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Le Magazine N°98Mars 2006———————

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Une publicité «puissante» contre le sexisme

La puissance de Fatou frappe les esprits puisque notre annonce publicitaire qui porte

son témoignage vient de recevoir le cinquième prix Femino d’argent, décerné par

La Meute, un réseau international, féministe et mixte, engagé contre la publicité sexiste.

Qu’est-ce que le prix Femino de La Meute?

Chaque année, La Meute décerne le prix Femino à la publicité qui rompt le mieux avec

des stéréotypes sexistes. L’objectif des prix décernés par La Meute est pédagogique. Il s’agit

d’encourager les publicitaires qui, loin des clichés machistes, donnent une image positive

ou valorisante des femmes, des hommes, ou des rapports entre femmes et hommes.

Pari tenu pour «Fatou» qui a été élue à la deuxième place parmi huit autres publicités

sélectionnées pour le prix et déclarées non sexistes. Et c’est aux votants, tous membres

de La Meute, de prendre la parole. Revue non exhaustive de leurs impressions :

– V. G. : « J’aime cette annonce parce qu’elle rappelle un postulat essentiel pour l’humanité : “l’éducation change

le monde!”, que l’idée de puissance qui en émane soit portée avec autant de justesse par une petite fille,

probablement issue d’un pays qui ne compte pas parmi les membres du G8.»

– D. M. : «Dans le combat des femmes, il n’y a pas que le boulot ou la question de savoir qui “domine”.

Cette pub va à l’essentiel. »

– F. D. : «Cette petite fille porte l’espoir… L’espoir d’une future génération de femmes “puissantes”.»

– R. O. : «L’éducation : "arme à destruction massive" contre tous les fléaux !»

– M. G. : « Je crois à la libération par l’éducation! Et cette gamine a un air volontaire qui me plaît. »

Des observations et une récompense qui apportent un éclairage supplémentaire sur l’expression

“elle est puissante”, qui n’a pas manqué de faire débat au sein même de l’association.

Retrouvez plus de commentaires des membres de La Meute sur : www.lameute.fr/prix/

Lettre ouverte

SommaireEngagement citoyen

France : et si l’école était le lieu de l’engagement citoyen? 4-5

Actus 6-7

SolidaritéEt s’ils comptaient parmi vos héritiers? 8

>>> Dossier : la mobilisation pour l’éducation

ONG : les chemins de l'influenceConvaincre les décideurs que l’éducation change le monde 10-11

Un réseau de femmes influentes 12

Partenariat gouvernement et ONG: influencer grâce à l’expertise 13

Campagne mondiale pour l’éducation 2006 : les enseignants à l’honneur 14

Campagne mondiale pour l’éducation : le kit pour agir 15-18

Histoires de mobilisation : du village au village mondial 19-26

25e anniversaireLe fondateur et le président d’Aide et Action reviennent sur 25 ans pour l’éducation 27-29

Écho des médiasCinéma, télévision, presse écrite : l’éducation fait parler d’elle 30

Courrier des lecteurs 31

Photo de couverture : Karin Gougerot. Un encart jeté sera inséré dans le magazine.

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Liberté, respect, solidarité, équité, intégrité ont toujours été les valeurs portées par Aide et Action. Sensibilisertous les acteurs de l’éducation, travailleren partenariat avec les ONG locales et les Etats, appuyer les communautéspour qu’elles développent leur projetéducatif…sont autant de nos démarchesqui ont caractérisé 25 ans d’actions au service de l’éducation.

En 1981, le premier numéro du magazines’ouvrait ainsi : «Créer Aide et Action :projet certainement fou au départ maisqui a pris corps petit à petit depuis le début de l’année et qui est maintenantdevenu une réalité bien concrète grâce à vous tous. Vous parrainiez 22 enfants à la fin février – 1816 au 12 août 1981 !»- Juillet 1981, n°0.

L’intensité du démarrage d’Aide et Actionn’a pas empêché un positionnement clairsur les démarches : «Tout ce que nousréalisons avec vous doit pouvoir êtrerepris, géré, entretenu et renouvelé par la communauté rurale ou villageoise oùvivent les enfants parrainés. C’est la règled’or d’Aide et Action» - Juin 1988, n°27.

Et la promotion du développement estdevenu une évidence : «Oui, il faut agirpour le développement et vite. Il y aurgence. […] Apprendre à lire et à écrire,soutenir des programmes d’alphabétisation,contribuer aux efforts d’organisation despaysans ou des citadins, promouvoir desactions de santé et d’amélioration de laproduction sont des tâches quotidiennes

de notre travail qui touchent aux besoinsessentiels des gens» - Février 1991, n°40.

Mais le développement là-bas ne pouvaitse dissocier d’une sensibilisation ici :«L’éducation au développement parmi les jeunes permet […] l’ouverture à d’autrescultures, la compréhension de réalités économiques différentes et facilite une nouvelle approche nord-sud (…) Un appelest ici lancé aux enseignants et formateursafin d’agir ensemble – de manière concrète– pour faire connaître à nos enfants unmonde plus lointain, pour les aider àdécouvrir d’autres réalités» - Septembre1992, n°43.

Au bout de 15 ans d’activité et quelquesévolutions nécessaires, la qualité de l’éducation restait une préoccupationde tous les instants : « (…) Lutter contrel’exclusion du système scolaire : c’est s’orienter vers la recherche de solutionsplus souples, mieux adaptées que le systèmescolaire traditionnel - Juin 1995, n°55.

Sept ans plus tard, la question s’élargissait :« (…) Nous favorisons l’accès à l’écolepour des milliers d’enfants à travers lemonde. Nous les accompagnons dans leur cursus primaire, et après? Doit-on se désintéresser de leur avenir? Non, etpour ce faire, notre engagement doit allerplus loin. Nous avons un devoir moral de nous occuper du «post scolaire» (…) Il faut privilégier et inclure, en plus de«lire», «écrire» et «compter», une formationqualifiante, une formation professionnelle ».- Décembre 2002, n°85.

En 2004, Frédéric Naquet accompagnaitles Etats-Généraux de l’association, tournant majeur entre tous: « Les Etats-Généraux 2004 ouvrent de nouvelles perspectives pour Aide et Action […]. Il devenait pressant de pouvoir agir dans l’esprit du cadre du Forum deDakar pour « l’Education pour tous ». Il était enfin impératif de prendre enconsidération la formation, l’évaluation,le transfert de compétences pour nosprogrammes et de rendre plus autonomesles régions dans lesquelles Aide et Action intervient, […] dans la prise de décisions, tant dans l’utilisation des fonds que dans leur collecte » - Décembre 2004, n°93.

Enfin, en septembre 2005, Frédéric Naquetrappelait l’importance du parrainage pourl’association : « Il y a presque vingt-cinqans, le concept du parrainage d’enfants,dont Aide et Action est à l’origine enFrance, a connu un succès formidable,dont nous tirons encore aujourd’hui l’essentiel de nos ressources » - Septembre 2005, n°96.

25 ans d’évolutions, d’adaptations et deremises en cause ont permis à l’associationde grandir et de se développer. Nous savons tous que le monde change.Mais nous, à Aide et Action, parrains,donateurs, bénévoles, permanents,savons que seule l’éducation change le monde. Avec vous tous, continuons à vouloir donner à l’éducation cetteplace qui lui revient.

Aide et Action, magazine trimestriel (mars à mai 2006) publié par l’association Aide et Action - 53, boulevard de Charonne - 75545 Paris Cedex 11 - Tél. : 01 55 25 70 00 - Internet : www.aide-et-action.org - E-mail : [email protected] - Représentant de l’association Aide et Action : FrédéricNaquet, président - Directeur de la publication : Jean Jourdan, directeur France - Co-rédaction en chef : Nancy Barrett Saint-Laurent/AntoineBordallo - Ont part ic ipé à la rédact ion : Y. Al t idor, S . Assoul ine, A . Aun, C . Bar ras , J . Bedos, S . Bernard-Sr in ivasan, I . Boustouler,A. Cassiot, R. Dutter, C. Heuzé, R. Jannel, J. Jourdan, C. Leray, A. Martinenq, Ph. Mobbs, F. Naquet, H. Rama Niang, M. Pichardo, U. Seang,Vijayalakshmi - Commission paritaire : 0708G 83 404 - Prix au numéro par abonnement : 1 € - Abonnement de soutien : à partir de 16 € - Tirage :70 000 ex. - ISSN : 1761-1024 - Dépôt légal : deuxième trimestre 2006 - Conception-réalisation : publishing. Tél. : 01 41 11 65 45 - Imprimeur :Imaye, boulevard Henri Becquerel, 53000 Laval. Aide et Action, première association française de parrainage pour le développement de l’éducation, est une association apolitique et non confessionnelle. Aide et Action est une association reconnue d’utilité publique. Elle est, ainsi, habilitée à recevoir des legs et des donations exempts de tous droits de mutation.Pour toute information complémentaire, n’hésitez pas à contacter Aide et Action France (voir adresse ci-dessus) - Tél. : 0155257000 et Aide et Action Suisse - 154, route de Malagnou, CH - 1224 Chêne-Bougeries, case postale 338 - Tél. : + 41 79 409 20 46.Les coûts de réalisation, d’impression et de diffusion du magazine, sans cesse optimisés, sont intégralement pris en charge dans l’abonnement des parrains et donateurs d’Aide et Action.En application de la loi du 06/01/1978, vous disposez d’un droit d’accès, de rectification ou de suppression aux informations vous concernant en vous adressant à notre association.

ans d’histoire au travers des éditos25

1981… 2006…

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L’Éducation nationale recommande l’édu-cation au développement et à la solida-

rité internationale: «(…) Elle entend don-ner aux jeunes des clés pour mieux s’orien-ter dans le monde dans lequel ils vivent etmieux analyser la multiplicité des informa-tions auxquelles ils sont confrontés (…)»,peut-on lire dans un bulletin officiel2 duministère de l’Éducation nationale.Cette recommandation a été entenduepar le lycée Alain Borne de Montélimar.Engagé, il inscrit depuis trois ans le déve-loppement durable dans son projet d’éta-blissement. L’impulsion est donnée dèsle début avec des classes thématiques enseconde sur l’eau, l’énergie, la solidarité…Les matières se déclinent et s’adaptent aurythme des thèmes. L’idée est originaleet plaît. Les élèves en redemandent etcréent le club Développement durable.Aujourd’hui, Brice, Alizé, David, Camille etSarah, tous membres du club, orchestrent lamobilisation lycéenne autour de récentsévénements comme le Téléthon, le Sidac-tion ou le tsunami. David, le trésorier, affi-che fièrement le montant des dons récoltés:«Au total, nous avons rassemblé 2500 euros.Nous avons décidé tous ensemble de larépartition : 40% pour le Sidaction, 30%pour le Téléthon et 30% pour notre par-rainage de projet post-tsunami avecAide et Action».

«On a repris en main notre vrai rôle d’éducateur»Leur énergie et leur créativité ont faci-lité cette réussite. Ils ont égalementprofité du soutien et de la disponibilitéde professeurs : « On a repris en mainnotre vrai rôle d’éducateur. On accom-pagne les élèves dans la constructiondes projets. Ce sont eux les acteurs etnous leur soutien. Ils ne perçoivent plusle lycée seulement comme un lieu deconsommation de cours », soulignentles professeurs.

Sensibiliser les élèves, c’est aussi les ame-ner à s’ouvrir à d’autres réalités que lesleurs. Et il n’y a pas d’âge pour commencer.Voilà la réflexion de départ des ensei-gnants de l’école primaire de Corenqlorsqu’ils ont établi leur projet pédago-gique autour du thème « Citoyens dumonde». «Ce choix n’est pas un hasard.Nous voulons que nos élèves deviennentdes adultes responsables. Notre rôle n’estpas seulement de remplir les enfants deconnaissances. Il faut leur donner lesmoyens de s’ouvrir sur le monde et d’êtrecapables de réflexion», nous expliquentdeux institutrices, Nicole Proust et Michèled’Affroux. Les classes sont décorées depanneaux sur les droits de l’enfant, lescahiers illustrés de photos aux slogansprônant « la même chance pour tous» etdes sorties culturelles adaptées avecnotamment le film Caméra kids.

