Magic Haïti

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A Baron Samdi

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MAGIC HAÏTIPhotographies de Jean-Pierre Grandjean

avec «Il pleut l’ailleurs» une nouvelle originale

de Jean-Euphèle Milcé

Collection Parole d’Image

Edité par Jean-Pierre Grandjean

Métal martelé de Serge Jolimeau

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MAGIC HAÏTIC’est par le ciel d’une de ces nuits chaudes,

que j’ai vu arriver le chaos sur la Perle des Antilles.

De lourds nuages noirs, tonitruants, chargés d’un

déluge de pluie tropicale, une de ces tempêtes

habillée de trop d’éclairs, vifs et aiguisés comme

de l’acier, qui allait dévaster les rues de Port-au-

Prince et réanimer la révolte.

Mais qui avait réveillé et sorti de sa mare de

boue, à Bassin-Saint-Jacques, Ogou, le patron des

guerriers, qui représente aussi le fer, le tonnerre, le

feu et le pouvoir?

Pas assez de sacrifices ! Les chimères du bon

Président Titide avaient-elles trop tué d’innocents?

C’est de cet Haïti vaudou et tourmenté que j’ai

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ramené des images de boue, de sang et de précarité.

Un témoignage photographique, réalisé comme

une multitude de flammèches en transes dans les

yeux possédés des guédés du grand cimetière de

Carrefour, ces yeux brillants de Barbancourt, qui

repoussent au lendemain les trop grandes difficultés

de la vie.

Des trois voyages programmés pour ce travail,

qui devait marquer le bicentenaire de l’indépen-

dance, je ne partirai pas pour le troisième, et ne

retournerai plus sur cette grande route qui conduit

à Jacmel, le carnaval est dans la rue, l’aéroport s’est

fermé, l’insurrection menace la capitale, et les sol-

dats d’ailleurs sont venus changer leur Président.

Jean-Pierre Grandjean

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IL PLEUT L’AILLEURSA Sébastien qui aimerait un cerf-volant plus grand que tous lesvents contraires

Il fait huit heures.

Ma terre m’accueille mouillée.Toujours. La pluie

a de nouveau égratigné l’asphalte fragile de Port-au-

Prince. C’était hier soir. Rien d’étonnant. Le mois

d’octobre tirait sa révérence. Tout bas. Sans préten-

tion. Vive la fête des morts. Place à la mémoire salée.

Chaque premier novembre la raison échappe à ce

pays. La vie se précipite au cimetière de Port-au-

Prince. Danser la terre. Saluer bien bas les morts.

Enjoliver la mémoire. Fêter les guédés 1.

- Trois fois, il faut passer par là. Foutre ! Baron

Samdi, ouvrez grand le monde des invisibles ! Enlevez

1Esprits vaudous, maîtres des cimetières et du monde des morts

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les chaînes aux passages d’une vie à l’autre ! La mort

nous invite à faire l’inspection de son monde!

Entre ma mère et moi, il n’y a qu’une table

recouverte d’une nappe blanche avec deux cercles

dessinés par les verres de jus de corossol qu’on a

bus avec un frémissement de zombis goûtant au

sel. Protestante et native d’un village suisse proté-

gé des maux et des morts tourmentés du monde,

maman connaît le folklore du silence.

Entre ma mère et moi, il y a toujours cette mer

qui porte le même nom et ces années de décalage

que j’ai renoncé à combler. Immense vide qu’on

se plaît à appeler différence. Sans pont. Juste un

filet de sang. Des gênes têtus. Je suis métis du

monde, bâtard de deux pays.

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Entre ma mère et moi, le souvenir d’un homme.

Mari et père. Son mari, mon père. Imaginez que je

n’ai pas rencontré mon père. Je suis venu au monde.

A lui, naturellement. Ma mère, elle, l’a rencontré

au milieu de la misère des autres qu’elle essayait de

gommer. Elle est tombée amoureuse d’un poète

haïtien au regard triste. L’amour contre la crasse.

L’amour au milieu de la peine de vivre. L’amour

pour mieux aimer. Trente ans après, leur monde,

le monde des autres n’ont rien compris.

