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UNTITLED numéro deux | samedi 7 mai 2011 DOSSIER SPÉCIAL JOURNÉE DE L’EUROPE Dans toute l’Europe et à Paris, l’Union est à l’honneur ce week-end. Ouverture du Parlement Européen au grand public, manifestations dans la Capitale, retrouvez le programme dans nos pages. Page 4-5 ESCLAVAGE LOI TAUBIRA, 10 ANS DÉJÀ Dix ans après l’adoption par l’Assemblée Nationale de la loi Taubira, sa créatrice se désole du manque d’entouthiasme des Français. Et s’inquiète de certains préjugés qui ont la vie dure. Page 7 TOURISME EN AFRIQUE DU NORD OPÉRATION SÉDUCTION Après les révoltes arabes, l’attentat de Marrakech vient asséner un coup qui pourrait être fatal à l’économie de la région. En mal de touristes, les professionnels sont aujourd’hui obligés de redoubler d’inventivité. Page 5 Après avoir massivement plébiscité Nick Clegg pendant les législatives de 2010, l’électorat centriste britannique a châtié les libéraux démocrates. Pour avoir versé dans la démagogie et les promesses non tenues en acceptant l’augmentation des frais universitaires, le centre a perdu ses électeurs. Pages 2-3 ELECTIONS EN GRANDE-BRETAGNE LE LIBDEM SE PREND UNE RACLÉE

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Un magazine frais et dynamique: UNTITLED par les journalistes étudiants de l'ISCPA.

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UNTITLEDnuméro deux | samedi 7 mai 2011

DossIEr spécIaLjoUrNéE DE L’EUropEDans toute l’Europe et à paris, l’Union est à l’honneur ce week-end. ouverture du parlement Européen au grand public, manifestations dans la capitale, retrouvez le programme dans nos pages. page 4-5

EscLavagELoI TaUbIra, 10 aNs Déjà Dix ans après l’adoption par l’Assemblée Nationale de la loi Taubira, sa créatrice se désole du manque d’entouthiasme des Français. Et s’inquiète de certains préjugés qui ont la vie dure. page 7

ToUrIsmE EN afrIqUE DU NorD

opéraTIoN séDUcTIoN

Après les révoltes arabes, l’attentat de Marrakech vient asséner un coup qui pourrait être fatal à l’économie de la région. En mal de touristes, les professionnels sont aujourd’hui obligés de redoubler d’inventivité. page 5

après avoir massivement plébiscité Nick clegg pendant les législatives de 2010, l’électorat centriste britannique a châtié les libéraux démocrates. pour avoir versé dans la démagogie et les promesses non tenues en acceptant l’augmentation des frais universitaires, le centre a perdu ses électeurs.pages 2-3

ELEcTIoNs EN graNDE-brETagNELE LIbDEm sE prEND UNE racLéE

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INTErNaTIoNaL INTErNaTIoNaL

La cLassE moYENNE aNgLaIsE pUNIT LEs LIbEraUX DEmocraTEs

après avoir massivement plé-biscité Nick clegg pendant les législatives de 2010, l’électorat centriste britannique a châtié les libéraux démocrates. pour avoir versé dans la démagogie et les promesses non tenues en ac-ceptant l’augmentation des frais universitaires, le centre a perdu ses électeurs. Les élections locales britanni-ques ont tourné à la débâcle pour les libéraux démocrates de Nick Clegg. “C’est un carnage“ confie même anonymement un responsable du parti libéral dé-mocrate au Gardian. Les britan-niques étaient appelés à renou-veler 52% des sièges des Locals Government, l’équivalent des conseils régionaux. Un référen-dum était organisé simultanément concernant la réforme du mode de scrutin lors des élections. En avril 2010 lors des législatives, les libdems avaient récolté près de 23% des suffrages. Pourtant les règles électorales britanni-ques ne leur avaient permis de récolter que 8,76% des sièges de la Chambre des communes.

Les cinquante-sept sièges qu’ils obtiennent empêchent conser-vateurs et travaillistes d’obtenir une majorité. Cela fait à l’épo-que de Nick Clegg un faiseur de roi et lui permet d’imposer ses conditions pour une alliance. Le prix de son allégeance : un poste de vice-premier ministre et l’organisation d’un référendum sur les scrutins britanniques. Ce que veulent les centristes, c’est l’introduction d’une part de pro-portionnelle dans les scrutins qui leurs permettrait d’être plus présents dans les assemblées. En échange, Clegg est prêt à renon-cer à son programme et à ses promesses.

Un électorat déçuIl en paie aujourd’hui le prix. “Nous avons fait une erreur en nous alliant aux Tories“ estime Kate Lewis, fervente supportrice des Libdems installée en France depuis quelques mois. “La plu-part des gens qui votent au centre pensent qu’ils sont moins démagogues que les autres per-sonnalités politiques. Pour moi, c’est l’augmentation des tarifs

universitaires qui a provoqué cette défaite“. L’une des promes-ses de Nick Clegg au cours des législatives était le gel des frais d’inscriptions en Grande Breta-gne. Et cette promesse est passée à la trappe lors des négociations avec les conservateurs. Les étu-diants qui ont voté massivement pour le parti de Clegg ne lui ont pas pardonné. “Les tarifs des uni-versités ont triplé en moins d’un an. 9 000 livres par an (10 500 euros) c’est beaucoup trop. Les jeunes se sentent trahis, ils sont dégoutés par le Libdems, c’est dommage que la réforme électo-rale en fasse les frais“. Comme souvent dans les gouvernements de coalition, les compromis pren-nent le dessus sur les convictions et les serments.Pour Dave Jones, gérant d’un pub à Islington dans le nord de Londres, c’est plus la crise qui est responsable de cette déroute. “ Le budget a été voté au mois d’avril. Il prévoit des grosses coupes budgétaires dans l’édu-cation, l’assurance maladie. De nombreux postes vont être sup-primés dans les administrations.

Bien sûr, il fallait réduire le dé-ficit budgétaire de l’Etat mais le gouvernement l’a fait de manière trop brutale. Depuis l’arrivée de la coalition au pouvoir, la T.V.A a augmenté de 5%. Près de 20% des jeunes sont au chômage et ils sont très pessimistes pour leur avenir “. Concernant les résul-tats des conservateurs, qui se maintiennent, il explique qu’ “ ils (les conservateurs) ont fait ce qu’ils avaient promis, personne ne s’est senti trahi par leurs dé-cisions “.