«L’image les a plus frappés que n’importe quelle leçon»«C’est ce film qui les a le plus secoués»,raconte Mme Coulon, une autre institutrice.

Elle poursuit : « Caméra kids leur a faitprendre conscience de leur chance.L’image les a plus frappés que n’importequelle leçon!». Cédric (CM1), écrit à lasuite du film : «La vraie face du monde.C’est tout le contraire de ce que j’ima-ginais. J’ai vraiment de la chance. Lesenfants de prostituées n’ont pas le droit

La vente de bracelets, l’un des moyens de financer l’effort de solidarité.

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Engagement citoyen

France : et si l’école était le lieu de l’engagement citoyen?

Promouvoir une éducation ouverte sur le monde, sa diversité et ses cultures est l’un des engagements de la Charte d’Aide et Action. En France, le lycée Alain Borne de Montélimar et l’école primaire de Corenq (Isère, 38)1 affichent

aussi l’ambition de faire de l’école un lieu d’apprentissage de la citoyenneté mondiale.

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Des projets pédagogiques axés sur la citoyenneté.

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Agenda des actions localesÀ Châtelaillon-Plage (17) - Concert de l’harmonie municipale. Le dimanche 2 avril 2006 à 17 h en l’église de Châtelaillon-Plage au profit des victimes du tsunami.Contact : Martine Dupéré au 05 46 56 25 52.

À Saint-Jean-des-Mauvrets (49) - Randonnée-rallye le matin avec pique-nique et animation autour d’Aide et Action l’après-midi. Le dimanche 21 mai 2006.Contact : Chantal et Jean-Claude Orieux au 02 41 66 51 85.

Au Mans (72) - Projection du film de Thierry Desroses, parrain d’honneur :témoignage à Haïti après le cyclone Jeanne. Le 9 mai à 20 h 30 à la Maisondu citoyen pour une terre plus humaine - 26, avenue du Général de Gaulle.Contact : Pierre-Marie Delaroche au 02 43 82 20 83.

À Maisons-Laffitte (78) - Après-midi d’échanges, accompagné de chantset de danses locales. Le samedi 29 avril 2006 de 15 h à 19 h à l’ancienne église de Maisons-Laffitte.Contact : Monique Henry au 01 39 50 47 33.

À Clamart (92) - Concert de jazz. Le jeudi 6 avril 2006 à 20 h 30 au conservatoire de danse et de musique au profit des victimes du tsunami.Contact : Marie-Christine Martinerie au 01 46 32 51 00.

À Morhange (57) - L’équipe bénévole du 57 redémarre son activité et vous convie à une marche parrainée à l’étang de la Mutche (près de Morhange) le 25 mai. Repas tiré du sac à partir de 12 h, réunion-débat puis marche.Contact : Jean-Claude Sacrez au 03 87 65 79 35 - [email protected]

À Clermont-Ferrand (63) - Aide et Action fête ses vingt-cinq ans le 1er avrilà la salle de quartier des Vergnes à Clermont, à partir de 18 h 30. Projection, débat et repas du terroir.Contact : Jean-Marie Marsat au 04 73 63 02 61 - [email protected]

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Trois questions à AnnieFort, déléguée acadé-mique aux relationsinternationales et àla coopération au rec-torat de Grenoble.

Aide et Action : Comment envisagez-vousl’importance de la solidarité internationale?Annie Fort: La solidarité internationale parti-cipe à l’éducation aux valeurs citoyennes.Aujourd’hui, on ne peut être que citoyendu monde… mais ces valeurs s’appré-hendent, elles ne sont pas innées.L’école doit participer à l’apprentissagede la citoyenneté mondiale. Connaître ets’intéresser à la situation des pays envoie de développement peut redonnerdu sens à ce que l’on fait chez nous. C’esten quelque sorte apprendre à regarder

avec d’autres repères ; alors les perspec-tives s’ouvrent, l’acceptation des diffé-rences naît et au final, ça contribue à ceque j’appelle « le mieux vivre ensembleen France ».

A & A : Aujourd’hui, quelle place tient la solidarité internationale au seinde l’Éducation nationale?A.F. : La solidarité internationale fait partiedes instructions pédagogiques nationales. Dans un bulletin officiel 1 du ministère del’Éducation nationale on peut lire : «(…)L’éducation au développement et à la soli-darité internationale peut s’effectuer dèsle plus jeune âge et dans toutes les disci-plines. Elle s’inscrit dans les dispositifspédagogiques existants, tels que les iti-néraires de découverte au collège (…) etles actions éducatives inscrites dans lesprojets d’école et d’établissement».

A & A : Les acteurs de l’Éducation nationale ont-ils les clés pour enseignerla solidarité internationale?A. F. : L’éducation au développement età la solidarité internationale ne s’impro-vise pas. Souvent, les enseignants n’ontpas les clés pour appréhender efficace-ment le sujet ou ne sont même pas sen-sibilisés. Dans une académie commecelle de Grenoble, 7 % seulement desétablissements sont engagés dans desprojets qui touchent le développementet la citoyenneté.Pour que l’éducation au développementprenne une vraie place dans les program-mes pédagogiques, il faudrait agir enamont lors de la formation des ensei-gnants et chercher l’effet de levier.

1 Bulletin officiel du ministère de l’Éducation nationale, de l’ensei-gnement supérieur et de la recherche, # 41 du 10 novembre 2005.

d’aller à l’école, de vivre en paix, d’avoirdes médecins et d’avoir assez à manger».À lui la conclusion sur cette belle prisede conscience. ■

1 Ces deux établissements sont partenaires de l’équipe d’Aide etAction Isère.2 Bulletin officiel du ministère de l’Éducation nationale, de l’ensei-gnement supérieur et de la recherche, # 41 du 10 novembre 2005.

David, le trésorier du club Développement durable, annonce le montant des dons récoltés.

Message de sensibilisation dans le foyer des lycéens.

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L’école doit participer à l’apprentissage de la citoyenneté mondiale

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Aide et Action appuie la diffusion du film Caméra kids réalisé en2001-2002 par la photographe Zana Briski. Il retrace son expé-rience auprès des enfants des rues du quartier rouge deCalcutta, haut lieu de la prostitution. Ce film unique laisse entre-voir une lueur d’espoir car avec ténacité, Zana Briski rappelleque cette situation n’est pas une fatalité en partageant avecces enfants sa compétence : la photographie. Comme Aide et Action, la photographe a bien compris l’im-portance de l’accès à l’éducation et à l’école pour pouvoirexercer un jour un métier et espérer s’en sortir. Sa démarchepersonnelle et spontanée est complémentaire du travail quo-tidien d’Aide et Action et ses partenaires. Car réduire le nom-bre d’exclus de l’éducation, comme ici les enfants des rues,est un travail qui doit s’envisager sur le long terme et selonune démarche basée sur l’expérience.

Où voir ce film ?Certaines antennes locales d’Aide et Action en organisent laprojection, suivie d’un débat. Pour connaître les prochaines

diffusions, consultez l’agendabénévole sur notre site inter-net ou contactez l’équipe laplus proche de chez vous.

La filmographie diversifiéed’Aide et Action : Les enfants des rues au Cam-bodge, le combat d’une fillepour intégrer l’école au Séné-gal, la minorité ethniqueindienne Jenu Kurubas… cesthèmes de films abordent lesfreins à l’éducation dans lescontextes de nos pays d’inter-vention. Pour alimenter vos débats, sensibiliser et faire parlerd’éducation, demandez la liste de tous nos films par courrier à : Aide et Action - 53, bd de Charonne - 75545 Paris Cedex 11 ou par courriel : [email protected]

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Actus

La véliplanchiste Raphaëla Le Gouvello,marraine d’Aide et Action depuis dix anset membre du comité d’honneur, vaune nouvelle fois « plancher pour laplanète ». Après être devenue la pre-mière femme à traverser l’Atlantiqueen planche à voile en solitaire, elles’attaque à la Méditerranée en 2002,puis à l’océan Pacifique l’année suivante.Prochain challenge ? Une traversée del’océan Indien dont le départ est prévule 5 avril à Exmouth (Australie). Une aventure placée sous le signe del’éducation au développement dura-ble, avec un kit pédagogique poursensibiliser les enfants de 10 à 12 anssur ces thèmes.

Aide et Action s’est associée à la réalisa-tion de ce kit en apportant des témoi-gnages tirés de son expérience sur leterrain. Il sera librement téléchargeabledès le 22 mars, Journée mondiale del’eau, sur www.raphaela-legouvello.com

L’ORSE est une association créée en juin 2000et regroupe 90 membres venant d’horizonsdifférents : grandes entreprises, sociétésde gestion de portefeuilles, organismesprofessionnels et sociaux. Elle réalise uneveille permanente sur les questions liéesà la responsabilité sociale et environne-mentale des entreprises, au développe-ment durable, aux placements éthiques.Elle anime plusieurs groupes de travailsur ces problématiques. Aide et Actionapportera désormais son expertise au tra-vail de réflexion mené dans le cadre del’ORSE. www.orse.org

Les équipes Rhône-Alpes (Lyon, Savoie, Haute-Savoie, Loire, Isère) s’associent pour organiser une action régionale majeure enseptembre 2007 : la descente du Rhône en caravane nautique avec des villes-relais. Ces étapes seront animées par les bénévo-les d’Aide et Action autour du thème de l’eau. Embarquez avec nous et contactez, si possible avant le 15 avril 2006, l’équipe bénévole la plus proche de chez vous ou Jean-Pierre Argoud au 04 79 72 28 26 [email protected]

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Raphaëla Le Gouvello lors d’une traversée en solitaire…

… prévoit un kit pédagogique pour sensibiliser les enfants au développement durable.

>>Aide et Action, relais du film “Caméra kids”

>>Raphaëla Le Gouvello «planche pour la planète» aux couleurs d’Aide et Action

>>Rhône-Alpes : jetez-vous à l’eau pour l’éducation

>>Aide et Actionmembre del’Observatoiresur la responsabilitésociétale des entreprises (ORSE)

L’affiche du film par la photographe Zana Briski.

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L’idée est simple : auvu de son salaire, uninstituteur cambodgienen province ne peut sepayer le déplacementà Phnom Penh pourbénéficier des ressour-ces pédagogiques duministère et complétersa formation. Mais lescentres de formationprovinciaux d’institu-teurs disposent mainte-nant d’un accès internet.Un partenariat entreAide et Action, l’Institutnational de l’éducationcambodgien et la Coo-pération française auCambodge a mis en place un site internet. Les maîtres en formation peuvent désor-mais accéder aux ressources pédagogiques relatives à l’enseignement en khmer eten français. Une large place est d’ailleurs accordée au travail d’Aide et Action. Un pasimportant sur la voie de l’amélioration de la qualité de l’Éducation pour tous !

Rado Raveloarijaona, responsable du programme, a reçu en janvier un « certificatd’excellence » des mains du président de l’association intercommunale des maires dela zone Nord de Toliara II. Cet événement vient récompenser l’ensemble du travaild’Aide et Action depuis son intervention en 1991 jusqu’à sa phase actuelle de désen-gagement dans la circonscription scolaire de Toliara II. La cérémonie s’est dérouléeau cours de la remise parl’association de matérielinformatique et bureau-tique et de deux motos.Un don qui doit améliorerla qualité de travail dansces communes, perfec-tionner et faciliter le mon-tage des dossiers. Aideet Action se désengagede Toliara II pour interve-nir davantage dans leszones de Betioky, Mahaboet Fort-Dauphin. En tantqu’organisme de déve-loppement, le programmelibère progressivementles espaces aux acteurslocaux qui ont aujourd’huiacquis les outils de leurautonomie.