Mes parents, en vacances tout comme au tra-

vail, ont vu du pays. Arpenté le monde. Mon père

pour vendre sa poésie dans tous les bazars cultu-

rels. Ma mère pour réciter son humanité subven-

tionnée par la Coopération suisse aux empoisonnés

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de l’espoir fabriqué au Nord du monde. Pendant

ce temps, j’étudiais le catéchisme et la géographie.

Le monde se veut vaste et généreux. Mais, en vain,

j’ai cherché mon île, mon enclos identitaire. Ni la

charité chrétienne, ni les livres ont accepté de m’y

conduire.

J’ai appris à aimer Haïti au hasard de la folie

des autres. Le délit de sale peau. Un flic lausannois

s’était inventé un jeu répressif à mes dépens. Une

fois par semaine, au moins, il m’interpellait au

milieu de mes copains. Cet agent, dans la jouis-

sance jouissive de sa légitimité, m’appelait par mon

prénom pour me demander mes papiers. Avec ma

moitié de passeport à la croix blanche, l’appel de

ma terre d’ailleurs, je me suis rabattu sur Haïti.

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Il doit être dix heures.

Port-au-Prince, ma ville, miettes éparses. Les

rues plient sous le poids des fatras déposés par la des-

cente des eaux qui a accompagné la pluie de la veille.

Je suis au cœur de la ville qui, dans son entêtement à

se baigner de son propre rythme, consent à vivre de

l’éloignement des heures. Fuite de l’exactitude.

L’allégresse sous fond de non-vie ouvre la porte.

Dans des gestes torrides comme feu à Cité soleil, la

griffonne chante les vertus de ses trempés. Bouteille

noire contre l’impuissance sexuelle. Bouteille bleue

contre la déprime. Bouteille blanche contre les mau-

vais airs.

De loin ou de près, le grelot du cireur de bottes,

chevauchant le vent déboutonné, se plaque à mon

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oreille. Le jour de la ville interpelle la promesse. Les

mauvais nuages gris de la veille se sont suicidés à la

face du soleil.

Je me faufile dans le cœur de Port-au-Prince avec

recueillement. Aux lisières du silence et de l’admira-

tion.

Entre ma mère et moi, un mouchoir blanc

brassant les odeurs et la chaleur dans la caisse

arrière du taptap2. Galerie ambulante, grimée avec

le cœur plus qu’avec le pinceau. Ma mère n’aime

pas le foot. Je ne supporte pas le Sacré-cœur de

Jésus et la clique à Saint-Pierre, Saint-Jean, Saint-

Tintin. Pendant longtemps, on a parlementé,

avant de nous décider pour le taptap Sa w wè?

(Que vois-tu?) décoré d’une kyrielle de lavan-

2Camionnette aménagée en véhicule de transport en commun

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dières sous une cascade. Nymphes des îles. Simbi 3

de toutes mes effusions.

Autour de nous, la parole prend chair. Le ren-

dez-vous du jour était cassé. Grand cimetière de

Port-au-Prince ! Les mots lancés dans un gai

désordre ricochent sur les visages de nos compa-

gnons de voyage. Jean qui rit. Jeannette qui se

perd dans ses propres gestes. Je sors mon appareil

de photo et je m’offre quelques visages qui iront

garnir mon album de voyage.

Entre ma mère et moi s’installe un regard croi-

sé. Elle sourit. Enfin. Il est vrai que depuis la mort

de mon père, elle ne donnait son sourire qu’à

l’ailleurs. En vain, je cherche le port d’attache logé

dans ses yeux. Ces trois dernières fêtes de Noël,

3Maîtresse des eaux

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je les ai passées dans son chalet valaisan. Au-dessus

de la cheminée, des photos de la terre déclinée

dans toutes ses facettes avaient pris la place de

portraits d’elle et de ses hommes. Désert au ton

pastel. Plaque cramoisie de Mare-Rouge. Sable

gros grain de Péloponèse.

J’ai toujours refusé de compter les voyages de

ma mère. Son interprétation de la réalité lui refu-

se tout semblant d’attache. Avec son balluchon

d’expériences, elle a épuisé une dizaine de groupes

sensibles à l’humanitaire. Depuis la mort de mon

père, elle se fuit, traçant à forts renforts d’absences

le périmètre à ne pas franchir dans son intimité.