La coalition remise en cause ?Les libdems ont perdu près de trois cent élus. Les travaillistes sortent vainqueurs de ces élec-tions en gagnant près de cent cinquante sièges. Pour son lea-der, Ed Miliband, cette défaite sonne même le glas de la coa-lition au pouvoir. “Les gens qui avait voté libéral démocrate ont aujourd’hui montré leur dé-fiance vis-à-vis du soutien par Nick Clegg, de la politique des conservateurs relatif au Natio-nale Health Service (la sécu-

rité sociale), au niveau de vie et aux réductions budgétaires qui sont allé trop loin, trop vite. Les centristes vont-il faire tomber le gouvernement comme les ra-dicaux français pendant l’entre deux guerre ? Rien n’est moins sûr mais l’ancien leader du parti, Paddy Ashdown, a déclaré au Guardian que“ l’époque où la coalition était lubrifiée par de la bonne volonté et de la confiance est révolue.» Cette déroute est la dernière d’une longue série de défaites qui touchent les gouvernements au pouvoir dans le monde en-tier depuis le début de la crise financière de 2008. En France, l’UMP a subit un cuisant revers lors des élections can tona les de 2011. Son prési-dent, Nicolas Sarkozy est au plus bas dans les son-dages qui lui prédisent une h um i l i a n t e défaite dès le premier tour de la présidentielle qui aura lieu dans seulement un an. L’année derniè-re, la coalition de la chancelière Angela Meckel a perdu une élec-tion importante dans le land de Rhénanie du Nord-Westphalie, le plus peuplé d’Allemagne. En Italie, Silvio Berlusconi assiste im-puissant à la dislocation de son alliance avec le parti d’extrême droite de la Ligue du Nord. Dans toute l’Europe, les partis nationa-listes obtiennent des scores de plus en plus élevés à la faveur d’une situation économique dif-ficile. La crise a bon dosPour les gouvernements en pla-ce, la crise est responsable de tout les maux que traversent leurs pays. Pourtant, il semble que ce soient plutôt les réponses que les hommes au pouvoir y apportent qui agace les électeurs. Le mon-de de la finance et des banques n’a pas pu être moralisé comme cela avait été promis. Ils annon-cent même de nouveau des pro-fits record. Des profits réalisés en utilisant l’argent que les états leur avait prêté pour investir sur

les marchés financiers. De l’ar-gent même utilisé pour attaquer les dettes souveraines des pays concernés (Grèce, Portugal, Ir-lande, Espagne…) Alors que les multinationales annoncent des résultats en forte hausse, elles s’arrangent pour ne pas payer d’impôts dans les pays ou el-les détruisent des emplois pour maintenir le cours de leurs ac-tions à des niveaux élevés. L’électorat traditionnel des libé-raux démocrates est constitué par la classe moyenne anglaise de centre droit. Ce vote reflète la préoccupation principale de cette catégorie sociale dans les pays développés du monde entier

c o n c e r -n a n t l ’aven i r. Ce sont elles qui pâtissent le plus de l’évolution a c t u e l l e de la ré-par t i t ion des re-venus du t r a v a i l

dans le monde. Au cours des dix dernières années, c’est la classe dont les revenus ont le moins pro-gressé. C’est aussi la catégorie qui est la plus taxée. Les politi-ques n’agissent pas réellement pour cette “majorité silencieuse“. Classe qui a recours au vote ex-trême pour essayer d’obtenir plus de considération de la part des hommes au pouvoir qui agis-sent pour les très riches, les très pauvres mais pas pour la classe moyenne. Outre Atlantique, la situation n’est pas plus rassurante. La si-tuation aux Etats-Unis donne de plus en plus de frissons aux euro-péens, plus particulièrement aux Britanniques dont l’économie est très dépendante du marché amé-ricain. L’administration et les mé-nages y sont endettés au-delà de toute raison. Les actifs toxiques provenant des subprimes n’ont pas encore été écoulés et un nouveau crack boursier semble inévitable. Jusqu’à la semaine dernière, Barack Obama était au plus bas dans les sondages jusqu’à ce qu’Oussama Ben La-den ait la bonne idée de se faire descendre, redonnant le moral à

des américains qui voulaient la mort de l’ennemi public numéro un depuis près de dix ans. Dom-mage que les autres chefs d’état n’aient personne à assassiner pour faire remonter leur côte de popularité.

Laurent arnaud

Le mois dernier le peuple avait protesté contre le gouvernement dans les rues. Hier, ils l’ont fait dans les urnes. Crédit photo: DR

poUsséE INDépENDaNTIsTE EN écossE

L’autre révélation de ces élec-tions locales, c’est la poussée des indépendantistes écossais qui obtiennent une confortable majorité. Le Scottish National Party, soutenu par l’acteur Sean Connery, qui milite depuis 1934 pour une Ecosse indépendante obtient une majorité écrasante au Scottish Parliament. Cette assemblée est née en 1998 à la suite du Scottish Act, lui-mê-me né d’un référendum. Dans leur plus grande majorité, les Écossais avaient demandé plus d’indépendance vis-à-vis des an-glais. Cet Act expose les sujets sur lesquels Westminster reste compétent tel que la Défense, les Affaires étrangères, les politi-ques fiscales et économiques, les législations sur les stupéfiants et l’audiovisuel. Le parlement écos-sais a lui la charge de la santé, l’éducation, l’administration lo-cale… Le SNP veut lui une indé-pendance totale par rapport aux anglais, ennemis de toujours qui dominent la nation celte depuis 1701. Pour Tom Fenton de l’uni-versité d’Oxford, les résultats de cette élection ne signifient pas forcément un grand pas vers l’indépendance. “ C’est une élection locale. Tant que le SNP n’obtiendra pas de résultats probants aux législatives, l’indé-pendance ne sera pas possible. Elle ne sera envisageable que si les Écossais votent massivement pour des candidats indépendan-tistes aux législatives “.

Laurent arnaud

UNTITLED12, rue alexandre parodi 75010 paris

Directeur de la rédaction et de la publicationEric Ouzounian

rédacteur en chefVincent Bonnay secrétaire de rédactionQuentin Buchberger maquettiste Gary Assouline

journalistesSamira Abdoul-AnziziJennyfer AizenmanBoussayna AkaizClaire-Marie AllègreLaurent Arnaud Najoua AzlagHicham BarroukMyriam BoicoulinFany Boucaud Marie-Christine CarfantanNoémie CavatRomain ChallandCharlotte Charbonnier Elodie Cohen SolalCamille De Brevedent D’AblonOcéane Debert

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DossIEr EUropE DossIEr EUropE

Le Parlement Européen sera ouvert à tous ce weekend Crédit photo: lecolpor-teur.wordpress.com

L’UNIoN EUropéENNE oUvrE sEs porTEs

Les institutions européennes s’ouvrent aux citoyens ce week-end. au programme, visites guidées, débats avec les députés, expositions, manifestations artistiques. c’est aussi et surtout l’occasion de se remémorer comment l’Union Européenne s’est construite, sur quelles idéologies elle repose et de se pencher sur ceux qui la font vivre.

Ce mois de mai 2011 célèbre la déclaration Schuman de 1950, fondatrice de l’Union Européenne. Une existence qui aurait pu voir le jour il y a plusieurs siècles tant l’idée de sa conception date. Mais l’acte qui fut déterminant, c’est Robert Schuman qui le provoque avec sa déclaration du 9 mai 1950. Avec l’appui de politiques toutes tendances confondues comme Konrad Adenauer, Alcide de Gasperi ou encore Jean Monnet, il esquisse une Europe pacifiste et solidaire. Au fil des années, la « méthode communautaire » s’impose et transfère la souveraineté des Etats membres aux grandes institutions politiques, économiques et monétaires. Si leurs pôles d’influence diffèrent, elles ont toutes un rôle commun : celui de défendre les valeurs et les intérêts des citoyens des Etats membres. Mais, créées en même temps que la CECA, elles changent beaucoup au