En bref……………ASIE DU SUD>>Bilan post-tsunami Téléchargez sur www.aide-et-action.org le rapportd’activités 2005 de nos projets de reconstructionpost-tsunami en Inde et au Sri Lanka.

ASIE DU SUD-EST>>Aide et Action Asie du Sud-Est a signé un contrat avec la société Ernst & YoungVietnam pour auditer ses comptes 2005. Pour cette jeune région, les résultats obtenussont conformes aux exigences de l’association.

>>Aide et Action sera le chef de file d’un projet national de promotion de la lecturefinancé par la Commission européenne enassociation avec le SIPAR, ONG partenairefrançaise. Montant prévu de la subventioneuropéenne: 1499855 euros.

FRANCE>>L’État tient ses engagementsUne grande majorité des associations représentatives ayant récolté des fonds pour le tsunami de décembre 2004 seront auditéespar la Cour des comptes. Le contrôle porteraautant sur l’utilisation des fonds que sur les méthodes de collecte. Pour l’occasion, l’États’était engagé à augmenter fortement le nombred’associations auditées cette année. Pari tenupuisque leur nombre sera porté à trente en 2006 : Aide et Action en fait partie et nous vous tiendrons bien sûr informé des résultats dans une prochaine parution.

HAÏTI>>René Préval a été élu président de la République d’Haïti. Aide et Action espère que son élection apportera une stabilitédurable nécessaire pour faire avancer l’Éducation pour tous en Haïti.

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Rado Raveloarijaona (à gauche) reçoit le certificat d’excellence.

La promotion de la lecture, axe fort des activités au Cambodge.

La stabilité reprendra-t-elle ses droits en Haïti?

>>Cambodge : un site internet pour les instituteurs des zones rurales

>>Madagascar Sud : un certificat d’excellence pour le programme

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Le site est bilingue pour une audience élargie.

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SOLIDARITÉ

«Je n’ai manqué de rien dans mon enfance. Àleur décès, mes parents m’ont tout légué et je

me considère comme simple “détenteur” de cepatrimoine. N’ayant pas d’enfants, je trouve toutnaturel de transmettre ce que j’ai précieusementconservé à ceux pour qui cela représente une per-spective d’avenir très importante, voire vitale. […]C’est en accord avec mes proches que j’ai décidé dedisposer de mon patrimoine tout à fait librement.Un tiers leur reviendra et les deux autres tiersiront à Aide et Action. En fait, si je leur léguais latotalité de mon patrimoine, les droits de successionseraient très élevés et je n’aurais aucun contrôlesur l’utilisation qui serait faite de ces droits. Jeveux que ce que m’ont légué mes parents laisseune trace digne des efforts qu’ils ont faits. »Monsieur C. a établi un testament en faveur desenfants soutenus par Aide et Action.

Parce que préparer sa succession est unechose sérieuse qui entraîne de nombreu-ses questions, nous venons d’éditer unebrochure spéciale Legs, donation, assurance-vie. Vous y découvrirez entre autres commentrédiger un testament, la différence entreun legs et une donation, ce qu’est un héri-tier réservataire mais aussi comment nouspouvons honorer votre mémoire.

Et s’ils comptaient parmi vos héritiers ? Faire un legs, une donation ou attribuer le bénéfice de son assurance-vie à Aide et Action,

c’est nous donner les moyens d’agir très concrètement sur le développement de la scolarisation de tous ceux qui en sont exclus. Par ce formidable geste de solidarité, vous donnez aux générations futures les moyens de grandir

dans un monde plus juste, plus citoyen, plus solidaire.

Un legs pour offrir à 5000 enfants un enseignement de meilleure qualitéDans la région rurale de Marigot, à Haïti, les maîtres d’école n’ont souvent qu’un certificat de fin d’études et aucune formation au métier d’enseignant. Le niveau des écoliers est donc très faible.Selon les principes de fonctionnement d’Aide et Action, le legs de monsieur L. a permisà l’association d’organiser la formation de 119 maîtres dans 14 écoles. Au total, ce sontprès de 5000 enfants qui peuvent ainsi bénéficier d’un enseignement de meilleure qualité!

Pourquoi transmettre tout ou partiede votre patrimoine à Aide et Action?• Comme nous, vous estimez que l’éducation est une nécessité et qu’il est injuste que certainsenfants en soient privés. Vous avez la conviction que l’éducation représente une clé essentielle du développement et de la paix. • Aide et Action est reconnue d’utilité publique. Les biens que vous lui transmettez sont totalement exonérés de droits de mutation et donc entièrement utilisés pourservir la cause de l’éducation.• Vous inscrivez votre nom dans une action concrète et déterminante,sur le long terme.

Coupon à compléter et à retourner à : Aide et Action - Service Transmission du patrimoine - 53, bd de Charonne - 75545 Paris Cedex 11

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Code postal : I_i_i_i_i_I Ville : I_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_I_I_I

Tél. : I_i_i_i_i_i_i_i_i_i_I Si vous êtes parrain, merci d’indiquer votre référence I_i_i_i_i_i_I

❏ Je souhaite que vous me contactiez par téléphone au I_i_i_i_i_i_i_i_i_i_I

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Inscrire son nom dans une action concrète et déterminante : l’éducation.

N’hésitez pas à demander notre brochurepar courrier ou par téléphone. Elle vous seraadressée dans les meilleurs délais, de façondiscrète et sans engagement de votre part.

Pour plus de renseignements, vous pouvezcontacter Catherine Leray par téléphone:01 55 25 70 41 ou par e-mail: [email protected]

Un legs pour leur offrir

un enseignement de meilleure qualité. Ph

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Convaincre les décideurs que l’éducation change le monde p10-11

Un réseau de femmes influentes p12

Partenariat gouvernement et ONG : influencer grâce à l’expertise p13

Campagne mondiale pour l’éducation 2006 : les enseignants à l’honneur p14

>>> Dossier : la mobilisation pour l’éducation

Légitimées par leur expérience, leur expertise et les causes qu’elles défendent, les ONG interpellent. Pour convaincre les décideurs, initier des prises de conscience,appuyer des projets ou proposer des innovations. Voici quelques exemples réalisés ou en cours pour appréhender tous les secrets de l’influence.

Légitimées par leur expérience, leur expertise et les causes qu’elles défendent, les ONG interpellent. Pour convaincre les décideurs, initier des prises de conscience,appuyer des projets ou proposer des innovations. Voici quelques exemples réalisés ou en cours pour appréhender tous les secrets de l’influence.

ONG : les chemins de l’influenceONG : les chemins de l’influence

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>>> Dossier : la mobilisation pour l’éducation

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Aide et Action : Les organisations nongouvernementales (ONG) défendent descauses qu’elles relaient auprès des gou-vernements. Parle-t-on d’influence?Hélène Rama Niang : Depuis une dizained’années, les ONG sont devenues « par-tenaires » des États. Auparavant, lesinstitutions publiques étaient réticentesà engager le dialogue : les organisationsn’étaient souvent perçues que comme« expérimentateurs » de projets à petiteéchelle. Aujourd’hui, les gouvernementsles consultent car elles sont considéréescomme de véritables expertes dans leurdomaine. Une opportunité inégalée,pour nous ONG, de conscientiser les« décideurs » sur les causes que nousdéfendons et que nous voulons faire

avancer ! C’est ce principe qui fonde ladémarche d’influence.

A & A: Aide et Action se positionne-t-elle comme «partenaire» auprès des gouvernements?H.R.N. : C’est tout à fait notre objectif.Nous n’avons pas la prétention de toutrégler, ni seuls, ni avec les autres associa-tions. Notre rôle est d’accompagner dansun sens contributif ou alternatif, novateurou classique, l’action du gouvernement,dans les limites de nos valeurs et princi-pes. La discussion est facilitée quandnous adoptons cette démarche. Les gou-vernements nous écoutent, ils savent quenous ne voulons rien imposer. Notre mes-sage est clair : «Vous êtes souverains dans

vos décisions, vous construisez les poli-tiques éducatives et nous venons avecnotre expérience, notre expertise… carnous sommes réellement convaincus quel’éducation change le monde!».

A & A : Pouvez-vous nous raconter les résultats d’une action d’influenceque vous avez menée?H. R. N. : Il y a quelques années au Togo,Aide et Action a contribué à faire recon-naître officiellement ce qui était alorsappelé les « écoles clandestines ». Beau-coup d’enfants des zones rurales étaientdéscolarisés car ils ne disposaient d’au-cune école proche de chez eux. Les com-munautés, avec l’appui de l’association,ont décidé de créer, gérer et financer leur

Convaincre les décideurs que l’éducation change le monde

L’expertise acquise par les ONG a favorisé leur partenariat avec les gouvernements. Une position plus efficace en terme d’influence que la contestation. Surtout en matière éducative.

Hélène Rama Niang nous explique pourquoi Aide et Action en a toujours été convaincue.

Hélène Rama Niang est responsable Stratégieet Développement à la direction Afriqued’Aide et Action et pilote du chantier«Politique d’influence».

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Sébastien Marot (à gauche), coordinateur de l’ONG partenaire Friends international, signe un protocole d’accord avec le gouvernement laotien pour un projet en faveur des enfants des rues.

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école, sans attendre les autorités publi-ques. L’expérience s’est reproduite et cesstructures non reconnues ont alors émergéun peu partout. L’association s’est lancéedans un plaidoyer auprès du gouverne-ment togolais pour la reconnaissance etle soutien de ces écoles. Pari tenu puisquel’État les a officiellement baptisées Éco-les d’initiatives locales (EDIL) et les aintégrées dans le système national d’édu-cation (affectation d’unenseignant/directeur,distribution de manuelsscolaires, aide pédago-gique avec la venue d’ins-pecteurs de l’Éducationnationale et certification du diplôme). Cetexemple est une concrétisation de notredémarche d’influence. Nous avons inter-pellé le gouvernement sur la base d’uneproposition, d’une alternative commu-nautaire qui fonctionnait malgré les diffi-cultés. Nous n’étions pas dans unedémarche de contestation mais avionsl’objectif d’obtenir leur participation pouraméliorer la qualité de l’Éducation pourtous et son accès.

A & A : Depuis quand l’associationmène-t-elle des actions d’influence?H. R. N. : Si l’on reprend l’histoire del’association, nous faisons de l’influencedepuis le début. Car notre démarche atoujours inclus la participation des gou-vernements et nous avons toujours réflé-chi à la manière de faire comprendre auxdécideurs que l’éducation est le levier dudéveloppement. Mais ce n’est qu’en 2004,avec les États Généraux, que l’association

a décidé de développer le thème de laculture politique et de professionnaliserles thématiques liées à l’influence. Un chantier, ou espace de réflexion, estouvert aujourd’hui dans lequel nous nousapproprions peu à peu cette culture poli-tique, à travers un discours homogène,consensuel, un discours dans lequel toutle monde se retrouve, tant il est vrai quenotre association est un ensemble de

personnes très différentes, sur le planculturel comme sur le plan des statutsde chacun.