Entre le silence de ma mère et moi, les passa-

gers du taptap se passent la bouteille. La grimelle 4

4Métisse au teint clair

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à la double poitrine prend la bouteille à l’envers,

ingurgite une rasade au goulot et dépose un baiser

enivrant sur la joue d’un petit vieux complète-

ment édenté.

- Dire que le très people Paris-Match vient de

raconter que ce peuple s’entretue à coup de

ouangas 5 et de mauvais sorts.

Ma mère vient de castrer son silence. Elle me

tend la main. Je me plonge dans son regard à la

recherche de mon enfance.

Entre ma mère et moi, la contagion. Les gens

s’aiment ici dans un décor – interprété – de vilenie.

Oubliées les contradictions.

5Recettes magiques

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Il fait jour au grand cimetière de Port-

au-Prince. Peu m’importe l’heure.

Avec la voix des morts avec le cri de l’oubli, la

fête plante ses quartiers au cimetière. La circulation

entre les tombes prend l’allure d’une sortie d’usine.

Comme une ville prostituée dans sa robe d’étoiles, le

cimetière accueille sans broncher les délires de la

mémoire, les ratures des songes, l’alléluia enveloppé

d’encens, la lumière rebelle des bougies. Autant de

gestes mal absous dans un syncrétisme de folies.

Le vent se pare du goût des offrandes. Aujourd’hui,

il fait date à nourrir l’âme des disparus. Les morts et

les esprits mangeront jusqu’à oublier l’espace et le

mystère qui les séparent du commun des chrétiens

vivants.

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Il faut du sang pour rafraîchir, renouveler la

promesse de vie. Au centre du cimetière, autour de la

croix de Baron Samdi, gardien du monde des faux-

invisibles, la traditionnelle cérémonie de guédés

ouvre sa boîte de passions. La danse se colle aux sens.

Les peaux sur le ventre s’improvisent vagues ondu-

lantes au gré du rythme de la ligne des tambours et des

vaccines. Les gens se frottent par-devant, par-derrière

au hasard des tournoiements et du tempo. Par oublis

interposés des convenances, les danseurs miment

l’amour. Un jeu de tendresses partagées. Sans plans

ni projections. Loin de toutes conditions.

Tambours. Pas. Croisés. Décroisés. Girouettes.

Collés plaqués. Visages baignés de beau. Yeux éteints.

Danse. Transe. Sueur. Sang. Ainsi la poudre blanche

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orthographie l’invitation lancée aux dieux. Hymne

à la vie au milieu des tombes.

Entre ma mère et moi, le vent, les voix et le

mystère. Désormais. Elle accepte un morceau du

bœuf fraîchement sacrifié que lui tend une main

quelconque qui s’est frayée un chemin jusqu’à elle.

- Viens, on va voir ton père, me chuchota-

t-elle à l’oreille !

En cet instant comme rarement, je mets docile

mes pas dans ceux sûrs de ma mère. Elle flotte

dans sa légère robe blanche. Un bouquet de fleurs

dans une main et le morceau encore sanguinolent

de viande dans l’autre, elle frôle les gens, certaine

de son chemin. Elle a fait ce parcours toute sa vie,

on dirait.

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Après avoir nettoyé les alentours de la tombe,

il reste entre mon père, ma mère et moi qu’un fil

de frontière. Il est vrai que la mort n’est jamais

trop loin de la vie. Et vice versa.

Le port d’attache qui manquait tant aux yeux

de ma mère s’imprime lentement. Et, son regard

passe du voyage au tendre. Sa voix, celle perdue

dans mes souvenirs, vient moduler mon état. Sans

commentaires.

- La chaleur de cette terre ne m’a plus quittée

depuis le jour qui m’a vue poser mes premiers

pas dans ce pays. Rien d’innocent si j’ai choi-

si de rapatrier le corps de ton père dans son

pays, le nôtre quelque part. Entends-tu ces

voix qui s’enroulent autour de nos sens? Haïti

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sait toujours murmurer des émotions.

- Qu’en sais-tu de ce pays? Je me contente de

répondre.

