 1 L e c o r p s h u m a i n

Droit et gauche: quand vous examinez un patient, quand vous décrivezune situation, si vous employez le terme “droit’, il s’agit toujours du côtédroit tel qu’il serait désigné par le patient lui-même (voir fig. 1.1).

Antérieur et postérieur: la face “antérieure” correspond au côté duventre et du visage, la face postérieure correspond au côté du dos et desfesses.

Proximal et distal: le terme “proximal” désigne une position proched’un point de référence, le terme “distal” désigne une position éloignéed’un point de référence. En anatomie, on considère toujours le torsecomme le point de référence. Le genou peut être considéré commeproximal vis-à-vis de la cheville; la main est distale vis-à-vis du poignet.

Supérieur et inférieur: quand on parle de supérieur on désigne la direc-tion de la tête, quand on parle d’inférieur on désigne la direction despieds.

Médial et latéral: en divisant le corps en deux parties égales par uneligne imaginaire de haut en bas, tout ce qui se trouve près de cette ligneest considéré comme médial, et tout ce qui se trouve à distance de cetteligne est considéré comme latéral.

En parlant d’une “position anatomique’, il ne faut jamais oublier que lecôté droit correspond au côté droit du patient et non à celui de l’obser-vateur.Trois positions du corps ont reçu des dénominations anatomiques clas-siques. Un patient qui se trouve sur le dos est en position dorsale (décu-bitus dorsal). Celui qui se trouve sur le ventre est en position ventrale(décubitus ventral). Celui qui se trouve sur le côté est en position latérale(décubitus latéral). Si l’on emploie le terme “position latérale gauche”, onveut dire que le patient se trouve sur le côté gauche.

On fera la distinction entre certaines régions extérieures du corps.

La région de la tête: la face (facies), le crâne (cranium), les mâchoires,l’occiput, les tempes.

La région cervicale: la gorge, le larynx, la région cervicale.

Le tronc: la région thoracique, le ventre (abdomen), le nombril, les lom-bes, l’aine, le bassin, la région génitale, le sacrum, les fesses.

Les membres supérieurs: les épaules, les bras, les coudes, les avant-bras, les poignets, les mains, la paume de la main, le dos de la main.

Les membres inférieurs: les hanches, les cuisses, les mollets, lesgenoux, les chevilles, les pieds, la plante du pied, le dos du pied.

Les régions du corps

Page 27: Manuel Belge Almbulanciers

1.5C h a p i t r e 1 L e c o r p s h u m a i n

FIG. 1.2a

LES RÉGIONS DU

CORPS HUMAIN (DE FACE)

région de la tête

région de la gorge

torserégion abdominalebassin

l’ainerégion génitale

région pectorale

membre inférieur (hanche, cuisse, genou, jambe,cheville, dos du pied)

membre supérieur (épaule,bras, coude, avant-bras, poignet, paume de la main)

FIG. 1.2b

LES RÉGIONS DU

CORPS HUMAIN (DE DOS)

région occipitale

région cervicale

coccyx

dos de la main

cheville

mollet

talon

colonne vertébrale

membre inférieur

omoplate

sacrum

Page 28: Manuel Belge Almbulanciers

1.6C h a p i t r e 1 L e c o r p s h u m a i n

A partir de repères extérieurs et de lignes imaginaires, vous devez êtrecapable d’indiquer les cavités du corps les plus importantes, ainsi que lesorganes qu’elles contiennent.

Les cavités du corps et la localisation des organes

FIG. 1.3

LES CAVITÉS

DU CORPS HUMAIN

vue antérieure vue latérale

• • la cavité cérébrale

le diaphragme

la cavité abdominale

la cavité thoracique

• •

• •

• •

la cavité médullaire

Légende: La cavité cérébrale se prolonge dans la cavité médullaire. Le diaphragme sépare la cavité thoracique de la cavité abdominale.

La cavité thoracique (le thorax) est protégée par la cage thoracique (lescôtes) et contient les poumons, le cœur, l’œsophage et la trachée. Lacavité thoracique est séparée de l’abdomen par un muscle très puissant,le diaphragme.

La cavité abdominale (l’abdomen) s’étend du diaphragme au bassin.L’abdomen contient entre autres: l’estomac, le foie, la vésicule biliaire, larate, le pancréas, l’intestin grêle, le gros intestin et l’appendice.Comme cette cavité n’est pas entièrement protégée par des structuresosseuses, les organes qu’elle contient sont très vulnérables. La cavité abdominale se divise en quatre régions qu’on appelle “les qua-drants” (fig. 1.4). Il faut imaginer une croix dessinée sur la paroi abdo-minale dont l’intersection de l’axe horizontal et vertical se situe au niveaudu nombril. De ce fait, on peut observer deux quadrants supérieurs(gauche et droite) et deux quadrants inférieurs (gauche et droite). Cettedivision vous permet d’imaginer la position interne des organes del’abdomen.

Page 29: Manuel Belge Almbulanciers

1.7C h a p i t r e 1 L e c o r p s h u m a i n

La cavité cérébrale est protégée par le crâne et contient le cerveau.La cavité médullaire est protégée par le canal rachidien et contient lamoelle épinière.A partir de repères externes, vous devez être capable de désigner les dif-férents segments de la colonne vertébrale. Elle se compose de 5 seg-ments: la colonne cervicale, la colonne dorsale, la colonne lombaire, lesacrum et le coccyx.

FIG. 1.4

LES QUADRANTS

DE LA CAVITÉ ABDOMINALE

supérieurgauche

supérieurdroit

inférieurgauche

inférieurdroit

3 estomac4 rate5 gros intestin

6 intestin grêle

7 vessie

1 foie2 vésicule biliaire

8 appendice9 intestin grêle

Légende:

1 2

4 3

1

23

4

5

6

7

8

9

cervicale

dorsale

lombaire

sacrumcoccyx

FIG. 1.5

LES SEGMENTS

DE LA COLONNE VERTÉBRALE

Page 30: Manuel Belge Almbulanciers

1.8C h a p i t r e 1 L e c o r p s h u m a i n

1.2 Aperçu des différents systèmes du corps humain

Le corps se compose de différents systèmes, que l’on pourrait considérercomme des “sections”, qui assurent des tâches bien définies.Un système du corps humain est constitué de différents éléments (orga-nes et tissus) qui collaborent à assurer ces fonctions. La dénomination estbasée sur les fonctions assurées.

Le système nerveux se compose des nerfs et du cerveau. Les nerfs for-ment un réseau qui relie différentes parties du corps à “l’ordinateur cen-tral” (le cerveau). Toutes les informations des sens, tous les ordres du cer-veau destinés aux muscles, mais aussi tous les messages de douleur ou deplaisir, toutes nos pensées et sensations sont traduits en messages par lesystème nerveux, stockés (mémorisés) ou transformés.

On ne peut survivre sans l’oxygène de l’air. Tout le fonctionnement denotre corps nécessite un apport d’oxygène et une élimination continue degaz carbonique. Cet échange de gaz s’appelle “la respiration’; elle estassurée par les voies respiratoires et les poumons.

On peut considérer le cœur comme une pompe qui pulse le sang dans unréseau très ramifié de vaisseaux sanguins. L’oxygène, les aliments etl’énergie sont de cette façon distribués dans tout le corps; les déchets sontévacués simultanément de la même façon.

Nous sommes capables de nous tenir debout et de nous déplacer grâceau squelette, aux articulations et aux muscles. Ces trois composantsinteractifs constituent le système locomoteur.

La fonction du système digestif est double: l’énergie est extraite des ali-ments et les déchets non assimilés doivent être éliminés. Ce systèmes’étend de la bouche jusqu’à la terminaison du gros intestin. Il est con-stitué d’un canal en communication avec le foie et les glandes digestives.

Les reins, les uretères et la vessie forment le système urinaire. Ce systèmefonctionne comme une station d’épuration du sang dont il extrait lesdéchets afin de les éliminer. Il est donc responsable de l’équilibre dumilieu intérieur, de la régulation de l’eau et des solutions du corps.Le système génital est responsable de la reproduction. On le décrit enmême temps que le système urinaire parce que les organes et les struc-tures des deux systèmes sont voisins dans le bas-ventre. Ceci expliquel’utilisation du terme “système uro-génital” ou “génito-urinaire”.

Le système uro-génital

Le système digestif

Le système locomoteur

Le système circulatoire

Le système respiratoire

Le système nerveux

Page 31: Manuel Belge Almbulanciers

Les glandes endocrines (“les glandes”) secrètent des produits que l’onappelle hormones. Celles-ci règlent un ensemble de fonctions dans l’orga-nisme, comme la croissance, la reproduction, la teneur en sucre dans lesang.

Le corps possède un système de défense perfectionné, qui nous protègecontre les intrus présents dans le monde extérieur, comme les virus, lesbactéries et les champignons. Ce système nous protège donc contre cer-taines maladies; il nous rend immun contre certaines maladies. C’estpour cette raison que ce système s’appelle le “système immunitaire”.

Les organes des sens nous permettent de percevoir les stimuli et lessignaux de notre environnement.

La peau protège le corps contre de multiples agressions du milieu; cela vadu rayonnement solaire aux bactéries. Ce système est aussi importantdans la régulation de la chaleur interne.

Les systèmes importants pour exécuter correctement la fonction d’ambu-lancier vont être décrits de manière plus détaillée.

La peau

Les organes des sens

Le système immunitaire

Les glandes endocrines

1.9C h a p i t r e 1 L e c o r p s h u m a i n

Page 32: Manuel Belge Almbulanciers

1.10C h a p i t r e 1 L e c o r p s h u m a i n

1 . 2 . 1 L E S Y S T È M E N E R V E U X

Le système nerveux est comparable à un ordinateur central relié à unréseau de communications très étendu. Le système nerveux est dirigé parcet ordinateur central très complexe qu’est le cerveau. C’est dans cecentre que toutes les informations des différentes parties du corps sontcollectées et retransmises à celui-ci. La transmission d’informations etd’ordres est réalisée grâce à la moelle épinière et aux nerfs.

Le système nerveux comprend le système nerveux central et le systèmenerveux périphérique.

Le système nerveux central est composé du cerveau, protégé par lecrâne, et de la moelle épinière, contenue dans le canal rachidien. Lecerveau se présente comme une grosse noix, creusée de rides, et diviséeen deux: la moitié gauche et la moitié droite. Derrière et sous le cerveause trouve “le cervelet”. Le cerveau est relié à la moelle épinière par lebulbe rachidien. La moelle épinière traverse le canal rachidien jusqu’à lapartie inférieure des vertèbres dorsales (voir fig. 1.5).Le cerveau et la moelle épinière sont enveloppés de membranes, lesméninges, et baignent dans un liquide. Ce liquide cérébro-spinalprotège le cerveau contre les secousses et d’autres agressions extérieures.

Le système nerveux périphérique se compose de nerfs qui assurent laconnexion du système nerveux central aux organes et aux membres ducorps. Ces nerfs sont, par exemple, responsables des transmissions de ladouleur ou commandent les muscles locomoteurs.

Le cerveau est “l’ordinateur central” qui contrôle les fonctions physiqueset psychiques de l’homme: l’interprétation des sensations, la mémoire, lapensée, l’expression, la locomotion. Ces activités sont surtout localiséesdans le cerveau. Il est plus développé chez l’être humain que chez lesespèces animales. Il est intéressant de savoir que le côté gauche ducorps humain est commandé par le côté droit du cerveau et vice versa.C’est la raison pour laquelle certaines maladies de la moitié gauche ducerveau se traduisent par des signes extérieurs (p.e. paralysie) de la moi-tié contro-latérale du corps humain.Le cervelet est le siège de la coordination de nos mouvements, de notreéquilibre et de certains réflexes.

Le bulbe rachidien est responsable de beaucoup de fonctions automa-tiques inconscientes: la régulation de la température interne, le méca-nisme pour avaler ou vomir, la respiration ou le rythme cardiaque.

La moelle épinière transmet les informations destinées au/ou origi-naires du cerveau, et destinées au/ou originaires du corps. Elle reçoit lesimpulsions des organes des sens et les retransmet au cerveau; elle dis-tribue en sens inverse les ordres du cerveau destinés aux parties cor-respondantes du corps.

Comment fonctionne le système nerveux?

Comment est constitué le système nerveux?

Page 33: Manuel Belge Almbulanciers

Au niveau du système nerveux périphérique, les nerfs moteurs dis-tribuent les ordres de la moelle épinière vers les muscles. Les nerfs sen-sitifs sont responsables de la transmission de la douleur, de la perceptionde la chaleur et du toucher.

Le système nerveux autonome fonctionne sans le contrôle de lavolonté humaine. Il est constitué de nerfs périphériques qui relient lebulbe rachidien et la moelle épinière à certains organes comme parexemple le cœur, les vaisseaux sanguins, les poumons et les glandes. Ilrègle des fonctions du corps humain qui doivent être assurées de manièreinconsciente: l’accélération ou le ralentissement du cœur, la dilatation oula constriction des pupilles, la contraction ou le relâchement des musclesde l’estomac ou de la vessie.

1.11C h a p i t r e 1 L e c o r p s h u m a i n

cerveau

bulbe rachidien

moelle épinière

nerf périphériquede la main

nerf périphériquedu pied

FIG. 1.6

LE SYSTÈME NERVEUX

CENTRAL ET PÉRIPHÉRIQUE

Légende: ■ le système nerveux central■ le système nerveux périphérique

Page 34: Manuel Belge Almbulanciers

1.12C h a p i t r e 1 L e c o r p s h u m a i n

La connaissance du système nerveux est très importante pour l’ambu-lancier. Illustrons cela par quelques exemples.

• La vie en bonne santé suppose un fonctionnement normal du systèmenerveux et surtout du cerveau. Le cerveau ne peut fonctionner sansl’oxygène fourni par le système respiratoire et circulatoire. Si le cerveau est en manque d’oxygène (par exemple dans le cas del’arrêt cardiaque ou respiratoire), il est endommagé dès la 4e ou 6e

minute. Après 10 minutes, les premières cellules cérébrales meurent. Lamort des cellules cérébrales est irréversible.Afin d’éviter toute lésion du cerveau, l’intervention de l’ambulancierconsiste à restaurer l’apport d’oxygène. Par cette aide, un patient quel’on considère comme “mort cliniquement” (ce qui veut dire: arrêt respi-ratoire et circulatoire) peut être réanimé. De cette façon, on sauvequelqu’un d’une mort biologique qui, elle, est irréversible.

Aspects du système nerveuximportants pour l’ambulancier

0 4

10 min

mort clinique

début des lésions cérébralesmort biologique

FIG. 1.7

LE CERVEAU EN

MANQUE D’OXYGÈNE

Légende: minute 0 : arrêt cardiorespiratoire = mort cliniqueminute 4 : cellules cérébrales léséesminute 10 : mort des cellules cérébrales = mort biologique

• Quand la colonne vertébrale a été accidentée, les vertèbres peuventcomprimer ou endommager la moelle épinière. Ceci se traduit par desparalysies des membres qui souvent s’avèrent définitives. L’ambulancierpeut prévenir cette évolution en reconnaissant une fracture de lacolonne vertébrale, en la prenant en charge de manière adéquate, et enrespectant des règles durant le transport.

Page 35: Manuel Belge Almbulanciers

1 . 2 . 2 L E S Y S T È M E R E S P I R A T O I R E

On ne peut vivre sans l’oxygène de l’air ambiant. Presque tous les orga-nes, tissus et cellules de notre corps ont besoin d’oxygène afin de pouvoir“travailler”. Cet oxygène sert à la combustion des substances nutritiveslibérant l’énergie nécessaire pour assurer différentes tâches. Cette com-bustion produit du gaz carbonique qui doit être éliminé. Nous captonsl’oxygène de l’air ambiant: il en contient 21%. Pour que l’air ambiant etdonc l’oxygène, parvienne à notre corps, et pour que le gaz carboniqueen soit éliminé, nous disposons du système respiratoire. Il s’agit d’unsystème vital dont la connaissance de l’anatomie et de la physiologie esttrès importante.

L’air est aspiré par le nez ou la bouche. A l’arrière du pharynx, près dularynx, se trouve une bifurcation qui sépare l’air et les aliments. L’air suitla voie de la trachée, alors que les aliments suivent la voie de l’œso-phage. Afin que les aliments ne traversent pas la trachée, l’épiglotte seferme lorsque nous avalons. Le repère externe de l’épiglotte est laPomme d’Adam. Le larynx contient aussi les cordes vocales.

La trachée, longue d’environ douze centimètres, est renforcée par desanneaux de cartilage. La trachée se termine par une bifurcation en deuxbronches, dont l’une assure la ventilation du poumon gauche et l’autrecelle du poumon droit.

Au niveau du poumon, les bronches se rétrécissent par bifurcationssuccessives et aboutissent finalement dans des unités microscopiques etmembraneuses que l’on appelle les alvéoles. La paroi des alvéoles esttraversée par des vaisseaux sanguins minuscules, les capillaires. Lesang qui circule dans ces capillaires absorbe l’oxygène de l’air inspiré etélimine le gaz carbonique du sang. La paroi des alvéoles sert de zoned’échanges gazeux entre les systèmes respiratoire et circulatoire; ellepermet l’absorption de l’oxygène et l’élimination du gaz carbonique.

De quoi est constitué le système respiratoire?

1.13C h a p i t r e 1 L e c o r p s h u m a i n

Page 36: Manuel Belge Almbulanciers

1.14C h a p i t r e 1 L e c o r p s h u m a i n

La cage thoracique fonctionne comme un soufflet. Quand les musclesthoraciques et le diaphragme se relâchent, le volume de la cavité pul-monaire diminue et par conséquent le volume des poumons aussi. Cecientraîne une augmentation de la pression pulmonaire. De ce fait, cettepression pulmonaire dépasse la pression atmosphérique, ce qui permetl’expiration de l’air des poumons. Lors de l’inspiration, on assiste auprocessus inverse. Les muscles thoraciques et le diaphragme se con-tractent et augmentent le volume de la cage thoracique. De ce fait levolume des poumons augmente et fait tomber la pression pulmonaire.Ceci entraîne un courant d’air vers les poumons. La différence entre lapression pulmonaire et atmosphérique reste toujours très mince. Cepen-dant, cette différence suffit largement pour que l’air transite d’une pres-sion supérieure à une pression inférieure. Si cet équilibre délicat est per-

Comment fonctionne le système respiratoire?

FIG. 1.8

LE SYSTÈME RESPIRATOIRE

cavité nasale

cavité oralepharynxlarynxœsophage

trachée,

bronche

alvéole

plèvre

bronche terminale

paroi d’une alvéole

capillaire pulmonaire

absorption de l’oxygèneélimination du gazcarbonique

1. voie respiratoire + poumons

2. alvéole

Légende: les voies respiratoires (1) se ramifient jusqu’aux alvéoles (2) où le gaz carbonique est éliminé du sang qui s’enrichit d’oxygène.

O2

CO2

agrandissement

épiglotte

Page 37: Manuel Belge Almbulanciers

turbé, la respiration, et par conséquent l’apport d’oxygène, est hypo-théquée. Ces perturbations comportent un risque vital. La coordinationdes mouvements de la respiration est assurée par le centre respiratoire ducerveau.Une respiration normale assure le déplacement d’un demi-litre d’air.L’adulte respire environ 10 à 15 fois par minute. Il est évident que larespiration sera plus profonde et plus rapide si quelqu’un est soumis à desefforts plus importants. L’adaptation du corps à l’effort est automatique.Si le taux d’oxygène de l’air est insuffisant, ou si la concentration de gazcarbonique dans le sang est trop élevée, le rythme de la respiration aug-mentera.

Les plèvres, la cavité pleurale.Tous les mouvements des poumons dans la cage thoracique sont dépen-

1.15C h a p i t r e 1 L e c o r p s h u m a i n

Inspiration Expiration

L’inspiration augmente levolume thoracique: la pressionintrathoracique diminue, l’air entre.

L’expiration diminue le volume thoracique: la pression intrathoracique monte, l’air est évacué.

dants du bon état de deux membranes très importantes: les plèvres.Une de ces membranes recouvre la surface interne de la cage thoracique.L’autre recouvre la surface externe du poumon. Entre ces deux mem-branes, un espace très petit existe: la cavité pleurale.Lorsque la cavité thoracique augmente de volume, il existe une pressionnégative (très faible) dans la cavité pleurale.Le poumon est donc “aspiré”, suit la paroi thoracique, et donc, aug-mente de volume. C’est l’inspiration.Ces membranes (les plèvres) sont relativement fragiles et sensibles àdiverses agressions (des chocs, des blessures, des infections, ...).Si les plèvres (que ce soit la plèvre externe ou la plèvre interne) subissentun dommage important, de l’air peut envahir l’espace pleural. A cemoment, on parle de pneumothorax.Si une infection pulmonaire est communiquée aux plèvres, on parle depleurésie.

FIG. 1.9

LES MOUVEMENTS

RESPIRATOIRES DES POUMONS

Page 38: Manuel Belge Almbulanciers

1.16C h a p i t r e 1 L e c o r p s h u m a i n

Considérons de nouveau quelques exemples qui démontrent l’impor-tance du système respiratoire du point de vue pratique de l’ambulancier.

• Le corps ne saurait survivre sans oxygène. S’il y a un arrêt respiratoireou si la respiration est insuffisante, l’intervention de l’ambulancier esturgente. Des dommages irréversibles des cellules cérébrales s’installentaprès 4 à 6 minutes sans oxygène.

• Souvent les voies respiratoires sont obstruées par la langue, par des ali-ments, par des vomissements. Cette situation se produit fréquemmentchez le patient inconscient. L’ambulancier devra apprendre commentlibérer les voies respiratoires.

• Si des côtes sont fracturées ou si le patient a subi une plaie pénétrantede la cage thoracique, la fonction de soufflet de cette dernière n’est plusassurée. L’ambulancier devra reconnaître cette situation et apprendreles gestes thérapeutiques nécessaires.

Points importants que l’ambulancier doit retenir

Page 39: Manuel Belge Almbulanciers

1.17C h a p i t r e 1 L e c o r p s h u m a i n

1 . 2 . 3 L E S Y S T È M E C I R C U L A T O I R E

La circulation sanguine fonctionne comme un système d’irrigation, quidistribue le sang au corps entier. Grâce à la circulation, tout le corps estravitaillé en oxygène, en énergie et en d’autres éléments vitaux. La cir-culation sert également de circuit d’évacuation des déchets, produitspar les diverses fonctions de notre corps.En cas d’arrêt de la circulation sanguine, l’apport d’oxygène s’arrêteégalement, ce qui est fatal pour les cellules du corps humain. En parti-culier, les cellules nerveuses du cerveau ne peuvent résister au manqued’oxygène que très peu de temps.La circulation sanguine joue également un rôle important dans la pro-tection du corps contre des maladies et des infections.La circulation sanguine véhicule les hormones (produites par les glandesdu corps humain) et les médicaments administrés de l’extérieur àl’homme.La circulation participe également au mécanisme de régulation de latempérature interne du corps. Par grande chaleur, les vaisseaux san-guins de la tête, des bras et des jambes se dilatent, permettant ainsil’évacuation d’une partie de la chaleur vers l’extérieur. Quand il fait froid,les vaisseaux se contractent, de sorte que la chaleur du corps est con-servée dans le corps humain.

veine

cœur

veine caveaorte

artère

capillaires

FIG. 1.10a

LE SYSTÈME CIRCULATOIRE

légende ■ veine■ artère

Page 40: Manuel Belge Almbulanciers

Le système circulatoire se compose d’une pompe (le cœur) qui véhiculeun liquide (le sang) à travers un vaste réseau ramifié de tuyaux et de tubesplus fins (les vaisseaux sanguins et les capillaires).

Le cœur est un muscle creux (fig. 1.10b). La cavité du cœur est diviséeen quatre compartiments: les oreillettes gauche et droite et les ventricu-les gauche et droit.

De quoi est composé le système circulatoire?

1.18C h a p i t r e 1 L e c o r p s h u m a i n

aorte

veine cave

artère pulmonaire

oreillette droiteoreillette gauche

artère coronaire

ventricule droit

ventricule gauche

FIG. 1.10b

LE CŒUR

Le sang est propulsé par le cœur dans les vaisseaux sanguins (fig.1.10a). Il y a trois sortes de vaisseaux sanguins. Les artères transportentle sang du cœur vers les autres parties du corps. Elles ont un diamètreimportant et sont très élastiques, parce qu’elles reçoivent du sang souspression (pression artérielle); cela est dû aux contractions cardiaques. Lesartères doivent donc être capables de résister à une pression élevée.Cette pression, qui se traduit par le pouls, est le battement du sang quel’on palpe au niveau des artères. Finalement les artères se ramifient dansles capillaires (fig. 1.11). Ce sont des vaisseaux sanguins très fins quiparcourent le tissu du corps comme un réseau “en dentelle”. Leur paroitrès mince permet l’échange avec les cellules qu’elles irriguent. Les élé-ments véhiculés par le sang, comme l’oxygène, sont échangés au niveaudes pores de la paroi des capillaires. Le sang retourne par les veines vers le cœur. La paroi des veines est plusfragile que celle des artères.

• •

Page 41: Manuel Belge Almbulanciers

1.19C h a p i t r e 1 L e c o r p s h u m a i n

Dans la circulation sanguine, on distingue la grande et la petite circula-tion. La grande circulation part du ventricule gauche par l’aorte verstoutes les parties du corps humain. Les artères importantes qui fournis-sent au muscle cardiaque le sang oxygéné s’appellent les artères coro-naires. Appauvri en oxygène et chargé de dioxyde de carbone, le sangretourne vers l’oreillette droite.

A ce niveau de l’oreillette commence la petite circulation: au départ del’oreillette droite le sang est chassé vers le ventricule droit et de là refoulévers les poumons. Dans les poumons, le gaz carbonique est éliminé versl’extérieur et le sang est enrichi d’oxygène. Le sang oxygéné retournevers l’oreillette gauche, et le cycle recommence.

FIG. 1.11

LA GRANDE ET

LA PETITE CIRCULATION

cerveaucapillaires

grande circulation

poumon

veine pulmonaire

artère pulmonaire

oreillette droiteoreillette gauche

ventricule droitventricule gaucheveine cave

foie

intestin

rein

muscles et peau

capillaires

Légende: La petite circulation part du ventricule droit vers lesartères pulmonaires; au niveau des poumons, le gaz carbonique estéliminé et l’oxygène ajouté; de là le sang retourne par les veinespulmonaires vers l’oreillette gauche.

Page 42: Manuel Belge Almbulanciers

Des valves dirigent passivement, à chaque contraction cardiaque, ledébit sanguin. Dans la partie droite du cœur, le sang qui revient du corpsest dirigé de l’oreillette droite vers le ventricule droit; ensuite, du ventri-cule droit vers l’artère pulmonaire. Dans la partie gauche du cœur, le sangoxygèné qui revient des poumons est orienté de l’oreillette gauche versle ventricule gauche puis de celui-ci vers l’aorte.

Le sang se compose de plasma et d’éléments figurés. Le corps humaind’un adulte contient approximativement 5 à 6 litres de sang, celui d’unnouveau-né environ 1 litre. Le plasma est un liquide jaunâtre qui véhicule les éléments figurés dusang, un peu comme l’eau d’une rivière transporte des grains de sable. Leplasma contient également des substances qui contribuent à la protectionde l’organisme contre les infections et des éléments nécessaires à lacoagulation du sang.

Il y a trois types importants d’éléments figurés. Les globules rouges quitransportent l’oxygène sont au nombre de 5.000.000 par mm3. Ils con-tiennent une substance rouge, l’hémoglobine, capable de fixer beaucoupd’oxygène. Les globules rouges sont fabriqués par la moelle osseuse.Les globules blancs sont les “sentinelles” du corps. Ils patrouillent parmilliers dans le torrent sanguin (+ 10.000 par mm3 de sang). Ils sontégalement produits par la moelle épinière.Les plaquettes jouent un rôle important dans l’hémostase (la coagula-tion). Elles sont au nombre de 150.000 - 300.000 par mm3.

Les contractions du muscle cardiaque propulsent le sang. Ces contrac-tions sont commandées par des impulsions électriques internes. Cecentre électrique peut se comparer à une pile qui fournit des décharges àintervalles réguliers. Le muscle cardiaque est équipé de son propre“système de câblage”, qui transmet le courant vers les différentes zonesdu cœur. La fréquence des battements du cœur détermine le rythme cardiaque (etpar conséquent le rythme des pulsations). C’est cette fréquence qui estmesurée lorsqu’on palpe le “pouls”. La puissance de la contraction du cœur et la dilatation des vaisseaux san-guins déterminent la tension artérielle.La circulation est “forcée” dans un sens déterminé par le jeu des valvescardiaques et par l’action d’autres valves situées dans les veines.

• Quand la circulation sanguine s’arrête, le transport d’oxygène est inter-rompu et les cellules des différents tissus, dont le cerveau, meurent.L’ambulancier doit être capable de contrôler la présence d’une circula-tion. Voilà pourquoi vous devez savoir où se trouvent les vaisseaux san-guins les plus importants pour prendre le pouls (carotide et artère dupoignet).

• Quand une artère coronaire est obstruée, le muscle cardiaque ne reçoitplus d’oxygène. Le patient se plaint d’une douleur au niveau du thorax,c’est une situation grave que vous devrez reconnaître.

Pourquoi le système circulatoireest-il important pour

l’ambulancier?

Comment fonctionne le système circulatoire?

De quoi se compose le sang?

A quoi servent les valves cardiaques?

1.20C h a p i t r e 1 L e c o r p s h u m a i n

Page 43: Manuel Belge Almbulanciers

C h a p i t r e 1 1.21L e c o r p s h u m a i n

1 . 2 . 4 L E S Y S T È M E L O C O M O T E U R

Le squelette est l’armature de notre corps. Les os du squelette sont liéspar les articulations. Pour la plupart des mouvements, les muscles sontnécessaires.

Le squelette est un assemblage de 206 os ou osselets. Le crâne estconstitué d’une structure osseuse qui, comme une boîte protectrice,enferme le cerveau. La colonne vertébrale est indispensable pour la sta-tion debout et protège la moelle épinière. La colonne vertébrale associedes qualités de rigidité et de souplesse car les vertèbres rigides sontliées par des articulations souples.

Les articulations sont des “charnières” qui nous permettent des mou-vements. Ce sont des surfaces de contact qui naturellement sont suscep-tibles d’usure par friction entre les parties en mouvement. Les articula-tions sont aussi susceptibles d’être blessées en cas d’accident. Desligaments consolident les différentes parties d’une articulation.

Constitution et fonctionnement

crâne

mandibule

clavicule

sternumcôtexyphoïde

bassin

humérus

cubituscolonne vertébrale

radius

FIG. 1.12

LE SQUELETTE

ÉPAULE

COUDE

HANCHE

POIGNET

GENOU

CHEVILLE

sacrum

main

rotule

fémur

tibiapéroné

pied

Légende: QUELQUES ARTICULATIONS IMPORTANTES

Page 44: Manuel Belge Almbulanciers

1.22C h a p i t r e 1 L e c o r p s h u m a i n

La masse musculaire représente 40-50% du poids du corps. Il existeprès de 501 muscles différents qui sont capables de contraction. Ilsassurent notre équilibre car même dans une position fixe nous avonsbesoin de contractions musculaires !Les muscles n’assurent pas seulement le mouvement mais aussi la pro-duction de chaleur.Si une personne a tendance à se refroidir, la température interne sera res-taurée par des frissons qui sont réglés par un réflexe automatique.Les muscles sont rattachés aux os par des tendons. Les muscles respon-sables de mouvements sont commandés par des nerfs moteurs.

L’examen du système locomoteur fournit très certainement des infor-mations importantes pour l’ambulancier:

FIG. 1.13

UNE ARTICULATIONos

ligament

cartilageliquide synovialcapsule articulaire

Légende: Sous la capsule articulaire on trouve le contenu del’articulation: le cartilage et le liquide synovial.

Page 45: Manuel Belge Almbulanciers

C h a p i t r e 1 1.23L e c o r p s h u m a i n

FIG. 1.14

LE SYSTÈME MUSCULAIRE muscle facial

muscle cervical

muscle pectoral

muscle brachial

muscle abdominalaponévrose abdominale

muscle de la main

muscle de la cuisse

tendon rotulien

muscle jambier

muscle du pied

■ muscles■ tendons aponévroses

■ os■ ligaments

Légende:

Souvent des os sont fracturés, des articulations endommagées, des mus-cles sont contusionnés. Il est donc important que l’ambulancier puissereconnaître les différentes parties du système locomoteur.

Importance du systèmelocomoteur pour l’ambulancier

Page 46: Manuel Belge Almbulanciers

1 . 2 . 5 L E S Y S T È M E D I G E S T I F

Le système digestif digère les éléments nutritifs des aliments. Ces élé-ments sont employés comme source d’énergie ou comme matériaux deconstruction pour les cellules de notre corps.

La structure de base du système digestif est un long tube creux. Il com-mence dans la cavité orale, se prolonge par l’œsophage, l’estomac, lesintestins, pour aboutir à l’anus. La digestion se réalise dans ce canal digestif, grâce à des substances digestives sécrétées par des organescomme le foie ou le pancréas.Les organes de la cavité abdominale qui constituent le système digestifsont enveloppés du péritoine.

De quoi est constitué le système digestif?

1.24C h a p i t r e 1 L e c o r p s h u m a i n

FIG. 1.15

LE SYSTÈME DIGESTIF

œsophage

estomacfoie

rate

vésicule biliaireduodénum

gros intestinintestin grêleappendice

anus

pancréas

Légende: Le pancréas (en jaune) est en majeure partie dissimulé par legros intestin.

Dans la cavité buccale, les aliments sont broyés et mélangés à la salive.La salive contient de nombreuses substances qui entament la digestiondes aliments. La digestion débute donc dans la bouche. L’œsophageconduit les aliments mâchés de la bouche à l’estomac. L’estomac con-tinue à broyer les aliments, ceci est facilité par sa forme en sac et sontonus musculaire. Au niveau de l’estomac, les aliments sont mélangésavec l’acide gastrique et d’autres substances digestives. Les alimentspassent ensuite au niveau du duodénum qui est le début de l’intestingrêle. C’est à ce niveau que tous les éléments nutritifs sont extraits versle sang. Les déchets sont propulsés dans le gros intestin (côlon). Ce seg-ment sert surtout à récupérer des liquides. Le corps garde ainsi son eauet les déchets sont aussi concentrés que possible dans les selles.

Comment fonctionne le système digestif?

Page 47: Manuel Belge Almbulanciers

1.25C h a p i t r e 1 L e c o r p s h u m a i n

• Au niveau de la gorge, les voies respiratoires et le tube digestif s’entre-croisent. Lors de la déglutition, des aliments peuvent suivre une fausseroute et causer une obstruction partielle ou totale des voies respiratoi-res. Dans ce manuel, vous apprendrez à reconnaître cette situation et letraitement correspondant.

• En cas d’accident accompagné d’une brusque décélération ou lors d’unimpact sur la cavité abdominale, les organes internes comme le foiepeuvent être endommagés; ceci peut occasionner des hémorragiesinternes avec danger de mort.

Pourquoi le système digestif est-il important

pour l’ambulancier?

Page 48: Manuel Belge Almbulanciers

1 . 2 . 6 L E S Y S T È M E U R O - G É N I T A L

L’appareil urinaire purifie le sang et excrète des déchets. Il contrôle leniveau d’hydratation du corps (qui est composé de 75% d’eau). La pro-duction de l’urine est en moyenne de 1,5 litre par jour (cette quantitédépend du volume des boissons). Le système génital assure la repro-duction. Il détermine les différences physiques, les sexes. Il assure lafécondation de l’ovule par le sperme.

La purification du sang est assurée par les reins. On peut les considérercomme une station d’épuration du corps. Simultanément, les reins règlentl’acidité et l’hydratation du sang, ainsi que la concentration d’autressubstances chimiques importantes. Les reins sont situés du côté dorsal dela cavité abdominale, à côté de la colonne vertébrale.Au niveau des reins, le liquide qui a été filtré du sang (= la productiond’urine ou diurèse) est excrété par les uretères vers la vessie. L’urine estexpulsée de ce réservoir par l’urètre. La partie distale du système urinaireest très proche du système génital: chez l’homme le système urinaire ter-minal traverse le pénis; chez la femme le système urinaire aboutit entreles lèvres de la vulve.

Configuration et fonction du système uro-génital

1.26C h a p i t r e 1 L e c o r p s h u m a i n

FIG. 1.16

L’APPAREIL URINAIRE sang à purifier

sang purifié

rein

uretère

vessie

urètre

Légende: Les artères rénales évacuent les déchets vers les reins. Là, les déchets sont excrétés vers la vessie. Le sang purifié recircule par les veines rénales vers le corps.

Page 49: Manuel Belge Almbulanciers

C h a p i t r e 1 1.27L e c o r p s h u m a i n

Le système génital masculin visible est composé du pénis et du scrotumqui contient les testicules. La partie interne du système génital masculinest constituée par la prostate et les cordons spermatiques. Les testiculesproduisent le sperme. La prostate entoure la partie interne de l’urètre. Laprostate sécrète une solution indispensable au sperme (fig. 1.17). Tout le système génital féminin se trouve dans le bassin. Les ovairessont responsables de la production des ovules qui, à chaque cycle men-suel, sont transportés vers l’utérus. L’ovules se niche dans la paroi del’utérus. Lorsque l’ovule est fécondé par les spermatozoïdes, les condi-tions sont réunies pour le développement d’un embryon. Sans féconda-tion l’ovule sera rejeté avec du sang. Ce phénomène cyclique est appelémenstruation. Le vagin relie l’utérus au monde extérieur (fig. 1.18).

En cas d’accident accompagné d’impacts importants ou de décéléra-tions très brusques, les reins peuvent être endommagés. Ce sont desorganes vulnérables, susceptibles de subir des lésions qui s’accompagnentd’hémorragies profuses. L’ambulancier devra reconnaître cette situationet la traiter de manière adéquate.

Pourquoi le système uro-génitalest-il important pour

l’ambulancier?

pénistesticulescrotum

prostate

cordon spermatique

uretère

vessie

FIG. 1.17

LE SYSTÈME

GÉNITAL MASCULIN

Légende: Vue de trois quarts du système génital masculin.

vagin

utérus

ovaireoviducte

FIG. 1.18

LE SYSTÈME

GÉNITAL FÉMININ

Légende: Le système génital féminin se situe entièrement dans le bassin.

Page 50: Manuel Belge Almbulanciers

1 . 2 . 7 L E S G L A N D E S E N D O C R I N E S

Les glandes endocrines produisent des substances libérées dans la cir-culation. Ces substances sont appelées “hormones”. Les hormones sontdistribuées dans le corps entier et ont une influence spécifique sur diffé-rents organes et tissus.

Une des glandes endocrines la plus importante est le pancréas. Non seu-lement le pancréas est responsable de la sécrétion d’enzymes digestifsmais il produit aussi l’insuline. L’insuline est indispensable pour contrô-ler le taux de sucre sanguin et cellulaire. Des cellules sans insuline sontprivées d’énergie. Il existe des personnes dont le pancréas ne sécrète pasou insuffisamment d’insuline (les diabétiques) et qui nécessiteront desinjections régulières d’insuline.

Des patients diabétiques qui se sont injectés une quantité d’insuline tropélevée présenteront une symptomatologie de manque de sucre. Il estimportant que l’ambulancier puisse relever ces symptômes.

1 . 2 . 8 L E S Y S T È M E I M M U N I T A I R E

Notre système immunitaire nous défend contre des molécules étrangèresà notre organisme. Nous formons des anticorps contre ces molécules(appelées antigènes) et, grâce à des cellules spécialisées (globules blancsdont les lymphocytes), nous détruisons ces antigènes. Ce mécanisme estcapital pour nous défendre contre les infections. La vaccination est baséesur ce principe de défense et provoque la préparation des anticorps spé-cifiquement orientés contre tel aggresseur (virus de l’hépatite par exem-ple).

Certaines vaccinations sont importantes pour la profession d’ambulancier(tétanos, hépatite). Discutez-en avec votre médecin traitant ou avecvotre médecin du travail. Certaines réactions immunologiques violentespeuvent être la cause d’un appel au “100”; le choc anaphylactique pro-voqué chez certains patients par une piqûre de guêpe en est l’exempletypique.

Importance du système immunitaire

pour les ambulanciers

Aspect important des glandesendocrines pour l’ambulancier

1.28C h a p i t r e 1 L e c o r p s h u m a i n

Page 51: Manuel Belge Almbulanciers

1.29C h a p i t r e 1 L e c o r p s h u m a i n

1 . 2 . 9 L E S O R G A N E S D E S S E N S

Les organes des sens nous permettent de voir, d’entendre, de toucher, degoûter et de sentir. Il y a deux organes des sens importants pour l’ambulancier. Les yeux etles oreilles sont des organes externes qui peuvent être endommagés ouqui peuvent fournir des informations importantes en cas de maladie.

L’Œil

L’œil capte la lumière à travers une membrane transparente (la cornée)qui protège une lentille (le cristallin). La lumière qui pénètre dans l’œil estconcentrée sur la rétine. La rétine transmet les impulsions de la lumièrevers le cerveau où ces données visuelles sont décodées et transforméesen images.De l’extérieur nous voyons le blanc de l’œil (la conjonctive), un anneaucoloré (l’iris) et un point central noir (la pupille). La pupille est le dia-phragme ajustable par lequel la lumière pénètre dans l’œil.

Normalement, les deux pupilles présentent un diamètre identique. Cer-taines lésions du cerveau peuvent entraîner des diamètres pupillairesdifférents. L’ambulancier doit remarquer cela et savoir que ce signe cor-respond à une souffrance cérébrale.

Aspects importants pour l’ambulancier

FIG. 1.19

L’ŒIL

sourcilpaupièreiris

pupille

conjonctive

Légende: Le diamètre de la pupille fournit des informationsimportantes sur l’état de santé du patient.

Page 52: Manuel Belge Almbulanciers

L’Oreille

L’oreille n’est pas seulement l’organe responsable de l’ouïe: sa structureinterne abrite également l’organe de l’équilibre.

Le pavillon de l’oreille est relié au tympan par le conduit auditif externe.C’est là que les ondes sonores sont transformées en vibrations qui sontconverties en impulsions par la chaîne des osselets (le marteau, l’enclumeet l’étrier, noms inspirés de la forme des osselets). Le tympan est unemembrane extrêmement sensible qui peut être abîmée par des objetspointus ou des changements brusques de pression.

Dans la partie moyenne de l’oreille, située entièrement à l’intérieur ducrâne, se trouvent les canaux semi-circulaires qui analysent en perma-nence la position de notre corps. Ces données très importantes pournotre équilibre sont retransmises au cerveau. Celui-ci les traduit en com-mandes musculaires qui maintiennent l’équilibre du corps. L’oreille moyenne est en communication directe avec la gorge par latrompe d’Eustache.

1.30C h a p i t r e 1 L e c o r p s h u m a i n

FIG. 1.20

L’OREILLE

pavillon

conduit auditif externe

tympan

osselets

trompe d’Eustache

conduit auditif interneorgane de l’équilibre

Légende: oreille externe: pavillon, conduit auditif externeoreille moyenne: tympan, osselets, trompe d’Eustacheoreille interne: conduit auditif interne, organe de

l’équilibre

• Des changements brusques et importants de pression, par exemple encas d’explosion, peuvent déchirer le tympan.

• En cas de fracture du crâne, il peut exister un passage entre la fractureet l’oreille interne, moyenne ou externe. Cela se traduit par des pertesde sang visibles dans l’oreille externe. Ceci indique souvent une situa-tion très grave. L’ambulancier doit remarquer ces pertes de sang etsavoir qu’il s’agit d’une situation grave.

Importance de l’oreille pour l’ambulancier

Page 53: Manuel Belge Almbulanciers

1.31C h a p i t r e 1 L e c o r p s h u m a i n

1 . 2 . 1 0 L A P E A U

La peau est constituée de l’épiderme, du derme et du tissu sous-cutané.Dans la peau sont logés les extrémités de nerfs du toucher et de la dou-leur, des vaisseaux sanguins, des glandes sudoripares, des glandessébacées et les bulbes pileux (racines des poils).• La peau protège contre les infections, la perte d’eau, les rayons solaires

et les substances chimiques.• La peau est perméable. Nombre de médicaments (mais aussi de sub-

stances toxiques) peuvent pénétrer par la peau.• La peau assure un contrôle important dans la régulation de la tempé-

rature du corps. Par grande chaleur, la peau sécrète une solution liquide(la transpiration). L’ évaporation de cette transpiration se traduit par unabaissement de la température interne de l’organisme. La peau estdonc importante dans le processus de la régulation de la température.

Anatomie et fonction de la peau

FIG. 1.21

LA PEAU

EPIDERME

DERME

HYPODERME

gl. sudoripare

poil

graisse

terminaison nerveuse

vaisseau capillaire

gl. sébacée

racine d’un poil

La peau est très sensible aux agressions extérieures comme par exempleune température trop élevée ou des substances chimiques caustiques. Entant qu’ambulancier, vous rencontrerez des brûlures dont il faudra estimerla gravité et organiser le début de la thérapeutique.

Importance de la peau pour l’ambulancier

Légende: Les trois couches de la peau: épiderme, derme et hypoderme.

Page 54: Manuel Belge Almbulanciers

1.32C h a p i t r e 1 L e c o r p s h u m a i n

R É S U M É D U C H A P I T R E 1

La localisation des organes dans le corps humain estdécrite par l'anatomie. L'ambulancier doit connaître où setrouvent les organes les plus importants.

Les organes fonctionnent en systèmes. Le fonctionnementde ces systèmes est décrit par la physiologie. L'ambulancierdoit comprendre comment fonctionnent les systèmes lesplus importants.

Trois systèmes ont une importance vitale:• le système nerveux• le système respiratoire• le système circulatoire

La première mission de l'ambulancier est de soutenir lesfonctions vitales du patient.

Page 55: Manuel Belge Almbulanciers

2

1 LE C O R P S H U M A I N

LE S P R E M I È R E S M I N U T E S

3 LE S A F F E C T I O N S À R I S Q U E V I TA L

4 LE PAT I E N T T R AU M AT I S É

5 MA L A D I E S E T I N TOX I C AT I O N S

6 GR O S S E S S E E T AC C O U C H E M E N T I N O P I N É

7 L’E N FA N T E N D É T R E S S E

8 UR G E N C E S P R OV O Q U É E S PA R AG E N T S P H YS I Q U E S

9 UR G E N C E S P S YC H I AT R I Q U E S

10 LE T R A N S P O R T D U PAT I E N T

11 LE S C ATA S T R O P H E S

12 OR G A N I S AT I O N D E L’A I D E M É D I C A L E U R G E N T E

13 TE C H N I Q U E S

14 SU P P L É M E N T S

15 VO C A B U L A I R E

Page 56: Manuel Belge Almbulanciers

CONTENU

2.1 Evaluation de la situation

2.2 Evaluation primaire dupatient

2.2.1 Evaluation primaire rapidedu patient

2.2.2 Evaluation primaire plus détaillée

2.3 Evaluation secondaire du patient

2.4 Transport vers l’hôpital

2LES

PREMIERESMINUTES

Page 57: Manuel Belge Almbulanciers

2.2C h a p i t r e 2 L e s p r e m i è r e s m i n u t e s

Dès que vous arrivez sur place, vous êtes responsable du patient. Votrepremier et unique but est de le secourir de manière rapide et adéquate.Ceci ne sera possible que si vous suivez une procédure bien définie.Cette procédure consiste en une évaluation systématique de la situationdu patient suivie des mesures qui s’imposent. Ce chapitre décrit cesprocédures à l’aide d’un diagramme qui sera le fil conducteur de tout lesyllabus.

Evidemment, la connaissance de ces procédures ne peut pas être seule-ment théorique; il vous faudra accumuler une expérience pendant desannées de pratique. Voilà pourquoi ce chapitre est peut être le plus diffi-cile de tout le syllabus. Ce chapitre est en quelque sorte un condensé dusyllabus. Ne vous laissez pas impressionner par la quantité de nouvellesinformations que contiennent les pages qui suivent. Le tout sera détailléensuite. Après avoir parcouru le reste du syllabus, ce chapitre sera beau-coup plus clair. Très vite, les procédures décrites dans le diagramme vousseront familières dans votre pratique de routine. Vous apprendrez qu’il estpossible d’accomplir beaucoup de choses dans un laps de temps court.

Page 58: Manuel Belge Almbulanciers

L E P L U S I M P O R T A N T D ’ A B O R D

La gravité de la maladie ou d’un accident varie selon les cas. Si despatients sont peu atteints, d’autres peuvent se trouver en danger demort. L’ambulancier doit pouvoir évaluer la gravité du problème. Ainsi unambulancier sera capable de réactions adéquates qui peuvent sauver lavie d’un patient ou prévenir toute détérioration de la santé. Vous sereztoujours guidé par la réponse à cinq questions:

1.Quelles sont les circonstances que vous découvrez? Les con-ditions d’intervention sont-elles sûres et contrôlez-vous lasituation?

2.L’évaluation primaire rapide montre-t-elle un danger de mort?Si ce n’est pas le cas, vous pouvez procéder à une évaluationprimaire plus détaillée.

3.L’évaluation primaire détaillée montre-t-elle que le patient setrouve quand même dans une situation critique?

4.Quels sont les éléments de l’évaluation secondaire? 5.Etes-vous prêt pour le départ et le transport vers l’hôpital?

L’ordre des questions ne s’improvise pas. Les questions les plus impor-tantes sont posées en premier lieu.

2.3C h a p i t r e 2 L e s p r e m i è r e s m i n u t e s

Page 59: Manuel Belge Almbulanciers

2.4C h a p i t r e 2 L e s p r e m i è r e s m i n u t e s

2.1 Evaluation de la situation

Si le préposé du centre 100 vous a informé de la situation sur place, vouspouvez prendre des précautions pour votre propre sécurité pendant letrajet vers le patient: enfiler des gants, adapter vos vêtements aux con-ditions atmosphériques, préparer des torches électriques. Vous pouvezvous faire une idée du matériel dont vous aurez besoin.A votre arrivée, vous informez le centre 100: “Sur place”.

À L ’ A R R I V É E . . .

Dès que vous arrivez sur place, il vous faudra d’abord avoir une vueglobale de la situation. Une observation précise peut vous apprendrebeaucoup à propos des circonstances. Parfois une appréciation rapide estsuffisante, souvent il faudra rechercher activement des facteurs demenace. Il vous faudra examiner immédiatement les environs, pour deuxraisons:

• Contrôler s’il y a encore du danger pour les intervenants ou le patient.• Informer le centre 100 des circonstances locales, ce que seul un inter-

venant qui est sur place peut faire. Cela sera d’une importance capitalepour les intervenants suivants.

E X I S T E - T - I L U N E M E N A C E D E D A N G E R ?

La situation dans laquelle le patient se trouve peut être dangereuse. Fai-tes attention aux dangers possibles, tant pour le patient que pour vous.• Enfilez des gants, surtout si vous voyez du sang.• Ne vous introduisez jamais dans un espace rempli de fumée sans

l’assistance des pompiers.• Présence de gaz toxiques? Un patient inconscient dans une salle de

EVALUATION DELA SITUATION SURPLACE A L’ARRIVEE

DANGER 100CENTRE

aide technique

SECURITE

ARRIVEE

SMUR

DIAGRAMME 2.1

Page 60: Manuel Belge Almbulanciers

bains peut signifier une intoxication au monoxyde de carbone. Il vousfaudra aérer la pièce.

• Quelles sont les conditions atmosphériques? En cas de pluie, de neigeou de verglas, il faut prévenir toute hypothermie; le soleil ou la chaleurintense peuvent causer des insolations ou des hyperthermies.

• Si la victime se trouve dans une voiture accidentée ou dans un bâtimentinstable, libérez la victime avec une prudence extrême.

• Les épaves de voitures accidentées peuvent gêner la circulation et pré-senter un danger pour les autres usagers de la route.

• Une fuite de carburant présente un grand risque d’inflammation.• Un conteneur ou un camion-citerne déchiré peut contenir des produits

dangereux. • Des câbles électriques arrachés occasionnent un danger d’électrocution.

Le chapitre 13 détaillera cet aspect des dangers et de la sécurité au tra-vail de l’ambulancier.

D E M A N D E Z D E L ’ A I D E S U P P L É M E N T A I R E

La première question que vous vous posez dans ces circonstances est:vous trouvez-vous dans une situation à risque spécifique? Existe-t-il unrisque pour votre propre sécurité ou pour celle de la victime? Une aidesupplémentaire (spécialisée) s’impose-t-elle? Cette aide peut être tech-nique ou médicale (flèche verte sur le diagramme).

Pour l’aide technique vous pouvez faire appel aux pompiers. Par exem-ple, ceux-ci disposent du matériel adapté pour libérer des victimescoincées. Souvent vous aurez besoin de l’intervention de la police ou dela gendarmerie pour contrôler la circulation. N’oubliez pas que vousn’êtes pas qualifié pour régler celle-ci.

Lorsqu’il y a plusieurs victimes, une aide ambulancière supplémentairepeut être nécessaire: plusieurs ambulances. En cas de “catastrophes”avec un nombre élevé de victimes, on demandera au centre 100 d’activerle plan “catastrophe”. Il est parfois évident qu’une aide médicale spécia-lisée du SMUR est nécessaire, par exemple lors d’un arrêt cardiaque oulorsque vous trouvez sur place un médecin en train de réanimer lepatient.

Q U A N D L E P A T I E N T E S T - I L E N D É T R E S S E ?

Pendant que vous courez de l’ambulance au patient, vous pouvez appren-dre beaucoup d’éléments sur les circonstances qui entourent le sinistre etla situation du patient.Ecoutez les passants ou les premiers témoins tout en ne vous laissant pasdistraire du patient. Les témoins peuvent vous informer par exemple: “il

11

13.3

2.5C h a p i t r e 2 L e s p r e m i è r e s m i n u t e s

Page 61: Manuel Belge Almbulanciers

2.6C h a p i t r e 2 L e s p r e m i è r e s m i n u t e s

est tombé d’une échelle”, ou “il se trouve sur un câble électrique”.En inspectant la situation vous verrez si quelque chose est tombé sur lepatient, s’il y a eu un incendie, si le patient est tombé. En cas d’accidentde voiture, une inspection à travers le pare-brise peut vous apprendrebeaucoup de choses: le volant a-t-il été déformé?, le pare-brise est-ilbrisé ou fêlé? Cela peut vous orienter vers le type de lésions à rechercher.La position du patient peut apporter des informations. Le patient setrouve-t-il dans une position inhabituelle? Voyez-vous du sang? Le patientse plaint-il de douleur? Les vêtements sont-ils déchirés? De la sorte vouspouvez collecter beaucoup d’informations utiles, même avant d’avoirparlé au patient ou de l’avoir touché. Pas à pas, vous apprendrez dans cemanuel les choses importantes qu’il faut contrôler.

Page 62: Manuel Belge Almbulanciers

2.2 Evaluation primaire du patient

L’évaluation primaire a pour but de vérifier systématiquement si leslésions ou la maladie mettent en danger la vie du patient. Danger pour lavie veut dire qu’il y a perturbation ou menace des fonctions vitales (“vita”veut dire en latin “vie”). Ces fonctions ont été amplement décrites dansle chapitre 1: le système nerveux (conscience), la respiration et la circu-lation.Dans l’évaluation primaire nous discernons: 1. l’évaluation primaire rapide où toute atteinte qui menace la vie, doit

être reconnue et traitée immédiatement.2.une récapitulation de l’évaluation primaire lorsque l’évaluation pri-

maire rapide le permet.

2 . 2 . 1 L ’ É V A L U A T I O N P R I M A I R E R A P I D E

L’évaluation primaire commence par une appréciation de la conscienceet se poursuit par l’ABC de l’aide médicale urgente. Cet ABC est uneabréviation internationale qu’on emploie pour désigner les étapes suc-cessives de l’évaluation primaire: Air passage, Bouche-à-bouche, Circu-lation. Vous devrez réaliser rapidement cette évaluation rigoureusementdans cet ordre: (1) les voies respiratoires sont-elles dégagées?(2) le patient respire-t-il ou doit-il être ventilé?(3) la circulation sanguine est-elle normale?

2.7C h a p i t r e 2 L e s p r e m i è r e s m i n u t e s

PATIENTCRITIQUE

DANGER

NON CRITIQUE

évaluation primaire rapide

consciencevoies respiratoiresrespirationcirculation

EVALUATION PRIMAIREDU PATIENT

RéanimationCardioPulmonaire

+ oxygène(hémostase)(collier cervical)

SMUR

SECURITE

DIAGRAMME 2.2

Page 63: Manuel Belge Almbulanciers

2.8C h a p i t r e 2 L e s p r e m i è r e s m i n u t e s

La procédure ABC est systématique, ce qui veut dire que vous ne pour-rez entamer l’étape suivante que si la précédente a été couronnée desuccès. C’est une procédure où vous devrez traiter le patient tout enl’examinant. Ceci implique que vous n’observerez la respiration qu’aprèsavoir dégagé les voies respiratoires. Peu importe le point C, tant que lepoint A n’a pas été contrôlé et traité.

En aucun cas, on ne saurait s’écarter de la priorité absolue de l’ABC, aus-si spectaculaires que soient les blessures. Par exemple, dans le cas d’unblessé inconscient, il est dangereux de s’occuper d’abord de l’origined’une hémorragie (C) et ne pas s’assurer que les voies respiratoires sontlibres (A), car la victime risque d’étouffer et de faire un arrêt cardiaque.

Si la première évaluation de la situation et du patient montre une altéra-tion de l’état de conscience, de la respiration ou de la circulation, appe-lez immédiatement le SMUR.

Il faut toujours d’abord vérifier si le patient est conscient. Pour vous enassurer, adressez-lui la parole. Présentez-vous “Je suis l’ambulancier X etnous venons vous aider” et demandez ce qui s’est passé. Si le patientvous répond, vous savez qu’il est conscient, respire et qu’il a un pouls.Si le patient ne réagit pas à vos questions, tapez-lui sur l’épaule et adres-sez-lui de nouveau la parole. Si le patient ne réagit pas à vos questions,vous avez constaté que l’état de conscience du patient est diminué ouque celui-ci est inconscient.

Une victime inconsciente doit toujours être positionnée sur le dos. Cetteprocédure est nécessaire parce qu’il est très difficile de contrôler lesvoies respiratoires ou la respiration du patient lorsqu’il est couché sur leventre. Attention: un patient inconscient peut avoir subi une lésion de lanuque.

!

Conscience? Le patient réagit-il?

Page 64: Manuel Belge Almbulanciers

Il faut donc déplacer la victime d’une manière extrêmement prudentepour qu’une lésion de la moelle épinière ne soit pas aggravée. Dans cecas, vous employez toujours la technique “log-roll”. Cette technique sup-pose que vous tourniez la tête, la nuque et le torse en bloc. Cette procé-dure sera détaillée ultérieurement.

La respiration est une fonction vitale de la victime. Elle n’est possible quesi les voies respiratoires sont dégagées. Les techniques pour désobstruerles voies respiratoires sont détaillées dans le chapitre 3. Retenez déjàqu’en présence d’un patient inconscient avec suspicion de lésions cervi-cales, il faut toujours employer la technique de la protrusion de lamâchoire pour dégager les voies respiratoires.Lorsque le patient ne présente pas de douleur cervicale et ne présenteaucun signe d’une lésion cervicale, vous employez la technique de bas-cule de la tête de la victime en hyperextension pendant que le menton esttiré en avant. Les deux techniques sont complétées par une désobstruc-tion de la bouche avec les doigts.

La respiration est évaluée en regardant, en écoutant et en sentant.Regardez les mouvements de la cage thoracique (parfois les mouve-ments respiratoires sont plus visibles à hauteur de la paroi abdominale). Rapprochez ensuite votre oreille de la bouche et du nez du patient. Dela sorte, vous pourrez entendre le flux de l’air et si la respiration est dif-

B: La respiration artificielle est-elle nécessaire?

3.1

A: Les voies respiratoires sont-elles dégagées?

2.9C h a p i t r e 2 L e s p r e m i è r e s m i n u t e s

Page 65: Manuel Belge Almbulanciers

2.10C h a p i t r e 2 L e s p r e m i è r e s m i n u t e s

ficile. Vous pouvez aussi sentir avec la joue s’il y a un flux d’air.Si le patient ne respire pas ou très peu, commencez immédiatement larespiration artificielle. Parfois vous devrez administrer de l’oxygène. Ceci suppose des techniques spécifiques que nous décrirons dans lechapitre 3.

Après la recherche de la respiration (et après dégagement des voiesrespiratoires si nécessaire), vous contrôlez la fonction vitale qu’est lacirculation sanguine. En palpant le pouls vous aurez une première idée dela situation de la fonction cardiaque et circulatoire.Vous contrôlez le pouls au niveau de l’artère carotide. Pour cela vousemployez l’index et le médius. (N’employez pas le pouce car vous pouvezconfondre le pouls du patient avec le vôtre.)En vous agenouillant près de la tête du patient, vous pouvez procéder àtoutes les techniques ABC sans qu’il soit nécessaire de changer de posi-tion. Lorsque le pouls n’est pas palpable, il faut commencer immédiatement laréanimation et demander le SMUR. Les techniques de réanimation avecou sans matériel, et avec ou sans aide d’un assistant, seront détailléesdans le chapitre 3.

3.2

C: La circulation sanguine est-elle correcte?

3.1

Recherche de la respiration:• voir• entendre• sentir

Page 66: Manuel Belge Almbulanciers

En cas d’hémorragies externes avec abondante perte de sang, vousdevez comprimer la blessure. Des hémorragies peuvent – si elles ne sontpas arrêtées – entraîner un choc et menacer la vie du patient.

Chaque patient dont la conscience est diminuée, les voies respiratoiresobstruées, la respiration perturbée, la circulation insuffisante, est en dan-ger de mort! Cela est un état critique.La possibilité de pouvoir aider ces victimes par vos propres moyenspeut être faible. En cas de doute, il ne faut pas gaspiller de temps: il fautdemander au centre 100 une assistance médicale urgente: le SMUR.

Un exemple: vous êtes envoyé par le centre 100 suite à l’appeld’une dame qui a trouvé son mari inconscient. A l’arrivée, vousapprenez que cette dame l’a vu tomber et que, dans le passé, ilprenait déjà des médicaments pour des troubles cardiaques. Voustrouvez un adulte couché sur le ventre. Il ne réagit pas, ni lorsquevous lui adressez la parole, ni quand vous lui tapez sur l’épaule. Ilest donc inconscient. Il n’y a pas de signe de lésion grave trau-matique. Avec prudence vous le couchez sur le dos. Vous appréciezl’ABC. Les voies respiratoires semblent libres mais il n’y a pas detrace de respiration ni de pouls. Il s’agit clairement d’un arrêtrespiratoire et cardiaque. Entamez immédiatement la réanima-tion et demandez au centre 100 l’assistance du SMUR.

Dans cet exemple, il est clair pour tout le monde qu’il s’agit d’un patienten état critique. Parfois les signes d’un état critique seront plus subtils oumoins prononcés. Il vous faudra apprendre dans ce manuel et par votrepratique comment différencier les situations critiques de celles qui ne lesont pas.

Le patient est-il dans un état critique?

3.3

2.11C h a p i t r e 2 L e s p r e m i è r e s m i n u t e s

PATIENTCRITIQUE

NON CRITIQUE

évaluation primaire rapide

consciencevoies respiratoiresrespirationcirculation

EVALUATION PRIMAIREDU PATIENT

QUAND MEMECRITIQUE

RéanimationCardioPulmonaire

+ oxygène(hémostase)(collier cervical)

SMUR

SECURITEDIAGRAMME 2.3

Page 67: Manuel Belge Almbulanciers

2.12C h a p i t r e 2 L e s p r e m i è r e s m i n u t e s

Si la situation ne vous semble pas critique, il vous faudra recommencerl’évaluation primaire d’une manière plus détaillée.

2 . 2 . 2 L A R E V U E D É T A I L L É E D E L ’ É V A L U A T I O N P R I M A I R E

Vous commencez par un examen plus détaillé de l’évaluation de l’état deconscience et vous examinez la colonne vertébrale. En fait, vous évaluezle système nerveux et les fonctions vitales qui en dépendent.

Pour évaluer l’état de conscience d’une manière plus détaillée, on doitréaliser des stimulations bien définies. Pour cela on emploie la procédu-re EPADONO, ce qui veut dire: Eveil, PArole, DOuleur, NOn réactif.Quand le patient connaît son nom, sait ce qui se passe, connaît le jour dela semaine et où il se trouve, vous le considérez “en éveil”. Si la victimesemble inconsciente mais réagit cependant quand on lui adresse la paro-le, vous jugez que le patient réagit à la parole. Si ce n’est pas le cas, il sepeut que la victime réagisse à des stimuli douloureux (p.e. en comprimantl’ongle de l’index). Dans ce cas on considère la victime sensible à ladouleur. Si la victime ne réagit même pas à cette stimulation douloureu-se, on la considère comme non réactive. En cas d’accident, vous complétez le “score de Glasgow” qui sera détail-lé au chapitre 4.Par cette évaluation plus détaillée, vous reconnaissez quatre niveaux deconscience dont seulement l’état “éveillé” peut être considéré commenormal et non-critique. Si la victime ne réagit qu’à la parole, la douleur ou

4.5

Conscience et système nerveux

PATIENTCRITIQUE

NON CRITIQUE

évaluation primaire rapide

EVALUATION PRIMAIREDU PATIENT

QUAND MEMECRITIQUE

RéanimationCardioPulmonaire

+ oxygène(hémostase)(collier cervical)

SMUR

récapitulation détailléede la première évaluationEPADONO et GCSvoies respiratoiresrespirationcirculation

+ oxygène(hémostase)(collier cervical)

SECURITEDIAGRAMME 2.4

Page 68: Manuel Belge Almbulanciers

si elle est non-réactive, la situation peut comporter un danger de mort.Dans ces cas-là, la situation du patient doit être considérée comme criti-que.

Même une altération temporaire de l’état de conscience doit toujours êtrerapportée au médecin. Aussi longtemps que vous êtes responsable dupatient, il faut contrôler en permanence toute altération de l’état deconscience.

L’ambulancier doit toujours s’inquiéter de la possibilité de fractures ver-tébrales. Une fracture vertébrale est une situation critique parce que lavictime risque une paralysie irréversible.Souvent les patients, victimes de fractures vertébrales, se plaignent dedouleur au niveau du cou ou du dos. Les victimes inconscientes ne peu-vent pas exprimer cette plainte. C’est pourquoi l’on suppose que toutpatient présentant un état de conscience diminué peut souffrir d’unelésion vertébrale. Jusqu’à la preuve du contraire, cette supposition restede mise. Si les circonstances montrent un accident, et si la victime souf-fre de douleur à la nuque, il faudra toujours agir avec prudence.Dans ce cas, on applique un collier cervical lorsque l’ABC de l’évaluationprimaire a été complété. Chez les victimes d’un accident qui restent enéveil, mais qui se plaignent d’une douleur au dos, de sensations anor-males aux doigts ou aux orteils, ou de paralysies des bras ou des jambes,il faudra toujours penser à une fracture vertébrale. Les victimes d’accident, qui ont présenté une diminution de l’état deconscience temporaire, seront stabilisées par un collier cervical pendantla récapitulation plus détaillée de l’ABC, avant qu’elles ne soient dé-placées avec prudence. A cet effet, on emploie des moyens particuliers derelève comme par exemple une civière à palettes ou le matelas à dépres-sion.L’évaluation exacte de l’état du système nerveux et de l’état de cons-cience suivie des mesures qui s’imposent, seront redétaillées dans lechapitre 4 qui traite des lésions du cerveau et de la moelle épinière.

10.2

10.3

Attention aux fractures vertébrales

2.13C h a p i t r e 2 L e s p r e m i è r e s m i n u t e s

Page 69: Manuel Belge Almbulanciers

2.14C h a p i t r e 2 L e s p r e m i è r e s m i n u t e s

Quand on évalue la liberté des voies respiratoires, il faut en premier lieuécouter les sons qui sortent du nez et de la bouche du patient. Normale-ment, la respiration est un processus rythmique plutôt silencieux (voirultérieurement). Si les voies respiratoires sont obstruées, vous entendrezun bruit de sifflement, de gargarisme ou de ronflement. Ceci indique unrisque vital pour le patient. En cas d’obstruction complète des voies respiratoires, vous n’entendrezrien. Ceci est une situation critique qui ne vous permet pas de continuerune récapitulation détaillée de l’évaluation primaire. Vous entamerezimmédiatement la réanimation avec les mesures qui s’imposent pourdégager les voies respiratoires. Vous demandez immédiatement uneintervention du SMUR au centre 100.

Si la récapitulation détaillée de l’évaluation primaire du patient nedémontre pas une situation critique, vous allez contrôler comment lepatient respire. Un adulte normal respire avec une fréquence de 12 à 20 fois par minute.Le nombre de mouvements respiratoires par minute s’appelle la fré-quence respiratoire. Pour déterminer cette fréquence, vous observezpendant une demi-minute le nombre de mouvements ascendants de lacage thoracique ou du ventre et vous multipliez ce nombre par deux. Unerespiration normale est composée de mouvements inspiratoires et expi-ratoires qui se succèdent régulièrement. On peut discerner un rythmerespiratoire régulier ou irrégulier. Il faut aussi contrôler les caracté-ristiques respiratoires: une respiration peut être superficielle ou pro-fonde, une respiration peut être difficile ou calme. Normalement, un êtrehumain respire sans effort et sans s’en apercevoir. Les caractéristiques decertains types de respiration, leurs fréquences, leurs rythmes sontrésumés dans le tableau 2.1.

C O M M E N T L E P A T I E N T L ’ É T A T D U E X E M P L E

R E S P I R E - T - I L ? P A T I E N T E S T

Fréquence 12-20/min. normal

inférieur à 12/min. critique intoxication avec coma par l’alcool ou des médicaments

plus de 20/min. critique asthmeinsuffisance cardiaque

Rythme régulier normal

irrégulier critique coma par hémorragie cérébrale

Caractéristiques sans effort normal

profondément critique insuffisance cardiaque

superficiellement critique asthmeproblème cardiaque

3.1

Les voies respiratoires et la respiration (A-B)

TABLEAU 2.1

Page 70: Manuel Belge Almbulanciers

Si, à ce stade, la récapitulation plus détaillée de l’évaluation primaire n’apas montré une situation critique de la conscience, des voies respiratoi-res ou de la respiration, vous pouvez contrôler d’une manière plus fine lacirculation sanguine (C). S’il s’agit d’une victime critique, vous palpezd’abord l’artère carotide. Si la victime n’est pas dans un état critique, vouspouvez contrôler le pouls au niveau du poignet. A cet effet, vousemployez l’index et le médius.

Vous évaluez la fréquence, la régularité et la force du pouls. Normale-ment, la fréquence du pouls se situe entre 60 et 80 pulsations parminute. On peut calculer la fréquence du pouls de la manière suivante: oncompte le nombre de pulsations pendant 15 secondes et on multiplie cenombre par 4. Le résultat vous donne le nombre de pulsations par minu-te. Si la fréquence du pouls est lente on parle d’une “bradycardie” (bradyest le terme grec pour lent). Si la fréquence du pouls est élevée on parled’une “tachycardie” (tachy est le terme grec pour rapide).

Normalement le pouls est régulier, c’est-à-dire qu’il y a un intervalle fixeentre deux pulsations consécutives et donc un rythme régulier. Si cen’est pas le cas, on parle d’un pouls irrégulier ou d’une arythmie. Cetteanomalie peut être associée aussi bien à un rythme lent qu’à un rythmerapide.

Une autre caractéristique du pouls est le “volume”, c’est-à-dire la forcede frappe. Normalement, le volume des pulsations est ressenti comme“bon”. En cas d’hémorragie abondante ou d’insuffisance cardiaque lepouls sera ressenti comme “faible”. Par contre, en cas d’ efforts impor-tants, le cœur bat plus fort. Par conséquent, les pulsations entraîneront unpouls plus vigoureux. Dans le tableau 2.2, ces différentes caractéristiquessont résumées.

C A R A C T E R I S T I Q U E S E T A T E X E M P L E S

D U P O U L S D U P A T I E N T

Fréquence 60-8O/min. normal

moins de 60/min. normal sportif au reposcritique problème cardiaque

hémorragie cérébrale

plus de 80/min. normal effortcritique fièvre

hémorragiemanque d’oxygène

problème cardiaque

Rythme régulier normalirrégulier critique problème cardiaque

Force bonne normalfaible critique problème cardiaque

hémorragie

La circulation (C)

2.15C h a p i t r e 2 L e s p r e m i è r e s m i n u t e s

TABLEAU 2.2

Page 71: Manuel Belge Almbulanciers

2.16C h a p i t r e 2 L e s p r e m i è r e s m i n u t e s

Une récapitulation plus détaillée de l’évaluation primaire vous permet dedétecter si la situation du patient est malgré tout critique. Si vous trouvezdes indications dans ce sens, il ne faut pas entamer l’évaluation ultérieu-re et deux réactions immédiates s’imposent: prendre les mesures poursoutenir les fonctions vitales et informer le centre 100 pour demander uneintervention du SMUR.

Page 72: Manuel Belge Almbulanciers

2.3 Evaluation secondaire du patient

Si après la récapitulation détaillée de la première évaluation vous estimezque le patient ne se trouve pas en danger de mort, vous pouvez procéderà l’évaluation secondaire. Pendant cette évaluation, vous cherchez deslésions ou des symptômes qui potentiellement peuvent menacer la vie.L’exemple suivant va le démontrer clairement.

Le centre 100 vous envoie vers quelqu’un qui est enseveli sous un toiteffondré sur un chantier. Pendant le trajet, vous prenez des précautionspour votre propre sécurité (casque). Vous arrivez sur le chantier et annon-cez au centre 100 que vous êtes sur place. Les travailleurs vous assurentque le chantier est sûr et vous déclarent que la poutre effondrée a touchéun de leurs collègues. Vous arrivez près du blessé et dites: “Je suisl’ambulancier X et je viens vous aider. Que s’est-il passé?” La victimerépond: “Une poutre m’est tombée sur la jambe, je crois que ma jambeest cassée.” Votre première évaluation vous permet de constater quela victime est consciente, présente des voies respiratoires libres, respireet présente une circulation. A première vue, le patient ne se trouve pas ensituation critique.Par conséquent, vous avez le temps d’exécuter une récapitulationdétaillée de la première évaluation. Il connaît son nom, sait quelleheure il est et où il se trouve. Il est “éveillé”. Il n’a pas perdu connais-sance. Il dit qu’il ne souffre pas de la nuque et qu’il n’a pas de paresthé-sies dans les doigts ou les orteils. Il parle normalement et donc les voiesrespiratoires sont libres. Vous contrôlez la respiration et constatez que lafréquence est élevée: 20 fois par minute avec un rythme régulier. Sonpouls, mesuré à la hauteur du poignet, est vigoureux avec un rythme de80 par minute. Cette récapitulation détaillée de la première évaluation vous a permis deconclure que la situation n’est pas critique. Maintenant vous avez le temps d’exécuter une évaluation secondaire.Vous demandez au patient où se situe la douleur. Le patient répond quec’est surtout à la jambe. Vous remarquez qu’en effet, elle a un aspectanormal. Vous demandez s’il ressent d’autres douleurs à d’autres places. Si, par exemple, il se plaignait aussi de douleur au ventre, ceci pourraitindiquer qu’il souffre d’une hémorragie interne suite à l’impact de lapoutre effondrée. Cela peut aussi, par exemple, indiquer une lésion de larate et cette situation peut se détériorer très vite pendant le transport versl’hôpital.

L’évaluation secondaire sert donc à:1. Chercher des lésions sérieuses qui peuvent s’aggraver pendant le

transport vers l’hôpital. 2. Chercher des lésions qui ne menacent pas immédiatement la vie

mais qui cependant doivent être traitées avant le transport.

2.17C h a p i t r e 2 L e s p r e m i è r e s m i n u t e s

Page 73: Manuel Belge Almbulanciers

2.18C h a p i t r e 2 L e s p r e m i è r e s m i n u t e s

L’évaluation secondaire consiste à (1) évaluer l’état général du patient, (2) interroger le patient ou les premiers témoins, et (3) réaliser uneinspection plus détaillée du corps du patient.

Si, pendant l’évaluation secondaire, vous constatez une situation quimenace la vie du patient, l’évaluation secondaire est interrompue etvous suivez à nouveau la procédure de la première évaluation: voussoutenez les fonctions vitales et vous prévenez le centre 100 en deman-dant une intervention du SMUR.

1. Etat général

Vous pouvez apprendre beaucoup de la position du patient. L’ambulan-cier inexpérimenté ne pourra pas facilement tout observer en mêmetemps. Vous constaterez cependant qu’avec une expérience accrue, vousserez de plus en plus capable d’évaluer rapidement les situations de dé-tresse. Dans ce manuel, puis dans la pratique, vous serez confronté àbeaucoup de situations de détresse qui vous deviendront routinières.Nous nous limitons ici à quelques exemples.

Un patient avec un visage défiguré de douleur, dont l’épaule pend et quin’ose pas bouger, peut souffrir d’une luxation de l’épaule. Un patient qui est assis dans le lit, qui a peur, et qui respire vite etbruyamment, peut souffrir d’une insuffisance cardiaque.Un patient qui n’ose pas bouger dans le lit, qui a un aspect très atteint, etqui n’ose pas faire de mouvements parce que cela lui cause des douleursabdominales, peut souffrir d’une inflammation du péritoine ...

PATIENTCRITIQUE

EVALUATION PRIMAIREDU PATIENT

RéanimationCardioPulmonaire

+ oxigène± hémostase± collier

SMUR

EVALUATION SECONDAIREDU PATIENT

examen selon les plainteslésions occultes

soins d’autres lésions

NON CRITIQUE

NON CRITIQUE

QUAND MEMECRITIQUE

PATIENTCRITIQUE

RéanimationCardioPulmonaire

+ oxygène(hémostase)(collier cervical)

DIAGRAMME 2.5

Page 74: Manuel Belge Almbulanciers

En cas d’accident de voiture, la position de la victime est très importan-te parce qu’elle peut vous indiquer le mécanisme de l’accident et leslésions à prévoir. La victime est-elle coincée, portait-elle une ceinture desécurité, quelle était la place de départ de la voiture? Le pare-brise est-ilfêlé et est-il taché du sang de la tête du patient? La victime a-t-elle été éjectée de la voiture et à quelle distance? Le motocycliste portait-il soncasque et ses vêtements de protection? Les mécanismes des accidentsseront détaillés dans l’introduction du chapitre 4.

2. Interrogation du patient

Vous ne pouvez commencer l’interrogation qu’après avoir terminé com-plètement la première évaluation. Il est évident que parfois le patient ne peut pas répondre à vos questions.Ceci dépend surtout de l’état de conscience. Si le patient ne peut pasrépondre à vos questions lui-même, vous consulterez les membres de lafamille ou les témoins. En tout cas, quelqu’un de l’équipe des intervenantsdoit toujours rester près du patient et l’observer. De préférence, vousinterrogez le patient vous-même. Le contact avec un ambulancier calmesouvent le patient.

Une interrogation médicale exige beaucoup d’expérience. Vous appren-drez à ne pas suggérer les réponses. N’influencez pas le patient mais lais-sez-lui la parole pour vous raconter ce qui s’est passé. Attention, ce n’estpas le moment non plus de perdre trop de temps.

Commencez toujours par vous présenter vous-même (Bonjour, mon-sieur/madame, je suis l’ambulancier X. Que s’est-il passé?).Demandez quelle est la plainte principale. C’est le problème qui amotivé le patient ou les premiers témoins à demander de l’aide. Dans laplupart des cas il sera clair, mais il est conseillé de déterminer la plainteprincipale en demandant au patient de quoi il se plaint le plus. En cas d’accident, une plaie à la tête peut être impressionnante, maiscependant il est plus important de savoir que le patient se plaint d’unedouleur de la nuque, ce qui indique la possibilité d’une lésion cervicale.Une interrogation approfondie peut vous donner des informations addi-tionnelles. Par exemple, quand il s’agit d’une douleur thoracique:• la localisation de la douleur (derrière le sternum),• la nature de la douleur (des crampes, des picotements, une oppres-

sion),• l’évolution (quand la douleur a-t-elle commencé?),• comment et dans quelles circonstances la plainte principale est-elle

apparue? (une douleur thoracique après un repas consistant ou après unaccident indique des problèmes différents).

Comment procéder?

Remarque préliminaire:

4.1

2.19C h a p i t r e 2 L e s p r e m i è r e s m i n u t e s

Page 75: Manuel Belge Almbulanciers

2.20C h a p i t r e 2 L e s p r e m i è r e s m i n u t e s

Après ces questions, vous connaissez quelle est la plainte principale, oùelle se situe, quand et comment elle a débuté. En cas d’accident de voi-ture, il est important de rechercher les circonstances de l’accident et dementionner cette information dans le rapport qui sera remis au médecin.Ne perdez pas de temps. Avec de l’expérience, vous collecterez l’infor-mation pendant que vous prenez les mesures qui s’imposent.

Après avoir posé des questions à propos de la plainte principale, vouspouvez récolter des informations additionnelles qui serviront au traite-ment ultérieur du patient. Il faut d’abord vous informer de la prise demédicaments. Demandez quels médicaments le patient a l’habitude deprendre. Si nécessaire, apportez-les à l’hôpital. Vous demanderez si le patient souffre de maladie importante comme parexemple: diabète, maladie du cœur ou respiratoire. Il ne faut pas toujoursdétailler votre interrogatoire. La plupart du temps, un patient sait qu’ilsouffre d’asthme (ce qui est important à savoir), qu’il a été opéré d’unehernie il y a quatre ans n’a pas beaucoup d’importance en soi.Il est aussi important de demander si le patient est allergique (à certainsmédicaments, aliments, ou insectes). C’est aussi une information essen-tielle pour le médecin. Quelles pathologies? Quels traitements? Quellesallergies?

Quelles maladies, quels traitements, quelles allergies?

3. Examen du patient

Un ambulancier n’est pas autorisé à réaliser un examen “médical” dupatient. Cependant, il doit essayer d’une manière pleine de tact d’avoir unaperçu aussi complet que possible des problèmes du patient. L’ambu-lancier est souvent le premier et le seul secouriste sur place qui peut col-lecter l’information. Votre rapport sur l’état du patient et les circonstan-ces de l’urgence seront très utiles pour le médecin du SMUR ou le méde-cin à l’hôpital. Celui-ci attend de vous un rapport dans lequel vousdécrivez la situation des fonctions vitales, les signes et les symptômes.

Les signes sont les éléments que vous pouvez voir, entendre, sentir.Les symptômes sont composés de plaintes du patient. Vous avez ras-semblé la majorité de cette information pendant l’interview.

Procédez d’une manière systématique pendant l’observation, point parpoint, de la tête jusqu’aux pieds. Employez tous vos sens: • Observez les lésions, les colorations anormales, les positions anormales

d’un membre ou les mouvements inhabituels.• Ecoutez les bruits de la respiration ou de membres fracturés.• Observez des déformations, des zones inhabituellement dures ou mol-

les, des points douloureux, et la température de la peau.• Sentez des odeurs inhabituelles du corps, de la respiration ou des vête-

ments, comme par exemple l’odeur d’alcool ou de substances chimiques.

Page 76: Manuel Belge Almbulanciers

Nous nous limiterons à quelques exemples de questions que vous posezpendant l’évaluation secondaire. L’importance de ces éléments et lesconclusions que vous pouvez en tirer seront détaillées dans le chapitresuivant.

Le visage est-il pâle, cyanosé? La peau est-elle humide? Déterminez si lepatient a chaud ou froid, employez le dos de votre main que vous posezsur le front du patient. La peau est-elle sèche, humide ou moite? Lachair de poule est souvent un symptôme de refroidissement.

Contrôlez la présence de pertes de sang ou de liquide cérébro-rachidienvenant du nez ou de la bouche. Observez les pupilles. Dans les circons-tances normales, les deux pupilles ont un contour régulier à diamètreidentique. Voyez-vous des blessures? La victime fait-t-elle une grimace?

Comment sonne la voix du patient? Est-elle rauque? Le patient souffre-t-il de douleur aux muscles du cou? Soyez attentif auxéventuelles fractures des vertèbres cervicales.Le patient emploie-t-il les muscles du cou pour respirer?

Y a-t-il des signes de fracture de la clavicule, du bras ou de l’avant-bras?Les mouvements des mains et des doigts sont-ils possibles?

La cage thoracique présente-t-elle des mouvements irréguliers ouasymétriques lors de la respiration?Le patient se plaint-il de douleurs à la cage thoracique?

Le ventre est-il gonflé? Le patient se plaint-il de douleurs abdominales?

Le patient se plaint-il de douleurs à la hauteur du dos?

Le patient souffre-t-il de douleurs aux hanches, au bassin ou au pubis?

Voyez-vous des signes de fractures, luxations ou blessures?

De cette manière vous obtiendrez très vite une impression générale de lasituation du patient.

Les jambes, les genoux, les chevilles et les pieds

Le bassin

Le dos

L’abdomen

La cage thoracique

Les épaules, les bras et mains

Le cou

La tête

La peau

2.21C h a p i t r e 2 L e s p r e m i è r e s m i n u t e s

Page 77: Manuel Belge Almbulanciers

2.22C h a p i t r e 2 L e s p r e m i è r e s m i n u t e s

2.4 Transpor t vers l’hôpital

Après avoir prodigué les premiers soins qui sont détaillés dans le chapitre4, vous transférez le patient dans l’ambulance avec les précautions quis’imposent (voir chap. 10). N’oubliez pas la prudence que nécessite letransport d’un patient souffrant d’une lésion des vertèbres cervicales oudorsales (voir chap. 4).Avertissez le centre 100 que vous partez avec le patient, en mentionnantvotre destination. Lorsque vous partez avec l’ambulance vers l’hôpital,cela veut dire que vous n’avez pas appelé le SMUR et que le patient necourt pas un risque vital. Le transport sûr et calme vers l’hôpital est plusimportant qu’un gain de temps de quelques minutes par une courseeffrénée. Le transport doit se faire en toute sécurité et ne peut pas aggra-ver la situation.Le convoyeur doit rester près du patient.

Vous observez le patient pendant le trajet. Recommencez l’éva-luation des fonctions vitales. Si la situation du patient se détériore, com-mencez immédiatement les mesures qui s’imposent et demandez leSMUR.

Lorsque vous arrivez à l’hôpital, vous en avertissez le centre 100. A l’hôpital, transmettez toutes les informations importantes à l’infirmierou au médecin (le chapitre 12 aura pour objet les relations entre lesambulanciers et les équipes médicales).Avant de repartir et de vous rendre disponible, vous nettoyez et rangez lematériel et l’ambulance. Il faut toujours être rapidement prêt pour l’appelsuivant.

TRANSPORTSERVICE DESURGENCES 100

EVALUATION SECONDAIREDU PATIENT

NON CRITIQUE

NON CRITIQUE

QUAND MEMECRITIQUE

DIAGRAMME 2.6

Page 78: Manuel Belge Almbulanciers

1 LE C O R P S H U M A I N

2 LE S P R E M I È R E S M I N U T E S

3 LE S A F F E C T I O N S À R I S Q U E V I TA L

4 LE PAT I E N T T R AU M AT I S É

5 MA L A D I E S E T I N TOX I C AT I O N S

6 GR O S S E S S E E T AC C O U C H E M E N T I N O P I N É

7 L’E N FA N T E N D É T R E S S E

8 UR G E N C E S P R OV O Q U É E S PA R AG E N T S P H YS I Q U E S

9 UR G E N C E S P S YC H I AT R I Q U E S

10 LE T R A N S P O R T D U PAT I E N T

11 LE S C ATA S T R O P H E S

12 OR G A N I S AT I O N D E L’A I D E M É D I C A L E U R G E N T E

13 TE C H N I Q U E S

14 SU P P L É M E N T S

15 VO C A B U L A I R E

Page 79: Manuel Belge Almbulanciers

CONTENU

3.1 Quand la respiration est insuffisante

3.2 Quand le cœur s’arrête

3.3 Le choc

3.4 Les hémorragies

3LES

AFFECTIONS À RISQUE VITAL

Page 80: Manuel Belge Almbulanciers

Les affections à risque vital

Certaines affections peuvent entraîner rapidement la mort: lorsqu’unpatient s’arrête de respirer, lorsque la respiration et le cœur s’arrêtent,lorsque le patient perd beaucoup de sang, ou lorsque le patient se trouveen état de choc.L’ambulancier est généralement le premier professionnel de la santé quiarrive sur les lieux d’une détresse vitale. La mission de l’ambulancier estde reconnaître cet état de menace vitale et de maintenir le patient en viejusqu’à l’arrivée du SMUR..On appelle “réanimation élémentaire” ou “réanimation de base”,l’ensemble des techniques et des manœuvres qui permettent de mainte-nir les fonctions vitales du patient. Ce chapitre décrit de manière détail-lée les techniques qui ont été esquissées dans “les premières minutes”. Ildécrit les affections diverses qui interfèrent avec la fourniture de l’oxygèneà l’organisme et qui mettent la vie du patient en danger.

1 Q U A N D L A R E S P I R A T I O N E S T D É F I C I E N T E

La respiration est déficiente lorsqu’elle est absente ou trop faible pourfournir une quantité suffisante d’oxygène à l’organisme (et surtout au cer-veau). Dès que la respiration s’arrête de manière prolongée, le cœur finitpar s’arrêter également. A ce moment, le transport de l’oxygène estinterrompu et l’apparition de lésions irréversibles est inévitable sauf si uneréanimation efficace est réalisée.En premier lieu, nous décrirons comment reconnaître un arrêt respiratoireet comment y remédier. Ensuite, nous expliquerons comment recon-naître une obstruction des voies respiratoires et comment y remédier.Finalement, nous envisagerons les différents appareils et systèmes quenous pouvons utiliser pour soutenir la respiration ou pour administrer del’oxygène.

2 Q U A N D L E C Œ U R S ’ A R R Ê T E

Lorsque le cœur s’arrête, la respiration s’arrête également et plus aucuntransport d’oxygène n’est réalisé dans le corps. Quelques minutes demanque d’oxygène peuvent avoir des conséquences irrémédiables etsouvent fatales.Nous décrivons ici toutes les techniques que les ambulanciers peuventutiliser, seul ou à deux, pour réanimer un patient.

3.2L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

Page 81: Manuel Belge Almbulanciers

3 LE CHOC

Chez le patient en choc, la circulation est insuffisante, avec, commeconséquence, un apport insuffisant en oxygène dans le corps. Cette situa-tion peut s’aggraver rapidement et entraîner un arrêt du cœur ou de larespiration.Comme ambulancier vous devez apprendre à reconnaître un état dechoc et les mesures à prendre pour y remédier.

4 L E S H É M O R R A G I E S

Lors d’une perte de sang importante, la circulation sanguine peut égale-ment être insuffisante et mettre en péril le transport de l’oxygène dansl’organisme. Cette situation peut s’aggraver rapidement et entraîner unarrêt du cœur et/ou de la respiration.Vous devez apprendre à évaluer une perte de sang et à utiliser les tech-niques pour arrêter les saignements.

3.3L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

Page 82: Manuel Belge Almbulanciers

3.1 Quand la respiration est déficiente

I M P O R T A N C E D E L A R E S P I R A T I O N

Un homme peut rester sans manger pendant de nombreux jours, resterquelques jours sans boire, mais il ne survit pas à dix minutes de manqued’oxygène. Sans l’oxygène que nous respirons en permanence et qui esttransporté continuellement dans tout le corps, il nous est impossible devivre. Le cerveau et les autres organes subissent très rapidement desdommages irréparables lorsqu’ils ne reçoivent plus leur approvisionne-ment en oxygène. La mort survient en moyenne après 10 minutes.

Le fonctionnement de la respiration est expliqué dans le chapitre 1. Il estimportant de bien connaître le fonctionnement de la respiration avantd’étudier les affections vitales qui peuvent la perturber.

La respiration peut être altérée par de nombreuses affections, maladies oublessures. Le tableau 3.1. donne un aperçu de ces diverses affections. Cesaffections seront traitées de manière détaillée dans la suite de ce manuel.Il est intéressant de se rendre compte du nombre important d’affectionsdifférentes qui peuvent provoquer des problèmes respiratoires graves.

Sans entrer dans le détail de l’origine des problèmes respiratoires nousfaisons la distinction – en vue de manœuvres immédiates de réanimation –entre les situations d’urgence vitale dans lesquelles:A. la respiration est défaillanteB. les voies respiratoires sont obstruées.

1.2

3.4L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

Page 83: Manuel Belge Almbulanciers

1 . O B S T R U C T I O N D E S V O I E S R E S P I R A T O I R E S

• Chute de la langue vers l’arrière chez une victime inconsciente• Corps étranger (morceau de nourriture, prothèse dentaire

vomissements, sang, liquides)• Gonflement suite à une lésion du larynx (coup ou étranglement)• Gonflement suite à une inflammation de la gorge ou du larynx• Gonflement suite à une réaction d’hypersensibilité (allergie)• Tumeur de la gorge ou de la trachée

2 . D É R È G L E M E N T D E L A F O N C T I O N D E S O U F F L E T D E L A C A G E T H O R A C I Q U E

• Fracture de plusieurs côtes (“volet thoracique”)• Déchirure du diaphragme• Lésion de la plèvre, laissant passer de l’air et/ou du sang dans

la cavité thoracique ou pleurale• Lésion des muscles respiratoires (par infection, choc électrique

ou substances médicamenteuses)

3 . C O M M A N D E I N S U F F I S A N T E D E L A F O N C T I O N D E S O U F F L E T D E L A C A G E T H O R A C I Q U E P A R L E S Y S T È M E N E R V E U X

• Intoxication (par ex. par l’héroïne) entraînant une dépression du centre respiratoire du système nerveux central

• Lésion du centre respiratoire du système nerveux central (par accident, hémorragie,...)

4 . A F F E C T I O N D E S P O U M O N S

• Obstruction des voies respiratoires et des alvéoles pulmonaires(asthme, infection, allergie)

• Affection des alvéoles pulmonaires (accumulation de liquide dans les poumons lors d’une insuffisance cardiaque, pneumonie avecformation de pus, ...)

5 . Q U A L I T É D E L ’ A I R I N S P I R É

• Manque d’oxygène• Gaz toxiques dans l’air ambiant

3.5L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

TABLEAU 3.1

Page 84: Manuel Belge Almbulanciers

A . Q U E F A I R E L O R S D ’ U N E D É F A I L L A N C ER E S P I R A T O I R E ?

Une défaillance respiratoire (insuffisance respiratoire) est un arrêt de larespiration normale ou une diminution de la respiration empêchantl’apport adéquat d’oxygène aux différents organes.

Comment reconnaître un patient atteint d’une défaillancerespiratoire?

Regardez, écoutez et sentez pour reconnaître les problèmes respiratoires.

Les personnes atteintes d’une défaillance respiratoire montrent généra-lement des signes manifestes d’angoisse, de panique et d’excitation. Cessignes sont tellement parlants qu’ils se remarquent immédiatement.Lorsque le problème respiratoire est très sérieux, le patient perd géné-ralement connaissance.Les patients qui présentent un problème respiratoire effectuent, demanière évidente, de grands efforts de respiration; cela se voit à la tensiondes muscles du cou et aux grands mouvements du thorax et de l’abdo-men.Par contre, certains patients en détresse respiratoire bougent à peineet/ou très irrégulièrement leur thorax.Parfois le thorax ne bouge plus et le patient respire “avec le ventre”.Lors d’un arrêt respiratoire, on ne constate plus aucun mouvement.Dans certains cas, on constate un mouvement “paradoxal” (mouvementvers l’intérieur à l’inspiration et vers l’extérieur lors de l’expiration, ce quiest le contraire de ce qui se passe normalement).Le patient happe l’air, comme un poisson hors de l’eau.La fréquence des respirations peut être plus élevée ou plus basse que nor-malement. Cela peut nous apprendre beaucoup.Lorsque l’inspiration dure plus longtemps que normalement, nous som-mes généralement en présence d’une obstruction des voies respiratoiressupérieures; au contraire, une expiration prolongée indique une obstruc-tion des voies respiratoires inférieures.Le patient est souvent incapable de parler ou ne peut articuler que quel-ques mots.La peau, les lèvres, la langue, les lobes des oreilles et le lit unguéal sontsouvent bleus ou gris. Nous appelons cela “cyanose”, littéralement“bleuissement”, car le sang contient moins d’oxygène, perd sa couleurrouge et devient bleu.

Des bruits inhabituels surviennent au cours de la respiration: des siffle-ments, des gargouillements ou des ronflements.

Vous ne sentez aucun flux d’air ou une diminution du flux sortant de labouche ou du nez.

Sentez:

Ecoutez:

Regardez:

3.6L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

Page 85: Manuel Belge Almbulanciers

Que vous apprend la fréquence respiratoire?

La fréquence respiratoire peut être déterminée facilement et nous ren-seigne beaucoup sur la qualité de la respiration. La fréquence respiratoireest variable selon les âges. Chez le nouveau-né elle se situe entre 30 et40 par minute, chez l’enfant entre 20 et 30 par minute, tandis que chezl’adulte la fréquence est située entre 12 et 15 par minute. Après uneffort physique important, la fréquence augmentera tandis qu’elle dimi-nuera au repos.

Dans la majorité des problèmes respiratoires, vous constaterez généra-lement une augmentation de la fréquence respiratoire. On parle alors de“tachypnée” (littéralement:” respiration rapide”). Dans certains cas, ellesera diminuée à des valeurs de 5 à 6 par minute et on parlera alors de“bradypnée” (littéralement “respiration lente”).

Un patient dont la respiration s’accélère sans raison évidente (comme lapeur ou l’effort) souffre d’insuffisance respiratoire et compense celle-ci enaccélérant son rythme respiratoire. Les cas de respiration ralentie sont, engénéral, des intoxications par des drogues (morphine ou héroïne parexemple) ou une atteinte du centre respiratoire du cerveau. Un ralentis-sement de la respiration peut également survenir après un épisode derespiration rapide, à la suite de l’épuisement du patient dyspnéique.

Toute modification de la fréquence respiratoire doit être signalée aumédecin du SMUR ou au médecin qui prend le patient en charge. Cesdonnées doivent être consignées dans le rapport de l’intervention.Comme ambulancier, vous êtes à ce moment le seul “professionnel”capable d’observer ces modifications de la respiration.

Que faire lors d’une défaillance respiratoire?

Les difficultés respiratoires peuvent entraîner de multiples situations gra-ves ou des menaces vitales immédiates. Votre action d’ambulancierdépendra en premier lieu de l’état de conscience du patient.

Si le patient est conscient et continue – même avec difficulté – à respi-rer, il doit être mis en position assise ou semi-assise. L’administrationd’oxygène qui sera détaillée dans la suite de ce chapitre, est particuliè-rement importante. La manière d’agir sera fonction du type d’affection etsera expliquée dans les chapitres suivants. Il faut toujours avoir présenteà l’esprit la possibilité de lésions des vertèbres cervicales et agir enconséquence.

Si le patient est inconscient et présente des signes d’arrêt respiratoire oude défaillance respiratoire très grave, il faut y suppléer ou soutenir immé-diatement la respiration défaillante. Les procédures décrites brièvement

3.7L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

Page 86: Manuel Belge Almbulanciers

et schématiquement dans le chapitre 2 sont à mettre immédiatement enœuvre:

(1) contrôle de l’état de conscience et mise en position adéquate dupatient;

(2) mise en route de la procédure ABC en libérant les voies respiratoireset

(3) ventilation si nécessaire.

Les pages suivantes décrivent en détail le A et le B, et détaillent lesmoyens techniques qui peuvent être utilisés pour améliorer la respiration.

1. POSITION DU PATIENT

Un patient inconscient ou peu réactif, chez qui l’examen primaire a misen évidence une défaillance respiratoire, doit être placé en position dor-sale (cfr. fig. 3.1) en utilisant des techniques adéquates.Avant toute chose, l’absence de lésions des vertèbres cervicales ou dor-sales doit être vérifiée.

Pensez à la probabilité de lésions vertébrales chez un patientinconscient ou à conscience altérée• Selon les circonstances de l’accident, comme une chute d’un lieu élevé,

la position de la victime en bas d’un escalier, la découverte d’un patientdyspnéique après un accident de roulage, ...

• En fonction de la découverte de lésions externes manifestes de la tête,du cou ou de la nuque.

Dans tous les cas où le patient est inconscient ou obnubilé, il faut placerune minerve (collier cervical). Celle-ci doit être placée en employantune technique correcte pour éviter d’aggraver les lésions déjà présentes.Si vous êtes le seul ambulancier sur place, une technique spéciale estnécessaire et sera appliquée avec une prudence extrême. Ceci seradétaillé par la suite.

!

3.8L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

Page 87: Manuel Belge Almbulanciers

2. DÉGAGEZ LES VOIES RESPIRATOIRES

Les voies respiratoires doivent être dégagées chez tous les patientsinconscients ou en arrêt respiratoire. L’arrêt respiratoire est souvent,simplement, la conséquence de la position de la langue. En effet, chezl’inconscient qui a perdu ses réflexes, la langue tombe en arrière dans lepharynx sous l’effet de la gravité. La masse du pharynx et le poids de lalangue suffisent à bloquer les voies respiratoires (cfr. fig. 3.2).Le dégagement rapide des voies respiratoires peut suffire à corrigerl’arrêt respiratoire. Si la libération des voies respiratoires est retardée, larespiration ne pourra plus se rétablir spontanément. De toute façon, laperméabilité des voies respiratoires est de la plus grande importance pourassurer une respiration artificielle efficace.

3.9L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG 3.1.

COMMENT PLACER LE PATIENT

EN DÉCUBITUS DORSAL.

1. Positionnez le bras du patient quiest le plus proche de vous vers lehaut.

2. Saisissez la nuque et l’aisselle ducôté opposé.

3. Tournez le patient prudemment“en bloc”

4. Replacez le bras le long du corps.

Page 88: Manuel Belge Almbulanciers

Trois techniques simples peuvent être utilisées pour libérer les voiesrespiratoires: la bascule de la tête vers l’arrière, la bascule de la têteavec la traction sur le menton et la propulsion (protrusion) de la mâchoireinférieure.

Placez la tête dans l’axe du corps.Agenouillez-vous à côté du patient et posez une main sur le front dupatient.Poussez avec la paume de cette main sur le front et basculez ainsi la têtevers l’arrière.Cette technique est également appelée “hyperextension” et en anglais“head-tilt”.

Cette technique ne peut jamais être utilisée s’il existe la moindreindication de lésion de la colonne cervicale.

!

Bascule de la tête

3.10L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG. 3.2.

OBSTRUCTION DES VOIES

RESPIRATOIRES CHEZ

LE PATIENT INCONSCIENT.

Le poids de la langue, de lamâchoire et des muscles du plancherde la bouche obstrue les voiesrespiratoires chez le patientinconscient.

FIG. 3.3.

BASCULE DE LA TÊTE

(HEAD-TILT)

En poussant sur le front du patient, la tête s’inclinelégèrement vers l’arrière.

Page 89: Manuel Belge Almbulanciers

C’est la meilleure technique de libération des voies respiratoires. Chez unadulte, mettez la tête dans l’axe du corps. Agenouillez-vous à côté dupatient et posez une main sur le front du patient. Basculez la tête légère-ment en arrière par une légère poussée sur le front. Prenez le menton dupatient entre le pouce et l’index de l’autre main puis poussez la mâchoireinférieure du patient vers le haut et amenez les dents inférieures en avantdes dents supérieures. Exercez la pression uniquement sur la mâchoireinférieure, sans appuyer sur la peau ou les parties molles pour ne pasobstruer les voies respiratoires.Veillez à ne pas fermer la bouche en réalisant cette poussée vers le haut.Si nécessaire abaissez la lèvre inférieure avec votre pouce.Cette technique n’est indiquée que chez l’adulte. En anglais, cette tech-nique est appelée “head-tilt, chin-lift”. Chez l’enfant, une technique spé-cifique doit être utilisée (cfr. infra).

Cette technique ne peut jamais être utilisée s’il existe le moindresigne de lésion de la colonne cervicale.

Cette technique est la seule utilisable pour dégager les voies respiratoiresen présence d’une suspicion de lésion du crâne, du cou ou de la nuque.Le but de cette technique est la libération des voies respiratoires en pro-pulsant seulement le maxillaire inférieur (la langue y est fixée) vers l’avantsans mobiliser la tête ou la nuque. (Il est impératif, alors, de placer uneminerve.) Le traitement de patients avec des lésions de la nuque est exposé au cha-pitre 4.La technique de la poussée du maxillaire inférieur est réalisée comme suit(cfr. fig. 3.5)Positionnez avec précaution le patient en décubitus dorsal, en alignant latête, le cou et le tronc. Agenouillez-vous à la tête du patient et appuyezvos coudes sur le plan sur lequel repose la tête du patient. Placez vosmains de chaque côté de la tête du patient. Stabilisez la tête entre vosbras. Veillez à ce qu’elle ne tourne ni ne bascule pas.

4.5

Poussée du maxillaire inférieur vers l’avant

!

Bascule de la tête en arrièreavec poussée sur le menton

3.11L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG 3.4

LIBÉRATION DES VOIES

RESPIRATOIRES PAR LA BASCULE

DE LA TÊTE EN ARRIÈRE ET

POUSSÉE SUR LE MENTON.

(“HEAD TILT” ET “CHIN LIFT”)

Les voies respiratoires sont libéréespar la bascule de la tête en arrièrependant que le menton est propulsévers l’avant.

Page 90: Manuel Belge Almbulanciers

Placez vos index sur les bords du maxillaire inférieur et poussez le maxil-laire inférieur vers l’avant (prothrusion).Il est parfois nécessaire de placer les pouces sur la lèvre inférieure pourgarder la bouche ouverte.En anglais, cette technique est appelée “jaw-thrust”.

3. LA VENTILATION

Si le patient ne respire pas ou respire de manière insuffisante, une respi-ration artificielle doit être débutée immédiatement. Cela doit toujours êtreréalisé, même sans aucun matériel disponible.Sans matériel, vous réaliserez une réanimation par “bouche-à-bouche”avec votre air expiré. Cet air contient encore suffisamment d’oxygènepour aider le patient. Lors de l’assistance respiratoire par bouche-à-bou-che, bouche-à-nez ou bouche-à-stomie, l’ambulancier est en contactdirect avec la victime et cela n’est pas toujours attrayant pour des raisonsd’hygiène ou des raisons psychologiques. C’est la raison pour laquelle ilest conseillé d’avoir toujours sur soi un masque pour pouvoir réaliser uneréanimation bouche-sur-embout. Ce masque n’est qu’un exemple dumatériel qui sera présenté dans ce chapitre.

• Dégagez les voies respiratoires.

• Vérifiez si le patient respire et si la respiration est suffisante. Octroyez-vous 4 à 5 secondes pour réaliser cette vérification.

Veillez à ce que les voies respiratoires restent libres. Pincez le nez dupouce et de l’index de la main qui a servi à basculer la tête lors du déga-gement des voies respiratoires. Soulevez le menton avec les doigts del’autre main. Ainsi, de vos deux mains, vous assurez la perméabilité desvoies respiratoires.

• Ouvrez la bouche du patient et inspirez profondément. Posez votre

Bouche-à-bouche chez l’adulte

3.12L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG 3.5.

LA TECHNIQUE DE LA POUSSÉE

DU MAXILLAIRE INFÉRIEUR

(“JAW-THRUST”)

L’ambulancier place ses index surles bords du maxillaire inférieur etpousse le maxillaire inférieur versl’avant (protrusion); il ouvre labouche avec les pouces.

Page 91: Manuel Belge Almbulanciers

bouche sur la bouche du patient en adaptant hermétiquement vos lèvressur ses lèvres. Expirez dans la bouche du patient en regardant sila cage thoracique se soulève. Vous percevez en même temps larésistance de la cage thoracique qui se gonfle comme un ballon

• Dès que vous voyez la cage thoracique se soulever, arrêtez votre insuf-flation (ceci correspond à un volume de 0,8 à 1,2 l d’air)Insufflez lentement. Chaque insufflation doit durer 1,5 à 2 secondes. Sivous insufflez plus rapidement, vous courez le risque d’insuffler l’esto-mac au lieu des poumons.

• Retirez votre bouche et lâchez le nez. L’air sortira spontanément du tho-rax. Laissez vos mains en place et observez si la cage thoraciques’affaisse et si vous percevez l’air qui sort.

Si l’insufflation est impossible, la première hypothèse à vérifier estcelle d’une obstruction des voies respiratoires. Basculez la tête etsoulevez à nouveau le menton en réalisant une nouvelle tentative deventilation. Une obstruction par un corps étranger est également possi-ble (cfr. infra).Inspirez à nouveau profondément, pincez à nouveau le nez du patient etinsufflez l’air inspiré dans la bouche du patient. Laissez l’expiration sefaire passivement.Après deux insufflations, recontrôlez si le patient ne respire pas spon-tanément, prenez le pouls. En l’absence de respiration et de pouls, débu-tez immédiatement une réanimation cardio-pulmonaire, comme décritdans la deuxième partie de ce chapitre. Si le pouls est présent enl’absence de respiration, continuez la ventilation comme décrit ci-dessus.Essayez de réaliser une fréquence de 10 à 12 insufflations par minute.Ceci correspond à une insufflation toutes les 5 à 6 secondes. Pendant cesmanœuvres, il faut continuellement vérifier si le thorax se soulève ous’abaisse. La ventilation doit être poursuivie jusqu’à l’arrivée du SMUR oula reprise d’une respiration spontanée satisfaisante.

3.2

3.13L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG. 3.6

BOUCHE-À-BOUCHE

CHEZ L’ADULTE

Pendant l’insufflation observez le soulèvement du thorax.

Page 92: Manuel Belge Almbulanciers

Le problème le plus fréquent est l’impossibilité de ventiler à cause dudégagement insuffisant des voies respiratoires; la tête n’est pas suffi-samment basculée et la traction sur le menton est insuffisante (cfr. supra).D’autres problèmes fréquents sont:• une fuite d’air lorsque votre bouche ne s’adapte pas hermétiquement à

la bouche du patient.• l’oubli de pincer le nez, qui permet à l’air de s’échapper.

Lors de la technique de propulsion en avant de la mâchoire inférieure, lesdeux mains sont occupées. La ventilation bouche-à-bouche est très dif-ficile. La ventilation bouche-masque est plus performante.

Il est parfois impossible d’effectuer une ventilation bouche-à-bouche.Cela peut arriver chez un patient atteint de lésions sérieuses de la boucheou de la mâchoire, ou chez certains patients soit édentés, soit porteursd’un dentier; ces situations ne permettent pas d’occlure correctement labouche. Dans ces cas, vous pouvez employer la ventilation bouche-à-nez.Les techniques de contrôle et de libération des voies respiratoires, lesfréquences de ventilation sont les mêmes que pour la ventilation bouche-à-bouche.Pour ventiler, vous prenez le nez de la victime avec votre bouche et vousinsufflez. La bouche doit rester fermée. Pour permettre l’expiration vousenlevez votre bouche du nez. Lorsque vous utilisez la technique de la pro-pulsion de la mâchoire inférieure (chez des patients suspects de lésionsde la nuque), vous devez obturer la bouche en y appuyant votre joue.

Dans certains cas exceptionnels, vous rencontrerez des patients qui ontsubi une laryngectomie, c’est-à-dire chez qui le larynx a été enlevé. Cespatients ne respirent pas par la bouche ou le nez, mais par une ouverturedans le cou en relation directe avec la trachée. Cette ouverture estappelée “stomie”.

Ventilation bouche-à-stomiechez l’adulte

La ventilation bouche-à-nezchez l’adulte

Quelques problèmes fréquentslors de la ventilation

bouche-à-bouche

3.14L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG.3.7.

VENTILATION BOUCHE-À-NEZ

CHEZ L’ADULTE

Cette technique est utilisée lorsquela ventilation bouche-à-bouche n’estpas possible.

Page 93: Manuel Belge Almbulanciers

Lorsque ces patients sont en détresse respiratoire, cela provient généra-lement de la présence d’un bouchon de mucus dans les voies respiratoi-res. Vous aspirerez d’abord à l’aide d’une sonde d’aspiration stérile (cfr. lematériel décrit pour les défaillances respiratoires) les voies respiratoires,sans pénétrer de plus de 7,5 à 12,5 cm dans l’ouverture. Après cela, si lepatient ne reprend pas la respiration ou que la respiration reste trèsinsuffisante, vous entreprendrez une ventilation bouche-à-stomie. Latechnique est identique à celle de la ventilation bouche-à-bouche mais iln’est pas nécessaire de récliner la tête. Vous placez la bouche sur la sto-mie du patient et vous ventilez comme décrit pour la ventilation bouche-à-bouche. Vous fermez la bouche et le nez du patient avec votre main.

Les nourrissons et les enfants peuvent également présenter des défail-lances respiratoires. La cause en est habituellement une obstruction desvoies respiratoires. Le chapitre 7 qui traite des urgences pédiatriquesvous donnera des détails complémentaires.Les techniques de ventilation doivent être adaptées selon qu’elles sont uti-lisées chez des nourrissons (0 à 1 an) ou chez des enfants (1 à 8 ans). Chezles enfants de plus de 8 ans, les techniques pour adultes peuvent être uti-lisées.

• L’état de conscience est contrôlé d’une légère tape sur l’épaule chezles enfants et d’une légère tape sur la plante de pieds chez les nourris-sons. Il est aussi possible de parler à l’enfant. Un enfant qui n’est pasinconscient réagira en parlant, en bougeant ou en pleurant.

