MANAGERS N°4-5

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One of the best panafrican magazine based in Paris.

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S

EDITORIAL

Si vos plus belles chimères se sont heurtées à la forteresse de l’insuccès, c’est le moment plus que jamais de vous montrer opiniâtre. Paradoxal ? Pas tant que ça. Car, c’est l’acharnement qui libère le potentiel. Soyez-en persuadés, répétez-vous tous les jours que votre disette patrimoniale a assez duré, et faîtes tout pour que la situation change ! Sous le double prétexte que c’est le destin qui tire les ficelles de notre réussite, et qu’il faut en la matière accepter son sort, nombre de managers potentiels croisent les bras, dans l’attente d’un hypothétique coup de chance, au lieu de se risquer dans les affaires. On ne le répètera jamais assez, la réussite s’offre à ceux qui la désirent le plus, ceux qui libèrent le potentiel qui sommeille en eux ainsi que ceux qui conservent leur dynamisme, en dépit des vicissitudes de la vie.Libérer votre potentiel suppose que vous conserviez tous les jours votre dynamisme. Il est important que vous aimiez ce que vous faîtes, que vous restiez motivé en per-manence. Les personnes motivées ont à peine besoin d’être encouragées. Elles ont en elles cette énergie, qui les fait rester constamment sur la brèche. Si vous êtes à la tête d’une entreprise, faîtes preuve de discernement, sachez reconnaître les collabo-rateurs motivés, ceux-là feront progresser votre business.Conserver son dynamisme, c’est se libérer l’esprit de toute négativité. Ne cédez ni aux idées noires ni aux ondes négatives. Soyez persuadés que la pensée positive a un effet multiplicateur de vos capacités. Comment gravir les marches de la gloire si vous doutez de vous-même ou si vous vous laissiez dominer par des idées tris-tes? Transcendez vos peurs d’insuccès, chassez la déprime de votre vie, n’abdiquez jamais, vous risquez de le faire quelques ... secondes avant l’heure de votre suc-cès. Yannick Noah, ex-tennisman émérite, aujourd’hui chanteur adulé, s’est produit maintes fois dans des salles presque vides avant d’être acclamé dans des enceintes bondées. S’il s’était découragé à ses débuts, s’il s’était dit qu’il n’y arriverait jamais,

devant le peu d’empressement du public à ses débuts, il est évident que sa carrière musicale n’aurait pas l’actuelle envergure. D’un opti-misme débordant, travailleur acharné, perfectionniste infatigable, il a gardé intact son dynamisme au moment de ses premiers déboires. Yannick Noah est assurément un exemple à suivre.Enfin, pour mieux vous satisfaire, votre magazine a opéré une mue complète, tant sur le fond que sur la forme. Vous avez sans doute déjà remarqué, dans notre précédent numéro, le relookage graphique et l’ajout de certaines rubriques. Merci aux milliers de lecteurs et aux annonceurs qui continuent de nous soutenir.

C’est qui libère le

Mouftaou BADAROUDirecteur de la Publication

1 Passage Savart 75020 Paris

Tel 01 43 72 60 06Fax 01 43 48 01 30

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Mouïnath OlabissiChérifa Badirou

Yves MartialArnaud ValetteDaphné Benoît

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Ibrahima S. DialloMoussa Bolly

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CONSEILLER A LA REDACTIONPrince Essonne Mfoulou-Ze

COLLABORATIONS PARTICULIERESLucie GuchetEric Bachelier

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Les cahiers de ManagersJean-Paul Korzec 06 75 31 19 91

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EDITEURLA PANAFRICAINE DES MEDIAS SARL

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Dépôt légal à parutionISSN en cours

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La rédaction n’est pas responsable des articles proposés par les collaborateurs; ceux-ci assumant

le choix de leurs textes et photos.

l’acharnementpotentiel

Managers N°4&5Avril-Mai-Juin 2008

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Sommaire

Page 23 Aziz Senni le robin des banlieues françaises

Page 39 Que rapporte l’exploitation de l’or à l’Etat malien

Page 46 Les femmes leaders africaines sont à l’honneur à Paris en avril

Page 58 Histoire d’un acharnement sur Karim Wade

CourrierCES AFRICAINS QUI REUSSISSENT EN FRANCERobert Kouabo, Kiosquier à ParisA L’AFFICHEZita Douka, écrivaine gabonaiseLouis Gaston Mayila, un investisseur patrioteChristiane Diane-Kollo orthopédisteMENTION BIEN ÀMahamadou Konaté, voyagiste - directeur de KCB voyagesçA VOUS INTERESSELa Franchise Santé, une mesure injuste ?La dépression au travailLa vogue du bioConsommation : comment éviter une intoxication alimentaireQuelles sont les circonstances d’un vol d’identité ?MANAGER D’EXCEPTIONAziz SENNI, Chef d’entreprise, directeur de ATA FRANCECOACHING20 résolutions pour réussirBON A SAVOIRCréateurs d’entreprise, Lucie Guchet vous vous conseille DES HOMMES ET DES AFFAIRES FLORISSANTESLe fabuleux destin de Aliou TomotaINDICATEURQue rapporte l’exploitation de l’or à l’Etat malien ?INTERNATIONALPrésidentielles américaines 2008 : Et si c’était lui ?L’AFRIQUE QUI GAGNECheik Modibo Diarra : un cerveau au service de l’AfriqueAfrica Femmes PerformantesFOCUSBénin : Yayi Boni : deux ans aprèsMENTION BIEN à Abdallah Denis NguessoPARCOURS REUSSIFrancine Rashiwa, artiste peintreUN CONTINENT EN MUTATIONSNiger : Et si Hama Amadou avait un destin présidentiel ?Préparatifs du sommet de l’OCI à Dakar : Histoire d’un acharnementKarim l’ambitieuxMEDIASLa révolution audiovisuelle en Afrique FrancophoneFORUMQuelles stratégies pour l’indépendance économique de l’Afrique ?TAPIS ROUGE

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urrie

r Comme des joueurs affûtés d’un monopoly planétaire, les nouveaux capitalistes chinois s’achètent des entreprises étrangères à tour de bras. Le milliardaire Hon-gkongais Li Ka-Shing (et donc Chinois), acquéreur du parfumeur français Marion-naud en novembre 2005, incarne ces porte-étendards de l’Empire rouge. Sa filiale de distribution AS Watson contrôle aujourd’hui 3500 magasins dans les principales villes européennes. Ce self-made man, qualifié partout en Asie de «superman», est à l’image de ses compatriotes expatriés en Europe : un appétit d’affaires vorace. A Pa-ris, les managers chinois opèrent par groupes, des bandes que d’aucuns comparent à des excroissances européennes des triades. Quand certains les trouvent envahissan-tes, d’autres sont admiratifs devant leur mode opératoire : le grignotage inlassable du patrimoine foncier de leurs terres d’accueil. « Ce n’est pas parce que nous occupons un pan du boulevard Voltaire ici à Paris, qu’il faut craindre notre mono activité, se défendent les commerçants chinois, accusés de miner les commerces de proximité des Français. Après tout, la France est un pays capitaliste où prévaut la liberté d’en-treprendre». Dit comme ça...Devant la déferlante rouge, les petits commerces disparaissent dans quelques quar-tiers de Paris ; la mono activité des Chinois donne ainsi lieu à des escarmouches entre eux et des riverains, voire des politiques. Si lesdits riverains ont longtemps sorti la carte de la compréhension avant de durcir le ton, c’est qu’ils sont vraiment excédés. Egalement, nombre de maires français ont dû préempter par exemple des baux commerciaux pour les arracher à la «rapacité» de ces nouveaux conquérants. Chaque peuple revendiquant fièrement sa singularité, les Chinois ne devraient-ils pas s’adapter au monde des affaires en France plutôt que de vouloir imposer le leur sur les bords de la Seine ?

J o n a t h a n M i h i n d o u , c h e f d ’ e n t r e p r i s e , P a r i s 8 e

Vous avez dit nouveaux conquérants ?

Comment l’occident est devenu riche... en appauvrissant le SudLe livre Bush, le cyclone, les lois économiques qui mènent à la guerre, la pauvreté et d’autres crimes, publié en 2005 par le Belge Michel Collon, apporte son éclairage sur l’appau-vrissement des pays de l’hémisphère sud par l’Occident. On s’en doutait bien, et Michel Collon a le mérite de nous l’expliquer clairement. Les lignes suivantes, tirées du livre, se passent de commentaires. Je me permets de vous les re-transcrire afin que des Africains, encore sceptiques, se ren-dent compte que l’Occident ne peut pas assurer le dévelop-pement de nos pays. Cette tâche nous incombe au premier chef. Restez éveillés, arrêtez d’êtres naïfs, lisez ce qui suit :

« ... Si l’Espagne et l’Europe ont commencé à devenir riches au 17e siècle, c’est parce qu’elles ont volé l’or et l’argent de l’Amérique latine. En massacrant les Indiens et sans rien payer. Si la France, l’Angleterre et les Etats-Unis sont devenus si riches, c’est grâce à l’esclavage, c’est en volant des êtres humains à l’Afrique. Sans rien payer. Si les mêmes et la Belgique, et la Hollande sont devenus si riches à partir du 19e siècle, c’est en volant les matières premières de l’Afrique et de l’Asie. Sans rien payer... Depuis cinq siècles, nos grandes sociétés occidentales ont pillé les richesses du tiers-monde, sans les payer. On pourrait faire un tableau de chaque pays riche et montrer l’origine honteuse de chacune de ses grandes fortunes. On pourrait faire l’histoire de chaque pays pauvre et montrer qui l’a pillé et comment. Bref, nous - ou plutôt certains d’entre nous - sommes des voleurs, et c’est pour ça que nous sommes riches... Le néocolonialisme continue et perfectionne l’exploitation... Pour gagner la guerre économique contre ses rivales, une multinationale est obligée de se procurer les matières premières au prix le plus bas possible afin de réduire ses coûts... Au Sud, le pillage des matières premières, la destruc-tion des productions locales et la dette aggravent la pauvreté et le fossé entre riches et pauvres. Pour mieux exploiter le Sud, les multinationa-les se fixent des objectifs : contrôler les matières premières, contrôler les mains d’œuvre qualifiées et bon marché, dominer les marchés pour vendre leurs produits... Il s’agit d’une simple tactique commerciale. Il s’agit d’imposer aux pays récalcitrants que leurs richesses soient placées sous le contrôle de telle ou telle multinationale. Ce qui implique de do-miner la vie économique et politique de ce pays... Le but fondamental du « jeu », c’est de transformer le pays conquis en terre de profits. En Irak, tout le monde sait à présent à quel point des sociétés comme Halliburton et Bechtel se sont engraissées sur le dos du peuple irakien et du contribuable US... La guerre contre l’Irak, chacun sait que c’est une guerre pour le pétrole, c’est-à-dire pour les bénéfices d’Exxon et Chevron. Mais c’est pareil pour toutes les opérations « humanitaires » des grandes puissances. La guerre contre le Congo (menée par l’inter-médiaire du Rwanda, de l’Ouganda et de certaines milices), c’est une guerre pour les bénéfices des multinationales du diamant, du coltan, de l’uranium et d’autres minerais. La guerre contre la Yougoslavie avait notamment pour but de privatiser une économie encore très collective

et de contrôler sa main d’œuvre qualifiée et ses marchés. La guerre contre l’Afghanistan vise à contrôler les routes stratégiques vers les pays d’Asie du Sud en fort développement et à encadrer militairement la Chine, puissance montante. Guerres de pillage donc... Quand Bush attaque l’Irak, c’est aussi et surtout parce que l’Irak avait de gros contrats avec la France et la Russie, et qu’il avait décidé de vendre son pétrole en euros. Quand Bush se prépare à attaquer l’Iran, c’est aussi et surtout parce que de grands rivaux économiques - Allemagne, France, Chine- commercent avec ce pays. Quand les Etats-Unis font la guerre pour contrôler le pétro-le partout dans le monde, est-ce parce qu’ils craignent de ne plus avoir de pétrole pour leur économie ? Non. En fait, ce que les Etats-Unis cher-chent par-dessus tout, c’est priver les grandes puissances rivales -Europe, Japon, Chine - d’un accès sûr et indépendant au pétrole. (…) Qui veut dominer le monde, doit contrôler le pétrole. Tout le pétrole. Ou qu’il soit... Les trois grands blocs (Etats-Unis, Eu-rope, Japon) mènent la guerre, chaude, froide ou tiède, contre les peuples du tiers-monde. Mais ils se font aussi la guerre entre eux pour savoir qui va dominer le monde et ses richesses. La guerre économique bien sûr. Mais aussi la guerre politique et, dans cer-taines conditions, militaire. Quand le rapport de forces change entre les grandes puissances, quand une superpuissance veut en remplacer une autre, ou simplement la pri-ver de l’accès à certaines matières stratégiques, cela se règle par la vio-lence. Soit directement, soit indirectement, par l’intermédiaire d’Etats ou de mouvements contrôlés. La guerre est le moyen fondamental pour repartager les richesses du monde, c’est-à-dire les sources de profits... En fait, ce ne sont pas les multinationales qui paient le coût de la guerre. Elles s’enrichissent et les contribuables de leurs pays en paient les frais. Les budgets sociaux en subissent les contrecoups. Au Sud, les guerres de la globalisation ont pour but, en brisant les Etats trop indépendants, de prendre le contrôle des marchés et des mains-d’œuvre locales. Les faire travailler pour de bas salaires permet aux multinationales de s’assurer un avantage décisif face à leurs concurrentes. Et aussi d’exercer une pres-sion très forte sur les salaires de leurs travailleurs dans les pays d’origine. En d’autres termes, leurs guerres nous attaquent tous».

Chers frères africains, après avoir lu ces lignes, nous devons tous militer pour l’indépendance économique de l’Afrique. Chers présidents africains, cessez d’être complaisants à l’égard de l’Oc-cident. Aimez les peuples que vous gouvernez, contribuez vrai-ment à leur bonheur, ayez le souci de laisser des pays économi-quement sains et socialement apaisés à la postérité.

M o u j i b A l a o F a r i , b a n q u i e r , P o r t o - N o v o ( B é n i n )

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09CES AFRICAINS QUI >>>>REUSSISSENT EN FRANCE

Robertkouabo

KIOSQUIER AU 80 Avenue du MaineParis 14è

«Si vous respectez et valorisez vos clients, ils reviennent vers vous»

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L’un des meilleurs diffu-

seurs de presse à Paris

est... Africain. En décem-

bre 2007, le Franco-ivoirien

Robert Kouabo a reçu de

l’AAP (Adminstration de

l’affichage et de la publi-

cité) le prix du meilleur

nouveau kiosquier.

Mr Kouabo, parlez nous de ce prix et de votre parcours professionnel.Tout d’abord je tiens à remercier l’AAP pour ce prix (un caméscope numérique). C’est très important pour moi d’être re-connu par mes pairs. Beaucoup de confrè-res m’ont dit, lors de cette soirée, que je mé-ritais ce prix. Cela me va droit au cœur.Moi, je suis sur ce point de vente depuis un an et demi, ayant été formé par un kiosquier . A mon tour, je forme des nou-veaux arrivants.Je leur demande toujours de faire atten-tion à leur look, avoir une tenue irrépro-chable est un signe de respect des clients. Si vous respectez et valorisez vos clients alors tout viendra naturellement… Ils vous feront confiance et reviendront vers vous. J’aime renseigner les clients, dans le quartier. Avec la proximité de la gare Montparnasse et des grands hôtels (Mé-ridien…) j’ai une clientèle internationale. Je renseigne donc les clients en anglais, en allemand ou en espagnol. Ils sont très agréablement surpris de cet accueil et souvent ils m’achètent des journaux et des cartes postales. D’ailleurs je reçois très ré-gulièrement des cartes du monde entier. Ce sont des clients passées par mon kios-que qui m’envoient une photo ou un mot, une fois rentrés dans leurs pays. Il m’est facile de parler plusieurs langues, étant titulaire d’un BAC + 5, c’est-à-dire une maitrise et un DEA en Economie. Je suis donc un ancien de la Sorbonne reconverti dans la presse. Mais, je ne suis pas le seul à avoir ce parcours dans notre réseau de kiosquier.

Quel regard portez vous sur le monde de la presse ?Déjà, lorsque j’ai été titularisé, j’ai de-

mandé à faire la formation initiale de kios-quier. Je voulais m’assurer que mes réflexes étaient bons. Même si j’étais vendeur sur un poste depuis plusieurs années, j’ai quand même appris des choses lors de ce stage.Je crois qu’il faut savoir se remettre en question, sans cesse. Le plus important également, c’est de prendre du plaisir à faire ce que l’on fait. Même si le métier est difficile, on peut trouver satisfaction au contact des clients. C’est ce que je fais chaque jour.Egalement, on m’a proposé de reprendre une boutique. Je ne veux pas, j’aime le kiosque, car je reste en contact avec la rue.Et vous savez, aujourd’hui il y a trop de diffuseurs qui n’aiment pas leur métier. Et ça c’est un vrai problème.Il est vraiment primordial d’apprendre à

aimer ce que l’on fait, aimer les gens et sur-tout les valoriser ; cela, je ne l’ai pas appris en faisant des études mais lors d’un séjour en Inde !Ici les clients se confient à moi, certains me nomment le gourou ou le prêtre du quar-tier ! Cela m’amuse.D’ailleurs je n’ai pas d’heure pour fermer. Certains jours, je le fais à 20h et d’autres à 22h. Mais, quelque soit mon heure de fer-meture, je fais du chiffre…

Quel est votre souhait pour 2008 ?Mon vœu le plus cher serait d’avoir un nouveau kiosque pour mieux accueillir mes clients. Sans me vanter je pense sin-cèrement le mériter ! Ce serait mon plus beau cadeau cette année.

Propos recueillis par Caroline Boudier

Managers N°4&5Avril-Mai-Juin 2008

Managers N°4&5Avril-Mai-Juin 2008

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A L'AFFICHE10Chine/AfRiqUe

Zita Douka,

Louis Gaston Mayila

écrivaine gabonaise, auteure de Prisonnières d’un rêve, Editions Publibook, Paris 2007

Il a résisté à la tentation d’expatriation de sa fortune pour bâtir un véritable empire à activités multiples au Gabon.

« Africains et Chinois de France doivent apprendre à se connaître mutuellement ...»

Malgré leur différence d’origine, vos deux héroïnes présentent certaines similitudes. Comment expliquer alors que Chinois et Africains ne créent pas ensemble des entre-prises en France ?

Le rapprochement sino-africain abordé dans mon œuvre répond parfaitement à la nou-velle configuration géopolitique africaine à l’heure où la Chine prend durablement pied en Afrique, un marché potentiel où les deux acteurs bien que de taille différente pour-ront traiter d’égal à égal. L’Afrique pourra, si elle saisit cette opportunité, et si elle par-vient à mieux défendre ses intérêts, bénéfi-cier des retombées de cette collaboration. Les Chinois créent beaucoup d’entreprises en Afrique, comment alors expliquer l’ab-sence de relations d’affaires entre Africains et Chinois en France ? Simplement parce que ces deux communautés évoluent dans un environnement peu propice à un réel rap-prochement entrepreneurial en France. Cha-cune des diasporas est plus motivée par ses intérêts personnels : les conditions de séjour en France, la recherche d’emploi, en somme

la problématique de l’intégration à la société française. Ne partageant pas les mêmes am-bitions, elles vivent en communautarisme, voire en autarcie; les Chinois surtout.Les deux communautés doivent, par ailleurs, organiser régulièrement des rencontres entre hommes d’affaires français, chinois et africains, en s’inspirant de la première convention franco sino-africaine tenue à Roissy (banlieue parisienne) les 2, 3 et 4 oc-tobre 2007. Voilà une initiative à saluer et à encourager.L’effort doit être fourni aussi bien en Fran-ce qu’en Chine. Chinois et Africains de France doivent s’associer et coordonner des actions de partenariat. De nombreux étudiants africains poursuivent déjà leurs études en Chine ou font des stages dans des entreprises chinoises en informatique, en électronique, en stratégie commerciale, etc. Ils doivent penser à s’imprégner du savoir-faire chinois. Les Chinois de leur côté, doi-vent apprendre à mieux connaître le marché africain et à mieux s’ouvrir afin d’importer tous les produits africains; pas seulement les matières premières, mais également des pro-

Inutile de chercher chez lui les attri-buts classiques du flambeur. Même s’il est généreux, Louis Gaston Mayi-la croit davantage aux investissements qu’aux dépenses somptuaires. L’ex-

PDG d’Air Inter Gabon ne jure que par la création d’emplois dans son pays, à l’inverse de certains de ses compatriotes qui ont placé leur fortune à l’étranger.Même si la société Air Inter Gabon a cessé ses activités après 23 ans d’existence, Louis Gaston Mayila ne baisse pas les bras, dans sa quête du mieux-être des Gabonais. En dehors de son engagement politique, LGM s’est donc investi depuis fort longtemps dans la Cité, au travers de nombreuses entreprises industielles et commerciales, créant ainsi des milliers d’emplois qu concourent à l’épa-nouissement de très nombreuses familles gabonaises. Aussi a-t-il investi dans les socié-tés suivantes : AGAR (société de courtage en assurances toutes branches); SOTEGA (fabrication de pagnes); SOGEMAT (achat et vente de voitures Mazda, GM, Citroën); Grandes pêcheries gabonaises. Même si LGM n’est plus à la tête de ces sociétés, nom-bre de Gabonais lui reconnaissent ce statut de pourvoyeur d’emplois au Gabon. A la démagogie récurrente d’une certaine élite gabonaise, la population préfère jauger le patriotisme des uns et des autres à l’aune des investissements réalisés dans le pays. Aussi, fidèle à son credo qui est de «donner du travail plutôt que l’aumône», Louis Gas-ton Mayila est aujourd’hui à la tête de nom-breuses sociétés dont Air Continental Africa (transport en avion et en hélicoptère); COF-MA (Compagnie forestière de Tsamba Ma-gosti); CCFE (Caisse de crédit aux familles

duits agricoles et artisanaux. Les deux com-munautés doivent apprendre à se connaître mutuellement, allier l’humain, au politique et au business.