A & A : Quel rôle peuvent jouer les parrains et marraines dans cette démarche?H. R. N. : Les parrains sont des acteursfondamentaux. Ils sont les ambassadeursde l’association et peuvent accéder à deslieux de parole que nous ne pourronsjamais investir. Il faut donc absolumentpartager avec eux ces démarches pourqu’ils deviennent encore meilleurs dansleur rôle d’ambassadeurs.Mais s’ils n’adhèrent pas, si on ne fait pasbien notre travail d’explication, c’est làqu’il y aura problème! Ils doivent com-prendre et soutenir notre besoin deconvaincre que l’éducation change lemonde : sans eux, on s’écroule… Ils cons-tituent une grande partie de la richessede l’association. ■

Traité d’Ottawa : le résultat d’une campagne réussieLa convention d’Ottawa, ratifiée en1997 par 122 États, interdit l’utilisationdes mines antipersonnel. Elle a connu un succès incontestable :l’adhésion massive d’une large partde la communauté internationale à un tel traité était une premièredans l’histoire du droit international.Comment expliquer cette réussite?La Campagne internationale contreles mines terrestres, menée par une large coalition d’ONG à l’échellemondiale, relayée en France notamment par Handicap international,a su influencer efficacement les gouvernements. Sans minorer le soutien actif de plusieurs États (le Canada a joué un rôle crucial), de diplomates ou encore de militaires,les ONG ont su prouver qu’ellesavaient un rôle à jouer aux côtés des acteurs étatiques dans la sphèrede décision internationale. Les Étatsleur ont d’ailleurs accordé une placecentrale dans la négociation et la rédaction du texte. Pour preuve decette reconnaissance, la coalition s’estvu décerner le Prix Nobel de la paix en 1997 ! Mais le combat n’est pasterminé et les obstacles restent nombreux. Plusieurs pays n’ont toujours pas ratifié cette convention,dont trois membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU: les États-Unis, la Chine et la Russie.

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La visibilité, une forme d’influence.

Journée internationale de l’enfant africain en Tanzanie. Sur l’affiche : «Les enfants ont le droit d’être protégés».

“Vous construisez les politiques éducatives et nous venons avec

notre expérience, notre expertise”

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Aide et Action : Dès le départ, vous avez joué un rôle au plus hautniveau de la diplomatie internationale (voir encadré ci-dessous). Comment?Hadja Saran Daraba Kaba: Nous avonscommencé à travailler dans les trois pays(Guinée, Liberia et Sierra Leone) avec desorganisations féminines nationales forméesd’avocates, de journalistes, de femmesd’affaires, de femmes ministres et parle-mentaires. Notre point de départ a été decomposer des groupes féminins assez fortscapables de se lever et dire: «Nous devonsêtre entendues». Elles ont organisé desmanifestations, des campements devant leParlement, se sont exprimées dans lesmédias. Certaines se sont adressé à desgroupes de rebelles: «Pourquoi utilisez-vous les fusils contre nous?». Le défi qu’elles

ont alors lancé aux rebelles et aux gouver-nements est celui d’un droit de réponse.

A & A : Qui sont ces « femmes leaders»?H.S.D.K. : Comme on dit chez nous, «sicelui qui doit dire la parole la dit, la parolesera écoutée». Il y a des femmes fortesdans chaque pays et le premier pas, c’estde les rassembler et leur apprendre lestechniques de résolution de conflits. Maisattention, quand je parle de leadershipféminin, je ne parle pas que des femmeséduquées. Non! Notre réseau est aussicomposé de personnes illettréesmais qui sont influentes dans leurcommunauté. Notre expériencenous a prouvé que quand toutesles femmes sont en position dedécider, elles sont locomotriceset améliorent les conditions devie de tous. Notre objectif : asseoir lesfemmes aux tables des négociations carnous sommes convaincues que sans elles,aucune paix durable n’existera.

A & A : Quelles actions menez-vous pourla paix localement?H. S. D. K. : Un exemple: quand des rebel-les ont ravagé des communautés le long

des frontières guinéennes en 2000, descentaines de milliers de patriotes se sontlevés pour défendre leur pays. Ces jeu-nes gens ont tout quitté pour rejoindrel’armée. Mais une fois le conflit apaisé, ilsse sont retrouvés sans rien, ni profession,ni salaire ou indemnités…A Nzérékoré (Guinée), un groupe de cesex-volontaires a pris un colonel en otage.Frustrés, en colère, ils voulaient attirerl’attention par la violence. L’antenne localedu REFMAP a immédiatement été appelée.La permanente a pris un porte-voix et, à

force d’arguments en faveur de la non-violence, a réussi à leur faire entendre raison.Cet événement n’a malheureusement pasété isolé. Notre réseau a fait remonterune série de prises d’otages du mêmegenre à de potentiels bailleurs pour lessensibiliser sur le sort de ces ex-volontaireslaissés à l’abandon. Grâce à ce plaidoyer,nous avons obtenu de plusieurs agencesonusiennes 1 les financements pour un pro-jet de réinsertion de 6000 ex-volontaires. ■

1 Le projet de réinsertion des ex-volontaires de l’armée guinéennea été financé par le Programme des Nations unies pour le déve-loppement, le Programme alimentaire mondial et l’Organisationdes Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture.

La reconnaissance des faiseuses de paixLe Réseau des femmes du fleuve Mano pour la paix a joué un rôle crucial dès ledépart. En 2001, face à des flux de milliers de réfugiés du Liberia et de la Sierra Leonevers la Guinée, le Réseau a empêché le déclenchement d’hostilités entre cestrois pays en ramenant leurs dirigeants àla table des négociations. Plus tard, il figureparmi les signataires des accords de paixdu Liberia de 2003 qui ont mis fin à desannées de guerre civile. Suprême recon-naissance internationale : ces femmes ontaussi reçu en 2003 le Prix des Nationsunies pour les droits de l’homme.

Un réseau de femmes influentes La Guinée, le Liberia et la Sierra Leone sont agités depuis des années par des conflits armés.

Mais un réseau de femmes entend bien promouvoir la paix et revendique sa place aux tables des négociations. Leur point de départ : « rassembler des femmes fortes capables de se lever et dire : nous devons être entendues ».

Entretien avec Hadja Saran Daraba Kaba, présidente sortante du Réseau des femmes du fleuve Mano pour la paix (REFMAP) et ancienne ministre guinéenne aux affaires sociales.

“Composer des groupes féminins assez forts capables

de se lever et dire :nous devons être entendues”

Rassemblement de femmes influentes pour la paix.

Local du REFMAP.

Le Prix des Nations unies pour les droits de l’hommerenforcera leur influence.

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Aide et Action : L’association participe au projet Pour une éducationstructurée au Laos (PESL) : en quoi consiste-t-il ?Auray Aun : PESL est un projet que leministère des Affaires étrangères (MAE)français a initié conjointement avec legouvernement laotien. L’objectif généralconsiste à fournir un appui à l’administra-tion du système éducatif laotien pourune éducation de qualité.

A & A : Comment et pourquoi Aide et Action a-t-elle été choisie?A. A. : Les porteurs du projet (le MAE etle gouvernement laotien) cherchaient uneorganisation internationale experte dansles problématiques éducatives et pré-sente au Laos. C’est sur la composante« Appui au management local des écolesprimaires » que nous avons été contactés.Nous avons été très surpris par leursénormes besoins. Il était très clair qu’ànotre échelle nous ne pouvions répondreà toutes leurs attentes : nous avons pré-féré faire des petits pas pour commencer,en privilégiant l’efficacité. Lors de laréunion avec les responsables du minis-tère de l’Éducation laotien, nous avons

présenté quelques réalisations commeles bibliothèques scolaires au Cambodge,l’enseignement préscolaire au Vietnam,le concept de « projet d’école » mis enplace en Guinée et plus globalementnotre démarche autour de la mobilisationcommunautaire. Toutes ces expériencesconcrètes et leurs impacts les ont beau-coup intéressés.

A & A : Où en est-on actuellement?A. A. : Nous avons réalisé une étude sur lecontexte éducatif laotien puisengagé des missions explora-toires afin d’identifier les expé-riences déjà existantes de mana-gement d’écoles. Nous avonsdéjà commencé la formation dedirecteurs en impliquant les équipespédagogiques concernées. Un échangerégional d’expériences Laos/Cambodge/Vietnam/Myanmar sur la qualité de l’édu-cation a permis d’ouvrir des perspectiveset d’échanger au-delà des seules réalitésnationales. Récemment, nous avons sélec-tionné les écoles que nous allons appuyer

et évaluer afin de pouvoir mesurer lechemin parcouru ensemble.

A & A : En quoi ce partenariat relève-t-ilde l’influence?A. A. : Il n’a pas été pensé en terme d’in-fluence, d’ailleurs ce sont les acteurs duprojet (MAE et ministère laotien) qui sontvenus vers nous. Mais cela nous offre uneporte d’entrée pour influencer positive-ment le gouvernement afin d’agir ensem-ble pour l’éducation. Grâce aux différentes

activités menées, nous pouvons leur prou-ver que nos actions sur le système éduca-tif servent le développement. Travailleravec les autorités éducatives est un axefort de nos démarches, à nous de le rendredurable et efficace en faisant partager,au-delà de notre expertise terrain, nosvaleurs et notre vision. ■

Partenariat gouvernement et ONG :influencer grâce à l’expertise

Pour persuader les gouvernements d’agir en faveur de l’éducation, Aide et Action s’appuie sur l’expertise acquise au fil de ses interventions.

Un exemple de partenariat : le projet Pour une éducation structurée au Laos.

Questions à Auray Aun, coordinateur des programmes Cambodge et Laos.

“Influencer positivement le gouvernement afin d’agirensemble pour l’éducation”

Enfants des rues au Laos.

Le manque de structuration du système éducatif laotien est un handicap pour la qualité de l’éducation.

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Mobiliser l’opinion publique. Plusieursmoyens existent tels que la manifesta-

tion, les lettres aux élus… ou l’organisationd’une «campagne» : l’an dernier, 5 millionsde personnes dans 115 pays se sont mobi-lisées pour la CME. En 2006, il faut fairemieux, pour faire comprendre aux citoyenscomme à leurs représentants que l’éduca-tion est une priorité, partout dans le monde.Le choix de l’enseignant comme pointfocal de la campagne est largement par-tagé par Aide et Action. Les enseignantsont un rôle dans le développement despays et une responsabilité particulièredans la transmission de valeurs de paix,de citoyenneté et de solidarité. Ils sont laclef de voûte des systèmes éducatifs etl’un des moteurs de l’amélioration de laqualité de l’éducation. Selon Aide et Action,pour que les enseignants puissent remplirleur mission il faut : • les soutenir, notamment les femmes :en termes de rémunération (vivre digne-ment), de formation (initiale mais aussicontinue) et de conditions de vie ;• leur permettre de participer aux décisionsconcernant les politiques éducatives auxniveaux national, régional et international ;

• les encourager à stimuler la participationd’autres acteurs essentiels (parents, com-munautés, élèves) pour que toutes les par-ties prenantes de l’éducation participent àson développement. C’estnotamment grâce à cettelarge participation quel’éducation et ses conte-nus seront mieux adaptésaux environnements etaux besoins des enfants ;• les appuyer dans lamise en place et l’utilisation de méthodeset pédagogies actives ;• encourager – par des mesures incitatives– le recrutement d’enseignants issus deminorités ethniques et/ou linguistiqueset de femmes enseignantes ;• augmenter les ressources, mais surtoutmieux les orienter et les adapter: l’ensemble

de ces transformations représente bien sûrun défi majeur pour des pays qui ne dispo-sent pas toujours de ressources suffisantesou connaissent des situations d’instabilité.

Revendiquer pour chaque enfant unenseignant formé, motivé et conscientde ses responsabilités est donc au cen-tre des mobilisations de la CME 2006.Voilà le vrai défi : appuyer les ensei-gnants dans la conquête ou la recon-quête de leur place au sein des systè-mes éducatifs. ■

Campagne mondiale pour l’éducation 2006:les enseignants à l’honneur

Chaque année, la Campagne mondiale pour l’éducation (CME) engage la mobilisation des citoyens. En France, après le focus sur la scolarisation des filles en 2005, la CME met l’accent sur le rôle des enseignants

dans les systèmes éducatifs. Car « Chaque enfant a besoin d’un enseignant » !

Loin des clichés d’un enseignement classique : une enseignante dans le Tamil Nadu (Inde) fait sa classe en plein air.

Cambodge : un ami en carton symbolise un enfant exclude l’éducation.