• Posez l’enfant ou le nourrisson sur un plan dur. Un petit enfant peut êtretenu sur les bras.

• Dégagez les voies respiratoires et observez pendant 3 à 5 secondess’il existe ou non une respiration. Chez les enfants, on dégage les voiesrespiratoires en réclinant prudemment la tête. Si vous exagérez l’exten-sion de la nuque, les voies respiratoires qui sont constituées de cartilagemou, seront comprimées. Si vous êtes trop prudent, l’extension serainsuffisante et les voies respiratoires ne seront pas suffisamment dégagées.

• Inspirez et posez votre bouche sur la bouche et le nez de l’enfant. Chezles grands enfants, la ventilation bouche-à-bouche peut être employée.

• Ventilez 2 fois lentement et prudemment. Une ventilation doitdurer 1 à 1,5 seconde. Intercalez une courte pause entre les deux ven-tilations, et écartez votre bouche de celle de l’enfant.La quantité d’air insufflée est fonction de la taille de l’enfant. Insufflezsuffisamment d’air pour voir la cage thoracique se soulever, mais arrê-tez l’insufflation dès que vous observez ce mouvement.La force de l’insufflation ne doit pas être trop grande, pour ne pas insuf-fler d’air dans l’estomac. Si vous percevez une résistance trop grande,pensez d’abord à un dégagement insuffisant des voies respiratoires.Répétez les manœuvres qui viennent d’être décrites pour dégager lesvoies respiratoires. Si elles restent sans effet, vérifiez si un corps étran-ger n’obstrue pas les voies respiratoires.

La ventilation bouche-à-bouchechez les nourrissons

et les enfants

3.15L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

Page 94: Manuel Belge Almbulanciers

• Après deux insufflations, recherchez un pouls. Si le pouls est absent,commencez immédiatement une réanimation cardio-pulmonaire, c’est-à-dire la combinaison de la ventilation de la compression thoracique,comme décrit dans la deuxième partie de ce chapitre (“Quand le cœurs’arrête”). Si le pouls est perçu, continuez la ventilation à raison de 20fois par minute, c’est-à-dire une insufflation toutes les 3 secondes. Con-tinuez à observer les mouvements thoraciques et arrêtez d’insufflerdès que la cage thoracique se soulève.

Si vous insufflez de l’air dans l’estomac, celui-ci va se gonfler. Il va exer-cer une pression sur le diaphragme et sur les poumons et rendra ainsi laventilation plus difficile. Le contenu gastrique (acide et aliments) peutremonter et inonder la gorge, les vomissements peuvent entrer dans lesvoies respiratoires. Les restes alimentaires peuvent bloquer les voiesrespiratoires et l’acide gastrique peut attaquer les tissus pulmonaires,cela peut entraîner une pneumonie sévère.Souvent, une extension insuffisante de la tête est la cause principale: lesvoies respiratoires ne sont pas dégagées et l’air s’introduit dans l’œso-phage et l’estomac. Si les voies respiratoires sont obstruées, l’air cher-chera un chemin vers l’œsophage. De même, lorsque les insufflations sonttrop vigoureuses, de l’air sera insufflé dans l’œsophage et parviendra ainsià l’estomac.Dès que l’on aperçoit un gonflement de la région de l’estomac, on repo-sitionne la tête du patient en extension. Veillez à ne pas insuffler trop fort,à laisser un temps suffisant entre deux insufflations et n’insufflez pas plusd’air que nécessaire aux mouvements du thorax. Si vous voyez apparaîtredes vomissures dans la bouche, vous devez les éliminer aussi vite quepossible. Idéalement cela se fait avec un aspirateur (cfr. infra). Vous tour-nez le patient en bloc sur le côté, en étant très prudent avec la nuque etla tête, surtout s’il existe une possibilité de lésion de la nuque. Tourneruniquement la tête est insuffisant et dangereux pour la colonne cervicale.Ventilez après avoir remis le patient en position.N’appuyez par sur l’estomac pour essayer d’évacuer l’air qui y est accu-

Le problème de l’air insufflédans l’estomac

chez l’adulte et l’enfant

3.16L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG.3.8.

VENTILATION BOUCHE-À-BOUCHE

CHEZ UN NOURRISSON.

D’une main vous soutenez le mentondu nourrisson

Le nourrisson peut être appuyé survotre avant-bras.

Page 95: Manuel Belge Almbulanciers

mulé. Vous pourriez expulser ainsi le contenu gastrique et aggraver lesproblèmes.

Un patient qui respire suffisamment et dont le pouls est présent, doit êtreplacé en position latérale de sécurité. Cette position offre l’avantage dedrainer les vomissements et la salive de la bouche vers l’extérieur, et éviteainsi l’inondation des poumons. La langue ne peut pas retomber enl’arrière et bloquer les voies respiratoires.

Cette technique ne doit pas être utilisée en présence de lamoindre suspicion de lésion de la nuque.

Pour mettre le patient en position latérale de sécurité, de nombreusestechniques existent. Chaque technique a ses avantages et ses désavan-tages. Le chapitre 10 traitera de cette technique in extenso.

10.4

!

La position latérale de sécurité

3.17L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG.3.9

LA POSITION LATÉRALE

DE SÉCURITÉ

La technique de mise en place du patient en position latérale de sécurité estexposée au chapitre 10.

Page 96: Manuel Belge Almbulanciers

B . Q U E F A I R E S I L E S V O I E SR E S P I R A T O I R E S S O N T O B S T R U É E S ?

L’obstruction des voies respiratoires constitue une menace vitale. Denombreuses maladies et lésions peuvent obstruer les voies respiratoireset les mesures pour y remédier seront exposées dans les chapitres cor-respondants.Nous envisagerons ici uniquement l’obstruction des voies respiratoirespar un corps étranger. Une technique particulière doit être utilisée pourl’éliminer. Il est important de distinguer (a) une obstruction partielle et (b) une obstruction complète des voies respiratoires.

a. Obstruction partielle des voies respiratoires.

COMMENT RECONNAI^TRE UNE OBSTRUCTION PARTIELLE?

Pensez toujours à une obstruction partielle des voies respiratoires danstoute détresse respiratoire. Par fausse route, un morceau de nourriturepeut s’introduire accidentellement dans la trachée. Un morceau deviande, une bouchée de pain ou une arachide peuvent suffire. L’entouragepourra éventuellement vous donner des éléments d’information.Un patient encore conscient voudra vous le signaler et attirer votre atten-tion sur ce fait. Souvent le patient se prendra la gorge des deux mains demanière typique. Cette position représentée sur la photo (fig. 3.10) estsouvent prise naturellement par réflexe. On la considère comme le signeuniversel de la suffocation.

Lors d’une obstruction partielle, le patient continue généralement derespirer, même avec difficulté.Demandez au patient s’il suffoque, s’il est encore capable de parler ou detousser. Une personne qui peut parler ou tousser ne présente jamais uneobstruction complète des voies respiratoires.

3.18L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG.3.10

OBSTRUCTION DES VOIES

RESPIRATOIRES PAR

UN CORPS ÉTRANGER

Le signe universel de la suffocation.

Page 97: Manuel Belge Almbulanciers

La respiration est généralement bruyante: on entend des râles (provoquéspar le corps étranger ou du sang qui se trouve dans le pharynx), des sif-flements ou des aboiements sont parfois présents.La peau, les lèvres, la langue, les oreilles et le lit unguéal du patient sontcolorés de bleu-gris (cyanose).

QUE FAIRE LORS D’UNE OBSTRUCTION PARTIELLE?

Invitez le patient à tousser fortement; la toux peut être suffisante pourévacuer un corps étranger des voies respiratoires. N’essayez jamais d’enlever le corps étranger avec vos doigts. Vous aveztoutes les chances de l’enfoncer plus profondément et de provoquer uneobstruction complète.Si toutes ces mesures ne résolvent pas immédiatement le problème,appelez le SMUR et administrez de l’oxygène au masque (cfr. infra).Si le patient n’est plus capable de tousser ou est seulement capable detousser très faiblement et se cyanose, vous devez le traiter comme unpatient qui présente une obstruction complète des voies respiratoires.

b. Obstruction complète des voies respiratoires.

COMMENT RECONNAITRE UNE OBSTRUCTION COMPLETE?

Un patient qui présente une obstruction complète des voies respiratoirespeut encore être conscient, mais généralement il est inconscient. Cons-cient, ce patient montre des signes évidents de suffocation et va essayerde parler sans y parvenir. Il ne sera pas capable non plus de tousser. Lepatient présentera le signe universel de suffocation (cfr. fig. 3.10)Il est beaucoup plus difficile de constater si les voies respiratoires sontobstruées lorsque le patient est inconscient. Les circonstances et le récitdes témoins (à table, dans un restaurant) donnent des indications. Si ontrouve une personne inconsciente sans témoins, il faudra toujours envi-sager la possibilité d’une obstruction par un corps étranger. Pensez éga-lement à un corps étranger si même après avoir remis la tête en positioncorrecte, vous rencontrez une résistance importante lors de l’insufflation.

COMMENT DÉGAGER DES VOIES RESPIRATOIRES COMPLETEMENT

OBSTRUÉES?

Il existe de nombreuses techniques pour libérer des voies respiratoirescomplètement obstruées.La première utilise la provocation d’un courantd’air brusque, tandis que la deuxième enlève le corps étranger d’un mou-vement de nettoyage des doigts. Selon les circonstances, les deux tech-niques peuvent être employées et doivent souvent être combinées. Lorsde l’obstruction des voies respiratoires par des vomissements ou dusang, on utilise un aspirateur (cfr. infra).

3.19L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

Page 98: Manuel Belge Almbulanciers

La compression abdominale, appelée manœuvre de Heimlich du nom del’inventeur de cette technique, imite un mouvement de toux en compri-mant brusquement l’abdomen des deux mains. L’air est expulsé avecforce des poumons dans l’espoir de déloger le corps étranger des voiesrespiratoires.

La compression abdominale ne peut pas être utilisée chez les femmes enfin de grossesse, car la matrice est en position abdominale haute. Elle nepeut pas être utilisée chez les nourrissons (enfants de moins de 1 an).Dans ces deux cas, la compression abdominale peut provoquer deslésions aux organes internes.

• La compression abdominale chez un adulte conscient ou un enfant de plus d’un an conscient.

Placez-vous derrière le patient en position debout ou assise. Entourez-lede vos bras au niveau de la taille. Fermez un poing et appuyez le côté dupouce de cette main contre l’abdomen du patient, au-dessus du nombrilet sur la ligne médiane. Ne placez pas votre main trop haut pour ne pasatteindre “l’apophyse xyphoïde”, la partie inférieure du sternum.

Prenez votre poing dans l’autre main et tirez vigoureusement vers vouset vers le haut (en direction du diaphragme du patient) en un mouvementrapide et continu. Vous tirez donc votre poing “dans” le ventre du patient.

• La compression thoracique chez un adulte ou un enfant de plus d’un an, allongé au sol.

Asseyez-vous à califourchon sur le patient, au niveau de ses cuisses, levisage vers son thorax.Placez le talon de votre main sur la ligne médiane de l’abdomen, immé-diatement au-dessus du nombril et en dessous de l’extrémité inférieure dusternum.Posez votre main libre sur la main déjà posée sur le ventre. Vos épaulesdoivent se trouver à l’aplomb au-dessus du ventre du patient. Vous devez

La compression abdominale(manoeuvre de Heimlich)

3.20L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG. 3.11

LA COMPRESSION ABDOMINALE

(MANŒUVRE DE HEIMLICH)

CHEZ LE PATIENT DEBOUT

Page 99: Manuel Belge Almbulanciers

vous assurer que vous êtes placé au-dessus de la ligne médiane de l’abdo-men; il ne faut pas effectuer une compression abdominale déviée vers lagauche ou vers la droite.Comprimez brusquement en poussant les mains vers l’intérieur du ventredu patient et vers le haut (en direction du diaphragme). Répétez ce gestecinq fois rapidement.

La compression doit être donnée en direction de l’abdomen du patient etorientée vers le haut, sur la ligne médiane de l’abdomen, au-dessus dunombril et en dessous du rebord costal.

• La compression thoracique chez un adulte conscient.

Cette compression est utilisée chez des patientes enceintes en fin degrossesse ou chez des personnes fortement obèses.Mettez-vous derrière la personne en position assise ou debout et passezvos bras en dessous des aisselles du patient.Fermez un poing sur le sternum du patient. Le poing est placé sur la lignemédiane, deux à trois travers de doigt au-dessus de l’apophyse xyphoïde.Le poing est alors situé sur le tiers inférieur du sternum et ne touche pasles côtes.Prenez le poing fermé au moyen de l’autre main et donnez cinq com-pressions brusques sur le thorax. Ces compressions sont orientées versl’arrière, en direction de la colonne vertébrale.

La compression thoracique

3.21L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG.3.12

LA COMPRESSION ABDOMINALE

(MANŒUVRE DE HEIMLICH)

CHEZ UN PATIENT COUCHÉ

La compression est ventrale,orientée vers le haut, située sur laligne médiane au-dessus du nombrilet sous le rebord costal.

Page 100: Manuel Belge Almbulanciers
Page 101: Manuel Belge Almbulanciers

• Tapes dans le dos et compression thoracique chez le nourrisson

Chez le nourrisson on alterne les tapes légères dans le dos et les com-pressions thoraciques.Posez le nourrisson le visage vers le bas sur votre avant-bras, la tête encontrebas par rapport au tronc. Soutenez la tête en tenant la mâchoire d’ une main. Vous pouvez vous stabiliser en vous asseyant et en appuy-ant votre avant-bras sur votre cuisse.Donnez 5 tapes légères dans le dos (en 3 à 5 secondes) avec le talon devotre main. Appliquez ces tapes entre les omoplates.Faites suivre par les compressions thoraciques; placez votre bras libresous le dos du nourrisson. Soutenez ensuite la tête avec votre main etmaintenez le nourrisson entre votre deux bras. Retournez l’enfant pourqu’il repose le dos sur votre avant-bras. Appuyez votre avant-bras contrevotre cuisse. La tête doit être placée plus bas que le tronc.Donnez rapidement 5 compressions thoraciques en utilisant les pointesde 2 à 3 doigts. Appuyez sur le milieu du sternum. Les doigts doivent setrouver sur une ligne imaginaire 1 cm en dessous de la ligne intermamil-laire.Si les voies respiratoires restent encombrées, continuez en alternant lestapes dans le dos et les compressions thoraciques légères.

Attention:Cette technique peut être dangereuse et ne peut être effectuéeque si l’enfant est effectivement en danger de mort. Tant quel’enfant continue de respirer après l’inhalation d’un corps étranger, l’appli-cation de cette technique ne peut qu’aggraver la situation.S’il n’existe qu’une obstruction partielle des voies respiratoires et quel’enfant peut respirer efficacement en position droite, ne mettez jamaisce nourrisson ou ce petit enfant la tête plus bas que le tronc.Retenez qu’une toux énergique peut avoir un effet bénéfique sur uneobstruction des voies respiratoires.

!

3.23L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG 3.15

LIBÉRATION DES VOIES

RESPIRATOIRES

CHEZ LE NOURRISSON

1. Tapes dans le dos. 2. Compressions thoraciques: les doigts doivent se trouver à un travers de doigt en dessous de la ligne intermamillaire.

Page 102: Manuel Belge Almbulanciers

Le nettoyage au doigt est une technique qui tente d’évacuer un corpsétranger de la bouche du patient lorsqu’il a été entièrement ou partielle-ment éjecté des voies respiratoires. Le nettoyage au doigt doit être réa-lisé correctement sous peine de refouler à nouveau le corps étranger dansles voies respiratoires.

Enfilez toujours des gants.Ouvrez la bouche du patient. Cela est possible de deux manières:Prenez la langue entre le pouce et les doigts d’une main et tirez-la versl’avant, en l’éloignant de l’arrière-gorge. Ceci suffit parfois à libérer (par-tiellement) les voies respiratoires.Tenez le front fermement d’une main. Placez le pouce de l’autre main surla mâchoire inférieure (ou sur les dents inférieures) et placez votre indexcontre les dents supérieures. En croisant le pouce et l’index vous ouvrezla bouche. Dès que la bouche est ouverte, vous maintenez la mandibulepour que la bouche reste ouverte.Introduisez un index dans la bouche du patient en suivant la joue. Intro-duisez ensuite ce doigt plus profondément jusqu’à la base de la langue.Vous devez utiliser ce doigt comme un crochet pour passer derrière lecorps étranger, le libérer et l’enlever. Si une matière liquide ou semi-liquide obstrue la bouche, essuyez-la avec un chiffon.N’insistez pas si le corps étranger ne se libère pas immédiatement. Le ris-que de le pousser plus loin dans les voies respiratoires est grand.Chez les nourrissons et les enfants le nettoyage au doigt ne peut être uti-lisé que s’il est possible de voir le corps étranger. Vous pouvez utiliserl’auriculaire pour enlever l’objet.Le nettoyage au doigt ne peut pas être utilisé chez une personne cons-ciente, car il peut provoquer un réflexe de nausée et des vomissurespeuvent passer dans les poumons et provoquer des infections pulmo-naires sévères. Vous courez, de plus, le risque d’être mordu.

Le nettoyage au doigt

3.24L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG 3.16

LE NETTOYAGE AU DOIGT

1. Vous ouvrez la bouche encroisant le pouce et l’index.

2. L’index de l’autre main est utilisécomme un crochet.

Page 103: Manuel Belge Almbulanciers

c. Quelles procédures utiliser pour libérer les voiesrespiratoires?

Les techniques de libération des voies respiratoires qui viennent d’êtredécrites doivent être utilisées au bon moment chez le patient pour quicela est indiqué. Un adulte conscient doit être traité différemment d’unenfant inconscient. Les différentes procédures ont été résumées dans lessix arbres décisionnels suivants.Lors de l’intervention de deux ambulanciers, la reconnaissance d’unproblème respiratoire avec suspicion d’obstruction complète des voiesrespiratoires impose que l’un des ambulanciers applique les techniques dedégagement des voies respiratoires, pendant que l’autre appelle le SMUR.Si vous êtes seul (en dehors du service par exemple), il est préférablequ’un témoin appelle une ambulance et un SMUR en renfort, pendant quevous soignez le patient. Si personne n’est présent, commencez lesmanœuvres de dégagement des voies respiratoires pendant une minute,puis allez appeler le SMUR.Chez les enfants (de 1 à 8 ans), vous procédez comme chez l’adulte,mais, le nettoyage au doigt n’est pas réalisé à l’aveugle et vous uti-lisez l’auriculaire à la place de l’index. Vous regardez donc d’aborddans la bouche et enlevez de l’auriculaire les corps étrangers visibles.La compression abdominale (Heimlich) s’effectue plus facilement ens’agenouillant derrière l’enfant, en asseyant l’enfant devant soi sur unetable.Il est parfois difficile de déterminer si les voies respiratoires d’un nour-risson sont obstruées par un corps étranger, car il ne sait pas faire le signede suffocation et ne sait pas parler. D’autres indices devront vous per-mettre de reconnaître une obstruction des voies respiratoires:• petits objets autour de l’enfant (alimentation, cacahuètes, perles...)• bruits respiratoires anormaux (sibillances...)• teinte gris-bleu• arrêt respiratoire

Il faut cependant se rappeler qu’une trachéite peut provoquer de l’œdèmedes tissus du cou chez l’enfant et chez le nourrisson et entraîner uneobstruction des voies respiratoires. Cela nécessite une autre thérapeuti-que. Dans ce cas, les techniques d’extraction d’un corps étranger ne peuventabsolument pas être appliquées (plus de détails seront donnés au chapitre 7).

7.3

3.25L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

Page 104: Manuel Belge Almbulanciers

3.26L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

DIAGRAMME 3.1

Répétez les compressions abdominales (5x),

en contrôlant chaque fois la respiration jusqu’à

• dégagement réussi des voies respiratoires

• ou perte de connaissance du patientcfr. diagramme 3.2

• Ventilez le patient et

donnez de l’oxygène

• Appelez le SMUR

Observations:

• dégagement réussi

des voies respiratoires?

• perte de connaissance?cfr. diagramme 3.2

• Donnez de l’oxygène

• Transportez le patient

et observez

Il existe une obstruction complète

• Prévenez le SMUR (par le 100)

• Réalisez des compressions abdominales (5 fois)

Les voies respiratoires sont-elles dégagées? OUI

NON

Evaluez l’obstruction de voies respiratoires

Regardez, écoutez et sentez le flux de l’air

• Donnez de l’oxygène

• Transportez le patient et observez

• Donnez de l’oxygène

• Transportez le patient et observez

Répétez les compressions abdominales (5 fois)

Les voies respiratoires sont-elles dégagées? OUI

NON

OUI

NON

Le patient est-il capable de parler ou de tousser? Il existe une obstruction partielle

des voies respiratoires

Demandez au patient de tousser

NON OUI

Les voies respiratoires sont-elles libres? La respiration est spontanée?

C H E Z L ’ A D U L T E C O N S C I E N TA V E C S U S P I C I O N D ’ O B S T R U C T I O N D E S V O I E S R E S P I R A T O I R E S

Si le pouls disparaît:

commencez également un massage cardiaque

Page 105: Manuel Belge Almbulanciers

3.27L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG. 3.17

OBSTRUCTION RESPIRATOIRE

PAR UN CORPS ÉTRANGER

CHEZ UN ADULTE CONSCIENT

Reconnaissez les signes de suffocation.

Effectuez les compressionsabdominales.

Soutenez le patient pendant la chute et couchez-le sur le sol.

Contrôlez les voies respiratoires.

Essayez de ventiler. Répétez les compressionsabdominales.

Page 106: Manuel Belge Almbulanciers

3.28L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

C H E Z U N A D U L T E Q U I P E R D C O N S C I E N C E D E V A N T V O U SL O R S D ’ U N E O B S T R U C T I O N R E S P I R A T O I R E C O M P L È T E

DIAGRAMME 3.2

Le patient perd conscience; soutenez-le pendant

la chute et couchez-le sur le sol. Contrôlez la

conscience (parlez, tapez sur l’épaule)

Appelez le SMUR (par le 100)

Ouvrez la bouche, nettoyez au doigt

Dégagez les voies respiratoires et ventilez Ventilez jusqu’à l’arrivée du SMUR

ou jusqu’à reprise d’une

respiration spontanée

Si le pouls disparaît: commencez également un massage cardiaque

OUI

Compression abdominale (5 x)

Ouvrez la bouche et nettoyez au doigt

Avez-vous enlevé le corps étranger? OUI

NON

NON

La ventilation est effective, le thorax se soulève?

Ouvrez à nouveau les voies respiratoires

(bascule de la tête, traction sur le menton,

poussée sur la mâchoire inférieure)Ventilez jusqu’à l’arrivée du SMUR

ou jusqu’à reprise d’une

respiration spontanée

Ventilez jusqu’à l’arrivée du SMUR

ou jusqu’à reprise d’une

respiration spontanée

Dégagez à nouveau les voies respiratoires et

tentez une nouvelle ventilation

Réussite de la ventilation? OUI

NON

Ventilez jusqu’à l’arrivée du SMUR

ou jusqu’à reprise d’une

respiration spontanée

OUI

NON

Le thorax se soulève pendant la ventilation?

Répétez le cycle.

Page 107: Manuel Belge Almbulanciers

3.29L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

Patient inconscient

Appel du SMUR (par le 100)

Couchez le patient sur le dos

Dégagez les voies respiratoires

Basculez la tête en élevant le menton

Si possibilité de lésion de la nuque,

élévation de la mandibule

diagramme 3.2

A D U L T E T R O U V É I N C O N S C I E N T A V E C O B S T R U C T I O N C O M P L È T E D E S V O I E S R E S P I R A T O I R E S

Oxygène jusqu’à l’arrivée du

SMUR, observez le patient et

ventilez si nécessaire

Ventilez jusqu’à l’arrivée du

SMUR et reprise d’une respiration

spontanée efficace.

Si le pouls disparaît: commencez également un massage cardiaque

DIAGRAMME 3.3

Indications claires données par l’entourage orientant vers une obstruction des voies respiratoires OUI

OUI

NON

Compressions abdominales (5x),

ouverture de la bouche et nettoyage digital

Corps étranger enlevé? OUI

NON

NON

Respiration?

Ventilez deux fois lentement

Dégagez à nouveau les voies respiratoires

(bascule de la tête, traction sur le menton,

élévation de la mandibule). VentilationVentilez jusqu’à l’arrivée du

SMUR et reprise d’une respiration

spontanée efficace.

Ventilez jusqu’à l’arrivée du

SMUR et reprise d’une respiration

spontanée efficace.

Ouvrez à nouveau les voies respiratoires

et essayez à nouveau de ventiler

Réussite de la ventilation OUI

NON

Ventilez jusqu’à l’arrivée du

SMUR et reprise d’une respiration

spontanée efficace.

Le thorax se soulève? OUI

OUI

NON

NON

Le thorax se soulève pendant l’insufflation?

Reprenez le cycle

Page 108: Manuel Belge Almbulanciers

3.30L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

N O U R R I S S O N C O N S C I E N T ( 0 à 1 A N ) A V E C O B S T R U C T I O N R E S P I R A T O I R E C O M P L È T E

Si le pouls disparaît: commencez également un massage cardiaque

DIAGRAMME 3.4

Reconnaissez l’obstruction respiratoire:

couleur grise, mouvements respiratoires bizarres,

bruits anormaux de la respiration,

petits objets autour de l’enfant

APPEL DU SMUR (PAR LE 100)

Couchez le nourrisson sur votre avant-bras

sur le ventre, la tête plus basse que le tronc

Donnez 5 tapes légères entre les omoplates

(pendant 3 à 5 secondes)

Soutenez la tête et prenez le nourrisson

entre les deux mains

Retournez le nourrisson

Donnez 5 compressions thoraciques légères

Contrôlez la bouche pour vérifier

la présence d’un corps étranger,

enlevez-le avec l’auriculaire,

seulement s’il est visible

Les voies respiratoires sont dégagées OUI

NON

Administrez de l’oxygène, obser-

vez jusqu’à l’arrivée du SMUR

Continuez le cycle (tapes sur le dos,

puis compressions sur le thorax)

jusqu’à l’élimination de l’objet

ou perte de connaissance

cfr. diagramme 3.5

Page 109: Manuel Belge Almbulanciers

3.31L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

N O U R R I S S O N ( 0 à 1 A N ) Q U I P E R D C O N N A I S S A N C E D E V A N T V O U SA V E C O B S T R U C T I O N R E S P I R A T O I R E C O M P L È T E

Si le pouls disparaît: commencez également un massage cardiaque

DIAGRAMME 3.5

Perte de conscience (pas de réaction aux

tapotements sur l’épaule ou aux bruits)

Appelez le SMUR (par le 100)

si cela n’a pas encore été fait

Couchez l’enfant sur le dos en soutenant

la nuque et la tête

Ouvrez la bouche (langue, mâchoire inférieure)

Pas de nettoyage digital !

Enlevez seulement, de l’auriculaire,

les corps étrangers visibles

Dégagez les voies respiratoires, contrôlez la

présence de la respiration, si nécessaire ventilez

Retournez l’enfant, puis 5 tapes sur le dos

Reprise de la respiration OUI

NON

Administrez de l’oxygène Obser-

vez jusqu’à l’arrivée du SMUR

Retournez le nourrisson

Enlevez le corps étranger avec votre annulaire

seulement s’il est visible

Administrez 5 compressions thoraciques

Contrôlez la bouche pour vérifier la présence

d’un corps étranger, enlevez avec l’annulaire

seulement si visualisé

Continuez le cycle (tapes sur le dos,

compressions thoraciques) jusqu’à:

élimination de l’objet ou perte

de connaissance:

diagramme 3.6

Les voies respiratoires sont dégagées OUI

NON

Administrez de l’oxygène Obser-

vez jusqu’à l’arrivée du SMUR

Page 110: Manuel Belge Almbulanciers

3.32L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

N O U R R I S S O N T R O U V É I N C O N S C I E N T ( 0 à 1 A N ) A V E C O B S T R U C T I O N R E S P I R A T O I R E C O M P L È T E

DIAGRAMME 3.6

Inconscience (pas de réaction aux

tapotements de l’épaule ou aux bruits)

Appelez le SMUR (par le 100)

si cela n’a pas encore été fait.

Couchez le nourrisson sur le dos

et soutenez la nuque et la tête

Dégagez les voies respiratoires,

contrôlez la respiration, si nécessaire ventilez

Reprise de la respiration OUI

NON

Dégagez les voies respiratoires

Les voies respiratoires sont dégagées OUI

NON

Couchez le nourrisson sur le ventre sur votre avant-

bras, la tête plus basse que le tronc, soutenez la

tête et la mâchoire. 5 tapes sur le dos (en 3 à 5

sec.). Retournez sur le dos en appui sur l’avant-bras

Réalisez 5 compressions thoraciques légères

Ouvrez la bouche. PAS de nettoyage digital

Enlevez le corps étranger seulement s’il est visible

Dégagez les voies respiratoires et ventilez

Les voies respiratoires sont dégagées OUI

NON

Administrez de l’oxygène

Observez jusqu’à

l’arrivée du SMUR

Administrez de l’oxygène

Observez jusqu’à

l’arrivée du SMUR

Administrez de l’oxygène

Observez jusqu’à

l’arrivée du SMUR

Répétez le cycle

Si le pouls disparaît: commencez également un massage cardiaque

Page 111: Manuel Belge Almbulanciers

3.33L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG. 3.18

1. Contrôlez l’état de conscience.Couchez le nourrisson sur le dos.

2. Dégagez les voies respiratoires etcontrôlez la respiration.

3. Essayez de ventiler. Pas de résultat?

4. Retournez le nourrisson sur le ventre et donner 5 tapeslégères sur le dos.

5. Enlevez uniquement les objetsvisibles au moyen de l’auriculaire.

6. Tentez une nouvelle ventilation.

Page 112: Manuel Belge Almbulanciers

C . M A T É R I E L P O U R L E T R A I T E M E N T D E L ’ I N S U F F I S A N C E R E S P I R A T O I R E .

Nous envisagerons successivement(a) le matériel pour dégager et maintenir perméables les voies respira-toires.(b) le matériel de ventilation (c) le matériel d’administration de l’oxygène.

En pratique, on utilise de manière préférentielle du matériel qui permetd’éviter un contact direct entre l’ambulancier et le patient.

a. Le matériel pour dégager et maintenir perméables les voies respiratoires.

La première priorité lors de toute intervention est le dégagement et lemaintien de la perméabilité des voies respiratoires. Dans de nombreusessituations, la langue constitue l’objet encombrant et les premièresmanœuvres utilisées seront la bascule de la tête en arrière et le soutien dumenton, ou la technique de la protrusion de la mâchoire.

Il existe cependant une aide technique qui permet d’écarter la langue desvoies respiratoires: la canule pharyngée. Dans certains cas, on utiliseen outre un appareil d’aspiration pour dégager les voies respiratoires.

Qu’est-ce qu’une canule pharyngée?

Une canule pharyngée est, en fait, un appareil creux (une “canule”) quimaintient la perméabilité des voies respiratoires au niveau de la bouche(oro) et du pharynx. Les canules sont appelées oropharyngées, canule deMayo ou de Guedel.Ces canules sont constituées d’un tuyau courbe en matière synthétiqueque l’on introduit dans la bouche du patient. D’un côté nous trouvons une

La canule pharyngée

3.34L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG. 3.19

LES CANULES

OROPHARYNGÉES

Les canules oropharyngées existenten plusieurs tailles.

Page 113: Manuel Belge Almbulanciers

collerette qui repose sur les lèvres du patient, tandis que la partierecourbée s’appuie sur la langue du patient et l’éloigne de la paroi posté-rieure du pharynx. Ces canules existent en plusieurs tailles, en fonction dela grandeur de la bouche du patient; elles sont numérotées de 1 (petit) à 4 (grand). Chaque ambulance doit être équipée des différentes tailles.

• Chez quels patients utiliser les canules oropharyngées?

Les canules oropharyngées ne peuvent être utilisées que chez despatients inconscients qui ne présentent plus de réflexe nauséeux. Dans lesautres cas, le patient pourrait vomir. Ceci est la raison de leur abandon parcertains centres. Suivez par conséquent les indications du médecin duSMUR qui assure votre formation.

• Comment choisir la taille correcte de la canule?

Pour être efficace, la canule doit être de taille adéquate. Pour choisir lataille, tenez la canule contre la joue du patient, la courbure vers le haut:la collerette est positionnée au niveau de la commissure des lèvres, tan-dis que l’autre extrémité est placée au niveau du tragus de l’oreille.

• Comment placer une canule?

Mettez toujours des gants.Couchez le patient sur le dos et dégagez les voies respiratoires par unebascule de la tête en soutenant le menton ou en subluxant la mâchoire.Choisissez la taille de canule correcte.Ouvrez la bouche avec le pouce et l’index (cfr. supra) et maintenez la bou-che ouverte.Tenez la canule avec l’extrémité vers le haut, dirigée vers le palais dupatient.Engagez la canule en faisant glisser l’extrémité le long du palais, d’abordle long du palais dur, ensuite au niveau du palais mou, jusqu’au momentoù vous dépassez la luette (ou jusqu’au moment où vous sentez unerésistance contre le palais mou).Veillez à ne pas repousser la langue vers l’intérieur. Vérifiez également ladistance que vous parcourez et ne vous fiez pas uniquement à la sensa-tion tactile.

3.35L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG. 3.20

CHOIX DE LA TAILLE

CORRECTE DE CANULE

Choisissez une canule de lalongueur de la distance commissurelabiale-tragus de l’oreille.

Page 114: Manuel Belge Almbulanciers

Lorsque la canule est à la bonne profondeur, tournez-la doucement de180°, jusqu’au moment où l’extrémité est orientée vers le larynx dupatient. De cette manière, on évite le refoulement de la langue versl’arrière.

Si on ne soupçonne aucune lésion de la nuque ou de la colonne verté-brale, on maintient la bascule de la tête. Si ces lésions sont possibles,maintenez la tête aussi immobile que possible et posez une minerve

Contrôlez la position de la collerette contre les lèvres du patient. Si lacanule paraît trop courte ou trop longue, enlevez-la et remplacez-la parune canule de taille correcte. La canule s’enlève par simple traction sansrotation.Surveillez le patient attentivement. Dès l’apparition d’un réflexenauséeux, la canule doit être enlevée. Si la canule améliore la respiration(le patient respire plus facilement et plus silencieusement), la canulepeut rester en place. Si la respiration se détériore ou devient plusbruyante, enlevez la canule et tentez d’améliorer le dégagement desvoies respiratoires par les procédures déjà décrites. Si le placement d’unecanule ne semble apporter aucun effet (ni bon, ni mauvais), il faut conti-nuer à observer attentivement le patient. La canule peut provoquer unesalivation et même provoquer une remontée du contenu gastrique, ce quiaggrave la situation et vous amènera à l’enlever.Si la respiration est insuffisante ou absente, vous devez ventiler le patientpar la technique du bouche-à-bouche ou par d’autres moyens que nousverrons par la suite.

• Comment entretenir les canules?

Après usage, les canules doivent être nettoyées à l’aide d’un détergentdésinfectant. Dès que la canule est nettoyée, elle est mise dans un sachetde protection. Avant d’utiliser une canule, il faut toujours vérifier si elle estpropre et perméable.

Certains services utilisent des canules stériles disposables.

10.2

3.36L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG. 3.21

PLACEMENT

DE LA CANULE

La canule doit être engagée enmettant la pointe vers le haut.Lorsque la canule a dépassé laluette, elle doit être tournée avecdouceur de 180°.

Page 115: Manuel Belge Almbulanciers

Parfois des vomissures, du sang ou du mucus se trouvent dans la cavitébuccale ou dans le pharynx. Il est évident que cela peut obstruer les voiesrespiratoires ou pénétrer dans les poumons (et y provoquer une pneu-monie). Ces matières doivent donc être évacuées. Cela est réalisé à l’aided’un appareil d’aspiration.

• Qu’est-ce qu’un appareil d’aspiration?

Chaque appareil d’aspiration est composé d’une pompe qui génère unepression négative, d’une connexion à un bocal récepteur qui reçoit lematériel aspiré, d’une canule ou d’une sonde d’aspiration et d’un réservoird’eau stérile.Le matériel d’aspiration portable produit une dépression à l’aide d’unmoteur électrique (branché sur batterie ou sur secteur) ou à l’aide d’unepompe manuelle. Ces appareils doivent être capables de créer le videdans un espace fermé.Les conduits doivent être suffisamment épais pour ne pas se collaber. Leréservoir doit être incassable et facile à nettoyer (ou disposable).

Une canule d’aspiration rigide (appelée également Yankauer), permetd’aspirer sélectivement dans la bouche et le pharynx. Elle est arrondie etmunie d’orifices multiples pour éviter d’être bouchée par des débris ali-mentaires.

Les sondes d’aspiration existent en des tailles différentes. La taille estdonnée en “french” ou en “CH”. Plus le chiffre est élevé, plus le diamètreest large. Elles sont flexibles et ne peuvent aspirer des débris alimentai-res importants. Lorsqu’elles se bouchent, il faut les déboucher en lesrinçant avec l’eau stérile du réservoir.

Les appareils d’aspiration

3.37L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG. 3.22

Appareil portable avec moteurélectrique1. batterie2. source de vide (pompe)3. réservoir4. connexion5. interrupteur

Quelques appareils d’aspiration à pompe manuelle

1

52

4

3

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• Comment utiliser un appareil d’aspiration?Agenouillez-vous à la tête du patient.Couchez le patient sur le côté s’il n’existe aucune indication de lésion dela nuque ou de la colonne cervicale. Ne déplacez pas le patient si voussuspectez des lésions de la nuque.Prenez la sonde ou la canule. Elles sont emballées stérilement. Ouvrezseulement un côté de l’emballage pour connecter la sonde à l’appareil.Vous gardez ainsi l’autre extrémité stérile jusqu’au dernier moment.Avant d’utiliser la sonde, vous devez mesurer la profondeur utile. Pourcela, mesurez sur le visage du patient la distance entre les commissuresdes lèvres et le tragus de l’oreille du même côté.Il n’est pas nécessaire de prendre une mesure pour utiliser la canule. Vousne pourrez pas l’introduire trop profondément, puisque vous devez gar-der l’extrémité de la canule sous le contrôle de la vue.Branchez l’appareil et contrôlez son fonctionnement en clampant letuyau et en percevant ou en écoutant si une dépression existe.Ouvrez la bouche du patient avec la technique des doigts croisés (déjàdécrite).Introduisez la sonde jusqu’à la profondeur mesurée. La canule est inséréeavec le bout arrondi vers le palais. Amenez, à vue, le bout vers l’endroitdésiré. N’introduisez jamais la canule profondément dans la gorgeou le larynx. Dès que la canule ou la sonde sont en place, mettez l’appareil en marcheet retirez la sonde ou la canule tout en aspirant. Pour aspirer, il suffit deboucher l’orifice proximal de la canule.

3.38L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG. 3.23

SONDES D’ASPIRATION

Sondes d’aspiration de taillesdifférentes dans leur emballagestérile.

Canule d’aspiration (Yankauer). La flèche rouge indique l’extrémitéarrondie pourvue de fentes. La forced’aspiration se règle en fermant plusou moins l’ouverture (flèche jaune).

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FIG. 3.24

UTILISATION DE

L’APPAREIL D’ASPIRATION

1. Placez l’appareil d’aspiration à la tête du patient.

2. Ouvrez aussi stérilement quepossible l’emballage de la sonde oude la canule d’aspiration choisie.

3. Mesurez la distance entre la commis-sure de la lèvre et le tragus de l’oreille:cette mesure est la distance maximaled’introduction de la sonde par la bouche.

4. Branchez l’appareil d’aspirationet vérifiez si une dépression existe.

5. Ouvrez la bouche du patient etaspirez comme décrit.

6. N’introduisez pas la sonde plusloin qu’autorisé.

Page 118: Manuel Belge Almbulanciers

Aspirez toujours prudemment. Les canules d’aspiration sont rigides etpeuvent léser les tissus et provoquer des saignements. Ne pénétrez jamaisdans des plaies et n’enlevez pas de tissus en aspirant. Aspirez seulementdans le pharynx. Si le patient présente un réflexe de nausée pendantl’aspiration, reculez jusqu’à l’endroit où ce réflexe ne se manifeste plus.

L’aspiration chez un patient qui ne respire pas ou qui respire mal,ou qui présente un arrêt cardiaque ou respiratoire, ne peut jamaisdurer plus de quelques secondes.

b. Le matériel de ventilation.

Le matériel de ventilation qui peut être utilisé lors de la réanimationrespiratoire vous protège contre l’infection par la salive, le sang ou lesvomissures. Il permet également d’administrer de l’oxygène pen-dant la ventilation. Trois aides techniques à la ventilation sont dispo-nibles: le masque facial, le masque de poche et le système masque-valve-ballon.

Ce masque est constitué d’une fine membrane translucide que l’on posesur la figure du patient pour diminuer le contact avec sa bouche pendantla réanimation par le bouche-à-bouche. Ce masque devrait se trouverdans les coffres de premiers soins (atelier, voiture).

Le masque de poche est pliant et peut être facilement rangé et transporté.Il est possible de l’avoir toujours sur soi, non seulement dans l’ambulancemais également dans son véhicule personnel.Le masque est en plastique transparent souple. Les meilleurs modèlessont transparents afin de pouvoir remarquer immédiatement la présencede vomissures ou de mucus dans le masque. Le masque de poche a laforme d’une pyramide à base triangulaire. Une valve unidirectionnelleempêche l’air exhalé par le patient de revenir dans la figure du sauveteur.

Le masque de poche

Le masque facial

3.40L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG. 3.25

MASQUES DE POCHE

TRANSPARENTS

À VALVE UNIDIRECTIONNELLE

1. masque de poche transparent2. valve unidirectionnelle à filtreanti-bactérien3. embout.

3

32

21

1

Page 119: Manuel Belge Almbulanciers

Les modèles les meilleurs permettent l’administration d’oxygène par unraccord. Certains masques sont équipés d’un serre-tête élastique quipermet la fixation sur la bouche et le nez du patient. Cela est particuliè-rement pratique lorsqu’on est seul pour réanimer.

• Comment utiliser le masque de poche?

Branchez si possible l’oxygène sur le masque avec un débit de 10 à 15 lpar minute.Agenouillez-vous derrière la tête du patient et dégagez les voies respira-toires. Si le patient est uniquement inconscient et ne présente pas deréflexe de nausée, vous pouvez placer une canule oropharyngée.Placez le masque sur la face du patient. Veillez à ce que la pointe du mas-que repose sur l’arête du nez et la base du masque sur la mâchoire infé-rieure entre la lèvre inférieure et la pointe du menton.Appuyez fermement le masque avec les pouces. Continuez à garder lesvoies respiratoires dégagées en maintenant la mâchoire inférieure desindex, médians, annulaires, en réalisant une traction vers le haut et en réa-lisant la bascule de la tête.Inspirez profondément et ventilez par l’embout du masque. Chaque insuf-flation dure environ 1,5 à 2 secondes chez l’adulte et 1 à 1,5 seconde chezles nourrissons et les enfants. Pendant l’insufflation, observez s’il existeune élévation du thorax.Laissez le patient expirer en enlevant votre bouche de l’embout.

3.41L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG.3.26

MASQUES DE POCHE

Certains possèdent un raccord pourl’administration d’oxygène.

Ventilation avec un masque depoche, valve unidirectionnelle etembout. Le sauveteur doit maintenirles voies respiratoires dégagéespendant la ventilation (cfr. texte).

Page 120: Manuel Belge Almbulanciers

Ce dispositif est constitué d’un masque, d’une valve pour l’arrivée et lasortie de l’air, d’un ballon autostatique d’un volume minimum de 800 ml,d’une admission d’air, d’une admission d’oxygène et d’un réservoir d’oxy-gène qui est adapté au ballon.Vous devez savoir comment démonter cet appareil, le nettoyer et leremonter facilement.

• Comment fonctionne le dispositif masque-valve-ballon?

L’oxygène entre par l’admission d’oxygène dans le ballon. Lors de lacompression du ballon, la pression à l’intérieur du ballon fermera la sou-pape d’admission d’air, et l’air ainsi que l’oxygène traverseront la sou-pape d’admission vers le masque.Lorsque le ballon est utilisé sans adjonction d’oxygène, le patient seraventilé par de l’air atmosphérique qui contient 21 % d’oxygène.Lorsque le dispositif est utilisé avec admission d’oxygène, mais sans bal-lon-réservoir, le patient recevra un mélange avec ±50 % d’oxygène.Lors de l’utilisation d’oxygène en employant le réservoir d’oxygène (avecun débit de plus de 15 l/min) le patient recevra 100 % d’oxygène.Lorque le ballon est relâché, l’expiration passive du patient se fait par lavalve d’expiration. Les valves du ballon sont conçues de manière à éli-miner l’air expiré et ne pas permettre qu’il soit inspiré à nouveau. Pendantl’expiration, l’oxygène du sac réservoir passe dans le ballon qui se rem-plit parce qu’il reprend automatiquement sa forme (autostatique) et estainsi prêt pour l’insufflation suivante.

• Quand utiliser un dispositif masque-valve-ballon?

L’emploi d’un dispositif masque-valve-ballon n’est pas aisé et demandebeaucoup d’expérience. Il faut réaliser trois gestes simultanément demanière parfaite: comprimer le ballon avec une main, dégager les voiesrespiratoires avec l’autre tout en appliquant le masque sur la face dupatient.

Le dispositif masque-valve-ballon

3.42L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG. 3.27

LE DISPOSITIF MASQUE-

VALVE-BALLON

1. ballon 2. valve unidirectionnelle 3. masque 4. soupape d’admissiond’oxygène 5. sac-réservoir.

1

2

3

4

5

Page 121: Manuel Belge Almbulanciers

C’est la raison pour laquelle tous les ambulanciers ne sont pas formés àl’utilisation du ballon. Suivez donc les indications données pendant votreformation: 1. soit l’utilisation d’un masque de poche avec oxygène, 2. soitl’utilisation d’un masque-valve-ballon lorsque vous êtes à deux et qu’unepersonne comprime le ballon, tandis que l’autre maintient le masquesur la face en dégageant les voies respiratoires ou soit, 3. l’utilisation dumasque-valve-ballon et passez au masque de poche avec oxygène aumoindre doute d’efficacité.

• Quelle est la taille correcte du masque?

Il existe des masques-valves-ballons de plusieurs tailles: pour adultes,pour enfants et pour nourrissons. Le contenu du ballon et la taille du mas-que sont différents. La taille du masque doit être choisie telle que la pointe du masque reposesur l’arête du nez et la base entre la lèvre inférieure et la pointe du men-ton. Veillez à ne pas utiliser un masque pour adulte chez un enfant (cfr. fig. 3.29)

3.43L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG. 3.28

DISPOSITIFS

MASQUE-VALVE-BALLON

Divers modèles pour adultes.

FIG. 3.29

DISPOSITIFS

MASQUE-VALVE-BALLON POUR

ADULTES ET POUR ENFANTS

Choisissez la taille correcte.

Page 122: Manuel Belge Almbulanciers

• Comment utiliser le dispositif masque-valve-ballon?

Agenouillez-vous à la tête du patient. Dégagez les voies respiratoires et,si nécessaire, nettoyez-les (utilisez l’appareil d’aspiration).Placez une canule oropharyngée, sauf si le patient présente un réflexe denausée.Choisissez la taille correcte de masque.Appliquez correctement et fermement le masque sur la face en appuyantvotre pouce sur la partie supérieure du masque et l’index sur la partie infé-rieure. Les autres doigts empoignent le menton et l’angle du maxillaireinférieur (cfr. fig. 3.30).Comprimez le ballon toutes les 5 secondes. Vous pouvez appuyer le bal-lon contre votre cuisse.Vous devez appuyer avec suffisamment de force pour voir la cage tho-racique se soulever. Chez les nourrissons et les enfants vous comprimeztoutes les 3 secondes.Relâchez le ballon après l’avoir comprimé. Le patient expirera passive-ment.Si vous êtes à deux, l’un de vous pourra tenir le masque en place, tandisque l’autre comprime le ballon.

c. Le matériel d’administration de l’oxygène.

L’air que nous inspirons contient 21 % d’oxygène et cela suffit ample-ment dans les circonstances normales. Cependant, de nombreux patientsnécessiteront une concentration d’oxygène plus importante car leurrespiration est insuffisante.

3.44L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG. 3.30

VENTILATION AVEC LE DISPOSITIF

MASQUE-VALVE-BALLON

Choisissez le masque de taillecorrecte.

Appuyez le masque avec le pouce etl’index; avec les trois autres doigtssaisissez la mâchoire.

Page 123: Manuel Belge Almbulanciers

QUI A BESOIN D’UN SUPPLÉMENT D’OXYGENE?

• Les patients qui présentent des difficultés respiratoires ou un arrêt car-diaque et respiratoire.

• Les patients victimes d’ une crise cardiaque ou d’un accident vasculairecérébral; dans ces circonstances, l’apport de sang vers le cœur ou le cer-veau est diminué.

• Les patients en état de choc: leur circulation est insuffisante et l’apportd’oxygène aux organes est problématique.

• Les patients qui perdent beaucoup de sang présentent des problèmescirculatoires et, de cette façon, des problèmes d’apport d’oxygène.

• Les patients qui présentent des maladies pulmonaires sont en détresserespiratoire et ne peuvent donc pas prendre suffisamment d’oxygène.

• Les patients comateux ou intoxiqués par le monoxyde de carbone.Un ambulancier doit reconnaître ces situations par le teint bleuâtre oubleu-pâle du patient, par le type de respiration ou par l’altération del’état de conscience, la confusion ou l’agitation du patient.

REMARQUES GÉNÉRALES À PROPOS DES REGLES DE SÉCURITÉ

LORS DE L’ADMINISTRATION D’OXYGENE

L’administration d’oxygène sauve fréquemment des vies. Les avantagesde l’utilisation de l’oxygène dans le cadre de l’aide médicale urgentesont toujours plus grands que les risques médicaux et non médicaux.L’emploi de l’oxygène est cependant lié à des règles strictes de sécurité.L’ambulancier doit toujours avoir présent à l’esprit les notions suivantes,tant pour sa propre sécurité que pour celle des patients:• L’oxygène pur est un gaz qui peut provoquer des explosions.• Dans la bonbonne, l’oxygène se trouve sous pression; une brèche dans

la bonbonne, la rupture d’une valve, un manodétendeur défectueux ouvieilli peuvent provoquer une explosion et la projection de débris.

• L’oxygène est fortement inflammable et active violemment la combus-tion. Aucune flamme (cigarette, chauffage avec flamme nue, arcs élec-triques, ...) ne peut être présente dans un local où l’on emploie de l’oxy-gène.

• Les appareils utilisés pour l’oxygénation ne doivent pas être lubrifiés parde l’huile ou de la graisse, ils ne doivent pas être lavés avec du savongras, ils ne doivent pas être manipulés avec des mains grasses; l’utili-sation de sparadrap ou d’adhésifs est dangereuse sur ces appareils(saturation dangereuse des colles par l’oxygène).

• Il ne faut jamais utiliser de l’oxygène industriel à des fins médicales,celui-ci contient des impuretés et des toxiques. L’oxygène médical estsignalé par la lettre “M” en rouge.

• Evitez les manipulations à l’aide d’outils qui peuvent provoquer desétincelles et entraîner un risque d’explosion.

D’un point de vue médical, l’oxygène est un médicament.

3.45L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

Page 124: Manuel Belge Almbulanciers

Dans certaines rares situations, l’oxygène peut être nuisible pour lepatient:

• une administration prolongée d’oxygène aux nouveau-nés peut êtredangereuse, mais ce problème n’existe jamais dans le cadre de votreactivité d’ambulancier.• l’oxygène peut augmenter la toxicité de certains produits phytophar-maceutiques (Paraquat® ou Gramoxone®).• les bronchiteux chroniques insuffisants respiratoires graves, peuvent,après une administration d’une trop grande quantité d’oxygène, courirle risque d’un arrêt respiratoire.

AU MOYEN DE QUELS APPAREILS ADMINISTRER L’OXYGENE?

Vous disposez d’appareils portables, mais également d’installations fixesdans les ambulances. La majorité des appareils sont constitués d’unebonbonne, d’un détendeur, d’un débitmètre, d’un masque et d’untuyau d’alimentation.

La bonbonne contient de l’oxygène comprimé et constitue le moyenidéal pour disposer d’oxygène en tout lieu, même en dehors de l’hôpital.Selon les dispositions légales, les bonbonnes d’oxygène doivent êtremunies d’un collet blanc. Les bonbonnes existent en plusieurs tailles, detrois à vingt litres; leur volume est gravé sur la bonbonne (cfr. fig. 3.31).Pour savoir quelle quantité d’oxygène est disponible, vous devez bien con-naître ce volume (cfr. infra).Ces bonbonnes peuvent devenir dangereuses, si vous les manipulez demanière incorrecte. Ne les laissez jamais tomber, ne les cognez jamaisbrutalement. Fixez les bonbonnes au brancard pendant le transport.Ne déplacez jamais une bonbonne en la traînant ou en la roulant.N’utilisez jamais des sparadraps ou des adhésifs sur le cylindre, car lacolle peut réagir de manière explosive avec l’oxygène.N’utilisez que le détendeur et le débitmètre qui sont destinés à cettebonbonne.

La bonbonne

3.46L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG. 3.31

BONBONNES D’OXYGÈNE

Bonbonne d’oxygène. Différents modèles de bonbonnes.

Page 125: Manuel Belge Almbulanciers

N’ouvrez jamais une bonbonne complètement, mais refermez toujours lavalve d’un quart de tour pour éviter qu’une autre personne ne force lerobinet déjà ouvert de la bonbonne. La valve ne doit pas être complète-ment ouverte pour délivrer de l’oxygène.Entreposez les bonbonnes dans une pièce fraîche, ventilée, en les fixantcorrectement en place.La réglementation belge prévoit, tous les 10 ans, une révision des bon-bonnes par une firme agréée. La pression ne peut pas dépasser 200 bars(200 fois la pression atmosphérique). La pression de test du cylindre estpoinçonnée sur la bonbonne par la firme agréée. Toute réparation doitêtre réalisée par une firme agréée.Suite à divers incidents survenus ces dernières années dans des hôpitauxou des corps ambulanciers, les firmes agréées conseillent actuellement:• une révision du matériel tous les 5 ans• une décision de déclassement du matériel subissant des hautes pres-

sions après 10 ans.Comme ambulancier, vous rencontrez des professionnels des soins desanté qui utilisent de l’oxygène gazeux contenu dans des petits réservoirsdisposables (médecins généralistes, dentistes, infirmiers d’entreprises,kinésithérapeutes,...). Ces dispositifs ne sont pas adaptés à votre pratiquede tous les jours mais à l’utilisation très occasionnelle.

Le détendeur réduit la pression de 200 bars à un niveau de pression quipermet l’administration de l’oxygène au patient.Le pas de vis du détendeur qui connecte le manodétendeur sur la bon-bonne est d’un modèle défini légalement pour empêcher toute erreur demontage.En principe, ces accessoires doivent pouvoir être montés sans l’aided’outils (c’est à dire avec les mains). Ceci est rendu possible par une vismicrométrique qui relie la bonbonne d’oxygène au détendeur et un poin-teau avec joint qui réalise une jonction hermétique.

Le détendeur

3.47L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG. 3.32

DÉTENDEUR ET DÉBITMÈTRE

1. Pas de vis et anneau de joint2. Détendeur3. Manomètre du détendeur4. Régulateur de débit (débitmètre).

Placement du détendeur. Ceci doit s’effectuer sans outillage.

1

2

3

4

Page 126: Manuel Belge Almbulanciers

Vous devez bien connaître ce matériel et en maîtriser parfaitementl’usage. Un détendeur subit des pressions importantes, manipulez-le avecprécaution, respectez les consignes de la firme agréée.

La majorité des appareils modernes possède un détendeur et unmanomètre réunis en un seul bloc.Le débitmètre est le robinet avec lequel vous réglez la quantité d’oxygènequi est délivrée par minute. Il existe plusieurs sortes de débitmètres. Lepremier type est constitué d’un tube transparent muni d’une échelle.Une bille flottante indique le débit. Ce débitmètre doit toujours être enposition verticale pour une lecture correcte. Ce type de débitmètre con-vient dans les installations hospitalières fixes.Le deuxième type possède un cadran où une aiguille indique le débit. Cetype est indépendant de la position de la bonbonne et est moins fragile.

Un troisième type de débitmètre est étalonné sur des débits fixes pré-établis. L’ambulancier peut chosir le débit à administrer (p.ex. 2, 4, 6, 8,10 ou 12 l/min). Ce système est particulièrement robuste et efficace.Un quatrième type donne un débit fixe. Ce système ne peut qu’êtreouvert ou fermé. Il n’est pas adapté à l’aide médicale urgente. Il n’est paspossible d’adapter le débit aux besoins du patient. Pour une personneatteinte d’une affection pulmonaire chronique, un débit de 10 l/min peutêtre trop élevé. Ce type de débitmètre fixe est surtout utilisé dans des en-treprises lors de la prise en charge d’accidents de travail.

• Comment connaître l’autonomie d’un système d’oxygénation?

Vous devez être capable de calculer l’autonomie de votre réserve d’oxy-gène. Un calcul simple permet de déterminer cette autonomie à partir dela pression de la bonbonne (à lire sur le manomètre du détendeur), levolume de la bonbonne (gravé sur la bonbonne) et le débit administré (à lire sur le débitmètre).Dans des conditions d’utilisation normales, le calcul est effectué commesuit:

Le débitmètre

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FIG. 3.33

DÉBITMÈTRES

Différents types de débitmètres pour régler l’administrationd’oxygène.

Page 127: Manuel Belge Almbulanciers

• Volume de la bonbonne x pression dans la bonbonne = quantité d’oxygène disponible.

Par exemple. Une bonbonne de 6 litres présentant une pression de 100 barsfournira à pression atmosphérique 600 l d’oxygène. Il est dès lors facile de cal-culer rapidement l’autonomie en fonction d’un débit déterminé.Avec 600 l d’oxygène, un débit de 10 l/min pourra être administré pendant 60 minutes avant de vider la bouteille.En altitude ou pendant un transport aérien, la pression atmosphérique peut êtreplus basse.

Il existe des systèmes dans lesquels l’oxygène passe à travers un réservoird’eau avant d’être respiré. Cela est surtout utile lors de l’administrationprolongée d’oxygène à l’hôpital. Dans le cadre de l’Aide Médicale Urgentececi n’est utile que pour de longs trajets en ambulance. Ces réservoirsd’eau sont des foyers de contamination bactérienne. C’est la raison pourlaquelle il vaut mieux les éviter dans le cadre de l’aide Médicale Urgente.Pour les transports de longue durée, il faut utiliser un système stériled’humidification de l’oxygène.

Plusieurs systèmes d’apport d’oxygène existent. Certains conviennentpour des patients capables de respirer spontanément, tandis que d’autressont conçus pour des patients qui respirent faiblement, de manière insuf-fisante ou ne respirent plus.

• Pour les patients qui respirent spontanément

La sonde nasale et les lunettes à oxygène.La sonde nasale est constituée d’un simple tube de plastique souple,relié à la bonbonne d’oxygène et introduit jusqu’à une certaine profondeurdans le nez (cfr. fig. 3.34). Les lunettes à oxygène sont constituées d’untuyau souple qui se termine en forme de lunettes avec deux orifices quipeuvent être ajustés aux narines; le dispositif tient en place grâce à uncordon qui passe derrière les oreilles et en dessous du menton du patient.

Sondes et masques pour l’administration d’oxygène

L’humidificateur

3.49L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG. 3.34

SONDES POUR

L’ADMINISTRATION D’OXYGÈNE

Sonde nasale. Lunettes à oxygène.

Page 128: Manuel Belge Almbulanciers

Le débit d’une sonde nasale ou d’une lunette à oxygène peut être régléentre 1 et 6 l/min. Ceci correspond respectivement à environ 24% et 44%d’oxygène dans l’air inspiré. Il n’est pas indiqué d’administrer un débitplus élevé, car cela dessèche les muqueuses nasales. En fait, il n’est pasindiqué d’administrer plus de 3 l/min par ces systèmes, si l’oxygénationdure plus de 10 minutes.

La sonde nasale et les lunettes à oxygène sont généralement utiliséesdans des affections médicales légères. Les patients atteints d’affectionspulmonaires chroniques peuvent aussi utiliser les sondes nasales et leslunettes à oxygène car ils ne peuvent pas recevoir plus de 1-2 l/mind’oxygène. Pour les patients atteints d’affections graves une sonde nasaleou des lunettes à oxygène sont insuffisantes car ces patients nécessitentplus de 6 l/min. L’oxygène doit leur être administré au masque. Parfois ilsne supporteront pas le masque à cause d’une sensation de suffocation, etil est alors préférable de leur administrer l’oxygène à l’aide d’une sondenasale ou de lunettes à oxygène, à débit maximal.

3.50L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG. 3.35

MISE EN PLACE

D’UNE SONDE NASALE

1. Mesure de la longueur maximalepouvant être introduite dans le nez.

2. Fixation de la sonde.

FIG. 3.36

MISE EN PLACE

D’UNE LUNETTE À OXYGÈNE

1. Les deux orifices sont insérésdans les narines.

2. Fixation des “lunettes” aupatient.

Page 129: Manuel Belge Almbulanciers

Attention, la pression élevée peut repousser en arrière le tuyau de lasonde nasale ou des lunettes.

Les masquesLes ambulanciers utilisent normalement des masques à réservoir. Pourêtre complet, nous décrirons également le masque ordinaire; vous devezen connaître les avantages et les inconvénients.

Le masque ordinaire est fabriqué en plastique souple qui s’adapte surla figure au niveau du nez et de la bouche. Le masque possède des ouver-tures circulaires qui permettent l’admission d’air inspiré qui se mélangeà l’oxygène et par lesquelles l’air expiré peut s’échapper. Le tuyaud’admission d’oxygène s’adapte à l’extrémité du masque.

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FIG. 3.37

MASQUES POUR

L’ADMINISTRATION D’OXYGÈNE

1. masque simple (pour adultes et enfants).

2. masque à réservoir (pour adultes et enfants).

FIG. 3.38

MASQUE AVEC RÉSERVOIR

1.sac réservoir2. ouvertures unidirectionnelles(rondelles en caoutchouc)3. apport d’oxygène

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3

Page 130: Manuel Belge Almbulanciers

L’oxygène entre dans le masque et se mélange avec l’air inspiré. L’oxy-gène purge également l’air expiré dans le masque. Pour cette raison, ledébit d’oxygène doit être d’au moins 6 l/min. Si le débit est plus bas, lepatient inspirerait l’air qu’il vient d’expirer et recevrait trop peu d’oxygène.A un débit de 6 l/min, le patient reçoit 35 % d’oxygène, et à un débit de10 l/min, 60 % d’oxygène.

Le masque avec réservoir ressemble à un masque facial simple, maisles ouvertures latérales sont munies de rondelles de caoutchouc qui lais-sent sortir l’air expiré, mais se referment lors de l’inspiration sous l’effetde la dépression. De cette façon, l’air extérieur ne rentre pas par cesouvertures lors de l’inspiration. Le patient reçoit par conséquent plusd’oxygène. Le masque est muni d’un sac-réservoir, par lequel l’oxygènerentre dans le masque. A un débit de 8 l/min le patient reçoit 80 %d’oxygène, et 95 % à un débit de 15 l/min.

Il est très important d’utiliser une technique correcte pour appliquer lemasque:Si le patient est conscient, expliquez que l’administration d’oxygène estindispensable et qu’il est nécessaire d’utiliser un masque. Choisissez unmasque de taille adéquate. Il existe plusieurs tailles, notamment pour lesnourrissons, les enfants et les adultes. Chez les patients avec stomie, il estpossible d’utiliser un masque pour enfant et de l’appliquer sur l’ouverturede la stomie.Reliez le masque au tube d’alimentation en oxygène et connectez-le à labonbonne. Prenez le masque et obturez avec le doigt l’arrivée d’oxygènedans le masque. Réglez le débitmètre sur la valeur souhaitée, appuyez surl’ouverture jusqu’à remplissage complet du réservoir par l’oxygène.Posez le masque sur la figure et fixez-le avec l’élastique autour de latête. Le masque doit être bien appliqué sur la figure, sinon de l’air entreradans le masque et le patient recevra moins d’oxygène.Réglez le débit pour que le volume du réservoir diminue au grand maxi-mum de 1/3 de son volume lors de l’inspiration. S’il diminue plus, lepatient reçoit trop peu d’oxygène et il faut augmenter le débit. Le débitminimum nécessaire est de 8 l/min. Chez un patient qui respire rapide-ment et profondément le débit doit parfois être augmenté jusqu’à 20l/min.Si le patient ne supporte pas le masque, il faudra utiliser la sonde nasaleou les lunettes à oxygène. Parfois le patient conscient peut tenir le mas-que lui-même sur la bouche et le nez.

3.52L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

Page 131: Manuel Belge Almbulanciers

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FIG. 3.39

ADMINISTRATION DE L’OXYGÈNE

1. Expliquez au patient ce qui va sepasser, et choisissez un masque detaille adéquate. Reliez le masquepar le tuyau d’alimentation à labonbonne.

2. Ouvrez la bonbonne et contrôlezla pression sur le détendeur.

3. Réglez le débitmètre à la valeursouhaitée et obturez l’ouverture duréservoir jusqu’à remplissagecomplet par l’oxygène.

4. Posez le masque prudemment surla figure.

5. Réglez le débit en surveillant levolume du sac-réservoir (cfr. texte).

Page 132: Manuel Belge Almbulanciers

Si vous souhaitez interrompre l’administration d’oxygène, enlevez lemasque en détachant l’élastique. Fermez le robinet de la bonbonne.Détachez les tuyaux de la bonbonne. Laissez échapper l’oxygène restantdans le débitmètre en ouvrant le débitmètre à fond.Il faut utiliser le masque à réservoir chez les patients qui ont besoin debeaucoup d’oxygène, par exemple lors des intoxications par les émana-tions d’un poêle (intoxication au monoxyde de carbone) ou chez le patientchoqué. Dans ce manuel, plusieurs situations cliniques sont décrites, laquantité d’oxygène ainsi que la manière de l’administrer seront précisées.

• Chez les patients qui ne respirent pas spontanément.

Un patient qui ne respire plus spontanément doit évidemment êtreventilé. En réalisant le bouche-à-bouche, il n’est pas possible d’admini-strer de l’oxygène supplémentaire. En utilisant un masque facial ou unmasque avec valve, il est possible d’administrer un supplément d’oxygène.L’utilisation du masque facial a été décrit précédemment. Un bon mas-que facial possède un embout d’administration d’oxygène. En donnant 10 l/min d’oxygène, le patient reçoit environ 50 % d’oxygène inspiré.

Le masque-valve-ballon a été décrit précédemment. Il possède uneadmission d’oxygène. En donnant suffisamment d’oxygène (10 à 15 l/min), le patient sera pratiquement ventilé à l’oxygène pur (90 %). Cesavantages sont à mettre en balance avec la difficulté d’emploi et l’en-traînement nécessaire à l’utilisation de cette technique.Il existe des appareils de ventilation automatique avec masquefacial; leur emploi nécessite un entraînement certain et de l’expérience.Les appareils automatiques de ventilation sont généralement portables etmunis d’une bonbonne d’oxygène relativement petite. Certains de cesappareils délivrent l’oxygène sous pression, à la demande de l’utilisateur(gâchette ou bouton à enfoncer). L’emploi de ces appareils doit se discuteravec le médecin responsable de votre formation.

Pour l’ambulancier, un masque facial et un ballon alimenté enoxygène sont à préférer à ces dispositifs difficiles à utiliser cor-rectement.

Aide au SMUR pour la ventilation du patient

L’équipe d’intervention possède une série de moyens spécialisés etd’appareils pour traiter les patients victimes d’une obstruction desvoies respiratoires et d’une défaillance respiratoire: la pince deMagill, le laryngoscope, le tube endotrachéal et les appareils deventilation automatique.Il est bon que l’ambulancier connaisse ces appareils pour com-prendre l’action et les demandes de l’équipe du SMUR.Votre degré d’implication dans cette action dépend de votre for-mation et des instructions du médecin du SMUR.Lors de l’intubation endotrachéale, une sonde est introduite dans

3.54L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

Page 133: Manuel Belge Almbulanciers

la trachée. Ce tube est muni à une extrémité d’une manchette gon-flable. Au moment où le tube est en place, le gonflement de cettemanchette adaptera celui-ci à la trachée. Il sera alors très facile deventiler le patient avec 100 % d’oxygène. Cette ventilation peut sefaire au ballon ou avec un appareil de ventilation automatique.L’appareil permet de régler séparément le débit et la fréquence.

Pendant la préparation de l’intubation, le patient doit être ventiléavec de l’oxygène. Ceci est de la responsabilité de l’ambulancier etde l’équipe médicale.Si pendant l’intubation, vous devez aider le médecin en présentantle matériel, cela doit faire l’objet d’un apprentissage approfondiindispensable pendant votre formation.

3.55L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG. 3.40

L’INTUBATION ENDOTRACHÉALE

Le matériel nécessaire:1. laryngoscope avec lames dedifférentes tailles.2. pince de Magill (taillesdifférentes).3. appareil d’aspiration prêt à l’emploi.4. tube endotrachéal (emballagestérile).5. mandrin pour le tube.6. lubrifiant.7. sparadrap et ciseaux.

1. tube endotrachéal.2. manchette ou “cuff” pour adapterle tube hermétiquement à la trachée.3. seringue pour gonfler lamanchette.

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2

1

4

5

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2

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3.2 Quand le cœur s’arrête

Chaque année 11.000 personnes environ décèdent d’un arrêt cardiaqueinopiné. Cela représente un nombre de décès deux fois plus grand queceux provoqués par les accidents de roulage.Le système cardio-vasculaire et le système respiratoire sont deux systè-mes vitaux qui collaborent étroitement pour fournir l’oxygène à l’orga-nisme. Ils sont tellement intimement liés que lors d’un arrêt cardiaque,la respiration s’arrêtera également très rapidement. Sans interventionimmédiate, la mort sera inéluctable.Un arrêt cardiaque peut avoir des causes diverses, mais dans de nom-breux cas la cause est liée à une affection du cœur lui-même. Lors d’unesuffocation ou d’une noyade, l’arrêt respiratoire peut précéder l’arrêtcardiaque.La cause précise de l’arrêt cardiaque est généralement sans grandeimportance pour l’ambulancier. La technique de base pour la réanimationcardio-pulmonaire reste toujours la même. On parle de RéanimationCardio-Pulmonaire (RCP) parce que l’on tente de remettre en routel’activité spontanée du cœur (en latin “cor”) et de la respiration (poumonen latin s’appelle “pulmo”).

Malheureusement il est rarement possible de rétablir l’activité spontanéecardiaque et respiratoire au moyen de la réanimation de base seule. Cependant, cette réanimation de base est essentielle pour le maintien del’apport d’une quantité vitale d’oxygène à l’organisme (et surtout au cer-veau); cela permet de retarder l’apparition de la mort biologique. Persévé-rez dans la pratique de la RCP en attendant que le SMUR vienne en ren-fort avec ses moyens spécialisés. Sans vos efforts, aucun espoir ne seraitpossible pour préserver l’intégrité des cellules cérébrales du patient.

Que se passe-t-il lors d’un arrêt cardiorespiratoire?

L’anatomie et le fonctionnement du cœur ont été exposés au cha-pitre 1. Une révision de celui-ci est utile avant de progresser dansce chapitre-ci.Chaque contraction du muscle cardiaque est provoquée par uneactivité électrique. La décharge électrique est normalement trèsrégulière, car le cœur reçoit des impulsions régulières de nerfs spé-cialisés. Cette activité électrique peut être enregistrée avec unmoniteur cardiaque et interprétée par un médecin.Lors de la “mort subite”, on distingue trois types de troubles del’activité électrique du muscle cardiaque.Si le moniteur cardiaque enregistre une activité électrique chaoti-que, comme une suite de courts-circuits désordonnés, nous parle-rons de fibrillation ventriculaire. Dans ces cas, il est possiblede synchroniser ce chaos électrique en administrant un choc élec-

1.2

3.56L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

Page 135: Manuel Belge Almbulanciers

trique. On appelle cela “défibrillation” et cela suf fit parfois àsauver le patient.Lors d’une asystolie plus aucune activité électrique n’est enregis-trable, et par conséquent aucune contraction cardiaque n’est pré-sente.Lors d’une dissociation électromécanique, on enregistreencore une activité électrique organisée, mais cette activité élect-rique n’est plus capable de provoquer une contraction musculaireef ficace. Le signal électrique et la contraction musculaire sontdonc dissociés et il n’y a pas de circulation efficace (pas de poulsperçu).

C O M M E N T P E R M E T T R E À U N P A T I E N TV I C T I M E D ’ U N A R R Ê T C A R D I A Q U E D E S U R V I V R E ?

La survie d’un patient lors de l’arrêt cardiorespiratoire est fonction d’uncertain nombre de facteurs. D’une part, l’état de santé du patient, son âge,ses antécédents médicaux et la cause de l’arrêt jouent un rôle; d’autrepart, la survie est également déterminée par la rapidité de l’interventiondes services de secours médicaux. En quelques minutes, un arrêt du

3.57L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG. 3.41

TROUBLES DU FONCTIONNEMENT

ÉLECTRIQUE DU CŒUR

1. activité cardiaque normale 2. fibrillation ventriculaire

3. asystolie 4. dissociation électromécanique.

Page 136: Manuel Belge Almbulanciers

cœur et de la respiration entraîneront toujours des lésions cérébrales irré-parables, si l’on n’y supplée pas efficacement.

La gravité de la situation doit être rapidement reconnue et les secoursadéquats doivent être apportés rapidement.L’ABC de la réanimation doit être mis en œuvre aussi rapidement quepossible. Idéalement, ces “gestes qui sauvent” seront réalisés par lespremiers témoins, acteurs importants de la “chaîne de survie”.Dès leur arrivée, les ambulanciers doivent continuer cet ABC ou l’enta-mer sans tarder.Le SMUR dispose de matériel spécialisé de défibrillation, d’intubation etde médicaments qui doit arriver sur place le plus tôt possible.Dans cette “chaîne de secours” de l’aide médicale urgente, tous lesmaillons sont importants. Le rôle de l’ambulancier est essentiel. Vousdevez reconnaître une personne inconsciente victime d’un arrêt cardia-que et respiratoire, appeler le SMUR en renfort s’il n’a pas été envoyéd’office, et mettre sans tarder l’ABC de la réanimation en œuvre.

3.58L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG. 3.42

LA CHAÎNE DES SECOURS DE

L’AIDE MÉDICALE URGENTE.1. Appel immédiat des secours

2. Réanimation cardio-pulmonaireimmédiate

3. Défibrillation précoce

4. ACLS immédiate pourstabilisation.

Légende: ACLS signifie Advanced Cardiac Life Support.

Page 137: Manuel Belge Almbulanciers

Les premiers secours débutent toujours par l’ABC

Le contrôle de la conscience, le A et B des techniques de réanimation ontété exposés précédemment en détail. Nous n’en reprenons que les pointsprincipaux.

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FIG. 3.43

PRISE EN CHARGE D’UN ARRÊT

CARDIORESPIRATOIRE

1. Contrôlez l’état de conscience en parlant au patient.

2. Contrôlez l’état de conscience en tapant sur l’épaule.

3. Dégagez les voies respiratoiresseulement si vous voyez un corpsétranger.

4. Dégagez les voies respiratoirespar l’hyperextension de la tête.Regardez, écoutez et sentez si unerespiration est présente.

5. En l’absence de respiration,ventilez 2 fois.

Page 138: Manuel Belge Almbulanciers

CONTRôLEZ L’ÉTAT DE CONSCIENCE

Si un patient ne réagit pas à une interpellation ou à une tape sur l’épaule,à des bruits violents et à des stimulations douloureuses, on admet qu’il estinconscient. Appelez le SMUR en renfort par le centre 100.

Mettez le patient dans la position adéquate: couché sur le dos et depréférence sur un plan dur.Attention: essayez de déduire des circonstances si une lésion de la nuqueou du dos est probable et prenez si nécessaire les mesures adéquates enutilisant les techniques appropriées.

LES VOIES RESPIRATOIRES SONT-ELLES LIBRES?

Basculez la tête vers l’arrière et tirez le menton vers l’avant pour dégagerles voies respiratoires. Si un corps étranger bloque manifestement lesvoies respiratoires (dentier, vomissures ...), enlevez-le.Si une lésion de la nuque est probable, utilisez la technique de la sub-luxation de la mâchoire inférieure.

FAUT-IL VENTILER?

Regardez, écoutez et sentez si le patient respire. Comptez jusqu’à 5 pourchacune de ces étapes. Si vous n’observez aucune respiration, commen-cez la ventilation.Si aucun soulèvement de la cage thoracique n’est observé lors de l’insuf-flation, ou si vous sentez une résistance lors de l’insufflation, réalisez unedeuxième tentative de dégagement des voies respiratoires en basculantla tête vers l’arrière et en tirant le menton vers l’avant. Ce n’est qu’aprèsune deuxième tentative infructueuse que vous devez envisager l’éven-tualité de la présence d’un corps étranger qui obstrue les voies respira-toires, et agir en conséquence.Après avoir effectué deux ventilations, contrôlez la circulation.

2.2

2.2

2.2

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FIG. 3.44

HYPEREXTENSION DE LA TÊTE

AVEC “CHIN-LIFT”

Regardez, écoutez et sentez si unerespiration est présente.

Page 139: Manuel Belge Almbulanciers

CONTRôLEZ LA CIRCULATION

Faites glisser l’index et le médius de la main qui tient le menton vers lebas, le long du larynx et le muscle qui est en arrière de celui-ci. Entre lelarynx et ce muscle, vous trouverez la carotide.

Cette artère (la carotide) est choisie de préférence pour contrôler la cir-culation car le pouls y est encore perceptible lorsque la pression artérielleest basse. En effet, ce vaisseau est large et proche du cœur. En outre, cetteartère est aisément accessible.Palpez pendant 5 à 10 secondes, car dans certaines affections cardiaquessans arrêt cardiaque, le pouls peut être très lent. Il faut toujours éviter decommencer un massage cardiaque si cela n’est pas indispensable. Sivous sentez un pouls, aussi lent soit-il, il sera seulement nécessaire deventiler.

MAINTENEZ LA CIRCULATION

Lorsqu’aucun pouls n’est perçu au niveau de la carotide, il faut débuter unmassage cardiaque externe. Ce “massage” imite le fonctionnement dela pompe cardiaque. La compression rythmique extérieure du cœur estréalisée par un appui sur la moitié inférieure du sternum.De cette manière, il est possible de maintenir la circulation cérébrale, car-diaque et pulmonaire. Le massage cardiaque réalisé le plus parfaitementpossible ne restitue que 25 % de la fonction cardiaque normale, et n’estque le pâle reflet d’une pompe cardiaque qui fonctionne normalement.Une réalisation technique incorrecte en diminue encore l’efficacité.

• Comment réaliser le massage cardiaque?

Couchez le patient allongé sur le dos sur un plan dur. La meilleure solu-tion consiste souvent à le coucher simplement sur le sol. On conseille desurélever légèrement les pieds du patient, ce qui favorise le retour du sangen provenance des jambes vers le cerveau et le cœur.

2.2

3.61L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG. 3.45

CONTRÔLE DU POULS PAR

LA RECHERCHE DU POULS

CAROTIDIEN

1. Recherchez la pomme d’Adam de l’index et du médius.

2. Faites prudemment glisser lesdeux doigts vers la gouttière situéeentre la pomme d’Adam et le musclequi se trouve en arrière. Recherchezle pouls.

Page 140: Manuel Belge Almbulanciers

Agenouillez-vous à côté du patient au niveau de son thorax.Glissez l’index et le médius le long du rebord costal (du côté où vous êtesagenouillé) jusqu’à la jonction des deux arcs costaux, à la partie inférieuredu sternum.Posez l’index et le médius sur le sternum à l’endroit où les côtes serejoignent. Ne posez pas les doigts sur la partie inférieure extrême dusternum (appendice xiphoïde). Une pression trop forte sur ce point peutentraîner des fractures et des lésions; Posez le talon de l’autre mainimmédiatement à côté des deux doigts sur le sternum. Posez lamain (celle de l’index et du médius) sur la première et entrelacez lesdoigts. Vous tirez ainsi les doigts de la main inférieure vers le haut. Ils neprennent donc pas appui sur les côtes, ce qui permet d’éviter autant quepossible les fractures de côtes lors de la réalisation du massage.Placez-vous aussi près que possible du patient, les bras tendus et les épau-les d’aplomb au-dessus des paumes de vos mains.Enfoncez verticalement le sternum de 3,5 à 5 cm. On appelle cela une“compression thoracique”, ce qui signifie littéralement une compressiondu thorax. Les bras sont maintenus tendus en permanence. Le mouve-ment de compression doit partir des hanches, tandis que le thorax, lesépaules et les bras se déplacent en bloc. Ne pliez pas les bras. Maintenezvos mains constamment en place.

3.62L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG. 3.46

DETERMINEZ LE POINT

DE COMPRESSION POUR

LE MASSAGE CARDIAQUE

Glissez l’index et le médius le longdu gril costal vers la jonction descôtes.

FIG. 3.47

POINT DE COMPRESSION POUR

LE MASSAGE CARDIAQUE

Repérez la jonction des rebordscostaux et posez l’index et le médiusà côté, sur la partie inférieure dusternum.

Page 141: Manuel Belge Almbulanciers

Le rythme du massage cardiaque varie selon l’âge du patient (adulte,enfant ou nourrisson) et selon que vous êtes seul ou à deux sauveteurs.Ces aspects et d’autres détails seront développés plus loin.

Quel matériel peut être utilisé lors de la réanimation?

Il est fréquent que le patient vomisse pendant la réanimation. Pour main-tenir les voies respiratoires libres et pour empêcher la pénétration desvomissures dans l’arbre bronchique, il est nécessaire d’éliminer aussirapidement que possible les vomissements, le sang et/ou la salive. Plu-sieurs techniques sont utilisables sans ou avec du matériel, comme lesaspirateurs.

Pour maintenir les voies respiratoires perméables, une canule oropha-ryngée est un moyen commode. Une canule de taille adéquate doit êtreutilisée pendant la ventilation au ballon.Si on souhaite administrer un supplément d’oxygène, l’utilisation d’unmasque est indispensable. On utilise généralement un masque de pocheou un ballon. Le médecin responsable de votre formation choisira latechnique standard à utiliser.

3.1

3.1

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FIG. 3.48

PLACEMENT DES MAINS

Placez le talon de la main sur lesternum, à côté de l’endroit quevous venez de repérer de l’index et du médius.

FIG. 3.49

DIRECTION DE LA

COMPRESSION THORACIQUE

Exécutez les compressionsverticalement, les bras tendus.

Page 142: Manuel Belge Almbulanciers

Ces moyens techniques indispensables doivent être emportés lorsquevous vous rendez vers le patient, cela afin de ne pas perdre de temps enrevenant les chercher ensuite.

Procédures pour la réanimation cardio-pulmonaire

Les procédures de réanimation dépendent de l’âge du patient et du nom-bre de sauveteurs. Les techniques sont exposées ci-dessous et le tableau3.3 en est le résumé.

RCP DE L’ADULTE PAR UN SAUVETEUR

Après avoir constaté la perte de conscience et avoir appelé le SMUR, ilfaut exécuter l’ABC selon la procédure suivante:Après avoir constaté l’absence de respiration, réalisez deux insufflations.La technique à utiliser est évidemment fonction du matériel disponible(masque, ...). Si aucun matériel n’est disponible, il faut effectuer une ven-tilation par la technique du bouche-à-bouche.Contrôlez ensuite le pouls au niveau de l’artère carotide.En l’absence de pouls, commencez le massage cardiaque: 15 compres-sions au rythme de 80 à 100/min (c’est-à-dire environ 15 compressionsen 10 secondes).Effectuez deux nouvelles insufflations.Répétez une nouvelle série de 15 compressions et de 2 insufflationsjusqu’au rétablissement d’une respiration ou d’une circulation spontanée.Contrôlez le rétablissement éventuel du pouls et de la respiration aprèsles 4 premières séries de 15 compressions et de 2 insufflations, et ensuitetoutes les 2 ou 3 minutes.Si vous obtenez le renfort d’un deuxième sauveteur, vous passerez à latechnique de réanimation à deux sauveteurs, à condition qu’une bonnecollaboration soit possible entre les deux sauveteurs présents.Continuez la réanimation jusqu’à l’arrivée de l’aide spécialisée du SMUR.

3.64L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG. 3.50

RÉANIMATION CARDIO-

PULMONAIRE PAR UN SAUVETEUR.

15 compressions 2 insufflations

Page 143: Manuel Belge Almbulanciers

RCP DE L’ADULTE PAR DEUX SAUVETEURS

C’est la méthode de réanimation classique par deux ambulanciers.Le premier sauveteur entame immédiatement la procédure à un sauve-teur comme décrit plus haut. Le second prévient entre-temps – si celan’est déjà fait – le SMUR par l’intermédiaire du centre 100 et prépare lematériel pour la ventilation au masque (avec administration d’oxygène).On passe à la technique par deux sauveteurs après une série de 15 com-pressions et de 2 insufflations.Pour cela, le premier sauveteur s’agenouille derrière la tête du patient,dans l’axe longitudinal de celui-ci et dégage les voies respiratoires (bas-cule de la tête, placement éventuel d’une canule oropharyngée). Cetambulancier contrôle également si entre-temps la respiration ne s’est pasrétablie. Il adapte le masque fermement sur la figure du patient.Le second sauveteur est agenouillé à côté du thorax, contrôle le pouls etplace les mains correctement pour réaliser les compressions thoraciques.Si la respiration et la circulation sont toujours absentes, un sauveteureffectue une insufflation, et ensuite l’autre sauveteur effectue 5 com-pressions (rythme de 80 -100/min). Après la cinquième compression, unepause de 1,5 à 2 secondes est intercalée, pour permettre à l’autre sauve-teur d’effectuer une insufflation.

1 insufflation pour 5 compressions

Pendant qu’un ambulancier réalise le massage cardiaque, l’autre sauve-teur contrôle le pouls carotidien. Normalement, le pouls carotidien peutêtre perçu et permet de juger de l’efficacité du massage cardiaque.Après 1 minute, la RCP est interrompue pendant 5 secondes pour per-mettre le contrôle de la respiration et de la circulation par le sauveteur quiest près de la tête. Ensuite, il répètera ce contrôle toutes les 2 à 3 minu-tes.Si un sauveteur est fatigué de réaliser les compressions thoraciques, unchangement de rôle peut se réaliser, à condition de perdre aussi peu detemps que possible.

!

3.65L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG. 3.51

RÉANIMATION CARDIO-

PULMONAIRE À DEUX

SAUVETEURS

5 compressions thoraciques pour 1 insufflation.

Page 144: Manuel Belge Almbulanciers

RCP CHEZ LES ENFANTS (1 À 8 ANS)

Les variations entre les techniques de réanimation pour adultes, enfantset nourrissons ont été réduites au minimum par les auteurs des recom-mandations officielles. Nous ne mentionnerons que les différences. Celles-ci sont résumées dans le tableau 3.3.

Si on se trouve seul sur le lieu d’un sinistre (sans témoins), on ventilera lesenfants d’abord pendant une minute, et on réalisera des compressionsthoraciques avant de prévenir le SMUR. En effet, tandis que chez les adul-tes, l’arrêt cardiaque est généralement dû à un problème cardiaque, chezles enfants, il est généralement la conséquence d’un manque d’oxygène.C’est la raison pour laquelle l’ABC a seul une chance raisonnable desauver l’enfant. Lorsqu’on se trouve à deux sauveteurs, il est évidentqu’un sauveteur appelle immédiatement le SMUR, tandis que l’autrecommence la réanimation.

Si on est le seul sauveteur sur les lieux, on maintiendra continuellementune main sur le front pour maintenir la tête réclinée et dégager ainsi lesvoies respiratoires; l’autre main effectuera les compressions thoraciquessur le sternum. Cette manière de procéder permet de perdre un minimumde temps pour alterner la ventilation et le massage cardiaque. Si cela n’estpas efficace pour assurer une bonne ventilation du petit patient, il faut uti-liser la main du massage cardiaque pour basculer le menton et dégagerles voies respiratoires. Il ne faut pas exagérer la bascule de la tête enarrière, car les cartilages de la trachée et du larynx sont mous et peuvents’aplatir et obstruer ainsi les voies respiratoires.

Il faut tenir compte du fait que les poumons de l’enfant sont plus petitsque ceux d’un adulte. Le volume est différent selon les âges. Arrêtezd’insuffler dès que vous voyez la cage thoracique se soulever. L’insuf-flation est plus brève que chez l’adulte, (1 à 1,5 seconde au lieu de1,5 à 2 secondes).Rappelez-vous que la fréquence de ventilation est plus élevée chezl’enfant que chez les adultes (20/minute).Veillez à ne pas insuffler de l’air dans l’estomac.

Ventilez si nécessaire par la bouche et le nez. Choisissez la taille adéquatelors de l’utilisation d’un masque de poche ou d’un ballon-valve-masque.

Le massage cardiaque chez l’enfant se réalise à une seule main. La cagethoracique est enfoncée de seulement 2,5 cm à 4 cm. Le point de com-pression, c’est-à-dire l’endroit où le talon de la main est placé, est lemême que chez l’adulte.La fréquence du massage est légèrement supérieure à celleemployée chez l’adulte (100 par minute). Le rapport ventilation/com-

Massage cardiaque

3.1

Ventilation

Voies respiratoires

Alerte du SMUR

3.66L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

Page 145: Manuel Belge Almbulanciers

pression est – après les deux insufflations initiales – le même, que l’on soitseul ou à deux sauveteurs.

1 insufflation pour 5 compressions

RCP CHEZ LE NOURRISSON

Suivez ici également les règles générales de l’ABC. Comme pour lesenfants, si l’on est le seul sauveteur, on commence par réanimer pendantune minute avant d’appeler le SMUR.

Si vous êtes seul, vous maintenez en permanence une main sur le frontpour dégager les voies respiratoires en basculant la tête vers l’arrière etvous placez les doigts de l’autre main sur le sternum pour effectuer lescompressions thoraciques. Ceci permet une perte de temps minimum lorsdu passage des compressions aux insufflations.Cependant, s’il n’est pas possible de ventiler correctement le petit patientde cette manière, vous serez obligé d’utiliser la main du massage cardia-que pour dégager les voies respiratoires en tirant le menton vers l’avant.Il ne faut pas exagérer la bascule de la tête vers l’arrière, car lesvoies respiratoires du nourrisson sont constituées de cartilages mousqui peuvent s’écraser et s’obstruer.Une autre technique consiste à placer une main sous les épaules del’enfant, ce qui bascule automatiquement la tête en arrière.

Vous posez la bouche sur la bouche et le nez de l’enfant. Le volumed’insufflation reste limité à la quantité d’air contenue dans les jouesgonflées du sauveteur. Il faut veiller à choisir une taille correcte de mas-que pour la ventilation au masque ou au ballon.

La carotide est souvent difficilement accessible chez le nourrisson. C’estla raison pour laquelle on utilise généralement l’artère brachiale quel’on trouve à la face interne du bras, derrière le biceps.

Contrôle du pouls

Ventilation

Voies respiratoires

!

3.67L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG. 3.52

MASSAGE CARDIAQUE

CHEZ L’ENFANT (1 À 8 ANS)

Le massage cardiaque s’effectue à une main.

Page 146: Manuel Belge Almbulanciers

MASSAGE CARDIAQUE

Chez le nourrisson, on place l’index, le médius et l’annulaire sur le ster-num, en dessous d’une ligne imaginaire qui relie les deux mame-lons. On enlève ensuite l’index et on effectue les compressions avec lemédius et l’annulaire.On utilise, chez le nourrisson, deux doigts pour la compression et on en-fonce le thorax de 1,5 à 2,5 cm. Le rythme est identique à celui desenfants: 10 compressions par minute. Le rapport compressions/insuf-flations, après les 2 ventilations “initiales” est le même que chez lesenfants:

1 insufflation pour 5 compressions!

3.68L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG. 3.53

RÉANIMATION

CARDIOPULMONAIRE

CHEZ LE NOURRISSON

1 Basculez prudemment la tête versl’arrière et ventilez par la bouche et le nez.

2. Contrôlez le pouls au niveau de l’artère brachiale du bras.

3. Placez l’index, le médius etl’annulaire sur le sternum en dessousd’une ligne imaginaire reliant lesdeux mamelons. Relevez l’index.

4. Effectuez les compressionsthoraciques avec le médius etl’annulaire restés en place.

Page 147: Manuel Belge Almbulanciers

CHEZ L’ADULTE ET L’ENFANT VEILLEZ PARTICULIEREMENT À CE

QUI SUIT:

La RCP est une méthode imparfaite pour suppléer les fonctions circula-toire et respiratoire normales. Limitez par conséquent les interruptions austrict minimum.Placez correctement vos mains pour réaliser les compressions. Placéestrop haut, elles peuvent entraîner des fractures de sternum et de côtes.Placées trop bas, cela peut entraîner une fracture de l’apophyse xiphoïdeet des lésions internes notamment du foie. Si les mains ne sont pasplacées au milieu, la pression asymétrique peut entraîner des fractures decôtes.Même si les mains sont placées correctement, le cartilage des côtes peutse rompre et des côtes peuvent se briser. Cela peut arriver surtout chez despersonnes âgées aux os fragiles. Continuez néanmoins votre RCP aprèsavoir contrôlé la position de vos mains. Un patient qui survit avec descôtes cassées est préféré à un patient décédé avec des côtes intactes.Ne jamais commencer un massage cardiaque quand le pouls est présent.L’ambulancier doit toujours entamer une RCP, devant une absence depouls. Dans un certain nombre de cas limités, définis par la loi, vous n’êtespas tenu de commencer une réanimation: c’est le cas des victimes quiprésentent des signes évidents de mort (décapitation, raideur cadavériqueou début de putréfaction du cadavre).

T E C H N I Q U E N O U R R I S S O N ( < 1 A N ) E N F A N T ( 1 - 8 A N S ) A D U L T E E T E N F A N T ( > 8 A N S )

Voies respiratoires bascule très légère de la tête bascule de la tête bascule de la têteavec poussée vers le haut avec poussée du menton avec poussée du mentondu menton ou placement d’une main sous les épaules si traumatisme: si traumatisme:

subluxation de la mandibule subluxation de la mandibule

VentilationDurée de l’insufflation 1 à 1,5 sec 1 à 1,5 sec 1,5 à 2 secNombreinitial 2 x 2 x 2 x Ensuite 20 x/min 20 x/min 10 à 12 x/min

CirculationContrôle du pouls bras cou cou

Endroit de compression 1 travers de doigt 1 travers de doigt 2 doigts au-dessus de en dessous de la ligne au-dessus de la jonction l’appendice xiphoïdeintermamelonnaire (= tiers des côtes (tiers au-dessus de la jonction inférieur du sternum) inférieur du sternum) des côtes (tiers

inférieur du sternum)

Type de compression 2 doigts talon d’une main talon des deux mains entrecroisées

Profondeur 1,5 à 2,5 cm 2,5 à 4 cm 3,5 à 5 cm

Fréquence au moins 100/min 100/min 80 à 100/min

Rapport compressions/ventilations1 sauveteur 5 / 1 5 / 1 15 / 22 sauveteurs – 5 / 1 5 / 1

3.69L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

TABLEAU 3.3.

COMPARAISON DE LA

REANIMATION CARDIOPULMO-

NAIRE CHEZ L’ADULTE, L’ENFANT

ET LE NOURRISSON

Page 148: Manuel Belge Almbulanciers

__________________________ ______________________________________Chapitre 3 Les affections à risque vital 3. 70

Comment faire face à une fibrillation ?

La réanimation cardio-respiratoire constitue une partie importante de la formation de base et de la formation permanente du secouriste-ambulancier. L'introduction de la défibrillation externe automatique (DEA) dans le système de secours pré-hospitalier peut contribuer à réduire d'une manière importante le délai entre l'apparition d'un malaise cardiaque et la défibrillation.

L'arrêt cardio-respiratoire se définit comme la suppression des pulsations cardiaques périphériques. Cela entraîne la mort s'il se prolonge plusieurs minutes.

Recherche scientifique a démontré que les maladies cardiovasculaires constituaient une cause importante de mortalité. Les troubles du rythme cardiaque, notamment ceux où la fonction mécanique du cœur perd son efficacité, constituent la cause principale de décès précoces. Il est possible de restaurer une activité cardiaque normale par la réanimation précoce et la défibrillation. Progressivement, l'équipement des ambulances est complété par des appareils de DEA. Afin de pouvoir les utiliser, les autorités ont rendu accessible cette technique médicale pour les secouristes-ambulanciers. Cela rend nécessaire une formation de bonne qualité et l'utilisation du défibrillateur par un personnel autorisé, habilité et sous contrôle médical strict. Chaque mise en action d'un appareil de DEA par les secouristes-ambulanciers nécessite impérativement l'intervention précoce d'un service mobile d'urgence car il s'agit de la prise en charge médicale d'un arrêt cardio-respiratoire.

L'anatomie du cœur est décrite à partir de la page 1.17 du chapitre 1 du manuel.

La stimulation et la conduction cardiaque

Le sang pauvre en oxygène qui revient des organes vers la cavité thoracique est pompé par le cœur droit et envoyé vers les poumons. Le sang alors enrichi en oxygène par

1.17ç

Le cœur

12.4è

Page 149: Manuel Belge Almbulanciers

les poumons revient vers le cœur gauche et est envoyé dans le corps par l'aorte. Pour pouvoir se contracter et effectuer ce travail, le myocarde, comme les autres muscles, doit bénéficier d'une stimulation électrique.

Le nœud sinusal : Un groupe de cellules, constituant une sorte de batterie, se trouve dans la paroi de l'oreillette droite, à proximité de la jonction avec l'orifice de la veine cave. Ce nœud stimulateur dirige, par des fibres conductrices, un courant électrique vers chaque cellule des oreillettes où s'effectue leur contraction symétrique.

La conduction auriculo-ventriculaire :La stimulation émanant du nœud sinusal atteint ensuite la jonction entre les oreillettes et les ventricules. A la sortie de cette jonction, la stimulation électrique arrive avec un peu de retard aux cellules des ventricules par le faisceau de His et les fibres de Purkinje. Dès lors, les muscles des ventricules se contractent d'une manière coordonnée. Après un court instant, les cellules musculaires du myocarde se remettent au repos.

Le rythme cardiaque

Un rythme cardiaque normal est appelé "rythme sinusal" quand la stimulation débute au niveau du nœud sinusal.

Pendant la réanimation, nous pouvons classer les rythmes cardiaques en deux groupes :

• Rythmes pouvant être défibrillés :o fibrillation ventriculaire : les fibres

musculaires cardiaques agissent d'une manière incoordonnées. Cela empêche l'éjection du sang en dehors du cœur.

o Tachycardie ventriculaire avec une fréquence supérieure à 180/minute : les ventricules se contractent indépendamment à une grande vitesse et le travail de la pompe devient inefficace.

• Rythmes ne pouvant être défibrillés : o Asystolie : Le cœur ne présente plus

d'activité électrique ni mécanique. o Activité électrique sans pulsation :

elle est souvent appelée dissociation électromécanique. Cela se caractérise par une activité électrique sans activité mécanique du cœur.

__________________________ ______________________________________Chapitre 3 Les affections à risque vital 3. 71

Page 150: Manuel Belge Almbulanciers

La défibrillation

Défibriller consiste à administrer un choc électrique au niveau du cœur, au travers de la paroi thoracique. Défibriller a pour but de lever le désordre dans la contraction des fibres musculaires cardiaques et leur permettre de reprendre une activité synchrone efficace.

Le défibrillateur

Un défibrillateur est un appareil par lequel un choc électrique peut être donné à une victime en état d'arrêt cardiaque.

• Défibrillateur interneCertains personnes cardiaques disposent d'un défibrillateur interne. L'appareil décide d'une manière totalement indépendante de délivrer un choc électrique dans les troubles du rythme appropriés.

• Défibrillateurs externeso Défibrillateur externe manuel : L'usage

d'un défibrillateur manuel nécessite une interprétation du rythme cardiaque par le sauveteur à l'aide d'un tracé visible sur un écran ou un papier. Cette interprétation est réservée à l'équipe SMUR qui dispose des connaissances et de l'expérience nécessaire.

o Défibrillateurs externes automatiques (DEA) : L'appareil réalise une analyse fiable de l'activité électrique du cœur. Il identifie les troubles du rythme cardiaque qui nécessitent une défibrillation. Si le patient ne présente pas un rythme nécessitant un choc électrique, l'appareil refusera son administration. Cette décharge électrique va atteindre le myocarde au travers de la paroi thoracique. L'appareil gère seul et d'une manière totalement automatique la succession des chocs administrés selon une procédure préalablement établie. Votre seule tâche est de délivrer le choc électrique à la demande de l'appareil en appuyant sur le bouton adéquat.

La plupart des DEA ne sont pas appropriés pour être utilisés comme appareil de monitorage pour des personnes qui ne présentent pas un arrêt cardiaque. C'est la raison pour laquelle les secouristes-ambulanciers ne peuvent l'utiliser que pendant la réanimation cardio-respiratoire.

La défibrilation

Types de défibrillateurs et principes de fonctionnement

__________________________ ______________________________________Chapitre 3 Les affections à risque vital 3. 72

Page 151: Manuel Belge Almbulanciers

Types de chocs électriques

• Monophasique : Le passage du courant va de l'électrode A vers l'électrode B. Les défibrillateurs des anciennes générations sont le plus souvent monophasiques.

• Biphasique : Le courant électrique se dirige de l'électrode A vers l'électrode B et revient à l'électrode A. Cela présente l'avantage d'avoir besoin de moins d'énergie pour obtenir le même résultat. La technologie biphasique est appliquée dans la quasi-totalité des nouveaux défibrillateurs.

Accessoires et maintenance

Il existe beaucoup de modèles (marques) différents de défibrillateurs sur le marché. Malgré cela, ils disposent tous des mêmes propriétés de base et des même commandes.Vous devez connaître parfaitement l'utilisation de l'appareil disponible dans votre service et, en premier lieu, lire le mode d'emploi. Les appareils les plus modernes exécutent automatiquement à intervalles réguliers des tests de fonctionnement. Les problèmes techniques éventuels sont signalés par des alarmes visuelles et sonores.Le boîtier doit toujours être propre et peut être nettoyé avec un chiffon humide imbibé de désinfectant. Il ne peut être stérilisé ni immergé dans un liquide désinfectant. Vous éviterez les nettoyants abrasifs. Dans tous les cas, les recommandations du fabricant seront respectées.

__________________________ ______________________________________Chapitre 3 Les affections à risque vital 3. 73

Page 152: Manuel Belge Almbulanciers

Batteries

Actuellement, les appareils disposent de batteries à usage unique (non rechargeables) au lithium. Elles autorisent une autonomie de 300 à 450 chocs et doivent alors être remplacées sans jamais être rechargées.

Les batteries rechargeables au plomb ont une date de péremption et doivent être conservées entre 15 et 25° pour assurer une utilisation optimale. Une batterie de réserve chargée doit toujours être disponible à proximité du défibrillateur.

Electrodes

Les électrodes sont auto-adhésives et enduites d'un gel facilitant le contact avec la peau. Elles doivent être posées parfaitement à plat sur le thorax, sans bulle d'air afin d'éviter les brûlures. Emballées par deux dans un sachet hermétique, elles seront déballées au moment de l'utilisation. Vous devez veiller à disposer des électrodes correspondant à l'appareil mis à votre disposition. Afin d'éviter les problèmes, certaines doivent être pré connectées et seront identifiées par l'appareil. Sur la plupart des électrodes figurent des indications relatives à la manière de les poser sur le thorax du patient. Suivez ces indications.

Câble

Le câble de connexion relie l'appareil aux électrodes auto-adhésives. Il ne peut être entaillé, sectionné ou usé. Vous devez vérifier les broches des contacteurs. Les appareils actuels réalisent des tests automatiques et annoncent les défectuosités.

__________________________ ______________________________________Chapitre 3 Les affections à risque vital 3. 74

Page 153: Manuel Belge Almbulanciers

__________________________ ______________________________________Chapitre 3 Les affections à risque vital 3. 75

Ecran

La présence d'un écran à cristaux liquides permet d'indiquer des messages, lesquels sont confirmés par des messages vocaux. Si l'écran peut indiquer un tracé électrocardiographique, le secouriste-ambulancier n'est pas formé pour l'interpréter.

Boutons

Le nombre de boutons dépend du type d'appareil dont on dispose. Certains appareils disposent :

• d'un bouton de mise en marche • d'un bouton d'analyse qui est actionné à la

demande de l'appareil pour débuter une analyse du rythme cardiaque

• d'un bouton pour délivrer le choc électrique. Ce dernier est facilement reconnaissable par sa couleur, son logo et le fait qu'il va s'allumer ou clignoter s'il est nécessaire de défibriller. Comme secouriste-ambulancier, vous pousserez sur ce bouton si le choc est indiqué.

Mémorisation

Les gestes posés, leur chronologie et le déroulement de l'action peuvent être enregistrés dans la mémoire de l'appareil. Cette mémoire permet une analyse ultérieure et un enregistrement de l'événement. Un programme informatique spécialisé facilite cette analyse. L'horloge interne doit être réglée (été/hiver).

Le DEA est actuellement utilisé chez des personnes de plus de 8 ans et avec un poids corporel de plus de 25 kg. L'application de la défibrillation à l'enfant âgé de 1 à 8 ans sera possible dans le futur en fonction des évolutions technologiques et de la recherche scientifique.

Vous devez connaître les mesures de sécurité de cet appareil. Le DEA ne peut être utilisé sous la pluie, dans

Mesures de sécurité

Page 154: Manuel Belge Almbulanciers

une atmosphère explosive, inflammable ou dans une haute concentration en oxygène. Le DEA ne peut pas être utilisé pendant le brancardage d'un patient et certainement pas pendant le transport afin de limiter le risque d'erreur d'analyse. L'apprentissage s'exécute sur des mannequins spécialement adaptés et jamais sur un individu vivant.

Préparation du patient

Le patient est étendu sur le dos, torse nu. Pour obtenir un contact adéquat avec les électrodes, il faut s'assurer que la peau : soit sèche è sécher la peau si nécessairepermette un contact étroit è raser la peau si nécessairene soit pas en contact avec des bijoux è éloigner les bijoux de cou

Cette manipulation ne doit pas interrompre les manœuvres de réanimation entamées. Le sachet d'électrodes est ouvert au moment de son utilisation.Dès ce moment, vous devez respecter les consignes ordonnées par l'appareil. Elles sont rédigées au départ d'un algorithme international validé en Belgique.

Position des électrodes

• Electrode droite : juste en dessous de la clavicule, à côté du sternum

• Electrode gauche : sous l'aisselle gauche, avec le bord supérieur à hauteur du mamelon

Une prudence générale s'impose en présence :• de patchs médicamenteux autocollants (toujours

enlever),

__________________________ ______________________________________Chapitre 3 Les affections à risque vital 3. 76

Page 155: Manuel Belge Almbulanciers

__________________________ ______________________________________Chapitre 3 Les affections à risque vital 3. 77

• d'un pace-maker implanté (conserver une distance de 10 cm au moins),

• d'ondes radio-électriques, des émetteurs radio et des téléphones portables qui seront à éloigner.

Les règles générales de sécurité, d'évaluation et d'intervention d'une mission d'aide médicale urgente sont de vigueur. La DEA s'insère dans la réanimation cardio-respiratoire que vous connaissez. Un plan d'action est présenté. Il garantit la vitesse de l'action, augmente la rapidité de la défibrillation et limite les interruptions des gestes de réanimation. Vous devez vous munir du matériel de réanimation et du défibrillateur si l'appel suggère un arrêt cardiaque, un risque d'aggravation brutale ou encore si le lieu d'intervention est distant de votre ambulance.

1. Début des manœuvres de base de la réanimation2. Mise en place des électrodes du défibrillateur

externe automatique3. Analyse du rythme cardiaque par l'appareil

(réanimation suspendue)4. Déclenchement du choc électrique s'il est

recommandé5. Poursuite des gestes de réanimation cardio-

respiratoire6. Assistance à l'équipe du SMUR

Pendant une réanimation, la défibrillation est prioritaire sur tous les autres gestes. Au besoin, la victime sera rapidement déplacée vers un espace plus grand permettant la mise en action de la réanimation en toute sécurité. Un SMUR est toujours requis. A ce moment, le défibrillateur est interrogé (cela peut être réalisé d'une manière automatique par certains appareils). Vous devez vous assurer que personne ne touche le patient, ce qui pourrait provoquer une interférence dans le processus d'analyse. Après quelques secondes, l'appareil donne une réponse : le choc est requis ou il ne l'est pas. La rapidité d'action est primordiale.

Si le choc n'est pas indiqué

Le défibrillateur demande de prendre le pouls. Cela signifie qu'il détecte un rythme qui n'est pas compatible avec une défibrillation.En prenant le pouls carotidien, le secouriste-ambulancier peut évaluer si une réanimation est nécessaire. Si le pouls est absent, il faut pratiquer la réanimation pendant une minute avant que le défibrillateur n'entre à nouveau en action. Pendant cette minute, il est inutile de l'interroger à nouveau.

Plan d’action

2.1ç

Page 156: Manuel Belge Almbulanciers

__________________________ ______________________________________Chapitre 3 Les affections à risque vital 3. 78

Si le choc est indiqué

Le défibrillateur demande de s'écarter et un signal sonore croissant annonce la charge de l'appareil. Cela signifie qu'il a détecté un rythme qu'il peut défibrillé. Dès que la charge est acquise, l'appareil annonce qu'il faut défibriller. Après avoir vérifié que personne n'est en contact avec le patient, vous délivrez le choc en appuyant sur le bouton adéquat après avoir redemandé aux personnes de s'écarter. A partir du moment où un choc électrique est administré, l'appareil va procéder à une nouvelle analyse et défibriller à nouveau si nécessaire. De cette façon, on peut administrer trois chocs successifs. Après le troisième choc, il ne faut plus analyser, mais contrôler les pulsations. Si la victime est toujours en arrêt cardiaque, il faut oxygéner le sang et pratiquer le massage cardiaque pendant une minute de réanimation classique.Au terme de la minute de réanimation pendant laquelle certains appareils annoncent clairement les gestes à poser, une nouvelle analyse va permettre ou non jusqu'à trois nouveaux chocs consécutifs. Quand une pulsation est à nouveau perceptible à n'importe quel moment de la procédure, il est utile de continuer à ventiler le patient et de contrôler ses pulsations toutes les minutes.

Page 157: Manuel Belge Almbulanciers

Après l'intervention avec le DEA, vous devez remplacer la batterie rechargeable si votre appareil en utilise, remplacer les électrodes et vous assurer que l'appareil est à nouveau utilisable en toute sécurité (propreté, rasoir, …). Vous complétez le rapport d'intervention et imprimez le contenu du module d'enregistrement suivant la procédure en vigueur. L'analyse de votre intervention peut être réalisée en collaboration avec l'équipe du service mobile d'urgence.

__________________________ ______________________________________Chapitre 3 Les affections à risque vital 3. 79

Après l'intervention

Page 158: Manuel Belge Almbulanciers

Comment transporter un patient en arrêt cardiorespiratoire?

La technique de transport et la décision de transporter un patient en arrêtcardiorespiratoire vers l’hôpital dépend essentiellement de la disponibi-lité d’une aide du SMUR. Si le SMUR est en route, vous restez sur placeet vous appliquez l’ABC.S’il n’est pas possible d’obtenir l’intervention d’un SMUR, la seule possi-bilité restera un transport rapide pendant lequel la réanimation est con-tinuée pendant le trajet vers l’hôpital le plus proche. Avertissez pendantle trajet le service des urgences de l’hôpital de destination. Continuez laréanimation aussi bien que possible pendant le trajet.Dans les régions où les distances sont éloignées, on travaille parfois enrendez-vous avec le SMUR. Les ambulanciers roulent à la rencontre duSMUR, pendant qu’ils réaniment. La conduite des opérations est déter-minée par le médecin responsable du SMUR.De toute façon, ces méthodes de “rendez-vous” sont pleines d’aléas.

Quand pouvez-vous arrêter une RCP?

• lorsque le pouls est revenu et lorsque la respiration est spontanée• sur décision d’un médecin• lorsque, seul, vous êtes épuisé.

Collaboration avec le SMUR

Si vous avez commencé une réanimation, vous la continuez jusqu’àl’arrivée du SMUR, à moins de se situer dans une région qui ne disposepas d’un SMUR.Le SMUR dispose de médicaments et de moyens techniques qui peuventremettre, dans certains cas, le cœur en activité. On appelle ces techniquesde la réanimation “avancée” en opposition avec la réanimation “de base”.Comme ambulancier, vous devez connaître les grands principes de latechnique de réanimation “avancée”. Pendant cette réanimation, le per-sonnel du SMUR est pleinement occupé et l’aide des ambulanciers (ven-tilation, massage cardiaque) est indispensable.

