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juillet 2002 trimestriel 15 F / 2,29 n°8 Dossier Sciences et techniques estivales Les métiers de la géographie Revues scientifiques : diffusion ou rationnement du savoir? L’Hexagone tremble… le BCSF mène l’enquête

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juillet 2002trimestriel

15 F / 2,29 €

n°8

Dossier

Sciences et techniquesestivales

Les métiers de la géographie

Revues scientifiques :diffusion ou rationnement

du savoir ?

L’Hexagone tremble… le BCSF mène l’enquête

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Initiatives Le nouveau site de l’ULPwww-ulp.u-strasbg.fr 3Demandez les dossiers d’inscription 3Savoir(s) en commun 2002 :rencontres universités-société 3

RepèresLe président et ses VP 4

International Chine : 15 ans d’accords 6

DossierSciences et techniques estivales 7Parcours de pierresHistoire géologique de l’Alsace 7Parcours de verreLe souffle de l’art et de la technique 8Parcours fermierCes animaux qui nous éduquent 9Parcours souterrainDescente au cœur des Vosges 10Parcours animalierCigognes, papillons et jeunes loutrons 11Parcours Outre-RhinEspèces mises en scène 12

FormationFormations en géographie :question de territoires 13Devenir aménageur-développeur 14Accéder à l’université sans le bac 15

RechercheRevues scientifiques :diffusion ou rationnement du savoir? 16Mathématiques :recherche à l’infini 18L’Hexagone tremble… le BCSF mène l’enquête 19Chercheurs en terrain viticole 20

CultureSuivre les animaux à la trace… sur l’internet 21Scientifiques, lisez Perec ! 22

> Agenda culturel 22> Livre 23

PortraitJeanne Hagenbach et ses parentsJeanne ou le gène économiste 24

sommaire]

éditoBernard Carrière a commencé son mandat de président de notre université

depuis le 21 juin(*).De l’homme,nous ne connaissons pas encore tous grand chose,

si ce n’est un programme et un curriculum vitae que l’on peut découvrir sur le

site web de l’ULP. De la fonction, nous en savons déjà plus. Il se trouve désormais

à la tête d’une institution qui emploie près de 3000 personnes et accueille chaque

année plus de 16500 étudiants. Une institution qui réunit des femmes et des

hommes dont les opinions, les métiers, les origines culturelles et sociales sont

d’une incroyable diversité.C’est dire si cette fonction est éminemment politique:

un président doit se montrer disponible aux transformations du futur mais aussi

fidèle aux valeurs qui fondent notre communauté.

Au lendemain du premier tour des élections à la présidence de la République,

nombreux furent ceux qui prirent la parole ou la plume pour rappeler avec force

leur attachement à ces valeurs : liberté de la pensée,égalité des individus, respect

de l’autre… Les valeurs de la démocratie. Mais cette mobilisation exemplaire ne

doit pas faire oublier la crudité des résultats. L’Alsace est une des régions de

France où l’extrême droite a fait son meilleur score. Si l’on en croit certains son-

dages réalisés à la sortie des urnes, près de 40% des jeunes âgés de 18 à 24 ans

n’ont pas pris part au vote et lorsqu’ils le firent, 20% d’entre eux votèrent pour

le candidat qui a fait de la xénophobie et de l’intolérance son fond de commerce.

Or, l’université est aussi une école de la citoyenneté. Il y a donc comme une

urgence à ce que des initiatives soient prises et soutenues par toute la commu-

nauté universitaire pour que nous soyons en mesure de pleinement relever

ce défi.

Éric HeilmannRédacteur en chef

ulp.sciences est téléchargeable à partir du site web de l’ULP à la rubriqueActualités : www-ulp.u-strasbg.fr

> Pour envoyer vos suggestions au comité de rédaction,une adresse mail est à votre disposition : [email protected].

> Université Louis Pasteur : 4 rue Blaise Pascal 67000 Strasbourg • tél. 03 90 24 50 00 • fax 03 90 24 50 01> site web: www-ulp.u-strasbg.fr > directeur de la publication : Jean-Yves Mérindol > rédacteur en chef : Éric Heilmann > coordination de la publication : Agnès Villanueva > contact de la rédaction - service de la communication de l’ULP :4 rue Blaise Pascal • 67070 Strasbourg Cedex • tél. 03 90 24 11 40 > comité de rédaction : Véronique André-Bochaton,Valérie Ansel, Florence Beck, Gérard Clady, Daniel Égret, ÉricHeilmann,Wais Hosseini, Shirin Khalili, Richard Kleinschmager, Isabelle Kraus, Florence Lagarde, Stéphane Léa,Élodie Leininger, Pascal Schreck,Yannick Schwartz, Gilbert Vicente,Agnès Villanueva> ont participé à ce numéro: Véronique André Bochaton (V.A.-B.), Florence Beck (F.B.), Sylvie Boutaudou (S. B.),Déborah Boxberger (D. B.),Valérie Boyadjian (V. B.), Guy Chouraqui (G.Ch.), Gérard Clady (G.C.),Fanny Del (F.D.),Véronique Fleischman (V. F.), Marie Foulon (M. F.), Delphine Gosset (D.G.),Katell Le Cars (K.L.C.), Frédéric Naudon (Fr. N.), Isabel Pellon (I. P.), Sophie Pilven (S. P.), Ludovic Turlin (L.T.),Agnès Villanueva (A.V.), Frédéric Zinck (Fr. Z.), Céline Zirnheld (C. Z.).> photographies : Bernard Braesch (sauf mention) > conception graphique et maquette : THS > imprimeur : Unal-67200Strasbourg > tirage : 10 000 exemplaires > n° ISSN : ISSN 1624-8791 > n°commission paritaire : 0605 E 05543

(*) Depuis la naissance de l’Université Louis Pasteur en 1971, sept présidents se sont succédés : Guy Ourisson (élu le 13 février 1971), Pierre Karli (élu le 9 juin 1975), François Marcoux (élu le 19 juin 1978), Henri Duranton (élu le16 juin 1982), Gilbert Laustriat (élu le 21 mai 1987),Adrien Schmitt (élu le 1er juin 1992) et Jean-Yves Mérindol (élu le 13 mai 1997).

> Bernard Carrière :

nouveau président

de l’Université

Louis Pasteur

Le profil et la profession de foi de Bernard Carrière sont téléchargeables sur le site de l’ULP: www-ulp.u-strasbg.fr > Rubrique Actualités

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3juillet 2002 - n°8 - ulp.sciences] 3juillet 2002 - n°8 - ulp.sciences]

La nouvelle ver-sion du site web

officiel de l’UniversitéLouis Pasteur de Strasbourg esten ligne en versions française etanglaise. La rubrique “Bienvenue àl’ULP”, qui détaille l’identité, l’or-ganisation et l’accès aux campusde l’ULP, est également disponibleen allemand et en espagnol. Cenouveau site a été conçu en prio-rité pour trois publics : les étu-diants, actuels et futurs, lespartenaires institutionnels et éco-nomiques et les 3000 personnestravaillant à l’ULP.

Ce projet d’envergure présentedes innovations importantes auniveau informatique. Le site est eneffet construit autour d’un sys-tème dynamique avec stockagedes informations dans une basede données au format XML. Ilbénéficie d’un système de mise àjour via un éditeur générant despages dans le respect de la chartegraphique de l’ULP qui permet sagestion décentralisée et à distancepour une centaine d’utilisateurs.Ce nouveau site est le résultatd’une collaboration entre StartX,association des étudiants de l’IUP

Génie mathématique et informa-tique, spécialité réseaux et appli-cations, le Curri (Centreuniversitaire régional de ressour-ces informatiques), l’agence gra-phique Les 4 jeudis et le service dela communication de l’ULP, chargéde sa conception et de sa réalisa-tion.

À découvrir toutspécialement :> l’agenda scientifique> la rubrique actualités et son

espace réservé à la presse.A.V.

initiatives[

Lancé en 2001, à l’occasion du trentième anni-versaire des universités strasbourgeoises,

l’événement Savoir(s) en commun : rencontres universi-tés-société, est né de leur volonté commune decontribuer au débat public sur des thèmes sensiblesrelatifs au rapport entre sciences et société.Devant le succès rencontré lors de la première édition, l’opération est reconduite en octobre 2002.Un thème fédérateur “Transmissions” (en 2001,“Traces”) reliera tous les débats proposés pendantprès de huit semaines. Les tables-rondes rassem-bleront des enseignants-chercheurs, des acteurs dela vie associative, culturelle, économique ou poli-tique, autour de questions clés, tout à la fois préoc-cupations des citoyens et axes de recherche actuels.On y parlera notamment de savoirs, de cultures,

d’éducation, de compétences professionnelles, d’hé-ritages psychiques, d’évolution, de langage et depatrimoine. Les questions médicales – génétiquehumaine, clonage, sida – seront aussi largement trai-tées. Ces moments de discussion et de partage dessavoirs,ouverts à tous, seront prolongés par des acti-vités satellites : conférences spécialisées, rencontres,expositions, visites guidées ou ateliers, etc.Début septembre 2002, les brochures d’informationseront disponibles. Renseignements pratiques etbibliographie seront mis en ligne sur le site webdédié à l’événement.Vous souhaitez vous renseignerou participer, n’hésitez pas à nous contacter…

V.A.-B.

Savoir(s) en commun 2002:rencontres universités-société

Contact :www-ulp.u-strasbg.fr

> Rubrique: InscriptionsBureau des études doctorales

[email protected]

Information sur les formations :SIOE - Tél : 03 90 24 11 [email protected] Contact : 03 90 24 07 66 - Mél : [email protected] - http://savoirs.u-strasbg.fr

Le nouveau site de l’ULP

www-ulp.u-strasbg.fr

Contacts :Romain Kuntz, président de StartX - Tél : 06 74 46 71 92 - [email protected] - Site web: http://startx.u-strasbg.fr

Daniel Bessey, webmestre du site institutionnel de l’ULP - Tél : 03 90 24 15 76 - [email protected]

Demandez lesdossiersd’inscription

Pour s’inscrire à l’université,la première démarche consiste àse renseigner auprès du Serviceinformation, orientation, emploi(SIOE) de l’ULP sur le contenupédagogique et les procéduresd’inscriptions spécifiques àchaque filière.Dès la mi-juillet et pendanttout l’été, 24h/24, le retrait dudossier d’inscription et la prisede rendez-vous s’effectuentdésormais uniquement parInternet via le site de l’ULP ou via http://www-intelus.u-strasbg.fr. L’ULP met àdisposition des bornesmultimédia en accès libre dansles halls d’entrée de l’Institut LeBel, des facultés de médecine,de pharmacie, de géographie etd’aménagement, de l’UFR demathématique et d’informatique,de l’IUT de Schiltigheim, duPEGE et du SIUAPS.Le futur étudiant recevra àl’adresse qu’il aura indiquée sondossier d’inscription et laconfirmation de rendez-vouspour l’inscription administrativeet définitive qu’il devra effectuerauprès du service de scolaritédont dépend la filière choisie.À noter : pour le doctorat etl’habilitation à diriger lesrecherches, l’inscriptions’effectue au Bureau des étudesdoctorales.

F.D.

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4 [ulp.sciences - n°8 - juillet 2002

repères]

> Jean-Claude Hubert,ancien VP chargé despersonnels

Comment lesVP sont-ilsdésignés ?

Contrairementà la plupart

des universités, les VP de l’ULPsont élus sur proposition duprésident. Si leur nominationest avalisée par le Congrès(1),ils bénéficient d’une légitimitéabsolue. Ce qui permet decréer une équipe de directionextrêmement soudée. Cettecohésion est importante pourles VP car leur tâche estéprouvante. Placés sous les“feux de la rampe”, ils sontsoumis en permanence aujugement de la communauté.Et même si leur cote depopularité doit en souffrir, ils se doivent d’expliquer etd’imposer la politique qui estjugée la meilleure pour ledéveloppement de l’université.Il est alors important depouvoir se retourner vers uneéquipe de personnes solidaires,en qui l’on a pleinementconfiance.

> Richard Kleinschmager,ancien VP chargé de laformation initiale etcontinue

Quel est lerôle du“Bureau de laprésidence”?

Le Bureau est l’un desmoments clés de la vie del’équipe de direction. Chaquesemaine, le président, lesecrétaire général, lessecrétaires généraux adjoints,l’agent comptable et les VP seréunissent pour faire le pointsur les grands dossiers encours. Cette réunion de travailest un véritable lieu d’échangeet de réflexion collectif,l’occasion pour chaque VPd’exposer certains de sesdossiers. Le principe estintéressant car il permet aux VPde s’extraire de leur domainede compétence pours’intéresser aux problèmes deleurs collègues. Le Bureau estdonc, à la fois un lieu où sedessine une vision globale de lapolitique universitaire, maisaussi un moment de partage etd’écoute, propice audéveloppement et aurenforcement d’un véritableesprit de groupe.

> Michel Hoffert, ancienVP chargé de la politiqueinternationale

Quels sont, pour l’ULP,les enjeux associés audéveloppement d’unepolitique internationale ?