“Faire comprendre aux citoyenscomme à leurs représentants

que l’éducation est une priorité,partout dans le monde”

Pour continuer à faire avancer la cause de l’Éducation pour tous, du 24 au 30 avril 2006, mobilisez-vous avec la CME en faveur

de la communauté éducative.

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>>> Dossier : la mobilisation pour l’éducation

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Aujourd’hui, dans les pays les plus pauvres, des centaines de millions d’enfants – dont une majorité de filles – restent encore privés d’une éducation de base de qualité ou quittent le cycle primaire sans avoir acquis les compétences élémentaires.

Et le monde compte, selon les estimations de l’Unesco, 770 millions de personnesanalphabètes, soit l’équivalent de l’ensemble des habitants de l’Europe et des États-Unis !

Sur le terrain, pourtant, les enseignants et les autres membres de la communautééducative (animateurs, éducateurs, auxiliaires, etc.) se battent au quotidienpour faire du droit à l’éducation une réalité. Mais les effectifs sont nettementinsuffisants : selon l’Unesco, il manque au moins 15 millions d’enseignantsdans le monde pour scolariser les enfants privés d’école.En outre, leur formation insuffisante et le manque d’encadrement,leurs conditions de travail souvent difficiles et leur statut de plus en plus précaire les empêchent de jouer pleinement leur rôle essentiel.

Malgré leurs efforts, les pays les plus pauvres ne pourront mobiliser seuls les ressources nécessaires à la résolution de ces problèmes et à une refonte plus globale de leurs systèmes éducatifs.La mobilisation internationale reste donc plus que jamais nécessaire et urgente !

Rejoignez-nous ! Participons ensemble à une grande campagne pour rappelerà nos dirigeants que les enseignants et l’ensemble de la communauté éducativeconstituent la pierre angulaire d’une éducation de qualité ! Rappelons-leur que l’éducation est un droit humain universel, une arme contre la pauvreté et le levier essentiel du développement humain.

Pour une Éducation de qualité pour tous…

EDUQUERPOUR METTRE FIN À LA PAUVRETÉ

…Soutenez la Campagne Mondiale pourl’ EDUCATION 2006 !

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Gonzalo, élève à Tiputini,Amazonie équatorienne

« Le problème ici,c’est qu’il n’y a pasune éducationcomme celle que

l’on peut trouver en ville. À Tiputini,il n’y a pas de professeurs, il fautperdre deux mois de cours avant qu’ily en ait un qui arrive. Ça prend dutemps parce que les profs ne veulentpas venir ici : ils disent que Tiputini est très éloigné et que pour un salairesi bas, cela n’en vaut pas la peine. »

Milton,enseignant à Freetown,Sierra Leone

«Depuis 2001, les effectifsscolaires ont plus quetriplé et très peu d’enseignants ont étérecrutés. Imaginez-vous : j’ai maintenant enmoyenne 70 élèves par classe ! Et mon salairearrive souvent en retard… quand il arrive ! De toute façon, avec 50 dollars par mois,je suis obligé de donner des cours particulierssupplémentaires pour compléter mon revenuet subvenir aux besoins de ma famille. »

Margaret, directrice d’école à Nyarikungo, Tanzanie

« Les institutrices constituent souvent un exemple pour les filles.Cela les stimule de voir que des femmes peuvent faire autrechose que ce que leur mère faisait. Elles savent que nous avons,nous aussi, rencontré des problèmes identiques aux leurs, sansque cela nous ait découragées. Elles peuvent ainsi se projeterpositivement dans la société et avoir la volonté de franchir le cap

primaire/secondaire qui posesouvent problème. »CHAQUE ENFANT

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En 2003 Plus de 2 millions de personnes dans 70 pays

En 2004 2,5 millions de personnes

En 2005 5 millions de personnes dans plus de 115 pays…

… ont participé à ce grandmouvement mondial.

La campagne a été soutenuepar Nelson Mandela et KofiAnnan parmi de nombreuses autres personnalités.

Et en 2006, que ferons-nous pour maintenir la pression pour la reconnaissance du droit à l’éducation ?

Soyons encore plus nombreux à nous mobiliserpour permettre au monde de sortir de la spiralede la pauvreté et de la violence. Unissons-nousafin d’obliger nos dirigeants à agir avant qu’il ne soit trop tard et qu’une nouvelle génération d’enfants soit privée d’une éducation de qualité.

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Qui sommes-nous ?

La Campagne mondiale pour l’éducation (CME) est née en 1999 de la rencontre de militants des droits de l’enfant, d’organisations non gouvernementales et de syndicats d’enseignants.Elle organise tous les ans pendant la Semaine mondiale d’action en avril une grande mobilisationcitoyenne à travers le monde. Elle est aujourd’hui relayée dans quasiment tous les pays du monde.

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4 pistes pour Agir !

Aidez-nous à interpeller le Président de la République pour qu’il engage la France,notamment lors du prochain sommet du G8 à Saint-Pétersbourg en juillet 2006, dansune politique résolue de soutien à l’éducation de base dans les pays les plus pauvres !

2_Écrivez à vos élus locaux, députés et sénateurs.

Ils peuvent eux aussi signer la carte postale. Leurs voix auront une influence décisive!

1_Complétez et renvoyez la carte postale insérée dans le magazine.

Donnez les autres à votre entourage pour qu’il se joigne à la campagne.

Elles seront remises en amont du G8 à la Présidence de la République.

3_Sensibilisez les enfants aux enjeux d’une Éducation de qualité pour tous.

Invitez-les à écrire ou dessiner des messages de soutien. Pour rendre cette activité

plus amusante pour les enfants, nous vous proposons de leur faire réaliser ce message

sous la forme d’une figurine représentant une personne réelle ou imaginaire.

Pour cela, vous pouvez tout simplement prendre une feuille de papier, y découper

une silhouette et y inscrire des messages ou la décorer à votre guise. Envoyez-nous

ces figurines. Elles seront également remises à la Présidence. Pour une animation

pédagogique complète autour de l’activité de réalisation de figurines, rendez-vous

sur le site d’Aide et Action : www.aide-et-action.org

Constituons une grande chaîne

de solidarité pour l’éducation !

4_Construisez « la plus grande classe du monde » !

Sur le site d’Aide et Action, vous pourrez créer ces figurines en ligne grâce

à un logiciel amusant.Vous contribuerez à construire «la plus grande classe du monde».

Rendez-vous tout de suite sur www.aide-et-action.org pour y créer votre figurine

et l’envoyer à vos amis.

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Aide et Action

Aide et Action est une organisation de développement qui agit pour un monde oùla dignité est assurée pour toutes et tous grâce à l’éducation, levier du développement humain.

Au travers de ses 70 programmesrépartis dans 18 pays d’intervention,Aide et Action accompagne les popu-lations dans le développement deleurs projets éducatifs. Partout où elleest présente, l’association sensibilisetous les publics, mobilise les citoyenset influe auprès des responsables poli-tiques pour que l’éducation soit unengagement mondial.

Depuis 25 ans,Aide et Action agit sur le terrain pour améliorer les conditions de tra-vail et la formation des enseignants et des autres éducateurs. Reconnue pour sonaction en faveur de méthodes pédagogiques innovantes, adaptées aux différentscontextes, l’association estime que les enseignants sont des éléments moteursdes sociétés civiles et de leur développement. Leur pleine participation à la défini-tion des politiques nationales, aux côtés de l’ensemble des composantes de lacommunauté éducative, favorise la construction de systèmes éducatifs capables derépondre aux besoins des populations.

S’engager pour que les enseignants puissent vivre dignement de leur métier et se consacrer pleinement à leur mission,

c’est militer pour une Éducation de qualité pour tous!

Aide et Action - 53, boulevard de Charonne - 75545 Paris Cedex 11Tél. : 01 55 25 70 00 - www.aide-et-action.org

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Les espaces de mobilisation sont multiples :

du local à l’international, de l’individuel aux

structures collectives, chacun peut prendre

sa place dans la promotion d’une éducation

de qualité pour tous. Éducation de base

ou au développement, à la citoyenneté,

à l’environnement… Revue non exhaustive

des actions 2005-2006.

Les espaces de mobilisation sont multiples :

du local à l’international, de l’individuel aux

structures collectives, chacun peut prendre

sa place dans la promotion d’une éducation

de qualité pour tous. Éducation de base

ou au développement, à la citoyenneté,

à l’environnement… Revue non exhaustive

des actions 2005-2006.

>>> Dossier : la mobilisation pour l’éducation>>> Dossier : la mobilisation pour l’éducation

Histoires de mobilisation : du village au village mondialHistoires de mobilisation : du village au village mondial

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MOBILISATIONS LOCALES «Penser global, agir local ». La formule n’en est pas seulement une : dans le monde entier, des groupes se formentpour agir à petite échelle. D’autant que de nombreux pays sont engagés dans des processus de décentralisation, qui donnent davantage de pouvoir aux autorités locales.

Dessalines: des jeunes mobilisés pourla propreté de leur villeDes dizaines de jeunes, membres decomités de quartier, se sont mobiliséspendant trois jours pour nettoyer etdécorer la ville de Dessalines à l’occa-sion de la Sainte-Claire d’Assise,patronne de la ville, fêtée les 9, 10 et11 août 2005. Cette activité appuyéepar Aide et Action visait à sensibiliserles habitants sur l’importance de l’hy-giène et la protection de l’environne-ment. Elle a été réalisée en partena-riat avec la mairie de Dessalines qui apris toutes les dispositions pour enle-ver les piles de détritus que les jeu-nes ont rassemblées au cours de cenettoyage. Munis de mégaphones, ilsont aussi arpenté les rues pour sensi-biliser la population sur l’utilisationdes poubelles afin de déposer lesdéchets. À l’occasion, de gros sacs enplastique ont été distribués aux com-merçants. Toujours avec le support del’association, la mairie a fait fabriquer10 conteneurs-poubelles de plus.

>>Haïti

Les communautés décident des budgets municipauxDepuis quelques années déjà, des expériences de budgets parti-cipatifs ont lieu dans plusieurs pays. Médiatisé au départ parle Forum social mondial de Porto Allegre, le concept a peu à peufait son chemin. En République dominicaine, cette nouvelleforme de gestion citoyenne a commencé en 1999. Au départ, unesimple constatation : les citoyens latino-américains se sententtrès éloignés des prises de décision concernant l’argent publicet l’impôt ne rentre pas. L’idée est donc de faire participer acti-vement les communautés à l’élaboration des budgets, en parti-culier pour définir les priorités d’investissement. Concrètement,selon Francis Jorge, chargé de suivi des budgets participatifs,« les avantages pour les municipalités ont été extraordinaires.Les citoyens connaissent mieux les compétences de la mairie,

ils ne la voient plus seulement comme un organisme de collectedes ordures, ils s’intéressent beaucoup à ce qu’il se passe dansle gouvernement local et ils s’impliquent activement dans leprocessus. De leur côté, les travailleurs de la mairie se sententplus tranquilles car la population elle-même décide des travauxqu’elle veut, les gens mettent moins de pression». Grâce à cesystème, les investissementssont aujourd’hui beaucoupplus nombreux : entre 2005 et2006, les ressources des mai-ries de La Romana (sud-estdu pays) ont augmenté depresque 300%, pour atteindre1 million d’euros.

>>République dominicaine

>>France

Système de collecte des ordures. Article «Ouest France» du 31 janvier 2005.

La citoyenneté par la participation aux budgets municipaux.

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En 2005, la Campagne mondiale pourl’éducation s’est engagée pour laqualité de l’éducation pour TOUTES.Parallèlement et comme chaqueannée, la Journée internationale desfemmes s’est déroulée le 8 mars.Les antennes locales ont relayé lesdeux événements combinés au profitdes femmes et des filles.

Montpellier : L’équipe bénévole a crééun collectif d’associations qui a orga-nisé la semaine «Parlons d’elles, lesfemmes dans le monde». Au program-me: une table-ronde, une journéed’action dans la ville et une expositionsur l’éducation des filles.