A son arrivée, le personnel du SMUR installera le moniteur cardiaque etvérifiera, pendant une courte interruption du massage cardiaque et de laventilation, la nature du rythme cardiaque du patient. Le moniteur estconnecté par l’intermédiaire d’électrodes que l’on place sur le thorax. Enprésence d’une fibrillation ventriculaire, le personnel du SMUR effectueraimmédiatement une défibrillation électrique. Cela se réalise au moyen dedeux électrodes de défibrillation (“paddles”) que l’on place sur le thoraxpour délivrer un choc avec du courant continu. Pour obtenir un bon con-

Défibrillation

3.80L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

Page 159: Manuel Belge Almbulanciers

tact, les électrodes sont appliquées sur une pâte de conduction ou descompresses de contact spéciales.Il ne faut jamais toucher le patient pendant le choc (interruption brève dela ventilation et du massage) car le risque d’électrocution est réel. Il estparfois nécessaire de répéter la défibrillation électrique à plusieurs repri-ses. Cette défibrillation peut suffire dans certains cas.Dans certaines régions, les ambulanciers apprennent à utiliser, dansl’attente du SMUR, des défibrillateurs semi-automatiques. Ce sont desappareils qui évaluent le rythme cardiaque à la demande de l’ambulancier.Lorsqu’un choc est indiqué, l’appareil le signale à l’ambulancier. L’emploide ces appareils nécessite une formation complémentaire et ne seradonc pas décrit dans ce manuel. Dans les cas d’asystolie et de dissociation électromécanique, la défibril-lation n’a pas de sens.

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FIG. 3.65

LA DÉFIBRILLATION

ELECTRIQUE

1. L’équipe du SMUR installe descompresses imbibées de substanceconductrice ou applique une geléeconductrice.

2. L’infirmier et le médecin duSMUR installent le défibrillateur etanalysent le rythme du patient.

3. Au moment de la défibrillation,seuls l’infirmier ou le médecin duSMUR se trouvent près du patient.Avant de défibriller, le médecin oul’infirmier du SMUR crie:”Attention, écartez-vous du patient”.

4. Position des électrodes de défibrillation.

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Afin de mieux administrer l’oxygène pendant la réanimation, l’équipe duSMUR réalisera généralement une intubation.Lorsque le patient a été intubé, l’oxygène est insufflé directement dans lesvoies respiratoires et ne peut gonfler l’estomac. Il est alors possible deventiler sans pause au rythme de 10 à 12 par minute, même pendant lemassage cardiaque.

L’équipe du SMUR installe une voie veineuse qui permet l’administrationde médicaments dans la circulation; ces médicaments ont une action surle cœur et les vaisseaux. Les médicaments qui sont employés par leSMUR sont, notamment, l’adrénaline (pour soutenir la circulation), l’atro-pine et la lidocaïne (pour contrôler le rythme cardiaque), et le bicarbonatede soude (pour combattre l’acidification du sang).

Voie veineuse

Intubation endotrachéale

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3.3 Le choc

Le choc est un risque mortel. Une cause fréquente de choc est la perteimportante de sang, mais cela n’est certainement pas la seule cause dechoc.

Q U ’ E S T - C E Q U ’ U N C H O C ?

Le choc apparaît à la suite d’un trouble de la circulation. Avant de conti-nuer ce chapitre, il vous est conseillé de relire tout ce qui a trait à la cir-culation dans le chapitre 1.

On parle de choc lorsque l’apport de sang, et par conséquentl’apport d’oxygène, au cœur, au cerveau et aux autres organes estinsuffisant. Les causes d’insuffisance de la circulation sont très diver-sifiées. Pour comprendre cela, vous devez vous représenter la circulationsanguine comme un circuit fermé de conduites (artères, capillaires et vei-nes) muni d’une pompe (le cœur) qui propulse un liquide (le sang). Con-trairement aux conduites d’eau, les tuyaux de la circulation sanguinepeuvent s’élargir ou se rétrécir. Le contenu du “réservoir” peut doncdevenir plus grand ou plus petit.La circulation sanguine peut être perturbée de trois manières:la pompe défaille: le cœur souffre, le sang n’est plus pompé et ne circuleplus.le réservoir fuit: à la suite d’une perte de sang sévère la quantité de sangn’est plus suffisante pour maintenir une circulation.le réservoir se dilate: les vaisseaux sanguins se sont dilatés au point qu’ily a trop peu de sang pour remplir le système. Certaines parties du corpsne reçoivent plus de sang (et, par conséquent plus d’oxygène).

Q U E L L E S S O N T L E S C A U S E S D E C H O C ?

Il existe plusieurs sortes de choc, suivant la nature des situationsd’urgence. Il est important de connaître ces principales situations.

Lors d’une hémorragie importante, un choc hypovolémique apparaît(hypo-volume = peu de volume). La quantité de sang circulant dans lecorps est inférieure à la normale. La pression artérielle diminue. Lors debrûlures étendues, le patient perd du plasma, ce qui peut également en-traîner un choc. Un choc hypovolémique peut également apparaître si unpatient a perdu beaucoup de liquides suite à une diarrhée, des vomisse-ments ou une transpiration abondante.

3.4

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Page 162: Manuel Belge Almbulanciers

Lorsque le muscle cardiaque souffre, par exemple lors d’un infarctus dumyocarde important, la pompe cardiaque fonctionnera très faiblement etnous parlerons de choc cardiogénique (du latin cor), c’est-à-dire quitrouve son origine dans le cœur.Lorsqu’un gros caillot se coince dans un gros vaisseau, la partie qui setrouve en aval du caillot sera privée de son apport d’oxygène. De surcroît,le cœur s’épuisera parce qu’il doit pomper contre une forte résistance. Onappelle cela un choc obstructif.Un choc anaphylactique survient à la suite d’une réaction à une subs-tance à laquelle la personne est allergique (venin d’insecte, alimentscomme des fruits de mer, certains médicaments...). Les vaisseaux sedilatent massivement, la pression artérielle chute de manière dramatiqueet la circulation est fortement diminuée.Une dilatation anormale des vaisseaux peut également survenir à lasuite d’une atteinte des nerfs qui contrôlent le diamètre des vaisseaux.Cela peut survenir lors d’une lésion de la moelle épinière. On parle alorsde choc neurogène.Une syncope banale est en fait une forme légère et transitoire de choc quisurvient suite à une dilatation brusque des vaisseaux. Ce sujet sera traitéau chapitre 5.

Q U E S E P A S S E - T - I L P E N D A N T L E C H O C ?

Le choc est la réaction de l’organisme à une menace vitale. Notre orga-nisme réagira à une perte de sang massive en faisant pomper le cœur plusrapidement pour compenser cette perte. Entre-temps, l’apport d’oxy-gène aux organes diminue. L’organisme essaie de compenser en accélé-rant la respiration.Le patient devient anxieux et agité. L’organisme “perçoit” que quelquechose ne va pas. Cette agitation est souvent le premier signe net de chocAu cours du choc la circulation devient de moins en moins satisfaisante.Cela se remarque à la pâleur de la peau qui est marbrée. Le “pouls capil-laire” devient également plus lent.Lorsqu’on appuie un doigt sur la peau, par exemple sur le front du patient,puis qu’on relâche la pression, la peau est devenue pâle à l’endroit depression. Normalement, la peau se recolore endéans les deux secondes(le temps nécessaire pour prononcer les mots “pouls capillaire”). Chez unpatient en état de choc cela dure plus de deux secondes.Entre-temps, le pouls présente simultanément une fréquence plus rapideet devient plus faible. Les difficultés respiratoires deviennent de plus enplus apparentes.Dans les stades ultimes du choc, l’apport d’oxygène au cerveau devienttellement insuffisant que le patient devient de plus en plus confus etperd finalement connaissance. La pression artérielle chutera alors demanière dramatique. L’organisme est sur le point de perdre le combatcontre le choc. Sans aide extérieure, il ne survivra pas.Les individus jeunes peuvent lutter plus longtemps contre le choc. Desenfants peuvent perdre jusqu’à 40% de leur volume sanguin avant que

5.1

3.2

3.84L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

Page 163: Manuel Belge Almbulanciers

l’on observe une chute de tension artérielle. Cela veut dire qu’ils sem-bleront “bien” très tard après le début du choc, alors que celui-ci estquand même présent.

C O M M E N T R E C O N N A Î T R E U N C H O C ?

Un choc évolue dans le temps. Vous devrez donc reconnaître aussi bienun patient qui court le risque d’entrer en état de choc, qu’un patient quise trouve déjà en état de choc. Vous arriverez souvent sur les lieuxd’intervention au moment où le choc s’est déjà installé. Vérifiez dansl’ordre: la conscience, l’aspect de la peau et des doigts, la respiration et lepouls.La conscience d’un patient peut être fortement altérée lors de l’état dechoc. Un patient qui n’est pas inconscient est souvent confus, désorienté(ne sait plus où il est, l’heure, l’endroit...), très anxieux et tendu. La peauest froide, moite, le patient transpire. La peau a parfois l’air “marbrée”. Lapeau peut également se colorer de manière bleuâtre (surtout au niveaudes lèvres et du nez). Les mains, et surtout les doigts, sont pâles etparfois bleuâtres.La respiration est toujours accélérée, parfois superficielle et bruyante.Le pouls du patient en état de choc est généralement accéléré et faible.Parfois il est à peine perceptible au niveau du pouls radial et il devra êtrepalpé au niveau de la carotide ou de l’aine. Le médecin ou l’infirmier duSMUR mesureront au tensiomètre une pression artérielle basse.

Observez les circonstances qui peuvent évoquer l’existence d’un choc.Posez, si nécessaire, des questions aux témoins. Voyez-vous des signesd’hémorragie interne? Le patient a-t-il ressenti des douleurs dans la poit-rine? Le patient est-il allergique à certains médicaments ou à des denréesalimentaires? A-t-il été piqué par un insecte? A-t-il pris un médicament?

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FIG. 3.54

SIGNES DE CHOC

1. Etat de conscience altéré2. peau froide, moite, marbrée,patient pâle avec des lèvres bleutées3. respiration superficielle rapide4. pouls faible et accéléré.

Page 164: Manuel Belge Almbulanciers

Q U E F A I R E D A N S U N C A S D E C H O C ?

Appelez le SMUR dès que vous constatez un état de choc ou une menacede choc. N’attendez pas qu’il soit trop tard.Commencez à poser les questions précédentes pendant que vous agissez.Parlez au patient et continuez toujours à lui parler. Agissez calmement etde manière mesurée. Expliquez toujours ce que vous faites. L’agitation, latension et les mouvements brusques peuvent aggraver l’état de choc.Administrez de l’oxygène. Chaque patient en état de choc doit recevoirune quantité maximale d’oxygène. Utilisez un masque avec réservoir etun débit de 10 à 15 l/min.Placez le patient (sur place et pendant le transport) en position couchée.Cela permet à la circulation de mieux perfuser tout l’organisme. Elevezcelles-ci modérément, par exemple en posant une couverture rouléesous les jambes. De cette façon le sang reviendra plus aisément vers lecœur.Exception: si le patient présente des difficultés respiratoires sérieuses, lais-sez-lui la possibilité de prendre la position qu’il trouve la plus confortable.Ce sera, généralement, la position assise ou semi-assise.Traitez si possible la cause. Il s’agit souvent d’hémorragies (internes ouexternes). La suite du chapitre abordera ce problème de manière plusétendue.Evitez le refroidissement en couvrant le patient d’une couverture isolante.Ne donnez jamais à boire au patient, même s’il se plaint de gorge sècheou de soif. Boire peut entraîner des vomissements qui représentent ainsiun danger vital, surtout chez un patient inconscient. De plus, un estomacvide représente un facteur de sécurité si le patient doit être opéré dans lessuites immédiates de l’accident.Surveillez continuellement l’état du patient: contrôlez régulièrement lepouls et la respiration.

Le pantalon antichoc

Dans certains pays les patients atteints de choc sont traités par unpantalon antichoc. Cependant le traitement par pantalon anti-choc nécessite une formation spéciale. On l’utilise peu dans notrepays. Vous devez simplement connaître l’existence de cette tech-nique.Le pantalon antichoc est un vêtement de soutien en forme de pan-talon. Il peut être adapté aisément autour des jambes et de larégion du bassin. Le pantalon est gonf lable à une pression quipeut atteindre 120 mm Hg. Par cette pression 1 à 2 l de sang serontrefoulés vers le cœur. Le pantalon antichoc peut rendre des servi-ces durant le transport d’un patient en état de choc sur de grandesdistances.

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Page 165: Manuel Belge Almbulanciers

Qu’est-ce qu’un choc anaphylactique?

Un choc anaphylactique est la conséquence d’une réactiond’hypersensibilité (appelée également “réaction allergique”). Lessubstances auxquelles certaines personnes sont allergiques sontappelées des allergènes. Dans la plupart des cas, une hypersensi-bilité allergique est une affection gênante, mais non dangereuse.Certaines personnes font une forte réaction allergique à certainsallergènes. On appelle cela un “choc anaphylactique”: c’est uneréaction explosive et non contrôlée d’hypersensibilité qui repré-sente un risque vital. Au cours d’un choc anaphylactique, les vais-seaux se dilatent brutalement et la pression artérielle chute. Lesmuqueuses respiratoires vont gonfler ce qui va constituer un obsta-cle pour la respiration.

Quelles sont les causes du choc anaphylactique?

Un choc anaphylactique est une réaction qui peut survenir lorsd’un contact avec:• des piqûres d’insecte (généralement des guêpes ou des abeilles).• des produits ou des aliments et des boissons (le poisson et les

crustacés, des épices, des noix, des colorants). • des médicaments.

Comment reconnaître une réaction anaphylactique?

Dans certains cas, le patient ou les membres de la famille peuventvous signaler que le patient est hypersensible à certains produits.Recherchez les signes et les plaintes suivantes:• le patient se sent mal, avale difficilement suite au gonf lement

des muqueuses.• le patient est confus et anxieux, est mal orienté dans le temps et

dans l’espace, parfois il perd conscience.

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FIG. 3.56

PANTALON ANTICHOC

Page 166: Manuel Belge Almbulanciers

• le patient est en détresse respiratoire, il respire plus rapide-ment, parfois superficiellement. Vous pouvez parfois entendreune respiration sif f lante, comme lors d’une crise d’asthme.

• le patient se plaint de prurit. La peau est fréquemment rougeavec des taches rouges surélevées.

• le patient transpire.• les muqueuses, la peau autour de la bouche et des yeux, la

langue sont gonf lées. Ce gonf lement peut aggraver les dif fi-cultés respiratoires.

• le patient a des nausées ou vomit; il présente parfois des sellesmolles.

• le pouls est souvent accéléré et dif ficile à palper.

Une réaction anaphylactique est imprévisible. Elle peut se limiterà des chatouillements légers et une sensation de malaise, maispeut également évoluer en quelques minutes vers une situation quiprésente un risque vital, un choc, qui peut entraîner un arrêt car-diaque et respiratoire.

Que faire en face d’un choc anaphylactique?

Avertissez le SMUR promptement.Le traitement général du choc, expliqué plus haut, doit être appli-qué. Parlez avec le patient de manière rassurante, calmez-le.Administrez de l’oxygène, couchez le patient (position assise sidifficultés respiratoires) et vérifiez les fonctions vitales. Si cela estnécessaire, débutez la RCP.

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FIG.3.55

CHOC ANAPHYLACTIQUE

1. piqûres d’insecte, 2. produits ingérés, 3. médicaments, 4. injections, 5. produits inhalés, 6. plantes et produits chimiques au contact de la peau

1

2

3

4

6

5

Page 167: Manuel Belge Almbulanciers

Certains patients connaissent leur hypersensibilité par exempleaux piqûres de guêpes, et transportent sur eux une seringue avecde l’adrénaline, un médicament contre l’hypersensibilité. Lepatient ou un membre de la famille peut l’injecter. Comme ambu-lancier vous n’êtes pas autorisé à le faire.

3.89L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

Page 168: Manuel Belge Almbulanciers

3.4 Les hémorragies

Dans le chapitre 2, il vous a été enseigné que lors des hémorragies gra-ves vous deviez contrôler la circulation sanguine (le C de l’ABC). Leshémorragies sévères, internes comme externes, sont des menaces vita-les. Une des missions parmi les plus importantes de l’ambulancierest de contrôler, dans la mesure du possible, les hémorragies.Une perte de sang diminue la circulation, et par conséquent l’approvi-sionnement en oxygène. Si une hémorragie n’est pas arrêtée, le choc estinévitable. Les hémorragies externes importantes doivent être traitéesimmédiatement sur place, et ce traitement doit continuer pendant letransport. Il est impossible d’attendre jusqu’à l’arrivée à l’hôpital. Nousenvisageons dans ce chapitre le traitement de la perte de sang.Pour comprendre ce chapitre, il est conseillé de relire la partie qui con-cerne la circulation dans le chapitre 1.

Comment débutent les hémorragies et comment cessent-elles?

Les hémorragies sont le résultat d’une blessure d’artères, de veines ou decapillaires. Cette blessure est causée par un corps étranger ou un coupvigoureux. Chez les personnes âgées, les parois des vaisseaux peuventêtre tellement fragiles qu’elles peuvent même se rompre sans trauma-tisme.Notre organisme possède son propre système de lutte contre les hémor-ragies. Différentes substances coagulantes du sang collaborent avec lesplaquettes pour colmater aussi rapidement que possible les plaies. Cesystème est cependant parfois pris en défaut, par exemple quand la plaieest trop importante. Certains patients souffrent de maladies dans les-quelles les facteurs de coagulation ne fonctionnent pas correctement, celaempêche l’arrêt spontané des saignements. Il existe également des médi-caments qui diminuent la coagulabilité du sang.Les hémorragies peuvent être subdivisées en hémorragies internes etexternes. Nous envisagerons ces deux cas.

1.2

3.90L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

Page 169: Manuel Belge Almbulanciers

A . H É M O R R A G I E E X T E R N E

Quelles sont les différentes sortes d’hémorragies?

Les hémorragies externes sont les hémorragies où le sang est visible surla peau ou sur les muqueuses. Ces hémorragies proviennent des artères,des veines ou des capillaires.Une artère est un vaisseau sanguin dans lequel règne une forte pression.Lors d’un saignement artériel, une grande quantité de sang est rapide-ment perdue. Le sang gicle hors de la plaie, au rythme des battementscardiaques. le sang artériel est riche en oxygène et a, par conséquent, unecoloration rouge vif.

La pression dans une veine est plus basse, et le saignement en prove-nance d’une veine est généralement moins abondant qu’un saignementartériel. Le sang contient également moins d’oxygène et est donc moinsrouge.Lors d’un saignement en provenance des capillaires, le sang provientdes petits vaisseaux capillaires. Cela ressemble plutôt à une “fuite” desang à travers la peau. Le sang n’est pas aussi rouge que lors du saigne-ment artériel, mais, il est plus rouge que lors du saignement veineux.

Le traitement de ces diverses sortes d’hémorragies est identique. Il fautcependant connaître la différence entre ces divers saignements, car unsaignement artériel nécessite plus de précautions que les autres.

3.91L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG. 3.57

SORTES DE SAIGNEMENTS

EXTERNES

1. saignement artériel2. saignement veineux3. saignement capillaire

1

2

3

Page 170: Manuel Belge Almbulanciers

A quoi faut-il être attentif en face d’une hémorragie externe?

Il faut toujours être attentif aux plaies qui s’accompagnent d’une perte desang. Des plaies qui saignent de manière importante peuvent être mas-quées par les cheveux et par les vêtements.Déduisez de la couleur du sang et de la force du saignement si le sangprovient d’une artère, d’une veine ou d’un capillaire mais ne perdez pastrop de temps à cette recherche.Essayez de juger quelle est l’importance de la perte de sang. Cela n’estpas facile. Estimez la quantité de sang perdu à la taille des flaques de sangsur le sol ou à l’imprégnation des vêtements.

Faites attention aux signes généraux des pertes importantes de sang.Ceux-ci correspondent aux signes de choc: le patient est confus et agité,la respiration est rapide et faible, la peau est moite et marbrée, le pouls estrapide mais difficilement palpable, le pouls capillaire est lent.En présence de signes de choc, il faut toujours penser à une perte de sangimportante. Il faut rechercher la plaie qui saigne et essayer d’arrêter cesaignement.

Que faire devant une hémorragie externe?

Il faut considérer que toute perte de sang peut entraîner un choc.Jusqu’à preuve du contraire, agissez comme si le patient était enétat de choc. Evaluez la situation et prévenez le SMUR aumoindre signe de choc. Arrêtez les saignements et administrez del’oxygène. Veillez à organiser un transport rapide, tout en con-trôlant calmement la situation.

Votre toute première préoccupation doit être d’arrêter le saignement.Vous devez connaître plusieurs techniques que nous allons décrire demanière succincte.La manière la plus simple d’arrêter une hémorragie est la compressiondirecte sur la plaie. Lorsqu’un bras ou une jambe saigne, élevez cemembre. Si la compression directe est inefficace, tentez une compres-sion indirecte sur les vaisseaux qui irriguent la région de la plaie.Placez ensuite un pansement compressif, et, enfin, si nécessaire, un gar-rot.Couchez un patient qui présente une hémorragie importante. Surélevezles jambes du patient (avec une couverture roulée). Ces deux mesurescombattent une chute de la tension artérielle et favorisent le retour san-guin vers le cœur.Administrez de l’oxygène à l’aide d’un masque à réservoir avec un débitd’au moins 10 l/min.

3.3

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Page 171: Manuel Belge Almbulanciers

PRESSION DIRECTE

Cette méthode est la méthode de choix pour arrêter les saignements. Ilest possible de comprimer la plaie au moyen de compresses (portez tou-jours des gants).Devant un saignement très important, posez votre main (avec gant!)directement sur la plaie. Ne perdez pas de temps à chercher une com-presse. Un mouchoir propre ou un autre morceau de tissu propre est uti-lisable.N’utilisez jamais de mouchoir en papier, ou de la ouate, car cela colledans la plaie et y laisse des débris.Maintenez la pression sur la compresse pendant au moins dix minutes. Ilest possible de voir le sang imbiber la compresse. N’enlevez jamais lacompresse pour regarder si le saignement s’arrête. En soulevant la com-presse, vous enlevez le sang qui commence à coaguler et rouvrez laplaie. Laissez retirer les compresses par le service des urgences de l’hôpi-tal.Si la plaie continue de saigner, posez une deuxième compresse sur la pre-mière.S’il s’agit d’une plaie au niveau du bras ou de la jambe, il faut suréleverle membre, pour diminuer la pression sanguine dans celui-ci et diminuerainsi le saignement. Si une hémorragie accompagne une fracture, le trai-tement de la fracture (la réduction ou l’alignement de la fracture) dimi-nuera le saignement .

Vous pouvez remplacer la main qui appuie sur la plaie par un pansementqui comprime la plaie, on parle de pansement compressif. Cela peut être réalisé au moyen d’une bande qui appuie sur la com-presse. Un rouleau de pansement placé sur la compresse forme un paquetassez rigide autour duquel on place une bande élastique. On exerce ainsiune pression sur l’endroit qui saigne et une pression moindre sur l’autreface du membre.Contrôlez toujours si le pansement compressif ne serre pas trop fort, carcela peut mettre en danger la circulation dans tout le membre. Surveilleztoujours le pouls et la couleur du membre atteint.

Le pansement compressif

4.7

3.93L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG. 3.58

PRESSION DIRECTE LORS

DES HÉMORRAGIES

La pression directe se réalise au moyen de compresses.

Page 172: Manuel Belge Almbulanciers

LA COMPRESSION INDIRECTE

Utilisez la compression indirecte seulement si la compressiondirecte n’est pas suffisamment efficace pour arrêter le saigne-ment.En laissant les compresses sur la plaie et en continuant à exercer la pres-sion directe, il faut comprimer l’artère qui irrigue la région du saignement.Il est possible de comprimer une artère à des endroits précis en la com-primant contre les os sous-jacents. L’illustration montre un des endroitsdu corps où cette technique peut être appliquée. L’expérience vousapprendra ces localisations et avec quelle force il faut comprimer.

Le garrot comprime tous les vaisseaux qui irriguent un membre. Celareprésente un traitement extrême qui ne peut être utilisé que dans des cir-constances exceptionnelles. En supprimant tout l’apport de sang d’unmembre, bras ou jambe, celui-ci peut se nécroser par manque prolongéd’oxygène.

La pose d’un garrot n’est justifiée que pour des saignements gra-ves qui ne peuvent être arrêtés par l’utilisation simultanée d’unecompression directe et d’une compression indirecte.

Le garrot ou “tourniquet”

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FIG. 3.59

LE PANSEMENT COMPRESSIF

La pression doit toujours êtresuffisante.

FIG. 3.60

PRESSION INDIRECTE

Utilisez cette technique seulement si la compression directe estinefficace.

Page 173: Manuel Belge Almbulanciers

On utilise parfois un garrot si des membres sont écrasés ou arrachés. Lors de l’amputation d’un membre, l’hémorragie est habituellementmodérée. En effet, après une déchirure brutale, les vaisseaux se rétractentet, d’une certaine manière, se referment. Une pression directe est souventsuffisante pour maîtriser ce type de saignement.Parfois un témoin a déjà posé un garrot (car beaucoup de personnes nonprofessionnelles pensent que c’est la meilleure façon d’arrêter un sai-gnement). S’il est possible de déterminer qu’il ne s’agit pas d’un saigne-ment important, et qu’il pourrait être maîtrisé sans garrot, si le garrot n’apas été posé depuis trop longtemps et que les directives du médecin for-mateur vous le permettent, vous pouvez relâcher lentement ce garrot.Pendant que vous relâchez ce garrot, une autre personne exerce unecompression directe de la plaie. En cas de doute, il faut toujours deman-der conseil à l’équipe du SMUR.

• Utilisez toujours une bande large (minimum 5 à 7 cm). N’utilisez pas uneficelle ou un ruban fin, qui couperaient la peau. N’utilisez pas une bandetrop élastique, elle n’exercera pas suffisamment de pression.

• Recherchez un endroit adéquat pour placer le garrot: entre la plaie et lecœur, aussi près que possible (5 cm) de la plaie, jamais sur une articu-lation (genou ou coude) mais immédiatement au-dessus.

• Posez un coussin (rouleau de pansement) sur l’emplacement du grosvaisseau. Nouez le garrot au-dessus de ce coussin et utilisez un objetlong comme levier pour serrer le garrot en tournant.

• Exercez suffisamment de pression pour arrêter le saignement et fixezensuite le levier. Le garrot ne pourra plus être relâché avantl’arrivée à l’hôpital.

• Notez soigneusement l’heure de la pose du garrot, non seulement dansle rapport d’intervention mais également de manière visible sur la peaudu patient (p.ex. sur le front). Par exemple T = 16.10 (garrot posé àquatre heures dix de l’après-midi). Ne couvrez pas le membre garrotté,afin que l’équipe médicale n’oublie pas le garrot. Mentionnez toujoursla présence d’un garrot lors de votre arrivée à l’hôpital.

Les “astuces” du garrot

3.95L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG. 3.61

LE GARROT OU “TOURNIQUET”

Le garrot ne sera utilisé que pour des saignements impossibles à arrêter parcompression directe et indirecte. Notez toujours l’heure de la mise en place(p.ex. sur le front du patient).

Page 174: Manuel Belge Almbulanciers

Que faire dans des situations particulières?

Certaines plaies sont provoquées par des corps étrangers comme descouteaux ou des pièces de carrosserie. Il arrive que ces objets soient tou-jours fichés dans la plaie. La règle générale est de laisser l’objet dans laplaie, car il aide à arrêter le saignement. Mettez des compresses autourde l’objet et évitez de le bouger. Pendant le trajet, on tentera d’arrêter lesaignement par une pression sur les compresses, mais sans réaliser decompression sur l’objet, et en évitant tout mouvement.

Un saignement du nez peut survenir spontanément et est rarementsérieux. Si le nez saigne à la suite d’une blessure cela peut être beaucoupplus sérieux. Après un accident, une perte de sang à partir du nez peutindiquer une fracture de la base du crâne.Si le patient le supporte, on peut comprimer les ailes du nez jusqu’àarrêt du saignement. Cela ne se fait pas si le nez est cassé ou blessé. Ilvaut mieux transporter le patient en position assise, la tête penchée enavant.Demandez au patient de cracher dans un bassin réniforme le sang quis’écoule dans le pharynx, évitez les mouchages violents.Surveillez le patient et soyez attentif aux premiers signes de choc (alté-ration de la conscience, pouls rapide et filant, respiration accélérée,pâleur...). Réagissez de manière adéquate si ces signes apparaissent.

Lors d’une hémorragie provenant de l’oreille, il est possible que le sangprovienne de l’oreille interne, ce qui indique une fracture du crâne oud’autres lésions sérieuses.Parfois ce sang est rose, ce qui indique une fracture du crâne avec pertede liquide céphalo-rachidien. Cette situation sera décrite en détail.Par contre, s’il s’agit uniquement d’une lésion du conduit auditif externeou du pavillon de l’oreille, une compresse suffira pour arrêter le saigne-ment.Un saignement en provenance de la bouche peut être le signe d’uneplaie dans la bouche ou d’une lésion grave du crâne. Une fracture ducrâne et des plaies importantes de la face nécessitent des précautions par-ticulières.Lorsqu’un patient, sans plaie apparente, vomit spontanément du sang, cesang peut provenir de l’estomac, de l’œsophage ou des voies respiratoi-res. Il n’est pas toujours facile de faire la différence. Le sang qui sort del’estomac est généralement de coloration noire. Le sang qui provientdes voies respiratoires est généralement rose. Généralement, dans cedernier cas, le patient tousse. Ces hémorragies peuvent entraîner unchoc et une suffocation par obstruction des voies respiratoires.Soyez attentif aux premiers signes de choc (altération de la conscience,pouls rapide et filant, respiration accélérée, pâleur..) et agissez commedécrit précédemment (couchez le patient, administrez de l’oxygène...).Alertez le SMUR.Maintenez les voies respiratoires dégagées en aspirant le sang de la bou-che, placez le patient en position latérale de sécurité.

4.5

1.2

4.5

3.96L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

Page 175: Manuel Belge Almbulanciers

Si le sang est rose et si le patient tousse ou est à court d’haleine, laissez-le en position assise, penché ou non en avant. Aspirez et administrez del’oxygène à l’aide d’un masque réservoir (10 l/min).

B . H É M O R R A G I E I N T E R N E

Qu’est-ce qu’une hémorragie interne?

Les vaisseaux sanguins des tissus et des organes peuvent être blessés etle sang peut s’accumuler dans les cavités du corps. Cela n’est pas direc-tement visible de l’extérieur. Une hémorragie interne peut être très graveet entraîner la mort en quelques minutes.Un coup, lors d’un accident ou lors d’un contact avec un objet conton-dant, peut entraîner, sans lésions externes, des ruptures de vaisseaux dansl’abdomen ou dans le thorax et léser des organes comme le foie ou la rate.Une hémorragie interne peut se produire autour d’un foyer de fracture.Lors d’une fracture de la cuisse, le patient peut perdre facilement unlitre de sang, alors que l’on observe seulement de l’extérieur un gonfle-ment de la jambe. Le patient présentera rapidement des signes de choc.Une hémorragie interne peut survenir à l’occasion d’une maladie. Unulcère d’estomac peut saigner. Dans un premier temps, le sang va s’accu-muler dans l’estomac puis sera éventuellement vomi par la suite (cfr.“Saignement par la bouche”).

Comment reconnaître une hémorragie interne?

Essayez d’identifier le mécanisme de la blessure. Si le patient a reçu uncoup violent ou a heurté un objet contondant, pensez aux hémorragiesinternes. Le foie et la rate sont particulièrement sensibles à ces acci-dents.

3.97L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG. 3.62

HÉMORRAGIE INTERNE

Chaque contusion externe doit fairepenser à une hémorragie interne.Les plaintes du patient, les douleursthoraciques ou abdominales,peuvent indiquer une hémorragieinterne.

Page 176: Manuel Belge Almbulanciers

Recherchez les signes de choc (perte de connaissance, agitation, poulsrapide et filant, pâleur, respiration rapide..)Recherchez les contusions externes au niveau de l’abdomen. Les bles-sures perforantes peuvent également entraîner des saignements internes.Notez que des fractures osseuses peuvent provoquer une perte de sanginterne importante (par exemple une fracture du fémur provoque unehémorragie de 1,5 à 2,5 litres dans la cuisse).

Que faire lors d’une hémorragie interne?

Dès que vous observez des signes de choc, alertez le SMUR via le service 100.Couchez le patient, les jambes légèrement surélevées. Si le patient estinconscient, placez-le en position latérale de sécurité. Dans les cas deblessures du thorax avec hémorragie interne, le patient présente des dif-ficultés respiratoires. Choisissez une position assise ou semi-assise pourle transport.

Administrez de l’oxygène à un débit de 10 à 15 l/min à l’aide d’un mas-que réservoir.Immobilisez les fractures. La pose des attelles diminuera le saignement.Ne donnez rien à boire, même si le patient se plaint de soif ou d’une sen-sation de gorge sèche (signe de choc).Transportez rapidement le patient vers l’hôpital. Les hémorragies inter-nes dans le thorax et l’abdomen sont des urgences pour lesquelles touteperte de temps est interdite.

Que fait le SMUR pour traiter des hémorragies?

Lors d’une perte de sang sévère, le SMUR peut perfuser des subs-tances de remplacement du sang. Ce sont des solutions de com-positions diverses qui sont administrées par une voie veineuse etune perfusion intraveineuse. Le liquide physiologique (solution desel), la solution de Hartmann (également une solution saline) ensont des exemples. On gonfle d’abord une veine avec un garrot, ondésinfecte la peau et on place un cathéter dans cette veine, le plussouvent au niveau du pli du coude. Une poche de liquide est con-nectée à ce cathéter. Le tuyau est muni d’un robinet qui permet derégler le débit. Le tout est fixé à la peau avec un adhésif.L’installation d’une perfusion doit se faire rapidement. Parfoisplusieurs abords veineux seront nécessaires via de gros cathéters,et les perfusions seront mises sous pression.

4.4

3.98L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

Page 177: Manuel Belge Almbulanciers

3.99L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

FIG. 3.63

ASSISTANCE AU SMUR. MATÉRIEL

NÉCESSAIRE POUR LA PERFUSION

INTRAVEINEUSE

1. Une poche avec le liquide de perfusion.

2. Tuyau de connexion.3. Robinet à trois voies sur le tuyau.4. Cathéter.5. Pansement adhésif.6. Compresses.7. Garrot.

Mise en place d’une voie veineusechez le patient.

1

2

2 3

46

7

5

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3.99.1L e s a f f e c t i o n s à r i s q u e v i t a lC h a p i t r e 3

R É S U M É D U C H A P I T R E 3

Les affections à risque vital peuvent être groupées en quatregrandes catégories:

• les atteintes de la respiration• les problèmes cardiaques• le choc• les hémorragies importantes

Pour prendre en charge ces problèmes vitaux, il faut toujourssuivre la procédure ABC. L'ambulancier doit connaître laprocédure ABC et la RCP.

Lorsque vous décelez une affection à risque vitale, vous devezappeler immédiatement le SMUR.

Page 179: Manuel Belge Almbulanciers

1 LE C O R P S H U M A I N

2 LE S P R E M I È R E S M I N U T E S

3 LE S A F F E C T I O N S À R I S Q U E V I TA L

4 LE PAT I E N T T R AU M AT I S É

5 MA L A D I E S E T I N TOX I C AT I O N S

6 GR O S S E S S E E T AC C O U C H E M E N T I N O P I N É

7 L’E N FA N T E N D É T R E S S E

8 UR G E N C E S P R OV O Q U É E S PA R AG E N T S P H YS I Q U E S

9 UR G E N C E S P S YC H I AT R I Q U E S

10 LE T R A N S P O R T D U PAT I E N T

11 LE S C ATA S T R O P H E S

12 OR G A N I S AT I O N D E L’A I D E M É D I C A L E U R G E N T E

13 TE C H N I Q U E S

14 SU P P L É M E N T S

15 VO C A B U L A I R E

Page 180: Manuel Belge Almbulanciers

CONTENU

4.1 Accidents et lésions

4.2 Les premières minutesaprès l’accident

4.3 Les lésions thoraciques

4.4 Les lésions abdominales

4.5 Les lésions du crâne et des vertèbres

4.6 Contusions et plaies

4.7 Les lésions du squelettedes membres

4LE PATIENTTRAUMATISÉ

Page 181: Manuel Belge Almbulanciers

Les accidents représentent la cause de décès la plus importante chez lespersonnes de moins de quarante ans.Les accidents ont des conséquences importantes, non seulement liées auxdécès, mais également aux invalidités de longue durée. Il est possibled’éviter ces conséquences, ou d’en limiter la portée, en reconnaissant leslésions, en évaluant correctement les risques qui y sont associés et eneffectuant les gestes adéquats.

La première heure après un accident est appelée “l’heure en or”. Enadministrant les soins appropriés endéans l’heure de l’accident, les consé-quences de celui-ci sont généralement moins dramatiques. Pour cela, il estnécessaire d’agir rapidement et efficacement. L’intervention de l’ambu-lancier est déterminante. En tant que tel, vous êtes souvent les premierssur les lieux et vous déterminez de manière importante la suite de l’inter-vention et son résultat final.

Ce chapitre traite des différents accidents et des lésions qu’ils peuventprovoquer.

4.2L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

Page 182: Manuel Belge Almbulanciers

4.1 Accidents et lésions

L E S D I F F É R E N T S A C C I D E N T S

En fonction de l’endroit et de la nature de l’accident, on distingue les acci-dents de roulage, les accidents aux travail, les accidents au domicile et lesaccidents de loisir.L’accident de roulage nous paraît une partie intégrante de la vie de tousles jours. Malgré de nombreuses mesures destinées à augmenter la sécu-rité, comme les limitations de vitesse et les ceintures de sécurité, la cir-culation routière continue à prélever son lot de victimes suite à l’abusd’alcool, aux excès de vitesse et aux comportements à risques.Chaque année, des milliers d’accidents de travail surviennent. La gra-vité des lésions dépend étroitement de la nature du travail et du milieu detravail. La sécurité sur les lieux de travail laisse encore souvent à désirer.Même dans des conditions optimales, le travail comportera toujours deserreurs humaines et les accidents seront inévitables.De nombreux accidents arrivent à la maison ou pendant les loisirs.De nombreux bricoleurs manipulent du matériel inadéquat et sans con-naissance technique. On monte sur les toits sans mesure de sécurité et ontravaille avec des machines qui étaient auparavant uniquement l’apana-ge des hommes de métier. Les sports dangereux deviennent de plus enplus populaires. Le cyclisme, l’escalade et la pratique du kayak causentdes accidents chez des sportifs imprudents ou inexpérimentés. A la mai-son, le patient peut chuter dans les escaliers ou se couper les doigts. Cheznos seniors grisonnants, des chutes ont des conséquences graves, com-me une fracture du col du fémur.

D E U X S O R T E S D E L É S I O N S

Traumatisme est le terme médical pour blessure. La discipline médicalequi s’occupe des blessures est appelée traumatologie.Une blessure survient lorsqu’une force extérieure lèse un tissu. Uneplaie ouverte saigne généralement. Nous parlerons par exemple d’éra-flures, de lacérations, de coupures ou de plaies par balle.Une plaie fermée survient lorsque le patient heurte violemment unobjet contondant ou est soumis à une forte décélération. Au cours denombreux accidents de roulage, la victime apparaît extérieurementindemne, mais a subi des lésions internes. Ces blessures s’appellent éga-lement des contusions internes.

4.3L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

Page 183: Manuel Belge Almbulanciers

L E S C O N S É Q U E N C E S D ’ U N C O U P

Au cours d’une chute ou d’un accident de roulage, on rencontre souventdes plaies fermées. Pour comprendre à quel point les lésions internes invi-sibles peuvent être importantes, il faut se représenter la force du choc. Unpeu de physique permet de comprendre ce qui se passe dans le corps lorsd’un accident.La force du choc lors d’un accident est déterminée en grande partie parl’énergie cinétique de la victime au moment de l’accident. L’énergiecinétique d’un objet (voiture ou personne) en mouvement est fonction dela masse de l’objet multiplié par le carré de la vitesse de déplacement.Plus grandes sont la masse et la vitesse, plus grande est l’énergie cinéti-que.Lorsque vous souhaitez enfoncer un clou dans une surface dure, vous pre-nez un marteau (masse) et vous effectuez un grand mouvement (vitesse).Au moment où le marteau frappe le clou, l’énergie cinétique du marteauest transformée en mouvement du clou. Plus le marteau est lourd etplus vous frappez fort, plus la profondeur à laquelle vous chassez le clousera grande. Le clou est construit dans ce but. Si vous frappez sur votredoigt, l’énergie cinétique du marteau aura des conséquences destructri-ces pour votre doigt: l’os se casse, les vaisseaux et les nerfs sont écrasés,la peau se déchire. Plus l’énergie cinétique qui agit sur les tissus est gran-de, plus graves seront les lésions qui en résultent.Lors d’un accident nous ne considérons pas seulement la vitesse, maiségalement la décélération: le ralentissement. Si vous tombez sur unmatelas, une partie de l’énergie cinétique sera absorbée par le matelas quiralentit la chute. Lors d’une chute sur du béton, tout l’impact sera absorbépar le corps. C’est la raison pour laquelle les voitures modernes sontéquipées de zones de déformation: une partie de l’énergie du choc est uti-lisée lors de la déformation de la carrosserie et limite ainsi les blessuresdes passagers. Les piétons, les cyclistes et les motocyclistes n’ont pas decarrosserie et encaissent l’entièreté du choc. Lors d’une chute dans unescalier ou à vélo, le corps peut atteindre des vitesses élevées.

C O M M E N T É V A L U E R L A G R A V I T É D ’ U N A C C I D E N T ?

En tant qu’ambulancier, vous arriverez souvent le premier sur les lieux del’accident. Vous apprendrez, avec l’expérience, à avoir rapidement uneimage de l’accident grâce au témoignage de la victime, des témoins, àl’observation des conditions générales sur place. Ces éléments permettentd’évaluer la gravité de la situation. Les lésions du patient sont notammentfonction de la vitesse du véhicule ou de la hauteur de la chute. Gardezvotre calme. Cela tranquillise la victime et les témoins. Tout en agissant,récoltez des informations. Ces précieux renseignements seront transmisaux sauveteurs suivants.Lorsqu’un véhicule entre en collision avec un obstacle à la vitesse de 100 km/heure, le conducteur est projeté vers l’avant avec la même force

4.4L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

Page 184: Manuel Belge Almbulanciers

que s’il tombait d’une hauteur de 50 mètres. Plus le véhicule va vite, plusle choc est violent et plus grande est la quantité d’énergie transformée enlésions corporelles. Lorsque deux véhicules entrent en collision frontaleà une vitesse de 60 km/heure, les vitesses s’additionnent et le choc cor-respond à une vitesse de 120 km/heure.Le corps est décéléré brutalement, et les organes continuent à se déplacersur leur trajectoire. Nous obtenons ainsi des lésions de décélération.L’aorte est blessée et la rate peut se déchirer. Lors d’un choc violent, deslésions internes très graves peuvent se produire; ces lésions qui ne sevoient pas de l’extérieur, constituent tout de même une menace vitale.Des fractures graves peuvent également être invisibles: une fracture dubassin, une fracture des vertèbres du cou ou du dos. Lors des accidentspour lesquels on suspecte un choc violent, il faut être attentif à la possi-bilité de telles lésions.

Q U E L L E S S O N T L E S L É S I O N S P R O B A B L E SS E L O N L A N A T U R E D E L ’ A C C I D E N T ?

Au cours d’une collision frontale, la voiture s’arrête mais le corps con-tinue sur sa trajectoire pendant encore un instant, jusqu’au moment où laceinture de sécurité ou l’airbag, ou, dans la pire des hypothèses, le tableaude bord ou le pare-brise l’arrête.Lorsque la victime est arrêtée par la ceinture de sécurité, des lésions sur-viennent parfois aux points de pression sur les épaules et le thorax, par-fois sous forme de fractures. On voit parfois les traces de la ceinture surle corps. Les ceintures retiennent le thorax, mais la tête est souvent bal-lottée d’avant en arrière comme un punching-ball. Ceci peut entraîner desluxations et des fractures des vertèbres cervicales. L’airbag protège lesoccupants d’une voiture contre ce type de lésions.Lorsque les passagers d’une voiture ne portent pas la ceinture de sécurité,le risque de blessures graves est très grand. En effet, les victimes peuventalors être propulsées dans les deux directions.Parfois le corps glisse vers l’avant et vers le bas, tandis que les jambessupportent le premier choc en se fracturant contre le tableau de bord etqu’ensuite le thorax frappe le volant ou le tableau de bord provoquant deslésions graves du cœur et des poumons. Lorsque le volant d’une voitureest endommagé, le conducteur est toujours gravement atteint.Parfois le corps est projeté vers l’avant et vers le haut. Il heurtera peut-êtrele volant ou le tableau de bord mais ce sera surtout la tête qui entrera encollision avec le pare-brise et qui peut-être le traversera. Cela provoquede graves lésions du crâne, des fractures de la colonne cervicale et desplaies cérébrales.Lors d’une collision frontale, ce sont surtout les enfants qui sont projetésvers le haut. Un pare-brise brisé indique toujours, jusqu’à preuve du con-traire, une lésion cervicale ou crânienne grave.

Lors d’une collision latérale, les occupants sont soumis à une force laté-rale. Les blessures sont provoquées par la pénétration de pièces de car-

4.5L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

Page 185: Manuel Belge Almbulanciers

rosserie ou par la violence des forces latérales. On rencontre souvent deslésions des bras, du thorax et du bassin.Une collision latérale entraîne généralement des blessures graves.Les collisions qui surviennent dans les bouchons, aux feux de circulationou dans des collisions en chaîne, sont souvent des collisions par l’arriè-re. Ici, les appuis-tête et les ceintures de sécurité peuvent limiter lesblessures. La violence du choc agit surtout au niveau de la nuque, ce quipeut entraîner des lésions de vertèbres cervicales. Le whip-lash, littéra-lement “coup de fouet” ou en français encore “coup du lapin” en est uneconséquence typique.Lorsque la collision est réalisée de biais, la voiture peut se mettre à tour-noyer et des forces centrifuges entrent en action. La nature des lésions estdifficilement prévisible car elles sont fonction des différents chocs que lavictime subit. Généralement les blessures sont moins graves que lors descollisions frontales.Si la voiture fait des tonneaux et que les occupants n’ont pas attachéleurs ceintures, il existe un grand risque d’éjection. Le port ou non de laceinture ainsi que la manière dont la voiture a effectué les tonneauxdétermineront la gravité des blessures. Il faut toujours rechercher deslésions crâniennes et cervicales.Les collisions voitures-piétons sont des rapports de force inégaux en-tre les victimes et les véhicules. Souvent, elles entraînent des lésionsgraves ou même la mort de l’usager de la route le plus faible. La taille dela victime par rapport à la hauteur des pare-chocs est très importante. Unpiéton est habituellement touché à hauteur des tibias, ce qui entraîne desfractures graves des jambes (au niveau du tibia). Ensuite la victime estprojetée sur le capot de la voiture ou vers le haut, ce qui entraîne deslésions du thorax, du bassin et des fémurs. Finalement, la victime tombesur la tête, ce qui peut entraîner des lésions cervicales et crâniennes.La collision avec un cycliste entraînera des lésions qui seront fonction dela manière dont celui-ci est touché; les lésions seront très fortement ana-logues à celles d’un piéton.Les blessures provoquées par une chute sont fonction de la hauteur decette chute et de la partie du corps qui touche le sol. Il faut toujourss’informer de la hauteur d’une chute. Ce renseignement est à transmet-tre aux autres intervenants lorsque vous leur confiez le patient (SMUR ouService des Urgences).

4.6L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

FIG. 4.1

LES TROIS PHASES

D’UNE COLLISION FRONTALE

Légende: 1. La voiture heurte un obstacle.2. L’occupant heurte des parties duvéhicule.3. Les organes de la victime s’écra-sent contre les parois du corps.

Page 186: Manuel Belge Almbulanciers

Les enfants tombent souvent sur la tête, et ceci entraîne généralement deslésions cérébrales. Lorsqu’ils se reçoivent sur les mains, cela provoque desfractures des poignets ou des bras. Les adultes essaient surtout de retom-ber sur les deux pieds. Le choc se transmet alors dans l’axe longitudinaldu corps. Les blessures sont alors étagées des talons aux jambes, aubassin et à la colonne vertébrale.Les blessures par balle et par coup de couteau sont des exemples deblessures “externes” ou “ouvertes”. Les chances de survie sont plusgrandes dans ce cas que dans les cas de blessures “internes” ou“fermées”. Le temps est important; “l’intervalle médical libre”, c’est-à-dire.le temps qui s’écoule entre le moment de l’accident et l’interventionmédicale, est alors capital.Les plaies par balle sont provoquées par l’énergie et la forme du projec-tile. Tous les tissus et les organes situés sur la trajectoire du projectile se-ront endommagés. Dans le cas des projectiles à grande vitesse une ondede choc est créée dans l’organisme (arme militaire); celle-ci va atteindredes organes et des tissus distants de la trajectoire du projectile.

Les lésions qui surviennent à la suite d’une explosion sont de troisnatures. Un premier type de lésions est provoqué par l’onde de pression(“blast”, onde de choc) de l’explosion. Tous les organes qui contiennentde l’air, comme les oreilles, les poumons et le système digestif serontatteints à la suite du brusque changement de pression. Des douleursd’oreille, des bourdonnements d’oreille, un saignement en provenance del’oreille accompagné d’une perte d’audition sont des signes de lésionssévères. Dans ces cas, il faut craindre des lésions pulmonaires graves.Les débris et les éclats projetés provoquent un deuxième type de lésions.Si la victime est projetée violemment contre un mur ou le sol, cela en-traîne des lésions semblables à celles d’une chute.

4.7L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

1

2

FIG. 4.2

SCÉNARIO DES

BLESSURES DU PIÉTON.

Chez l’enfant: 1. La force du pare-chocs s’appliqueau niveau du bassin (flèche rouge). 2. L’enfant est projeté (flèchejaune).

1

2 3

Chez l’adulte: 1. Les jambes sont touchées par lepare-chocs.2. La tête, le thorax et l’abdomensont projetés contre le véhicule.3. La victime rebondit et touche lesol de la tête.

Page 187: Manuel Belge Almbulanciers

Enfin, les explosions sont souvent accompagnées d’effondrements(lésions par compression), d’incendies (brûlures) et de dégagement defumées toxiques (suffocation).Lorsqu’une explosion a touché de nombreuses victimes, les blessés lesplus graves sont prioritaires. Recherchez en premier lieu les victimes del’onde de choc. Ces lésions sont moins spectaculaires mais déterminentune priorité de traitement.

4.8L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

FIG. 4.3

CHUTE DE L’ADULTE

Légende:La force est orientée dans la direc-tion de la flèche rouge et agit dutalon vers le bassin et la colonnevertébrale.

Page 188: Manuel Belge Almbulanciers

4.2 Les premières minutes après l’accident

La prise en charge immédiate d’un patient atteint de blessures graves, esttoujours la même pendant les premières minutes. La technique de l’ABCa déjà été décrite.Nous ne reprendrons la description de ces techniques que dans la mesureoù les patients accidentés présentent des particularités; ensuite, nousenvisagerons les différentes lésions région par région.

Q U E F A I R E L O R S D E L ’ A R R I V É E S U R L E S L I E U X ?

Lors de l’arrivée sur les lieux de l’accident, vous devez déterminer immé-diatement quel est l’endroit le plus sûr pour garer l’ambulance. Dans lecas d’un accident de roulage, il vous est recommandé de vous placer en-tre la circulation et l’accident.

Y a-t-il un danger pour les intervenants et les victimes? Avez-vous besoind’une aide supplémentaire (technique ou médicale)? Analysez les cir-constances et la disposition des lieux. Essayez de comprendre la cause del’accident.

Evaluation primaire

Evaluez la situation du patient, observez les paramètres vitaux; cela vousa été décrit dans la procédure ABC: le patient est-il conscient et les voiesrespiratoires sont-elles libres?, faut-il ventiler?, est-on en présence d’unproblème circulatoire?Cet examen ne doit prendre que quelques minutes. Si une des fonctionsvitales est atteinte, faites immédiatement appel au SMUR. Placez une

2.2

2

4.9L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

EVALUATION DELA SITUATION SURPLACE A L’ARRIVEE

DANGER 100CENTRE

aide technique

SECURITE

ARRIVEE

SMUR

FIG. 4.4

À L’ARRIVÉE SUR LES LIEUX

Page 189: Manuel Belge Almbulanciers

minerve si une lésion cervicale est possible. Faites le nécessaire pourmaintenir l’apport d’oxygène et maintenir une circulation satisfaisante.Si le patient est conscient, respire correctement et présente une circula-tion correcte, passez à l’évaluation secondaire.

L’évaluation secondaire

Lors de l’évaluation secondaire, vous inspectez tout le corps du patient.Recherchez, et si possible, soignez les lésions potentiellement à risquevital. Procédez rapidement et examinez particulièrement la tête, la nuqueet les autres lésions graves que nous allons décrire par la suite.Recherchez les contusions et les plaies de la tête. Elles peuvent expliquerune éventuelle modification de l’état de conscience. Observez égale-ment le diamètre des pupilles.Examinez la nuque. Posez une minerve chez tout patient qui se plaint dedouleurs de nuque ou qui présente une altération de l’état de conscience.

4.10L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

PATIENTCRITIQUE

NON CRITIQUE

évaluation primaire rapide

consciencevoies respiratoiresrespirationcirculation

EVALUATION PRIMAIREDU PATIENT

QUAND MEMECRITIQUE

RéanimationCardioPulmonaire

+ oxygène(hémostase)(collier cervical)

SMUR

SECURITE

récapitulation détailléede la première évaluationEPADONO et GCSvoies respiratoiresrespirationcirculation

+ oxygène(hémostase)(collier cervical)

FIG. 4.5

ÉVALUATION PRIMAIRE

LORS D’UN ACCIDENT

PATIENTCRITIQUE

SECURE

EVALUATION PRIMAIREDU PATIENT

RéanimationCardioPulmonaire

+ oxigène± hémostase± collier

SMUR

EVALUATION SECONDAIREDU PATIENT

examen selon les plainteslésions occultes

soins d’autres lésions

NON CRITIQUE

NON CRITIQUE

QUAND MEMECRITIQUE

PATIENTCRITIQUE

RéanimationCardioPulmonaire

+ oxygène(hémostase)(collier cervical)

FIG. 4.6

ÉVALUATION SECONDAIRE

DU PATIENT ACCIDENTÉ

Page 190: Manuel Belge Almbulanciers

Observez la couleur de la peau. Une pâleur peut indiquer un état dechoc par perte de sang importante. Vérifiez à nouveau la respiration et laliberté des voies respiratoires (fréquence, aspect, effort, odeur). Interro-gez le patient sur la présence de douleurs thoraciques. Evaluez à nouveaula circulation (pouls: fréquence, force). Demandez au patient s’il ressentdes douleurs abdominales. Les hémorragies internes peuvent mettre lavie en danger et sont parfois signalées par des ecchymoses externes.Le bassin est-il douloureux, déformé? Une fracture du bassin entraînegénéralement une perte de sang interne importante.

Y a-t-il des douleurs dans le dos, des paresthésies (perte légère de sensi-bilité), des picotements dans les membres, des paralysies, le patient est-il couché dans une attitude anormale?Observez la localisation des douleurs, des contusions, des plaies, desfractures ouvertes ou fermées au niveau des membres.Recherchez les antécédents médicaux importants: maladies graves (ducœur ou du poumon, diabète), prise de médicaments particuliers.

Demandez toujours l’intervention du SMUR lorsque la situation dupatient est critique ou lorsque celui-ci est incarcéré.

T R A N S P O R T

Un long délai s’écoule parfois avant le transport du patient. Il faut limiterles pertes de temps, et l’on peut parfois organiser un rendez-vous avec leSMUR, en accord avec les habitudes du service. Cela doit s’organiseraprès avoir réalisé les premiers soins.Continuez le contrôle des voies respiratoires. Ventilez si nécessaire.Administrez aux blessés de l’oxygène au masque à réservoir avec undébit minimum de 10 à 15 l/min. Si le masque n’est pas toléré, utilisez de préférence les lunettes à oxygè-ne.En cas de choc, couchez le patient. Alignez la tête et le dos. En présencede difficultés respiratoires, donnez la préférence à une position semi-assi-se.Posez une minerve chez les patients dont la conscience est altérée ou quise plaignent de douleurs dans la nuque. Placez le patient sur une civièreà palettes (scoop) ou un matelas à dépression. Couvrez les plaies de

4.11L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

TRANSPORTSERVICE DESURGENCES 100

EVALUATION SECONDAIREDU PATIENT

NON CRITIQUE

NON CRITIQUE

QUAND MEMECRITIQUE

FIG. 4.7

TRANSPORT VERS L’HÔPITAL

(système de rendez-vous)

Page 191: Manuel Belge Almbulanciers

compresses stériles. En cas d’hémorragie, placez un pansement com-pressif.N’enlevez jamais un objet perforant d’une plaie. Stabilisez-le à l’aide decompresses et mettez tout en œuvre pour réaliser un transport rapide.Alignez les fractures si cela est possible et posez des attelles.Si votre formation vous y a préparé, aidez le SMUR à installer une per-fusion.Transportez le patient vers l’hôpital et prévenez de votre arrivée. Trans-mettez toutes les informations nécessaires, la nature et l’importance deslésions.

L ’ H E U R E E N O R

Une prise en charge adéquate par l’ambulancier peut réduire les consé-quences dramatiques des blessures, augmenter les chances de survie,raccourcir le séjour à hôpital et diminuer les risques d’invalidité perma-nente. En reprenant le fil des événements qui se déroulent durant la pre-mière heure après l’accident, vous comprendrez rapidement pourquoi.Certains patients décèdent endéans les quelques secondes ou minutesaprès l’accident. Dans ces cas, il s’agit souvent de lésions cérébralesirréversibles ou d’hémorragies massives qui entraînent un arrêt cardiaque.Dans ces cas, même l’intervention la plus compétente ne peut être cou-ronnée de succès.

4.12L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

FIG. 4.8

L’HEURE EN OR

Ce graphique indique la mortalité en fonction du temps après un accident.

A. une majorité de patients décèdent durant les premières secondes ouminutes qui suivent l’accident: ce sont les décès immédiats.B. d’autres victimes meurent au cours des heures qui suivent l’accident: ce sont les décès “précoces”C. un autre groupe de patients meurent après des jours, voire des semainesd’hospitalisation: ce sont les décès tardifs.

Légende:

A B C

nombre desdécès

tempsaccident

Page 192: Manuel Belge Almbulanciers

Cependant, de trop nombreuses victimes meurent encore sur les lieux del’accident parce que les témoins ignorent les principes de base de laréanimation ABC et n’ont, par exemple, pas dégagé les voies respiratoi-res.Beaucoup de décès surviennent dans les premières heures après l’acci-dent. Il s’agit alors généralement de blessures pour lesquelles une aiderapide et efficace aurait pu être salvatrice. La simple suffocation parobstruction des voies respiratoires, est un exemple d’incident banal en-traînant la mort si une aide efficace n’est pas apportée vite et bien. Lespatients peuvent survivre à des hémorragies abdominales ou cérébralesou à des fractures graves, si une thérapeutique correcte est réalisée suf-fisamment rapidement. Il est admis qu’une aide efficace apportée pendantla première heure après l’accident, (on l’appelle “l’heure en or”) peutfaire la différence entre la vie et la mort.

Beaucoup de choses dépendent de l’approvisionnement en oxygène del’organisme. Un manque d’oxygène apparaît fréquemment dès les pre-miers instants. La douleur et le stress augmentent la consommationd’oxygène. Les lésions des poumons diminuent l’apport d’oxygène san-guin. La perte de sang diminue l’apport d’oxygène aux organes. L’admi-nistration d’oxygène et l’administration de perfusions permettent demaintenir un apport d’oxygène aux tissus et aux organes. En diminuantla douleur et le stress (par exemple en posant une attelle dans le cas defracture), il est possible de réduire l’importance du choc.En moyenne, un patient arrive à l’hôpital 45 minutes après l’accident. Lespremiers soins sur les lieux et pendant le transport sont importants. Lecomportement des ambulanciers et leur collaboration avec le SMURjouent un rôle capital.Un certain nombre de victimes meurent après des semaines d’hospitali-sation. Malgré des soins intensifs, un patient peut décéder longtempsaprès l’accident. Tout ce que vous réalisez pendant l’“heure en or” aurades effets à long terme et peut prévenir les complications tardives ou enréduire les effets. En évitant l’inondation des poumons par du sang ou desvomissements, vous évitez l’apparition de broncho-pneumonies tardi-ves. Plus les voies respiratoires sont protégées par l’ambulancier, moinsles complications tardives apparaissent.

4.13L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

Page 193: Manuel Belge Almbulanciers

4.3 Les lésions thoraciques

Les lésions de la cage thoracique sont souvent difficiles à évaluer, car ils’agit de lésions fermées dont la gravité ne peut être reconnue directe-ment. La cage thoracique contient les poumons et les voies respira-toires, le cœur et les gros vaisseaux. Ce sont des systèmes vitaux. Lesblessures de la cage thoracique mettent donc la vie en danger.Vous devez être capable de reconnaître la gravité de ces lésions, sans lesvoir extérieurement. Vous ne devez pas poser le diagnostic précis de ceslésions. Cela sera réalisé par les équipes médicales et à l’hôpital.Nous allons décrire cependant les différents types de lésions thoraciquesafin de vous en donner un aperçu et de vous en expliquer les consé-quences. Vous pourrez ainsi comprendre à quel point il est important dereconnaître les signes de ces lésions vitales.Relisez le chapitre 1 et revoyez quels organes sont situés dans la cagethoracique et comment ils fonctionnent.Le déficit de l’apport sanguin, et par conséquent de l’apport d’oxygènesignale rapidement les lésions des poumons, du cœur ou des grandsvaisseaux. Retenez que le diaphragme qui sépare l’abdomen du thorax estsitué assez haut. En dessous du diaphragme se trouvent des organesvulnérables comme le foie, la rate, et l’estomac. Pensez toujours, lors de blessures de la partie inférieure du thorax, auxlésions des organes abdominaux.

Q U E L L E S S O N T L E S D I F F É R E N T E S S O R T E SD E L É S I O N S T H O R A C I Q U E S ?

On distingue les lésions thoraciques ouvertes et fermées. Les lésionsfermées sont souvent la conséquence d’une contusion importante. Leslésions ouvertes sont provoquées par des objets perforants. Parfois unchoc peut être suffisamment violent pour que des côtes brisées provo-quent une plaie ouverte, perforée de l’intérieur.

Blessures thoraciques fermées

1. FRACTURE DU STERNUM

Une fracture du sternum est généralement provoquée par une force quiagit perpendiculairement au sternum. Ceci se voit fréquemment chez lespersonnes âgées lors d’une collision frontale. La fracture n’est pas visible,le patient se plaint de douleurs au milieu de la cage thoracique et se plaintd’une difficulté respiratoire.

4.4

1.2

4.14L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

Page 194: Manuel Belge Almbulanciers

2. FRACTURE DE CÔTES

La lésion thoracique la plus fréquente est la fracture d’une ou de plu-sieures côtes. Chez les individus jeunes, les côtes sont encore relative-ment souples. Chez les personnes âgées, elles sont plus rigides. Elles sebrisent donc plus facilement. Chez les personnes âgées, les côtes se bri-sent même à l’occasion d’une chute légère. Chez les individus jeunes etles enfants, les côtes ne se brisent que sous l’influence de forces plusimportantes.Les quatre premières côtes sont protégées par les omoplates et donc nese brisent pas aussi rapidement. La plupart des fractures de côtes sontlocalisées de la 5e à la 10e côte. La onzième et la douzième côte ne se bri-sent pas aussi facilement car elles sont “flottantes” d’un côté et peuventainsi se plier plus aisément.En cas de fracture de côte, le patient se plaint de douleurs à l’endroit dela fracture. La douleur est augmentée par la toux, les mouvements et larespiration.La douleur empêche même le patient de respirer normalement. Le patientest souvent penché du côté de la fracture et maintient celle-ci de sesmains, tentant ainsi de l’immobiliser.Une fracture de côte peut entraîner des complications graves que nousdiscuterons par la suite. En cas de fracture de plusieures côtes, une par-tie de la paroi thoracique est libre et on parle de volet thoracique. Descôtes enfoncées ou brisées peuvent blesser les poumons (contusion pul-monaire) ou provoquer des hémorragies des poumons ou des gros vais-seaux (hémothorax). De l’air peut s’accumuler entre la paroi thoraciqueet la plèvre (pneumothorax). Une fracture des côtes inférieures peut léserdes organes abdominaux et provoquer des hémorragies internes.

3. VOLET THORACIQUE

Un “volet thoracique” est une partie flottante de la paroi thoracique.Ces “volets thoraciques” existent lorsque 3 ou plusieurs côtes successi-ves situées du même côté sont fracturées à au moins deux endroits. Celapeut exister lorsque le sternum est fracturé en même temps que descôtes situées de part et d’autre de celui-ci.

4.15L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

FIG. 4.9

FRACTURES DE CÔTES

1. fractures de côtes 2. et 3. volets thoraciques

1 2 3

Page 195: Manuel Belge Almbulanciers

Une partie de la cage thoracique n’est plus fixée et est désolidarisée del’ensemble. Cette partie de la cage thoracique va se mouvoir de manière“paradoxale”: à l’inspiration, le volet va rentrer vers l’intérieur; à l’expi-ration, il va sortir vers l’extérieur, alors que normalement on constatel’inverse. Cela est une lésion très grave.Les autres signes sont ceux d’une fracture de côtes: une douleur à l’en-droit de la fracture et aggravation lors du mouvement. Très souvent dessignes de choc accompagnent la respiration paradoxale.

4. CONTUSION PULMONAIRE

Des côtes enfoncées ou fracturées peuvent contusionner le poumon.Cela n’est pas visible. Le patient se plaint de douleurs et sa respiration estcourte, comme dans le cas des fractures de côtes. Parfois la cage thora-cique présente des mouvements anormaux lors de la respiration. Il arri-ve que le patient crache du sang.

5. PNEUMOTHORAX

Lors d’un pneumothorax, de l’air (pneumo) s’accumule entre la mem-brane qui entoure le poumon (la plèvre) et la paroi thoracique. L’air accu-mulé empêche l’expansion du poumon à cet endroit. Lors de l’accumu-lation d’une trop grande quantité d’air, le poumon est complètementcomprimé, le cœur et les gros vaisseaux peuvent être déplacés et leretour du sang vers le cœur est diminué. Cela s’appelle un pneumothoraxsous tension (suffocant). Dans le pneumothorax ouvert, le pneumothoraxest en relation avec l’air ambiant par une plaie ouverte. Dans le pneumo-thorax fermé, cela n’est pas le cas car la plèvre est indemne.Parfois de l’air s’échappe entre les couches cutanées et s’accumule auniveau du cou et de la face. Dans ces cas, on parle également de pneumo-thorax sous tension. Le patient ressemble au bonhomme Bibendum deMichelin. La palpation de la peau permet d’observer un crépitementneigeux (emphysème sous-cutané).Le patient se plaint de douleurs comme dans le cas des fractures decôtes. Parfois la dyspnée est très prononcée et s’aggrave lentement, par-fois rapidement. La pomme d’Adam est refoulée vers le côté indemne.

4.16L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

FIG. 4.10

LE VOLET THRACIQUE ET LES

MOUVEMENTS PARADOXAUX

Le volet se déplace dans la direction opposée au mouvement de la respiration.

Page 196: Manuel Belge Almbulanciers

On palpe le crépitement de l’emphysème sous-cutané. On observe dessignes de choc.

6. HÉMOTHORAX

Dans l’hémothorax, le sang s’accumule dans le thorax. Ce saignementest dangereux en soi et peut provoquer un choc. De plus, le sang varefouler les poumons et gêner la respiration.En tant qu’ambulancier sur le terrain, vous ne diagnostiquerez pas unhémothorax. Vous verrez uniquement une dyspnée et des signes dechoc. Lorsque le thorax se remplit d’un mélange d’air et de sang, on par-le d’un hémopneumothorax.

7. CONTUSION CARDIAQUE

Un important choc direct porté sur la cage thoracique peut contusion-ner le cœur. Souvent cela s’accompagne d’une fracture du sternum.Même à l’hôpital, avec des techniques d’exploration sophistiquées, celaest difficile à mettre en évidence.Vous devez seulement vous rappeler que cela est possible lors d’unecollision frontale grave. Le patient se plaint de douleurs, est courtd’haleine et développe parfois un état de choc.

3.3

3.3

3.3

4.17L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

FIG. 4.12

HÉMOTHORAX

Le poumon est collabé. On trouvedu sang entre la paroi thoracique et le poumon.

FIG. 4.11

PNEUMOTHORAX

Pneumothorax ouvert De l’air pénètre, de l’extérieur, entre la paroi thoracique et lepoumon droit collabé.

Pneumothorax fermé De l’air, venant des bronches,pénètre entre la paroi thoracique etle poumon droit collabé.

Page 197: Manuel Belge Almbulanciers

8. TAMPONNADE CARDIAQUE

Le cœur est entouré d’un sac, le péricarde. Si du sang inonde ce sac, lecœur sera incapable de se dilater suffisamment, et il pompera moins desang.La tamponnade cardiaque n’est pas fréquente, mais on peut la suspecteraprès un choc violent contre le thorax. Lorsque le pouls est difficile àprendre et les vaisseaux sanguins du cou sont distendus, cela peut signi-fier une tamponnade cardiaque.

9. DÉCHIRURE DE L’AORTE

Lorsque le corps est brutalement freiné, le cœur continue sur sa lancée,comme un voyageur qui tombe dans un bus si celui-ci s’arrête brutale-ment. Cela peut provoquer une fissure de l’aorte, la grande artère quiprend naissance dans le cœur. Du sang s’infiltre dans la paroi de l’aorte,et cela peut entraîner après un certain temps (quelques minutes ou quel-ques heures) une hémorragie brutale et mortelle.Il ne faut suspecter cette lésion que lorsque le patient a reçu un choc vio-lent et se plaint de douleurs localisées derrière le sternum (rétrosternales)ou entre les omoplates.

10. DÉCHIRURE DU DIAPHRAGME

Le diaphragme est le muscle qui sépare la cavité thoracique de la cavitéabdominale. Il participe aux mouvements respiratoires. Le diaphragmepeut se déchirer. Dans ce cas, l’estomac ou des anses intestinales peuventglisser dans le thorax. Cela réduit le volume disponible pour la respiration.De plus, le diaphragme est alors incapable de se contracter correctement,et cela va entraîner des difficultés respiratoires.La fissuration ou la déchirure est invisible de l’extérieur. On remarque, parcontre, les signes manifestes d’une dyspnée. Il faut toujours penser à cetype de lésion après un choc violent contre le thorax.

PLAIES OUVERTES DU THORAX

Les objets qui perforent la paroi thoracique peuvent léser la plèvre, lespoumons, les vaisseaux, le cœur et le diaphragme. Les lésions qui enrésultent sont identiques à celles décrites pour les blessures thoraciquesfermées: pneumothorax, hémothorax, plaie pulmonaire, tamponnadecardiaque, lésions du cœur et des vaisseaux.Lorsqu’un corps étranger est resté fiché dans le thorax, par exemple uncouteau, le diagnostic ne pose aucun problème. Le patient se plaint dedouleurs, est court d’haleine, montre des signes de dyspnée et de choc.Dans le cas d’une “plaie soufflante”, de l’air est aspiré à l’inspirationentre la paroi thoracique et le poumon. Vous pouvez entendre entrer etsortir l’air de la cavité thoracique. Il existe alors un pneumothorax quipeut évoluer vers le pneumothorax suffocant.

4.18L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

Page 198: Manuel Belge Almbulanciers

Le patient se plaint de douleurs et est court d’haleine. Vous voyez uneplaie thoracique. Vous pouvez entendre l’air qui est aspiré par la plaiependant l’inspiration. Vous voyez des signes de choc si le cœur est lésé,si une perte de sang importante existe ou si un pneumothorax suffocantest constitué.

Chaque plaie perforante du thorax menace la vie.

Comment évaluer la gravité des lésions thoraciques?

Un traumatisme thoracique entraîne souvent des lésions fermées etl’ambulancier n’a pas la possibilité de déterminer l’étendue exacte deslésions du patient.En fait cela n’est pas nécessaire. Si vous êtes capable de reconnaître uncertain nombre de signes, vous aurez suffisamment d’indications pourposer une série de gestes salvateurs.

La douleur est la plainte la plus fréquente lors de lésions thoraciques. Unpatient conscient est capable d’indiquer l’endroit qui fait mal. Parfois lepatient tente de maintenir, avec les mains, la fracture de côtes. Deman-dez au patient de tousser. S’il en est incapable à cause de la douleur, voussaurez que la cage thoracique a été fortement touchée. Vous devez con-sidérer la douleur comme un signal d’alarme. Pendant le transport,observez le patient attentivement. Contrôlez en permanence le pouls etla respiration.Si la douleur est située au niveau des 4 côtes supérieures, la possibilité delésions des nerfs des bras doit être évoquée et vous devrez vérifier si lepatient est capable de bouger les bras. Si la douleur est basse (8e ou 10e

côte), vous devrez être attentif à la possibilité de lésions du foie ou de larate; ces lésions peuvent être à l’origine de saignements internes graves.

Douleur

4.19L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

FIG. 4.13

“PLAIE SOUFFLANTE”

“Plaie soufflante”:de l’air est aspiré et expulsé àchaque mouvement respiratoire.

Page 199: Manuel Belge Almbulanciers

Un patient souffrant de lésions thoraciques graves est agité et anxieux.Des symptômes typiques de choc, en relation avec le manque d’oxygèneet une perte de sang peuvent apparaître. Faites appel au SMUR.

Le patient se plaint de dyspnée, de “manque d’air”, d’une “sensationd’étouffement”. Mesurez la fréquence et le type de respiration; observezles efforts que le patient doit effectuer lors de la respiration. Recherchezles mouvements asymétriques de la cage thoracique.Ces signes indiquent une urgence vitale: faites appel au SMUR.

A côté des signes de fracture de côtes vous observez un mouvementparadoxal de la cage thoracique: vers l’intérieur à l’inspiration, versl’extérieur lors de l’expiration. Il existe souvent simultanément des signesde choc. Il s’agit toujours d’une urgence majeure: faites appel au SMUR.

L’expectoration de sang (cracher du sang) signe une contusion pulmo-naire et par conséquent une lésion importante.

La peau du cou, et parfois de la tête, est gonflée (comme chez Bibendum)par de l’air qui s’est échappé de la cage thoracique sous la peau. A cer-tains endroits on sent l’air sous les doigts comme de la neige qui craque(crépitation neigeuse). Vous avez alors la certitude que le patient souffred’un pneumothorax. Cela est une urgence majeure: faites appel au SMUR.

Les plaies de la cage thoracique provoquent souvent des difficultés respi-ratoires et/ou une perte de sang. Cela entraîne tôt ou tard un état dechoc. Le patient est pâle, la peau devient bleue et grise, le patient présentede la transpiration et est anxieux. Prenez le pouls, car l’évolution de saforce et de sa fréquence sont des indicateurs dans le choc. Il s’agit d’uneurgence médicale majeure: faites appel au SMUR.

Chez certains patients en état de choc, le sang retourne difficilement aucœur (c’est le cas en présence d’un pneumothorax suffocant). Le sangs’accumule alors dans les vaisseaux du cou, qui se distendent.

Lorsqu’un poumon ne fonctionne plus correctement (par exemple en casde pneumothorax), la pomme d’Adam se déplace du côté du poumonsain. Cela indique de sérieux problèmes de respiration et de circulation. Il s’agit d’une urgence médicale majeure: faites appel au SMUR.

Position anormale de la pomme d’Adam

Congestion des vaisseaux du cou

Choc

Emphysème sous-cutané

Expectoration de sang

Volet thoracique

Problèmes respiratoires

Agitation

4.20L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

Page 200: Manuel Belge Almbulanciers

Les plaies par arme blanche ou par balle sont faciles à reconnaître lors-que le corps étranger est encore dans la plaie. Lorsque l’objet a étéenlevé ou en l’absence d’information, vous constatez une plaie ouverte.Celle-ci peut aspirer de l’air à l’inspiration.

Un patient inconscient ou en état de choc ne parlera plus et nevous donnera pas d’indication. Vous devrez alors toujours pen-ser aux plaies thoraciques ou abdominales.

Q U E F A I R E E N F A C E D E B L E S S U R E S D E L A C A G E T H O R A C I Q U E ?

Il faut toujours évaluer la gravité des lésions. En cas de doute, faitesimmédiatement appel au SMUR.Suivez, ensuite, la même procédure que pour tout autre urgence majeu-re: suivez la procédure de l’ABC et de la réanimation. Dans de nombreuxcas, ce sera pratiquement la seule chose que vous pourrez faire.Soutenez les fonctions vitales, dégagez les voies respiratoires, assistez larespiration, et combattez le choc.Posez une minerve chez tout patient qui est inconscient ou qui se plaintde douleurs au niveau de la nuque.Chez les patients victimes d’une lésion de la cage thoracique, et qui res-pirent encore suffisamment, administrez de l’oxygène à l’aide d’un mas-que avec réservoir, au débit de 10-15 l/min.Continuez à surveiller la respiration et la circulation.

Vous devez prendre des mesures particulières en présence de plaiesbéantes du thorax, en présence d’un volet thoracique et en présence deplaies ouvertes avec corps étrangers transfixiants.

En présence de plaies béantes du thorax. Il est certain que la cagethoracique ne fonctionnera plus correctement en présence de grandesplaies béantes. Vous devez occlure aussi rapidement que possible cetteplaie ouverte avec un pansement adéquat. Si cela n’est pas directementpossible, vous devez boucher la plaie avec votre main (un gant stérile).

Vous ne devez jamais fermer la plaie hermétiquement, car unpneumothorax ouvert pourrait se transformer en pneumotho-rax fermé suffocant.

Le pansement doit être d’au moins 5 cm plus grand que la plaie. En pré-sence de plusieurs plaies ouvertes (entrée et sortie d’un projectile), tou-tes les ouvertures doivent être protégées. Veillez à ne pas coller un coindu pansement qui pourra alors fonctionner comme une soupape unidi-rectionnelle: la plaie est occluse lorsque le patient inspire, et l’air pourras’échapper de la cage thoracique lors de l’expiration. Cette méthodeprévient la formation d’un pneumothorax suffocant. Vous utiliserez depréférence un set de pansement qui est destiné spécialement à cela et que

Plaies par arme blanche ou par balle

4.21L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

Page 201: Manuel Belge Almbulanciers

vous stockez dans votre ambulance. Si la peau du pourtour de la plaie estsouillée par du sang ou du liquide, il est parfois difficile de bien coller lepansement. Dans ces cas, vous devez maintenir le pansement avec votremain, sans toutefois comprimer le coin laissé libre.

Continuez à surveiller la respiration et le pouls. Si la situation du patients’aggrave après la pose du pansement, cela peut être provoqué par le pan-sement qui ferme hermétiquement la plaie (p.ex. le coin libre est collé pardu sang). Détachez alors le pansement.

En cas de volet thoracique, tentez de stabiliser la partie de la cagethoracique qui présente un mouvement paradoxal. Placez, pour cela, unpansement épais sur le volet, renforcez-le éventuellement par un petitcoussin. Fixez le pansement avec des bandes adhésives. Ne réalisezjamais un pansement circulaire autour du thorax, ce qui pourrait diminuerles mouvements respiratoires. Si les bandes adhésives ne collent pas, ousi vous n’en possédez pas, pressez le pansement et le coussin de vosmains sur la lésion.Transportez le patient en position assise. Si le patient ne le supportepas, placez-le en position couchée sur le côté du volet thoracique.Soyez attentif aux signes de choc. Des difficultés respiratoires sévères sur-viennent fréquemment et doivent être prises en charge correctement.

Dans le cas des plaies perforantes avec corps étranger présent dansla plaie, vous ne devrez jamais enlever l’objet. Ne tirez donc jamais uncouteau d’une plaie. Stabilisez l’objet aussi bien que possible avec despansements épais et des bandes adhésives et transportez le patient enadministrant de l’oxygène et en surveillant les fonctions vitales. Faitesappel au SMUR.

4.22L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

FIG. 4.14

PLAIE THORACIQUE SOUFFLANTE

Légende: En appliquant le pansement occlusif on laisse un des quatrecoins libre. A l’inspiration le pansement sera entièrement occlusif et prévientl’aspiration de l’air. A l’expiration, l’air s’échappe de la cavité thoraciquepar le coin laissé libre.

Page 202: Manuel Belge Almbulanciers

Pour les plaies par arme blanche, la vitesse de prise en charge est vitale.Le patient doit être transporté aussi rapidement et aussi précaution-neusement que possible à l’hôpital. Veillez à ce que l’objet ne bouge paset ne touche rien pendant le transport. Si l’objet est trop long pour êtretransporté, sectionnez-le.

4.23L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

FIG. 4.15

OBJET PERFORANT

DANS LA CAGE THORACIQUE

Ne retirez jamais le corps étranger de la cage thoracique. Fixez-le à l’aide de pansements stables.

Page 203: Manuel Belge Almbulanciers

4.4 Les lésions abdominales

La cavité abdominale contient les organes de la digestion, le système uro-génital et des vaisseaux importants. Certains organes sont très vulnéra-bles aux grandes décélérations ou aux chocs multiples lors des acci-dents. En outre, ces organes ne sont pas protégés par le squelette.Une plainte banale de douleur abdominale après un accident peut êtreliée à une lésion du foie ou de la rate; ces lésions peuvent entraîner deshémorragies internes mortelles.

Q U E L L E S S O N T L E S B L E S S U R E S D E L ’ A B D O M E N Q U E V O U S P O U V E ZR E N C O N T R E R ?

On distingue, ici aussi, des lésions internes et des plaies ouvertes. Leslésions internes sont la conséquence d’un accident de la circulation (coupcontre le volant d’une voiture) ou d’une chute (avec une décélération bru-tale au moment de la réception). N’oubliez jamais que les blessures de lapartie inférieure de la cage thoracique peuvent avoir des répercussionsdans la cavité abdominale.Il peut exister des contusions simples du foie et de la rate. Les saigne-ments de la rate, du foie et des vaisseaux sanguins qui alimentent l’esto-mac sont plus graves.Certains organes peuvent être entièrement ou partiellement détruits.Les plaies ouvertes abdominales sont généralement provoquées par desobjets perforants. Ces plaies sont spectaculaires, mais sont moins dan-gereuses sur le plan vital que les plaies perforantes thoraciques. Uneanse intestinale perforée met moins vite la vie en danger qu’un cœur per-foré. Néanmoins les hémorragies internes abdominales restent trèssérieuses et dangereuses.

C O M M E N T É V A L U E R L A S I T U A T I O N D U P A T I E N T ?

Les signes ou les symptômes d’une plaie de la cavité abdominale sontparfois peu évidents.Dans les cas de lésions internes vous observerez parfois des hématomescutanés à l’endroit où un objet contondant a touché le corps. Il est fré-quent de ne rien voir.Dans le cas de plaies ouvertes, vous verrez par contre la plaie et parfoisl’objet perforant encore en place.Une hémorragie interne peut distendre l’abdomen.

4.24L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

Page 204: Manuel Belge Almbulanciers

Le patient se plaint de douleurs dans le ventre. Cela doit toujours êtreconsidéré comme un signal d’alarme. Généralement, le patient seracouché, immobile, les jambes repliées dans une tentative de diminuer ladouleur abdominale.Les signes du choc, suite à une perte de sang dans l’abdomen, peuventêtre présents: agitation, angoisse, pâleur, transpiration, pouls rapide etfilant, respiration superficielle. Dans certains cas, le patient vomit dusang.Attention: un patient inconscient ou en état de choc avancé ne parle plus. Néanmoins, la possibilité de lésions abdominales doit être présente àvotre esprit.

Q U E F A I R E D E V A N T D E S P L A I E SA B D O M I N A L E S ?

Couchez le patient sur le dos.Traitez le choc, administrez de l’oxygène au masque à réservoir (débit 10-15 l/min.)

4.25L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

FIG. 4.16

PLAIE ABDOMINALE

OUVERTE AVEC DES INTESTINS

HORS DE L’ABDOMEN

1. Les intestins sortent de la cavitéabdominale.

2. Découpez les vêtements, netouchez pas les intestins.

3. Couvrez les anses intestinalesextériorisées avec un pansementstérile.

4. Fixez le pansement.

Page 205: Manuel Belge Almbulanciers

Surveillez et assistez les fonctions vitales (prenez le pouls et observez larespiration). Assurez un transport médicalisé rapide. Faites, par consé-quent, appel au SMUR.Ne permettez jamais au patient de boire ou de manger. Couvrez les plaies ouvertes avec des pansements stériles.Si les intestins sortent de la plaie, couvrez-les avec un pansement plasti-que stérile. Ne touchez jamais les intestins et n’essayez pas de les replacerdans l’abdomen. Couvrez le tout stérilement avec un pansement hermé-tique.

N’utilisez jamais de feuille aluminium, car les bords en sont tranchants etpeuvent provoquer des blessures graves aux organes abdominaux.Si l’objet perforant se trouve encore dans la plaie, il ne faut jamais l’enle-ver. Fixez l’objet avec des pansements épais. Ne bougez pas les jambes dela victime. Transportez le blessé dans la position dans laquelle vousl’avez trouvé à l’aide d’une civière à palettes. Vous diminuerez ainsi le ris-que de déplacer l’objet fixé dans la plaie.

P L A I E S D U S Y S T E M E U R O G É N I T A L

Le système uro-génital est constitué d’une part des reins, de la vessie etde leurs liaisons, et des organes sexuels masculins ou féminins.Le choc d’un objet contondant dans la région des reins peut provoquerune lésion interne. L’artère rénale peut être déchirée lors d’une décélé-ration brutale; cela peut se produire au cours d’accidents. Des hémorra-gies importantes à risque vital peuvent survenir. A l’occasion d’une frac-ture du bassin, la vessie peut être blessée.Des plaies ouvertes ou des lésions internes peuvent atteindre les organesgénitaux. Les organes sexuels externes sont moins protégés et par consé-quent plus vulnérables. Chez la femme enceinte, l’utérus et le fœtuspeuvent être gravement atteints. Cela sera expliqué dans le chapitre surla grossesse.Tous ces organes sont fortement vascularisés. Lors de blessures, de gran-des quantités de sang peuvent être perdues.Il n’est pas possible de définir la nature exacte des lésions sur les lieux del’accident. Le patient peut se plaindre de douleurs dans le côté, les lom-bes ou le bas-ventre. Des signes d’hémorragie interne (et par consé-quent de choc) peuvent apparaître.Traitez ces lésions comme des lésions abdominales. Traitez le chocéventuel en administrant de l’oxygène au masque à réservoir (15 l/min.).Couvrez les plaies externes et comprimez les hémorragies avec des pan-sements stériles.En cas de douleurs dans le dos ou dans la région lombaire, il faut tenircompte de la possibilité d’une lésion du rachis. Transportez le patient versl’hôpital sur un matelas à dépression ou sur une civière à palettes.

6

4.26L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

Page 206: Manuel Belge Almbulanciers

4.5 Lésions de la tête et des ver tèbres

Les lésions de la tête et de la colonne vertébrale sont souvent accom-pagnées de lésions sévères du système nerveux. Les lésions de la têteavec traumatisme cérébral sont une des causes les plus fréquentes dedécès dans les suites d’un accident. Si le patient survit à l’accident, leslésions cérébrales entraînent souvent des séquelles permanentes gra-ves. Dans de nombreux cas, ces dommages peuvent être évités ou limitésen administrant correctement les premiers soins.Une évaluation correcte de la situation et une intervention adéquatesont de la plus grande importance. Il est donc indispensable de recon-naître les signes de ces lésions. Ce chapitre débute par l’étude de cessignes. Relisez le chapitre 1 sur l’anatomie et le fonctionnement du cer-veau, du système nerveux et du squelette.

L E S I O N S D U C R Â N E E T D U C E R V E A U

Dans les lésions de la tête, on distingue les lésions du crâne et du cerveaud’une part, et les lésions de la face d’autre part. Le traumatisme crâniens’accompagne souvent de lésions cérébrales. La boîte crânienne protègele cerveau. Il est évident que si la boîte osseuse a été endommagée, il esttrès probable que le cerveau l’ait été aussi. Cela peut survenir à la suited’un coup violent par objet perforant comme une balle. Le cerveau peutêtre également endommagé par la décélération lors d’un accident, alorsqu’extérieurement rien n’est visible.Lors d’une fracture du crâne, ce sont surtout les dommages cérébraux quisont préoccupants. Le cerveau peut également être endommagé sansfracture du crâne. Le signe de la lésion cérébrale est une altération del’état de conscience. Ce signe est donc le seul auquel un ambulancier doittoujours être très attentif.L’ambulancier n’a pas la possibilité d’établir un diagnostic précis. Celan’est d’ailleurs possible qu’en milieu hospitalier à l’aide d’appareillagessophistiqués. Par contre, vous devrez être capable d’identifier les symptô-mes de ces lésions et d’y adapter votre intervention.

Q U E L S S O N T L E S D I F F É R E N T S T Y P E S D E L É S I O N S C R Â N I E N N E S ?

Dans le cas des fractures du crâne fermées, rien n’est visible de l’exté-rieur. La violence du coup (le mécanisme de l’accident) et les autreslésions visibles (comme un hématome ou des lésions cutanées) peuventfaire suspecter la présence d’une fracture du crâne. Les fractures du

1.2

4.27L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

Page 207: Manuel Belge Almbulanciers

crâne graves provoquent parfois des déformations visibles extérieure-ment; parfois elles sont palpées par hasard au moment de la pose d’uneminerve. Le patient aura au minimum perdu connaissance pendant unbref laps de temps, mais habituellement sera inconscient.Lors d’une fracture ouverte du crâne, le choc aura été très violent etparfois le cerveau est visible. Ce sont des lésions très graves qui sont pra-tiquement toujours accompagnées de perte de connaissance. Dans le casdes plaies par balle, on peut reconnaître un orifice d’entrée et un orificede sortie du projectile. Dans les fractures de la base du crâne la par-tie la plus basse du crâne est fracturée. Ces fractures ne sont pas direc-tement reconnaissables. Des signes de fracture de la base du crâne sontl’hématome “en lunettes” autour des yeux ou des pertes de sang enarrière des oreilles. Parfois on observe une perte de sang et de liquide parles oreilles et le nez. L’état de conscience est généralement atteint.

Quelles lésions cérébrales peut-on rencontrer?

Une commotion cérébrale est provoquée par un coup sur la tête. Lecerveau est en fait “secoué”, et entre violemment en contact avec laface interne de la voûte crânienne. Une perte de connaissance brève estcaractéristique de la commotion. Habituellement le patient ne se souvientpas de ce qui s’est passé. Lors d’une commotion cérébrale sévère cetteamnésie peut s’étendre sur une période plus longue. Le patient ne se sou-vient généralement pas de l’endroit et du moment de l’accident. Deman-dez toujours aux témoins si le patient a perdu connaissance.Une contusion cérébrale est une forme sévère de commotion cérébraledans laquelle le cerveau présente des contusions. Le diagnostic de cescontusions n’est possible qu’en milieu hospitalier. L’état de conscience estgénéralement atteint.Lorsqu’un vaisseau de la face externe du cerveau saigne, nous noustrouverons devant une hémorragie entre le cerveau et la boîte crânien-ne, et le sang s’accumulera à cet endroit. Ce volume va comprimer le cer-veau, perturber son fonctionnement et peut l’endommager définitive-ment. Au début, les symptômes et les plaintes sont les mêmes que dansle cas de la commotion cérébrale banale. Par exemple, le patient aura euune brève perte de conscience. Mais contrairement à ce qui se passe dansune commotion cérébrale banale, l’état de conscience va s’altérer à nou-veau après un intervalle libre de quelques minutes (parfois de quelquesheures).

Les hémorragies peuvent entraîner une accumulation de sang à l’intérieurdu cerveau, et cela peut provoquer d’autres lésions. Les conséquences ensont alors plus graves que celles d’une hémorragie superficielle, et l’alté-ration de l’état de conscience sera plus profonde et plus prolongée; cetteinconscience peut même s’installer d’emblée.La boîte crânienne est une boîte fermée, et chaque lésion du cerveau en-traîne un œdème des tissus et une accumulation de sang. La pression àl’intérieur de la boîte crânienne va augmenter, ce qui entraînera une

4.28L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

Page 208: Manuel Belge Almbulanciers

compression des vaisseaux sanguins et diminuera l’apport de sang versles différentes parties du cerveau.Toutes ces lésions présentent un risque vital. Le signe cardinal qui per-met de reconnaître ces lésions est l’altération de l’état de cons-cience. Vous devez être capable d’évaluer l’évolution de l’état de cons-cience et l’importance de cette modification de l’état de conscience.C’est une des compétences de base de l’ambulancier.

Evaluation de l’état de conscience

La première mission de l’ambulancier consiste en l’évaluation de l’état deconscience. Même si le patient respire et présente un pouls, le systèmenerveux (c’est à dire le cerveau et/ou la moelle épinière) peut être atteintde manière telle que la vie est en danger. Les lésions peuvent être sur-veillées par une estimation de l’état de conscience sur la base de quatreobservations élémentaires. Cette méthode est résumée sous le terme de“EPADONO”.

E Eveil = le patient sait ce qui se passe autour de lui, connaît son nom, le jour de la semaine et peut dire où il se trouve.

Pa Parole = le patient parle et répond lorsqu’on lui adresse la parole.Do Douleur = le patient ne réagit pas à la parole, mais réagit à un stimulus

douloureux (pincer).No Non-réactif = le patient ne réagit pas à la douleur.

Il est important d’évaluer l’état de conscience de cette manière et dedécrire l’évolution de l’état de conscience de la même façon. Cette infor-

4.29L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

FIG. 4.17

LES HEMORRAGIES CEREBRALES

2. Hémorragie intradurale1. Hémorragie extradurale 3. Hémorragie intracérébrale

Page 209: Manuel Belge Almbulanciers

mation est capitale pour le médecin. Vous êtes le seul à pouvoir collectercette information.Les lésions cérébrales isolées ne sont pratiquement jamais la cause d’unétat de choc. Un choc peut apparaître lorsque d’autres blessures existenten plus des lésions crâniennes ou cérébrales. La diminution de l’état deconscience est le symptôme le plus important lors de lésions crânienneset cérébrales.Les signes de lésions des vertèbres cervicales ou dorsales sont lessuivants: une douleur dans la nuque ou dans le dos, des paralysies desmembres, des paresthésies ou des dysesthésies (des picotements et desendormissements) dans les doigts ou les orteils. Lorsque de telles plain-tes sont présentes, il est très probable que des nerfs sont affectés suite àune lésion de la moelle épinière.L’examen des pupilles: les pupilles peuvent être rétrécies ou dilatéessymétriquement dans les deux yeux, ou présenter une dimension diffé-rente à chaque œil. Ce signe est un signal d’alarme. Il peut indiquer unehémorragie située entre le cerveau et la boîte crânienne, hémorragie quidoit être soignée chirurgicalement, aussi rapidement que possible.Le patient conscient, ou qui reprend conscience, peut se plaindre demaux de tête violents. Cela signe un traumatisme grave.Le patient peut – même en état de coma – se mettre à vomir. C’est unecomplication grave. Gardez les voies respiratoires libres. Utilisez la tech-nique de la subluxation de la mandibule. Soyez prudent lors de la mise enplace d’une canule oropharyngée. Celle-ci peut entraîner un réflexe devomissement brutal.Observez attentivement les plaies de la tête: coupures, bosses, défor-mations du crâne, hématome en lunettes autour des yeux, saignementspar le nez ou les oreilles, écoulement de liquide céphalo-rachidien par lenez ou les oreilles.Certains signes de traumatisme crânien évoquent une intoxication parl’alcool ou des drogues. Ne présumez jamais que la drogue ou l’alcool soitla seule cause de ce que vous observez. Pensez au traumatisme crâniengrave et agissez en conséquence.Un patient qui, lors d’un accident, perd connaissance puis reprend cons-cience et perd ensuite à nouveau connaissance, est une urgence majeure.

4.30L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

FIG. 4.18

ANISOCORIE DES PUPILLES

Le diamètre de la pupille gauche estplus grand que celui de la droite:l’anisocorie est un signal d’alarme.

Page 210: Manuel Belge Almbulanciers

Il peut s’agir d’une hémorragie qui doit être opérée rapidement. Il estd’une importance capitale d’obtenir des renseignements concernantl’évolution de l’état de conscience, y compris par les témoins, pour lapériode qui précède votre arrivée sur les lieux.

L’échelle de coma de Glasgow

Pour mesurer de manière précise l’état de conscience, on dispose del’échelle de coma de Glasgow. Cette échelle est utilisée par tous les ser-vices médicaux dans le monde: elle permet une évaluation objective pardifférents observateurs. Le degré de conscience est exprimé par un chif-fre.L’EPADONO est une forme simplifiée de l’échelle de coma de Glasgow.L’échelle de coma de Glasgow évalue successivement les réponsesoculaire, verbale et motrice. On juge la qualité de la réponse et l’intensitédu stimulus nécessaire pour obtenir une réponse. L’évaluation de l’étatd’un patient au moyen de l’échelle de coma de Glasgow n’est pas intui-tive et nécessite beaucoup de formation et d’entraînement.

4.31L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

Page 211: Manuel Belge Almbulanciers

T A B L E A U 4 . 1 L ’ É C H E L L E D E C O M A D E G L A S G O W .

O U V E R T U R E D E S Y E U X

• spontanée 4• à la demande 3• provoquée par un stimulus douloureux 2• jamais 1

R É P O N S E V E R B A L E

• correcte et adaptée 5• confuse, erreur de réponse, désorientée 4• conversation impossible, mots seuls 3• mots incompréhensibles, sons 2• aucune 1

R É P O N S E M O T R I C E

• exécution des ordres 6• action contre le stimulus douloureux 5• retrait seul au stimulus douloureux 4• mouvement de flexion des membres 3• mouvement d’extension des membres 2• pas de réaction 1

G L A S G O W C O M A S C A L E S C O R E T O T A L

L’OUVERTURE DES YEUX

• Le patient ouvre les yeux, regarde spontanément sans être stimulé.Si les yeux du patient sont fermés, demandez au patient de les ouvrir. Si rien ne se passe, répétez votre demande plus fort et regardez si lepatient réagit.

• Si les yeux restent fermés, observez si le patient ouvre les yeux suite àun stimulus douloureux léger. Pour cela, pincez le muscle trapèze auniveau de la nuque, le tendon d’Achille au niveau de la cheville ou lebiceps.

• Sans réaction à ces stimuli, notez: “pas d’ouverture des yeux”.

LA PAROLE

• Une conversation correcte signifie que le patient est capable de dire quiil est, où il se trouve, quel est le jour de la semaine, le mois de l’année.

• La conversation est confuse quand le patient est désorienté. Le patientest encore capable de former des phrases mais est incapable de répon-dre aux questions précédentes.

• A un stade plus avancé, la conversation est impossible. Le patient pro-nonce ou crie des paroles incohérentes. Parfois la parole est seulementprovoquée par les stimuli douloureux (parfois le patient ne prononce quedes termes violents).

• Le patient est incompréhensible et on ne perçoit que des marmonne-ments et des gémissements.

4.32L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

Page 212: Manuel Belge Almbulanciers

• Nous n’avons aucune réaction verbale si le patient ne produit aucun son,même après un stimulus douloureux.

REPONSE MOTRICE

• Le patient qui peut effectuer ce qu’on lui demande (par exemple éten-dre le bras ou plier le coude) obtient le score le plus élevé. Il est évidentqu’une fracture ou une paralysie du bras ne doit pas influencer l’évalu-ation de l’état de conscience.

• Si le patient ne réagit pas aux ordres, on utilisera un stimulus doulou-reux. Appuyez fortement sur l’ongle d’un doigt. Si le patient essaied’écarter la main qui provoque la pression, cela signifie que le patient estcapable de localiser l’endroit de la douleur. Ne stimulez jamais de maniè-re douloureuse un organe blessé.

• Au retrait du bras, observez si le patient plie le coude et retire la mainet l’avant-bras le long du corps.

• Après un stimulus douloureux, les bras et les jambes se tendent, dansune attitude de marionnette en bois. Les épaules et les bras peuvent êtreen rotation vers l’extérieur.

Que faire devant un patient présentant un traumatisme crânien?

Agissez toujours comme si le patient était atteint d’une fracturedes vertèbres du cou ou du dos. Immobilisez la nuque avec uneminerve. Pour tout patient dont l’état de conscience est altéré,dans tous les cas où une lésion de la nuque ou du dos paraît pro-bable, immobilisez la colonne avec une civière à palettes (scoop).Cette règle est également d’application dans les pertes de con-naissance brèves.

Suivez la procedure ABC et soutenez les fonctions vitales.

La perte de conscience est une des causes principales d’asphyxie.Le dégagement des voies respiratoires est une des missions primordialesde l’ambulancier.S’il existe une suspicion de lésion des vertèbres cervicales ou dorsales,dégagez les voies respiratoires par la technique de la subluxation de lamandibule. N’utilisez pas de canule oropharyngée chez des patientsinconscients qui présentent un réflexe de nausée.Administrez de l’oxygène. Arrêtez les saignements importants.Les patients avec lésion crânienne sans atteinte de la nuque ou de lamoelle épinière seront positionnés la tête légèrement surélevée par rapportau corps. Cela peut être réalisé même en basculant légèrement le scoop.Il est toujours possible que le patient se mette à vomir brutalement.Préparez le bassin réniforme, l’aspirateur et les sondes d’aspiration.Si le patient est conscient, parlez-lui car cela aura un effet apaisant.

4.33L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

Page 213: Manuel Belge Almbulanciers

B L E S S U R E S D E L A F A C E E T D E L A N U Q U E

Un choc sur la face (contre le pare-brise d’une voiture, suite à un coup parun objet contondant) peut fracturer les os de la face. La peau, les yeux, lenez et les oreilles peuvent être blessés. Ces différentes lésions ne consti-tuent pas une menace vitale immédiate. Cependant, les voies respiratoi-res peuvent parfois s’encombrer et les pertes de sang peuvent être impor-tantes. Pensez toujours à la possibilité d’une lésion de la nuque. Relisez lechapitre sur l’anatomie des yeux et des oreilles.

Quels sont les différents types de lésions de la face?

Les os de la face peuvent se fracturer à différents endroits. On reconnaîtune fracture au gonflement de la face, aux hématomes sous-cutanés.Les fractures ne peuvent être précisées qu’à l’hôpital. Nous allons décri-re quelques caractéristiques de certaines fractures de la face.Les fractures du maxillaire supérieur et des orbites entraînent un gon-flement et une coloration bleue autour des yeux. Généralement, le patientest incapable de fermer la bouche.Le déchaussement des dents n’est généralement pas vital, mais peutentraîner des saignements; des morceaux de dents peuvent se fixer dansla bouche ou la gorge. Chez les porteurs d’une prothèse dentaire, le den-tier peut se détacher complètement et bloquer les voies respiratoires.Dans les fractures du nez, on observe des plaies de l’arête du nez, un sai-gnement du nez et une déformation de celui-ci.Les fractures et les luxations de la mâchoire inférieure empêchent la fer-meture de la bouche et peuvent entraîner des difficultés lorsque vous ten-tez de dégager les voies respiratoires, chez un patient inconscient, enemployant la technique de subluxation de la mandibule.Les tissus mous de la face peuvent être également lésés. Les éraflureset les coupures de la face sont fréquentes. La perte de sang peut êtreimportante. Des objets coupants ou pointus (verre à bière, crayon, cou-teau...) peuvent perforer la peau.Les lésions ouvertes ou fermées du cou peuvent constituer une menacevitale. Une plaie perforante par couteau, ou une lésion fermée suite à uncoup violent, peuvent toucher le larynx et obstruer les voies respiratoires.Les plaies ouvertes peuvent atteindre des artères et provoquer une per-te de sang externe très importante. Un saignement interne important peutcomprimer également les voies respiratoires. Les coupures peuventendommager les artères superficielles et de l’air peut être aspiré dans lesvaisseaux. Cet air pourra perturber le fonctionnement de la pompe car-diaque.Les lésions oculaires sont souvent le résultat d’un choc sur l’œil oud’une perforation par un objet coupant comme des éclats de verre. Desbrûlures thermiques ou chimiques peuvent également toucher les yeux.Le pavillon de l’oreille peut être contusionné, déchiré ou mêmearraché. Cela provoque des hémorragies internes ou des saignementsexternes importants.

1.2

4.34L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

Page 214: Manuel Belge Almbulanciers

Les lésions du nez surviennent à la suite de coups violents sur la face.Le nez peut être déchiré, coupé ou (partiellement) arraché. Ces lésionss’accompagnent d’une perte de sang importante. Chez un patient incons-cient, le sang peut s’écouler dans la bouche et le pharynx et obstruer lesvoies respiratoires.

Comment évaluer la gravité d’un traumatisme de la face?

Les lésions du cou et de la face peuvent menacer la vie. Observez en pre-mier lieu s’il existe une lésion du cerveau ou du crâne. Evaluez l’état deconscience (EPADONO ou CGS) et demandez s’il existe des maux detête. Méfiez-vous des vomissements, recherchez d’autres lésions du couou du crâne. Observez le diamètre des pupilles.

Que faire en présence d’une lésion de la face ou du cou?

Exécutez la procédure ABC. Dégagez les voies respiratoires et admi-nistrez de l’oxygène si nécessaire. S’il existe des difficultés respiratoires,faites appel au SMUR. Couchez le patient en position latérale de sécurité.Ne quittez pas le patient afin de pouvoir intervenir immédiatement s’il semet à vomir.Couvrez les plaies avec des compresses stériles.Dans les cas de fracture du maxillaire supérieur, préparez l’aspirateur,car une hémorragie peut survenir. Celle-ci risque d’obstruer les voiesrespiratoires. Les dents avulsées, les couronnes, les dentiers seront enve-loppés dans une compresse et emportés avec le patient à l’hôpital.Pour traiter un saignement externe du nez, appliquez des compressesstériles et un pansement. Si du sang sort des narines, ne posez jamais decompresses. Ne bloquez pas les narines pour arrêter un saignement.Si un corps étranger est encore fixé dans la plaie, laissez-le en placeet fixez-le avec des pansements pour le transport. Si vous observez uneperte de liquide céphalo-rachidien, appliquez des compresses et avertis-sez le médecin; ce signe indique avec certitude une lésion cérébrale.Transportez toujours les lambeaux de tissus arrachés vers l’hôpital(amputation du nez ou de l’oreille). Emballez-les dans une compresse sté-rile.Protégez les lésions oculaires. Posez une compresse stérile de maniè-re lâche sur l’œil. N’exercez pas de pression, car cela peut incruster plusprofondément des corps étrangers dans l’œil. Chaque lésion oculaire,aussi légère soit-elle, doit être traitée par un médecin.Dans les cas de lésions de l’oreille, posez des compresses stériles puisplacez ensuite un pansement compressif. Soyez attentif aux écoulementsde sang ou de liquide céphalo-rachidien. Dans ces cas précis, ne placezpas de pansement compressif !Lors de coupures ou d’hémorragies au niveau du cou, vous appuyezdirectement une compresse sur la plaie. Lors d’une hémorragie artériel-

4.35L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

Page 215: Manuel Belge Almbulanciers

le, le maintien manuel d’une pression permanente est la seule mesure effi-cace. En présence d’un saignement important, même veineux, vousdevez poser un pansement compressif. Placez un grand pansement pourmaintenir la compresse en place. Continuez à appuyer ou placez le pan-sement comme cela vous est démontré dans la figure 4.19.Laissez le patient en position couchée, afin que les veines n’aspirent pasl’air.

L É S I O N S D E L A C O L O N N E V E R T É B R A L E

Les lésions de la colonne vertébrale sont très graves. Ce ne sont pas tel-lement les luxations ou les fractures des vertèbres qui sont graves, maissurtout les lésions de la moelle épinière qui court dans le canal rachi-dien. Celle-ci peut être endommagée par ces fractures et ces luxations devertèbres. Cela provoque fréquemment des paralysies permanentes.Quelles sont les causes de lésion vertébrale?Tout traumatisme important peut endommager la colonne vertébrale: uneplaie par balle au cou ou au tronc, une lésion de décélération lors d’unaccident de roulage. Les vertèbres cervicales et lombaires sont particu-lièrement vulnérables car elles ne sont pas soutenues par d’autres struc-tures comme c’est le cas pour la cage thoracique ou le bassin. De plus, cesvertèbres sont très mobiles.Un traumatisme de la colonne cervicale ou dorsale peut survenir dans descirconstances très différentes. Un ambulancier doit y penser dans toutesles circonstances.

4.36L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

FIG. 4.19

LES PLAIES DU COU

Page 216: Manuel Belge Almbulanciers

T A B L E A U 4 . 2 L E S C A U S E S D E L É S I O N S V E R T É B R A L E S

• accident de roulage, lorsque la tête est ballottée de part et d’autre par depuissantes forces de décélération.

• chute (surtout sur le siège) qui peut entraîner une fracture par écrasement(par exemple lors d’un saut par la fenêtre).

• coup par objet contondant, au-dessus des clavicules. Observez les plaiesévocatrices du cou, de la face ou du crâne.

• accident avec des cyclistes, des alpinistes ou des véliplanchistes.

• accident lors d’un plongeon en eau peu profonde. Pensez toujours à cettepossibilité chez un noyé.

• plaies par balle du tronc et du cou.

Comment évaluer la gravité d’un traumatisme de colonne?

Supposez toujours qu’un patient inconscient est également atteint d’unelésion de la colonne vertébrale. Essayez de comprendre les circonstancesde l’accident. Demandez au patient et aux témoins comment l’accidents’est passé.Soyez surtout attentif aux signes qui indiquent des lésions de la colonnevertébrale:• douleurs à la tête, au cou ou au dos• respiration anormale: lors de certaines lésions de la moelle épinière,

les muscles de la cage thoracique ne peuvent plus fonctionner norma-lement, la respiration est alors effectuée uniquement par le diaphragme.On observe une respiration “paradoxale”; elle se manifeste par uneélévation de l’abdomen et une descente du thorax lors de l’inspiration,et par le mouvement inverse lors de l’expiration. Parfois, on n’observeque de faibles mouvements au niveau des muscles abdominaux.

• perte des urines, perte de selles• incapacité du patient de bouger les membres ou faiblesse de ceux-ci,douleurs ou picotements dans les membres, les doigts ou les orteils.Ces signes évoquent une lésion de la colonne vertébrale.

• signes de choc grave.L’absence de ces signes ne permet cependant pas d’exclure une lésion dela colonne vertébrale.

4.37L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

Page 217: Manuel Belge Almbulanciers

Que faire devant un traumatisme de la colonne vertébrale?

Débutez toujours par l’ABC de l’aide médicale urgente. Contrôlez etsoutenez les fonctions vitales. Une évaluation de l’état de conscience doittoujours être réalisée en premier lieu.

Pensez toujours qu’une lésion de la colonne vertébrale est possible. Posezune minerve et utilisez les techniques adéquates de dégagement desvoies respiratoires (subluxation de la mâchoire).Si le mécanisme de l’accident permet d’exclure de manière formelle unelésion vertébrale, vous pouvez ne pas prendre de telles mesures (p. ex. siun objet lourd est tombé sur un pied et qu’il est clair que c’est la seulechose qui soit arrivée).

Quelle que soit la localisation de la lésion de la colonne vertébrale, le trai-tement du patient restera le même. Trois règles de base sont d’applica-tion:

• déplacez le patient aussi peu que possible• tournez le patient en le roulant “en bloc”• ne déplacez le patient qu’en maintenant l’axe longitudinal.

Les techniques de retournement, de levage et de transport des patientsseront exposées plus loin de manière détaillée. Posez toujours une miner-ve rigide chez les patients porteurs d’une lésion de la colonne cervicaleou dorsale. Un ambulancier doit connaître les divers types de minerveset savoir les utiliser.

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4.38L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

FIG. 4.20

MINERVES

Minerves souples Minerves rigides

Page 218: Manuel Belge Almbulanciers

COMMENT POSER UNE MINERVE?

Un ambulancier stabilise la tête et la colonne vertébrale en empoignantfermement la mâchoire et l’occiput du patient.Après avoir choisi la taille correcte de la minerve, l’autre ambulancierplace la minerve sous la nuque. Fixez la minerve tandis que le cou estgardé immobile. Le patient porteur d’une minerve doit être surveilléattentivement et de manière continue, afin de contrôler les modifica-tions de l’état de conscience et la liberté des voies respiratoires.

COMMENT ENLEVER UN CASQUE DE MOTOCYCLISTE?

L’enlèvement d’un casque de motocycliste est un cas particulier quinécessite une technique précise. Stabilisez la tête, toujours des deuxmains. Maintenez la tête dans l’axe du corps sans exercer de forte trac-tion sur le cou. Vous devez pratiquement réaliser une minerve avec vosmains.

10

4.39L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

FIG. 4.21

POSE D’UNE MINERVE

FIG. 4.22

ENLÈVEMENT DU CASQUE

Lors de l’enlèvement du casque, il faut toujours, des deux mains, stabiliser la tête.

Page 219: Manuel Belge Almbulanciers

4.6 Contusions et plaies

Un ambulancier sera fréquemment confronté à des contusions et desplaies. Les contusions sont des lésions fermées, dans lesquelles la peaun’a pas été traversée, comme dans les plaies. Les plaies s’accompagnentgénéralement de perte de sang. Les brûlures constituent un cas de plaiesparticulier et sont traitées dans le chapitre 8.Les contusions et les plaies sont les manifestations externes et visibles delésions qui ont été provoquées par un accident. Ces lésions sont généra-lement bénignes. Mais vous ne devrez pas oublier qu’elles représententseulement la partie visible de l’iceberg. Ces lésions peuvent être lestémoins d’une lésion invisible. C’est pour cette raison qu’il faut toujoursprendre en compte le mécanisme de l’accident, la violence des forces etla localisation de la contusion ou de la plaie. Plus loin, nous détailleronsles lésions des organes internes. Dans ce chapitre nous traiterons des con-tusions et des plaies de manière générale, indépendamment de la locali-sation de celles-ci.

