Malcolm Fraser. De soldat écossais à seigneur canadien ...…En novembre, dans un geste qui fait...

22
Malcolm Fraser De soldat écossais à seigneur canadien Jean-Claude Massé Septentrion 1733 - 1815 édition revue Extrait de la publication

Transcript of Malcolm Fraser. De soldat écossais à seigneur canadien ...…En novembre, dans un geste qui fait...

Page 1: Malcolm Fraser. De soldat écossais à seigneur canadien ...…En novembre, dans un geste qui fait monter la tension, l’armée jacobite franchit la tweed et entreprend de marcher

Malcolm FraserDe soldat écossais à seigneur canadien

Jean-Claude Massé

Septentrion

1733 - 1815

é d i t i o n r e v u e

Extrait de la publication

Page 2: Malcolm Fraser. De soldat écossais à seigneur canadien ...…En novembre, dans un geste qui fait monter la tension, l’armée jacobite franchit la tweed et entreprend de marcher

Extrait de la publication

Page 3: Malcolm Fraser. De soldat écossais à seigneur canadien ...…En novembre, dans un geste qui fait monter la tension, l’armée jacobite franchit la tweed et entreprend de marcher

Malcolm Fraser de soldat écossais à seigneur canadien

Page 4: Malcolm Fraser. De soldat écossais à seigneur canadien ...…En novembre, dans un geste qui fait monter la tension, l’armée jacobite franchit la tweed et entreprend de marcher

Remerciements

Cet ouvrage est le fruit de sept années de travail. Le dépouillement des riches fonds d’archives de la famille Fraser ne pouvait se faire sans la collaboration de plusieurs personnes. Je tiens à souligner le dévouement et la compétence du personnel de Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec, de même que celui de Bibliothèque et Archives Canada à Ottawa.

Je veux tout particulièrement remercier Paul Lessard, chercheur infatigable et grand connaisseur de la communauté anglophone ancienne de Québec. À de multiples reprises, Paul m’a généreusement fait découvrir et fait partager des trouvailles insoupçonnées. Je lui exprime toute ma gratitude.

Je salue aussi l’apport significatif à cette réédition de M. Malcolm Fraser, homonyme et descendant direct du seigneur de Mount Murray, lequel m’a permis de prendre connaissance librement d’une soixantaine de lettres inédites de son ancêtre et de ses enfants. Qu’il soit chaleureusement remercié de son aimable collaboration. Merci enfin à M. Ian Coristine, autre descendant de Malcolm Fraser, qui m’a transmis plusieurs docu-ments familiaux d’un grand intérêt.

Extrait de la publication

Page 5: Malcolm Fraser. De soldat écossais à seigneur canadien ...…En novembre, dans un geste qui fait monter la tension, l’armée jacobite franchit la tweed et entreprend de marcher

Malcolm Fraser de soldat écossais à seigneur canadien

é d i t i o n r e v u e

Jean-Claude Massé

s e p t e n t R i o n

Extrait de la publication

Page 6: Malcolm Fraser. De soldat écossais à seigneur canadien ...…En novembre, dans un geste qui fait monter la tension, l’armée jacobite franchit la tweed et entreprend de marcher

Pour effectuer une recherche libre par mot-clé à l’intérieur de cet ouvrage, rendez-vous sur notre site Internet au www.septentrion.qc.ca

Les éditions du Septentrion remercient le Conseil des Arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC) pour le soutien accordé à leur programme d’édition, ainsi que le gouvernement du Québec pour son Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres. Nous reconnaissons éga lement l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) pour nos activités d’édition.

Illustration de la couverture : L’uniforme des soldats du 78e régiment des Fraser Highlanders. Aquarelle de Frederick M. Miller, BAC, C-005731.

Un dessin réalisé par M. Douglas Anderson, conservé au Musée Stewart, donne une image plus réaliste de ce que pouvait être l’uniforme d’un highlander au xviiie siècle.

Vue de Baie-Saint-Paul en 1807. Aquatinte et aquarelle de George Heriot. BAC, C-012784.

Illustration de la 4e de couverture : Le débarquement des forces anglaises à Québec. Eau-forte de Francis Swaine, vers 1761, BAC, C-000788.

Révision : Solange Deschênes

Correction d’épreuves : France Brûlé

Mise en pages et maquette de la couverture : Pierre-Louis Cauchon

Si vous désirez être tenu au courant des publicationsdes ÉDItIONS DU SEPtENtRIONvous pouvez nous écrire par courrier,par courriel à [email protected],par télécopieur au 418 527-4978ou consulter notre catalogue sur Internet :www.septentrion.qc.ca

© Les éditions du Septentrion Diffusion au Canada :1300, av. Maguire Diffusion DimediaQuébec (Québec) 539, boul. LebeauG1t 1Z3 Saint-Laurent (Québec) H4N 1S2Dépôt légal :Bibliothèque et Archives Ventes en Europe :nationales du Québec, 2006 Distribution du Nouveau MondeISBN papier : 978-2-89448-479-1 30, rue Gay-LussacISBN PDF : 978-2-89664-449-0 75005 Paris

Extrait de la publication

Page 7: Malcolm Fraser. De soldat écossais à seigneur canadien ...…En novembre, dans un geste qui fait monter la tension, l’armée jacobite franchit la tweed et entreprend de marcher

Chapitre 1

L’Écosse au début du xviii e siècle. Culloden ou la fin du rêve jacobite.