Plus généralement, comment qualifieriez-vous aujourd’hui les chances de réussite d’un immigré en France ?

Les chances de réussite d’un immigré sont liées au contexte politique français et à la vo-lonté de l’expatrié lui-même. C’est celui qui sait se battre pour se réaliser, valoriser ses atouts et ses compétences qui réussit. Il faut avoir de grandes ambitions pour pouvoir s’accomplir. «Avec de petites idées, on ne peut pas réaliser de grandes choses». Il faut se dis-tinguer par son parcours et son intégration à la société française, en dépit des barrières sociales et des discriminations. Il faut per-sévérer pour pouvoir évoluer dans des sec-teurs peu accessibles aux minorités, notam-ment les affaires, la politique, le judiciaire et l’audio visuel.

Propos recueillis par Moussa Kaffo

Quand investissement rime avec patriotisme

pour l’entreprise); Imprimerie La Voix du peuple. Louis Gaston Mayila est également l’actionnaire principal de l’hôtel Méridien Mandji à Port-Gentil (la deuxième ville du pays), le propriétaire de deux stations-ser-vice à Fougamou et à Yombi (villes du sud du Gabon). Qui dit mieux.

Noé Emmanuel Kollo & Virgilio Foumangoye

Né le 25 janvier 1947 à Boungonga (près de Fougamou), Louis Gaston Mayila a fait d’excellentes études primaires et secondaires au Gabon avant de décrocher succesivement une licence et une maîtrise en Droit puis un DESS de Sciences politiques à Besançon en France. Directeur de l’ENA-Gabon en 1974, conseiller per-sonnel adjoint du président Bongo Ondimba fin 1974 puis directeur du cabinet présidentiel en 1975, plu-sieurs fois ministre, LGM a démis-sionné le 19 juillet 2007 de son poste de vice-président du Parti démo-cratique gabonais (PDG) pour créer l’Union pour la Nouvelle République (UPNR). Homme de conviction, il a également démissionné de son poste de vice-Premier ministre, se donnant ainsi les coudées fanches pour préparer les municipales d’avril prochain. Entre autres distinctions honorifiques, LGM est Commandeur de la Légion d’honneur (France), Commandeur des Palmes académi-ques (France), Grand Officier dans l’ordre du mérite (Gabon), Grand officier dans l’ordre de l’Etoile équa-toriale, Commandeur dans l’Ordre du Mono (Togo) et Commandeur du Wissam Al Alaoui (Maroc).

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A L'AFFICHE12

ChristineDiane-Kollo, orthopédiste

« La volonté aidant, tout devient possible... »Quels sont les objectifs de votre association des pharmaciens africains de France ?Le partage des compétences et des expérien-ces a toujours été le moteur des actions me-nées en direction des pharmaciens africains vivant en France. Aidés par des structures financières, juridiques et humaines adéqua-tes, nos confrères trouvent écoute, conseils et convivialité. Sans paternalisme inadapté, mais avec un esprit de partenariat intelligent, nous évoluons ensemble, animés par l’esprit du gagnant– gagnant, que ce soit au niveau salariat ou entreprenariat.

Quelles actions initiez-vous en direction des pharmaciens établis en Afrique ?Dans le cadre de notre collaboration avec des pharmaciens africains de France, nous initions des aides ponctuelles, après une réflexion commune. Nos aides résultent de besoins précis exprimés par des acteurs so-ciaux, hospitaliers ou universitaires des dif-férents pays africains.

Quelles compétences faut-il avoir pour ma-nager efficacement une officine en France ?La qualification universitaire et l’inscription à l’ordre des pharmaciens sont une obliga-

tion. Une expérience et une grande moti-vation au service de la santé publique sont nécessaires. Dans cette optique, à la respon-sabilité de professionnel de la santé, s’ajou-tent celles de dirigeant d’entreprise avec les contraintes de gestion administrative et hu-maine. Il s’agit d’une structure économique qui tient compte de la politique de santé pu-blique, aujourd’hui en pleine effervescence.

Communiquez-vous votre passion pour les études en pharmacie à vos enfants ?C’est un réflexe logique. Mais l’essentiel, à mon sens, est de leur transmettre une volon-té d’indépendance et de liberté d’expression au sens global du terme. C’est la condition première de leur épanouissement futur.

Propos recueillis par Chérifa Badirou

Docteur en pharmacie depuis 21 ans, Christine Diane-Kollo assume sa charge professionnelle à Garges-lès-Gonesse (banlieue parisienne), dans une officine rachetée en 2004. Elle est membre de plusieurs as-sociations dont celle des pharmaciens africains de France.

A la tête d’une dizaine de salariés, la Franco-

guinéenne Christine Diane-Kollo partage son temps entre

sa famille, son officine et plusieurs associations dont celle des

pharmaciens africains de France. Mariée à un cadre camerounais,

Noé Emmanuel Kollo, elle est mère de trois enfants de 21, 16 et 15 ans.

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MENTION BIEN À14 15

Si l’on vous demande le secret de votre réus-site, que répondrez vous ?L’expérience d’agent de voyages que j’ai ac-quise, je l’ai eu grâce à mon père, qui a une vingtaine d’années d’expérience dans le do-maine. Cela m’a permis de mieux apprendre le métier et d’être connu par la communauté africaine en général, la diaspora malienne en particulier. Ça n’a pas été facile au départ, mais à force de persévérance et de courage je suis arrivé à maîtriser les subtilités de cette activité. Et en plus, j’ai la chance de travailler avec mes frères et nous formons une équipe soudée. Le secret de la réussite ? Je dirai sans hésiter : travail, persévérance, le courage, l’honnêteté et la confiance des clients.

Piloter une agence de voyages à l’heure de l’Internet et du E-ticketing, n’est ce pas un pari risqué ?Evidemment c’est difficile, la création d’en-treprise, notamment celle d’une agence de voyages, est de plus en plus difficile surtout pour nous les jeunes issus de la seconde gé-nération d’immigrants. En ce qui me concer-ne j’ai eu la chance d’être encadré par mon père et j’ai pu franchir les obstacles majeurs liés à la gestion d’une agence de voyages. Pour répondre à votre question, je peux dire qu’Internet est un outil moderne de

communication qui intègre aujourd’hui les activités de voyagistes. Quant au pari risqué, tout dépend de l’activité exercée : par exemple, une agence de voyages qui est uniquement spécialisée dans la vente de billets d’avion risque d’être affecté par le E-ticketing. Nous, nous ne sommes pas trop affectés par la vente en ligne car la majorité de la clientèle africaine préfère venir sur place. De plus, nous avons des tarifs eth-niques pour la communauté africaine que l’on ne trouve pas sur Internet.

Parlez-nous d’avantage de vos activités de voyagiste…Nous sommes spécialisé dans les voyages à destination de l’Afrique : Mali, Sénégal, Côte d ‘Ivoire, Bénin, Togo, Burkina, etc... Nous pratiquons des forfaits économiques ou VIP pour le Hajj et le Omrah. Nous as-surons la vente de billets d’avion (en vols charter et régulier) pour toutes les desti-nations, nous organisons également des séjours, des safaris et des circuits. Nous as-surons la réservation d’hôtel, la location de voitures, le frêt aérien et maritime, et nous avons des offres spéciales pour ceux voya-geant en groupes.

Sur votre site Internet, il est marqué «Pour-

quoi payer cher» ? Est-ce à dire que vous pratiquez des prix discount ?Nous pratiquons des tarifs défiant toute concurrence. Ces tarifs sont très abordables, d’où notre spécificité par rapport aux autres. Je vais encore citer l’exemple des tarifs eth-niques conçus pour la communauté afri-caine. Depuis 17 ans, nous accumulons de l’expérience dans l’organisation des voyages (notamment le pèlerinage à la Mecque) et des séjours à destination du monde entier. Aujourd’hui je peux dire sans fausse modes-tie que KCB Voyages a pignon sur rue et fait partie des meilleures agences de voyages de Paris.

Quelles sont vos perspectives de développe-ment ? L’ouverture de nouvelles agences ? L’élargissement de votre gamme de pro-duits ?Nous espérons développer des longs et courts séjours dans les destinations euro-péennes et asiatiques. Pour l’Afrique, nous voulons développer les longs séjours indivi-duels, ou par groupe, notamment au Mali et dans les pays limitrophes. Nous envisageons l’ouverture d’une nouvelle agence à Bamako pour les Maliens de l’extérieur.

Propos recueillis par Mouftaou Badarou

Mahamadou Konaté

«Notre agence fait partie

des meilleures de Paris»

Titulaire d’une licence de langues, Mahamadou Konaté fait partie de ces jeunes managers africains de france. Son agence est en étroite collaboration avec les grandes compagnies aérienne membres de l’iATA (Association internationale du transport aérien) tels que Air france, Royal Air Maroc, American Airlines, Saudia Arabian Airlines, Aigle Azur, Compagnie Aérienne du Mali, etc.

eflet d’un pouvoir économique détenu par de jeunes

Africains, la réussite de Mahamadou Konaté honore

aussi le Mali, qui compte un fort contingent de chefs

d’entreprises en france. Mahamoudou Konaté doit

également son prestige social à son père, fondateur de KCB

Voyages, et qui lui a tracé cette voie royale. Mais, le voyagiste

ne cache pas que le système français a des limites, ni que

les jeunes issus de l’immigration sont sous-représentés dans

les milieux d’affaires tout comme dans les grandes écoles

françaises formatrices de l’élite.

voyagiste , directeur de KCB voyages

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Managers N°4&5Avril-Mai-Juin 2008

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çA VOUS INTÉRESSE

>Franchise santéLa dépressionLa vogue du bioIntoxication alimentairele vol d’identité

La Franchise Santé, une mesure injuste ?Le débat sur la Franchise Santé est parti pour durer, d’autant que des pétitions circulent pour le retrait pur et simple de cette mesure jugée « ini-que » par la majorité des professionnels de santé, les syndicalistes et par près de 70 % de Français interrogés.

Les franchises médicales non rem-boursées sur les médicaments, les actes paramédicaux et les trans-

ports sanitaires sont bel et bien en vigueur depuis le 1er janvier 2008. C’est ce qu’ont décidé les députés, qui, dans la nuit du 27 au 28 octobre 2007, ont voté, lors d’un scrutin public, en faveur de ce texte … presqu’en catimini ! C’est ce qu’ont décidé également les sénateurs, qui, en seconde lecture, ont approuvé le vote de leurs col-lègues de l’Assemblée nationale. Pourtant, les députés et les sénateurs du PS*, du PRG, des Verts, du PCF, ainsi que certains de leurs collègues issus du MoDem, du Nouveau Centre, mais aussi de l’UMP, se sont opposés à ce qu’ils

considèrent comme «un nouvel impôt pour les malades». Il faut dire que le trou de la Sécurité sociale a été estimé à près de 12 milliards d’euros. C’est ainsi que des mesures sont prévues dans le Projet de Loi de financement de la Sécurité So-ciale (PLFSS) 2008 pour le résorber. Cette mesure, «la énième!», aux dires de ses dé-tracteurs, destinée à financer les soins pal-liatifs, le Plan Alzheimer et la lutte contre le cancer, permettrait, à «la Sécurité sociale, d’obtenir environ 850 millions d’euros, ce, dès l’Année 2008 ».Depuis le 1er janvier 2008, il est donc re-tenu aux assurés une franchise de 50 cen-

times sur les médicaments, 50 centimes sur les actes para-médicaux, ainsi que 2 euros sur les transports sanitaires quoique le montant total de ces franchises ne devra pas dépasser la somme de 50 euros par an … Quel-le maigre consolation ! Pourtant, lors d’un son-dage réalisé en septem-bre 2007, «70 % des Français, toutes tendances politiques confondues, avaient fait connaître leur opposition formelle à cette franchise santé». Même si les députés et

les sénateurs ont prévu que «les allocataires du RMI, donc bénéfi-

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Nicole Sarr

> P a r N i c o l e S a r r

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çA VOUS INTÉRESSE>Franchise santéLa dépressionLa vogue du bioIntoxication alimentairele vol d’identité

ciaires de la Couverture médicale universelle (CMU), les enfants et les femmes enceintes ne paieront pas cette franchise médicale».

Une autre piste de solutionUn autre plan de financement de la Sécu-rité sociale aurait pu être prévu ! En effet, tous les salariés du secteur public et du secteur privé, tous les bénéficiaires d’Allo-cations chômage versées par les ASSEDIC paient leurs charges sociales et cotisent aux caisses de retraite (comme tous les re-traités) ! Or, à moins d’avoir souscrit une police dans une Mutuelle complémentaire santé ou à moins d’être exonérés à 100 % au titre des longues maladies, comme les

cancers, les maladies cardiaques…, ils doi-vent s’acquitter du ticket modérateur (non remboursé par la Sécurité sociale) pour chaque acte médical, pour chaque acte paramédical, pour toute hospitalisation, pour l’achat de tout médicament ainsi que pour les transports sanitaires… Les alloca-taires du RMI, quant à eux, ont la gratuité totale des soins au titre de la CMU, ne paient aucune charge sociale et ne cotisent à aucune caisse de retraite…Pourquoi, dans ce cas là, ne pas réformer le RMI et tous les minima sociaux de maniè-re à les ramener à une allocation de base pouvant aller de 900 à 1200 euros nets (après les retenues légales) ? Pourquoi ne pas faire payer les charges sociales à tous ces Rmistes ? Dans ce cas précis, ne fau-drait-il pas prévoir la fin de la dégressivité des Allocations chômage versées par les ASSEDIC ? «Si les minima sociaux sont augmentés, beaucoup de Rmistes préfèreront rester chez eux plutôt que de chercher un em-

ploi», estiment de nombreux observateurs politiques. Car tout Rmiste qui retrouve un travail, reçoit une prime de 1000 euros versée en deux fois... Les employeurs, qui les recrutent, bénéficient d’avantages. Cependant, ne conviendrait-il pas d’aug-menter les salaires de manière à inciter ces Rmistes à accepter une proposition d’em-ploi. Philippe Séguin, 1er Président de la Cour des Comptes, avait proposé de faire payer des charges sociales aux détenteurs de stock options. Dans son esprit, cette mesure très intelligente, qui a été adoptée par le gouvernement, donnera un sérieux coup de pouce de 8 Milliards d’euros à la Sécurité sociale. Ce sont ces genres de me-sures qui pourront renflouer les caisses de Sécurité sociale, tout en responsabilisant les chômeurs, qui, comme tous les salariés, devront payer leurs charges sociales. Les professionnels de la santé, les profes-sionnels du secteur paramédical, les labora-toires pharmaceutiques, les ambulanciers, n’ont-il pas leur part de responsabilité dans ce trou de la Sécurité sociale ? Pour répon-dre à cette question, il ne faut pas rendre les assurés sociaux comptables de leurs soins. Ils n’ont pas reçu une formation pour cela, d’autant que l’utilisation de la Carte vitale permet un contrôle efficace ! De plus, il convient de renforcer les contrôles en di-rection de certains assurés sociaux, mais aussi en direction des acteurs de santé : des fraudes ont été constatées, qui coûtent très chères à la Collectivité nationale !Dominique DutilloyAuteur de nombreux articles parus dans des magazines français et sénégalais, Dominique Dutilloy est journaliste depuis 1980. « Sénégal 2000 : les atouts économiques » et « Impressions » sont ses deux premiers ouvrages parus.

Lexique :PS : Parti socialistePRG : Parti radical de gauchePCF: Parti communiste françaisMoDem : Mouvement démocratiqueUMP : L’Union pour un mouvement populaireCMU : Couverture médicale universelleRMI : Revenu minimum d’insertionASSEDIC : Assurance chômage de France

Les professionnels de la santé, les profession-nels du secteur paramédical, les laboratoires pharmaceutiques, les ambulanciers, n’ont-il pas leur part de responsabilité dans ce trou de la Sécurité Sociale ?

La dépression au travailLa santé mentale des travailleurs peut se trouver altérée par la surcharge des tâches, l’ambiguïté des rôles, les horaires inadaptés, la précarité de l’emploi ainsi que l’injustice au travail.

Les psychologues reçoivent beau-coup d’employés en détresse, ces jours-ci. Rendez-vous en tête-à-

tête ou au téléphone, les salariés sont plus que jamais à la recherche d’une thérapie contre leurs soucis au travail. Il faut dire que le problème couvait depuis longtemps, même si la presse en faisait écho par inter-mittence. La performance des collabora-teurs étant aussi liée à leur.....santé mentale, les patrons de sociétés ne se privent plus des services de spécialistes censés guérir les troubles psychologiques des travailleurs.

Ces troubles provoqués par le harcèle-ment, le stress, l’épuisement à la tâche ou l’absence de reconnaissance au travail et qui, parfois, aboutissent de plus en plus au suicide des employés, sont parfois né-gligés par les victimes elles-mêmes. Ainsi, certains hésitent à consulter les spécialis-tes, préférant se réfugier dans le mutisme ou dans l’alcool.Pourtant l’arsenal d’aides est important. En dehors des psychologues privés, les mé-decins du travail assurent également cette fonction d’écoute et d’aide psychologique.

L’avis d’une spécialisteCarine Yarabo, psychologue

La dépression aboutit de plus en plus au suicide des travailleurs, comme à l’usine Renault à Poissy (banlieue pari-sienne). Comment expliquer cette recru-descence de suicides ?Dans son ouvrage La fatigue d’être soi, Alain Ehrenberg suggère que la dépression est une « maladie inhérente à une société où la norme n’est plus fondée sur la culpa-bilité et la discipline, mais sur la responsa-bilité et l’initiative ». Il souligne le fait que nous sommes dans une société centrée sur l’individu et la performance. La société est également caractérisée par sa précarité. En effet, il est de plus en plus difficile de se projeter, ce qui donne « un individu dont l’identité interne est chroniquement fra-gilisée » selon Alain Ehrenberg, toujours

dans son ouvrage La fatigue d’être soi.Pour expliquer la recrudescence des suici-des, nous pouvons partir de l’hypothèse d’une pression sociale de plus en plus forte. Il est demandé à l’individu d’être de plus en plus performant. Ce qui exacerbe la compétitivité entre individus, notam-ment sur le lieu de travail. Cela entraîne une solitude, car il est difficile de s’ap-puyer sur des personnes de confiance sur son lieu de travail. Or, la dépression est une maladie qui nécessite précisément souvent une compréhension et un soutien de l’entourage. La dépression étant une maladie psychique, souvent, l’entourage ne comprend pas très bien la maladie et prend cela comme une faiblesse, un man-que de volonté.