Nous envisagerons successivement les contusions, les plaies et les lésionsosseuses des membres.

L E S C O N T U S I O N S

Les contusions surviennent suite à l’action d’une force contondante. Lagravité de l’atteinte des tissus ou des organes dépend de l’énergie ciné-tique du coup.La durée d’action de la force contondante est également importante.Les victimes d’éboulements ne peuvent parfois être dégagées qu’après delongues heures. Les contusions sont des blessures des muscles, des vais-seaux ou de la graisse sous-cutanée elles s’accompagnent de suffusionssanguines. Le sang peut s’accumuler entre la peau et les muscles. Parfois,un tissu ou un organe interne est détruit, sans signes extérieurs visiblesde la lésion interne.

Un exemple typique de contusion grave est le décollement sous-cutanéde la peau par des rouleaux ou une roue en mouvement. Après un impactsérieux, il est possible que la peau ou les muscles se nécrosent après quel-ques heures ou quelques jours sans que l’on ait remarqué initialement lalésion. Après un certain temps, parfois plusieurs jours, les hémorragiesinternes des tissus seront résorbées et leur couleur passera du bleu versle jaune.

4.1

8

4.40L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

Page 220: Manuel Belge Almbulanciers

Comment évaluer la gravité d’une contusion?

En abordant le patient, évaluez d’abord les fonctions vitales selon laprocédure ABC, et si nécessaire, intervenez pour les soutenir. Si le patientn’est pas en danger, débutez l’évaluation secondaire. Vous recherchez,entre autres, les contusions et estimez la probabilité de lésions d’organesinternes. De nombreuses victimes d’accident présentent des contusions.Généralement, la douleur attirera l’attention sur les contusions. Immé-diatement après l’accident, vous ne remarquerez pas grand-chose, saufune trace de coups ou une légère rougeur. Quelques minutes plus tard,vous observerez un “bleu” (ecchymose ou hématome) qui s’étendraprogressivement. Après des jours ou des semaines, le gonflement dispa-raît et la contusion se colore de jaune-vert.

Que faire devant une contusion?

Ce n’est qu’après avoir évalué les fonctions vitales, qu’il vous est permisde traiter les contusions, au cours de l’évaluation secondaire.Vous pouvez poser un pansement compressif, immobiliser les mem-bres douloureux au mouvement, surélever les membres blessés et mêmeles refroidir si cela est réalisable.Surélever veut dire: placer la main plus haut que le coude, le pied plushaut que le genou, le coude plus haut que l’épaule et le genou plus élevéque la hanche.Si l’on dispose de glace emballée dans un plastique, on peut la disposersur le pansement de la contusion. Enveloppez éventuellement la glacedans un essuie ou un gant de toilette. Il ne faut jamais appliquer la glacedirectement sur la peau, car cela pourrait entraîner des gelures.Informez le médecin qui prend en charge le patient de la présence decontusions qui ont été cachées par un pansement.

4.41L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

FIG. 4.23

CONTUSION

Page 221: Manuel Belge Almbulanciers

L E S P L A I E S

Une plaie ouverte est provoquée par l’action d’un objet tranchant oupar un mécanisme accidentel de perforation. La connaissance du méca-nisme lésionnel aide à évaluer la gravité d’une plaie. Les mécanismeslésionnels perforants typiques sont les suivants: marche ou chute sur unobjet, projection à travers le pare-brise ou contre la carrosserie, accidentsde travail provoqués par des machines coupantes, lésions par armes à feu,armes blanches...Trois facteurs de gravité sont à prendre en considération:(1) la perte de sang par le saignement externe(2) la lésion interne d’un organe qui s’accompagne parfois de perte de

sang interne(3) l’infection par souillure de la plaie.

Il existe différentes sortes de plaies:

Les éraflures ou excoriations ( plaies par abrasion), sont très souvent for-tement souillées.

Une plaie par coupure résulte de l’action d’un objet coupant comme uncouteau, un éclat de verre ou un rebord métallique. Les lèvres de la

Les plaies par coupure.

Les éraflures

4.42L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

FIG. 4.24

PLAIE PAR ABRASION

FIG. 4.25

PLAIE PAR COUPURE

Page 222: Manuel Belge Almbulanciers

plaie sont généralement nettement délimitées. La plaie peut être pro-fonde, et des muscles, vaisseaux et tendons sectionnés. Au niveau du couou du tronc, des organes essentiels peuvent être lésés. Généralement, lesplaies par coupure sont moins souillées.

Une lacération survient lorsque la peau éclate sous l’effet d’un écrase-ment ou de l’impact d’un objet anguleux non coupant. Une lacération asouvent un aspect irrégulier. Des lésions profondes peuvent exister et ilest fréquent que la plaie soit fortement souillée en profondeur.

Des objets longs pointus ou coupants (comme des barres métalliques, desclous ou des couteaux) provoquent généralement des plaies avec un ori-fice relativement réduit par rapport à leur profondeur. Il peut arriver quetout le corps soit traversé. Des lésions profondes, souillées en profondeursont très fréquentes. Parfois l’objet reste planté dans la plaie.

Les plaies par balle ressemblent à des plaies par perforation. La plaie estgénéralement plus profonde. L’énergie de la force d’impact est habituel-lement plus importante que pour les plaies par perforation. Le projectileparcourt un itinéraire parfois long à travers le corps et peut toucher denombreux organes. Les plaies par balle sont toujours souillées. L’idée quela chaleur de la balle désinfecte la plaie est erronée.

Plaie par balle

Plaie par perforation (piqûre)

Lacérations

4.43L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

FIG. 4.26

LACÉRATION

FIG. 4.26

PLAIE PAR BALLE

Orifice d’entrée Orifice de sortie

Page 223: Manuel Belge Almbulanciers

Une partie de la peau, et éventuellement des muscles, sont arrachés ducorps. On observe cela lors de morsures de chien ou d’autres animaux,lorsqu’une machine agrippe les cheveux et arrache une partie de la peaudu crâne. Ce sont des blessures graves.

Lors d’une amputation, une partie du corps est complètement séparée decelui-ci. Il s’agit généralement d’une partie de membre comme les doigtsou les orteils. L’amputation peut être provoquée par l’action d’un objetcoupant (effet de guillotine) ou d’un objet contondant (écrasement ouarrachement). Plus l’objet est mou, plus grand sera l’effet d’écrasementou de déchirure. Le moignon saignera par conséquent moins dans cescas.

Accidentellement de l’huile, de la peinture ou un autre liquide peut êtreinjecté à l’aide d’un pistolet à haute pression. L’orifice d’entrée est habi-tuellement à peine visible. Il est parfois tellement petit qu’il ne saigne pas.La lésion ne ressemble donc pas à une plaie ouverte mais cela en estnéanmoins une. Cela explique pourquoi la victime, les témoins ou lessauveteurs n’accordent parfois pas suffisamment d’attention à ces lésions.

Les plaies par injection

Les amputations

Les arrachements

4.44L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

FIG. 4.27

AMPUTATION

FIG. 4.28

TRAUMATISME

PAR INJECTION

Page 224: Manuel Belge Almbulanciers

La substance injectée doit être enlevée chirurgicalement aussi rapidementque possible. Sans cela, une amputation du membre devient parfois iné-vitable.

Comment évaluer la gravité d’une plaie?

Comme d’habitude, nous portons d’abord notre attention aux fonctionsvitales en réalisant l’ABC et en appelant le SMUR si cela est nécessaire.Evaluez les risques de lésion profonde d’un organe et essayez d’estimerla perte de sang. Transmettez ces informations au médecin qui prend lepatient en charge.Si le patient ne se trouve pas dans une situation critique, vous pouvezrechercher les plaies au cours de l’évaluation secondaire. Enlevez leshabits tachés de sang ou d’où s’écoule du sang. Mettez toujours desgants. Les taches de sang peuvent être peu visibles sur des vêtementssales ou sombres.Si vous êtes seul, donnez la priorité aux plaies du tronc. Ensuite, examinezles plaies des membres. Donnez la priorité aux plaies qui saignent le plus.

Que faire en présence de plaies?

Débutez toujours par la procédure ABC. Certaines blessures sont graveset nécessitent un traitement spécifique immédiat (tableau 4.3).

Lorsque vous traitez des plaies, les règles générales suivantes sont d’appli-cation:Utilisez toujours des gants: non seulement pour des raisons d’hygiè-ne, pour ne pas souiller la plaie du patient, mais également pour vousprotéger personnellement de toute contamination.Ne nettoyez pas en profondeur: n’enlevez que de petits cailloux ou desdébris végétaux situés superficiellement sur la plaie.

T A B L E A U 4 . 3 P L A I E S M E N A C A N T L A S U R V I E

• plaies du cou: couvrir immédiatement

• plaies avec hémorragie importante: comprimer, pansement compressif

• plaie thoracique soufflante: pansement avec valve unidirectionnelle

• extériorisation des intestins: ne pas les repousser, couvrir avec un

pansement plastique stérile

• fracture ouverte: aligner si possible, pansement stérile pour couvrir, attelle

• corps étranger: laisser en place, stabiliser et fixer

• plaie perforante ou par balle de la tête, du cou ou du thorax: transporter

aussi rapidement que possible à l’hôpital, en concertation avec le SMUR.

4.45L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

Page 225: Manuel Belge Almbulanciers

Comment panser une plaie?

Les principes généraux des pansements de plaies sont les suivants:(1) couvrez la plaie de compresses stériles(2) fixez les compresses avec une bande et, si nécessaire, installez un pan-sement compressif pour arrêter les hémorragies.

1. COUVRIR LA PLAIE DE COMPRESSES

Utilisez les compresses stériles dont l’ambulance doit être fournie. Ilexiste plusieurs sortes de compresses. Sortez-les de leur emballage en lesprenant par un coin, afin de ne pas souiller la partie qui rentrera en con-tact avec la plaie.Choisissez une compresse suffisamment grande. Sinon, utilisez un nom-bre suffisant de compresses pour couvrir toute l’étendue de la plaie.Arrêtez le saignement par une pression sur la plaie.Vous pouvez arrêter un saignement important en appuyant la maingantée sur la plaie.N’enlevez pas la compresse qui vient d’être posée. Cela pourrait relancerou aggraver le saignement. Si la plaie continue de saigner, posez une nou-velle compresse sur la première et appliquez un pansement compressif.Ne mettez jamais de la ouate sur une plaie ouverte.

2. POSER DES PANSEMENTS

Il existe plusieurs sortes de bandes pour pansements. Les moins chers nesont pas élastiques. Les pansements élastiques sont plus pratiques. Ilexiste même des pansements adhésifs qui ne doivent donc plus êtrefixés secondairement.Les pansements ne doivent pas être stériles, car ils n’entrent pas en con-tact direct avec la plaie mais avec les compresses stériles. La techniquede pose d’un pansement diffère selon les parties du corps.

4.46L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

FIG. 4.29

COMPRESSES ET PANSEMENTS

1. pansement élastique2. bande3. bande adhésive

4. ciseaux5. liquide de désinfection6. compresse stérile

12

3

4

5

6

Page 226: Manuel Belge Almbulanciers

Les principes généraux de la réalisation d’un pansement doivent êtrerespectés.Placez le membre dans la position souhaitée.Placez le pansement avec une tension suffisante pour maintenir la com-presse, mais cette tension ne doit pas être trop forte pour ne pasempêcher la circulation.Veillez à couvrir tous les bords des compresses par le pansement.Une exception existe: dans le cas du pansement d’une plaie thoraciquesoufflante, un coin doit rester libre et faire soupape.Dans les pansements de bras et de jambes, ne couvrez ni les doigts ni lesorteils. De cette façon, il reste possible de contrôler la couleur de la peauet la sensibilité et ainsi de vérifier la qualité de la circulation.Pour contrôler un saignement, il sera parfois nécessaire de mettre undeuxième pansement (pansement compressif) sur le premier.

Utilisez un pansement compressif lorsqu’il est possible de le poser sur unepartie dure du corps (crâne ou membre) ou lorsqu’il est possible de lemettre sous tension (autour d’un membre). Un pansement compressif sertà arrêter le saignement des plaies et des contusions. Les fractures ouver-tes posent un problème, car il est difficile de mettre alors le pansementsous tension. Dans ces cas, une attelle gonflable peut constituer unesolution.On réalise un pansement compressif en posant un rouleau de panse-ment ou un paquet de compresses supplémentaires au-dessus de l’end-roit sur lequel on veut exercer une compression.Prenez ensuite une ou plusieurs bandes larges et placez-les en réalisantplusieurs tours sur le rouleau de pansement ou le paquet de compresses.Plus la bande est large, plus elle permet de répartir la pression. Serrez lepansement solidement et de manière continue. Evitez de faire des plis etévitez de réaliser un garrot autour du membre. Veillez à ne pas emprisonner la peau.Après la pose du pansement compressif, surélevez le membre.

Dans le cas d’une plaie de la tête, asseyez le patient tête en arrière. Cetteméthode ne peut être utilisée dans les situations de choc, en présence delésions des hanches, des épaules ou en présence de signes de lésions dela nuque ou du dos.Si le sang transperce le pansement, placez une bande plus large au-des-sus. Couvrez complètement le pansement précédent. Ne détachez jamaisle premier pansement, car cela ne peut qu’aggraver l’hémorragie.Pour terminer, contrôlez la circulation du membre. Si le sang ne passe pasbien mais que l’hémorragie est grave, laissez le pansement en place ettransmettez ces informations à l’infirmier ou au médecin.

Si un corps étranger est toujours planté dans la plaie, vous deveztoujours le laisser en place. L’enlever pourrait provoquer une gravehémorragie et des dommages supplémentaires aux tissus et aux organeslésés. Si l’objet perforant est un accessoire d’une machine (échafaudage,

Deux cas particuliers

Comment poser un pansement compressif?

4.47L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

Page 227: Manuel Belge Almbulanciers

machine-outil), il faudra d’abord l’en séparer (laissez agir les pompiers)pour libérer la victime.Transportez le blessé sans heurter ou détacher l’objet. Stabilisez l’objet àl’aide de grosses compresses et de bandes adhésives. L’objet doit restervisible. Une personne doit rester en permanence auprès du blessé pouréviter que l’objet ne soit heurté ou ne s’accroche durant le trajet.

Lors d’une amputation, posez un pansement compressif sur le moi-gnon, et si cela est possible, surélevez-le. Il faut toujours transporter lesmembres amputés ou arrachés jusqu’à l’hôpital. Il est parfois possible deles réimplanter. Emballez l’amputat dans des compresses stériles sèches.Refroidissez-le, placez-le à l’abri du soleil. Si vous disposez de glace,emballez l’amputat dans des compresses, placez-le dans un sachet enplastique et placez le tout dans un autre sachet en plastique contenantautant d’eau que de glace. La glace seule gèlerait les morceaux amputés.L’orifice du sachet intérieur doit rester dans l’orifice du sachet extérieur.De cette façon, l’eau (qui pourrait être contaminée) ne peut pénétrerdans le sachet intérieur. Nouez-les ensemble.Ne perdez jamais de temps à chercher ou à attendre de la glace.Les grands morceaux de membres sont enveloppés dans un linge propre.Si de la glace est disponible, posez des sachets de glace enveloppés dansdes linges sur les muscles du moignon amputé. Vous pouvez transportersans inquiétude des parties de membres amputés enveloppées dans descompresses ou un linge. La vitesse est ici plus importante que latempérature de refroidissement.Réchauffez suffisamment l’ambulance pour que le blessé ne se refroidis-se pas.

4.48L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

FIG. 4.30

TRANSPORT D’UN

MEMBRE AMPUTE

Le sachet intérieur contient lemembre amputé. Le sac extérieurcontient de l’eau avec quelquesglaçons.Les deux sachets sont fermés àl’aide d’un lien.

Page 228: Manuel Belge Almbulanciers

4.7 Les lésions du squelette des membres

Les fractures, les luxations et les entorses sont fréquentes lors des chutesou des accidents de roulage. Lors des accidents de roulage, les muscles,les articulations et le squelette sont soumis à des forces considérables.Il est important de connaître les lésions qui en résultent. Relisez le cha-pitre sur l’appareil locomoteur.Les bras et les jambes fracturés impressionnent; ils peuvent provoquerdes douleurs importantes et de l’angoisse. Cependant, les fractures nesont généralement pas, en soi, une menace vitale. Elles indiquent toujoursque le patient a été soumis à des forces importantes. Des lésions internes dangereuses peuvent exister. Vous devez donc tou-jours contrôler d’abord les fonctions vitales.

Les mécanismes des fractures et des luxations

Toute force externe violente qui agit sur le corps peut provoquer des frac-tures ou des luxations. Il s’agit habituellement de chocs contondants.Cependant, un projectile ou un objet perforant peut également entraînerune fracture au niveau d’un membre.Si l’os est affaibli, une force peu importante est parfois suffisante pourprovoquer une fracture. Chez les personnes âgées qui souffrent d’ostéo-porose, les fractures arriveront plus facilement. Chez les personnes quipratiquent intensivement un sport, des fractures d’effort ou de stresspeuvent survenir (les coureurs de marathon par exemple). L’os peutsouffrir alors d’un affaiblissement qui ressemble à la situation rencontréelors des fractures de fatigue des métaux.

Quels sont les différents types de lésions du squelette?

On distingue trois types différents de lésions de l’appareil locomoteur: lesfractures, les luxations et les entorses. Ces lésions peuvent survenirisolément ou en association. Dans un certain nombre de cas, elless’accompagnent de blessures sévères des vaisseaux voisins. La perte desang subie ou l’arrêt de la circulation provoqué par la lésion nécessitentun traitement immédiat.

2.2

1.2

4.49L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

Page 229: Manuel Belge Almbulanciers

F R A C T U R E S

Aucune brèche de la peau n’est observée dans une fracture fermée.Dans une fracture ouverte, une plaie ouverte se trouve au-dessus dufoyer de fracture. La plaie est généralement provoquée par la violence duchoc direct ou par un morceau de l’os fracturé qui a traversé la peau. Labrèche cutanée peut être minime et prendre l’aspect d’une petite plaieapparemment banale. Cette plaie peut entraîner des complications, unchoc par perte de sang et/ou de l’infection.

Dans les fractures avec déplacement, le membre fracturé présente uneangulation au niveau de la fracture; parfois le membre est en rotation parrapport à la position normale. On peut parfois constater un net raccour-cissement du membre. Ces fractures peuvent être ouvertes ou fermées.Une “pointe” osseuse peut faire, de manière différée, une brèche dans lapeau et provoquer ainsi une plaie ouverte.

4.50L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

FIG. 4.31

FRACTURES FERMÉES

Double fracture fermée de l’avant-bras

Fracture fermée de la jambe

FIG. 4.32

FRACTURES OUVERTES

Double fracture ouverte de l’avant-bras.

Fracture ouverte de la jambe.

Page 230: Manuel Belge Almbulanciers

L É S I O N S A R T I C U L A I R E S

On parle de luxation lorsque la “tête” (terminaison cylindrique ou con-vexe de l’articulation) sort de la “cupule” (extrémité creuse ou concave del’articulation). Ceci est toujours accompagné d’une rupture de la capsu-le articulaire qui entoure l’articulation. Dans de nombreux cas, cela estaccompagné d’une fracture d’une extrémité osseuse. Lors d’une luxation,les structures avoisinantes, comme les tendons, les muscles, les nerfs etles vaisseaux sanguins, peuvent être blessés.L’entorse est une distension ou une déchirure des ligaments articulairesalors que l’articulation est restée assemblée normalement.

V A I S S E A U X S A N G U I N S

Des vaisseaux sanguins importants sont souvent lésés au niveau desfractures ouvertes ou des fractures avec déplacement. Ces lésions serencontrent également lors de luxations. La déchirure, la distension ou lacompression de vaisseaux sanguins interrompent la circulation sanguinevers la partie distale du membre. Ce membre est alors menacé de man-que d’oxygène.

4.51L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

FIG. 4.32

LUXATIONS

Luxation de l’épauleNotez la position basse de l’épaulegauche. Le patient soutient le brasen le tenant contre le corps.

Luxation de la hancheLa jambe tournée vers l’intérieur indique une luxation postérieure dela hanche. La jambe tournée vers l’extérieur indique une luxationantérieure de la hanche.

FIG. 4.33

VAISSEAUX ET NERFS

DANS UNE FRACTURE

Les vaisseaux et les nerfs peuventêtre blessés directement par les extrémités pointues d’os fracturés ou comprimés par desépanchements sanguins.

Page 231: Manuel Belge Almbulanciers

C O M M E N T É V A L U E R L A G R A V I T É D E SL É S I O N S D U S Q U E L E T T E ?

L’évaluation primaire est orientée, comme toujours, vers les paramè-tres vitaux. Il faut toujours essayer de comprendre la cause d’un accident.Une fracture du poignet peut être la conséquence d’une brusque perte deconnaissance (syncope). Une fracture sévère au cours d’un accident deroulage indique que des forces importantes ont agi, et la probabilité delésions internes est donc plus grande. Les lésions internes sont généra-lement plus graves que les fractures.Au cours de l’évaluation secondaire il n’est pas possible à l’ambulan-cier de poser un diagnostic précis. Il est souvent impossible de savoir aveccertitude s’il s’agit d’une fracture. Faire la différence entre une luxation etune entorse est souvent impossible sur le terrain. En fait, cela n’est pasnécessaire.Vous devez surtout savoir comment préparer le patient pour le transport.Mettez des gants et enlevez avec des ciseaux les vêtements qui recou-vrent l’endroit d’une lésion probable. N’oubliez pas que des vêtementssombres ou sales peuvent masquer une perte de sang. Une lésion évi-dente peut cacher une lésion moins visible.

La victime ou les témoins vous diront souvent qu’ils ont entendu le cra-quement de l’os pendant l’accident. Immédiatement, la victime a étéincapable de bouger ou d’utiliser le membre atteint, surtout en raison dela douleur.Le saignement est apparent dans le cas des fractures ouvertes et parfoisune extrémité d’os est visible. Dans les fractures fermées avec déplace-ment, on remarque surtout la position anormale du membre. Il est fré-quent de voir poindre l’os sous la peau. Les fractures fermées peu dé-placées ne sont pas très apparentes. Dans ces cas, vous devez surtoutrechercher les signes de contusion, d’abrasions superficielles ou de gon-flements. Dans certains cas, le patient est encore capable de bougerlégèrement la jambe ou le bras.

Une luxation est moins évidente qu’une fracture déplacée. A premièrevue, le membre ne paraît pas très atteint. Le blocage de l’articulation dansune position donnée caractérise la luxation. On parle de position forcée.Parfois l’articulation est fortement déformée. Le patient conscient seplaindra d’une douleur importante et ne tolérera pas le moindre mouve-ment de l’articulation. Si l’état de conscience est altéré, le patient sera soitagité, soit aréactif. Il ne restera plus que la “position forcée” commesigne de luxation. Il est souvent alors impossible de faire la différence en-tre une luxation et une fracture à proximité immédiate de l’articulation.

Lors d’une entorse le patient se plaint de douleurs. Vous verrez habi-tuellement un gonflement de l’articulation.

Entorse

Luxation

Fractures

4.52L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

Page 232: Manuel Belge Almbulanciers

Le saignement peut être apparent, un gonflement apparaît si le saigne-ment est interne. Si le saignement est important, on peut observer dessignes de choc.Si la circulation est arrêtée au niveau artériel, on pourra observer lapâleur du membre, des veines sous-cutanées aplaties, une peau froide etune absence de pouls.Appuyez sur la face inférieure des orteils ou du talon pour vérifier sivotre empreinte reste blanche ou déprimée. Dans ces cas, le pouls capil-laire est arrêté.Si la circulation veineuse est arrêtée, les mains et les pieds deviendrontplutôt bleu-rouge tandis que les veines sous-cutanées seront distendues.Le pouls reste perceptible.Dans ces deux cas, l’ambulancier pourra observer des troubles de lasensibilité, des picotements, une sensation d’endormissement, de la dou-leur ou une perte de force. Ces signes sont provoqués par le manqued’oxygène au niveau des nerfs.

Q U E F A I R E E N F A C E D E L É S I O N S D U S Q U E L E T T E ?

Terminez l’examen primaire avant de rechercher et soigner les lésions dusquelette.1. arrêtez les saignements internes ou externes (en donnant la priorité

aux membres inférieurs, car la perte de sang y est la plus importante).2. améliorez l’apport de sang vers le membre atteint (levez les compres-

sions).3. diminuez la douleur en immobilisant et préparez le transport.

1. Devant une fracture nettement déplacée d’un os long du bras ou de lajambe, alignez et stabilisez le membre manuellement. Placez un pansement sur les plaies ouvertes éventuelles (cas de fractureouverte).Immobilisez les lésions osseuses en posant une attelle.Surélevez le membre, pour autant qu’il n’y ait pas de signes de lésions desépaules, de la hanche ou de la colonne vertébrale. Positionnez la mainplus haut que le coude et le coude plus haut que l’épaule. Elevez le piedplus haut que le genou et le genou plus haut que la hanche.2. Si vous suspectez une fracture d’un membre qui est en position nor-male, posez un pansement sur les plaies éventuelles et placez une attel-le pendant que quelqu’un stabilise le membre. En cas de doute, traitezcomme une fracture.3. Si vous observez des signes de luxation, ne tentez pas de réduire, maissoutenez le membre ou placez une attelle dans la position que le membre aprise et installez le blessé dans une position aussi confortable que possible.Si vous hésitez entre une fracture et une luxation, traitez toujourscomme une luxation: maintenez la position spontanée. N’essayezjamais d’aligner la position forcée, car vous pourriez provoquer des frac-tures et des lésions nerveuses ou vasculaires.

Lésion d’un vaisseau sanguin

4.53L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

Page 233: Manuel Belge Almbulanciers

4. Lors d’une entorse, placez l’articulation dans la position la plusconfortable et immobilisez dans cette position.

Si vous remarquez des signes de lésions nerveuses ou vasculaires,signalez-le au médecin qui prend le patient en charge.

T E C H N I Q U E S À C O N N A Î T R E P O U R L E S L É S I O N S D U S Q U E L E T T E

Aligner et immobiliser

Aligner signifie que l’on ramène le membre fortement dévié dans uneposition normale. On aligne une fracture pour diminuer la pression sur lestissus mous (par exemple lorsqu’une extrémité de l’os fracturé menace deperforer la peau), pour améliorer la circulation (en diminuant la pressionsur les vaisseaux), pour permettre le transport du patient et poursoulager la douleur. Il faut bien préparer la manœuvre. Vous devez pré-parer tout le matériel de pansement et les attelles. Décidez, avant de com-mencer, lequel des sauveteurs aligne et stabilise et lequel réalise le pan-sement et pose l’attelle.Saisissez le segment de membre déplacé de manière à ce que vous puis-siez le tenir pendant tout le temps nécessaire sans devoir le lâcher. Lepatient ne doit pas souffrir à l’endroit où vous l’empoignez. Corrigezlentement la position anormale. Parlez continuellement au patient.Demandez-lui de prévenir immédiatement s’il souffre. Cela est nécessai-re au dépistage d’une éventuelle luxation ajoutée.Exercez une traction douce dans le sens de la longueur, augmentez latraction au fur et à mesure que vous vous rapprochez de la position nor-male et de la possibilité de réaliser cette traction dans l’axe du membre.Lorsque vous avez rétabli la position du membre, maintenez la fracturestabilisée jusqu’au moment où l’attelle est placée. Maintenez donc latraction en permanence.

4.54L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

FIG. 4.34

ALIGNER

Tirez sur le membre avecsuffisamment de force pour aligner,mais jamais avec brusquerie.

Page 234: Manuel Belge Almbulanciers

Si vous devez soulever le membre pour placer les pansements et l’attel-le, soutenez toute la région de la fracture. Encouragez le patient à serelaxer. Expliquez-lui que la contraction des muscles entraîne de la dou-leur.La correction doit se réaliser sans difficulté et ne peut pas exiger une for-ce anormale. L’emploi de la force est inutile et dangereux.Observez continuellement l’état de la zone de fracture. Veillez à bien sou-tenir la zone de fracture car cela réduira la force nécessaire.Une stabilisation correcte par une traction constante réduit les contrac-tures musculaires et la douleur. Si vous obtenez ce résultat, c’est que vousagissez correctement.Alors qu’un ambulancier soutient le membre fracturé et le maintient parune traction légère, l’autre peut poser l’attelle.

Immobiliser et poser une attelle

Une attelle ou un système d’immobilisation permet de maintenir unmembre fracturé dans une position déterminée pendant le transport. Lechoix d’une attelle ou d’un système d’immobilisation particulier dépenden premier lieu de la localisation de la fracture. Quelques règles fonda-mentales sont d’application lors de la pose d’une attelle.Une attelle est un pansement. Lors de la pose d’une attelle, les doigts etles orteils doivent rester visibles. Vérifiez si les extrémités des membresreçoivent suffisamment de sang après la pose de l’attelle. Un pansementou une attelle doivent toujours être confortables pour le patient. L’immo-bilisation d’une fracture comprend toujours celle des articulations voisi-nes.Lors de lésions articulaires ou proches des articulations, vous devezimmobiliser complètement les segments qui constituent l’articulation.Il existe plusieurs types d’attelles.

Les attelles rigides sont en plastique, en aluminium ou construitesdans un matériel rigide. Ces systèmes sont préformés en gouttière pourpouvoir y poser un membre.

4.55L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

FIG. 4.35

ATTELLES

Page 235: Manuel Belge Almbulanciers

Recouvrez toujours l’attelle de ouate ou de linges de protection pour évi-ter ses points de compression sur certaines parties de la peau (ce qui peutblesser la peau).Solidarisez ensuite l’attelle et le membre par un pansement, ou utilisez lesattaches dont certaines d’entre elles sont munies.Couchez le patient sur une civière et donnez de l’oxygène si cela estnécessaire.Les inconvénients des attelles rigides sont leur encombrement et l’impos-sibilité de les adapter à la taille du patient ou aux positions anormales desluxations.

Parmi les attelles souples, il existe des attelles en aluminium, des attel-les gonflables et des attelles à dépression.Les attelles en aluminium sont recouvertes de mousse. Elles peuvent êtrepliées pour les adapter à la forme du corps. Ces attelles existent en dif-férentes grandeurs qui permettent de les utiliser pour diverses parties ducorps (doigt, jambe, main, ...)Les attelles gonflables ont des formes adaptées soit aux bras soit aux jam-bes. Placez l’attelle non gonflée autour du membre. Gonflez-la ensuite suf-fisamment pour qu’elle soutienne le membre et soit confortable pour lepatient. Ne gonflez pas trop fort l’attelle pour ne pas empêcher la circu-lation sanguine. Ce type d’attelle présente l’avantage de répartir la pres-sion de manière égale sur tout le membre. De plus, cette attelle fonctionnecomme un pansement compressif dans le cas des fractures ouvertes.Les attelles à dépression et le matelas à dépression sont aussi dessystèmes souples que l’on rigidifie. Ces attelles existent à la dimension desmembres et le matelas à dépression peut être considéré comme uneattelle pour tout le corps. Ces attelles peuvent être adaptées à chaque for-me et à chaque position.

4.56L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

FIG. 4.36

POSE D’UNE ATTELLE

À DÉPRESSION

2. Ne relâchez pas la tractionpendant la mise sous vide.

1. Alignez la fracture. 3. Contrôlez le pouls après l’installation de la dépression.

Page 236: Manuel Belge Almbulanciers

Le matelas à dépression est surtout employé pour la prise en charge despatients suspects de lésions de la colonne dorsale, du bassin, ou porteursde fractures multiples des jambes. Il est très important de contrôler leconfort du patient lors de l’emploi de ce type de système. Un durcissement trop prononcé du matelas peut entraîner des lésionscutanées et des troubles circulatoires. Ce matelas est décrit au Chapitre 10.

L E S L É S I O N S D U S Q U E L E T T E D U B R A S .

Les lésions du squelette du bras sont provoquées fréquemment par deschutes. Ces lésions entraînent rarement des pertes de sang importantes.L’attitude typique que vous rencontrerez est celle d’un patient qui soutientle bras fracturé du bras sain. Conseillez au patient d’enlever immédiatement les bagues de la main dumembre fracturé. En effet, les doigts peuvent gonfler et empêcher d’enle-ver ces bagues par la suite. Si les fonctions vitales ne sont pas atteintes etqu’il n’existe pas de signes de lésion de la nuque ou du dos, le transportpourra s’effectuer en position assise, avec l’accord du patient. Méfiez-vouscependant d’une brutale perte de connaissance.

Fracture ou luxation de la ceinture scapulaire

Il n’est pas possible de distinguer, à première vue, la fracture de laclavicule, la luxation ou la fracture de l’épaule.Pensez qu’un choc violent au niveau des épaules (par chute ou par pro-jectile) peut avoir pour conséquence un traumatisme thoracique ou une

10

4.57L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

FIG. 4.37

IMMOBILISATION DE L’ÉPAULE:

BRAS EN ÉCHARPE

Page 237: Manuel Belge Almbulanciers

lésion de la colonne cervicale. Souvenez-vous également que les organesabdominaux ou les poumons peuvent provoquer une douleur localisée auniveau de l’épaule. Demandez si le patient ressent des troubles de sensi-bilité (picotements et fourmillements) ou s’il perçoit une perte de force.Cela peut indiquer une lésion neurologique cervicale.La luxation de l’épaule est reconnaissable à des signes caractéristiques.Le patient est incapable de laisser pendre complètement contre le corpsle coude, l’avant-bras et le poignet. En position assise, il a tendance à sepencher en avant pour laisser reposer le bras sur les cuisses. Si l’épauleest déshabillée, vous observerez le “signe de l’épaulette”.On immobilise une épaule grâce à une écharpe. S’il existe encore unepossibilité de mouvement non douloureux (comme la fracture de clavi-cule), cela est suffisant. Si tout mouvement est douloureux ou renduimpossible (comme c’est le cas dans la luxation de l’épaule ou la fractu-re haute de l’humérus), immobilisez le bras grâce à une écharpe réalisantune adduction. Cette technique rend tout mouvement latéral et de rota-tion du bras impossible.S’il est impossible de coller le bras complètement au corps, placez unessuie roulé, une couverture ou un coussin sous le bras pour le soutenir.

Fracture de l’humérus

Après déshabillage du blessé, on observe habituellement une position etune mobilité anormales du bras. Dans certains cas, suite à des lésions ner-veuses, le patient est incapable de tendre le poignet (“drop hand”, maintombante”).En présence d’une mobilité nettement anormale, alignez le bras et immo-bilisez-le par une traction longitudinale sur le coude plié. Immobilisezavec une écharpe et une bande d’adduction. Vous pouvez égalementutiliser une attelle, mais elle doit toujours être accompagnée d’une échar-pe et d’une bande d’adduction pour immobiliser suffisamment l’épaule.Lors du transport en position couchée, une couverture ou un coussin sontsouvent utiles pour soutenir le bras.

Fracture ou luxation du coude.

Sur le terrain, il est difficile de faire la distinction entre fracture et luxationdu coude. Dans les cas de luxations et de fractures avec déplacement, leslésions vasculaires et nerveuses sont habituelles.Si le patient est encore capable de plier le coude aisément, aidez-le grâ-ce à une écharpe qui maintient le coude à 90°. En présence de déforma-tions, de douleur importante ou de difficultés de mobilisation, immobili-sez le coude dans la position dans laquelle il se trouve, immobilisezl’épaule jusqu’à la main. Soutenez le bras dans une écharpe ou au moyend’une couverture roulée si le patient est couché.

4.58L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

Page 238: Manuel Belge Almbulanciers

Fracture de l’avant-bras ou du poignet

Lors de fractures simultanées du radius et du cubitus chez un adulte, nousnous trouvons devant une fracture instable de l’avant-bras. Chez lesenfants, il s’agit de fractures en “bois vert”: les deux os de l’avant-bras nesont pas fracturés, mais “pliés” de manière anormale.Chez les enfants, on ne corrige jamais la déformation. Chez les adultes,il faut tenter d’aligner une fracture nettement déformante. Prenez avecprécaution la main du bras cassé et tirez doucement et de manière con-tinue; de votre autre main soutenez l’avant-bras et exercez une contre-traction au niveau du coude. Si le patient est capable de plier le coude,suivez le mouvement du patient et positionnez à 90°.Immobilisez avec une attelle montant au-dessus du coude et soutenez àl’aide d’une écharpe.Dans toutes les autres lésions de l’avant-bras, immobilisez dans la posi-tion trouvée. Vous devez toujours simultanément immobiliser le coude.Une attelle de l’avant-bras suffit pour les lésions du poignet. Soutenez àl’aide d’une écharpe.

L É S I O N S D U S Q U E L E T T E D E S H A N C H E S E T D E S J A M B E S

Les lésions des os des jambes sont plus dangereuses que celles des bras.La perte de sang interne ou externe est plus importante. Il existe égale-ment des problèmes circulatoires qui peuvent entraîner, à terme, uneamputation. Ce n’est qu’en cas de perte de sang importante d’une plaiedu bras qu’il vous faut inverser les priorités de traitement.Toutes les lésions osseuses des jambes peuvent être immobilisées demanière parfaite grâce à un matelas à dépression. En présence de frac-tures multiples, cette technique est toujours le maître choix.

Fracture ou luxation du bassin et de la hanche

La fracture du bassin est très particulière. Chez une personne âgée quivient de faire une chute, le problème sera essentiellement celui du trans-port. Chez un individu jeune, victime d’une fracture de bassin ou d’uneluxation de la hanche dans un accident de la circulation, le risque de chocsera à l’avant-plan.Si la tête du fémur est déplacée, vous observez un raccourcissement etune rotation de la jambe vers l’extérieur. Cela se voit surtout chez lespersonnes âgées.Vérifiez toujours – et demandez éventuellement aux témoins – si une syn-cope n’a pas précédé la chute. Les médicaments habituels du patient peu-vent donner une information.Une fracture du bassin avec déplacement est redoutable du fait de l’énor-me perte de sang qu’elle peut entraîner. Extérieurement, vous ne verrez

4.59L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

Page 239: Manuel Belge Almbulanciers

pas grand-chose et cela est très trompeur, surtout chez des patientsinconscients, incapables de signaler la localisation d’une douleur.Il faut savoir reconnaître les signes d’une luxation de la hanche: si latête du fémur est sortie de la cavité cotyloïde vers l’arrière (comme lorsd’un choc contre le tableau de bord) la jambe sera tournée vers l’intérieur,avec le genou plié. Si la tête est sortie de la cupule avec une rotation versl’avant (comme dans un traumatisme en hyperextension), la jambe seratournée vers l’extérieur, avec le genou plié.

Vérifiez si la circulation sanguine n’est pas bloquée. Des lésions gravesdes artères sont fréquentes dans les cas de luxations de hanche et desfractures de bassin.Lors de fractures du bassin, il faut prioritairement soutenir les fonctionsvitales. Mobilisez le patient aussi peu que possible, dans le but de limiterl’hémorragie interne. Soulevez le patient à l’aide de la civière à paletteset déposez-le sur le matelas à dépression.Chez une personne âgée qui vient d’être victime d’une fracture de han-che, la prise en charge se limite à la préparation du transport et au trans-port lui-même. Alignez la jambe par une traction longitudinale et tentezlentement de corriger la rotation. Immobilisez la jambe dans cette posi-tion lorsque le patient est couché sur le brancard. Placez un appui quiempêche, pendant le transport, la jambe de basculer vers l’extérieur.Si vous suspectez une luxation de la hanche, maintenez le genou dans laposition de départ; employez une couverture roulée placée en dessous dugenou.

4.60L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

FIG. 4.38

LUXATION DE LA HANCHE

Luxation de la hanche: lorsque la jambe est tournée versl’intérieur, cela indique une luxa-tion postérieure. Lorsque la jambeest tournée vers l’extérieur, cela in-dique une luxation antérieure de lahanche.

Exercez une traction longitudinalesur la hanche luxée puis immobilisezà l’aide du matelas à dépression.

Page 240: Manuel Belge Almbulanciers

Fracture du fémur

Une fracture du fémur peut provoquer des hémorragies importantes.Une fracture des deux fémurs entraîne fréquemment un état de choc. Lacuisse est raccourcie et est déformée vers le haut et vers l’extérieur. Legenou, la jambe et le pied sont généralement tournés vers l’extérieur.Une déformation prononcée sera alignée. Réalisez cela très progressive-ment, car les muscles de la cuisse sont très puissants. Utilisez les deuxmains, en empoignant le genou et le mollet du patient.On peut immobiliser le patient avec une attelle longue (du milieu dutronc jusqu’au pied) ou avec le matelas à dépression. Il est également pos-sible de solidariser les deux jambes, de manière à utiliser la jambe indem-ne comme attelle pour la jambe blessée (cfr. fig. 4.39).

Lésions du genou

Les fractures et les luxations du genou sont très dangereuses parcequ’elles interrompent fréquemment la circulation sanguine vers la jambeet le pied. On observe un gonflement, une déformation et une impoten-ce empêchant de bouger ou de soulever la jambe; vous pouvez rencon-trer un blocage en flexion. Parfois, vous observerez une mobilité latéra-le anormale de la jambe par rapport à l’articulation du genou.Si le patient est capable d’étendre sans difficulté la jambe ou si le genouest déjà étendu, utilisez une attelle qui va du milieu de la cuisse jusqu’aupied. Si le genou est plié, et ne peut être étendu par le patient, soutenezle genou avec une couverture roulée ou un coussin.Prenez le pouls au pied et contrôlez la couleur du pied.Placez l’attelle rigide de la hanche jusqu’en dessous de la cheville.Fixez l’attelle.Placez une couverture entre les jambes.Couchez le patient sur le brancard.Administrez de l’oxygène et contrôlez les fonctions vitales.

4.61L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

FIG. 4.39

IMMOBILISATION

D’UNE FRACTURE DE LA JAMBE

L’immobilisation doit comprendre la cuisse.

Page 241: Manuel Belge Almbulanciers

Fracture de la jambe

Généralement, le patient se plaint de douleurs et est incapable de soule-ver la jambe. On observe fréquemment une déformation, accompagnéed’une chute caractéristique du pied vers l’extérieur. Une fracture de jam-be est souvent une fracture ouverte.Alignez les déformations. Placez une attelle qui va de la mi-cuisse jus-qu’au pied. Installez un appui pour le bord externe du pied pourl’empêcher de retomber vers l’extérieur.

Fracture de la cheville ou du pied

Dans les fractures de la cheville avec déplacement, le pied est habituel-lement tourné vers l’extérieur et plié par rapport à la cheville. La circu-lation sanguine est fréquemment perturbée. La malléole interne peuttranspercer la peau ou se projeter hors d’une plaie ouverte. On observefréquemment un gonflement et des déformations dans les fractures et lesluxations du pied.Alignez prudemment une fracture de la cheville. Installez ensuite uneattelle qui part d’au-dessus du genou jusqu’au pied. Installez un appuipour empêcher le pied de basculer vers l’extérieur. Veillez à protéger larégion des malléoles d’un contact direct avec l’attelle rigide, car il pour-rait s’ensuivre une escarre. Les lésions limitées au pied seront immobilisées à partir du genoujusqu’au pied. Contrôlez la circulation capillaire et la couleur des orteils.

4.62L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

Page 242: Manuel Belge Almbulanciers

R É S U M É D U C H A P I T R E 4

L'ambulancier a un rôle très important à jouer durant"l'heure en or" qui suit un accident.

Comme toujours, vous devez suivre la procédure ABC etrechercher les lésions à risque vital.

Il s'agit surtout des lésions thoraciques, abdominales, crâ-niennes et vertébrales.

Ces lésions doivent être décelées et prises en charge durantla première évaluation du patient.

Au cours de la deuxième évaluation du patient, vous devezprendre en charge les contusions et les lésions osseuses desmembres.

Devant des lésions à risque vital, vous devez demanderimmédiatement l'assistance du SMUR.

4.63L e p a t i e n t t r a u m a t i s éC h a p i t r e 4

Page 243: Manuel Belge Almbulanciers

1 LE C O R P S H U M A I N

2 LE S P R E M I È R E S M I N U T E S

3 LE S A F F E C T I O N S À R I S Q U E V I TA L

4 LE PAT I E N T T R AU M AT I S É

5 MA L A D I E S E T I N TOX I C AT I O N S

6 GR O S S E S S E E T AC C O U C H E M E N T I N O P I N É

7 L’E N FA N T E N D É T R E S S E

8 UR G E N C E S P R OV O Q U É E S PA R AG E N T S P H YS I Q U E S

9 UR G E N C E S P S YC H I AT R I Q U E S

10 LE T R A N S P O R T D U PAT I E N T

11 LE S C ATA S T R O P H E S

12 OR G A N I S AT I O N D E L’A I D E M É D I C A L E U R G E N T E

13 TE C H N I Q U E S

14 SU P P L É M E N T S

15 VO C A B U L A I R E

Page 244: Manuel Belge Almbulanciers

CONTENU

5.1 Les maladies

5.2 Les intoxications

5.3 Alcool et drogue

5MALADIES ET

INTOXICATIONS

Page 245: Manuel Belge Almbulanciers

5.1 Les maladies

Vous intervenez souvent pour une affection qui est apparue brutale-ment. Il n’est pas toujours d’emblée évident qu’il s’agit d’une maladie. Lesapparences peuvent être celles d’un accident, alors qu’en réalité le patientest atteint d’une maladie. Une personne inconsciente couchée sur laroute, à côté d’un véhicule, peut avoir été victime d’un accident avec untraumatisme crânien et perte de conscience. Par contre, il peut s’agir d’undiabétique qui a perdu connaissance à la suite d’une hypoglycémie. Il n’estpas exclu qu’une personne impliquée dans un accident se mette à souffrirsubitement d’une maladie. Il est fréquent qu’une personne âgée sorteindemne de sa voiture après un léger accident de roulage, et soit victimede problèmes cardiaques à la suite des émotions qu’elle vient de vivre.Les causes de maladie sont extrêmement diverses: affections congénita-les, dégénérescence (p. ex. d’articulations ou de vaisseaux sanguins),cancer, infection par des virus ou des bactéries, exposition à des sub-stances toxiques, ...Chez une personne apparemment en bonne santé, une maladie peut semanifester brutalement (problème cardiaque p. ex.). Mais chez un maladede longue date, une crise aiguë peut survenir (p. ex. une bronchite chro-nique), “accident” dans le contexte d’une maladie de longue évolution.Le nombre de maladies qui peuvent donner lieu à un appel urgent estextrêmement grand. Il n’appartient pas aux ambulanciers de poser un dia-gnostic ou de déterminer la nature exacte d’une maladie. Vous devezcependant être capable d’évaluer la gravité de la situation et de prendreles mesures appropriées qui peuvent parfois sauver une vie.

Ici aussi, les règles universelles des premiers soins, qui ont été décrites auchapitre 2, restent d’application. Lors de la première évaluation, suivez les procédures ABC, évaluez lesfonctions vitales, observez les difficultés respiratoires et prenez les me-sures nécessaires en cas de choc ou de coma.Au moment de l’évaluation secondaire, vous appréciez la condition génér-ale du patient. Sur la base de l’information ainsi récoltée, vous devez êtrecapable de prendre les mesures adéquates pour préparer le patient autransport.

Les actes que l’ambulancier pose sont en principe toujours les mêmes,qu’il s’agisse d’un blessé ou d’un malade. Dans ce chapitre, vous décou-vrirez cependant plus spécifiquement les différents tableaux de maladie,cela pour vous permettre de reconnaître certaines situations dangereuseset de les gérer.

2

5.2M a l a d i e s e t i n t o x i c a t i o n sC h a p i t r e 5

Page 246: Manuel Belge Almbulanciers

1 . S E N S A T I O N D E P E S A N T E U R O U D E D O U L E U R D A N S L A P O I T R I N E

Une sensation douloureuse dans la poitrine peut avoir des causes diver-ses. Cependant, en tant qu’ambulancier, vous n’êtes pas obligé de poserun diagnostic. Vous devez seulement savoir qu’une sensation de cons-triction douloureuse localisée à la poitrine est très souvent le signe qu’ilse passe quelque chose de grave. Ce signe doit donc toujours être con-sidéré comme un signal d’alarme.

T A B L E A U 5 . 1 : V O I C I Q U E L Q U E S A F F E C T I O N S Q U I P E U V E N T E N -T R A Î N E R U N E S E N S A T I O N D E P O I D S O U D E D O U L E U R T H O R A C I Q U E :

• angine de poitrine• caillot qui bouche une artère pulmonaire (embolie pulmonaire)• rupture d’un gros vaisseau sanguin• inflammation du péricarde• inflammation de la plèvre• pneumothorax.

Le cœur et les poumons (et donc les fonctions vitales) sont probablementtouchés, peuvent être en danger et un risque vital immédiat peut exister.Nous envisagerons ici les deux affections les plus fréquentes qui peuvententraîner ces plaintes: l’angine de poitrine et l’infarctus.

Angina pectoris (angine de poitrine) signifie littéralement “une sensa-tion d’étranglement dans la poitrine”. C’est une maladie cardiaque. Lecœur est un muscle et doit donc recevoir, lui aussi, du sang (et de l’oxy-gène). Ce débit est amené par les artères coronaires. Si l’artère coronai-re se rétrécit pour une cause quelconque, le cœur reçoit trop peu d’oxy-gène. Au cours d’un effort ou lors d’un stress, c’est-à-dire au moment oùle cœur doit pomper plus fort, cette sensation apparaît.

5.3M a l a d i e s e t i n t o x i c a t i o n sC h a p i t r e 5

FIG. 5.1.

MALADIES DES CORONAIRES

Cœur aux coronaires normales. Cœur avec coronaire rétrécie etzone avec apport de sang réduit:angine de poitrine.

Obstruction complète d’unecoronaire avec zone infarcie:infarctus du myocarde.

Page 247: Manuel Belge Almbulanciers

Au cours d’une angine de poitrine, la douleur disparaît généralementrapidement au repos, suite à la prise des médicaments appropriés. Par ail-leurs, dans ce cas, aucune partie du cœur n’est nécrosée (morte).

On parle d’infarctus du myocarde lorsque l’apport de sang vers unepartie déterminée du cœur est totalement interrompue par une obstruc-tion complète d’une artère coronaire. La partie du cœur qui est alimentéepar cette artère va se nécroser. On appelle cela communément “une cri-se cardiaque”.

Le manque d’oxygène peut altérer gravement le fonctionnement normaldu cœur. Ainsi, une des premières complications peut être la perturbationdes contractions rythmiques des oreillettes et des ventricules. Ces trou-bles du rythme peuvent être de natures très diverses: le cœur peut battretrop rapidement ou trop lentement ou se mettre à suivre un rythme tota-lement irrégulier. La gravité de ces troubles du rythme est également trèsvariable. L’ambulancier doit savoir qu’une fibrillation ventriculaire est unecomplication redoutable et relativement fréquente de l’infarctus du myo-carde.A la suite du mauvais fonctionnement de la pompe cardiaque, l’apport desang à l’organisme est réduit, et un choc cardiogénique peut apparaître.Lorsque la partie gauche du cœur ne pompe plus suffisamment, uneaccumulation de sang dans les poumons peut survenir. Du liquide s’accu-mule dans ceux-ci et un œdème pulmonaire peut apparaître.

Ces complications sont à l’origine du décès de 40 à 50 % des personnesqui souffrent d’une crise cardiaque. La majorité des décès surviennentavant l’arrivée dans un hôpital. C’est pour cette raison que l’ambulancierdoit demander l’intervention du SMUR lors de toute suspicion d’infarctusdu myocarde. La “bonne mine” d’un patient qui se plaint de douleurs dansla poitrine ne supprime en rien la nécessité de demander l’intervention duSMUR. Une fibrillation ventriculaire peut apparaître inopinément, unœdème aigu du poumon peut apparaître et avoir des conséquences cata-strophiques endéans les 5 minutes.Comme nous l’avons signalé plus haut, un grand nombre d’affections peu-vent provoquer une sensation d’oppression ou de douleur dans la poitri-ne. L’ambulancier n’a pas pour mission de trouver la cause de ces dou-leurs thoraciques et il doit surtout penser à l’infarctus, compte tenu du ris-que important de complications graves dans ce cas. Le texte qui suit doitvous servir uniquement à reconnaître les patients cardiaques avec desdouleurs thoraciques.Cette description ne vous apportera aucune certitude d’infarctus du myo-carde. La règle est que tout patient qui présente des douleurs thoraciquesest suspect d’être atteint d’un infarctus du myocarde, jusqu’à la preuve ducontraire. En d’autres mots, en cas de doute, il faut demander l’interven-tion du SMUR, comme si le patient était victime d’un infarctus.

Comment évaluer la gravitéd’une douleur thoracique ?

3.2

5.4M a l a d i e s e t i n t o x i c a t i o n sC h a p i t r e 5

Page 248: Manuel Belge Almbulanciers

L’évaluation faite par l’ambulancier doit prendre en compte trois élé-ments: le type de patient, son histoire et le type de plainte.Typiquement, le sujet atteint d’un infarctus est un homme âgé. Ceci nesignifie cependant pas que des femmes ou des hommes jeunes ne puis-sent pas faire un infarctus. Mais on peut présumer que la probabilitéd’un infarctus chez un homme de moins de 35 ans et chez une femme demoins de 40 ans est très faible. Souvent, les patients atteints d’infarctussont de grands fumeurs, sont diabétiques, ont une tension élevée ou uneaugmentation sérieuse de leur cholestérol.

Le patient lui-même et/ou son entourage peuvent généralement nousdire, qu’il ou elle “a quelque chose au cœur”. Souvent le patient porte surlui des médicaments cardiaques (comprimés à mettre sous la langue,emplâtres à coller sur la peau...)

Le patient se plaint de douleurs derrière le sternum. Dans la terminolo-gie médicale, on parle de douleur “rétrosternale”. La douleur irradie par-fois vers l’épaule et le bras, fréquemment vers le côté gauche. Parfois, elleirradie vers la mâchoire et le cou.

Dans l’angine de poitrine, la douleur cède, tandis que dans l’infarctus,la douleur persiste. Sur place, il vous sera cependant impossible de fairela différence entre les deux. Agissez par conséquent comme s’il s’agissaittoujours d’un infarctus. L’intensité de la douleur peut être fortementvariable. Certaines personnes ne ressentent qu’une pression sur lapoitrine. Chez d’autres, la douleur est intolérable. Le patient se tientgénéralement immobile et a peur (sensation de mort imminente). Cetableau s’accompagne parfois de transpirations et de pâleur.

Certains ne ressentent pas ou presque pas de douleur, mais se sententnauséeux. Les vomissements sont fréquents. Les patients disent souventqu’ils souffrent d’un “embarras gastrique” ou d’une indigestion. Il faudravraiment les convaincre d’accepter de se rendre à l’hôpital. En tantqu’ambulancier, vous devez vous attendre à cette opposition et ne pasvous laisser déconcerter.

Tant l’infarctus décrit ci-dessus que l’angine de poitrine peuvent entraî-ner des complications majeures. Les signes observés peuvent être ceuxd’un arrêt cardiaque (chapitre 3.2.), de l’œdème aigu du poumon(dyspnée, difficultés respiratoires, parfois de la mousse rosée sur les lèvres parce que du liquide reflue des poumons) et du choc (cfr chapitre3.4.).

Prenez toute douleur ou sensation de compression dans la poitrine ausérieux. Si le patient est conscient, parlez-lui, cela le calmera. Par un com-portement agité, vous augmenterez le stress, ce qui aura un effet néfastesur le cœur. Ne permettez plus aucun effort au patient. Ne lui permettezdonc pas de marcher jusqu’au brancard.

Que faire devant une douleur dans la poitrine?

3.2

3.2

5.5M a l a d i e s e t i n t o x i c a t i o n sC h a p i t r e 5

Page 249: Manuel Belge Almbulanciers

Si le patient est court d’haleine, administrez-lui de l’oxygène au masque (10 à 15 l/min.). Dans le cas contraire, administrez l’oxygène avec deslunettes à oxygène. Placez le patient dans une position qu’il considère comme confortable. Chaque patient qui présente des problèmes cardiaques doit être trans-porté aussi rapidement et aussi sûrement que possible vers l’hôpital leplus proche. Faites-le calmement. Un trajet rapide avec sirènes hurlantesne peut qu’angoisser le patient.Expliquez au patient qui ne souhaite pas être hospitalisé, que le séjour àl’hôpital est vraiment nécessaire pour limiter l’étendue des lésions car-diaques. L’avis du médecin du SMUR aura peut-être plus de poids.

Surveillez le patient attentivement et prévenez l’hôpital. Lors d’un œdè-me aigu, mettez le patient en position assise et administrez l’oxygène aumasque avec réservoir (10 à 15 l/min.).Lors d’un arrêt cardiaque, vous débutez une réanimation.En cas de choc, couchez le patient sur le dos avec les jambes surélevéeset administrez de l’oxygène au masque avec réservoir (10 à 15 l/min.).Si le patient est transporté en position assise, cela doit être sur le brancardet non sur la “chaise” d’ambulance. En effet, si la situation s’aggravait,seule la civière présenterait une possibilité de coucher rapidement lepatient.

Appelez le SMUR.

5.6M a l a d i e s e t i n t o x i c a t i o n sC h a p i t r e 5

Page 250: Manuel Belge Almbulanciers

2 . U N E “ A T T A Q U E ” O U C O N G E S T I O N C É R É B R A L E

Une attaque survient à la suite d’une affection des vaisseaux sanguins quialimentent le cerveau en sang et en oxygène. Dans le vocabulaire médi-cal, on parle d’AVC, “Accident Vasculaire Cérébral”, autrement dit,une situation urgente dans le domaine de la vascularisation cérébrale.

Si un vaisseau se bouche ou est obstrué, le tissu en aval ne recevra plusd’oxygène et va mourir. Le vaisseau sanguin peut être bouché par un cail-lot (on parle alors de “thrombose”, un “thrombus” est un caillot). Levaisseau peut également se déchirer, ce qui entraîne une hémorragiecérébrale.

Vous êtes incapable de voir ce qui se passe à l’intérieur du cerveau.Vous constatez cependant qu’une partie du cerveau ne fonctionne plusnormalement.

Les plaintes du patient et les signes d’un AVC peuvent être très diversi-fiés, ils dépendent de la localisation et de l’importance de l’AVC. Unpatient conscient se plaindra surtout de violents maux de tête. Il peut êtreconfus. D’autres fois, l’état de conscience est altéré. Evaluez le niveau deconscience par la méthode EPADONO (cfr ch. 2).

Vous observerez fréquemment une perte de force ou de contrôle desmembres et, en règle générale, uniquement d’un seul côté. Un seul coinde la bouche affaissé est un signe caractéristique.Il existe parfois des troubles de la parole. Cependant, le fait que la paro-le du patient n’est plus fluide ne signifie pas qu’il vous est devenu impos-sible de le comprendre.Une inégalité du diamètre des pupilles peut également signer une con-gestion cérébrale. Il arrive que la respiration soit difficile. Des convulsionspeuvent survenir.

Si le patient est conscient, tentez de le calmer. A la suite des troubles dela parole et des phénomènes de paralysie, ces patients sont généralementtrès anxieux.Administrez de l’oxygène au masque à réservoir (10-15 l/min.). Trans-portez le patient en position semi-assise.Demandez l’intervention du SMUR si l’état de conscience du patient est altéré. Veillez à la perméabilité des voies respiratoires. Contrôlez la respi-ration. Administrez de l’oxygène au masque réservoir (10-15 l/min.), etassistez, si nécessaire, la circulation.Préparez le bassin réniforme et l’aspirateur au cas où le patient devraitvomir.Couchez le patient en position latérale de sécurité et transportez-le danscette position.

3.1

Que faire devant un AVC?

Comment évaluez-vous un AVC?

Qu’est-ce qu’une “attaque”?

5.7M a l a d i e s e t i n t o x i c a t i o n sC h a p i t r e 5

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3 . D I F F I C U L T É S R E S P I R A T O I R E S

Les problèmes respiratoires peuvent constituer une menace vitale.Plusieurs maladies peuvent entraîner des problèmes respiratoires: infec-tions pulmonaires, œdème pulmonaire, intoxications, réactions allergi-ques, ... En premier lieu, vous devez être capable de reconnaître le pro-blème respiratoire et capable d’assister le patient.

Un patient conscient se plaint d’être “à court de souffle”(“dyspnée” enlangage médical).Lorsque les problèmes respiratoires sont graves, le patient peut êtreobnubilé, agité, ou même inconscient. La respiration est alors très rapi-de et superficielle. Ensuite, par épuisement, la respiration se ralentira etpourra même s’arrêter complètement.

Renseignez-vous auprès du patient ou de son entourage sur les causespossibles de ces difficultés:• le patient souffre de dyspnée pour la première fois, ou bien cela est-il fré-

quent?• avez-vous trouvé le patient près d’un incendie, ce qui peut vous faire sus-

pecter une intoxication oxycarbonée (CO)?• le patient est-il atteint de bronchite chronique (BPCO, cfr infra)?• quels sont les médicaments utilisés par le patient? Emportez ces médi-

caments à l’hôpital.

Demandez l’assistance du SMUR si les problèmes sont graves (altérationde l’état de conscience).Tranquillisez le patient, parlez-lui. Veillez à la liberté de ses voies respi-ratoires. Pensez à la possibilité d’une obstruction des voies respiratoirespar un corps étranger.

3.1

Que faire devant des difficultés respiratoires?

Comment évaluer les difficultés respiratoires?

5.8M a l a d i e s e t i n t o x i c a t i o n sC h a p i t r e 5

FIG. 5.2

LES SIGNES DE

PROBLÈMES RESPIRATOIRES

• coloration bleuâtre de la peau• muscles du cou et du visage tendus• sensation douloureuse, pesante,

située dans le thorax• contraction des muscles

abdominaux• patient incapable de prononcer

des phrases complètes• narines battantes (signes de

problèmes respiratoires sérieux)• lèvres serrées lors de l’expiration• toux et bruits “aboyants”• sifflements• altération de l’état de conscience.

Page 252: Manuel Belge Almbulanciers

Lors de difficultés importantes, ventilez à l’oxygène au masque et auballon.

Administrez de l’oxygène au masque à réservoir (10-15 l/min.). Chez unpatient atteint de bronchite chronique, utilisez des lunettes à oxygène (1,5 l/min.).Transportez le patient vers l’hôpital en position assise ou semi-assise.

Un patient atteint de BPCO (Broncho-Pneumopathie ChroniqueObstructive) souffre d’une affection respiratoire chronique aspécifique.La lumière des petites bronches est rétrécie suite à la présence de pus oude mucus (bronchite chronique). Chez certains patients, les alvéoles pul-monaires sont endommagées (emphysème).Il s’agit souvent de personnes âgées qui sont ou ont été des fumeurs.D’autres patients présentent des poumons “empoussiérés” (p. ex. aprèsdes années de travail dans la mine). Ces patients souffrent habituellementdes poumons de manière chronique et prennent des médicaments pourse soigner. Ils font appel à une aide médicale lors d’une aggravation su-bite (crise) de leur affection.Chez les patients atteints de BPCO, l’oxygène sera utilisé avec prudence.En effet, chez ces malades, l’administration d’oxygène peut déprimer leréflexe respiratoire, en donnant à l’organisme l’impression qu’il reçoit suf-fisamment d’oxygène. C’est la raison pour laquelle vous devrez admi-nistrer l’oxygène à bas débit, au moyen des lunettes à oxygène (1,5 l/min.).Par contre, si la respiration s’affaiblit ou s’arrête, vous devez toujours ven-tiler au ballon et masque avec 100 % d’oxygène. Demandez l’interventiondu SMUR, si cela n’est pas déjà fait.

Les patients atteints d’asthme souffrent de dyspnée parce que les mus-cles des petites bronches se contractent, et qu’ainsi les voies respiratoi-res sont rétrécies. L’air ne pénètre plus que difficilement dans les alvéo-les pulmonaires et en est expulsé plus difficilement encore.Il s’agit souvent de jeunes patients qui, en règle générale, ne souffrent pasen permanence de dyspnée, mais qui présentent de temps en temps des“crises d’asthme”. Ces patients savent souvent s’ils sont allergiques, parexemple aux animaux ou à des plantes, et qu’une crise peut être provo-quée par l’exposition à ces substances. La respiration est souvent sifflante,et ces patients présentent des signes de dyspnée identiques à ceux décritsprécédemment. Ces patients veulent rester assis et s’appuient sur leursdeux bras. Parfois, l’expiration se fait au travers des lèvres serrées. En présence d’une crise grave, demandez le SMUR.Administrez de l’oxygène au masque à réservoir (10-15 l/min.). Si vousêtes dans l’incertitude (s’agit-il d’un patient souffrant de BPCO oud’asthme?), vous traiterez le sujet de plus de 50 ans, et (ancien) fumeur,par administration d’oxygène à bas débit au moyen de lunettes à oxygène(1,5 l/min.).

L’hyperventilation (“respirer plus que normalement”) se caractérisepar le fait que le patient respire trop vite et trop profondément. Ceci

Quelques affections gravespouvant entraîner des

problèmes respiratoires.

5.9M a l a d i e s e t i n t o x i c a t i o n sC h a p i t r e 5

Page 253: Manuel Belge Almbulanciers

entraîne l’expiration de dioxyde de carbone (CO2) en grande quantité eten fait baisser le taux sanguin de CO2. Cela peut provoquer différents pro-blèmes. D’ordinaire, le patient commence à hyperventiler à la suite d’unegrande émotion ou par angoisse.Le patient ressent une sensation de vide dans la tête. Il est angoissé. Eneffet, il imagine souvent être victime d’une crise cardiaque (à la suited’une sensation d’oppression thoracique). Angoissé, le patient va respirerencore plus vite. Certains patients éprouvent des picotements au niveaudes doigts, des orteils et autour de la bouche (comme si ces parties ducorps “s’endormaient”.

Une hyperventilation peut également apparaître au cours d’affectionsgraves: problèmes respiratoires ou choc.

Tranquillisez le patient en lui parlant et en lui expliquant ce qui se passe.Expliquez-lui que ses problèmes ont pour origine une respiration trop ra-pide et trop profonde.Il n’est pas très efficace d’obliger le patient à respirer dans un sachet. Onconseille souvent cette méthode dans le but de faire respirer l’air expiré(donc le CO2 expiré), et d’ainsi augmenter le CO2 sanguin. Cette métho-de est cependant source d’angoisse (les sachets en plastique sont associésà l’étouffement).

Il est essentiel de faire la différence entre une hyperventilation d’ori-gine émotionnelle et une hyperventilation provoquée par uneaffection grave, souvent accompagnée d’un risque vital. Le traitementde ces deux problèmes est toujours fondamentalement différent. Lorsqu’une affection à risque vital provoque une hyperventilation, vousdevrez toujours administrer de l’oxygène, tandis que lors d’une hyper-ventilation “émotionnelle”, il vaut mieux ne pas administrer d’oxygène.Parfois, il est difficile de faire la différence. C’est la raison pour laquellenous vous donnons quelques conseils généraux. Les personnes âgéesprésentent rarement une hyperventilation “émotionnelle”. La majoritédes patients atteints d’hyperventilation émotionnelle sont jeunes (< de 30ans) et l’interrogatoire met souvent en évidence un événement chargéémotionnellement. Si vous doutez de la nature de l’hyperventilation,vous devrez toujours administrer de l’oxygène. Une hyperventilation“émotionnelle” ne présente aucun risque vital et l’administrationd’oxygène ne fait courir aucun risque supplémentaire, alors que,l’affection grave qui est à l’origine d’un crise d’hyperventilation,nécessite toujours l’apport d’oxygène supplémentaire.

Un œdème aigu du poumon survient lorsque la partie gauche du cœurne travaille pas correctement, et que le sang n’est plus pompé de maniè-re suffisante du poumon vers le corps. Le sang et les liquides s’accumu-lent alors dans les poumons, ceux-ci “s’inondent” réellement.L’œdème pulmonaire aigu survient d’habitude chez des personnes âgéesqui souffrent de problèmes cardiaques. Parfois, il survient à la suite d’uninfarctus. Le patient se plaint alors aussi de douleurs dans la poitrine. Lepatient se plaint toujours de dyspnée et en manifeste tous les signes.

!

5.10M a l a d i e s e t i n t o x i c a t i o n sC h a p i t r e 5

Page 254: Manuel Belge Almbulanciers

Quelquefois, il présente de la mousse rose sur les lèvres.Faites toujours appel au SMUR. Laissez le patient en position assise,sauf s’il présente des signes de choc. Administrez de l’oxygène au masqueà réservoir (10-15 l/min.).

Dans de rares cas, un pneumothorax spontané peut survenir. Il arrivequ’une petite déchirure se forme, dans la plèvre, en l’absence de trau-matisme. De cette manière, un pneumothorax suffocant peut s’installer.

De temps à autre, le patient ressent seulement une douleur importantedans la poitrine au moment de l’installation du pneumothorax. Quel-quefois, on observe que les deux hémithorax ne se soulèvent pas simul-tanément. Le patient est court d’haleine. Un pneumothorax suffocants’accompagne de signes de choc et de congestion des veines du cou.Laissez le patient en position assise pendant le transport et administrezde l’oxygène au masque à réservoir (10-15 l/min.).En présence d’une dyspnée sévère et de signes de choc, faites toujoursappel au SMUR.

4.3

5.11M a l a d i e s e t i n t o x i c a t i o n sC h a p i t r e 5

Page 255: Manuel Belge Almbulanciers

4 . L E D I A B È T E

Le diabète est une maladie du système endocrinien. Le pancréas produitune hormone (insuline) qui assure l’utilisation du sucre sanguin par lescellules. Si le pancréas produit trop peu d’insuline, la captation du sucreà partir du sang par les cellules de l’organisme est perturbée, la teneur ensucre augmente dans le sang et le fonctionnement de l’organisme peutêtre déréglé.Les diabétiques soit prennent des médicaments par la bouche, soit s’injec-tent de l’insuline pour maintenir le taux de glucose sanguin à un niveauadéquat.Si la concentration sanguine du sucre devient trop basse, on parle d’une“hypoglycémie” (hypo = trop bas, glycémie = teneur sanguine en sucre).Ceci peut arriver lorsqu’un patient a mangé trop peu de sucre, ou lorsqu’ils’est injecté trop d’insuline. Il existe un risque pour le cerveau de recevoirtrop peu de sucre pour fonctionner correctement. Contrairement auxautres organes du corps, les cellules cérébrales utilisent presque exclusi-vement le sucre comme source d’énergie.La concentration sanguine de sucre peut aussi être trop élevée (hyper-glycémie). L’hyperglycémie provoque toute une série de plaintes, mais nenécessite que très rarement l’intervention urgente des ambulanciers.Cependant, dans certains cas graves, un coma peut survenir.

Au début, le patient se plaint de maux de tête ou de vertiges. Le patientdevient ensuite pâle, transpire et ressent des palpitations. Il peut arriverque le patient devienne agressif, comme s’il avait trop bu. Il peuts’évanouir et/ou perdre connaissance. On constate, dans certains cas, uneperte d’urines ou des convulsions.

Devant un patient qui présente un comportement confus, une altéra-tion de l’état de conscience ou des convulsions, vous devrez question-ner ce patient ou son entourage et rechercher un diabète.

Demandez toujours si le patient n’est pas atteint de diabète. Si oui,demandez si le patient est traité par comprimés ou par injections.Devant un patient qui présente une altération ou une perte de la cons-cience, vous devez demander le SMUR. Celui-ci administrera une solutionde sucre par voie veineuse.Vérifiez – comme pour tout patient inconscient – que les voies respira-toires sont dégagées. Contrôlez la respiration. Si le patient vomit, utilisezl’aspirateur.Les patients diabétiques qui n’ont pas perdu connaissance reconnaissenthabituellement les symptômes d’une hypoglycémie et mangent un mor-ceau de sucre, prennent une boisson sucrée, ...Ne donnez jamais rien à boire à un patient dont l’état de conscience estaltéré. Le liquide peut pénétrer dans les poumons et y provoquer unebroncho-pneumonie.

Que faire en cas d’hypoglycémie?

!

Comment évaluer une hypoglycémie?

5.12M a l a d i e s e t i n t o x i c a t i o n sC h a p i t r e 5

Page 256: Manuel Belge Almbulanciers

Il arrive que la famille ou l’entourage d’un diabétique administre uneinjection intramusculaire. Cette injection contient du glucagon. C’est unmédicament qui augmente la glycémie. N’administrez pas cette injectionvous-même. Votre formation ne vous y a pas préparé. Laissez faire lafamille, sans aucune inquiétude. Elle a été entraînée et cela est très utile.Votre comportement devant des convulsions va être étudié plus loin.

Si la conscience du patient est altérée, appelez le SMUR, vérifiez laliberté des voies respiratoires et administrez de l’oxygène.

Que faire lors d’une hyperglycémie?

5.13M a l a d i e s e t i n t o x i c a t i o n sC h a p i t r e 5

Page 257: Manuel Belge Almbulanciers

5 . L E S C O N V U L S I O N S

Les convulsions sont des mouvements saccadés anormaux des bras etdes jambes qui atteignent généralement les deux côtés du corps. Ellessont la conséquence d’un fonctionnement anormal de certaines parties ducerveau.Les convulsions peuvent survenir lors d’une crise d’épilepsie. L’épilepsiesurvient chez des patients, qui par ailleurs, sont en parfaite santé. Elle peutêtre congénitale ou apparaître après un accident grave avec traumatismecérébral. La plupart des épileptiques prennent des médicaments etmènent, par ailleurs, une vie parfaitement normale.Chez d’autres patients, les convulsions peuvent également survenir dansle cadre:• de fièvre, chez les enfants entre 6 mois et 3 ans (cfr urgences pédiatri-

ques);• d’intoxications;• d’hypoglycémie;• d’accident vasculaire cérébral (AVC);• de traumatisme cérébral;• d’abus d’alcool (ou d’un sevrage alcoolique);• de manque d’oxygène (lors d’une asphyxie par exemple);• de tumeurs cérébrales;• d’infections cérébrales.

Il est important d’observer attentivement les convulsions. Par la suite, lemédecin pourra tirer, au départ de vos observations, des conclusions surla nature de ces convulsions. Transmettez donc vos observations demanière précise au médecin.La forme la plus connue de convulsions est celle d’une crise généraliséed’épilepsie. Ces crises sont subites. (1) Le patient perd brutalement con-naissance et tombe. Il pousse parfois un cri. (2) Les muscles se contrac-tent. Lors de cette phase, le patient peut se mordre la langue ou perdre lesurines. La crise dure habituellement 30 secondes. (3) Ensuite, des mou-vements très saccadés et non contrôlés se produisent. Cela dure environ2 à 3 minutes, avec apparition de mousse (parfois sanglante) sur leslèvres et une coloration bleuâtre de la face (cyanose). (4) Finalement, lepatient se détend et reste inconscient pendant une demi-heure ou plus.Lors de vos interventions, vous trouverez généralement le patient épi-leptique dans cette dernière phase, celle de la conscience altérée. Lerécit des témoins et des signes comme une langue qui saigne ou une per-te d’urines vous feront penser à une crise d’épilepsie.Une crise convulsive peut n’atteindre qu’une partie du corps (le bras, lajambe ou la figure). Dans ces cas, il n’y a pas de perte de connaissance.Cependant, la crise peut s’étendre progressivement à tout le corps.Une crise d’épilepsie dure seulement quelques minutes. Si cette crise dureexceptionnellement plus longtemps ou si plusieurs crises se suivent trèsrapidement, on parlera de “mal épileptique” (ou “status epilepticus”).C’est une situation de menace vitale, car la respiration du patient est ent-ravée par des contractures musculaires continues.

Comment évaluer la gravité d’une crise convulsive?

5.14M a l a d i e s e t i n t o x i c a t i o n sC h a p i t r e 5

Page 258: Manuel Belge Almbulanciers

Couchez le patient au sol, si possible en position latérale de sécurité.Eloignez du patient tous les objets qui pourraient le blesser.N’essayez jamais de maintenir les bras et les jambes du patient oud’empêcher les mouvements convulsifs. Cela pourrait provoquer desfractures osseuses et des lésions musculaires.N’essayez jamais d’introduire quelque chose dans la bouche du patientpour empêcher la morsure de la langue. Cela ne peut qu’entraîner des brisde dents et des blessures de la langue.Dès que la crise est passée, couchez le patient en position latérale desécurité pour éviter un encombrement pulmonaire par la salive. Aspirezsi nécessaire.Contrôlez la respiration et le pouls.Administrez de l’oxygène au masque à réservoir (10-15 l/min.).Demandez à l’entourage si l’épilepsie de la victime est connue.Interrogez l’entourage et recherchez des indices soit d’intoxication par leCO, soit d’hypoglycémie, soit d’histoire de lésion cérébrale, ... Dans cescas, faites toujours appel au SMUR.Si la crise est toujours continue à votre arrivée, si celle-ci dure plusieursminutes, ou lors de la survenue de nouvelles crises, appelez immédiate-ment le SMUR.Transportez toujours ces patients à l’hôpital pour examen complémen-taire.Soyez attentif aux plaies et lésions provoquées par la crise (ex. des plaiesdu cuir chevelu, une luxation de l’épaule, ...).

Que faire lors d’une crise convulsive?

5.15M a l a d i e s e t i n t o x i c a t i o n sC h a p i t r e 5

Page 259: Manuel Belge Almbulanciers

6 . L E S D O U L E U R S A B D O M I N A L E S A I G U Ë S

Une douleur abdominale aiguë peut avoir de nombreuses causes: des pier-res aux reins, une appendicite, une crise vésiculaire, une pancréatite, ... Entant qu’ambulancier vous ne devrez pas chercher à poser le diagnostic.Vous devez, cependant, vous préparer à l’apparition d’un choc à l’occa-sion des douleurs abdominales aiguës suivantes:• une aorte abdominale qui se déchire;• une grossesse extra-utérine;• un traumatisme abdominal ancien avec contusion de la rate qui com-

mence à saigner dans un deuxième temps;• un ulcère de l’estomac qui se perfore, accompagné de douleurs impor-

tantes.

Le plus important est de transporter rapidement et en sécurité le patientvers un hôpital.

Surveillez l’apparition d’éventuels signes de choc. S’il survient, traitez-le et prévenez le SMUR.Prévoyez les vomissements. Lorsque le patient vomit, il faut aspirer lesvomissures. En cas d’altération de l’état de conscience, placez la victimeen position latérale de sécurité.Ne tentez pas de poser un diagnostic.Ne donnez rien à manger ou à boire.Si le patient est conscient, laissez-lui adopter la position qu’il considèrecomme la plus confortable. Certains patients diminueront leur douleur enprenant une position repliée.

7 . L ’ I N C O N S C I E N C E

L’inconscience ou le coma est une situation qui ressemble au sommeil.L’inconscience survient lorsque le cerveau ne fonctionne plus correcte-ment. Les causes en sont diverses: lésions du crâne et du cerveau, AVC,manque d’oxygène par noyade ou étouffement, intoxication par l’alcool,le CO, des médicaments ou des drogues, hypoglycémie, ...

Notez le degré d’inconscience à l’aide de l’échelle “EPADONO”, ainsiqu’en recherchant les éléments qui vous permettront par la suite de com-pléter l’échelle de coma de Glasgow.Observez l’environnement dans lequel se trouve le patient: un poêlepeut faire penser à une intoxication par le CO, un accident suggérera untraumatisme crânien. Posez des questions précises à l’entourage et à lafamille (Le patient est-il tombé? Le patient est-il diabétique?)Contrôlez l’état des pupilles:• des pupilles dilatées (mydriase) sont un signe de manque d’oxygène ou

d’intoxication par amphétamines ou cocaïne;

4.5

Comment évaluer l’état d’inconscience?

Que faire devant des douleursabdominales aiguës?

5.16M a l a d i e s e t i n t o x i c a t i o n sC h a p i t r e 5

Page 260: Manuel Belge Almbulanciers

• des pupilles rétrécies (myosis) évoquent une intoxication par droguecomme l’héroïne;

• des pupilles inégales (anisocorie) font penser à une blessure cérébrale(hémorragie cérébrale après chute).

Veillez d’abord à votre propre sécurité: ouvrez les portes et les fenêtres sivous suspectez le CO.S’il existe une suspicion d’intoxication oxycarbonée, il est primordiald’évacuer immédiatement le patient hors de l’espace vicié.En cas d’inconscience, il faut toujours faire appel immédiatement auSMUR.Lors d’une perte de conscience, les fonctions vitales sont en péril. Parconséquent, la première tâche de l’ambulancier sera la mise en œuvre dela procédure ABC.Vous devez toujours dégager les voies respiratoires d’une personneinconsciente.Basculez la tête vers l’arrière et relevez le menton.Si nécessaire, ventilez à l’oxygène au ballon avec réservoir (10-15 l/min.).Ceci est capital lors d’une intoxication par le CO.Si le patient respire et que le pouls est présent, le transport s’effectueraidéalement en position latérale de sécurité et sous oxygène. Si les cir-constances de l’accident suggèrent une lésion de la colonne cervicale oude la boîte crânienne, il vous faudra placer une minerve.

Que faire devant un état d’inconscience?

5.17M a l a d i e s e t i n t o x i c a t i o n sC h a p i t r e 5

Page 261: Manuel Belge Almbulanciers

8 . L A S Y N C O P E

Une syncope est un malaise au cours duquel le patient s’évanouit etperd connaissance pendant un bref moment. C’est une forme légère decoma qui cède spontanément. Il s’agit d’une des causes les plusfréquentes d’appel d’une ambulance. Ces évanouissements surviennentcependant dans des circonstances très diverses telles que:• un apport insuffisant de sang vers le cerveau: à la suite d’un bref fonc-

tionnement inadéquat du cœur, d’un rythme cardiaque irrégulier, lors-que le patient se lève brusquement, à la suite d’un effort musculaireimportant, suite au stress (ou la vue du sang, p. ex.), cela peut ralentir lecœur et dilater les vaisseaux et donc faire chuter brutalement la tensionartérielle;

•des intoxications, comme l’intoxication oxycarbonée (poêles ou chauffe-eau mal réglés;

• à la suite d’un problème psychique, certains patients peuvent s’évanouir.• suite à la prise d’un médicament: par exemple lors de la prise, en posi-

tion debout, d’un comprimé pour le traitement de l’angine de poitrine;• un trouble du rythme cardiaque;• des troubles transitoires de la perfusion cérébrale.

Rassemblez les médicaments qui se trouvent auprès du patient et empor-tez-les à l’hôpital. Notez la présence d’un chauffe-eau, d’un poêle. Ouvrezportes et fenêtres et évacuez le patient de la pièce.Souvent, le patient ne saura absolument pas ce qui s’est passé pendant lasyncope. Il sera donc nécessaire d’interroger l’entourage.

Contrôlez les fonctions vitales du patient. Vous devez observer si lepatient reprend spontanément connaissance (il s’agit d’une “syncope”),ou s’il reste inconscient (il s’agit d’un “coma”). Si le patient est en coma,prenez-le en charge comme précisé plus haut.

Lorsque le patient reprend connaissance, continuez à contrôler les fonc-tions vitales: la respiration est-elle plus rapide ou plus lente qu’auparavant,le pouls est-il plus lent ou plus rapide qu’avant, le patient est-il pâle, est-il en transpiration? Couchez le patient sur le dos. En présence de diffi-cultés respiratoires ou de douleurs dans la poitrine, placez-le en positionassise.Relevez légèrement les jambes (posées sur une couverture roulée) afin depermettre un retour sanguin plus aisé vers le cœur.Administrez de l’oxygène au masque avec réservoir (10-15 l/min.).Si le patient vomit ou est nauséeux, mettez-le en position latérale desécurité. Tenez prêts l’aspirateur et un bassin réniforme. Si l’état de conscience est altéré, appelez le SMUR.

Que faire lors d’une syncope?

5.2

Qu’est-ce qu’une syncope etcomment évaluer la situation?

5.18M a l a d i e s e t i n t o x i c a t i o n sC h a p i t r e 5

Page 262: Manuel Belge Almbulanciers

Il arrive que les blessures survenues au cours de la chute soient plus gra-ves que la syncope elle-même. Une chute peut provoquer des lésions dela nuque ou du crâne. Interrogez le patient sur la présence de douleurs dela nuque ou crâniennes et placez si nécessaire une minerve.

Tout patient qui a fait une syncope doit être examiné par un médecin.Emmenez le patient à l’hôpital si aucun médecin n’est sur place.

5.19M a l a d i e s e t i n t o x i c a t i o n sC h a p i t r e 5

Page 263: Manuel Belge Almbulanciers

5.2 Les intoxications

I N T R O D U C T I O N

Parmi les patients admis dans les services d’urgence, 5 à 7% des cas sontdes intoxications. Une intoxication est la conséquence de l’action nuisi-ble d’une substance sur l’organisme. Certaines substances sont dange-reuses, même en très petite quantité. Le nombre de substances qui peu-vent être toxiques est extrêmement grand. Il n’est pas nécessaire de lesconnaître toutes. Cependant, il faut savoir reconnaître les signes d’unempoisonnement, et il faut connaître la manière de prendre en charge cespatients.

C O M M E N T S U R V I E N T U N E I N T O X I C A T I O N ?

Une intoxication peut être la conséquence d’une erreur ou d’un manqued’information. C’est souvent le cas chez les jeunes enfants qui ne con-naissent pas encore les produits dangereux et explorent avec curiositétout ce qui les entoure. De plus, ils prennent tout en bouche. Dans ces cas,la prévention vaut mieux qu’un traitement: les produits dangereux doiventêtre gardés hors de portée des enfants et il est important d’informer lafamille et l’entourage de ces enfants.Les adultes peuvent également s’intoxiquer accidentellement. L’intoxi-cation par le CO (monoxyde de carbone) est très fréquente. Le CO estproduit par des cheminées au tirage défectueux, des appareils de chauf-fage ou des chauffe-eau mal entretenus ou utilisés incorrectement. Dansces cas, l’évacuation des gaz de combustion ne peut pas s’effectuer cor-rectement.Chez les adultes, une intoxication peut être une tentative de suicide.Ceci est fréquemment rencontré dans le cadre de l’Aide Médicale Urgen-te. Des patients qui vivent des difficultés psychologiques s’intoxiquentparfois pour attirer l’attention sur leur situation, mais, dans certains cas,le but manifeste est le suicide. Vous vous trouvez, alors, non seulementdevant une urgence médicale, mais également devant une urgence psy-chiatrique. Exceptionnellement, il s’agit de meurtre ou de tentative demeurtre.La plupart des intoxications ne concernent qu’une seule victime. A l’occa-sion d’une intoxication alimentaire, d’émanations de gaz, plusieurs victi-mes peuvent être atteintes. Dans ces cas, vous agirez selon les règles dela médecine de catastrophe.

11

5.20M a l a d i e s e t i n t o x i c a t i o n sC h a p i t r e 5

Page 264: Manuel Belge Almbulanciers

Une substance toxique peut se présenter tant sous forme liquide, que soli-de ou gazeuse. Certains champignons sont particulièrement vénéneux.Les serpents venimeux provoquent des intoxications par morsure. De lanourriture contaminée peut provoquer des intoxications par ingestion.Des gaz tels que le CO sont toxiques par inhalation.Le toxique peut pénétrer dans l’organisme par quatre voies: par la bou-che, par les poumons, par la peau et par injection. Le traitement que vousallez débuter sera fonction de la voie de pénétration du toxique.

La voie orale

L’intoxication par voie orale survient généralement lors de l’utilisation demédicaments, de produits ménagers, de produits industriels, ou d’in-gestion d’alimentation avariée, de plantes et de champignons, de produitsagricoles ou de produits pétroliers.Rassemblez rapidement le plus d’informations possible. Si les fonctionsvitales sont menacées, cette recherche doit se faire pendant la premièreévaluation. Interrogez les témoins.

Rassemblez les emballages de médicaments, les bouteilles et les bidonsqui peuvent avoir contenu des substances. Quels sont les indices sur leslieux qui évoquent une intoxication (le patient était-il en train de vapori-ser une substance chimique?, le patient a-t-il vomi?...)?

Les signes d’intoxication sont extrêmement divers:• diminution de la conscience;• troubles respiratoires (respiration trop lente, superficielle, paralysie);• pouls anormal (trop rapide, trop lent, trop faible, ...);• signes de choc;• pupilles rétrécies en tête d’épingle, ou pupilles dilatées;• transpiration importante;• douleurs abdominales;• vomissements, diarrhée;• convulsions;• brûlures au niveau de la bouche;• irritations au niveau de la bouche, douleurs à la déglutitions, (provoquées

par ces irritations), écoulement de salive par la bouche; • odeur d’alcool ou de produits pétroliers dans l’haleine du patient.

En présence d’une inconscience, d’une détresse vitale ou d’un état dechoc, demandez immédiatement le SMUR. Dégagez les voies respiratoires.Ne ventilez jamais, dans ces cas, par la méthode du bouche-à-bouche,vous pourriez vous intoxiquer. Administrez de l’oxygène au moyen d’unmasque de protection avec valve ou d’un ballon avec masque.Commencez la RCP si un arrêt cardiaque survient. Traitez le choc.Si le patient est inconscient et respire correctement, placez-le en position

Que faire devant uneintoxication par voie orale?

Comment évaluer la situationlors d’une intoxication

par voie orale?

5.21M a l a d i e s e t i n t o x i c a t i o n sC h a p i t r e 5

Page 265: Manuel Belge Almbulanciers

latérale de sécurité. Vous éviterez ainsi l’envahissement des poumons pardes vomissements.Un patient conscient se transporte en position semi-assise. Prévoyez lesvomissements du patient.Ne donnez rien à boire; pas de lait, comme des personnes peu compé-tentes pourraient le conseiller. Celui-ci peut provoquer des vomisse-ments!Dans certains cas, la famille ou l’entourage a déjà contacté le Centre Anti-poison, et applique les directives qui lui ont été transmises (p. ex. faire boi-re de l’alcool lors d’une intoxication par le méthanol qui est l’alcool à brû-ler...). Laissez faire et suivez les conseils du Centre Antipoison.Préparez un bassin réniforme et un aspirateur.Recueillez les éventuels vomissements dans un bassin réniforme et don-nez-en un échantillon au service des urgences. Ces prélèvements sontirremplaçables et permettent un examen de laboratoire.Calmez le patient et transportez-le tranquillement. Cela permet de pré-venir des vomissements. Les vomissements s’accompagnent toujoursde risques, surtout dans le cas d’intoxication par des produits volatils oucorrosifs. Lors du vomissement, les produits caustiques passent une nou-velle fois par l’œsophage et la bouche et provoquent de nouvelles lésions.A l’occasion des vomissements, les substances volatiles peuvent pénétrerfacilement dans les poumons et provoquer, de cette manière, des bron-cho-pneumonies.Emportez avec vous à l’hôpital tous les récipients et emballages ainsi queles restes de plantes, de nourriture et de champignons suspects. La cau-se de l’intoxication pourra ainsi être plus aisément déterminée.

La voie respiratoire: l’inhalation

L’intoxication par inhalation est provoquée par des gaz, des vapeurs ou lavaporisation de substances utilisées dans le ménage ou dans l’industrie.L’intoxication par gaz la plus fréquente est l’intoxication par monoxyde decarbone (CO). Les autres toxiques fréquents sont l’ammoniaque (dans lessystèmes réfrigérants), le chlore (dans les piscines et l’industrie), l’hydro-gène sulfuré (dans les fosses à purin et l’industrie), le dioxyde de carbo-ne (CO2, dans l’industrie), les insecticides (par vaporisation), et les sol-vants volatils.Les gaz qui ont intoxiqué la victime peuvent intoxiquer également l’ambu-lancier. Il sera donc parfois nécessaire de faire évacuer le patient hors dela zone de danger par un sauveteur équipé d’un masque à gaz ou d’unappareil respiratoire isolant.Le monoxyde de carbone (CO) est un gaz extrêmement toxique. Deplus, il est très dangereux parce qu’il est inodore et incolore. Il est plusléger que l’air.Le CO se forme au cours d’une combustion incomplète, en d’autres termes,il se forme dans une flamme alimentée par trop peu d’oxygène. Les sour-ces de CO sont les poêles à charbon et à gaz, les boilers, les incendies, lesfours à coke, et l’échappement des moteurs à combustion.

5.22M a l a d i e s e t i n t o x i c a t i o n sC h a p i t r e 5

Page 266: Manuel Belge Almbulanciers

Le CO est toxique parce qu’il empêche les globules rouges de fixer l’oxy-gène. De cette façon, la quantité d’oxygène transportée à travers l’orga-nisme devient insuffisante. Le CO provoque de cette manière, indirecte-ment, un manque d’oxygène.

Recherchez les sources de CO: un moteur qui tourne dans un garagefermé ou un chauffe-eau au gaz dans une salle de bains.Recherchez les plaintes et les signes d’une intoxication par le CO: vomis-sements, céphalées, vertiges, troubles de la respiration (respiration rapi-de), palpitations (pouls rapide), altération de l’état de conscience ou per-te de connaissance, teint gris. La couleur rouge cerise parfois décritedans les manuels est rare et est un signe très tardif de l’intoxication parle CO; cette couleur apparaît fréquemment lorsque le patient est déjàdécédé.

CO = danger pour la propre sécurité de l’ambulancier= administrez un maximum d’oxygène au patient

Ouvrez immédiatement les portes et les fenêtres de la pièce où se trou-ve le patient. Amenez le patient à l’extérieur. Si le patient est inconscient,demandez immédiatement l’intervention du SMUR.Couchez le patient en décubitus dorsal, dégagez les voies respiratoires etassistez la respiration si nécessaire. Si le patient respire spontanément,placez-le en position latérale de sécurité. Préparez un aspirateur avec unesonde pour le cas où le patient commencerait à vomir.Administrez de l’oxygène au masque avec réservoir (10-15 l/min).D’autres gaz toxiques ont des actions différentes. Certains agissent sur lespoumons et les voies respiratoires, d’autres perturbent le système ner-veux. Lors de votre arrivée dans des industries, le service de sécurité vousinformera probablement sur la nature des gaz impliqués et les mesures àprendre. Il existe des codes internationaux pour l’utilisation et le transportdes matières dangereuses. Vous les trouverez dans un chapitre ultérieur(ch. 13).

On peut remarquer facilement la présence de certains gaz. Le chlore en-traîne des picotements caractéristiques des voies respiratoires, des yeux ...,l’hydrogène sulfuré a une odeur d’œuf pourri, l’ammoniac a une forteodeur caractéristique. Recherchez les symptômes suivants: dyspnée, par-fois arrêt respiratoire, toux (parfois crachats avec du sang et une grandequantité de sécrétions), vertiges, altération de l’état de la consciencevoire perte de connaissance, pouls ralenti ou accéléré, irritation des yeux(sensation de sable dans les yeux), sensation de brûlure dans la bouche,le nez et la poitrine, brûlure ou chatouillement au niveau de la peau,céphalées et vomissements, couleur grise de la peau.

Comment reconnaître uneintoxication par des gaz?

13.4

!

Que faire devant une intoxication au CO?

Comment rechercher une intoxication par le CO?

5.23M a l a d i e s e t i n t o x i c a t i o n sC h a p i t r e 5

Page 267: Manuel Belge Almbulanciers

Dans de nombreux cas, un pompier avec vêtements de protection et unappareillage spécial évacuera le patient de la zone de danger. Portezégalement, si cela est possible, des vêtements de protection. N’essayezjamais de dégager vous-même des victimes, si vous n’avez pas suivi uneformation spéciale à cet effet.Prévenez le SMUR si des patients sont inconscients ou atteints de diffi-cultés respiratoires.Dégagez les voies respiratoires, contrôlez et soutenez si nécessaire larespiration et la circulation.

Administrez un maximum d’oxygène au masque avec réservoir (10-15 l/min.). Couchez le patient inconscient qui respire spontanémenten position latérale de sécurité. Laissez le patient conscient et dyspnéiqueen position assise ou semi-assise.Enlevez les vêtements imprégnés de matières volatiles toxiques. Portezvous-même des vêtements de protection et des gants si cela est néces-saire.Récoltez toute l’information possible sur la nature du gaz toxique pour latransmettre au centre 100 et au SMUR. Ventilez la cellule sanitaire del’ambulance.Demandez si d’autres personnes présentent les mêmes symptômes. Pre-nez ces personnes en charge ou conseillez-leur de se faire examiner ettraiter.Demandez si cela est nécessaire le nettoyage et la décontamination del’ambulance après le transport.

La voie cutanée

Dans certains cas, la peau est lésée par des acides ou des bases fortes carleur action caustique détruit la peau. Certaines substances toxiques peu-vent pénétrer dans l’organisme au travers d’une peau saine, sans bles-sures. Certains insecticides (parathion ou E 605) peuvent être absorbés àtravers la peau et provoquer des signes généraux d’intoxication. Dans derares cas, ces intoxications peuvent survenir sans lésions cutanées appa-rentes. Le traitement des lésions cutanées par produits chimiques seratraité dans le chapitre sur les brûlures.

Les injections

Les conséquences d’une injection de drogue seront envisagées dans lapartie suivante de ce chapitre. Les intoxications par injection les plus fré-quentes sont les morsures et les piqûres d’insectes et de reptiles. Les ser-pents venimeux et les scorpions sont peu fréquents dans nos régions etvous rencontrerez rarement des victimes de ces piqûres ou morsures. Lesréactions anaphylactiques sur piqûres d’insectes ont été discutées lors dutraitement du choc.

3.3

8

Que faire lors d’uneintoxication par des gaz?

5.24M a l a d i e s e t i n t o x i c a t i o n sC h a p i t r e 5

Page 268: Manuel Belge Almbulanciers

5.3 Alcool et drogues

Les ambulanciers sont souvent confrontés à des patients qui présententdes problèmes aigus d’intoxication suite à l’abus d’alcool ou de drogues.Vous devez être capable de reconnaître ces patients et d’agir dans cessituations.

A L C O O L

L’alcool est une drogue qui influence le fonctionnement du cerveau. Bienque l’alcool soit socialement accepté, cela ne change rien au fait qu’ils’agit d’une drogue.L’urgence pour laquelle vous avez été appelé peut être la conséquence del’action directe de l’alcool sur l’organisme du buveur, ou un effet indirectde l’abus de boisson (bagarres et accidents de la route).Les effets de l’alcool sur l’organisme peuvent être aigus (ivresse) ouchroniques (atteinte du foie suite à un alcoolisme chronique qui peutoccasionner des vomissements de sang).Il arrive que les intoxications alcooliques ne soient pas prises au sérieux,car une personne ivre peut être risible. Cependant, ce sont souvent descas difficiles pour l’ambulancier, car le patient est insoumis, querelleur etmet la patience des ambulanciers à rude épreuve. Les mêmes patientspeuvent être pris en charge à plusieurs reprises par les ambulanciers. Sou-vent, ces patients sont dans un état d’hygiène déplorable. En tantqu’ambulancier, on vous objectera souvent que les moyens de l’AideMédicale Urgente pourraient être utilisés plus utilement pour d’autrespatients.Il est impérieux de traiter une personne intoxiquée à l’alcool avec lemême professionnalisme que tout autre patient. Une intoxication alcooliqueaiguë ou chronique est un problème médical qui mérite autant d’atten-tion qu’une jambe cassée.N’oubliez cependant pas que votre propre sécurité passe avant tout. Si vous vous sentez menacé par l’agressivité du patient, n’hésitez pas àappeler la police en renfort.

La première question, et la plus importante, est toujours: l’intoxication parl’alcool est-elle le seul problème? Ne vous laissez pas obnubiler par l’idéeque toutes les plaintes et tous les symptômes proviennent de la boisson.Regardez bien autour de vous et interrogez les témoins. D’autres affec-tions ont parfois l’aspect d’intoxications alcooliques:• Le patient est-il diabétique? Une hypoglycémie peut donner un tableau de patient ivre.

• Des signes de traumatisme crânien sont-ils présents? Une hémorragie

5.1

Comment évaluer l’intoxication alcoolique?

9

5.25M a l a d i e s e t i n t o x i c a t i o n sC h a p i t r e 5

Page 269: Manuel Belge Almbulanciers

cérébrale peut provoquer une confusion et une diminution de l’état deconscience.

• Le patient est-il atteint d’épilepsie?

L’haleine du patient présente une odeur d’alcool. En soi, ce signe n’est passuffisant. Après un seul verre, l’haleine d’une personne peut sentir l’alcool.Par contre, certaines boissons fortes ne donnent pas une haleine forte-ment alcoolisée.

Le patient parle avec difficulté, pense de manière embrouillée, s’exprimeau moyen de phrases et de mots décousus.La face est souvent rouge et en transpiration.Des vomissements peuvent être présents.La marche est ébrieuse et les réactions sont ralenties.La confusion peut aller jusqu’à une diminution de la conscience oul’inconscience profonde; à ce stade la respiration peut être déprimée. Par-fois, le patient est victime d’hallucinations (entendre et voir des chosesqui, en réalité, ne sont pas présentes).

L’organisme de la personne dépendante de l’alcool s’adapte à la priseconstante de cette substance étrangère. Au moment de l’arrêt d’apportd’alcool, l’organisme n’est plus en équilibre. Cela explique l’apparition deplusieurs phénomènes aigus lors de l’arrêt ou de la diminution de la pri-se d’alcool. Ceci survient par exemple à l’occasion d’une maladie. Nousobservons alors des signes typiques de “sevrage alcoolique”:• confusion et agitation;• comportement bizarre;• hallucinations (voir, entendre et sentir des choses qui, en réalité, sont

absentes);• tremblement marqué surtout des doigts et des mains;• transpiration et peau chaude.Des convulsions surviennent chez de nombreux patients et évoquentune épilepsie.Lors d’un épuisement profond, des signes de choc peuvent apparaître.En présence d’une diminution de l’état de conscience et de l’apparitiond’hallucinations, on parle de “delirium tremens”.

Contrôlez l’état de conscience (EPADONO).Contrôlez les fonctions vitales.Lors d’une intoxication très importante, le patient peut perdre connais-sance et même présenter des problèmes respiratoires. Dégagez les voiesrespiratoires (élévation du menton). Si la respiration reste insuffisante,ventilez et administrez de l’oxygène. Faites toujours appel au SMUR s’ily a une perte de connaissance ou des problèmes respiratoires.

En présence de problèmes respiratoires:Parlez avec le patient pour le tenir éveillé, cela va parfois l’empêcher des’arrêter de respirer.

Que faire devant un problèmed’intoxication éthylique?

Comment reconnaître un sevrage alcoolique?

Comment reconnaître uneintoxication alcoolique aiguë?

5.1

5.26M a l a d i e s e t i n t o x i c a t i o n sC h a p i t r e 5

Page 270: Manuel Belge Almbulanciers

Placez une minerve s’il existe des signes de lésions de la nuque ou ducrâne (après une chute ou en présence d’une plaie de la tête).Si le patient vomit, placez-le en position latérale de sécurité. Aspirez-leavec l’aspirateur avec une sonde.Le patient peut présenter des convulsions. Protégez le patient des chocsavec les objets environnants. N’essayez pas d’empêcher les convulsions,cela peut entraîner des fractures, des lésions articulaires ou musculaires.Administrez de l’oxygène pendant la crise convulsive.Amenez toujours le patient à l’hôpital.

L E S D R O G U E S

Se droguer consiste à prendre des substances pour atteindre un certainétat mental. Dans un certain nombre de cas, ces substances sont desmédicaments. Les personnes qui doivent faire appel à l’Aide MédicaleUrgente après l’usage de ces substances doivent être considérées commedes patients et doivent recevoir des soins et une aide adéquate.

Les stimulants excitent et stimulent le système nerveux. On les utilisepour se sentir “bien” ou pour lutter contre la fatigue. Les amphétaminesen sont un exemple (pep-pills et produits assimilés, porteurs de nomscommuns “ecstasy” ou “speed”); la cocaïne (“crack” ou “snow”) en est unautre exemple. Ces substances s’avalent généralement sous forme decomprimés. La cocaïne est souvent prisée par le nez, parfois fumée ouinjectée.

Les calmants ont un effet déprimant, ils calment le système nerveux. Onles utilise pour dormir ou pour se détendre. Les benzodiazépines commele Valium® et le Rohypnol® sont des somnifères et sont donc des médi-caments mais on peut en abuser pour d’autres utilisations. Les barbituri-ques sont des somnifères que la médecine n’utilise plus, mais on continueà les trouver sur le marché de la drogue.

Les stupéfiants provoquent une ivresse et de la somnolence. Ils appar-tiennent à la famille des opiacés et sont utilisés en médecine avec succèsdans le traitement des fortes douleurs (p. ex. chez les patients cancéreux).Ils sont également utilisés abusivement comme drogues. L’héroïne s’injec-te, tandis que d’autres, comme le Burgodin®, se prennent par voie orale.Les substances hallucinogènes perturbent le fonctionnement du cerveauet entraînent des hallucinations. La perception de l’environnement est, parconséquent, totalement déformée. Ces substances ne sont pas utilisées enmédecine et sont seulement utilisées par des personnes qui se droguent.Le L.S.D., par exemple, peut être pris sous forme de comprimés et pénè-tre dans le corps par les muqueuses buccales.Il existe également des substances qui perturbent l’état mental sans pro-voquer d’hallucinations, par exemple la marijuana ou le haschich. Cepen-

Quels sont les différents types de drogues?

5.27M a l a d i e s e t i n t o x i c a t i o n sC h a p i t r e 5

Page 271: Manuel Belge Almbulanciers

dant, ces substances modifient également la coordination des mouve-ments et perturbent la concentration.Les solvants volatils s’absorbent par inhalation et stimulent ou dépri-ment le système nerveux. Des produits de nettoyage, des colles et des sol-vants sont inhalés dans ce but.

Il est toujours très difficile de savoir quelle substance a été utilisée. Cha-que utilisateur réagit de manière différente à une drogue et, souvent,plusieurs substances ont été prises simultanément. Cependant, un certainnombre de signes donnent des informations précieuses:

• Après usage de stimulants, le patient est excité, le pouls est rapide, lespupilles sont dilatées et le patient transpire. Parfois, il n’a plus dormidepuis longtemps.

• L’usage de calmants rend le patient lent, sans énergie et somnolent. Ilparle de manière peu compréhensible et son élocution est difficile. Larespiration peut être faible, lente (mesurez la fréquence). Les fonctionsvitales peuvent être en danger.

• Lors de l’usage de stupéfiants, la respiration est lente et superficielle.Le pouls est lent et filant. La somnolence peut évoluer vers l’incons-cience, qui peut s’aggraver au point de ne plus permettre de réactionsaux stimuli douloureux. Les pupilles sont rétrécies ou même en “têted’épingle”. Dans les cas graves, la respiration peut même s’arrêter.Vous pouvez remarquer des sites d’injection (p. ex. aux plis du coude).

• L’utilisation d’hallucinogènes rend le patient agité, et le contact est ren-du difficile. Vous l’entendez vous décrire des choses imaginaires. Lepatient est anxieux et “déconne”. Il est parfois agressif; en fait, il délire.Après la prise de solvants volatils, le patient a le “regard vague” et don-ne une impression d’absence. Il perd parfois connaissance. Au cours del’inhalation du produit enfermé dans un sac en plastique, une suffocationpeut survenir si le patient chute, la face enfermée dans le sac de plasti-que. L’utilisation de solvants peut provoquer une fibrillation ventriculairesuivie d’un arrêt cardiaque.

Les intoxiqués en état de manque présentent des symptômes de sevrage:angoisse, agitation, sudations, tendances nauséeuses, irritabilité et con-fusion.

La prise en charge n’est pas fondamentalement différente de celle d’uneautre urgence. Contrôlez les fonctions vitales et traitez si nécessaire.Administrez de l’oxygène lors des difficultés respiratoires (masque avecréservoir).Essayez de maintenir le contact avec le patient en lui parlant calme-ment. Essayez de gagner sa confiance.Regardez attentivement autour de vous et interrogez l’entourage. Recher-chez des emballages, des traces d’injection.Vérifiez la présence de plaies et de blessures à la tête ou ailleurs. Posez sinécessaire une minerve ou un pansement.

Que faire en présence d’une intoxication par drogue ?

Comment évaluer la situationdevant une intoxication

par drogue?

5.28M a l a d i e s e t i n t o x i c a t i o n sC h a p i t r e 5

Page 272: Manuel Belge Almbulanciers

Protégez-vous, portez toujours des gants. Faites attention au sang et auxaiguilles. En cas de piqûres accidentelles, il existe un danger de contagion(SIDA, hépatite B).

Si le patient est agressif et vous menace, mettez-vous en sûreté et appe-lez les forces de l’ordre à l’aide.

5.29M a l a d i e s e t i n t o x i c a t i o n sC h a p i t r e 5

Page 273: Manuel Belge Almbulanciers

5.30M a l a d i e s e t i n t o x i c a t i o n sC h a p i t r e 5

R É S U M É D U C H A P I T R E 5

Vous serez amené dans votre pratique d’ambulancier àprendre en charge des patients souffrant de maladies oud’intoxications très diverses. Contrairement aux patientsqui ont été victimes d’un accident, les causes profondes dumauvais état de santé de ce type de patient sont plus diffi-ciles à appréhender.Votre évaluation primaire sera toujours systématique:

• Etat de conscience?• Etat respiratoire?• Etat circulatoire?

Si une ou plusieurs grandes fonctions vitales du patientsont menacées, demandez l’aide d’un SMUR.Si vous ne comprenez pas clairement les causes de l’état dupatient, veillez sur ses grandes fonctions vitales:

• Surveillez l’évolution de son état de conscience• Protégez ses voies respiratoires• Veillez sur sa respiration, sa fréquence, son amplitude• Oxygénez le patient• Surveillez la circulation, la fréquence cardiaque• Recherchez les signes d’un état de choc.

Lors de la prise en charge de patients malades ou intoxi-qués, recherchez un maximum d’informations dans l’envi-ronnement immédiat du patient: quelles maladies sont con-nues chez ce patient, quels médicaments prend-il, quelsproduits toxiques trouvez-vous à proximité? Le patient est-il diabétique...?

Page 274: Manuel Belge Almbulanciers

1 LE C O R P S H U M A I N

2 LE S P R E M I È R E S M I N U T E S

3 LE S A F F E C T I O N S À R I S Q U E V I TA L

4 LE PAT I E N T T R AU M AT I S É

5 MA L A D I E S E T I N TOX I C AT I O N S

6 GR O S S E S S E E T AC C O U C H E M E N T I N O P I N É

7 L’E N FA N T E N D É T R E S S E

8 UR G E N C E S P R OV O Q U É E S PA R AG E N T S P H YS I Q U E S

9 UR G E N C E S P S YC H I AT R I Q U E S

10 LE T R A N S P O R T D U PAT I E N T

11 LE S C ATA S T R O P H E S

12 OR G A N I S AT I O N D E L’A I D E M É D I C A L E U R G E N T E

13 TE C H N I Q U E S

14 SU P P L É M E N T S

15 VO C A B U L A I R E

Page 275: Manuel Belge Almbulanciers

CONTENU

6.1 Notions générales

6.2 Accouchement inopiné

6.3 Problèmes en cours de grossesse

6GROSSESSE ETACCOUCHEMENT

INOPINE

Page 276: Manuel Belge Almbulanciers

6.1 Notions générales

Les urgences obstétricales et gynécologiques (maladies de la femme)sont pratiquement toujours en relation avec la grossesse ou l’accouche-ment. Une intervention rapide et efficace de l’ambulancier peut êtredécisive pour la mère et pour l’enfant.Ce chapitre décrit les situations d’urgences qui surviennent au cours desdifférentes périodes de la grossesse et lors de l’accouchement. Au coursd’un accouchement, l’ambulancier (avec ou sans l’intervention du SMUR)devra assister la mère. Le nouveau-né recevra également des soinsappropriés.Le système génital interne de la femme a été décrit dans le chapitre surl’anatomie. La figure 6.1 situe les organes génitaux féminins par rapportaux autres organes pelviens.

L E C Y C L E

Au cours de la période de son existence durant laquelle elle peut avoir desenfants, la femme parcourt des cycles naturels d’une durée de 28 jours.Durant la première partie du cycle (durée 14 jours), la muqueuse intra-utérine s’épaissit. A la fin de cette période, l’ovaire libère un ovule et celui-ci transite par les trompes. Au cours de ce trajet, l’ovule peut être fécondé.Pendant la deuxième partie du cycle, la muqueuse épaissie se prépare àla nidation de l’ovule fécondé; cette nidation constitue le début de la gros-sesse. En fin de cycle, le saignement menstruel (menstruation) est lerésultat de l’élimination de la muqueuse utérine qui n’a pas reçu d’ovulefécondé.

1.2

6.2G r o s s e s s e e t a c c o u c h e m e n t i n o p i n éC h a p i t r e 6

FIG. 6.1

LE SYSTEME GÉNITAL

FÉMININ

intestinovaire

utérus

col de l’utérusvessievaginbassin

anusgrandes lèvrespli fessier

Légende: coupe sagittale du bassin.

Page 277: Manuel Belge Almbulanciers

Le cycle est réglé par les hormones féminines. Ces hormones sont trèsimportantes pour le cycle menstruel.Ces hormones sexuelles entraînent également des transformations pro-fondes de l’organisme au moment où un ovule est fécondé.

L A G R O S S E S S E

Une grossesse dure environ 9 mois et se divise en trois trimestres.

Au cours du premier trimestre, l’œuf fécondé (embryon) se dévelop-pe et devient un petit être humain de forme reconnaissable, dont lesmembres sont visibles. A partir de la 8e semaine de la grossesse, onparle de fœtus. L’embryon et le fœtus sont très sensibles à certains fac-teurs externes comme des radiations et des toxiques (p. ex. l’alcool et lafumée de cigarette).Au cours du deuxième trimestre, le fœtus augmente de poids et detaille et la formation des os débute. A partir de la 20e semaine, la mèresent le fœtus bouger.