L’Écosse au début du xviiie siècle

En 1702, Anne Stuart, fille de Jacques ii, devient reine d’Angleterre et d’Écosse. Depuis une centaine d’années, les Anglais et les Écossais

reconnaissaient le même monarque. L’Écosse conservait son Parlement où sa spécificité et son sentiment autonomiste pouvaient continuer de s’exprimer.

Les Écossais renoncent à leur dernier grand symbole de souveraineté par l’acte d’Union du 6 mars 1707. Seule la promesse d’avantages financiers alléchants a pu leur arracher cette importante concession. Désormais on parlera du Royaume-Uni de Grande-Bretagne.

Le nationalisme écossais a toujours été très fort. Au début du xviiie siècle, ce sentiment national se manifeste principalement dans le Parti jacobite. Ce mouvement désigne à l’origine les partisans anglais et écos-sais de Jacques ii Stuart, roi d’Angleterre, d’Irlande et d’Écosse, déchu de son trône en 1688. Ce roi s’était attiré l’hostilité des protestants anglais par son catholicisme militant et son inhabileté politique. La famille Stuart s’identifiant profondément à l’Écosse, un grand nombre d’Écossais se rangèrent sous son autorité. Au cours des années qui suivent l’acte d’Union, leur sentiment identitaire en arrive ainsi à se cristalliser autour du Parti jacobite.

Soutenus par la France, alliée traditionnelle des Stuart, les jacobites se soulèvent en 17151. Le principal prétexte de la révolte est l’arrivée au trône du prince George, électeur de Hanovre et lointain descendant du roi Jacques Ier, connu désormais sous le nom de George Ier. Perçu par les jacobites comme un usurpateur, celui-ci ne tarde pas à s’attirer

Extrait de la publication

Page 8: Malcolm Fraser. De soldat écossais à seigneur canadien ...…En novembre, dans un geste qui fait monter la tension, l’armée jacobite franchit la tweed et entreprend de marcher

8 malcolm fraser

l’antipathie de plusieurs par son manque de charisme et son peu de sens politique. La rébellion est vite réprimée, mais le mouvement jacobite n’est pas éteint.

Il ne faudrait pas penser que l’Écosse s’est soulevée en masse contre le nouveau souverain. Depuis ses lointaines origines celtiques, le pays était divisé politiquement en clans qui s’alliaient ou se faisaient la guerre au gré de leurs intérêts. Alors que certains clans tiraient avantage à appuyer le nouveau roi, d’autres rêvaient d’une restauration des Stuart.

Certains clans n’échappaient pas eux-mêmes à la division. Ce fut le cas du clan Fraser lors de la période précédant la révolte de 1715. Ayant jugé inadmissible qu’une partie du clan prit parti pour les Stuart, quelques notables firent appel au chef du clan, Simon Fraser de Lovat, alors disgracié et exilé en France. trop heureux de tenir une chance de recouvrer honneur et privilèges perdus, celui-ci se prononça pour le roi George. Ayant réussi à rallier son clan, il fut récompensé par le pardon royal de ses fautes et par la restitution de ses domaines et de son titre de seigneur de Lovat2.

Culloden ou la fin du rêve jacobite

Vingt-cinq ans plus tard, la guerre de Succession d’Autriche ravive la ferveur jacobite. Provoqué par la mort en 1740 de l’empereur germanique Charles vi, ce conflit divise en deux camps les États européens, opposant entre autres la Grande-Bretagne et la France.

Louis xv conçoit en 1743 le projet d’envahir la Grande-Bretagne et d’y rétablir les Stuart sur le trône. Même si le projet échoue lamentablement, l’espoir qu’il suscite ainsi que l’arrivée sur la scène politique de Charles-Édouard, fils du prétendant Jacques-Édouard Stuart, déclenchent un mouvement qui va ébranler le pouvoir du roi George II.

Comme le prétendant Jacques-Édouard ne se sent pas en mesure de mener une nouvelle rébellion, il délègue son autorité à son fils en le désignant comme régent. La personnalité du prince Charles-Édouard explique en bonne partie la nouvelle vigueur des Jacobites. Dans la jeune vingtaine, l’homme est remarquable par son ambition et son énergie ; en outre, il est doté d’une audace et d’un courage exceptionnels. Ayant compris qu’il ne doit pas trop compter sur les Français pour redonner le pouvoir à sa famille, il lève des fonds en mettant en gages les rubis de sa mère et fait le fol pari de rentrer en Grande-Bretagne pour y organiser la rébellion et renverser le régime en place.

Le 23 juillet 1745, le prince débarque avec huit partisans sur l’île d’Eriskay dans l’archipel des Hébrides. Deux jours plus tard, les conspirateurs

Extrait de la publication

Page 9: Malcolm Fraser. De soldat écossais à seigneur canadien ...…En novembre, dans un geste qui fait monter la tension, l’armée jacobite franchit la tweed et entreprend de marcher

chapitre 1 9

mettent les pieds sur le continent, s’activant aussitôt à recruter tous les hommes prêts à se battre pour le rétablissement des Stuart. Avec le ralliement solennel de quelques clans importants le 19 août à Glenfinnan, l’insurrection est officiellement lancée.