Aix-en-Provence : L’équipe bénévoleet les étudiants de la faculté deslettres ont mis en place un standdans le hall de la faculté et ont orga-nisé un débat avec des représentantsd’Aide et Action, de l’Unicef etd’Amnesty international. Un film desensibilisation a aussi été diffusé.

Angers: Une conférence de presse aété organisée avec Agir ici et Solidaritélaïque, et l’équipe bénévole a parti-cipé à la Journée des femmes auprès denombreuses associations de femmes,profitant de cette occasion pour fairesigner par un certain nombre d’élus le«manifeste pour le droit à une éduca-tion de qualité pour TOUTES».

Châtelaillon: Le vernissage d’une expo-sition organisée durant dix jours a per-mis de réunir de nombreuses person-nalités ainsi que la presse régionale.L’événement a aussi été l’occasiond’une conférence-débat.

>>> Dossier : la mobilisation pour l’éducation

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Les enfants réveillent les parlementairesLes 27 et 28 avril 2005, plu-sieurs groupes d’enfants, soitune centaine au total, ontfrappé à la porte de plus de200 parlementaires et lea-ders politiques. L’objectif étaitde rappeler aux dirigeantsles engagements pris par legouvernement indien en faveurde l’éducation.

>>Inde

Les élus retournent à l’écoleLes 26 et 27 avril 2005, 89 élus et hau-tes personnalités sont retournés àl’école à Ouagadougou, Kaya et BoboDioulasso. Ils ont pu constater lesmauvaises conditions de travail quicaractérisent la majorité des écolesmalgré les efforts développés. Dans les différentes écoles visitées,les élus ont pu toucher du doigt lesréalités du terrain, caractérisées parla surpopulation des classes, la vétusté des infrastructures, le manque d’eau pota-ble, de latrines, l’absence de cantine, l’insuffisance de fournitures et de manuelsscolaires ou le dysfonctionnement des associations des parents d’élèves.Touchée par ces conditions, une députée a offert la somme de 200000 francs à l’asso-ciation des parents d’élèves de l’école primaire Somgandé.Au terme de leur visite, les députés se sont engagés à œuvrer avec le gouvernementet les partenaires techniques et financiers pour apporter des améliorations au seindes écoles dès la rentrée 2005-2006.

Un artiste mobilisé

Pierre Chêne fait partie desauteurs-compositeurs-interprètesqui travaillent en direction dujeune public. Ses liens avec lemonde de l’enfance, de l’éduca-tion et de l’animation l’ont orientévers Aide et Action. Ou commentfaire avancer ensemble la causede l’éducation.

Aide et Action : Comment vousêtes-vous mobilisé aux côtés d’Aide et Action?P. C. : La première rencontre, il y a un an et demi, a conduit à lacréation du CD Chante-moi le monde avec Tralalère 1 et 9 autresartistes. Plus tard, nous avons initié une grande réunion avecles acteurs du milieu culturel qui travaillent dans le domainede l’enfance : chanteurs, comédiens, directeurs de troupesde théâtre, producteurs, éditeurs, spécialistes du multimédia

éducatif… Ce rassemblement s’est transformé en « foire auxidées» qui a permis la création d’un questionnaire. Il a étéenvoyé à de nombreuses personnes liées au milieu artistique.Nous demandons par exemple si les artistes sont disposés àoffrir un espace de présentation d’Aide et Action sur leur siteinternet, à intégrer un flyer dans des livrets de CD, à mettre uneannonce dans les catalogues en ce qui concerne les éditeurs, etc.En attendant les retombées du questionnaire, nous espérons met-tre un spectacle sur pied pour les vingt-cinq ans de l’association.

Au quotidien, comment envisagez-vous votre soutien?P. C. : Je fais des spectacles de soutien réguliers dont toutesles recettes sont reversées à l’association. Avant le concert,Aide et Action envoie des plaquettes informatives aux direc-teurs d’école ou de salles de spectacle. Je suis aussi en train depréparer un CD de compilation de chansons avec un livret dontune page sera consacrée à Aide et Action et qui explique cequ’est le parrainage. Je suis motivé car je pense toujours quel’éducation est la chose la plus fondamentale qui soit.1 Structure spécialisée dans les projets éducatifs multimédias.

Phnom Penh : jeux et spectaclespour lutter contre le SidaLe 1er décembre, la Journée mondialede lutte contre le Sida est célébréeun peu partout dans le monde. AuCambodge, notre partenaire MithSamlanh a pour l'occasion organisédes activités ludiques et instructivespour informer des risques de trans-mission de cette maladie. La journéea comporté des jeux, des spectaclesde danse et des concours de chantayant pour thème principal la préven-tion du virus. Il y a même eu descourses de pose de préservatifs surdes morceaux de bois ! La sensibili-sation des populations est l’un desaxes majeurs de lutte de nombreu-ses ONG. Il faut rappeler que leCambodge est le pays en Asie duSud-Est où le taux d'infection au VIHest le plus élevé.

>>Cambodge

>>Burkina Faso

Les élus à l'école: pour toucher du doigt les réalités.

Du théâtre contre le Sida.

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Les enfants mobilisés pour leur éducation.

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MOBILISATIONS RÉGIONALES La notion de région implique des populations nombreuses, qui forment généralement un ensemble culturel homogène.C’est son atout. Elle est le siège de nombreuses mobilisations qui peuvent rapidement avoir un impact fort.

Dans l’État du Gujarat, le Festival des inscriptions Le 17 juin 2005, dans le village de Niloshi, enfants et parentsont participé au Festival des inscriptions. Lancée par le gou-vernement local, cette initiative est l’un des efforts que l’Étatdu Gujarat fait pour promouvoir l’Éducation pour tous. Unegrande partie de la sensibilisation concerne les filles, carcertaines localités ont un taux d’inscription encore très bas,de l’ordre de 6 à 7 %.Pour de nombreuses familles, le fait que les enfants aillent àl’école n’est pas du tout acquis. Quand ni les parents ni les

frères et sœurs ne sont allés à l’école, il n’est pas facile d’imagi-ner ses enfants dans cette institution.Dans plus de 18000 villages, tout le monde s’est mobilisé, ycompris les responsables locaux, ce qui a conduit à l’inscriptionde 235000 filles et garçons pour l’année scolaire 2005-2006. Unbien beau début de campagne!

André Schaeffer raconte… les communesdu Haut-Rhin mobilisées pour le tsunamiDélégué départemental des bénévolesd’Aide et Action, élu de la commune deSpechbach (Haut-Rhin), André Schaefferest également parrain en Inde.«Au printemps 2005, le Conseil général du Haut-Rhin a décidé en assemblée plénière de se mobiliserpour les personnes touchées par le tsunami fin 2004.Ils ont convenu de contacter plusieurs associations

pour connaître leurs projets dans la région et d’en choisir une. Aide et Actionétait dans la liste. J’ai eu un appel téléphonique du Conseil général pourprésenter un dossier de financement fin avril et participer ainsi à une sorte“d’appel d’offres”.J’y suis allé avec une documentation fournie par l’association Post-urgencetsunami, se reconstruire après l’urgence, qui rendait compte du contexte etdonnait des tableaux budgétaires prévisionnels. J’ai présenté un argumentairegénéral sur Aide et Action, ses principes, ses valeurs et sa transparencefinancière. Les élus ont été sensibles au professionnalisme et à l’anciennetéd’Aide et Action en Inde [plus de vingt ans].L’approche globale de l’ONG leur a beaucoup plu. Et puis n’oublions pas quece sont des collectivités ! Présenter un dossier avec des budgets précis, desnoms de villages, des choses très concrètes, les élus ont apprécié.J’ai également parlé de mes expériences personnelles en Inde : en tant queparrain, j’ai visité plusieurs programmes sur le terrain et j’ai pu leur parlerconcrètement de ce que j’avais vu dans le Tamil Nadu, dans les bidonvillesde Delhi et le Rajasthan.Pour le suivi du projet, Aide et Action s’est engagée à produire des bilans tri-mestriels sur ses actions, en direction des bailleurs : le Conseil général etl’Association des maires du Haut-Rhin.

Nous allons poursuivre la mobilisation avec une exposition photo, appuyée parl’équipe bénévole du département et Aide et Action. Elle aura lieu du 12 au30 juin dans le hall de l’Hôtel du département à Colmar (8 h-12 h/14 h-18 h) : tous les parrains et marraines de la région sont invités. Les photosd’Anne-Emmanuelle Thion illustrent la reconstruction, avec des portraits oudes scènes de travail. Ensuite, nous prévoyons une animation, toujours àl’Hôtel du département, en direction des écoles. Les classes de la région serontinvitées à venir voir l’exposition, sachant que nous allons la compléter avec unmodule d’éducation au développement. Le but, c’est d’enclencher un débatavec les jeunes sur le thème de l’éducation, de les faire réagir. »

>>France

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Expo photo : «Après le tsunami, la reconstruction».

Les habitants du village de Niloshi, État du Gujarat.

Grâce au Festival des inscriptions, des milliers d'enfants ont été inscrits à l'école.

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MOBILISATIONS NATIONALES Sur le territoire national, de nombreux réseaux existent, l’essentiel étant de les activer. Savoir se rassembler et s’accordersur un message global est une nécessité… qu’il soit porté par des corporations au Bénin, des coalitions en Républiquedominicaine ou des ONG au Cambodge. Récits.

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Au Mémorial de Caen (France), 9e Con-cours de plaidoyer pour les Droitsde l’hommeLa presse s’est largement fait écho duConcours de plaidoyer pour les Droits del’homme. Comme chaque année, deslycéens de l’espace francophone sesont retrouvés au Mémorial de Caen pourplaider « leurs causes ». La lauréate,Aurélie Janice Bayimbi, est une Marti-niquaise de 17 ans. Son plaidoyer lui a permis de dénoncer lediscours sur le rôle positif de la colonisation. Le deuxième prix aété remporté par trois élèves libanais d’un lycée français deBeyrouth : Stéphanie Antoun, Joanne Semaan et GeorgesBaydoun. Ils ont défendu la liberté de la presse et la libertéd’expression à travers le cas de Samir Kassir, journaliste libanaisassassiné à Beyrouth le 2 juin 2005. Thibaut Derudder aobtenu le troisième prix avec une plaidoirie en faveur des

Bouschimans, habitants du Botswana dont les terres ont étévolées par des diamantaires. Le lendemain, dix avocats dumonde entier ont eux-mêmes dénoncé des cas de violationdes Droits de l’homme, dans des plaidoiries courtes et incisi-ves. L’ensemble de ces journées a permis aux spectateursd’apprécier des textes forts, ancrés dans l’actualité. HadjaSaran Daraba Kaba (voir p. 12) ne s’y est d’ailleurs pas trom-pée : « Vous n’êtes pas l’avenir, vous êtes le présent ».

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Mme Kaba, ancienne ministre guinéenne : une prise de parole remarquée.

Un concours de plaidoyers de qualité.

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Les enfants des rues sur scène Les enfants de l’association partenairePeuan Mit («amitié forte» en lao) ontmonté un nouveau spectacle dans lecadre des ateliers d’expression du centre.Il a permis aux enfants, soutenus parl'Unesco, Friends international, Aide etAction, l'ambassade d'Aus-tralie et le ministère duTravail et des Affairessociales laotien, de menerleur projet de bout enbout, tout en sensibilisantle public à leur quotidien.My Dream («mon rêve») estl’histoire d’un groupe de jeu-nes qui sont allés ensem-ble à l’école primaire etqui ont pris des directionsdifférentes: quelques-unsont eu la chance d’aller àl’université alors que d’au-tres devaient rester chez

eux pour aider financièrement leursparents. L’une des jeunes filles de cegroupe, qui a été obligée d’arrêter ses étu-des, rencontre quelqu’un qui lui promet lafortune en travaillant dans une usine.Plusieurs années s’écoulent et ses parentsdécident de partir à sa recherche…

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Ces enfants des rues ont monté un spectacle qui parle d'eux.