6.3G r o s s e s s e e t a c c o u c h e m e n t i n o p i n éC h a p i t r e 6

FIG. 6.2

LES 3 TRIMESTRES

DE LA GROSSESSE

Grossesse de 6 moisFin du 2e trimestre

Grossesse de 9 moisFin du 3e trimestre

Grossesse de 3 moisFin du premier trimestre

Page 278: Manuel Belge Almbulanciers

L’enfant naît à la fin du troisième trimestre. Au moment de la nais-sance, un bébé pèse environ 3 à 3,5 kg et sa longueur est d’environ 50 cm.A partir de la 27e semaine (7e mois), l’enfant est viable, même s’il naîttrop tôt. Si cela arrive, on dit alors qu’il est “prématuré”. Un prématuré estparticulièrement sensible au refroidissement.

L ’ A C C O U C H E M E N T

L’accouchement n’est pas une maladie, mais un processus naturel qui sedéroule généralement sans problèmes. Il s’agit cependant d’un mécanis-me complexe qui peut parfois être l’objet de complications.

Pendant toute la grossesse, le fœtus est entouré de membranes. Il nagedans un liquide, le liquide amniotique. L’accouchement débute dès queces membranes ou ces poches se rompent et que “les eaux sont perdues”.Le fœtus est fixé au placenta par le cordon ombilical. Le placenta estl’organe qui assure l’apport d’oxygène et de nutriments au fœtus. Le CO2 et les déchets sont éliminés par le cordon ombilical vers leplacenta.

Au moment de l’accouchement, l’enfant, et ensuite le placenta, sontexpulsés par le vagin. Cela est réalisé sous la pression des contractionsinvolontaires de la matrice (utérus), qui est un muscle creux; ces con-tractions involontaires sont renforcées par les contractions volontaires dela musculature abdominale de la mère.

Sous l’effet des contractions de l’utérus, le col de la matrice (utérus)s’ouvre. On parle de “dilatation”. Les contractions utérines surviennentrégulièrement et deviennent douloureuses. On parle des “douleurs”. Dèsl’instant où ces contractions surviennent à intervalles réguliers, on dit quela femme “est en travail”. Une contraction dure de 30 à 60 secondes avantde s’interrompre. Au début du travail, les contractures surviennent toutesles 10 à 11 minutes, pour augmenter ensuite en fréquence jusqu’à sur-venir toutes les 2 à 3 minutes.

6.4G r o s s e s s e e t a c c o u c h e m e n t i n o p i n éC h a p i t r e 6

FIG. 6.3

LE PLACENTA

Légende: l’échange d’oxygène etde nutriments dans un sens, de gazcarbonique et des déchets dansl’autre, se réalise entre la mère et lefœtus à travers le cordon ombilicalet le placenta.

fœtus

liquide amniotiquecordon ombilicalplacenta

membranes

Page 279: Manuel Belge Almbulanciers

Lors d’un premier accouchement, la dilatation complète est atteinteendéans les 12 heures. Lors des accouchements suivants, cette phase peutêtre beaucoup plus brève. C’est ainsi que les accouchements inopinés sur-viennent plutôt chez des femmes qui ont déjà eu des enfants.

Au cours de la deuxième phase de l’accouchement, l’enfant est pousséhors de la matrice. Dans des conditions normales, la tête arrive la pre-mière. La tête descend. La tête va appuyer sur le rectum et provoquer unepression et un besoin de défécation. Si la mère contracte ses musclesabdominaux, la force d’expulsion des contractions de la matrice serarenforcée. La tête de l’enfant suivra une trajectoire hélicoïdale complexeà travers le col de la matrice.

Après la naissance de l’enfant, vient “la délivrance”. Au cours de celle-ci,le placenta est expulsé. Cela peut survenir immédiatement après l’accou-chement ou dans les 30 minutes qui suivent. Le placenta est suivi d’unequantité de sang qui s’était accumulée entre le placenta et la paroi utéri-ne et qui est expulsée à ce moment.

6.5G r o s s e s s e e t a c c o u c h e m e n t i n o p i n éC h a p i t r e 6

FIG. 6.4.

LA PHASE D’EXPULSION

DURANT L’ACCOUCHEMENT

Légende: après l’ouverture du col de la matrice (utérus) la tête du fœtus descend dans la filière génitale (vagin).

Page 280: Manuel Belge Almbulanciers

6.2 L’accouchement inopiné

C O M M E N T É V A L U E R L A S I T U A T I O N L O R S D ’ U N A C C O U C H E M E N T I N O P I N É ?

La question la plus importante à se poser lors d’un accouchement inopinéest: est-il encore possible d’amener la parturiente à l’hôpital? On appel-le “parturiente”, la mère qui accouche. Il faut donc juger si l’accouche-ment est avancé au point de rendre impossible tout transport. Dans cecas, l’accouchement devra se faire sur place, avec l’aide du SMUR qu’ilfaudra donc appeler immédiatement.

Posez-vous donc les questions suivantes:La grossesse est-elle à terme? Demandez la date du terme prévu. Il fautsavoir qu’une grossesse normale dure 40 semaines.La maman a-t-elle déjà mis des enfants au monde?Quand ont débuté les contractions? Quelle est la fréquence de ces con-tractions? Si les contractions se succèdent avec un intervalle supérieur à5 minutes, il est, en règle générale, encore possible de transporter lamaman vers l’hôpital.La parturiente a-t-elle déjà perdu les eaux?La maman sent-elle un besoin irrésistible de pousser? C’est un signed’accouchement imminent.Peut-on voir la tête à la vulve? Cela indique également un accouchementimminent.

Prenons un exemple. Une mère qui met au monde son premierenfant et dont les contractions se succèdent avec un intervalleinférieur à cinq minutes peut encore être transportée.Une mère qui a déjà eu des enfants et chez qui les contractions sur-viennent toutes les trois minutes, a toutes les chances d’accoucherpendant le transport.Une mère de plusieurs enfants, chez qui les contractions survien-nent à des intervalles inférieurs à cinq minutes est donc sur lepoint d’accoucher. De plus, si cette parturiente a une envie irré-sistible de “pousser” ou si la tête de l’enfant est visible à la vulve,elle ne peut être transportée.

En présence de signes d’accouchement imminent, il faut toujours deman-der immédiatement l’intervention du SMUR au centre 100.

6.6G r o s s e s s e e t a c c o u c h e m e n t i n o p i n éC h a p i t r e 6

Page 281: Manuel Belge Almbulanciers

Q U E F A I R E L O R S D ’ U N A C C O U C H E M E N T I N O P I N É ?

Pour le transport, il faut toujours coucher la maman en positionlatérale de sécurité gauche. Si une femme enceinte est couchée sur lecôté droit, le fœtus va comprimer la veine cave inférieure et empêcherale retour du sang vers le cœur. Cela aura comme conséquence une chutede la pression artérielle.

Si l’accouchement doit s’effectuer sur place, préparez l’arrivée du SMUR.Mettez des gants, couchez la maman dans une position confortable sur lelit ou sur le brancard. Soutenez le dos avec des coussins. Installez desdraps stériles et préparez le set d’accouchement. Un accouchement estnormalement un processus naturel et non une urgence médicale.

L’équipe médicale du SMUR aidera la parturiente comme suit: • Accompagnement de la tête de l’enfant.• Aspiration du méconium de la bouche du nouveau-né et administration

d’oxygène à celui-ci.• Dès le dégagement de la tête, vérifiez que le cordon ombilical n’est

pas enroulé autour du cou.S’il n’est pas possible de dégager le cordon ombilical enroulé autour dela tête, l’équipe médicale le coupera entre deux pinces vasculairesposées sur le cordon.

• Une pression douce sur la tête en direction du siège de la maman déga-gera une épaule de l’enfant; ensuite un appui vers le haut dégageral’autre épaule. Le corps de l’enfant suivra ensuite aisément.

• Le nouveau-né est enveloppé dans un drap. Un nouveau-né se refroidittrès facilement.

• Le médecin clampera le cordon et le coupera dès que l’enfant sera né.

Si l’accouchement a lieu très rapidement avant l’arrivée du SMUR, vousdevrez agir, en tant qu’ambulancier, comme suit:• Soutenez l’enfant au fur et à mesure de son dégagement. N’appuyez pas

sur la tête.• Ne laissez pas tomber l’enfant. Un nouveau-né est glissant.• Enveloppez l’enfant dans un drap pour le protéger du refroidissement.• Couchez le nouveau-né sur le ventre de sa mère.• Dès que le bébé pleure, clampez le cordon. Employez pour cela une pin-

ce ou un cordon stérile. Liez le cordon à 10 cm du ventre de l’enfant. Necoupez pas le cordon. Attendez l’arrivée du SMUR.

• Si l’enfant ne pleure pas ou semble dormir, stimulez-le de petites tapessur la plante des pieds.

• Ne tirez jamais sur le cordon; laissez la délivrance se faire spontanément.• Recueillez le placenta dans un bassin réniforme et emmenez-le à

l’hôpital.

6.7G r o s s e s s e e t a c c o u c h e m e n t i n o p i n éC h a p i t r e 6

Page 282: Manuel Belge Almbulanciers

Q U E L Q U E S P R O B L È M E S R E N C O N T R É SA U C O U R S D E L ’ A C C O U C H E M E N T

Parfois, le cordon est enroulé autour du cou du nouveau-né. Si cette“circulaire” du cordon est lâche, il est facile de la faire passer au-dessusde la tête. Si la “circulaire” est serrée, il faudra couper le cordon entredeux pinces. Cela est un acte réservé à l’équipe médicale du SMUR.

Si le fœtus est encore en position haute dans la filière génitale, il existe unrisque pour que le cordon soit entraîné par l’écoulement des eaux: celas’appelle une “procidence du cordon”. Cela peut survenir lors d’une“présentation du siège”, durant laquelle l’enfant se présente avec les fes-ses en avant. Lors de la descente de l’enfant, ce cordon peut se coincer.N’essayez jamais de repousser le cordon. Couchez la maman sur le flancgauche avec la tête surélevée par rapport au bassin. Administrez del’oxygène au masque avec réservoir (10-15 l/min.) Transportez la mamanaussi rapidement que possible vers un service des urgences, cela enaccord avec le SMUR. Tranquillisez la mère pendant le transport. Deman-dez-lui de ne pas pousser et de respirer rapidement et superficiellement.

Lors d’une présentation par le siège, l’enfant ne descend pas la tête lapremière. Un bras, un pied ou les fesses du nourrisson peuvent apparaîtreen premier dans le vagin. Ne tirez jamais sur les membres qui sont dansle vagin. Administrez de l’oxygène et demandez à la maman de respirerrapidement et superficiellement. Transportez la maman aussi vite quepossible vers un service des urgences, en accord avec le SMUR. Durantle transport, placez la parturiente couchée sur le flanc gauche.

En cas de saignements importants, administrez de l’oxygène avec lemasque à réservoir (10-15 l/min.). Couchez la parturiente en positionlatérale de sécurité. Transportez la maman aussi rapidement que possi-ble, en accord avec le SMUR, vers un service des urgences.

6.8G r o s s e s s e e t a c c o u c h e m e n t i n o p i n éC h a p i t r e 6

Page 283: Manuel Belge Almbulanciers

6.3 Problèmes en cours de grossesse

P R O B L È M E S A U C O U R S D U P R E M I E R T R I M E S T R E

Extérieurement, au cours du premier trimestre, la grossesse n’est pasencore très visible. Demandez à la patiente depuis combien de semaineselle est enceinte.

Environ 1 grossesse sur 10 se termine dans les premières semaines parune fausse couche. Celle-ci se manifeste par un saignement vaginal. Plu-sieurs bandes hygiéniques seront nécessaires pour absorber le sang. Cespertes de sang peuvent s’accompagner de fortes douleurs abdominales.Ce saignement peut entraîner un choc.

Si une grossesse a été interrompue dans des circonstances illégales, parun avortement clandestin, il faudra toujours craindre des complica-tions. Hémorragies, choc et infections sont possibles.

Si l’ovule fécondé s’implante en dehors de la matrice (dans une trompe oudans la cavité abdominale), on parle de “grossesse extra-utérine”. Lagrossesse se déroule d’abord normalement mais, très rapidement, latrompe va se déchirer et un saignement va apparaître dans la cavitéabdominale; une douleur très forte survient, ainsi qu’un saignement vag-inal. La patiente présente des signes de choc. Toutefois, il arrive aussi quela perte de sang vaginale soit minime.

Lors d’un traumatisme au cours du premier trimestre, l’utérus estencore bien protégé par le bassin. Cependant une fracture du bassinpeut entraîner des lésions de l’utérus ou de l’embryon.

A l’occasion d’un accident, la patiente vous dira, généralement elle-même,qu’elle est enceinte.

Demandez depuis quand la patiente est enceinte.Signalez-le immédiatement, surtout lors d’un accident, à l’équipe médi-cale qui prend la patiente en charge. Interrogez la patiente et demandezsi des pertes de sang vaginales ou des douleurs abdominales sont pré-sentes. Soyez attentif aux signes de choc, surtout s’il existe des pertes desang.

Comment évaluer la situationlors du premier trimestre?

6.9G r o s s e s s e e t a c c o u c h e m e n t i n o p i n éC h a p i t r e 6

Page 284: Manuel Belge Almbulanciers

Restez calme, ce qui calmera la patiente et l’entourage.Prenez immédiatement les mesures appropriées en cas de choc.Après chaque accident, aussi banal soit-il, essayez de convaincre cespatientes de se laisser examiner au service des urgences.Administrez de l’oxygène pendant le trajet vers l’hôpital (10-15 l/min.). Sivous suspectez des lésions de la colonne cervicale ou du dos, immobili-sez le cou à l’aide d’une minerve et transférez la patiente sur le matelasà dépression en la manipulant avec précaution. Tentez de positionner lapatiente, dans la mesure du possible, en position latérale de sécuritégauche.

P R O B L È M E S D U D E U X I È M E T R I M E S T R E

Les accidents traumatiques constituent la majorité des problèmes dudeuxième trimestre. La matrice dépasse déjà le niveau du nombril de 5 cm vers le haut. La matrice et le placenta peuvent être sérieusementendommagés par un choc avec un objet contondant.Les fausses couches ne sont plus tellement fréquentes au cours de cettephase. Si elles surviennent, elles s’accompagnent de pertes de sang abon-dantes.

Demandez l’âge de la grossesse.Demandez à la patiente si elle ressent des douleurs dans le bas-ventre etsi elle présente des pertes de sang vaginales.Il ne vous appartient pas de contrôler la perte de sang vaginale. Trans-mettez cependant les plaintes de la patiente à l’équipe médicale.

En cas de traumatisme, ce problème doit toujours être considéré commesérieux.

Calmez la patiente.En cas de saignement vaginal, mettez à la disposition de la patiente desbandes hygiéniques qu’elle pourra appliquer elle-même. Au moindresigne de choc, appelez immédiatement le SMUR. Traitez le choc.Administrez de l’oxygène pendant le trajet vers l’hôpital (10-15 l/min.) Si vous suspectez des lésions de la colonne cervicale ou dorsale, immo-bilisez la colonne à l’aide d’une minerve et transférez la patiente d’un seulbloc sur le matelas à dépression. Si cela est possible, essayez d’installeret de transporter la patiente en position latérale de sécurité gauche.Un transport rapide est indiqué.Transportez toujours la patiente dans un hôpital, même si l’accidentparaît bénin.

Comment faire face aux problèmes

du deuxième trimestre?

Comment évaluer la situationlors des problèmes

du deuxième trimestre?

Comment faire face auxproblèmes du premier trimestre?

6.10G r o s s e s s e e t a c c o u c h e m e n t i n o p i n éC h a p i t r e 6

Page 285: Manuel Belge Almbulanciers

P R O B L È M E S D U T R O I S I È M E T R I M E S T R E

Au cours du troisième trimestre, la matrice remonte jusqu’en dessous descôtes. Les problèmes les plus fréquents sont les hémorragies vaginales,l’éclampsie et les traumatismes.

Dans la deuxième moitié de la grossesse, presque tous les saignementsvaginaux proviennent du placenta. L’hémorragie peut être très importanteet provoquer un choc. N’essayez pas d’arrêter l’hémorragie. Appelez leSMUR. Commencez le traitement du choc: administrez de l’oxygène aumasque à réservoir (10-15 l/min.). Couchez la patiente en position laté-rale de sécurité gauche et transportez-la, en accord avec le SMUR, aus-si rapidement que possible à l’hôpital.

Vers la fin de la grossesse, la pression artérielle de la mère peut aug-menter au point qu’un œdème cérébral peut survenir; cela peut entraînerdes convulsions. Ce sont les “convulsions de la grossesse” ou“l’éclampsie”. Traitez les convulsions comme toutes les autres con-vulsions. Demandez immédiatement l’intervention du SMUR et assurezun transport rapide.

Un traumatisme peut entraîner des hémorragies internes importantes,comme durant le deuxième trimestre. Demandez toujours l’âge de lagrossesse de la patiente. Surveillez l’apparition de signes de choc et depertes de sang vaginales. Chaque accident dont est victime une femme enfin de grossesse, doit être considéré comme sérieux.Appelez le SMUR dès les premiers signes de choc.Administrez de l’oxygène au masque à réservoir (10-15 l/min.).Couchez la patiente sur le flanc gauche. S’il existe des indices de lésionsde la colonne cervicale ou dorsale, immobilisez le cou avec une minerveet le dos avec le matelas à dépression. Roulez la patiente en un seul blocen position latérale de sécurité gauche.

Une aide adéquate, rapide et mesurée, peut sauver la vie de la mère et del’enfant.

3.3

6.11G r o s s e s s e e t a c c o u c h e m e n t i n o p i n éC h a p i t r e 6

Page 286: Manuel Belge Almbulanciers

6.12G r o s s e s s e e t a c c o u c h e m e n t i n o p i n éC h a p i t r e 6

R É S U M É D U C H A P I T R E 6

La majorité des accouchements se déroulent spontanémentde manière parfaite.Rassurez la maman et emmenez-la vers un hôpital.Surveillez l’état de conscience, la respiration, l’état circu-latoire de la patiente.Surveillez l’apparition de signes de choc, donnez de l’oxy-gène.Si l’accouchement est imminent ou déjà commencé, appe-lez toujours un SMUR en renfort.Si l’accouchement est terminé, transportez l’enfant sur leventre de sa mère, surveillez sa respiration, la liberté de sesvoies respiratoires et protégez la mère et l’enfant du froid.

Page 287: Manuel Belge Almbulanciers

1 LE C O R P S H U M A I N

2 LE S P R E M I È R E S M I N U T E S

3 LE S A F F E C T I O N S À R I S Q U E V I TA L

4 LE PAT I E N T T R AU M AT I S É

5 MA L A D I E S E T I N TOX I C AT I O N S

6 GR O S S E S S E E T AC C O U C H E M E N T I N O P I N É

7 L’E N FA N T E N D É T R E S S E

8 UR G E N C E S P R OV O Q U É E S PA R AG E N T S P H YS I Q U E S

9 UR G E N C E S P S YC H I AT R I Q U E S

10 LE T R A N S P O R T D U PAT I E N T

11 LE S C ATA S T R O P H E S

12 OR G A N I S AT I O N D E L’A I D E M É D I C A L E U R G E N T E

13 TE C H N I Q U E S

14 SU P P L É M E N T S

15 VO C A B U L A I R E

Page 288: Manuel Belge Almbulanciers

CONTENU

7.1 Introduction

7.2 Les premières minutes chez l’enfant en détresse

7.3 Cas particuliers

7L’ENFANT

EN DETRESSE

Page 289: Manuel Belge Almbulanciers

7.1 Introduction

Lorsque des enfants sont en détresse, il existe souvent, pour l’ambulan-cier, de nombreuses causes d’hésitation et ces circonstances sont plusdéstabilisantes pour vous. La prise en charge d’enfants malades ou bles-sés n’est pas facile et requiert du doigté, en plus des connaissancestechniques.Les enfants ne sont pas de “petits adultes”. Ils présentent des différencespsychiques et physiques importantes qui doivent être connues de l’ambu-lancier.Dans ce chapitre, nous traiterons surtout de ces différences spécifiques.N’oubliez pas cependant que les principes de base restent les mêmes: unproblème respiratoire est un problème respiratoire, chez l’enfant commechez l’adulte.

C O M M E N T V O U S C O M P O R T E R V I S - À - V I SD ’ U N E N F A N T ?

La prise en charge du patient a été exposée au chapitre 2: “ Les premiè-res minutes”. Chez l’enfant, vous devez suivre le même schéma directeurque celui décrit dans l’algorithme. Si des enfants sont dans une situationde détresse médicale urgente, il vous faudra, aussi, tenir compte desparents ou d’autres personnes qui auraient la charge de ces enfants.

Lorsque vous réaliserez l’évaluation secondaire chez un enfant cons-cient, il vous faudra accorder une attention particulière aux aspects psy-chologiques. Les enfants ne comprennent pas bien ce qui leur arrive et nesont pas toujours capables d’exprimer clairement ce qui ne va pas. Toutest décidé, de l’extérieur, par “les grands”, sans les consulter.Un enfant sera anxieux, craindra la vue du sang, la douleur, la possibleséparation d’avec ses parents, ...Par ailleurs, dans ses contacts avec le personnel médical, un enfantn’aura pas toujours vécu des expériences heureuses. La blouse blancheest souvent mise en relation avec la douleur et “les piqûres”.

L’enfant a souvent le sentiment qu’une maladie ou un accident a étéprovoqué par quelque chose qu’il ne pouvait pas faire; et il vit l’événementcomme une punition. Vous devez tenir compte de toutes ces causes defrayeur et d’angoisse; agissez comme suit:

• Soyez calme, aimable et patient.• Si l’enfant est conscient, demandez-lui comment il s’appelle, et appelez-le

par son prénom. Et pourquoi ne pas lui demander, par exemple, le nomde sa peluche ou de sa poupée?

7.2L ’ e n f a n t e n d é t r e s s eC h a p i t r e 7

Page 290: Manuel Belge Almbulanciers

• Dites clairement que vous venez pour l’aider, que votre intervention n’arien d’une “punition”.

• Respectez l’enfant: posez vos questions d’abord à l’enfant, et ensuite auxparents. Restez honnête avec l’enfant: dites-lui toujours ce que vous allezfaire et prévenez-le si ces gestes risquent de provoquer une douleur. Lorsde la pose d’une attelle, par exemple, prévenez l’enfant. Donnez desréponses simples et compréhensibles aux questions que la petite victi-me pose.

• Laissez l’enfant, dans la mesure du possible, en présence d’une personneen qui il a confiance. Ce rôle est tenu de préférence par les parents, maisseulement dans le cas où ces derniers ne sont pas eux-mêmes tropdéstabilisés par l’accident.

Adaptez-vous toujours à l’âge de l’enfant:• Laissez pleurer les bébés et les bambins. C’est leur seul moyen de dé-

fense. Présentez-leur éventuellement quelque chose qui puisse les dis-traire: un jouet ou une peluche. Continuez à leur parler gentiment etdoucement. Si cela est possible, ne les couchez pas sur un grand bran-card, mais prenez-les sur vos genoux.

• Les enfants plus grands, les enfants en âge d’école sont curieux. Expli-quez-leur, en termes simples, ce que vous faites et pourquoi. Laissez-less’impliquer dans votre action, si cela est possible. Montrez-leur le maté-riel que vous utilisez: le coffre de pansements, l’éclairage de l’ambulan-ce... Laissez-les prendre avec eux un objet familier: une peluche ou uncartable.

• Les grands enfants font confiance à l’ambulancier. Respectez leurs sou-cis de ne pas transmettre certains détails aux parents. Les donnéesimportantes seront transmises au service des urgences, et le médecindécidera s’il doit en informer ou non les parents.

C O M M E N T F A U T - I L S E C O M P O R T E R V I S - À - V I S D E S P A R E N T S O U D E S P E R S O N N E SQ U I O N T L A C H A R G E D E S E N F A N T S ?

Les parents ou les personnes qui ont la charge des enfants sont généra-lement très inquiets lorsque quelque chose survient. Ces conséquencesd’un accident ne sont pas toujours prévisibles. Ces personnes peuventréagir de manière excessive ou développer une réelle panique. L’entou-rage peut avoir tendance à surévaluer la gravité de la situation, et peutdécrire celle-ci exagérément, pour accélérer l’intervention des secours. Ilarrive aussi que des sentiments de culpabilité jouent un rôle: “Si j’avais étéplus attentif, cela ne serait pas arrivé.” • Restez calme et patient.• Ne réagissez pas à des reproches ou à des agressions.• N’exprimez pas de reproches (“Pourquoi avez-vous attendu aussi long-

temps pour?...”)

7.3L ’ e n f a n t e n d é t r e s s eC h a p i t r e 7

Page 291: Manuel Belge Almbulanciers

• Calmement, posez correctement les questions nécessaires: “Que s’est-il passé? Quand est-ce arrivé? L’enfant est-il malade? L’enfant a-t-ilreçu des médicaments?” Etc.

• Expliquez ce que vous faites, les raisons de votre action.• Si les parents sont paniqués, confiez-leur une tâche pour occuper leur

esprit. Demandez-leur, par exemple, de rassembler les flacons de médi-caments vides ou de chercher le carnet de mutuelle, etc. Tentez demaintenir le contact avec une tierce personne plus calme. Expliquez clai-rement vers quel hôpital l’enfant est transporté et permettez à un desparents de vous accompagner. Demandez aux parents de se munir deleur carte d’identité et du carnet de mutuelle. Déconseillez-leur de sui-vre l’ambulance, mais conseillez-leur plutôt de se rendre, calmement eten sécurité, à l’hôpital où vous emmenez leur enfant.

Q U E L L E S S O N T L E S D I F F É R E N C E SM É D I C A L E S I M P O R T A N T E S E N T R E L ’ E N F A N T E T L ’ A D U L T E ?

Sachez d’abord que chez les enfants, on distingue trois groupes d’âge:• les bébés et les nourrissons: ils ont moins de 12 mois; • les jeunes enfants: ils ont entre 1 et 8 ans; • les adolescents ou jeunes adultes: ils sont âgés de plus de 8 ans et de

moins de 14 ans.

• Un enfant possède une quantité de sang inférieure à celle d’un adul-te. Il peut donc développer un état de choc par perte de sang, même lorsde lésions relativement minimes et une hémorragie mortelle peut sur-venir plus facilement.

7.4L ’ e n f a n t e n d é t r e s s eC h a p i t r e 7

175cm

0cm

FIG. 7.1.

DIFFÉRENCES ANATOMIQUES

ENTRE L’ENFANT ET L’ADULTE

Légende: Proportionnellement aureste du corps, la tête d’un enfantest plus grande que celle d’un adulte.

Page 292: Manuel Belge Almbulanciers

• Un enfant présente un rythme cardiaque plus rapide que celui d’unadulte. Alors que le rythme cardiaque normal d’un adulte est de ± 80pulsations par minute, le rythme moyen d’un bébé est de ± 130 pulsa-tions par minute. Chez le jeune enfant, la moyenne est de 100 pulsationspar minute.

• La tête est, par rapport au reste du corps, relativement plus grosse chezl’enfant que chez l’adulte. Lors d’une chute, l’enfant court donc plus derisques de tomber sur la tête.

• Un enfant possède des voies respiratoires plus étroites qui présententplus de zones de tissus mous. Les ouvertures de l’œsophage et de latrachée sont plus rapprochées que chez l’adulte. Par conséquent, les ris-ques d’asphyxie par obstruction de ces voies respiratoires plus étroites(morceau de nourriture, cacahuète, ...) sont, par conséquent, relative-ment plus fréquents.

Les enfants présentent un rythme respiratoire plus rapide que celui del’adulte. Un bébé respire ± 40 fois par minute, un enfant ± 25 fois parminute, un adulte ± 20 fois par minute.Les enfants, par comparaison aux adultes, perdent plus rapidement desliquides (par la transpiration, une diarrhée, ...) et risquent donc de sedéshydrater plus rapidement.

7.5L ’ e n f a n t e n d é t r e s s eC h a p i t r e 7

Page 293: Manuel Belge Almbulanciers

7.2 Les premières minutes d’interventionchez l’enfant en détresse

Les principes de base décrits dans le chapitre 2 restent d’application:évaluez la situation dans son ensemble, veillez d’abord à votre propresécurité, dirigez-vous ensuite vers le petit patient.

L ’ É V A L U A T I O N P R I M A I R E

Chez l’enfant, vous réalisez aussi une évaluation primaire: vous contrôlezles fonctions vitales selon la procédure ABC.

1. LE BÉBÉ OU L’ENFANT EST-IL CONSCIENT?

Parlez au bébé ou à l’enfant. Appelez-le par son prénom. Demandez àl’enfant de bouger ou de réaliser quelque chose de précis. Battez desmains près de la figure d’un bébé. Si vous ne constatez pas de réaction,réalisez une stimulation, par exemple: chatouillez la plante des pieds. Sil’enfant ne réagit pas à ces stimuli, vous pouvez conclure à l’inconscience.Si l’enfant est conscient, essayez de lui parler. Poursuivez par le contrô-le de la respiration et du pouls.

2

7.6L ’ e n f a n t e n d é t r e s s eC h a p i t r e 7

PATIENTCRITIQUE

NON CRITIQUE

évaluation primaire rapide

consciencevoies respiratoiresrespirationcirculation

EVALUATION PRIMAIREDU PATIENT

QUAND MEMECRITIQUE

RéanimationCardioPulmonaire

+ oxygène(hémostase)(collier cervical)

SMUR

SECURITE

récapitulation détailléede la première évaluationEPADONO et GCSvoies respiratoiresrespirationcirculation

+ oxygène(hémostase)(collier cervical)

FIG. 7.2

EXAMEN PRIMAIRE DE L’ENFANT

Page 294: Manuel Belge Almbulanciers

2. LE S VO I E S R E S P I R ATO I R E S S O N T-E L L E S D É G AG É E S?

Si vous suspectez une obstruction des voies respiratoires par un corpsétranger, procédez comme décrit au chapitre 3. N’enlevez que les corpsétrangers visibles et ne pratiquez pas une tentative de nettoyage avec lesdoigts. Dégagez les voies respiratoires en basculant la tête et en réalisantune élévation antérieure du menton. Ne basculez pas la tête trop fort.

3. UNE VENTILATION DOIT-ELLE ^ETRE RÉALISÉE?

Regardez, sentez et écoutez la respiration.Ventilez si nécessaire, en réalisant la ventilation artificielle bouche-à-nez.

4. LA CIRCULATION SANGUINE EST-ELLE EFFICACE?

Chez un bébé, on prend le pouls au niveau de l’artère brachiale ou dansle creux de l’aine:• Surélevez le bras.• Posez 2 à 3 doigts sur la face interne du bras, en plaçant le pouce sur la

face externe.• Il n’est pas réellement facile de palper l’artère brachiale. Contrôlez donc

avec insistance, avant de conclure à l’arrêt cardiaque chez un bébé (fig. 7.3).L’artère fémorale est palpée au moyen de trois doigts placés dans lecreux de l’aine du bébé (fig. 7.3).

• On mesure le rythme du pouls chez l’enfant comme chez l’adulte (vousl’avez appris au chapitre 3).

Si l’examen primaire le permet, vous pouvez passer à l’évaluation secon-daire et réaliser le transport.

3.1

7.7L ’ e n f a n t e n d é t r e s s eC h a p i t r e 7

FIG. 7.3

PRISE DU POULS CHEZ UN ENFANT

Au niveau du bras. Au niveau de l’aine.

Page 295: Manuel Belge Almbulanciers

7.3 Cas par ticuliers

L ’ E N F A N T E N D É T R E S S E R E S P I R A T O I R E

Les enfants présentent plus rapidement des problèmes respiratoires queles adultes, ils possèdent en effet des voies respiratoires plus étroiteset une plus petite réserve d’air inspiré.La trachée du bébé ou du jeune enfant est constituée de cartilage mou.Si vous basculez la tête trop fort, trop loin en arrière, vous pouvez com-primer la trachée par la poussée des tissus qui l’environnent.La langue des enfants est relativement grande et peut facilement bloquerles voies respiratoires supérieures en s’affaissant dans la gorge.Dès que vous remarquez qu’un enfant présente des difficultés respira-toires, vous devez en rechercher la cause aussi rapidement que possible.

Quelles sont les causes de difficultés respiratoires?

Des bonbons, des billes ou des yeux d’animaux en peluche sont parfoispris et sucés en bouche; ils constituent un réel danger d’obstruction desvoies respiratoires. Dans ces circonstances, un enfant en bonne santé quiétait en train de jouer peut présenter, brutalement, une détresse respira-toire.Si vous constatez une obstruction des voies respiratoires, agissez commedécrit dans le chapitre 3. Si, en présence d’une dyspnée, vous ne cons-tatez pas d’obstruction évidente des voies respiratoires, n’en effectuez pasles manœuvres de dégagement, car celles-ci peuvent être dangereusespour l’enfant.

Le croup (diphtérie) est une maladie provoquée par une bactérie. Lecroup est dangereux car, dans cette maladie, il se forme des membranesdans la gorge. Celles-ci obstruent les voies respiratoires, ce qui peut en-traîner, finalement, une asphyxie. Suite à la vaccination de tous lesenfants, la diphtérie est devenue rare dans notre pays. Cependant, cettemaladie peut encore se rencontrer chez des immigrants en provenance depays où l’obligation de vaccination est inexistante ou peu appliquée.Il existe également un “faux croup”. Ceci est une inflammation moinsdangereuse des voies respiratoires. On l’appelle également “laryngitestriduleuse”, car cette inflammation provoque un rétrécissement dularynx. Pendant la journée, le pseudo-croup ne donne que peu de pro-blèmes, mais pendant le sommeil les signes de détresse s’aggravent et lesvoies respiratoires peuvent s’obstruer. On entend alors un bruit caracté-

Inflammation des voiesrespiratoires supérieures.

3.1

L’obstruction par un corps étranger.

7.8L ’ e n f a n t e n d é t r e s s eC h a p i t r e 7

Page 296: Manuel Belge Almbulanciers

ristique durant l’inspiration que l’on appelle “stridor”. L’enfant présenteparfois une toux aboyante.

L’enfant se sent mieux dans une ambiance chaude et humide (commedans la salle de bains). Les parents auront probablement déjà reçu ceconseil de leur médecin traitant.

Cette maladie apparaît suite à une infection par une bactérie. Celle-ci en-traîne une inflammation de l’épiglotte et la fait gonfler, ce qui provoqueune obstruction des voies respiratoires. L’enfant est très malade et respiredifficilement. On entend dans ce cas également le bruit typique du“stridor inspiratoire”. L’enfant présente de la douleur à la dégluti-tion, ainsi qu’une fièvre élevée. Parfois l’enfant présente de telles diffi-cultés à avaler qu’il laisse de la salive s’écouler de la bouche.

Il est important de distinguer ces problèmes inflammatoires des autresdifficultés respiratoires, provoquées par de petits objets de l’environne-ment de l’enfant. La présence de ceux-ci permet de penser à une obstruc-tion mécanique des voies respiratoires.

L’asthme est très fréquent chez l’enfant et le jeune adulte, surtout dansun contexte allergique (poussière de maison, pollen, graminées, alimen-tation...)La peur et les émotions favorisent les crises d’asthme. Le contact avecune substance à laquelle l’enfant est allergique (l’allergène) engendre unrétrécissement des petites bronches et ceci entraîne une difficulté expi-ratoire. L’expiration est prolongée au-delà de la normale et s’accompagnede bruits piaulants. Si la crise d’asthme est sévère et persiste (étatasthmatique), une détresse respiratoire dangereuse s’installe.Apprenez à faire la différence: les problèmes sont nettement expiratoiresdans le cas de l’asthme, alors que dans les cas de laryngite et d’épiglot-tite, c’est l’inspiration qui est difficile.

Asthme

Epiglottite

7.9L ’ e n f a n t e n d é t r e s s eC h a p i t r e 7

FIG. 7.4.

Laryngite: inflammation au niveau du larynx.

Epiglottite: inflammation au niveau de l’épiglotte.

Page 297: Manuel Belge Almbulanciers

Comment évaluer la détresse respiratoire chez l’enfant?

Contrôlez la conscience, la respiration et la circulation (ABC) commedécrit dans l’examen primaire rapide (chapitre 2). Commencez immé-diatement une réanimation si cela est nécessaire (chapitre 3).Si le petit patient est encore conscient et que la respiration et la circula-tion sont correctes, vous pouvez commencer l’évaluation primaireapprofondie. Dans le cas des détresses respiratoires, votre rechercheportera sur les mêmes points que ceux que nous avons déjà décrits à pro-pos des difficultés respiratoires: la conscience est-elle altérée? Utilisezl’échelle EPADONO. Lors de difficultés respiratoires importantes, l’enfantpeut être obnubilé. De plus, l’enfant est parfois fortement agité.Mesurez la fréquence respiratoire. Elle peut être trop basse ou tropélevée. Ecoutez les bruits de la respiration: des sifflements à l’expirationindiquent de l’asthme, tandis que le stridor à l’inspiration indique le pseu-do-croup ou une épiglottite.Observez la coloration de l’enfant. Est-il pâle? Voyez-vous une cyano-se?Au cours de l’évaluation secondaire, vous interrogez les parents ou lesmembres de la famille au sujet des antécédents de l’enfant et vousdemandez si l’enfant prend des médicaments. Emportez toujours cesmédicaments au service des urgences.

L ’ A L T É R A T I O N D E L A C O N S C I E N C E C H E Z L ’ E N F A N T

Plusieurs affections peuvent altérer l’état de conscience d’un enfant. Uneméningite (inflammation des méninges) ou une septicémie (infectiongénéralisée dans le sang) peuvent modifier l’état de conscience. Certainesintoxications ou certains accidents peuvent diminuer l’état de conscience.Comme ambulancier, il vous est difficile de poser un diagnostic précis.Recherchez cependant certains signes importants.

Comment évaluer l’altération de l’état de conscience?

Observez les circonstances dans lesquelles vous trouvez l’enfant. Signesde traumatisme? Signes d’intoxication?Vérifiez si l’enfant réagit aux ordres simples. Déterminez l’échelleEPADONO (chapitre 2).Estimez la température de la peau de la petite victime. Demandez desinformations aux parents ou aux témoins: par exemple, quels sont lesmédicaments que l’enfant prend habituellement?

2.2

5.1

7.10L ’ e n f a n t e n d é t r e s s eC h a p i t r e 7

Page 298: Manuel Belge Almbulanciers

Comment agir chez un enfant qui présente une altération de l’état de conscience?

L’abord de l’enfant inconscient est identique à celui de l’adulte inconscient.

• Contrôlez les fonctions vitales.• Dégagez les voies respiratoires.• Administrez de l’oxygène.• Demandez l’intervention du SMUR.• Transportez l’enfant vers l’hôpital tout en surveillant les fonctions

vitales.• Emportez à l’hôpital les éventuels médicaments pris par l’enfant.

L ’ E N F A N T Q U I P R É S E N T E D E S C O N V U L S I O N S

Les convulsions peuvent avoir des causes diverses. L’enfant peut, commeun adulte, être atteint d’épilepsie. Chez les enfants, les convulsions liéesà la fièvre sont très fréquentes. Un enfant diabétique en hypoglycémiepeut présenter des convulsions.

Quelles sont les causes de convulsions chez les enfants?

Les enfants peuvent, comme les adultes, souffrir de diverses formesd’épilepsie. Seule la forme généralisée de l’épilepsie (la crise “grandmal”) est importante dans la pratique de l’ambulancier. En effet, cette for-me de crise peut être une menace vitale sérieuse, ou du moins, laisser desséquelles permanentes importantes.

Chez les enfants de moins de 5 ans, les convulsions liées à la fièvre sontfréquentes. Environ 4 à 6% des enfants présentent une crise de convul-sions au cours de leurs premières années. Quarante pour-cent de ces con-vulsions sont des convulsions d’hyperthermie. Ces crises sont plus fré-quentes dans certaines familles où elles peuvent atteindre un tiers desenfants.La cause en est souvent une infection accompagnée de poussées brus-ques de température. Les convulsions durent rarement plus de 15 minu-tes. Ces crises de convulsions disparaissent avec l’âge.

Cette forme de crise convulsive peut aussi être provoquée par une hypo-glycémie chez l’enfant diabétique.

Convulsions hypoglycémiques.

Les convulsions causées par la fièvre.

L’épilepsie.

7.11L ’ e n f a n t e n d é t r e s s eC h a p i t r e 7

Page 299: Manuel Belge Almbulanciers

Comment faire face à un enfant qui présente des convulsions?

Comme pour l’adulte, commencez par réaliser une évaluation générale dela situation du patient atteint de convulsions (chapitre 5).Lorsque l’enfant convulse encore au moment de votre arrivée:• Couchez l’enfant sur le sol, pour qu’il ne puisse pas se blesser en tombant.• Demandez l’intervention du SMUR.• Ventilez si cela est nécessaire et administrez de l’oxygène au masque

avec réservoir (4- 6 l/min.). Interrogez la famille ou l’entourage: l’enfantest-il épileptique? A-t-il subi un traumatisme récent, comme une chute?Est-il diabétique? A-t-il de la fièvre?

Les convulsions d’hyperthermie nécessitent une prise en charge parti-culière:• Essayez de diminuer la fièvre en abaissant la température corporelle:

déshabillez l’enfant, aspergez-le d’eau tiède ou enveloppez-le dans deslinges humides.

• Couvrez l’enfant légèrement (avec un drap) et transportez-le vers le ser-vice des urgence. Contrôlez en permanence les paramètres vitaux.

• Attention: les convulsions d’hyperthermie sont aussi dangereuses queles autres convulsions.

Si la crise de convulsions liées à la fièvre dure plus de 3 minutes ou sil’enfant est encore en crise convulsive à votre arrivée (ce qui indique quel’accès dure déjà depuis longtemps), pensez plutôt à une vraie crised’épilepsie (état de mal épileptique). Appelez toujours le SMUR.

L A S Y N C O P E C H E Z L ’ E N F A N T

Une syncope ou un “évanouissement” est une perte de connaissance brè-ve suite à une diminution de la circulation au niveau du cerveau. L’éva-luation et la prise en charge d’une syncope sont expliquées au chapitre 5.

“ B R E A T H H O L D I N G S P E L L ” – “ S P A S M E D U S A N G L O T ”

Un “breath holding spell” (littéralement une “crise de retenir sa respira-tion”) peut survenir chez les enfants et les bambins, Ce genre de spasmearrive généralement au cours d’une crise de colère.Il est possible de reconnaître un spasme du sanglot aux caractéristiquessuivantes:L’enfant s’arrête de respirer après une expiration profonde et complète. Il devient cyanotique et pâle et peut perdre brièvement conscience.On observe parfois quelques contractions musculaires brèves qu’il ne fautpas confondre avec de véritables convulsions.La “crise” se termine spontanément et est toujours bénigne.

5.1

5.1

7.12L ’ e n f a n t e n d é t r e s s eC h a p i t r e 7

Page 300: Manuel Belge Almbulanciers

L A N O Y A D E ( O U “ P R E S Q U E N O Y A D E ” ) C H E Z L ’ E N F A N T

La noyade est, après les accidents de roulage et les tumeurs malignes, lacause de mortalité la plus importante chez les enfants de plus de 1 an. Lamoitié des victimes de noyade sont, en effet, âgées de moins de 15 ans etun tiers de celles-ci ont moins de 5 ans.

Comme chez les adultes, la noyade provoque chez les enfants un manqued’oxygène aigu, dû à l’invasion d’eau dans les poumons (“noyade hum-ide”) ou à des spasmes du larynx (“noyade sèche”).On parle de “presque noyade” lorsque le patient survit dans les pre-miers moments à la noyade. Cependant, des complications tardives peu-vent survenir à cause de lésions pulmonaires nerveuses anoxiques.

Que faire en face d’une noyade d’enfant?

Utilisez les techniques de réanimation adéquates telles qu’elles ont étédécrites au chapitre 3. En particulier:• Laissez vomir l’eau.• Soyez attentif aux lésions des vertèbres cervicales. Adaptez votre tech-

nique à cette éventualité.• Prolongez la réanimation si le patient est en hypothermie suite au con-

tact avec l’eau froide.

Un enfant peut avoir ingéré de grandes quantités d’eau. S’il vomit aucours de la réanimation, vous devez dégager les voies respiratoires entournant la tête, cela en aspirant.

L ’ E N F A N T T R A U M A T I S É

Les traumatismes constituent la première cause de décès chez l’enfant.Parmi ceux-ci, les accidents de la route restent la cause principale dedécès. D’autres enfants se blessent en jouant (vélos, skate board, cadresà grimper...). En effet, les enfants sont curieux et ils ne savent pas bienévaluer le danger. Ainsi, des enfants tombent, se brûlent ou sont écraséspar des objets lourds sur lesquels ils avaient grimpé. La maltraitancepeut également être la cause de lésions graves.

Une combinaison de lésions multiples est fréquente chez l’enfant renversépar une voiture:• Fractures du fémur ou des jambes.• Contusions du thorax ou de l’abdomen.• Lésions de la tête.

3

7.13L ’ e n f a n t e n d é t r e s s eC h a p i t r e 7

Page 301: Manuel Belge Almbulanciers

Comment prendre en charge un enfant traumatisé?

L’évaluation et le traitement d’un traumatisme sont en principe identiqueschez l’enfant et chez l’adulte.

• Evaluez d’abord la situation dans son ensemble, veillez à votre propresécurité. Décidez de la nécessité d’une éventuelle aide supplémentaire(police, pompiers, SMUR, autres ambulances).

• Lors de l’examen primaire, contrôlez l’état de la conscience, de larespiration et de la circulation. Si l’enfant se trouve dans un état critique,faites appel au SMUR.

• Soutenez les fonctions vitales si c’est nécessaire: ventilation, traitementdu choc, contrôle des hémorragies.

• Décidez de la nécessité de placer une minerve.• Administrez de l’oxygène au masque avec réservoir (15 l/min.).

Si la situation de l’enfant n’est pas critique, réalisez l’évaluation secon-daire:• Interrogez la petite victime et les témoins. Rassurez l’enfant.• Observez attentivement le petit patient et recherchez les lésions visibles.• Couvrez les plaies et immobilisez les fractures.• Surveillez continuellement les fonctions vitales. Faites toujours appel au

SMUR dans les cas d’asphyxie.• Transportez l’enfant à l’hôpital.

Les techniques utilisées pour le dégagement des voies respiratoires doi-vent être choisies en craignant particulièrement d’éventuelles lésions dela colonne cervicale. Utilisez, par exemple, la surélévation du menton,adaptée à l’enfant (chapitre 3).Le volume sanguin total de l’enfant est plus petit que celui de l’adulte. Uneperte de sang importante (visible ou interne, et par conséquent invisible)causera plus rapidement un état de choc. Par rapport aux adultes, lesenfants ont une tête proportionnellement plus grande et des muscles ducou proportionnellement moins développés. Toute lésion de la tête devradonc faire craindre une lésion de la colonne cervicale.

Quelles précautions particulièresla prise en charge d’un traumatis-me chez l’enfant demande-t-elle?

7.14L ’ e n f a n t e n d é t r e s s eC h a p i t r e 7

FIG. 7.5

IMMOBILISATION DE LA COLONNE

CERVICALE DANS UN SIEGE

D’AUTO POUR BÉBÉ.

Légende: lorsque vous craignezune lésion de la colonne cervicaleou du crâne, un siège d’auto pourbébé peut être utilisé pour immobi-liser le crâne et la colonne cervicale.Immobilisez la tête en employant un drap roulé et des bandages.

Page 302: Manuel Belge Almbulanciers

Placez une minerve chez tous les enfants qui présentent une plaie auniveau de la tête ou de la nuque, accompagnée d’une altération de l’étatde conscience. Si l’enfant se plaint de douleurs dans la nuque, de picote-ments dans les membres ou d’un déficit de mouvements, placez uneminerve. Choisissez une minerve de taille correcte. Il est possible d’immo-biliser la nuque en asseyant l’enfant dans un siège d’auto pour bébé.Stabilisez la tête de part et d’autre à l’aide de draps roulés. Si cela estnécessaire, un des sauveteurs peut soutenir la tête manuellement.On enlève un casque de moto d’enfant en employant la même techniqueque pour l’adulte (cfr chapitre 10).

L ’ E N F A N T M A L T R A I T É

La maltraitance d’enfants est rencontrée de plus en plus fréquemment.Elle se rencontre dans toutes les couches sociales mais elle est généra-lement cachée.La maltraitance d’enfants peut être la conséquence de l’incapacité desparents de résoudre certains problèmes personnels ou familiaux. La frus-tration causée par cette difficulté peut entraîner l’agression d’un ou deplusieurs des enfants. Les formes de sévices sont très variées et consis-tent par exemple à frapper et secouer violemment l’enfant, à brûler ouabuser de lui sexuellement.Dans d’autres situations, les enfants sont négligés; ils sont privés denourriture ou de boisson, on ne s’occupe plus d’eux, on ne les cajole plus.Les signes suivants peuvent évoquer la maltraitance:• L’enfant présente des lésions et des blessures diverses. On constate

fréquemment la présence simultanée d’anciennes et de nouvelles bles-sures. L’accident qui est à l’origine de l’appel au centre 100 peut avoir eulieu plusieurs jours auparavant.

• L’enfant et/ou les parents ont un comportement bizarre. Les parents,par exemple, ne sont pas intéressés par l’état de leur enfant, donnent desexplications avec réticence et leurs explications paraissent invraisem-blables.

Il faut souligner qu’il s’agit toujours de soupçons et non de preuves demaltraitance. De toute façon, votre intervention doit rester irréprochable.

Comment vous comporter devant une suspicion de maltraitance d’enfant?

Prenez les choses en main en professionnel des soins de santé, occupez-vous d’abord des traumatismes comme décrit plus haut.Abordez l’enfant et les parents avec le tact nécessaire.Ecoutez ce que l’on vous explique et observez soigneusement la situation.Gardez vos observations pour vous, n’en faites pas part aux parents.Transmettez au médecin du service des urgences, discrètement, aussiclairement et aussi objectivement que possible, ce que vous avez enten-

10.3

7.15L ’ e n f a n t e n d é t r e s s eC h a p i t r e 7

Page 303: Manuel Belge Almbulanciers

du et observé. Le médecin prendra les mesures nécessaires pour la suiteet en discutera avec vous.Notez toutes les données collectées et les informations transmises survotre feuille de route, car cela peut avoir des implications médico-légales.

L E S I N T O X I C A T I O N S

Les accidents provoqués par des substances toxiques sont fréquentschez les enfants. Ces accidents surviennent dans la tranche d’âge de 1 à5 ans, et un peu plus fréquemment chez les garçons que chez les filles. A partir de l’âge de 10 ans, la fréquence des intoxications augmente ànouveau, surtout chez l’adolescent. Il s’agit alors, non pas d’accidents,mais de la prise volontaire de certaines substances.Les intoxications chez les enfants sont surtout provoquées par des pro-duits ménagers, des peintures, des dérivés de produits pétroliers et desmédicaments.La toxicité d’une substance dépend d’un certain nombre de facteurs: laquantité qui a été prise, le poids corporel de la petite victime, la maniè-re dont le produit a été mis en contact avec l’organisme.Il est parfois possible de déduire la quantité de produit qui a été absorbée,en vérifiant la quantité restante dans l’emballage. Cette notion de quan-tité, ainsi que la notion de temps écoulé depuis la prise de la substance,déterminent les symptômes qui apparaissent et orientent le traitement.Collectez ces informations essentielles avant de partir pour l’hôpital.N’oubliez surtout pas d’emporter les emballages vides et les restes desubstance suspecte à l’hôpital.

Que faire en présence d’une intoxication?

Le traitement est similaire, dans ses grandes lignes, à celui décrit pourl’adulte au chapitre 5.N’oubliez pas cependant que la même quantité de produit peut avoir desconséquences beaucoup plus graves chez l’enfant que chez l’adulte.Dans le cas de l’ingestion par la bouche, les mêmes conseils que chezl’adulte (chapitre 5) sont d’application. Veillez à ce que l’enfant ne vomis-se pas après la prise de substances corrosives.Le traitement de l’intoxication oxycarbonée chez l’enfant est identique àcelui de l’adulte.

5.2

7.16L ’ e n f a n t e n d é t r e s s eC h a p i t r e 7

Page 304: Manuel Belge Almbulanciers

L A “ M O R T S U B I T E D U N O U V E A U - N É ”

On parle de “mort subite du nouveau-né” (en anglais “Sudden InfantDeath Syndrome “ ou SIDS) lorsqu’un bébé décède d’un arrêt respiratoiredans son sommeil, cela sans aucun signe prémonitoire de maladie ou demalformations congénitales.La cause précise de la mort subite du nouveau-né n’est pas connue com-plètement. On pense que le sommeil en position ventrale ou l’emploi decouvertures trop épaisses pourraient jouer un rôle. Si, dans une famille,un enfant est décédé de “mort subite du nourrisson”, on prend des pré-cautions particulières pour les autres enfants.La seule aide possible à un bébé en arrêt respiratoire et cardiaque est laréanimation. Demandez toujours dans ce cas l’assistance du SMUR. Nous vous renvoyons au chapitre 3 pour la description des techniques deréanimation pour les bébés et les enfants.Au moment de votre arrivée, le bébé est souvent déjà décédé. La réani-mation ne sera donc pas souvent efficace. Si vous observez des lividitéscadavériques, il n’est plus utile de tenter une réanimation.Les parents qui viennent de vivre un tel drame doivent être entourés etaidés.

3

7.17L ’ e n f a n t e n d é t r e s s eC h a p i t r e 7

Page 305: Manuel Belge Almbulanciers

7.18L ’ e n f a n t e n d é t r e s s eC h a p i t r e 7

R É S U M É D U C H A P I T R E 7

Dans votre pratique d’ambulancier, vous devez vous rap-pelez que les enfants ne sont pas “de petits adultes”.L’enfant présente des différences psychiques et physiquespar rapport à l’adulte.L’évaluation primaire reste cependant la même que chezl’adulte:• Surveillance de l’état de conscience• Surveillance de l’état respiratoire• Surveillance de l’état circulatoire

Soyez calme, respectez l’enfant.Calmez les parents, demandez leur un maximum d’infor-mations.Rappelez-vous, durant le transport, que les enfants souf-frent beaucoup plus vite d’hypothermie que l’adulte.

Page 306: Manuel Belge Almbulanciers

1 LE C O R P S H U M A I N

2 LE S P R E M I È R E S M I N U T E S

3 LE S A F F E C T I O N S À R I S Q U E V I TA L

4 LE PAT I E N T T R AU M AT I S É

5 MA L A D I E S E T I N TOX I C AT I O N S

6 GR O S S E S S E E T AC C O U C H E M E N T I N O P I N É

7 L’E N FA N T E N D É T R E S S E

8 UR G E N C E S P R OV O Q U É E S PA R AG E N T S P H YS I Q U E S

9 UR G E N C E S P S YC H I AT R I Q U E S

10 LE T R A N S P O R T D U PAT I E N T

11 LE S C ATA S T R O P H E S

12 OR G A N I S AT I O N D E L’A I D E M É D I C A L E U R G E N T E

13 TE C H N I Q U E S

14 SU P P L É M E N T S

15 VO C A B U L A I R E

Page 307: Manuel Belge Almbulanciers

1 LE C O R P S H U M A I N

2 LE S P R E M I È R E S M I N U T E S

3 LE S A F F E C T I O N S À R I S Q U E V I TA L

4 LE PAT I E N T T R AU M AT I S É

5 MA L A D I E S E T I N TOX I C AT I O N S

6 GR O S S E S S E E T AC C O U C H E M E N T I N O P I N É

7 L’E N FA N T E N D É T R E S S E

8 UR G E N C E S P R OV O Q U É E S PA R AG E N T S P H YS I Q U E S

9 UR G E N C E S P S YC H I AT R I Q U E S

10 LE T R A N S P O R T D U PAT I E N T

11 LE S C ATA S T R O P H E S

12 OR G A N I S AT I O N D E L’A I D E M É D I C A L E U R G E N T E

13 TE C H N I Q U E S

14 SU P P L É M E N T S

15 VO C A B U L A I R E

Page 308: Manuel Belge Almbulanciers

CONTENU

8.1 Brûlures

8.2 Noyade

8.3 Froid et chaleur

8.4 Irradiations

8URGENCES

PROVOQUEESPAR AGENTSPHYSIQUES

Page 309: Manuel Belge Almbulanciers

8.1 Brûlures

G É N É R A L I T É S

Dans notre pays, trois mille personnes sont hospitalisées chaque annéepour des brûlures. Les liquides chauds sont à l’origine de ces brûluresdans la grande majorité des cas. Ceci est particulièrement fréquent chezles enfants (fig. 8.1).Un ambulancier doit être capable d’évaluer le degré de gravité des brû-lures et administrer les premiers soins.Après son admission dans le service des urgences de l’hôpital le plus pro-che, on décidera parfois de transférer le brûlé vers un des six centres pourbrûlés de notre pays (C.H.U. Liège, U.Z. Leuven, IMTR Loverval, HôpitalMilitaire Neder-Over-Heembeek, A.Z. Stuivenberg Antwerpen, U.Z. Gent).

Que se passe-t-il lors d’une brûlure?

La peau est constituée de trois couches. Une chaleur élevée endomma-ge une ou plusieurs de ces couches. La peau est plus qu’une enveloppeinerte, il s’agit d’un organe à part entière qui nous protège contre lapénétration des germes et nous met à l’abri du dessèchement. La peaurègle notre température et assure les sensations du toucher et de per-ception de la douleur.Les brûlures sont provoquées par la chaleur, par exemple le contact avecune source de chaleur comme le feu ou des liquides chauds. Elles peuventégalement être provoquées par des produits chimiques, par électro-cution ou par le froid.

Comment évaluer la gravité des brûlures?

La gravité d’une brûlure est déterminée par la profondeur, l’étendue, lalocalisation de la brûlure; l’âge, l’état général et les autres lésions éven-tuelles de la victime sont aussi importants.On distingue 3 degrés en fonction de la profondeur de la brûlure.Une brûlure au premier degré atteint seulement la couche superficiellede l’épiderme. La surface atteinte est rouge, sèche, légèrement gonflée etdouloureuse. Une brûlure au premier degré typique est représentée parle coup de soleil.

1.2

8.2U r g e n c e s p r o v o q u é e s p a r a g e n t s p h y s i q u e sC h a p i t r e 8

FIG. 8.1

Page 310: Manuel Belge Almbulanciers

Une brûlure au deuxième degré atteint la face profonde de l’épider-me et également une partie du derme. Le derme n’est cependant pasencore détruit. Il y a des ampoules, qui sont douloureuses.Une brûlure au troisième degré pénètre jusque dans le derme. Les tissussous-jacents, comme les muscles, sont atteints. La peau est sèche et par-cheminée. Elle a changé de couleur et peut être brune et même noir-char-bon ou excessivement pâle. Ces plaies sont insensibles car les terminaisons nerveuses ont été détruites.Cependant les bords d’une brûlure du troisième degré relèvent plutôt desbrûlures du premier et du deuxième degré. Ces dernières sont douloureuses.

On estime la superficie des brûlures à l’aide de la “règle des 9”. On sub-divise la surface du corps en 11 parties qui couvrent environ 9 % de lasurface globale (cfr fig. 8.3). Chez les enfants et les nourrissons, lesvaleurs sont différentes car la tête occupe une surface relativement plusimportante.Les brûlures situées à des endroits critiques comme la face, les mains, lespieds et les parties génitales sont plus sérieuses car elles sont plus diffi-ciles à traiter. Les brûlures des voies respiratoires posent des problèmesparticuliers.Les très jeunes enfants et les personnes âgées constituent un groupe àrisque particulier.La gravité des brûlures est augmentée si l’état général de la victime estmauvais ou si les brûlures sont accompagnées d’autres lésions commedes fractures, des plaies ou une souillure par de la terre.

8.3U r g e n c e s p r o v o q u é e s p a r a g e n t s p h y s i q u e sC h a p i t r e 8

FIG. 8.2.

BRÛLURES AUX PREMIER,

DEUXIÈME ET TROISIÈME DEGRÉS

Brûlure au second degré:L’épiderme et le derme sont touchés,le décollement des structures est vi-sible (ampoule). Il faut parfois réali-ser des greffes.

Brûlure au premier degré:Seul l’épiderme est brûlé. Ceciprovoque une tache rouge doulou-reuse. La guérison est spontanée.

Brûlure au troisième degré:Elle atteint les tissus sous-dermiquescomme par exemple les muscles.Elle ne guérit jamais spontanément.

Page 311: Manuel Belge Almbulanciers

Les points suivants sont à prendre particulièrement encompte lors de brûlures graves (avec risque vital):

• Les brûlures des voies respiratoires (accompagnées ou non d’autresblessures). Elles surviennent à la suite de l’inspiration d’air chaud, de gazet de vapeurs ou de toxiques. Il faut rechercher ces brûlures chez lespatients qui présentent des brûlures de la face ou chez qui les poils denez sont calcinés.

• L’intoxication oxycarbonée.• Les blessures supplémentaires causées par l’onde de pression d’une

explosion (“blast injury”).• Les brûlures au troisième degré des mains, des pieds, de la face ou

d’une surface supérieure à 10 % de la surface corporelle chez les adul-tes. Toute brûlure au troisième degré chez les enfants.

• Les brûlures au deuxième degré de plus de 25 % de la surface corporellechez l’adulte et de plus de 20 % chez l’enfant.

• Les brûlures chez des personnes malades ou âgées.• Les brûlures des régions anales ou périnéales.

Les premières minutes lors de la prise en charge de brûlures

Veillez en premier lieu à votre propre sécurité. Soyez attentif aux risquesd’éboulement et d’intoxication par des gaz ou des vapeurs toxiques. Eva-cuez le patient de la zone de risque. Laissez agir les pompiers qui sontentraînés à ces techniques.

Evaluation de la situation sur les lieux.

8.4U r g e n c e s p r o v o q u é e s p a r a g e n t s p h y s i q u e sC h a p i t r e 8

FIG. 8.3

RÈGLE DES 9

Adulte. Enfant.

18%

18%9

1

1

9 9

dos: 18%dos: 18%

9

9

18 18

18

13,513,5

Page 312: Manuel Belge Almbulanciers

Eteignez les vêtements en flammes en roulant le patient sur le sol ou enétouffant les flammes à l’aide d’une couverture ou d’un manteau (fig. 8.4).Laissez le patient en position couchée, afin d’éviter que les flammes quis’élèvent ne puissent atteindre la figure ou les poumons. Vous évitez, ain-si, un effet de “cheminée” vers le visage.

Si les vêtements sont encore chauds ou se consument, arrosez-les abon-damment avec de l’eau. Enlevez les vêtements qui sont imprégnés d’unliquide chaud, de vapeur ou d’un toxique.

Chez un brûlé, on réalise d’abord une évaluation primaire. Soutenezsi nécessaire les fonctions vitales.Si l’état de conscience est altéré, administrez de l’oxygène au masqueavec réservoir (10-15 l/min.). Dans la majorité des cas, il s’agit d’uneintoxication par le CO, le CN ou d’une lésion cérébrale. Il est toujours uti-le d’oxygéner un brûlé.Traitez les problèmes respiratoires et le choc. Les brûlures s’accompagnentd’une grande perte de liquides; celle-ci peut entraîner un état de choc.Vérifiez s’il n’y a pas de problèmes supplémentaires. Existe-t-il des signesde traumatisme? Soyez attentif aux lésions de la colonne cervicale et dor-sale. Dans ces cas, placez une minerve.En présence de multiples victimes, faites appel à plusieurs ambulances etdemandez de déclencher le plan catastrophe.Si des patients se trouvent dans un état critique, faites intervenir leSMUR.Limitez la brûlure: refroidissez pendant 15 minutes sous l’eau froidecourante. Utilisez des compresses stériles humides pour couvrir les brû-lures de la face et assurer le transport. N’utilisez pas de glace ou d’eauglacée. N’immergez jamais les membres brûlés pendant plus de 10 minu-tes, pour éviter une hypothermie. Dans chaque ambulance doit se trou-ver de l’eau propre.

Couvrez les brûlures de pansements stériles. Si les brûlures s’étendentsur une grande surface, vous pouvez les couvrir à l’aide d’un drap propreou d’une couverture de survie.

Premières mesures.

8.5U r g e n c e s p r o v o q u é e s p a r a g e n t s p h y s i q u e sC h a p i t r e 8

FIG. 8.4

USAGE DE LA COUVERTURE

Enroulez le patient dans unecouverture et roulez-le sur le sol.

Page 313: Manuel Belge Almbulanciers

N’essayez pas d’enlever des restes de vêtements (ou de goudron p. ex.),vous pourriez arracher une partie de la peau.Couchez le patient sur un brancard en position semi-assise. En cas dechoc, couchez le patient avec les jambes surélevées.Enlevez bagues, bracelets ou autres bijoux. Ils pourraient être àl’origine de difficultés en cas de gonflement des membres.

Evaluez l’importance des brûlures (fig. 8.2 et 8.3)Prévenez le service des urgences du fait que vous amenez un brûlé.Pendant le transport, chauffez l’ambulance à 25° C et enveloppez lepatient dans des couvertures pour éviter un refroidissement du patient.Donnez les indications suivantes au SMUR ou au médecin du service desurgences:

• Type d’incendie (retour de flamme, incendie domestique, vapeur, airchaud)?

• Matière combustible (meubles, matières synthétiques, ...)?• Explosion ou non?• Le patient se trouvait-il dans une pièce fermée?• Combien de temps le patient a-t-il été exposé au feu? Quelle a été la

durée du transport?

C A S P A R T I C U L I E R S

Brûlures chimiques

Les acides forts et les bases fortes brûlent la peau. Des bases commel’hydroxyde de soude (soude caustique) brûlent plus profondément queles acides. L’inhalation des vapeurs de ces substances peut provoquerdes lésions des bronches et des poumons. On constate une dyspnée, dela toux ou une respiration rapide. Parfois la dyspnée n’apparaît qu’aprèsun certain délai. Les yeux sont particulièrement vulnérables.

La conduite générale est la même que pour les autres brûlures.Protégez-vous avec des gants.En présence d’une dyspnée, laissez le patient en position assise, oucouchez-le en position semi-assise. Si un choc apparaît, couchez le patientavec les jambes surélevées. Administrez de l’oxygène au masque avecréservoir (10-15 l/min.). Faites appel au SMUR en présence de problèmesrespiratoires graves.Epoussetez les matières solides (comme de la poudre) et rincez ensuitesoigneusement. Une matière sèche que l’on mouille va réagir de maniè-re encore plus intense et s’incruster. Ne rincez pas avec de l’eau souspression (comme une lance d’arrosage avec embout), car la pression

Que faire lors de brûlures chimiques?

Pendant le transport.

8.6U r g e n c e s p r o v o q u é e s p a r a g e n t s p h y s i q u e sC h a p i t r e 8

Page 314: Manuel Belge Almbulanciers

pourrait contribuer à abîmer encore plus la peau et augmenter la douleur.Rincez pendant au moins 15 minutes, même si, entre-temps, la douleura diminué. Pendant le rinçage, enlevez les vêtements, les souliers, lesgants et les bas contaminés. Couvrez la peau brûlée par un champ stérile et couvrez le patient avecune couverture pour prévenir le refroidissement pendant le transport.Réchauffez l’ambulance jusqu’à 25° C.Transportez tout patient atteint de brûlures vers un hôpital. Des compli-cations tardives sont toujours à craindre.

Lors de brûlures en milieu industriel, des directives particulières (donnéespar le médecin ou l’infirmier de l’entreprise) pour le rinçage par desproduits spécifiques peuvent être d’application. Ce n’est que dans ces casqu’il vous est permis de rincer avec d’autres liquides que de l’eau.Certaines substances peuvent être absorbées par la peau et provoquer dessignes généraux d’intoxication.L’acide fluorhydrique peut entraîner des crampes musculaires et donc unspasme de la paupière.Les brûlures des yeux sont toujours très graves, car elles peuvent en-traîner la cécité. Rincez pendant 15 minutes. Veillez à ce que le liqui-de de rinçage ne pénètre pas dans l’œil indemne. Tenez la têteinclinée afin que l’eau de rinçage s’écoule de la racine du nez vers le coinexterne de l’œil atteint. Tenez les paupières de la victime écartées et lais-

8.7U r g e n c e s p r o v o q u é e s p a r a g e n t s p h y s i q u e sC h a p i t r e 8

FIG. 8.6

PRISE DE COURANT

FIG. 8.5

RINÇAGE DE L’ŒIL

Rincez l’œil avec de l’eau.

Page 315: Manuel Belge Almbulanciers

sez couler un fin filet d’eau dans l’œil. Couvrez les deux yeux, aprèsrinçage, avec des compresses oculaires stériles souples. Ne rincez jamaisavec autre chose que de l’eau.

Brûlures électriques

Les brûlures peuvent être provoquées par le courant tant continu qu’alter-natif. Ceci peut arriver avec du courant à basse tension (comme dans lesappareils ménagers) ou avec du courant à haute tension (comme dansl’industrie).Les brûlures électriques entraînent des lésions étendues des tissus pro-fonds, alors qu’en surface, on ne constate que de petites lésions externes.En outre, l’effet général du courant sur l’organisme peut être très sérieux.Le courant peut perturber la conduction électrique du cœur et pro-voquer des troubles du rythme, voire même un arrêt cardiaque. Le cou-rant peut provoquer de fortes contractures musculaires qui entraînentdes fractures osseuses. Un patient qui perd connaissance sous l’effet duchoc électrique peut se blesser lors de sa chute.

Pensez d’abord à votre propre sécurité. Ne vous approchez de la victi-me que si cela peut se faire sans risque pour vous-même. Considérez toutfil qui pend ou qui se trouve sur le sol comme dangereux. Ne touchezaucun fil, tant que le courant n’a pas été coupé. N’essayez pas d’écarterdes fils, même avec un bâton de bois. Ne touchez personne qui est enco-re en contact avec un fil. Le danger est encore plus grand si la victime setrouve dans ou près de l’eau.Même des fils téléphoniques à bas voltage peuvent être dangereux. Vousdevez délimiter une zone de sécurité suffisamment grande.Si les victimes se trouvent dans un véhicule en contact avec des câblesélectriques, elles y seront en sécurité grâce à l’isolation fournie par lespneus en caoutchouc. Laissez les victimes en place jusqu’au moment oùle courant est coupé.Une seule exception: en cas d’incendie, vous devez conseiller aux victi-mes de sauter hors du véhicule, sans qu’elles touchent simultanément lesol et le véhicule. On conseille de faire jeter les enfants en bas âge par unpassager adulte vers l’ambulancier qui se trouve en dehors de la zone dedanger.

Suivez les procédures ABC. Contrôlez et soutenez si nécessaire les fonc-tions vitales.Si la victime est ou a été inconsciente, présente des problèmes au niveaudes fonctions vitales ou présente des signes de choc, demandez l’inter-vention du SMUR.Pensez toujours au risque de lésions de la colonne cervicale, à la suite dela chute ou des contractions musculaires.Pendant l’évaluation secondaire, recherchez les lésions supplémentai-res. Couvrez les brûlures avec des pansements stériles.Une victime d’électrocution doit toujours être conduite à l’hôpital.

Que faire lors de brûlures électriques?

8.8U r g e n c e s p r o v o q u é e s p a r a g e n t s p h y s i q u e sC h a p i t r e 8

Page 316: Manuel Belge Almbulanciers

La foudre provoque une brûlure superficielle caractéristique de la peau.Cette brûlure a un aspect de “feuille de fougère”. Les problèmes les plusimportants sont liés à l’effet d’un courant électrique puissant sur la fonc-tion cardiaque et le système nerveux. Habituellement, les victimesauront perdu connaissance pendant un court moment. Elles sont brûléeset présentent des difficultés de parole. Parfois elles sont totalement inca-pables de parler. Ces plaintes sont cependant passagères. Les plus grandsdangers sont les troubles du rythme ou l’arrêt cardiaque.Il n’est pas dangereux de toucher une personne qui a été atteinte par lafoudre. Le courant électrique a disparu depuis longtemps. Interrogez lavictime et les témoins sur le déroulement de l’accident.

Suivez la procédure ABC. Appelez le SMUR en cas de problèmes deconscience, de respiration ou de circulation.Débutez immédiatement une réanimation si les fonctions vitales ont étéatteintes. Persévérez, même si le patient ne paraît pas réagir. Il est parfoisnécessaire de réanimer pendant longtemps.Si les circonstances rendent une lésion de la colonne cervicale proba-ble, posez une minerve (problèmes de conscience, paralysie des membresou picotements dans ceux-ci, ...) La plupart des personnes atteintes parla foudre tombent, ce qui peut blesser la colonne cervicale ou des vertè-bres situées plus bas. Commencez l’évaluation secondaire si les fonctionsvitales ne posent plus de problèmes. Transportez toujours une personnefoudroyée sur un brancard à palettes (scoop), après avoir posé uneminerve.

Brûlures par le froid

Les gelures se situent habituellement aux extrémités: les oreilles, le nez,les mains et les pieds. La peau se colore d’abord en rouge, ensuite elleblanchit, devient cireuse ou gris-bleu. Lors de la gelure, des cristaux deglace se forment dans les tissus, ceux-ci vont empêcher l’apport de sang.Si cette situation dure suffisamment longtemps, les tissus vont se gan-grener.

Les conditions atmosphériques de grand froid feront penser à des gelu-res.Effectuez l’évaluation primaire, en accordant une grande attention àl’état de conscience: celui-ci peut avoir été altéré par l’hypothermie.Au cours de l’évaluation secondaire, prêtez attention à la décoloration dela peau qui est devenue blanchâtre ou blanc-gris au niveau des partiesexposées. Couvrez avec des draps stériles les parties atteintes et trans-portez la victime vers l’hôpital.Ne tentez pas de réchauffer le membre gelé. Un dégel rapide peutaugmenter les lésions. Le réchauffement doit se faire à l’hôpital. Ne frot-tez pas les membres gelés. Il est contre-indiqué de frictionner avec de laneige.

Que faire lors de brûlures par le froid?

Que faire chez une victime de la foudre?

8.9U r g e n c e s p r o v o q u é e s p a r a g e n t s p h y s i q u e sC h a p i t r e 8

Page 317: Manuel Belge Almbulanciers

8.2 La noyade

La natation associée à l’alcool, l’épuisement ou un accident peuvent êtrecause de noyades. La prise d’un bain, combiné ou non avec une intoxi-cation par le CO ou une tentative de suicide peuvent provoquer unenoyade. Il peut également s’agir de personnes âgées ou de jeunes enfantsqui tombent malencontreusement dans l’eau sans savoir nager suffisam-ment.

Q U E S E P A S S E - T - I L A U C O U R S D ’ U N E N O Y A D E ?

On parle de noyade “sèche” et de noyade “humide”. Au cours de lanoyade sèche (1 noyade sur 10 environ), une forte contracture du larynxse produit en réaction aux premières petites quantités d’eau qui entrentdans la gorge. Chez ces victimes, on ne trouve que de petites quantitésd’eau dans les poumons. A la suite du manque d’oxygène, un arrêt respi-ratoire suivi d’un arrêt cardiaque suivent. La noyade provoque donc lamort par un arrêt complet de la respiration et de la circulation.

L’eau douce et l’eau salée endommagent le tissu pulmonaire de maniè-re différente. Pour l’ambulancier, cela ne fait aucune différence.Différents organismes pathogènes pénètrent avec l’eau dans les pou-mons. Cela provoquera souvent des infections.

C’est la raison pour laquelle un noyé devra être transféré vers l’hôpitalpour rechercher une éventuelle broncho-pneumonie et pour la soigner.Même si le patient se sent bien, une “presque noyade” doit égalementêtre prise au sérieux.

La noyade s’accompagne souvent d’hypothermie. Dans nos régions, latempérature de l’eau est habituellement inférieure à la température ducorps. L’eau conduit mieux la chaleur que l’air, ce qui explique un refroi-dissement plus rapide. Une hypothermie marquée entraîne une perte deconnaissance et des troubles cardiaques et vasculaires. Cependant un re-froidissement rapide peut protéger un noyé contre les dommages dumanque d’oxygène. A basse température, le cerveau consomme moinsd’oxygène, ce qui peut permettre la récupération, après un arrêt cardia-que prolongé, d’un noyé hypothermique.

8.10U r g e n c e s p r o v o q u é e s p a r a g e n t s p h y s i q u e sC h a p i t r e 8

FIG. 8.7

Page 318: Manuel Belge Almbulanciers

Q U E F A I R E L O R S D ’ U N E N O Y A D E ?

Si le noyé n’a pas encore été sorti de l’eau, la première règle du secou-risme est également d’application: veillez d’abord à votre propre sécurité.Utilisez du matériel comme une bouée de sauvetage (fig. 8.8), une cordeou une perche pour ramener le noyé à terre. Jetez un objet flottant endirection du noyé encore conscient (une roue de secours de voiture p. ex.),et cherchez un moyen pour ramener le noyé vers vous.Ne plongez vers un noyé que si vous êtes vous-même un bon nageur. Uti-lisez autant que possible un bateau, un gilet de sauvetage ou un radeau.Intervenez immédiatement seulement si le patient est inconscient ousur le point de le devenir.Sortez un noyé de l’eau en position horizontale. Ne tirez jamais un noyéhors de l’eau en attachant une corde autour de sa cage thoracique. Lesmodifications de position brutales qui suppriment la pression de l’eau surles vaisseaux sanguins des jambes et du tronc peuvent entraîner desréactions cardiaques et vasculaires importantes. Ces manœuvres bruta-les peuvent être à l’origine d’un choc et d’un arrêt cardiaque.Il est évident que lors d’une noyade dans un puits ou dans de l’eau à cou-rant rapide, du matériel et des mesures de sécurité particulières serontindispensables.

Attitude générale

Commencez par suivre les procédures ABC. Ne perdez pas de temps àévacuer l’eau des poumons. S’il se trouve de l’eau dans les poumons, cetteeau passera très rapidement dans le sang, et cela a peu de sens de tenterde l’enlever. En outre, on court le risque de transférer l’eau contenue dansl’estomac vers les poumons.

Le noyé inconscient

Appelez le SMUR.Dégagez les voies respiratoires. Enlevez des voies respiratoires les corpsétrangers.Attention: lors d’un accident en eau peu profonde, quelqu’unpeut avoir heurté le fond en plongeant et avoir subi une lésion dela colonne cervicale. Dans ce cas, une minerve est indiquée.Employez toujours la technique de la subluxation de la mâchoire. Labascule de la tête vers l’arrière est absolument contre-indiquée. Tirez lementon et le maxillaire vers le haut. Devant une suspicion de lésion decolonne (chez un noyé qui ne bouge plus les bras ou les jambes ou qui estinconscient), laissez flotter le noyé, la face vers le haut, en soutenant latête et la nuque en position neutre. Chargez le patient sur une surfacedure (planche à voile, planche, brancard à palettes) et posez une miner-ve pour sortir le patient de l’eau.

8.11U r g e n c e s p r o v o q u é e s p a r a g e n t s p h y s i q u e sC h a p i t r e 8

FIG. 8.8

Page 319: Manuel Belge Almbulanciers

Soutenez la respiration. Commencez une ventilation par bouche-à-bouche, dès que cela est possible, même si le patient est encore dansl’eau. Cependant, dans la plupart des cas, cela ne sera pas possible à cestade du sauvetage.Rétablissez la circulation. Effectuez une réanimation classique etaspirez l’eau qui s’écoule des poumons avec l’aspirateur.

Un noyé conscient

Si le noyé est conscient, respire et présente une circulation, évaluez lesfonctions vitales. Dès que le noyé se trouve hors de l’eau, administrez-luide l’oxygène au masque avec réservoir (10-15 l/min.).

Prise en charge de l’hypothermie

Un noyé est généralement en hypothermie. Evitez qu’il ne continue à serefroidir. Enlevez les vêtements mouillés. Enveloppez le patient dansune couverture de survie. Réchauffez l’ambulance.Un patient en arrêt cardiaque ou respiratoire nécessite une réanimationprolongée sur place. Si le SMUR n’est pas disponible, transportez vous-même le patient vers l’hôpital, en continuant la réanimation.Chaque noyé doit être transporté à l’hôpital pour le traitement et la sur-veillance de l’hypothermie, de la pneumonie ou de l’œdème du poumon.

8.12U r g e n c e s p r o v o q u é e s p a r a g e n t s p h y s i q u e sC h a p i t r e 8

Page 320: Manuel Belge Almbulanciers

8.3 Froid et chaleur

La température corporelle normale de l’homme se situe entre 36° C et37° C. Le corps est capable de maintenir cette température par la com-bustion des nutriments et l’échange de calories avec l’environnement. S’iln’existe pas une balance équilibrée entre ces deux mécanismes, nousaurons soit une hyperthermie, soit une hypothermie. Dans les deux cas,la situation peut devenir critique sur le plan vital.

H Y P O T H E R M I E

Le corps se protège contre le grand froid en produisant plus de chaleur.Cela se réalise par des mouvements musculaires et on constate l’appari-tion des frissons et des claquements de dents. L’apport de sang vers lapeau et les membres sera réduit (le sang transporte de la chaleur, qui estperdue à travers la peau), et les mains et les pieds deviendront froids etpâles. La “chair de poule” apparaît.C’est un réflexe analogue à celui des animaux qui dressent leurs poils ouleurs plumes pour former une couche d’air isolante. Dès que ces réactionsproduisent moins de chaleur qu’il ne s’en perd vers l’environnement,l’hypothermie apparaît.

Les causes en sont multiples:• L’immersion dans l’eau froide produit un refroidissement trente fois

plus rapide que le refroidissement dans l’air. • La position couchée et l’immobilité, dans un environnement froid (p. ex.

après une chute, après une fracture de hanche: les personnes âgées quirestent longtemps couchées avant d’être retrouvées, les victimes d’uneintoxication alcoolique ou médicamenteuse).

• La malnutrition ou le manque de sucre sanguin peuvent aggraver lerefroidissement.

• L’hypothermie d’épuisement chez les alpinistes (efforts importantsdans des températures extrêmement basses).

Quelle qu’en soit la cause, la vitesse de refroidissement est un facteur trèsimportant. Plus vite le refroidissement se produit, plus grande sera laquantité d’oxygène présente dans le sang, cela permet à l’organisme del’utiliser plus longtemps. En dessous d’une température de 35° C, le corpsse met en veilleuse, comme si le moteur choisissait un nombre de toursplus réduit. La consommation d’oxygène se réduit très fortement. Si unepersonne tombe dans de l’eau glacée, la température du corps s’abaisseratrès rapidement en dessous de 35° C, et l’organisme gardera beaucoupd’oxygène disponible. Si le refroidissement se réalise très lentement,comme chez l’alpiniste qui se refroidit en dessous de 35° C après desefforts prolongés (et par conséquent, une consommation importante

8.13U r g e n c e s p r o v o q u é e s p a r a g e n t s p h y s i q u e sC h a p i t r e 8

Page 321: Manuel Belge Almbulanciers

d’oxygène), la réserve d’oxygène sera pratiquement épuisée. Un refroi-dissement rapide peut donc permettre une réserve d’oxygène qui main-tiendra la vie pendant quelque temps.

Les plaintes et les signes sont fonction des circonstances de l’hypother-mie. Le tableau 8.1. nous donne un aperçu schématique. Quoi qu’il ensoit, les symptômes différeront d’un individu à l’autre, et seront déter-minés par la vitesse de refroidissement.

T E M P É R A T U R E S Y M P T Ô M E S

Deux principes cardinaux doivent être respectés: évitez le refroidisse-ment, et déplacez le patient avec précaution, sans chocs (ceux-ci peu-vent entraîner des troubles du rythme cardiaque et un arrêt cardiaque)Cependant, comme toujours, vous commencerez par la procédure ABC.Si le patient est conscient, enlevez les vêtements humides et enveloppezle patient dans des couvertures. Chauffez l’ambulance. Transportez lepatient avec précaution vers l’hôpital.Si le patient est inconscient, faites appel au SMUR. Contrôlez le poulspendant une durée suffisante. Le cœur est très lent durant l’hypothermie.En cas d’arrêt cardiaque, commencez une réanimation. Si le moindre ris-que de fracture cervicale est présent, placez une minerve.

Que faire lors d’une hypothermie?

Comment évaluer la situationd’un patient en hypothermie?

8.14U r g e n c e s p r o v o q u é e s p a r a g e n t s p h y s i q u e sC h a p i t r e 8

TABLEAU 8.1.

RISQUES EN FONCTION DE LA

TEMPÉRATURE CORPORELLE

sécurité

hypothermie légère

hypothermie sévère

danger

risque vital

37-36° C

35°-34° C

33°-32° C

32°-30° C

30°-29° C

28°-27° C

27°-26° C

frissonssensation de froidconfusion

frissonspeau froidetroubles de la parole

frissonsperte de mémoire

frissonspouls lenttroubles du rythmemembres bleus(cyanose)pression bassepupilles dilatéesmuscles contractés(au lieu de frissons)

respiration lente

arrêt cardiaque oufibrillation ventriculaire

tableau de mort cliniqueinconsciencepupilles en mydriase, aréactivesmuscles flasques

Page 322: Manuel Belge Almbulanciers

Si le SMUR n’est pas disponible, transportez le patient vers l’hôpital touten continuant la réanimation pendant le trajet. Si le patient respire encorespontanément, administrez-lui de l’oxygène au masque avec réservoir (10-15 l/min.). Protégez le patient contre l’approfondissement du refroi-dissement. Transportez le patient avec beaucoup de précautions.

H Y P E R T H E R M I E

Lorsque le corps est incapable de dégager suffisamment de calories versl’extérieur (soit parce qu’il produit lui-même trop de chaleur, soit parceque l’environnement est trop chaud), une hyperthermie ou coup dechaleur s’installe. La consommation d’oxygène est augmentée (exacte-ment à l’opposé de ce qui se passe lors de l’hypothermie). Cela provoqueune série de tableaux cliniques qui ne diffèrent pas fortement entre euxet qui peuvent se succéder.

Coup de soleil

En plus des brûlures typiques qui apparaissent suite à l’exposition solai-re prolongée (remarquez la délimitation par l’habillement), le patient res-sent un malaise (syncope), suite à la dilatation des vaisseaux sanguins età la chute de la tension artérielle qui en résulte. Parfois le patient seplaint de maux de tête et d’une tendance nauséeuse (suite à l’hyperther-mie du cerveau).Placez le patient à l’ombre. Traitez les symptômes de syncope en tant quetels. Aspergez le patient d’eau fraîche.Couvrez les brûlures avec du matériel stérile. Il faut convaincre le patientde vous accompagner au service des urgences. Si le patient est conscient,il peut boire.

Œdèmes et crampes de chaleur

Nous connaissons des œdèmes de chaleur. Ceux-ci se présentent sous laforme de mains et de pieds gonflés au cours des premiers jours de l’étéou lors d’un séjour dans un pays chaud. Nous perdons beaucoup deliquide par la transpiration, ce qui entraîne une accumulation de sel dansl’organisme. Ce gonflement disparaît en surélevant le membre.Après un effort lors de grande chaleur, les muscles présentent des cram-pes de chaleur. Elles sont la conséquence d’une grande perte d’eau etd’électrolytes.Placez le patient à l’ombre ou au frais, au repos, et transportez-le versl’hôpital où l’on rétablira, si nécessaire, l’équilibre en eau et en ions. Si lepatient est conscient, il peut boire de l’eau riche en ions.

8.15U r g e n c e s p r o v o q u é e s p a r a g e n t s p h y s i q u e sC h a p i t r e 8

Page 323: Manuel Belge Almbulanciers

Epuisement dû à la chaleur

Un épuisement suite à la chaleur survient habituellement pendant lespériodes de canicule, mais peut également apparaître à la suite d’un tra-vail musculaire intense par temps chaud et humide. La perte de liquide etde sel en est responsable.

La perte de liquide survient chez des personnes qui ont beaucouptranspiré et bu trop peu. Le liquide sort du sang sans être remplacé et lesang devient plus visqueux. Cela arrive chez des sportifs, des ouvriers autravail, mais également chez des nourrissons et des vieillards. La condi-tion physique joue un grand rôle lors de la réaction de l’organisme à uneperte importante de liquide.Les premiers symptômes sont la soif, la faiblesse, la fatigue et l’irritabilité.Le pouls au repos s’accélère, tout comme la respiration. La températurecorporelle augmente légèrement, les urines sont foncées et de faiblevolume. L’évolution se fait vers le choc, avec une tension artérielle bas-se, une excitation et des mouvements musculaires incoordonnés. Cetétat aboutit finalement au “coup de chaleur”.

La perte de sel peut survenir chez une personne qui a bu suffisamment,mais qui n’a pas remplacé la perte de sel de la transpiration. Ces patientsn’ont pas de sensation de soif, mais se plaignent de crampes musculaires,de maux de tête, de nausées, de tendances au vomissement et de fatigue.Le pouls et la fréquence respiratoire au repos sont augmentés, tandis quela tension artérielle est basse et la peau froide et humide. La températu-re corporelle est, en règle générale, normale.

Laissez le patient au repos dans un endroit frais. Evaluez les fonctionsvitales. Demandez l’intervention du SMUR si celles-ci sont perturbées.Ces patients doivent être traités par un médecin. Un patient qui présen-te ces symptômes doit être hospitalisé.

Coup de chaleur

Lors d’un coup de chaleur, le corps s’échauffe jusqu’à atteindre unetempérature qui met la vie en danger. A ces stades, toutes les cellules etles organes sont soumis à une température supérieure à la normale, ce quipeut entraîner des lésions irréparables. C’est une situation d’urgence quiexige un traitement urgent.

Un coup de chaleur se voit souvent chez des personnes âgées, desmalades chroniques ou des handicapés qui habitent seuls, dans des habi-tations mal ventilées ou difficiles à ventiler. Une maladie, un médicamentou tout facteur qui empêche le dégagement de chaleur ou qui favorisel’accumulation de la chaleur, rendront ces personnes plus fragiles. Lesenfants sont très sensibles à la chaleur: couvrir soigneusement des enfantsfiévreux par temps chaud, ou abandonner un bébé dans une voiture en

8.16U r g e n c e s p r o v o q u é e s p a r a g e n t s p h y s i q u e sC h a p i t r e 8

Page 324: Manuel Belge Almbulanciers

plein soleil peut provoquer un coup de chaleur. On observe souvent unpouls accéléré (à plus de 120/min.), une fréquence respiratoire accéléréeet une peau chaude, sèche et rouge. On constate parfois des vomisse-ments ou de la diarrhée.

Un coup de chaleur peut survenir suite à un effort important dans unegrande chaleur, accompagné de l’apparition d’un épuisement et d’uneperte de liquide. Ces patients transpirent beaucoup.

Observez les circonstances et prenez en compte la possibilité d’un coupde chaleur. Evaluez l’état de conscience. Le coup de chaleur s’accom-pagne souvent de confusion, d’agitation, d’altération de l’état de cons-cience, de convulsions ou d’inconscience. Suivez les procédures de l’ABC.

La respiration et le pouls sont accélérés. Le patient peut avoir une peausèche et rouge ou transpirer abondamment.

Si la conscience ou les fonctions vitales sont altérées, faites appel auSMUR.Administrez de l’oxygène au masque avec réservoir (10-15 l/min.).Placez le patient au frais et à l’ombre, au repos complet (ne laissez pas lepatient se coucher par ses propres moyens sur le brancard). Il faut tenterde contrôler la température aussi rapidement que possible. Aspergez lepatient avec de l’eau. L’évaporation de celle-ci provoque un refroidisse-ment. Transportez le patient vers l’hôpital.

8.17U r g e n c e s p r o v o q u é e s p a r a g e n t s p h y s i q u e sC h a p i t r e 8

Page 325: Manuel Belge Almbulanciers

8.4 Irradiations

Vous devez bien connaître ce qui doit être fait ou non lors d’un accidentd’irradiation, dans l’attente de l’aide spécialisée. Il s’agit d’une situa-tion dangereuse qui est heureusement très rare. Par leur rareté, les acci-dents impliquant la radioactivité et des radiations provoquent du stress etmême de la panique.

Q U E L L E S S O N T L E S D I F F É R E N T E S S O R T E SD E R A D I A T I O N S E T Q U E L S S O N T L E U R SE F F E T S ?

Un rayonnement radioactif est invisible et inodore. Vous ne le percevezpas et vous ne connaissez pas son intensité. L’effet d’un rayonnementdépend de la nature des rayons, de la durée de l’exposition et de l’inten-sité de l’irradiation. Il existe trois sortes de rayons: alpha, bêta et gamma.Ce sont des “ondes énergétiques” qui pénètrent dans l’organisme. Lesrayons gamma pénètrent le plus profondément, les rayons bêta demanière moindre et les rayons alpha sont les moins pénétrants.Les rayons alpha (α) sont peu pénétrants, et sont arrêtés par l’air et lepapier. Le rayonnement bêta (β) pénètre plus profondément, même à tra-vers des vêtements. Les rayons gamma (γ) sont comparables aux rayons Xqui permettent la réalisation des radiographies, et traversent des murs etdonc également l’organisme humain.Le rayonnement endommage les cellules de l’organisme. Ce rayonnementattaque surtout les cellules qui se divisent, comme celles de la moelleosseuse, de l’intestin, les cellules génitales ou les poumons. Des annéesaprès l’exposition, un cancer peut apparaître.

8.18U r g e n c e s p r o v o q u é e s p a r a g e n t s p h y s i q u e sC h a p i t r e 8

Alfa

Beta

Gamma

FIG. 8.9

RAYONS

Les rayons alpha pénètrent peu etsont arrêtés par l’air ou une feuillede papier.

Les rayons bêta traversent leshabits.

Les rayons gamma traversent lecorps humain et les murs; ils sontarrêtés par des écrans de plomb.

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En tant qu’ambulancier, vous ne verrez rien, si ce n’est par exemple lesblessures survenues à la suite d’une explosion. Ce n’est que lors d’une trèsforte irradiation que l’on verra très rapidement apparaître des consé-quences: nausées, vomissements, diarrhée, fatigue et éruptions cutanées.Des particules radioactives peuvent adhérer à la peau ou pénétrer dansles poumons par inhalation.

Q U E F A I R E L O R S D ’ U N A C C I D E N TI M P L I Q U A N T D E S R A D I A T I O N S ?

Si l’accident se produit dans des circonstances “contrôlées”, commedans une centrale nucléaire ou dans l’industrie, des experts se trouverontsur place pour donner des indications sur ce qu’il y a lieu de faire et surla manière de le faire. Suivez dans ces cas les indications de ces experts.Parlons maintenant d’un accident impliquant des radiations dans descirconstances “non contrôlées”, comme lors d’un accident de transportde matière nucléaire; à ce moment, les personnes compétentes ne sontpas immédiatement présentes. La présence de matériel radioactif sereconnaît au sigle international bien connu (fig. 8.10).

Demandez des informations aux autres services spécialisés. Renseignez-vous sur le degré de danger réel. Les personnes contaminées sont lesseules qui nécessitent des précautions spéciales pour votre protection.Restez à bonne distance si on vous le demande.Stationnez l’ambulance au vent du lieu de l’accident et à l’écart du liqui-de qui pourrait s’en écouler.Ne pénétrez dans la zone à risque qu’avec l’autorisation du pompier leplus élevé en grade ou de l’expert en matières radioactives. Mettezimmédiatement les vêtements de protection (couverture maximale etgants) et le masque si vous y êtes entraîné. Soyez attentif aux symptômestypiques de la maladie des rayons: vomissements, nausée, diarrhée, las-situde, fatigue et éventuellement éruptions cutanées.Travaillez si possible en rotation d’équipes, afin de laisser chacun pendantun temps minimum dans la zone de risque.

Pour la suite des soins, ne travaillez que dans une zone sûre. Ne reportezpas l’aide vitale (ABC) pour des raisons de contamination. Le traitementdes plaies qui accompagnent l’irradiation est le même que celui de plai-es ordinaires. Commencez seulement les soins locaux après la déconta-mination.

Eliminez les sources d’irradiation par contamination, par exemple lesvêtements. Laissez les experts mesurer l’intensité du rayonnement. Enve-loppez le patient dans une couverture de survie. Emballez les vête-ments dans des sachets en plastique. Interdisez fermement auxpatients de manger, de boire ou de fumer avant d’avoir été contrôlés.

8.19U r g e n c e s p r o v o q u é e s p a r a g e n t s p h y s i q u e sC h a p i t r e 8

FIG. 8.10

Page 327: Manuel Belge Almbulanciers

En l’absence de problème médical majeur urgent, transportez le patientvers la zone de décontamination. Après décontamination, ou s’il apparaîtque le patient n’est pas contaminé, vous pouvez le transporter versl’hôpital. Annoncez toujours à l’hôpital, l’arrivée de patients conta-minés. Un local de décontamination spécialisé doit être organisé ou pré-paré.Attendez l’autorisation de décharger les patients et de les introduire dansl’hôpital. Avant votre départ, le service de radioprotection de l’hôpital ouun expert doit vérifier s’il n’est pas nécessaire de décontaminer l’ambu-lance ou vos vêtements.

8.20U r g e n c e s p r o v o q u é e s p a r a g e n t s p h y s i q u e sC h a p i t r e 8

Page 328: Manuel Belge Almbulanciers

8.21U r g e n c e s p r o v o q u é e s p a r a g e n t s p h y s i q u e sC h a p i t r e 8

R É S U M É D U C H A P I T R E 8

BR^ULURES

Il est toujours utile de refroidir une brûlure à l’aide d’eaualimentaire.Les brûlures chimiques peuvent être rincées de la mêmefaçon.L’oxygénation est toujours utile chez un patient brûlé.Veillez, durant le transport du patient, à préserver la pro-preté d’une brûlure.En abordant un électrocuté, veillez à votre propre sécurité.Un électrocuté risque d’être en fibrillation ventriculaire etnécessite, alors, une réanimation cardiorespiratoire classi-que.

NOYADE

L’évaluation primaire chez le noyé reste toujours classique: • Vérifier l’état de conscience.• Vérifiez la respiration et la liberté des voies respiratoires.• Vérifiez la circulation.

Un noyé en eau froide est toujours en hypothermie; il peutaussi présenter une fibrillation ventriculaire. Un noyé peutêtre un traumatisé: oxygénez le patient, transportez-leavec prudence.

IRRADIATION

Chez le patient irradié ou contaminé, la prise en charge desgrandes fonctions vitales reste prioritaire, au prix d’unelégère contamination externe des intervenants et de leurmatériel.Veillez cependant à respecter les grands principes de radio-protection: ne pas boire, ne pas fumer, ne pas manger;contaminez vos vêtements de protection et non votre peau:bottes, gants, vêtements de travail, masque et tablier detype chirurgical si nécessaire.Suivez les conseils des spécialistes de la radioprotectionque vous rencontrerez sur le terrain.

Page 329: Manuel Belge Almbulanciers

1 LE C O R P S H U M A I N

2 LE S P R E M I È R E S M I N U T E S

3 LE S A F F E C T I O N S À R I S Q U E V I TA L

4 LE PAT I E N T T R AU M AT I S É

5 MA L A D I E S E T I N TOX I C AT I O N S

6 GR O S S E S S E E T AC C O U C H E M E N T I N O P I N É

7 L’E N FA N T E N D É T R E S S E

8 UR G E N C E S P R OV O Q U É E S PA R AG E N T S P H YS I Q U E S

9 UR G E N C E S P S YC H I AT R I Q U E S

10 LE T R A N S P O R T D U PAT I E N T

11 LE S C ATA S T R O P H E S

12 OR G A N I S AT I O N D E L’A I D E M É D I C A L E U R G E N T E

13 TE C H N I Q U E S

14 SU P P L É M E N T S

15 VO C A B U L A I R E

Page 330: Manuel Belge Almbulanciers

CONTENU

9.1 L’ambulancier et lesproblèmes psychiques

9.2 Suicide, tentative de suici-de ou menace de suicide

9.3 Crise d’agitation aiguë

9.4 Cas particuliers

9LES URGENCES

PSYCHIATRIQUES

Page 331: Manuel Belge Almbulanciers

9.1 L’ambulancier et les problèmespsychiques urgents

Les ambulanciers sont régulièrement confrontés à des personnes quiprésentent des problèmes psychiques. Dans 4 cas sur 10, il s’agit depersonnes atteintes d’une véritable maladie psychique comme les psy-chose, schizophrénie ou dépression, en phase aiguë (on appelle cela de lapsychiatrie d’urgence).Mais le plus fréquemment, il s’agit de crises survenant dans le cas de gra-ves problèmes de relations entre personnes. Il s’agit souvent de problè-mes familiaux (entre époux, parents et enfants). On parle alors desituations de crise.L’ambulancier n’est pas compétent pour distinguer les différentes patho-logies psychiatriques. En fait, cela n’est pas nécessaire dans sa formation.Ce chapitre vous explique cependant comment réagir devant ces situa-tions.

U N E P E R S O N N E E N C R I S E

Une personne ne vit pas seule. Dans chaque groupe où nous vivons et tra-vaillons, des règles écrites et non écrites, des devoirs, des droits et descoutumes sont d’application. Tout cela règle notre société. Il existe éga-lement des contraintes contre lesquelles certains individus entrent enconflit. Cela arrive dans des moments où ces personnes vivent des diffi-cultés avec eux-mêmes ou avec leur entourage.Divers événements peuvent influencer ou modifier de manière impor-tante un couple, une famille, le milieu de travail, l’école ou une commu-nauté. Une naissance, une maladie, un décès, un mariage, un divorce, lepassage à la vie adulte, la puberté, un déménagement, un licenciement,le chômage, changent les relations entre les personnes ou entraînentdes problèmes professionnels.Ces événements peuvent être tellement perturbants qu’ils peuvent pro-voquer une crise. Ces crises sont généralement douloureuses, mais ellesne sont pas nécessairement négatives. Les moments de crise, en effet,sont également des moments qui permettent des changements positifs.

L E S U R G E N C E S P S Y C H I A T R I Q U E S S O N T D E S S I T U A T I O N S D E C R I S E

Une personne peut réagir à une crise en transgressant les règles établies.Cela peut s’exprimer par des idées de suicide, des accès de panique ou

9.2L e s u r g e n c e s p s y c h i a t r i q u e sC h a p i t r e 9

Page 332: Manuel Belge Almbulanciers

sous forme de plaintes somatiques et de maladies. Une crise peut pro-voquer un abus d’alcool ou de drogue. Parfois une crise entraîne un com-portement agressif ou violent.Pratiquement, comme ambulancier, vous devriez être capables de faire ladifférence entre deux types de situations de crise:

1. suicide, tentative de suicide ou menace de suicide,2. crise d’agitation aiguë.

9.3L e s u r g e n c e s p s y c h i a t r i q u e sC h a p i t r e 9

Page 333: Manuel Belge Almbulanciers

9.2 Suicide, tentative de suicide ou menace de suicide

Les ambulanciers se retrouvent parfois en face d’une personne qui vientde faire une tentative de suicide ou qui menace de le faire. Cela ne signifiecependant pas que cette personne souhaite vraiment mourir. Dans la plu-part des cas, il s’agit d’un ultime appel au secours d’une personne en situ-ation de crise. Cette personne essaie, de manière désespérée, d’attirerl’attention de son entourage. Il ne s’agit donc pas toujours d’une tentati-ve de suicide qui a raté.

C O M M E N T B I E N S E C O M P O R T E R D E V A N T U N S U I C I D E O U U N E T E N T A T I V ED E S U I C I D E ?

Evaluez la gravité de la situation en réalisant l’évaluation primaire quivérifie les fonctions vitales du patient. Si ces fonctions vitales ne sont pas menacées, vous pouvez prendre les mesures nécessaires pour soigner lesblessures; dans le cas d’une pendaison, réalisez l’ABC et pensez aux fractures de vertèbre. Pour la prise en charge des intoxications, référez-vous au chapitre 5.Après ces premiers soins, vous pouvez prendre plus de temps pour vousoccuper des problèmes psychiatriques. Ces problèmes sont, au fond, à rat-tacher à l’évaluation secondaire.

Prenez au sérieux tout patient qui a tenté de se suicider ou qui menace dele faire.Votre point de vue doit être: le patient court le risque de se tuer et la ten-tative qui vient de se produire n’est pas uniquement destinée à attirerl’attention. Ce sera au médecin de déterminer dans quelle mesure ledésir de mort est réellement présent.Le patient doit toujours être transporté à l’hôpital. Vous ne pouvez pas,seul, prendre la décision que tout cela n’est pas grave.Une tentative ou une menace de suicide doit toujours être prise ausérieux.Ce serait une faute grave d’affirmer à un patient qui vient de prendre unedose exagérée d’un médicament “qu’il n’y pas de danger avec ce médi-cament et que le patient ne va que dormir un peu” . Il n’est pas possibleni de mesurer la quantité que le patient a prise, ni de juger rapidement lasituation dans sa globalité. Vous pourriez rassurer à tort l’entourage quirisque, alors, de ne pas prendre au sérieux cette tentative de suicide. Decette manière, le patient serait abandonné à son sort, ce qui peut entraî-ner une nouvelle tentative, avec cette fois, une dose mortelle.

5.2

4.2

9.4L e s u r g e n c e s p s y c h i a t r i q u e sC h a p i t r e 9

Page 334: Manuel Belge Almbulanciers

Q U E F A I R E ?

Présentez vous: “Je suis ambulancier, mon nom est X et je viens vousaider ...”Restez calme et essayez de calmer le patient. Vous êtes un sauveteur etnon un juge.Ecoutez d’abord l’histoire du patient, et ensuite l’entourage s’il veut vousparler.Essayez de comprendre comment le problème a débuté, qui ou quellescirconstances ont provoqué la crise. Qui a appelé le “100” ou la police?Evaluez le degré d’agitation, l’agressivité et la violence du patient.Jugez rapidement de la nécessité d’appeler le SMUR si les fonctionsvitales sont atteintes. Voyez également s’il est nécessaire d’appeler la poli-ce pour assurer votre propre sécurité et celle de l’entourage (en cas decomportement violent ou d’utilisation d’armes).Restez toujours neutre, ne prenez pas position. Restez bienveillant etcourtois. Ne répondez jamais à des attaques personnelles. Ne réagissezpas à des provocations. Pensez que le patient est un malade et a besoinde votre aide.

Q U E N E F A U T - I L P A S F A I R E ?

N’agissez pas trop rapidement. N’utilisez pas la force physique pourimmobiliser un patient avant d’avoir tenté un dialogue et l’apaisement.Restez calme, ne cédez pas à la panique. Ne vous sentez pas personnel-lement agressé. Ne réagissez pas de manière agitée ou agressive. Celapourrait augmenter la peur et l’agitation du patient et de l’entourage.Ne donnez jamais publiquement un diagnostic de “maladie mentale” oude “patient psychiatrique”. Vous ne possédez pas la formation voulue nila compétence nécessaire. En outre, vous collez de cette façon une éti-quette au patient, et cela peut avoir des conséquences graves sur les rela-tions du patient avec sa famille ou son entourage. Si la famille demandece qui se passe, parlez “d’énervement”; en cas de prise de médicaments,parlez “d’intoxication par des médicaments”.Ne vous soustrayez pas à vos responsabilités. Ne vous déclarez pasincompétent dans ce domaine. Vous êtes ambulancier et le public attendvotre aide. L’entourage n’attend pas de miracle mais de l’aide. Trans-mettre le problème à la police ou à la gendarmerie n’est pas nécessaire-ment une solution satisfaisante.

9.5L e s u r g e n c e s p s y c h i a t r i q u e sC h a p i t r e 9

Page 335: Manuel Belge Almbulanciers

9.3 Crise d’agitation aiguë

Le “100” est appelé régulièrement pour des cas de patients subitementexcités, agités, agressifs ou confus. L’appel ne provient habituellement pasde la personne en question, mais de l’entourage qui ne sait plus faire faceau problème; parfois, c’est la police ou des voisins qui ont appelé le“100”.Ce sont des situations très difficiles pour l’ambulancier.Des maladies graves peuvent se cacher derrière ces situations d’agitationet de confusion. Ces maladies peuvent mettre la vie du patient en danger.Il ne suffit donc pas d’immobiliser le patient ou de le maîtriser. Vous deveztoujours réaliser une évaluation rapide des fonctions vitales et éliminerl’hypothèse d’une situation médicale sous-jacente.

Q U E F A I R E E N P R E M I E R L I E U ?

Renseignez-vous auprès de l’entourage ou de la police si celle-ci est déjàsur place. Observez l’environnement.Comment l’excitation a-t-elle commencé? Qui a appelé? Comment lepatient s’est-il comporté? Quelle est l’histoire que le patient raconte? A-t-on déjà administré des médicaments? Le patient a-t-il pris des dro-gues? Le patient a-t-il bu de l’alcool?Les personnes qui ont découvert le patient en savent souvent plus sur lescirconstances qui ont déclenché la crise et comment le patient se com-portait. La réaction du patient vis-à-vis de l’intervention de la police estparfois pleine de renseignements.Les membres de la famille et les proches sont d’excellentes sourcesd’information.Comment a débuté l’agitation? Observez-vous d’autres plaintes ou signesde maladie? Le patient est-il atteint d’autres affections? Le patient a-t-ildéjà fait un séjour en milieu psychiatrique? Le patient boit-il de l’alcool?Utilise-t-il de la drogue ou certains médicaments?Il est d’une importance capitale de rechercher des renseignements sur lesantécédents médicaux du patient. Le diabète peut provoquer, lorsd’hypoglycémies (cfr. chapitre 6), un état d’excitation. L’alcool, la drogueou des médicaments peuvent provoquer un état d’agitation.Ces renseignements seront capitaux pour la prise en charge et le traite-ment à l’hôpital. Les ambulanciers sont souvent les seuls intervenants quipeuvent récolter ces renseignements sur place.

9.6L e s u r g e n c e s p s y c h i a t r i q u e sC h a p i t r e 9

Page 336: Manuel Belge Almbulanciers

C O M M E N T C O M M U N I Q U E R A V E C L E P A T I E N T ?

Essayez toujours d’établir un dialogue avec le patient. Aussi court soit-il,cela est capital. Parlez si possible avec le patient seul à seul. L’entouragepeut influencer involontairement l’atmosphère du dialogue.Parlez calmement, sans élever la voix, sans menacer. Essayez de restercalme vous-même, même lors de la découverte d’une situation particu-lièrement inhabituelle et menaçante. Un patient agité est particulièrementsensible à la peur ou l’agressivité des intervenants qui sont plus nombreuxet donc plus forts.Soyez déterminé mais pas agressif. Prenez le contrôle de la situation enne poursuivant qu’un seul but précis.

E V A L U E Z L E T Y P E D ’ A G I T A T I O N

On peut distinguer dans ces situations plusieurs types différents d’agita-tion:1. L’agitation qui se limite au patient, l’entourage n’étant pas concerné par

le problème si ce n’est qu’il est désorienté par le comportementincompréhensible du patient. Dans ce cas, l’impression principale estune impression d’incohérence et de confusion qui se limite au patient.Nous nous trouvons devant une rupture d’avec la réalité; le patient aperdu le contact avec la réalité et son entourage. Il s’agit d’un délire,d’une situation d’agitation incompréhensible pour les témoins.

2. L’agitation du patient et de l’entourage est nourrie par une sourceévidente de conflit ou trouve son origine dans une cause bien identi-fiable. Ce cas est un état d’agitation “compréhensible”.

1. Agitation incompréhensible

On parle d’agitation incompréhensible si le comportement du patient estcomplètement incohérent. Il n’y aucun contact entre le patient et l’entou-rage, la rupture paraît totale. Parfois, le patient est seulement confus, “per-du”, “a perdu la boussole”. Les idées, gestes et le comportement dupatient n’ont pas de fil conducteur. L’entourage est surtout effrayé etn’est pas une vraie composante du problème. Dans une minorité de cas,l’agitation incompréhensible est causée par la “confusion mentale”. Dansles autres cas, il s’agit de “délires”.

La confusion est caractérisée par la désorientation dans le temps et dansl’espace: le patient ne connaît pas le temps ni le lieu où il est, il ne recon-naît pas ses proches. Le patient présente des difficultés de mémoire etparaît vivre dans un rêve. Parfois, il est victime d’hallucinations visuelleset auditives, il sent par exemple des chocs électriques ou il perçoit desodeurs qui n’existent pas.

9.7L e s u r g e n c e s p s y c h i a t r i q u e sC h a p i t r e 9

Page 337: Manuel Belge Almbulanciers

Posez toujours à une personne agitée des questions simples comme:“Où êtes-vous?” “Quel jour sommes-nous? Quel mois, quelle année?”. Sile patient répond, la réponse sera généralement erronée. “ Nous sommesen 1914, nous sommes au théâtre”.Ce type de confusion peut être provoqué par un empoisonnement, unabus d’alcool ou de drogue. Ces phénomènes peuvent également se pro-duire lors du sevrage d’alcool ou de drogue.La confusion est fréquemment la conséquence d’affections somatiques oude blessures telles que: un traumatisme crânien récent, les suites d’unecrise d’épilepsie, une hypoglycémie diabétique, une intoxication par CO,une méningite, une fièvre élevée ou un infarctus du myocarde (par dimi-nution de l’apport d’oxygène au cerveau)

Un “délire” est reconnaissable par la grande excitation du patient, il par-le sans arrêt et se comporte de manière théâtrale. Un patient confusparaît agité, mais est surtout perdu dans l’espace et le temps et parle peu.Un patient délirant raconte une histoire bizarre et pleine de fables: lepatient voit des choses que les autres ne voient pas, entend des chosesque les autres n’entendent pas; il avance des hypothèses bizarres: “onveut le tuer”, ou “on le recherche”. Parfois le patient présente une folie desgrandeurs: “ je suis le fils de Dieu”, “je suis le roi”, “vous devez avoir durespect pour moi”. Les patients délirants sont très sûrs d’eux. Les hallu-cinations sont très réelles pour le patient.