Si, aujourd’hui,près de 20%des étudiantsde l’ULPviennent del’étranger c’est

bien évidemment parce que larecherche et l’enseignementsont de qualité, mais aussiparce que la réputation denotre institution a su dépasserles limites de l’Hexagone.Cette reconnaissance n’a étérendue possible que par lapoursuite d’une véritablepolitique internationale. L’ULP apu ainsi renforcer et tisser desliens avec un certain nombrede pays tels que le Japon, laRussie ou encore Madagascaret le Québec. Le partenariatavec l’université de Tomsk(Sibérie) et l’ouverture de laMaison universitaire France-Japon, première maisonuniversitaire entre la France etun autre pays, sont le résultattangible d’une telle démarche.

> Maximilien Muller,VPchargé de la vie étudiante

En quoiconsiste votremission etquelle est laplace d’unétudiant au

sein de l’équipe de direction?

Le champ d’intervention decette vice-présidence est assezvaste.Tout ce qui touche deprès ou de loin à la vieétudiante (logement,enseignement, stages enentreprise, formation àl’étranger, carte culture, conflitsentre étudiants et enseignants,etc.) le concerne. Proposé auprésident par la listemajoritaire étudiante, son posteest légitimé, comme les autresVP, par le vote du Congrès.Mais son mandat est limité àdeux ans. Dans une certainemesure, c’est déjà beaucoup,car concilier l’emploi du tempsd’un VP avec les impératifs de lavie d’étudiant n’est pas évident.Malgré sa différence d’âge et destatut, il occupe une vraie placedans l’équipe. En tant queresponsable du Bureau de la vieétudiante (BVE), il représenteun formidable baromètre del’état d’esprit des étudiants surle campus. Et contrairement à

Le président et ses VPLe nouveau président de l’ULP, Bernard Carrière, vient de constituer son équipe de direction. Quelles sont les missionsdes vice-présidents (VP) et leurs méthodes de travail ? Pour mieux comprendre leur rôle au sein de l’institution,la rédaction est partie à la rencontre de l’équipe qui a entouré J.-Y. Mérindol en fin de mandat.

>>>

Le Bureau de l’ULP

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5juillet 2002 - n°8 - ulp.sciences]

repères[

d’autres universités, le VPétudiant de l’ULP participeactivement à toutes lesréunions de direction et peut,s’il le souhaite, donner son avissur tous les dossiers.Le respect et la confiance à sonégard sont par conséquentabsolus.

> Bernard Ehresmann,ancien VP chargé de larecherche et de laformation doctorale

Un VP chargéde larecherchedoit-ilpoursuivre sa propreactivité de

recherche au cours del’exercice de son mandat?

Si l’ULP se classe parmi lesmeilleures universitéseuropéennes en matière derecherche c’est grâce à laqualité scientifique de seslaboratoires, en partenariat fortavec le CNRS et l’INSERM.Ces unités de recherche sontpour la plupart regroupéesdans des structures fédérativespour une meilleure animationscientifique. La recherche estdonc tout naturellement aucœur des priorités de laprésidence. L’action du VP estde mettre en place la politiquede l’ULP en matière derecherche et de formationdoctorale. Pour mener à bienune telle mission, sa crédibilitéscientifique auprès de ses pairsest essentielle. Celle-ci ne peutêtre maintenue pendant ladurée d’un mandat qu’engardant lui-même une activitéreconnue de recherche. C’estce double défi que j’ai essayéde relever pendant monmandat avec l’aide de laDRED(2) et le soutien de monunité de recherche.La recherche actuelle est àl’orée de nouveaux défis, tels le développement d’axes derecherche souvent à l’interface

des grandes disciplines et de grands programmestransversaux nationaux et internationaux. Cecis’accompagnera inévitablementpar une évolution desstructures actuelles derecherche et de sonadministration.

> Pascale Bergmann,ancienne VP chargée dudéveloppement et desmoyens

La gestion dupatrimoine del’université a-t-elle unedimensionpolitique?

Pour donner un ordre d’idée,rappelons que l’ULP compte unpatrimoine bâti de plus de350000 mètres carrés répartisen 80 bâtiments. Notre missionconsiste à le gérer, l’entretenir,le mettre en sécurité et ledévelopper. En pratique, lesservices sur lesquels reposentces lourdes charges sont laDLI(3), le SHS(4), et la DAFE(5).Mais dans un domaine aussisensible, la part du politique estimportante.Au cours de sonmandat, l’équipe a abordé lesquestions liées au patrimoinede manière globale etresponsable. Cette volontés’est notamment traduite parl’établissement d’un schémadirecteur de mise en sécurité,par la réorganisation et lerenforcement des services, parl’acquisition prochaine d’unlogiciel de gestion dupatrimoine et par la prise encharge des maîtrises d’ouvraged’importants projets. Enfin,l’ULP se lance dansl’expérimentation de ladévolution des bâtiments del’État à l’université.

> Alain Beretz, ancien VPchargé des relations avecles entreprises

L’existenced’une vice-présidencechargée des relationsavec lesentreprises

est récente. Pourquoi cettecréation?

Elle illustre la volonté de laprésidence de développer lesliens entre l’université et lesentreprises.Au départ, cetteresponsabilité était confiée à un“chargé de mission”.Au coursde ce mandat, les relationsuniversité-entreprises se sontparées d’une véritable assisepolitique. La création d’unnouveau poste de VP a étéimportante pour deux raisons.Sur le plan pratique, elle apermis de renforcer unestructure et une organisationentièrement dévouées à lavalorisation de la recherche etde l’enseignement. Sur le planpolitique, elle a permisd’envoyer un message fort endirection des entreprises et desuniversitaires.Avec le recul,je pense que cette politisationdu service a été un bon choix,car elle a permis d’inscrirel’action générale de l’équipeprésidentielle dans unestratégie cohérente avec lespolitiques menées en matièred’enseignement et derecherche tout en évitant,qu’au contact des réalités del’entreprise, l’université nes’éloigne de ses objectifsfondamentaux.

L.T.

(1) Le Congrès est la réunion des membres des trois grands conseils : Le Conseild’administration, le Conseil scientifique et le Conseil des études et de la vie universitaire.(2) Division de la recherche et des études doctorales(3) Division de la logistique immobilière(4) Service hygiène et sécurité(5) Division des affaires financières et des études

Pascal Aimé,secrétaire général

Commentl’action dusecrétairegénéral (SG)s’inscrit-elledans lapolitique

menée par l’équipe de laprésidence?

La fonction du SG est deservir d’interface entre lesélus qui détiennent lalégitimité politique et lesdifférents servicesadministratifs et techniquesde l’université. Son rôleconsiste à assurer unebonne synergie entre lesorientations politiques de la présidence et l’actiongénérale des services, touten veillant à l’impactjuridique ou économiquedes décisions. Cettefonction, consistant àassurer la gestion del’université, repose sur uneconfiance et une loyautétotales envers le président.La nomination du SG, surproposition du président,limite considérablement lesrisques “d’incompatibilité decaractères”. Les notions deconfiance et de délégation,chères à J.-Y. Mérindol,prennent alors tout leursens. Comme il estimpossible de faireintervenir le président àchaque prise de décision, leSG doit gérer un grandnombre de dossiers. Il doitaussi encadrer et animeravec les vice-présidents, uneéquipe de chefs de serviceset de responsablesadministratifs et au-delà,l’ensemble des personnelsIATOS de l’université sanslesquels rien ne seraitpossible.

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Relations ULP - Chine

1987Accord Faculté demédecine / Universitémédicale n°2 de Shanghai(UMS2). Signée pour unedurée initiale de 3 ans,cette convention seraprochainementréactualisée, les échangesse poursuivant dans lecadre de la filière deformation médicalefrancophone avecl’extension à d’autresdisciplines (biochimie,sciences de la vie…).

1995Accord Faculté demédecine / Université deSuzhou. Il organise, troisannées durant, les actionsconjointes de recherche etde soins dans diversdomaines des sciencesmédicales.

1996Accord de coopérationscientifique dans ledomaine de la chimie avecl’Academia Sinica de Taïpeï(Taiwan). Renouvellementen avril 2001 sur une basedisciplinaire élargie.

2001Création d’une cellule “Chine” à l’ULP.

2001Signature d’une lettred’intention decollaboration avec laChinese University ofHong Kong.

2002Développement decontacts prospectifs avecles universités de Fudan(notamment en chimie etmathématiques), deKunming et de Samen.

G.C.

6 [ulp.sciences - n°8 - juillet 2002

international]

Chine: 15 ans d’accords

En 1978, Deng Xiaoping décrète l’ouverture de son pays au monde extérieur. Les universitaires et les étudiants chinois ont saisi cette opportunité.Qu’en est-il aujourd’hui ?

Les relations de l’ULP avec la Chine ont débuté en1986 avec l’université médicale n°2 de Shanghai.

“Ces premiers échanges concernaient la Faculté de méde-cine et le CHU de Strasbourg. Aujourd’hui, ils se générali-sent aux autres composantes de l’ULP : Faculté de chimie,UFR de sciences physiques, etc.” exposeM.Bang Luu,membre du Laboratoire desynthèse, biosynthèse et activité de bio-molécules(*) et responsable des relationsavec la Chine.“Nous avons également debonnes relations avec l’Académie des scien-

ces de Taiwan etl’Université chinoise de HongKong.L’objectif actuel est d’établir une collabo-ration avec une grande université chi-noise polyvalente” précise M. Luu.

Ces échanges sont principalement basés sur des per-mutations de chercheurs pour des durées de quelquesmois (six mois maximum) : l’un est accueilli et rému-néré par l’université de l’autre. L’intérêt scientifique estévident : partage des savoirs et des savoir-faire notam-ment dans le secteur médical, apprentissage de tech-niques souvent très différentes, publications et brevetscommuns, etc. La réputation des chercheurs chinoisn’est plus à faire.Techniquement très forts, doués d’unesprit beaucoup plus pratique, ils ont aussi des com-pétences importantes en informatique, en opto-électronique ou encore en microélectronique. Détaild’importance, les échanges inter-universités compor-tent toujours des clauses qui concernent les étu-diants : thèses en co-tutelles et échanges à partir du 2e cycle.

La dimension culturelle de ces échanges est égalementtrès importante, qui plus est avec des pays comme laChine.“C’est une grande ouverture d’esprit et un choc cul-turel dont je suis toujours imprégné après 8 ans” souligneGilles Parmentier, docteur en chimie organique,

responsable des ventes chez Neosystem,société strasbourgeoise de chimie fine. Auterme de son séjour post-doctoral, il porteun regard positif sur ce type d’échange :“Il m’a été difficile de travailler dans un labora-toire chinois, principalement à cause de la bar-rière linguistique.Mais cette expérience originale

m’a ouvert les portes de grandes entreprises et m’a permisd’amorcer un virage dans ma carrière : quitter la recherchepour une carrière commerciale. C’est une chance de pou-voir vivre une telle expérience avant d’entamer sa carrièreprofessionnelle !”

Aujourd’hui, l’étendue des relations extérieures d’uneuniversité donne une idée de sa force et de son rayon-nement.Ces échanges contribuent également à accroî-tre l’ouverture nécessaire à tout esprit scientifique.

Fr. N.(*) Unité mixte de recherche ULP/CNRS 7123

“C’est un choc

culturel dont je suis

toujours imprégné

après 8 ans”

Contact :M. Bang Luu

[email protected]

Sites :Université de Pékin

www.pku.edu.cnUniversité de Shanghai Jiaotong

www.sjtu.edu.cnUniversité de Shanghai Tongji

www.tongji.edu.cn/

Photo : Véronique Pfister

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> Le sentiergéologique duBastbergÀ Bouxwiller, dans lescollines sous-Vosgiennes,s’étendait il y a quelques 50 millions d’années, ungrand lac. Les dépôts,formés de marnes et decalcaires, affleurent de nosjours près de la ville etlaissent apparaître leursanciens occupants.Visite guidée sur demande.

Contact :Musée de Bouxwiller et du Pays de Hanau

1, place du château67330 Bouxwiller

Tél : 03 88 70 99 15

> Le sentiergéologique deWolflochUne balade commentéepour parcourir les quatreères géologiques etcomprendre l’histoiregéologique très mouvementéedes Vosges et de la plained’Alsace.Visites guidées lejeudi et le dimanche à 14het sur demande.

Contact :Maison de la géologie

Place de l’église68780 Sentheim

Tél : 03 89 82 55 55http://sentheim.geologie.free.fr

juillet 2002 - n°8 - ulp.sciences] 7

dossier[

Profitez de vos vacances? La rédaction vous propose six

journées consacrées à la culturescientifique au départ de Strasbourg.