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Forum national pour l’excellence de l’éducationDans le but de créer un mouvement national pourla qualité de l’éducation dominicaine, Aide etAction appuie le développement du Forum prési-dentiel pour l’excellence de l’éducation. Au-delàde l’assistance technique et financière, l’associa-tion a participé avec le gouvernement et les orga-nisations communautaires à des ateliers de travailet des consultations autour de l’offre éducative, dela qualité, de la planification et de la modernisa-tion du système. Un grand chantier en perspective.

La centième bibliothèque du SIPARLe SIPAR 1, partenaire d’Aide et Action, lutte contre l’illettrismeet participe depuis 1991 à l’amélioration de l’éducation pri-maire au Cambodge par le développement de la lecture. Sesactivités principales sont l’édition de livres éducatifs enkhmer, la création de centres d’éducation pour tous et la miseen place de bibliothèques et de bibliobus. En janvier 2005,le SIPAR a inauguré sa centième bibliothèque. Parallèlement,600 bibliothécaires ont été formés, ainsi que 12 responsablesdu réseau des bibliothèques, au sein du ministère cambod-gien de l’Éducation. L’une des grandes victoires du SIPAR estd’avoir réussi à faire intégrer le module de formation desbibliothécaires aux formations du ministère de l’Éducation.Bernadette Chaventon, pilier du SIPAR depuis vingt-cinq ans,le souligne dans un article du quotidien francophoneCambodge soir : «C’est là qu’est le vrai succès, quand on passele relais». Dans les quatre prochaines années, les responsa-bles de l’association prévoient 100 bibliothèques de plus.1 (http://www.sipar.org/)

>>Cambodge

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Créer un mouvement national pour la qualité de l'éducation.

Des bibliothèques pour tous les âges.

L'objectif du SIPAR: développer l'environnement lettré.

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L’influenceur influencé Le Réseau béninois des journalistes et communicateurs spé-cialisés en éducation (RJCE-Bénin) est une association créée en2005 sous l’impulsion d’Aide et Action Bénin. Son objectif estde favoriser la cause de l’éducation par la sensibilisation deslecteurs de journaux. Leur position particulière au sein de lasociété en fait un formidable vecteur d’influence auprès desBéninois. Ce tout jeune réseau, de plusieurs dizaines de jour-nalistes, a décidé de lancer une campagne dans les médiaspour la scolarisation des filles à partir du 16 janvier 2006. Dansle cadre de ce lancement, ils ont assisté à une communicationportant sur «La scolarisation des filles au Bénin: obstacles etstratégies nationales». Agnès Boco Ali, secrétaire permanentedu Réseau national pour la promotion de la scolarité des filleset Ida Tokpo, chargée de mission à Aide et Action, ont «tenu enhaleine les membres du RJCE-Bénin» selon le journaliste quirapporte l’événement. La mini-conférence a balayé tous lesaspects liés à l’éducation des filles : les freins, les stratégiesnationales élaborées depuis dix ans, le développement del’offre éducative, la formation des enseignants, la réduction descoûts pour les parents ou la conscientisation des populations.Comme tout un chacun, mais probablement avec unimpact plus grand, les journalistes béninois du RJCEcomptent à leur tour influencer en faveur de l’Éducationpour tous. La chaîne continue !Source : «La Nation», 19 janvier 2006.

>>Bénin

Pendant la campagne pour la scolarisation des filles.

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MOBILISATIONS MONDIALES Dans le «village global», la mobilisation est possible. Des espaces internationaux se créent. Car participer à un événementd’envergure mondiale est aussi indispensable pour délivrer son message que pour écouter celui des autres.

Journée internationale des personnes sourdes100 enfants sourds, accompagnésd’enfants aveugles, ont participé à laJournée internationale des personnessourdes, le 30 septembre 2005 1 auCambodge.

Au total, 300 personnes sourdes ontdéfilé devant le palais royal et se sontregroupées en face de l’Assembléenationale du Cambodge. Pendantplus de 3 heures, les participants ontorganisé des jeux populaires et tradi-tionnels cambodgiens pendant queles enfants sourds présentaient quantà eux des spectacles de danses tradi-tionnelles khmères.1 Cette manifestation a été organisée par l’association DDP(Deaf Development Programme) en collaboration avec d’au-tres organisations qui travaillent dans le même domaine.

>>Cambodge

Éducation en période de conflitUn colloque international sur l’éducation en période de conflit et/ou d’urgence a eulieu à Yaoundé (Cameroun) du 6 au 10 mars 2006. Il avait pour titre : «Éducation, vio-lences, conflits et perspectives de paix en Afrique». Deux réseaux d’éducation, leFASAF (Réseau famille et scolarisation en Afrique) et le ROCARE (Réseau ouest etcentre africain de recherche en éducation), en étaient les organisateurs. Aide et Action a partagé son expérience en matière d’«éducation dans l’urgence».Une large concertation impliquant les programmes Tanzanie, Togo, Guinée, Mali,Niger, Malawi, Bénin, Burkina Faso, Madagascar, Rwanda et Sénégal a servi debase à la présentation.

>>Afrique

Forum social mondial de Bamako,éducation et développementIl s’est tenu du 19 au 23 janvier 2006.Pendant six jours, la ville de Bamakoa connu une ambiance particulièreliée à la tenue du Forum. Événementd’envergure mondiale, il a permis auxparticipants d’échanger leurs expé-riences et de travailler à des actionsalternatives. Le Forum social mondiala été créé en 2001 à Porto Allegre(Brésil) pour contrebalancer la réu-nion annuelle de Davos 1, en Suisse.En 2005, le Conseil international duFSM a opté pour la décentralisationdu Forum en 2006. Bamako au Mali,Karachi au Pakistan et Caracas auVenezuela ont donc été choisies pourl’organisation.

À Bamako, les thématiques liées àl’éducation ont pris une large placetout au long des cinq jours, notam-ment grâce à l’implication d’ONG etde membres de la société civile quiont «poussé» pour la reconnaissancede l’importance de l’éducation dansles problématiques de développe-ment. Aide et Action Afrique a organisédans ce cadre une table-ronde sur« le plaidoyer pour un mouvementcitoyen en faveur de l’éducation». Laréunion a attiré 125 personnes (lasalle s’est avérée trop petite) et afédéré les participants autour de l’idéed’un mouvement pour l’éducation. Denombreuses personnes sont repartiesconvaincues « qu’un autre monden’est vraiment possible qu’à traversl’éducation».

1 Créé à l'initiative du Suisse Klaus Schwab en 1971, leForum économique de Davos était à l'origine un lieu derencontre pour les pays européens pour coordonner leursefforts économiques afin d'être concurrentiels sur les mar-chés internationaux. Aujourd’hui, l'événement attire unecentaine de pays, un millier de grandes entreprises et desmilliers d'acteurs politiques, syndicaux, universitaires,sociaux et économiques.

>>Mali

Fillettes sourdes en classe.

Des enfants sourds regroupés devant l'Assemblée nationaledu Cambodge.

Ici, au Rwanda, quelle place tient l'éducation dans les périodes de conflits?

La question éducative omniprésente au Forum social mondial de Bamako.

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>>> Dossier : la mobilisation pour l’éducation

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Le Premier ministre, plusieurs memb-res de son gouvernement et des éluslocaux ont reçu les enfants qui ont luleurs doléances après une grande mar-che de 5 km. Les plus de 650000 mes-sages «Envoyez mon ami à l’école»parvenus des quatre coins du paysdemandaient essentiellement uneamélioration de l’accès et de la qua-lité de l’éducation.

>>Niger

Campagnemondiale pourl’éducation 2005 :les enfants du monde entierfont avancer la cause de LEUR éducation

Des milliers d’enfants ont étéinvités à se réunir pour obtenirdes engagements forts et précis des autorités éducativesnationales et locales. Cet événement de plaidoyer a été le point d’orgue de la CME 2005. Beaucoup avaient emmené leurs «amis», ces figurines de papier symbolisant les enfants exclus de l’éducation.

2000 enfants vêtus de tee-shirts «Éduquer pour mettre fin à la pauvreté» ont défilélors d’une grande marche. Ils ont remis leurs figurines aux autorités présentes.

Les caravanes des écoliers ont regroupé 10000 personnes dans tout le pays et ont per-mis de diffuser largement le «manifeste pour une éducation de qualité pour TOUTES»signé par plus de 890 personnes.

>>Bénin

Des animations bénévoles dans 26 villes ont permis la signature de 9000 manifestes.Une exposition itinérante a donné lieu à 53 animations dans 29 villes organisées par50 associations étudiantes sensibilisées par Aide et Action.

>>France

Lors de la cérémonie de lancementde la campagne, une lettre d’interpel-lation au ministre de l’Éducationnationale a été lue et remise à sonreprésentant qui a rappelé les enga-gements pris par le Mali lors duForum de Dakar.

>>Mali

Chaque figurine représente les exclus de l'éducation.

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Des slogans réclamant « l’accès et la rétention des filles à l’éducation» et «une édu-cation de qualité pour TOUTES » ont fleuri lors d’une grande marche des femmes.Au terme de leur périple,les femmes ont interpellédirectement les autoritésprésentes, y compris leministre de l’Intérieur, leprésident de la délégationspéciale de la province,des sénateurs, des chefsde région, des maires etdes représentants parle-mentaires.

>>Madagascar Sud

Plus de 3200 personnes se sont réu-nies avec leurs «amis», ont défilédans les rues de Phnom Penh etont écouté les engagements prisdevant eux par les membres dugouvernement, notamment par levice-Premier ministre et par leministre de l’Éducation, de laJeunesse et des Sports.

>>Cambodge

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eAide et Action en tête du cortège pour une éducation de qualité pour TOUTES.

Des milliers de personnes à Phnom Penh mobilisées pour l'éducation.

>>> Dossier : la mobilisation pour l’éducation

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25e anniversaire25e anniversaire

P rogressivement, sûrement, souvent loin du feu des médias, l’associationa fait son chemin. Née de la rencontre entre un homme, un pays et une

cause (voir interview de Pierre-Bernard Le Bas, fondateur d’Aide et Action)enrichie de ces milliers de rencontres épistolaires entre parrains et filleuls,entre acteurs de terrain et acteurs de solidarité, l’association occupeaujourd’hui une place à part dans le paysage de la solidarité. Première association de parrainage en France avec plus de 61000 parrains,marraines et donateurs, reconnue internationalement pour son expertise

sur les questions éducatives, ses succès ne l’empêchent pas de s’inter-roger en permanence sur ses pratiques, ses missions et ses évolutions.Les derniers États Généraux en ont été la preuve.

Et parce que cette expérience est avant tout profondément humaine,nous avons également choisi de placer cette année anniversaire sousle signe du portrait, en commençant par un échange entre Pierre-Bernard Le Bas, fondateur d’Aide et Action, et de Frédéric Naquet,président de l’association et qui, depuis 1999, a accompagné sa mutation.

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Aide et Action : Pierre-Bernard Le Bas, comment vous est venue l’idée Aide et Action?Pierre-Bernard Le Bas: Comme souvent, à l’origine de tout projeton trouve une rencontre. Dans mon cas, ce fut la rencontre avec unpays, et quel pays, quelle différence! L’Inde, découverte justeaprès mes études. De cette rencontre est née l’envie d’agir concrè-tement: après ma coopération, je suis donc resté en Inde pour tra-vailler auprès de l’association ASSEFA (Sarfa Seva Farms). C’est làque m’a trouvé Rip Hodson, alors directeur d’ActionAid. Cettedeuxième rencontre, cette deuxième prise de conscience a ététout aussi déterminante! Tout en me félicitant pour mon travail surplace, il m’a demandé si je ne serais pas plus utile dans mon pays,en France, à mobiliser les personnes et les ressources pour lesactions sur le terrain! L’idée a fait son chemin… Je sortais d’unegrande école de commerce et j’avais été formé au management, àla gestion, au marketing et à la finance. L’idée de mettre ces com-pétences au service de mon engagement est devenue une évi-dence. Un an après cette rencontre, de retour en France, je prenaismon bâton de pèlerin pour constituer le premier conseil d’admi-nistration d’une association qui allait s’appeler Aide et Action!