Vérifiez s’il existe des signes de blessures ou de maladies pouvant expli-quer la confusion Devant des plaies crâniennes, le diabète ou d’autrespathologies, agissez comme vous l’avez appris dans les divers chapitrescorrespondants.Ne banalisez jamais la situation d’un patient en crise d’agitationincompréhensible; ne vous moquez jamais du patient. Prenez tout ce qu’ilraconte très au sérieux. Certains patients peuvent devenir agressifs demanière imprévisible parce qu’ils interprètent mal une expression duvisage, un sourire ou un geste d’un témoin ou d’un intervenant.Commencez à dialoguer avec le patient. Essayez de convaincre le patientqu’une visite à l’hôpital est nécessaire. Dites-lui qu’il ne lui sera fait aucunmal.Si le dialogue s’avère totalement impossible, comme c’est le cas dans desdélires ou des confusions graves, il ne reste malheureusement pas d’au-tre solution que d’appeler du renfort. Collaborez avec le médecin qui a étéappelé. Parfois les ambulanciers et le SMUR doivent faire appel à la poli-ce pour pouvoir charger le patient dans l’ambulance.

Que faire en face d’uneagitation incompréhensible?

9.8L e s u r g e n c e s p s y c h i a t r i q u e sC h a p i t r e 9

Page 338: Manuel Belge Almbulanciers

2. L’agitation compréhensible

Dans les cas d’agitation compréhensible, il est possible d’établir un lienlogique entre l’agitation et la situation de crise rencontrée. Dans cescirconstances, les conflits entre le patient et l’entourage jouent un rôleimportant.La situation est cependant parfois très spectaculaire, s’accompagne devociférations, de violences verbales et de plaintes diverses. L’entourageest fortement impliqué dans la situation par le patient. Les ambulancierset les policiers sont souvent copieusement insultés.Vous serez souvent confronté aux conflits familiaux ou conjugaux quidégénèrent et qui se terminent en disputes ou rixes. C’est l’aspect théâtralde ces conflits qui entraîne l’appel au “100”. Une des parties appelle le“100” et en fait un argument contre l’autre.

Dans ces cas d’agitations compréhensibles, il ne s’agit pas de maladiespsychiatriques. La tâche la plus importante de l’ambulancier sera deséparer les antagonistes sans prendre parti dans le conflit. (Nota bene: lesintéressés souhaitent que les ambulanciers ou l’équipe médicale prennentparti. Cela est à éviter à tout prix).En écoutant de manière bienveillante, neutre et calme, vous obtiendrezsouvent plus de résultats qu’en administrant des calmants.L’appel à un médecin peut parfois être nécessaire pour résoudre la crise.Parfois, il est nécessaire d’emmener une des parties à l’hôpital pour clorele débat. La collaboration d’un médecin est indispensable à ce moment.

Que faire dans les casd’agitations compréhensibles?

9.9L e s u r g e n c e s p s y c h i a t r i q u e sC h a p i t r e 9

Page 339: Manuel Belge Almbulanciers

9.4 Cas par ticuliers

U N E C R I S E D E T E T A N I E

La tétanie est une forme accentuée de crampe musculaire touchant lesmembres ou le visage. Une crise de tétanie peut avoir pour origine unemaladie très rare du métabolisme calcique. Cependant, la majorité de cescrises surviennent à la suite d’un stress.Généralement, le patient décrit des picotements autour de la bouche, etsur les membres; parfois, de la douleur, des battements de cœur, de latranspiration et des crampes musculaires sont présents, accompagnés fré-quemment d’une hyperventilation avec une impression d’étouffement.Certaines personnes présentent un tableau clinique de contractures qu’onappelle « spasmophilie ».Le transport vers l’hôpital ou le placement dans un endroit calme suffitparfois à réduire la crise.

L ’ A G I T A T I O N E T H Y L I Q U E : L A C R I S E D E B O I S S O N

Nous vous avons parlé de l’intoxication alcoolique au chapitre 6.Les ambulanciers sont souvent confrontés à l’ivresse. Celle-ci s’accom-pagne, au début, d’un flot de paroles, de gestes stéréotypés et parfoisd’une agitation ou de violence. Ensuite l’ivresse évolue vers un état deconfusion qui peut se transformer en somnolence. La phase terminale estun véritable coma éthylique.L’état d’agitation grave peut être dangereux pour le patient et son entou-rage. Souvenez-vous toujours que ces états d’excitation, en rapport avecla prise d’alcool, peuvent cacher des affections plus graves, comme unehémorragie cérébrale ou une fracture du crâne. Parfois l’ivresse profon-de s’accompagne aussi d’une hypoglycémie grave avec coma hypo-glycémique.L’effet désinhibant de l’alcool peut pousser les ivrognes à se blesser ou àblesser des témoins.

A G I T A T I O N H Y S T E R I Q U E

Un état d’agitation hystérique se manifeste de manière bruyante et théâ-trale, mais reste néanmoins toujours sous le contrôle inconscient du patient.

9.10L e s u r g e n c e s p s y c h i a t r i q u e sC h a p i t r e 9

Page 340: Manuel Belge Almbulanciers

L’attitude et le regard des témoins déterminent en grande partie l’évolu-tion de la crise. Vous ne devez jamais exciter le patient. Le patient souf-fre d’un trouble grave et doit être aidé. Sans aide, la crise peut empirer etle risque de suicide augmenter.Un patient hystérique ne peut être ignoré par les services d’urgence, carcela peut entraîner des conséquences graves.

L E P S Y C H O P A T H E V I O L E N T

La plupart des psychopathes ne sont absolument pas dangereux. Cepen-dant, vous pouvez être confronté exceptionnellement à un comportementviolent qui a éclaté sans signes précurseurs visibles pour l’entourage.Les patients psychopathes violents refusent toute règle sociale et cons-tituent un danger pour les témoins et les intervenants. Si vous ne voussentez pas en sécurité, vous devez faire appel aux forces de l’ordre pourfaire protéger l’intervention de l’équipe médicale.

9.11L e s u r g e n c e s p s y c h i a t r i q u e sC h a p i t r e 9

FIG. 9.1

MAÎTRISER

UN PATIENT VIOLENT

1. Encerclez le patient d’un nombresuffisant d’intervenants selon unscénario convenu d’avance.

2. Lorsque le patient veut frapperun intervenant, celui-ci évite le gestemenaçant et recule.

4. Tenez le patient plaqué au sol.3. Chaque intervenant saisit alorsun membre tandis que la personnequi dirige l’équipe protège la tête dupatient.

5. Immobilisez les membres en vousméfiant des morsures et des coupsde tête.

Page 341: Manuel Belge Almbulanciers

9.12L e s u r g e n c e s p s y c h i a t r i q u e sC h a p i t r e 9

R É S U M É D U C H A P I T R E 9

I. EN PRÉSENCE D’UNE INGESTION DE MÉDICAMENTS ET/OU

D’ALCOOL OU D’UN AUTRE TOXIQUE

Bilan primaire• évaluation de la conscience• évaluation respiratoire• évaluation cardiocirculatoire

Bilan secondaire et enquête sur place • quels médicaments ou toxiques, avec ou sans alcool? • quelles doses? • depuis quand? • recherche du toxique sur place (armoire à pharmacie, poubelle,

toilettes) • emmener les emballages, seringues, comprimés au service des

urgences.

II. LES ÉLÉMENTS DE BASE QUI DÉFINISSENT LA SITUATION

1. Agitations incompréhensiblesLe patient seul apparaît agité; son entourage apparaît non con-cerné par le problème bien que paniqué!L’impression générale est l’incohérence, la rupture avec le nor-mal (état confusionnel, délire).

2. Agitations compréhensiblesL’agitation généralisée du patient et celle de son entourage estalimentée par une source conflictuelle claire ou par une causebien localisable.Il s’agit d’une situation de crise compatible avec un état normal,mais les réactions sont exagérées.

III. CE QU’IL FAUT FAIRE

• bilan primaire • comprendre ce qui a déclenché le problème• violence possible? • appel du SMUR? de la police? en renfort

CE QU’IL NE FAUT PAS FAIRE

• augmenter l’angoisse et/ou l’agitation• abandonner et appeler immédiatement la police• traiter le patient de “malade mental” ou de “cas psychiatrique”

Page 342: Manuel Belge Almbulanciers

1 LE C O R P S H U M A I N

2 LE S P R E M I È R E S M I N U T E S

3 LE S A F F E C T I O N S À R I S Q U E V I TA L

4 LE PAT I E N T T R AU M AT I S É

5 MA L A D I E S E T I N TOX I C AT I O N S

6 GR O S S E S S E E T AC C O U C H E M E N T I N O P I N É

7 L’E N FA N T E N D É T R E S S E

8 UR G E N C E S P R OV O Q U É E S PA R AG E N T S P H YS I Q U E S

9 UR G E N C E S P S YC H I AT R I Q U E S

10 LE T R A N S P O R T D U PAT I E N T

11 LE S C ATA S T R O P H E S

12 OR G A N I S AT I O N D E L’A I D E M É D I C A L E U R G E N T E

13 TE C H N I Q U E S

14 SU P P L É M E N T S

15 VO C A B U L A I R E

Page 343: Manuel Belge Almbulanciers

CONTENU

10.1 Techniques

10.2 Les minerves

10.3 Le casque

10.4 Le transport en ambulance

10LE TRANSPORT

DU PATIENT

Page 344: Manuel Belge Almbulanciers

La manutention du patient est une des tâches essentielles de l’ambu-lancier: déplacer, lever, asseoir, transporter sur un brancard vers l’ambu-lance, etc. ne se réalisent pas n’importe comment. Il s’agit là d’une tâcheprécise où les erreurs peuvent avoir des conséquences néfastes sur l’étatde santé du patient.Il est parfois nécessaire d’éloigner la victime aussi rapidement que pos-sible d’une zone de danger. Cependant, cette rapidité d’action ne peutjamais être assurée au détriment de la santé du patient. Vous devez maî-triser parfaitement les techniques de manutention, de déplacement et detransport.Vous devez être capable de réaliser ces tâches dans des couloirs étroits,des escaliers exigus et sur des terrains inconnus ou dangereux.Durant toutes ces interventions, vous devez veiller prioritairement à votrepropre sécurité et éviter les chutes, sources de lésions pour vous-mêmeet vos patients.

Réfléchissez d’abord avant de déplacer le patient. Etablissez un pland’action avec vos collègues ambulanciers. Pensez aux risques évolutifs, etprenez en compte le temps nécessaire à ces manipulations.

En fonction des circonstances, diverses techniques seront appliquées.

10.2L e t r a n s p o r t d u p a t i e n tC h a p i t r e 1 0

Page 345: Manuel Belge Almbulanciers

10.1 Techniques

C O M M E N T D É P L A C E R U N P A T I E N TL O R S Q U E V O U S Ê T E S S E U L ?

Patient capable de se déplacer seul

Placez le bras du patient autour de votre cou et tenez son avant-bras.Placez votre autre main autour de sa taille ou au niveau de son dos.Soutenez la victime, en la laissant avancer lentement; parlez-lui conti-nuellement pour la calmer.Exécutez vos mouvements en synchronisme avec ceux du patient. C’estlui qui détermine le rythme. Indiquez-lui les inégalités du sol et les diffi-cultés (escaliers ou autres obstacles).

Portage avec les bras

Placez un bras sous le dos, l’autre sous les jambes du patient. Si le patientest conscient, vous pouvez lui demander de se tenir avec ses bras à vo-tre épaule ou votre cou. Cette technique n’est utilisable que chez desenfants et des personnes de faible poids.

10.3L e t r a n s p o r t d u p a t i e n tC h a p i t r e 1 0

FIG. 10.1.

PATIENT CAPABLE

DE SE DÉPLACER.

Soutenez le patient et suivez son rythme.

Page 346: Manuel Belge Almbulanciers

La “prise du pompier”Placez vos pieds contre ceux du patient (les genoux du patient sontfléchis) et tirez le patient vers vous par les bras. Penchez-vous au momentoù le patient se redresse, pliez les genoux, et tirez celui-ci vers vos épau-les. Terminez en bloquant les jambes du patient avec votre bras.

10.4L e t r a n s p o r t d u p a t i e n tC h a p i t r e 1 0

FIG. 10.2

PORTAGE AVEC LES BRAS

Cette technique n’est utilisable que chez l’enfant ou les patients de faible poids.

FIG. 10.3

LE “POMPIER”.

Placez vos pieds contre ceux du patient.

Tirez le patient par les bras vers vous.

Basculez le patient sur vos épaules. Maintenez les jambes du patient de votre bras.

Page 347: Manuel Belge Almbulanciers

La traction.

Ces techniques de traction ne peuvent être utilisées que dans de vraiessituations d’urgence et seulement si le patient est trop lourd pourqu’on puisse le soulever tout seul.Pour toutes ces techniques de traction, vous devez toujours tirer dans ladirection de l’axe longitudinal du corps, et veiller à ne pas provoquer desplaies et coups au niveau de la tête.

10.5L e t r a n s p o r t d u p a t i e n tC h a p i t r e 1 0

FIG. 10.4

TECHNIQUES DE TRACTION.

1. Traction sur une couverture. 2. Traction par les pieds.

3a. Technique RAUTEK. 3b. Soulevez le dos du patient.

3c. Saisissez le patient sous lesaisselles.

3d. Faites attention aux obstaclesderrière vous.

Page 348: Manuel Belge Almbulanciers

Une attention toute particulière doit être portée à la colonne vertébrale.Il existe plusieurs possibilités :Traction par les épaules.Traction dans un escalier (toujours la tête d’abord).Traction par les pieds.Technique Rautek.Traction par les vêtements.Traction sur couverture.

C O M M E N T D É P L A C E R U N P A T I E N T E NÉ Q U I P E ( M I N I M U M D E U X A M B U L A N C I E R S ) ?

Envisageons d’abord des techniques sans matériel, et ensuite des tech-niques avec matériel de portage approprié.

Soutien du patient capable de se déplacer

Les deux ambulanciers posent les bras du patient sur leurs épaules. Cha-que ambulancier tient une main du patient et place son bras libre sur lataille du patient.

Le “pompier”

Il est possible de transporter relativement facilement un patient qui estincapable de se déplacer. La technique est identique à celle du “pompier”effectuée seul. Cependant il est beaucoup plus facile et plus sûr de cou-cher le patient sur vos épaules, avec l’aide d’un deuxième sauveteur.L’ambulancier qui ne porte pas, guide son collègue.

10.6L e t r a n s p o r t d u p a t i e n tC h a p i t r e 1 0

FIG. 10.5

PATIENT CAPABLE DE SE

DÉPLACER SOUTENU PAR

DEUX SAUVETEURS.

Page 349: Manuel Belge Almbulanciers

Portage à deux

Un ambulancier glisse ses bras sous les aisselles du patient et croise lesmains sur le thorax du patient. L’autre se place devant et saisit le patientsous les genoux.Si vous portez un patient à deux sauveteurs, parlez-vous continuelle-ment (puisque vous ne pouvez pas vous voir), et synchronisez vos mou-vements. Si le patient est conscient, parlez-lui: cela le tranquillisera.

Le brancard classique à roues

Toutes les ambulances sont équipées de brancards à roues et munis d’unchâssis pliable. Il est possible de coucher le patient sur le brancard dediverses manières.

10.7L e t r a n s p o r t d u p a t i e n tC h a p i t r e 1 0

FIG. 10.6.

LE “POMPIER”.

Lorsqu’un des sauveteurs charge lepatient sur les épaules, l’autre l’aideet le stabilise.

FIG. 10.7.

PORTAGE À DEUX

Pour un patient conscient, vous pouvez former une “chaise”.Dans le cas d’un patient incons-cient, le sauveteur qui porte les jam-bes détermine le sens du déplace-ment.

Page 350: Manuel Belge Almbulanciers

Le scoop, la civière à palettes ou à aubes

La civière à palettes est constituée de deux moitiés qui peuvent êtreengrenées l’une dans l’autre; elle est équipée de 6 palettes. Elle est fabri-quée, en règle générale, dans un matériau léger (aluminium). Grâce à destubulures coulissantes, la longueur peut être ajustée à la taille du patient.

Posez la civière à côté du patient, en plaçant correctement les emplace-ments prévus pour la tête et les pieds. Adaptez la longueur du brancarden faisant coulisser les tubulures et refixez-les soigneusement.Déverrouillez les deux fixations situées aux deux extrémités du brancardet séparez les deux parties de la civière.

Glissez précautionneusement les deux parties du brancard sous le patient.Veillez à ce que la tête, le cou, le tronc et l’abdomen restent dans unmême axe lors de la manipulation (rotation “en bloc” du patient).Vérifiez que la tête ou les pieds ne seront pas blessés au moment de la fer-meture de la civière. Reverrouillez les deux extrémités du brancard.

AVANTAGES ET DÉSAVANTAGES DE LA CIVIERE À PALETTES

Ce système permet de transporter un patient avec un minimum de mobi-lisation de la colonne vertébrale. Cela ne supprime pas l’obligation deposer une minerve si cela est nécessaire. La civière à palettes est égale-

10.8L e t r a n s p o r t d u p a t i e n tC h a p i t r e 1 0

FIG. 10.8

BRANCARD À ROUES.

FIG. 10.9

CIVIÈRE À PALETTES.

Page 351: Manuel Belge Almbulanciers

ment très commode pour transférer un patient sur un brancard, spécia-lement lorsque l’espace est très réduit. Ce système est très utile pour enle-ver une victime d’en dessous d’un véhicule.Cependant, la position d’un patient sur la civière à palettes n’est pastrès confortable. Celle-ci est étroite. Il faut donc toujours se déplacerprudemment avec une civière à palettes. Vous devez attacher le patientdans des couvertures, au moyen de ceintures ou d’attaches prévues à cetusage.

10.9L e t r a n s p o r t d u p a t i e n tC h a p i t r e 1 0

FIG. 10.10

UTILISATION DE

LA CIVIÈRE À PALETTES.

1. Adaptez la longueur de la civière. 2. Séparez le brancard en deuxmoitiés.

3. Glissez une moitié de la civièresous le patient.

4. Glissez l’autre moitié de la civièresous le patient.

5. Verrouillez d’abord le côté “tête”. 6. Verrouillez ensuite le côté “pieds”.

Page 352: Manuel Belge Almbulanciers

Le matelas à dépression

Le matelas à dépression est constitué d’une double enveloppe souple. Cematelas est rempli de petites billes en matière synthétique. Le matelas àdépression épouse la forme du patient.Il est possible de pomper l’air contenu dans le matelas. Les granuléssont alors comprimés et réalisent une forme rigide adaptée à la forme ducorps de la victime.

AVANTAGES ET DÉSAVANTAGES DU MATELAS À DÉPRESSION

Le matelas à dépression soutient parfaitement le corps et de ce point devue assure une protection maximale. Ce matelas est donc parfaitementadapté au transport de patients porteurs de lésions multiples. Au coursd’un transport prolongé, il assure un confort optimal au patient. De plus,il protège de manière excellente contre les basses températures du sol.

Le matelas à dépression consacre cependant la position initiale dupatient. Si celle-ci n’est pas confortable, elle sera maintenue pendanttoute la durée du transport. Si de plus, le patient n’est pas capable d’expri-mer cet inconfort, une pression peut s’exercer sur une partie du corps etentraîner des lésions, spécialement si la durée du transport est impor-

10.10L e t r a n s p o r t d u p a t i e n tC h a p i t r e 1 0

FIG. 10.11

FIXATION DU PATIENT SUR LA

CIVIÈRE À PALETTES.

FIG. 10.12

LE MATELAS À DÉPRESSION.

Le matelas à dépression est remplide billes de polystyrène. Lorsquel’on réalise le vide dans l’enveloppe,le matelas épouse la forme du corpsdu patient et réalise une attelle.

Page 353: Manuel Belge Almbulanciers

tante. Le matelas à dépression peut être endommagé par des éclats deverre ou autres objets coupants. S’il présente une fuite, il ne peut plus con-server le vide et perd sa rigidité.

La chaise d’ambulance

La chaise d’ambulance est un système pliable qui est muni de roues auxpieds arrière et qui est équipé d’une série de poignées. Ces systèmes sontfabriqués en matériau léger (aluminium), ou en matières synthétiqueslavables.

AVANTAGES ET DÉSAVANTAGES DE LA CHAISE D’AMBULANCE

La chaise d’ambulance permet de transporter, avec une grande sécurité,un patient conscient. Elle remplace le transport à l’aide d’une chaiseordinaire.

La chaise d’ambulance ne convient cependant pas au transport d’uninconscient ou d’un patient peu collaborant. Sur cette chaise, certainspatients ne se sentent pas en sécurité; ils ressentent une impression dedéséquilibre, surtout dans les escaliers.

10.11L e t r a n s p o r t d u p a t i e n tC h a p i t r e 1 0

FIG. 10.13

FIXATION DU PATIENT

SUR LE MATELAS À DÉPRESSION.

FIG. 10.14

CHAISE D’AMBULANCE.

Page 354: Manuel Belge Almbulanciers

10.2 Les minerves

On n’insistera jamais assez sur le fait qu’il faut placer une minerve àtout patient chez qui l’on n’a pas exclu une lésion de la colonne cervica-le. L’analyse du mécanisme de l’accident et l’évaluation de l’état de cons-cience de la victime sont très importantes dans ces circonstances.

Q U E F A I R E A V A N T D E P L A C E R U N E M I N E R V E ?

Vous devez placer la tête du patient en position neutre, c’est-à-dire dansle prolongement du tronc.Un ambulancier tient la tête dans cette position neutre. Celui-ci se met àgenoux si le patient est couché, il se place derrière le patient si celui-ci estassis (cfr fig. 10.17). Le premier ambulancier maintient la tête sans la bou-ger. L’autre ambulancier peut alors placer la minerve.

M I S E E N P L A C E D ’ U N E M I N E R V E S O U P L E

Les minerves souples sont réalisées dans une bande de caoutchouc-mousse entourée d’une matière synthétique semi-rigide. Le bord supé-rieur s’adapte au contour du menton. La minerve se referme par une fixa-tion adhésive type Velcro.

Avant de placer la minerve, vous devez choisir la bonne dimension. Lahauteur de la minerve s’estime en mesurant la distance entre une ligneimaginaire passant par les épaules du patient et une autre ligne imaginairepassant par la base du menton. Il faut dégager les épaules pour prendreune mesure exacte.

10.12L e t r a n s p o r t d u p a t i e n tC h a p i t r e 1 0

FIG. 10.15

LES MINERVES SOUPLES.

Page 355: Manuel Belge Almbulanciers

Une minerve bien choisie ne doit pas provoquer de douleur et nedoit pas gêner la respiration. La minerve ne peut être enlevée qu’àl’hôpital.

Mise en place d’une minerve rigide

Plusieurs marques de minerves rigides sont disponibles sur le marché.Avant de placer une minerve rigide, vous devez connaître le moded’emploi précis de ce type de minerve. Suivez les instructions de lamarque que vous utilisez. Entraînez-vous.Les règles d’application pour les minerves semi-rigides sont valables iciaussi. La tête et le cou doivent être en position neutre et la minerve doitêtre appliquée avec précaution.Choisissez une taille de minerve adaptée au patient. Certaines minervespossèdent des marquages ou des couleurs qui permettent de les distin-guer en fonction de leur taille. Une minerve rigide ne doit pas fairemal et ne doit pas gêner la respiration.La minerve reste en place jusqu’à l’hôpital où elle doit être enlevée sousla surveillance d’un médecin.

10.13L e t r a n s p o r t d u p a t i e n tC h a p i t r e 1 0

FIG. 10.16

LES MINERVES RIGIDES.

Page 356: Manuel Belge Almbulanciers

10.14L e t r a n s p o r t d u p a t i e n tC h a p i t r e 1 0

FIG. 10.17

MISE EN PLACE

D’UNE MINERVE RIGIDE.

1. Exercez une traction longitudina-le sur la nuque.

2. Choisissez la taille de la minerve.

4. Le second ambulancier maintientla traction longitudinale.

3. Glissez la minerve sous la nuquedu patient.

5. Fermez la minerve.

6. Minerve en place, positioncouchée.

7. Un renforcement complémentairepeut exister.

Minerve en place, position assise.

Page 357: Manuel Belge Almbulanciers

10.3 Le casque

Les motocyclistes portent obligatoirement un casque, mais dans cer-tains sports, le port du casque est également la règle. Il n’est pas toujourssimple d’enlever un “casque intégral” de motocycliste. Certaines profes-sions nécessitent le port du casque de protection.

C O M M E N T É V A L U E R L A S I T U A T I O N D ’ U N P A T I E N T P O R T E U R D ’ U N C A S Q U E ?

Posez-vous d’abord la question de la nécessité d’enlever le casque. Il n’estpas nécessaire d’enlever le casque si le patient est conscient, peut tenirune conversation normale et s’il est possible d’atteindre la bouche et lenez pour aspirer le patient en cas de vomissements ou de saignements.Dans tous les autres cas, il est nécessaire d’enlever le casque. Eneffet, vous devez pouvoir surveiller correctement le patient, être capablede dégager les voies respiratoires et d’administrer de l’oxygène si cela estnécessaire.

C O M M E N T E N L E V E R U N C A S Q U E D E P R O T E C T I O N ?

Pour enlever un casque, deux ambulanciers sont toujours nécessaires. Lepremier s’agenouille au niveau de la poitrine de la victime et détache oucoupe la jugulaire. Il soutient ensuite des deux mains, la nuque et l’occi-put, en laissant ses doigts passer légèrement sous le casque. De cettemanière, il réalise une minerve de ses deux mains.L’autre ambulancier s’agenouille au niveau de la tête du patient, enlève leslunettes éventuelles et fait glisser prudemment le casque au-dessus de latête du patient. Il effectue un très léger mouvement de biais, afin que lecasque glisse plus aisément sur les oreilles. Il passe le nez en inclinant lecasque légèrement vers l’arrière. Méfiez-vous des mouvements brus-ques.

Si un troisième sauveteur est présent, il peut exercer une traction suffi-sante sur la colonne vertébrale en tirant sur les pieds. De cette manière,les vertèbres dorsales et lombaires restent fixées dans un axe longitudinal.

Parlez-vous continuellement pour que chacun sache jouer son rôle en par-faite synchronisation. Parlez également avec le patient s’il est conscient.Après avoir enlevé le casque, immobilisez la nuque du patient et placezune minerve.

10.15L e t r a n s p o r t d u p a t i e n tC h a p i t r e 1 0

Page 358: Manuel Belge Almbulanciers

10.16L e t r a n s p o r t d u p a t i e n tC h a p i t r e 1 0

FIG. 10.18

ENLÈVEMENT D’UN

CASQUE DE PROTECTION.

Détachez la jugulaire.

Le second ambulancier enlève le casque en tirant dans le sens de lalongueur, le premier ambulancier continuant à soutenir la nuque.

Soutenez le menton et la nuque au niveau de la base du crâne.

Page 359: Manuel Belge Almbulanciers

10.4 Le transpor t en ambulance

La position du patient pendant le transport vers l’ambulance ainsi quedurant le trajet en ambulance, doit tenir compte de la sécurité du patientet des ambulanciers, du confort du patient, des difficultés du terrain etde l’équipement disponible.

T R A N S P O R T E N D É C U B I T U S D O R S A L

Le transport tête et épaules légèrement surélevées est indiqué chezun patient conscient qui trouve cette position confortable.Une position couchée à plat convient au patient qui doit être réanimé.Cette position convient également chez le patient chez qui on suspecteune lésion vertébrale et chez qui la tête, la nuque et le tronc doivent res-

ter strictement alignés. Ce dernier type de patient devra porter en per-manence une minerve et être transporté sur un matelas à dépression ouune civière à palettes.Les patients en état de choc, dont le choc ne provient pas d’une décom-pensation cardiaque, seront transportés en position de Trendelen-bourg : les jambes légèrement surélevées. Cette position est la plus adé-quate chez les patients qui menacent de faire une syncope ou qui vien-nent de perdre brièvement conscience. Dans cette position, le sang reflueplus aisément des membres inférieurs vers le cœur et le cerveau.La position semi-assise est la position la mieux adaptée aux diffi-cultés respiratoires. Dans cette position le patient respire plus facile-

10.17L e t r a n s p o r t d u p a t i e n tC h a p i t r e 1 0

FIG. 10.19

TRANSPORT EN

DÉCUBITUS DORSAL.

La position dorsale horizontale estindiquée pour la réanimation.

La position semi-assise est indiquéepour le tranport d’une hémorragiecérébrale.

Page 360: Manuel Belge Almbulanciers

ment. Si le patient recherche spontanément cette position et que la respi-ration en est améliorée, vous ne devez jamais obliger le patient à prendreune autre position.

T R A N S P O R T E N P O S I T I O N L A T É R A L E

La position latérale de sécurité (PLS) gauche est un bel exemple deposition latérale. Vous devez transporter en PLS un patient qui respirespontanément mais qui court le risque d’obstruer ses voies respiratoirespar des vomissements ou du sang.Il est possible de transporter un patient en position latérale tout en main-tenant l’axe tête-nuque-tronc. Placez le patient en position latérale grâceà la technique montrée à la fig. 10.20.

10.18L e t r a n s p o r t d u p a t i e n tC h a p i t r e 1 0

Page 361: Manuel Belge Almbulanciers

10.19L e t r a n s p o r t d u p a t i e n tC h a p i t r e 1 0

FIG. 10.20

PLACEMENT DU PATIENT EN

POSITION LATÉRALE DE

SÉCURITE (PLS) GAUCHE.

-

1. Pliez le genou gauche. 2. Basculez le genou gauche versl’extérieur.

3. Saisissez le bras droit. 4. Faites pivoter le tronc en tirantsur le bras droit.

5. Dégagez le bras gauche etéloignez-le du corps.

6. Positionnez la tête sur le côtégauche.

7. La position latérale de sécuritégauche.

Page 362: Manuel Belge Almbulanciers

10.20L e t r a n s p o r t d u p a t i e n tC h a p i t r e 1 0

R É S U M É D U C H A P I T R E 1 0

Le transport du patient par les ambulanciers ne doit jamaisaggraver la situation.Toutes les manipulations du patient doivent se réaliser enrespectant l’axe de la colonne vertébrale: la tête, le cou, lethorax, le bassin.Toutes les immobilisations que vous réalisez (attelle,minerve, matelas coquille, ...) ont pour but de réduire ladouleur et d’augmenter la protection du patient.Toutes les manipulations et les déplacements du patientdoivent être réalisées en observant celui-ci, en lui parlant,en le rassurant et en surveillant ses fonctions vitales.L’ambulancier doit parfaitement connaître son matériel ets’entraîner à l’utiliser.

Page 363: Manuel Belge Almbulanciers

10.21L e t r a n s p o r t d u p a t i e n tC h a p i t r e 1 0

Page 364: Manuel Belge Almbulanciers

1 LE C O R P S H U M A I N

2 LE S P R E M I È R E S M I N U T E S

3 LE S A F F E C T I O N S À R I S Q U E V I TA L

4 LE PAT I E N T T R AU M AT I S É

5 MA L A D I E S E T I N TOX I C AT I O N S

6 GR O S S E S S E E T AC C O U C H E M E N T I N O P I N É

7 L’E N FA N T E N D É T R E S S E

8 UR G E N C E S P R OV O Q U É E S PA R AG E N T S P H YS I Q U E S

9 UR G E N C E S P S YC H I AT R I Q U E S

10 LE T R A N S P O R T D U PAT I E N T

11 LE S C ATA S T R O P H E S

12 OR G A N I S AT I O N D E L’A I D E M É D I C A L E U R G E N T E

13 TE C H N I Q U E S

14 SU P P L É M E N T S

15 VO C A B U L A I R E

Page 365: Manuel Belge Almbulanciers

CONTENU

11.1 Evolution de la législationbelge

11.2 Les urgences collectives

11.3 L’assistance aux victimes

11LES

CATASTROPHES

Page 366: Manuel Belge Almbulanciers

11.1 Evolution de la législation belgeconcernant les catastrophes

L E G I S L A T I O N

Dans les pays industrialisés, la réponse des services médicaux auxurgences collectives s’est structurée et a été planifiée sur la base del’expérience acquise à l’occasion de différentes crises. Les équipes belgesd’aide médicale urgente, comme celles des autres pays européens, ontstandardisé leur techniques d’intervention et se sont intégrées dans lesservices de secours. Comme ambulancier, vous devez bien connaître lesprincipes de base d’une bonne gestion des situations de catastrophe.

La loi du 21 janvier 1987 traite des sinistres majeurs qui peuvent être pro-voqués par certaines activités industrielles, en application de la Directiveeuropéenne “SEVESO”.Après une longue concertation avec tous les partenaires concernés, tantdu secteur public que du secteur privé, la philosophie belge en cettematière est résumée dans la circulaire ministérielle du 11 juillet 1990(Moniteur Belge du 5 septembre 1990). Même si cette circulaire se limiteencore jusqu’à ce jour à la seule application des plans “SEVESO”, onconsidère celle-ci comme la base de tout plan d’urgence et d’interventionmis en place en Belgique en cas de catastrophe.

Les différents partenaires de la chaîne des secours médico-sanitaires (leMinistère des Affaires Sociales, de la Santé Publique et de l’Environne-ment, le Ministère de l’Intérieur, la Croix-Rouge de Belgique, les organi-sateurs de l’enseignement de la médecine de catastrophe comme laKUL, l’ULB et le Ministère de la Défense nationale) ont décrit les prin-cipes de leur intervention dans un document de consensus. Celui-ci estcommunément appelé “doctrine du Groupe de Gand”. Il est à la base desrègles d’intervention des secours médico-sanitaires en situation de catas-trophe.

L E S C I N Q D I S C I P L I N E S

Les acteurs de la gestion d’une situation de catastrophe sont regroupés encinq “disciplines”.• discipline 1: les services de secours (pompiers)• discipline 2: les secours médico-sanitaires (médecins, infirmiers, secou-

ristes-ambulanciers, psychologues, …)• discipline 3: les forces de l’ordre• discipline 4: la Protection Civile, le matériel et le personnel réquisitionné,

la logistique et le transport.

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Page 367: Manuel Belge Almbulanciers

• discipline 5: la cellule d’information qui est en contact avec les médiaset la population. Cette activité comprend, entre autres, la définition et lacommunication de consignes pour la population (Où se mettre à l’abri?Quelles précautions prendre? Que peut-on boire et manger? Faut-ilévacuer? Quels sont les lieux de rassemblement?), ainsi que la luttecontre les rumeurs ou les informations exagérément alarmistes.

Les différents responsables de ces disciplines constituent la cellule decoordination (de crise) qui gère la catastrophe. La cellule de crise est sous la responsabilité:•de l’officier du service incendie pour un incident à effet limité (accidentde roulage avec blessés) et constitue la phase 1 du plan catastrophe. Elleest la plus habituelle.

• du bourgmestre dans la phase 2 du plan catastrophe ou phase commu-nale dès lors que plusieurs services de secours sont concernés.

• du gouverneur de la province dans la phase 3 du plan catastrophe ou phaseprovinciale dès lors que plusieurs communes sont impliquées.

• du ministre de l’intérieur dans la phase 4 du plan catastrophe ou phasefédérale dès lors que plusieurs provinces sont impliquées.

L A “ D I S C I P L I N E 2 ” : L E S S E C O U R SM É D I C A U X E T S A N I T A I R E S

QUELLES PERSONNES FONT PARTIE DE LA DISCIPLINE 2?

a) Les secouristes-ambulanciersLes services d’ambulance qui sont attachés au centre de secours 100 sontmis en action sous la responsabilité d’un de ces centres (le nombred’ambulances mises en oeuvre est fonction du nombre de victimes). Sicela est nécessaire, le centre de secours 100 peut faire appel à des ambu-lances qui ne font pas partie du système, notamment les ambulances dela Croix-Rouge de Belgique.Dans les régions frontalières, des accords bilatéraux ont été conclus.Ceux-ci permettent, dans une certaine mesure, l’intervention des ambu-lances des pays voisins.

b) Les corps médical et infirmierLes médecins et les infirmiers des SMUR, les médecins hospitaliers, lesmédecins des corps de pompiers, les médecins généralistes, les infir-miers peuvent tous être incorporés dans la “discipline 2“ et des tâchesspécifiques leur sont attribuées.

c) Les hôpitauxLa répartition des victimes vers les hôpitaux voisins de la catastrophe est“régulée” vers ceux qui disposent de services d’urgence. Cependant, lesautres hôpitaux peuvent être requis en fonction des besoins en lits ou deleurs possibilités techniques particulières (caissons hyperbares et centresde brûlés par exemple).

14.4

11.3M.À.J. - 2002 L e s c a t a s t r o p h e sC h a p i t r e 1 1

Page 368: Manuel Belge Almbulanciers

d) La Croix-Rouge de Belgique et son Service de SecoursLa Croix-Rouge de Belgique intervient comme auxiliaire des PouvoirsPublics et assure des missions de Santé Publique (protocole d’accord avecl’Etat de 1972). La Croix-Rouge de Belgique fait donc partie de la “disci-pline 2”.

e) Les autres professions concernées par la santé publique (pharmaciens et vétérinaires par exemple) D’autres professions ont, dans certaines situations de crise particulières,des tâches importantes à accomplir.Ainsi, les pharmaciens des officines privées et des hôpitaux peuventjouer un rôle important dans la distribution de médicaments à la popu-lation, par exemple la distribution de gélules d’iode en cas d’accidentnucléaire. Les vétérinaires auraient un rôle important dans des zones oùexisterait un risque d’épidémie et où la protection du bétail et de la chaî-ne alimentaire devrait être assurée sous leurs conseils.

L A S T R U C T U R E H I É R A R C H I Q U E D E L A D I S C I P L I N E 2

De toutes les disciplines intervenant dans “un plan catastrophe”, la “dis-cipline 2” était la moins structurée. Néanmoins, il est important que lesdirectives suivent une chaîne hiérarchique dans des situations de crise quiimpliquent la “discipline 2”. L’efficacité est à ce prix.L’autorité administrative responsable de la “discipline 2” est le MédecinInspecteur d’Hygiène Provincial.Le Directeur des Secours Médicaux (DSM) exerce la direction desmoyens médicaux sur les lieux de la catastrophe en concertation avec lesresponsables des autres disciplines. Le DSM est en contact avec l’Inspecteur Provincial d’Hygiène qui siègeà la cellule de crise. Il est médecin d’un SMUR et possède les compé-tences nécessaires en médecine de catastrophe. Ce médecin doit avoirune bonne connaissance du terrain et, surtout, de la région dans laquel-le il doit travailler. Ce médecin est assisté, entre autre, d’un adjoint “régu-lateur” (qui est généralement un infirmier) chargé d’assurer la répartitionet l’évacuation des victimes vers les différents hôpitaux. Les directives duDSM, du régulateur et de tout autre responsable de la “discipline 2” doi-vent être scrupuleusement suivies par les ambulanciers.

L E S M I S S I O N S D E L A D I S C I P L I N E 2

Les missions fondamentales de la discipline 2 sont reprises dans la cir-culaire ministérielle du 11 juillet 1990. Celle-ci décrit, en résumé, lesmodalités de triage et d’évacuation des victimes.L’organisation du transport, ainsi que la mise en place du Poste MédicalAvancé (PMA), sont des tâches attribuées à la discipline 2.

11.4M.À.J. - 2002 L e s c a t a s t r o p h e sC h a p i t r e 1 1

Page 369: Manuel Belge Almbulanciers

L E S S T O C K S D E M É D I C A M E N T S E T D EM A T E R I E L M E D I C A L P O U R L E SC A T A S T R O P H E S

Dans l’éventualité d’une catastrophe, des lots de médicaments et dematériel médical ont été constitués et mis à la disposition des servicesmédicaux sur l’ensemble du territoire belge. Depuis 1994, suite à desconventions passées avec le Ministère de la Santé Publique, il existe unstock standardisé par province. Chaque lot provincial permet de soignerau moins 100 blessés graves. Certaines ambulances ou d’autres véhiculesprioritaires peuvent, comme cela est fixé dans chaque Plan ProvincialMédical d’Urgence (PPMU), être utilisés pour le transport de ces lots versle site d’une catastrophe.

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FIG. 11.1

LA DOTATION PROVINCIALE

STANDARD

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Chaque province belge est également dotée d’un véhicule avec remorquequi peut amener sur place des moyens spécifiques et juxtaposables entreeux: • une tente gonflable de 12m x 5m (avec éclairage et chauffage) qui sert

de PMA,• du matériel d’oxygénation et de ventilation,• du matériel de relevage, de transport, de contention et d’isolation,• du matériel de télécommunication, • un stock de traitements de ± 100 victimes constitué de coffres médicaux

et de kits “soignant” individuels.

Par convention avec le Ministère de la Santé Publique, cette logistique estgérée dans chaque province par un hôpital général disposant d’un serviced’urgence. De plus, des accords particuliers ont été conclus entre ceshôpitaux et des corps de pompiers ou la Protection Civile.

Des stocks de brancards et de couvertures sont également disponibles surle territoire provincial en plus de matériels propres aux services de secours.

L E P L A N “ B A B I ”

Il existe un plan national régulant, en cas de catastrophe, les lits pourgrands brûlés, dans une coordination réalisée entre les divers centres debrûlés. Ce plan a déjà été testé dans des conditions réelles et fonctionnebien. Le plan porte le nom de “BABI” qui est l’abréviation de “BelgianAssociation for Burns Injuries”.

L E S P L A N S D E M I S E E N A L E R T E D E SS E R V I C E S H O S P I T A L I E R S

L’arrêté royal du 17 octobre 1991 (M.B. du 6 décembre 1991) impose àchaque hôpital l’élaboration et le test d’un plan de “Mise en Alerte desServices Hospitaliers” (MASH). L’efficacité du plan doit être régulière-ment testée.

Les hôpitaux ont l’obligation de prévoir un plan “MASH” pour les événe-ments internes et externes à eux-mêmes; les hôpitaux dans lesquels ontraite principalement des patients chroniques n’ont que l’obligation deprévoir un plan interne.

11.6M.À.J. - 2002 L e s c a t a s t r o p h e sC h a p i t r e 1 1

Page 371: Manuel Belge Almbulanciers

L E S A U T R E S P L A N S

Des plans d’intervention spécifiques permanents ou temporaires existentpour• les aéroports• les firmes avec risques SEVESO• le chemin de fer• les rassemblements de foule• les visites et déplacements de personnalités.

Il n’est pas possible d’improviser dans ces cas. Renseignez-vous à proposdes plans qui existent dans votre région.

Dans la description de vos missions qui va suivre, nous supposons quevous intervenez dans une situation qui implique de nombreuses victimes(urgences collectives).

11.7M.À.J. - 2002 L e s c a t a s t r o p h e sC h a p i t r e 1 1

Page 372: Manuel Belge Almbulanciers

11.2 Les urgences collectives: l’intervention sur le site de la catastrophe

Les situations d’urgence collective impliquent beaucoup d’intervenantsdifférents. Afin de permettre à chacun de réaliser correctement son tra-vail, plusieurs règles et des techniques de travail précises sont à res-pecter. Certains détails sont adaptés en fonction de la nature de la catas-trophe et des caractéristiques de l’environnement. Ces adaptations vousseront alors précisées au moment de l’intervention par les responsablesde la discipline 2.

P R I N C I P E S D E B A S E

On parle de “catastrophe” dès que l’aide médicale urgente habituelleet immédiatement disponible n’est plus suffisante pour faire faceà un sinistre.Ainsi, il peut arriver qu’un corps de pompiers doive faire appel à d’autrescorps voisins parce qu’il doit disposer de moyens supplémentaires.A la suite d’une collision en chaîne sur autoroute, le SMUR concerné peutfaire appel aux SMUR des zones voisines parce que plusieurs blessésgraves nécessitent des soins immédiats.D’autre part, “catastrophe” ne signifie pas nécessairement “perte devies humaines”: l’effondrement d’un pont de chemin de fer important, àun moment où il n’y avait pas de circulation, n’est pas une “catastrophe”humaine, mais bien une “catastrophe” économique.Actuellement, 5 blessés graves ou 10 victimes sans précision de gra-vité ou encore la suspicion d’un nombre élevé de victimes constituent lescritères de déclenchement du PPMU. La réponse automatique et recom-mandée du centre de secours 100 est l’envoi de trois SMUR et de cinqambulances (Doctrine du Groupe de Gand).

L’importance de la demande de secours ne peut pas être satisfaite par lesmoyens de réponse normaux et les techniques utilisées habituellement. Pendant un certain laps de temps, on ne sait pas par où commencer et ilpeut exister un certain chaos. La seule possibilité d’adapter la réponse setrouve dans l’organisation.Chaque groupe d’intervenants devra s’organiser de manière à augmenterson rendement; ce n’est possible qu’en se concentrant sur les dangersimmédiats et en distinguant l’essentiel de l’accessoire. En ce qui concer-ne l’aide médicale, cela signifie qu’il faut privilégier un maximum de vic-times qui sont en danger de mort par rapport aux blessés légers. Celademande un degré élevé de collaboration de tous: tout le monde doit tirerà la même corde et dans le même sens.

La gestion de la catastrophe

Catastrophe ou urgence collective

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Page 373: Manuel Belge Almbulanciers

L’efficacité peut être augmentée si les différents services de secours tra-vaillent ensemble: la coordination est essentielle. La première règle estde ne pas se gêner et de ne pas interférer les uns avec les autres, ce quidemande d’adapter ses propres techniques - quand c’est possible - auxexigences de travail des autres corps de secours.Si nous souhaitons nous organiser pour réaliser des missions en commun,nous devons non seulement collaborer mais également mettre en place unehiérarchie et lorsque les responsables donnent des ordres, ces ordresdoivent être exécutés correctement. Il faut, ensuite, signaler à ces respon-sables que la mission a été accomplie et que l’on attend une autre mission.S’il ne vous est pas possible d’exécuter une mission, signalez-le et pro-posez immédiatement une alternative.La gestion d’une situation de catastrophe est un travail épuisant quidevient pratiquement impossible à réaliser si l’on ne peut pas faire uneconfiance totale aux différents intervenants présents sur le terrain.

La règle à appliquer dans ces situations est: “Les meilleurs soins pos-sibles pour un maximum de victimes”. Ne perdez donc pas votretemps; la vie de certaines victimes en dépend. Consacrez-vous à l’essentiel.Vous concentrer sur la réanimation acharnée d’un seul blessé grave peutconduire à la perte d’autres victimes souffrant d’hémorragie ou de chocet qui auraient pu être sauvées par quelques gestes efficaces et rapides.Ne réalisez que ce qui doit être accompli immédiatement.Agissez rapidement, avec compétence, et employez les techniques sûreset reconnues qui permettent d’éviter que certains gestes ne doivent êtrerecommencés. Une catastrophe ne justifie pas l’exercice illégal de la pra-tique médicale.Economisez votre matériel, car le réapprovisionnement peut se faireattendre.Si vous demandez l’aide de témoins valides, donnez-leur des indicationsclaires et précises.

L E S R E S P O N S A B L E S S U R L E T E R R A I N

Chaque discipline dispose d’un responsable sur le terrain (un autre res-ponsable est présent dans la cellule de crise qui est réunie autour del’autorité).• discipline 1: un officier du corps de pompiers appelé Directeur des

Opérations de Secours (DS).• discipline 2: le médecin responsable sur place est le DSM.• discipline 3: le policier le plus élevé en grade.• discipline 4: un officier de la Protection Civile.• discipline 5: un spécialiste du staff de l’autorité coordinatrice qui assu-

re l’information de la population.

L’ensemble des opérations de sauvetage sur le terrain est coordonnépar la discipline 1, c’est-à-dire, le plus souvent, par l’officier pompier leplus élevé en grade sur le terrain. Les responsables se réunissent régu-

La médecine de catastrophe

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Page 374: Manuel Belge Almbulanciers

lièrement dans le poste de commandement opérationnel (PCO), quiest généralement représenté par le véhicule de commandement du corpsde pompiers, autour duquel les autres installent leur véhicule de liaison.De plus, un véhicule véritablement adapté à cette fonction de PCO peutêtre amené sur place (Protection Civile ou Pompiers ou Croix-Rouge).Comme on l’a déjà dit, le Directeur des Secours Médicaux (généra-lement muni d’une chasuble de fonction) dirige la discipline 2. Il faitrapport à l’Inspecteur Provincial d’Hygiène qui siège dans la cellule de cri-se réunie autour du Gouverneur de la province ou de l’autorité.

L E S M I S S I O N S D E L A P R E M I E R EA M B U L A N C E A R R I V É E S U R P L A C E

Vous pouvez découvrir que la situation où l’intervention décrite comme“banale”, se révèle être un accident impliquant de nombreuses victimes. Ilne vous est pas possible d’appliquer les règles de l’examen systématiquedécrites dans le chapitre 2 (diagramme 2.7). Vous aurez à ce moment la lour-de tâche de mettre en branle tout le système via le centre de secours 100 etde préparer l’arrivée des renforts en veillant aux victimes qui sont sur pla-ce. Vous tiendrez compte, avant tout, de la possibilité d’une zone à risque.

a) Evaluation de la situation et information au centre de secours 100Les renforts ne viendront que si vous les demandez! Vous devez vous sou-venir que le préposé du centre de secours 100 est aveugle et sourd. Vousêtes ses yeux et ses oreilles.Posez-vous la question: “Qu’est-ce que j’aurais désiré comme informa-tions avant mon arrivée sur place?”.Une première évaluation doit reprendre les éléments suivants: l’événe-ment, l’environnement, les victimes, le caractère évolutif du risque. Cela vaconstituer le “message d’ambiance” à l’adresse du centre de secours 100.

L’événement:• La localisation exacte de l’accident (points de référence, voies d’accès).• La situation sur place (camion-citerne, autobus, incendie, présence de

produits dangereux (ADR), effondrement d’immeuble, ...).• Le nombre de véhicules impliqués et leur situation (équilibre instable,

véhicules renversés).• Les voies d’accès.

L’environnement:• La nature du terrain (sur la route, dans un fossé, sur une pente, sur un

pont).• La nature des bâtiments (hauteur de l’immeuble, risque d’effondre-

ment).• Faites par radio une proposition de lieu de rendez-vous pour les ambu-

lances (dans le voisinage immédiat, sans bloquer la voie d’accès).

2

11.10M.À.J. - 2002 L e s c a t a s t r o p h e sC h a p i t r e 1 1

Page 375: Manuel Belge Almbulanciers

Les victimes:• Une estimation du nombre des victimes.• Une estimation de la nature des lésions dominantes (brûlures, trauma-

tismes, asphyxie, ... ).• La situation des victimes (incarcérées, ensevelies, ...).

Risque évolutif:• Existe-t-il un dégagement de gaz, de vapeur?• Des lignes à haute tension sont-elles présentes?• Existe-t-il un risque d’effondrement ou d’incendie de bâtiments?

b) La zone à risqueLa zone à risque est une zone dans laquelle il existe un certain dangerpour la santé – ou la vie – des gens qui s’y trouvent et des intervenants.L’étendue de cette zone est fonction de la nature de l’événement maisaussi d’autres facteurs de l’environnement comme le vent, la températu-re, l’implantation des habitations.Lorsque vous arrivez les premiers sur les lieux d’un sinistre, vous devezvérifier vous-même s’il existe un danger pour les intervenants: • si un camion-citerne présente une fuite: regardez le code ADR ou les

autres signes de définition du chargement évoquant un danger. • si des fumées ou des vapeurs sortent d’un bâtiment ou d’un charge-

ment: existe-t-il des risques d’explosion?• si vous constatez une odeur irritante: méfiez-vous mais le fait qu’un pro-

duit n’ait pas d’odeur ne garantit pas son innocuité. Pensez aux autres:prévenez aussi rapidement que possible le centre de secours 100 d’undanger potentiel.

Quelles sont les règles à respecter face à une zone à risque?

• Pour un camion-citerne présentant une fuite d’un produit inconnu sus-pect: distance de sécurité de 100 m.

• Pour un camion-citerne en feu: distance de sécurité de 300 m.• Des conditions météorologiques changeantes (vent) peuvent modifier la

zone de danger. Réévaluez la situation à intervalles réguliers; on parlealors de “risque évolutif”.

Si les pompiers ou des experts compétents sont présents, ils délimiterontla zone de danger et la surveilleront. L’entrée dans cette zone est alorsstrictement subordonnée à l’autorisation de l’officier pompier responsablesur le terrain.

c) A votre arrivéeDès l’approche du sinistre, vous devez être attentif et prudent. Le débutde la réussite consiste à bien placer votre ambulance:• Ne bloquez pas la voie d’arrivée des renforts.• Restez à distance des dangers potentiels.• Respectez les instructions du centre de secours 100.•Restez hors de portée de fils électriques qui peuvent tomber.•Les véhicules en feu ne peuvent pas être approchés au delà d’une distance de sécurité.

13.4

11.11M.À.J. - 2002 L e s c a t a s t r o p h e sC h a p i t r e 1 1

Page 376: Manuel Belge Almbulanciers

•Si une fuite de produits pétroliers existe, veillez à laisser votre véhiculehors de portée de l’écoulement (pente!)

• Si des produits chimiques dangereux sont impliqués ou en présence d’unincendie, garez-vous au vent.

• En présence d’un risque d’explosion, la distance de sécurité est plusimportante.

• Le chauffeur doit rester à proximité de son véhicule (pour pouvoir ledéplacer si cela devenait nécessaire).

Comme toujours, votre propre sécurité et celle de votre équipier sont prioritaires. Veillez ensuite à la sécurité des témoins car il est inutile qu’il y ait d’autres victimes! Ensuite, occupez-vous des victimes: veillez à leursécurité, puis réalisez une évaluation de leur risque vital.

d) OrganisationL’évacuation des victimes ne peut pas débuter tant que vous êtes seuls surles lieux de l’accident. Pendant que vous portez assistance aux victimesqui en ont un besoin immédiat, vous devez préparer l’arrivée des renforts:• Un des deux membres de l’équipe se charge de l’aspect organisationnel

de l’intervention, tandis que l’autre prend en charge les victimes gra-vement atteintes.

• Veillez à ce que personne ne quitte les lieux de la catastrophe sans quevous ne le sachiez (liste).

• Rassemblez les victimes à un endroit sûr, protégé, d’accès facile (cetendroit deviendra ensuite le PMA dont on parlera plus tard).

• Veillez à ce que les victimes qui ne peuvent pas être déplacées soient faci-lement repérables; confiez, si cela est possible, leur surveillance à une per-sonne valide ou signalez l’emplacement (à l’aide d’un fanion, par exemple).

• Mémorisez les informations essentielles (ou mieux: prenez-en note) afinde pouvoir, dès leur arrivée, renseigner rapidement et efficacement lesresponsables (notamment le Commandant des Pompiers et le médecindu premier SMUR qui sera le DSM dans l’attente des renforts).

• Veillez à garder les voies d’accès dégagées ou confiez cette tâche àd’autres personnes qui ne savent pas aider les victimes.

• Contactez régulièrement le centre de secours 100 par radio. Donnez desinformations et suivez ses instructions.

L E S T A C H E S D U C E N T R E D E S E C O U R S 1 0 0

Le centre de secours 100 est votre lien avec le monde extérieur. Veillezà lui fournir des informations précises et utiles. Il avertira de manièreautomatique et en fonction du plan provincial d’intervention: • les pompiers et la police • les responsables du plan catastrophe• pour le volet médical:

- trois équipes médicales (SMUR) les plus proches,- cinq ambulances d’emblée, - le DSM de garde,

!

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Page 377: Manuel Belge Almbulanciers

- le responsable de la Croix-Rouge - l’inspecteur d’hygiène, - le véhicule logistique provincial- les hôpitaux.

• tout service spécifique utile (services de l’environnement qui disposentd’appareils spécifiques pour prendre des mesures)

Les tâches du centre de secours 100 peuvent être différentes d’une pro-vince à l’autre.

Le centre de secours 100 possède une liste des services à alerter (SMURet ambulances) en fonction du nombre de victimes. Certains sont mis enalerte et doivent se rendre sur place. Les autres services sont mis en pré-alerte: on les prévient que l’on pourrait faire appel à eux et on leurdemande de se préparer à une intervention rapide si nécessaire, que cesoit en renfort vers le lieu de la catastrophe ou en réponse à d’autresurgences. Ces derniers services ne sont donc pas envoyés surplace systématiquement!

R E N F O R T S

Si vous intervenez en renfort à l’appel du centre de secours 100 dans lecadre d’un plan catastrophe, il vous est demandé de vous intégrer dansl’organisation déjà mise en place à ce moment. Des initiatives qui vousparaissent géniales sur le moment sont strictement interdites. Suivez lesconsignes suivantes: • “Self-supporting”: préparez-vous à une mission prolongée à l’extérieur

en ne devenant pas vous-même un problème. • Coffres médicaux: aidez au transport selon les nécessités.• Point de rendez-vous aussi appelé point de première destination

dans le P.P.M.U.: il vous sera communiqué par le centre de secours 100.Eventuellement, on vous communiquera aussi l’itinéraire pourl’atteindre. Ces informations seront répétées régulièrement par radio(fréquence régionale et nationale 1 du centre de secours 100). De cepoint, la police pourrait indiquer des itinéraires particuliers ou assurerune escorte pour se diriger vers le lieu de la catastrophe.

• Prenez garde aux périmètres de sécurité.

Alerte et pré-alerte

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FIG. 11.2

LE CENTRE DE SECOURS 100

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• Fréquence radio: toutes les ambulances en intervention se mettent surla fréquence nationale ou sur la fréquence exigée par le centre desecours 100. Ecoutez, mais ne parlez que si cela est absolument néces-saire. Préparez votre message à l’avance en le rendant bref et clair.

• Comportement: à l’arrivée au point de rendez-vous, le convoyeurprend contact avec le responsable du parc d’ambulances et suit stricte-ment ses instructions. Généralement, le chauffeur restera dans l’ambu-lance garée selon les indications du responsable. Le convoyeur seraenvoyé vers le PMA avec le matériel de l’ambulance. Laissez les clefs del’ambulance sur le véhicule.

• Maîtrise de soi: résistez à l’envie d’aller tout de même voir sur place“le chantier”; vous aurez l’impression de ne pas être parmi les “élus”,mais en cédant à cette envie:- vous aggravez le risque de chaos sur place;- vous oubliez qu’en dehors de la catastrophe, le transport de patients

ordinaires doit continuer à être assuré;- vous oubliez que des ambulances peuvent tomber en panne et

qu’après un certain temps, une rotation de personnel sera nécessaire: veillez donc à rester disponible et reposé.

P R É P A R A T I O N

Il faut être préparé à intervenir dans de telles situations: informez-vous àpropos du P.P.M.U., des autres plans catastrophe existant dans votrerégion et au sujet des missions qui vous seront attribuées.

Les éléments importants de ce type d’organisation peuvent être repris surdes fiches d’intervention, classées par ordre chronologique et accom-pagnées de quelques mots clés. Ces fiches sont des aide-mémoireprécieux.

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11.3 L’assistance aux victimes

Lorsque le nombre de victimes est tellement élevé qu’il ne permet plus unegestion individuelle pour chaque patient, comme dans le cas de l’aidemédicale urgente au quotidien, nous devons nous organiser et assumerune prise en charge “collective”. Cette dernière a deux objectifs: • en déplaçant les patients vers les équipes médicales, l’efficacité de

celles-ci peut être augmentée en planifiant les soins aux patients, • dans un système qui comporte plusieurs étapes successives, nous éta-

lons la charge de travail dans le temps (d’abord les blessés graves) etdans l’espace (dans plusieurs hôpitaux et centres d’accueil).

Nous améliorons ainsi, finalement, les soins médicaux à la totalité despatients.

P H A S E P R É L I M I N A I R E : D U R E L E V A G E ( L E C H A N T I E R ) J U S Q U ’ A U P M A

Nous distinguons ici deux éléments importants.

Il ne serait pas judicieux de prendre la première victime venue et de latransporter vers le PMA. En s’occupant d’abord d’un blessé léger, nousrisquons de faire attendre un blessé grave. Dans un premier temps, l’étatde chaque victime est évalué et indiqué par un disque de plastiqueselon un code de couleur qui précise la priorité d’évacuation. Pour évaluer rapidement l’état du patient, plusieurs systèmes existent. EnBelgique, le START-SYSTEM (diagramme 11.1) permet en quelquessecondes d’évaluer globalement l’état de la victime. • Noir: décédé.• Jaune: à évacuer, mais peut attendre.• Rouge: à évacuer d’urgence, car risque vital.

Dès qu’un médecin est disponible pour cette mission, il assure le tri aurelevage. Ce premier tri est réalisé à l’aide des macarons rouges et jaunes quiéquipent les ambulances et les dotations provinciales. Les macaronsnoirs ne peuvent être utilisés que par un médecin car ils ont une valeur decertificat de décès. En plaçant les victimes couchées et “triées” en posi-tion latérale de sécurité, vous désignez de loin, pour les autres inter-venants, les personnes qui ont été examinées une première fois.Toute victime capable de se déplacer par ses propres moyens vers lePMA recevra un disque jaune, témoin d’un tri et d’une reconnaissance deson statut de victime. Cela évite à la victime d’être “triée” plusieurs foisou pas triée du tout. N’employez pas inutilement les brancards (pourune fracture de poignet par exemple).

Le tri au relevage

Page 380: Manuel Belge Almbulanciers

Il s’agit d’une évacuation sur une distance relativement courte, vers lePMA. Cette évacuation se fait généralement à pied et en brancardant lespatients incapables de se déplacer par leurs propres moyens.L’évacuation est précédée d’un conditionnement sommaire (hémostasedes saignements évidents, attelle pour une fracture ... ).Il arrive que le “chantier” soit inaccessible pour les intervenants médicaux(suite à la présence de gaz toxiques par exemple). Les pompiers, munisd’un équipement particulier (appareil respiratoire isolant, échelles, cor-dages, ...) assureront l’évacuation des blessés jusqu’à la limite de la zoneaccessible ou à risque. A cet endroit seront décontaminées les personnesvictimes d’un accident nucléaire ou chimique.

L’évacuation vers le PMA (petite noria)

11.16M.À.J. - 2002 L e s c a t a s t r o p h e sC h a p i t r e 1 1

JAUNE

NOIR

OUI

MOINS

T E C H N I Q U E D E T R I A U R E L E V A G E ‘ S T A R T - S Y S T E M ’

ROUGE

OUI

NON

La victime peut-elle marcher

vers un Poste Médical Avancé?

NONOUI Conscient?

NONCirculation correcte?

NON

PLUS

OUI

Respiration?

Fréquence de la respiration 30 / min?

DIAGRAMME 11.1

LE START-SYSTEM

Page 381: Manuel Belge Almbulanciers

Le brancardage sur terrain accidenté est un travail physiquement trèspénible. Votre propre fatigue peut occasionner la chute du patient oud’autres accidents. Travaillez donc prudemment: • choisissez le trajet le plus facile et le plus sûr • regardez autour de vous (autres intervenants, débris) • fixez le patient sur le brancard avant de le déplacer • brancardez, si cela est possible, à 4 porteurs

L E P M A : L E P O S T E M É D I C A L A V A N C É

Le PMA est l’endroit de convergence de toutes les victimes de la zonesinistrée. Dans un bâtiment ou sous une tente, Il est choisi notamment enfonction de sa position par rapport au danger et à l’évolution du risque,de sa proximité du site, de l’espace et des commodités qu’il offre et de sesvoies d’accès. Il constitue un entonnoir obligatoire pour toutes les vic-times. Les actions suivantes y sont organisées dans l’ordre ;• L’enregistrement des identités• Le triage au PMA• La stabilisation et la mise en condition• La régulation à l’évacuation

Il est capital pour les victimes, les familles et les autorités de noter soi-gneusement qui a été impliqué dans l’accident ainsi que l’endroit verslequel il a été évacué:• Les enfants séparés de leurs parents pourront être réunis à leurs familles.• Cela pourra nous aider s’il reste des victimes ensevelies sous des

décombres quand on connaîtra les identités et les destinations desautres personnes.

• Lors de l’introduction des dossiers de dédommagement, la victimepourra, au moyen des listes constituées, démontrer qu’elle a été impli-quée dans l’accident.

• Cela permet de suivre la trace de chaque victime dans la chaîne dessecours.

Son but est d’utiliser tous les moyens disponibles avec une efficiencemaximale, en évaluant la situation de chaque victime (risque vital, risquede perte fonctionnelle), en tenant compte de tous les facteurs environ-nementaux (météo, possibilités d’évacuation) et en tenant compte del’évolution probable de la situation.

Le traitement d’une victime commence par un examen clinique et un dia-gnostic provisoire. Il n’est pas nécessaire d’entrer dans les détails: il suf-fit de savoir qu’une personne est en danger de mort ou non et de définirdans quel délai un traitement doit être mis en place pour empêcher uneaggravation de son état. Une telle évaluation de la situation s’appelle letriage médical et sa finalité est de déterminer un ordre de priorité àl’évacuation des victimes

Le Triage au PMA

Enregistrement des identités

11.17M.À.J. - 2002 L e s c a t a s t r o p h e sC h a p i t r e 1 1

Page 382: Manuel Belge Almbulanciers

Ce triage est réalisé par un médecin et si possible par le médecin le plusexpérimenté. L’expérience est un gage d’efficacité et de précision. Dansle cas d’accidents impliquant un grand nombre de victimes, les blesséssont catégorisés de U1 à U3 à l’aide d’une fiche individuelle de tri. Le tria-ge et la classification au PMA corrige ou améliore si nécessaire le tri aurelevage. La fiche de tri remplace alors le macaron de couleur.

Les “impliqués” non blessés seront enregistrés et regroupés dans uncentre d’accueil. Ils ne nécessitent pas de soins médicaux et ne sontdonc pas introduits dans la chaîne des secours médicaux.

Les personnes décédées restent sur place, à la disposition du parquet. Ilfaut toujours veiller à la préservation de leurs effets personnels car celapeut être excessivement important pour leur identification.

Voici un exemple d’une catégorisation complète des victimesselon le triage médical:• décédés (Noir): décès constaté par un médecin.• U1 (Rouge): lésions avec risque vital (exemple de la détresse

respiratoire).• U2 (Jaune): blessés graves sans risque vital immédiat

(exemple de la fracture ouverte de jambe).• U3 (Vert): blessés légers (exemple des contusions multiples et

fractures fermées de l’avant-bras).• impliqués concernés par l’accident, mais sans aucune lésion

(exemple du voyageur qui était dans le wagon).

11.18M.À.J. - 2002 L e s c a t a s t r o p h e sC h a p i t r e 1 1

FIG. 11.3

LA FICHE DE TRIAGE AU PMA

SPECIMEN

SPECIMEN

Page 383: Manuel Belge Almbulanciers

Avant que le patient ne quitte le PMA, il faut s’assurer qu’il va supporterle transport et que son état ne s’aggravera pas. Vous pouvez aider àconditionner le patient avant le transport: pose d’attelles, pansements surles plaies et protection contre le refroidissement. On peut vous demanderde surveiller une victime.

A l’aide d’un tableau préparé à l’avance à cet usage par les services desecours, le médecin ou l’infirmier régulateur répartira les victimes dansles différents hôpitaux. Il tiendra compte de l’état du patient, de seslésions et des possibilités techniques de l’hôpital choisi:

Patient:• Le type de patient (enfant, adulte, femme enceinte)• La nature des lésions (brûlure, intoxication, lésion cérébrale, polytrau-

matisme)• La catégorie de triage: U1 à U3 suivant l’état de la victime

Hôpital:• le nombre de victimes de chaque catégorie que l’hôpital a déclaré pou-

voir admettre;• les services spécifiques disponibles (par exemple centre de brûlés, neu-

rochirurgie, caisson hyperbare, pédiatrie, ... );• les victimes adressées précédemment à cet hôpital (par exemple, il faut

éviter d’envoyer deux fractures de la face immédiatement l’une aprèsl’autre dans le même hôpital s’il ne dispose que d’une seule équipe dechirurgie maxillo-faciale).

Cette répartition est une mission difficile et dans le cas de blessés graves,un contact préalable avec l’hôpital concerné peut être utile pour vérifierque le patient peut être effectivement admis. Ne perturbez donc pascette organisation en transportant le patient ailleurs! Vous pouvezparfaitement transformer, ainsi, la régulation médicale en un chaos inex-tricable et cela pourrait vous être gravement reproché tant par vos col-lègues que par les assurances ou par les tribunaux.

L ’ E V A C U A T I O N V E R S L E S H O P I T A U X( G R A N D E N O R I A )

Les ambulances transportent les victimes et reviennent à vide ou avec dumatériel de renfort: on évite le croisement des véhicules, on crée unsens unique. Par analogie avec les roues à aubes, on appelle ce système“une noria” et on parle de “grande noria” dans le cas des évacuations versles hôpitaux.• Une fois que le régulateur a choisi une destination, il fait avancer une

ambulance du parc d’ambulances par l’intermédiaire du responsable dece parc. L’équipage reçoit les instructions concernant la victime et sonhôpital de destination. Si cela est nécessaire et possible, un accompa-gnant médical ou infirmier se joint à l’équipage de l’ambulance. Si deuxpatients sont transportés ensemble, ils auront toujours le même hôpitalde destination.

Régulation

Stabilisation - conditionnement

11.19M.À.J. - 2002 L e s c a t a s t r o p h e sC h a p i t r e 1 1

Page 384: Manuel Belge Almbulanciers

• Pensez à votre mission et posez les questions qui vous viennent àl’esprit. Si par exemple, vous ne connaissez pas le trajet, c’est le momentde vous le faire préciser!

• Le patient transporté sera porteur d’une fiche de triage rédigée au PMA.Si la situation du patient évolue en cours de route, il faudra le noter surcette fiche.

• Vraisemblablement, à ce stade, des axes d’évacuation auront été libérés;vous serez parfois escortés ou vous roulerez parfois en colonne d’ambu-lances.

• Au moment du départ, l’hôpital de destination sera prévenu par le régu-lateur.

• Veillez à séparer et à conserver le triangle jaune de la fiche individuel-le de tri, lequel est frappé d’un logo d’ambulance et d’un numéro. Il voussera réclamé plus tard par les services administratifs.

• Pendant le transport, restez en écoute radio pour être informé de l’évo-lution de la situation.

• A l’arrivée à l’hôpital, suivez les instructions qui vous sont données. Sivotre équipement doit être réassorti, essayez de le compléter à cemoment, mais sans perte de temps.

• On peut vous demander de ramener du matériel ou du personnel sur lechemin du retour.

• Après avoir déchargé votre patient à l’hôpital, vous devez retourner auparking des ambulances et prévenir le responsable du parc ambulancierque vous êtes à nouveau disponible. Si vous transportez du matériel quiest attendu, annoncez immédiatement votre arrivée par radio et mettez-le à disposition du responsable.

H O P I T A U X

Les victimes qui nécessitent des examens techniques devront être trans-portées vers un hôpital. Il est possible que certaines victimes puissentquitter rapidement l’hôpital, par exemple parce qu’une radiographie a per-mis de constater l’absence de fracture.

Sachez que cette institution n’aura pas la même structure de fonction-nement qu’habituellement. En effet, l’hôpital aura également mis en pla-ce son plan MASH afin de pouvoir accueillir correctement un plus grandnombre de victimes. Cela peut déjà entraîner une admission des patientspar une entrée inhabituelle, l’organisation d’une circulation à sens uniquepour les ambulances, et d’autres mesures de même nature.

C E N T R E S D ’ A C C U E I L : L E S I M P L I Q U É S

Les personnes qui ne sont pas blessées, les “impliqués”, sont rassembléesdans des centres d’accueil. Cela est une des missions du Service d’Inter-vention Sociale Urgente (SISU) de la Croix-Rouge, de la Protection civile et

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Page 385: Manuel Belge Almbulanciers

des structures sociales existantes et habilitées. Ces personnes pourrontséjourner dans un centre d’accueil jusqu’au moment où il leur sera possible(ou permis) de rejoindre leur domicile ou leur famille. Il sera peut-êtreindiqué de laisser une ambulance et un SMUR en attente à cet endroit.

M O R G U E

Les victimes décédées sur place ne sont pas transportées et restent à ladisposition des autorités judiciaires et d’identification. Les victimes quidécèdent pendant le brancardage ou au PMA sont rassemblées dans unemorgue provisoire. Il faut veiller à ne pas disperser les effets personnels deces victimes; tous les éléments utiles à l’identification de celles-ci doiventêtre laissés auprès du corps. Cette morgue doit se trouver à proximitéimmédiate du sinistre. Le local doit être frais, aéré, et sous surveillance per-manente afin de n’en permettre l’accès qu’aux autorités judiciaires.

Par la suite, ces corps seront transportés vers une morgue centrale. C’està cet endroit que s’effectuera l’identification proprement dite, la recon-naissance par la famille et la mise en bière. Ces missions sont le plus sou-vent confiées, en collaboration avec l’autorité judiciaire, au DVI Team dela police fédérale (Disaster Victims Identification Team) et au SISU de laCroix-Rouge de Belgique.

L A F I N D E L ’ I N T E R V E N T I O N

La fin de votre intervention vous sera annoncée par radio ou vous serasignalée par le responsable du parc d’ambulances ou encore par le centrede secours 100. Il vous sera éventuellement demandé de communiquercertaines informations avant de quitter “le chantier”, comme par exemple,la liste des évacuations effectuées, le matériel utilisé ou manquant.

Un debriefing est souvent organisé après une catastrophe, où les différentsservices de secours réaliseront une analyse de l’intervention. Il est néces-saire de réaliser le plus vite possible un relevé de votre activité et de vosremarques. Parlez-en avec vos collègues et vos supérieurs et transmettez-le à votre hiérarchie. Toute l’expérience acquise au travers d’une situationde catastrophe étant inestimable, il est important de la transmettre.

La charge émotionnelle liée à une situation de catastrophe peut être trèsdifficile à supporter. Les spécialistes appellent cela le PTSD ou “PostTraumatic Stress Disorder”. Personne n’est immunisé contre, que ce soitles plus costauds ou les plus expérimentés. L’unique manière de ne pas ensouffrir est d’en parler. Dans un premier temps, vous pouvez le faire ausein du groupe qui a vécu le même événement. Il est possible d’obtenirl’aide de spécialistes venant de services qui ont une grande expérience enla matière.

14.6

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Page 386: Manuel Belge Almbulanciers

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R É S U M É D U C H A P I T R E 1 1

L’ambulancier fait partie de la discipline 2: “La chaîne dessecours médico-sanitaires”.

En respectant les instructions données sur place par lesresponsables de la discipline 2 et par le Directeur desSecours Médicaux, la règle d’or sera: “Les meilleurs soinspossibles pour un maximum de victimes avec une utilisa-tion optimale des moyens disponibles”.

La collaboration avec les autres services de secours et le res-pect des consignes de sécurité sont indispensables à la réus-site de la prise en charge des victimes d’une catastrophe.

Vous devez vous préparer à ces situations par une connais-sance parfaite de votre matériel, des plans catastrophe devotre région, du matériel des lots catastrophe et de la dota-tion logistique de votre province. Vous devez participer auxexercices réalisés dans votre secteur. Il peut exister despetites différences d’une province à une autre.

Respectez le canal radio attribué et les procédures de ra-diocommunication.

Le chauffeur reste toujours auprès de son véhicule.

Respectez les localisations de parking d’ambulances, lessens uniques d’évacuation et les hôpitaux d’accueil quivous sont indiqués.

Essayez de rester un exemple de calme et d’efficacité aumilieu de toutes les personnes impliquées.

Page 387: Manuel Belge Almbulanciers

1 LE C O R P S H U M A I N

2 LE S P R E M I È R E S M I N U T E S

3 LE S A F F E C T I O N S À R I S Q U E V I TA L

4 LE PAT I E N T T R AU M AT I S É

5 MA L A D I E S E T I N TOX I C AT I O N S

6 GR O S S E S S E E T AC C O U C H E M E N T I N O P I N É

7 L’E N FA N T E N D É T R E S S E

8 UR G E N C E S P R OV O Q U É E S PA R AG E N T S P H YS I Q U E S

9 UR G E N C E S P S YC H I AT R I Q U E S

10 LE T R A N S P O R T D U PAT I E N T

11 LE S C ATA S T R O P H E S

12 OR G A N I S AT I O N D E L’A I D E M É D I C A L E U R G E N T E

13 TE C H N I Q U E S

14 SU P P L É M E N T S

15 VO C A B U L A I R E

Page 388: Manuel Belge Almbulanciers

CONTENU

12.1 Législation

12.2 Le centre 100

12.3 Le transport vers l’hôpital

12.4 Les relations ambulancier-SMUR

12.5 L’ambulancier et le médecin généraliste

12.6 Déontologie - secretprofessionel

12.7 Le Fonds d’Aide Médicale Urgente

12.8 La formation du secouriste-ambulancier

12ORGANISATION

DE L’AIDE MÉDICALE URGENTE

Page 389: Manuel Belge Almbulanciers

__________________________ ______________________________________Chapitre 12 Organisation 12.1

Le présent chapitre est scindé en deux sections. Dans une première section, nous étudierons la législation relative à l’organisation de l’aide médicale urgente telle qu’elle est prévue par la loi du 8 juillet 1964 et ses arrêtés d’exécution et, dans une seconde section, nous aborderons des dispositions légales particulières et applicables à l’exercice de la fonction de secouriste-ambulancier.

1. Qu’est-ce que l’aide médicale urgente ?

Si on s'en réfère à un bon vieux dictionnaire, l'aide c'est l'action d'intervenir en faveur d'une personne en joignant ses efforts aux siens. L'aide est aussi synonyme de secours à savoir tout ce qui sert à quelqu'un pour sortir d'une situation difficile. Et, secourir, c'est aider quelqu'un à se tirer d'un danger.

L'aide est en l'espèce médicale c'est dire qu'elle concerne la médecine. La médecine c'est la science qui a pour objet la conservation et le rétablissement de la santé.

L'aide est non seulement médicale mais elle est aussi urgente. L'urgent c'est ce dont on doit s'occuper sans retard. L'urgence c'est la nécessité d'agir vite.

Voilà comment communément se définit respectivement, l'aide, médical et urgent. Les définitions rassemblées, l'aide médicale urgente serait la mise en œuvre de tous ce qui sert à quelqu'un pour se tirer d'un danger qui menace sa santé en agissant le plus rapidement possible.

L'article 1er de la loi du 8 juillet 1964 relative à l'aide médicale urgente qui définit son champ d'application n'est pas très éloigné de cette définition.

12.1 Législation__________________________

I. La législation relative à l’aide médicale urgente

Page 390: Manuel Belge Almbulanciers

Ainsi, il faut entendre par aide médicale urgente, "la dispensation immédiate de secours appropriés à toutes les personnes dont l'état de santé par suite d'un accident ou d'une maladie soudaine ou de la complication soudaine d'une maladie requiert une intervention urgente après un appel au système d'appel unifié par lequel sont assurés les secours, le transport et l'accueil dans un service hospitalier adéquat".

On retiendra que ce qui justifie la mise en œuvre du système, est le risque vital encouru par le demandeur qui est en l’espèce un patient.

La loi du 8 juillet 1964 relative à l’aide médicale urgente met en place un système d’alerte qui permet de mettre en œuvre tous les moyens appropriés pour garantir à la population un accès aux soins en situation d’urgence. Le numéro 100 est le numéro d’appel de l’aide médicale urgente

2. Le contexte historique

Pour situer le contexte et les raisons qui ont présidé en 1964 à la promulgation de la loi, nous signalerons que, jusqu’alors, il entrait dans les obligations des Commissions d’assistance publique de secourir toute personne se trouvant sur le territoire de la commune qui requérait des soins immédiats et ce, préalablement à tout examen de son état d’indigence. Seuls les hôpitaux exploités par ces commissions étaient tenus d’admettre, en urgence, tout patient victime d’accident ou de maladie.

Les situations d’urgence se manifestaient, à l’époque, sous des aspects nouveaux. On peut citer à titre d’exemple, l’augmentation du nombre des accidents de la route parallèlement à l’augmentation de l’intensité du trafic routier et la détresse respiratoire dont souffraient les patients atteints des complications pulmonaires de la poliomyélite, maladie qui avait, à plusieurs reprises, sévi sous forme épidémique grave dans notre pays.

Il était donc nécessaire de légiférer pour mettre fin aux aléas des secours prodigués à ces patients en vertu des seules dispositions légales de la loi relative aux commissions d’assistance publique. En effet, l’implantation géographique des hôpitaux qui y étaient rattachés ne suffisait pas toujours à satisfaire les besoins de couverture du territoire endéans des délais de transport compatible avec la survie des patients en état critique.

__________________________ ______________________________________Chapitre 12 Organisation 12.2

Page 391: Manuel Belge Almbulanciers

Notre pays a été ainsi le premier pays au monde à se doter, entre 1958 et 1963, d’un système d’appel unifié couvrant l'entièreté du territoire au moyen d’un numéro simple et facile à mémoriser le 900 devenu en 1987, 100.

Ce système reposait jusqu'il y a peu sur 16 centres installés dans 16 services d’incendie qui présentaient à l’époque l’avantage de disposer d’une permanence de service 24/24 et répartis géographiquement de manière à assurer le traitement des appels provenant de l’ensemble du territoire.

3. Les moyens de l'aide médicale urgentePour assurer la coordination de tous ces intervenants, on

retiendra également le rôle important des commissions d’aide médicale urgente instituées dans chaque province et dans l’arrondissement administratif de Bruxelles-Capitale.

3.1. Le droit de réquisition du préposé

La loi du 8 juillet 1964 organise l’obligation de secours en conférant un pouvoir de réquisition au seul préposé afin que puisse être assuré :

- les secours, - le transport - et l’accueil dans un service hospitalier adéquat.

Ce droit de réquisition est une dérogation importante à la liberté de chacun tant en ce qui concerne le patient qu’en ce qui concerne les prestataires. En effet, lorsqu’il est fait appel au 100, le préposé requiert soit le médecin, soit le service d’ambulance, soit le service mobile d'urgence, soit le service hospitalier adéquat le plus proche.

Le patient ne peut donc exiger d’être transporté dans l’hôpital de son choix pas plus que le médecin ne peut, en principe, envoyer le patient dans un hôpital autre que celui requis par le préposé.

Les moyens de l’aide médicale urgente sont au nombre de quatre :

t le préposé chargé de traiter la demande lors de l’appel, t les services d’ambulances, t les médecins ou les services mobiles d’urgence t l’hôpital de destination du patient.

__________________________ ______________________________________Chapitre 12 Organisation 12.3

Page 392: Manuel Belge Almbulanciers

En 1964 la rencontre de l’objectif de la loi se fait via la rapidité du transport du patient vers l’hôpital le plus proche. Comme nous l’avons déjà mentionné, les 16 centres installés dans les services incendie reçoivent et traitent tous les appels transmis. Ces préposés sont donc des sapeurs pompiers qui, jusqu’à récemment encore, ne disposaient, ni d’une formation réglementée, ni d’un encadrement médical spécifique. Cet état de fait n’est pas ressenti à l’époque comme une carence étant donné leur fonction assez simple d’activer des moyens de secours bien identifiés sur base du seul critère de proximité par rapport au lieu de l'événement.

Il faut ajouter qu’en 1964, même si l’intervention du médecin est décrite dans la loi, le médecin ne s’implique quasi pas dans le domaine de l’aide médicale urgente.

3.2. Les services mobiles d'urgence

3.2.1. Définition et rôle

Le service mobile d’urgence est une équipe médicale (médecin, infirmier) capable d’intervenir grâce à un véhicule équipé de matériel de réanimation. Le service mobile d’urgence n’intervient que sur demande du centre 100. Son intervention permet de réduire « l’intervalle médical libre » (l’intervalle qui sépare le moment de l’accident de celui de la prise en charge du patient par une équipe médicale spécialisée). Si, le secouriste-ambulancier qui a effectué son évaluation primaire constate la nécessité de faire intervenir le SMUR, il lui appartient d’en faire état au centre 100 qui demandera son intervention. Par exemple :

- altération de l’état de conscience- suffocation, noyade, pendaison, choc,- traumatisme crânien- intoxication (médicaments, CO, …)- décompensation cardiaque,- polytraumatisme,- accouchement,- chute d’une grande hauteur,- …

On retiendra également qu’en présence de nombreux blessés, le renfort du SMUR doit être demandé. La présence du médecin du SMUR est nécessaire pour effectuer le triage des victimes.

__________________________ ______________________________________Chapitre 12 Organisation 12.4

Page 393: Manuel Belge Almbulanciers

L’intervention du SMUR doit également être demandée au centre 100 si pendant le transport l’évolution de l’état du patient le justifie.

En attendant l’aide du SMUR, les secouristes-ambulanciers doivent continuer la surveillance du patient. A l’arrivée du SMUR, il leur appartient de faire leur rapport au médecin qui prend en charge le patient.

3.2.2. Réglementation

La réglementation sur les services mobiles d’urgence retient deux outils juridiques pour assurer à l’ensemble de la population l’égalité d’accès aux soins :

- la programmation dans le cadre de la loi sur les hôpitaux - l’attribution d’une zone d’intervention en exécution de la loi relative à l’aide médicale urgente.

La programmation et l’attribution d’une zone d’intervention sont fondées sur des critères objectifs qui permettent ainsi à l’ensemble de la population du Royaume d’avoir accès aux services mobiles d’urgence.

Pour garantir l'objectif des soins appropriés, le législateur a également lié l’exercice de l’activité du service mobile d’urgence au respect de normes dites d’agrément. L’expérience ayant mis en évidence l’intérêt d’une base hospitalière (niveau suffisant d’activité pour le personnel, encadrement de ce dernier et rapidité d’intervention), l’établissement de normes d’agrément de ces services dans le cadre de la législation sur les hôpitaux semble évidente. Le service mobile d’urgence est ainsi devenu une fonction hospitalière1 qui pour être agréée doit répondre aux exigences fixées par l'arrêté royal 10 août 19982.

3.3. Les services d'ambulances

Dans le cadre de la loi relative à l’aide médicale urgente, le patient doit être transporté vers « l’hôpital 100 » le plus proche. Le transport du patient est assuré par les services d’ambulances reconnus dans le cadre de la loi. Il s’agit soit de services publics et plus particulièrement les services d'incendie soit de services privés qui concluent une convention avec l'Etat.

Pour pouvoir exercer la fonction de secouriste-ambulancier dans le cadre de l'aide médicale urgente, l'article 6bis de la loi du 8 juillet 1964 prévoit qu'il faut être porteur du brevet.

1 A.R. 10 avril 1995 rendant certaines dispositions de la loi sur les hôpitaux, coordonnée le 7 août 1987, applicable à la fonction «service mobile d’urgence», M.B., 10.05.1995. 2 A.R. du 10 août 1998 fixant les normes auxquelles doit répondre une fonction «service mobile d’urgence» (SMUR) pour être agréée, M.B. 02.09.1998.

__________________________ ______________________________________Chapitre 12 Organisation 12.5

Page 394: Manuel Belge Almbulanciers

La formation des secouristes-ambulanciers est assurée par les centres de formation agréés conformément à l'arrêté royal du 13 février 1998 relatif aux centres de formation et de perfectionnement des secouristes-ambulanciers.

Mis à part les dispositions relatives à la formation des secouristes-ambulanciers, il n'existe aucune disposition légale ou réglementaire qui fixe soit des normes de programmation soit des normes d'agréments de ces services. La matière est principalement régie par des circulaires ministérielles ou administratives.

3.4. L'hôpital de destination du patient

Depuis 1964 le principe de base contenu dans la loi qui retient la proximité comme premier critère exigé par la nécessité de la rapidité d'intervention a donc été considérablement aménagé.

Il appartient ainsi au préposé de désigner l'hôpital le plus proche disposant d'un service adéquat. Il s'agit de l'hôpital qui, au moment de l'appel, peut être atteint dans les plus brefs délais à partir de l'endroit où se trouve la victime ou le malade et qui dispose d'une fonction "soins urgents spécialisés" agréée et intégrée dans le fonctionnement de l'aide médicale urgente3.

Les dispositions légales prévoient qu'il peut être fait exception à ce principe :

1°/ à la demande du médecin du service mobile d'urgence compte tenu de l'état du patient dans trois cas énumérés limitativement. Le médecin du service mobile d'urgence informera le préposé de l'hôpital le plus adéquat :- en cas d'urgence collective;- lorsque la victime ou le malade, en raison de son état , nécessite des moyens diagnostiques ou thérapeutiques spécifiques, en application d'un protocole conclu au niveau de la commission d'aide médicale urgente;- si le médecin traitant présent confirme que son patient dispose d'un dossier relatif aux pathologies spécifiques concernées, dans un autre hôpital, moyennant le respect de la conformité au protocole conclu au niveau de la commission d'aide médicale urgente et l'accord du préposé si la destination est en dehors de la zone d'intervention du service mobile d'urgence.

2°/ en l'absence du service mobile d'urgence, le préposé peut satisfaire à la demande du médecin traitant pour désigner l'hôpital le plus approprié qui dispose d'une fonction soins d'urgence spécialisés :- lorsque la victime ou le malade, en raison de son état , nécessite des moyens diagnostiques et thérapeutiques spécifiques, en application d'un protocole conclu au niveau de la commission d'aide médicale urgente;

3 Arrêté ministériel du 19 janvier 2000 intégrant des fonctions «soins urgents spécialisés» agréées dans le fonctionnement de l’aide médicale urgente, M.B., 28.01.2000, p.2925.

__________________________ ______________________________________Chapitre 12 Organisation 12.6

Page 395: Manuel Belge Almbulanciers

- si son patient dispose d'un dossier relatif aux pathologies spécifiques concernées dans un autre hôpital, en application d'un protocole conclu au niveau de la commission d'aide médicale urgente;pour autant que :

- le médecin soit présent et délivre aux secouristes-ambulanciers une attestation motivée;- le préposé constate que le bon fonctionnement du système de l'aide médicale urgente est garanti.

Les exceptions retenues au principe de la proximité mettent bien en évidence la difficulté de concilier les impératifs d'un système qui privilégie l'intérêt général et ceux de la liberté individuelle qui gouvernent notre société.

3.5. Les commissions d'aide médicale urgentes

L’aide médicale urgente ne dispose pas d’un corps d'intervention hiérarchisé comme c’est le cas pour les pompiers ou la protection civile. Les différents intervenants sont autant d’individualités entre lesquels il n’existe aucun lien fonctionnel. On peut citer les secouristes-ambulanciers qui soit relèvent de service d’incendie soit sont employés dans des services d’ambulances privés, les médecins généralistes, les médecins des hôpitaux publics ou privés, les infirmiers, les préposés .

Pour pallier cette difficulté structurelle, un arrêté royal4 institue, dans chaque province et pour la circonscription géographique de l'arrondissement administratif de Bruxelles-Capitale, une commission d’aide médicale urgente. Elles sont composées de l’ensemble des intervenants visés par la loi du 8 juillet 1964. Elles ont pour missions d'être le théâtre du développement de collaborations spécifiques indispensables pour répondre de la manière la plus appropriée aux nécessités locales ainsi que l’outil nécessaire à la coordination de l’activité de tous les intervenants.

1. L’obligation de porter secours à personne en danger

Dans l’exercice de sa mission, le secouriste-ambulancier a l’obligation de donner suite à la réquisition du préposé. Celui qui refuse ou néglige d’y donner suite, sans se prévaloir d’un motif admis par la loi, s’expose à des poursuites pénales non seulement en vertu de la loi du 8 juillet 1964 mais également en application de l’article 422 ter du Code Pénal.

4 Arrêté royal du 10 août 1998 instituant les Commissions d’aide médicale urgente, M.B., 02.09.1998, p. 28325.

II. La responsabilité du secouriste ambulancier dans l’exercice de sa fonction

__________________________ ______________________________________Chapitre 12 Organisation 12.7

Page 396: Manuel Belge Almbulanciers

L’article 422 ter du Code pénal prévoit des sanctions pénales pour celui qui, le pouvant sans danger pour lui-même ou pour autrui, refuse ou néglige de porter à une personne en péril le secours dont il est légalement requis.

2. La négligence ou l’imprudence

Il y a délit de coups et blessures involontaires ou d’homicide involontaire lorsque, par négligence ou imprudence, l’agent accomplit un acte déterminé qui cause un dommage (coup, blessure, mort) ou omet d’accomplir un acte déterminé (l’omission de prendre une mesure de précaution, de prévention, de surveillance)

Le délit suppose que le secouriste-ambulancier ait pu prévoir le danger d’une situation et en conjurer les effets dommageables, eu égard à la situation et à sa compétence de bon professionnel de la santé.

3. L’obligation de secret professionnel

Quelle attitude doit adopter le secouriste-ambulancier vis-à-vis de la communication de l’information qu’il a reçue dans le cadre de l’exercice de sa profession au regard des relations qu’il doit entretenir avec :

1°/ d’une part, les autres intervenants de l’aide médicale urgente,et2°/ d’autre part, les tiers à l’aide médicale urgente, à savoir :

- la gendarmerie et les forces de l’ordre ;- les autorités judiciaires- la presse

Les relations qu’entretient le secouriste-ambulancier avec les autres intervenants de l’aide médicale urgente et les tiers sont liées aux droits et obligations qui régissent l’exercice de la profession de chacun et les conflits d’intérêt qu’ils peuvent engendrer.

Ainsi, le secret « médical » visé à l’article 458 du Code pénal auquel sont tenus les intervenants de l’aide médicale urgente se heurte à l’obligation d’informer ou de dénoncer prévues par d’autres lois.

__________________________ ______________________________________Chapitre 12 Organisation 12.8

Page 397: Manuel Belge Almbulanciers

Qu’est-ce que le secret médical ?

L’article 458 du Code Pénal sanctionne « les médecins, chirurgiens, officiers de santé et toute autre personne dépositaire par état ou par profession, des secrets qu’on leur confie, qui hors les cas où ils sont appelés à rendre témoignage en justice et celui où la loi les oblige à faire connaître ces secrets, les auront révélés ».

Ainsi, toute personne qui remplit, à titre professionnel, une fonction dans le domaine de la santé relève de cet article. Cette disposition est donc applicable à tous les intervenants visés par la loi du 8 juillet 1964 relative à l’aide médicale urgente.

Trois conditions doivent être réunies :

1. L’information doit être reçue en raison de la profession ou à l’occasion de son exercice.

- Ne sont donc pas visées les communications faites en dehors de l’exercice de la profession en tant que connaissance, ami ou collègue.

- Ne sont pas visés des faits matériels dont on est le témoin à l’occasion de l’intervention comme par exemple avoir vu quelqu’un s’encourir, lancer quelque chose, un objet tombé sur la chaussée.

2. L’information doit avoir un caractère secret.

Il n’existe pas de définition précise de la notion de secret qui, en conséquence, fait l’objet de difficultés d’interprétation. Il s’agit d’une notion qui s’apprécie en fonction du contexte, de l’évaluation des intérêts en présence tels que la protection de la vie privée ou de la collectivité.

Exemples :1. La communication du groupe sanguin

d’une personne présente un caractère peu confidentiel sauf si l’on se trouve dans le cas d’une recherche en paternité.

2. Un médecin dont le patient épileptique est conducteur de train et qui divulguera cette information à l’employeur ne sera pas poursuivi pénalement en raison de l’intérêt supérieur à défendre que représente la protection de centaines de voyageurs.

__________________________ ______________________________________Chapitre 12 Organisation 12.9

Page 398: Manuel Belge Almbulanciers

3. L’information doit avoir été confiée.

Cela signifie qu’on ne communique pas un secret en soi mais que les données deviennent secrètes à la suite de leur communication.

L’article 458 du code pénal sanctionne le délit de révélation, de diffusion de l’information dans un cercle plus large.

3.1. Secret professionnel et communication de données

3.1.1. Communication de données entre les intervenants visés par la loi du 8 juillet 1964 relative à l’aide médicale urgente

Il convient de retenir que dans le secteur des soins de santé, rien n’interdit de confier à un collègue des données relatives à des patients dans le but de leur prodiguer des soins. Il faut assurer la fluidité de la communication des données entre praticiens. Dans ce cas, il ne s’agit pas d’une divulgation punissable.

3.1.2. Communication des données à des personnes non visées par la loi du 8 juillet 1964 ou les exceptions au secret professionnel

On parle d’exception au secret professionnel pour désigner les situations dans lesquelles les personnes tenues par l’article 458 du code pénal pourront le cas échéant ne pas être poursuivies pour les révélations qu’elles seront amenées à faire.

L’examen de ces situations particulières permettra de mettre en évidence concrètement les cas où les secouristes-ambulanciers vont être confrontés à la problématique de la communication des données à des tiers à l’aide médicale urgente tels que la gendarmerie, les forces de police, les autorités judiciaires ou la presse.

Quelque soit l’exception envisagée, les situations autorisant à lever le secret seront toujours des situations qu’il appartiendra d’apprécier au cas par cas. En d’autre terme, il n’existe pas de loi qui énumère de manière exhaustive les situations pour lesquelles on pourrait dire avec certitude « je peux ou je ne peux pas parler ».

Il appartient donc au secouriste-ambulancier d’apprécier le contexte et les intérêts en présence en toute connaissance de cause.

__________________________ ______________________________________Chapitre 12 Organisation 12.10

Page 399: Manuel Belge Almbulanciers

a. Le témoignage en justice

Par témoignage en justice, on entend la déclaration verbale ou écrite devant le juge civil, le juge pénal ou le juge d’instruction (Cass., 12 avril 1976, revue de droit pénal, 1975-1976, p. 917)

N’est donc pas visée ici la collaboration avec la police.

b. La déclaration de délit

L’article 30 du code d’instruction criminelle contient une obligation de déclaration générale dans le chef de tout citoyen témoin d’un attentat, soit contre la sûreté publique, soit contre la vie ou la propriété d’un individu.

Le secouriste-ambulancier peut en tout état de cause se trouver confronté à cette situation. Dans ce cas, l’état de nécessité peut être invoqué. L’état de nécessité est défini comme étant la situation dans laquelle la violation de dispositions pénales et de valeurs et d’intérêts juridique protégés pénalement constituent le seul moyen de préserver d’autres valeurs et intérêts juridiques plus importants.

Ainsi, la protection de la vie privée d’un patient et les relations de confiance entre les prestataires et le patient ne constitue pas une valeur ou un intérêt absolu. Cette protection pourrait en effet entrer en conflit avec la protection d’autres valeurs telles que la recherche de malfaiteurs, la protection de mineurs contre les mauvais traitements, etc.

Exemple : 1. cas théorique du conducteur de train épileptique dénoncé par le médecin à l’employeur. Dans ce cas, en vue de protéger la vie des voyageurs le médecin peut informer l’employeur du conducteur de sa maladie, sans que l’on puisse l’accuser d’avoir violé l’article 458 du Code pénal.

2. Cas plus délicat de la déclaration d’un délit commis par un patient qui se présente chez un médecin ou dans un hôpital afin de recevoir des soins.

a) le patient est l’auteur du délit

Dans son arrêt du 9 février 1988, la Cour de Cassation a approuvé la conception classique selon laquelle l’auteur d’un délit ne peut à aucune condition être dénoncé. L’article 458 du code pénal interdit de divulguer des faits couverts par le secret professionnel pouvant donner lieu à des poursuites pénales à charge du patient. Toutefois, lorsque le délit dont s’est rendu coupable le patient et les circonstances dans lesquelles il a été commis laissent supposer que d’autres atteintes à l’intégrité physique ou d’autres attentats à la vie risquent de se produire, un recours à l’état de nécessité pourrait s’imposer et justifier le choix de révéler l’information.

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Page 400: Manuel Belge Almbulanciers

b) Le patient est la victime

L’arrêt de la Cour de cassation du 9 février 1988 n’étend pas son application aux faits dont seraient victime le patient. Il est à remarquer que, dans ce cas, il ne peut y avoir de conflit entre déclaration et secret, puisque l’article 458 du Code pénal ne s’applique pas. En effet, le secret médical concerne uniquement les relations entre le patient et les prestataires de soins. Ainsi, lorsque des sévices graves sont de nature à menacer gravement l’intégrité d’un enfant, le secret professionnel n’empêchera pas de déclarer le délit aux autorités compétentes.

4. La responsabilité civile

Dans le domaine de l’aide médicale urgente, la faute entraînera très souvent une lésion corporelle ou le décès et constituera, dès lors, une infraction pénale (voir supra, II, 2 p.8). La victime ou ses héritiers peuvent intenter une action délictuelle sur base des articles 1382, 1383 et 1384 du Code Civil.

Le plus souvent les secouristes-ambulanciers agissent soit dans le cadre d’un contrat de travail soit se trouvent sous statut. Dans le premier cas, le secouriste-ambulancier qui agit dans le cadre d’un contrat de travail bénéficiera de l’immunité civile organisée par la loi sur le contrat de travail. Il n’aura donc pas à répondre civilement des conséquences de ces actes sauf dans les cas frauduleux, les fautes lourdes ou les fautes légères et habituelles. C’est donc l’employeur qui aura à répondre des dommages et intérêts dus à la victime.

Si le secouriste-ambulancier est sous statut, il est, dans ce cas, organe de l’institution qui l’emploie et, en cas de faute, il engage sa propre responsabilité et celle de l’institution. Il ne bénéficiera d’une immunité que lorsqu’il n’aura commis qu’une faute légère et non habituelle.

Concrètement comment s’appréciera la faute du secouriste-ambulancier ?

Il appartient au secouriste-ambulancier dans l’exercice de sa fonction d’apporter au patient les secours consciencieux, attentifs et conformes à la formation qu’il a reçue. Commet une faute le secouriste-ambulancier qui, dans l’exercice de sa profession, ne s’est pas comporté comme un secouriste-ambulancier normalement consciencieux placé dans les mêmes circonstances.

En d’autres termes, une violation de l’article 458 du code pénal est justifiée lorsqu’elle permet d’écarter un danger grave et menaçant pour autrui (obligation de porter secours à personne en danger).

__________________________ ______________________________________Chapitre 12 Organisation 12.12

Page 401: Manuel Belge Almbulanciers

L’évaluation primaire de l’état du patient est d’une importance capitale. Quel est l’état de conscience, de la respiration, de la circulation ? Chaque fois qu’il existe un risque vital ou que le risque évolutif peut devenir vital, la demande de l’intervention du SMUR auprès du centre 100 est justifiée. En cas de litige, la victime doit apporter la preuve que le dommage dont elle souffre est la cause directe de la faute commise. Le secouriste-ambulancier qui néglige d’effectuer le bilan primaire commet une faute.

Certains actes fautifs peuvent avoir plusieurs auteurs. Dans ce cas, tous ceux qui auraient pu et dû prendre des précautions de nature à empêcher le dommage et qui n’ont pas pris ces précautions, sont tous les auteurs d’une faute sans laquelle le dommage ne se serait pas produit.

Cas concret du refus de transport

Le secouriste-ambulancier confronté au refus de transport du patient commet-il une faute s’il ne le transporte pas ?

Hormis le cas de l’état de nécessité, le secouriste-ambulancier doit avoir le consentement libre et éclairé du patient. Cela signifie qu’il appartient au secouriste-ambulancier de donner au patient toute l’information utile et relative à son état pour que ce dernier puisse apprécier en toute connaissance de cause les conséquences de son refus. Il appartient par ailleurs au secouriste-ambulancier de faire appel, le cas échéant, à un médecin ou au service mobile d’urgence, si l’état du patient nécessite cette intervention (évaluation primaire) et est susceptible d’influer sur la décision du patient qui se trouve véritablement en danger.

La jurisprudence des cours et tribunaux considère que c’est au malade d’apporter la preuve qu’il n’a pas donné son consentement ou que le consentement qu’il a donné n’était pas éclairé.

Dans ce type de situation la décharge que l’on fait signer au patient n’a pas en tant que telle de valeur juridique. Plus le document contiendra des éléments qui permettent au juge d’apprécier la capacité de la personne concernée de se rendre compte de son état plus il sera pris en considération. Dans cet ordre d’idée, un document entièrement rédigé de la main du patient aura plus de poids qu’un document pré imprimé que l’on se contente de faire signer.

Le secouriste-ambulancier dont la responsabilité civile est engagée doit réparer, par le paiement d’une indemnité, le

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Page 402: Manuel Belge Almbulanciers

dommage dont il est responsable.

En répondant à l'urgence par le droit de réquisition, le législateur accueille, en 1964, le besoin de la population d'être prise en charge lorsqu'elle se trouve dans l'impossibilité de pouvoir recourir au système de soins traditionnels. La loi voit donc son champ d'application limité dans un premier temps à la voie publique et aux lieux publics. Très vite, l'aide médicale urgente dépasse son cadre légal originaire.

Peu de temps après l'entrée en vigueur de la loi, le nombre d'appels émanant des domiciles privés est plus important que ceux pour lesquels la loi a été établie. Et, comme si c'était une vocation, comme si urgence et législation étaient incompatibles, aujourd'hui alors que son champ d'application a été étendu aux lieux privés, la loi se trouve dans l'impossibilité de concilier l'intérêt général du système au règne de la liberté individuelle qui caractérise notre société. Etablir une loi, c'est fixer des droits et des obligations pour réaliser l'objectif qu'elle se donne. Il est certainement très difficile de trouver le juste équilibre entre droits et obligations qui vont régir les rapports de chacun.

Si en 1964, le système institué de l'aide médicale urgente devait apporter une réponse à la détresse médicale, il y a lieu de constater qu'à ce jour l'appel au 100 est pour bon nombre de cas un appel de détresse pour lesquels la loi n'a pas de réponse. L'appel au 100 apparaît de plus en plus comme un révélateur de la détresse sociale face à laquelle sont confrontés les intervenants de l'aide médicale urgente qui n'ont bien souvent pour seul allié que le sens de leur responsabilité.

(Footnotes)1 A.R. 10 avril 1995 rendant certaines dispositions de la loi sur les hôpitaux, coordonnée le 7 août 1987, applicable à la fonction “service mobile d’urgence”, M.B., 10.05.1995.2 A.R. du 10 août 1998 fixant les normes auxquelles doit répondre une fonction "service mobile d'urgence" (SMUR) pour être agréée, M.B. 02.09.1998.3 Arrêté ministériel du 19 janvier 2000 intégrant des fonctions "soins urgents spécialisés" agréées dans le fonctionnement de l'aide médicale urgente, M.B., 28.01.2000, p.2925.4 Arrêté royal du 10 août 1998 instituant les Commissions d'aide médicale urgente, M.B., 02.09.1998, p. 28325.

En guise de conclusion : l'aide médicale urgente et les paradoxes de son cadre légal

__________________________ ______________________________________Chapitre 12 Organisation 12.14

Page 403: Manuel Belge Almbulanciers

12.2 Quelques par ticularités de fonctionnement du centre 100

Le numéro d’appel unifié attribué à l’aide médicale urgente est le numéro100.Le Ministère de l’Intérieur est responsable de l’organisation et du fonc-tionnement des centres 100.Le Ministère de la Santé Publique et de l’Environnement est responsablede l’organisation de l’AMU, de la définition du matériel médical et de laformation des intervenants qui travaillent dans le cadre de l’aide médicaleurgente.Toutes les zones téléphoniques de Belgique convergent vers 16 centres100 qui sont hébergés dans des casernes de pompiers.Les communes auxquelles appartiennent ces corps de pompiers doi-vent veiller au respect des directives données au centraliste par les deuxministères compétents; ces centralistes sont appelés, selon le terme légal,préposés au système d’appel unifié.Les appels et les conversations sont enregistrés avec marquage automa-tique de la date et de l’heure.

Le système Rinsis-Natinul

Actuellement les 16 centres 100 sont progressivement regroupés dans les10 centres du réseau national des services de secours “Rinsis-Natinul”.Ces 10 centres 100 seront reliés entre eux et traiteront les appels quinécessitent une intervention soit des pompiers, soit de l’aide médicaleurgente, soit de la protection civile.

Quelles sont les possibilités de réponse du préposé?Lorsqu’une personne forme le numéro 100 sur son téléphone, le préposépeut immédiatement identifier l’origine de l’appel en lisant le numéro dela personne appelante sur son écran. En outre, toute la conversation estenregistrée. Sur la base de sa connaissance approfondie de la géographielocale et d’une documentation détaillée, le préposé peut envoyer sur leslieux de l’accident ou vers le malade les moyens suivants:• L’ambulance 100 la plus proche: dans ce cas, cela concerne votre inter-

vention.• Une ambulance 100 et un SMUR, si celui-ci est disponible.• Un médecin généraliste de garde.• Un médecin requis pour cette intervention.

Le préposé du centre 100 est en liaison immédiate avec le numérod’intervention unifié 101 (police, gendarmerie). En outre, le préposé peut

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faire appel à un prêtre ou un assistant laïque.Les véhicules susceptibles d’intervenir dans le cadre de l’aide médicaleurgente sont: les ambulances, les SMUR, les ambulances de réanimation,l’hélicoptère. La nature des moyens d’intervention à mettre en action, estdéterminée par le préposé 100.

Quelques particularités de la réponse organisée par le préposé du centre 100

Il s’agit du véhicule dans lequel vous vous déplacerez dans la grandemajorité des cas. Ce véhicule correspond à des prescriptions précises etson équipement doit correspondre à ces normes; il est conduit par uneéquipe composée réglementairement d’un chauffeur et d’un convoyeur,cela selon des dispositions légales précises.On appelle ces véhicules “100” car ils font l’objet d’une convention oud’une concession conclue avec le Ministère de la Santé Publique et del’environnement. Le préposé 100 doit faire appel à l’ambulance 100 laplus proche du lieu de l’accident.

Un SMUR (Service Mobile d’Urgence) est constitué d’une équipe médi-cale mobile qui se déplace dans un véhicule équipé de matériel de réani-mation.Un SMUR ne transporte jamais le patient, mais amène sur place une équi-pe médicale et du matériel de réanimation.Une équipe médicale de SMUR est toujours attachée à un hôpital 100.

En Belgique, nous n’avons pas de définition légale d’une ambulance deréanimation. Cela peut entraîner certaines confusions. On considèrequ’une ambulance de réanimation est un véhicule suffisamment vastepour transporter: le patient, un médecin, un infirmier, un ambulancier. Enoutre, ce véhicule doit être équipé du matériel classique de réanimation(monitoring, respirateur, défibrillateur, pompe de perfusion, ...). En réalité,une ambulance de réanimation est une unité de réanimation qui peut sedéplacer le long des routes.

Le transport est dit “médicalisé”, lorsqu’un médecin accompagne lepatient transporté dans l’ambulance.

Le préposé 100 peut faire appel à un médecin et le requérir. Ce médecinest obligé, sauf en cas de force majeure, de se rendre sur place. Il doitcommuniquer téléphoniquement les raisons de son indisponibilité aupréposé du service 100.Cependant, cette possibilité de réquisition n’est utilisée qu’exception-nellement. Habituellement, le centre 100 collabore avec les services degarde locaux et les SMUR des hôpitaux.

Réquisition d’un médecin -médecin de garde

Que signifie le terme “transport médicalisé”?

Qu’est-ce qu’une ambulance de réanimation?

Le SMUR

Ambulance 100

12.16O r g a n i s a t i o nC h a p i t r e 1 2

Page 405: Manuel Belge Almbulanciers

12.3 Le transpor t vers l’hôpital

Dans le cadre de la loi sur l’aide médicale urgente, le patient doit êtretransporté vers l’hôpital 100 le plus proche. Pour qu’un hôpital soit recon-nu “100”, il doit correspondre à des normes fixées par le Ministère de laSanté Publique et de l’Environnement. Vous êtes donc obligé de trans-porter le patient vers l’hôpital qui correspond à ces normes et qui vous estindiqué par le préposé du centre 100.Si un médecin sur place vous demande de transporter le patient vers uneautre destination que celle qui vous a été communiquée, il doit accom-pagner le patient dans l’ambulance et vous devez prévenir le centre 100de votre nouvelle destination.

12.17O r g a n i s a t i o nC h a p i t r e 1 2

Page 406: Manuel Belge Almbulanciers

12.4 Les relations ambulancier-SMUR

Comme déjà mentionné ci-dessus, l’équipage d’un SMUR est une équipemédicale (médecin, infirmier et chauffeur) capable d’intervenir grâce à unvéhicule équipé de matériel de réanimation. Répétons que le véhicule duSMUR ne transporte jamais un patient ou la famille d’un patient.Un SMUR n’intervient que sur demande du centre 100. Un SMUR inter-vient en appui des services d’ambulances réguliers et va donc réduire“l’intervalle médical libre”. “L’intervalle médical libre” est l’intervalle quisépare le moment de l’accident de celui de la prise en charge du patientpar une équipe médicale spécialisée.

Rôle des différents membres du SMUR

Ce médecin doit avoir acquis une compétence particulière selon les dis-positions définies par le Ministère de la Santé Publique et de l’Environ-nement. Il est le responsable médical de l’équipe.

Cet infirmier fait partie du personnel d’un service d’urgence ou d’un ser-vice de soins intensifs. Cet infirmier doit posséder une compétence par-ticulière en aide médicale urgente.

La présence d’un chauffeur n’est pas une obligation réglementaire.La compétence du chauffeur n’a pas encore été déterminée par un tex-te légal, mais il est évident que le chauffeur peut être très utile durantl’intervention. Parfois le chauffeur est un ambulancier.

Matériel médical

Un SMUR transporte du matériel de réanimation. Celui-ci comprendnotamment (liste non exhaustive):• un moniteur cardiaque avec défibrillateur;• du matériel pour l’administration d’oxygène;• du matériel d’aspiration;• du matériel d’intubation;• des médicaments d’urgence;• du matériel de perfusion;• du matériel pour les accouchements...