[Parcours de pierres

Histoire géologique de l’Alsace

Pourquoi parcourir un sentier géologique?> Jean-Claude GallL’histoire de la Terre est inséparable de l’histoire de la Vie. Les sentiers géologiques aménagésen Alsace ont été créés afin de sensibiliser le promeneur avec la face changeante de notreplanète. Roches et fossiles sont à la fois un héritage d’un passé géologique et un patrimoinerégional à préserver. Les paysages actuels avec leurs faunes et leurs flores ne deviennent

intelligibles qu’à la lumière des transformations qu’ils ont subies au cours du temps. Une perspective quidevrait contribuer à sensibiliser les hommes aux problèmes d’environnement. En effet, conscient des limites desa planète et responsable de son état de santé, l’homme en est devenu le gestionnaire.

Qu’est-ce que nous enseignent ces très vieilles pierres?L’analyse des roches et des fossiles, véritables archives naturelles, nous permet de reconstituer unechronologie d’événements géologiques ainsi que la succession des paysages, nécessaire à la compréhension denotre présent.Au cours de l’ère primaire, le socle des Vosges et la Forêt-Noire constituait un seul et mêmeensemble montagneux rattaché à la chaîne hercynienne. Les reliefs seront ensuite arasés puis, au cours de l’èresecondaire, submergés à plusieurs reprises par les mers à l’origine de dépôts sédimentaires calcaires, marnesou argiles. À l’ère tertiaire débute la surrection des Alpes et se produit l’effondrement du fossé rhénan. Enmême temps, s’amorce le soulèvement des bordures du fossé qui se trouve à l’origine des reliefs des Vosges etde la Forêt-Noire. Les glaciations de l’ère quaternaire modèleront ensuite ces massifs pour leur donner leurapparence d’aujourd’hui.

Y-a-t-il encore des “trous géologiques” en Alsace?L’histoire géologique de notre région est connue dans ses grandes lignes mais mérite toujours d’être affinée.En particulier, plus on s’intéresse à des périodes lointaines, plus les archives se révèlent fragmentées. Parailleurs, certaines périodes géologiques, comme le Crétacé, n’ont pas laissé d’archives en Alsace. Les merss’étant retirées de notre région, aucune roche ne s’y est déposée. Les dinosaures qui régnaient alors enmaîtres sur les terres émergées furent décimés il y a 65 millions d’années par une crise biologique dont lesmécanismes sont aujourd’hui mieux compris. Les modèles explicatifs élaborés permettent, dans une certainemesure, d’interpréter la crise de la biodiversité que nous traversons et de prévoir ce que sera demain, voirede proposer des parades.

Fr. Z.

Lys de mer (Encrinus liliiformis),animaux de l’embranchement

des échinodermes, ayant peupléles mers au début de l’èresecondaire (Muschelkalk).

Poisson du genreDipteronotus

(longueur 35 mm)provenant des grès

des Vosges.Photographies : J.C. Gall

Scienceset techniques

estivales

Entretien avec Jean-Claude Gall, professeur de géologie et de paléontologie à l’ULP

Strasbourg

Bouxwiller

Sentheim

)

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88 [ulp.sciences - n°8 - juillet 2002

dossier]

[Parcours de verre

Le souffle de l’art et de la technique

De 1704 à 1969 une verrerie fonctionnait àMeisenthal. Niché au cœur du Parc naturelrégional des Vosges du Nord, un musée duverre et du cristal a été aménagé en 1983

dans un des anciens bâtiments de la fabrique.Il fait revivre le patrimoine artistique et

technique verrier de la région.

> Maison du verreet du cristalPlace Robert Schuman 57960 MeisenthalTél : 03 87 96 91 51Visites de Pâques au 31 octobre 2002,tous les jours (sauf lemardi) de 14h à 18h.Sur rendez-vous pourles groupes.Entrée : 5€ (adultes),3€ (enfants et tarifsréduits).

> Le Parc naturelrégional desVosges du Nordsur le web www.parc-vosges-nord.fr

De Meisenthal, une route agréablemène à Reichshoffen. Derrièrel’église, le Musée du fer vous inviteà découvrir un aspect de l’histoireindustrielle de la région :la métallurgie. Une forge artisanaleest reconstituée grandeur nature.De nombreuses maquettes de trèsbelle facture sont réunies.

Certaines sont animées et rendentcompte des techniquesd’exploitation du minerai avantl’apparition de la machine à vapeur.En les actionnant, on réalisel’importance de la rivière et de la forêt avoisinantes dans lefonctionnement du haut-fourneau

et de la forge. Le musée restitueégalement la dimension humaine et sociale de cette activitéindustrielle. En suivant laconstruction des premierslogements ouvriers, comparant les salaires et le coût de lanourriture… vous prendrez

conscience des conditions de viedes ouvriers de la région au XVIIIe

siècle.D. G.

> Musée du Fer9, rue Jeanne d’Arc - 67110

Reichshoffen - Tél : 03 88 80 34 49Ouvert tous les jours (sauf le mardi)

de 14h à 18h.

)Strasbourg

Meisenthal

Reichschoffen

Sciences et

techniques estivales

Photo : DESS Communicationscientifique et technique

Musée du fer

La visite débute par la projection de deux films qui dévoi-lent les procédés de fabrication du verre et du cristal. Les

lumières s’éteignent et une musique cristalline se fait enten-dre. À l’écran, les mains de l’artisan moulent l’argile pour construire le four. Dans son foyer, la matière pre-mière, le sable, chauffe à des milliers de degrés pour devenir du verre ou du cristal. On imagine la chaleur du four. Puis vient ce moment fascinant où l’artisan cueille avec sa canne la boule incandescente : de la matière fondue tirantdu jaune au rouge vif. Le souffleur attend puis insuffle avec précision dans la cannepour dilater la pâte de verre. À côté de lui, un autre artisan prend la pièce et lamodèle en jouant de sa viscosité et sa gravité, au rythme du poignet et des palet-tes de bois. L’œuvre est née mais il faut la laisser refroidir, la décaloter, la rebrûleret la tailler.Plus loin, une exposition technique d’outillage, mise en scène d’après le récit d’unancien ouvrier, rassemble divers objets et matériaux du début du siècle. Des pelles,des racloirs, des tamis sont accrochés aux murs : on aurait presque envie de les tou-cher pour savoir s’ils ont gardé la chaleur depuis un siècle.Au centre de la pièce,le véritable cœur de la verrerie : des fours encore noircis qui ne s’éteignaient jamais.À côté sont présentés des flacons contenant les éléments chimiques à leur état natu-rel : le minium de plomb pour obtenir le cristal, la potasse et la soude pour fairefondre la matière, l’arsenic pour la décolorer.À l’étage, les plus belles pièces de verreet de cristal témoignent de l’histoire de cet art local : des œuvres “Art nouveau”aux motifs animaliers et floraux, la coupe du pêcheur au décor pour le moins humo-

ristique ou encore les pièces des meilleurs ouvriers de France et lesœuvres de prestige signées Lalique.Derniers moments magiques : la rencontre avec des ouvriers verriers etleurs créations hautes en couleurs. Une artiste tailleur réalise des décorsà la roue et propose des verres gravés à votre nom.Des souffleurs de verreexécutent devant vous une démonstration cadencée de travail à chaud. La

masse rougeoyante de verre en fusion devient une toupie… ou une déli-cate boule de Noël.Tout dépend de la saison!

K. L. C. & I. P.

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juillet 2002 - n°8 - ulp.sciences] 9

[Parcours fermier

Ces animaux qui nous éduquent)Le jour se lève sur Rhinau, le silence qui règne sur cette petite ville situéeau bord du Rhin laisse soudain la place à une incroyable cacophonied’animaux lorsqu’on pénètre dans la ferme éducative.

C’est dans une ambiance sonore que les enfants sont accueillis par le maître deslieux, Bernard Bischoff accompagné de Didier, son collaborateur.Après leur avoir

expliqué ce que sont les cinq sens, il invite les enfants à les mettre en éveil tout au longde la journée. Quelques minutes plus tard, ils se retrouvent en cercle, des grains de blédans les mains à attendre qu’une poule vienne les picorer… À la fois émerveillés etinquiets, ils commencent à apprécier le contact avec la volaille. D’autres animaux de laferme suivront, tels que les chevaux, les lapins, les cochons qu’ils pourront tour à tourobserver, toucher, écouter ou sentir.Cette approche est également l’occasion pour Bernard de leur montrer les caractéris-tiques des animaux : à quoi reconnaît-on un rongeur? Pourquoi le cheval est-il un mam-mifère? À quoi sert le duvet des poules? C’est ensuite d’une façon originale que lesélèves découvrent les cinq céréales les plus cultivées en Alsace. En effet, les graines deblé, d’orge, d’avoine, de seigle et de maïs sont goûtées et observées lors d’une dégus-tation appréciée de tous. Après cette mise en bouche, du yaourt liquide est proposéaux enfants en guise de goûter.Le petit groupe sort alors de la ferme et observe un environnement complètement dif-férent : les odeurs, les bruits changent… C’est dans un pré, face à un tas de fumier qu’ilsapprennent que ce mot vient du verbe “fumer” puisque de la chaleur s’en dégage. Ensoulevant la paille ils observent les moisissures, les vers et autres cloportes qui y nichentet la décomposent. Plus encore que l’intérêt de la ferme elle-même, tout le charme decette journée-découverte réside dans la passion qui émane de Bernard, chaque momentreprésente pour eux une occasion de faire aimer la nature aux enfants et de leur appren-dre à respecter la vie.

M. F. & C. Z.

dossier[

Ferme éducative de RhinauCentre d’initiation à lanature pour l’enfant,67860 RhinauTél : 03 88 74 66 44

Du 1er juillet au 10 août,deux types de mini-campsde 6 jours sont organiséspour les enfants de 8 à 14ans dans cette ferme A.G.F.(Association générale desfamilles). Les enfants sontaccueillis à la ferme dulundi matin (8h) au samedimidi et hébergés souscabanons.

> Pour les 8-12 ans,le camp “Poules, cochonset compagnie” proposeplus particulièrement ladécouverte des animauxde la ferme: comment senourrissent-ils, vivent-ils,quels rôles ont-ils dans laferme?Dates et prix : du 1er au 6juillet, du 8 au 13 juillet, du22 au 27 juillet et du 29juillet au 3 août > 222€ la semaine.> Pour les 10-14 ans,le camp “Nature, eau etpattes” propose uneapproche de l’eau et du

milieu aquatique : pollutionet protection de l’eau,étude des plantes du bordde l’eau et ateliers devannerie, promenades encanoë. D’autres activitéscomplètent ce camp tellesque la fabrication d’unherbier, le recyclage dupapier ou encore le tissagede la laine.Dates et prix : du 15 au 20juillet et du 5 au 10 août > 237€ la semaine.Inscriptions :03 88 21 13 80/73

L’Ariena (Association régionale d’initiation àl’environnement et à la nature en Alsace) fédère unréseau qui regroupe plus de quarante structurestelles que la Ferme de Rhinau. Soutenue par despartenaires institutionnels (Conseil régional, Conseilgénéral, etc.), elle accompagne les associations quisouhaitent développer une activité d’éducation àl’environnement.

Contact :Ariena, 6 route de Bergheim, 67600 Sélestat

Tél : 03 88 58 38 48 - sur le web: www.ariena.org

Sciences et

techniques estivales

Photo : DESSCommunicationscientifique ettechnique

Photo :A.G.F.

Strasbourg

Rhinau

Photo :A.G.F.

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dossier]

10 [ulp.sciences - n°8 - juillet 2002

D’où vient le nom de cette vallée vosgienne, le “Val d’argent”? La réponse n’estpas visible au premier regard : les chefs d’œuvre qui ont amené le classement

des montagnes aux monuments historiques sont souterrains. Près de 300 km degaleries minières ont transformé le sous-sol en gruyère pour en exploiter les riches-ses : le minerai d’argent. Creusées au XVIe siècle, elles sont toujours là. Grâce à

l’Association spéléologique pour l’étude et la protectiondes anciennes mines (ASEPAM), il est possible de les visi-ter et de découvrir ainsi la vie des mines au temps du sei-gneur de Ribeaupierre.Une fois sous terre, le guide fait admirer les traces du travail des mineurs, les dépilages, les minéraux présentset… les chauves-souris. Tout en avançant une heuredurant dans des boyaux étroits transpirant l’humidité– claustrophobes s’abstenir –, on écoute avec plaisir les

anecdotes qui redonnent vie aux galeries et donnent l’impression de partager le tra-vail des hommes d’il y a 400 ans. Que sont la pointerolle ou les haldes? À quoi ser-vent la boule de suif ou la jupe de cuir ? Apprenez-le au fur et à mesure de la visite,de même que les astuces du propriétaire pour exploiter ses mines à moindre fraismais avec grand profit.Ces histoires permettent d’imaginer la vie d’autrefois à Sainte-Marie-aux-Mines, mais surtout les us et coutumes de cette puissante corporationqu’étaient les mineurs du Val d’argent.Cette longue et riche épopée minière ne doit pas faire ombrage à l’autre trésor dela vallée, qui participe depuis le XVIIIe siècle à la renommée de la ville : l’industrietextile. Un atelier de tissage est reconstitué dans la Maison de Pays. Une belle occa-sion de connaître les savoir-faire des hommes dumétier! De fil en aiguille, un tisserand s’active et surveilleles différentes étapes de la transformation du fil en tissu.Au milieu des rouleaux et des bobines, les fils s’asso-cient, s’enroulent, s’entrecroisent et finalement se tissent– le tout sans un nœud – dans le vacarme assourdissantdes machines.Vous pouvez acheter quelques mètres dutissu fabriqué sur place. Ou encore rejoindre le maga-sin de l’usine de Sainte-Marie-aux-Mines et vous ysentir l’âme d’un grand couturier : ses étoffes sont habi-tuellement réservées à la haute-couture !