Comme un affrontement avec les forces gouvernementales est inévita-ble, l’objectif premier de Charles-Édouard est de se constituer une armée puissante et bien encadrée. Les Highlanders doivent naturellement former la base de cette armée. tout en menant leur campagne de recrutement, les insurgés se dirigent vers Édimbourg. Dans ce qui est leur premier grand succès, ils prennent la capitale écossaise le 17 septembre, sans que celle-ci n’offre de résistance.

La reconquête de l’Écosse est loin de combler les ambitions de Charles-Édouard. Le seul objectif pouvant le satisfaire est la couronne d’Angleterre. En novembre, dans un geste qui fait monter la tension, l’armée jacobite franchit la tweed et entreprend de marcher sur Londres. Le 5 décembre, l’armée entre dans la ville de Derby, à quelque 240 km au nord-ouest de la capitale anglaise. Le mouvement semble si fort qu’une certaine panique commence à gagner Londres, forçant George ii à préparer sa fuite.

Pour arriver à ses fins, Charles-Édouard compte renforcer son armée avec le ralliement des Anglais mécontents et le soutien éventuel de la France. Arrivé à Derby, il doit admettre que l’appui attendu ne se concré-tisera pas. La seule issue pour les jacobites est la retraite.

Le gouvernement anglais n’a d’autre choix que de mater la rébellion. La suite n’est qu’une longue préparation à l’affrontement décisif des deux forces. À la fin de l’hiver 1746, l’armée des insurgés est démoralisée, mal payée, et la bisbille s’est installée dans l’entourage du prince. Malgré l’avis de certains membres de son conseil, Charles-Édouard décide de livrer bataille à l’armée anglaise à Culloden Moor le 16 avril 1746. Les rebelles ne peuvent réunir qu’entre 4 000 et 5 000 hommes, eux qui en ont déjà compté le double dans leurs rangs. L’armée anglaise, plus disciplinée et mieux armée, est forte d’environ 9 000 soldats3. L’engagement dure à peu près quarante minutes et se solde par une défaite cuisante des jacobites. Ceux-ci voient périr entre 1 000 et 1 200 hommes, essentiellement des Highlanders. Le bilan officiel pour l’armée anglaise fait état de 310 soldats morts, blessés ou disparus.

La vengeance des vainqueurs est terrible. Le gouvernement étant déterminé à écraser impitoyablement le mouvement jacobite, les chefs survivants de la rébellion sont dépossédés, exilés, parfois exécutés. Dans le but d’obtenir des effets durables, la répression va plus loin. Pour anéantir

Page 10: Malcolm Fraser. De soldat écossais à seigneur canadien ...…En novembre, dans un geste qui fait monter la tension, l’armée jacobite franchit la tweed et entreprend de marcher

10 malcolm fraser

le système des clans, on abolit les droits de justice héréditaires des chefs. Afin de tuer dans l’œuf toute velléité d’indépendance des Highlanders, le Disarming Act de 1746 frappe de lourdes peines le port et la possession d’armes. On s’en prend à l’identité même de ces derniers en leur interdi-sant le port du kilt, du plaid et du tartan et en proscrivant la cornemuse4. Même si plusieurs droits seront rétablis une quarantaine d’années plus tard, la défaite de Culloden change en profondeur l’identité du peuple écossais.

Au nombre des clans ayant participé à la bataille, on retrouvait les Fraser. Historiquement, la zone d’influence de leur clan est la région avoisinant le Loch Ness, au sud-ouest d’Inverness. Selon la tradition familiale, le père de Malcolm Fraser aurait péri à Culloden5. Dans la suite, nous croiserons les Nairne, Murray, Wolfe et Grant, lesquels, de près ou de loin, furent tous mêlés à cet événement décisif.

Extrait de la publication

Page 11: Malcolm Fraser. De soldat écossais à seigneur canadien ...…En novembre, dans un geste qui fait monter la tension, l’armée jacobite franchit la tweed et entreprend de marcher

Chapitre 2

Origines de Malcolm Fraser. Le 78 e régiment des Fraser Highlanders. Le voyage vers l’Amérique. La prise de Louisbourg.

Origines de Malcolm Fraser

Malcolm Fraser naît le 26 mai 17331 à Abernethy, petite localité écossaise de la vallée de la Spey dans l’Invernesshire. Ses ancêtres

vivaient à Abernethy depuis plusieurs générations sur le domaine des Grant2, dont le clan était, dans l’ensemble, resté neutre lors du soulève-ment de 17453. Malcolm est le fils de Donald Fraser et de Janet McIntosh. Selon la tradition familiale, le couple aurait eu un autre enfant, une fille prénommée Janet, avant que Donald Fraser ne trouve la mort à Culloden. Lors d’un deuxième mariage, Janet McIntosh eut une autre fille prénommée Sarah.

L’enfance et la jeunesse de Malcolm Fraser sont mal documentées. L’information repose en bonne partie sur des détails plus ou moins fiables glanés par un de ses petits-fils, John Fraser de Berry. Passionné par l’histoire de sa famille mais peu critique face à ses sources, celui-ci prétendait faire remonter l’ascendance de son grand-père jusqu’à un dénommé Jules Le Germain, né en l’an 216, soit une filiation de 56 générations4 !

À l’école d’Abernethy, Malcolm aurait eu comme maître un dénommé Malcolm Grant. Il aurait ensuite été au service du pasteur de sa paroisse, William Grant, avant d’aller vivre chez des amis de la famille, près d’Édim-bourg.