fil des années en fonction des différents traités et accords. Certains, comme le journaliste Tom Reid du Washington Post, ont justement critiqué cela : « Personne n’aurait délibérément conçu un gouvernement aussi complexe et dans lequel les pouvoirs sont aussi mal délimités que celui de l’Union européenne. ». Quoi qu’il en soit, samedi et dimanche comme ces treize dernières années, les institutions organiseront une porte ouverte dédiée aux volontaires européens et à ses détracteurs. L’Union Européenne se dévoileL’objectif sera de promouvoir les actions de l’Union Européenne. Le mouvement européen en profitera pour rappeler ses revendications. Nathalie Courteau, membre depuis trois ans, explique leur volonté de « penser une Europe politique comme le souhaitait Mitterrand parce que maintenant un échange économique ne suffit plus. Il faut une Europe politique, sociale et de défense pour créer des Etats fédérés. ». Patrick, un autre membre du mouvement, ajoute qu’il ne faut pas craindre « une Union Européenne à plusieurs vitesses sinon nous n’avançons pas. Chaque état devrait pouvoir aller à son rythme en matière sociale et politique. ». Les 7 et 8 mai tous les citoyens pourront donc échanger leurs idées autour de débats avec

les députés et des groupes de travail au parlement. Pour David Jurie, l’un des organisateurs de l’évènement, cette journée sera « sous le signe de la transparence afin de montrer aux citoyens ce que nous faisons, de quelle manière et dans quel cadre. ». Les volontaires des quatre coins de l’Europe se retrouveront aussi pour faire le point sur leurs interventions. Les pouvoirs publics pourront quant à eux obtenir de plus amples renseignements sur le volontariat et faciliter cette pratique. Des membres du personnel de la Commission seront là pour expliquer en quoi consistent leurs travaux budgétaires. En l’honneur du 40e anniversaire de l’Union douanière, des agents de douanes viendront présenter une animation

interactive expliquant leur travail aux frontières de l’Union. Des stands sont aussi à prévoir dans toutes les grandes villes et à un Euro-Karaoké Géant aura lieu à Paris. Après le « non » de 2005, les crises économiques de la Grèce et du Portugal, ces journées portent en elles l’espoir d’un avenir meilleur pour l’Union Européenne qui doit reconquérir ses membres. Robert Schuman, lucide, l’avait prédit dès le début, «L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait. ». Cette solidarité se poursuivra tout le week-end.

camille de brèvedent d’ablon

L’agENDa

Le parlement européen Débats et conférences sur le fonctionnement et le rôle du Parlement européen.

Expositions « Des Parlements pour les citoyens et pour l’Europe » sur les 27 parlements nationaux et « Euro-culture ». Le Conseil de l’Union européenne et le Conseil européen

: Séances de questions/réponses sur les thématiques de l’innovation, de l’énergie et du changement climatique.La commission européenne Présentation de l’action de l’UE dans divers domaines comme la lutte contre le changement climatique, le rôle de l’UE dans le monde, l’emploi, la politique régionale, la recherche et l’innovation et la lutte contre la fraude. Le comité économique et social européen Série de débats sur les questions européennes. Concours permettant de gagner des prix en

répondant à des questions sur l’élargissement de l’Union européenne, les élections ou l’euro, un arbre à idées, des concerts, des activités pour les enfants… Le comité des régions Quatre villages seront dédiés aux thématiques suivantes : «Elections européennes: A vous de choisir», «Créativité et innovation: Quoi de neuf dans ma ville / ma région?», «Village des anniversaires», «Actions locales: Qu’est-ce que l’Europe a fait pour ma région?».

« faITEs L’EUropE » s’INvITE sUr LE parvIs DE L’HôTEL DE vILLE

a l’occasion de la journée de l’Europe, un village euro-péen s’ouvre aujourd’hui sur la place de l’Hôtel de ville de paris. pendant trois jours s’enchaîneront animations festives, culturelles et scien-tifiques sur le thème de l’Eu-rope.

« Cette 6ème édition est pla-cée sous le signe du bénévo-lat, du volontariat et de l’in-novation », explique Fabrice Huby, en charge de la logis-tique de l’évènement ‘’faites l’Europe’’. Les festivités sont organisées par la Mairie de Paris, la Maison de l’Europe et la Commission européen-ne. Au programme, musique, projections, témoignages, débats et représentations théâtrales. « Le public intéres-sé est généralement jeune. Les animations attirent cha-

que année entre mille cinq cent et deux mille personnes par jour. On revoit souvent les même têtes, un réseau étudiant associatif s’est créé autour de l’évène-ment », raconte Fabrice qui par-ticipe à l’orga-nisation depuis trois ans. Le plus de cette année sera l’aménage-ment. Chaque association a son propre stand et est équipé d’une buvette gérée par ‘’les Artisans du Monde’’. Côté ar-tistique il y en aura pour tous les goûts. Mur d’expression, danses, ateliers d’écriture, animations pédagogiques, concerts de hip-hop, de rock, d’électro hongrois et même

de traditionnel polonais.

Un week-end pour s’informer sur l’EuropeCôté information, la Mairie

de Paris s o u h a i t e surtout sen-sibiliser les parisiens à la thémati-que de l’Eu-rope. Les cercles de r é f l e x i o n et les lieux pour débat-tre dispo-seront de cinquante

places assises et se feront en présence de personnalités européennes comme des dé-putés, des adjoints au maire, des coordinateurs et des pré-sidents d’associations. « La

citoyenneté européenne, l’in-novation porteuse de valeurs humanistes, la question du brevet européen et un cadre propice au volontariat et au bénévolat au sein de l’Union européenne » sont les intitu-lés des débats prévus au pro-gramme. « Les visiteurs jouent le jeu et sont généralement très dynamiques pendant les cercles de réflexion. L’année passée, les débats ont été le spectacle d’échanges mus-clés ». Un week-end focalisé sur l’art de vivre, le progrès, la solidarité, l’international et la citoyenneté. Rendez-vous devant l’Hôtel de Ville du 7 au 9 mai de 11h à 18h. L’en-trée est gratuite et ouverte à tous.

charlotte charbonnier

Nolwenn gourmelen, coordi-natrice de l’évènement « faites l’Europe » se dit confiante pour cette 6ème édition. même si d’après cette dernière, la com-munication n’est pas suffisante autour de cette fête de l’Europe.

quelles sont les moyens mis en place pour cette 6ème édition?

Avec la collaboration de la Mairie de Paris et la cinquan-taine de nos partenaires nous avons essayé de disposer d’une plus grande communication que les années précédentes. Nous avons tout de même réus-si à réunir plus de trente mille personnes en trois jours lors de la dernière édition, ce qui est bien mais avec les concerts et évènements culturels mis en place cette année, on espère sensibiliser plus de monde sur le thème de l’Europe.

La Mairie de Paris nous aide aussi avec pas moins de deux cent cinquante panneaux publi-citaires qui sont présents dans la capitale et ce pendant deux semaines. A partir de demain, les visiteurs pourront partici-per à des jeux concours pour

remporter des « pass InterRail » ainsi que des places pour festivals.

souffrez-vous d’un manque de communication dans les médias ?On a eu quelques encarts dans

la presse mais il est vrai qu’en règle générale on ne dispose pas de la publicité qu’on mé-rite. Toutes les initiatives autour d’un projet européen sont à prendre en considération. J’aimerais beaucoup mobiliser les médias mais cela coûte cher. La lutte contre l’euroscepticisme est-elle une priorité ?Bien évidemment. La Maison de L’Europe de Paris lutte pour sensibiliser les franciliens à la cause européenne, c’est le but premier de « Faites l’Europe ». On sait très bien que l’euros-cepticisme est plus que présent à Paris. C’est la raison pour laquelle cet événement existe. On essaye de faire changer les mentalités tout en prenant du plaisir.

propos recueillis par Hicham

barrouk

« sENsIbILIsEr LEs fraNcILIENs à La caUsE EUropéENNE »

Pour la sixième année consécutive, «Faites l’Europe» aura lieu sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris (4e). DR

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INTErNaTIoNaL poLTIqUE

mEDIas

méTro fraNcE ET La TrIbUNE soNT EN grèvE !Le quotidien économique, La Tribune et la rédaction du quo-tidien gratuit, métro france sont en grève depuis mercredi pour protester notamment contre des surpressions de poste.