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>Franchise santéLa dépressionLa vogue du bioIntoxication alimentairele vol d’identité

Un travailleur peut-il être dé-

pressif sans le savoir ?Oui, il est possible d’être dépressif sans pouvoir mettre le nom de dépression sur son malaise. Souvent, il y a une lutte anti-dépressive, par la consommation d’alcool, l’agressivité…

De quelle façon un travailleur dépressif peut-il reprendre sa vie en main ?La dépression peut apparaître graduel-lement ou soudainement. Les signes de la dépression varient d’une personne à l’autre. Cependant, des symptômes com-muns apparaissent. Au travail, une person-ne atteinte de dépression peut présenter l’un ou l’autre des symptômes suivants :

Changements personnels> Irritabilité / hostilité > Comportement de retrait ou extrême dépendance aux autres > Désespoir > Élocution lente > Fatigue chronique > Abus d’alcool ou de drogues

Changements au travail> Difficulté à prendre des décisions

> Moins productif > Incapable de se concentrer > Fait plus d’erreurs que d’habitude > Prédisposition aux accidents > Retards fréquents, le sujet prend plus de jours de congé de maladie> Manque d’enthousiasme pour le travail Une personne qui éprouve plusieurs de ces signes pendant plusieurs semaines devrait obtenir de l’aide. En réalité, une dépression non traitée peut durer des mois ou même des années, et aboutir en s’aggravant, au suicide. Souvent, les personnes cachent leur dépression sur le lieu de travail, de peur d’être renvoyées. Un travailleur dé-primé peut reprendre sa vie en main en demandant de l’aide à un professionnel s’il constate l’un des changements cités plus haut. En effet, 80% des personnes

atteintes de dépression guérissent si on les aide.

Comment un manager ou un directeur des ressources humaines doit-il gérer un collaborateur dépressif ? Lorsqu’un manager, ou un directeur des ressources humaines constate qu’un colla-borateur est dépressif, il devrait l’encoura-ger à consulter un professionnel de la santé ou à poursuivre son traitement. Mais pour pouvoir le faire et surtout pour obtenir que sa parole soit prise en compte par son collaborateur, il doit créer une relation de confiance, en continuant à le respecter et à le valoriser.

Y a t-il un moyen de se prémunir effica-cement contre la dépression ? Il est difficile de se prémunir complète-ment de la dépression, car des événements que nous ne contrôlons pas peuvent sur-venir dans notre vie, comme le décès d’un proche…. Cependant, une hygiène de vie peut prémunir contre la dépression : bien dormir, ne pas abuser de substances com-me l’alcool, faire du sport, avoir des activi-tés extra professionnelles, etc.Propos recueillis par Mariama Bakary

Après des études de

biologie et de biochimie,

Carine Yarabo a étudié la

psychologie. Elle a ainsi

obtenu le titre de psycho-

logue en 2006. Toujours

en perpétuelle recherche

académique, elle a débuté

cette année une thèse de

psychologie de la santé à

Metz. Arrivée en France à

16 ans, la Franco-Ivoirienne

est aujourd’hui installée

en Alsace, dans l’est de

l’Hexagone.

La vogue du bio

Comment éviter une intoxication alimentaire

L’agriculture biologique, c’est l’agriculture sans produits chimiques, donc protectrice de l’environnement. Est qualifié d’exploi-tant bio celui qui respecte des normes pré-cises : choix de variétés non nocives pour le sol cultivé, respect du cycle de vie des plantes ainsi que du rythme des saisons. Bien évidemment, pour afficher le label AB (agriculture biologique) sur ses pro-duits, l’exploitant agricole doit se garder d’utiliser engrais chimiques et pesticides de synthèse. C’est le principe cardinal du label bio. L’exploitant doit également utili-ser des moyens mécaniques pour éliminer les mauvaises herbes. Les éleveurs bios, eux, élèvent les animaux à l’air libre et les nourrissent avec des aliments sans produits chimiques. Le label bio est sévèrement rè-glementé, car les services vétérinaires de

la Répression des fraudes effectuent des contrôles pointus avant de décerner toute certification. Tout utilisateur du label bio doit formuler une demande à la Direction départementale de l’agriculture et de la fo-rêt, puis s’engager à respecter les normes. Il est mis en observation pendant deux ans au moins. Durant cette période transi-toire, il recevra la visite de certification de l’un des six organismes de contrôle auquel il se serait affilié.Les produits bios sont dis-ponibles dans les supermar-chés, les grandes surfaces ou dans des boutiques spéciali-sées, chez les commerçants, les artisans dans les marchés et les fermes. Les magasins Naturalia (à Paris et proche

banlieue) sont également spécialisés en produit bio. Sans parler de nombreux pro-ducteurs qui vendent leurs produits sur le Net. Mais, avant de s’engager avec ceux-ci, assurez-vous de l’authenticité de leur certification. Si vous voulez réellement contribuer à la préservation de l’environ-nement, pensez à inclure le bio dans vos achats.

Depuis 1991, la réglementation européenne du label

AB exige la présence de 95% d’ingrédients naturels

dans tout produit bio. Le label est toutefois décerné

aux produits comportant 70 à 94% d’ingrédients bios.

COnSOMMAtIOn

C’est un germe contenu dans la nourriture (listeria ou salmonelle) qui est la cause des symptômes observés après une intoxi-cation. La bactérie est toujours présente dans certains aliments en petit nombre. Le problème survient quand ces bactéries

prolifèrent par exemple dans la viande, l’oeuf, le fromage ou le lait. Ils déclen-chent alors chez le consommateur vomis-sements, diarrhées, fièvre ou maux de tête,

deux à trois heures après la consommation de l’aliment contaminé. Les médecins dé-conseillent la prise immédiate de médica-ments antivomitifs ou antidiarrhéiques, car ces symptômes sont en fait une réac-tion d’expulsion des bactéries indésirables

par l’organisme. Les spécialistes conseillent de s’abstenir de repas pendant 24 heures, en dehors de la prise de bouillon, d’eau miné-rale riche en sodium ou de bois-sons faiblement sucrées. Passé 24 heures, l’on peut s’alimenter, mais en choisissant des aliments facilement digestes. Puis, pro-gressivement, l’on peut repren-dre son alimentation normale.

En cas d’intoxication alimentaire de se-niors, de femmes enceintes, de nour-rissons ou d’enfants de bas âge, ceux-ci doivent faire l’objet d’une surveillance

médicale particulière, parce qu’ils se dés-hydratent très vite. Comment éviter une intoxication alimen-taire ? D’abord en respectant la chaîne de froid des aliments. Les aliments se conser-vant pendant 30 minutes en dehors du congélateur, il est recommandé de faire ses courses de produits congelés dans un sac isotherme, de façon à maintenir la chaîne de froid depuis le magasin jusqu’à votre do-micile. Ensuite, vous devez ranger conve-nablement vos aliments dans le réfrigéra-teur. Entreposer les produits congelables dans la partie la plus froide (température entre 0 et 4°C). Dans le compartiment in-termédiaire (entre 4 et 6°C), il faut ranger légumes, fruits et fromages. Le bac à légu-mes, c’est-à-dire le compartiment le moins froid (6°C) reçoit le reste des produits. Enfin, tâchez de bien faire cuire poulets et viandes avant toute consommation.

ASTUCE : vous pouvez vérifier la température du

réfrigérateur en plaçant une pastille verte à l’inté-

rieur du réfrigérateur ou du congélateur. Si elle vire

au noir, c’est que la chaîne de froid a été rompue, et

il convient de jeter les aliments. Ces pastilles sont

disponibles dans les grandes surfaces.

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AZiZ Senni,

Parlez-nous de votre groupe, ATA France?ATA veut dire Alliance, Transport, Accom-pagnement. C’est une société de prestations de services que j’ai créée en février 2000. Elle est spécialisée dans le taxi collectif, le transport à la demande, c’est-à-dire que les clients appellent une centrale de réservation et savent combien ils payent au départ; ils savent également qu’en chemin un autre client peut monter à bord du taxi. C’est un service qui s’adresse aussi bien aux particu-liers qu’aux associations et aux entreprises. Bref, nous nous adressons à tous ceux qui ont un problème de mobilité. Bien évide-ment, nous offrons également nos services aux personnes à mobilité réduite. Notre

homme d’affaires communicatif, enthousiaste, parfois même exalté, Aziz Senni est le symbole de la réussite des jeunes des banlieues françaises confrontés à toutes sortes de discriminations.

chef d’entreprise, directeur de AtA France

flotte est composée d’une soixantaine de voitures.

Vous êtes également à l’origine de la création de l’Association des jeunes entrepreneurs de France, qui vient en aide aux jeunes de ban-lieues porteurs de projets. Oui, cette association, je l’ai créée en 2002 à partir d’un constat simple. C’est qu’aujourd’hui dans les banlieues françai-ses, il y a un potentiel en matière de création d’entreprises et de développement écono-mique. Mais, ça n’est pas assez canalisé ni suffisamment stimulé. Donc nous, nous avons pensé à offrir ce dont les jeunes ont manqué jusque là : des conseils, de l’orien-tation, des pistes de financement, et la mise en réseau. Nous avons plusieurs bureaux ouverts directement dans les quartiers et qui travaillent sur trois axes : sensibiliser les jeunes à la création d’entreprise particu-lièrement dans les quartiers sensibles. Leur montrer que les créateurs d’emploi ne sont pas seulement ceux qui sont bien nés ou ha-bitant dans les centres villes. Le deuxième axe, c’est d’accompagner, écouter, orienter. C’est conseiller certains sur comment com-bler leurs carences. C’est notre rôle aussi de dire à ceux qui ne peuvent pas encore être chefs d’entreprise d’aller complèter leur

«Notre fonds d’investissement aide les jeunes des banlieues à monter leurs

entreprises, même sans aucun apport personnel...»

>Franchise santéLa dépressionLa vogue du bioIntoxication alimentairele vol d’identité

Quelles sont les circonstances d’un vol d’identité ?

Le vol d’identité se produit lorsqu’une personne utilise vos rensei-gnements personnels sans vous avertir ou sans demander votre permission en vue de commettre un crime, une fraude ou un vol.

En plus des noms, des adresses et des nu-méros de téléphone, les voleurs d’identité recherchent :les numéros d’assurance sociale;

les numéros de permis de conduire; les renseignements sur les cartes de crédit et les renseignements bancaires; les cartes bancaires; les cartes d’appel; les certificats de naissance; les passeports.Les voleurs d’identité peuvent manipuler vos renseignements et porter atteinte à vo-tre vie et à vos finances. Ils peuvent utiliser les identités volées pour faire des achats extravagants, ouvrir de nouveaux comptes bancaires, détourner le courrier, présen-ter des demandes d’emprunt, de cartes de crédit et de prestations sociales, louer des appartements et même commettre des

crimes beaucoup plus graves.Comment un voleur d’identité peut-il ob-tenir vos renseignements personnels?Les voleurs d’identité peuvent utiliser les moyens suivants pour obtenir vos rensei-gnements personnels :Voler votre courrier ou le réexpédier frauduleusement. Voler les renseignements personnels contenus dans votre portefeuille, votre sac à main, votre courrier, votre rési-dence, votre véhicule, votre ordinateur et dans les sites Web visités ou dans les courriels expédiés. Récupérer les renseignements person-nels dans vos ordures ou votre bac à recyclage. Se faire passer pour un créancier, un propriétaire ou un employeur en vue d’obtenir une copie de votre rapport de solvabilité ou pour accéder à des renseignements personnels prove-

nant d’autres sources confidentielles. Trafiquer des guichets automatiques ban-caires (GAB) et des terminaux au point de vente afin de lire le numéro de votre car-te de crédit ou de débit et votre numéro d’identification personnel (NIP). Effectuer des recherches dans des sources publiques d’information comme les jour-naux (notices nécrologiques), les annuai-res téléphoniques et les dossiers accessi-bles au public (certificats professionnels). Acheter les renseignements d’un employé malhonnête qui travaille dans un lieu où des renseignements personnels ou finan-ciers sont conservés.Vous voilà averti. Sachez donc vous pré-munir contre les intrigues des voleurs d’identité.

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formation dans tel ou tel domaine. Le troi-sième axe, c’est fédérer les gens en un ré-seau d’entrepreneurs ayant en partage des expériences professionnelles communes. Ainsi, quand nous créons des opportunités d’affaires, nous faisons profiter les membres de notre association. Voilà l’exemple d’une réussite. Une association créée en 2002 à Mantes-la-jolie et qui a essaimé partout, avec un siège à Paris. Nos bureaux sont à Trappes, Genevilliers, Dijon. D’autres sont en cours d’ouverture à Evry et à Bordeaux.

Quelles aides votre fonds d’investissement -le BAC- apporte t-il aux jeunes ? La dénomination de ce fonds d’investisse-ment est déjà un clin d’oeil à la Brigade an-

ti-criminalité. On nous a toujours dit qu’il faut de la sécurité dans les quartiers. Nous, nous affirmons qu’il faut également un coup de pouce aux jeunes; ceux-ci ne demandent qu’à s’en sortir. J’ai été voir les plus grands pa-trons de ce pays afin de les sensibiliser sur les attentes des jeunes. Je leur ai parlé des trois obstacles rencontrés par ceux-ci. Le premier, c’est le financement quasi inexistant de leurs projets par les banques. La deuxième problé-matique, c’est la faiblesse de leur réseau rela-tionnel. En troisième lieu, il y a l’expérience professionnelle qui, parfois, leur manque. Nous pensons avoir résolu ces trois problé-matiques par la création du Business Angels des Cités. Concrètement, nous investissons dans le capital d’une entreprise qui se crée

et se développe en banlieue. Donc, notre critère est seulement territorial, ce qui nous importe est de savoir si oui ou non l’entre-prise compte s’implanter en banlieue. Nous nous associons avec le créateur d’entreprise pour des montants compris entre 30 000 et 300 000 euros, c’est-à-dire que nous pre-nons une participation ou des actions, afin d’accompagner l’entreprise pendant une période allant de trois à sept ans. Nous lui désignons même un mentor. Par exemple, pour un dossier portant création d’un res-taurant, nous allons obtenir pour l’initiateur les conseils avisés du manager d’un grand groupe de restauration qui sera ainsi le par-rain du projet. Le créateur d’entreprise aura une relation suivie avec ce parrain qu’il ren-contrera une fois par mois, pourra l’appeler régulièrement sur son portable, et disposera de ses contacts pour développer l’entreprise ou acheter des fournitures à moindre coût. Après la durée de trois à sept ans, le manager doit racheter les parts du BAC, car notre ob-jectif n’est pas de contrôler l’entreprise mais de la booster. Nous avons déjà investi à ce

jour 500 000 euros dans trois entreprises différentes. Nous pouvons investir dans tous les secteurs : presse, services, Internet, nou-velles technologies, etc.

Avec tout cet arsenal d’aides, comment se fait-il que les jeunes se plaignent encore du manque de soutiens ?L’arsenal d’aides ne résoud pas tout. La flamme ou l’envie de réussir doit naître et être entretenue dans la tête des jeunes. Il y a une certaine panne de confiance chez eux. Qu’on soit Rachida, Guillaume ou Mama-dou, on doit se sentir assez en confiance sur ses possibilités d’être chef d’entreprise.

Votre livre «L’ascenseur social est en panne, j’ai pris l’escalier»* est-il le témoignage d’une discrimination vécue ?Le titre de mon ouvrage est en fait une bou-tade. Moi, je me suis toujours donné à fond dans ce que je fais, mais durant tout mon parcours, je n’ai pas eu l’impression qu’on m’a facilité la tâche. D’ailleurs, je n’ai jamais réclamé la facilité, mais l’égalité de traite-

ment. J’ai voulu témoigner dans ce livre de l’existence des blocages en France. On a beau être diplômé, on ne trouve pas forcément un emploi adéquat, lorsqu’on est différent du Français de souche. On nous fait beaucoup de promesses, on nous a toujours chanté que la formation professionnelle assure un em-ploi. Mais non, tout ça n’est pas vrai. Il ya de la discrimination. Si vous êtes Noir, vous avez moins de chance de trouver un emploi que si vous êtes Blanc. Idem quand on est une fem-me ou un handicapé. Toutes ces statistiques ont rempli les armoires des ministères ! Mais, qu’a t-on fait ? D’où la deuxième partie de mon livre. Moi je n’attends pas devant l’ascen-seur jusqu’à ce qu’on le répare. Je me suis pris en charge. Oui, les discriminations existent, mais, il ne faut pas non plus qu’elles consti-tuent des blocages mentaux pour certains. Il faut se battre. Puisque l’ascenseur social fran-çais est en panne, moi j’ai pris l’escalier écono-mique, celui de la création d’entreprise.

Propos recueillis par Mouftaou Badarou* L’ascenseur social est en panne, j’ai pris l’escalier, 207

pages, octobre 2005, Editions l’Archipel

« On nous a tou-jours dit qu’il faut de la sé-

curité dans les quartiers. Nous, nous affirmons

qu’il faut surtout un coup de pouce

aux jeunes »

« On a beau être diplômé, on ne trouve pas forcément un emploi adéquat quand on est différent

du Français de souche. »

itulaire d’un BTS

Transport, Azziz Senni est

d’origine marocaine. Après avoir travaillé

dans un grand groupe de transport de marchandises, il

est devenu directeur technique dans une petite PMe où il s’oc-

cupait de la législation sur le temps de conduite et de repos des chauffeurs

routiers.

Aziz Senni est à la tête d’une société qui compte 33 salariés

et qui tourne 24h sur 24, 7 jours sur sept.

A gauche, Aziz Senni conversant avec Dominique Restino, directeur d’une

société d’intérim des technologies et du tertiaire, lors d’un conférence de

presse au sénat français.

Managers N°4&5Avril-Mai-Juin 2008

Managers N°4&5Avril-Mai-Juin 2008

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COACHING26 27

Créer son entreprise,

investir en bourse

avec succès,

monnayer son talent...

Pour réussir,

il faudra continuer

de se forger un mental

d’acier, être dynamique,

tout en écartant les jaloux

du chemin de votre gloire.

1ère résolusionChanGEz vOs habiTudEs. Vous avez un choix dans la vie : accepter votre situation ou agir pour la changer ! Si vous vous laissez aller en espérant que les choses changeront, vous risquez d’atten-dre longtemps. Souvenez-vous toujours que lorsque vient le moment de changer vos habitudes, vous seul pouvez et en avez le pouvoir. Par exemple, les femmes qui sont dans des situations abusives se sentent souvent contrôlées et impuissan-tes face à leur situation. Pourtant, elles ont le pouvoir de changer leur réalité quoti-dienne. Comme vous pouvez le faire, vous aussi, si vous vivez une situation qui vous est déplaisante. Identifiez les habi-tudes qui diminuent vos chances de succès et changez-les. Faites-le, votre réussite en dépend en partie !

2è résolutionnE rEGardEz Pas En arrièrE. Toutes les personnes qui ont réussi, ont vécu des échecs ou des erreurs dans leur passé. Pour vivre le succès, vous devriez tirer des enseignements de vos expériences passés. Vous devez tirer des leçons de vie de vos moments difficiles. Voyez le passé comme une source constructive et non un empêche-ment d’aller de l’avant. Continuez simplement à avancer et à faire de votre mieux. Prenez les meilleures décisions dont vous êtes capables en prenant en considération votre expérience. Les erreurs ou échecs passés sont finalement les meilleurs professeurs. Tirez des leçons de vos erreurs. Apurez donc votre passé et regardez l’avenir avec confiance.

3e résolutionarrêTEz dE vOus PLaindrE.La Fortune vous attend peut-être

derrière ce que vous maudissez !... Vous pensez qu’il n’y a aucun rapport entre le fait de vous plaindre et le succès ? Pour-tant ces deux éléments sont intimement liés. Lorsque vous passez du temps à vous plaindre à propos des obstacles qui se dressent sur votre chemin, vous gaspillez votre temps et votre énergie inutilement. De plus, vous entretenez des pensées négatives qui vous nuiront. Ces pensées négatives vous empêcheront d’avancer, de saisir les chances qui se présentent à vous, de vous réaliser et d’être actif. Au lieu de voir les défis comme étant des problèmes, percevez-les comme des opportunités à saisir. Savez-vous comment de nombreu-ses fortunes se sont bâties ? Parce qu’un

jour, quelqu’un a trouvé la solution à un problème et a vendu cette bonne solution à des millions de gens qui avaient le même problème à résoudre ! Alors, à l’avenir, voyez les problèmes comme des chances de développer et d’exprimer pleinement vos potentialités. Votre prochain enrichis-sement se cache peut-être dans le pro-chain problème que vous résoudrez...