Inspiré sans doute par la tradition familiale, Louis-Philippe Lizotte émet l’hypothèse que Malcolm a pu vivre quelque temps en France auprès d’un oncle exilé au lendemain de Culloden5. Il pourrait y avoir ici confusion avec l’histoire d’Archibald de Locheill, l’un des principaux personnages des Anciens Canadiens de Philippe Aubert de Gaspé. Selon Pierre- Georges

Page 12: Malcolm Fraser. De soldat écossais à seigneur canadien ...…En novembre, dans un geste qui fait monter la tension, l’armée jacobite franchit la tweed et entreprend de marcher

12 malcolm fraser

Roy, Aubert de Gaspé, qui dans sa jeunesse a bien connu Malcolm Fraser, a pu effectivement s’inspirer de celui-ci pour tracer le portrait de son héros6. Il relevait que le père de Locheill avait perdu la vie à Culloden. Comme Fraser, de Locheill fit partie d’un régiment écossais, et les deux reçurent l’ordre de brûler des maisons pendant la campagne de 17597. Ils avaient aussi en commun d’entretenir de très bons rapports avec la population francophone et de posséder une excellente connaissance du français. Au dire de John Fraser de Berry, William Fraser, seigneur de Rivière-du-Loup, tenait de son beau-père Aubert de Gaspé que Malcolm Fraser avait étudié le droit et connaissait l’anglais, le français, le latin et le grec8. Quoi qu’il en soit, il est certain que Malcolm Fraser, jeune homme ambitieux et fort doué, reçut une éducation de grande qualité. Étant donné les liens privilégiés qui unissaient l’Écosse et la France à l’époque, il a pu apprendre le français sans séjourner sur le continent. Le français étant la langue dominante dans l’Europe du xviiie siècle, tout Européen cultivé connaissait bien cette langue.

Le 78e régiment des Fraser Highlanders

En décembre 1756, alors que la guerre de Sept Ans vient de commencer, William Pitt devient premier ministre de Grande-Bretagne. Convaincu de l’importance de l’Amérique pour le développement commercial de son pays, il veut profiter de la guerre qui oppose la France à la Prusse pour s’emparer du Canada. Il entreprend ainsi de réorganiser l’armée et de renforcer la marine.

Depuis longtemps, l’armée britannique comptait dans ses rangs un certain nombre de soldats écossais ; certains s’étaient même battus au sein des troupes gouvernementales à Culloden. Les Highlanders ayant conservé leur image de guerriers intrépides, Pitt décide de faire une importante levée de troupes en Écosse. Ce geste est empreint d’un certain machiavélisme : en s’adjoignant ces hommes jeunes et farouches, les autorités britanniques rallient à leur cause un ennemi potentiel9.

Deux Écossais influents, Archibald Montgomerie et Simon Fraser de Lovat, sont chargés de l’entreprise. Les deux se font confier la mission de recruter dans leur entourage l’effectif d’un bataillon. Montgomerie forme le Premier bataillon d’infanterie des Highlands, bataillon qui deviendra le 77e Régiment ou régiment des Montgomerie Highlanders. Recourant prin-cipalement à son clan, Fraser assemble le Deuxième bataillon d’infanterie des Highlands ; après avoir pris initialement le nom de 63e Régiment, celui-ci deviendra en avril 1758 le 78e régiment ou régiment des Fraser Highlanders10.

Page 13: Malcolm Fraser. De soldat écossais à seigneur canadien ...…En novembre, dans un geste qui fait monter la tension, l’armée jacobite franchit la tweed et entreprend de marcher

chapitre 2 13

Pour Simon Fraser, fils de Lord Lovat, l’un des chefs rebelles exécutés après la défaite de Culloden, le ralliement du clan Fraser à la machine de guerre britannique est une occasion de se racheter et de recouvrer l’hon-neur et les biens perdus lors de la malheureuse rébellion. Son entreprise de recrutement fonctionne si bien qu’en avril 1757 l’enrôlement réunit 1 088 volontaires. Ces hommes ne sont pas tous des Fraser, mais le clan y est très bien représenté. Le 5 janvier 1757, Simon Fraser reçoit le grade de lieutenant-colonel et est nommé commandant des troupes qu’il a mobilisées.

Le voyage vers l’Amérique

Les Fraser Highlanders reçoivent l’ordre de s’assembler à Inverness le 20 avril 175711. C’est le point de départ d’une longue marche qui conduit les troupes à Port Patrick, d’où se fait le passage vers Donaghadee en Irlande. Le régiment poursuit sa marche vers Cork, lieu d’embarquement pour la traversée de l’Atlantique.

Les autorités anglaises ont permis aux Highlanders d’arborer leur costume traditionnel, c’est-à-dire essentiellement le bonnet, le plaid12, la bourse en peau de loutre ou de blaireau appelée sporran et les bas à carreaux blanc et rouge. En outre, alors que les autres soldats anglais

Le colonel Simon Fraser de Lovat (1726-1782), commandant du 78e régiment des Fraser Highlanders . Aquarelle d’un artiste inconnu, vers 1900-1910. BAC, C-083509.