Le chauffeur

L’infirmier

Le médecin

12.18O r g a n i s a t i o nC h a p i t r e 1 2

Page 407: Manuel Belge Almbulanciers

Matériel non médical

Le véhicule du SMUR est un véhicule prioritaire (sirène et gyrophare).Il est équipé de matériel radio et d’un téléphone mobile.Il contient du matériel de protection de base pour les intervenants (cas-que, gants, matériel de balisage...)Il transporte un matériel minimum pour l’intervention en situation decatastrophe.Il transporte également le matériel indispensable à la réalisation de cesmissions:• cartes topographiques;• éclairage...

Comment est organisée l’intervention du SMUR?

Sur appel du centre 100, le SMUR doit quitter l’hôpital endéans les deuxminutes. Le centre 100 donne les indications utiles pour bien localiser ettrouver l’endroit de l’intervention. Parfois le SMUR est dirigé par radiovers le lieu de l’intervention, car les territoires d’intervention peuvent êtretrès étendus et les équipages ne sont pas toujours autant familiarisés avecla topographie que les services d’ambulance locaux. Le SMUR se rendvers un lieu de rendez-vous.Idéalement, il s’agit du lieu de l’accident. Dans les endroits où de grandesdistances doivent être parcourues, le SMUR sera parfois convoyé etguidé par les forces de l’ordre ou les pompiers.

Qui peut demander l’intervention du SMUR?

Seul le préposé 100 peut demander une intervention du SMUR. Lorsque,comme ambulancier, vous rencontrez des circonstances dans lesquellesla vie d’un patient est en danger, vous pouvez demander l’intervention duSMUR au centre 100. Un médecin généraliste ou d’autres intervenantsmédicaux occasionnels peuvent demander au centre 100 l’interventiond’une ambulance et l’aide médicale supplémentaire du SMUR. Il estdonc exclu que le SMUR intervienne sur demande d’une personne privée.

Quand l’ambulancier doit-il demander l’aide médicalesupplémentaire du SMUR au centre 100?

Les indications d’intervention du SMUR ont été mentionnées au coursdes chapitres précédents. Les conditions d’intervention du SMUR sonttoujours déterminées dans une concertation entre les préposés 100,l’équipe du SMUR, les ambulanciers locaux et les hôpitaux concernés.Chaque région possède ses habitudes et ses caractéristiques propres

12.19O r g a n i s a t i o nC h a p i t r e 1 2

Page 408: Manuel Belge Almbulanciers

(distance, accessibilité, difficultés de circulation ...)Ces particularités peuvent entraîner une adaptation du système aux con-traintes locales. Comme ambulancier, vous pouvez transmettre des ren-seignements précis pour améliorer le système; cela est de la plus grandeimportance.

Les questions suivantes sont essentielles pour organiser une interventionefficace du SMUR:

L’évaluation primaire de l’état du patient est d’une importance capitale.Quel est l’état de la conscience, de la respiration, de la circulation. Cesdonnées ont été discutées en détail au chapitre 2.Chaque fois qu’il existe un risque vital ou que le risque évolutif peutdevenir vital, il est justifié de tenter de réduire l’intervalle médical libre;la demande de l’intervention du SMUR auprès du centre 100 est alors jus-tifiée. Par exemple:• altération de l’état de conscience;• suffocation, noyade, pendaison, choc;• traumatisme crânien;• intoxication (médicaments, CO...);• décompensation cardiaque;• polytraumatisme;• accouchement;• chute d’une grande hauteur;• etc.

En présence de nombreux blessés, le renfort du SMUR doit être demandé.Dès qu’il est nécessaire d’effectuer un triage, la présence du médecin duSMUR sera nécessaire. Dans certains cas, le plan catastrophe prévoiral’intervention de plusieurs SMUR.

Certains accidents dramatiques qui ont entraîné un ou plusieurs décèspeuvent nécessiter l’intervention du SMUR pour porter assistance auxsurvivants ou aux témoins confrontés à l’accident. Un incendie importantpeut nécessiter la présence préventive du SMUR en vue d’une interven-tion éventuelle auprès des intervenants.

Les difficultés du trajet vers l’hôpital, les conditions météorologiquespeuvent conditionner la réponse à cette question. Il est nécessaire deprendre une décision de prudence.La distance entre le lieu d’intervention et l’hôpital est un facteur impor-tant. Une réduction de l’intervalle médical libre peut être indiquée.Les difficultés de circulation peuvent allonger le temps de transfert vershôpital.

Il vaut mieux appeler le SMUR trop tôt que trop tard.En conclusion:

Comment va s’effectuer le transport vers l’hôpital?

En fonction des circonstances,la présence d’un médecin

est-elle nécessaire?

Quelle est l’ampleur de l’événement?

Quel est l’état du patient?

12.20O r g a n i s a t i o nC h a p i t r e 1 2

Page 409: Manuel Belge Almbulanciers

Comment demander l’intervention du SMUR au centre 100?

Votre demande par radio doit être très simple. Après avoir évalué les don-nées du problème, vous demandez clairement par radio l’intervention duSMUR et vous donnez les raisons de votre demande. Essayez d’indiqueraussi précisément que possible le lieu d’intervention.

Que faire en attendant l’arrivée du SMUR?

En attendant l’aide du SMUR, vous devez continuer le traitement et lasurveillance du patient. Si cela est possible, expliquez au patient et auxtémoins qu’une équipe d’intervention médicale a été appelée et est enroute vers le lieu de l’accident. Dans ces circonstances, vous serez sou-vent soumis à la pression des témoins ou de la famille qui demandent untransport immédiat. A ce moment, il est essentiel de garder son calme.

Que faire à l’arrivée du SMUR?

A l’arrivée du SMUR, vous faites rapport au médecin qui prend le patienten charge. Donnez-lui les renseignements que vous possédez: lettre dumédecin traitant, médicaments, données sur les circonstances de l’acci-dent... Dès que le SMUR est sur place, vous devenez un membre del’équipe d’intervention médicale, vous pouvez aider à la préparation dumatériel pour l’intervention médicale: intubation, perfusions, monito-ring, défibrillation, ...Si l’état du patient le permet, vous le transporterez dans votre ambulan-ce, accompagné du médecin et de l’infirmier. A partir de ce moment, levéhicule du SMUR accompagnera l’ambulance.Avant de démarrer, concertez-vous avec le SMUR pour choisir l’hôpitalde destination.

12.21O r g a n i s a t i o nC h a p i t r e 1 2

Page 410: Manuel Belge Almbulanciers

12.5 L’ambulancier et le médecin généraliste

Vous rencontrez souvent le médecin généraliste au domicile du patient:c’est parfois ce médecin qui vous a appelé par l’intermédiaire du centre100. Une collaboration parfaite est nécessaire, pour le plus grand bien dupatient.Vous devez vous considérer comme l’auxiliaire de ce médecin.Le savoir de ce médecin et les compétences techniques del’ambulancier se complètent. Il peut arriver cependant que vous nesoyez pas d’accord avec la vision de ce médecin (appel au SMUR?, hos-pitalisation?): il doit être clair que c’est le médecin, sur place, qui déter-mine le déroulement de l’intervention. Des discussions en public ne fontqu’augmenter l’angoisse du patient, de la famille et des témoins. Laresponsabilité des décisions médicales est entièrement dans les mains dumédecin qui est sur place. Si vous souhaitez des renseignements com-plémentaires au sujet de certaines décisions, il est souhaitable de lesdemander au médecin concerné après l’intervention.Ce dialogue préviendra alors bien des malentendus et peut être instruc-tif pour les deux parties.

12.22O r g a n i s a t i o nC h a p i t r e 1 2

Page 411: Manuel Belge Almbulanciers

12.6 Déontologie - secret professionnel

Quel que soit votre métier de base (pompier ou personnel d’une entre-prise privée) vous avez le droit et l’obligation de ne rien divulguer quipourrait nuire aux personnes ou à leur entourage. La loi prévoit celaexplicitement dans l’art. 458 du Code pénal: “les médecins, chirurgiens,officiers de santé, pharmaciens, sages-femmes, et toutes autres person-nes dépositaires par leur état ou par profession, des secrets qu’on leurconfie, qui, hors le cas où ils sont appelés à rendre témoignage en justi-ce et celui où la Loi les oblige à faire connaître ces secrets, les aurontrévélés, seront punis ...”La jurisprudence belge est explicite en cette matière. Vous êtes con-sidéré comme un intervenant d’un service sanitaire et tenu au secret pro-fessionnel. Néanmoins vous pouvez être cité en tant que témoin enmatière de:• Accident sur la voie publique.• Appel par erreur du numéro 100.• Les cas de flagrant délit (p. ex. vous êtes témoin de coups et blessures).Il est devenu clair, dans la pratique journalière et dans la jurisprudencebelge, que le préposé 100 et les ambulanciers sont liés par le secret pro-fessionnel et ne peuvent donner aucune information aux médias. Ilsne peuvent donc donner des renseignements que lorsqu’ils sont appelésà témoigner en justice et doivent en aviser leur supérieur. Rappelonsque le secret professionnel protège le patient et non l’intervenant médi-cal.

Particularités en ce qui concerne les mineurs d’âge

Vous devez savoir qu’un mineur d’âge a droit à votre protection s’il estmenacé. Si vous rencontrez un cas de maltraitance ou de négligence vis-à-vis d’un mineur, vous devez en prévenir discrètement le centre 100 ettenter d’agir. Dans ce cas, vous ne pouvez pas respecter le secret pro-fessionnel. Si un intervenant ne réagissait pas de cette manière, il tom-berait sous le coup de la non-assistance à personne en danger.

Particularités en ce qui concerne les patients décédés

En principe, il n’est pas permis de transporter un cadavre dans uneambulance. Par contre, si vous vous trouvez devant un patient décédé,vous avez les obligations suivantes:• Soustraire le cadavre aux regards du public, en le couvrant ou en le dé-

plaçant vers un lieu fermé.

7

12.23O r g a n i s a t i o nC h a p i t r e 1 2

Page 412: Manuel Belge Almbulanciers

• Faire prévenir aussi rapidement que possible la famille.• Ne pas détruire ou modifier des indices judiciaires (arme...)• Ne jamais perdre de vue qu’une cause de décès est un diagnostic médi-

cal qui ne peut être établi que par un médecin.

A l’exception des cas dans lesquels le décès est manifeste (décapitationp. ex.) vous devez insister pour qu’un diagnostic médical soit établi. Dans des cas exceptionnels, à la demande de la police ou de la gendar-merie ou sur réquisition du parquet, l’ambulance pourra être requisepour transporter un cadavre. Ces circonstances sont exceptionnelles etl’autorité publique n’y fera appel que pour rétablir l’ordre public et social(p. ex. catastrophe avec de nombreuses victimes qui doivent être trans-portées vers une morgue provisoire).

Directives particulières pour les accidents du travail

Les accidents de travail doivent être considérés comme des accidents delieu public. C’est la raison pour laquelle il sera souvent fait appel au ser-vice 100 pour évacuer la victime. En principe, le patient sera transportévers l’hôpital 100 le plus proche. Cependant, suivant la jurisprudence exis-tante et les usages, le centre 100 tentera de respecter les accords signésentre les entreprises et les hôpitaux. Si un hôpital et une entreprise sontliés par un contrat dans le cadre de la législation sur les accidents de tra-vail, les victimes seront transportées vers l’hôpital prévu par cet accord.Ces règles ne sont cependant pas d’application lorsque:• l’accident s’est produit sur le chemin du travail.• l’accident menace les fonctions vitales de la victime et rend nécessaire

le transport vers un service d’urgence d’un hôpital 100 et/ou lors del’intervention du SMUR.

12.24O r g a n i s a t i o nC h a p i t r e 1 2

Page 413: Manuel Belge Almbulanciers

12.7 Inter vention du Fonds d’Aide Médicale Urgente

Si votre intervention est réalisée dans le cadre de l’aide médicale urgen-te, le Fonds de l’Aide Médicale Urgente (FAMU) garantit, en l’absence depaiement, la couverture d’une partie des frais occasionnés au transpor-teur; cela se réalise sur une base forfaitaire. Les modalités d’interventionde ce fonds sont très précises et doivent s’effectuer selon une procédurebien déterminée (A.R. du 22 mai 1965).

12.25O r g a n i s a t i o nC h a p i t r e 1 2

Page 414: Manuel Belge Almbulanciers

12.8 La formation du secouriste-ambulancier

Comme vous l’avez appris dans le chapitre 12, l’activité des secouristes-ambulanciers dans le cadre de l’Aide Médicale Urgente est déterminéepar deux lois: • Les articles 422bis et 422ter du code pénal qui obligent chaque citoyen

à porter secours à une personne en danger.• La loi du 8 juillet 1964 sur l’Aide Médicale Urgente telle que modifiée,

qui décrit le cadre dans lequel s’insère le secouriste-ambulancier.La formation et le perfectionnement du secouriste-ambulancier sontréglementés par les arrêtés royaux des 13 février et 19 mars 1998 tels quemodifiés.

L A F O R M A T I O N D E B A S E

La candidature à une formation de secouriste-ambulancier doit être intro-duite:• soit par un service d’ambulance qui collabore dans le cadre de l’AMU,

en accord avec le médecin Inspecteur d’Hygiène de la province,• soit directement par le médecin Inspecteur d’Hygiène de la province.

Dans chaque province, la formation du secouriste-ambulancier est assuréepar un centre de formation et de perfectionnement reconnu par le Minis-tère des Affaires sociales, de la Santé publique et de l’Environnement.Pour qu’un centre de formation et de perfectionnement soit reconnu, il doitsatisfaire aux conditions qui sont résumées dans le tableau 12.1. L’autorité administrative détermine les règles de gestion et de fonction-nement du centre. En outre, il est prévu une représentation des secouristes-ambulanciers au sein du centre.

T A B L E A U 1 2 . 1 C O N D I T I O N S A U X Q U E L L E S L E C E N T R E D E F O R M A T I O N E T D E P E R F E C T I O N N E M E N T D O I T S A T I S F A I R E

•assurer la formation de base et la formation permanente•collaborer avec les services de stage reconnus•faire usage de la version la plus récente du Manuel pour le Secouriste-

Ambulancier•autres conditions:

- Au moins une formation de base par an doit être organisée.- Un maximum de 36 candidats par formation de base est accepté.- L’accord préalable du Ministre sur le programme, la composition de la

direction et du corps professoral et l’organisation doit être demandé.

Le centre doit se soumettre au contrôle organisé par le Ministre. L’agrément ducentre peut être retiré par l’autorité en cas d’irrégularité.

Qui assure la formation?

Qui est candidat secouriste-ambulancier?

12

12.26M.À.J. - 2002 F o r m a t i o nC h a p i t r e 1 2

Page 415: Manuel Belge Almbulanciers

Les conditions principales pour la reconnaissance d’une formation sontrassemblées dans le tableau suivant.

T A B L E A U 1 2 . 2 C A R A C T É R I S T I Q U E S D ’ U N E F O R M A T I O N D E B A S E

•La durée de la formation est de 160 heures au moins dont:- 120 heures de théorie et de pratique.- 40 heures de stage.

•Le candidat est admis aux examens moyennant un taux de présence supérieur à 80 %.

•L’examen comprend deux épreuves:- une épreuve écrite pour 1/3 des points.- une épreuve orale, portant à la fois sur les connaissances théoriques et

pratiques pour 2/3 des points.

•Les conditions de stage sont les suivantes:- Avoir réussi les épreuves écrite et orale et obtenir au moins 50% des points

dans chaque épreuve.- Présenter au moins 60% des points au total des deux épreuves.- Noter toutes les interventions dans le carnet de stage et le faire signer par le

responsable du service de stage.

•Le brevet - est délivré au candidat qui a satisfait aux épreuves et qui bénéficie d’un avis

de stage favorable, - est valide pour une période de 5 ans.

•L’inscription à plus de deux sessions de formation est interdite sauf aprèsl’autorisation du médecin Inspecteur d’Hygiène de la province.

•Des dispenses sont possibles selon les modalités prescrites par la loi.

La formation de base a pour but d’acquérir les connaissances et les aptitudesnécessaires au secouriste-ambulancier: •Les premiers secours au patient dans le cadre de l’Aide Médicale Urgente.•L’entretien du matériel.• L’exécution des tâches administratives.

Le programme est divisé en:• 80 heures de théorie tableau 12.3• 40 heures de pratique tableau 12.4• 40 heures de stage tableau 12.5

répartition des heures de la formation de base

14.1

le but de la formation de base

Les caractéristiques d’une formation de base

12.27M.À.J. - 2002 F o r m a t i o nC h a p i t r e 1 2

FIG. 12.1

LE CONTENU DE LA

FORMATION DE BASE:

80 HEURES DE THÉORIE

40 HEURES DE PRATIQUE

40 HEURES DE STAGE

80 heures de théorie

40 heures de pratique

40 heures de stage

Page 416: Manuel Belge Almbulanciers

T A B L E A U 1 2 . 3 P R O G R A M M E D E L A F O R M A T I O N D E B A S E : L A T H É O R I E

SUJETS HEURES CHAPITRES

La législation 2 12, 14Le corps humain 10 1

Les premières minutes 12 2, 3Les affections à risque vital

Le patient blessé 10 4, 10, 14Le mise en condition du patientLe transport du patient

Le patient malade 20 5, 9Les urgences psychiatriques

La femme enceinte et le risque d’accouchement inopiné 2 6L’enfant en détresse 2 7Les urgences causées par L’environnement 6 8Les situations de catastrophe 2 11

La fonction de secouriste-ambulancier 6 12, 14La collaboration avec le SMURLes tâches administratives

Les techniques particulières 6 13, 14L’hygiène 2 14

TOTAL 80

T A B L E A U 1 2 . 4P R O G R A M M E D E L A F O R M A T I O N D E B A S E : L A P R A T I Q U E

SUJETS HEURES CHAPITRES

Les premières mesures 18 2, 3, 7La liberté des voies respiratoires supérieuresLa réanimation cardio-respiratoire des adultesLa réanimation cardio-respiratoire des enfants et nourrissonsL’administration d’oxygène

Le bilan secondaire 16 2, 3L’arrêt des hémorragies 4, 10, 14L’aide au médecin et au SMURLa protection des plaies et les pansementsLes techniques de désincarcérationLa mise en condition, le relevage et le transport du patientLa connaissance et l’entretien du matériel

La lecture de carte 6 11, 13, 14Le code de la routeLes radiocommunicationsLa visite d’un centre d’appel unifié 100Les dotations pour les catastrophes

TOTAL 40

12.28M.À.J. - 2002 F o r m a t i o nC h a p i t r e 1 2

Page 417: Manuel Belge Almbulanciers
Page 418: Manuel Belge Almbulanciers

L A F O R M A T I O N P E R M A N E N T E

Le but de la formation permanente est d’entretenir et d’évaluer lesconnaissances théoriques et pratiques du secouriste-ambulancier.

La formation permanente doit être de 24 heures par an réparties en aumoins 6 heures de cours théoriques et au moins 12 heures de cours etexercices pratiques.La pratique est organisée pour des groupes d’un maximum de douze per-sonnes.

Le corps professoral est chargé d’évaluer la participation aux formationspermanentes ainsi que les connaissances théoriques et pratiques dusecouriste-ambulancier. Il peut noter ses observations dans le carnet deformation du secouriste-ambulancier. Une évaluation est organisée auterme des cinq ans de formation permanente selon les règles déterminéespar la loi concernant le contenu et les conditions de l’évaluation. Aprèsune évaluation favorable, le brevet et l’insigne distinctif sont à nouveaudélivrés pour une nouvelle période de 5 ans. Après une évaluation négative,les prestations du secouriste-ambulancier doivent être suspendues dansle cadre de l’Aide Médicale Urgente, jusqu’à une nouvelle évaluationfavorable.

L’évaluation

La durée

Le but

12.30M.À.J. - 2002 F o r m a t i o nC h a p i t r e 1 2

Page 419: Manuel Belge Almbulanciers

12.31M.À.J. - 2002 F o r m a t i o nC h a p i t r e 1 2

R É S U M É D U C H A P I T R E 1 2

La législation et la réglementation belge en matière d’AideMédicale Urgente sont en pleine évolution. Différentescirculaires ministérielles peuvent compléter l’applicationpratique de la législation existante. Tenez-vous au courantde cette évolution.

Si vous ne comprenez pas certains textes ou certainesdirectives, adressez-vous à votre supérieur hiérarchiqueou au centre de référence de votre province.

Comme ambulancier, vous êtes un professionnel des soinsde santé tenu à une déontologie et un secret professionnel(secret médical).

Toutes ces réglementations, législations et codes de déon-tologie n’ont qu’un seul but: le bien et la protection dupatient.

Si les circonstances font que les réglementations à appli-quer ne vous apparaissent pas clairement, choisissez tou-jours des interprétations qui protègent et aident le patient.

La formation du sécouriste-ambulancier est réglementée etmise en pratique par des centres reconnus. Cela doit garantirune prise en charge homogène et uniforme des victimesdans tout le pays.

Page 420: Manuel Belge Almbulanciers

1 LE C O R P S H U M A I N

2 LE S P R E M I È R E S M I N U T E S

3 LE S A F F E C T I O N S À R I S Q U E V I TA L

4 LE PAT I E N T T R AU M AT I S É

5 MA L A D I E S E T I N TOX I C AT I O N S

6 GR O S S E S S E E T AC C O U C H E M E N T I N O P I N É

7 L’E N FA N T E N D É T R E S S E

8 UR G E N C E S P R OV O Q U É E S PA R AG E N T S P H YS I Q U E S

9 UR G E N C E S P S YC H I AT R I Q U E S

10 LE T R A N S P O R T D U PAT I E N T

11 LE S C ATA S T R O P H E S

12 OR G A N I S AT I O N D E L’A I D E M É D I C A L E U R G E N T E

13 TE C H N I Q U E S

14 SU P P L É M E N T S

15 VO C A B U L A I R E

Page 421: Manuel Belge Almbulanciers

CONTENU

13.1 Les liaisons radio

13.2 La lecture de cartes

13.3 La sécurité sur les lieux de l’intervention

13.4 Les produits dangereux

13TECHNIQUES

Page 422: Manuel Belge Almbulanciers

13.1 Les liaisons radio

I N T R O D U C T I O N

A la lecture de chacun des chapitres de ce livre, vous avez bien comprisl’importance d’une bonne communication entre les différents partenairesde l’Aide Médicale Urgente.

Vous devez avoir de très bonnes communications radio vers le centre100. Les SMUR doivent avoir de bonnes communications avec les centres"100", avec les ambulanciers, et éventuellement avec les hôpitaux.

Dans certains cas, vous devez, comme ambulancier, avoir de bonnescommunications radio avec votre base de départ. Nous allons aborderdans ce chapitre quelques rappels techniques et des conseils quant àl’emploi des liaisons par radio.

R A P P E L T E C H N I Q U E

Les ondes radiophoniques, les fréquences

Les ondes radiophoniques sont des ondes électromagnétiques. Ces ondesse déplacent dans l’air à la vitesse de la lumière, c’est-à-dire, à 300.000km/sec. Les ondes radiophoniques sont engendrées par des courantsélectriques de haute fréquence et sont envoyées dans une antenne, cellede l’émetteur. A un autre endroit, ces ondes sont captées par une autre

13.2T e c h n i q u e sC h a p i t r e 1 3

FIG. 13.1

LES ONDES RADIO

ET LES FRÉQUENCES

amplitude

temps

longueur d’onde

0

Page 423: Manuel Belge Almbulanciers

antenne. Cette autre antenne engendre des courants de fréquence et deforme identiques à l’émission vers l’appareil récepteur.Cependant, pour qu’un poste émetteur et un poste récepteur puissent setransmettre utilement des ondes, ils doivent être alignés sur la même fré-quence. Les fréquences radio sont habituellement comprises entre 30 kHzet 300 MHz.

Les postes de radio

Un poste émetteur-récepteur est constitué de:• un poste émetteur-récepteur proprement dit,• un haut-parleur,• un micro,• une antenne.

LE POSTE ÉMETTEUR-RÉCEPTEUR PROPREMENT DIT:

Il existe toujours sur le poste un interrupteur (off-on), le plus souventcombiné avec le réglage du volume.

En général, un poste émetteur-récepteur permet de travailler sur plusieursfréquences différentes. Ces fréquences sont sélectionnées par le sélecteurde canaux ou de fréquences.Un canal est défini par la fréquence qu’il emploie ou par un numéroconventionnel (canal 1, 2, 3,...).

Il existe toujours sur le poste un bouton permettant de régler l’efficacitéd’un filtrage des bruits de fond. Ce bouton de réglage est appelé “squelch”.Dès que l’on a sélectionné la fréquence désirée (le canal désiré), l’actionsur le bouton du squelch permet d’effacer les parasites. Ce filtrage, le“squelch”, doit toujours être réglé au minimum utile. Si ce réglage de fil-tration est trop puissant, on risque de ne plus entendre du tout le cor-respondant.

LE MICROPHONE

Le microphone permet de parler en mode d’émission.En général, le micro est pourvu d’un bouton poussoir. Ce bouton poussoirdoit être enfoncé pour émettre. Habituellement, ce bouton poussoirrevient spontanément en position de réception. Lorsque l’on parle, onpresse le bouton; lorsque l’on écoute, on relâche le bouton.

LE HAUT-PARLEUR

Le haut-parleur peut être incorporé au poste émetteur-récepteur ou être fixéà légère distance de ce poste (dans la cabine de l’ambulance par exemple).

Le squelch

Le sélecteur

L’interrupteur et le réglage du volume

13.3T e c h n i q u e sC h a p i t r e 1 3

Page 424: Manuel Belge Almbulanciers

L’ANTENNE

L’antenne est reliée au poste émetteur-récepteur par un fil particulier(coaxial), très isolé électriquement.Cette antenne peut être située à distance du poste (par exemple sur le toitde l’ambulance).

L E S D I F F É R E N T E S S O R T E S D E P O S T E SÉ M E T T E U R S - R É C E P T E U R S – L E S R É S E A U X

Un réseau radio est en général constitué d’un poste directeur et de pos-tes secondaires. Dans un même réseau, chacun travaille sur la même fré-quence.Par exemple, le poste directeur de votre réseau d’ambulances peut être lecentre 100 dont vous dépendez.

13.4T e c h n i q u e sC h a p i t r e 1 3

FIG. 13.2

APPAREIL DE RADIO

Légende: 1. Interrupteur et réglage du volume; 2. sélecteur; 3. micro

H

FIG. 13.3

UN RÉSEAU RADIO

centre 100

poste directeur

poste secondaire

fixe

poste secondairemobile

poste secondaire portable

12

3

Page 425: Manuel Belge Almbulanciers

Les différents postes secondaires sont les différentes ambulancestravaillant dans ce réseau.Les postes secondaires peuvent être fixes ou mobiles. Un poste secondaire fixe peut être le poste de radio d’un hôpital.Un poste secondaire mobile est un poste fixé dans un véhicule, parexemple votre ambulance.Certains postes secondaires sont dits “portables”, il s’agit de postesémetteurs-récepteurs de poids réduit, portables par l’ambulancier, endehors du véhicule.

L A P O R T É E D E S D I F F É R E N T S P O S T E S D U R É S E A U

En général, le poste directeur est plus puissant et possède une antennedont la situation a été parfaitement étudiée. La portée de ce poste direc-teur est donc, en général, nettement supérieure à la portée des postessecondaires mobiles ou fixes.La portée d’un émetteur radio dépend:• de la puissance de l’émetteur,• des hauteurs auxquelles sont placées l’antenne de l’émetteur et les

antennes des différents récepteurs,• des conditions atmosphériques qui peuvent influencer la trans-

mission des ondes radio,• des écrans (constructions métalliques, collines, lignes à haute ten-

sion...) qui peuvent influencer la portée des émetteurs-récepteurs.

L’étude approfondie de tous les éléments techniques qui vous permettrontde réaliser de très bonnes liaisons radio doit être confiée à des techniciensspécialistes de ces problèmes. Vous devez toujours leur demander con-seil en cas de problèmes.Il est important de rappeler que différentes réglementations techniquesdoivent être respectées à ce propos. Cela est important pour protéger lesdifférents réseaux et éviter les interférences.

13.5T e c h n i q u e sC h a p i t r e 1 3

FIG. 13.4

POSTE DE RADIO PORTABLE

Légende: 1. interrupteur et réglagedu volume; 2. sélecteur; 3. squelch;4. micro et haut-parleur; 5. antenne;6. bouton réception-émission

5

6

1 23

4

Page 426: Manuel Belge Almbulanciers

13.6T e c h n i q u e sC h a p i t r e 1 3

C O M M E N T F A I R E F O N C T I O N N E R U N R É S E A U R A D I O ?

L’indicatif

Aucun poste émetteur-récepteur ne peut travailler dans un réseau decommunication sans être défini par son “indicatif”.L’indicatif d’un poste émetteur-récepteur est le nom que va utiliser ce pos-te pour se faire reconnaître de tous les membres du réseau radio.En Belgique, en ce qui concerne les services de secours, l’indicatif secompose habituellement d’un préfixe: ONB suivi d’un nombre de 3 chif-fres.Les postes mobiles ont, en général, un indicatif composé du même pré-fixe (ONB) suivi de 4 chiffres.Dans la pratique journalière, les utilisateurs d’un réseau simplifient, engénéral, les indicatifs officiels.Le poste directeur sera, par exemple, appelé “centre 100”. Telle ambulance sera, par exemple, appelée “A2 ou A3”... etc.Tel SMUR sera appelé “SMUR-C.H.U.” ou “SMUR-C.H.R.”... etc.

Il est important de simplifier au maximum les indicatifs de chacun desintervenants pour permettre des conversations simples et claires.

La procédure radio

En général, les émetteurs-récepteurs qui travaillent sur une même fré-quence dans un réseau travaillent “en simplex”.Cela signifie que chaque intervenant doit alternativement, soit parler, soitécouter, mais ne peut, à la fois, parler et écouter les autres.Il ne s’agit donc absolument pas d’une conversation de type téléphoniqueoù les deux intervenants se parlent et s’entendent simultanément.Cette particularité des liaisons radio nécessite qu’une procéduretrès stricte soit suivie par les deux ou le groupe de correspon-dants.Sans un respect strict de la “procédure radio”, vos relations avec vos cor-respondants deviennent très vite cacophoniques ou totalement inutilisa-bles.

Le début d’une liaison radio est toujours constitué de l’appel d’un desintervenants. Vous devez toujours énoncer l’indicatif du poste que vousappelez puis le faire suivre de “ici... (votre indicatif)”.

Le poste qui a été appelé énonce l’indicatif de celui qui appelle, donne sonindicatif et annonce qu’il écoute.

L’accusé de réception

L’appel

Page 427: Manuel Belge Almbulanciers

100 Ambulance A2, ici centre 100 A2

100 Centre 100, ambulance A2 vous écoute A2

La procédure radio prévoit une “ponctuation”, un découpage très strictde la conversation.Chaque partie d’un message transmis est terminée de l’expression “over”qui signifie que l’opérateur du poste qui est en émission passe en récep-tion (en écoute).Si nous reprenons l’exemple précédent, la conversation devient donc

100 Ambulance A2, ici centre 100, over A2

100 Centre 100, ambulance A2 vous écoute, over A2

Toutes les conversations doivent en principe être clôturées par le postedirecteur du réseau par l’expression conventionnelle “out” qui signifie quechacun repasse en écoute.Une conversation qui était établie entre deux postes secondaires est enprincipe terminée par le poste émetteur-récepteur qui avait pris l’initiativede la conversation..

Lorsque l’on veut faire comprendre qu’on a bien compris le message, laprocédure radio prévoit le terme “roger”.Si la conversation est terminée, la clôture peut être “roger out”.

Si le centre 100 doit demander à l’ambulance “A2” d’un poste avancé dese rendre vers un accident qui a eu lieu à l’endroit “Les 4 bras”, la procé-dure sera:

100 A2, ici Centre 100, over A2

100 Centre 100, A2 vous écoute, over A2

100 A2, vous devez vous rendre vers un accident A2de roulage situé aux “4 bras”, over

100 Centre 100, roger out A2

Le procédure radio doit être suivie par tous les ambulanciers. Bien enten-du, vous pouvez employer les phrases qui vous paraissent les plus simpleset les plus explicatives de la situation. Vous ne devez cependant jamais

Accusé de bonne réception et compréhension du message

La fin d’une conversation radio

Le découpage de la conversation

13.7T e c h n i q u e sC h a p i t r e 1 3

Page 428: Manuel Belge Almbulanciers

accepter des procédures fantaisistes perturbant les réseaux des servicesde secours ambulanciers.

Il est parfois difficile de comprendre certains mots compliqués. Il vous esttoujours possible d’épeler ces mots. Lorsque vous voulez transmettre enépelant, vous utilisez un terme de la procédure radio qui est “j’épelle”.Par convention internationale, un alphabet phonétique est employé lorsdes communications radio.Cet alphabet est facile à retenir et tous les ambulanciers doivent le con-naître.

En ce qui concerne les chiffres, il est possible de les définir par uneprocédure “j’épelle”.

Les nombres sont transmis chiffre par chiffre après l’énoncé du nombresuivi de “j’épelle”. On procède de la manière suivante:

0 = zéro comme rien1 = Un tout seul2 = un et un3 = deux et un4 = deux fois deux5 = trois et deux6 = deux fois trois7 = quatre et trois8 = deux fois quatre9 = cinq et quatre

Si les liaisons radio sont très difficiles et que vous devez transmettre, parexemple, “56, rue du Village”; la procédure va vous permettre de dire:“5, j’épelle, 3 et 2; 6, j’épelle, 2 X 3; du Village, j’épelle, Victor, India,Lima 2 X, Alpha, Golf, Echo, over”

L’alphabet international

13.8T e c h n i q u e sC h a p i t r e 1 3

A = AlphaB = BravoC = CharlieD = DeltaE = EchoF = FoxtrotG = GolfH = HotelI = IndiaJ = JulietteK = KiloL = LimaM = Mike

N = NovemberO = OscarP = PapaQ = QuebecR = RomeoS = SierraT = TangoU = UniformV = VictorW = WhiskyX = X-rayY = YankeeZ = Zoulou

T A B L E A U 1 3 . 1 A L P H A B E T I N T E R N A T I O N A L

Page 429: Manuel Belge Almbulanciers

Si les liaisons sont très mauvaises, il peut vous arriver de répéter plusieursfois un message. Pour prévenir l’autre poste, vous prévenez en disant: “je répète”.

L E S M E S S A G E S C O U R A N T S Q U E V O U S A L L E Z E M P L O Y E R

100 Centre 100, ici ambulance A2, je me rends Rue duVillage pour le blessé sur la voie publique, over

100 Centre 100, ici l’ambulance A2, sur place, rue du Village, over

100 Centre 100, ici ambulance A2, départ vers l’hôpitalgénéral, over

100 Centre 100, ici ambulance A2, à l’hôpital général, over

100 Centre 100, ici ambulance A2, de nouveau disponible àl’hôpital général, over

Vous pourriez devoir demander l’aide d’un SMUR.

Centre 100, ici ambulance A2, Rue du Village, Je deman-100 de l’intervention du SMUR pour le blessé de l’accident de

roulage, over

E N C O N C L U S I O N

Les règles d’or, lorsque vous intervenez dans un réseau radio, doivent tou-jours être: • Bien préciser l’indicatif de celui que vous appelez• Vous présenter par votre indicatif• Parler en phrases sobres, les plus courtes possibles• Bien penser que de multiples personnes écoutent ce que vous dites.

Demande d’un SMUR

La remise à disponibilité du véhicule

L’arrivée à l’hôpital

Le départ vers l’hôpital

L’arrivée sur les lieux de l’intervention

Le départ

Répétition d’un message

13.9T e c h n i q u e sC h a p i t r e 1 3

Page 430: Manuel Belge Almbulanciers

13.2 La lecture de car tes

I N T R O D U C T I O N

Votre fonction d’ambulancier ne nécessite pas que vous soyez un spé-cialiste de la cartographie. Cependant, la connaissance parfaite des sec-teurs dans lesquels vous intervenez est très importante.Vous devez être capable de vous représenter, mentalement, le plan géné-ral de ces secteurs de votre région.Il est parfois nécessaire d’être capable de lire rapidement un plan ou unecarte.Vous devez posséder des cartes et des schémas dans votre véhicule et enconnaître parfaitement le plan de rangement.Des repères portés sur ces plans et ces cartes peuvent vous aider à biensituer un lieu d’intervention. Vous devez connaître tous les symbolesutilisés sur les documents que vous employez (routes, autoroutes, églises,châteaux d’eau...).

L E S C A R T E S

Conventionnellement, le haut d’une carte (côté supérieur du document)indique le “nord géographique”; le côté droit l’est, le gauche, l’ouest, et lecôté inférieur, le sud.Un endroit peut donc être précisé par rapport à ces notions:Exemple: au nord de la commune de... au sud de l’autoroute de...

13.10T e c h n i q u e sC h a p i t r e 1 3

FIG. 13.5

LES POINTS CARDINAUXNord

Sud

Ouest Est

Page 431: Manuel Belge Almbulanciers

Une carte est la représentation dessinée d’une certaine surface de terrain.Une carte est toujours dessinée suivant une échelle donnée. Vous allezdonc travailler avec des cartes de différentes échelles.Il est important de comprendre ce que représente sur le terrain 1 cm dela carte.

ÉCHELLE 1 CM CARTE REPRÉSENTE 1 KM TERRAIN

UNE DISTANCE REPRÉSENTE UNE

TERRAIN DE DISTANCE CARTE DE

1/25 000 250 m 4 cm1/50 000 500 m 2 cm1/100 000 1000 m (1 km) 1 cm1/200 000 2000 m (2 km) 0, 5 cm1/400 000 4000 m (4 km) 0, 25 cm

L E S D I F F É R E N T S S Y S T È M E S U T I L I S É S

Carte nationale

Vous vous servirez rarement d’une carte nationale.Cependant, il est très utile de la posséder dans le véhicule.Vous êtes susceptible d’intervenir en renfort dans une zone dont vous neconnaissez pas bien l’accès.Il est possible que vous soyez envoyé en mission vers un centre hospi-talier spécialisé (centre de brûlés, caisson hyperbare,...). Certains trans-ferts secondaires (d’hôpital à hôpital) sont parfois réalisés sur des dis-tances très longues, dans une autre province que la vôtre.

Cartes provinciales

Vous devez posséder dans votre ambulance les cartes des provinces oùvous intervenez habituellement.Ces cartes, d’échelle plus petite que la carte nationale, sont d’une trèsgrande utilité pour vos interventions de longue distance.

13.11T e c h n i q u e sC h a p i t r e 1 3

T A B L E A U 1 3 . 2 L E S ÉC H E L L E S

Page 432: Manuel Belge Almbulanciers

Cartes d’agglomération

Certains services de secours emploient un système de découpage de leursurface d’intervention en différentes petites zones reprises sur des copiesde cartes (fiches). L’accès à ces fiches est organisé, soit selon une classi-fication géographique, soit selon une classification alphabétique desrues, soit selon une classification alphabétique des communes, etc.Chaque fiche décrit de manière très précise une petite portion de terrain.Le centre 100 et l’ambulancier peuvent se référer à la même copie de cha-que fiche.Il est important que vous vous concertiez avec le centre 100 dont vousdépendez à propos de l’emploi de ces systèmes.

Il existe actuellement de nombreux atlas très bien réalisés et qui décriventtout le territoire belge.Chaque volume décrit quelques communes. L’échelle de ces atlas est par-ticulièrement adaptée à la circulation de véhicules et donc à l’interventiond’une ambulance.Quelques fascicules de ce type d’atlas peuvent suffire à couvrir totalementles différents secteurs d’intervention de votre ambulance.

Les atlas à petite échelle

Le système “Cardex”

13.12T e c h n i q u e sC h a p i t r e 1 3

FIG. 13.6

UN ATLAS

À TRÈS PETITE ÉCHELLE

Page 433: Manuel Belge Almbulanciers

P R A T I Q U E M E N T , D A N S V O T R E A M B U L A N C E

Quadrillage du secteur

Vous devez posséder une carte reprenant tout votre secteur d’interven-tion en le subdivisant au moyen d’un quadrillage très clair. Cette cartegénérale vous permet de définir les grands itinéraires d’accès.Un classement simple, rappelé sur votre carte générale, doit vous per-mettre de retrouver les cartes de détails ou les atlas qui sont dans votrevéhicule.

Lecture de la carte

Essayez toujours de lire la carte en la présentant dans le sens de la mar-che de votre véhicule.Cette façon de faire est indispensable à la compréhension rapide de lacarte et des routes parcourues. Lors des liaisons radio, faites toujours référence à votre sens de déplace-ment, la gauche et la droite sont définies par rapport au sens de déplace-ment de votre ambulance.Lors de circonstances particulières (rassemblement de foule, dispo-sitif préventif de grande envergure), il est indispensable que tous lesambulanciers possèdent tous le même document cartographique (pho-tocopie avec repérage du quadrillage ABCD ...; 1, 2, 3 ...).L’emploi d’un seul document de référence montrant le dispositif généraldans lequel chacun est inséré permet des liaisons radio rapides et claires,ainsi que des interventions efficaces.

13.13T e c h n i q u e sC h a p i t r e 1 3

Page 434: Manuel Belge Almbulanciers

13.3 La sécurité sur les lieux de l’inter vention

C O M M E N T P L A C E R V O T R E A M B U L A N C E E T E X P L O R E R L E S I T E D E L ’ A C C I D E N T ?

Spontanément, vous aurez tendance à placer votre véhicule le plus prèspossible d’un accident, cela pour faciliter votre intervention auprès desvictimes.Respectez, cependant, les règles de sécurité importantes suivantes:

• Soyez très visible pour les autres véhicules: • gyrophare(s)• feux de détresse• vestes très visibles avec bandes réfléchissantes• balisage en amont de l’accident.

• Vérifiez la sécurité générale du site d’intervention:• fuite de carburant?• fils électriques sur le sol?• transport de produit dangereux? • début d’incendie?

• Immobilisez complètement votre véhicule• route en pente?• vent violent?

• Où sont situées les victimes? Les avez-vous toutes repérées?• certaines victimes peuvent marcher sur la route et se trouver à dis-

tance de l’accident.• certaines victimes peuvent avoir, dans une réaction de panique, quit-

té les bords de la route (prairie ou fossé avoisinant).

13.4

13.14T e c h n i q u e sC h a p i t r e 1 3

Page 435: Manuel Belge Almbulanciers

Comment placer votre ambulance?

Deux cas de figure sont à envisager:

1. Vous êtes le premier des véhicules à arriver sur place.2. Les pompiers ou les forces de l’ordre sont déjà sur place.

1. VOUS^ETES LE PREMIER SUR PLACE.

Placez votre ambulance à plus ou moins 50 mètres en amont de l’accidents’il s’agit d’une route normale. Augmentez cette distance de manièreimportante s’il s’agit d’un accident sur autoroute. Laissez vos gyrophareset vos clignotants de détresse allumés (cfr fig. 13.7).

Pour rappel:“En amont” signifie avant l’accident par rapport au sens général de lacirculation.“En aval” signifie après l’accident par rapport au sens général de lacirculation.

13.15T e c h n i q u e sC h a p i t r e 1 3

50 m

50 m

FIG. 13.7

PLACEMENT

DE L’AMBULANCE

EN AMONT

ambulance

accident

FIG. 13.8

PLACEMENT

DE L’AMBULANCE

EN AVAL

accident

pompiers ouforces de l’ordre

ambulance

Si vous êtes les premiers sur place, placez-vous en amont de l’accident pour le baliser.

Si l’accident est déjà balisé, placez-vous en aval de celui-ci.

Page 436: Manuel Belge Almbulanciers

2. LES POMPIERS OU LES FORCES DE L’ORDRE ONT DÉJÀ BALISÉ

L’ACCIDENT AVANT VOTRE ARRIVÉE.

Garez-vous en aval de l’accident, ou à l’endroit que vous ont réservé lespremiers intervenants.Laissez votre gyrophare allumé, mais pensez à éteindre votre bitonal ouvotre sirène dès que vous êtes à proximité de l’accident (fig. 13.8).Bien entendu, toutes les variantes sont possibles entre ces deux schémassimples.Adaptez-vous toujours aux contraintes du terrain: présence de fuite decarburant, de fumées d’un incendie, conditions météorologiques parti-culières (brouillard, neige,...). N’oubliez jamais les grands principes de lasécurité pour éviter un sur-accident:

• être très visible.• pensez aux risques évolutifs.• vérifiez la présence de débris dangereux ou d’écoulement de fluidesdangereux pour vous, les victimes et les autres usagers de la route.

• vérifiez que vous avez bien localisé toutes les victimes.

13.16T e c h n i q u e sC h a p i t r e 1 3

Page 437: Manuel Belge Almbulanciers

13.4 Les produits dangereux

Certains véhicules (camion, wagon de chemin de fer, bateau, etc.) portentextérieurement des indications concernant les produits transportés,leurs toxicités pour l’homme, et leur dangerosité pour l’environne-ment.

Votre rôle n’est pas de devenir des spécialistes dans ce domaine, maisvous devez connaître les bases de cette signalisation.Dès que vous rencontrez un ou plusieurs de ces panneaux sur un véhiculeaccidenté, prévenez le centre 100 par radio, transmettez-lui toutes lesindications et inscriptions que vous pouvez observer sur ces véhicules.

P R I N C I P A U X S I G L E S E T C O D E S E M P L O Y É SD A N S L E D O M A I N E D U T R A N S P O R T D E P R O D U I T S D A N G E R E U X

13.17T e c h n i q u e sC h a p i t r e 1 3

331203

FIG. 13.9

PANNEAU ORANGE

numéro de code du danger

numéro d’identification du produit

331203

FIG. 13.10

IDENTIFICATION DE LA MATIÈRE

TRANSPORTÉE ET DES DANGERS

Page 438: Manuel Belge Almbulanciers

13.18T e c h n i q u e sC h a p i t r e 1 3

FIG. 13.11

ÉTIQUETTES DE DANGER

toxique nocif spontanémentinflammable

solide inflammable inflammable aucontact de l’eau

inflammable aucontact de l’eau

liquide inflammable liquide inflammable favorise l’incendie

explosif corrosif autres dangers

gaz non inflammable et non toxique

gaz non inflammable et non toxique

radioactif

Page 439: Manuel Belge Almbulanciers

13.19T e c h n i q u e sC h a p i t r e 1 3

R É S U M É D U C H A P I T R E 1 3

LES LIAISONS RADIO

Les règles d’or, lorsque vous intervenez dans un réseauradio, doivent toujours être:

• Bien préciser l’indicatif de celui que vous appelez• Vous présenter par votre indicatif• Parler de phrases sobres, les plus courtes possibles• Bien penser que de multiples personnes écoutent ce que

vous dites

LECTURE DE LA CARTE

• Essayez toujours de lire la carte en la présentant dans lesens de la marche de votre véhicule

• Possédez une carte générale de votre secteur et inscrivez-y les références et la place de rangement dans votre véhi-cule des plans et cartes particuliers couvrant ces sec-teurs.

• Référez-vous toujours à des grands axes de circulation oudes éléments naturels (colline, rivière,...) connus de touset qui naturellement partagent votre secteur.

• Tenez vos documents à jour

LA SÉCURITÉ SUR LES LIEUX DE L’INTERVENTION

• Soyez toujours très visibles• Vérifiez la sécurité générale du site d’intervention• Vérifiez que vous avez bien situé toutes les victimes• N’oubliez pas que la situation peut être évolutive

LES PRODUITS DANGEREUX

• En présence d’accidents impliquant des produits dange-reux, cherchez les “panneaux orange” et les étiquettes dedanger.

• Transmettez immédiatement par radio ces informationsau centre 100

• Veillez à la sécurité sur le site d’intervention

Page 440: Manuel Belge Almbulanciers

1 LE C O R P S H U M A I N

2 LE S P R E M I È R E S M I N U T E S

3 LE S A F F E C T I O N S À R I S Q U E V I TA L

4 LE PAT I E N T T R AU M AT I S É

5 MA L A D I E S E T I N TOX I C AT I O N S

6 GR O S S E S S E E T AC C O U C H E M E N T I N O P I N É

7 L’E N FA N T E N D É T R E S S E

8 UR G E N C E S P R OV O Q U É E S PA R AG E N T S P H YS I Q U E S

9 UR G E N C E S P S YC H I AT R I Q U E S

10 LE T R A N S P O R T D U PAT I E N T

11 LE S C ATA S T R O P H E S

12 OR G A N I S AT I O N D E L’A I D E M É D I C A L E U R G E N T E

13 TE C H N I Q U E S

14 SU P P L É M E N T S

15 VO C A B U L A I R E

Page 441: Manuel Belge Almbulanciers

CONTENU

14.1 Le formulaire d’enregistrement du transport ambulancier

14.2 Le code de la route pourles véhicules prioritaires

14.3 L’oxymétrie de pouls

14.4 La désincarcération d’unevictime

14.5 Soins aux plaies et panse-ments

14.6 Le stress psychologiqueen aide médicale urgente

14SUPPLÉMENTS

Page 442: Manuel Belge Almbulanciers

14.2S u p p l é m e n t sC h a p i t r e 1 4

14.1 Le formulaire d’enregistrement du transpor t ambulancier

I N T R O D U C T I O N

Le Ministère des Affaires Sociales, de la Santé Publique et de l’Environ-nement a créé ce formulaire pour permettre une meilleure évaluation etdonc une meilleure gestion des moyens de l’Aide Médicale Urgente. Ceformulaire permettra aussi de mieux former les secouristes-ambulanciers.La réalisation d’un formulaire standardisé, utilisé dans toute la Belgique,s’est avérée indispensable.Ce formulaire devait être facile d’emploi et permettre une informatisationdes données.Ce formulaire d’enregistrement se présente sous la forme d’une pageavec deux copies. La première page est destinée au dossier médical. Lapremière copie est destinée à l’administration de votre service, ladeuxième copie est destinée au Ministère des Affaires Sociales, de laSanté Publique et de l’Environnement.

D I R E C T I V E S G É N É R A L E S P O U R R E M P L I R L E F O R M U L A I R E

Le formulaire doit se remplir du haut vers le bas et de la gauche vers ladroite. Il présente des cases ombrées: elles représentent une réponsequi doit toujours être donnée. Lorsque les cases ne sont pas ombrées,elles représentent un choix de réponses possibles ou une combinaison deplusieurs réponses possibles. Les cases qui sont ombrées avec OUI etNON doivent toujours être remplies. Il faut employer le symbole Ø lors-que le matériel ou l’information nécessaires sont absents. Le chiffre 0(Zéro) est utilisé lorsque l’on n’obtient aucun résultat lors de la réalisationd’une mesure correcte.Le document est divisé en 6 parties: l’identité du patient, l’identité desambulanciers, la description de l’appel, les heures d’intervention et lekilométrage du véhicule, l’évaluation sur place et les décisions prises.

Page 443: Manuel Belge Almbulanciers

14.3S u p p l é m e n t sC h a p i t r e 1 4

P R É S E N TAT I O N D U D O C U M E N TPA R A G R A P H E PA R PA R A G R A P H E

La première partie concerne l’identité du patient. Le nom est écrit depréférence en lettres capitales, ensuite vous pouvez mentionner l’adres-se, la date de naissance et le sexe du patient. Il est indispensable de réa-liser un document par patient. En découpant la partie supérieure du for-mulaire (le long de la ligne qui est indiquée par les ciseaux), l’identité du patient reste anonyme pour l’administration. Ceci permet de respecter lesecret professionnel.

Dans cette partie nous réunissons les données suivantes: le numéro durapport, le numéro officiel du véhicule utilisé, la date de l’intervention,l’appartenance à un service d’ambulance, l’identité des deux ambulan-ciers et leur numéro officiel. Les numéros mentionnés doivent corres-pondre au numéro d’identification qui a été attribué par le Ministèredes Affaires Sociales, de la Santé Publique et de l’Environnement. Lesdonnées qui seront mentionnées dans cette partie du rapport ne serontpas utilisées pour l’évaluation individuelle de l’activité des ambulan-ciers. Ces données vont seulement être utilisées pour une évaluation glo-bale des services.

Identité des ambulanciers

12.6

Identité du patient

DONNEES PATIENT (Confidentiel)Nom: ................................................................................................................. Prénom: .............................................................Rue: .................................................................................................................. n°: ......................... Bte postale: ..........

Code Postal: !.....!.....!.....!.....! Localité: .............................................................................................................................Date de naissance : ......./......./........... Sexe: " (F)Femme " (H)Homme

DONNEES AMBULANCIERSN° rapport: .................................................. N° 100 : ........................................ Date: ......./......./...........Service: ....................................................... N°: ............ N° Ambulance: ........................................Ambulancier 1: ............................................ N°: ............ Ambulancier 2: ........................................ N°: ...........

Page 444: Manuel Belge Almbulanciers

Sous cette rubrique, les données suivantes sont analysées:• Qui a demandé l’intervention?• Pour quelles raisons l’intervention est-elle indispensable?• S’agit-il d’une intervention urgente?

Un “témoin direct” est un spectateur direct de l’événement.Par situation “vitale” on veut dire une situation qui met la vie en danger.Un appel “urgent” est un appel à propos d’une situation critique ou quipeut devenir critique. Un appel non urgent correspond à un problème quin’est pas critique.

L’évaluation de l’urgence est réalisée par le préposé du centre 100: celaveut dire que cette donnée vous est transmise par le centre 100.

Soyez précis en remplissant les heures et les kilomètres.Le temps doit être exprimé en heures et minutes.Lorsque l’on consultera plus tard ce document, vos données seront trèsutiles.

Le kilométrage de départ se trouve en dessous de l’index enregistré auretour. En soustrayant les deux valeurs, on obtient le nombre de kilomè-tres parcourus pour l’intervention.

Distance

Heure et kilomètre

2.2

Description de l’appel

14.4S u p p l é m e n t sC h a p i t r e 1 4

DONNEES AMBULANCIERSN° rapport: .................................................. N° 100 : ........................................ Date: ......./......./...........Service: ....................................................... N°: ............ N° Ambulance: ........................................Ambulancier 1: ............................................ N°: ............ Ambulancier 2: ........................................ N°: ...........

DESCRIPTION DE L’APPELPersonne appelante: □(1)Patient □(2)Médecin □(3)Famille □(4)Hôpital □(5)Home □(6)Ambulance

□(7)SMUR □(8)Pol/Gend. □(9)Autre Témoin : "(1)Direct "(0)Indirect

Motif : □(1)Accident □(2)Maladie □(3)Intoxication □(4)Obstétrique □(5)Prévention □(6)Transfert

Degré d’urgence: "(1)Vital "(2)Urgent "(3)Pas urgent Transmis par le centre 100 : "(1)Oui "(0)Non

HEURES KMAppel: !.....!.....!.....!.....! Départ: !.....!.....!.....!.....! Index retour: !.....!.....!.....!.....!.....!.....! (km)

Arrivée sur place: !.....!.....!.....!.....! Départ du lieu: !.....!.....!.....!.....! Index départ: !.....!.....!.....!.....!.....!.....! (km)

Arrivée à destination : !.....!.....!.....!.....! Retour à la base: !.....!.....!.....!.....! Différence: !.....!.....!.....!.....!.....!.....! (km)

DESCRIPTION DE L’APPELPersonne appelante: □(1)Patient □(2)Médecin □(3)Famille □(4)Hôpital □(5)Home □(6)Ambulance

□(7)SMUR □(8)Pol/Gend. □(9)Autre Témoin : "(1)Direct "(0)Indirect

Motif : □(1)Accident □(2)Maladie □(3)Intoxication □(4)Obstétrique □(5)Prévention □(6)Transfert

Degré d’urgence: "(1)Vital "(2)Urgent "(3)Pas urgent Transmis par le centre 100 : "(1)Oui "(0)Non

HEURES KMAppel: !.....!.....!.....!.....! Départ: !.....!.....!.....!.....! Index retour: !.....!.....!.....!.....!.....!.....! (km)

Arrivée sur place: !.....!.....!.....!.....! Départ du lieu: !.....!.....!.....!.....! Index départ: !.....!.....!.....!.....!.....!.....! (km)

Arrivée à destination : !.....!.....!.....!.....! Retour à la base: !.....!.....!.....!.....! Différence: !.....!.....!.....!.....!.....!.....! (km)

Page 445: Manuel Belge Almbulanciers

Cette rubrique rassemble les données que vous observez vous-même surplace.Notez toujours vos premières constatations. L’évolution de ces donnéespourra être signalée à la partie inférieure du formulaire.Vous avez étudié la majorité de ces données dans le chapitre 2 “Les pre-mières minutes”.Les exceptions sont :• la mesure de la tension artérielle • la saturation en oxygène

Si vous n’employez pas ces techniques, remplissez les rubriques par lesymbole Ø.

Lieu d’interventionLe lieu d’intervention décrit le type d’endroit où est réalisée l’intervention.En cochant plusieurs cases, il vous est possible de décrire, de manièresplus précise, ce lieu d’intervention.Par exemple: un accident sportif lors d’une activité scolaire; vous cochezles deux cases “école” et “sport”.

Personne déjà présente sur placeA l’arrivée vous notez la présence ou l’absence de témoins.Un “particulier”, est une personne qui n’a pas de formation de secouris-te, d’infirmier ou de médecin.Sont considérés comme “secouristes”: les secouristes et la police, la gen-darmerie, les pompiers ou la Protection Civile.

Motifs constatésToutes les possibilités reprises ici peuvent être combinées. Vous cochezautant de cases que nécessaire pour décrire le motif d’appel de manièreaussi précise que possible.Par exemple: un accident de roulage avec victime ivre, pourra être indi-qué comme suit:“Accident” “Circulation” “Intoxication alcool”.

Les abréviations:”psy” indiquent “psychiatrie”, “CO” indique le “monoxy-de de carbone”.La différence entre un accouchement et un “accouchement prématuré”est située à 28 semaines de grossesse.

RespirationLes données seront observées au cours de l’évaluation primaire dupatient.La respiration est normale ou non en fonction du tableau 2.1. du manuelEn ce qui concerne la fréquence, on considère qu’une respiration infé-rieure à 10 respirations/min. est lente. Une fréquence respiratoire de 10à 24 est normale, une fréquence respiratoire supérieure à 24/min. estconsidérée comme rapide.

2.2

2

Bilan sur place

14.5S u p p l é m e n t sC h a p i t r e 1 4

Page 446: Manuel Belge Almbulanciers

CirculationPour évaluer la fonction cardiocirculatoire, vous devez employer les tech-niques décrites au chapitre 2: “Les premières minutes”.Le tableau 2.2. est un résumé qui définit la normalité du pouls.

“Hémorragie” veut dire: Les hémorragies sérieuses qui peuvent menacerla vie du patient.Si vous y avez été entraîné, il vous est loisible de mesurer la pression arté-rielle et la saturation en oxygène. Si après une mesure effectuée correc-tement vous n’observez aucune valeur mesurable, vous indiquez le chif-fre 0 (zéro). Si vous n’avez pas de tensiomètre ou si vous n’êtes pasformé à cette mesure, vous remplissez avec le symbole Ø. Si vous n’avezpas de pulsoxymètre, vous remplissez également avec le symbole Ø.

ConscienceAu cours de la première évaluation rapide, vous évaluez si la conscienceest normale.Vous utilisez la méthode EPADONO.Une méthode plus précise a été décrite au chapitre 4.5. Il s’agit du Glas-gow Coma Scale.Vous donnez une valeur pour les rubriques:• ouverture des yeux• réponse verbale• réponse motricepuis, vous additionnez ces valeurs et vous obtenez le Glasgow Coma Scale.

Lésions traumatiquesVous recherchez ces lésions lors de l’évaluation secondaire. Elles sontsubdivisées en fracture, contusion, plaie et brûlure.Les abréviations suivantes ont été utilisées dans les documents:MSD: Membre supérieur droitMSG: Membre supérieur gaucheMID: Membre inférieur droitMIG: Membre inférieur gauche

RemarquesCe document permet l’annotation d’une première observation de larespiration, de la circulation et de la conscience. Une évolution de cesparamètres doit être signalée sous la rubrique “Remarques” en bas dudocument.

4.5

2.2

2.2

14.6S u p p l é m e n t sC h a p i t r e 1 4

Page 447: Manuel Belge Almbulanciers

Degré d’urgenceL’évaluation du motif d’appel, de la qualité de la respiration, de la circu-lation, de l’état de conscience et la description des lésions vous permet-tent de conclure s’il y a un risque vital.Le risque vital correspond à une situation critique qui met la vie en danger.Le terme “urgent” correspond à une évolution possible vers une situationcritique.“Non urgent” correspond à une situation non critique du patient.

Sous cette rubrique, les 3 points suivants sont abordés• Avez-vous besoin d’une aide complémentaire?• Quels sont les actes que vous avez réalisés?• Comment le transport a-t-il été réalisé?

Suivant l’importance du problème, il est parfois nécessaire de demanderune aide complémentaire: un SMUR (Service Mobile d’Urgence), une aut-re ambulance ou un Corps de Pompiers ( S.R.I.).

Le document vous permet de définir l’aide obtenue.Vous devez mentionner de manière précise le moment de l’appel et lemoment de l’arrivée de cette aide complémentaire.Si l’aide complémentaire n’est pas disponible, cela peut être mentionnéà la partie inférieure du document sous la rubrique “Remarques”.

Décision

14.7S u p p l é m e n t sC h a p i t r e 1 4

BILAN SUR PLACE Personne déjà présente: "(1)OUI □(1)Particulier □(2)Autre ambulancier □(3)Médecin □(4)SMUR "(0)NON

Lieu d’intervention: □(1)Voie Publ. □(2)Lieu Publ. □(3)Travail □(4)Ecole □(5)Sport □(6)Cab.Méd.

□(7)Privé □(8)Hôpital □(9)Home □(A)Autre

Nom du lieu : ................................................................... Rue: ........................................................................... N°:............... Bte: ................

Code Postal: !.....!.....!.....!.....! Localité: .............................................................................................................................

Motif constaté:□(1)Accident □(1)Roulage □(2)Chute □(3)Incendie □(4)Explosion □(5)Electrocution

□(6)Noyade □(7)Arme □(8)Bagarre □(9)Pendaison □(A)Autre

□(2)Maladie □(1)Respir. □(2)Coeur □(3)Psy □(4)Digestif □(5)Métabolique

□(3)Intoxication □(1)Alcool □(2)Drogue □(3)Médicament □(4)CO □(5)Chimique

□(4)Obstétrique □(1)Douleur □(2)Hémorragie □(3)Accouchement □(4)Accouchement prématuré

Respiration: "(N)Normale

"(A)AnormaleFréquence respiratoire

"(0)Absente

"(1)Lente "(2)Normale "(3)Rapide(<10) (10-24) (>24)

Circulation:"(N)Normale "(A)Anormale

Pouls: !.....!.....!.....! (/min) Hémorragie:"(1)Oui "(0)Non

"(0)Absent "(1)Régulier "(2)Irrégulier

T.A.: !.....!.....!.....! / !.....!.....!.....! (mmHg) SatO2: !.....!.....! (%)

Conscience: "(N)Normale

"(A)AnormaleOuverture des yeux:" Spontanée (4)" A la voix (3)" A la douleur (2)" Aucune (1)

Réponse verbale:" Orientée (5)" Confuse (4)" Inappropriée (3)" Incompréhensible (2)" Nulle (1)

Réponse motrice:" Obéit (6)" Orientée (5)" Evitement (4)" Flexion (3)" Extension (2)" Nulle (1)

Glasgow score !.....!.....!

Lésions traumatiques: "(1)OUI "(0)NON

Tête Col.Cerv. Colonne MSD MSG Thorax Abdomen Bassin MID MIG

Fracture □ □ □ □ □ □ □ □ □ □

Contusion □ □ □ □ □ □ □ □ □ □

Plaie □ □ □ □ □ □ □ □ □ □

Brûlure □ □ □ □ □ □ □ □ □ □

Degré d’urgence: "(1)Vital "(2)Urgent "(3)Pas urgent

Page 448: Manuel Belge Almbulanciers

Gestes posésCette rubrique permet de mentionner tous les gestes que vous avez posés.La rubrique “position” indique un traitement (une position qui sert de trai-tement) et n’a pas la même signification que le mot “position” dans larubrique “transport”.La rubrique “GUEDEL” correspond aussi bien à une canule de MAYOqu’à une canule de GUEDEL ou toute autre canule oro-pharyngée.

Transport Vous devez indiquer la position dans laquelle vous transportez le patientet la destination choisie.Il est possible de signaler une évolution de la situation du patient pendantle transport.Le document est clôturé par 9 causes possibles de “non-transport”.

3.1

14.8S u p p l é m e n t sC h a p i t r e 1 4

Motif constaté:□(1)Accident □(1)Roulage □(2)Chute □(3)Incendie □(4)Explosion □(5)Electrocution

□(6)Noyade □(7)Arme □(8)Bagarre □(9)Pendaison □(A)Autre

□(2)Maladie □(1)Respir. □(2)Coeur □(3)Psy □(4)Digestif □(5)Métabolique

□(3)Intoxication □(1)Alcool □(2)Drogue □(3)Médicament □(4)CO □(5)Chimique

□(4)Obstétrique □(1)Douleur □(2)Hémorragie □(3)Accouchement □(4)Accouchement prématuré

Respiration: "(N)Normale

"(A)AnormaleFréquence respiratoire

"(0)Absente

"(1)Lente "(2)Normale "(3)Rapide(<10) (10-24) (>24)

Circulation:"(N)Normale "(A)Anormale

Pouls: !.....!.....!.....! (/min) Hémorragie:"(1)Oui "(0)Non

"(0)Absent "(1)Régulier "(2)Irrégulier

T.A.: !.....!.....!.....! / !.....!.....!.....! (mmHg) SatO2: !.....!.....! (%)

Conscience: "(N)Normale

"(A)AnormaleOuverture des yeux:" Spontanée (4)" A la voix (3)" A la douleur (2)" Aucune (1)

Réponse verbale:" Orientée (5)" Confuse (4)" Inappropriée (3)" Incompréhensible (2)" Nulle (1)

Réponse motrice:" Obéit (6)" Orientée (5)" Evitement (4)" Flexion (3)" Extension (2)" Nulle (1)

Glasgow score !.....!.....!

Lésions traumatiques: "(1)OUI "(0)NON

Tête Col.Cerv. Colonne MSD MSG Thorax Abdomen Bassin MID MIG

Fracture □ □ □ □ □ □ □ □ □ □

Contusion □ □ □ □ □ □ □ □ □ □

Plaie □ □ □ □ □ □ □ □ □ □

Brûlure □ □ □ □ □ □ □ □ □ □

Degré d’urgence: "(1)Vital "(2)Urgent "(3)Pas urgent

DECISION Appel OUI NON Heures: Appel ArrivéeSMUR: "(1) "(0) Nom: ............................................................ !.....!.....!.....!.....! !.....!.....!.....!.....!MG: "(1) "(0) Nom: ............................................................ !.....!.....!.....!.....! !.....!.....!.....!.....!Autre ambul.: "(1) "(0) Nom: ............................................................ !.....!.....!.....!.....! !.....!.....!.....!.....!SRI: "(1) "(0) Nom: ............................................................ !.....!.....!.....!.....! !.....!.....!.....!.....!

Gestes posés : "(1)OUI "(0)NON

Position Immobilisation Pansements Drain/Aspiration Voies aériennes"(1)OUI "(0)NON"(1)OUI "(0)NON "(1)OUI "(0)NON "(1)OUI "(0)NON "(1)OUI "(0)NON

□(1)Assise □(1)Minerve □(1)Compressif □(1)Oro-Phar. □(1)Nasale

□(2)Semi-assise □(2)Attelle ` □(2)Occlusif □(2)Gastrique □(2)Guedel

□(3)Couchée □(3)Scoop □(3)Autre □(3)Masque

□(4)Trendelenburg □(4)Coquille .................................... □(4)Tube Endo-trach.

□(5)PLS □(5)Ballon

Perfusion: " (1)Oui "(0)Non □(6)02

Monitoring Défibrillation RCP "(1)<3L

"(1)Oui "(1)Oui (Nombre: .............) "(1)OUI (Durée: .........................(min)) "(2)5-10L

"(0)Non "(0)Non (Résultat: " (1)+ " (2)-) "(3)>10L

"(2)Pas disponible "(2)Pas disponible "(0)NON

Remarques : ..............................................................................................................................................................................................................................................

Transport: " (1)OUI Position: " " "Destination: "(1)Hôpital "(2)Home "(3)DomicileNom: ...........................................................................Rue: ............................................................................Localité: ......................................................................

Evolution durant le transport: " $ " % " &

"(0)Non□(1)Mort sur place après RCP □(5)Chargé par un autre□(2)Mort sur place sans RCP □(6)Refus de transport□(3)Traité sur place □(7)Course annulée□(4)Appel malveillant □(8)Pas de patient

□(9)Prévention

Min. Santé Publique AFAD1.0

Page 449: Manuel Belge Almbulanciers

E X E M P L E S

Exemple 1 Le centre 100 vous appelle et vous annonce un “noyé amenéinconscient sur la berge”.Le centre a été appelé par un témoin, l’heure d’appel est 14 h 02,vous êtes sur place à 14 h 07.Au départ, l’index kilométrique était de 20.512 km. Vous trouvez lenoyé entouré de nombreux spectateurs, sur la plage, au niveaud’un kiosque. Aucune RCP n’est commencée.La première évaluation montre un patient inconscient avec arrêtrespiratoire et circulatoire.Le SMUR est appelé par l’ambulancier 1 à 14 h 08, l’ambulancier 2commence une RCP immédiatement. Le SMUR vient de l’hôpital Y.A 14 h 11, aucune amélioration de la situation n’a été constatée. Lenoyé est intubé par le médecin du SMUR, aspiré et reçoit del’oxygène (100%). L’“Advanced Life Support” a débuté en 5 minu-tes et un pouls très faible est mesuré. Vous aidez le médecin duSMUR à poser une minerve. La saturation d’oxygène est de 75%,le monitoring montre un rythme très lent, la réanimation continuependant le transport vers l’hôpital Y. Départ vers l’hôpital à14 h 45, arrivée à 14 h 55. A l’arrivée, la pression est de 5, le poulsest de 40 et la saturation d’oxygène est de 80%. L’index kilométri-que de votre véhicule au retour est de 20.520 km. Votre interventionse termine à 15 h.

14.9S u p p l é m e n t sC h a p i t r e 1 4

Page 450: Manuel Belge Almbulanciers

14.10S u p p l é m e n t sC h a p i t r e 1 4

FIG. 14.1

FORMULAIRE

DE L’EXEMPLE 1

BILAN SUR PLACE Personne déjà présente: "'(1)OUI □'(1)Particulier □(2)Autre ambulancier □(3)Médecin □(4)SMUR "(0)NON

Lieu d’intervention: □(1)Voie Publ. □(2)Lieu Publ. □(3)Travail □(4)Ecole □(5)Sport □(6)Cab.Méd.

□(7)Privé □(8)Hôpital □(9)Home □(A)Autre

Nom du lieu : Plage, Kiosque ........................... Rue: ........................................................................... N°:............... Bte: ................

Code Postal: !.....!.....!.....!.....! Localité: K .......................................................................................................................

DESCRIPTION DE L’APPELPersonne appelante: □(1)Patient □(2)Médecin □(3)Famille □(4)Hôpital □(5)Home □(6)Ambulance

□(7)SMUR □(8)Pol/Gend. □'(9)Autre Témoin : "'(1)Direct "(0)Indirect

Motif : □(1)Accident □(2)Maladie □(3)Intoxication □(4)Obstétrique □(5)Prévention □(6)Transfert

Degré d’urgence: "'(1)Vital "(2)Urgent "(3)Pas urgent Transmis par le centre 100 : "'(1)Oui "(0)Non

HEURES KMAppel: !.1.!.4.!.0.!.2 ! Départ: !.1.!.4.!.0.!.3 ! Index retour: !.....!.2.!.0.!.5.!.2.!.0.! (km)

Arrivée sur place: !.1.!.4.!.0.!.7 !! Départ du lieu: !.1.!.4.!.4.!.5 ! Index départ: !.....!.2.!.0.!.5.!.1.!.2.! (km)

Arrivée à destination : !.1.!.4.!.5.!.5 ! Retour à la base: !.1.!.5.!.0.!.0 ! Différence: !.....!.....!.....!.....!.....!.8.! (km)

Motif constaté:□'(1)Accident □(1)Roulage □(2)Chute □(3)Incendie □(4)Explosion □(5)Electrocution

□'(6)Noyade □(7)Arme □(8)Bagarre □(9)Pendaison □(A)Autre

□(2)Maladie □(1)Respir. □(2)Coeur □(3)Psy □(4)Digestif □(5)Métabolique

□(3)Intoxication □(1)Alcool □(2)Drogue □(3)Médicament □(4)CO □(5)Chimique

□(4)Obstétrique □(1)Douleur □(2)Hémorragie □(3)Accouchement □(4)Accouchement prématuré

Respiration: "'(N)Normale

"(A)AnormaleFréquence respiratoire

"(0)Absente

"(1)Lente "'(2)Normale "(3)Rapide(<10) (10-24) (>24)

Circulation:"'(N)Normale "(A)Anormale

Pouls: !.....!.9.!.0.! (/min) Hémorragie:"(1)Oui "'(0)Non

"(0)Absent "'(1)Régulier "(2)Irrégulier

T.A.: !.....!.....!.Ø.! / !.....!.....!.....! (mmHg) SatO2: !.9.!.7.! (%)

Conscience: " (N)Normale"'(A)Anormale

Ouverture des yeux:" Spontanée (4)" A la voix (3)" A la douleur (2)"' Aucune (1)

Réponse verbale:" Orientée (5)" Confuse (4)" Inappropriée (3)" Incompréhensible (2)"' Nulle (1)

Réponse motrice:" Obéit (6)" Orientée (5)" Evitement (4)" Flexion (3)" Extension (2)"' Nulle (1)

Glasgow score !.....!.3.!

Lésions traumatiques: "(1)OUI "'(0)NON

Tête Col.Cerv. Colonne MSD MSG Thorax Abdomen Bassin MID MIG

Fracture □ □ □ □ □ □ □ □ □ □

Contusion □ □ □ □ □ □ □ □ □ □

Plaie □ □ □ □ □ □ □ □ □ □

Brûlure □ □ □ □ □ □ □ □ □ □

Degré d’urgence: "'(1)Vital "(2)Urgent "(3)Pas urgent

DECISION Appel OUI NON Heures: Appel ArrivéeSMUR: "'(1) "(0) Nom: Hopital y..................................... !.1.!.4.!.0.!.2.! !.1.!.4.!.1.!.1.!MG: "(1) "'(0) Nom: ............................................................ !.....!.....!.....!.....! !.....!.....!.....!.....!Autre ambul.: "(1) "'(0) Nom: ............................................................ !.....!.....!.....!.....! !.....!.....!.....!.....!SRI: "(1) "'(0) Nom: ............................................................ !.....!.....!.....!.....! !.....!.....!.....!.....!

Gestes posés : "'(1)OUI "(0)NON

Position Immobilisation Pansements Drain/Aspiration Voies aériennes"'(1)OUI "(0)NON"'(1)OUI "(0)NON "(1)OUI "'(0)NON "'(1)OUI "(0)NON "'(1)OUI "(0)NON

□(1)Assise □'(1)Minerve □(1)Compressif □'(1)Oro-Phar. □(1)Nasale

□(2)Semi-assise □(2)Attelle □(2)Occlusif □(2)Gastrique □(2)Guedel

□'(3)Couchée □(3)Scoop □(3)Autre □(3)Masque

□(4)Trendelenburg □(4)Coquille .................................... □'(4)Tube Endo-trach.

□(5)PLS □'(5)Ballon

Perfusion: " (1)Oui " (0)Non □'(6)02

Monitoring Défibrillation RCP "(1)<3L

"'(1)Oui "(1)Oui (Nombre: .............) "'(1)OUI (Durée: ........48..........(min)) "(2)5-10L

"(0)Non "'(0)Non (Résultat: " (1)+ " (2)-) "'(3)>10L

"(2)Pas disponible "(2)Pas disponible " (0)NON

Transport: "' (1)OUI Position: " " "'Destination: "'(1)Hôpital "(2)Home "(3)Domicile

Nom: y ........................................................................Rue: ............................................................................Localité: ......................................................................

Evolution durant le transport: "' $ " % " &

"(0)Non□(1)Mort sur place après RCP □(5)Chargé par un autre□(2)Mort sur place sans RCP □(6)Refus de transport□(3)Traité sur place □(7)Course annulée□(4)Appel malveillant □(8)Pas de patient

□(9)Prévention

Min. Santé Publique AFAD1.0

Page 451: Manuel Belge Almbulanciers

Exemple 2Le préposé du centre 100 vous envoie chez un patient avec les ren-seignements suivants:• intoxication par une grande quantité de somnifères, appel par

la famille• il s’agit d’un appel urgent.• adresse: Rue du Moulin, N° 6, Commune de G.• heure de l’appel: 08h17• index kilométrique au départ: 14.221 km• arrivée sur place: 08h26La famille du patient est sur place, vous montre un emballage vided’un somnifère X. Le patient présente une réponse verbale et estbien orienté. Par précaution, vous réussissez à le convaincre àvenir à l’hôpital. Il marque son accord après insistance de la famil-le. Vous apprenez de la famille qu’il souffre également d’épilepsie.Sa respiration est 14 respirations/min., normale. Il présente unpouls régulier à 70/min; la saturation d’oxygène est de 95%, laconscience est normale et vous mesurez un Glasgow de 15.Vous évaluez que la situation du patient n’est pas urgente, vous letransportez en position semi-assise avec 2 litres d’oxygène parsonde nasale. Vous partez pour l’hôpital Y à 08 h 35. La situationdu patient reste stable pendant le transport. Arrivée à l’hôpital Yà 08 h 45. Index kilométrique au retour vers le lieu de stationne-ment: 14.228 km. L’intervention est terminée à 08 h 55.

14.11S u p p l é m e n t sC h a p i t r e 1 4

Page 452: Manuel Belge Almbulanciers

14.12S u p p l é m e n t sC h a p i t r e 1 4

FIG. 14.2

FORMULAIRE

DE L’EXEMPLE 2

BILAN SUR PLACE Personne déjà présente: "'(1)OUI □'(1)Particulier □(2)Autre ambulancier □(3)Médecin □(4)SMUR "(0)NON

Lieu d’intervention: □(1)Voie Publ. □(2)Lieu Publ. □(3)Travail □(4)Ecole □(5)Sport □(6)Cab.Méd.

□'(7)Privé □(8)Hôpital □(9)Home □(A)Autre

Nom du lieu : .................................................................. Rue: du Moulin .............................................. N°: 6 .......... Bte: ................

Code Postal: !.....!.....!.....!.....! Localité: G........................................................................................................................

DESCRIPTION DE L’APPELPersonne appelante: □(1)Patient □(2)Médecin □'(3)Famille □(4)Hôpital □(5)Home □(6)Ambulance

□(7)SMUR □(8)Pol/Gend. □(9)Autre Témoin : "'(1)Direct "(0)Indirect

Motif : □(1)Accident □(2)Maladie □(3)Intoxication □(4)Obstétrique □(5)Prévention □(6)Transfert

Degré d’urgence: "(1)Vital "'(2)Urgent "(3)Pas urgent Transmis par le centre 100 : "'(1)Oui "(0)Non

HEURES KMAppel: !.0.!.8.!.1.!.7 ! Départ: !.0.!.8.!.1.!.8 ! Index retour: !.....!.1.!.4.!.2.!.2.!.8.! (km)

Arrivée sur place: !.0.!.8.!.2.!.6 ! Départ du lieu: !.0.!.8.!.3.!.5 ! Index départ: !.....!.1.!.4.!.2.!.2.!.1.! (km)

Arrivée à destination : !.0.!.8.!.4.!.5 ! Retour à la base: !.0.!.8.!.5.!.5 ! Différence: !.....!.....!.....!.....!.....!.7.! (km)

Motif constaté:□(1)Accident □(1)Roulage □(2)Chute □(3)Incendie □(4)Explosion □(5)Electrocution

□(6)Noyade □(7)Arme □(8)Bagarre □(9)Pendaison □(A)Autre

□(2)Maladie □(1)Respir. □(2)Coeur □(3)Psy □(4)Digestif □(5)Métabolique

□'(3)Intoxication □(1)Alcool □(2)Drogue □'(3)Médicament □(4)CO □(5)Chimique

□(4)Obstétrique □(1)Douleur □(2)Hémorragie □(3)Accouchement □(4)Accouchement prématuré

Respiration: "'(N)Normale

"(A)AnormaleFréquence respiratoire

"(0)Absente

"(1)Lente "'(2)Normale "(3)Rapide(<10) (10-24) (>24)

Circulation:"'(N)Normale "(A)Anormale

Pouls: !.....!.7.!.0.! (/min) Hémorragie:"(1)Oui "'(0)Non

"(0)Absent "'(1)Régulier "(2)Irrégulier

T.A.: !.....!.....!.Ø.! / !.....!.....!.....! (mmHg) SatO2: !.9.!.5.! (%)

Conscience: "' (N)Normale" (A)Anormale

Ouverture des yeux:"' Spontanée (4)" A la voix (3)" A la douleur (2)" Aucune (1)

Réponse verbale:"' Orientée (5)" Confuse (4)" Inappropriée (3)" Incompréhensible (2)" Nulle (1)

Réponse motrice:"' Obéit (6)" Orientée (5)" Evitement (4)" Flexion (3)" Extension (2)" Nulle (1)

Glasgow score !.1.!.5.!

Lésions traumatiques: "(1)OUI "'(0)NON

Tête Col.Cerv. Colonne MSD MSG Thorax Abdomen Bassin MID MIG

Fracture □ □ □ □ □ □ □ □ □ □

Contusion □ □ □ □ □ □ □ □ □ □

Plaie □ □ □ □ □ □ □ □ □ □

Brûlure □ □ □ □ □ □ □ □ □ □

Degré d’urgence: "(1)Vital "(2)Urgent "'(3)Pas urgent

DECISION Appel OUI NON Heures: Appel ArrivéeSMUR: "(1) "'(0) Nom: ............................................................ !.....!.....!.....!.....! !.....!.....!.....!.....!MG: "(1) "'(0) Nom: ............................................................ !.....!.....!.....!.....! !.....!.....!.....!.....!Autre ambul.: "(1) "'(0) Nom: ............................................................ !.....!.....!.....!.....! !.....!.....!.....!.....!SRI: "(1) "'(0) Nom: ............................................................ !.....!.....!.....!.....! !.....!.....!.....!.....!

Gestes posés : "(1)OUI "'(0)NON

Position Immobilisation Pansements Drain/Aspiration Voies aériennes"(1)OUI "'(0)NON "(1)OUI "'(0)NON "(1)OUI "'(0)NON "(1)OUI "'(0)NON "'(1)OUI "(0)NON

□(1)Assise □(1)Minerve □(1)Compressif □(1)Oro-Phar. □(1)Nasale

□(2)Semi-assise □(2)Attelle □(2)Occlusif □(2)Gastrique □(2)Guedel

□(3)Couchée □(3)Scoop □(3)Autre □(3)Masque

□(4)Trendelenburg □(4)Coquille .................................... □(4)Tube Endo-trach.

□(5)PLS □(5)Ballon

Perfusion: " (1)Oui "'(0)Non □(6)02

Monitoring Défibrillation RCP "'(1)<3L

"(1)Oui "(1)Oui (Nombre: .............) "(1)OUI (Durée: ..................(min)) "(2)5-10L

"(0)Non "(0)Non (Résultat: " (1)+ " (2)-) "(3)>10L

"(2)Pas disponible "(2)Pas disponible " (0)NON

Transport: "' (1)OUI Position: " "' "Destination: "'(1)Hôpital "(2)Home "(3)Domicile

Nom: y ........................................................................Rue: ............................................................................Localité: ......................................................................

Evolution durant le transport: " $ "' % " &

"(0)Non□(1)Mort sur place après RCP □(5)Chargé par un autre□(2)Mort sur place sans RCP □(6)Refus de transport□(3)Traité sur place □(7)Course annulée□(4)Appel malveillant □(8)Pas de patient

□(9)Prévention

Min. Santé Publique AFAD1.0

Page 453: Manuel Belge Almbulanciers

Exemple 3 Appel par le préposé du centre 100 à 15h20 avec la notion d’“inter-vention urgente pour accident de roulage sur la route nationale 22,au carrefour avec l’Avenue du Commerce, sur le ter ritoire deWemmelghem”.Appel par un témoin sur place. Index kilométrique au départ:8.262 km. Arrivée sur place 15 h 40. Vous trouvez une victime quia été sortie du véhicule en feu par des spectateurs. La victime res-pire dif ficilement avec une fréquence de 18/min. Son pouls estfaible à 85/min; la P.A. est de 90 à 60 mmHg. La saturationd’oxygène est de 99%. Le patient est obnubilé par les émanationsde fumée mais répond. Il semble confus et montre, lors de petitsmouvements de la jambe droite, une réaction de douleur très nette.L’évaluation secondaire fait suspecter une fracture de la jambedroite. L’observation plus attentive, montre que la jambe estgonf lée. Il présente des brûlures de la face et de la tête et des jam-bes. Vous jugez que la situation est “urgente” et vous demandez aucentre 100 une aide médicale et les pompiers à 15 h 42. Le SMURn’est pas disponible. On pose une minerve. Le patient reçoit 15 li-tres d’oxygène/min., par masque à réservoir; il est mis en positionde Trendelenburg, les brûlures sont couvertes de manière stérile.Après placement d’une attelle à la jambe droite, la victime esttransportée par brancard à palettes. Départ à 16 h 20 vers l’hôpi-tal Z. Pendant le transport, le patient est mis en position deTrendelenburg, la situation reste stable pendant le transport,arrivée à l’hôpital Z à 16 h 20. Retour sur le lieu de stationnementà 16 h 30 et fin de l’intervention avec un kilométrage au compteurde 8.672 km.

14.13S u p p l é m e n t sC h a p i t r e 1 4

Page 454: Manuel Belge Almbulanciers

14.14S u p p l é m e n t sC h a p i t r e 1 4

FIG. 14.3

FORMULAIRE

DE L’EXEMPLE 3

BILAN SUR PLACE Personne déjà présente: "'(1)OUI □(1)Particulier □(2)Autre ambulancier □(3)Médecin □(4)SMUR "(0)NON

Lieu d’intervention: □'(1)Voie Publ. □(2)Lieu Publ. □(3)Travail □(4)Ecole □(5)Sport □(6)Cab.Méd.

□(7)Privé □(8)Hôpital □(9)Home □(A)Autre

Nom du lieu : Nat - 22 .......................................... Rue: AV du Commerce.............................. N°: .............. Bte: ................

Code Postal: !.....!.....!.....!.....! Localité: Wemmelghem ..........................................................................................

DESCRIPTION DE L’APPELPersonne appelante: □(1)Patient □(2)Médecin □(3)Famille □(4)Hôpital □(5)Home □(6)Ambulance

□(7)SMUR □(8)Pol/Gend. □'(9)Autre Témoin : "'(1)Direct "(0)Indirect

Motif : □'(1)Accident □(2)Maladie □(3)Intoxication □(4)Obstétrique □(5)Prévention □(6)Transfert

Degré d’urgence: "(1)Vital "'(2)Urgent "(3)Pas urgent Transmis par le centre 100 : "'(1)Oui "(0)Non

HEURES KMAppel: !.1.!.5.!.2.!.0 ! Départ: !.1.!.5.!.2.!.3 ! Index retour: !.....!.....!.8.!.6.!.7.!.2.! (km)

Arrivée sur place: !.1.!.5.!.4.!.0 ! Départ du lieu: !.1.!.6.!.0.!.0 ! Index départ: !.....!.....!.8.!.6.!.6.!.2.! (km)

Arrivée à destination : !.1.!.6.!.2.!.0 ! Retour à la base: !.1.!.6.!.3.!.0 ! Différence: !.....!.....!.....!.....!.1.!.0.! (km)

Motif constaté:□'(1)Accident □'(1)Roulage □(2)Chute □'(3)Incendie □(4)Explosion □(5)Electrocution

□(6)Noyade □(7)Arme □(8)Bagarre □(9)Pendaison □(A)Autre

□(2)Maladie □(1)Respir. □(2)Coeur □(3)Psy □(4)Digestif □(5)Métabolique

□(3)Intoxication □(1)Alcool □(2)Drogue □(3)Médicament □(4)CO □(5)Chimique

□(4)Obstétrique □(1)Douleur □(2)Hémorragie □(3)Accouchement □(4)Accouchement prématuré

Respiration: " (N)Normale

"' (A)AnormaleFréquence respiratoire

"(0)Absente

"(1)Lente "'(2)Normale "(3)Rapide(<10) (10-24) (>24)

Circulation: "(N)Normale "'(A)Anormale

Pouls: !.....!.8.!.5.! (/min) Hémorragie:"(1)Oui "'(0)Non

"(0)Absent "'(1)Régulier "(2)Irrégulier

T.A.: !.....!.9..!.0.! / !.....!.6.!.0.! (mmHg) SatO2: !.9.!.9.! (%)

Conscience: " (N)Normale" (A)Anormale

Ouverture des yeux:" Spontanée (4)" A la voix (3)"' A la douleur (2)" Aucune (1)

Réponse verbale:" Orientée (5)" Confuse (4)"' Inappropriée (3)" Incompréhensible (2)" Nulle (1)

Réponse motrice:" Obéit (6)" Orientée (5)"' Evitement (4)" Flexion (3)" Extension (2)" Nulle (1)

Glasgow score !.0.!.9.!

Lésions traumatiques: "(1)OUI "(0)NON

Tête Col.Cerv. Colonne MSD MSG Thorax Abdomen Bassin MID MIG

Fracture □ □ □ □ □ □ □ □ □' □

Contusion □ □ □ □ □ □ □ □ □ □

Plaie □ □ □ □ □ □ □ □ □ □

Brûlure □' □ □ □ □ □ □ □ □' □'Degré d’urgence: "(1)Vital "'(2)Urgent "(3)Pas urgent

DECISION Appel OUI NON Heures: Appel ArrivéeSMUR: "'(1) "(0) Nom: pos disponible ............................ !.....!.....!.....!.....! !.....!.....!.....!.....!MG: "(1) "(0) Nom: ............................................................ !.....!.....!.....!.....! !.....!.....!.....!.....!Autre ambul.: "(1) "(0) Nom: ............................................................ !.....!.....!.....!.....! !.....!.....!.....!.....!SRI: "'(1) "(0) Nom: B. ..................................................... !.....!.....!.....!.....! !.....!.....!.....!.....!

Gestes posés : "'(1)OUI "(0)NON

Position Immobilisation Pansements Drain/Aspiration Voies aériennes"'(1)OUI "(0)NON "'(1)OUI "(0)NON "'(1)OUI "(0)NON "(1)OUI "'(0)NON "'(1)OUI "(0)NON

□(1)Assise □'(1)Minerve □(1)Compressif □(1)Oro-Phar. □(1)Nasale

□(2)Semi-assise □'(2)Attelle □(2)Occlusif □(2)Gastrique □(2)Guedel

□(3)Couchée □'(3)Scoop □(3)Autre □'(3)Masque

□'(4)Trendelenburg □(4)Coquille .................................... □(4)Tube Endo-trach.

□(5)PLS □(5)Ballon

Perfusion: " (1)Oui "'(0)Non □(6)02

Monitoring Défibrillation RCP "(1)<3L

"(1)Oui "(1)Oui (Nombre: .............) "(1)OUI (Durée: ..................(min)) "(2)5-10L

"'(0)Non "'(0)Non (Résultat: " (1)+ " (2)-) "'(3)>10L

"(2)Pas disponible "(2)Pas disponible " (0)NON

Transport: "' (1)OUI Position: " " "'Destination: "'(1)Hôpital "(2)Home "(3)Domicile

Nom: Z .......................................................................Rue: ............................................................................Localité: ......................................................................

Evolution durant le transport: " $ "' % " &

"(0)Non□(1)Mort sur place après RCP □(5)Chargé par un autre□(2)Mort sur place sans RCP □(6)Refus de transport□(3)Traité sur place □(7)Course annulée□(4)Appel malveillant □(8)Pas de patient

□(9)Prévention

Min. Santé Publique AFAD1.0

Page 455: Manuel Belge Almbulanciers

14.15S u p p l é m e n t sC h a p i t r e 1 4

BILAN SUR PLACE Personne déjà présente: "(1)OUI □(1)Particulier □(2)Autre ambulancier □(3)Médecin □(4)SMUR "(0)NON

Lieu d’intervention: □(1)Voie Publ. □(2)Lieu Publ. □(3)Travail □(4)Ecole □(5)Sport □(6)Cab.Méd.

□(7)Privé □(8)Hôpital □(9)Home □(A)Autre

Nom du lieu : ................................................................... Rue: ........................................................................... N°:............... Bte: ................

Code Postal: !.....!.....!.....!.....! Localité: .............................................................................................................................

DONNEES PATIENT (Confidentiel)Nom: ................................................................................................................. Prénom: .............................................................Rue: .................................................................................................................. n°: ......................... Bte postale: ..........

Code Postal: !.....!.....!.....!.....! Localité: .............................................................................................................................Date de naissance : ......./......./........... Sexe: " (F)Femme " (H)Homme

DONNEES AMBULANCIERSN° rapport: .................................................. N° 100 : ........................................ Date: ......./......./...........Service: ....................................................... N°: ............ N° Ambulance: ........................................Ambulancier 1: ............................................ N°: ............ Ambulancier 2: ........................................ N°: ...........

DESCRIPTION DE L’APPELPersonne appelante: □ (1)Patient □ (2)Médecin □ (3)Famille □ (4)Hôpital □ (5)Home □ (6)Ambulance

□ (7)SMUR □ (8)Pol/Gend. □ (9)Autre Témoin : "(1)Direct "(0)Indirect

Motif : □ (1)Accident □ (2)Maladie □ (3)Intoxication □ (4)Obstétrique □ (5)Prévention □ (6)Transfert

Degré d’urgence: "(1)Vital "(2)Urgent "(3)Pas urgent Transmis par le centre 100 : "(1)Oui "(0)Non

HEURES KMAppel: !.....!.....!.....!.....! Départ: !.....!.....!.....!.....! Index retour: !.....!.....!.....!.....!.....!.....! (km)

Arrivée sur place: !.....!.....!.....!.....! Départ du lieu: !.....!.....!.....!.....! Index départ: !.....!.....!.....!.....!.....!.....! (km)

Arrivée à destination : !.....!.....!.....!.....! Retour à la base: !.....!.....!.....!.....! Différence: !.....!.....!.....!.....!.....!.....! (km)

Motif constaté:□(1)Accident □(1)Roulage □(2)Chute □(3)Incendie □(4)Explosion □(5)Electrocution

□(6)Noyade □(7)Arme □(8)Bagarre □(9)Pendaison □(A)Autre

□(2)Maladie □(1)Respir. □(2)Coeur □(3)Psy □(4)Digestif □(5)Métabolique

□(3)Intoxication □(1)Alcool □(2)Drogue □(3)Médicament □(4)CO □(5)Chimique

□(4)Obstétrique □(1)Douleur □(2)Hémorragie □(3)Accouchement □(4)Accouchement prématuré

Respiration: "(N)Normale

"(A)AnormaleFréquence respiratoire

"(0)Absente

"(1)Lente "(2)Normale "(3)Rapide(<10) (10-24) (>24)

Circulation:"(N)Normale "(A)Anormale

Pouls: !.....!.....!.....! (/min) Hémorragie:"(1)Oui "(0)Non

"(0)Absent "(1)Régulier "(2)Irrégulier

T.A.: !.....!.....!.....! / !.....!.....!.....! (mmHg) SatO2: !.....!.....! (%)

Conscience: "(N)Normale

"(A)AnormaleOuverture des yeux:" Spontanée (4)" A la voix (3)" A la douleur (2)" Aucune (1)

Réponse verbale:" Orientée (5)" Confuse (4)" Inappropriée (3)" Incompréhensible (2)" Nulle (1)

Réponse motrice:" Obéit (6)" Orientée (5)" Evitement (4)" Flexion (3)" Extension (2)" Nulle (1)

Glasgow score !.....!.....!

Lésions traumatiques: "(1)OUI "(0)NON

Tête Col.Cerv. Colonne MSD MSG Thorax Abdomen Bassin MID MIG

Fracture □ □ □ □ □ □ □ □ □ □

Contusion □ □ □ □ □ □ □ □ □ □

Plaie □ □ □ □ □ □ □ □ □ □

Brûlure □ □ □ □ □ □ □ □ □ □

Degré d’urgence: "(1)Vital "(2)Urgent "(3)Pas urgent

DECISION Appel OUI NON Heures: Appel ArrivéeSMUR: "(1) "(0) Nom: ............................................................ !.....!.....!.....!.....! !.....!.....!.....!.....!MG: "(1) "(0) Nom: ............................................................ !.....!.....!.....!.....! !.....!.....!.....!.....!Autre ambul.: "(1) "(0) Nom: ............................................................ !.....!.....!.....!.....! !.....!.....!.....!.....!SRI: "(1) "(0) Nom: ............................................................ !.....!.....!.....!.....! !.....!.....!.....!.....!

Gestes posés : "(1)OUI "(0)NON

Position Immobilisation Pansements Drain/Aspiration Voies aériennes"(1)OUI "(0)NON"(1)OUI "(0)NON "(1)OUI "(0)NON "(1)OUI "(0)NON "(1)OUI "(0)NON

□(1)Assise □(1)Minerve □(1)Compressif □(1)Oro-Phar. □(1)Nasale

□(2)Semi-assise □(2)Attelle □(2)Occlusif □(2)Gastrique □(2)Guedel

□(3)Couchée □(3)Scoop □(3)Autre □(3)Masque

□(4)Trendelenburg □(4)Coquille .................................... □(4)Tube Endo-trach.

□(5)PLS □(5)Ballon

Perfusion: " (1)Oui "(0)Non □(6)02

Monitoring Défibrillation RCP "(1)<3L

"(1)Oui "(1)Oui (Nombre: .............) "(1)OUI (Durée: .........................(min)) "(2)5-10L

"(0)Non "(0)Non (Résultat: " (1)+ " (2)-) "(3)>10L

"(2)Pas disponible "(2)Pas disponible "(0)NON

Remarques : ..............................................................................................................................................................................................................................................

Transport: " (1)OUI Position: " " "Destination: "(1)Hôpital "(2)Home "(3)DomicileNom: ...........................................................................Rue: ............................................................................Localité: ......................................................................

Evolution durant le transport: " $ " % " &

"(0)Non□(1)Mort sur place après RCP □(5)Chargé par un autre□(2)Mort sur place sans RCP □(6)Refus de transport□(3)Traité sur place □(7)Course annulée□(4)Appel malveillant □(8)Pas de patient

□(9)Prévention

Min. Santé Publique AFAD1.0

Page 456: Manuel Belge Almbulanciers

14.2 Le code de la route pour les véhicules prioritaires

I N T R O D U C T I O N

Parfois, la rapidité d’intervention peut être un élément important. Il fauttrouver un compromis entre la vitesse d’une part et la sécurité d’autrepart. La sécurité propre de l’ambulancier et des autres usagers de la rou-te doit rester prioritaire, même au prix d’une réduction de la vitesse d’in-tervention. Le port de la ceinture de sécurité est obligatoire dans lesvéhicules automobiles.Comme pour tout autre véhicule, le conducteur d’un véhicule prioritairedoit détenir un permis de conduire catégorie B. Si le poids maximalautorisé du véhicule prioritaire est supérieur à 3.500 kg, un permis de con-duire de catégorie C, CE, D ou DE est nécessaire.

Le conducteur d’un véhicule prioritaire doit être porteur d’un certificat desélection médicale. Jusqu’à l’âge de 50 ans, le certificat a une validitérenouvelable de 5 ans. Cette validité est délivrée pour trois ans au delà decet âge.

Le conducteur d’un véhicule prioritaire doit toujours conduire “défensi-vement” :• il ne peut pas commettre de fautes,• il doit anticiper et se protéger des réactions inattendues des autres usagers,• il doit toujours tenir compte des conditions de la circulation.

Comme chaque usager, le conducteur d’un véhicule prioritaire doit con-naître et respecter le code de la route. Les règles de circulation sontbasées sur :• (A.R. 16.03.68): arrêté royal portant coordination des lois relatives à la

police de la circulation routière,• (A.R. 01.12.75): arrêté royal portant règlement général sur la police de

la circulation routière,• (A.R. 07.04.76): arrêté royal désignant les infractions graves au règle-

ment sur la police de la circulation routière,• (A.R. 15.03.68): arrêté royal portant règlement des conditions techniques

auxquelles doivent répondre les véhicules automobiles, leurs remorques,leurs éléments ainsi que les accessoires de sécurité.

Certaines dispositions de ces textes s’appliquent plus particulièrementaux véhicules prioritaires.

14.16M.À.J. - 1999 C o d e d e l a r o u t eC h a p i t r e 1 4

Page 457: Manuel Belge Almbulanciers

É Q U I P E M E N T D ’ U N V É H I C U L E P R I O R I TA I R E

A.R. 01.12.75 Art. 37.1: Un véhicule prioritaire est équipé d’un ou de plu-sieurs feux bleus clignotants et d’un avertisseur sonore spécial, con-formément aux dispositions des “règlements techniques des véhiculesautomobiles ou des cyclomoteurs et motocyclettes”.

Les feux bleus clignotants se trouvent à l’avant ou sur le toit du véhi-cule. Le tableau 14.1 reprend une liste des véhicules qui peuvent faire usa-ge de feux bleus clignotants (A.R. 15.03.68 Art. 28§2.c.4).

TA B L E AU 1 4 . 1 V É H I C U L E S P O U VA N T Ê T R E M U N I S D E F E U XB L E U S C L I G N OTA N T S

• véhicules d’inter vention médicale urgente du ser vice 100• véhicules des ser vices de police et de gendarmerie• véhicules de lutte contre l’incendie• véhicules de la Protection Civile• véhicules d’une station de sauvetage des mines• véhicules de secours de la S.N.C.B.• véhicules de secours en cas d’incident impliquant l’eau, le gaz, l’électricité ou

des substances radioactives• véhicules de l’armée• véhicules non banalisés

- du contrôle routier de l’Administration du Transpor t terrestre- de l’Administration des Douanes et Accises- de la Police Militaire- des ser vices d’enlèvement et de destruction des engins explosifs

• autres véhicules autorisés par le Ministre des Communications

Les feux bleus clignotants doivent être allumés lorsque le véhicule accom-plit une mission urgente. Ils peuvent être utilisés pour l’exécution de“toute autre mission” (A.R. 01.12.75 Art.37.2). “Toute autre mission”sous-entend une mission dans l’exercice de la fonction de véhicule prio-ritaire. Les feux bleus clignotants peuvent être utilisés pendant une mis-sion de secours dans un lieu public ou si le véhicule prioritaire gêne la cir-culation.

14.17M.À.J. - 1999 C o d e d e l a r o u t eC h a p i t r e 1 4

Feux bleus clignotants

Page 458: Manuel Belge Almbulanciers

Les véhicules prioritaires doivent être munis d’un avertisseur sonorespécial. Le tableau 14.1 présente une liste des véhicules qui sont pris enconsidération (A.R. 15.03.68 Art. 43§2.3).L’avertisseur sonore spécial ne peut être utilisé que quand le véhiculeprioritaire effectue “une mission urgente” (A.R. 01.12.75 Art.37.3).“Une mission urgente” sous-entend qu’un retard serait préjudiciable à lasanté d’une personne en détresse.

Pour qu’un véhicule devienne prioritaire, il devra utiliser simultanémentses feux bleus clignotants et son avertisseur sonore spécial.

FA C I L I T É S A C C O R D É E S AU C O N D U C T E U RD ’ U N V É H I C U L E P R I O R I TA I R E

Le code de la route vis-à-vis des véhicules prioritaires doit être appliquépar les piétons, les véhicules, les conducteurs et les gardiens d’animaux.Le code de la route est en vigueur sur les voies publiques (accessibles aupublic). Le code de la route ne s’applique pas aux voies privées ni auxchemins de fer.

A.R. 01.12.75 Art.37.4: Lorsque le trafic est réglé par des signaux lumi-neux de circulation, le véhicule prioritaire peut franchir le feu rougeaprès avoir marqué l’arrêt et à condition qu’il n’en résulte pas de dangerpour les autres usagers.

Cet article s’applique aux feux tricolores de circulation, décrits par l’arti-cle 61 du code de la route (A.R. 01.12.75). Cet article est égalementd’application pour les feux tricolores de circulation qui marquent un pas-sage pour piétons ou un rétrécissement de la chaussée. Cette dispositionne s’applique pas aux feux de circulation clignotants protégeant un pas-sage à niveau ni aux feux de circulation bicolores spécifiques aux bandesde circulation d’une route. L’article ne s’applique pas au feu rouge qui sur-plombe une bande de circulation.

Le conducteur d’un véhicule prioritaire ne peut, dans ces conditions,ignorer le feu rouge. Aussi ne peut-il pas traverser un passage à niveau siles barrières ne sont pas levées et si le signal sonore fonctionne.

Le conducteur d’un véhicule prioritaire doit aussi se soumettre aux quat-re conditions suivantes lors du franchissement d’un feu rouge renseignédans l’article 61 et ses extensions :• l’avertisseur sonore spécial doit être audible,• les feux bleus clignotants doivent être allumés,• le véhicule doit s’arrêter (ralentir est insuffisant),• le franchissement du feu rouge ne peut occasionner aucun danger pour

d’autres usagers.

14.18M.À.J. - 1999 C o d e d e l a r o u t eC h a p i t r e 1 4

Avertisseur sonore spécial

Page 459: Manuel Belge Almbulanciers

Dès lors, le conducteur d’un véhicule prioritaire qui franchit un feu rou-ge sans respecter ces exigences et qui occasionne un accident, sera tenupour responsable.

A.R. 01.12.75 Art.59.13: Les dispositions de l’article 11 (limitations devitesse) ne sont pas applicables aux véhicules utilisés par les agentsqualifiés ni aux véhicules prioritaires dans les cas justifiés par l’urgence deleur mission. Dans ces cas, les conducteurs de ces véhicules ne sont pastenus d’observer la limitation de vitesse imposée par le signal C43 (A.R.01.12.75 Art.11).

Cependant, le conducteur d’un véhicule prioritaire doit adapter sa vites-se aux circonstances et conditions locales. En s’engageant dans un car-refour, la vitesse d’un véhicule prioritaire doit être adaptée. Un véhiculeprioritaire doit toujours être en mesure d’éviter un obstacle prévisible etdoit garder une distance suffisante avec les véhicules qui le précèdent.

A.R. 01.12.75 Art.59.14: Les dispositions de l’article 41 (comportement àl’égard des colonnes militaires, des groupes d’enfants ou d’écoliers, descortèges, des coureurs cyclistes et groupes de cyclotouristes) ne sont pasapplicables aux véhicules prioritaires dans les cas justifiés par l’urgencede leur mission.

Le conducteur d’un véhicule prioritaire ne peut couper une formation ouune colonne qu’en utilisant l’avertisseur sonore spécial et les feux bleusclignotants.

A.R. 01.12.75 Art.72.5: Sur une chaussée pourvue du signal F17, la ban-de de circulation délimitée par de larges traits discontinus et dans laquel-le le mot ‘BUS’ est inscrit, est réservée aux véhicules des services régu-liers de transport en commun et aux véhicules affectés au ramassage sco-laire. Les véhicules prioritaires peuvent circuler dans cette bande decirculation lorsque l’urgence de leur mission le justifie. Les autres véhi-cules ne peuvent employer cette bande de circulation que pour changerde direction.

14.19M.À.J. - 1999 C o d e d e l a r o u t eC h a p i t r e 1 4

FIG. 14.4

PANNEAU DE SIGNALISATION C43

Page 460: Manuel Belge Almbulanciers

A.R. 16.07.97 Art.12 (en complément de l’A.R. 01.12.75 Art.72.6): Une ouplusieurs larges lignes blanches continues ou des marques en damiercomposées de carrés blancs posés sur le sol délimitent le site spécial fran-chissable qui est réservé aux véhicules des services réguliers de transporten commun. Les véhicules prioritaires peuvent circuler sur ce site lorsquel’urgence de leur mission le justifie (fig. 14.5). Ils doivent se conformer auxfeux de circulation lumineux spéciaux présents.

A.R. 01.12.75 Art.81.4.4: (…) les obligations, imposant une limitation devitesse et le port d’une plaque de vitesse (signal C43 avec mention de 60 km),ne s’appliquent pas aux véhicules prioritaires.

L E S O B L I G AT I O N S D ’ U N V É H I C U L EP R I O R I TA I R E

Le conducteur d’un véhicule prioritaire doit obéir aux injonctions desagents qualifiés.

TA B L E AU 1 4 . 2 AG E N T S Q U A L I F I É S ( A . R . 0 1 . 1 2 . 7 5 A R T. 3 , 4 0 E T 4 1 )

• gendarmerie• police communale et rurale, y compris les agents auxiliaires• agents de l’Administration des Transpor ts• agents de la Régie des Voies aériennes• agents des Ponts et Chaussées• agents des ser vices voyers provinciaux• agents préposés à la sur veillance des ponts• agents des douanes• agents de la police des chemins de fer• agents du Ser vice général des Constructions militaires• agents de l’administration des Eaux et Forêts• police militaire• agents des sociétés de transpor t en commun

14.20M.À.J. - 1999 C o d e d e l a r o u t eC h a p i t r e 1 4

FIG. 14.5

PANNEAUX DE SIGNALISATION

F17 ET F18

Page 461: Manuel Belge Almbulanciers

Le conducteur d’un véhicule prioritaire doit respecter le signal STOP(B5) et les signaux de priorité.

Le conducteur d’un véhicule prioritaire doit respecter les signaux d’in-terdiction (sens interdit, interdiction de dépasser, …).

Le conducteur d’un véhicule prioritaire doit obéir aux signaux d’obliga-tion (direction obligatoire,…).

C O M P O R T E M E N T D E S AU T R E S U S A G E R S ÀL ’ É G A R D D ’ U N V É H I C U L E P R I O R I TA I R E

A.R. 01.12.75 Art.38: Dès que l’approche d’un véhicule prioritaire estsignalée par l’avertisseur sonore spécial, tout usager doit immédiate-ment dégager la route et céder le passage. Au besoin, il doit s’arrêter.

L’avertisseur sonore spécial doit être utilisé par le véhicule prioritaire.L’usager (qu’il soit piéton ou conducteur) doit pouvoir l’entendre. Enpremier lieu, l’usager doit céder la priorité au véhicule prioritaire. Il doitcéder le passage ou se ranger, parfois même si nécessaire, sur le trottoir.Dans les cas d’urgence, dégager le passage est plus important ques’arrêter.

C O N C L U S I O N

La sécurité lors de la conduite d’un véhicule prioritaire estplus importante que la vitesse.

14.21M.À.J. - 1999 C o d e d e l a r o u t eC h a p i t r e 1 4

FIG. 14.6

PANNEAU DE SIGNALISATION

B5 STOP

Page 462: Manuel Belge Almbulanciers

14.3 L’oxymétrie de pouls

P O U R Q U O I U N E OX Y M É T R I E D E P O U L S ?

Comme nous l’avons lu dans les chapitres 1 et 3, l’oxygène est d’uneimportance vitale pour les cellules.Comme vous l’avez appris antérieurement, l’oxygène que nous inspi-rons est absorbé et échangé dans les alvéoles pulmonaires au cours dela respiration (fig. 1.8).Le système cardio-vasculaire transporte les globules rouges chargésd’oxygène à l’aide du sang vers les vaisseaux capillaires des tissus et c’està cet endroit que les globules rouges transmettent l’oxygène aux cellules(fig. 14.7).

Légende: ceci est une représentation schématique de l’échange d’oxygène auniveau des alvéoles pulmonaires et des cellules des organes. L’oxygène passe àtravers les parois de l’alvéole pulmonaire et du capillaire et se fixe sur le globulerouge. L’oxygène y est fixé sur l’hémoglobine et transporté vers les organes. Auniveau des capillaires, l’oxygène est transmis aux cellules où il est utilisé pourla combustion des nutriments et la production d’énergie.

14.22M.À.J. - 1999 L ’ o x y m é t r i e d e p o u l s C h a p i t r e 1 4

= O2

3.11.2

FIG. 14.7

ÉCHANGE D’OXYGÈNE

Alvéole pulmonaire

cellule

capillaire

du cœur

vers les organes

globulerouge

Page 463: Manuel Belge Almbulanciers

Les globules rouges contiennent la structure qui absorbe et libère l’oxygè-ne sous la forme d’une protéine particulière: l’hémoglobine.

Lorsque l’hémoglobine est chargée d’oxygène, on parle d’oxyhémoglo-bine ou d’hémoglobine saturée; sous cette forme, l’hémoglobine aune couleur rouge.Si l’hémoglobine ne contient que peu d’oxygène, nous parlons d’hémo-globine insaturée; l’hémoglobine pauvre en oxygène a une couleurbleu pourpre.

La quantité d’oxygène qui sera présentée aux cellules (comme par exem-ple les cellules cérébrales, les cellules du cœur, …) dépendra donc:• de la quantité d’oxygène fixée sur les globules rouges, que l’on appelle

également la saturation en oxygène des globules rouges,• de la quantité de globules rouges présente dans les capillaires,• du débit circulatoire dans les capillaires,• de la capacité de la cellule à absorber l’oxygène.