4è résolutioniL n’EsT jaMais TrOP Tard POur réussir ET s’EnriChir. Je ne connais pas votre âge, ami lecteur, et si vous êtes jeune tant mieux. Car tous ces secrets vous aideront à réussir plus tôt que d’autres. Si vous êtes moins jeune, lisez

ce qui suit très attentivement, car vous allez découvrir un peu plus loin un exemple époustouflant ! Certaines personnes s’imaginent que leur vie est plus ou moins ratée, si elles n’ont pas réussi avant 40 ans. Rien n’est plus faux ! Bon nombre de femmes et d’hommes n’ont commencé à réussir vérita-blement qu’à partir de 50 ans et plus... En voici quelques exemples, mais... attention : parce qu’ils sont connus, vous pouvez avoir l’im-pression qu’ils ont toujours réussi. Mais beaucoup ont eu des débuts difficiles parfois très difficiles... Coco Chanel dans la couture. Jean-Sébastien Bach et Maurice Ravel dans la musique. Winston Churchill et Nelson Mandela dans la politique. La comtesse de Ségur dans l’écriture. Enzo Ferrari dans l’automobile. Henri Matisse dans la peinture. Alfred Hitchcock et Clint Eastwood en tant que réalisateurs de cinéma. Auguste Rodin dans la sculpture. Soeur Emmanuelle dans l’huma-nitaire... Ils sont trop nombreux pour pouvoir les citer tous ici. Même les gens qui ont eu une

Pour réussir en 2008, cessez de rêver et passez à l’action !

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vie « normale » jusqu’à un âge avancé, peuvent connaître une réussite des plus brillantes. L’un des exemples les plus étonnants que je connaisse, est celui d’un homme de 78 ans qui était en maison de retraite. Sa vie commença à changer, quand son partenaire habituel au jeu d’échecs fut souffrant pendant plusieurs semaines. Harry dut alors se trouver une autre activité. C’est à ce moment qu’il se découvrit un talent méconnu qui le rendit riche et célèbre. Célèbre au point qu’il signait encore un juteux contrat à l’âge de 100 ans. Cette histoire étonnante est absolument authentique. Quel que soit votre âge, il n’est jamais trop tard : ni pour Réussir, ni pour vous Enrichir...

5è résolutionPOur réussir ET s’EnriChir, suivEz L’ExEMPLE dE bEnjaMin FrankLin. Pourquoi ? Parce qu’il est considéré comme le tout premier «Self Made Man» ayant fait fortune aux Etats Unis. Son exemple datant de plus de deux siècles peut vous sembler désuet, car la valeur du travail n’était pas la même en ce temps là. Mais lorsqu’il s’agit de Réussir

et de S’Enrichir, certains grands princi-pes restent d’actualité. Certaines valeurs qui étaient valables pour s’enrichir il y a deux siècles le sont encore de nos jours. Benjamin Franklin était aussi un homme exceptionnel. Il ne fut pas seulement grand, il fut bon et juste, sans cesse utile aux autres, d’une sérénité inaltérable, enjoué, il captivait par son esprit brillant. Son adage favori était que la noblesse était dans la vertu. Cette noblesse, il aida les autres à l’acquérir par ses livres, il la montra lui-même dans sa conduite. Il s’enrichit avec honnêteté. Il se servit de sa richesse avec bienfaisance. Il négociait ses affaires avec droi-ture. Il travailla avec dévoue-ment à la liberté de son pays et aux progrès du genre humain. Cherchez dans les librairies un livre sur Benjamin Franklin, sa lecture vous édifiera.

6è résolutionaCCEPTEz TOujOurs vOs rEsPOnsabiLi-téS. Si vous prenez une mauvaise décision ou si vous échouez dans vos plans, vous devez en accepter la responsabilité. Ac-ceptez que vous devez réaliser certains événements mar-quants avant d’atteindre l’étape suivante, avant de franchir le pas suivant. Il se peut que vous soyez fatigués de travailler dur et de constater que ça prend quelques temps avant de voir des résultats concrets. Malgré tout, ne vous découragez pas et continuez de faire tout ce que vous devez faire. Il est excellent que vous soyez persévérant, que votre fatigue n’affecte pas vos buts et vos responsabilités. Si vous n’avez pas fait ce que vous aviez à faire, les mois passeront et vous serez loin d’avoir atteint les objectifs de votre programme. Ce retard fermera plusieurs portes et vous

fera perdre diverses opportunités. Qui serait alors à blâmer ? Personne ne peut agir à votre place pour Réussir...

7è résolutionTransFOrMEz vOs POinTs FaibLEs En POinTs FOrTs.Chacun de nous a des faiblesses. Per-sonne ne naît brillant et voué au succès. Certains grands hommes paraissaient tout à fait quelconques à leurs débuts. Leur ascension vers le succès commença lorsqu’ils se fixèrent des buts bien précis. Et aussi lorsqu’ils comprirent quelles

capacités ils pouvaient développer en utilisant une bonne attitude mentale. Voici une histoire très édifiante à ce sujet : C’est celle d’un petit garçon que ses maîtres jugeaient « imbécile, borné et stupide » Ce petit garçon passait des heures à dessiner, regardant autour de lui et écoutant ce qui se disait. Il posait

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des « questions impossibles ». Les autres enfants l’appelaient «l’âne» et il était habituellement le dernier de sa classe. Ce garçon, c’était Thomas Edison ! Thomas Edison ne suivit l’école que pendant trois mois à peine. Tous disaient qu’il était stupide et pourtant il devint un homme instruit et fut un inventeur tout a fait exceptionnel. Cette transformation se fit à partir du jour où il décida de trans-former ses points faibles en points forts. Il s’appliqua à réfléchir et à retourner les problèmes jusqu’à ce qu’il ait trouvé une solution efficace. C’est ainsi qu’il fit ses inventions, qu’il réussit et qu’il s’enrichit... Que retenir de cette histoire ? Acceptez que vous devriez commencer par faire quelques efforts. Mais assez vite, vous constaterez que vos efforts vous donneront des résultats positifs et cela vous motivera pour la suite. Prenez des mesures pour transformer vos points faibles en Forces : vous réussissez et vous vous enrichirez !

8è résolutionnE PrEnEz auCun raCCOurCi.Puisque vous voulez réussir, vous ne pouvez pas vous permettre de prendre des raccourcis. La prise de raccourcis (vou-loir faire les choses au minimum) mène à l’imperfection, ce qui risque fort de vous mener à l’échec. Essayez toujours de faire de votre mieux : même si ce mieux exige de vous un peu plus de temps et d’efforts. Votre réussite en dépend.

9è résolutionayEz du COuraGE. Si vous désirez atteindre vos objectifs personnels, vous aller devoir vous armer de courage et de persévérance pour les voir se concrétiser. Par exemple, vous rê-vez de devenir auteur mais toute votre fa-mille est dans le domaine de la médecine. Dans ce cas leur définition du succès ris-que fort d’être différente de la vôtre. Vous devrez avoir du courage pour défendre ce

à quoi vous aspirez profondément. Vous devrez avoir du courage pour défendre ce que vous désirez faire pour réussir. Même et surtout, si cela signifie - au moins provisoirement -, décevoir un peu votre famille. Soyez donc courageux et sachez défendre vos convictions profondes.

10è résolutionsOyEz EnThOusiasTE à L’idéE d’aPPrEndrE.Pour se référer encore une fois à l’his-

toire de Thomas Edison, lorsqu’on lui demandait de parler des échecs qu’il a rencontrés dans sa jeunesse il affirmait : «Lorsque j’étais jeune homme et que je cherchais à inventer l’ampoule électrique, j’ai fait 10 000 essais infructueux. Je n’ai pas eu 9.999 échecs, mais j’ai découvert 9.999 façons de ne pas inventer l’am-poule» Tout un état d’esprit... Quand vous travaillez vers votre objectif de succès, appréciez toujours les occasions d’apprendre. Même si l’aboutissement

Quand vous auriez réussi, ne soyez pas chiche. Portez les habits de la réussite.

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de votre projet prend plus de temps que vous l’auriez pensé.

11È réSolutioNQuand vOus aurEz réussi, ParTaGEz vOTrE suCCès. Une fois vos objectifs de réussite atteints, la notion de partage prend toute son im-portance, utilisez votre expérience pour enseigner, guider et soutenir les autres. Ils pourront ainsi, un peu grâce à vous vivre des succès à leur tour et atteindre leurs buts. C’est ce que fit le roi de l’acier aux Etats Unis, Andrew Carnegie, lorsqu’il re-çut un jeune homme de 18 ans venu l’in-terroger pour son journal... 20 ans après cette entrevue, le jeune homme devenait multi millionnaire en dollars alors qu’An-drew Carnegie ne lui avait pas donné un seul centime. Andrew Carnégie mourut à l’âge de 83 ans après avoir travaillé à partager sa fortune intelligemment entre ses contemporains. Notamment en créant de nombreuses fondations. Vous voyez que l’argent peut être utilisé de façon très positive.

12è résolutiondEMandEz dEs avis ObjEC-TiFs sur vOTrE évOLuTiOn.Quels que soient vos objectifs de réussite, demandez à votre entourage une évalua-

tion objective de vos progrès. Toutefois, attention : Demandez de préférence à quelqu’un qui connaît lui-même la réus-site. Demandez-lui un avis honnête sur votre évolution et votre façon d’accéder au succès. Ces avis honnêtes vous per-mettront de juger si vous vous y prenez de la meilleure façon. Ils vous aideront aussi à avoir de nouvelles bonnes idées.

13è résolutionNE FAîtES PAS DE COnCEssiOn.Si vous avez comme but de devenir un chef cuisinier de renommée mondiale, donnez-vous les moyens d’y arriver. Si vous sentez que vous avez en vous autant le désir que l’habileté nécessaire, n’accep-tez pas de rester un cuisinier de second ordre dans votre restaurant de quartier. Même si cela peut être formateur pendant un temps de rester dans un poste subal-terne, ne perdez jamais de vue votre but suprême. N’oubliez pas : si vous sentez que vous avez à la fois le désir et l’habileté nécessaire, c’est que vous pouvez atteindre votre but !

14è résolutionCréEz dEs LiEns avEC dEs GEns dE vOTrE dOMainE d’aCTiviTé.Si vous souhaitez réussir, recher-chez des personnes qui ont elles aussi réussi dans votre domaine et qui pourront vous guider et vous conseiller. Il est important que vous vous entouriez de personnes comprenant votre désir de réussite et partageant votre passion. Elles pourront ainsi mieux vous soutenir, vous conseiller et si nécessaire, vous encourager dans les moments diffi-ciles. Surtout, pensez-y : Essayez de créer des liens avec un maximum de personnes de votre domaine d’acti-vité. Egalement, soyez à l’écoute des autres, prêtez attention à ceux qui ont des succès dans leur vie. Assis-

tez à des séminaires donnés par des gens qui peuvent vous motiver et vous encou-rager. Savoir bien écouter prend du temps à apprendre, mais cela peut se révéler être l’un de vos meilleurs outil de succès. Ne faites pas de concession.

15è résolutionCréEz vOus un bOn PLanC’est une étape très importante, pour planifier votre avenir ou pour construire votre entreprise. Le moyen le plus sûr d’atteindre votre but est tout de même de vous bâtir un plan présentant vos objectifs étape après étape. Vous voulez bâtir votre propre affaire ? Que vous recherchiez des investisseurs ou pas, un bon plan repré-sentera les étapes qui vous mèneront au succès. Ce plan d’affaire consistera en une prise en compte des tendances du marché. Planification financière, analyse de vos compétiteurs, élaboration de stratégies de mise en marché, organisation du marke-

ting et des offres promotionnelles, bref, un bon plan consiste à prévoir tout ce qui vous permettra d’atteindre vos buts professionnels. Lorsque vous irez rencon-trer un investisseur ou un banquier, vous aurez absolument besoin de présenter votre plan d’affaire. Celui-ci est le docu-ment le plus important d’entre tous pour atteindre plus facilement vos objectifs.

16è résolution nE rEnOnCEz jaMaisPour atteindre le succès, vous devez persévérer. Même Thomas Edison a dû l’apprendre. Quand il créa l’ampoule incandescente, il lui a fallu 10 000 essais pour y parvenir. Mais cette invention à été l’un des éléments clés qui lui ont permis de faire fortune. Que se serait-il passé s’il avait abandonné au bout de 100 ou 200 essais, ou même 9 999 ? Continuez à lutter même lorsque cela représente pour vous un véritable défi. La persévérance est vraiment l’un des éléments majeurs de toute réussite... Si tous ceux qui ont réussi le disent, ce n’est pas par hasard !

17è résolutionrEsTEz MOTivéAu cours de votre cheminement vers le succès, il est important de rester motivé. Inspirez-vous, trouvez des sources de motivation dans des enregistrements, des séminaires, des livres, des films. Quoi que ce soit, pourvu que cela vous permette de garder la tête haute. Lorsque vous commencez à vous sentir un peu las, un peu déprimé et que le doute commence à vous ronger, tournez-vous vers ces outils de motivation qui vous aideront à pour-suivre votre chemin. Il existe pour cela quelques spécialistes de la motivation, de l’encouragement qui sont réputés comme étant excellents.

18è résolutionvOus avEz LE drOiT à L’ERREURRester déterminé est important, mais ne

soyez pas trop dur envers vous-même. Ne critiquez pas trop sévèrement chacun de vos actes ou chacune de vos décisions. Autorisez vous une marge d’erreurs et ne soyez pas trop exigeant avec vous-même. Personne ne réussit tout à 100 %. Une erreur est une expérience souvent très utile. Grâce à cette expérience, vous savez quelles erreurs vous avez faites. Vous saurez ainsi comment les éviter à l’avenir. Et puis ne l’oubliez pas, de nombreuses grandes inventions sont nées à la suite d’erreurs... Alors, si vous avez fait une er-reur, au lieu de vous en vouloir, cherchez plutôt comment cette expérience peut vous être utile.

19è résolutionsOyEz PassiOnné Ami lecteur, même si cela vous semble curieux, vous devez avoir une passion intime avec vos intérêts. En ayant la passion pour ce que vous faîtes et pour le chemin que vous vous apprêtez à parcourir, vous y met-tez automatiquement et facilement plus d’efforts. La passion est une bonne chose tant que cela ne devient pas de l’obsession démesurée.

20è résolution SURtoUt, PRo-TéGEz-vOus dEs GEns TOxiQuEs.Certaines personnes, n’ayant pas le talent de travailler à leur propre réussite, jalousent celle des autres au lieu de l’admirer... Il serait agréable que tous vos amis et vos proches partagent votre succès, se réjouissent de votre réussite. Mais on se trouve,

hélas, assez souvent confronté à la jalousie de personnes prétentieuses, qui ne vous arrivent pas à la cheville. Elles essaieront de vous plagier sans succès, vous calom-nieront auprès de ceux qui vous estiment. Ne vous faîtes aucune illusion, c’est le plus méchant qui sera à la proue de ce club d’envieux végétatifs. Sachez le dé-busquer pour mieux le combattre. Si vous souhaitez vraiment atteindre vos objectifs de réussite, attendez-vous à devoir éloi-gner ces personnes de votre vie. Ce sont des élements nuisibles, plus loin ils seront de vous, mieux ça vaudra. S’il s’agit de gens que vous voyez chaque jour, gardez vos objectifs pour vous-même et évitez de leur parler de vos projets.

Francis Wenger

Pour réussir, ne restez pas dans votre coin, créez des liens avec des gens de votre domaine d’activité.

Quand vous auriez réussi, sachez vous défendre contre les jaloux.

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BON À SAVOIR32 33

Créateurs d’entreprise,

vous conseille...Lucie Guchet

Afin d’étudier la faisabilité de mon projet d’entreprise, mon banquier me demande l’établissement d’un plan de trésorerie… de quoi s’agit-il exactement ? Vous devez avoir constamment en tête l’état de vos dépenses… en effet, votre entreprise devra gagner suffisamment d’argent chaque mois pour couvrir l’ensemble de ses dépenses. C’est ce que l’on appelle la trésorerie. S’il vient qu’un mois, vous ne puissiez faire face à vos dettes, vous devrez recourir à un nou-veau financement sous la forme, par exemple, d’un emprunt… le résultat est que vos charges financières sont à la hausse. Il convient donc d’être vigilant et d’établir, à cette fin, mois par mois, l’état de vos dé-penses et de vos rentrées d’argent… cette visualisa-tion vous permettra, autant que possible, d’une part d’obtenir la confiance de votre banquier, et d’autre part, de faire des choix quant à l’orientation de cer-taines opérations à des périodes difficiles.

Je suis en passe de signer les sta-tuts de ma future entreprise… mais j’ai dû d’ores et déjà faire un certain nombre d’actes et de transactions au nom de ma société. Suis-je as-suré qu’ils ont la même valeur ju-ridique que si mon entreprise était créée ? Dès lors que vous agissez au nom et pour le compte de votre société en formation, avant son immatricu-lation, vous êtes responsable indéfiniment et solidai-rement de ces engagements, et ce, jusqu’à ce que la société, régulièrement constituée et immatriculée, reprenne ces actes à son nom. Ainsi, concernant les actes que vous faites avant la si-gnature des statuts, pour être repris rétroactivement et automatiquement par la société, d’une part, ces ac-tes doivent avoir été repris pour le compte et au nom de la société en cours de constitution avec mention de tous renseignements relatifs à la société (dénomi-nation sociale, futur siège social…), et d’autre part, ces actes doivent avoir été mentionnés dans un état annexé aux statuts avec l’indication pour chacun d’eux des obligations qui en résulteraient pour la so-ciété.

Elu local, je souhaite m’aventurer dans la rédaction du journal de ma commune afin de la mettre en va-leur… Comment, de premier abord, mettre en place mon projet ?

Plusieurs étapes attendent le responsable de la rédaction d’un journal, quel qu’il soit. Vous allez tout d’abord former une équipe, définir un projet éditorial et at-tribuer les responsabilités à cha-cun de vos collaborateurs. Vous établirez un sommaire prédéfini, un « squelette », et à chaque numéro, répartirez les articles. Pour aérer le texte, vous utilise-rez probablement des illustra-tions. Une bonne photographie, un bon tableau parlent autant, voire plus, qu’un long dévelop-pement. A condition de savoir les utiliser. Vous devrez aussi expliquer à vos rédacteurs les règles d’or de l’écriture journa-listique. Lorsque vous recevrez les articles (baptisés aussi « pa-piers » ou « copies »), vous les relirez attentivement avant de vous lancer dans la mise en page proprement dite.

Extrait de « Comment faire votre journal, votre newsletter » de Nicolas Delecourt et Gallianne Coudert, Editions du Puits Fleuri, 22 avenue de Fontainebleau, 77850 Héricy. Tél. : 01 64 23 61 46 ou www.puitsfleuri.comAvantage lecteurs : 21,30 euros franco (au lieu de 26,50 euros franco)

Je crée mon entreprise et j’ai l’in-tention d’installer mon activité chez moi… En ai-je le droit ? Si vous disposez d’un lieu d’habitation tel un pavillon indépendant, il est bien évidemment possible d’exer-cer votre activité commerciale ou professionnelle chez vous sans demander de changement d’affecta-tion, à moins que votre mairie s’y oppose. Si vous n’êtes pas propriétaire de votre logement, ou que vous habitez dans un immeuble collectif, il en est de même à l’exception près que le bail, le règlement de copropriété ou de lotissement ne l’interdisent pas. Toutefois, un local a une destination bien détermi-née, à savoir un local d’habitation, un local commer-cial… Et ne peut en principe en déroger, à moins d’obtenir une autorisation préfectorale. En effet, cette interdiction d’affecter un local d’habitation à un autre usage n’est pas générale et concerne unique-ment les immeubles situés dans les villes dont la po-pulation est égale ou supérieure à 200 000 habitants, ou situés dans les départements des Hauts de Seine, de la Seine Saint Denis et du Val de Marne. Dans ces cas précis, trois conditions se doivent d’être remplies : l’activité doit être exercée exclusivement par l’oc-cupant du logement, il doit s’agir de votre résidence principale et votre activité ne doit pas nécessiter le passage de la clientèle ou de marchandises. Les formalités de création étant effectuées, j’en viens à embaucher mon premier salarié… y a-t-il une déclaration particulière à faire ? Effectivement, il s’agit de la déclaration unique d’em-bauche, réglementée aux termes du décret du 1er avril 1998 et qui donne ainsi l’état des formalités à accomplir quant à l’embauche d’un salarié. Pour cela, vous devez vous adresser à l’URSSAF. La partie no-minative de la déclaration préalable à l’embauche de-vra être remplie avant l’embauche et le complément de renseignements pourra être fourni dans les 8 à 30 jours qui suivent l’embauche. A cette fin, l’URSSAF adressera votre déclaration à tous les organismes concernés et vous renverra ac-cusé de réception afin de prouver que vous vous êtes acquitté de votre obligation.