Extrait de la publication

Page 14: Malcolm Fraser. De soldat écossais à seigneur canadien ...…En novembre, dans un geste qui fait monter la tension, l’armée jacobite franchit la tweed et entreprend de marcher

14 malcolm fraser

portent une baïonnette, les Highlanders portent plutôt le claymore, une large épée à double tranchant et à coquille, que l’on manie avec les deux mains en raison de sa lourdeur. Certains Highlanders disposent également d’une dague, sorte d’épée courte à poignée cylindrique, lame triangulaire et simple tranchant. Qu’ils soient officiers ou simples soldats, les Highlanders sont donc partout facilement reconnaissables.

La flotte transportant les deux régiments de Highlanders quitte Cork le 1er juillet. À l’exception de quelques officiers, tous ignorent la destination précise du voyage. On sait qu’on ira quelque part en Amérique du Nord mais on n’apprend qu’à mi-chemin que c’est en Nouvelle-Écosse.

La traversée est longue : après plus de sept semaines, le 25 août, le colonel Fraser annonce à son commandant en chef, Lord Loudun, l’arri-vée à Halifax de la plupart des Fraser Highlanders13. Le régiment compte un peu plus de 1 200 hommes, incluant des surnuméraires.

Halifax est alors un énorme camp militaire. Faisant de cette ville leur base pour attaquer le Canada, les Anglais y ont rassemblé plusieurs mil-liers de troupes. Pour arriver à ses fins, Pitt doit absolument se rendre maître des deux places fortes françaises : la forteresse de Louisbourg et la ville de Québec. En s’y prenant assez tôt, il croit pouvoir y arriver en 1757. Il est prévu pour cela d’attaquer et de conquérir Louisbourg tôt au printemps, ce qui permettra d’envoyer le gros des troupes vers Québec au mois de juin. Les événements obligent à réviser complètement le scénario. Le mouvement des troupes anglaises étant en effet fortement retardé, les forces nécessaires ne peuvent se réunir avant le début d’août. En outre, la marine britannique ne réussit pas à empêcher les Français de renforcer considérablement leurs positions à la forteresse. Lord Loudoun est donc contraint de reporter les opérations à l’année suivante.

Les Fraser Highlanders s’embarquent pour New York le 10 octobre. Ordre leur est donné d’établir leurs quartiers d’hiver au Connecticut. Au 24 novembre, un rapport du colonel Fraser indique que le régiment compte 10 compagnies pour un effectif d’un peu plus de 1 000 hommes, sans compter 142 surnuméraires.

Malcolm Fraser ne fait pas partie des volontaires écossais arrivés à Halifax en août 1757. Il appartient plutôt au groupe de recrues levées au cours de ce même été. En fait, il est admis dans le régiment le 18 juillet 1757, et aussitôt nommé au grade d’enseigne14. Les trois nouvelles compagnies formées à cette époque quittent Cork le 16 décembre et, au bout d’une traversée de près de trois mois, arrivent à New York le 11 mars suivant15.

Extrait de la publication

Page 15: Malcolm Fraser. De soldat écossais à seigneur canadien ...…En novembre, dans un geste qui fait monter la tension, l’armée jacobite franchit la tweed et entreprend de marcher

chapitre 2 15

La prise de Louisbourg

Au commencement de 1758, Pitt est déterminé plus que jamais à porter un coup fatal à l’empire français en Amérique du Nord. Son plan n’a pas changé : prendre Louisbourg au printemps, puis attaquer Québec à l’été. Pour ne plus se faire jouer le coup des renforts, un blocus de Louisbourg est organisé dès le mois d’avril. Le major général Jeffery Amherst est nommé commandant des opérations terrestres et les généraux de brigade Whitmore, Lawrence et Wolfe sont désignés pour le seconder. Une force impressionnante de quatorze mille hommes est réunie, ce qui garantit à l’armée anglaise une supériorité numérique écrasante16.

Les Fraser Highlanders s’embarquent à Boston le 23 avril à destination d’Halifax. Dans l’attente de leur départ pour l’île Royale, ils s’entraînent pendant quelque temps aux opérations de débarquement17. Leur com-mandant Wolfe les décrit comme « des soldats fiables, pleins de ressources (useful serviceable), dirigés par le corps d’officiers le plus courageux (manly) que j’aie jamais vu18 ».

L’uniforme des soldats du 78e régiment des Fraser Highlanders, 1759. Aquarelle de Frederick M. Milner, vers 1915-1916. BAC, C-005731.

Extrait de la publication

Page 16: Malcolm Fraser. De soldat écossais à seigneur canadien ...…En novembre, dans un geste qui fait monter la tension, l’armée jacobite franchit la tweed et entreprend de marcher

16 malcolm fraser

Profitant d’un vent favorable, la flotte quitte Halifax le 29 mai. Le 2 juin, les navires jettent l’ancre dans la baie de Cabarus, à deux lieues au sud-ouest de la forteresse. Pendant cinq jours, une brume persistante interdit toute opération. Les forces anglaises sont divisées en trois brigades. L’une de celles-ci, une unité de soldats d’élite incluant les Fraser Highlanders, est chargée de tenter un débarquement sous la direction du général Wolfe.