V. B.,V. F. & S. P.

Au XVIe siècle, prèsde 3000 mineursaffluent d’Europe

centrale vers la vallée de Sainte-

Marie-aux-Mines.Le Val d’Argent

a conservé etvalorisé les traces de

ce passé industriel.

On écoute avec

plaisir les anecdotes

qui donnent

l’impression de

partager le travail

des hommes

d’il y a 400 ans.

Photo : Steve de Wit

Photo : ASEPAM

“La mine, mode d’emploi. Le rouge mine de St Nicolas dela Croix” Dessin de H. Gross. Editions GallimardDécouvertes Album

> Maison de PaysPlace du Prensureux68160 Sainte-Marie-aux-MinesTél : 03 89 58 56 67Visite du 1er juin au 30septembre, tous les jours de10h à 13h et de 14h à 18h.Entrée : 5€ par personne,forfait de 11€ pour deuxadultes et leurs enfants.

> Mine d’argent St Louis-EisenthürASEPAM - Centre dupatrimoine minier 4, rue Weisgerber68160 Sainte-Marie-aux-MinesTél : 03 89 58 62 11Visites guidées toute l’annéesur réservation pour lesindividuels et les groupes(durée 2 à 3h dont 1 heurepassée sous terre). Prévoir unpantalon usagé et un pull

(8°C dans la mine). Bottes,cirés et casques avec éclairagesont fournis au Centre dupatrimoine minier, lieud’accueil des visiteurs.5 km de trajet (en véhiculepersonnel) sont encorenécessaires pour rejoindre le départ du sentier minier.Tarif : 9€ par personne,4,5€ pour les enfants de 5 à 12 ans, 5,5€ pour les groupes scolaires.

> Pour l’ensemble de l’offretouristique (Site archéologique duSamson, Mine d’argent St-Bartélémy, etc.) contactezl’Office du tourisme.Tél : 03 89 58 80 50

> Le Val d’argent sur leweb:www.valdargent.com

Strasbourg

Sainte-Marie-aux-Mines

[Parcours souterrain

Descente au cœur des Vosges)

Sciences et

techniques estivales

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11juillet 2002 - n°8 - ulp.sciences]

dossier[Sciences

et techniques

estivales

Informationspratiques

> Centre deréintroduction descigognes et desloutres68150 HunawihrTél : 03 89 73 72 62Ouvert tous les jours du 1er avril au 11 novembre, de10h à 12h30 et de 14h à 18h(juin, septembre) 18h30(juillet) et 19h (août).

> Jardins des papillonsexotiques68150 HunawihrTél : 03 89 73 33 33Ouvert tous les jours de 10hà 18h (19h en juillet et août)jusqu’au 1er novembre.

Au cœur du vignoblealsacien, à Hunawihr,deux structuresproposent de savoirreconnaître la beauté de la nature et de lapréserver. Gros plan sur le Centre deréintroduction descigognes et des loutreset le Jardin despapillons.

Vue d’ensemble du parc

Argeamena mittrei

Danaus gilippus

Un cormoran à la pêche : rapidité et agilité.

Phot

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arc

des

cigo

gnes

En 1960, on comptait encore 145 couples de cigognes blanches enAlsace. En 1976, il n’en restait plus que cinq. Les causes de cette

régression? Les lignes électriques représentent le plus grand dangeren Europe. Et dans les régions d’hivernage, les cigognes sont victimesdes chasseurs et de la sécheresse qui touche régulièrement l’Afrique

de l’Ouest. Résultat : plus de 90% des cigognes qui migrent ne reviennent pas.Pour contrecarrer cette régression, le Centre de Hunawihr a décidé d’enlever l’instinctmigratoire des cigognes, en maintenant les jeunes en captivité durant trois hivers.Relâchées dans la nature, elles choisissent ensuite de se fixer au Centre ou de repeu-pler les nids alsaciens. Aujourd’hui, le Centre héberge plus de 250 cigognes et voit sapopulation augmenter chaque hiver.Depuis 1991, ce parc de cinq hectares accueille également des loutres classées parmiles animaux à sauvegarder en priorité en Europe. Encore présentes sur les côtes atlan-tiques et dans le Massif central, elles ont totalement disparu des autres régions fran-çaises. La chasse, le piégeage et la pollution des cours d’eau ont été les principalescauses de sa disparition. Seuls deux individus sont visibles au Centre dans un milieu semi-naturel ; les autres sont préservés du contact trop fréquent de l’homme en vue d’uneréintroduction en milieu naturel. En 1998, les deux premières loutres ont étélâchées dans le Ried, puis un couple tous les ans les ont rejointes. Cesloutres sont suivies régulièrement afin d’apprécier leur adaptation aumilieu. Il y a quelques mois, les animateurs du lieu ont observé

la naissance de deux jeunes loutrons…Pour mieux connaître ces animaux, des

documents vidéos et des photographies sont enconsultation tout au long du parcours. Pour clore la visite, un spectacled’animaux pêcheurs permet également d’admirer les prouesses de nage

et de pêche des cormorans, loutres, manchots dans un bassinentièrement vitré.

À quelques enjambées de là, une serre à papillons exotiques abrite plusde 200 espèces parmi les 140000 recensées dans le monde. Un parc ani-

malier original et bucolique pour découvrir la vie éphémère des papillons :elle ne dure guère plus de 15 jours en serre. Avec un peu de patience, vouspourrez observer dans l’éclosoir un papillon naissant qui pousse le couvercle

de sa chrysalide, ses ailes encore humides et froissées. De toutes les tailles,de toutes les couleurs, le balai aérien des papillons est féerique. De l’œuf en passantpar la chenille, puis par les nombreuses mues jusqu’à la transformation enchrysalide, le cycle complet de leur vie réserve de multi-ples surprises au visiteur.

Fr. Z.

[Parcours animalier

Cigognes,papillons et jeunes loutrons)

Strasbourg

Hunawihr

Photographies : Jardins des papillons exotiques

Heliconius melpomene

Papilio ulyses

Les loutresdans leur milieu

semi-naturel

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Plaquette deprésentation del’expositionregenwurm

12 [ulp.sciences - n°8 - juillet 2002

dossier]

[Parcours Outre-Rhin

Espèces mises en scène)“Entdecken Sie im Adelhausermuseum die Natur und Naturgeschichteunserer Heimat und die Vielfalt fremder Kulturen”(*).Passé la frontière, le paysage ne change pratiquement pas mais la langue n’est plus la même… et peut être la manière de présenter les choses. En route pour une visite du Muséum d’histoire naturelle etdu Jardin botanique de Freiburg im Breisgau.

La dernière destination proposée dans ce dossier se situe à Freiburg, à la mêmehauteur que Colmar, dans les collines en bordure de la Forêt Noire. La visite

du Muséum d’histoire naturelle, récemment rattaché au Musée d’ethnologie, peutse placer sous le signe de la curiosité et du plaisir des yeux.Plutôt que de présenter la vie animale dans son intégralité, les conservateurs ontpris en effet le parti de n’exposer que très peu de spécimens, tous mis en lumièrepar des installations muséographiques de grande qualité.Après une salle consacréeà la préhistoire, la visite se poursuit par une réflexion sur les “habits” portés pardifférentes espèces animales. Une dizaine de dioramas, riches en couleurs, appor-tent des réponses à des questions simples : pourquoi les zèbres ont-ils des rayures?Pourquoi les flamants roses sont-ils roses? etc. Une autre salle, chère aux enfants,propose de découvrir les différentes espèces animales de la région par des instal-lations ludiques. Connaître et savoir reconnaître le chant des oiseaux, se glisser ausommet d’un clocher pour observer l’habitat des oiseaux nocturnes, parcourir lespages d’un livre géant, sont autant d’ateliers où la langue ne constitue pas un obs-tacle. Un autre volet du musée est consacré au monde des scarabées. Leur biolo-gie et leur répartition sont expliquées mais c’est surtout leur beauté qui est miseen valeur par une présentation judicieuse.Jusqu’à la fin du mois de juillet, le musée accueille une exposition, conçue par leMuséum de Lucerne (Suisse) et consacrée au “Regenwurm” qui n’est autre que lever de terre commun trouvé dans nos jardins. Animal si commun qu’on en oublie-rait presque son rôle important dans l’écosystème du sol. Ne dit-on pas que “si veril y a, bonne terre il y aura”? De nombreux ateliers permettent de se faufiler sousterre pour comprendre la vie d’un ver. L’occasion aussi de pénétrer dans les entraillesdu ver lui-même, pour comprendre son régime alimentaire (de terre) si particulier.À un saut de tramway de là, la visite du Jardin botanique de l’Université de Freiburg,permet de clore cette excursion par un tour du monde végétal en quelques hec-tares. Créé en 1620 pour la formation des médecins et des pharmaciens, il a étérattaché à l’université au XVIIe siècle pour une vocation plus scientifique. Quatreserres présentent des espèces des latitudes plus chaudes, mais en été, c’est surtout

l’extérieur qui vous char-mera par ses couleurset ses senteurs.

Fr. Z.

> Adelhausermuseum (Musée d’histoire naturelle et d’ethnologie)Tél : 00 49 761 2012504Mail : [email protected]ée libre du mardi au dimanche de 10h à 17h.Visite guidée sur demande pour les groupes.Augustinerplatz (tramway : arrêt Bertoldsbrunnen)

> Botanisch Garten der Albert-LudwigsUniversität (Jardin botanique)Entrée libre tous les jours de 10h à 18h.Ouverture des serres : mardi, jeudi, samedi de 14h à 16het dimanche de 10h à 12h et de 14h à 16h.Ligne tram 2, 3 et 5 arrêt Haupstrasse

Diorama du Muséum d’histoire naturelle et d’ethnologie de Freiburg

Phot

o :

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ert-

Ludw

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rg

Sciences et

techniques estivales

(*) Découvrez auAdelhausermuseum la natureet l’histoire naturelle denotre pays et la diversité descultures étrangères.

Le jardin botanique de l’université de Freiburg

Strasbourg

Freiburg im Breisgau

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13juillet 2002 - n°8 - ulp.sciences]

formation[

Le DESS Application des technologiesspatiales (ATS) forme des spécialistes

dans le domaine de la recherche spatiale.Avec un enseignement axé sur les métho-des d’observation de la Terre et sur l’in-génierie des télécommunications, le DESSATS s’adresse aussi bien aux étudiants degéographie qu’à des étudiants de phy-sique, d’aéronautique ou de Génie dessystèmes industriels. Pour son responsa-ble, A. Serradj,“l’objectif de la formation estde valoriser les acquis des étudiants en leur donnant une

ouverture nécessaire pourpouvoir collaborer avec desgroupes ou des personnes dedisciplines et de nationalitésdifférentes”. Avec 388heures d’enseignementspédagogiques complétéespar quatre à six mois destage, les étudiants ATS ontla possibilité de se spécia-

liser dans trois domaines : la recherche et le dévelop-pement, le conseil et la veille économique, la gestionde projets et le management interculturel.

Le DESS Aménagement et développement régional s’a-dresse aux étudiants souhaitant devenir aménageur-développeur (AD). Selon son responsable, J.-L. Piermay,“l’un des atouts de la for-mation réside dans la pluri-disciplinarité de sonenseignement et dans sonouverture au monde profes-sionnel. L’AD est d’abord ungénéraliste au service descollectivités.” Sa missionconsiste à penser l’espacedans sa globalité afin deconcevoir et de mettre en œuvre, en collaborationétroite avec les élus, des projets permettant d’amélio-rer le fonctionnement de l’espace et donc la vie de nos

concitoyens. L’espace étant un systèmecomplexe, l’AD doit pouvoir l’appréhen-der de manière intégrée. “C’est pour cetteraison, ajoute J.-L. Piermay, que nous atta-chons une grande importance à l’enseigne-ment de matières “non géographiques”comme le droit, l’économie ou encore lesfinances locales. En outre, la proximité del’Allemagne et l’existence de multiples coopé-rations transfrontalières nous ont conduit àcompléter la formation par des cours de droit

communautaire et par une présentation des méthodes alle-mandes d’aménagement du territoire”.