Extraits de « Comment se mettre à son compte – La micro-entreprise – La T.P.E. » de Lucie Guchet, Edi-tions du Puits Fleuri, 22 avenue de Fontainebleau, 77850 Héricy. Tél. : 01 64 23 61 46 ou www.puits-fleuri.comAvantage lecteurs : 18,80 euros franco (au lieu de 23,80 euros franco)

Les temps étant plus difficiles, je souhaite faire un crédit à la consom-mation pour faire face à mon quo-tidien. Est-ce réellement intéres-sant et prudent ? Pour le crédit à la consommation, l’important ne ré-side pas dans la négociation, mais dans la connaissan-ce des taux pratiqués. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, il est souvent difficile, voire impossible, pour le consommateur de savoir ce qu’il paie réellement. Ceci est essentiellement dû aux modes de fonction-nement de certains crédits à la consommation, et no-tamment les crédits permanents (dits « revolving »). C’est le cas pour la plupart des cartes de paiement qu’offrent la plupart des grands magasins (grandes surfaces et enseignes spécialisées). Ces cartes, qui sont en fait des cartes de crédit, of-frent souvent des avantages annexes, des promotions, offres spéciales et autres offres de fidélité. En réalité, l’objectif prioritaire de ces enseignes est d’inciter le client à actionner la fonction « crédit ». La loi de sécurité financière entrée en application le 1er février 2004 clarifie la situation en obligeant les banques et les sociétés financières à présenter leurs offres de manière à ce qu’elles soient facilement com-parables. Notamment en matière de taux d’intérêts, la seule référence autorisée sera le TEG ou Taux Effectif Global annuel, qui inclut les frais de dossier et d’assurance. La comparaison est donc désormais plus aisée.

Extrait de « Comment négocier et renégocier ses crédits » de Guillau-me Duprez, Editions du Puits Fleuri, 22 avenue de Fontainebleau, 77850 Héricy. Tél. : 01 64 23 61 46 ou www.puitsfleuri.comAvantage lecteurs : 15,20 euros franco (au lieu de 20,00 euros franco)

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J’ai le projet de reprendre un hôtel. Travailleur, rigoureux et des idées plein la tête, quelles sont pourtant les bonnes questions à me poser avant de me lancer ? 1. Croyez-vous connaître suffisamment ce métier ? Un hôtel est une PME à lui tout seul, il en comporte toutes les facettes : l’accueil des clients, la disponibi-lité (fournisseurs, personnel, partenaires, institution-nels…), la gestion des comptes (bilan, perspectives de trésorerie…), la gestion du personnel, l’adminis-tratif, la communication, la technique et le bricolage, la décoration…

2. Qu’est-ce qu’un hôtelier indépendant ? De fa-çon succincte, un hôtelier peut être intégré dans une chaîne (de type Accor ou Envergure, avec des ensei-gnes telles que Climat, Ibis, Mercure, Balladins…) en étant lié par un contrat de franchise, de 15 ans en moyenne. Il peut aussi appartenir à un réseau (encore appelé chaîne volontaire) qui lui délivrera un label : Relais du Silence, Châteaux et Hôtels de France, Lo-gis de France… Enfin, il peut décider de n’appartenir à aucun réseau. Il est propriétaire de son exploitation et… fait ce qu’il veut ! En contrepartie de sa liberté, il reste isolé en matière de développement commer-cial.

3. Imaginez-vous les contraintes ? Sachez qu’un hôtel est ouvert quasiment 7j/7, et 24h/24 : les pé-riodes de congés restent limitées très souvent à des semaines fractionnées aux mois de novembre et/ou de janvier, périodes généralement creuses. La législa-tion sur le travail prévoit des congés et des coupures pour le personnel, le patron, lui, fait ce qu’il veut pour ses propres périodes de congés. Si l’établissement est saisonnier, les contraintes en sont différentes : sachez que si vous ouvrez un établissement à la montagne, vous recevrez sans doute des clients à Noël et le soir du 31 décembre… impossible donc de réveillonner en famille ! Si votre hôtel est situé au bord de la mer,

votre pleine saison se fera de juin à septembre : pas question de partir avec les enfants en vacances, ni d’être très disponible pour les emmener à la plage !

4. Envisagez-vous d’habiter sur place ? … Car il a été démontré que la présence permanente du gérant dans l’hôtel en facilite sa gestion.

Extrait du dossier Etude & Réalisation « prêt à l’emploi » « Créer ou reprendre un hôtel » de Soazig Hamon, Editions du Puits Fleuri, 22 ave-nue de Fontainebleau, 77850 Héricy. Tél. : 01 64 23 61 46 ou www.puitsfleuri.comAvantage lecteurs : 56,05 euros franco (au lieu de 63,00 euros franco)

BON À SAVOIR34 35

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DES HOMMES ET DES AFFAIRES FLORISSANTES36 37

Aliou Tomota

Le fabuLeux destin de Du bétail à l’imprimerie ! Tel est l’itinéraire atypique suivi par Aliou Tomota, l’un des plus riches entrepreneurs du Mali.

Cité parmi les mil-liardaires du Mali, Aliou Tomota, pa-tron de sociétés ré-puté à poigne, est

pourtant parti de presque rien. Il a en effet débuté par vendre du bétail. Cette première activité l’a conduit à faire de longs périples sur les routes transfrontalières pour acheminer des troupeaux jusqu’au Ghana. «J’ai été ainsi formé à la dure école de la vie à la manière africaine. Ma réussite ne m’a pas été donnée en cadeau d’anniversaire. Elle est le résul-tat de longues années de labeur amorcé dès mon adolescence», rappelle le richissime promoteur de Graphic Industrie, de cette voix vitaminée commune aux dé-tenteurs d’un compte bancaire bien fourni.Le vendeur de bétail a ensuite été attiré par le commerce, la vente de produits divers et en-fin s’est investi dans celui plus spécialisé des articles de bureau-tique avant de bâtir un empire financier dont le coeur est l’im-primerie. Ainsi, de nos jours, le Groupe Tomota compte 10 so-ciétés, 2 500 employés et brasse un chiffre d’affaires annuel de 45 milliards de FCFA. Son premier investissement s’est effectué dans l’imprimerie et l’industrie pa-petière (fabrication de stencils). Aujourd’hui, 80 % des produits commercialisés par l’imprimerie Graphic industrie et la Librairie-papeterie du Soudan (qui appar-

tiennent tous au Groupe) sont fabriqués localement avec les mêmes technologies que dans les pays développés.

UNE vISIoN FUTUrISTELe Groupe a poursuivi son agran-dissement en créant différentes sociétés immobilières, de BTP et de transport pour acheminer ses approvisionnements. Dans le ca-dre de la privatisation du secteur coton, appuyée et financée par la Banque mondiale, Aliou Tomota a acquis l’Huilerie cotonnière du Mali (HUICoMA) en 2005. Il s’agit d’une ancienne fabrique d’huile à partir des graines de co-ton. on y produit également de l’aliment pour bétail et du savon, par la transformation de matiè-res premières agricoles locales. Une acquisition décriée à l’épo-que par des journaux et certaines composantes de la société civile malienne, mais qui est loin d’être fortuite. En effet, Aliou Tomota a racheté HUICoMA avec l’ambi-tion de s’investir à l’avenir dans la production de biocarburants. «Pour chaque nouvelle activité, nous créons une entreprise bien structurée avec les ressources hu-maines et la réflexion nécessaires à son expansion», assure ce mil-liardaire tranquille qui n’a rien à envier aux chefs d’entreprises oc-cidentaux. Le Groupe continue ses recher-ches et son développement en annonçant un prochain inves-tissement au Burkina Faso, pays

frontalier du Mali et membre de l’Union économique et moné-taire ouest-africaine (UEMoA) qui regroupe huit états de la sous-région.

FAIrE FACE à LA CoNCUrrENCE DéLoyALE

L’une des contraintes majeures à cette volonté d’expansion demeu-re la concurrence avec les pro-duits frauduleusement importés dans le pays. En outre, l’ancien-ne entreprise publique, l’HUI-CoMA, que le groupe a acquise, connaît des difficultés d’approvi-sionnement en graines de coton, sa matière première. Elle subit de plein fouet la concurrence dé-loyale de petites unités opérant dans le même secteur avec un nombre restreint d’employés et moins de charges fiscales et so-ciales. «La réussite n’est pas une course de vitesse, mais de fond», rappelle l’opérateur économique. «vouloir arriver à quelque chose, vouloir atteindre un but et tou-jours se dépasser, ça se prépare et ça exige de la persévérance, une grande force de travail et une grande force morale également. Lancez-vous dans la course de fond mais n’oubliez pas que le temps c’est de l’argent et que qui n’avance pas, recule», conseille Tomota aux jeunes générations d’entrepreneurs. Il est en tout cas une brillante illustration de cette vision pragmatique des affaires.

Moussa Bolly

DES GRIEFS COntRE

HUICOMAEn 2006, des em-ployés se sont plaints de « mauvais trai-tements « de la part de leur direction et du non-respect, par le PDG Aliou Tomota, des clauses du contrat de cession signé le 16 mai 2005 entre le groupe To-mota et l’Etat malien. Le groupe n’aurait pas injecté les milliards d’investis-sement promis dans l’HUICOMA. Certains employés du groupe, dont des syndicalis-tes, se sont égale-ment plaints d’arres-tations arbitraires, de licenciements abusifs et de non-paiement de salaires. D’où le procès intenté par le personnel à la direction le 12 juillet 2006. A suivre.

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INDICATEUR38 39

Que l’exploitation

De 1997 à 2005, l’exploitation des mines d’or a injecté plus de 690 milliards de f CfA dans l’économie malienne, soit 76,75 milliards de f CfA en moyenne par an. Mais, à qui profite vraiment l’or du Mali ?

Sur les 690 milliards de F CFA, l’Etat, c’est-à-dire le Trésor public, perçoit 49,4

%, soit 341,7 milliards de F CFA. Puis viennent les fournisseurs (294.4 milliards de F CFA, 42,6 %), rémunérés pour fournir de l’électricité, le matériel de bureau, le carburant et les lubrifiants… Quant aux salariés, 45,3 milliards de F CFA leur ont été versés de 1997 à 2005; soit 6,5 % de la rente minière. Enfin, premiers concer-nés et derniers servis, les commu-nautés locales n’ont bénéficié que de 9,2 milliards de F CFA, soit 1,3 %. Sans surprise, Sadiola est par an-cienneté la première contributrice à la rente aurifère malienne (330,3

milliards de F CFA soit 47,7 %). Mais, elle est talonnée par Morila ouverte trois ans plus tard et qui a déjà injecté dans l’économie ma-lienne 276,3 milliards de F CFA, soit 40 % du total. Autres contri-

butrices : Yatela (67 milliards gé-nérés depuis 2000, soit 10 %) et Kalana, qui a rapporté après un an d’exploitation 3,74 milliards (0,5 %). Le montant global (690,72 mil-liards de F CFA) équivaut à 30 % de la valeur des exportations ma-liennes d’or entre 1997 et 2005. C’est aussi l’équivalent des dé-penses du gouvernement malien dans la Santé et l’Education pour deux ans. Quel est l’impact réel de l’or sur l’économie du pays ? «Les grandes mines améliorent la balance du paiement, mais leur effet d’entraî-nement reste assez faible sur l’ensem-ble de l’économie malienne. Locale-ment, les conventions d’exploitation donnent aux firmes l’obligation de

participer au développement social, mais chaque opérateur est libre de sa contribution», répondait ainsi M. Hamed Diane Séméga, ancien mi-nistre malien des Mines, de

l’Energie et de l’Eau (il dirige le département de l’Equipement des Transports depuis le 3 octobre 2007). «A Sadiola par exemple, Anglo-gold verse 5000 dollars mensuels au

fonds de développement local. C’est intéressant, mais pas suffisant pour répondre aux attentes en terme d’ha-bitat, d’infrastructure, d’eau pota-ble... D’autant que l’or est un produit sensible dans un pays très pauvre. Autour des mines, les attentes de la population sont énormes», avait-il ajouté en répondant aux questions d’un confrère.«Le problème du Mali, c’est qu’il existe aujourd’hui très peu de mines de taille intermédiaire aux mains d’opérateurs nationaux. Nous avons soit de grandes mines exploi-tées par des multinationales dotées de moyens techniques et financiers très puissants, soit des artisans or-pailleurs, dépourvus de tout moyen efficace d’exploitation. Nous devons tenter de faire émerger une classe d’opérateurs miniers maliens qui exploiteront des gisements d’impor-tance intermédiaire afin que les in-vestissements réalisés profitent plus directement au pays», avait analysé M. Séméga. Et le nouveau Code minier doit aller dans ce sens, tout en créant des conditions in-citatives pour l’investissement des grandes sociétés minières.

Moussa Bolly

Autour des mines, les attentes de la population sont énormes

de l’or à l’Etat malien ?rapporte

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L’état des lieuxAvec une contribution de 50 % en recettes d’exporta-tion, soit quelque 300 milliards de f CfA (450 millions d’euros), et de 10 % dans le produit intérieur brut (PiB), la filière or reste l’un des secteurs clés de l’économie malienne et le premier poste d’exportation du pays, devant le coton et l’élevage. Mais, les perspectives ne brillent pas autant que le précieux métal.

INDICATEUR40

Troisième producteur africain d’or, derrière l’Afrique du Sud et le Ghana, le Mali pourra-t-il conser-

ver encore longtemps cette place ? C’est la question que de nombreux observateurs se posent aujourd’hui. Certes, après être tombée à 41,58 tonnes en 2004, la produc-tion est repartie à la hausse : 50 tonnes en 2005, 53 tonnes en 2006 et 60 tonnes en 2007. Mais, rien n’est sûr au-delà de 2012, puisqu’une partie des réserves jusqu’ici mise en valeur devrait être épuisée. Sauf à découvrir de nouveaux gisements. En attendant, plus de 95 % du total de la pro-duction aurifère du Mali est assuré par six mines (Morila, Sadiola, Yatéla, Loulo, Ka-lana et Kadiéran) situées dans le sud ou le sud-ouest du pays. La 7e mine, Tabakoto (région de Kayes, à l’Est du pays), est présentement fermée pour rentabi-lité insuffisante.Le gisement le plus productif est celui de Morila. Ouver-te depuis 2000, cette mine à ciel ouvert est exploitée par la société Morila SA, dont le capital est détenu par les compagnies sud-africaines Anglogold Ashanti (40 %) et Randgold Resources (40 %) ainsi que par l’Etat malien (20 %). Après un pic en

2003 (à 23,74 tonnes), sa production était tombée à 17,63 tonnes en 2004 avant de remonter à 23,83 tonnes l’année suivante. Avec des réserves évaluées à 160 tonnes, Morila pourrait être en service jusqu’en 2012. Sadiola est le deuxième gisement du pays. Exploité par la Société d’exploitation des mines d’or de Sadiola (SEMOS). Elle as-socie le sud-africain Anglogold Ashanti (38 %), le canadien Iamgold (38 %), l’Etat malien (18 %) et la Société finan-cière internationale (6 %), filiale d’in-vestissement de la Banque mondiale. Ce gisement a produit 15,1 tonnes en 2005, en léger recul en un an (15,57 tonnes en 2004). Vient ensuite la mine de Yatéla, va-lorisée par le consortium Iamgold (40 %),

Anglogold Ashanti (40 %) et l’Etat ma-lien (20 %). Celle-ci affiche une

production plus modeste : 8 tonnes en 2005. La production de Loulo, dont l’opérateur est Somilo (Randgold 80 %, Etat ma-

lien 20 %), n’a été que de 1,64 tonne en 2005. Mais, le site

dispose d’un potentiel impor-tant: une durée de vie de vingt ans, 45

tonnes de réserves d’or à ciel ouvert, des ressources de 110 tonnes dans sa partie sulfurée et un gisement estimé à 60 ton-nes en profondeur. Une nouvelle étape a

été franchie en novembre 2006 dans son exploitation avec le lancement de l’extrac-tion en profondeur. Cette phase d’exten-sion mobilisera plus de 50 milliards de F CFA sur cinq ans. Durant cette période, la mine, qui emploie déjà plus d’un millier de personnes, créera 1000 nouveaux em-plois. En outre, le ravitaillement en carbu-rant et en équipements ainsi que certains aspects du transport seront exécutés par des privés maliens. Enfin, Kalana (la première mine indus-trielle du pays) n’a produit que 540 kg en 2005. Mais, son exploitation, qui avait été mise en veilleuse en décembre 1991, n’a été relancée qu’en 2004. Elle est assurée par la Somika (détenue par Avnel Gold, filiale du canadien Nevsun Resources, et l’Etat malien). Ses réserves sont estimées à 14 tonnes et sa durée de vie est évaluée entre douze et vingt ans. La mine à ciel ouvert de Tabakoto, située à 350 km à l’ouest de Bamako, a été inau-gurée en mai 2006. Elle renfermerait 58 tonnes d’or. La production attendue était de 3,1 tonnes en 2007, puis de 3,4 tonnes en 2008 et en 2009. Elle est assurée par la Tabako Mining Company (Tamico), dont le capital est détenu par Nevsun Resour-ces (80 %) et l’Etat malien (20%). Mais, depuis quelques mois, cette mine est en arrêt. Sa teneur en minerai d’or aurait été surévaluée.

Quelles perspectives pour la filière aurifère ?

Le gisement de Kodiéran aurait dû commencer sa production en 2007. Exploité par Wassoulor SA,

dont le capital est détenu à hauteur de 80 % par un privé malien et de 20 % par l’Etat, il pourrait produire 5 tonnes par an. Deux usines sont en cours d’installation, qui pourront ouvir leurs portes en juin 2008. Les investissements déjà réalisés s’élèvent à 24 milliards de F CFA. L’année 2008 devrait voir le redémarrage

de l’exploitation de la mine d’or de Syama (près de 540 Km au Sud

de Bamako). Elle avait été fermée en mars 2001 en

raison de la baisse des cours mondiaux de l’or. Reprise par le groupe australien Resolute, qui possède 80 % du capi-

tal, aux côtés de l’Etat malien (20 %), la Somisy

va investir quelque 60 mil-liards de F CFA pour redémar-

rer ses activités. De quoi assurer cinq années d’exploitation et créer 700

emplois locaux. L’exploitation de ces nou-veaux gisements permettra en partie de compenser la baisse de production inéluc-table des mines de Sadiola, Morila, Yatéla. Mais, à terme, tous les espoirs sont permis. Des réserves nouvelles, évaluées à un to-tal de 600 tonnes, ont été identifiées dans les régions de Kayes et de Sikasso. Dopée par la remontée des cours depuis 2003, la recherche de nouveaux gisements bat son plein. Fin 2005, quelque 120 titres miniers, en majorité centrés sur l’or, avaient été déli-vrés par les autorités. Outre les zones tradi-

tionnelles, de nouvelles régions pourraient être prospectées, comme le nord du pays, où les perspectives s’annonce bonnes de-puis la découverte d’un gisement aurifère important au sud de l’Algérie. Pour intensi-fier l’exploration, le gouvernement malien a lancé (le 6 mai 2006) un programme de développement du secteur minier. Celui-ci vise à améliorer le cadre de l’in-vestissement, à approfondir la connais-sance géologique ainsi qu’à diversifier les productions. Sans compter que le Code minier du pays est en révision pour se met-tre en conformité avec celui de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) en place depuis la fin 2003. Simultanément, le développement de l’ex-traction artisanale, qui produit entre 3 et 4 tonnes d’or par an, est encouragé afin de démultiplier les effets induits de l’exploita-tion aurifère sur l’économie locale. La valorisation d’autres ressources mi-nières est heureusement une priorité des autorités maliennes. Ainsi, elles prévoient d’utiliser une partie de la taxe de 3 % sur la valeur de l’or pour créer un fonds minier destiné à la valorisation des sous-sol et la diversification des ressources minières. Le calcaire, le marbre, la bauxite, le phos-phate, les pierres précieuses et semi-précieuses... Le sous-sol malien est loin d’être pauvre. Il existe aussi un bassin sé-dimentaire de 800 000 km2 susceptible de contenir du pétrole. L’exploration pé-trolière a ainsi été fortement relancée ces deux dernières années. C’est dire que les lendemains de l’exploitation de l’or se pré-parent déjà au Mali.

Moussa Bolly

41

Hamed Sow, le ministre malien de l’Energie, des Mines et de l’Eau

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INTERNATIONAL42 43

PRéSIdENTIEllES AMéRICAINES 2008

ET SI C’éTAIT lUI ?En décembre 2007, un sondage donnait Barack Obama gagnant sur les cinq principaux can-didats républicains; s’il parvient à émerger des Primaires. Et si l’Amérique osait enfin élire un président Noir ?