Le 7 juin au soir, l’amiral Boscawen, commandant de la flotte, or-donne que les barges soient prêtes pour minuit, enjoignant à ses hommes d’observer le plus grand silence. On a prévu d’aborder pendant la nuit à l’anse de la Cormorandière. Cette partie de la côte se trouvant à portée des batteries françaises, la manœuvre est dangereuse. Au petit matin du 8 juin, les Highlanders, placés à l’avant-garde du débarquement, essuient le feu nourri des Français. Malgré des tirs dévastateurs, et grâce à l’oppor-tunisme et à la chance de Wolfe, les Anglais réussissent à s’installer sur la terre ferme. À propos de cette opération, J. R. Harper relève une anecdote savoureuse du sergent James thompson, un Highlander qui s’installa à Québec après la guerre et laissa un récit de sa vie au sein du régiment19. Au dire de celui-ci, la barge sur laquelle il prenait place fut criblée de projectiles, à tel point que, pour ne pas couler, lui et ses compagnons durent se servir de leurs plaids pour boucher les trous !

tout au long du siège qui s’ensuit, Wolfe et ses hommes restent au premier plan des opérations, ne cessant d’attaquer et de gagner des po-sitions. Soumis à un bombardement intense pendant plus d’un mois, les Français capitulent le 26 juillet. Cette défaite est pour eux extrêmement coûteuse. Plus qu’une sentinelle protégeant l’entrée du Saint-Laurent, Louisbourg est à son apogée le port le plus important de la Nouvelle-France et le quatrième en Amérique du Nord20. C’est en outre une base pour les navires français venant faire la pêche dans cette région de l’Atlantique Nord. Pitt vient de s’emparer d’un des principaux maillons de l’empire français d’Amérique ; les conséquences ne vont pas tarder à se faire sentir.

L’été étant trop avancé, Amherst et Boscawen, malgré l’avis de Wolfe, jugent qu’il est trop tard pour entreprendre la remontée du Saint-Laurent. Informé de la défaite humiliante que venait de subir son commandant en chef Abercrombie à Carillon, Amherst décide de lui envoyer quelques renforts. Au nombre de ces troupes, les Fraser Highlanders partent pour la Nouvelle-Angleterre. Ils arrivent à Albany le 13 octobre et participent ensuite à la construction du fort Stanwix. Jusqu’en avril, ils cantonnent dans la région entre Schenectady et Fort Stanwix21.

Extrait de la publication

Page 17: Malcolm Fraser. De soldat écossais à seigneur canadien ...…En novembre, dans un geste qui fait monter la tension, l’armée jacobite franchit la tweed et entreprend de marcher

Chapitre 3

Objectif Québec. Le siège de la ville. L’affrontement fatidique. La capitulation.

Objectif Québec

Louisbourg ne faisant plus obstacle, le coup de grâce à la Nouvelle-France serait donné en s’emparant de Québec. Le plan

de la campagne prévoyait une offensive sur deux fronts principaux. Le nouveau commandant en chef des troupes britanniques, Jeffery Amherst, conduirait son armée de New York au lac Champlain et se dirigerait ensuite vers Montréal. Pendant ce temps, James Wolfe, récemment promu major général, remonterait le Saint-Laurent jusqu’à Québec avec la flotte commandée par l’amiral Charles Saunders et tenterait de prendre la ville. Le commandement des forces terrestres était partagé entre les généraux de brigade Robert Monckton, James Murray et George townshend.

Le colonel Simon Fraser apprend en mars 1759 que son régiment était le seul des deux régiments écossais à avoir été désigné par Wolfe pour par-ticiper à l’expédition contre Québec1. L’hiver en Nouvelle-Angleterre avait été très froid et les Highlanders entreprirent leur marche vers New York dans la neige. Ayant atteint cette ville à la mi-avril, ils partent de Sandy Hook à destination de Louisbourg le 8 mai2. Cette date marque le début d’un journal dans lequel Malcolm Fraser consigna ses réflexions et son expérience de la guerre jusqu’au 18 mai 1760. Ce précieux document est à notre connaissance le premier écrit laissé par Malcolm Fraser3. Nous citerons abondamment cette source pour toute la période concernée.

Après un voyage agréable, la flotte de 28 voiliers arrive à Louisbourg le 17 mai pour y faire halte. En attendant le grand départ, les troupes débar-quent pour s’adonner à des manœuvres. Le 29 mai, les glaces encombrent le port, ce qui rend très difficile tout va-et-vient entre les navires et la côte4.

Page 18: Malcolm Fraser. De soldat écossais à seigneur canadien ...…En novembre, dans un geste qui fait monter la tension, l’armée jacobite franchit la tweed et entreprend de marcher

18 malcolm fraser

Le régiment des Fraser Highlanders compte alors 13 compagnies pour un total de 1 269 hommes5. La levée d’une autre compagnie ayant été décidée en septembre 1758, on s’attendait incessamment à un renfort6. Avec trois autres régiments, les Fraser Highlanders font partie de la brigade dirigée par Monckton.

Aux premiers jours de juin, l’imposante flotte se met progressivement en branle. Une armée de plus de 8 500 hommes se dirige vers Québec7. Le 8 juin, les hommes aperçoivent les côtes de terre-Neuve encore partielle-ment recouvertes de neige ; le 9, on entre dans le golfe du Saint-Laurent et le 11 on approche la baie de Gaspé8. Arrivés au fleuve Saint-Laurent, le 13 juin, les Britanniques contraignent des pilotes canadiens à guider leurs navires9. Les 18, 19 et 20 juin, on jette l’ancre successivement à l’île du Bic, l’île Verte et l’île Rouge. Le 23 juin, on s’arrête à l’île aux Coudres où quelques bateaux se font tirer dessus par des Indiens10.

