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Malick Sidib / Omar Victor Diop : deux gnrations gniales de portraitistes africains Josphine Bind

Publi le 16/02/2016. Mis jour le 22/02/2016 12h59.

Runis la Galerie du Jour, les deux photographes clbrent le dynamisme de lAfrique via un jeu de miroir ultra-vitamin. A 50 ans d'cart, le mtissage sopre entre couleurs et noir et blanc, du Mali des sixties au Sngal contemporain.

Deux photographes, deux styles. Et presque cinquante ans dcart. Dun ct, les noir et blanc de Malick Sidib, figure prime de la photo malienne. De lautre, les couleurs vives dOmar Victor Diop, jeune Sngalais de trente-cinq ans. Exposs cte cte la Galerie du jour, leurs portraits se tlescopent et se rpondent affichant mme des ressemblances troublantes.

Curieux, ce motif carreaux prsent dans les deux images ! Flte la main, le musicien au turban bleu Klein serait-il la rincarnation du jeune guitariste capt par Sidib en 1963 ? Et ce duo dartistes posant devant un tissu ray, un double contemporain des deux camarades de 1984 ?

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Un hritage commun Histoire, hritage : les deux exposants ont plus dun point commun. Depuis louverture de son studio en 1962, Malick Sidib (aujourdhui g de quatre-vingt ans) tire le portrait des habitants de la capitale malienne. En 1994, il est dcouvert lors de la premire dition des Rencontres de Bamako, biennale de la photographie africaine. Dix-sept ans plus tard, cest au tour dOmar Victor Diop de sy faire connatre, grce une srie de mode pro-recyclage, Le futur du beau .

Mais surtout, tous deux perptuent la tradition des photographes de studio dAfrique de lOuest : des portraits poss et mis en scne. Une pratique sociale quasi-ancestrale, puisquOmar Victor Diop sinscrit dans la ligne de Malick Sidib, lui-mme hritier du Malien Seydou Keta (1921-2001) et du Sngalais Mama Casset (1908-1992), chez qui le grand-pre de Diop stait fait photographier. Ce portrait, le jeune homme sen souvient : lobjet de fiert trnait dans le salon familial.

L'affirmation dune identit Lun pose firement sur son scooter, lautre avec son chapeau flambant neuf. Chez Sidib, les habitants de Bamako (ses clients) exhibent leurs objets ftiches, affirmant leur identit, leurs gots et leurs rves. Chez Diop aussi, on se montre tel quon voudrait tre vu. Vtements, couleurs, tissus : le Sngalais a tout choisi en concertation avec ses sujets. Rsultat ? Une mise en scne dun narcissisme flamboyant, gaye deffets patchwork ou camlon, au gr des superpositions de couleurs et de motifs. On y sent linfluence de la culture pop africaine des eighties et celle des collages dHenri Matisse, trs apprcis du Dakarois.

Mme concept, mmes matres mais chacun son style. Une estrade bricole, des tissus froisss, un bout de mur dfrachi : Malick Sidib use de peu dartifices. De son ct, Omar Victor Diop affiche une esthtique bien plus lche pour son exubrant Studio des vanits .

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Tout en gardant le got de lauthentique : pour ses mises en scne, il utilise les tissus hrits de sa mre. Des trsors chatoyants, cousus main et transmis de gnration en gnration.

Joie et dynamisme Jeunesse, joie et dynamisme : cest lautre fil directeur de cette exposition commune, bourre daplomb et doptimisme. De son ct, Sidib vhicule lambiance joyeuse du Mali des sixties et seventies. Yys, gamins farceurs, garons et filles en pantalons pattes deph, T-shirts leffigie de Bob Marley : ses portraits documentent une poque de transgression des normes, o la jeunesse de lIndpendance partait en qute de son identit sur fond de musique twist et de guitare lectrique.

Acteurs, designers, DJs, plasticiens, journalistes, danseurs Pour sa part, Omar Victor Diop a slectionn les nouveaux visages de la scne culturelle africaine. Son but ? Montrer une jeunesse optimiste et conqurante , ambassadrice dune Afrique dynamique. Parmi eux, beaucoup de femmes au regard fier : la cratrice Selly, la journaliste Oumy Ndour (dont les documentaires ont reu de nombreux prix) ou encore Adama, ditrice de magazine et initiatrice de la Black Fashion Week.

Dune poque lautre : lAfrique en mouvement Mobilit sociale, mancipation fminine : les jeunes dOmar Victor Diop auraient-ils concrtis les aspirations immortalises par Sidib ? En boubou safran et soutien-gorge rouge vif, lactrice et mannequin Sashakara Dieng nous dfie du regard. Fortes et indpendantes, les femmes du Studio des Vanits rpondent certains clichs de Sidib, montrant une facette de la socit malienne : des hommes en position dominante, entours de leurs pouses en habit traditionnel. Et se rapproprient les tenues de leurs anes, quelles brandissent comme des accessoires de mode.

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Rsultat du face--face : limage dune Afrique en mouvement, pleine despoir et davenir. Cette gnration crative qui dcolle, Omar Victor Diop en est dailleurs lincarnation parfaite. Remarqu en 2014 avec son Projet Diaspora (une srie de portraits inspirs par des figures oublies de lhistoire africaine), le Dakarois nen revient toujours pas dexposer aux cts de Malick Sidib. Et bnficiera au printemps dune rsidence dartiste Brooklyn, loccasion de la 1 :54 Contemporary African Art Fair.

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