Dernière des formations de troisième cycle en géo-graphie, le DEA Systèmes spatiaux et environnement (SSE)accueille annuellement une vingtaine d’étudiants. Bienque préparant aux métiers de la recherche, cette for-mation offre d’intéressantsdébouchés dans les domai-nes de l’aménagement del’espace régional et dessciences de l’environne-ment (notamment la ges-tion des déchets et l’étudede l’érosion des sols). Pourson directeur, P. Paul,“la grande force du DEAréside dans son approche synthétique et interdisciplinairede l’organisation de l’espace et des activités humaines”.À partir d’un tronc commun présentant les différen-tes techniques d’analyses spatiales et apportant un cer-tain nombre de données générales sur les systèmesphysiques et humains, les étudiants peuvent orienterleur formation à l’aide de modules de spécialisation telsque “Perception de l’environnement et culture durisque” ou encore “Gestion urbaine et environnementstransfrontaliers”.

L.T.

Intégrant l’évolution

des postes et des

missions,

les formations bac+5

en géographie

s’inscrivent

désormais dans la

logique de

l’interdisciplinarité.

Formations en géographie:question

de territoiresCaractérisée par une forte coloration scientifique, la géographie strasbourgeoise proposedésormais des formations de haut niveau dans les domaines du spatial et de l’aménagement du territoire.

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formation]

14 [ulp.sciences - n°8 - juillet 2002

Devenir aménageur-développeur

Les formations engéographie offrent

d’intéressantsdébouchés,

notamment dans ledomaine de

l’aménagement duterritoire. Mais, pour

les candidats auposte d’aménageur-

développeur,la réussite passe

nécessairement parl’acquisition de

compétencestransversales.

Depuis 1998, René Wunenburger travaille pour laRégion Alsace en tant que responsable de l’an-

tenne territoriale du Haut-Rhin. Sa mission consiste àfaire le lien entre la Région, le Conseil général du Haut-Rhin, l’État et les communes. Après un second cycleen géographie à l’ULP, R. Wunenburger décide de s’orienter vers un DEA spécialisé dans l’analyse desproblèmes liés au dépérissement des forêts. Ses com-pétences le conduisent au Ministère de l’environne-ment où, pendant six ans, il occupe un poste de chargéde mission. En 1988 il quitte ses fonctions pour rejoin-dre le Conseil régional. Aujourd’hui, il fait partie deceux qui pensent, non sans une pointe d’ironie, que “lagéographie peut mener loin, à condition d’en sortir”.L’acquisition d’une multi-compétence lui semble eneffet primordiale.“La géographie offre l’avantage de tou-cher un nombre important de domaines de connaissances.Être géographe ne consiste pas seulement à positionner cor-rectement un pays sur une carte. Il faut aussi posséder debonnes connaissances en géologie, en hydrologie, en envi-ronnement, ou encore en sociologie et en géopolitique”.Les administrations sont les principales employeusesd’aménageurs-développeurs en France. Les évolutionsde carrière y étant soumises à concours administratifs,une certaine patience peut être de rigueur pour quisouhaite accéder à un poste à responsabilités.Cette vision est partagée par Hervé Hertzog, agent dedéveloppement à la Communauté de communes duPays de Hanau. “Ma mission consiste à analyser lesbesoins de la Communauté en matière d’aménagement etde développement local. La structure pour laquelle je tra-vaille regroupe 18 communes, ce qui représente environ16000 habitants. Mon poste s’apparente à celui d’unconseiller au service de la collectivité. À ce titre, je suis régu-lièrement amené à me déplacer sur le terrain afin de réali-ser des états des lieux ou des études de faisabilité. Mesdossiers sont ensuite remis aux élus pour les aider dansleurs choix politiques. C’est sur la base de telles études

qu’ont été votées la construction de la piscine de Bouxwilleret la création d’une halte-garderie à Ingwiller”. Même sil’enseignement de la géographie permet d’accéder à denombreux domaines de compétence, il est essentiel decompléter son cursus par une formation en droit, enéconomie ou en psychologie. “Lorsque je suis arrivé àmon poste, se souvient H. Hertzog, je me suis retrouvéconfronté à un univers totalement nouveau. Je n’avais, parexemple, aucune idée de la manière de gérer les relationsavec un élu local. Quant au droit et à la gestion des col-lectivités, c’est sur le terrain que j’ai du l’apprendre”.Pour Catherine Adnet,“le social est aussi important quele juridique et l’économique”. Chef de projet à CUS-Habitat, le principal bailleur social de la Communautéurbaine de Strasbourg, elle s’intéresse de près à la pro-blématique des logements sociaux.Travaillant actuelle-ment sur un important projet de restructuration duquartier du Neuhof (quartier Sud de Strasbourg), ellesouligne avec regret certaines lacunes rencontrées lorsde sa formation universitaire. “Mon poste nécessite uneréflexion globale sur l’ensemble des problématiques liées aulogement social. L’intérêt du logement social pour l’individu,la place du logement social dans la ville ou encore sa ren-tabilité sont autant de questions d’ordre humain, urbanis-tique ou économique qu’il faut s’être posé. La destructiond’un immeuble ne peut pas être appréhendée simplementsous l’angle de la pelleteuse et du marteau pneumatique.Il faut aussi réfléchir au déplacement et au relogement deshabitants, à la réorganisation de l’espace laissé vacant, aucoût d’une telle opération et à la manière avec laquelle leschoses doivent être annoncées et présentées aux popula-tions locales. Et ce n’est pas forcément l’université qui pré-pare à ce genre d’approches”.Cela dit, tous nos interlocuteurs s’accordent pour affir-mer que la fonction d’aménageur-développeur, métierde terrain à forte dimension administrative, nécessitede véritables qualités d’écoute et de communication.

L.T.

> R. Wunenburger

> H. Hertzog

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15juillet 2002 - n°8 - ulp.sciences]

Accéder à l’universitésans le bacSuivre une formation universitaire scientifique sans le baccalauréat, c’est possible, grâce au Diplôme d’accès aux étudesuniversitaires B (DAEU B). Mais attention, même s’il s’adresse à un public de non bacheliers, le DAEU B n’en reste pasmoins un diplôme de niveau IV qui nécessite une préparation équivalente à celle du baccalauréat.

Créé en 1994, le DAEU B s’adresse aux non-bache-

liers ayant quitté l’enseignementsecondaire depuis au moins deuxans. Pour les candidats justifiantde deux années d’expérienceprofessionnelle ayant donnédroit à cotisation à la sécuritésociale, l’âge minimum d’inscrip-tion est de 20 ans. Pour lesautres, l’âge minimum est de 24ans. Le DAEU B vient donc har-monieusement compléter le sys-tème de validation des acquisprofessionnels (VAP) mis enplace à l’ULP en 1999 et destinéaux candidats possédant cinqannées d’expérience profession-nelle. Organisé par la Faculté depharmacie et subventionné parle Conseil régional d’Alsace etpar le Fond social européen autitre de la promotion sociale, leDAEU B est un diplôme de for-mation continue donnant accès,de plein droit, à toutes les for-mations supérieures scientifiquesde niveau III (DEUG, BTS, IUT,DEUST, etc.). Le DAEU B estégalement utilisé pour présenter

les concours admi-nistratifs de niveauIV ou pour évoluerau sein de sa struc-ture.Les enseignementssont dispensés à laFaculté de pharma-cie, le soir et lesamedi matin. Ils secomposent de 220heures de cours obligatoires etde 130 heures d’enseignementsoptionnels. En fonction des capa-cités et des disponibilités dechaque auditeur, le diplôme peutêtre présenté, dans les 4 annéessuivant l’inscription, sous formed’examen global ou par modulescapitalisables sur plusieurs ses-sions. L’objectif de la formationétant de donner aux candidatsles connaissances et les modesde raisonnement indispensablesà toute formation supérieurescientifique, le DAEU B s’adressepréférentiellement aux anciensélèves de première scientifique.Le tronc commun du DAEU Best constitué d’un module de

français et d’unmodule de mathé-matiques.Avec 120heures de cours, lemodule de françaisa pour objectifd’apporter auxauditeurs, les outilsnécessaires à lamaîtrise des tech-niques de disserta-

tion et d’analyse-discussion. Cessavoir-faire sont complétés parune étude du monde contempo-rain et par l’acquisition d’élé-ments de culture générale sur lesthèmes de la pensée, du langageou encore de l’art et de l’infor-mation.Le programme de mathé-matiques, quant à lui, s’inspiretrès largement de celui de ter-minale scientifique. Ce noyaucommun est complété par deuxmatières optionnelles : biologieou physique (option principale)et chimie, mathématiques spéci-fiques, technologie mécanique ouanglais (option secondaire).Si la nature des enseignementsn’a rien à envier au programme

de terminale, le niveau demandéreste adapté à un public d’adultes. Néanmoins, “enmoyenne, sur une centaine d’ins-criptions, seule une trentaine d’au-diteurs parviennent à obtenir lediplôme” constate CatherineBarasch, responsable de la for-mation. “Ce résultat ne s’expliquepas tant par la difficulté des épreuves, ajoute-t-elle, que par leniveau des connaissances préa-lables. Il y a une dizaine d’années,à l’époque de l’ESEU B (le précur-seur du DAEU B) notre public étaitessentiellement constitué d’adultesque les contraintes de la vie avaientprivés d’études supérieures.Aujourd’hui, nous sommes surtoutconfrontés à des jeunes en déca-lage avec la société et possédant unpassif scolaire souvent difficile àrattraper en une seule année”.

L.T.

Donner aux

candidats les

connaissances et

les modes de

raisonnement

indispensables à

toute formation

supérieure

scientifique.

Pour en savoir plus :Faculté de pharmacie,Service de la scolarité,

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formation[

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16 [ulp.sciences - n°8 - juillet 2002

recherche]

La percée des revuesscientifiques en ligne

a changé le quotidiendes chercheurs…

lorsqu’ils y ont accès.Car cette merveille

technique semonnaye cher !

Les bibliothèquesd’un côté, les

scientifiques del’autre, tentent de

raisonner ou decontourner des

éditeurs trèsgourmands.

Quelque 20000 revues scientifiques à comité delecture font la pluie et le beau temps dans la

communauté scientifique internationale. Validés pardes spécialistes aux compétences reconnues, les tra-vaux qui y sont publiés reflètent l’état des savoirs à unmoment donné et leurs auteurs gagnent la reconnais-sance de leurs pairs et assurent l’avance-ment de leur carrière. Sur le planscientifique, ce système a fait ses preuves :instruments de contrôle collectif et dediffusion de la science, les revues sontincontournables. Depuis au moins cinqans, la tendance des grands éditeurs, pro-priétaires des titres les plus prestigieux,consiste à proposer un accès en ligne deleurs publications. Consultation immé-diate, multiplication possible des pointsd’accès, outils puissants de recherche parmot clé, services offrant à l’avance les sommaires desprochains numéros et des résumés : un rêve de cher-cheur pressé !

Cette technique promettait une diffusion bon marché :une fois les investissements informatiques amortis, leprix de revient d’une revue électronique est très infé-rieur à sa version papier. Seulement, c’est l’inverse quis’est produit. Les revues qui étaient chères sont pro-posées à des prix encore plus élevés, sans communemesure avec leur coût de production. “Pour commen-cer, l’accès des revues en ligne n’est pas un service gratuitpour les abonnés, il représente un surcoût de 8 à 15% enmoyenne, précise Iris Reibel-Bieber, directrice duService commun de documentation (SCD) de l’ULP.Ce n’est pas négligeable lorsqu’un seul titre peut coûter plusde 15000€ par an. De plus, certaines revues ont aug-menté leur tarif annuel de 28%”, poursuit-elle. Commedans le même temps le nombre de titres proposés aug-mente rapidement, la plupart des organismes de

recherche, et même de très cossues universités amé-ricaines, sont contraintes de revoir à la baisse leur poli-tique d’abonnement. Pour les chercheurs appartenantà des équipes mal dotées financièrement ou vivant dansdes pays pauvres, les restrictions sont drastiques.

Du côté des bibliothèques universitaires,une des parades a consisté à s’unir pourengager des négociations plus favorablesavec les éditeurs. De cette analyse est néen 1999 le consortium COUPERIN*,impulsé par Iris Reibel-Bieber, son actuellecoordonnatrice. “Avec certains grands édi-teurs, nous avons pu obtenir un accès croiséde chaque membre du consortium aux revuesélectroniques auxquels l’un des autres estabonné. Sur les 1200 revues d’Elsevier, parexemple, l’ULP comptait 193 revues, avec

cette mutualisation, nous sommes passés à 430 puis à 700revues en élargissant le consortium. Si bien que pour faci-liter sa propre gestion des accès, Elsevier a proposé à tousl’accès à son catalogue en entier.Une offre accrue chez plu-sieurs éditeurs multidisciplinaires a satisfait un grandnombre de chercheurs avec 400000 articles téléchargésen 2001 à l’ULP. En revanche, nous avons dû faire des choixdifficiles de désabonnement pour équilibrer notre budget,ce qui a lésé certains utilisateurs. Nous sommes en trainde rectifier et de rééquilibrer l’ensemble” explique IrisReibel-Bieber.