- A force de me perdre dans mes routes, de

supplier mon chemin, de décoder le langage

des plis, des rides du visage et des regards, j’ai

fini par connaître ce pays. Bien avant toi, je

me suis glissée, par des portes dérobées, dans

le mystère sans fard d’Haïti.

- Maman, les mystères de ce pays sont assimi-

lés au vaudou. Tu n’as rien à voir avec ces gens.

- Quels gens? La culture de ce pays, jusque

dans sa manifestation la plus incomprise, est

une autorité qui s’impose à tous ceux qui,

d’une manière ou d’une autre, ont abordé

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Haïti. Qui, ici, ne s’évertue pas à comprendre

la langue hachée des disparus? Qui dans ce

pays arrive à ignorer l’appel du tam-tam? Qui,

encore qui, ne confie pas ses doutes, ses peurs

et ses promesses aux maîtres du grand Carre-

four ou à la cruche cachée derrière la Bible?

Elle regarde au loin. Toujours l’interférence de

l’ailleurs. Une lourde minute s’écoule. Puis elle

murmure. Son secret. Partagé avec tout un

peuple.

- De la pointe du Grand’Anse au Môle Saint-

Nicolas, un seul fil s’enroule autour de toutes

les folies et tous les espoirs permis dans ce

pays. Hypocrite celui qui dit l’ignorer ! Où je

me trouve, cette terre, à travers son hymne

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permanent à la vie, me rappelle que la vie ne

se construit pas uniquement à grands coups

de dollars, de confort et de technologies. Point

d’exclusion. Point de refus. Je suis, moi aussi,

attachée, à ces millions d’Haïtiens qui peu-

plent la vie en surface et souterraine de ce

pays.

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Le temps passe. Passe avec son cortège de

fantaisies. L’heure se plie en boule.

Les écailles de lumière suspendues aux caveaux

rafraîchis m’ont accompagné jusqu’au portail du

grand cimetière. J’assiège ce qui reste du jour de Port-

au-prince au milieu d’une bande rara 6 décidée à

promener les parcours estropiés et les voyages manqués

des morts.

Odeurs d’épices. Piment fort. Tafia à gogo. Café

coulé avec son marc. Les écumes de chrétiens vivants

viennent de destituer le râle blafard qui prétend

accompagner toute fin de vie. Et, quelle vie. Des

lèvres, l’ouragan a éclaté.

6 Groupe musical d’ambiance carnavalesque utilisant des instru-ments à percussion

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Nous avons chanté, dansé. Sans s’inquiéter des

clairs de lune promis à l’absence. Nous avons arpen-

té les ruelles à sens unique comme la ravine du Bois

de chêne têtue, gonflée d’eau sale déposant devant

chaque porte un cri rouillé, une saccade de musique,

une corbeille de noms à ne plus oublier. Dieux,

morts, vivants. Séisme provoqué par une toupie

aimant sa terre. Infini.

Pays aux mille antichambres, tes prières lézar-

dées dansent la disparition ! Je me plonge dans tes

vapeurs échantillons perlés d’enfer ou de paradis.

Chacune de tes crevasses cache un mystère. Et les cre-

vasses, on les compte par lots de mille.

Entre ma mère et moi, le partage d’une terre

pauvre, cabossée par l’érosion et les malheurs. Au

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milieu de la foule nous nous surprenons à nous

laisser aller à l’ivresse. Oubli de notre état d’étran-

gers ou presque avec tout ce qu’il peut receler de

peurs et de préjugés.

La bande des guédés se gonfle en évoluant. Elle

agresse l’hypocrisie, mord jusqu’au sang le sérieux de

la liturgie. De temps en temps, une fenêtre s’ouvre

brutalement pour laisser passer une main fragile agi-

tant un mouchoir. Le notable de l’avenue Magloire

Ambroise boit un coup au goulot avant de refiler sa

bouteille au premier danseur qu’il arrive à atteindre.

Un gamin, accroché à son ballon usé, roule ses

yeux comme deux billes de cristal. Folles. Un pré-

dicateur transforme sa veste en parapluie pour

cacher sa Bible et sa tête. La folie gicle de partout.