Aucune parution depuis deux jours pour la Tribune. Les journa-listes du quotidien économique et financier ont largement fait part de leur mécontentement à l’ encontre de la direction, pour protester contre son intention de réduire la pagination et de di-minuer les effectifs. « Le journal perd de sa crédibilité de jours en jours. » explique Olivier Pi-naud, journaliste à la Tribune. Ce mouvement s’est particulière-ment intensifié jeudi matin après la démission du directeur de la rédaction, François Lenglet et de son adjoint Olivier Provost. Valérie Decamp, PDG et action-naire majoritaire de la publica-tion, envisage de réduire les

effectifs d’une vingtaine de personnes, dont dix à la ré-daction. « Notre rédaction a perdu une quarantaine de cartes de presse depuis un an. ». Les salariés craignent qu’une nouvelle réduction d’effectifs n’ouvre la voie à la disparition de la publica-tion papier.Par ailleurs, le journal connaît actuellement de sérieuses difficultés finan-cières. En janvier dernier, la Tribune a été placée pour six mois en procédure de sauvegarde, lui permettant ainsi de geler temporairement ses créances.Contrairement à La Tribune, la direction de Métro France a dé-cidé de sortir un journal ce ven-dredi mais dont les grévistes se désolidarisent totalement. 85% de la rédaction est en grève aujourd’hui. C’est une première dans l’existence du journal de-

puis sa création en 2002.

Nouvelle ligne éditoriale chez métro franceLes délégués du personnel re-prochent à la direction de vou-loir réduire la ligne éditoriale du quotidien. Son projet prévoit notamment de privilégier les loi-

sirs, les sports et les nouvelles technologies au détriment de l’information générale. « La suppression de l’information générale dans les pages lo-cales aura sans aucun doute de très grandes répercus-sions commerciales.», insiste Florence Santrot, rédactrice en chef adjointe de Métro France.Cette réorganisation se tra-duirait par la suppression de huit postes de journalis-tes sur un effectif d’une cin-quantaine dans les éditions

locales de Lille, Lyon, Marseille, Nice-Cannes et Toulouse.Le quotidien gratuit est soumis à une forte pression de ses deux principaux concurrents, 20 Mi-nutes et Direct Matin, qui pré-voient de se lancer dans une politique d’extension géographi-que.

jennyfer aizenman

La Tribune et Métro France sont en grève pour protester contre les suppressions de poste.

Peinture anonyme, groupe d’esclaves menés vers Zanzibar, en Afrique, vers 1860. Crédits photo : © Rue des Archives/Tal

LIbYE LEs DIpLomaTEs EXpULsés DE fraNcEalors que le pays du dictateur Kadhafi est toujours sous les bombes, le gouvernement fran-çais fait le ménage sur son pro-pre territoire.

« La France a déclaré persona non grata quatorze ex-diploma-tes libyens en poste en France. Suivant les cas, les intéressés disposent d’un délai de 24 ou 48 heures pour quitter le terri-toire national. ». Voilà ce qu’a indiqué Bernard Valero, porte-parole du ministère des Affaires étrangères vendredi matin lors d’un point presse. Tous dési-gnés par Mouammar Kadhafi, le gouvernement français estime qu’ils n’ont plus rien à faire dans l’hexagone. Evidemment, cet évènement fait suite à l’interven-tion armée de la France en Libye aux côtés des rebelles, ainsi que sa reconnaissance du Conseil National de Transition libyen (CNT). Le Quai d’Orsay a tenu à préciser qu’il leurs est reproché « des comportements et activités non compatibles avec les résolu-tions de l’ONU pertinentes, no-tamment la 1973, et contraires

à la protection des populations civiles libyenne ».Cette résolution n’est autre que celle adoptée le 17 mars 2011 qui permet aux pays qui le sou-haitent de participer à une zone d’exclusion aérienne au dessus de la Libye. Mais également de « prendre toutes les mesures né-cessaires […] pour protéger les populations et les zones civiles menacées d’attaques en Jamahi-riya arabe libyenne ». Le rapport entre l’expulsion et la protection des populations au sens propre n’est pas des plus évidents à éta-blir mais s’inscrit dans la conti-nuité de la politique de Nicolas Sarkozy, soucieux de briser tout rapport avec le dictateur libyen. Tous expulsés sauf deuxSalah Zaren et Abdul Salam El-Galali, ambassadeurs de Libye en France sont les contre-exem-ples. Ils avaient annoncé le 25 février dernier qu’ils démission-naient de leurs fonctions. Un acte symbolique pour protester contre « les actes de répression en Li-bye ».Le gouvernement français a donc logiquement décidé que cette mesure ne s’appliquerait

pas aux deux hommes. A savoir que Paris a suivi la voie tracée par ses voisins européens. L’Al-lemagne avait annoncé mi-avril l’expulsion de cinq diplomates libyens pour avoir exercé des pressions sur des Libyens vivants en Allemagne. Le gouvernement britannique a également sommé

deux diplomates de quitter son territoire avant le 11 mai et avait déjà renvoyé chez lui l’ambas-sadeur de Libye « à la suite d’at-taques contre les missions diplo-matiques à Tripoli ».

romain challand

Le 21 février dernier, des dizaines de libyens manifestaient devant l’ambassade de Libye à Paris. Crédit Photo : Gabriel Ristourne

LoI TaUbIra, 10 aNs Déjà

Dix ans après l’adoption par l’assemblée Nationale de la loi Taubira, sa créatrice se dé-sole du manque d’entouthiasme des français. Et s’inquiète de certains préjugés qui ont la vie dure.

La loi à l’origine de la création de la « Journée Nationale des mémoires de la traite, de l’escla-vage et de leurs abolitions » fête ses dix ans le 10 mai. En effet, le 21 mai 2001, la loi est adop-tée à l’unanimité par les groupes parlementaires de l’Assemblée Nationale et du Sénat. L’idée principale de cette loi Taubira est « la reconnaissance de la traite de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité. ». Une Christiane Taubira ron-chon. Dans un communiqué dif-fusé sur plusieurs sites internet, l’ex-ministre auteure de la loi du même nom appelle « chacun à se mobiliser et à prendre ses responsabilités en faisant savoir que c’est notre cause que nous défendons » et invite à envoyer des courriers et pétitions à l’Ely-sée. Après ces dix ans, elle dit être forcée de constater que cette journée est restée un non-évènement. Le but de ce commu-niqué est d’inciter la population à agir, pour que cette année les

politiques et les médias parlent de « cette journée et de la page de l’Histoire qu’elle commémo-re. ». De nombreux médias se sont alliés au « coup de gueule » de Christiane Taubira, comme la radio parisienne Tropique FM qui a pris fait et cause et diffuse très souvent le message. Jean-Charles Bidoc, responsable de l’antenne, affirme son soutien « Il reste beaucoup de choses à changer, le gouvernement ne parle pas assez de cette journée donc le grand public n’est pas assez informé. ».« D’ici et d’ailleurs, le jour de gloire est arrivé, Africaphonie réveille toi ! ». Voilà qui de-vrait ravir Christiane Taubira. Son appel a été entendu par les chanteurs Peeda et Eloïsha. Paroles fortes sur une mélodie caribéenne légère, l’hymne of-ficiel pour les dix ans de la loi Taubira convainc déjà bon nom-bre d’internautes. Le label Issap du rappeur Passi et l’associa-tion Bulles d’oxygène peuvent être fiers de ce clip réalisé au musée du Quai Branly avec la participation des jeunes de la comédie musicale Terres de mé-moire. D’autres associations ont répondu au message de la poli-ticienne comme le collectif tou-lousain pour la commémoration

de l’abolition de l’esclave qui organise ce soir un concert pour cet anniversaire. Nantes sera sûrement l’endroit qui réunira le plus de monde. La ville ac-cueillera Christiane Taubira en personne pour l’occasion. Qua-tre jours sont consacrés à cet anniversaire alternant concerts, hommages, animations et expo-sitions jusqu’à mardi. Les pari-siens pourront eux participer à plusieurs évènements mardi 10 mai. La cérémonie officielle pour la sixième journée natio-nale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs aboli-tions se déroulera à 11h dans le jardin du Luxembourg.