Le siège de la ville

Au soir du 26 juin, la plupart des vaisseaux britanniques ont franchi le passage délicat de la traverse et jettent l’ancre au sud de l’île d’Orléans. Le lendemain matin, les troupes commencent à débarquer à Saint- Laurent. Pendant la nuit du 28 au 29 juin, dans une tentative d’incendier les bâtiments anglais, les Français envoient des brûlots. La manœuvre échoue lamentablement. Dans l’après-midi, la brigade de Monckton reçoit l’ordre de se rendre sur la rive sud du fleuve, avec pour mission de prendre position à Pointe-Lévy où la présence d’une batterie française paraît probable11.

Vers sept heures du matin, le 30 juin, les Highlanders ainsi que deux autres régiments de leur brigade traversent à Beaumont. Les troupes se dirigent vers l’église où Monckton fait afficher une proclamation de Wolfe adressée aux habitants. Vers dix heures, la brigade se met en marche vers Pointe-Lévy. Lors d’un affrontement auquel participent les Highlanders, les Anglais prennent possession du village de Saint-Joseph12. À leur grand étonnement, ils constatent l’absence de toute batterie ou fortification. Les Français regretteront amèrement cette imprévoyance, car les Anglais pro-fiteront du site pour bombarder Québec sans merci jusqu’à leur victoire.

Le 2 juillet, la compagnie de Malcolm Fraser s’installe dans l’église de Saint-Joseph où les Anglais désirent établir un hôpital. Non loin de là, des soldats anglais ont été tués, scalpés et mutilés. Malcolm Fraser condamne ces agissements, observant qu’« hormis un Indien ou un Canadien aucun être humain n’a l’inhumanité de s’en prendre ainsi à un cadavre13 ».

Extrait de la publication

Page 19: Malcolm Fraser. De soldat écossais à seigneur canadien ...…En novembre, dans un geste qui fait monter la tension, l’armée jacobite franchit la tweed et entreprend de marcher

chapitre 3 19

Pendant les jours qui suivent, les Anglais s’emploient à installer à la pointe aux Pères les batteries qui dévasteront Québec pendant les semaines à venir. Le 9 juillet à la faveur de la nuit, Wolfe et la brigade townshend quittent l’île d’Orléans pour aller occuper la rive gauche de la rivière Montmorency. La veille, la brigade Monckton avait reçu l’ordre de quitter son campement et de se rendre invisible le temps de laisser croire à un déplacement massif des forces anglaises vers la rive nord du fleuve.

L’armée anglaise comptait parmi ses rangs six compagnies de rangers, soldats pour la plupart originaires de la Nouvelle-Angleterre. Le 9 juillet sur la rive sud, une de leurs opérations avait amené à capturer un Canadien et ses deux jeunes garçons. Craignant que les lamentations des enfants n’attirent l’attention de l’ennemi, l’officier commandant avait donné l’ordre de tuer ceux-ci. Cette action souleva l’indignation de Malcolm Fraser pour qui ce geste « relevait d’une lâcheté et d’une barbarie qui semblent naturelles chez ceux qui sont nés sur ce continent, qu’ils soient Indiens ou d’origine européenne14 ».

Le 12 juillet, les batteries de la pointe aux Pères sont prêtes. Six redou-tables canons de calibre 32 et cinq mortiers de 13 pouces commencent leurs ravages15 : de dix heures du soir jusqu’à midi le lendemain, plus de 300 bombes pleuvent sur la ville16. Les habitants assistent impuissants à la destruction de leurs maisons et plusieurs d’entre eux n’auront d’autre choix que de fuir les jours qui vont suivre.

Le 13 juillet, Malcolm Fraser est envoyé au camp de la chute Montmorency où il agira comme officier de service (orderly officer). Le 29 juillet au même endroit, il signale l’avoir échappé belle, sans plus de précision. Le même jour, deux Highlanders, le lieutenant Nairne et le capitaine Ross, se livrent un duel se terminant à l’avantage du premier17. Recrutés tous les deux en 175718, John Nairne et Malcolm Fraser nouèrent une amitié qui durera jusqu’à la mort du premier en 1802.

Depuis le début du siège de la ville, les troupes commandées par Montcalm étaient pour la plupart massées sur la côte de Beauport entre les rivières Saint-Charles et Montmorency. Les Français avaient rassemblé là quelque 14 000 hommes, répartis en 4 000 soldats réguliers, une majo-rité de miliciens et quelques Indiens19. L’armée anglaise ne comptait que des soldats réguliers, au nombre d’environ 8 60020. Bien que nettement inférieure en nombre, cette force était plus disciplinée et mieux entraînée, et Wolfe avait le sentiment que ses troupes étaient supérieures.