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Je sors de la foule avec la main de ma mère

abandonnée dans la mienne. Elle est belle de mon

père, enveloppée d’effluves bigarrées, baignée

dans sa propre sueur. De notre bar investi au

Champ de Mars, on s’est promis d’attendre l’heure

du crépuscule en nous désaltérant et en nous

disant nos vies.

- J’ai toujours adoré faire la fête avec ton père.

Aujourd’hui, c’était sublime.

Elle prend une gorgée de bière, récupère son

souffle haletant :

- Ton père et moi avons traversé ce qui nous

était accessible dans le monde sans plans ni

cartes. On s’était plu à aimer follement toutes

les terres qui nous accueillaient. Quand sur

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son lit de mort, il m’avait demandé de l’em-

mener chez lui pour être enterré, j’ai cru,

pour la première fois de ma vie, qu’il voulait

s’isoler, m’abandonner. Il m’a fallu du temps

pour comprendre sa démarche d’exister à tout

jamais. N’était-il pas poète? En Haïti juste-

ment, les morts peuplent la mémoire. Les dis-

parus ne vivent pas dans la peur de l’oubli.

Ma mère rend la liberté à ses cheveux, s’assure

que le dossier de la chaise accepte son corps de

blanche. Ses lèvres s’animent sur un poème du

père ressuscité. Au hasard d’un croisement, ses

yeux reprennent la route. Parlent du voyage.

Interminable :

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Dans mes souvenirs

de l’ailleurs

on enterre les portraits de feux

dansant dans nos espoirs

et les empreintes sont cartouches

ficelées dans nos peurs

qui dira à l’enfant fiancé de sa survie

l’étendue de l’oubli

les rêves qui tombent en poussière ?

Entre les doigts de mes parents, il pleut l’uni-

vers. Un jour.

Jean-Euphèle Milcé

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Mes remerciements à :

Patrick Schmitt et Catherine Rollandin du bureau Helvetas, à Lausanne.Guy Morand et son équipe du bureau Helvetas Haïti, à Port-au-Prince.Monsieur Vincent et Claude Dougé en Haïti.Jean-Euphèle Milcé pour son magnifique texte.Pierre-Philippe Lob et Guy Romagnoli de l’Entreprise d’arts graphiquesJean Genoud pour leur conseil.Catherine Boretti pour son soutien et son enthousiame actif.

L’édition originale de cet ouvrage a été imprimée à 1250 exemplaires.La mise en page a été réalisée par Grandjean-Imagine, Jouxtens-Mézery,avec l’assistance de Javier Peña.La photogravure et l’impression en duotone et argent, ont été réaliséespar l’Entreprise d’arts graphiques Jean Genoud SA,Le Mont-sur-Lausanne.Les tirages originaux qui ont servi pour la photogravure, ont été réaliséspar Laurent Cochet, Lausanne.

© 2004, éditions, photographies et design graphique,Jean-Pierre Grandjean, case postale 176, CH-1008 Jouxtens-Mézery,[email protected]

© 2004, texte «Il pleut l’ailleurs», Jean-Euphèle Milcé,CH-1701 Fribourg, [email protected]

Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelqueforme que ce soit, sans l’accord de Jean-Pierre Grandjean. Imprimé en Suisse.

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Autres ouvrages de Jean-Pierre Grandjean :

Bombay BeachTexte et photographieEditions Paul Nord & Paul Sud, 1992

Paroles d’ImageGraphisme et communicationpublicitaireEditions Paul Nord & Paul Sud, 1997

AngkorPhotographieEditions Olizane, 2000Shambhala Publications, Inc. 2002

Aethiopia, pays des faces brûléesPhotographieEditions Beau-Cèdre, 2001

Rencontres au pays de l’Océande sagessePhotographieEditions Beau-Cèdre, 2001

América del SurFilm documentaire 33’14Photographie et DVD VidéoProduction Nouveaux Mondes, 2002

La Birmanie du BouddhaBouddhas of BurmaPhotographieEditions Olizane, 2002Shambhala Publications, Inc. 2002

Notas fotográficas de La HabanaLa HabanaPhotographieEditions Beau-Cèdre, 2003Editions Olizane, 2003

BouddhaPhotographieEditions Olizane etMusée de l’Elysée, 2003

ISBN 2-8399-0013-0

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