Un pas en avant, trois pas en arrièreFêter c’est bien, encore faut-il que cela soit respecté. Un inci-dent qui a fait grincer beaucoup de dents. « Depuis quand ils font travailler des noirs à TF1 ? », une phrase purement raciste qui a échappé à un CRS qui aurait mieux fait de se taire. Adressée à Florice Houngbo, journaliste pour TF1, l’insulte rend compte d’une évolution de mentalité au ralenti voire à reculons. La jour-naliste d’origine béninoise s’est vue refuser l’entrée d’un point de presse mercredi

par un CRS apparemment peu enclin à la tolérance. La bavure est mal venue, quelques jours à peine avant l’anniversaire de cette loi symbole d’avenir. Les responsables de Tropique FM font face depuis mercredi à de nombreuses réactions d’audi-teurs outrés, notamment lors de la libre antenne. Ce qui indigne Jean-Charles Bidoc. « Les gens sont choqués, ils ne comprennent pas comment de tels propos puissent être pro-férés encore aujourd’hui. Pour ma part, j’ai du mal à saisir pourquoi les fonctionnaires ne sont pas plus informés. C’est aberrant que des incidents com-me ça arrivent dans le pays des droits de l’Homme. ».

samira abdoul

HIsTorIqUE

1983 Création d’un décret pré-voyant l’évocation de l’abolition de l’esclavage à une date fixe dans tous les établissements

scolaires français.

1998 A l’ occasion du centième anniversaire de l’abolition de l’esclavage, le parti commu-

niste veut officialiser une date. Demande rejetée.

1999 Le rapporteur Christiane Taubira parle d’un nouveau pro-jet de loi. En première lecture, le projet est accepté à l’unani-

mité par l’Assemblée nationale. Quelques amendements ont

été rejetés par les députés en seconde lecture.

2001 Le 10 mai la loi est officiellement adoptée par les

sénateurs.

2004 Le Comité pour la mé-moire de l’esclavage (CPME)

est créée afin de définir la date et les modalités de la commé-

moration.

2006 Le 10 mai est commémo-rée la traite négrière, l’escla-vage et leurs abolitions. Des

cérémonies sont présidées par Jacques Chirac lors de cette

première journée.

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| 7 MAI 2011 | UNTITLED N°2 UNTITLED N°2 |7 MAI 2011 |

socIéTé ToUrIsmE

DIvorcEs LE bras DE fEr DE La jUsTIcE aLLEmaNDE, LE combaT DEs parENTsEn France, un mariage sur trois se termine par un divorce. Déjà difficile, cette procédure se complique lorsque l’un des parents est allemand et l’autre étranger.

Soutenez Marie la maman française d’Erwin et

d’Astrid. L’appel est lancé sur Facebook et Twitter. Marie Geiss est en instance de divorce depuis mai 2010 et se bat contre la justice allemande pour récupérer ses enfants. Erwin (7 ans) et Astrid (5 ans) n’ont pas vu leur mère depuis le 3 septembre. Demain samedi, des « manifestations pour tous nos enfants retenus en Allemagne » sont prévues. Paris, La-Roche-sur-Yon, Toulouse, Strasbourg et Rouen, les rendez-vous sont nombreux. « Le seul moyen de faire vraiment parler de nous, c’est via les réseaux sociaux. », confie Lucie Morin. Sur Facebook, le mur de la jeune femme est entièrement consacré à l’Association Erwin et Astrid, ses deux neveux. En mai dernier, sa sœur Marie Geiss divorce, une décision qui aujourd’hui, lui interdit de voir ses enfants.

Marie et sa famille ont découvert

qu’en Allemagne, dès qu’un divorce est lancé, « la justice octroie le droit de garde au parent allemand ». « Ce n’est pas juste, mes enfants sont aussi français. Je suis française ! », se révolte Marie Geiss. Mais comme le fait remarquer le magazine Valeurs Actuelles, il y a une réelle différence d’opinion. « La France considère que l’enfant a droit à ses deux parents, l’Allemagne non ». « L’Allemagne ne joue pas le jeu », titre le magazine dans un de ses articles. Une réalité consternante pour tous les parents non-allemands confrontés à un divorce.

Marie Geiss et son mari entament une procédure et la garde des enfants est donc un point important à ne pas négliger. En août 2010 quand Lucie se marie, la justice allemande fait entendre sa voix pour la première fois. Sa sœur lui annonce la nouvelle, « Le juge allemand a décidé que tes neveux ne devaient pas aller à ton mariage, pour deux

jours de vacances manqués chez leur père. Ils me menacent de 25.000 euros d’amende ou de six mois de prison ». Le combat commence là, les deux sœurs ne laisseront pas faire une telle injustice. Mais à ce stade de la procédure, elles sont encore chanceuses d’avoir des nouvelles d’Erwin et Astrid.

« bienvenue en allemagne »Cette phrase ironique est placardée sur le mur Facebook de Lucie Morin. En septembre 2010, Marie Geiss sombre dans l’effroi. « Je venais d’apprendre que je n’avais pas la garde de mes enfants », explique Marie. « Aucune nouvelle des enfants depuis une semaine. Je suis allée à la police pour savoir ce qu’ils devenaient et j’ai appris que le juge allemand m’en avait retiré la garde, derrière mon dos, sans audience et sans m’en informer, pour la donner au père ». Beaucoup de parents non-allemands ont eu la même désagréable surprise. Comme Christelle Lescurieux, divorcée depuis 3 ans. «La justice allemande ne nous donne aucune explication. Ils parlent de raisons pratiques, c’est révoltant ». « L’avis est toujours favorable pour le parent allemand pour des ‘’raisons pratiques. Est-ce qu’on a dit à mes neveux qu’ils sont coupés de leur maman depuis neuf mois pour des raisons pratiques ? ». On parle alors de spoliation des enfants et de germanisation. A la convention de New York de 1990, le terme « intérêt supérieur de l’enfant » est utilisé par tous les pays présents dont l’Allemagne. Elle semble pourtant avoir oublié sa

signification. « Les Allemands refusent justement d’utiliser ce terme, explique Marie. Ils parlent du «Kindeswohl», compris comme « le bien de l’enfant », mais qui est en réalité « le bien de l’Allemagne en matière d’enfants ». Derrière cette volonté de l’Allemagne à garder les enfants, une explication donnée par Christelle Lescurieux. Pour elle, l’Allemagne veut garder ses « gamins allemands pour remplacer ceux qu’ils n’ont pas et qui vont leur faire défaut dans quelques années, quand les vieux Allemands du Baby-boom seront partis à la retraite ».Erwin et Astrid ne sont pas les seuls à être coupés de force de tout contact avec un parent. L’Allemagne veut « pallier sa chute démographique.», s’insurge Christelle Lescurieux. Alors que Marie et Lucie remuent ciel et terre pour faire parler de cette affaire, beaucoup font la sourde oreille. « J’ai quelques journalistes à contacter en France, mais pour l’Allemagne, inutile d’essayer : c’est tout le système familial allemand qui dépend du Jugendamt, avec des implications politiques et financières qu’on ne soupçonne pas », explique Marie. « Même les ministres qu’on a contacté sont au courant ».