Le sondage, aux accents d’adou-bement pour Barack obama, est pris très au sérieux par d’éminents analystes politiques

américains. C’est le cas de l’ancien por-te-parole de George Bush senior devenu consultant. Ari Fleischer estimait, fin 2007, que «le climat actuel n’est pas fa-vorable aux républicains». D’autant que le même sondage a donné un résultat inverse si c’est Hillary Clinton qui se pré-sente dans le camp démocrate face aux ré-publicains. Car, comme le reconnaît John Zogby, patron de l’institut de sondage du même nom : «l’ex-première dame a mobi-lisé la base républicaine contre elle, mieux que n’importe quel candidat». Traduction : Hilla-ry rodham Clinton ne pourra pas gagner contre Mc Cain, le candidat républicain qui a le vent en poupe. Si Barack obama survit aux primaires, c’est une autre histoire. re-doutant une prolongation du mandat des républicains et donc une dilution de leurs aspirations, en cas de triomphe d’hillary Clinton, nombre de militants démocrates penchent pour l’in-vestiture du jeune sénateur de l’Illinois à l’issue des primaires. Ce qui serait une petite révolution, un cas inédit mais pas impossible. on comprend pourquoi Ba-rack obama tient avec Hillary Clinton des rapports de catcheur sur un ring.Mais on comprend moins pourquoi le candidat noir, âgé de 46 ans, a subi une campagne de diabolisation orchestrée en sourdine par le camp Clinton. En ef-

fet, pour gagner quelques points dans les sondages, Hillary Clinton a loué les ser-vices d’un artificier en calomnies, Bob Kerrey qui, en décembre 2007, a assimilé les membres de la famille obama à des intégristes enturbannés. Cette calomnie n’est pas anodine, quand on connaît la paranoïa de certains Américains à l’égard des musulmans. Bob Kerrey, le chargé des basses oeuvres, a beau s’excuser après pour son incartade, le mal était déjà fait. Il a réussi a fait douter une partie des Amé-ricains hostile à l’idée d’un président musulman à la tête des Etats-Unis. Pour-tant une contre-enquête de la chaîne de

télé Fox News n’a pu avérer ces insinua-tions sur obama qui est bien catholique. L’autre partie des Américains commence à croire aux capacités de changement de la politique américaine par obama. La fa-mille Kennedy et les stars de Hollywood en tête : Will Smith, George Clooney, oprah. Ils attendent surtout du candidat ds propositions concrètes sur la guerre en Irak, la crise du subprime ou encore le dé-faut d’assurance-santé pour des millions d’Américains.Barack obama premier président Noir de l’histoire des Etats-Unis ? En tout cas,

celui-ci martèle que, s’il était élu, il ferait immédiatement rapatrier les troupes amé-ricaines présentes en Irak. Son succès dans l’Iowa, son score honorable dans le New Hampshire (36% des suffrages des votants démocrates), et son triomphe relatif le 5 février (il a rallié 13 Etats à sa cause et s’est assuré l’allégeance de 515 délégués contre 615 pour Hillary Clinton qui a gagné dans 8 Etats) prouvent qu’il entend dépasser les clivages ethniques. Car l’Iowa et le New Hampshire sont peuplés de Blancs à 90% qui se sont montrés sensibles aux dis-cours d’obama. Tout comme John Kerry (l’ancien challenger de George W. Bush

à l’élection présidentielle de 2004), qui s’est rallié à la cause d’obama. Le candidat noir (ou métis, c’est selon), que certains comparent à John Kennedy pour sa ca-pacité à électriser les foules, tient à fédérer tous les Amé-ricains. Il ne veut pas tomber dans le piège du sectarisme

où se sont enferrés d’autres candidats qui semblent seulement s’adresser à leurs par-tisans. Mais, on pourra lui reprocher son programme très interventionniste : plus de réglementation en matière économi-que, une réforme tranchée du système de santé, et davatange d’impôts sur les socié-tés et les fortunes pour financer des pro-grammes sociaux. Aussi, lui prédit t-on un score faible dans le sud blanc conservateur très courtisé par les républicains. Mais lui croit en son destin, se rêvant en premier président Noir de l’histoire des Etats-Unis. Mouftaou Badarou

lE CANdIdAT NoIR, QUE CERTAINS CoMPARENT à JohN KENNEdy PoUR SA CAPACITé à élECTRISER lES FoUlES,

TIENT à FédéRER ToUS lES AMéRICAINS.

Il faudra 2 025 soutiens de délégués pour obtenir l’investiture démocrate à l’élection présidentiel-le américaine. Le 4 mars, jour du second super tuesday, Hillary Clinton s’est relancée dans la course à l’investiture démocrate dans l’Ohio, le Texas et le Rhode Island. Obama lui n’a gagné que dans le Vermont. Mais, Barack Obama est en tête des primaires (1606 délégués contre 1484 pour Mme Clinton) après les scrutins du Wyoming et du Mississippi les 8 et 11 mars. La primaire de la Pennsylvanie, le 22 avril, pourra conforter son avance sur Hillary Clinton.

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L’AFRIQUE QUI GAGNE44 45

Après avoir séduit ses collègues astronautes

de la nasa par sa compétence, Cheikh Modibo

Diarra veut aider l’Afrique à combler le fossé

numérique qui le handicape. Portrait de cet

ancien gamin de Ségou (230 Km au nord de

Bamako) qui rêvait d’étoiles sans savoir qu’il

allait piloter des sondes à travers la galaxie.

Un cerveau au service de l’Afrique

Diarra

Grand, imposant, sourire généreux sous sa barbe poi-vre et sel, Cheick Modibo Diarra

sait faire partager sa passion pour les sciences, et la navigation spa-tiale en particulier. La mission «Mars Pathfinder» l’a fait connaî-tre dans le monde entier. Il a été le navigateur en chef de la sonde de la NASA qui a déposé, le 4 juillet 1997, un petit robot mobile sur la planète rouge. Il a été aussi chargé par l’agence spatiale de populari-ser le projet auprès des élèves, des enseignants et plus généralement des contribuables américains. C’est également lui qui présentait l’opération sur Internet. Avec 100 millions de connexions, le pre-mier jour ouvrable après l’atter-rissage, celle-ci a pulvérisé tous les records.Rien ne semblait prédisposer à un tel parcours l’enfant né en 1952 à Nioro du Sahel d’un père com-mis de l’administration coloniale. Dans un livre autobiographique «Navigateur interplanétaire», Cheick Modibo Diarra raconte comment il est passé des bords du Niger au «Jet Propulsion La-boratory» ( JPL) de la NASA, à Pasadena (Californie). Comme il le dit lui-même, ce n’est pas l’iti-néraire d’un «premier de la classe, mais celui d’un gosse turbulent, puis d’un étudiant boursier en France qui rate ses examens ou néglige de les passer». Il ajoute, en introduisant son livre, «j’étais un élève brillant, mais désorganisé. J’ai voulu montrer aux lecteurs que si moi, qui suis d’une indiscipline notoire, j’ai fait cela, eux peuvent faire mieux».Selon une pratique traditionnelle, le jeune Modibo n’a pas été élevé par sa mère, mais confié à l’aînée des quatre épouses de son père, Binta. «Tata», comme il l’appelle,

le chérit comme «le bien le plus précieux de la terre». C’est à elle qu’il dit devoir sa joie de vivre, la confiance qu’il a dans les hommes et dans l’avenir. Un formidable atout dans une vie qui n’est pas toujours facile. Contrairement à beaucoup d’enfants de sa géné-ration, il a eu la chance d’aller à l’école. Très curieux, l’enfant ma-nifeste peu d’intérêt pour la théo-rie. Il veut donc découvrir l’essen-ce des choses qu’on lui enseigne. Ainsi, l’enseignement qu’il suit au lycée technique de Bamako, puis en France est trop théorique à son goût. Le véritable déclic viendra plus tard. Il est par la suite admis à l’univer-sité Howard de Washington où il avait pourtant posé sa candida-ture presque «comme un gag», à l’occasion d’un voyage aux Etats-Unis. Inscrit en mécanique spatiale, il découvre là d’autres méthodes, davantage basées sur l’expérience. La NASA le repère. En 1988, le centre de Pasadena lui offre deux emplois : il choi-sit «navigateur interplanétaire». Pour, dit-il, «la beauté du titre qui me remplissait d’une jubilation si in-tense qu’aujourd’hui encore, malgré toutes ses années écoulées, elle n’est pas tarie». Le navigateur guide la sonde à travers les espaces sidé-raux, en calculant la trajectoire du petit engin. Cheick Modibo Diar-ra a donné sa pleine mesure dans cette tâche où on doit faire ce qui n’a jamais été fait.

ChANgER l’AFRIQUE gRâCE à l’EdUCATIoN

En 1999, il obtient de la Nasa de travailler à mi-temps. Ce qui lui permet de se consacrer au dé-veloppement de l’éducation en Afrique, en créant notamment la Fondation Pathfinder pour l’édu-cation et le développement. La

même année, novembre 1999, il est désigné président du Sommet Africain de la Science et des Nou-velles Technologies (SASNET), une nouvelle institution qui a son siège au Gabon. C’était lors de ses assises fondatrices de cet organis-me qui vise à faire entendre la voix du continent dans la recherche de pointe. Son attachement au secteur de l’Education n’est pas surprenant car pour lui, «investir dans l’hom-me à travers l’éducation est la seule voie possible vers un développement durable et digne du continent afri-cain». En 2002, il prend un congé sabbatique afin de développer à Bamako (Mali) un laboratoire de recherche sur l’énergie solaire. Organisateur du Forum sur l’édu-cation à Dakar en avril 2000 et du Forum sur l’Afrique au Siège de l’UNESCO en novembre 2001, Cheick Modibo Diarra est ambas-sadeur de bonne volonté de cet organisme onusien. L’astrophysicien a été le premier président de l’Université virtuelle africaine, basée au Kenya, qu’il a quitté en 2005 pour cofonder l’Université Numérique Franco-phone Mondiale. Et le 20 février 2006, Microsoft a annoncé la nomination de Cheick Modibo Diarra au poste de président de Microsoft Afrique. Il a ainsi pour mission de promouvoir les rela-tions avec les gouvernements et les acteurs clés sur l’ensemble du continent en vue de comprendre le potentiel et le développement des nouvelles technologies de l’in-formation.Il réalise des projets dans de nom-breux pays de l’Afrique sub-saha-rienne en allant sur le terrain et en organisant des ateliers de sensibi-lisation des enfants aux bienfaits de la science pour l’humanité.

Moussa Bolly

«Investir dans

l’homme

à travers

l’éducation

est la seule

voie possible

vers un

développement

durable et digne

du continent

africain»

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L’AFRIQUE QUI GAGNE46

Africa Femmes PerformantesL’édition 2008 du Congrès international de la femme noire se tienda

effectivement en avril à Paris, avec la participation d’éminentes per-

sonnalités féminines noires.

vous avez aimé l’édition 2007 du Congrès interna-tional de la Femme noire à Paris, vous

serez tout aussi séduits par l’édi-tion 2008, où seront présentes toutes les femmes leaders Noires qui comptent. Comme la minis-tre gabonaise de la Famille et de la promotion de la Femme, Angéli-que Ngoma, qui fait partie de ces femmes d’action qui se mobilisent en faveur dudit Congrès. Présente lors du séminaire de restitution tenu le 29 septembre 2007, et or-ganisé par Africa Femmes Perfor-

mantes, Angélique Ngoma a tou-jours martelé la nécessité de créer des ponts entre les femmes noires de la diaspora et celles du conti-nent : « Femmes de la diaspora, nous n’avons plus de continent, nous devenons femmes du monde, le cœur nous appelle là où nous devons être, pour apporter notre modeste contri-bution et le monde a besoin de nous. Comme on dit en Afrique : la rivière a connu des méandres parce qu’elle n’avait personne pour la guider. Si vous avez des expériences profitables, c’est l’occasion pour échanger. Je vous dit : levons nous ! Car réunies, nous seront plus fortes et pourrons espérer

les lendemains meilleurs. Passons aux actes car ils sont plus significatifs que les paroles». Le Congrès internatio-nal de la Femme noire permet donc à la gent féminine de se retrouver pour mener des actions concrètes et comptabili-ser le potentiel humain de l’Afrique où qu’il se trouve. Ceci permet également à la femme africaine, acteur clé du développement, de sa-voir comment elle est perçue par une diaspora engagée dans le proces-sus du développement du continent. Les missions du Congrès peuvent être ainsi décli-nées : inciter les fem-

mes du monde entier, par la force de l’exemple, à devenir des citoyennes responsables à part entière, chacune dans son environnement et son domai-ne d’activité; réunir les femmes professionnelles en favorisant la réflexion et le dialogue sur des su-jets ayant un impact direct sur leur épanouissement social (ceci dans le cadre du « club des performan-tes ». Celles qui ont besoin de ren-forcer leurs compétences bénéfi-cieront de formations appropriées assurées par la société Challengy); collaborer avec les femmes entre-preneures, scientifiques et ingé-nieures, sportives et écrivaines dans le cadre d’une plate forme profitable à tous à long terme. Africa Femmes Performantes, or-ganisatrice du Congrès, ne perd pas de vue que 80% des écono-mies d’Afrique subsaharienne ré-sultent du travail des femmes qui jouent un rôle important dans les échanges entre l’Afrique et sa Dias-pora des Caraïbes, d’Amérique et d’Europe. Aussi, Africa Femmes Performantes compte t-elle axer la thématique du Congrès d’avril sur le développement des petites, moyennes et micro entreprises, sur la promotion des compéten-ces pour entreprendre, sur la for-mation professionnelle ainsi que sur la coopération en milieu d’Af-faires.

Arnaud Valette

Angélique Ngoma, ministre gabonaise de la famille, de la protection

de l’enfance et de la promotion de la femme. Elle témoigne ici, à une

conférence d’Africa Femmes performantes

à Paris, des actions concrètes initiées

par le président Bongo Ondimba pour l’épanouissement de la femme gabonaise.

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FOCUS48 49Bénin

Boni YaYi, deux ans après

Fort d’une excellente cote de popularité et d’une majorité au Parlement béninois, le président Boni Yayi n’aura aucune excuse si sa politique du «Faire du Bénin un pays émergent» échoue. Deux ans après sa prise du pouvoir, où en t-il ?

Le pays le plus stable d’Afrique» a donc connu sa troisième alternance paisible,

avec l’élection de Boni Yayi le 19 mars 2006. L’ancien président de la BOAD (banque ouest-afri-caine de développement) qui veut faire de son pays le Hong Kong de l’Afrique n’a t-il pas des ambitions démésurées ? Cetrtes, celui que certains ont seulement découvert à sa prise du pouvoir n’est pas un novice des affaires publiques. Ancien conseiller éco-nomique du président Nicéphore Soglo de 1990 à 1992, il a fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille, étant entendu que ce fléau, bien ancré dans les moeurs béninoises, constitue évidemment un frein au dévelop-pementde ce pays de 8 millions d’habitants, qui donne bien de leçons de démocratie aux autres nations d’Afrique. Prémices de

son abnégation une fois au pou-voir, Boni Yayi a fait montre d’humilité durant la campagne présidentielle de 2006. Ce que les Béninois ont apprécié, à com-mencer par les piliers de l’an-cienne alliance Wolèguèdè qui l’a porté au pouvoir, à savoir Bruno Amoussou (Parti Social-démo-crate), Lehady Soglo (Parti de la Renaissance du Bénin) et Idji Kolawolé (Mouvement africain pour le développement et le pro-grès-MADEP).Ce père de cinq enfants (dont trois vivent aux Etats-Unis), né à Tchaourou en 1952 (curieuse-ment, aucun document ne men-tionne son mois de naissance) s’est lancé dans une politique de grands travaux estimés à 1350 milliards de FCFA sur cinq ans.Les priorités ont été identifiées: le redressement de l’économie béninoise, une autoroute entre Cotonou et Bohicon (au centre

du pays), des échangeurs sur la route Cotonou-Porto-Novo et surtout un nouvel aéroport pour le Bénin. Bref, les projets sont ti-tanesques, mais les critiques ne manquent pas, à commencer par l’impatience du numéro 1 béni-nois. On lui prête des discours trop optimistes alors qu’à chaque fois, la réalité est plus délicate. Les résultats de la campagne co-tonière 2006-2007 ont été de 250 000 tonnes contre 500 000 ton-nes annoncées. L’interconnexion électrique avec le Nigeria est une réalité, huit turbines à gaz ont été commandées à un fournis-seur américain afin de pallier les défaillances de la SBEE (Société béninoise d’énergie électrique), mais les délestages n’ont pas dis-paru, une vraie calamité pour une économie en expansion. La dette intérieure de l’Etat (55 milliards de FCFA) n’est pas non plus to-talement réglée. A cela s’ajoute

le limogeage trop fréquent de ministres ou de collaborateurs. Le secrétaire général du gouver-nement remercié en janvier 2008 ne semble pas être le dernier de la liste, tant le président Yayi est cou-tumier du fait. Quand d’aucuns

le taxent d’autori-taire, lui tempère en rappelant : «Je ne connais pas un seul pays au monde qui peut se développer sans un minimum de

fermeté!». Pourtant, certains mi-nistres, se sentant réduits au rôle d’exécutants, confient en secret leur scepticisme sur cette métho-de de travail pour le moins cava-lière. D’autres, des observateurs

politiques, estiment que le prési-dent béninois privilégie l’ethnie de sa mère (les Bariba) dans le choix des cadres ministériels et autres directeurs de sociétés pu-bliques ou semi-publiques.En somme, deux ans après sa prise du pouvoir, Boni Yayi est sur une bonne lancée. Pour peu qu’il ne reste pas imperméable aux critiques constructives.

Cherifa BADIROU

«Je ne connais pas un seul pays au monde qui peut se développer sans

un minimum de fermeté!»

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Abdallah Denis Nguesso

il y a un an, cet éditeur musical doué originaire du

Congo-Brazzaville nous confiait ses ambitions de

popularisation de la musique africaine en France.

Où en est-il aujourd’hui ? Quid des ambitions po-

litiques que certains lui prêtent ?

«Si Dieu le veut, je pourrais un jour exercer une fonction politique dans mon pays...»>>

MENTION BIEN À50 51

directeur général de Denide Productions

Comment se porte Denide Productions ?Ma maison de productions se porte pas mal. La preuve c’est le suc-cès de mes artistes produits, comme Guy-Guy Fall, Extra Musica, Patrouille des Stars, Les Chasseurs de Kata-Kata, Chairman, etc. Le métier d’éditeur musical est éprouvant, on n’obtient des résultats qu’en étant constant dans l’effort. Egalement, je viens de remettre à plat les bilans de Denide Productions, et j’avoue être plutôt satisfait de la santé financière de ma structure.

Il y a un an, vous confiez à Managers votre ambition de placer vos ar-tistes en bonne position dans les hit-parades en Afrique et en France. Y êtes-vous parvenu ?Je pense que j’y suis parvenu. Voyez combien la musique congolaise cartonne en Afrique et même en Côte-d’Ivoire, berceau du coupé-décalé. Aujourd’hui, même TF1 diffuse du coupé-décalé à l’antenne. L’animateur Benjamin Castaldi en a également programmé dans ses émissions. Vous voyez donc que notre combat n’est pas vain. Je suis particulièrement heureux pour la percée du coupé-décalé en France, lequel rythme est une dérivée du ndombolo congolais.

Qu’est devenu l’orchestre Patrouille des Stars que vous avez promu en France il y a quelques années ?Le succès de Patrouille des Stars est le résultat du combat intégral que je mène depuis fort longtemps. Les mélomanes africains ont le plaisir de constater que ma collaboration avec Patrouille des Stars a été très

fructueuse. C’est un groupe qui continue de drainer des foules. Pas plus tard que le 29 mars dernier, ils ont offert un concert de bel-le facture au public du Centre culturel fran-çais de Brazzaville. Et ça été une sorte d’apo-théose musicale, une parfaite symbiose entre les artistes et les fans qui se sont déplacés en masse. Patrouille des Stars est un groupe costaud dont je suis fièrement le président d’honneur. Si tout va bien, ils seront en France en septembre-octobre pour une série de concerts à l’intention de la diaspora afri-caine. Ils avaient eu l’opportunité de chanter pour les Africains de France, il y a quel-ques années, à Savi-gny-le-Temple (ban-lieue parisienne) avec Koffi Olomidé. Mais, ce dernier, qui était pourtant leur parrain, n’a pas voulu qu’ils assurent la première partie de son concert. Ils vont aujourd’hui corriger le tir, et pourraient même aller se produire en live à Monaco.