Du côté des chercheurs, des pétitions circulent pourexiger le libre accès aux textes en ligne après uneexclusivité de quelques mois. Plus radicaux, les signa-taires de “l’initiative de Budapest” proposent auxauteurs d’articles non encore publiés ou corrigés deles offrir gratuitement à l’ensemble de la communauté.Comment vont réagir les éditeurs bousculés dans leurmonopole? Affaire à suivre.

S. B.

* COUPERIN: COnsortiumUniversitaire de PERIodiques

Numériques. Il compteactuellement 75 universités,

22 écoles et 16 organismes derecherche.

La plupart des

organismes de

recherche, et même

de très cossues

universités

américaines, sont

contraintes de revoir

à la baisse leur

politique

d’abonnement.

Revues scientifiques:

diffusion ou

> Iris Reibel-Bieber

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17juillet 2002 - n°8 - ulp.sciences]

recherche[

> Vincent Blanloeil est maître deconférences à l’UFR demathématique et d’informatique,chercheur à l’IRMA - Unité mixtede recherche ULP/CNRS 7501

“La consultation des revues électroniques estune activité quotidienne. Je reçois dans maboîte aux lettres les titres et les résumés desarticles qui paraissent dans les revues quim’intéressent. À l’exception de publicationsconfidentielles ou d’articles écrits dans deslangues que j’ignore, je pense avoir une visionassez complète de tous les travaux importants.D’ailleurs si un article paraît dans une revuemineure, des journaux plus connus enparleront. Au quotidien, je ne fais pas dedécouvertes fracassantes dans mon domainede recherche en lisant les revues. Entre lemoment où une démonstration est achevée etsa publication, il peut se passer un délai d’unou deux ans. Or je connais en général leséquipes qui travaillent sur des questionsproches des miennes. L’information circuleentre nous avant la publication dès quequelqu’un a su démontrer quelque chose, etgrâce à des serveurs spécialisés qui délivrentles textes à paraître. En revanche, je découvreforcément des choses dans des domainesplus éloignés et c’est une sourceinépuisable d’idées nouvelles.”

> Pierre Rabu est chercheur àl’Institut de physique et chimie desmatériaux de Strasbourg - Unitémixte de recherche ULP/CNRS 7504

“La lecture des articles publiés dans lesgrandes revues et surtout des pré-publicationsdisponibles sur le net est indispensable dansun domaine très concurrentiel où il fautabsolument éviter de se lancer dans desdirections déjà explorées. Personnellement, jeconsulte régulièrement une vingtaine derevues. L’accès électronique permet uneinformation à la fois plus complète et plusrapide, notamment grâce aux moteurs derecherche. En comparaison avec d’autres sitesuniversitaires, nous sommes très favorisésgrâce au SCD même si je regrette que le coûtdu passage à l’électronique ait conduit àcertains désabonnements. La consultation enligne donne l’envie et la possibilité à chacun,individuellement, de faire du travailbibliographique. À l’époque des fasciculesédités chaque semaine sur papier, cette activitéétait parfois l’apanage du seul responsable delaboratoire, qui transmettait à son équipe lesréférences intéressantes. Actuellement, ceséchanges existent toujours, nous faisons desréunions d’équipe où nous discutons de ce que

nous avons lu, mais l’accès peut êtrepersonnel. Il y a donc

certainement unemeilleureinformationgénérale.”

> Pierre Hubert est chercheur enneurosciences, enseignant en DEAde pharmacologie

“Le travail documentaire est indissociable de larecherche elle-même, dans la mesure où ils’agit du principal moyen de savoir ce que fontles autres. C’est d’autant plus vrai que lescongrès sont rarement des lieux où l’onprésente des résultats nouveaux non publiés.Les revues sont les partenaires obligés deschercheurs, avec un lien de dépendance trèsfort. Nous avons besoin des revues qui serventà l’évaluation de notre production, nous devonspayer pour les lire, payer pour y écrire,abandonner nos droits d’auteur à l’éditeur, etnous ne sommes pas dédommagés quandnous participons aux comités de lecture destextes de nos collègues. Cette relation à sensunique où les éditeurs engrangent de l’argent àtoutes les étapes est choquante. Elle estinsupportable pour les équipes qui produisentde la science publiée dans des revuesauxquelles ils ne peuvent pas s’abonner, fautede moyens. Il existe un large mouvementd’opinion favorable à l’accès gratuit aux revuesau bout de six mois. C’est à mon avis la seulefaçon de ne pas exclure de la communautéscientifique les chercheurs qui n’appartiennentpas à des organismes capables de payer desabonnements à des prix exorbitants.”

S.B.

rationnement du savoir? “Une source inépuisable d’idées nouvelles…”

Consultation des revues électroniques en bibliothèque

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18 [ulp.sciences - n°8 - juillet 2002

recherche]

Caverne mystérieusecachant une infinité

de filons à découvrir,monde virtuel où

le jeu côtoie la logique pure,

les mathématiquessont des terres

d’aventuresméconnues.

On divise souvent les mathématiques en deux : lespures et les appliquées. Les premières ne se pré-

occupent pas de l’utilisation pratique des résultats.Même si “les maths finissent souvent par servir à quelquechose” souligne Olivier Debarre chercheur à l’IRMA*.Il est vrai que les maths utilisées par Einstein existaientdéjà depuis longtemps et que les nomb-res premiers sont devenus très utiles encryptographie. Chercher, sans se préoc-cuper de savoir à quoi cela pourra servir,ne signifie pas pour autant ne pas avoir àrendre des comptes :“on veut des résultats,c’est pareil partout !” ajoute O. Debarre.En maths, les découvertes sont nombreu-ses : environ 300000 théorèmes par andans le monde.“On est parfois complètement perdu, puisquelque chose apparaît, alors on creuse, on calcule… c’estun peu comme quand vous apercevez un bout d’iceberg”expose Pierre Baumann chargé de recherches à l’IRMA,qui s’intéresse à des questions internes à la discipline.“Comment tirer de l’information de ce bout d’iceberg ?L’utiliser pour l’ensemble, qui ne se discerne pas mais quel’on peut sonder”. Pour y parvenir, le chercheur disposede plusieurs outils : l’observation, l’énonciation du pro-blème, l’élaboration d’un langage, la simulation par ordi-nateur, véritable éprouvette du mathématicien, quiteste, suggère et calcule.Faire des maths appliquées est un travail à la croiséede plusieurs disciplines.“Le point de départ de mon tra-vail est de recevoir des modèles validés expérimentalementpar des ingénieurs, des chimistes, des physiciens, des bio-logistes… et de les étudier” souligne Éric Sonnendrücker,chercheur en mathématiques appliquées à l’IRMA. Unmodèle consiste à transposer la réalité en équations.Par exemple, si on considère le déplacement d’une voi-ture le long d’une pente, le modèle sera constitué par

une équation avec au moins deux termes : son poidset les frottements des pneus sur la route. Le mathé-maticien devra trouver si l’équation possède une solu-tion, et la calculer. Cela revient à prévoir la trajectoirede la voiture dans telles ou telles conditions. Il pourraégalement préciser l’erreur commise si les frottements

par rapport au poids du véhicule sontnégligés. Evidemment, cet exemple est trèssimple. Les domaines étudiés sont bienplus complexes comme la météorologie,les écoulements de fluides, la formation deplasmas, etc. Ce qui valide le modèle dupoint de vue mathématique, c’est de luitrouver une solution unique. Un modèlen’ayant pas de solution ne décrit pas une

réalité. Si la solution n’est pas explicite, c’est-à-direincalculable, le chercheur essaie alors de connaître sespropriétés qualitatives : sa variation en fonction dutemps, de l’espace, etc. Ensuite, une approximationnumérique est nécessaire. L’ordinateur entre en jeu.“Iln’est pas possible d’interpréter des matrices à un millionde lignes et de colonnes précise Éric Sonnendrücker,d’oùla nécessité d’utiliser une interface graphique pour visuali-ser les résultats de ce calcul approché. Une courbe ou unebelle figure aura un sens physique, à la différence d’unesuite de chiffres qui n’aura aucune signification”. De plusen plus d’industriels utilisent la simulation et n’hésitentpas à recourir à des mathématiciens pour tester desobjets avant même qu’ils ne naissent. C’est dire que lemétier de mathématicien s’exerce aussi en dehors del’université. Et que les maths appliquées pourraient biendonner à l’avenir encore plus de matière à réflexionaux mathématiques pures.

Fr. N.

“La simulation par

ordinateur, véritable

éprouvette du

mathématicien,

qui teste, qui suggère

et qui calcule.”

Mathématiques:recherche à l’infini

Evolution temporelle d’une instabilité dans un plasma (gaz de particules chargées)

*Institut de recherchemathématique avancée

Unité mixte de rechercheULP/CNRS 7501

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19juillet 2002 - n°8 - ulp.sciences]

recherche[

Créé en 1921 et actuelle-ment dirigé par Michel

Cara, le BCSF est localisé à l’École et observatoire des scien-ces de la Terre (EOST). Il a pourmission de collecter et d’archi-ver les observations sismolo-giques relatives à la Francemétropolitaine et de faciliter leurdiffusion, notamment sous laforme d’une publication régu-lière.Le BCSF collecte des donnéesinstrumentales (coordonnées del’épicentre, profondeur du foyeret magnitude du séisme) prove-nant essentiellement de deuxréseaux de stations couvrant leterritoire métropolitain, leRéseau national de surveillancesismique (RéNaSS) localisé àStrasbourg à l’EOST et le réseaudu Laboratoire de détection etde géophysique du CEA-DASE(LDG) localisé à Bruyères-le-Chatel. Il recueille également desdonnées macrosismiques prove-nant d’enquêtes menées sur leterrain par Christophe Sira :“Uneenquête macrosismique consiste àtraduire en termes concrets ou qua-litatifs les dommages occasionnés

et la perception del’événement par lapopulation de façonà déterminer l’inten-sité ressentie sur uneéchelle d’intensitémacrosismique.L’oscillation desobjets suspendus, le tremblementdes vitres, les chutes ou déplace-ments d’objets font partie des élé-ments d’information recueillis”.En France, une procédure d’en-quête macrosismique est déclen-chée pour tout séisme demagnitude supérieure à 3,5.Elle consiste à diffuser, par l’in-termédiaire des préfectures, desformulaires auprès des gendar-meries, des casernes de pom-piers et des mairies. Depuisl’année 2001, ces enquêtes col-lectives sont complétées par desenquêtes individuelles menéesauprès de particuliers via le siteInternet du BCSF. Les formulai-res regroupent environ 150questions permettant d’étudierles effets causés par le séismesur les personnes, les objets, lesconstructions, l’environnementet les animaux. On obtient ainsi

pour chaque com-mune une intensitéde I à XII. Ces inten-sités sont ensuitecartographiées etpermettent la réali-sation de cartes “iso-séistes”, où les

courbes limitent des zones d’é-gales intensités. Dans sa publica-tion, le BCSF présente des“fiches séismes” de tous les évé-nements de magnitude supé-rieure à 3,5 ayant donné lieu àune enquête macrosismiqueexploitable entre 1997 et 1999.Ces fiches synthétiques com-prennent une analyse tectoniquesuccincte et des cartes sur fondstopographiques. Tous ces docu-ments sont utiles aux scienti-fiques pour une meilleureconnaissance des phénomènessismiques, notamment des effetsde site (amplification des mou-vements du sol en fonction de lagéologie et de la topographie).Ils sont très précieux pour “cali-brer” les séismes historiquesconnus à partir de documentsd’archives. Ils constituent aussiun outil d’aide à la décision

important pour les élus et lesingénieurs en génie parasismiqueet permettent à l’Etat de prendreconnaissance des effets causéssur le territoire afin d’établir ounon l’état de catastrophe natu-relle.La prochaine publication duBCSF devrait s’étendre audomaine des Antilles, l’objectifétant à terme de couvrir l’en-semble des territoires français.De plus, depuis cette année, laPoste a apporté son soutien àl’étude des séismes dans l’Est dela France et s’engage à diffuserdes formulaires individuels duBCSF dans les 50 bureaux lesplus proches de l’épicentre duséisme. Ce projet pilote menédans les départements de laMoselle, du Bas-Rhin et desVosges devrait permettre unretour d’informations beaucoupplus important dans l’avenir.

F.B.

En France, une

procédure d’enquête

macrosismique est

déclenchée pour tout

séisme de magnitude

supérieure à 3,5.

L’Hexagone tremble…le BCSF mène l’enquête

Sismicité de la France entre1997 et 1999.Seuls les séismes demagnitude supérieure à 2 ontété reportés sur cette carte.

Chaque année, entre 900 et 1000 séismes (dont une dizaine de magnitude supérieure à 3,5) sont enregistrés en Francemétropolitaine. Le Bureau central sismologique français (BCSF) publie dans un document intitulé Observationssismologiques. Sismicité de la France en 1997, 1998 et 1999” les données et analyses des séismes survenus en Francedurant ces trois années.