Cela fait neuf mois que Marie n’a pas vu ses enfants. Une situation similaire à celle de tant d’autres parents non-allemands mais dont la France ne se préoccupe pas, « jugeant ces affaires purement allemandes ».

Noémie cavat

Erwin et Astrid, les deux enfants de Marie Geiss. Une des dernières photos d’eux qu’elle ait pu prendre d’eux. ©Marie Geiss

après les révoltes arabes, l’attentat de marrakech vient asséner un coup qui pourrait être fatal à l’économie de la région. En mal de touristes, les professionnels sont aujourd’hui obligés de redoubler d’inventivité.

L’attentat perpétré jeudi dernier à Marrakech contre un café très fréquenté de la place Jamâa-El-Fna fait état de seize morts dont huit français. Une véritable catastrophe pour le Maroc où le travail de plusieurs générations avait permis de faire du tourisme une priorité économique national. En 2010, ils étaient quelques 9,4 millions de touristes à s’y rendre pour une recette globale atteignant les 56 milliards de dirhams. Avec une baisse des réservations estimée d’ores-et-déjà à 30% en 2011, le manque à gagner devrait être considérable.Jusque la préservé des violences du « Printemps arabe » et de ses conséquences économiques, le royaume de Mohammed VI vient de rejoindre la liste des « zones à risque » que fuient les touristes apeurés. Paradoxalement, les rares aventuriers à ne pas avoir fait cas de ces insurrections populaires et à s’être rendus en Afrique du Nord ces dernières semaines ne semblent pas y avoir été malmenés. « Je suis partie en Egypte avec mon compagnon au mois de mars. Nous avons

passé une semaine sur les rives de la Mer Rouge, à Marsa Alam. Alors que mes proches étaient très inquiets quant au choix de notre destination, nos vacances se sont très bien passées. Nous avons même été surpris d’apprendre que beaucoup d’égyptiens n’avaient pas ou peu entendu parler de ce qui s’était passé au Caire quelques semaines plus tôt. », raconte Audrey, 24 ans.Mais ils sont encore peu nombreux, à juste titre ou non, à vouloir prendre ce risque. Et alors que le Fond Monétaire International s’obstine à parler de « perturbations conjoncturelles », les économies de ces pays sont frappées de plein fouet.Parmi les plus pays les plus affectés, la Tunisie accuse une chute de fréquentation de 44,1% au premier trimestre 2011. L’industrie touristique, qui représente 10% du PIB tunisien et emploie environ trois cent cinquante mille personnes, a perdu par conséquent près de 80 millions d’euros de revenus. En Egypte, c’est à une décroissance de 45% que doivent faire face les professionnels du secteur. Et de par sa proximité avec des pays tels que la Lybie et la Syrie où les tentions perdurent, les bords du Nil risquent fort d’être délaissés encore de longs mois. Les destinations hors Afrique du Nord, telles que l’Espagne, la Grèce ou la Turquie ont quant

à elles pleinement profité de la situation. En terres ibériques par exemple, l’activité touristique a progressé de 2,4%. L’archipel des Canaries semble bénéficier tout particulièrement de ce transfert de vacanciers. Une aubaine pour l’Espagne où l’affluence s’amoindrit ces dernières années.

objectif unique, solutions multiplesTout juste libérés, ce sont désormais les touristes que les pays arabes vont donc devoir reconquérir. D’abord fermement opposés à casser leurs prix, les complexes hôteliers sont contraints de revoir leur copie. Face à la multiplication des annulations, les rabais accordés peuvent maintenant atteindre 50% des prix d’origine. Dans les airs aussi, les concessions sont à l’ordre du jour. Les compagnies Tunisair et Nouvelair ont ainsi décidé de vendre leurs billets d’été au prix de ceux de l’hiver, en moyenne 30% moins chers.Pendant ce temps, certains essaient de capitaliser sur les combats qui ont secoué leur pays. La place Tahrir au Caire, haut lieu des manifestations égyptiennes est en passe de devenir un site touristique presque aussi incontournable que celle de Tiananmen à Pékin. Visites guidées, vidéos promotionnelles… L’opération

est d’un goût douteux mais semble efficace, notamment auprès des touristes russes, chinois ou indiens. Pour Amal Karioune, président de l’association des voyagistes de Rabat : « La Maroc va essayer de faire oublier cet acte atroce en communiquant positivement sur les richesses culturelles dont regorge le pays. D’autres l’ont fait avant nous, Paris, Londres, Madrid… Nous avons été la cible d’un attentat qui peut arriver n’importe où et c’est sur cette évidence que nous devons nous appuyer. ».En Tunisie, c’est la carte de l’humour qu’a choisi de jouer le gouvernement. Pour tenter de relancer les réservations, une nouvelle campagne publicitaire pour l’Office national de tourisme tunisien, auto-dérisoire au possible, devrait paraître le 9 mai. Il y a quatre mois, les balles étaient meurtrières entre pro et anti-Ben Ali. Aujourd’hui, il ne reste que celles des joueurs de golf venus se détendre sur les greens du pays. C’est en tout cas ce que montre l’une des trois affiches éditées pour l’occasion. Détourner des évènements qui ont fait des centaines de morts… Il fallait oser, surtout quand on sait qu’en Libye, en Syrie ou encore au Yémen, l’heure est toujours à la révolution.

marie-christine carfaNTaN

ToUrIsmE EN afrIqUE DU NorD opéraTIoN séDUcTIoN

Jusqu’à jeudi dernier, la place Jamâa-El-Fna accueillait chaque jour des milliers de touristes... Crédits : Stuart Faber

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| 7 MAI 2011 | UNTITLED N°2 UNTITLED N°2 |7 MAI 2011 |

saNTé IENcHEs

ELLE fêTE (DE) La moDELe magazine ELLE a lancé le 20 janvier dernier l’opération «Les nouveaux talents de la mode» dont l’objectif est de soutenir les jeunes créateurs français. La promotion est révélée aujourd’hui à l’occasion de la fête de la mode organisée par l’hebdomadaire féminin.

Une opportunité pour la jeunesse créatrice française qui rêve de se faire connaître en proposant ses modèles. Depuis le 20 janvier sur son site Internet, ELLE célèbre la mode en association avec Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, et s’engage pour les jeunes créateurs.