Nous sommes à l’ère de la dématérialisa-tion du support musical. On consomme de la musique sans passer par le CD. Denide Productions a t-il des offres musicales en téléchargement payant sur Internet par exemple ? Bien sûr, nous avons étoffé nos offres mu-sicales dans ce sens. On ne peut pas aller contre le progrès. On voit bien que les jeunes et les moins jeunes ont adopté en masse le téléchargement sur Internet. Sauf que moi, je n’aime pas trop ce procédé. Le vrai mélomane doit aimer et la musique et le support musical. Parce que les graphistes qui conçoivent les pochettes des disques doivent continuer de vivre de leur art. Leur travail est primordial, car une belle pochette

peut déclencher un achat d’impulsion.

Parlons politique. Le gouvernement congo-lais a conclu un accord de paiement de ses dettes avec Elliott Fund, qualifié de vautour par le président Sassou. Que pensez-vous de ces fonds spéculatifs spécialisés dans le ra-chat à bas prix des dettes du tiers-monde? Les «fonds vautours» ne datent pas de maintenant. Ils ont toujours sévi dans les pays africains. Quand j’avais 16 ou 17 ans, on en parlait déjà au Congo. Ces fonds ra-chetaient déjà les dettes que l’Etat congolais

n’arrivait pas à honorer. Le fait que les «fonds vautours» soient d’ac-tualité aujourd’hui me fait sourire.

Actuellement, de nom-breux acteurs politiques congolais se position-nent dans la perspec-tive de la présidentielle de 2009. N’est-ce pas

là une campagne prématurée ?Bien sûr. L’élection présidentielle n’est pas encore d’actualité. C’est pourquoi je ne vais pas m’apesantir sur ces positionnements politiques. Ce que je puis dire, c’est qu’il y a un pouvoir en place, qui gère les affaires du pays. Les jeunes politiciens doivent se gar-der de toute impatience. Ils doivent plutôt prendre le temps de faire leur classe politi-que, c’est-à-dire d’apprendre les rouages de la politique. L’apprentissage est nécessaire avant l’exercice du pouvoir. Nous sommes jeunes, nous devons nous ranger derrière ceux qui dirigent le pays actuellement.

On vous reconnaît un certain capital de sympathie auprès des jeunes Congolais. Allez-vous un jour descendre dans l’arène politique ?Je dirai non, tout de suite. Sauf que c’est

Dieu qui décide de tout cela. S’il est dit qu’un jour, j’exercerai des fonctions politi-ques, ça serait par la volonté de Dieu. Je n’ai que 41 ans, j’ai encore beaucoup de choses à prouver au peuple congolais. Moi ma for-ce, c’est ma foi en Dieu. Et j’essaie d’être en concordance avec ses principes.

Quel message véhiculez-vous à travers vo-tre nouveau look de «commandant des FARC» ?Ne prenez pas en considération le sens pre-mier des mots «commandant des FARC». Je n’ai pas vocation à être un guerillero. Seu-lement, je pense que les artistes doués qui n’arrivent pas à faire éclore leur talent sont prisonniers de l’arrière-scène. Mon rôle est donc de les libérer, de les propulser au de-vant de la scène. Je me considère donc com-me un libérateur de talents. D’où mon nou-veau look de «commandant des FARC».

Propos recueillis par Mouïnath Olabissi

«L’apprentissage est nécessaire avant l’exercice du pouvoir.

Nous sommes jeunes, nous devons nous ranger derrière ceux qui dirigent

le pays actuellement».

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PARCOURS RÉUSSI52 53

Rashiwa Francine

artiste-peintre«L’art africain n’est pas suffisamment

représenté en Europe»

Pour ceux qui ne vous connaissent pas, qui êtes-vous ?Je suis Gabonaise, j’ai fait une partie de ma scolarité au Gabon puis j’ai poursuivi des études supérieures de socio-psychologie à Montréal. Mais, ma grande passion pour l’art a été mal acceptée par ma famille qui pensait que je n’arriverai pas à vivre de cette activité. Ensuite, je suis retournée au Gabon, et là, mon père a finalement approuvé mon choix. J’ai par la suite entrepris une forma-tion de stylisme et j’ai fréquenté l’AFPA (Association pour la formation des adultes) pour suivre des cours de mécanique modèle. J’ai longuement travaillé dans le domaine de la mode et je me suis rendu compte que ce n’est pas mon domaine de prédilection. Je m’intéressais plus à l’art plastique, en parti-culier la peinture, la création de bijoux et de ceintures. Autodidacte, je n’ai jamais fait une école de Beaux arts, je ne possède pas non plus une spécialisation dans le domaine de l’art, j’ai appris sur le tas. Après une candida-ture spontanée dans une école de stylisme à Paris, j’ai pu faire un stage à l’Ecole de filatu-re de Rouen. A l’issue de ce stage, j’ai trouvé ma voie dans le textile et la peinture. Je crois posséder des qualités de coloriste et le sens de l’harmonisation des couleurs.

Votre première exposition remonte à quand? Elle a lieu à Limoges en 1995. D’autres ont suivi depuis. En 2001, j’ai exposé dans le cadre d’un hommage à l’Afrique noire dans le Val-de Marne, en banlieue parisienne. En 2006, je représentais le Gabon à l’UNESCO lors de la Semaine de l’expo, et lors des fêtes d’indépendance de mon pays, les 17 août 2006 et 2007. A chaque fois, j’ai pu nouer des contacts fructueux. Les gens pensent que l’art pictural est inaccessible, qu’il est pu-rement intellectuel alors que c’est de l’ordre des émotions, des sensibilités. Je ne m’ins-cris pas dans le schéma de l’art occidental, n’ayant pas reçu une formation académique. J’invite donc les gens à venir découvrir les artistes, à venir à leur rencontre afin d’appré-cier les différentes formes de l’art qui est une

façon de s’exprimer, de se représenter et de transmettre des valeurs.

Quels messages véhiculez-vous à travers vos toiles ?Je célèbre le couple, dans la rencontre, la fusion ou la tendresse. Ma peinture est une peinture d’amour. L’être humain, et plus précisément la femme, est le thème central de mes oeuvres. La femme ramène à l’essen-tiel, et donc à l’amour. Le thème de la pré-sente exposition est «rêveries de femmes». L’être humain, pour se réaliser, passe par un rêve. Pour moi, le rêve peut déterminer la construction identitaire de quelqu’un. Pourquoi les femmes ? La femme est sou-vent porteuse de rêves, elle parle plus faci-lement de ses rêves, elle est rêveuse de paix, d’amour et de nature.

A quelle clientèle sont destinées vos toiles ? Mes oeuvres sont accessibles à tous les bud-gets et peuvent intéresser bon nombre de personnes. Je suis polyvalente dans la réali-sation de mes travaux. Je réalise des objets des objets de maison, des bijoux, je peins sur du verre et sur du bois.

Pensez-vous que l’art africain est assez re-présenté en Europe ?L’art africain n’est pas suffisamment repré-senté en Europe, les médias européens ne le valorisent pas non plus. Il y a des talents sûrs en Afrique en termes de créativité, d’initia-tives et de création d’entreprises, mais on nous rabat les oreilles sans cesse avec les ca-tastrophes, le sida et les guerres. Il faut faire en sorte que les médias puissent réhabiliter ces talents de la diaspora toujours passés sous silence. Il y a un travail de fond à faire sur des générations. En ce qui me concerne, mon travail plaît car je reçois de nombreux témoignages sur mon livre d’or. Il est vrai qu’il aurait fallu cibler un public plus large, ou engager une meilleure médiatisation de mes expositions. Mais je vais m’y atteler pour les prochaines manifestations. Contact mail : [email protected]

Propos recueillis par D. Z. Alida

Elle a exposé du 16 au 23 décembre 2007 au restaurant Le Touareg à Paris 12e, dans un cadre oriental convivial, un décor typiquement arabesque, et qui rappelle la magnificence des palais orientaux. Cette Gabonaise vivant à Paris a réussi à concilier la culture gabonaise et africaine avec celle de l’Orient.

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NigerSénégal

Bénin

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UN CONTINENT EN MUTATIONS

NIGE

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Et si Hama Amadou avait un destin présidentiel ?

Le soir du 31 mai 2OO7, commentant la chute de son gouvernement suite à une motion de censure initiée par l’opposition, Hama Amadou déclarait : « ce n’est qu’un gouvernement qui est tombé.» Le Premier ministre désavoué refusait d’y voir la fin du Mouvement natio-nal pour la société de développement, le MNSD-Nassara au pouvoir depuis 1999. Et pour cause. « Nassara » en langue haussa veut dire « Victoire ».

Le MNSD-Nassara, plus grand parti politique du Niger, pour s’assurer d’autres victoires après celles de 1999 et 2004, a charmé une trentaine de

partis politiques au sein l’AFD, l’Alliance des forces démocratiques pour la Répu-blique, «cadre de concertation, de réflexion et d’action» dont la durée, même limitée à la législature sous laquelle elle a été créée, cache mal l’ambition secrète visée : la mise en place d’une base populaire élargie pour l’échéance électorale de 2009. Mais seule-ment voilà, le cinglant désaveu infligé au gouvernement que dirigeait Hama Ama-dou depuis la réélection de Mamadou Tandja, candidat du MNSD, a brusque-ment changé les donnes et mis, du jour au lendemain, le doute dans l’esprit de bon nombre de ses partenaires et amis poli-tiques. Volontairement qualifié de «nia-meyzé», un bagarreur impétueux, Hama Amadou faisait peur à tous ses adversaires potentiels au sein du parti. L’homme avait une telle ascendance sur ses adversaires potentiels, que tous s’effacèrent devant sa personnalité d’homme politique véhé-ment, affûté, fin stratège et manœuvrier

hors pair. Jusqu’à cette date de la chute de son équipe gouvernementale, tout le gra-tin politique national voyait en lui le suc-cesseur tout désigné de Mamadou Tandja. Pour s’assurer que la voie est toute déga-gée devant lui, il n’hésita pas à soutenir un

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L’ex-Premier ministre nigérien Hama Amadou affûte ses armes,

dans l’attente de son jour de gloire.

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NIGER

NIGER

troisième mandat du président Tandja, en réalité seul adversaire possible qu’il faut pousser à la faute. Mais le vieux Peul, dans sa sagesse, abrègera toutes les folles rumeurs qui courent les rues de Niamey. Dans les colonnes du quotidien fran-çais «Le Monde» , le 6 octobre 2007, il déclare solennel-lement : «je suis un démocrate, je me retirerai comme prévu [en 2009]. Je servirai mon pays autre-ment.» On n’attendait pas plus à Niamey pour se remuer dans les interstices du MNSD. La déclaration de Tandja dans la presse internationale donnait à certains l’idée d’organiser le Conseil national du parti à Zinder le 22 décembre 2007, jour anniversaire de l’investiture du président nigérien dont «les relations très anciennes d’amitié et de collaboration sont devenues très froides» avec son Premier ministre, confie anonyme, un ami commun aux deux premières personnalités du pays.

Hama, un stratège habile Sur les huit sections du parti, plus de la

moitié se montraient favorables à cette idée. Il a fallu à Hama manœuvrer avec in-telligence et déployer une grande force de conviction pour arracher à l’establishment du Nassara, le report sine die de cette ren-

contre enceinte de tous les dangers et périls possibles. Aujourd’hui oc-cupé à revigorer le parti pour les ba-tailles électorales de 2009, Hama Ama-

dou tient ainsi une victoire psychologi-que contre ceux et celles qui tentent de se positionner. L’ex-Premier ministre va t-il porter le coup fatal à ceux-là avant 2009 ? Toujours est-il qu’ «au Niger tout est possi-ble, tout change du jour au lendemain, sauf l’entrée de votre maison» ainsi que le concè-de un observateur politique du pays. Af-frontant l’adversité interne au sein de son parti, Hama n’a jamais oublié ses adversai-res politiques dont notamment les initia-teurs de la motion qui ont mis son pouvoir à terre. Le PNDS-Tarayya, regroupement de jeunes socialistes intellectuels et syndi-calistes, a méthodiquement sapé le navire Hama en déversant quotidiennement dans

les médias locaux des chiffres accablant sur la gestion du gouverne-ment, des chiffres qui soulignent «le contraste entre les fastes des uns et le dénuement des autres, entre le labeur accablant et la paresse insolente». Cette campagne de ré-vélations sur «les vrais chiffres de la corruption sous le régime MNSD» dénommée «tankata-féri» à Niamey, «révé-lations scandaleuses» connut son premier effet en mars 2005 lors-que la société civile ni-gérienne, dans un vaste mouvement social,

sortit dans les rues pour réclamer des me-sures contre la cherté de la vie. Le PNDS venait de dénoncer les accointances dou-teuses entre le pouvoir et certains grands commerçants de la place sur des chiffres à donner le tournis dans la misère ambiante du sahel. «Plus d’une centaine de milliards sont allés directement dans les poches de commerçants proches de Hama Amadou au détriment des pauvres citoyens qui peinent à avoir le pain quotidien» résume t-on au PNDS. Le Président Tandja n’attendra pas longtemps pour en savoir plus et reçut, à plusieurs reprises sans son Premier mi-nistre, Mahamadou Issoufou le patron du PNDS, chef de file de l’opposition. Cette campagne qui tendait à «donner une leçon de politique au régime» ainsi que le décla-rait Mahamadou Issoufou, passait égale-ment par le dépôt de motions de censure contre le gouvernement. Certaines sont restées lettre morte sans être discutées, d’autres ont été rejetées par vote. La der-nière, contre toute attente, a porté le coup de grâce le 31 mai 2007. La motion dé-nonçait «une gestion des affaires publiques marquée par la corruption» en l’occurrence le détournement de plus d’un milliard de francs CFA destiné au développement de l’école nigérienne. Elle a été votée à 62 voix pour sur un total de 113 députés qui composent l’hémicycle de Niamey. Pour-tant, la majorité présidentielle comptant 88 députés, cette motion de censure aurait pu être rejetée. Les propres partisans de Hama Amadou avaient donc voté contre lui. Ce qui lui fera dire qu’un «complot sor-dide est ourdi pour affaiblir son parti dans la perspective des prochaines électorales.» (voir Managers, septembre-octobre 2007).

Il affûte ses armes, à l’abri des sunlights

L’inspecteur des douanes du début des années 70, qui connut une ascension ful-gurante dans la haute administration nigé-rienne et qui détient le record de longévité à la tête d’un gouvernement avec près de 8 années à la Primature, a eu le temps de tis-

ser sa toile. Au Niger et dans les pays étran-gers. Sa carrière prend son envol à la prise du pouvoir en avril 1974 par le Conseil mi-litaire suprême dirigé par Seyni Kountché. Préfet adjoint à Agadez, Zinder et Tahoua, il sera nommé Directeur général de l’OR-TN (Office de radio télévision nigérienne) de 1983 à 1984. Le président nigérien Sey-ni Kountché, devenu Général au pouvoir, le prendra sous son aile en le nommant directeur de son cabinet. A la mort de son mentor en 1987, Hama Amadou n’aura pas à pleurer sur son sort, car le successeur de Seyni Kountché, Ali Saibou le nommera ministre de l’information. A la conférence nationale, Hama Amadou qui assurait la fonction de secrétaire à l’organisation du Conseil supérieur de l’orientation natio-nale, sera le héros de son camp en tenant tête aux adversaires politiques détermi-nés à en finir avec l’ancien parti uni-que. Au sortir de la conférence natio-nale, il est imposé Secrétaire général du MNSD-Nassara. «Celui qui a évité au vieux parti l’hu-miliation suprême lors de la conférence nationale ne mérite pas d’être laissé sur la touche» confie t-on aujourd’hui dans les rangs du bureau politique national du parti. «Le seigneur de Youri», comme on aime à l’appeler à Niamey, occupe pour le moment ses journées à gérer les affaires quotidiennes de son parti en attendant le Conseil national prévu, sans date précise, dans le courant du premier trimestre 2008. Le reste du temps, il reçoit des Nigériens humbles chez lui, dans la grande propriété de Yantala à Niamey.Mais l’élection présidentielle de 2009 reste plus que jamais dans son viseur.

Oussouf DIAgOLA

«je suis un démocrate, je me retirerai comme prévu [en 2009]. Je servirai mon

pays autrement.»

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Selon nos informations, Seyni Oumarou, l’actuel Premier ministre nigérien, pourra lui aussi

briguer le mandat présidentiel en 2009. Le président Mamadou Tanja ne peut plus

solliciter les suffrages des électeurs en 2009, au terme des ses deux

mandats successifs.

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UN CONTINENT EN MUTATIONS58 59

PRéPARATIFS dU SoMMET dE l’oCI à dAKAR

Histoire d’un

acharnement...Le 10 juillet 2007, c’est un rapport du Syndicat national des architectes du Sénégal(Synas) qui a déclenché l’acharnement contre l’Agence nationale chargée de la réalisation des travaux pour la bonne tenue du 11ème sommet de l’Organisation de la conférence islamique (Oci) prévue du 14 au 18 mars 2008 dans la capitale sénégalaise.

Le rapport du Synas pointa du doigt «anomalies, retards, manquements dans la mise en œuvre des ouvrages etc.» et son onde de choc a été

ressentie jusqu’au palais présidentiel et à l’Assemblée nationale. La Commission parlementaire de l’économie générale, des finances, du plan et de la coopération économique n’a pu alors s’empêcher de lancer une convocation pour auditionner les premiers responsables de l’agence à sa-voir Karim Wade, président du Conseil de surveillance de l’Anoci, non moins fils du président sénégalais, et Abdoulaye Balde son directeur exécutif, par ailleurs secré-taire général de la Présidence. Tentons d’y voir clair.

Le Syndicat national des architectes du Sé-négal, crée en 2002, est une organisation corporatiste indépendante qui défend les

intérêts des architectes locaux. Son pré-sident Ousseynou Faye désapprouve le fait que les architectes sénégalais aient été écartés des grands travaux de préparation du sommet de l’Oci. Mais, Ousseynou Faye omet de mentionner que l’Anoci n’a pas non plus l’obligation de choisir les ar-chitectes sénégalais. Il s’érigera en donneur de leçons en épinglant les «manquements constatés» tant au niveau social (les amé-nagements pour les personnes à mobilité réduites) que sécuritaire (le tunnel de la corniche long de 300 mètres a été conçu sans bande d’arrêt d’urgence, ni issue de secours ou bouche d’évacuation). Ainsi, le 26 juin 2007, un comité bipartite est mis en place, composé de 6 représentants de l’Anoci (dont le Coordinateur délégué et les chefs des divisions administrative, financière, infrastructures routières et in-frastructures hôtelières) et de cinq repré-sentants des architectes dont le président du Synas, Ousseynou Faye, nommé rap-porteur du comité dirigé par le président de l’Ordre des Architectes du Sénégal,

Un dossier délicat>

Mamadou Berthe. Tout semblait donc en place pour une démarche participative in-telligente entre l’Anoci et les architectes en vue d’«inspecter les travaux, recueillir les in-formations pertinentes sur les sites, analyser l’ensemble du processus de réalisation tant sur le plan de la conception des ouvrages que la mise en œuvre, et enfin faire des propositions pertinentes» conformément à la mission assignée au comité. Du 28 juin au 2 juillet 2007, le comité effectue des visites d’ins-pection sur les chantiers de la Corniche ouest et de la VDN (voie de dégagement nord). Le 5 juillet le comité se réunit pour la dernière fois et décide d’accorder la pri-meur du rapport au président de l’Anoci. Mais seulement voilà, le rapport finalisé, se retrouve sur la voie publique, publié par la presse. On y lit, entre autres, que la réalisation des infrastructures routières de la Corniche ouest (de Bienvenue aux Mamelles, soit une dizaine de kilomètres) nécessite un coût initial de 36 milliards, celle de la VDN qui mesure 6 kilomètres une bonne vingtaine de milliards. A ces De gauche à droite, lors d’une prière à la mosquée

centrale de Dakar, on reconnaît Abdoulaye Baldé, le directeur éxécutif de l’Anoci, un prince saoudien, Karim Wade, et à l’extrême droite le président Abdoulaye Wade.

L’ex-Premier ministre Idrissa Seck n’est pas en odeur de sainteté avec Karim Wade pour ses attaques virulentes contre le président sénégalais.

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montants, le rapport mentionne qu’il faut ajouter des coûts supplémentaires et l’Anoci aurait «avoué ne pas disposer pré-sentement de budget pour les aménagements du terre plein central et pour l’ensemble des propositions d’amélioration proposé par les architectes». Depuis, l’Anoci a rajusté le tir en entreprenant des rectifications sur ses ouvrages. Pierre Goudiaby Atepa, conseiller architecte démissionnaire du président sénégalais, déclare qu’il se «ré-jouit des rectifications heureuses que l’Anoci a eu l’intelligence d’opérer et qui donnent plus d’allure à la Corniche». Et Goudiaby Atepa de refuser tout autre commentaire sur «ce dossier délicat».