Un patient peut être en manque d’oxygène pour plusieurs raisons:• manque d’oxygène dans l’air inspiré,• respiration insuffisante (par exemple: obstruction des voies respiratoires,

intoxication à l’héroïne, traumatisme cérébral, …),• diminution de l’échange gazeux au niveau de la paroi des alvéoles pul-

monaires (pathologies respiratoires chroniques ou aiguës, œdème desmuqueuses par l’action de gaz irritants, …),

• pénurie de globules rouges (perte importante de sang, …),• diminution de la circulation sanguine (décompensation cardiaque, choc, …),• impossibilité de fixation de l’oxygène par l’hémoglobine des globules

rouges (intoxication par le CO, …),• augmentation de la consommation d’oxygène (fièvre, traumatisme,

stress, ...).Le malade ou le blessé doit recevoir suffisamment d’oxygène; sinon vousdevez prendre les mesures nécessaires.

Plusieurs raisons peuvent justifier un manque d’oxygène sans qu’il soitévident de le reconnaître à l’aspect du patient. Il est par conséquentimportant pour la médecine d’urgence de disposer d’un moyen pourmesurer la saturation en oxygène des globules rouges (de 0 à 100 %)et, simultanément, la force du pouls au niveau des capillaires. Cetteméthode doit en outre être non-invasive, ce qui veut dire sans devoirtraverser la peau par une ponction. En outre, pour la médecine d’urgen-ce, ce matériel doit être pratique. Cette mesure se fait au moyen d’unappareil portable: l’oxymètre de pouls.

14.23M.À.J. - 1999 L ’ o x y m é t r i e d e p o u l s C h a p i t r e 1 4

Qu’est-ce qui peut provoquerun manque d’oxygène chez le

patient?

Comment reconnaître unpatient en manque d’oxygène ?

Page 464: Manuel Belge Almbulanciers

Q U E L E S T L E P R I N C I P E D E L ’ OX Y M É T R I ED E P O U L S ?

La technique utilisée est la mesure de la saturation en oxygène des globules rouges pulsés dans les capillaires.

On place un senseur appelé capteur sur une partie de la peau qui permetde “voir” une zone des capillaires du patient. On choisit généralementl’extrémité d’un doigt (fig. 14.8).

Une partie du capteur émet un signal lumineux. Cet émetteur est unesource lumineuse avec deux longueurs d’onde de couleur déterminée, quiont été fixées avec précision et de manière permanente pour chaqueappareil.

De l’autre côté du capteur, nous trouvons un récepteur (détecteur delumière). Il analyse la lumière des deux longueurs d’onde qui ont été choi-sies, en fonction de leur absorption par les deux sortes d’hémoglobine quinous intéressent: l’oxyhémoglobine et l’hémoglobine insaturée. L’élec-tronique de l’appareil analyse l’absorption de la lumière dans les lon-gueurs d’onde du rouge et de l’infrarouge.

L’absorption de la lumière est la diminution de l’intensité mesurée ent-re l’émetteur de lumière et le récepteur lors du passage au travers d’unesubstance donnée qu’est l’hémoglobine (fig. 14.9).

L’appareil calcule à partir de cette absorption le pourcentage de satu-ration par l’oxygène de l’hémoglobine dans les capillaires qui sontobservés par le capteur: ceci constitue l’oxymétrie.

14.24M.À.J. - 1999 L ’ o x y m é t r i e d e p o u l s C h a p i t r e 1 4

Légende: la mesure de la saturation est effectuée parl’appareil au niveau du doigt en plaçant l’émetteur auniveau du lit de l’ongle.

FIG. 14.8

MISE EN PLACE DU CAPTEUR

© p

hoto

:Did

ier S

tuck

ens

Page 465: Manuel Belge Almbulanciers

Légende: Plus grande est la quantité d’oxyhémoglobine, plus grande est laquantité de lumière rouge absorbée. Ceci est traduit par l’appareil par une plusgrande valeur de saturation d’oxygène (exprimée en %).

On combine à la mesure de la saturation en oxygène de l’hémoglobine(oxymétrie) une technique de mesure des pulsations. Le même capteurque décrit plus haut enregistre également les différences de l’intensité de lalumière à chaque battement du pouls (fig. 14.10).

A chaque contraction cardiaque qui envoie une onde de pression dans lesartères, cette onde de pression sera mesurée lorsqu’elle est transmise dansles vaisseaux qui sont surveillés par le capteur.

Le capteur a donc une double mission: mesurer la saturation en oxygènede l’hémoglobine et la force de l’onde de pouls au niveau des capillaires.

L’appareil nous renseigne donc continuellement sur la qualité dela perfusion sanguine des capillaires du patient et de la saturationen oxygène du sang.

14.25M.À.J. - 1999 L ’ o x y m é t r i e d e p o u l s C h a p i t r e 1 4

= O2

FIG. 14.9

PRINCIPE DU CAPTEUR

FIG. 14.10

REPRÉSENTATIONS DE LA

PULSATION SUR UN MONITEUR

SPÉCIALISÉ ET UNE

ÉCHELLE “LED”

capillaire

source de lumière

détecteur de lumière

l'hémoglobine saturée absorbe la lumière rougel'hémoglobine insaturée absorbe la lumière infrarouge

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Page 466: Manuel Belge Almbulanciers

L E C A L C U L D E L A S AT U R AT I O N E NOX YG È N E

Les valeurs normales mesurées chez une personne en bonne santé quirespire de l’air avec une teneur normale en oxygène (21%) se situent entre96 % et 100 %. Si le patient souffre d’un apport déficient d’oxygène versles cellules, ces valeurs seront plus basses: 90 %, 85 %, ...Lors de l’amélioration de l’apport d’oxygène vers les cellules, la valeurmesurée du pourcentage de la saturation d’oxygène s’améliore égale-ment. L’évolution est plus importante qu’une donnée chiffrée unique.

E N P R AT I Q U E . . .

L’évolution technique permet la réalisation d’oxymètres portables, avecune alimentation sur batteries et d’un usage convivial.Toutes les ambulances du service 100 ont été équipées d’un oxymètrede pouls. En tant que secouriste-ambulancier, vous devez connaîtrecette technique de surveillance. Si les oxymètres de pouls se présententsous des dehors divers, ils travaillent néanmoins selon les principes debase et les techniques mentionnées ci-dessus. Vous devez connaître lefonctionnement de l’appareil qui a été mis à votre disposition.

• Vérifiez la tension des batteries électriques.• Vérifiez si le capteur est raccordé à l’appareil. Généralement le capteur

se présente sous la forme d’une “pince” qui est placée sur l’extrémitéd’un doigt. Souvent, un dessin sur le capteur rappelle la technique cor-recte de son placement. La source de lumière doit toujours être placéeau niveau du lit de l’ongle et le récepteur à l’autre côté du doigt.

• Vérifiez si le capteur est propre et émet une lumière rouge lors de lamise en marche.

• Allumez l’appareil.• Placez le capteur: l’extrémité du doigt doit être propre et facilement

accessible.• L’appareil s’étalonne automatiquement endéans quelques secondes.• Dès que l’appareil mesure un pouls suffisant et affiche une valeur fiable,

on obtient la valeur mesurée de la saturation d’oxygène (en %).• L’appareil produit un signal sonore et visuel à chaque battement du

pouls, montre le pouls mesuré sur un écran, imprime les résultats et lemoment de chaque mesure. Eventuellement, une alarme sonore sedéclenche selon les limites définies pour la saturation d’oxygène.

Indiquez la première valeur de la saturation en oxygène (% Sat O2 dansla section circulation) sur le formulaire d’enregistrement de l’interventionen service d’ambulance. Les valeurs suivantes seront notées dans larubrique des remarques.

14.26M.À.J. - 1999 L ’ o x y m é t r i e d e p o u l s C h a p i t r e 1 4

Après la mission

14.1

Auprès du patient

A votre base de départ

Page 467: Manuel Belge Almbulanciers

L E S L I M I T E S D E C E T T E T E C H N I Q U E

L’oxymétrie de pouls est un progrès remarquable du monitoring noninvasif (c’est à dire de la surveillance) du patient. En prenant la mesureau niveau du doigt du patient, l’appareil est capable de vousaider dans la surveillance du blessé ou du malade.Cette technique est inoffensive pour le patient et les capteurs modernessont très fiables. Tous ces avantages ne doivent pas vous faire oublier quedes causes extérieures peuvent perturber la mesure et que cette techni-que a des limites.• Les mouvements du capteur au niveau du doigt perturbent les mesures.• Le vernis pour ongles et une couleur de peau très foncée perturbent éga-

lement les mesures.• Une source de lumière extérieure puissante peut interférer au niveau

d’un capteur non protégé.• Des champs électromagnétiques puissants dans l’entourage immédiat de

l’appareil rendent la détermination non fiable.• Un choc (par exemple: perte de sang importante ou arrêt cardio-respi-

ratoire, ...) diminue la circulation capillaire et provoque l’absence d’unsignal mesurable. Ne perdez pas de temps à chercher à obtenir coûteque coûte un signal. Le traitement du patient est à ce moment beaucoupplus important. Une vasoconstriction importante des capillaires par lefroid ou par certains médicaments (comme l’adrénaline) peuvent per-turber la mesure.

• Une anémie sévère (c’est-à-dire un manque important de globules rou-ges) influence la mesure.

• Une intoxication oxycarbonée (par le CO - monoxyde de carbone)transforme l’hémoglobine en “carboxyhémoglobine”. Le désavantage estque l’hémoglobine bloquée par le monoxyde de carbone est mesurée parl’appareil comme de l’hémoglobine normale. Ceci donnera des résultatsoptimistes et donc dangereux.

Le secouriste-ambulancier doit retenir qu’une intoxication par leCO indique des valeurs faussement normales de saturationd’oxygène et donne donc une illusion de sécurité.

C O N C L U S I O N

L’oxymétrie de pouls est une technique qui vous permet, en tant quesecouriste-ambulancier, de surveiller la saturation en oxygène destissus du patient.Cette technique mesure la fréquence cardiaque, la force du poulset la saturation en oxygène des globules rouges dans les capillaires.Cet appareil vous permet d’évaluer l’évolution de la situation.L’amélioration d’un apport d’oxygène insuffisant est signe d’une aideefficace au patient (par exemple: administration d’oxygène au mas-que, …).En tant que secouriste-ambulancier, vous devez connaître les limiteset les pièges de la technique.

14.27M.À.J. - 1999 L ’ o x y m é t r i e d e p o u l s C h a p i t r e 1 4

Page 468: Manuel Belge Almbulanciers

14.4 La désincarcération d’une victime

I N T R O D U C T I O N

Comme cela a été exposé dans les chapitres 2 et 4, vous êtes responsa-bles d’une ou de plusieurs victimes dès votre arrivée sur les lieux d’unaccident. La gravité de l’accident peut être très variable. Il est doncessentiel pour un secouriste-ambulancier d’évaluer correctement la gravitéd’un accident. Le diagramme des premières minutes vous a appris la priseen charge correcte du patient (diagramme 2.7). Votre expérience de l’aide médicale urgente vous a fait prendre conscience, que pour êtreefficace, les intervenants et les divers services doivent collaborer.La nécessité de cette collaboration est évidente lors de la désincarcéra-tion d’une victime d’accident. Le but de cette désincarcération est lalibération et l’extraction de la victime sans aggravation des lésions. Lavitesse de l’intervention n’est pas en soi l’élément le plus important. Unebonne collaboration avec les services médicaux, de pompiers et de poli-ce a un effet favorable sur l’évolution du patient. Cette dernière n’est passeulement déterminée par des facteurs physiques mais également par desfacteurs psychologiques.Une aide efficace pendant “the first golden hour (la première heureaprès l’accident)” influencera de manière positive la survie et réduira lesséquelles à long terme de la victime. L’organisation de la prise en chargedes victimes des accidents de roulage qui entraînent une incarcération res-semble beaucoup à celle de la riposte face à une catastrophe et à sa dés-organisation. Non seulement le résultat mais également la manière donts’est réalisée la désincarcération de la victime sont importants. Desrecherches ont démontré qu’un accident grave peut avoir des répercus-sions prolongées sur le plan psychique tant pour la victime que pour sonentourage.Sur base de l’expérience des corps de secours, de nouvelles stratégies ontété imaginées et testées pour libérer les victimes incarcérées. Contraire-ment aux idées reçues, ces nouvelles méthodes ne nécessitent pas plus detemps. Cependant, l’application d’une méthode standardisée améliorela qualité du dégagement de la victime.Généralement, vous aurez affaire à des victimes coincées à l’intérieur d’unvéhicule. La libération et l’extraction de ce type de victime est discutée endétail dans ce texte. Vous pouvez rencontrer d’autres circonstances où ilest nécessaire de dégager une victime; l’accident avec des machines,l’accident de train, les accidents avec des véhicules, l’effondrement d’unehabitation et les catastrophes diverses. La libération d’une victime pris-onnière d’un véhicule est prise, ici, comme exemple pour d’autres cir-

14.28M.À.J. - 1999 D é s i n c a r c é r a t i o nC h a p i t r e 1 4

4

4.2

11

2

Page 469: Manuel Belge Almbulanciers

constances d’incarcération: vous devez toujours appliquer la “procéduredes premières minutes”.

L E S P R E M I È R E S M I N U T E S AU P R È S D ’ U N EV I C T I M E I N C A R C É R É E

La méthode d’intervention du secouriste-ambulancier auprès d’une vic-time atteinte de blessures graves et la procédure pendant les premièresminutes ont été exposées de manière détaillée dans les chapitres 2 et 4.Cette méthode reste toujours d’application.

A l’arrivée sur les lieux d’un accident, choisissez un endroit sûr pourplacer votre véhicule de secours. Si vous arrivez les premiers sur leslieux d’intervention, interposez votre véhicule en “bouclier” entre la cir-culation et l’accident. Tenez toujours compte de la possibilité de la pré-sence de produits dangereux, du risque d’explosion et de la direction duvent.

Assurez d’abord votre propre sécurité par le balisage notamment. Lesecouriste-ambulancier doit veiller à être équipé de vêtements adéquats,de souliers de sécurité, de gants, d’un casque et de lunettes de protection.Evaluez les circonstances et l’environnement.

Y a-t-il un danger pour les intervenants, les victimes ou les spectateurs ?L’observation des circonstances permet d’évaluer la force de l’impact surla victime. Le tableau 14.3 énumère les indices de gravité d’un accidentavec victime incarcérée.

TA B L E AU 1 4 . 3 I N D I C E S D E G R AV I T E D ’ U N AC C I D E N T AV E C U N EV I C T I M E I N C A R C E R E E

•un déplacement des véhicules, au cours d’une collision frontale, de plus de 7mètres vers l’arrière

•un déplacement vers l’arrière de l’essieu avant du véhicule•une intrusion du bloc moteur dans l’habitacle•une déformation latérale vers l’intérieur de l’habitacle

- de plus de 35 cm du côté de la victime- de plus de 50 cm de l’autre côté

•une autre victime a été éjectée du véhicule•un des occupants du véhicule est décédé•la voiture a fait un tonneau avant•l’habitacle ou la colonne de direction est déformée

Dans la “procédure des premières minutes”, vous établissez la pos-sibilité de demander de l’aide technique ou médicale supplémentaire.

Si une équipe de pompiers se trouve sur place, vous ne pourrez accéderà la victime qu’avec l’accord du pompier responsable de l’intervention.

14.29M.À.J. - 1999 D é s i n c a r c é r a t i o nC h a p i t r e 1 4

42

Que faire à l’arrivée ?

13.413.3

Page 470: Manuel Belge Almbulanciers

Ce n’est que lorsque la sécurité a été assurée que vous pouvez procéderà l’évaluation primaire du patient. Observez l’état de conscience et l’ABC.

Si une victime est incarcérée, il faut toujours demander au préposé le ren-fort technique des pompiers et le renfort médical du SMUR.

En l’absence de danger et dans l’attente du SMUR, vous réalisez rapide-ment une première évaluation. Prenez en charge les fonctions vitales etposez une minerve avec l’aide d’un autre intervenant. Au cours de cettemanœuvre, évitez les mouvements de flexion, d’extension et surtout derotation de la tête. Il faut suspecter une lésion de la nuque chez toutpatient incarcéré, jusqu’à preuve du contraire. Une victime incarcéréenécessite de l’oxygène comme tout autre blessé grave.

Dès que cela sera possible, vous pouvez effectuer une évaluation secon-daire après l’évaluation primaire plus approfondie. Le contrôle de l’état deconscience et de l’ABC, ainsi que la prise en charge des fonctions vitales,restent le plus important. Ceci nécessite votre présence constante près dela victime, pour autant que votre propre sécurité reste assurée.

Le patient incarcéré peut aussi bien réagir de manière exagérée en criant,en tentant de fuir à la suite d’un état de panique, que de façon moins acti-ve, se trouver en état de stupeur, être pâle et trembler.

Ne partez pas de l’idée qu’un patient apparemment inconscient n’entendplus rien. L’expérience montre que cette supposition est fausse. Vous deveztoujours respecter la dignité de la victime. Evitez les paroles irré-fléchies.

14.30M.À.J. - 1999 D é s i n c a r c é r a t i o nC h a p i t r e 1 4

L’évaluation primaire d’une victime

ABC

10.2

L’évaluation secondairede la victime

2.3

Page 471: Manuel Belge Almbulanciers

L A T E C H N I Q U E D E D É S I N C A R C É R AT I O N

La technique de désincarcération se base sur un nombre de principesrésumés dans le tableau 14.4

TA B L E AU 1 4 . 4 P R I N C I P E S D E L A D E S I N C A R C E R AT I O N

•l’évaluation correcte de la situation•la concer tation entre les équipes techniques et l’équipe médicale•l’utilité des périmètres d’action•la répar tition des tâches lors d’une désincarcération•la stabilisation du véhicule•la gestion du verre•la protection

- de la victime - et des inter venants

•l’accès vers la victime•la stabilisation de la victime•le dégagement de la victime

En tant que secouriste-ambulancier, vous devez essayer de comprendrele mécanisme de l’accident. Ceci vous permet une recherche orientée deslésions. Le pompier responsable de l’intervention a pour mission la réa-lisation d’un bilan de la situation. Il est responsable de la sécurité des vic-times, des intervenants, des spectateurs et de l’environnement. Simul-tanément, il peut recueillir des renseignements qui peuvent être utilespour le dégagement proprement dit de la victime. Les voies d’accès versla victime sont déterminées en grande partie par les observations dupompier responsable de l’intervention, par la nature des lésions et enfonction du matériel disponible.

La concertation entre les différents services impliqués est très impor-tante. Chaque renseignement obtenu peut être utile pour les deux services.

Sous la direction du pompier responsable de l’intervention, un plan dedégagement est établi en concertation avec l’équipe médicale. La procé-dure de désincarcération est alors fixée et le temps nécessaire à sa réa-lisation est estimé. Le travail se fait selon ce plan. Il faut considérer ladésincarcération d’une victime comme un plan catastrophe à petiteéchelle réalisé sous la direction du pompier responsable de l’intervention.Les secouristes-ambulanciers et les membres du SMUR renseignent leresponsable pompier sur les impératifs médicaux avant qu’une décisionne soit prise.

La discussion doit être ordonnée et constructive. Une concertation calmea un effet favorable sur la victime.

14.31M.À.J. - 1999 D é s i n c a r c é r a t i o nC h a p i t r e 1 4

L’évaluation correcte de lasituation

Concertation entre l’équipetechnique et l’équipe médicale

11

Page 472: Manuel Belge Almbulanciers

Il est important de libérer les victimes dans un ordre précis. Contraire-ment à ce qui a été enseigné dans les mesures à prendre pendant les pre-mières minutes, il faut prendre en charge d’abord les blessés accessibles.Viennent ensuite les blessés qui sont difficiles à dégager. Les victimesdécédées sont laissées sur place tant qu’elles ne gênent pas les manœu-vres de dégagement d’autres victimes.

Un accident doit être comparé à un espace de travail qui doit être sûret ordonné. Il est fait usage de deux cercles de travail imaginaires autourdu véhicule accidenté. Ces cercles ont pour but d’assurer la sécurité etl’efficacité du travail.

Le centre du cercle est constitué par l’épave.Le premier cercle de travail a un rayon de 5 m à partir de l’épave. Dansce rayon ne se trouvent que les intervenants qui participent directementà la désincarcération. Les autres intervenants se tiennent en dehors de lazone des 5 mètres, prêts à aider si cela est nécessaire et après avoirobtenu la permission du pompier responsable de l’intervention. Dans cepremier cercle ne se trouvent que les outils nécessaires à l’action encours. Dès qu’un outillage n’est plus utilisé, il doit être enlevé de la zonedes 5 mètres.

Le deuxième cercle de travail a un rayon de 10 mètres autour de l’é-pave. Vous y trouvez les véhicules de secours et le matériel des interve-nants placés de manière stratégique, pour respecter autant que possiblela circulation normale des autres véhicules.

Les débris détachés sont rassemblés dans une zone de dépôt desdébris située en dehors de la zone des 5 mètres.

Cette méthode crée un terrain de travail où les intervenants ne tré-buchent pas sur des obstacles et où l’on évite une “surpopulation”.

Pendant ce type d’intervention, il est nécessaire d’utiliser une méthode detravail qui place un nombre minimum d’intervenants à proximité immé-diate de l’épave. Une distribution stricte des tâches est donc indispensa-ble. Chacun doit savoir ce que l’on attend de lui. Le pompier responsablede l’intervention dirige toute cette opération.

La stabilisation de l’épave est importante tant pour les intervenants quepour la victime. Un véhicule instable constitue un danger pour lesintervenants. En outre, tout mouvement du véhicule peut provoquer desdouleurs chez la victime et augmenter le risque de lésions supplémen-taires. La stabilisation du véhicule prend peu de temps. Si elle est réaliséeavec compétence, tous en seront bénéficiaires, la victime comme lessauveteurs.

Le corps de pompiers possède un matériel de stabilisation pour les véhi-cules. Le matériel utilisé dépend de la position du véhicule après la col-

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2

L’utilité des périmètres d’action

La répartition des tâches lorsd’une désincarcération

La stabilisation du véhicule

FIG. 14.11

L’UTILITÉ DES PÉRIMÈTRES

D’ACTION

10 m

5 m

DÉBRIS

Légende: Le point noir représentel’épave. Autour de celle-ci, vous déli-mitez deux cercles de 5 et de 10 mètresde rayon respectivement pour subdi-viser la surface de travail. La zone dedépôt des débris se trouve au moinsau-delà de la zone des cinq mètres.

Page 473: Manuel Belge Almbulanciers

lision. Citons comme matériel utilisé pour la stabilisation d’un véhicule:des poutres et des coins en bois, des blocs de mousse, des courroies defixation, des crics et des étançons. L’utilisation simultanée de toutes cesaides techniques est parfois nécessaire.

Si le véhicule est toujours en appui sur ses roues, le dégonflage despneus, effectué après la réalisation des mesures provisoires de stabilisa-tion, assurera la stabilisation permanente de l’épave par neutralisation deséléments de suspension.Le pompier responsable de l’intervention fera placer judicieusement lematériel de stabilisation afin qu’il ne doive pas être enlevé au cours de lalibération proprement dite de la victime.Il devra, après intervention des secouristes, renseigner les services d’ordrequi effectuent l’examen technique de l’accident, sur la position et l’envi-ronnement initial de l’épave.

La gestion du verre est la dénomination globale pour qualifier toutes lesmesures qui limitent les dégâts provoqués par le verre.Au début de la désincarcération, il est indiqué de commencer par l’enlè-vement de tout le verre présent. Les éclats de verre seront égalementenlevés dans un cercle réduit autour de l’épave. Ceci crée ainsi une assisesûre pour le matériel de stabilisation. En plus, les risques de chute, de glis-sade et de blessures des intervenants sont diminués. Tant les vitres intac-tes que les vitres brisées doivent être enlevées. En effet, pendant lesmanœuvres de désincarcération, elles peuvent à tout moment voler enéclats. Il existe plusieurs méthodes pour enlever les vitres: elles dépendententre autres de l’état de la vitre, du type de verre et du matériel disponible.

Il est important qu’un sauveteur informe la victime des actionsréalisées. L’usage d’une protection transparente devrait contribuer àrassurer la victime de même qu’assurer une protection confortable.

14.33M.À.J. - 1999 D é s i n c a r c é r a t i o nC h a p i t r e 1 4

FIG. 14.12

MATÉRIEL TECHNIQUE POUR LA

STABILISATION DU VÉHICULE

Les blocs de mousse soutiennent levéhicule.

Dégonfler les pneus stabilise le véhicule de manière définitive.

La gestion du verre

Page 474: Manuel Belge Almbulanciers

Le pompier en charge de la sécurité veille à l’enlèvement des piècesdétachées ou des pièces de découpe hors de la zone de travail. Lesdébris de verre, quant à eux, seront glissés sous l’arrière de la carcasse.Cela diminue le risque de blessure pour les secouristes et de dommagepour le matériel médical.

Les corps de pompiers possèdent des moyens techniques simples quiprotègent la victime et les intervenants pendant les manœuvres de désin-carcération.

Couvertures et feuilles de plastique renforcéLes couvertures réalisent une bonne protection, mais ne sont pas hygié-niques. De plus, elles empêchent la vision de l’intervenant et de la victi-me. Celle-ci peut être inquiète de ce qu’elle entend et ne voit pas.

Il vaut mieux utiliser des feuilles de plastique transparent renforcé. Cha-que manœuvre avec une cisaille ou un écarteur provoque des éclats.Ces couvertures protègent contre les verres et les éclats. Une protectiontransparente permet à l’intervenant de suivre les opérations. Par sa proxi-mité physique, il peut informer la victime sur ce qui va se passer et la tran-quilliser. Le problème du refroidissement, qui menace la victime lorsqueson incarcération se prolonge, peut être prévenu dans une certaine mes-ure par l’utilisation de ces feuilles.

Plaques rigides de protectionLes plaques rigides de protection transparentes protègent la victime et lesintervenants pendant l’intervention. Les plaques rigides protègent trèsbien contre les dérapages du matériel et les mouvements inattendusd’éléments de l’épave ; il faut donc toujours placer ces plaques de pro-tection entre la victime, l’intervenant et le matériel.L’avantage de ces plaques transparentes est qu’elles permettent la loca-lisation par l’intervenant des parties du corps de la victime qui sontmenacées par les actions de désincarcération.

Les housses de protectionL’accident et les manœuvres de désincarcération créent des zones cou-pantes à la carrosserie de l’épave.Elles peuvent provoquer des blessures chez les sauveteurs. Le pompier

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La protection de la victime etdes intervenants pendant la

désincarcération

FIG. 14.13

LA GESTION DU VERRE

Les morceaux de verre, les éclats deverre et les vitres sont transportés versla zone de dépôt des débris.

Page 475: Manuel Belge Almbulanciers

chargé de la sécurité veille à faire recouvrir ces points dangereux. Lescorps de pompiers utilisent à cette fin des sacs de jute, de vieux tuyauxd’incendie ou des housses de matériel synthétique renforcé.

La manière dont la victime sera finalement libérée sera déterminée par lepompier responsable de l’intervention en concertation avec l’équipemédicale. Cela nécessite, si la sécurité le permet, une évaluation primai-re de l’état de la victime. On pose toujours une minerve. Les mesures deprise en charge des fonctions vitales sont réalisées dès que les dangerssont éliminés.L’accès et la libération de la victime dépendent de son état général, de

ses blessures, de l’état de l’épave et des possibilités techniques des équi-pes d’intervention. Pour prévenir les complications, il faut éviter toutdéplacement de la victime.

Lors du sauvetage, le principe de base suivant est à appliquer :

démanteler l’épave autour de la victime et non enlever la victime de l’épave.

14.35M.À.J. - 1999 D é s i n c a r c é r a t i o nC h a p i t r e 1 4

FIG. 14.14

MOYENS DE PROTECTION

Couvertures et feuilles de plastiquerenforcé.

Housses de protection.

Plaques transparentes rigides etrenforcées.

L’accès à la victime

Page 476: Manuel Belge Almbulanciers

Créer de l’espace autour de la victime a deux avantages: la victime ne doitpas être déplacée pour être libérée et l’équipe médicale bénéficie de plusde place pour travailler.

La concertation entre le pompier responsable de l’intervention et l’équi-pe médicale empêche qu’une voiture soit totalement démantelée pourune blessure minime. Une équipe entraînée de pompiers a besoin demoins de 20 minutes pour dépecer une voiture. En cas de doute sur lagravité des lésions ou lors de blessures graves, il faut toujours prévoir unlarge accès vers la victime et un large chemin d’extraction.

Une bonne entente entre les responsables de l’équipe de pompiers et del’équipe médicale est importante. L’équipe médicale conseille le pompierresponsable de l’intervention qui, lui, prend les décisions. Parfois, lesmanœuvres doivent être interrompues pour permettre l’évaluation ou lesoutien des fonctions vitales. Cette nécessité doit être signalée au respon-sable des pompiers.Si vous voyez que la situation de la victime s’aggrave, vous pouvezdemander au pompier responsable d’accélérer la désincarcération.Comme le montre le tableau 14.5, il existe plusieurs techniques pour créerde l’espace.

TA B L E AU 1 4 . 5 T E C H N I Q U E S P O U R C R E E R D E L’ E S PAC E

•le rabattement du toit vers l’arrière•le rabattement du toit vers l’avant•le rabattement latéral du toit•l’enlèvement total du toit•l’ouver ture de la por te, côté serrure•l’ouver ture de la por te, côté charnières•le refoulement de l’essieu avant•le rabattement de la paroi latérale de l’espace inférieur pour les jambes•le refoulement de la console du tableau de bord et de la colonne de direction•l’enlèvement complet de la paroi latérale•l’enlèvement des sièges•l’ouver ture d’un véhicule reposant sur le toit

14.36M.À.J. - 1999 D é s i n c a r c é r a t i o nC h a p i t r e 1 4

FIG. 14.15

CONCERTATION ENTRE LES

ÉQUIPES MÉDICALES ET

TECHNIQUES

Concertation entre les responsables.

Page 477: Manuel Belge Almbulanciers

Ce sont des exemples pour des voitures de tourisme. Il est évident que denombreuses techniques sont utilisables pour libérer des victimesincarcérées dans d’autres types de véhicules.

Les chapitres 2 et 4 vous ont appris, à l’aide d’un diagramme, ce qu’il fautfaire pour aider un blessé. La même technique est certainement d’appli-cation pour une victime coincée.

Afin de permettre une évaluation primaire et réaliser la prise en chargedes fonctions vitales, il faudra, si nécessaire, interrompre brièvement lesmanœuvres de désincarcération. Evaluez l’état de conscience et de l’ABCde la victime. Soutenez ses fonctions vitales et posez une minerve. Déter-minez son oxymétrie de pouls. Dès que le SMUR est sur place, il serapossible de placer un accès veineux. Il faudra veiller à ce que les troussesde perfusion, les câbles du moniteur ou les tuyaux d’oxygène ne soientpas coupés ou écrasés.

Pendant l’extraction de la victime, les lésions de la colonne cervicaleretiendront toute votre attention. Il faut conserver strictement l’axe longi-tudinal du corps de la victime. Vous utilisez une minerve pour le maintiende la nuque. Celle-ci employée seule n’est pas suffisante. Vous devez sou-

14.37M.À.J. - 1999 D é s i n c a r c é r a t i o nC h a p i t r e 1 4

FIG. 14.16

TECHNIQUES POUR CRÉER DE

L’ESPACE

La stabilisation de lavictime

La libération de la victime

42ABC

14.3

10.2

10.23.4

3.1

Séparation des portes. Enlèvement du montant central. Mise en place des mousses de protection.

Enlèvement du pare-brise. Enlèvement du toit. Extraction de la victime dans l’axe.

Page 478: Manuel Belge Almbulanciers

tenir la nuque avec les deux mains de manière continue. Pour la colonnedorsale, la colonne lombaire et le bassin, l’utilisation simultanée d’un cor-set d’immobilisation de colonne, d’une planche de relevage ou d’une civièreà palettes est utile.

La figure 14.18 présente différentes photos démontrant l’utilisation simul-tanée d’un corset d’immobilisation et d’une planche de colonne.• En maintenant de manière continue l’immobilisation de la colonne cer-

vicale, vous devez tout d’abord placer un corset d’immobilisation der-rière la victime.

• Après immobilisation de la nuque et la fermeture des sangles du corset,le dossier du siège de voiture est incliné vers l’arrière ou enlevé. Vousdevez soutenir continuellement la victime et maintenir l’axe longitudinal.

• Une planche de colonne est glissée ensuite jusqu’au niveau des fesses(du coccyx) de la victime.

• Sur les indications de l’équipe médicale, la victime est posée prudem-ment avec l’aide d’au moins trois sauveteurs sur la planche de colonneet ensuite positionné vers le haut.

• Dès que la victime est complètement posée sur la planche, elle estportée vers le brancard.

14.38M.À.J. - 1999 D é s i n c a r c é r a t i o nC h a p i t r e 1 4

FIG. 14.17

MOYENS DE STABILISATION DE LA

COLONNE VERTÉBRALE

FIG. 14.18

UTILISATION D’UN CORSET

D’IMMOBILISATION ET D’UNE

PLANCHE DE COLONNE.

LIBÉRATION D’UNE VICTIME

PAR L’ENLÈVEMENT DE LA

PAROI LATÉRALE

Un corset d’immobilisation etdeux modèles de minerve.

Une planche de colonne.

10.1

Page 479: Manuel Belge Almbulanciers

Si cela est nécessaire, une stabilisation complémentaire de la victime peutêtre effectuée avant de commencer le transport vers l’hôpital. Prévenezle préposé au moment de votre départ. Un style de conduite brutale està éviter pendant le transport. Ceci calme le patient et augmente la sécu-rité de tous.

14.39M.À.J. - 1999 D é s i n c a r c é r a t i o nC h a p i t r e 1 4

LIBÉRATION D’UNE VICTIME

PAR L’ENLÈVEMENT TOTAL

DU TOIT

Page 480: Manuel Belge Almbulanciers

L ’ I N F L U E N C E D E L A S É C U R I T É PA S S I V ES U R L A L I B É R AT I O N D ’ U N E V I C T I M EI N C A R C É R É E

On différencie les mesures de sécurité passives et actives.La sécurité active constitue ce que font ou ne font pas le conducteur, lespassagers et le public. La sécurité active est surtout déterminée par lecomportement. Les exemples en sont notamment: l’utilisation de la cein-ture de sécurité, la vitesse adaptée aux circonstances et la conduite enétat de sobriété. La sécurité active suppose des actions conscientes desusagers de la route.

La sécurité passive est constituée des dispositifs situés dans et autour duvéhicule. Les occupants du véhicule et les spectateurs ne doivent rien faire:l’équipement du véhicule travaille passivement à leur place. Les exemplesde sécurité passive dans la circulation routière sont évidents ; la sécuritépassive est actuellement présente sans que vous en ayez conscience.

L’industrie fait des efforts pour protéger le conducteur, les passagers et lepublic contre les conséquences d’un accident. Ces découvertes et adap-tations augmentent surtout la sécurité des véhicules. Si la sécurité passi-ve protège les occupants lors des accidents, elle rend leur libération del’épave plus difficile.

Les zones de déformation sont les parties d’une voiture qui absorbent del’énergie en se déformant sous l’influence de la force de collision. Ceszones de déformation peuvent absorber une grande partie, mais pas latotalité de l’énergie cinétique d’un accident.

La cellule de sécurité qui inclut l’habitacle est conçue pour empêcher aumaximum sa déformation lors d’une collision. Cependant, si les forces decollision sont importantes, elle se déformera quand même. Il sera difficiled’ouvrir les portes qui seront coincées lors de la déformation de cette cel-lule de sécurité.

14.40M.À.J. - 1999 D é s i n c a r c é r a t i o nC h a p i t r e 1 4

Les zones de déformation

4.1

FIG. 14.19

LES ZONES DE DÉFORMATION

Les zones de déformation avantl’accident.

Les zones de déformation aprèsl’accident.

La cellule de sécurité

© p

hoto

:Vol

vo

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hoto

:Vol

vo

Page 481: Manuel Belge Almbulanciers

Les poutrelles (barres) de renforcement des portes dépendent de• la forme (profil rond, profil rectangulaire, plein ou creux),• l’emplacement (transverse, droites ou croisées),• l’action (coulissantes ou non).Les poutrelles de renforcement peuvent ralentir de manière importantela désincarcération de l’épave.

• FonctionnementL’airbag est une partie de l’équipement passif de sécurité qui déploie uncoussin gonflé de gaz lors d’une décélération brutale du véhicule. Le systè-me est constitué - de senseurs dans le véhicule,- d’une centrale de contrôle,- d’un mécanisme de mise à feu,- d’un circuit de secours,- d’un emplacement pour le coussin gonflable.

Le poste de contrôle reçoit ou non des impulsions en provenance deszones de senseurs. Ce poste de contrôle ne peut utiliser ces impulsions ques’il est alimenté en courant électrique. Dans les circonstances normales, ils’agit de la batterie du véhicule. Lors d’un accident, le déclenchement sefait parfois à partir d’une source de secours (condensateur), qui peut res-ter encore active pendant trente minutes après l’accident.Le déploiement du coussin de protection s’effectue en quelques millise-condes lors du ralentissement brutal du véhicule. Par ignition d’un méca-nisme de mise à feu, ce déploiement présente une grande vitesse et unegrande force. Le coussin de protection peut provoquer des lésions chez lespetits enfants. Dès que le coussin est déployé suite à cette explosion, il sevide et répand beaucoup de poussière et un peu de fumée.Supposez toujours qu’un coussin de protection peut être caché dans l’é-pave. Il est possible de le repérer par des inscriptions (SRS, SIR…) setrouvant entre autre sur le volant, le tableau de bord et les vitres.

14.41M.À.J. - 1999 D é s i n c a r c é r a t i o nC h a p i t r e 1 4

FIG. 14.20

LA CELLULE DE SÉCURITÉ

Une cellule de sécurité empêche ladéformation de l’habitacle.

Une cellule de sécuritéempêche la déformation

de l’habitacle

Les coussins de protection(airbag)

© p

hoto

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vo

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• Les coussins frontaux de protectionLes coussins d’air frontaux sont destinés à la protection du conducteuret du passager avant. Dans un certain nombre de véhicules, vous trouvezégalement des coussins de protection dans les dossiers des sièges avant.Ils sont destinés à la protection des passagers des sièges arrière lorsd’une collision frontale. Les coussins frontaux de protection diminuentl’importance des lésions lors d’une collision, pour autant que les pas-sagers portent préalablement leur ceinture de sécurité.

• Les coussins latéraux de protectionLes coussins latéraux de protection ont été conçus pour les collisionslatérales. Ils se trouvent habituellement dans les portières ou dans lesdossiers des sièges. La protection donnée par ces coussins est égalementélevée lorsque les passagers portent leur ceinture de sécurité. Les travauxde découpage sur la paroi latérale du véhicule peuvent entraîner ledéclenchement d’un coussin non encore déployé, même après décon-nexion de la batterie. Le déploiement d’un coussin de protection provo-que une forte détonation. Outre une réaction de peur chez la victime etles intervenants, elle peut provoquer des lésions des yeux et de la peau.

Un coussin de protection déployé pend de manière très visible, comme unsac vide dans le véhicule. Lorsque il est déployé, il faut tenir compte d’unecertaine possibilité d’irritation des yeux, de la peau et des voies respiratoi-res. Cette irritation est liée au nuage de particules libérées lors du déploie-ment du coussin. Protégez-vous à l’aide d’un masque, de gants et de lunet-tes de sécurité. Pensez aussi au fait que les parties métalliques dans les-quelles le coussin était renfermé s’échauffent lors de l’explosion. Le volantet le coussin ne s’échauffent pas lors du déclenchement du système.

Un coussin de protection non encore déployé peut provoquer des pro-blèmes lors de la désincarcération. Vous devez prévoir que le coussin peutse déployer inopinément au cours de la libération. Pour cette raison, il estconseillé de déconnecter d’abord la batterie et de faire installer, par lespompiers, un “système anti-airbag” aussi rapidement que possible sur levolant. Si cela n’est pas possible ou qu’il s’agit du coussin d’air du pas-

14.42M.À.J. - 1999 D é s i n c a r c é r a t i o nC h a p i t r e 1 4

FIG. 14.21

UN DES SYMBOLES QUI

INDIQUENT LA PRÉSENCE D’UN

COUSSIN DE PROTECTION

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hoto

:Did

ier S

tuck

ens

Page 483: Manuel Belge Almbulanciers

sager pour lequel il n’existe pas encore de système de neutralisation surle marché, essayez de ne pas vous interposez entre la victime et le cous-sin. De même, ne posez pas de matériel et d’outils à cet endroit car ilspourraient devenir des projectiles mortels.

Cette protection passive empêche le mouvement vers l’avant des passa-gers lors d’une collision frontale en tendant les ceintures de sécurité. Lescollisions latérales, arrières ou les tonneaux ne mettent pas en action lestendeurs de ceinture.

Il existe deux système de tendeurs de ceinture sur le marché:- un ressort qui se détend, ce qui rétracte la ceinture de 6 à 12 cm,- un système électronique qui rétracte la ceinture de 6 à 18 cm.

Si vous voulez libérer une victime, vous devez sectionner la ceinture àdeux endroits avec un couteau spécial. Il n’est pas toujours apparentqu’un système de mise sous tension de la ceinture soit monté dans levéhicule. Soyez donc prudents et restez à une distance d’au moins 15 cmdes points d’ancrage et de tension de la ceinture. Les systèmes de misesous tension des ceintures peuvent provoquer des blessures et des brû-lures des mains.

14.43M.À.J. - 1999 D é s i n c a r c é r a t i o nC h a p i t r e 1 4

Les tendeurs de ceinture

FIG. 14.23

LE TENDEUR ET LE COUTEAU

DE CEINTURE

FIG. 14.22

UN SYSTÈME ANTI-AIRBAG

PERMETTANT DE CONTENIR UNE

EXPLOSION TARDIVE

Mise en place du système anti-airbag.

House de protectin contre lesfumées et les poussières.

Page 484: Manuel Belge Almbulanciers

C O N C L U S I O N

Assurez toujours votre propre sécurité.

Avertissez toujours le préposé des problème d’incarcération.Demandez les renforts techniques et médicaux supplémentaires.

La libération d’une victime incarcérée nécessite la collabora-tion de plusieurs services.

Une action coordonnée s’effectue sous la direction du pom-pier responsable de l’intervention.

14.44M.À.J. - 1999 D é s i n c a r c é r a t i o nC h a p i t r e 1 4

Page 485: Manuel Belge Almbulanciers

14.5 Soins aux plaies et pansements

Lorsque vous soignez une plaie, pensez d’abord à votre propre sécuritéen portant toujours des gants!

En premier lieu, vérifiez si vous et le patient êtes en sécurité, et si vous leresterez durant toute la durée des soins aux plaies. Si à un moment donné,vous constatez qu’il y a danger, interrompez ceux-ci et prenez les mesuresnécessaires.

La plaie, aussi impressionnante soit-elle, n’a aucune priorité sur le bilanprimaire et sur les règles élémentaires de l’ABC.

La durée des soins aux plaies ne doit pas porter préjudice au patient et nedoit avoir comme objectif que d’éviter l’aggravation des lésions en attendantdes soins définitifs.

Dès la prise en charge du patient, soyez surtout attentif, d’une part auxsaignements, et d’autre part à l’installation des signes de l’état de choc.Pour tout saignement, la prévention et/ou le traitement d’un état dechoc sont l’arrêt des saignements, l’administration d’oxygène et uneposition adaptée, suivant la localisation de la plaie et l’état du patient. Sinécessaire, prévenez le SMUR.

P R E M I E R S S O I N S AU X P L A I E S

Tout soin à une plaie nécessitera, au minimum, de placer le patient enposition assise. Néanmoins, la douleur et la vue du sang peuvent provoquerdes réactions syncopales. Soyez attentif à ces symptômes et, le caséchéant, placez le patient en position couchée, jambes surélevées.

Chaque plaie doit être globalement et largement visualisée. Il convientd’être particulièrement attentif à la localisation des lésions, à la présencede corps étrangers pénétrants, à la profondeur et l’étendue des lésions,ainsi qu’aux saignements.

Il ne faut jamais retirer les corps étrangers pénétrants d’une plaie. Lesretirer pourrait aggraver les saignements ou la lésion. Une plaie souilléepeut bénéficier d’un rinçage abondant à l’aide de liquide physiologique.

Pour éviter la contamination des plaies durant le transport, elles doiventtoutes être emballées stérilement. Veillez à ne pas toucher la face qui seraen contact direct avec la plaie. Il est important qu’elle soit entièrementcouverte.

4.6

5.1

3.4

4.1

2.1

!

14.45M.À.J. - 2002 P l a i e s e t p a n s e m e n t sC h a p i t r e 1 4

Page 486: Manuel Belge Almbulanciers

En fonction de l’emplacement et de l’étendue de la plaie, utilisez, soit dusparadrap, soit un bandage, de manière à ce que le pansement reste efficacedurant tout le transport.

14.46M.À.J. - 2002 P l a i e s e t p a n s e m e n t sC h a p i t r e 1 4

FIG. 14.24

COUVRIR UNE PLAIE

Lorsque vous présentez un panse-ment ou lorsque vous le manipulez,la face du pansement en contactavec la plaie doit rester stérile.

Choisissez un pansement suffisam-ment grand et des compresses enquantité suffisante pour couvrir lesbords de la plaie.

Avec des gestes rapides et simples,vous pouvez fixer une compressestérile à l’aide d’un ruban adhésifde type sparadrap.

Pour fixer correctement descompresses sur une plaie, utilisezdes bandages.

Page 487: Manuel Belge Almbulanciers

PA N S E M E N T S P R OV I S O I R E S

La prise en charge d’une plaie à l’aide de pansements provisoires estreprise dans le tableau suivant.

TA B L E AU 1 4 . 6 P R I S E E N C H A R G E D ’ U N E P L A I E

S É Q U E N C E O B J E C T I F S

Surélever le membre Diminuer les per tes de sang et l’œdème

Inspecter la plaie dans sa totalité Evaluer la gravité de la plaie

Rincer la plaie à l’aide de liquide Visualiser et éliminer les souilluresphysiologique stérile

Couvrir la plaie en dépassant Protéger la plaie de la contaminationlargement les bords de la plaie

Fixer le pansement sans gêner ni comprimer Mettre en condition pour le transpor t

Des gestes rapides permettent de limiter les pertes de temps sur leslieux de l’accident.

Quelques types de pansements provisoires sont repris dans le tableau ci-dessous.

TA B L E AU 1 4 . 7 T Y P E S D E PA N S E M E N T S P R O V I S O I R E S

T Y P E I N D I C AT I O N R E M A R Q U E

Pansement couvrant Plaie avec peu ou pas Dépasser largement lesde saignement bords et fixer efficacement

Pansement compressif Plaie avec un saignement Eviter en présence d’unimpor tant corps étranger ou d’une

fracturePansement stabilisateur Présence d’un corps Laisser le corps étranger

étranger pénétrant en placePansement ayant un Brûlures Pansement hydrogel oueffet de refroidissement pansement stérile humide(cooling)

Types de pansements

Pansements provisoires

14.47M.À.J. - 2002 P l a i e s e t p a n s e m e n t sC h a p i t r e 1 4

Page 488: Manuel Belge Almbulanciers

L E S B A N DA G E S E N F O N C T I O N D E L AL O C A L I S AT I O N D E L A L É S I O N

En cas de blessure à la tête ou au cou, il faut envisager la présence de lésions cranio-cervicales. Placez alors un collier cervical avant de traiterles plaies.

Pour un emballage du front, on termine par une fixation sous le menton,afin d’éviter qu’il ne glisse.

On réalisera les pansements des plaies occipitales d’une façon semblable.

10.24.5

La tête et le cou

14.48M.À.J. - 2002 P l a i e s e t p a n s e m e n t sC h a p i t r e 1 4

FIG. 14.25

IMMOBILISATION DU COU ET

PANSEMENT D’UNE PLAIE DU FRONT

FIG. 14.26

PANSEMENT D’UNE PLAIE

OCCIPITALE

Dans ce cas, on commence par desbandages circulaires pour mainte-nir la compresse.

Il est important de visualiser laplaie du cuir chevelu.

Pour éviter le glissement, on terminepar quelques circulaires sous lementon.

On commence par panser la plaiedu front.

Préalablement aux soins de plaies,il faut stabiliser la tête en positionneutre et placer un collier cervical.

Les emballages sous le mentonpermettent d’éviter un glissementdu bandage.

Page 489: Manuel Belge Almbulanciers

En cas de blessures au visage, il est possible de choisir entre plusieurs typesde pansements couvrants. Le choix dépendra notamment de la localisationet des caractéristiques de la plaie, ainsi que du matériel à disposition.

Si une blessure au cou saigne superficiellement, on peut obtenir unecompression suffisante en faisant passer le bandage sous l’aisselle situéedu côté indemne.

14.49M.À.J. - 2002 P l a i e s e t p a n s e m e n t sC h a p i t r e 1 4

Commencez par quelques circulaires auniveau du front et maintenir ensuite lacompresse, en passant sous le menton eten évitant de couvrir les yeux.

Une autre possibilité: placer unbandage comme pour un pansementde l’œil.

Si la plaie saigne peu, il suffit defixer une compresse à l’aide d’unsparadrap.

FIG. 14.27

PANSEMENT D’UNE PLAIE

DU VISAGE

FIG. 14.28

PANSEMENT

D’UNE PLAIE DU COU

Une blessure avec saignementsuperficiel au niveau du côté droitdu cou.

Il faut couvrir la plaie avec unecompresse suffisamment grande.

Avec un autre secouriste-ambulancier,fixer un bandage partant du côté droitdu cou vers l’aisselle gauche.

On passe de l’aisselle droite, sur lacompresse, vers l’aisselle gauche.

Le bandage terminé vu de droite. Pansement d’une plaie du côtédroit du cou vu de dos.

Page 490: Manuel Belge Almbulanciers

En cas de lésions au niveau des gros vaisseaux du cou, il faut couvrir laplaie le plus rapidement possible et coucher le patient pour éviterl’introduction d’air dans une grosse veine.

Les compresses placées sur des plaies au niveau de l’épaule ou de l’aisselleseront mieux maintenues si le bandage passe sous l’autre aisselle.

L’épaule

14.50M.À.J. - 2002 P l a i e s e t p a n s e m e n t sC h a p i t r e 1 4

FIG. 14.29

PANSEMENT D’UNE PLAIE

DE L’EPAULE

Une plaie sous l’aisselle peutsaigner abondamment.

En utilisant un pansement assezépais, il est possible de comprimerla plaie.

Bandage sur une plaie à l’aisselledroite vu de face.

Bandage sur une plaie à l’aisselledroite vu de dos.

Il est conseillé de soutenir le bras àl’aide d’un bandage triangulaire.

Page 491: Manuel Belge Almbulanciers

Il est parfois nécessaire de découper un vêtement.

Les plaies au niveau de l’avant-bras ou du bras seront recouvertes decompresses stériles que l’on fixera à l’aide d’un bandage croisé (spica),partant de la partie distale (la plus éloignée), vers la partie proximale (laplus proche du corps). On préférera une bande élastique placée en spica,car elle permet de maintenir le bandage et d’éviter qu’il ne glisse.

En raison de la forme conique du membre, un bandage circulaire ou enspirale peut glisser. Sur les photos suivantes, on peut suivre, étape parétape, la réalisation d’un bandage en spica.

Le bras et l’avant-bras

14.51M.À.J. - 2002 P l a i e s e t p a n s e m e n t sC h a p i t r e 1 4

FIG. 14.30

BANDAGE CROISE (SPICA)

DE L’AVANT-BRAS

Page 492: Manuel Belge Almbulanciers

Pour les blessures au niveau du coude, on fixera la compresse à l’aide d’unbandage en éventail en-dessous, puis au-dessus, de l’articulation. Uneécharpe soutiendra le membre blessé.

Il existe différentes manières de poser un bandage triangulaire. L’idée fon-damentale est que la main doit être surélevée par rapport au coude.

Les coudes

14.52M.À.J. - 2002 P l a i e s e t p a n s e m e n t sC h a p i t r e 1 4

FIG. 14.31

PANSEMENT D’UNE PLAIE

DU COUDE ET

IMMOBILISATION

Vous pourrez nouer les deux chefs,uniquement si l’avant-bras estlégèrement relevé.

Terminez le bandage en repliant lesommet et en le fixant à l’aide desparadrap ou d’une épingle ànourrice.

Pour réaliser correctement lebandage triangulaire, orienter lesommet du bandage vers le membreblessé.

Vue d’ensemble d’une plaie aucoude droit.

Appliquez le bandage en partant ducoude. Le bras de la victime est plié.

Le résultat final est un bandagecroisé ou spiralé.

Page 493: Manuel Belge Almbulanciers

Un bandage de la main doit permettre au patient de conserver la mobilitéde ses doigts et les extrémités doivent être visibles.

Si les doigts sont blessés, réalisez un bandage en moufle et en positionneutre.

4.6Les mains

14.53M.À.J. - 2002 P l a i e s e t p a n s e m e n t sC h a p i t r e 1 4

FIG. 14.32

PANSEMENT D’UNE PLAIE DE LA MAIN

Placez la bande Velpeau dans lapaume de la main et fermez vous-même les doigts de la victime.

On commence toujours un bandageen moufle par quelques va-et-vient dela bande dans le sens de la longueurdu membre.

Les plaies aux doigts et dans lapaume de la main seront recouvertesde compresses stériles.

Couvrez les plaies sur le dos de lamain à l’aide de compresses stéri-les.

Le bandage est achevé par un tourde poignet. Le pouce et les doigtsrestent libres.

Les compresses sont maintenuespar un bandage croisé.

Terminez le bandage par un tour depoignet.

Résultat final d’un bandagefonctionnel de la main gauche etbandage croisé de la main droite.

Réalisez un bandage croisé. Si lepouce est indemne, laissez-le libre.

Page 494: Manuel Belge Almbulanciers

Les blessures superficielles au niveau du thorax, de l’abdomen et du couseront recouvertes de grandes compresses fixées à l’aide de sparadrap.L’emploi de bandages circulaires trop serrés peut entraver la respiration.

Au chapitre 4, nous avons déjà traité des plaies particulières telles que lesplaies thoraciques avec lésions pulmonaires, le corps étranger dans le tho-rax ou dans l’abdomen et les plaies avec lésions aux organes abdominaux.

4.44.3

Le thorax et l’abdomen

14.54M.À.J. - 2002 P l a i e s e t p a n s e m e n t sC h a p i t r e 1 4

FIG. 14.33

PANSEMENT D’UNE PLAIE

DE L’ABDOMEN OU DU THORAX

Plaies superficielles de la cagethoracique et de l’abdomen.

Couvrir avec des grandes compressesqui seront fixées avec du sparadrap.

Page 495: Manuel Belge Almbulanciers

Pour les plaies des membres inférieurs, on agit comme pour les plaies auxmembres supérieurs.

On distingue plusieurs façons de panser les plaies aux pieds. Pour éviter leglissement des bandages, terminez par un tour circulaire autour de la cheville.

Le membre inférieur

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Spica du pied. Un bandage complet occlusif dupied.

Un bandage des orteils et de la facedorsale du pied.

FIG. 14.34

PANSEMENT D’UNE PLAIE

DU MEMBRE INFERIEUR

Avec une paire de ciseaux,découpez la jambe du pantalonpour visualiser la plaie.

Dégagez largement pour visuali-ser la plaie et son environnement.

Un pantalon déchiré et ensanglantépeut cacher une plaie de la jambe.

Un bandage spica de la jambe. Un bandage articulaire du genoudroit.

Bandage circulaire de la jambe:placez le bandage en commençantpar le côté distal et terminant par lecôté proximal.

Page 496: Manuel Belge Almbulanciers

L E S B A N DA G E S S P É C I AU X

Ce tableau résume les bandages spéciaux.

TA B L E AU 1 4 . 8

T Y P E I N D I C AT I O N

Bandage stabilisateur Présence d’un corps étrangerBandage compressif, position couchée Lésions des gros vaisseauxBandage couvrant, excepté sur un coin Lésion pulmonaire soufflanteBandage couvrant humide Organes abdominaux apparentsBandage du moignon et de la par tie AmputationamputéeUtilisation conjointe de bandages et d’attelles si nécessaire

Il existe une technique de protection et de couverture pour les corpsétrangers pénétrant dans l’œil. Couvrez la lésion par des compressesstériles, puis immobilisez l’objet à l’aide de bandes roulées, fixées depart et d’autre, si possible sur deux niveaux perpendiculaires l’un à l’autre.C’est une technique d’exception.

4.5

Le corps étranger pénétrantdans l’œil

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Ne pas ôter un corps étranger. Couvrir le plus stérilement possiblesans exercer de pression.

Couvrir l’œil indemne pourempêcher tout mouvement.

FIG. 14.35

BANDAGE DU

CORPS ETRANGER

DANS L’ŒIL

Page 497: Manuel Belge Almbulanciers

Dans le chapitre 4.6, on a déjà expliqué la façon d’agir face à une victimeamputée d’un membre. On a également expliqué en détail les soins aumembre amputé ou arraché.

Dans le chapitre 8.1, il est décrit la prise en charge des brûlures. Dans lediagramme des premières minutes, il est nécessaire de penser à refroidirles brûlures après les règles de sécurité et la prise en charge vitale.

Pour le transport des victimes présentant des brûlures, il faut faire usagede pansements stériles humides ou de pansements de type hydrogel.

8.1

4.6

Amputation d’un membre

14.57M.À.J. - 2002 P l a i e s e t p a n s e m e n t sC h a p i t r e 1 4

Commencez par quelques va-et-vientdans le sens de la longueur dumembre et réalisez ensuite un ban-dage croisé, en allant de la partiedistale vers la partie proximale.Si cela s’avère possible, remontezjusqu’à l’articulation immédiate-ment supérieure.

Bandage compressif du tibia droitamputé. Surélevez le membreamputé.

Surélevez le membre amputé. Placez de grandes compressesabsorbantes au niveau de l’ampu-tation et appliquez un bandage.

FIG. 14.36

PANSEMENT DU MEMBRE

AMPUTE

Page 498: Manuel Belge Almbulanciers

14.6 Le stress psychologique en aidemédicale urgente chez les victimes,les membres de la famille, l’entourageet les inter venants

I N T R O D U C T I O N

Lors d’un incident sérieux avec ou sans un nombre important de victimes,l’attention se porte en premier lieu essentiellement vers les lésions phy-siques des victimes. Cependant, l’expérience nous apprend que les consé-quences sociales, psychologiques et matérielles peuvent être aussi impor-tantes pour les personnes directement atteintes que pour les personnesatteintes indirectement. Le secouriste-ambulancier doit en tenir compte.Il est indispensable d’accorder, en plus des soins physiques, une aidesociale et spirituelle à toutes les personnes impliquées dans un incidentsérieux. Ceci doit leur permettre de mieux faire face aux difficultéspsychiques qu’elles pourraient éventuellement ressentir.

La prise en compte au cours des dernières années du concept de psy-chologie de crise et d’aide aux victimes et son application lors des évè-nements d’exception graves ont sensibilisé les autorités et le grand publicpour cette forme d’aide. Elle a comme objectif la maîtrise des réactionsémotionnelles consécutives aux situations exceptionnelles et d’en per-mettre la normalisation.

Il est important de prendre des mesures qui permettent de remédier auxconséquences négatives d’une situation génératrice de stress.

Le stress des intervenants qui sont soumis à des tensions émotionnelles nepeut pas être sous-estimé. Dans ce chapitre vous apprendrez comment ilest possible de réduire les conséquences d’un évènement traumatique tantchez les victimes, qu’auprès de leur famille qu’au niveau des intervenants.

Q U E L Q U E S D É F I N I T I O N S

Le stress naît d’une situation dans laquelle l’équilibre des fonctionsphysiologiques de l’organisme est modifié à la suite d’une grande tensionphysique ou mentale. C’est un ensemble de réactions utiles, qui libère del’énergie, met en route des mécanismes de défense et incite à l’action.

Le stress

14.58M.À.J. - 2002 L e s t r e s s p s y c h o l o g i q u eC h a p i t r e 1 4

Page 499: Manuel Belge Almbulanciers

Cet ensemble de réactions agit chez la victime à des niveaux différents.L’objectif de ces réactions est de concentrer l’attention sur la situationd’alerte présente et de refouler toutes les autres pensées accessoires.Ceci doit permettre une évaluation de la situation et la prise d’une décisionadéquate, étant entendu que seul ce qui est extrêmement nécessaire etindispensable est pris en considération et exécuté.Ces réactions de stress consomment beaucoup d’énergie et l’organismedoit avoir la possibilité de se rétablir. Lorsque les évènements sont tropintenses ou trop nombreux, se répètent à une fréquence trop grande, cescrises entraîneront un épuisement et dépasseront les capacités de récupé-ration de l’organisme. Le stress prend ainsi un rôle plutôt défavorable, nui-sible et restreignant.

Le stress est un phénomène aux nombreuses facettes. Il peut avoir uneaction positive et permettre de faire face à des situations difficiles, maisil peut également exercer une action frénatrice et négative. Il peut avoirune répercussion sérieuse sur la santé physique et mentale de l’individu.

Chaque personne qui subi les conséquences physiques, psychologiques,sociales et/ou matérielles d’un incident, est une personne impliquée. Il fautdistinguer les impliqués immédiats (blessés, non-blessés d’un même inci-dent, les témoins et les personnes présentes sur les lieux des évènements)et les impliqués indirects (co-habitants, famille, entourage social et profes-sionnel). Ce sont surtout ces derniers qui peuvent être très nombreux.

Un évènement choquant est défini comme un incident sérieux et imprévuqui implique un risque de vie et de mort. Si cet évènement choquant a desconséquences nuisibles pour l’individu, on parle d’un événement trau-matisant.Certains auteurs ont établi des listes d’évènements traumatisants selon ledegré d’importance ou de gravité. Mais ces réactions de stress peuventêtre la conséquence d’évènements qui appartiennent à la vie de tous lesjours et qui ne sont pas gênants pour la majorité de la population.En outre, il apparaît que l’évènement le plus exceptionnel ne doit pasentraîner nécessairement des problèmes de stress.Il est très difficile de classer les évènements et les expériences traumati-santes en fonction du risque de développer des conséquences nuisibles.Il est important de retenir qu’un même évènement peut entraîner desconséquences préjudiciables chez un impliqué déterminé, mais pas néces-sairement chez un autre.

Le tableau 14.9 suivant énumère les caractéristiques générales qui per-mettent de déterminer ce qui constitue un épisode traumatisant.

TA B L E AU 1 4 . 9 L E S C A R AC T E R I S T I Q U E S D ’ U N I N C I D E N T C R I T I Q U E

• l’évènement se produit indépendamment de la volonté de la personne et étaitimprévisible

• il provoque une grande peur• il provoque un sentiment for t de menace pour la sécurité• il provoque un sentiment d’impuissance

L’évènement potentiellementtraumatique

L’impliqué

14.59M.À.J. - 2002 L e s t r e s s p s y c h o l o g i q u eC h a p i t r e 1 4

Page 500: Manuel Belge Almbulanciers

Comme cela a été dit plus haut, le stress est un élément positif qui libèredes moyens d’action, mais le stress peut également avoir des influencesnégatives.On peut subdiviser les réactions de stress qui peuvent survenir en deuxtemps:• d’une part, en réactions de stress à court terme ou réactions de stress

aiguës,• d’autre part, en réactions de stress à long terme. Le stress post-trau-

matique (PTSD = Post Traumatic Stress Disorder) et le ‘burn-out’ appar-tiennent à ce dernier groupe.

Les réactions aiguës de stress apparaissent en même temps ou peu detemps après l’évènement perturbant. Le PTSD apparaît également à lasuite d’un incident particulier, mais les symptômes ne se manifestentseulement qu’après des jours, des mois et parfois des années.Contrairement à la réaction de stress aiguë et de stress post-traumatique,le “burn-out” n’est pas provoqué par un seul évènement, mais est laconséquence d’une exposition prolongée à de petits faits stressants et sedéveloppe sur plusieurs années.Des exemples d’incidents potentiellement traumatisant vous sont pré-sentés dans le tableau 14.10 suivant:

TA B L E AU 1 4 . 1 0 Q U E L Q U E S E X E M P L E S D ’ I N C I D E N T S C R I T I Q U E S

• la mor t d’un collègue au cours d’une inter vention • une blessure grave d’un collègue• la mor t d’un enfant au cours d’une tentative de sauvetage• une blessure grave d’un enfant• la mor t d’une victime connue• la mor t d’une victime après une opération de sauvetage de longue durée• l’échec d’une tentative de sauvetage• la blessure grave d’une connaissance• être gravement blessé soi-même• le décès de la victime en cours de l’inter vention (échec de la mission)• trop de blessés graves pour le nombre de sauveteurs disponibles

(situation de catastrophe)

RÉACTIONS DE STRESS À COURT TERME

Les réactions de stress aiguës peuvent se manifester sur le plan physiqueet sur le plan psychique à travers différentes réactions.Sur le plan physique, les nausées, le tremblement et une sensation d’ébriétésont fréquents.Sur le plan psychique, une confusion, des troubles de concentration, destroubles du sommeil et de l’appétit peu de temps après un ‘évènementperturbant’ ne sont pas inhabituels.Retenez qu’il s’agit souvent de réactions normales à un incidentinhabituel. Elles constituent un processus d’adaptation à l’agressiond’une catastrophe par exemple et ne sont aucunement le signe d’une fai-blesse ou d’une maladie mentale.Si ces réactions n’entraînent pas de problèmes physiques ou psychologiqueset ne durent pas trop longtemps, aucune intervention d’un professionnel

Types de réactions de stress

14.60M.À.J. - 2002 L e s t r e s s p s y c h o l o g i q u eC h a p i t r e 1 4

Page 501: Manuel Belge Almbulanciers

n’est indiquée et elles ne constituent aucun danger pour la santé et lebien-être.

LES CONSÉQUENCES DU STRESS À LONG TERME

L’effet du stress au long cours peut être subdivisé dans les classes sui-vantes:• les signes physiques,• les signes psychiques avec des perturbations du comportement,• les modifications des comportements habituels de vie.Contrairement aux réactions aiguës de stress, les réactions de stress àlong terme (tableau 14.11) sont nuisibles et nécessitent par conséquentune aide professionnelle.

TA B L E AU 1 4 . 1 1 R E AC T I O N S D E S T R E S S A L O N G T E R M E

Les signes physiques céphalées, insomnie, troubles gastro-intestinaux,crampes musculaires, plaintes cardiaques vagues,douleurs dorsales, éruptions cutanées, sensation defatigue physique permanente, …

Les signes psychiques insatisfaction, agressivité, troubles de concentration,altération de l’appétit, boulimie, per te de mémoire,diminution de la motivation, baisse de la satisfaction,per te du sens des responsabilités, besoin de valorisationexacerbé au travail, renfermement sur soi-même,intolérance, morosité, tristesse, douleur morale, …

Les modifications des Divorce, abandon des activités de temps libre et dehabitudes de vie détente, consommation excessive de tabac, de café, de

drogue, compor tement à risque, augmentation du risqued’être impliqué dans des accidents, diminution de laproductivité, retrait par rappor t au service et auxcollègues, absentéisme anormal pour cause de maladie,…

A C T I O N P O U R L E S I M P L I Q U É S :V I C T I M E S , FA M I L L E , E N TO U R A G E

Dans une situation de stress, les besoins des victimes peuvent être classéspar ordre d’importance. Le tableau 14.12 énumère ces besoins et lamanière de les aborder.

TA B L E AU 1 4 . 1 2 B E S O I N S D E S V I C T I M E S

• sécurité physique• sauvetage et soins médicaux• aide matérielle ou confor t sous la forme de chaleur, repos et nourriture• information exacte, si possible complète et compréhensible pour éviter

l’incompréhension, les malentendus et les rumeurs• soutien familial et social pour pallier le sentiment de solitude• empathie de l’inter venant avec la victime• rendre la confiance et la capacité d’agir pour aller contre le sentiment

d’impuissance

Les besoins des victimes

14.61M.À.J. - 2002 L e s t r e s s p s y c h o l o g i q u eC h a p i t r e 1 4

Page 502: Manuel Belge Almbulanciers

Quelques conseils devraient vous permettre d’assurer une première priseen charge de la victime pendant le sauvetage (tableau 14.13) et après lesauvetage (tableau 14.14).

TA B L E AU 1 4 . 1 3AT T I T U D E S A AV O I R FAC E AU X V I C T I M E S P E N D A N T L E S AU V E TAG E

• Présentez-vous et par lez avec la victime pour l’informer, la rassurer et laprotéger. Situez l’événement dans le temps. Ceci est par ticulièrementimpor tant si la victime est blessée ou a été temporairement inconsciente.

• Indiquez ce que vous allez faire avant d’agir, pour éviter que les victimes nes’effraient, sur tout si elles sont anxieuses.

• Donnez des informations sur vos intentions et votre manière de procéder afinde permettre une collaboration active de la victime.

• Protégez les biens personnels de la victime sans les déplacerintempestivement.

• Encouragez la victime à s’exprimer.• Soyez honnête: tout mensonge provoque des complications. Vous n’êtes pas

obligé de rentrer dans le détail, mais tout ce qui est dit doit être exact. Sivous n’êtes pas sûr, il est préférable de le dire, plutôt que de donner desinformations erronées.

• Soyez attentif à ne pas faire des déclarations ir réfléchies.• Evitez l’ironie et l’humour macabre en présence des victimes.• Ne par lez pas de victimes avec d’autres inter venants en présence de victimes.• Ne jugez pas de l’impor tance ou non du vécu d’une victime.• Respectez la pudeur des victimes.

TA B L E AU 1 4 . 1 4 AT T I T U D E S A AV O I R E N V E R S L E S V I C T I M E S E TL E U R E N T O U R AG E A P R E S L E S AU V E TAG E

• Prenez contact calmement, poliment et de manière rassurante avec la victime.• Soyez clair et net dans votre approche et vos propositions d’action, afin que

la victime retrouve un sentiment de stabilité.• Soyez compréhensif, amical et rassurant.• N’hésitez pas à rassurer les victimes par un contact protecteur. Par exemple,

prenez la victime dans vos bras pour la consoler.• Permettez aux personnes de donner libre cours à leurs sentiments, leurs

pensées, leurs réactions émotionnelles afin de maîtriser les sentiments liés àla situation.

• Rassurez les personnes anxieuses autant que possible.• Gardez les victimes autant que possible groupées dans un endroit sûr, calme

et isolé ou des tiers pourront éventuellement les soutenir.• Vos gestes doivent être amicaux mais rester respectueux de l’intégrité de la

personne et de sa pudeur.• Eloignez les per turbateurs aussi rapidement que possible, car ils peuvent

provoquer une agitation du groupe.• Si les réactions émotionnelles d’une victime sont inquiétantes, il faut la

confier aux ser vices psychosociaux.• Favorisez toutes les initiatives positives qui permettent aux victimes de

regagner la maîtrise d’elles-mêmes.• Confiez des tâches non dangereuses, sur tout aux personnes hyperactives.• Tenez les proches au courant des mesures d’aide et de soins qui sont

administrées à la victime. Communiquer le manque d’information est déjà unedonnée essentielle. Dans le cadre de vos compétences, donnez régulièrementdes informations exactes et vérifiables. Si vous ne le faites pas, les proches etles amis se cramponneront à chaque “rumeur” qui circule.

• Protégez les victimes contre l’intérêt envahissant des médias.• Respectez le droit de chacun et évitez toute ingérence dans le fonctionnement

d’une famille.

Le rôle du secouriste-ambulancier

14.62M.À.J. - 2002 L e s t r e s s p s y c h o l o g i q u eC h a p i t r e 1 4

Page 503: Manuel Belge Almbulanciers

Le tableau 14.15 vous présente ce qu’il faut éviter absolument dans lescontacts avec les victimes, les familles, l’entourage et les proches:

TABLEAU 14 .15 CE QU ’ I L FAUT EV ITER DANS L’ABORD DES V I CT IMES

• Tenir des sermons moralisateurs, secouer les personnes en leur disant: “j’ai déjà connucela”.

• Leur dire que leur première réaction est anormale.• Donner l’ordre à une personne “de se réveiller”: lui dire qu’il est “en ordre de marche”.• Rassurer par des propos mensongers ou minimiser l’évènement traumatisant: “Tout va

bien, ne vous tracassez pas, le temps guérit les plaies, ce n’est pas grave…”.• Donner des médicaments ou de l’alcool afin de refouler les sentiments gênants.• Prendre des décisions d’une manière isolée.

L ’ I M P L I C AT I O N D E S I N T E R V E N A N T S :L E U R S T R E S S P R O P R E

La majorité des sauveteurs réagira correctement pendant une interventiongrâce à la formation, l’entraînement et l’expérience. Ceci signifie qu’ilspourront faire face d’une manière efficace à une situation de stress etpourront utiliser leur réaction de stress de manière positive. Cependant,chaque intervention aura un prix physique et mental qu’il faudra payer.Une attention suffisante sera accordée à des facteurs comme le repos,l’hygiène, la nourriture, l’habillement et le debriefing.Tant que la situation est sous contrôle et tant que la charge de travail restedans certaines limites, tout ira bien et les réactions de stress seront posi-tives.Si la situation ou la pression de travail s’emballe, certains sauveteursmanifesteront très rapidement des réactions de stress négatives. Celles-ci sont des signes “normaux” dans une situation “anormale”. Si le sauve-teur est bien encadré, il retrouvera rapidement une efficacité optimale.

Comme il a été déjà indiqué antérieurement, il est important d’insister surle fait que les réactions des personnes qui sont exposées à une situationchoquante sont des réactions normales si on tient compte de l’anorma-lité de la situation à laquelle ils sont confrontés. Ceci n’est pas seulementle cas pour les victimes et leurs proches mais également pour les inter-venants dont les secouristes-ambulanciers.

Vous observerez que certains intervenants gardent le contrôle de leurréaction de stress et par conséquent un comportement adéquat. La majo-rité maîtrisera difficilement son stress et aura besoin d’un encadrementpour rester opérationnel. La prise en charge par le groupe joue danscela un rôle important. Une minorité peut manifester des signes destress traumatique qui nécessitent des soins importants. Les signessont ceux d’un malaise sérieux sous la forme d’une attitude contestatai-re, d’une absence mentale, d’une paralysie d’action ou d’un énervementincontrôlé qui durent de quelques minutes à plusieurs heures. A long terme,

Les réactions des secouristes-ambulanciers au stress

14.63M.À.J. - 2002 L e s t r e s s p s y c h o l o g i q u eC h a p i t r e 1 4

Page 504: Manuel Belge Almbulanciers

un évènement traumatisant pourra provoquer des cicatrices mentales,émotionnelles et physiques.

Il est normal qu’un certain délai soit nécessaire pour accepter etapproprier un incident traumatique. Il n’existe cependant pas derègle générale à ce sujet. Certaines situations ne seront jamaisoubliées et en tant qu’intervenant, vous vous les rappellerez parfois.

Il peut être normal que certaines réactions persistent pendant plusieurssemaines (tableau 14.16).

TA B L E AU 1 4 . 1 6 R E AC T I O N S N O R M A L E S P O U VA N T P E R S I S T E R P E N D A N T Q U E L Q U E S S E M A I N E S A P R E S U N I N C I D E N T C R I T I Q U E

• cauchemars et rêves en rappor t avec l’incident • troubles du sommeil • idées compulsives (dont on ne peut s’empêcher) en rappor t avec l’incident • flashbacks (revivre l’incident)• réapparition des mêmes sentiments que pendant l’incident (répétition de la

réaction de stress) • évitement de tous les souvenirs de l’incident• effor ts pour oublier l’incident ou le refouler • besoin ir résistible de par ler de l’incident• impression de ne plus avoir d’avenir• impossibilité d’exprimer ses sentiments• sensation d’avoir changé, de ne plus être le même• repli sur soi-même• hypersensibilité ou hyperactivité• fatigue, sensation d’épuisement prolongé• troubles de concentration, troubles d’idéation• irritabilité• sentiment de culpabilité• …

Si ces problèmes persistent pendant une durée trop longue, il est utiled’en parler avec des collègues qui ont connu le même incident ou avec lemédecin du travail. Il est parfois nécessaire de consulter un spécialiste quiconnaît le milieu des services de secours.

Nous distinguons des mesures de prévention primaire et secondaire. Lesmesures de prévention primaire sont prises avant l’intervention, tandisque les mesures de prévention secondaire sont appliquées pendant etaprès l’intervention.

LES MESURES DE PRÉVENTION PRIMAIRE

La formation technique des sauveteurs, les exercices réguliers et l’expé-rience en sont une partie. Les exercices et le “professionnalisme” (con-naissance des procédures standardisées et des détails) sont parmi les meil-leures précautions contre un stress négatif. Mais cela n’est pas suffisant.Le tableau 14.17 reprend les éléments de base qui peuvent vous être utilespour la maîtrise personnelle du stress.

Mesures de prévention

14.64M.À.J. - 2002 L e s t r e s s p s y c h o l o g i q u eC h a p i t r e 1 4

Page 505: Manuel Belge Almbulanciers

TABLEAU 14.17 CONSEILS POUR UNE BONNE PREPARATION AU STRESS

• Favoriser un repos nocturne suffisant et de bonne qualité.• Une hygiène de vie équilibrée, une détente suffisante à côté de la vie

professionnelle.• Il est plus facile de maîtriser l’effet physique du stress comme l’augmentation

de la fréquence cardiaque et de la fréquence respiratoire lorsqu’on est enbonne santé. Une pratique régulière du spor t et de l’exercice est doncimpor tante.

• Il est impor tant de manger et de boire suffisamment, compte tenu de la per teimpor tante de liquide et la grande consommation d’énergie dans une situationde stress.

• La qualité de la cohésion, de l’esprit de groupe et du soutien social est lameilleure manière de protéger l’individu et le groupe sur le plan mental.

• La famille, qui connaît le travail de l’inter venant, constitue souvent la baseidéale sur laquelle on peut retomber lors de tensions éventuelles. La stabilitéà l’intérieur de sa propre famille est une garantie de détente après unesituation de crise ou une catastrophe.

• La connaissance des symptômes de stress et la familiarisation avec la notiond’incident traumatisant permettent d’agir plus rapidement et par conséquentde maîtriser le problème.

• Connaître ses propres “points faibles” afin que vous-même ou vos collèguespuissent en tenir compte.

LES MESURES DE PRÉVENTION SECONDAIRE

Ces mesures doivent soutenir l’intervenant pendant et après l’évène-ment stressant pour éviter les réactions de stress défavorables.

Des exemples de ces mesures sont rassemblés dans le tableau 14.18suivant:

TA B L E AU 1 4 . 1 8 M E S U R E S D E P R E V E N T I O N D E S C O N S E Q U E N C E S D US T R E S S AU N I V E AU D E L’ E Q U I P E

• Des missions simples et claires dans l’organisation sur le terrain sont lesmeilleurs moyens pour maîtriser le stress normal de l’inter vention.

• Il faut relever le personnel régulièrement et limiter les missions stressantes àun maximum de deux heures si c’est possible.

• Des pauses de repos et des interruptions d’un quar t d’heure doivent êtreprévues toutes les deux heures.

• Le soutien émotionnel est impor tant. On peut mettre les structures suivantesà la disposition des inter venants dans la mesure du possible et en fonction dela gravité de l’inter vention:- une place assise, protégée des intempéries et hors de la vue des medias et

des victimes,- un lieu de parole avec les collègues ou les personnes qui ont vécu une

chose analogue,- des personnes de confiance avec une formation psychologique.

• Une période de transition lors du retour vers la normale est impor tante pourétablir un premier bilan de l’inter vention. Ce bilan peut être technique et/ouplus dirigé vers le vécu (émotionnel) pendant l’inter vention. Il est parfoisindispensable de prévoir un “debriefing émotionnel” immédiatement après oupendant une catastrophe. Ceci doit se faire idéalement en présence d’unepersonne compétente.

14.65M.À.J. - 2002 L e s t r e s s p s y c h o l o g i q u eC h a p i t r e 1 4

Page 506: Manuel Belge Almbulanciers

En tant que secouriste-ambulancier, vous avez déjà appris que la chargementale peut être plus grande pour une personne que son pouvoird’endurance. En plus des soins médicaux, vous devez également accorderl’attention au soutien psychologique de la victime.De par la routine journalière des interventions, vous pensez en premierlieu à aider les autres, parfois au détriment de votre propre santé mentale.Cependant, l’accent est mis dans la formation du secouriste-ambulanciersur le fait qu’à côté des aspects techniques et physiques d’une intervention,sa propre protection mentale est également importante. Il n’en est pasautrement dans une situation de catastrophe. Savoir partager ses senti-ments avec d’autres est particulièrement efficace.

On peut diminuer le risque d’être blessé par une munition en portant ungilet pare-balles. Pour se protéger contre les conséquences néfastes dustress, il est souvent nécessaire de faire appel à d’autres. Heureusement,on est rarement seul pendant une intervention.

C O N C L U S I O N

Des attitudes qu’il faut éviter à tout prix et des conseils pour vous-mêmesont présentés dans le tableau 14.19 suivant:

TA B L E AU 1 4 . 1 9C O N S E I L S P O U R V O U S - M E M E A P R E S U N I N C I D E N T C R I T I Q U E

• Ne vous repliez pas sur vous-même, acceptez les tensions et les émotions.• Parlez de l’incident aussi longtemps que nécessaire et laissez libre cours à vos

émotions.• N’espérez pas que les souvenirs disparaissent rapidement. Donnez-vous le temps de

digérer ce que vous avez vécu.• Souvenez-vous que les signes de stress sont normaux après un incident traumatisant.• Essayez de reprendre un rythme de vie normal.• Passez autant de temps que possible avec votre famille, et expliquez leur ce que vous

avez vécu.• Méfiez-vous d’un usage exagéré de café, de tabac, d’alcool ou de l’automédication

(cela peut diminuer les symptômes, mais ne remédie pas à la cause).• Pratiquez du sport autant que possible, mangez de manière variée et équilibrée.• Informez-vous sur l’incident et ses conséquences.• Prenez part aux discussions après l’incident (debriefing).• Reprenez aussi rapidement que possible vos activités professionnelles.• Prenez part aux initiatives collectives comme des commémorations ou aux funérailles

d’un collègue décédé en intervention.• Si vous vous sentez impuissant, recherchez de l’aide et parlez-en. Le temps n’efface

pas toujours les souvenirs traumatisants si vous les refoulez ou si vous les niez.

Le rôle du secouriste-ambulancier en tant que collègue est très importantpour surmonter le stress. Votre ouverture, votre capacité d’écoute etvotre présence sont le meilleur soutien pour un collègue qui se trouvetemporairement dans les difficultés. Les tableaux 14.20 et 14.21 vous pré-sentent quelques règles de base qui peuvent vous permettre d’être unsoutien pour un collègue souffrant du stress.

14.66M.À.J. - 2002 L e s t r e s s p s y c h o l o g i q u eC h a p i t r e 1 4

Page 507: Manuel Belge Almbulanciers

14.67M.À.J. - 2002 L e s t r e s s p s y c h o l o g i q u eC h a p i t r e 1 4

TA B L E AU 1 4 . 2 0 C O N S E I L S P O U R S O U T E N I R V O S C O L L E G U E S

• Informez-vous concernant l’incident et la source du stress pour mieuxcomprendre les réactions de votre collègue.

• Adressez la parole au collègue pendant la pause café, pendant les momentsde détente.

• Ne posez pas de jugement sur l’incident ou les réactions, il vous estimpossible de ressentir vous-même ce que les autres ont ressenti. Acceptezses sentiments (colère, honte, culpabilité, tristesse, déception, …). Soyezobjectif et aidez votre collègue à comprendre ses sentiments.

• Ecoutez ce qu’il dit. Soyez attentif et intéressez-vous à ce qu’il a vécu.• Encouragez votre collègue à par ler. Tenez compte du fait qu’une retenue ou

un compor tement de repli est fréquent.• “Explique-moi ce qui s’est passé, … cela doit avoir été terrible pour toi, …

as-tu déjà rencontré une situation semblable?, …” sont quelques motssimples mais impor tants.

• Acceptez l’émotivité, n’ayez pas peur des larmes ou des moments de silence.• Connaissez vos limites, respectez la confiance que le collègue vous a

accordée, ne faîtes pas de promesses que vous ne pouvez tenir.• Respectez la confidence de ce qui vous est confié.

TA B L E AU 1 4 . 2 1 AT T I T U D E S A E V I T E R

• un style autoritaire (“reprends-toi, ce n’est rien, …”)• une condamnation (“tu aurais dû suivre les directives, …”)• un discours moralisateur (“nous ne faisions que notre travail, …”)• la considération de quelqu’un comme un malade (“tu es malade, consulte un

psychiatre, …”)• une minimalisation des faits et des sentiments (“ce n’est pas si grave, demain

cela ira déjà beaucoup mieux, …”)

C O N C L U S I O N

Au cours des dernières années, l’autorité et la population se sont sensi-bilisés à la nécessité d’une psychologie de crise et d’une aide aux victimesd’un événement potentiellement traumatique. Il faut apporter son atten-tion à tous les impliqués. L’implication des intervenants, la gestion dustress, le stress post-traumatique (PTSD) ainsi que le burn-out sont lar-gement acceptés.

Page 508: Manuel Belge Almbulanciers

1 LE C O R P S H U M A I N

2 LE S P R E M I È R E S M I N U T E S

3 LE S A F F E C T I O N S À R I S Q U E V I TA L

4 LE PAT I E N T T R AU M AT I S É

5 MA L A D I E S E T I N TOX I C AT I O N S

6 GR O S S E S S E E T AC C O U C H E M E N T I N O P I N É

7 L’E N FA N T E N D É T R E S S E

8 UR G E N C E S P R OV O Q U É E S PA R AG E N T S P H YS I Q U E S

9 UR G E N C E S P S YC H I AT R I Q U E S

10 LE T R A N S P O R T D U PAT I E N T

11 LE S C ATA S T R O P H E S

12 OR G A N I S AT I O N D E L’A I D E M É D I C A L E U R G E N T E

13 TE C H N I Q U E S

14 SU P P L É M E N T S

15 VO C A B U L A I R E

Page 509: Manuel Belge Almbulanciers

15GLOSSAIRE DUMANUEL POUR SECOURISTES-AMBULANCIERS

CONTENU

15.1 Glossaire du manuel poursecouristes-ambulanciers

15.2 Traduction comparée destermes usuels

Page 510: Manuel Belge Almbulanciers

15.1 Glossaire du manuel pour secouristes-ambulanciers

Les secouristes-ambulanciers sont souvent confrontés à des termes médi-caux ou des mots très spécialisés.Ce glossaire reprend la plupart des termes employés dans ce manuel.Ceux-ci sont classés par ordre alphabétique.

Abdominal Situé dans la région du ventre

Allergène Substance qui provoque une réaction allergique

Anatomie La description de la structure du corps humain

Angine de poitrine Douleur située dans les épaules ou le thorax causée par le manque d’oxy-gène du muscle cardiaque

Antérieur Qui se situe en avant

Aorte La plus grosse des artères du corps humain qui conduit le sang du ven-tricule gauche vers tout le réseau artériel

Artère Vaisseau sanguin conduisant le sang du cœur vers les organes et leréseau capillaire

Aspiration (appareil d’aspiration) Système permettant d’aspirer de la salive, du sang, des vomissementsdans le but de dégager les voies respiratoires

Asthme Difficultés respiratoires provoquées par une contraction des bronches. Lepatient expire très difficilement.

Autonome Le système nerveux autonome assure les différentes fonctions neurolo-giques (fonctions des nerfs) qui peuvent s’accomplir sans commandevolontaire de l’individu

AVC Accident vasculaire cérébral, problème circulatoire touchant le cerveau:blocage de la circulation par un caillot ou rupture d’un vaisseau avechémorragie cérébrale

Blast Terme anglais définissant les lésions provoquées par l’effet de souffle etl’onde de choc d’une explosion

Bonbonne Réservoir contenant un gaz: par exemple l’oxygène

15.2G l o s s a i r eC h a p i t r e 1 5

Page 511: Manuel Belge Almbulanciers

BPCO Broncho-pneumopathie chronique obstructiveMaladie respiratoire chronique, liée à de multiples facteurs. Les petitesbronches du patient se rétrécissent et sont encombrées par du pus et dumucus.

Bronches Ramifications des voies respiratoires dans les poumons

Canule oropharyngée Appareil servant à maintenir la bouche ouverte tout en soutenant la langue

Canule pharyngée Idem

Capillaire Fin comme un cheveu, petit vaisseau sanguin au contact des cellules

Cardiopulmonaire Qui concerne le cœur et les poumons, c’est-à-dire la circulation et larespiration. Exemple: réanimation cardiopulmonaire

Central Le système nerveux central est constitué du cerveau et de la moelleépinière

Cérébral Dans la région du cerveau (à l’intérieur de la boîte crânienne)

Cérébro-spinal Qui est situé dans le cerveau et dans la moelle épinière (ex.: le liquidecérébro-spinal)

Cervical Dans la région du cou

Choc Etat pathologique durant lequel les cellules du patient sont mal irriguéeset manquent d’oxygène. Dans le langage courant, le mot “choc” est sou-vent employé comme “choc émotionnel”. En médecine, le choc n’est pascette situation émotionnelle mais cette détresse circulatoire

Choc anaphylactique Etat de choc provoqué par une réaction allergique massive

Colon Gros intestin

Conjonctive Quand il s’agit de l’œil, le blanc de l’œil

Coronaire Artère nourricière du muscle cardiaque

Cyanose Couleur bleuâtre et grisâtre, surtout visible au niveau des lèvres, desoreilles, des ailes du nez, du bout des doigts et signant un manque d’oxy-gène chez le patient.

Débitmètre Système permettant de régler le débit de sortie d’un gaz

Décubitus dorsal Couché sur le dos

Décubitus latéral Couché sur le côté

Décubitus ventral Couché sur le ventre

15.3G l o s s a i r eC h a p i t r e 1 5

Page 512: Manuel Belge Almbulanciers

Défibrillation Technique utilisée par une équipe médicale pour traiter la fibrillation ducœur: la technique consiste à envoyer un choc électrique puissant, de caractéristique bien définie, à travers le thorax du patient

Derme Couche intermédiaire de la peau

Détendeur Système ramenant un gaz d’une pression élevée vers une pression plusbasse, proche de la pression atmosphérique

Diaphragme Grand muscle dont la fonction principale est la respiration, situé entre lethorax et l’abdomen

Distal Qui est situé loin du point de référence (pour le corps humain, le point deréférence est en général le tronc)

Dyspnée Difficultés respiratoires

Eclampsie Maladie survenant à la fin d’une grossesse, pouvant provoquer de l’hyper-tension et des convulsions

Embolie Echappement dans la circulation sanguine de caillots bloquant la circu-lation.

Emphysème Présence de petites bulles d’air

EPADONO Abréviations de “éveillé, parole, douleur, non réactif ”: échelle trèsrésumée utilisée pour définir la conscience de quelqu’un qui est soitéveillé, soit qui s’éveille lorsqu’on lui parle, soit qui s’éveille lorsqu’on lepince ou qui ne réagit pas du tout

Epiderme Couche supérieure de la peau

Epiglotte Sorte de chapeau cartilagineux réalisant l’ouverture et la fermeture dularynx et sa séparation de la voie digestive. L’épiglotte est située juste au-dessus des cordes vocales, à l’entrée de la trachée

Epiglottite Inflammation et infection de l’épiglotte

Extradural Situé en dehors des enveloppes du cerveau

Faciès Le visage

Fibrillation ventriculaire Activité électrique désordonnée des ventricules cardiaques provoquantune chute du débit cardiaque

Glasgow Coma Scale (GCS) Echelle internationale permettant de définir l’état neurologique du patient

Heimlich (manœuvre de) Technique de compression réalisant une toux artificielle et permettant delibérer les voies respiratoires du patient

15.4G l o s s a i r eC h a p i t r e 1 5

Page 513: Manuel Belge Almbulanciers

Hémothorax Présence de sang entre le poumon et la paroi thoracique

Hyperglycémie Concentration trop élevée du sucre dans le sang

Hyperventilation Ventilation trop ample et trop rapide

Hypoglycémie Concentration trop faible du sucre dans le sang

Immunitaire Qui a un rapport avec l’immunité, c’est-à-dire les défenses de l’organis-me contre les infections

Infarctus du myocarde Lésion du muscle cardiaque causée par le manque d’oxygène et le man-que de circulation. Les artères qui provoquent cette insuffisance circula-toire sont les artères coronaires

Insuffisance respiratoire Fonction respiratoire diminuée et insuffisante

Intracrânien Situé à l’intérieur du crâne

Intradural Situé à l’intérieur des enveloppes protégeant le cerveau

Iris Dans l’œil, l’anneau coloré situé entre la conjonctive et la pupille.

Laryngoscope Appareil muni d’un éclairage permettant de visualiser le larynx d’unpatient

Larynx Le début de la trachée, là où sont situées les cordes vocales

Lombaire Situé dans le bas du dos

Lunette à oxygène Système souple destiné à délivrer de l’oxygène au patient, maintenu surle visage du patient par une armature semblable à des branches de lunettes

Manomètre Système mesurant la pression du gaz dans une bonbonne

Masque à réservoir (O2) Masque permettant de délivrer de l’oxygène à haute concentration à unpatient qui respire spontanément. Ce masque est muni d’un sac réservoirpour l’O2

Masque de poche Masque facial particulier, repliable

Masque facial Appareil que l’on pose sur la figure du patient pour réaliser une ventila-tion artificielle

Masque simple (O2) Masque permettant de délivrer de l’oxygène à un patient qui respirespontanément

Masque-valve-ballon Dispositif permettant de ventiler un patient qui ne respire plus

15.5G l o s s a i r eC h a p i t r e 1 5

Page 514: Manuel Belge Almbulanciers

Massage cardiaque externe Compression rythmique du thorax permettant de réaliser une circulationartificielle

Maxillaire inférieur Mâchoire

Médian Qui se situe près de la ligne médiane (le milieu)

Médullaire Situé dans la région de la moelle épinière

Méninges Les enveloppes qui protègent le cerveau

Méningite Atteinte par une infection ou une inflammation des enveloppes qui entou-rent le cerveau

Mouvement paradoxal Se dit des mouvements anormaux d’un volet thoracique. Ces mouve-ments sont dits paradoxaux parce qu’à l’endroit du volet thoracique, laparoi “rentre” vers l’intérieur du thorax à l’inspiration et “sort” versl’extérieur du thorax à l’expiration

Occipital Dans la région supérieure et postérieure de la tête (de la voûte du crânejusqu’au cou)

Œdème Présence anormale d’eau dans des tissus ou des organes

Oral (voie) Par la bouche

Pansement compressif Pansement réalisant une compression destinée à arrêter une hémorragiesans la pose d’un garrot

Pectoral Dans la région antérieure du thorax

Pelvienne Située dans la région du pelvis: le bas du ventre et les organes situés dansle bassin

Périphérique Le système nerveux périphérique est constitué des nerfs situés en dehorsde la moelle épinière et du cerveau

Pharynx Fond de la gorge où sont situées les amygdales et la base de la langue

Physiologie La description du fonctionnement du corps humain

Plèvre Membrane située entre les poumons et la paroi du thorax

Pneumothorax Présence d’air entre le poumon et la paroi thoracique

Postérieur Qui est situé en arrière, du côté du dos

Procédure Ensemble de gestes et d’actions complètement standardisés

Protrusion Poussée en avant: protrusion de la mâchoire, pousser la mâchoire en avant

15.6G l o s s a i r eC h a p i t r e 1 5

Page 515: Manuel Belge Almbulanciers

Proximal Qui est situé près du point de référence (pour le corps humain, le point deréférence est en général le tronc)

Pupille Dans l’œil, l’anneau central (vide) situé au centre de l’iris; les pupillesapparaissent noires

RCP Réanimation cardio-pulmonaire: manœuvre de réanimation assurantune respiration artificielle et une circulation artificielle par massage car-diaque externe

Rétine La couche de cellules sensibles qui tapisse l’intérieur de l’œil et quiassure la vision

Sac réservoir (O2) Sac en plastique souple servant de réserve à un masque à oxygène

Sacrée Situé en dessous de la région lombaire, juste au-dessus de l’anus

SIDA Syndrome d’Immuno-Déficience Acquise: maladie provoquée par le virusHIV durant laquelle les défenses immunitaires d’un patient sont dé-primées. Cette situation permet des infections multiples. Le terme anglaisest AIDS: Acquired Immun Deficience Syndrom

SMUR Service Mobile d’Urgence: fonction hospitalière d’une équipe médicalemobile assurant des missions à la demande du service 100

Sonde nasale Petit tuyau en plastique permettant de délivrer un débit d’oxygène faible

Sous-cutané Juste en dessous de la peau

Syncope Perte de connaissance

Tamponnade cardiaque Présence de sang à l’intérieur du péricarde, qui est un sac qui entoure lecœur. A ce moment, le cœur ne peut plus fonctionner normalement caril est “comprimé” par ce sang présent dans ce sac qui l’entoure complè-tement

Temporal Situé dans la région des tempes (côté de la tête en avant des oreilles et enarrière des yeux)

Tétanie Contractures particulières provoquées, le plus souvent, par une périoded’hyperventilation

Thrombose Coagulation qui se réalise à l’intérieur d’un vaisseau sanguin et qui le bou-che. Le caillot s’appelle un thrombus

Traumatologie Branche de la médecine qui s’occupe des lésions provoquées par desaccidents

Trendelenburg (position de) Position dans laquelle les jambes du patient sont surélevées.

15.7G l o s s a i r eC h a p i t r e 1 5

Page 516: Manuel Belge Almbulanciers

Tube endotrachéal Tube particulier en plastique souple et transparent destiné à être posi-tionné dans le larynx (et donc la trachée) d’un patient

Tumeur Prolifération anormale de cellules

Uretère Conduit reliant les reins à la vessie

Urètre Conduit situé entre la vessie et l’extérieur du corps

Utérus Matrice

Veine Vaisseau sanguin conduisant le sang des organes et du réseau capillairevers le cœur

Volet thoracique Multiples fractures de côtes ayant pour conséquence des mouvementstout à fait anormaux de la paroi thoracique. Le volet thoracique entraîneune insuffisance respiratoire très importante

15.8G l o s s a i r eC h a p i t r e 1 5

Page 517: Manuel Belge Almbulanciers

15.9M.À.J. - 1999 T r a d u c t i o n c o m p a r é e C h a p i t r e 1 5

abandonner

abcès

abdominal

abduction

abrasion

absorption

abus

accélération

accident vasculaire cérébral

adduction

agitation

aigu

aisselle

allergie

alvéoles

ambulance

amnésie

achterlaten hinterlassen abandon

abces Abszeß abcedation

abdominaal abdominal abdominal

abductie Abduktion abduction

schaafwonde Schürfwunde abrasion

opname Absorption absorption

misbruik Abusus abuse

versnelling Beschleunigung acceleration

hersenverlamming Hirninsult stroke

adductie Adduktion adduction

rusteloosheid Erregung agitation

akuut akut acute

oksel Achselhöhle armpit

overgevoeligheid Allergie allergy

longblaasjes Lungenbläschen alveoli

ziekenwagen Krankenwagen ambulance

geheugenverlies Amnesie amnesia

15.2 Traduction comparée des termes usuels

Voici une traduction comparée des termes usuels en quatre langues(français, néerlandais, allemand et anglais). Cette dernière doit améliorerles contacts avec les patients que nous prenons en charge. Cette traductionsera aussi utile pour favoriser les rapports entre les différents services desecours belges et pour faciliter les relations avec des services d’urgenced’autres pays.

NÉERLANDAIS ALLEMAND ANGLAIS

Page 518: Manuel Belge Almbulanciers

15.10M.À.J. - 1999 T r a d u c t i o n c o m p a r é e C h a p i t r e 1 5

amphétamine

amplitude

amputation

AMU

anatomie

angine

anisocore

antérieur

anticorps

antidote

antigène

anus

aorte

apoplexie

appendice

arrêt

artère

artère coronaire

artériel

articulation

artificiel

arythmie

aspiration

aspirer

asystolie

attelle

amfetamine Amphetamine amphetamine

golfhoogte Amplitude amplitude

amputatie Amputation amputation

DGH DMH Emergency Medical Care

ontleedkunde Anatomie anatomy

angor Angina angor

anisocoor anisokor anisocore

voor vorne anterior

antilichaam Antikörper antibody

antidoot Gegengift antidote

antigeen Antigen antigen

aars After anus

lichaamsslagader Aorta aorta

beroerte Apoplex stroke

blindedarm Wurmfortsatz appendix

stilstand Stillstand arrest

slagader Arterie artery

kransslagader Herzkranzschlagader coronary artery

slagaderlijk arteriell arterial

gewricht Gelenk joint

kunstmatig künstlich artificial

arythmie Arrhythmie arrhytmia

aspiratie Aspiration suction

zuigen saugen suctioning

asystolie Asystolie asystole

spalk Schiene splint

Page 519: Manuel Belge Almbulanciers

15.11M.À.J. - 1999 T r a d u c t i o n c o m p a r é e C h a p i t r e 1 5

auditif

auscultation

autonome

AVC

avortement

ballon-valve-masque

bassin

bilatéral

BPCO

bronche

cage thoracique

caillot

canule

capillaire

carotide

cartilage

catastrophe

cervelet

charbon de bois activé

cheville

choc

circulation

civil

clavicule

auditief auditiv auditory

beluistering Auskultation auscultation

autonoom autonom autonomic

CVA HI CVA

vruchtafdrijving Abtreibung abortion

zak-klep-masker Maske-Ventil-Beutel bag-valve-mask

bekken Becken pelvis

bilateraal zweiseitig bilateral

CARA CARL COPD

luchtpijptak Bronchien bronchi

borstkas Brustkorb thorax

bloedklonter Blutpfropf thrombus

buisje Kanüle cannula

haarvat Kapillare capillary

halsslagader Karotis carotis

kraakbeen Knorpel cartilage

ramp Katastrophe disaster

kleine hersenen Kleinhirn cerebellum

actieve kool aktivierte Holzkohle activated charcoal

enkel Fußknöchel ankle

shock Schock shock

hart- en Kreislauf circulation

burgerlijk zivil civil

sleutelbeen Schlüsselbein clavicle

bloedvatenstelsel

Page 520: Manuel Belge Almbulanciers

15.12M.À.J. - 1999 T r a d u c t i o n c o m p a r é e C h a p i t r e 1 5

cloison

col de l’utérus

colon

commotion cérébrale

complication

comportement

conduction

constriction

contamination

contondant

contusion

convulsion

corde vocale

cordon ombilical

côte

cotyle

CPAS

crâne

crépitation

croup

cyanose

danger

débit

décélération

décontamination

tussenschot Septum septum

baarmoederhals Gebärmutterhals cervix

dikke darm Dickdarm colon

hersenschudding Gehirn-erschütterung concussion

verwikkeling Verwicklung complication

gedrag Verhalten behavior

geleiding Leitung conduction

toesnoering Verengung constriction

besmetting Kontamination contamination

stomp stumpf blunt

hersenkneuzing Kontusion contusion

stuip Konvulsion/Zuckung convulsion/seizure

stemband Stimmband vocal cord

navelstreng Nabelschnur umbilical cord

rib Rippe rib

heuppan Hüftpfanne acetabulum

OCMW ÖSHZ x

schedel Schädel cranium

kraken Knacken crepitation

kroep Krupp croup

blauwzucht Zyanose cyanosis

gevaar Gefahr danger

debiet Zeitvolumen flow

vertraging Verlangsamung deceleration

reiniging Dekontamination decontamination

Page 521: Manuel Belge Almbulanciers

15.13M.À.J. - 1999 T r a d u c t i o n c o m p a r é e C h a p i t r e 1 5

détendeur

diabète

diaphragme

dilater

dilution

dioxyde de carbone

dislocation

dissociation électro-mécanique

distension

drogue

ecchymose

écraser

ectopique

effet secondaire

embolie

en décubitus dorsal

en décubitus ventral

enregistrer

entorse

EPADONO

épiglotte

érythème

état

expectoration

ontspanner Auslöser pressure regulator

suikerziekte Zuckerkrankheit diabetes

middenrif Zwerchfell diaphragma

verwijden erweitern dilate

verdunning Verdünnung dilutie

koolzuurgas Kohlendioxid carbon dioxide

ontwrichting Luxation dislocation

elektromechanische Elektromechanische pulslessdissociatie Entkopplung electrical activity

verrekking Zerrung strain

geneesmiddel Arzneimittel drug

blauwe plek Ecchymose bruising

pletten zerquetschen crush

buitenbaarmoederlijk ektopisch ectopic

nevenwerking Nebenwirkung side effect

embool Embolie embolism

achteroverliggend in Rückenlage supine

vooroverliggend in Bauchlage prone

optekenen notieren registrate

verstuiking Verstauchung sprain

WAPA WASA AVPU

strotklepje Kehlkopfdeckel epiglottis

roodheid Rötung erythema

toestand Zustand status

fluim Auswurf sputum

Page 522: Manuel Belge Almbulanciers

15.14M.À.J. - 1999 T r a d u c t i o n c o m p a r é e C h a p i t r e 1 5

expiration

extension de la tête

externe

extrémité

fausse couche

fébrile

fermé

fièvre

fréquence

friction

gangrène

GCS (Echelle d’évaluation de Coma de Glasgow)

hématémèse

hémorragie

hémostase

hémothorax

heure d’or

humidificateur

hypersensitif

hypnotisant

hypothermie

hypoxie

uitademing Ausatmung exhalation

hoofdstrekking Kopfüberstreckung head-tilt

uitwendig extern external

lidmaat Extremität extremity

miskraam Fehlgeburt miscarriage

koortsig fieberhaft febrile

gesloten geschlossen closed

koorts Fieber fever

frequentie Frequenz rate

wrijving Friktion friction

gangreen Gangren gangrene

GCS (Glasgow GKS (Glasgow GCS (GlasgowComa Scale) Koma Schale) Coma Scale)

bloedbraken Blutbrechen hematemesis

bloeding Blutung hemorrhage

hemostase Blutgerinnung haemostasis

hemothorax Hämothorax haemothorax

gouden uur golden hour golden hour

bevochtiger Befeuchter humidifier

overgevoelig überempfindlich hypersensitive

slaapverwekkend einschläfernd hypnotic

onderkoeling Unterkühlung hypothermia

zuurstoftekort Sauerstoffmangel hypoxia

Page 523: Manuel Belge Almbulanciers

15.15M.À.J. - 1999 T r a d u c t i o n c o m p a r é e C h a p i t r e 1 5

imprévu

inconscience

infarctus du myocarde

ingestion

inhaler

injection

inspiration

insuffisance

insuffisance cardiaque congestive

interne

intervention

intoxication

lacération

larynx

lésion

ligament

ligne médiane

local

lunettes à oxygène

mâchoire

manœuvre de Heimlich

manomètre

masque à réservoir d’oxygène

plots plötzlich sudden

bewusteloosheid Bewußtlosigkeit unconsciousness

hartinfarct Herzinfarkt myocardial infarction

inname Einnahme ingestion

inademen Inhalieren inhalate

inspuiting Einspritzung injection

inademing Einatmung inspiration

tekort Insuffizienz insufficiency

congestief Stauungs- congestivehartfalen Herzinsuffisienz heart failure

inwendig intern internal

tussenkomst Intervention intervention

vergiftiging Vergiftung intoxication/poisoning

snijwonde Schnittwunde laceration

strottenhoofd Kehlkopf larynx

verwonding Verletzung injury

gewrichtsband Gelenkband ligament

middellijn Mittellinie midline

plaatselijk örtlich local

zuurstofbril Sauerstoffbrille nasal cannula

onderkaak Unterkiefer mandible

Heimlich maneuver Heimlich-Handgriff Heimlich maneuver

drukmeter Druckmesser manometer

masker met Maske mit nonrebreatherreservoir Reservoirbeutel mask

Page 524: Manuel Belge Almbulanciers

15.16M.À.J. - 1999 T r a d u c t i o n c o m p a r é e C h a p i t r e 1 5

matrice

maxillaire supérieur

médical

membre

méninges

mental

moelle épinière

monoxyde de carbone

mort-né

muscle

myocarde

narcotique

nerf

noyade

occlusion

œdème

œsophage

onde de choc

orbite

oreillette

ORL

os

ovaire

oxygène

baarmoeder Gebärmutter uterus

bovenkaak Oberkiefer maxillae

geneeskundig medizinisch medical

lidmaat Gliedmaße limb

hersenvliezen Hirnhäute meninges

geestelijk mental mental

ruggenmerg Rückenmark medulla

koolstofmonoxyde Kohlenmonoxyd carbon monoxyde

doodgeboren totgeboren stillborn

spier Muskel muscle

hartspier Herzmuskel myocard

verdovend betäubend narcotic

zenuw Nerv nerve

verdrinking Ertrinken drowning

verstopping Verschluß occlusion

vochtopstapeling Ödem edema

slokdarm Speiseröhre esophagus

schokgolf Druckwelle blast

oogkas Augenhöhle orbit

voorkamer Vorhof atrium

NKO HNO ENT

bot Knochen bone

eierstok Eierstock ovary

zuurstof Sauerstoff oxygen

Page 525: Manuel Belge Almbulanciers

15.17M.À.J. - 1999 T r a d u c t i o n c o m p a r é e C h a p i t r e 1 5

pancréas

pansement

pansement

paralysie

parésie

partiel

pathogène

pathologie

pédiatrie

perforant

perfusion

péricarde

périmètre

périphérique

péritoine

physique

placenta

plaie

plaquettes

plèvre

pneumonie

poison

position

pouls

pouls

alvleesklier Bauchspeicheldrüse pancreas

verband Binde dressing

verband Verband bandage

verlamming Lähmung paralysis

krachtsvermindering Schwäche paresis

gedeeltelijk partiell partial

ziekteverwekkend Krankheits-erregend pathogen

ziekteleer Krankheitslehre pathology

kinderziektenleer Kinderheilkunde pediatrics

doorborend perforierend penetrating

doorbloeding Durchblutung perfusion

hartzakje Herzbeutel pericard

omtrek Umriß perimeter

oppervlakkig oberflächlich peripheral

buikvlies Bauchfell peritoneum

lichamelijk physikalisch physical

moederkoek Nachgeburt afterbirth

wonde Wunde wound

plaatjes Blutplättchen platelets

longvlies Lungenfell pleura

longontsteking Lungenentzündung pneumonia

gif Gift poison

houding Haltung position

pols Puls pulse

polsslag Pulsschlag pulse

Page 526: Manuel Belge Almbulanciers

15.18M.À.J. - 1999 T r a d u c t i o n c o m p a r é e C h a p i t r e 1 5

poumon

prématuré

préposé

présentation par le siège

pression

procédure

prolapsus

protéine

protrusion

psychique

quadrant

qualité

quantité

radiation

RCP

réflexe de vomissement

rétablissement

reproduction

respiration

responsabilité

rétine

rotule

rupture

long Lunge lung

voortijdig vorzeitig premature

aangestelde Zentralist, dispatcher

stuitpresentatie Steißlage breech presentation

druk Druck pressure

werkwijze Vorgehensweise procedure

uitstulping Prolapsus prolapse

eiwit Eiweiß protein

vooruitduwen nach vorne drücken protrusion

geestelijk psychisch psychic

quadrant Quadrant quadrant

kwaliteit Qualität quality

hoeveelheid Quantität quantity

straling Strahlung radiation

CPR HLW CPR

braakreflex Brechreflex gag reflex

herstel Erholung recovery

voortplanting Fortpflanzung reproduction

ademhaling Atmung breathing

verantwoordelijkheid Verantwortung responsibility

netvlies Netzhaut retina

knieschijf Kniescheibe patella

scheur Riß rupture

Page 527: Manuel Belge Almbulanciers

15.19M.À.J. - 1999 T r a d u c t i o n c o m p a r é e C h a p i t r e 1 5

saturation

scoop

selles

sensibilité

sevrage

SI

SIDA

SMUR

somnolent

soufflant

sous-cutané

sternum

stomie

subluxation de la mandibule

symptôme/signe

syncope

système

talon

tamponnade cardiaque

tendon

tension artérielle

thyroïde

tourniquet

verzadiging Sättigung saturation

schepbrancard Scoop scoop stretcher

stoelgang Stuhlgang faeces

gevoeligheid Empfindlichkeit sensibility

ontwenning Entziehung withdrawal

BW FW FD

AIDS AIDS AIDS

MUG NAW MICU

slaperig schläfrig somnolent

zuigend saugend sucking

onderhuids subkutan subcutaneous

borstbeen Brustbein sternum

stoma Stoma stoma

kaak-duw Subluxation des jaw-thrustUnterkiefers

teken Anzeichen/Zeichen symptom/sign

bezwijming Ohnmacht syncope

stelsel Apparat system

hiel Ferse calcaneus

harttamponade Herzbeutel-tamponade cardiac tamponade

pees Sehne tendon

bloeddruk Blutdruck blood pressure

schildklier Schilddrüse thyroid

knevel Knebel tourniquet

Page 528: Manuel Belge Almbulanciers

15.20M.À.J. - 1999 T r a d u c t i o n c o m p a r é e C h a p i t r e 1 5

trachée

traction antérieure du menton

transport

accident

travail

triage

ulcère

uretère

urètre

veine

ventilation

ventricule

vertèbre

visage

voies respiratoires

xyphoïde

luchtpijp Luftröhre trachea

kin naar boven Esmarch-Handgriff chin-lift

vervoer Transport transport

ongeval Unfall accident

arbeid Wehen labor

voorkeuze Triage triage

zweer Geschwür ulcer

urineleider Harnleiter ureter

urinekanaal Harnkanal urethra

ader Vene vein

beademing Beatmung ventilation

kamer Herzkammer ventricle

wervel Wirbel vertebra

aangezicht Gesicht face

ademweg Atemwege airway

zwaardvormig Schwertfortsatz xyphoidaanhangsel