Armelle Thoraval, rédactrice en chef du ELLE France, explique le but du jeu : « Sur la Elle Fashion Factory, les internautes ont plébiscité les jeunes talents qu’ils ont préalablement découvert au travers de leurs univers et créations et pour lesquels ils ont pu voter. Il fallait rassembler deux mille votes pour qu’un modèle soit mis en production ». Les sélectionnés bénéficieront ensuite d’un fonds d’avance du ministère de la Culture ainsi que d’un lieu mis à leur disposition pour créer et présenter leurs modèles, mais

aussi recevoir leurs acheteurs. Ils seront parrainés par l’un des membres du comité de sélection et auront le soutien éditorial de la rédaction du ELLE.Au ministère de la Culture, on souligne la volonté de « présenter de nouveaux talents et participer au renouveau de la mode, notamment sur Internet ». Un projet qui semble leur tenir à cœur : « Nous nous impliquons dans cette opération financièrement et matériellement. Nous avons également l’intention d’exposer leurs travaux dans les vitrines du ministère ».

Des personnalités du monde de la mode et des affaires composent le comité. On y retrouve Nicolas Ghesquière, Stefano Pilati, Nathalie Rykiel, Jean Paul Gaultier, Jean-Charles de Castelbajac, Agnès b, et Vanessa Bruno. Tous avaient en charge la sélection de la promotion des jeunes créateurs, dévoilée aujourd’hui aux Beaux-Arts de Paris lors de l’événement « ELLE aime la mode ».

Ils sont donc huit « talents de la mode », présélectionnés par les équipes mode de ELLE : Barnabé Hardy, Belle Ninon, Bend

Sport Couture, Gustavo Lins, Lefranc Ferrant, Natalia Brilli, Maison Rabih Kayrouz et Ragazze Ornamentali. Huit noms à retenir, huit personnalités à suivre.Un numéro collector consacré à Elle Aime La Mode doit paraître vendredi 20 mai.Par ailleurs, le magazine va poursuivre sa fête de la mode puisqu’il compte organiser un grand casting dans toute la France et ainsi permettre à quelques-unes de ses lectrices d’y participer.

Elodie cohen solal

La première promotion des «Nouveaux talents de la mode» est révélée aujourd’hui aux Beaux-Arts de Paris. Crédits : Didier Plowy/MCC

fasHIoN

« LEs papILLEs résIsTENT », prEmIEr saLoN DEs vINs LIbrEs

plus besoin de vous déplacer en province pour déguster des vins d’exception. Les vins viennent à vous et les producteurs avec. ca se passe aujourd’hui et demain de 10h00 à 20h00 à la guin-guette du monde.

Un repas et un bon vin en pré-sence des vignerons. C’est le concept que vous propose le propriétaire de la cave d’Ivry. Paco Mora, à l’initiative de la manifestation, voulait surtout rassembler des vignerons qui font « du bon travail », afin de mieux les présenter au public : «Ils viennent de toute la France et ils ne font pas du vin pour faire du vin. Les quatorze vigne-rons invités produisent en petite quantité mais avec une grande qualité. ».Au menu des vins d’exception soigneusement sélectionnés et des mets des grands soirs. La guinguette du monde s’occupe de tout et vous propose de met-tre les pieds sous la table pour ce salon informel. Certains vi-gnerons produisent également de la charcuterie : « les tontons François, » charcutiers paysans

sont aussi producteurs de porc noir gascon dans le Tarn. Pourtant, ce n’est pas un salon à la gloire des vins français, c’est plutôt un salon qui montre la di-versité du vignoble hexagonal. « Je m’en fous du vin français », explique Paco, « il y a des terroirs partout dans le monde. Il y a aura des français connus, d’autres qui le sont moins mais qui ont tous le même amour du métier : ces gens travaillent proprement, ils ont des choses à montrer et ils sont dans une démarche bio, avec des terres propres, sans additifs dans les sols.». Isabelle et Mathieu Champart sont producteurs récoltants. Leur vin, le Saint-Chinian, est produit dans le Languedoc, comme de nombreux autres vins rouges. Pour eux, le salon des vins est une rencontre qu’ils préparent

de longue date : « Nous avons sélectionné nos meilleures bou-teilles pour cette occasion. Nous sommes ravis de cette opportu-nité de rencontrer des gens qui font aussi le déplacement. C’est très difficile d’entretenir un do-maine de onze hectares comme le nôtre, avec les contraintes que nous nous imposons : ne pas uti-liser de produits et préserver les méthodes de vinification. ».Un salon libre, ouvert à tous les publics et pas seulement aux connaisseurs. C’est une philo-sophie que Paco Mora veut dis-tiller et qu’il explique clairement : « les discours élitistes du vin, ça nous embête. Tout le monde peut déguster un bon vin.».

myriam boicoulin

Paco Mora, l’organisateur du salon des vins libres. Crédit photo: Paco Mora

LEs régImEs, UN pIègE à évITEr UrgEmmENT

Une française sur deux a déjà suivi un régime. parmi elles, 21% avouent en avoir fait au moins cinq. Des chiffres importants qui reviennent chaque année malgré les effets négatifs rencontrés.

L’été arrive bientôt, le soleil est déjà là et la saison des régimes débute. Dukan, Cohen, Fricker, Miami, Montignac, Weight Wat-chers, la liste est longue et les femmes n’ont plus qu’à choisir. Mais le même problème revient

tous les ans. D’après une récente étude de l’Anses (Agence de sé-curité sanitaire alimentation, en-vironnement et travail), 35% des Français déclarent avoir repris la totalité de leur poids perdu et 13% en ont repris encore plus. Des conséquences qui entraînent très souvent l’effet yoyo avec des reprises de régimes amincissants permanents. « Je maudis le jour où j’ai commencé à en faire un. Depuis je suis entrée dans une vraie spirale et j’ai l’impression

d’être constamment en train de faire attention. Je ne sais plus comment m’en sortir. », confie Amélie, 19 ans, qui a déjà tenté plus de trois méthodes différen-tes pour perdre du poids.

Les conséquences sur la santéEn plus de cet effet yoyo démo-ralisant, les régimes, toutes mé-thodes confondues, entraînent des déséquilibres importants aux nutriments, vitamines et mi-néraux. « Les régimes qui ont la cote en ce moment sont claire-ment dangereux pour la santé. Ils présentent tous des carences quelque part ce qui entraîne la plupart du temps une baisse du bon cholestérol, utile pour lutter contre les maladies cardiovascu-laires, ainsi qu’une diminution de la masse osseuse. », fait re-marquer Anaïs Laffond, nutri-tionniste à Paris. La même remarque revient dans la bouche de tous les spécia-listes. « Il n’y a pas de bon ou mauvais régime, il faut regarder

au cas par cas et surtout rappe-ler aux gens qui ne sont pas en excès pondéral qu’il n’ont pas besoin de suivre un régime. », précise Gérard Lasfurges, direc-teur adjoint de l’Anses.

Concrètement, si la plupart des femmes se retrouvent aujourd’hui dans cette situation, il faut s’en prendre au phénomène de so-ciété qui fait l’éloge de la femme mince voire maigre et qui place cette image comme un « modèle » pour toutes. En effet, toujours d’après l’étude de l’Anses, plus de 30% des femmes ayant un IMC (Indice de Masse Corpo-relle) dit « Normal » et 15% de celles ayant un IMC dit « Mince » ont suivi un régime amaigris-sant. Avant de suivre un régime, la première chose à faire est donc de suivre les conseils d’un nutritionniste ou diététicien pour évaluer s’il est utile ou non d’en commencer un.

océane Debert

aDopTEz-moI !

ce week-end les refuges de la spa ouvrent leurs portes. chiens, chats et autres animaux de compagnie seront proposés à l’adoption.

Les Journées Portes Ouvertes de la SPA permettent chaque année de désengorger les box des refuges. Tous les printemps, plus de huit mille animaux abandonnés attendent d’être adopter. Les bénévoles de la SPA seront fortement mobilisés. Ils accueilleront les futurs propriétaires afin de leur

dispenser les précieux conseils pour une adoption réussie.