Contact :[email protected]

http://www.seisme.prd.fr

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20 [ulp.sciences - n°8 - juillet 2002

recherche]

Chercheurs en terrainviticole Hissé au rang de richesse nationale, le vin est un produit complexe que la

recherche scientifique aide à comprendre et à faire évoluer en fonctiondes besoins de la société. Début 2001, l’ULP a créé sa première unité

mixte en partenariat avec l’INRA: Vigne et Vins d’Alsace.

Le vin est issu d’une longue tradition. Il estle fruit d’une alchimie complexe entre un

sol, des conditions météorologiques particu-lières, des levures, du temps, et beaucoup desavoir-faire. C’est au IIIe siècle après J.-C. queles vignes commencent à s’implanter enAlsace. “Aujourd’hui, le vignoble alsacien couvreune bande de 3 km de large pour 120 km delong représentant 14000 hectares, où l’on ren-contre 15 à 16 profils géologiques différents”,souligne Charles Putz, président du centreINRA de Colmar. Contrairement à d’autresrégions vinicoles, chaque vin alsacien possèdeune saveur unique, résultant du mariage entre uncépage et un terroir.Que peut bien apporter la recher-che scientifique à ce domaine?L’UMR “ Vigne et Vins d’Alsace” axe ses recherches surla typicité des vins de cépages d’Alsace en prenant encompte la spécificité génétique de l’ensemble desorganismes de l’écosystème (cépages, levures, patho-gènes, etc.) et celle de l’environnement et des tech-niques de vinification.“On se doit de garder la typicité dechaque vin. Il ne s’agit pas ici de créer de nouveaux cépa-ges par génie génétique. En Alsace, les viticulteurs sont liésà leur cépage” confie Francis Karst, directeur de l’unité,et responsable des recherches sur l’œnologie.À Colmar, toutes les recherches sont basées sur descollections d’organismes vivants, composées d’un grandnombre de variétés de vignes et de levures. Tous lesorganismes de ces collections ont des spécificités par-ticulières. Et leur étude génétique ainsi que les croise-ments entre variétés différentes permettent lavalorisation de cette biodiversité.Cette unité explore cinq thèmes de recherche.La génétique de la vigne, qui étudie le génome des

vignes et s’attache à sélectionner natu-rellement, par croisement, des cépagesen vue d’améliorer la qualité aroma-tique ou la résistance aux maladies(mildiou). La virologie, dont l’objectifprincipal est d’obtenir des vignes résis-tantes aux virus, dont le GFLV* trèsrépandu dans la plupart des vignobleset responsable de pertes importantesde récoltes. L’œnologie, impliquée dansl’amélioration des vinifications, par l’é-tude des levures responsables de lafermentation du sucre en alcool mais

aussi de la libération et de la formation des arômes.La biologie du développement de la vigne qui étudieles mécanismes moléculaires des équilibres entre ledéveloppement végétatif et la floraison, afin de réduire,par exemple, le travail de la taille et les traitements phy-tosanitaires. Enfin, le thème “agriculture et environne-ment”, dont les travaux ont pour but de réduirel’impact des traitements sanitaires sur l’environnement,en particulier le devenir des pesticides dans les sols etle risque de pollution des eaux souterraines.“On a besoin de nouveautés, car la société évolue. On veutdu vin plus biologique, alors on traite de moins en moinsles vignes, tout en cherchant à obtenir une bonne résistanceaux maladies et à conserver des arômes puissants ettypiques… C’est la collaboration entre les viticulteurs et lesscientifiques qui offrira de nouveaux cépages” conclutFrancis Karst.

Fr. N.

On veut du vin plus

biologique, alors on

traite de moins en

moins les vignes,

tout en cherchant à

obtenir une bonne

résistance aux

maladies et à

conserver des

arômes puissants

et typiques.

L’unité mixte INRA-ULP “Vigne etvins d’Alsace”, dirigéepar le Pr. Francis Karst,a été créée à Colmar le1er janvier 2001, afin decentrer les activités derecherches sur la filièreviti-vinicole.Cette collaborationremonte en 1992,l’année où l’ULP etl’INRA signaient uneconvention-cadre en lapersonne de leursreprésentants :MM. Gilbert Laustriatet Bernard Chevassus-au-Louis.

> F. Karst

Grappe de Pinot noir avec mutations somatiques(grains blancs). Photo : INRA - A. Bronner

Mambourg de Sigolsheim.Photo : INRA - V. Dumas

Vigne en floraison

Serre de l’unité de recherche Vigne et Vins d’Alsace

Contact :Francis Karst

[email protected]

* Grapevine fanleaf virus

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21juillet 2002 - n°8 - ulp.sciences]

culture[

Suivre les animaux à latrace… sur l’internet

Le suivi des animauxpar satellite apportedes renseignementsprécieux auxchercheurs duCentre d’écologie et physiologieénergétique(*).Toutes cesinformations sontdésormaisaccessibles sur le siteSatellites, balises, etpetits chercheurs àdisposition desenseignants quisouhaitent élaborerdes projetspédagogiques pourleurs élèves.

Contact :Satellites balises et

petits chercheurshttp://suivi-animal.u-strabg.fr

[email protected]

Connaître un animal, c’est connaître sa biologie, soncomportement, son lieu de vie et ses relations

avec son environnement.Ainsi, il est une donnée richeen enseignements pour les scientifiques : le déplace-ment des animaux lors des migrations ou lors de laquête de nourriture sur de grandes distances. Pour cefaire, on peut choisir un animal, une cigogne blanche,par exemple, se munir de jumelles et la suivre avec unengin motorisé à la fois volant, flottant et roulant jusquesur le continent africain. L’autre solution est d’utiliserun système de localisation par satellite : le systèmeArgos.La cigogne est munie d’un harnais contenant une balisequi émet régulièrement des messages codés. Ces der-niers sont captés par des satellites en orbite autour dela terre qui renvoient ces informations à un site relaisà Toulouse. Une série de calculs et un dernier pontinformatique permettent aux chercheurs d’avoir accèsaux données de localisation de la balise et donc denotre cigogne, presque en temps réel.Le site internet “Satellites, balises et petits chercheurs”conçu par Delphine Picamelot, spécialiste des cigognesen collaboration avec la Mission culture scientifique ettechnique de l’ULP et différents laboratoires de recher-che du CNRS met à la disposition de tous les résul-tats de différents programmes de recherche.

Ils concernent la cigogne blanche en Alsace, la tortueLuth en Guyane et le manchot royal en terres austra-les et antarctiques françaises. Le comportement migra-toire des jeunes cigognes est-il influencé par lasédentarisation de leurs parents ? Quelles sont leszones de déplacement des tortues Luth au moment dela migration et de la reproduction? Quels sont lesdéplacements alimentaires des manchots royaux etquelle est leur relation avec les conditions climatiques?Autant de questions qui sont étudiées par les scienti-fiques et qui peuvent intéresser les chercheurs enherbe.“Le plus difficile pour les enfants est d’accepter queles réponses à ces problématiques ne se trouvent pas tou-jours sur le site car elles sont encore à l’étude” expliqueDelphine Picamelot. Néanmoins, les élèves du premieret du second degré avec l’aide de leur enseignant pos-sèdent, via ce site, un outil idéal pour s’immiscer dansle monde de la recherche et réaliser un travail dans ladurée.Car pour essayer d’interpréter les déplacementsd’une espèce, il faut d’abord la connaître précisement.Sa biologie, sa répartition mondiale, sa reproduction,les risques qu’elle encoure font obligatoirement partiedu travail et des données présentes sur le site.Vientensuite l’élaboration du projet de recherche. Des dos-siers pédagogiques réalisés, entre autres, par des ensei-gnants et leur classe permettent de partager lesquestionnements, les attentes entre les différents groupes de travail pour obtenir des résultats plus enri-chissants. Des spécialistes apportent également desprécisions quand cela est nécessaire via un échange demessages électroniques et se déplacent dans les classes. Prochain suivi “en direct” : les tortues Luth dans l’océan atlantique à partir du mois de juin 2002 pourune durée de huit mois.

Fr. Z.(*) CEPE - Unité propre de recherche du CNRS 9010

Après 8 à 14 mois, le harnais de cette tortue Luth se détachera de lui-même du fait de la corrosion subie par une pièce métallique non traitée à l’anti-rouille.

Carte illustrant le déplacement d’unetortue Luth. Durant l’année 2000,

les rélevés de déplacement de ces deuxtortues ont été mis à jour

chaque semaine.

L’attache du harnaispar un simple fil decoton, libèrera lacigogne de sa baliseaprès quelques mois.

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22 [ulp.sciences - n°8 - juillet 2002

agenda culturel 2002

culture]

> Jusqu’au 30 septembreL’odyssée des espèces (une petite histoire dumonde…), au Musée zoologique de Strasbourg

Sylvie Lander expose sa petitehistoire du monde. Elle noue undialogue avec des personnalitésdes sciences en les conviant àposer des passerelles entre sagenèse imaginaire d’artiste etleurs démarches propres. Àtravers douze triptyques, elleinterpelle les collections idéalesou les musées imaginaires

personnels et portatifs, créés pour l’occasion parces scientifiques invités. L’air, l’eau, le feu et laterre en relation avec les règnes minéral, végétalet animal, constituent la trame de cette rencontrede disciplines.

Musée zoologique03 90 24 04 83 ou 85

www.strasbourg.com/museezoo

> Du 12 juillet au 30 septembreConcours international 2001 des photo-graphes de nature, au Musée zoologique deStrasbourgComme chaque année, le Musée zoologique deStrasbourg reçoit cet événement guetté par tousles amoureux de l’image de nature. À travers unesérie unique de photographies primées en 2001,l’exposition célèbre la beauté et le mystère d’unmonde naturel et témoigne de l’état de notreplanète, de sa faune, de sa flore et de sespaysages. Des instants d’émotion aussi bienartistique que naturaliste. Entrée libre.

Musée zoologique03 90 24 04 83 ou 85

www.strasbourg.com/museezoo

> Jusqu’au 30 novembreArchives de grès - L’Alsace il y a 240 millionsd’années, au château du Lichtenberg

Cette exposition est l’occasionde découvrir la collection deGrauvogel et Gall et seséchantillons uniques de fossilesfigés dans le grès des Vosges.Instantané de la vie d’il y a 240millions d’années gravé dans lapierre, ce patrimoine régionaldévoile l’histoire ancienne del’Alsace.

Château du Lichtenberg03 88 89 98 72

> Cet étéÀ La crypte aux étoiles, au Planétarium deStrasbourgCet espace d’exposition dédié à l’astronomie etau spatial accueille des manipulations interactives,des bornes multimédias et des animations.

Planétarium03 90 24 24 50 - www.planetarium.fr.fm

Expositions

Vingt après sa mort, on ne compteplus le nombre d’études consa-

crées à Georges Perec. Toutes sesœuvres – romans, poèmes, essais – sontconstamment rééditées. Si on neredoute pas d’aborder un livre épais etcomposé en caractères de petite taille,on peut même choisir, depuis avril 2002,huit romans et récits rassemblés en unseul volume(*). Mais quel rapport avec lascience?Je vous engage d’abord à retrouver surinternet la très réjouissante parodie desarticles de physiologie qu’il devait lire entant que documentaliste au CNRS de1960 à 1978 : “Experimental demons-tration of the tomatotopic organizationin the Soprano” (Cantatrix sopranicaL.). Ce classique a circulé dans tous leslabos de biologie sous forme de photo-copies pâlies, sa liste de référencesbibliographiques vaut à elle seule levoyage…Perec fit partie de l’Oulipo à partir de1967 : là encore votre “navigation”devrait être fructueuse ! L’Oulipo ras-semblait depuis 1960 littéraires et scien-tifiques et travaillait en particulier àtrouver des relations entre structuresmathématiques et création littéraire.Unexemple : l’intersection entre l’ensembledes mots des deux romans de Perec LaDisparition et Les Revenentes est vide, carla voyelle “e”, la seule autorisée dans ledeuxième livre, est exclue du premier !Autre exemple : au début des années1970,Claude Berge,mathématicien spé-cialiste de la théorie des graphes, pré-senta à l’Oulipo une structurecombinatoire qui venait d’être cons-truite, le carré gréco-latin d’ordre 10,dont Euler avait conjecturé l’impossibi-lité. Ce carré, dont des variantes sontutilisées dans les plans d’expérience,énumère exhaustivement les couplesformés entre deux séries de dix élé-ments, sans répétition d’un même élé-ment en ligne ou en colonne. En 1977,Martin Gardner expliquait dans Scientific

American qu’un écrivain français écrivaitun roman réglé par cette structure. Ils’agissait de Perec, qui réalisa durantdeux ans un immense cahier des char-ges basé sur des carrés gréco-latinspour les chapitres du futur livre : lon-gueur, emplacement dans l’immeuble quisert de cadre au roman, décors, nombrede personnages, sentiments etc.Le roman fut publié en 1978 : La viemode d’emploi.Ce livre passionnant peut se lire sansréférence à sa structure. Le point qui mefait le conseiller aux scientifiques estcommun aux deux titres cités plus haut :il s’agit d’une création sous contrainte.Cette modalité est connue depuis tou-jours en poésie, où le nombre, le typeet l’arrangement des vers, la métrique,la rime, sont des carcans qui jouent unrôle paradoxal de libération pour lepoète. La création musicale, picturale,architecturale s’accompagne égalementde règles et de limitations. Une maximede Gide résume bien cette probléma-tique : “L’art naît de contraintes, vit deluttes et meurt de liberté”. Or cetterecette de créativité vaut égalementpour la science : le réel impose ses limi-tes aux sciences dites exactes, et stimuled’autant l’imagination du chercheur. Lesthéories s’affinent en se débarrassant deleurs scories historiques. Les techniquesse perfectionnent en refusant les solu-tions paresseuses et en élevant leurniveau d’exigence.Chaque utilisateur del’informatique ou d’internet met aupoint, à son propre usage, des pratiquesrigoureuses et organisées, qui sont lesseules efficaces.La dure Loi veut que les dures lois de lavie, de la nature, de la science ou de l’artsoient les seules fécondes…

G. Ch.

(*) Romans et récits de Georges Perec. Livre de poche,“La pochothèque”, 1440 p., 23€

Scientifiques,lisez Perec!

humeur

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23juillet 2002 - n°8 - ulp.sciences]

culture[

Ateliers> Du 1er au 19 juilletLes petits débrouillardsd’Alsace, au SUAS, 43 rueGoetheUne thématique différente

est proposée chaque semaine :> du 1er au 5 juillet, Le corps humain,> du 8 au 12 juillet, L’Univers à portée de main,> du 15 au 19 juillet, La fée Électricité.Ateliers à la semaine pour les 6-12 ans, le matinde 9h à 12h ou l’après-midi de 14h à 17h.