Un projet remanié>

UN CONTINENT EN MUTATIONS60 61

Mais Ousseynou Faye, jamais en retard d’une provocation, sortira son costume préféré de contestataire en qualifiant les correctifs apporté au projet de «rectifications de façades qui ne coûtent que des bonbons». Il précise qu’«au lieu des passerel-

les au niveau de la Maison d’arrêt, du parc Magic Land, de l’Université, du quartier ré-sidentiel de Fann, de la cité des enseignants et du quartier Mermoz comme recommandés dans le rapport, l’Anoci a choisi de faire des passages cloutés et s’autorise par contre un terre-plein central en béton là où un amoncel-lement de terre aurait suffit». Quant à la sta-bilisation du monument du millénaire «il peut s’effondrer à tout moment pour un rien à cause du manque d’études préalables comme cela se doit avant tout octroi de marchés» fait-il remarquer. Même si les murets ont été enlevés, l’architecte Faye ne s’en satis-fait pas et fait remarquer que la largeur des

Au commencement fut, en juin 2006, l’affaire du corbeau. Un jeune étudiant sénégalais, de Strasbourg en France, accusa le directeur exécutif M. Baldé d’avoir perçu des pots de vin. Il sera condamné

par la justice pour dénonciation mensongère. Qui sème les fausses ru-meurs récolte une condamnation ! En Janvier 2007, l’entrepreneur Bara Tall parle «d’irrégularités dans l’attribution des chantiers de l’Anoci» et révèle que lors d’une réunion en 2005 avec des entreprises, Karim Wade aurait affirmé devant les responsables présents «qu’il n y a pas d’appels d’offres à passer puisque ce sont les Etats bailleurs de l’Organisation de la conférence islamique (Oci) qui désignent les entreprises. Une opération qui finalement reviendrait au même puisque les entreprises sénégalaises pourront toujours sous-traiter avec celles arabes, l’intégralité des mar-chés». Après le fameux rapport du Synas, c’est l’Assemblée nationale, présidée par l’ancien Premier ministre Macky Sall, qui s’intéressait, elle aussi, au dossier Anoci dont le président Karim Wade est soupçonné d’ambitions présidentielles. Un semblant de guerre de positionnement à la succes-sion du Président Wade qui déclare, au sujet du sommet de l’OCI, devant l’assemblée des ministres des affaires étrangères du groupe africain de l’organisation de la conférence islamique réunis début septembre 2007 à Dakar : «que personne ne se fasse du souci, tout sera prêt à temps...»

L’ Anoci n’est pas n’importe quelle agence au Sénégal. Créée par décret prési-

dentiel en 2004 pour préparer le 11ème sommet de l’Organi-sation de la conférence islami-que de 2008, cette agence est dotée d’un budget d’investis-sement initial de 356 milliards 208 millions de francs CFA. Elle vient de bénéficier, dans le budget 2008 de la Présidence de la République, d’une ligne d’un peu plus de 20 milliards de CFA pour financer ses dépas-sements budgétaires. Cette superstructure directement reliée à la présidence fait l’objet d’acharnement de la part des adversaires de Karim Wade à tel point que la presse locale ne rate aucune occasion de publier des articles de polémiques et de controverses sur l’Anoci. Ainsi, pour l’hebdomadaire La Sentinelle, «les accusations de pots de vin, attribution de marchés de gré à gré, erreurs de construction, dépassement budgétaire, ont entre autres griefs émaillé la gestion de cette agence». L’Anoci elle argumente qu’aucune erreur de gestion ne peut lui être imputée.

routes de 5 mètres au lieu des 7 mètres règlementaires, continuera à poser des problèmes tout comme le tunnel de Soumbédioune qui demeure un danger permanent, sans bande d’arrêt d’urgence, sans issue de secours, sans dispositifs de lutte anti-incendie. Il ne fallait pas plus pour ameuter l’ensem-ble de la presse nationale sénégalaise, très politisée au demeurant, qui utilise tout prétexte pour s’acharner contre l’Anoci.Ainsi va le Sénégal.

Oussouf DIAgOLA

KARIML’AMBITIEUX

D’aucuns soupçonnent le président Wade

de baliser la route de la présidence à son

fils. Mais, Karim lui-même a de la suite

dans les idées.

Le président Abdou-laye Wade serait-il en train de baliser

la voie présidentiel-le à son fils, malgré

ses dénégations ?

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Grand manitou des préparatifs du som-met de l’OCI, Karim Meïssa Wade, affec-tueusement appelé

Karim, est né le 1er septembre 1968 à Paris. Encore nourrisson, ces pa-rents l’amènent au Sénégal d’où il partira à quinze ans. Doté d’un sens aigu de l’organisation, méticuleux et tatillon, ce corps d’athlète (1m90) est un homme pudique, qui n’aime pas étaler sa vie privée. On sait tout juste qu’il est marié à une Française, Karine, et qu’il est père de trois pe-

tites filles. Karim Wade a fait une entrée fracas-sante sur la scène politique de son pays, il y a sept ans, lors de la pré-sidentielle séné-galaise remportée

par son père le 19 mars 2000. C’est un homme secret comme tous les natifs du signe vierge. Tenant par-ticulièrement à sa réputation, il est souvent en procès de diffamation avec des journalistes, dont ceux du journal L’Observateur. Il éprouve également une profonde aversion pour l’ex-Premier ministre Idrissa Seck très critique et arrogant à

l’égard du président Wade. Autant Karim est intraitable avec ses ad-versaires, autant il est fidèle en ami-tié. Ses amis, dont le roi du Maroc Mohamed VI, ont tous confirmé la solidité des liens amicaux qui les unissent au fils du président séné-galais. Lui-même aime à marteler : «un ami reste un ami, même s’il est en enfer !». Respectueux des préceptes de la religion musulmane, Karim Wade met un point d’honneur à en-voyer des musulmans démunis en pèlerinage à la Mecque. Karim compte parmi ses proches son conseiller, chargé des relations avec les médias, Cheikh Diallo, Ha-bib Diouf le fis de l’ancien président du Sénégal, le chanteur Thione Seck, l’ex-Premier ministre Macky Sall, le ministre de l’Economie et des Fi-nances, Abdoulaye Diop, le direc-teur exécutif de l’Anoci Abdoulaye Baldé, le notaire Amadou Mous-tapha Ndiaye, ou même le témoin de son mariage Thierno Ousmane Sy. Lorsqu’il reçoit ces personnes à son domicile privé, il a du plaisir à leur faire lui-même le thé. Ce bouli-mique des livres d’économie est un passionné de travail, qui dort très peu. Aussi exigeant avec lui-même qu’avec ses collaborateurs, il aime le travail bien fait, même dans les

détails. N’a-t-il pas lui-même l’ha-bitude de clamer que «le diable se cache dans les détails».

KARIM, SUCCédERA T-Il à SoN PèRE ?

Tout porte à croire que Karim Wade a un destin national, même si son père le dément et que lui-même n’en donne pas l’air. L’organisation du Sommet de l’OCI est un véritable ballon d’essai, un futur argument de campagne. Il n’est pas possible qu’il ne veuille pas recueillir les fruits de la transformation de Dakar. Depuis l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations en 1992 à Dakar, jamais la capitale sénégalaise n’a connu cette mue profonde, cette transfigu-ration. Des Sénégalais de l’étranger, de passage à Dakar, ne manquent pas de décerner un satisfecit au président de l’ANOCI devant l’am-pleur des nouvelles infrastructures hôtelières et de voirie. Même si Ka-rim Wade n’a le mérite que d’être le superviseur des travaux, puisque les pays du golfe sont les grands ordon-nateurs de ce projet d’envergure.La création de Génération du concret par le président de l’Anoci en mai 2007, n’est pas non plus anodine. Ce mouvement (qui a tout l’air d’un futur parti politique) a été porté sur les fonts baptismaux pour peser sur la vie politique sénégalai-se. La preuve, Karim Wade rencon-tre très souvent en secret des per-sonnalités sénégalaises susceptibles de l’épauler demain. Il a également réussi à placer ses proches dans l’actuel gouvernement sénégalais, notamment à la tête des ministères de l’agriculture, de la jeunesse, de la solidarité nationale ou encore de la fonction publique. Mais lui-même, comment peut-il accéder à la magis-trature suprême ? Suite à la démis-sion de son père ? Ou en rempor-tant les élections présidentielles de 2012 ? Ce probable cas de figure ne sera pas une sinécure, car les Séné-galais auraient l’impression de vivre sous un régime dynastique. Mais rien n’est impossible en politique.

Daphné Benoît

Tout porte à croire que Karim Wade a un destin national, même si son père le dément et que lui-même n’en donne pas l’air.

UN CONTINENT EN MUTATIONS62 63

Média

s

lA RévolUTIoN AUdIovISUEllEEN AFRIQUE FRANCoPhoNE

Depuis 2001, on constate que sur les 22 pays d’Afrique membres de la fran-cophonie, plus de seize sont déjà engagés assez franchement sur la voie de la libéralisation de l’audiovisuel. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes.

120 ! C’est le nom-bre de chaînes

de télévisions privées créées depuis 2001 dans le seul espace d’Afrique francophone (hors Maghreb), dont 35 chaînes pour la seule RDC ou 40 licences attribuées au Burkina Faso (mais, seules 8 chaînes sont opérationnelles à ce jour). Plus de 15 chaînes TV sont accessibles par satellite ou Internet à partir d’Europe ou des Etats-Unis. Une cinquan-taine d’opéra-teurs locaux et le groupe Canal+ se partagent un marché de quel-ques 250 000 abonnés officiels ou 800 000 esti-més (le piratage continue de faire des ravages). Nul doute : une véri-table révolution du paysage audio-visuel de l’Afrique francophone est en marche. En moins de six années, ces avancées apparaissent remar-quables lorsque l’on considère la jeunesse de l’audiovisuel dans ces pays et le relatif dénuement maté-riel des populations.Il faut bien reconnaître que la coo-

pération internationale francopho-ne a, historiquement, fortement contribué à ce développement de l’audiovisuel. Rappelons-nous d’abord qu’entre 1996 et 1997, le Canada équipa une quinzaine d’opérateurs locaux en systèmes de transmission de chaînes TV. La même année, la coopération fran-çaise lança le bouquet satellite LE SAT; huit chaînes francophones, en dehors des opérateurs locaux, pouvaient alors retransmettre et

commercialiser en Afrique fran-cophone. L’arrivée sur le continent de ces médias du Nord –presque imposés de fait par la coopéra-tion internatio-nale– a eu pour effet bénéfique et presque im-

médiat de sensibiliser les autorités locales à la nécessité de se réappro-prier le traitement de leur informa-tion : le paysage audiovisuel glissait dangereusement vers un monopole occidental, qui n’a jamais vraiment fait montre d’objectivité dans le traitement des nouvelles du Sud.Aujourd’hui, l’Afrique franco-phone a globalement des raisons

d’être fière de l’évolution de son paysage audiovisuel privé, qui s’ouvre et s’améliore chaque année davantage. Malgré les difficultés structurelles auxquelles les chaînes de télévision ont été confrontées à leur début, plusieurs sont par-venues à créer une nouvelle éco-nomie francophone : les contenus audiovisuels se vendent désormais (au lieu de s’échanger contre de la publicité) du Nord vers le Sud, du Sud vers le Sud et, beaucoup plus timidement, du Sud vers le Nord. Cette nouvelle économie, bien que présentant encore de fortes lacu-nes en termes de contrôle et de lé-gislation notamment, est parvenue à s’auto-structurer en à peine un plus de six ans. Quant aux contenus proposés par ces chaînes, on déplore encore trop de programmation musicale. Et, ce sont les mêmes séries pha-res –souvent ivoiriennes ou bur-kinabés quand elles ne sont pas brésiliennes- que l’on retrouve du Sénégal au Cameroun en passant par le Bénin. Car, s’il y a plus de télés en Afrique francophone, la production africaine, elle, a encore un long chemin à parcourir avant de satisfaire à la demande des té-léspectateurs.

Séverine LAURENT

S’il y a plus de télés en

Afrique francophone, la

production africaine, elle,

a encore un long chemin à

parcourir avant de satis-

faire à la demande des

téléspectateurs.

Très pieux et généreux, Karim

Wade envoie souvent, à ses frais,

des Sénégalaises démunies en pèleri-

nage à la Mecque.

Séverine LAURENT>

Managers N°4&5Avril-Mai-Juin 2008

Managers N°4&5Avril-Mai-Juin 2008

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FORUM64 65

QUEllES STRATégIES PoUR l’INdéPENdANCE éCoNoMIQUE dE l’AFRIQUE ?

la pauvreté qui mine plusieurs pays d’Afrique trouve ses raci-nes dans des causes endogè-nes et exogènes : la colonisa-tion qui a provoqué des dégâts psychologiques incommensu-

rables auprès de ces peuples, la dé-colonisation qui n’a jamais abouti, les aléas climatiques, les dictatures et la corruption, les guerres qui em-pêchent l’homme africain de créer de la valeur ajoutée nécessaire à son épanouissement.Le manque d’outils de production et de stratégies de développement renforce la dépendance économi-que de ce continent. L’Afrique n’ar-rive pas, ainsi, à nourrir tous ses enfants et à participer activement au commerce international. La no-tion d’indépendance implique une certaine autonomie politique, une souveraineté monétaire et écono-mique. Dans les relations économiques internationales, le constat est ce-lui–ci : les leviers de commande

échappent large-ment aux peuples africains. Les di-rigeants africains doivent prendre leur responsabi-lité et comprendre que le monde est d’abord un mar-ché dans lequel ils ont un rôle à jouer. Ils doivent mettre fin aux rapports

d’amitié. Notre planète a besoin de l’Afrique pour son développement. Ce continent doit d’abord penser à défendre ses intérêts et établir des

nouvelles relations avec le monde. Nos gouvernants doivent accepter l’alternance et une opposition poli-tique nécessaire au fonctionnement d’un Etat moderne. Cela permettra d’instaurer la paix, un climat de stabilité politique et ainsi, le réta-blissement de la confiance avec les acteurs économiques nationaux et étrangers.La dette qui plombe les économies africaines doit être renégociée. Les rôles de la Banque Mondiale et du FMI doivent être redéfinis. Les po-litiques d’ajustement structurel, encouragées par le FMI et la Ban-que Mondiale, et qui reposent sur la recherche et l’établissement des grands équilibres macro–économi-ques, sont négativement ressenties par les populations : difficulté d’ac-cès aux soins, baisse des salaires des fonctionnaires, chômage, dés-colarisation des plus jeunes… Ces programmes renforcent la dépen-dance des pays africains vis-à-vis des grandes puissances et réduit la notion de l’Etat à sa plus simple expression. La conséquence de tout cela est l’émigration des jeunes africains. L’Afrique doit arriver à garder ses enfants sur son territoi-re, or ce continent est privé de ses forces vives. Car l’idée qui domine est celle–ci : «On ne peut réussir qu’en s’expatriant». Il n’existe pas de modèle écono-mique idéal sans la confiance et le soutien du peuple. Les bases de construction d’une économie solide étant encore fragile, l’Afrique ne peut pas se permettre de pratiquer l’ultralibéralisme à l’occidentale. Il est dommage que de nombreux

Etats africains soient sous la tutelle des institutions financiè-res. La puissance publique est ainsi réduite et ne peut être en mesure de définir l’intérêt gé-néral. Les pays africains ont au contraire besoin de s’appuyer sur un Etat protecteur pour pou-voir relever les défis économi-ques d’aujourd’hui et de demain. Les secteurs clés de l’économie doivent être défendus pour es-pérer réussir une souveraineté alimentaire, la base d’une réelle indépendance économique.L’indépendance économique de l’Afrique ne signifie pas re-pli sur soi. Nous vivons dans un monde de plus en plus ouvert. Les relations économiques in-ternationales sont de plus en plus croisées. Les échanges in-ternationaux sont un moyen de pouvoir s’enrichir. L’Afrique peut rester elle–même, attachée à ses traditions et participer ac-tivement aux échanges interna-tionaux. Les relations économi-ques internationales ne doivent pas se limiter aux liens avec l’Occident. Le renforcement des échanges Sud/Sud permettra au continent africain d’avoir des nouveaux débouchés.Le chantier est vaste. L’indépen-dance économique, c’est d’abord la lutte contre le sous-déve-loppement. L’enjeu aujourd’hui pour l’Afrique est de retrouver une crédibilité internationale. La transparence sur les comp-tes de l’Etat, la volonté réelle de

lutter contre la corruption et la garantie de la sécurité juridi-que des investissements sont les grands défis à relever.De même, l’Afrique pourra acquérir son indépendance économique lorsqu’elle aura une maîtrise de sa propre monnaie pour en-courager les échanges entre les différentes régions. Rappe-lons–nous des difficultés décou-lant de la dévaluation du franc CFA : baisse du pouvoir d’achat, multiplication des dettes de ces pays, déforestation pour planter encore plus de café et de cacao, crise écologique. Les habitants de la zone CFA ont vu croître la pauvreté dans leurs territoires et la dépendance économique est devenue encore plus criante. L’Afrique doit contrôler sa mon-naie et pour cela, la création d’une zone monétaire panafri-caine unique est une nécessité vitale.L’éducation et la formation doi-vent jouer un rôle de premier plan. L’acquisition des savoirs scientifiques, techniques et technologiques permettra de changer le rapport des forces Nord–Sud. Une éducation politi-que digne de ce nom, pour ceux qui aspirent à devenir des diri-geants politiques, est également une priorité, car la gestion d’un pays requiert des connaissan-ces spécifiques dans la concep-tion d’un budget, ou lors des né-gociations internationales pour éviter d’accepter des projets

contraires aux intérêts des pays d’Afrique.Il faut également en Afri-que des structures de santé dignes de ce nom. Comment peut–on bâ-

tir une nation moderne lorsque l’accès aux soins n’est réservé qu’aux plus riches ? Les diri-geants africains doivent se don-ner les moyens de rendre possi-ble la gratuité des soins à leurs peuples.L’Afrique doit repenser sa poli-tique de développement du sec-teur agricole. Son indépendance économique ne deviendra jamais une réalité si les cultures vivriè-res sont négligées. Oui ! L’Afri-que doit exporter mais, pas au détriment des cultures de base. Elle doit d’abord nourrir son peuple et diversifier sa produc-tion fortement concurrencée par celle des pays riches, car, l’occident subventionne ses produits agricoles et rend les paysans africains plus pauvres. L’appât du gain des sociétés multinationales plombe davan-tage l’état financier des jeunes nations africaines. Les années de conflits sur la propriété in-tellectuelle entre l’Ethiopie, le premier producteur de café en Afrique et le géant américain du « Caffé Latte » en est un exem-ple. Ce pays voulait simplement labelliser des espèces caféiè-res qui font vivre des millions de personnes sur son territoi-re. Refus catégorique de Star-bucks, ce grand distributeur de café dans le monde, qui veut tout contrôler malgré son chif-fre d’affaires avoisinnant le PIB de l’Ethiopie.

Les bases de construc-tion d’une économie solide étant encore fragiles, l’Afri-que ne peut pas se permet-tre de pratiquer l’ultralibé-ralisme à l’occidentale.

L’Afrique peut rester elle–même, attachée à ses traditions et participer activement aux échanges internationaux.

José Silasi

Managers N°4&5Avril-Mai-Juin 2008

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TAPIS ROUGE66

Rencontre à Paris

de Kadhafi avec

les femmes leader du monde

Managers y était ...

Lors de sa visite en France du 11 au 15

décembre 2007, Mouammar Kadhafi, le guide libyen, avait tenu à écouter des personnalités féminines leaders réunies, le 12

décembre, à l’occasion d’une conférence sur la situation de la femme dans le monde. Cet échange de points de vue s’est déroulé dans le salon du Pavillon Gabriel, à Paris, spécialement réservé par l’ambassade de la Libye en France et le

Club des amis des Etats Unis d’Afrique. Cette conférence a rassemblé plus d’un millier de femmes autour du guide de la révolution libyenne et les débats

suivis d’un cocktail ont été très enrichissants.Nicole Sarr

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1. Le colonel Kadhafi s’adressant aux nombreu-ses conférencières.2. Une conférencière brandissant le foulard de bienvenue à Kadhafi spécialement imprimé en milliers d’exemplaires par le Club des amis des Etats Unis d’Afrique, une association à but non lucratif basée à Paris.3.Deuxième à partir de la gauche, on distingue la styliste sénégalaise Diouma Diakhaté, direc-

trice de Shalimar Couture à Dakar.4. A gauche, au milieu d’autres conférencières, Marie-Thérèse Altermat Massing, directrice du groupe Lepervier à Paris.

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