A & A : Vous êtes aujourd’hui directeur des ressources privéesau Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés(UNHCR), mais vous êtes toujours parrain : quel est votreregard sur Aide et Action aujourd’hui? Que lui souhaitez-vouspour ses vingt-cinq ans?P.B.L.B. : Il me paraît essentiel qu’Aide et Action continue à rele-ver le défi de combiner le professionnalisme des origines et laconstruction permanente de ce lien de solidarité très fort et trèsspécifique, entre les enfants, leur entourage et les parrains etdonateurs. Pour paraphraser Saint-Exupéry, je souhaite à tousles parrains et marraines, à tous les enfants et acteurs sur le terrainde continuer longtemps encore à s’enrichir de leurs différences! ■

A & A : Frédéric Naquet, vous êtes président d’Aide et Actiondepuis sept ans, quel regard portez-vous sur le chemin parcouru depuis les origines?Frédéric Naquet : Au départ association de parrainage pour« les enfants du bout du monde», Aide et Action se définitaujourd’hui comme une association de développement parl’éducation. Au cours de ces années, elle n’a cessé de se trans-former, ce qui est pour moi la vraie fidélité aux principes fonda-teurs que je retiens du message de Pierre-Bernard : profession-nalisme, pragmatisme, esprit d’entreprendre, volonté de rendrecompte! Dans un monde qui bouge et qui s’ouvre de plus enplus, de même qu’il fallait en 1981 le courage et oserais-je direle culot de se lancer dans l’aventure du parrainage en France, ilfallait aujourd’hui le cran de s’interroger sur nos modes de déci-sion, sur le modèle de solidarité que nous promouvons…

A & A : Et pour demain?F. N. : Les États Généraux nous ont mis sur la voie. Avec la chartede l’association, avec les dernières résolutions, nous avons lesguides. À nous maintenant, bénévoles, salariés et partenairesd’entreprendre avec rigueur, avec sérieux et de rendre comptepour traduire ces principes en actions… pour que toujours plusde jeunes et de moins jeunes de par le monde puissent bénéfi-cier d’une éducation de qualité, porteuse d’avenir ! ■

Le fondateur et le président d’Aide et Actionreviennent sur 25 ans pour l’éducation

Vingt-cinq ans au service de l’éducation. Aide et Action a grandi, évolué, changé depuis sa création en 1981. Mais personne n’a perdu de vue l’objectif premier, la promotion de l’éducation. Pierre-Bernard Le Bas, son fondateur, et Frédéric Naquet,

l’actuel président, reviennent sur ces vingt-cinq ans d’engagement et évoquent l’avenir.

Frédéric Naquet est le président d’Aide et Action

depuis sept ans

Frédéric Naquet ici au Cambodge lors de l’inauguration d’une bibliothèque avec notre partenaire le SIPAR.

Pierre-Bernard Le Bas inaugurant une école de notre partenaire indien ASSEFA.

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Pierre-Bernard Le Bas a fondé l’associationAide et Action en 1981

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À quoi vous engagez-vous?• À partager et réagir par mail

aux propositions du groupe pilote• À participer à un ou deux ateliers

de travail en commun au mois de septembre ou octobre

Pour proposer votre aide, écrivez-nouspar courrier (lettre de candidature)

à Aide et Action - Projet Revue participative - 53, boulevard

de Charonne - 75545 Paris Cedex 11

Mobilisation : ensemble, examinons les pratiques d’hier et imaginons celles de demain

Un projet qui veut analyser le passépour préparer l’avenir. Pari tenu pourAide et Action qui lance un appel à vousparrains, marraines, donateurs… pourqu’ensemble nous passions en revuetoutes nos mobilisations pour préparer,améliorer et adapter celles de demain.Répondez présent à vingt-cinq annéesde mouvements pour l’éducation !

Mobiliser les particuliers, les entre-prises ou les collectivités locales,

sensibiliser les jeunes et les moins jeu-nes à l’existence d’un ailleurs où l’écolen’est pas une évidence, rassemblerautour de nous toujours plus de parrainset de militants de l’éducation… que d’aven-tures avons-nous vécues ensemble!Manifestations, concerts, collectes en entre-prise, projections de films, interventionsen classe, plaidoyers, marches parrai-nées… dans les écoles, dans les entrepri-ses, sur les marchés… ou dans les stades.La liste de nos réalisations serait sansdoute trop longue à établir. Mais vingt-cinq ans de mobilisation du public françaispour la cause de l’éducation dans le monde,c’est un vrai capital. Ensemble, nous vousproposons d’examiner ce capital et d’ima-giner les démarches de demain.Si vous souhaitez y réfléchir avec nous(bénévolement) et mettre à profit votreexpérience personnelle de la mobilisa-tion, inscrivez-vous ! ■

Ensemble, examinons vingt-cinq années de mobilisations pour l’éducation.

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ÉCHO DES MÉDIAS

Dans son édition de janvier 2006, lemensuel féminin Marie France a publié

le reportage de leur envoyée spécialeconsacré aux activités de reconstructiond’Aide et Action. L’article met en lumièreles efforts de toute une population poursurmonter le traumatisme et prendre enmain son avenir. Le 24 décembre sur TF1,Claire Calosci, directrice générale d’Aideet Action, s’est exprimée dans le journalde 20 h sur le parrainage comme véritablelien de solidarité dans la durée pour sou-tenir efficacement les populations tou-chées en Inde et au Sri Lanka.

Plébiscite des médias pour le film «Caméra kids»L’Inde n’en finit pas de fasciner. Le NouvelObservateur en février et Courrier internationalen mars, notamment, publient des dos-siers spéciaux. Le documentaire Caméra kidsest consacré à la vie d’un groupe d’enfantsde Calcutta (Inde) et leurs premièresexpériences de photographes. Il fait l’objetde nombreuses conférences-débats à lasuite des projections. Souvent relayées parla presse régionale (La Marseillaise, 20 MinutesBordeaux, Ouest France…), ces soirées per-mettent d’aborder des thèmes tels que lascolarisation des enfants des rues, la viedes enfants en Inde, le système des castesou la situation défavorisée des femmes et

des fillettes. Le 6 décembre, la chaîne dela TNT Direct 8 a invité Aide et Actiondans son émission Nord-Sud pour accompa-gner le lancement de Caméra kids. Il y aaussi été question du partenariat nouéavec la production afin de promouvoirl’Éducation pour tous. L’engouement autourde ce film est dû à sa qualité autant qu’àl’énergie et l’enthousiasme des équipesd’Aide et Action en région.

Sénégal : de moins en moinsd’enfants à l’école, la pressesonne l’alarmeAutre continent, autre problématique.La déperdition scolaire prend des pro-portions inquiétantes à Sédhiou, dansla province de Kolda (sud du Sénégal).Le Sud quotidien, journal généraliste delangue française publié à Dakar, sort unarticle documenté sur ce problème quitouche les enfants « avec une nette pré-dominance des jeunes filles, surtout cellesétablies en milieu rural ». A Sédhiou,l’association fait un travail permanentde mobilisation des communautés pour

lutter contre la déperdition scolaire etencourager les familles à la scolarisationdes filles. Jules Dieudonné, responsabledu service parrainage Aide et ActionKolda explique : « La correspondanceconstitue une activité pédagogique au-delà du lien entre le filleul et son parrain.Son impact sur l’élève et son environne-ment se manifeste par l’esprit de par-tage, d’ouverture à l’autre et à la tolé-rance ». Voici, en résumé, toute la philo-sophie du parrainage. ■

Cinéma, télévision, presse écrite : l’éducation fait parler d’elle

La presse française est largement revenue sur l’événement «Tsunami + 1 an» en décembre 2005 tandis que les médiascomme le public cherchent en ce début d’année à comprendre la complexité du monde indien. Pour Aide et Action,

c’est plus que jamais l’occasion de revenir sur vingt-cinq ans d’engagement pour la cause de l’éducation en Inde.

À Sédhiou (Sénégal), trop d’enfants sont déscolarisés.

Quelques héros du film «Caméra kids».

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Article du mensuel «Marie France»: «Des intouchables sauvés par le tsunami».

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Un bénévole: Je participe fréquemment aux actions bénévoles de ma région et je souhaiterais savoirsur quels critères vous choisissez de les retranscrire ou nondans le magazine?Nous suivons avec grand intérêt l’ensemble des actions, qui nous permettent de mettre en valeur le réseau des bénévoles d’Aide et Action. Malheureusement, nous ne pouvons pas toutes les relayer dans le magazine car la priorité est donnée aux actions en lien avec les thématiquesdéveloppées dans chaque parution. Par exemple, lorsquenous avons traité le thème des crises dans le numéro dedécembre 2005, nous avons favorisé l’édition de brèves«actions locales» soutenant nos projets de post-urgence.Mais n’oubliez pas que le site internet peut facilement relayer vos actions ! N’hésitez pas à contacter Isabelle au 01 55 25 70 06 ou par e-mail : [email protected]

Romain J., Angresse (40) : Je souhaite mettre mes compétences au service de la solidarité et du développement. J’ai entendu parler du volontariat de solidarité internationale. Est-il possible de partir avec Aide et Action?Aide et Action ne fait pas appel au statut particulier de volontaire (statut défini par la loi du 23 février 2005). Elle favorise cependant l’échange de compétences qui permet à un(e) salarié(e) de se rendre dans nos pays d’intervention pour partager un savoir-faire bien spécifique.Néanmoins, si vous voulez partir en tant que volontaire,nous vous conseillons le site www.coordinationsud.fr qui vous orientera vers des associations de solidarité internationale faisant appel au volontariat.

Michel M., Aix-en-Provence (13) : Je lis votre magazine avec intérêt. Mais pourquoi ne pas l’adresser par internet, ce qui ferait une économie pour chacun?Diffuser le magazine sur support papier présente différents avantages pour notre association :- il permet de toucher l’ensemble de nos parrains et donateurs, notamment ceux qui n’ont pas accès à internet ; - il passe souvent de main en main. Nous y voyons pour nos

lecteurs l’occasionde le diffuser :dans les sallesd’attente desmédecins, dans les bibliothèques,ou dans tout autre lieu collectif. La promotion de l’éducationpasse aussi par desgestes simples !

Sachez que le magazine estlibrement téléchargeable sur notre site internet, dans la rubrique «Je m’informe»1. Contactez-nous si vous ne souhaitezplus le recevoir en version papier, avec la possibilité de modifier l’affectation de votre abonnement en don.

Nous étudions régulièrement l’éventualité d’un magazinetotalement électronique ou imprimé sur papier recyclé. Mais la solution n’est malheureusement pas évidente (le coût unitaire augmente, par exemple, si le tirage baisse). Affaire à suivre…1 www.aide-et-action.org/ewb_pages/m/magazine.php

Courrier des lecteursN’hésitez pas à nous écrire en nous adressant vos courriers à :

Aide et Action - «Courrier des lecteurs» 53, bd de Charonne, 75011 Paris

ou par internet à : [email protected]

COURRIER DES LECTEURS

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Nous recevons de nombreuses lettres destinées au «Courrier des lecteurs». Malheureusement, le comité de rédaction du magazine doit effectuer une sélection. Toutefois, sachez que même si vos correspondances ne sont pas publiées,

elles suscitent tout notre intérêt et nous aident dans la rédaction de chaque numéro.

Mobilisation de bénévoles pour les victimes du tsunami, Bousbecque (59).

Échange de compétences Inde/Cambodge/Afrique en mars 2005.

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