Mission culture scientifique et technique03 90 24 06 13

http://science-ouverte.u-strasbg.fr

> Du 1er au 12 juilletMission découverte, au SUAS, 43 rue GoethePour une planète plus verte, un atelier à la

semaine pour découvrirtout ce dont les plantesont besoin pourpousser et s’épanouir.Au menu : expériences,jeux et explorations duJardin botanique, duMusée de minéralogieet du Planétarium.

Du lundi au vendredi, de 9h à 12h. Pour lesenfants de 8 à 12 ans.

Mission culture scientifique et technique03 90 24 06 13

http://science-ouverte.u-strasbg.fr

> En juillet au Musée zoologique deStrasbourg> Pour les 4-7 ans : Des animaux en couleurs,animation à la journée chaque jeudi de 9h à 11h30et de 14h à 15h30.> Pour les 8-12 ans : Sens à voir… animationd’une matinée chaque mardi de 9h à 11h30 etCroque oiseau, animation à la journée les lundiset mercredis 8, 10, 15 et 17 juillet de 9h à 17h.> Pour les 9-13 ans : Paysage d’ici, animauxd’antan, animation sur une journée entière etdeux demi-journées, le 1er, 2 et 3 juillet ou le 7,8 et 9 juillet.

> En août au Musée zoologique deStrasbourg>Pour les 4-7 ans : Des animaux en formes, ani-mation à la journée chaque jeudi de 9h à 11h30et de 14h à 15h30.>Pour les 8-12 ans :Sens à voir… animation d’unematinée chaque mardi de 9h à 11h30 ; Croqueoiseau, animation à la journée les lundis et mer-credis 7, 12, 19, 21, 26 et 28 août de 9h à 17h etLe paysage et l’eau, animation sur plusieursjours consécutifs.

Musée zoologique03 90 24 04 88

Traces écrites

Traces écrites est la mémoire de la premièreédition de Savoir(s) en commun: rencontresuniversités-société, manifestation proposée parles trois universités de Strasbourg, en octobre etnovembre 2001. L’ouvrage témoigne du dialogueamorcé entre les soixante-dix enseignants-chercheurs, les intervenants extra-universitaires etle public des tables rondes. Des échanges riches,parfois vifs et polémiques, sur des sujets actuelsfédérés autour du thème “Traces”, tels que l’effetde serre, la traçabilité alimentaire, le statut del’embryon, la vidéosurveillance, le dopage ouencore l’édition numérique…Retranscrits fidèlement, les douze débats sont misen perspective avec les interviews desresponsables scientifiques qui ont contribué àl’élaboration de leur contenu et leur mise enplace. Chaque spécialiste apporte une visioncomplémentaire de la problématique et livre sonpropre point de vue.Ceux qui ont suivi les discussions pourront s’yreplonger, au fil des pages… Pour les autres– personnels, étudiants, lycéens, professionnels – la publication sera une source d’informationsrigoureuses sur des questions qui préoccupentaujourd’hui les citoyens et occupent leschercheurs.Traces écrites est également téléchargeable depuisle site web dédié à l’événement, afin de permettreune diffusion la plus large possible.À feuilleter ou lire assidûment, en attendant ladeuxième édition de Savoir(s) en commun :rencontres universités-société. (cf p.3)

Contact :Savoir(s) en commun :

rencontres universités - société03 90 24 07 66

http://[email protected]

V.A.-B.

> Samedi 21 et dimanche 22 septembreJournées du PatrimoineÀ noter dès à présent l’un des événementsculturels de la rentrée ! L’édition 2002 desJournées du Patrimoine est placée sous lethème “Patrimoine et territoire”. Ce week-endoffre la possibilité d’accéder à certainsmonuments et sites ouverts exceptionnellementau public. À cette occasion, les structuresmuséales de l’ULP ouvrent leurs portes : deuxjours pour découvrir le patrimoine et lescollections universitaires conservés précieu-sement à l’abri des regards.

Mission culture scientifique et technique03 90 24 06 14

http://science-ouverte.u-strasbg.fr

> Octobre et novembreSavoir(s) en commun: rencontres universités-

sociétéDès le mois d’oc-tobre et jusque finnovembre 2002, ladeuxième éditionde la manifestationinitiée par les trois

universités strasbourgeoises, en collaborationavec le Pôle universitaire européen, propose destables-rondes, conférences, expositions, ateliersen lien avec des questions sciences/société.À suivre…

Savoir(s) en commun03 90 24 07 66

http://savoirs.u-strasbg.fr

Événements livre

Spectacles> Au Planétarium de StrasbourgÀ chacun son spectacle astronomique! En routepour les étoiles ! une première initiation àl’astronomie pour les petits (de 3 à 5 ans).Le Petit Robot et les Planètes, un voyage à ladécouverte des planètes du système solaire (de 5à 10 ans). Au rythme du Soleil pour explorer lesdifférents astres qui peuplent notre systèmesolaire et découvrir les mouvements de la Terre(de 10 à 16 ans). La planète aux mille regardsou l’histoire d’une planète qui s’est mise à penser,à se représenter elle-même et à s’éloigner d’elle-même pour mieux se regarder et se comprendre(tout public).En plus des spectacles, des séances animées etinteractives “à la carte” sont proposées pour lesgroupes.

Planétarium - 03 90 24 24 50http://planetarium.fr.fm

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24 [ulp.sciences - n°8 - juillet 2002

portrait]

JeanneHagenbach

et sesparents

Jeanne ou le gène économiste

Juin 2000 : la presse locale rendhommage aux bacheliers méri-

tants. Jeanne Hagenbach est deceux-là. Elle obtient son bac S hautla main et quitte ses amis du lycéeFreppel d’Obernai. Elle intègreensuite Maths Sup au lycée Kléber àStrasbourg : c’est le parcours sanssurprise d’une élève exemplaire…Coup de tonnerre après quatresemaines de cours, elle craque etrefuse le “bourrage de crâne”imposé à la future élite française.Selon elle, la classe préparatoireincite plus au bachotage qu’à l’ou-verture d’esprit, et ne développe pasla “bonne forme d’intelligence”. Ladécision de Jeanne ne surprend per-sonne à la maison. En 1973, sa mèrerentre en Prépa HEC au mêmelycée, puis abandonne après six moisde travail acharné. Son père la pressede reprendre des études rapide-ment : Françoise s’inscrit alors en1974, en Faculté de sciences écono-miques à l’ULP,“un peu par hasard”.En octobre 2000, le hasard frappe ànouveau : Jeanne entame le DEUGÉconomie et gestion dans l’univer-sité chère à sa mère. “Jamais je n’aurais pensé faire de l’économie !”souffle Jeanne. Et pourtant elle s’yplaît, si l’on en juge par ses résultatsde première année, plus qu’honora-bles. La variété des disciplines ensei-gnées – mathématiques, économie,histoire, sociologie et droit – comble

sa soif de culture générale. En bref,des cours qui ouvrent enfinl’esprit… Jeanne s’épanouit dans sonnouvel univers. Elle hante la biblio-thèque du PEGE et bûche sans relâ-che. Une assiduité vite repérée parClaudine Berst, actuelle responsableadministrative, et déjà en poste unevingtaine d’années plus tôt : “Tu res-sembles à ta mère”.Car Françoise estune habituée des premiers rangs. Elleremarque vite un individu plutôtremuant, préférant le fond de l’am-phi. Rémi Hagenbach, à ses débuts,n’est pas un étudiant studieux.Inscrit par hasard (lui aussi) etdavantage préoccupé du sort des sixfrères et sœurs dont il a la chargemorale, il n’a pas d’idée précise dece qu’il veut faire. Mais Françoise vachanger tout cela : elle sera dès leurrencontre en deuxième année, sa“locomotive”. Pour ne pas se perdrede vue, mieux vaut qu’ils réussissentensemble : elle s’y emploiera et Rémifinira par se prendre au jeu…Quand elle obtient son DESS en1979, lui débute une thèse. Madameest spécialiste du serpent monétaire,Monsieur étudie l’impact du pro-grès technique sur la croissance éco-nomique...Jeanne termine aujourd’hui sonDEUG. À quelques jours des par-tiels, elle semble confiante et envi-sage à la prochaine rentrée des’inscrire en licence Analyse et poli-

tique économiques. Indécise, Jeannene sait pas encore définir exacte-ment sa future profession, mais elleaffiche déjà sa volonté d’être prochedes gens, son désir d’être utile, songeà travailler pour les pays en voie dedéveloppement au sein de banquesmondiales ou d’organisations inter-nationales. Le projet est flou, mais lecadre est clair : c’est de l’Afriquedont il s’agit. La terre qui a vu naîtresa mère fascine Jeanne. Elle a sillonnéle Kenya, le Sénégal, les pays duMaghreb… et parle encore dehasard, lorsqu’elle évoque le thèmede son dernier exposé “Avantages etinconvénients économiques à l’ex-pansion coloniale”. La bibliothèquefamiliale regorge d’informations surle sujet : y figurent en bonne place leslivres de son grand-père, adminis-trateur des colonies.Homme de cul-ture et de trempe, il occupa un deses premiers postes au Tchad en1932… à 23 ans. Un beau-père– presque un père – pour le jeuneRémi qui, lorsqu’il achève sa thèse en1982, songe aussi aux affaires étran-gères. Le contexte ne s’y prête pas,et Rémi ne trouve pas dans ledomaine public un emploi “à la hau-teur de ses ambitions”. Il est engagéquelques mois plus tard en tant queresponsable du développement chezun promoteur immobilier local. Ildéveloppe la société, y est associé, etfinit par la diriger. En 1990, il bâtit sa

propre société de promotion immo-bilière à Strasbourg, en démarrantavec 4 personnes. Aujourd’hui, ils’agit d’un groupe coté en bourse,qui emploie près de 110 personnes– dont Françoise depuis 1994 – etqui a étendu ses activités bien au-delà de l’Alsace.Jeanne fait ses premières armes dansl’entreprise familiale, mais ne sou-haite pas succéder à ses parents.D’ailleurs, ils ne la poussent pas dansce sens :“C’est un métier de fou, com-mente Françoise, il faut des nerfs d’a-cier !” Pour prendre des risques dansune société où tout est assuré, il fautêtre ambitieux et vouloir sortir durang. Un tempérament que lesenfants n’ont pas, regrettent lesépoux Hagenbach. Mais peut-êtreque Constance, la cadette... Pourl’heure, ils encouragent leurs troisenfants à mener leurs études le plusloin possible, car selon Rémi, le doc-torat lui a apporté les capacités deréflexion, de travail, d’adaptation etsurtout l’aplomb, nécessaires à saréussite. Il reconnaît la part dehasard dans son évolution, se ditvolontiers opportuniste, et se félicited’avoir toujours poussé les chosesjusqu’au bout. Heureux de son par-cours, il ne regrette pas une minuteson vieux rêve de terminale : êtrepilote de ligne…

V.A.-B.

“Je serai ophtalmologue”: pour la petite Jeanne Hagenbach, l’œil humain est une partie du corps suffisamment noble et digne d’intérêt, pour qu’elle veuille en faire son futur métier. En grandissant, elle délaisse le miroir de l’âme et sespropriétés optiques au profit d’un nouveau rêve : elle sera pilote de ligne.Aujourd’hui, à dix-neuf ans, elle finit sadeuxième année… en sciences économiques à l’ULP. Destin contrarié ou poids de l’hérédité ?