Mais il y a urgence. Aux abandons s’ajoutent depuis quelques temps le trafic d’animaux. Maltraitances, traumatismes physiques et psychologiques, autant de problèmes auxquels la SPA doit faire face. Lors de ce week-end spécial adoption, le refuge de Gennevilliers dans les Hauts-de-Seine en Ile-de-France compte sur une forte mobilisation. «

Nous avions réussi en mai 2010 à faire adopter soixante-trois animaux, explique Christophe Belleanger, directeur du refuge de Gennevilliers. Cette année encore, des stands éducatifs seront tenus par les jeunes bénévoles âgés de douze à dix-huit ans ». Certains animaux sont bien souvent oubliés dans les adoptions. « Nous avons mis en place un stand important au sein du refuge, le stand Sauvetage, commente le directeur. Ce stand mettra en avant les vieux animaux ainsi que ceux atteints de pathologies. Ils sont malheureusement difficiles à faire adopter. Il faut expliquer aux futurs propriétaires que ces animaux ont eux aussi le droit de vivre comme les autres et d’être aimés ».Baptêmes de poneys, tombolas, ventes d’objets ou encore animations insolites seront proposés dans les refuges. C’est le cas à Rennes en Bretagne. Monsieur Frichet, le directeur du refuge breton, laisse la place cette année à une équipe de choc : la brigade cynophile de Rennes. « Nous avons des contacts réguliers avec la brigade, développe le directeur. Les animaux à forts tempéraments

qui ont besoin d’être éduqués comme les bergers malinois, sont placés à l’équipe canine. C’est un choix plus judicieux que de les confier à une famille ». Le Major Gest, responsable de la brigade cynophile viendra présenter le travail des chiens de recherche de personnes, stupéfiants et explosifs. « Nous formons certains chiens du refuge au sein de l’équipe, explique le major. Ils sont bien souvent fragiles physiquement et psychologiquement, il faut donc les éduquer. C’est un travail long et fastidieux mais ils redeviennent sociables et s’épanouissent enfin ».

fany boucaud

IN vINo vErITas

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| 7 MAI 2011 | UNTITLED N°2

cULTUrE

cE wEEk-END, « ToUs à L’opéra » !

aujourd’hui et demain, l’art lyri-que sera à l’honneur en france et dans l’Europe entière pour la 5ème édition de l’opéra-tion « Tous à l’opéra ! ». avec pour thème européen « jeunes oreilles », cette manifestation vise à sensibiliser non seulement les plus jeunes mais aussi tout ceux qui n’ont jamais entendu l’opéra, cet art trop peu média-tisé.

Cela fait maintenant cinq ans que l’opération « Tous à l’Opé-ra » permet aux connaisseurs et aux curieux de s’ouvrir à un genre souvent méconnu : l’opé-ra. Un monde considéré comme « élitiste » par certains mais qui est pourtant à la portée de tous. Après plusieurs années de ré-flexion, cette manifestation a vu le jour grâce à Laurence Lam-berger Cohen, directrice de la Réunion des Opéras de France (ROF). « Il y avait un désir de la plupart de nos opéras de propo-ser une grande opération natio-nale depuis longtemps. Quand je suis arrivée à la Réunion des Opéras de France en 2007, j’ai proposé une date commune de

portes ouvertes pour tous les opéras de France. A l’époque, l’organisation Opéra Europa créait un forum, on a donc dé-cidé de caler la date en même temps. C’est alors devenu une opération européenne. L’Europe devait faire une action collective pour une année seulement. Mais devant le succès de la manifesta-tion, on a décidé de poursuivre. ».

Nathalie manfrino, le renouveau de l’opéra françaisPour cette 5ème édition le ROF trouvait intéressant de mettre en avant la jeune génération de chanteurs français. « Sa jeunesse et son enthousiasme peuvent être très communicatifs. C’est une autre image que l’on a envie de donner à l’art lyrique avec cette génération tellement talentueuse. ». Après Roberto Alagna, grande star de l’opéra français, c’est donc Nathalie Manfrino la marraine de cette édition. Elle est la preuve de la volonté du ROF de soutenir les jeunes talents. A seulement trente-quatre ans, elle a déjà conquis la France entière par

ces interprétations de Micaela dans Carmen de Georges Bizet, de Gilda dans le Rigoletto de Verdi ou encore de Roxane dans Cyrano de Bergerac au Festival de Radio France de Franco Al-fano. En 2006, elle a d’ailleurs été révélation lyrique des Vic-toires de la Musique Classique. Amoureuse de la musique et de cet art qu’elle maîtrise parfaite-ment, elle est la première à avoir proposé l’idée de chanter gratui-tement pour ces deux journées lyriques. Preuve de sa généro-sité et de sa simplicité comme l’explique Laurence Lamberger Cohen. « Elle nous a tout de sui-te emballés. Elle est très naturel-le. On s’est dit qu’elle allait être une ambassadrice absolument magnifique. Elle n’a pas du tout la grosse tête. Ce n’est pas du tout l’image de la diva qu’on se fait. ». Nathalie Manfrino sera donc en représentation au Théâ-tre des Champs-Elysées ce soir à 17 heures en compagnie de l’Orchestre Prométhée pour in-terpréter entre autre Roméo et Juliette de Gounod et la Traviata de Verdi. L’occasion de décou-vrir les grands airs des opéras français et italiens en attendant son prochain album avec Decca intitulé « Massenet » en 2012.

En ce qui concerne l’accès à l’opéra dont le prix des places est souvent trop excessif pour certains, Laurence Lamberger Cohen rétorque : « Les produc-tions peuvent rassembler jusqu’à deux cent personnes qui exer-cent des métiers très spéciali-sés. En France, le prix minimum moyen est de trente-cinq euros même s’il y a des places de 1ère catégorie qui vont jusqu’à cent quatre-vingt euros. Ce n’est pas très excessif sachant que l’or-chestre compte entre soixante et quatre-vingt personnes, qu’il y a les chanteurs et bien évidem-ment toute la production. ». Les prix sont donc justifiés sachant que l’opéra vit essentiellement de l’argent apporté par l’Etat. La part des billetteries représente seulement entre 15 et 20 % du financement.

Pour ceux qui ne serait pas ten-tés de s’enfermer quelques heu-res à l’opéra, la manifestation se passe aussi dehors. A Lille, par exemple, il y a la composition d’un opéra d’un jour à la Gare Saint Sauveur. Tous les passants sont libres de participer à cet opéra d’un jour. A Avignon, c’est en déambulant dans les rues que les promeneurs trou-veront plusieurs activités liées à l’art lyriques dans divers quar-tiers de la ville.La manifestation n’est visible-ment pas prête de s’arrêter. « L’édition de cette année devait être la dernière mais au fond on trouve de plus en plus légi-time cette manifestation. Pour preuve, 20 % du public n’était jamais allé à l’opéra et 98 % du public a été très satisfait de la manifestation. Tant que le public vient, on va continuer. Les salles des opéras sont pleines. Pour nous, c’est un devoir des opéras d’ouvrir leurs portes. C’est une chance de pouvoir rentrer dans des lieux qu’on ne connaît pas et qui font parti de notre patri-moine culturel à tous. Il n’y a pas de raisons de ne pas faciliter cet accès à tous. ».

claire-marie allègre

Nathalie manfrino, espoir française de la chanson lyrique française. Dr

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