Cinq semaines après l’arrivée des assiégeants, aucun engagement sérieux n’avait encore opposé les deux armées. Désireux de passer à l’action et de se mesurer à l’adversaire, Wolfe décide d’attaquer le 31 juillet

Extrait de la publication

Page 20: Malcolm Fraser. De soldat écossais à seigneur canadien ...…En novembre, dans un geste qui fait monter la tension, l’armée jacobite franchit la tweed et entreprend de marcher

20 malcolm fraser

sur la côte de Beauport. Son plan prévoyait le transfert d’une partie de la brigade Monckton vers la rive nord. Les Fraser Highlanders s’embar-quent à Pointe-Lévy vers onze heures du matin, se dirigeant vers le milieu du fleuve dans l’attente de la suite des opérations. Vers cinq heures de l’après-midi, un corps d’élite britannique, les Grenadiers de Louisbourg, débarque sur les battures. Ils sont soutenus à l’arrière par deux régiments de la brigade Monckton, et sur leur flanc droit par les brigades townshend et Murray qui viennent de franchir la rivière Montmorency. Impatients sans doute de se distinguer, les Grenadiers se lancent en désordre à l’assaut des positions ennemies. Bien retranchées, les forces françaises ripostent en décimant sans pitié les rangs des attaquants. Au moment où un violent orage vient d’éclater, Wolfe, débordé par l’impétuosité de ses Grenadiers, décide qu’une nouvelle offensive serait trop coûteuse. Il ordonne la retraite et confie aux Highlanders la tâche de couvrir les arrières. L’attaque prend fin sur un cuisant échec pour les Anglais : au terme de l’engagement, ils dénombrent 443 victimes21.

Les Fraser Highlanders s’en retournèrent à Pointe-Lévy. Exaspéré par la résistance des Canadiens, Wolfe donna l’ordre de ne pas hésiter à brûler les maisons et de détruire les récoltes de ceux qui ne voudraient pas se soumettre. À partir du 15 août, Malcolm Fraser fait partie d’un détachement de quelque 160 Highlanders affectés à cette mission sur la côte de Beaupré. Ils quittent ainsi la rive sud pour aller s’installer le 17 au presbytère de Saint-Joachim. Six jours plus tard, le détachement renforcé de plus de deux cents hommes passe sous le commandement du capitaine Montgomery22 du régiment Kennedy. Le jour même, un affrontement meurtrier a lieu avec quelque 200 Canadiens près de Sainte-Anne. Selon Malcolm Fraser, les quelques prisonniers tombés entre les mains de Montgomery furent massacrés de la « façon la plus inhumaine et la plus cruelle ». Fraser était particulièrement ulcéré du sort de deux Canadiens à qui il avait pourtant promis la vie sauve. Vraisemblablement, on aurait profité de son absence pour abattre les malheureux avant de les scalper. Ayant une haute conception des valeurs morales, Fraser ne se gêne pas pour qualifier le comportement de son commandant de « barbarie sans précédent23 ». Cela est tout à son honneur, car rares sont les chroniqueurs anglais de la guerre de la Conquête qui eurent cette compassion pour leurs adversaires.

Au cours des jours qui suivent, les Anglais sèment la terreur entre Sainte-Anne et L’Ange-Gardien, brûlant les maisons, saisissant le bétail et n’épargnant que les églises. Le détachement de Malcolm Fraser participe à la dévastation jusqu’à son rappel à Pointe-Lévy le 2 septembre. Ayant jugé

Page 21: Malcolm Fraser. De soldat écossais à seigneur canadien ...…En novembre, dans un geste qui fait monter la tension, l’armée jacobite franchit la tweed et entreprend de marcher

Chapitre 25Mise en vente de la seigneurie de l’île d’Orléans. Cession de la propriété. Les affaires de Rivière-du-Loup. Alexandre retournedans le Nord-Ouest. 223

Chapitre 26thomas Nairne. Les frères McLoughlin. Les dernières annéesd’Alexandre Fraser dans la Compagnie du Nord-Ouest. 233

Chapitre 27Les ressources de la seigneurie de Mount Murray au début du xixe siècle. Le sort peu enviable de Joseph. Les problèmes de santé de Malcolm. Les difficultés financières de David McLoughlin. Leretour au Canada de thomas Nairne. 243

Chapitre 28Donation et testament de Marie Allaire. La seigneurie de L’Islet-du-Portage donnée à Joseph. Le deuxième testament d’Alexandre. La situation précaire de Juliana. Mariage de Joseph Bélanger etd’Anne Fraser. 253

Chapitre 29Alexandre s’installe à Rivière-du-Loup. Le dernier testament de Malcolm Fraser. Les Américains déclarent la guerre aux Britanni ques. 262

Chapitre 30Maladie et mort de Joseph Bélanger. La succession de la communauté Bélanger-Fraser. Conflit entre Malcolm Fraser et le juge EdwardBowen. thomas Nairne au front dans le Haut-Canada. 271

Chapitre 31Fin tragique de thomas Nairne. Rapatriement à Québec. Seigneuriede Murray Bay : lettres patentes et succession. Malheur de Juliana. 279

Chapitre 32Bilan de la situation financière de Malcolm Fraser vers la fin de sa vie. Les familles Fraser et McLoughlin. Le décès de Malcolm Fraser.Conclusion. 290

Épilogue 297 Chronologie 299 Arbres généalogiques 302 Notes 304 Index 350

Extrait de la publication

Page 22: Malcolm Fraser. De soldat écossais à seigneur canadien ...…En novembre, dans un geste qui fait monter la tension, l’armée jacobite franchit la tweed et entreprend de marcher

composé en minion corps 10.8selon une maquette réalisée par pierre-louis cauchon

ce second tirage a été achevé d’imprimer en janvier 2011sur les presses de l’imprimerie marquis

à cap-saint-ignace, québecpour le compte de gilles herman

éditeur à l’enseigne du septentrion

Extrait de la publication